Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal

Transcription

Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal
Poèmes islandais,
(Voluspa
Vafthrudnismal,
Lokasenna), tirés de
l'Edda de Saemund,
publiés avec une
traduction, des [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal, Lokasenna), tirés de l'Edda de Saemund, publiés avec une traduction, des notes et un glossaire par F. G. Bergmann,.... 1838.
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RELIURE
TIESSEN
NANCY
2002
POËMES
DE
L'EDDA
(VOLUSPA,VAFTHRVDNISMAL,LOKASENNA)
TIRÉS
DE L'EDDA
. •
*'
,
DE S^MUND
PUBLIÉS
DES NOTES
AVEC UNE TRADUCTION,
ET
UN GLOSSAIRE
•
P>R F. G. BERGMANN
MEMBRE
DE
LA
SOCIETE
ASIATIQUE
IMPIUMEy^ARNA^TOM^ncM
A L'IMPRllrfg*E
M DCCC
DE
PARIS
DU ROI
ROYALE
XXXVIII
AYANT-PROPOS.
de poésies islandaises connu sous
de YEdda de Soemund, paraît avoir été
Le recueil
le nom
dans les premières
années' du xiv°
composé
siècle. Peu de temps après cette époque qui
de la décadence de
marque le commencement
ces poésies, à
islandaise,
tombèrent
dans l'oubli,
et
peine recueillies,
leur existence même semble être restée ignorée
l'ancienne
littérature
deux siècles et demi.
pendant
siècle, plusieurs savants islandais,
Svendsen,
grim Ionsen, Bryniolf
lason, Magnus
à la recherche
crits.
En
Stalholt
parchemin
l'ancienne
remonte
Mais
au xvne
tels que ArnThorlak
Sku-
et Stephan Olafsen, se livrèrent
et à l'étude des anciens manus-
Svendsen,
Bryniolf
évêque à
de
en Islande, découvrit un manuscrit
1643,
renfermant
la plupart des poésies sur
Edda de Soemund. Ce manuscrit
qui
à
au xive siècle, se trouve aujourd'hui
à la Bibliothèque
Copenhague
royale, et porte
le nom de Codex Regius. Après cette heureuse
on retrouva encore quelques autres
découverte,
ii
AVANT-PROPOS.
manuscrits
servirent
qui
à compléter
le précé-
dent.
Le zèle
des Islandais
dans l'étude
infatigable
Scandinaves
des antiquités
se communiqua
bientôt à quelques
savants danois parmi
on
lesquels
doit
distinguer
1651. C'est lui
Danemarck
la
a donné
et qui
études
le célèbre
Ohf Worms,
mort
en
fondé
dans le
qui a réellement
science des antiquités
du Nord,
la plus puissante
aux
impulsion
dans lesquelles
s'illustrèarchéologiques,
rent plus tard les Piesenius,
les Th. Bartholin,
les Stephanius
et autres. Bientôt
les savants danois
purent
à Copenhague,
des poésies
publier,
de l'Edda,
avec le secours prêté par l'érudition
des Islandais
avait
dans
que Worms
appelés
cette
ville.
C'est
ainsi
que
Olafsen fit
Stephan
fois en i665,
sous le
pour la première
paraître
nom de Resenius,
une traduction
du
Vôluspd,
Gudmund
1673,
pices
de Resenius,
et
Vôluspâ,
connaître,
la plupart
cette suite
que
Hâvamâl
des
enfin,
et
en
de la
du
Anderson
une
latine
En
Rûna-capituli.
sous les auspublia,
nouvelle
1689,
édition
Th.
de
Bartholin
la
fit
de quelque
étendue,
par des extraits
des autres poèmes
de l'Edda.
