Entre raison et désir
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Entre raison et désir
KATE HEWITT Entre raison et désir KATE HEWITT Entre raison et désir Traduction française de ANNE-LAURE PRIEUR Collection : Azur Titre original : LARENZO’S CHRISTMAS BABY © 2015, Kate Hewitt. © 2016, HarperCollins France pour la traduction française. Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit. Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ». Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence. Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de : HARLEQUIN BOOKS S.A. Tous droits réservés. HARPERCOLLINS FRANCE 83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13 Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47 www.harlequin.fr ISBN 978-2-2803-4532-3 — ISSN 0993-4448 1. Dehors, un claquement de portière résonna dans le silence. Emma Leighton, surprise, leva les yeux de son livre. Il était tard et elle n’attendait personne. Larenzo Cavelli, qui l’employait comme gouvernante, était en voyage d’affaires à Rome. Personne d’autre ne s’aventurait jamais jusqu’à cette villa isolée dans les montagnes de Sicile. Le gravier de l’allée crissa sous des pas pressés. Emma tendit l’oreille, à l’affût d’un coup frappé à la porte. La maison disposait d’un système de sécurité sophistiqué dont elle seule connaissait le code, en dehors de Larenzo. Ce dernier lui avait d’ailleurs recommandé de toujours maintenir l’alarme allumée. Elle retint son souffle en entendant grincer le lourd battant en chêne. S’ensuivit un long bip indiquant que la sécurité avait été désactivée. Le cœur battant, Emma posa son livre et se leva. Larenzo ne rentrait jamais à l’improviste. Il la prévenait afin que tout soit prêt à son arrivée : draps propres, frigo rempli, piscine chauffée. Mais si ce n’était pas lui… alors qui ? Le bruit de pas se rapprocha. Soudain, une silhouette élancée apparut dans l’embrasure de la porte. — Larenzo ! Emma laissa échapper un petit rire soulagé. — Vous m’avez fait peur ! Je ne vous attendais pas… — Ce n’était pas prévu. Elle eut un choc en le voyant s’avancer dans le salon. Il avait le teint gris et des cernes profonds creusaient ses 7 yeux. Ses cheveux paraissaient avoir été mille fois repoussés en arrière. — Tout… tout va bien ? — Pourquoi cette question ? — Vous n’avez pas l’air en forme. C’était peu de le dire. Depuis neuf mois qu’elle travaillait pour lui, elle ne l’avait jamais vu ainsi. Il était l’ombre de lui-même, comme vidé de l’énergie qui le caractérisait d’habitude. — Etes-vous malade ? Je peux aller vous chercher quelque chose… Il eut un rire sans joie. — Non, pas malade. Mais j’imagine que j’ai une mine à faire peur. — En effet. — Merci pour votre franchise. — Désolée… — Ne le soyez pas, je déteste le mensonge, répliqua-t‑il avec une soudaine férocité. Il traversa le salon en direction du minibar. — J’ai besoin d’un verre. Emma la regarda se verser une rasade de whisky et l’avaler d’un trait. Il lui tournait le dos, la soie de sa veste tendue sur ses larges épaules. Larenzo était un homme très séduisant, avec des cheveux de jais, des yeux gris perçants et une stature athlétique que mettaient en valeur ses costumes sur mesure. Elle l’admirait comme on admire le David de Michel-Ange : comme une œuvre d’art. Cependant, en acceptant ce travail, elle s’était interdit de s’amouracher de son patron. D’ailleurs, Larenzo Cavelli était beaucoup trop bien pour elle. Et, à en croire les tabloïds, il changeait de maîtresse comme de chemise. — Je ne vous attendais pas avant la fin du mois, dit‑elle. — J’ai eu un imprévu. Il se versa un second verre de whisky. Emma n’insista pas. Ils avaient peut‑être développé une relation