Entre raison et désir

Transcription

Entre raison et désir
KATE HEWITT
Entre raison
et désir
KATE HEWITT
Entre raison et désir
Traduction française de
ANNE-LAURE PRIEUR
Collection : Azur
Titre original :
LARENZO’S CHRISTMAS BABY
© 2015, Kate Hewitt.
© 2016, HarperCollins France pour la traduction française.
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ISBN 978-2-2803-4532-3 — ISSN 0993-4448
1.
Dehors, un claquement de portière résonna dans le silence.
Emma Leighton, surprise, leva les yeux de son livre. Il
était tard et elle n’attendait personne. Larenzo Cavelli, qui
l’employait comme gouvernante, était en voyage d’affaires
à Rome. Personne d’autre ne s’aventurait jamais jusqu’à
cette villa isolée dans les montagnes de Sicile.
Le gravier de l’allée crissa sous des pas pressés. Emma
tendit l’oreille, à l’affût d’un coup frappé à la porte. La
maison disposait d’un système de sécurité sophistiqué
dont elle seule connaissait le code, en dehors de Larenzo.
Ce dernier lui avait d’ailleurs recommandé de toujours
maintenir l’alarme allumée.
Elle retint son souffle en entendant grincer le lourd
battant en chêne. S’ensuivit un long bip indiquant que la
sécurité avait été désactivée. Le cœur battant, Emma posa
son livre et se leva. Larenzo ne rentrait jamais à l’improviste. Il la prévenait afin que tout soit prêt à son arrivée :
draps propres, frigo rempli, piscine chauffée. Mais si ce
n’était pas lui… alors qui ?
Le bruit de pas se rapprocha. Soudain, une silhouette
élancée apparut dans l’embrasure de la porte.
— Larenzo !
Emma laissa échapper un petit rire soulagé.
— Vous m’avez fait peur ! Je ne vous attendais pas…
— Ce n’était pas prévu.
Elle eut un choc en le voyant s’avancer dans le salon.
Il avait le teint gris et des cernes profonds creusaient ses
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yeux. Ses cheveux paraissaient avoir été mille fois repoussés
en arrière.
— Tout… tout va bien ?
— Pourquoi cette question ?
— Vous n’avez pas l’air en forme.
C’était peu de le dire. Depuis neuf mois qu’elle travaillait pour lui, elle ne l’avait jamais vu ainsi. Il était l’ombre
de lui-même, comme vidé de l’énergie qui le caractérisait
d’habitude.
— Etes-vous malade ? Je peux aller vous chercher
quelque chose…
Il eut un rire sans joie.
— Non, pas malade. Mais j’imagine que j’ai une mine
à faire peur.
— En effet.
— Merci pour votre franchise.
— Désolée…
— Ne le soyez pas, je déteste le mensonge, répliqua-t‑il
avec une soudaine férocité.
Il traversa le salon en direction du minibar.
— J’ai besoin d’un verre.
Emma la regarda se verser une rasade de whisky et
l’avaler d’un trait. Il lui tournait le dos, la soie de sa veste
tendue sur ses larges épaules. Larenzo était un homme très
séduisant, avec des cheveux de jais, des yeux gris perçants et
une stature athlétique que mettaient en valeur ses costumes
sur mesure. Elle l’admirait comme on admire le David de
Michel-Ange : comme une œuvre d’art. Cependant, en
acceptant ce travail, elle s’était interdit de s’amouracher
de son patron. D’ailleurs, Larenzo Cavelli était beaucoup
trop bien pour elle. Et, à en croire les tabloïds, il changeait
de maîtresse comme de chemise.
— Je ne vous attendais pas avant la fin du mois, dit‑elle.
— J’ai eu un imprévu.
Il se versa un second verre de whisky.
Emma n’insista pas. Ils avaient peut‑être développé une
relation amicale au cours des neuf derniers mois, mais il
restait son patron, et affirmer qu’ils étaient proches serait
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un mensonge. Depuis qu’elle avait pris son poste, il n’avait
séjourné que trois fois à la villa, et jamais plus de quelques
jours d’affilée. Lorsqu’il n’était pas en voyage d’affaires pour
Cavelli Enterprises, il demeurait à Rome, où il possédait
un appartement.