Après
de publications,
des
essais, l'étude
qui
toutes
poésies
ne sont
islandaises
m
AVANT-PROPOS.
fut interrompue
pour
se porta
sur d'autres
quelque temps. L'attention
monuments
littéraires
de
sur
la Scandinavie,
particulièrement
ou sur les
historiques,
ments
monu-
Sagas dont
nombre
grand
un
à rassembler
s'appliqua
manuscrits.
les
on
de
,
les Suédois,
n'aCependant
qui jusqu'alors
vaient pris que peu de part à ces travaux des Islanà rivaliser
dais et des Danois, commencèrent
avec
eux
dans l'étude
des antiquités
Scandinaves.
fut particulièrement
genre d'études
chancelier
le comte de la Gardie,
auquel la science
de quelques
tion
est redevable
favorisé
de
de la conservaachetés
précieux
et qu'avec
une
a donnés
munifi-
à l'université
Les principaux
d'Upsal.
ouvrages
qui
en Suède
sur les différentes
branches
ceux
par
Suède,
manuscrits
par lui à grands frais,
cence presque
royale il
Ce
ché'ologie
Scandinave,
sont
Rudbeck,
de Verelius,
de Gudmund
ont
paru
de l'ar-
de Scheffer,
Olavsen,
de
de
Il est vrai que tous,
et de Hadorph.
ne traitent
des
pas directement
de l'Edda;
mais en éclaircissant
poëmes
plusieurs questions
concernant
l'histoire
et les anPeringskiôld
ces ouvrages
tiquités,
ils
l'interprétation
ont
contribué
à rendre
de ces poésies.
plus
facile
iv
AVANT-PROPOS.
la première
Dans
savants
islandais,
moitié
du xvm°
Torfaeus
Thormod
leurs
donnèrent,
par
Magnoeus,
direction
à l'étude
nouvelle
et
Arnas
travaux,
une
de l'histoire
Thormod
Scandinaves.
antiquités
du Danemarck,
était historiographe
toire
et les traditions
un examen
critique
et des
Torfoeus
soumit
mythologiques
du
sévère,
à part
plus
deux
siècle,
et,
et
ques opinions
systématiques
ses ouvrages ont généralement
et heureuse
influence
sur
qui
l'hisà
Nord
quel-
inadmissibles,
exercé
la
une grande
connaissance
de
toutes
les parties
de l'histoire
des peuples
Scandinaves.
et
Arnas Magnseus professeur
d'histoire
à Copenhague,
où
d'archéologie
dans ses études
1730, a poursuivi
mêmes
vues
d'immenses
que Torfoeus;
services
à la
l'université
de
il
mourut
à peu près les
plus il a rendu
de
science
en
léguant
non-seulement
Copenhague,
de manuscrits
collection
islandais
précieuse
richis
de ses notes
et de ses commentaires,
aussi
considérable
une
somme
en
destinée
à
sa
en-
mais
à faire
de ces manuscrits
de publication
intéressants.
C'est grâce au legs d'Arnas
qu'a eu
lieu la publication
des poésies de l'Edda,
dont le
face aux
frais
volume
a paru à Copenhague
premier
le second
en 1818,
et le troisième
en 1787,
en 1828.
AVANT-PROPOS.
v
.
à de si grands interpubliés
les progrès
servir à établir
valles, peuvent
que
la sela science a faits successivement
depuis
Ces trois
volumes,
moitié
conde
Les
éditeurs
du
du
siècle
passé jusqu'à
volume
premier
nos jours.
étaient
en
réduits
à leurs
propres
grande partie
moyens,
car depuis longtemps
il n'avait paru aucun ousur l'Edda,
à l'exception
de la
vrage important
danoise de dix-huit
traduction
faite par
poëmes,
C'est vers
Sandwig
(Copenhague,
1783-1785).
en Allemagne,
à
cette époque qu'on commença,
du
des poésies Scanprendre
goût pour l'étude
dinaves;
fit
mais
comme
les traductions
n'étaient
que des imitations
plus
elles ont peu profité
à la science.
aux traductions
remarque
s'applique
libres,
même
bliées
tulé
qu'on en
ou moins
La
puinti-
et au livre de Mallet
en Angleterre,
Edda, ou Monuments de la mythologie et de la
poésie des anciens peuples du Nord. Comme Mallet
ne savait pas l'islandais,
il dut se contenter
de
avec goût et discernement
les matérédiger
riaux
qu'il trouvait
lui fournissait
dans des ouvrages danois, ou
de son ami Eril'érudition
que
chsen.