amicale au cours des neuf derniers mois, mais il restait son patron, et affirmer qu’ils étaient proches serait 8 un mensonge. Depuis qu’elle avait pris son poste, il n’avait séjourné que trois fois à la villa, et jamais plus de quelques jours d’affilée. Lorsqu’il n’était pas en voyage d’affaires pour Cavelli Enterprises, il demeurait à Rome, où il possédait un appartement. — Combien de temps resterez-vous ? s’enquit‑elle. De nouveau, il vida son verre d’une traite. — Pas longtemps. — Au moins cette nuit ? Que s’était‑il passé ? Une négociation qui avait échoué ? Une liaison qui s’était mal terminée ? Quoi qu’il en soit, elle devait faire son travail. — Votre lit est fait. Je vais de ce pas chauffer la piscine. Larenzo posa son verre d’un geste abrupt. — Pourquoi pas ? Autant en profiter une dernière fois. Emma se rendit sur la terrasse, qui abritait une vaste piscine en forme de goutte d’eau. Une dernière fois. Qu’avait‑il voulu dire par là ? Songeait‑il à vendre la villa ? Son regard se perdit vers les monts Nébrodes. La nuit était calme, à peine troublée par le sifflement du vent dans les pins. La demeure de Larenzo était isolée, à des kilomètres de Troina, la ville la plus proche. De jour, on apercevait ses maisons aux toits de terre cuite nichées au creux de la vallée. Emma s’y rendait plusieurs fois par semaine pour faire ses courses et voir du monde. Elle s’y était même fait quelques amis parmi les commerçants. L’air frais sur sa peau la fit frissonner. La villa lui manquerait si Larenzo la vendait. Oh ! nul doute que l’appel de nouveaux horizons se serait fait ressentir, d’ici quelques mois. Elle ne restait jamais très longtemps au même endroit. Mais ce lieu paisible, si riche en sujets de photographie, lui plaisait. Elle serait triste de partir. Mais peut‑être Larenzo parlait‑il seulement de profiter une dernière fois de la piscine avant de regagner Rome ? Elle alluma le chauffage et manqua trébucher en se retournant. La haute silhouette de Larenzo se dressait devant elle dans la pénombre. Il lui agrippa les épaules pour la stabiliser, et le cœur d’Emma s’emballa. C’était la 9 première fois qu’ils avaient un contact physique. La chaleur de ses paumes s’infiltrait à travers le fin coton de son T-shirt. Elle fit un pas de côté. Lui aussi. On les eût dit engagés dans une danse un peu empruntée. Il laissa finalement retomber ses mains. — Scusi. — Il n’y a pas de mal, marmonna-t‑elle en se hâtant vers la cuisine. Il l’y suivit et alluma la lumière. Dans la vive clarté électrique, tout revint à la normale. Elle sourit à Larenzo comme si de rien n’était, bien qu’elle sentît encore le poids de ses mains sur ses épaules. — Avez-vous dîné ? Je peux vous préparer quelque chose… Il haussa les épaules. — Pourquoi pas ? — De quoi avez-vous envie ? — Peu importe. Je vais me changer pendant que vous cuisinez. Elle le regarda s’éloigner, perplexe. Elle n’avait jamais vu son patron ainsi. En fait, leurs rapports se limitaient à quelques échanges triviaux sur l’état de la villa ou l’entretien de la piscine. Mais, même dans ces moments-là, son charme opérait. Larenzo Cavelli était connu pour faire tourner les têtes. Les hommes le jalousaient en secret, tandis que les femmes le déshabillaient du regard. Emma s’estimait immunisée contre ce puissant magnétisme. Mais son apparition subite la mettait mal à l’aise. Elle ouvrit le frigo et fronça les sourcils. Elle faisait toujours d’importantes courses avant l’arrivée de Larenzo afin de lui préparer de véritables repas gastronomiques. Une demi-douzaine d’œufs, quelques tranches de pancetta, un reste de fromage… C’était tout ce dont elle disposait ce soir. Avec un soupir, elle sortit ces quelques ingrédients. Tant pis. Pour une fois, il se contenterait d’une simple omelette. Elle la servait dans une assiette quand Larenzo réapparut, en T-shirt gris et jean passé, les cheveux humides de la douche. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait en 10 tenue décontractée, mais, peut‑être parce qu’il semblait si différent ce soir, son cœur fit un soubresaut. Elle s’était trompée : son magnétisme était intact. Et elle le subissait de plein fouet en cet instant. — Désolée, ce n’est qu’une simple omelette, s’excusat‑elle. J’irai faire les courses demain. — Inutile. Vous ne vous joignez pas à moi ? Il désigna l’unique assiette du menton. Jamais, lors de ses rares visites, il ne l’avait invitée à partager un repas avec lui. Un dîner en tête à tête eût d’ailleurs paru trop intime. Elle préférait manger seule à la cuisine, devant son livre de photographie adossé à la salière et au poivrier. — Non merci, j’ai déjà dîné, répondit‑elle. — Prenez au moins un verre de vin. J’ai besoin de compagnie. Etait‑ce un ordre ? Après tout, pourquoi pas ? Un verre ne lui ferait pas de mal. Et puis, peut‑être Larenzo lui expliquerait‑il enfin de quoi il retournait. — D’accord, acquiesça-t‑elle. Il sélectionna une bouteille dans le casier au-dessus de l’évier, prit son assiette et se dirigea vers la terrasse. Il était déjà à table lorsqu’elle le rejoignit, après un détour par le salon pour y récupérer son pull. Il se leva à son approche et soumit la bouteille à son approbation, puis remplit les deux verres qu’elle venait d’apporter. — Tout cela est très formel, déclara-t‑elle en s’asseyant en face de lui. — Savourons ce moment, dit Larenzo. Ils trinquèrent et elle goûta le vin. Un grand cru, à en juger par son arôme riche et sa robe veloutée. Elle reposa son verre. — Larenzo, êtes-vous sûr que tout va bien ? — Aussi bien que cela puisse aller, répondit‑il entre deux gorgées. — C’est‑à-dire ? Il étendit nonchalamment les jambes devant lui. — Peu importe. Je n’ai pas envie de parler de moi. Ce soir, je veux seulement oublier. 11 Oublier quoi ? se retint de demander Emma. — Vous êtes ma gouvernante depuis bientôt un an. Comment se fait‑il que j’ignore tout de vous ? Elle le considéra avec surprise. — Vous voulez que je vous parle de moi ? — Pourquoi pas ? — Je suis ennuyeuse à mourir… — Laissez-moi juger de cela, dit‑il avec un sourire. Elle secoua la tête. Cette soirée prenait un tour surréaliste. — Que voulez-vous savoir ? demanda-t‑elle. — Où avez-vous grandi ? — Oh ! un peu partout. Mon père était diplomate. — C’est vrai, vous l’avez mentionné lors de votre entretien d’embauche. Celui-ci avait eu lieu à Rome, où elle travaillait comme femme de chambre dans un hôtel. L’un des nombreux emplois qu’elle avait occupés tandis qu’elle voyageait de ville en ville, explorant et photographiant le monde. — Vous devez vous sentir bien seule dans ce coin perdu… — J’ai l’habitude, répondit‑elle avec un haussement d’épaules. Et cela lui convenait. Pas d’attaches, pas de déceptions. Ses rares moments de cafard étaient un faible prix à payer pour une telle liberté. — Vous aussi, vous aimez la solitude, puisque cette villa vous appartient, remarqua-t‑elle. — Moi, je suis le plus souvent en ville ou en voyage. Je ne passe pas mon temps ici. — Cet endroit me convient. Pour l’instant. Elle ne restait jamais longtemps nulle part, préférant aller de l’avant et vivre de nouvelles expériences. Larenzo semblait l’avoir deviné. — Vous êtes-vous fait des amis ici ? — Oui. Quelques-uns à Troina. — Et que faites-vous pour passer le temps ? — Je lis. Je nage. Je me balade. Un rien m’occupe. — Tant mieux. 