— Combien de temps resterez-vous ? s’enquit‑elle.
De nouveau, il vida son verre d’une traite.
— Pas longtemps.
— Au moins cette nuit ?
Que s’était‑il passé ? Une négociation qui avait échoué ?
Une liaison qui s’était mal terminée ? Quoi qu’il en soit,
elle devait faire son travail.
— Votre lit est fait. Je vais de ce pas chauffer la piscine.
Larenzo posa son verre d’un geste abrupt.
— Pourquoi pas ? Autant en profiter une dernière fois.
Emma se rendit sur la terrasse, qui abritait une vaste
piscine en forme de goutte d’eau. Une dernière fois.
Qu’avait‑il voulu dire par là ? Songeait‑il à vendre la villa ?
Son regard se perdit vers les monts Nébrodes. La nuit était
calme, à peine troublée par le sifflement du vent dans les
pins. La demeure de Larenzo était isolée, à des kilomètres
de Troina, la ville la plus proche. De jour, on apercevait
ses maisons aux toits de terre cuite nichées au creux de la
vallée. Emma s’y rendait plusieurs fois par semaine pour
faire ses courses et voir du monde. Elle s’y était même fait
quelques amis parmi les commerçants.
L’air frais sur sa peau la fit frissonner. La villa lui
manquerait si Larenzo la vendait. Oh ! nul doute que l’appel
de nouveaux horizons se serait fait ressentir, d’ici quelques
mois. Elle ne restait jamais très longtemps au même endroit.
Mais ce lieu paisible, si riche en sujets de photographie, lui
plaisait. Elle serait triste de partir. Mais peut‑être Larenzo
parlait‑il seulement de profiter une dernière fois de la piscine
avant de regagner Rome ?
Elle alluma le chauffage et manqua trébucher en se
retournant. La haute silhouette de Larenzo se dressait
devant elle dans la pénombre. Il lui agrippa les épaules
pour la stabiliser, et le cœur d’Emma s’emballa. C’était la
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première fois qu’ils avaient un contact physique. La chaleur
de ses paumes s’infiltrait à travers le fin coton de son T-shirt.
Elle fit un pas de côté. Lui aussi. On les eût dit engagés
dans une danse un peu empruntée. Il laissa finalement
retomber ses mains.
— Scusi.
— Il n’y a pas de mal, marmonna-t‑elle en se hâtant
vers la cuisine.
Il l’y suivit et alluma la lumière. Dans la vive clarté
électrique, tout revint à la normale. Elle sourit à Larenzo
comme si de rien n’était, bien qu’elle sentît encore le poids
de ses mains sur ses épaules.
— Avez-vous dîné ? Je peux vous préparer quelque
chose…
Il haussa les épaules.
— Pourquoi pas ?
— De quoi avez-vous envie ?
— Peu importe. Je vais me changer pendant que vous
cuisinez.
Elle le regarda s’éloigner, perplexe. Elle n’avait jamais
vu son patron ainsi. En fait, leurs rapports se limitaient à
quelques échanges triviaux sur l’état de la villa ou l’entretien de la piscine. Mais, même dans ces moments-là, son
charme opérait. Larenzo Cavelli était connu pour faire
tourner les têtes. Les hommes le jalousaient en secret,
tandis que les femmes le déshabillaient du regard. Emma
s’estimait immunisée contre ce puissant magnétisme. Mais
son apparition subite la mettait mal à l’aise.
Elle ouvrit le frigo et fronça les sourcils. Elle faisait
toujours d’importantes courses avant l’arrivée de Larenzo
afin de lui préparer de véritables repas gastronomiques. Une
demi-douzaine d’œufs, quelques tranches de pancetta, un
reste de fromage… C’était tout ce dont elle disposait ce soir.
Avec un soupir, elle sortit ces quelques ingrédients. Tant
pis. Pour une fois, il se contenterait d’une simple omelette.
Elle la servait dans une assiette quand Larenzo réapparut,
en T-shirt gris et jean passé, les cheveux humides de la
douche. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait en
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tenue décontractée, mais, peut‑être parce qu’il semblait si
différent ce soir, son cœur fit un soubresaut. Elle s’était
trompée : son magnétisme était intact. Et elle le subissait
de plein fouet en cet instant.