Les éditeurs
publié
cultés
à Copenhague,
ont eu moins
de diffià surmonter
que ceux du premier,
parce
du second
volume
de l'Edda,
vi
AVANT-PROPOS.
qu'ils
pouvaient
importants
qui
commencement
de l'Edda,
dont
des Niflungues,
Hagen en 1812
1815.
texte
Une
consulter
quelques
ouvrages
avaient
en Allemagne
au
paru
de ce siècle. Les chants
épiques
la plupart
au cycle
appartiennent
ont été publiés
par M. V. der
et 181 k, et par MM. Grimm
en
nouvelle
de l'Edda,
édition
dont
lé
avait
été revu par Rask, fut publiée
à Stockholm
en 1818 par M. Afzelius
qui en donna,
suédoise.
quelques
temps après, une traduction
Tous les
importants
qui avaient paru
ouvrages
sur l'Edda,
furent résumés par M. Finn
jusqu'ici
dans sa traduction
danoise publiée
de
Magmisen
1821 à 1823. Cette traduction
de
accompagnée
et les deux éditions
notes, celle de M. Afzelius
de l'Edda
complètes
publiées
à Stockholm,
sont indispensables
ces poésies Scandinaves.
Aussi,
ils servi
qu'on
de base à presque
a faites depuis.
Mais
à Copenhague
pour l'étude
et
de
ces ouvrages onttoutes les traductions
malgré
les lumières
ont répandues
sur l'Edda,
que ces publications
il faut avouer qu'il reste encore une grande tâche
à remplir
et beaucoup
de cjuestions
importantes
à résoudre.
connaître
-Désirant
en France
et en contribuant,
me rendre
les
autant
résultats
utile
en faisant
déjà obtenus,
que mes faibles moyens
vu
AVANT-PROPOS.
de la science,
à l'avancement
me le permettent,
soumets
le
travail
aujourque
je
entrepris
j'ai
intention
était d'abord
au public.
Mon
d'hui
d'expliquer
de l'Edda,
sur
un
variés
cultés
un
plus
grand
nombre
des poésies
est exécuté
parce que plus un ouvrage
plan large,
plus les résultats
et importants.
s'opposant
aussi étendu,
Mais de trop
à la publication
dû
j'ai
renoncer
et, en effet, mon
projet;
avoir été considérablement
en
sont
grandes diffid'un travail
à' mon
ouvrage,
réduit,
premier
même après
avait
encore
à cette
à se produire
au jour.
Je dois,
des remercîments
à "feu M. Silvestre
occasion,
peine
de Sacy, à MM. E. Burnouf,
Guérard,
ainsi qu'à M. Quatremère
et aux autres
saires
de l'Imprimerie
sant à ma publication,
Fauriel,
Commis-
royale,
qui, en s'intéresm'ont aplani ces difficultés.
L'ouvrage
que l'on va lire se divise en trois
parties. Dans la première
partie, ou Introduction
en abrégé toutes
les quesgénérale,
j'ai traité
qui se rapportent
plus ou moins directement aux trois poëmes que je publie. La seconde
les textes islandais,
la traducpartie
présente
tion avec les introductions
spéciales et les notes
tions
Quant
été fait
au choix
même
au hasard.
de ces poëmes, il n'a pas
La Vôluspà, un des meilleurs
vin
AVANT-PROPOS.
de l'Edda,
et en même temps
un des
poëmes
à expliquer,
méritait
tout d'abord
plus difficiles
la préférence.
comme je ne pouvais puEnsuite,
blier
l'Edda
en entier,
il importait
de donner
au
moins
des
exemples
de
espèce de
chaque
ce recueil.
C'est pourquoi
poëmes qui composent
choisi
les poëmes
j'ai encore
et de Lokasenna,
qui diffèrent
la
Vôluspâ
forme.
J'ai
un examen
ressources
véritables
et entre
soumis
de Vafthrâdnismâl
de
plus ou moins
par le fond
les textes des trois
eux,
et
par
la
poëmes à
autant que mes
et j'ai tâché,
critique,
me le permettaient,
de rétablir
Dans
la traduction,
leçons.
j'ai
les
dû
la
il fallait
refidélité;
plus grande
conclans notre
les
produire
expressions
langue
cises et
les
de l'original,
et conserver
énergiques
m'imposer
images,
le
coloris,
les
tournures
de phrases
et
de style qui se trouvent
jusqu'aux
négligences
dans le texte. Enfin,
du lecpour la commodité
et philologiques
se rapteur, les notes critiques
au texte ont été séparées des notes exportant
plicatives
Dans
se rapportant
la troisième
à la traduction.
partie
de
l'ouvrage,
islandaise
la lexicographie
essayé d'élever
hauteur
que les études
philologiques
teinte
le
de nos jours.