12 Son regard s’égara vers les montagnes. Il avait l’air soucieux, tourmenté par des pensées douloureuses. — Gouvernante n’est pas le genre d’emploi que l’on garde à long terme, reprit‑il après un moment. — Essayez-vous de vous débarrasser de moi ? ironisat‑elle. — En aucun cas. Mais si quelque chose arrivait… Sa phrase resta en suspens. — Que se passe-t‑il ? le pressa Emma. Envisagez-vous de vendre la villa ? Dois-je commencer à chercher un nouveau poste ? Il exhala un soupir. — Quoi qu’il arrive, je vous donnerai de bonnes références. — « Quoi qu’il arrive » ? — Vous comprendrez bien assez tôt. Que diriez-vous de piquer une tête ? Il désigna la piscine, dont la surface miroitait au clair de lune. — A cette heure ? Il fait un peu trop froid, dit Emma. — Pas pour moi. Sous ses yeux médusés, il se déshabilla et, en simple boxer, plongea dans l’eau. L’écho se répercuta dans le silence nocturne. Elle le regarda, frissonnante, onduler sous l’eau avant de refaire surface. D’une main, il repoussa ses cheveux mouillés en arrière. — A votre tour, l’encouragea-t‑il. — Je viens à peine d’allumer le chauffage ! L’eau doit être glacée ! — Et ? Il lui décocha un sourire de défi. Les yeux d’Emma étaient attirés par ses pectoraux sculptés ruisselants. Dîner avec son patron était une chose. Mais se baigner avec lui dans une piscine gelée ? — Allez, Emma. Jetez-vous à l’eau ! Il lui tendit une main, les yeux rieurs. Une vague de désir la parcourut. C’était totalement déplacé ! Et dangereux. Pourtant… difficile de résister à la tentation qu’offrait Larenzo à demi nu dans l’eau sous le clair de lune. 13 — On se dégonfle ? Elle éclata de rire. — Vous tenez vraiment à me voir dans cette piscine… — J’ai besoin d’une partenaire de nage. L’excitation fusa dans ses veines. Cherchait‑il à la séduire ? Peu probable. Il ne s’était jamais intéressé à elle auparavant. — Très bien. Elle retira son pull et, tout habillée, plongea à son tour. Lorsqu’elle refit surface, elle grelottait. — Je sors, s’exclama-t‑elle. L’eau est glacée ! — Je ne pensais pas que vous me prendriez au mot, lança Larenzo en riant. Au moins, elle l’avait distrait. Risquer l’hypothermie n’avait pas été vain. — Vous ignorez à qui vous avez affaire, répliqua-t‑elle en se hissant sur le bord. Pas facile avec le poids de ses habits la tirant vers le bas. Soudain, Larenzo fut derrière elle, son corps ferme à quelques centimètres du sien. Elle retint son souffle en sentant ses mains ceindre sa taille et la pousser vers le haut. Sans grâce, elle s’affala sur le bord, chamboulée par ce contact pourtant anodin. Dans ses vêtements trempés, elle était gelée jusqu’aux os. Larenzo sortit à son tour et alla chercher deux serviettes dans l’armoire. — Tenez. Enveloppez-vous là-dedans. Emma baissa les yeux. Son T-shirt lui collait à la peau, révélant le motif fleuri de son soutien-gorge et la forme de ses tétons durcis. Elle plaqua la serviette sur sa poitrine. — Merci, marmonna-t‑elle. Un sourire incurva les lèvres de Larenzo, et une nouvelle onde de désir la parcourut. — Je vais me coucher… — Restez encore un peu. Larenzo jeta sa serviette sur son épaule et se rassit à table. Elle le regarda remplir leurs deux verres de vin, hypnotisée par le jeu de ses muscles déliés. — Hum, je suis frigorifiée. 