— Désolée, ce n’est qu’une simple omelette, s’excusat‑elle. J’irai faire les courses demain.
— Inutile. Vous ne vous joignez pas à moi ?
Il désigna l’unique assiette du menton. Jamais, lors de
ses rares visites, il ne l’avait invitée à partager un repas avec
lui. Un dîner en tête à tête eût d’ailleurs paru trop intime.
Elle préférait manger seule à la cuisine, devant son livre
de photographie adossé à la salière et au poivrier.
— Non merci, j’ai déjà dîné, répondit‑elle.
— Prenez au moins un verre de vin. J’ai besoin de
compagnie.
Etait‑ce un ordre ? Après tout, pourquoi pas ? Un verre
ne lui ferait pas de mal. Et puis, peut‑être Larenzo lui
expliquerait‑il enfin de quoi il retournait.
— D’accord, acquiesça-t‑elle.
Il sélectionna une bouteille dans le casier au-dessus de
l’évier, prit son assiette et se dirigea vers la terrasse. Il était
déjà à table lorsqu’elle le rejoignit, après un détour par le
salon pour y récupérer son pull. Il se leva à son approche
et soumit la bouteille à son approbation, puis remplit les
deux verres qu’elle venait d’apporter.
— Tout cela est très formel, déclara-t‑elle en s’asseyant
en face de lui.
— Savourons ce moment, dit Larenzo.
Ils trinquèrent et elle goûta le vin. Un grand cru, à en
juger par son arôme riche et sa robe veloutée. Elle reposa
son verre.
— Larenzo, êtes-vous sûr que tout va bien ?
— Aussi bien que cela puisse aller, répondit‑il entre
deux gorgées.
— C’est‑à-dire ?
Il étendit nonchalamment les jambes devant lui.
— Peu importe. Je n’ai pas envie de parler de moi. Ce
soir, je veux seulement oublier.
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Oublier quoi ? se retint de demander Emma.
— Vous êtes ma gouvernante depuis bientôt un an.
Comment se fait‑il que j’ignore tout de vous ?
Elle le considéra avec surprise.
— Vous voulez que je vous parle de moi ?
— Pourquoi pas ?
— Je suis ennuyeuse à mourir…
— Laissez-moi juger de cela, dit‑il avec un sourire.
Elle secoua la tête. Cette soirée prenait un tour surréaliste.
— Que voulez-vous savoir ? demanda-t‑elle.
— Où avez-vous grandi ?
— Oh ! un peu partout. Mon père était diplomate.
— C’est vrai, vous l’avez mentionné lors de votre
entretien d’embauche.
Celui-ci avait eu lieu à Rome, où elle travaillait comme
femme de chambre dans un hôtel. L’un des nombreux
emplois qu’elle avait occupés tandis qu’elle voyageait de
ville en ville, explorant et photographiant le monde.
— Vous devez vous sentir bien seule dans ce coin perdu…
— J’ai l’habitude, répondit‑elle avec un haussement
d’épaules.
Et cela lui convenait. Pas d’attaches, pas de déceptions.
Ses rares moments de cafard étaient un faible prix à payer
pour une telle liberté.
— Vous aussi, vous aimez la solitude, puisque cette
villa vous appartient, remarqua-t‑elle.
— Moi, je suis le plus souvent en ville ou en voyage.
Je ne passe pas mon temps ici.
— Cet endroit me convient.
Pour l’instant. Elle ne restait jamais longtemps nulle part,
préférant aller de l’avant et vivre de nouvelles expériences.
Larenzo semblait l’avoir deviné.
— Vous êtes-vous fait des amis ici ?
— Oui. Quelques-uns à Troina.
— Et que faites-vous pour passer le temps ?
— Je lis. Je nage. Je me balade. Un rien m’occupe.
— Tant mieux.
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Son regard s’égara vers les montagnes. Il avait l’air
soucieux, tourmenté par des pensées douloureuses.
— Gouvernante n’est pas le genre d’emploi que l’on
garde à long terme, reprit‑il après un moment.
— Essayez-vous de vous débarrasser de moi ? ironisat‑elle.
— En aucun cas. Mais si quelque chose arrivait…
Sa phrase resta en suspens.