C'est pourquoi
ont
j'ai
à la
at-
glossaire
ix
AVANT-PROPOS.
a
à la fois
dû. être
Cette
nouvelle
méthode
des matériaux;
arrangement
abandonner
rement
mots
une
par
autre
ordre
et
étymologique
exigeait
il fallait
l'ancienne
nécessai-
des
disposition
et en adopter
alphabétique,
plus philosophique,
classification
suivie dans les
comparatif.
un nouvel
semblable
sciences
à la
naturelles.
a le seul inconvénient
qui
consacré
est
de n'être
par l'usage,
pas encore
et sera, je l'esà toutes les langues,
applicable
un instrument
découvertes
père,
d'importantes
Ce nouvel
ordre,
dans
la philologie
Pour le justifier,
comparée.
et montrer
combien
il est fondé en nature,
j'ai
fait précéder
le glossaire
d'une
introduction,
où
la
j'ai brièvement
formation
des
expliqué
langues.
le
Quant
mécanisme
au
de
glossaire
des juges
compétents
l'apprécieront
à sa juste valeur.
Je n'ai point la prétention
de
croire
des erreurs
sont
que tout y soit parfait;
dans un travail
aussi difficile.
presque inévitables
lui-même,
Mais
je
me
flatte
que
et de comparaisons
premier
coup d'oeil,
on les aura examinées
a d'autres
beaucoup
qui paraîtront
seront trouvées
avec plus
d'étymologies
hasardées
justes
de soin.
au
quand
Il y en
au sujet desquelles
j'ai été moi-même
dans le doute,
et que je n'ai proposées
que pour
x
y attirer
heureux
quelques
Burnouf
AVANT-PROPOS.
l'attention
des savants. Déjà j'ai été assez
de pouvoir
avant l'impression,
faire,
rectifications
au glossaire,
M. Eugène
l'extrême
de
complaisance
ayant eu
le manuscrit
parcourir
ses remarques
et de me communiquer
judicieuses.
Puisse cet ouvrage, malgré
être favorablement
accueilli!
ses imperfections,
rempuisse-t-il
aux progrès
plir son but, qui est de contribuer
de la science! S'il obtient l'approbation
des juges
à publier,
éclairés, je continuerai
d'après le
même plan, les autres poëmes de l'Edda. Ayant
été appelé à des fonctions universitaires
qui me
mettent
en état de me livrer entièrement
à l'étude
des langues septentrionales
et germaniques,
je puis même dès maintenant
prendre envers le
de lui faire connaître,
public
l'engagement
par
des publications
successives, les principaux
numents
littéraires
écrits dans ces langues.
mo-
TABLE
DES
DE
DIVISIONS
L'OUVRAGE.
PREMIERE
PARTIE.
INTRODUCTION
CHAP. I. De l'origine
GÉNÉRALE.
des idiomes
Scandinaves
S i.
De l'ancienne
langue
danoise
S il.
De l'ancienne
langue
§ m.
De l'ancienne
norvégienne
islandaise
§ iv.
Table
langue
générale des idiomes
CHAP. II. De l'ancienne
§1.
De l'origine
S 11. De l'auteur
§ m.
littérature
de la littérature
Du
46.
....
teuto-gothiques
7.
islandaise
9.
islandaise;
auquel
de l'Edda.
Edda..
appartiennent
de la traiter
§ i.
Des différentes
thologie
§ 11. Des différentes
12.
les
et de la forme
dramatique
20.
traités
dans les poëmes
de l'Edda
nière
ibid.
19.
des poëmes de l'Edda
§ v.
Des sujets mythologiques
CHAP. 111. Considérations
3.
ibid.
de poésies nommé
du recueil
genre de poésie
poëmes de l'Edda
§ iv. De la forme narrative
. .. .Page
il\sur la mythologie
'.
opinions
et sur la ma-
sur la nature
26.
de la myibid.
espèces de mythes
28.