14 — Il y a des peignoirs dans l’armoire. Allez vous changer. Vous allez prendre froid. — C’est que… Pourquoi se défilait‑elle, au juste ? Siroter un verre de vin en compagnie d’un homme aussi séduisant était loin d’être un supplice. Et puis, il ne risquait pas de lui faire des avances. Malgré leur rapprochement dans la piscine, il ne semblait pas du genre à mélanger plaisir et travail. — Très bien. Elle se dirigea vers l’armoire, dont la porte lui servit de paravent pendant qu’elle se déshabillait pour s’envelopper dans le peignoir molletonné. Les manches étaient trop longues et la ceinture traînait par terre, mais, au moins, il lui tenait chaud. — De tous les endroits où vous avez grandi, lequel est votre préféré ? demanda-t‑il comme elle s’asseyait en face de lui. Ses questions avaient le mérite de la distraire du spectacle de son torse nu. Mais d’où lui venait cette soudaine attirance ? Elle ne se l’expliquait pas. Peut‑être était‑ce l’étrangeté de cette soirée. Son retour inopiné, son insistance à ce qu’elle lui tienne compagnie. — Cracovie, répondit‑elle. J’y ai vécu de dix à douze ans. C’est une ville magnifique. Ces deux années avaient sonné le glas de leur vie de famille unie. Peu après, sa mère était rentrée seule aux Etats-Unis. Mais elle n’avait pas envie d’y penser. — Et vous ? Où avez-vous grandi ? questionna-t‑elle. L’expression de Larenzo se durcit. — A Palerme. — D’où cette villa en Sicile ? — C’est chez moi. — Mais vous vivez à Rome la plupart du temps. — Cavelli Enterprises y a son siège. Il pinça les lèvres. — A vrai dire, je n’ai jamais vraiment aimé Palerme, murmura-t‑il. Trop de mauvais souvenirs. 15 Emma perçut sa réticence à en dire plus. Quels secrets pouvaient bien cacher cet homme énigmatique ? — Cet endroit va me manquer, dit‑il en balayant des yeux la terrasse, puis le paysage alentour. — Vous envisagez donc bien de partir ? — Pas exactement… Son regard se posa sur elle. — Merci, Emma, pour le repas et la compagnie. Vous avez fait plus pour moi que vous ne l’imaginez. Ces paroles l’alarmèrent. — S’il y a autre chose que je puisse faire… A sa stupeur, il lui caressa doucement la joue. — Bellissima… Le cœur d’Emma se mit à battre la chamade. — Non. Mais merci. Sans un mot de plus, il débarrassa la table et s’en alla. Emma resta immobile un long moment, frissonnante malgré le chaud peignoir qui l’enveloppait. Elle aurait tant voulu le réconforter ! Mais que dire sans connaître sa situation ? Aurait‑il seulement accepté sa compassion ? C’était un homme orgueilleux, qui s’était laissé aller à un instant de faiblesse. Nul doute qu’il regretterait cette conversation demain. Repoussant sa chaise, elle rentra à son tour. Larenzo était déjà monté se coucher. Toutes les lampes étaient éteintes et le système de sécurité réactivé. Sur le palier de l’étage, elle hésita. Sa chambre était celle au fond du couloir à gauche. Celle de Larenzo, la première à droite. Aucun rai de lumière ne filtrait sous la porte. Une petite voix lui soufflait d’y frapper quand même, de dire quelque chose. Mais quoi ? Ils n’avaient pas ce genre de relation. S’il lui ouvrait, échevelé et torse nu… Non. Ce serait pousser trop loin l’irréalisme de cette soirée. Avec un soupir, elle se dirigea droit vers sa chambre et ferma la porte derrière elle. 16 KATE HEWITT Entre raison et désir Deux ans plus tôt, Emma pensait être la plus heureuse des femmes : la nuit de plaisir qu’elle venait de passer avec Larenzo Cavelli, son nouveau patron, avait été époustouflante. Certes, elle le connaissait à peine, mais il était si beau, si charismatique… Dès le lendemain pourtant, tandis que Larenzo, accusé de composer avec la mafia, avait été jeté en prison, elle avait brusquement déchanté. Subitement, elle se retrouvait seule. Seule, et enceinte, comme elle l’avait découvert quelques jours plus tard… Et aujourd’hui, alors que Larenzo, innocenté, resurgit dans sa vie, elle ne sait que penser. Sa raison l’incite à la méfiance, mais son cœur, lui, est irrésistiblement attiré vers cet homme mystérieux qu’elle n’a jamais pu oublier… Rien de tel que la magie de Noël pour exaucer les vœux d’amour les plus fous… 1er décembre 2016 www.harlequin.fr 2016.12.78.5014.1 ROMAN INÉDIT - 4,30 €