— Que se passe-t‑il ? le pressa Emma. Envisagez-vous
de vendre la villa ? Dois-je commencer à chercher un
nouveau poste ?
Il exhala un soupir.
— Quoi qu’il arrive, je vous donnerai de bonnes références.
— « Quoi qu’il arrive » ?
— Vous comprendrez bien assez tôt. Que diriez-vous
de piquer une tête ?
Il désigna la piscine, dont la surface miroitait au clair
de lune.
— A cette heure ? Il fait un peu trop froid, dit Emma.
— Pas pour moi.
Sous ses yeux médusés, il se déshabilla et, en simple
boxer, plongea dans l’eau. L’écho se répercuta dans le
silence nocturne. Elle le regarda, frissonnante, onduler
sous l’eau avant de refaire surface. D’une main, il repoussa
ses cheveux mouillés en arrière.
— A votre tour, l’encouragea-t‑il.
— Je viens à peine d’allumer le chauffage ! L’eau doit
être glacée !
— Et ?
Il lui décocha un sourire de défi. Les yeux d’Emma
étaient attirés par ses pectoraux sculptés ruisselants. Dîner
avec son patron était une chose. Mais se baigner avec lui
dans une piscine gelée ?
— Allez, Emma. Jetez-vous à l’eau !
Il lui tendit une main, les yeux rieurs. Une vague de désir
la parcourut. C’était totalement déplacé ! Et dangereux.
Pourtant… difficile de résister à la tentation qu’offrait
Larenzo à demi nu dans l’eau sous le clair de lune.
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— On se dégonfle ?
Elle éclata de rire.
— Vous tenez vraiment à me voir dans cette piscine…
— J’ai besoin d’une partenaire de nage.
L’excitation fusa dans ses veines. Cherchait‑il à la séduire ?
Peu probable. Il ne s’était jamais intéressé à elle auparavant.
— Très bien.
Elle retira son pull et, tout habillée, plongea à son tour.
Lorsqu’elle refit surface, elle grelottait.
— Je sors, s’exclama-t‑elle. L’eau est glacée !
— Je ne pensais pas que vous me prendriez au mot,
lança Larenzo en riant.
Au moins, elle l’avait distrait. Risquer l’hypothermie
n’avait pas été vain.
— Vous ignorez à qui vous avez affaire, répliqua-t‑elle
en se hissant sur le bord.
Pas facile avec le poids de ses habits la tirant vers le
bas. Soudain, Larenzo fut derrière elle, son corps ferme
à quelques centimètres du sien. Elle retint son souffle en
sentant ses mains ceindre sa taille et la pousser vers le haut.
Sans grâce, elle s’affala sur le bord, chamboulée par ce
contact pourtant anodin. Dans ses vêtements trempés, elle
était gelée jusqu’aux os. Larenzo sortit à son tour et alla
chercher deux serviettes dans l’armoire.
— Tenez. Enveloppez-vous là-dedans.
Emma baissa les yeux. Son T-shirt lui collait à la peau,
révélant le motif fleuri de son soutien-gorge et la forme de
ses tétons durcis. Elle plaqua la serviette sur sa poitrine.
— Merci, marmonna-t‑elle.
Un sourire incurva les lèvres de Larenzo, et une nouvelle
onde de désir la parcourut.
— Je vais me coucher…
— Restez encore un peu.
Larenzo jeta sa serviette sur son épaule et se rassit à
table. Elle le regarda remplir leurs deux verres de vin,
hypnotisée par le jeu de ses muscles déliés.
— Hum, je suis frigorifiée.
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— Il y a des peignoirs dans l’armoire. Allez vous
changer. Vous allez prendre froid.
— C’est que…
Pourquoi se défilait‑elle, au juste ? Siroter un verre de
vin en compagnie d’un homme aussi séduisant était loin
d’être un supplice. Et puis, il ne risquait pas de lui faire
des avances. Malgré leur rapprochement dans la piscine,
il ne semblait pas du genre à mélanger plaisir et travail.
— Très bien.
Elle se dirigea vers l’armoire, dont la porte lui servit de
paravent pendant qu’elle se déshabillait pour s’envelopper
dans le peignoir molletonné. Les manches étaient trop
longues et la ceinture traînait par terre, mais, au moins, il
lui tenait chaud.