XII
TABLE
S m.
Comment
on peut
pèces de mythes
§ iv. De la manière
CHAP. IV. Examen
§ i.
Des
les
dans
les différentes
distinguer
esPage
de traiter
philologique
la mythologie
de la langue
32.
35.
islandaise.
38.
différents
suivis
systèmes d'orthographe
islandais et les éditions
de
manuscrits
l'Edda
,
S il.
Examen
S m.
ibid.
46.
Examen
des voyelles simples
des diphthongues
§ iv.
Examen
des concrétifs
53.
S v.
De la permutation
des voyelles
Le phénomène
de la permutation
§ Vi.
expliqué
S vu.
Des consonnes
5i.
58.
des voyelles
5g.
liquides
R, L, M, N (halfraddar
stafir,
§ vin.
semi-voyelles).
Des consonnes labiales
S Ix.
Des consonnes
dentales
P,B,F,
7A.
83.
V
et sifflantes
T,
D, J>,
85.
Z,S
%x.
Des consonnes
S xi.
Conclusion
gutturales
du chapitre
CHAP. V. De la versification
§ 1.
K, G, H,
3, X...
..
'94.
1 o4.
islandaise
107.
et de l'accent
ibid.
$ 11.
De la quantité
Du rhythme
§ m.
De la versification
S iv.
De la versification
110.
(versagiôrS)
islandaise
§ V.
113.
118.
Du fornyrdalag
De la thèse et de Tarse
120
De l'anakrouse
123.
(mâlfylling)
De l'allitération
§ vi.
ibid.
125.
i3o.
§ vu.
Du rhylhme du fornyrdalag
Du liôdahâtlr
s vm.
De la strophe
133.
i3i.
DES
ix.
La
division
de la strophe
quée parRask
x.
Les objections
XIII
DIVISIONS.
en quatre
vers
attaPage
de Rask réfutées
I.
i36.
PARTIE.
SECONDE
POËMES
ISLANDAIS.
VOLDSPA.
INTRODUCTION
i4g.
CHAP. I. Explication
§ i.
du titre
Des prophétesses
du poëme
De la forme
§ 1.
De
la
poëme
§ 11. Table
§ m.
chez les peuibid.
chez les peuples
Scandi1Ô2.
de vision
CHAP. II. Des parties
ibid.
ou devineresses
ples germaniques
S il.
Des Valas (Vôlur)
naves
§ m.
i35.
donnée
au poëme....
i63.
du poëme
disposition
générale
166.
des
parties
du
ibid.
détaillée
des parties du poëme
des strophes
De l'arrangement
....,..'
CHAP. III.
Examen
§ 1.
§ 11.
De l'intégrité
De l'époque
du poëme
de la composition
S m.
De l'auteur
du poëme
critique
du poëme
169.
174.
175.
ibid.
du poëme....
176.
182.
Texte et traduction
186.
Notes critiques
210
et philologiques
Notes explicatives
221
TABLE
xiv
II.
VAFTHRDDNISMÂL.
INTRODUCTION
Page
CHAP. I.
Explication
CHAP. II.
Des divisions
CHAP. III.
Discussion
tique
Texte
concernant
du titre
et du but du poëme..
du poëme
de différentes
le poëme..
ibid.
25i.
questions
de cri-
,
2 54-
et traduction
Notes critiques
.
243.
260.
et philologiques
282.
Notes explicatives
291.
III.
LOKASENNA.
3o3.
INTRODUCTION
CHAP. I.
Du but
du poëme
CHAP. IL
De la disposition
CHAP. III.
De l'intégrité
CHAP. IV.
De l'époque
ibid.
des parties
du poëme....
du poëme
de la composition
3o5.
3og.
du poëme.
. 3i3.
Texte et traduction
320.
Notes critiques
348.
et philologiques
Notes explicatives
358.
PARTIE.
TROISIÈME
GLOSSAIRE.
INTRODUCTION
371.
CHAP. I.
De la signification
des voyelles
373.
CHAP. IL
De la signification
des consonnes........
38o.
xv
DIVISIONS.
DES
CHAP. III.
De la formation
des thèmes
CHAP. IV.
De la disposition
des matières
.Page
3g3.
dans le glos-
saire
399.
GLOSSAIRE. —Thèmes
P.F.V.B
commençant
•
par une
des labiales
, - 4o7.
.
Labiale
seule
ibid.
Labiale
avec labiale
Labiale
avec dentale
409.
410.
Labiale
4i4-
Labiale
avec gutturale
avec R
Labiale
avec L
4i8.
Labiale
avec N
4ao.
Thèmes
commençant
4i 6.
par une des dentales
T, D, |>, S. 421.
ibid.
Dentale
seule
Dentale
avec labiale
42 4.
Dentale
avec dentale.
42 5.
Dentale
ibid.
Dentale
avec gutturale..
avec Jî
Dentale
avec L
42 7.
428.
Dentale
avec N
ibid.
Thèmes
commençant
»
par une des gutturales
K,
G, H.
42 g.
Gutturale
seule
ibid.
Gutturale
avec labiale
43o.
Gutturale
avec dentale
432.
Gutturale
Gutturale
avec gutturale
avec R
Gutturale
avec L
436.
Gutturale
avec N
k3rj.
Thèmes commençant
parla
.
434.
435.
liquide
R
438.
R seul
ibid.
R avec labiale
ibid.
xvi
TABLE
DES
DIVISIONS.
R avec dentale
Page
R avec gutturale
Thèmes
commençant
44o.
442.
par la liquide
L
,
446.
.'
L seul
ibid.
L avec labiale
ibid.
L avec dentale
447.
L avec gutturale
449-
Thèmes
commençant
par la nasale
452.
*"
N seul
ibid.
N avec labiale
453.
N avec dentale
454-
N avec gutturale
N avec R
ibid.
Onomatopées
proprement
455.
ibid.
dites
TABLE ALPHABÉTIQUE des mots islandais
expliqués
dans
le glossaire
456.
*>
PREMIÈRE
INTRODUCTION
PARTIE.
GÉNÉRALE.
POÈMES
ISLANDAIS.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
CHAPITRE
DE
L'ORIGINE
DES
IDIOMES
I.
SCANDINAVES.
S I.
DE
L'ANCIENNE
LANGUE
DANOISE.
Les tribus
guerrières qui, dans les premiers siècles
se sont établies dans le Danechrétienne,
de l'ère
la Norvège
à la race gothique
mark,
souche,
et la Suède,
toutes
appartenaient
ou germanique.
Issues d'une même
et sorties des mêmes contrées, sans doute des
régions voisines de la mer Caspienne et de la mer Noire,
toutes ces tribus avaient les mêmes moeurs, la même
et parlaient aussi une seule et même langue.
religion,
Si l'on
thiques
appelle Scandinaves les anciens peuples goétablis dans le Danemarck,
la Norvège et la
k
INTRODUCTION
GENERALE.
Suède, on doit aussi donner
à l'idiome
qu'ils parlaient
le nom
de langue Scandinave.
Les Danois, favorisés par différentes
devinrent
ils furent
le peuple dominant
les premiers à fonder
Le Danemarck,
circonstances,
dans la Scandinavie;
un état monarchique.
d'où étaient sorties les tribus qui peu-
plèrent la Norvège et la Suède, était regardé comme
la mère-patrie
de ces grandes colonies et comme le
berceau de la religion,
de la poésie et des traditions
Scandinaves.
Cette prépondérance
des Danois dans les premiers
temps fut cause que le nom le plus ancien donné à l'idiome Scandinave fut dônsk tunga, langue danoise 1.
S IL
DE
L'ANCIENNE
LANGUE
NORVÉGIENNE.
A mesure
que les Danois faisaient de plus grands
il devait naturellement
s'éprogrès dans la civilisation,
tablir une différence de moeurs plus prononcée entre
eux et leurs voisins de la Norvège et de la Suède. Ces
1 La
des Danois était si généralement
reconnue dans le
supériorité
tirer vanité du
Nord, que les écrivains islandais semblent quelquefois
nom
de dônsk tunga qu'ils donnent
à leur
au commencement
du xni° siècle, désigne
dinave. (Voyez Konunga Sôgur, Formâlinn.