— De tous les endroits où vous avez grandi, lequel
est votre préféré ? demanda-t‑il comme elle s’asseyait en
face de lui.
Ses questions avaient le mérite de la distraire du spectacle de son torse nu. Mais d’où lui venait cette soudaine
attirance ? Elle ne se l’expliquait pas. Peut‑être était‑ce
l’étrangeté de cette soirée. Son retour inopiné, son insistance
à ce qu’elle lui tienne compagnie.
— Cracovie, répondit‑elle. J’y ai vécu de dix à douze
ans. C’est une ville magnifique.
Ces deux années avaient sonné le glas de leur vie de
famille unie. Peu après, sa mère était rentrée seule aux
Etats-Unis. Mais elle n’avait pas envie d’y penser.
— Et vous ? Où avez-vous grandi ? questionna-t‑elle.
L’expression de Larenzo se durcit.
— A Palerme.
— D’où cette villa en Sicile ?
— C’est chez moi.
— Mais vous vivez à Rome la plupart du temps.
— Cavelli Enterprises y a son siège.
Il pinça les lèvres.
— A vrai dire, je n’ai jamais vraiment aimé Palerme,
murmura-t‑il. Trop de mauvais souvenirs.
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Emma perçut sa réticence à en dire plus. Quels secrets
pouvaient bien cacher cet homme énigmatique ?
— Cet endroit va me manquer, dit‑il en balayant des
yeux la terrasse, puis le paysage alentour.
— Vous envisagez donc bien de partir ?
— Pas exactement…
Son regard se posa sur elle.
— Merci, Emma, pour le repas et la compagnie. Vous
avez fait plus pour moi que vous ne l’imaginez.
Ces paroles l’alarmèrent.
— S’il y a autre chose que je puisse faire…
A sa stupeur, il lui caressa doucement la joue.
— Bellissima…
Le cœur d’Emma se mit à battre la chamade.
— Non. Mais merci.
Sans un mot de plus, il débarrassa la table et s’en alla.
Emma resta immobile un long moment, frissonnante
malgré le chaud peignoir qui l’enveloppait. Elle aurait
tant voulu le réconforter ! Mais que dire sans connaître
sa situation ? Aurait‑il seulement accepté sa compassion ?
C’était un homme orgueilleux, qui s’était laissé aller à
un instant de faiblesse. Nul doute qu’il regretterait cette
conversation demain.
Repoussant sa chaise, elle rentra à son tour. Larenzo était
déjà monté se coucher. Toutes les lampes étaient éteintes
et le système de sécurité réactivé.
Sur le palier de l’étage, elle hésita. Sa chambre était celle
au fond du couloir à gauche. Celle de Larenzo, la première
à droite. Aucun rai de lumière ne filtrait sous la porte. Une
petite voix lui soufflait d’y frapper quand même, de dire
quelque chose. Mais quoi ? Ils n’avaient pas ce genre de
relation. S’il lui ouvrait, échevelé et torse nu…
Non. Ce serait pousser trop loin l’irréalisme de cette
soirée. Avec un soupir, elle se dirigea droit vers sa chambre
et ferma la porte derrière elle.
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KATE HEWITT
Entre raison et désir
Deux ans plus tôt, Emma pensait être la plus heureuse
des femmes : la nuit de plaisir qu’elle venait de passer
avec Larenzo Cavelli, son nouveau patron, avait été
époustouflante. Certes, elle le connaissait à peine, mais il
était si beau, si charismatique… Dès le lendemain pourtant,
tandis que Larenzo, accusé de composer avec la mafia,
avait été jeté en prison, elle avait brusquement déchanté.
Subitement, elle se retrouvait seule. Seule, et enceinte,
comme elle l’avait découvert quelques jours plus tard…
Et aujourd’hui, alors que Larenzo, innocenté, resurgit
dans sa vie, elle ne sait que penser. Sa raison l’incite à la
méfiance, mais son cœur, lui, est irrésistiblement attiré
vers cet homme mystérieux qu’elle n’a jamais pu oublier…
Rien de tel que la magie de Noël
pour exaucer les vœux d’amour les plus fous…
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