Le poëte islandais Eystein,
danoise sa langue maternelle
au milieu
langue. Snorri, qui écrivait
par ce nom la langue ScanYnglinga Saga, chap. xx. )
du xrvc siècle,
(voy. Xi7ia).-Les
appelle
la langue
islandais
grammairiens
se servent du nom de dônsk tunga pour désigner la langue Scandinave,
éd. de Stockholm,
par opposition à la langue latine. (Voy. Snorra-Edda,
p. 277 et 3oo. )
5
CHAPITRE!.
derniers
un pays situé au nord par rapport
étaient appelés communément
iVorS-
, habitant
auDanémarck,
Ce nom désignait
aussi plus spécialement les Norvégiens seuls 1, avec lesquels les Danois avaient des rapports plus fréquents
qu'avec les habitants de la Suède.
hommes
menn, Normands,
La différence
du midi
du nord.
entre les Scandinaves
se fit sentir
non-seulement
du nord et ceux
dans les moeurs,
mais aussi dans le langage de ces peuples. La langue des
Danois se sépara la première de l'ancien idiome Scandinave.
Cet idiome
ne pouvait donc plus être désigné
par le nom de dônsk tunga : il fut nommé norroena tunga, ou norroent mal (langage septentrional),
parce que
dans les pays du nord, en Norvège et en Suède, l'ancienne langue dont le dialecte danois venait de se détacher, n'avait presque subi aucun changement sensible.
Mais de même que le nom de Noromenn s'appliquait
plus particulièrement
roena tunga désignait
gienne 2. Ce fut
l'ancien idiome
aux Norvégiens,
plus spécialement
aussi principalement
resta pur pendant
de même
nor-
la langue norvéen Norvège que
longtemps,
tandis
Suède, il éprouva bientôt des changements analogues à ceux qui s'étaient déjà opérés dans la langue
danoise.
qu'en
1
Voyez Saga Haralds hins harfagra, chap. xzu;
les Nordmenn
chap. îv et xiv. Snorri
distingue
kringla, Fonnâlinn.
5
Voyez Saga Hakonar Goda, chap. m.
Saga Hakonar Goda,
des Suédois, Heims-
6
INTRODUCTION
GENERALE.
S III.
DE
L'ANCIENNE
Dans la seconde moitié
LANGUE
ISLANDAISE.*
du ix° siècle, des colons nor-
en Islande. Comme l'idiome
végiens s'établirent
fut transplanté
dans cette île était le norvégien,
Islandais
devaient
naturellement
qui
les
continuer
pendant
longtemps à désigner leur langue sous le nom de norroena tunga 1.
Dans un pays pauvre et séparé du monde comme
enrichit ou altère
ce qui modifie,
fortement le langage n'existait pas, l'idiome norvégien
devait longtemps conserver sa pureté. Aussi voyons-
l'Islande,
où tout
nous qu'à l'exception de quelques légers changements
dans les formes grammaticales,
cet idiome est resté le
même pendant le cours de plusieurs siècles. Mais les altérations deviennent plus sensibles et vont en augmentant depuis le xnf jusque vers le xvi° siècle, époque
où l'ancienne langue et l'ancienne littérature
islandaise
avaient épuisé toutes leurs forces, et où commença la
de la langue et de la littérature moderne.
Quant à l'ancien idiome norrain qu'on parlait en
Norvège, il subit peu à peu, dans le xme, le xive et le
période
des changements
notables causés surtout
par l'influence
toujours croissante que le Danemarck
exerçait sur la Norvège,
principalement
depuis la
xve siècle,
1
Voyez Snorra-Eida,
p. 3oi.
I.
CHAPITRE
7
des deux pays sous le même sceptre en 138o.
du xvie siècle, la langue norVers le commencement
réunion
et la langue danoise s'étaient tellement
rapprochées l'une de l'autre, qu'elles ne formèrent bientôt
plus qu'une seule et même langue. Dès lors le nom de
végienne
norroent mal ne pouvait plus servir à désigner à la fois
et le norvégien
qui s'était confondu avec le danois, et
l'ancien
norvégien
qu'on parlait
Pour désigner ce dernier idiome
encore
en Islande.
on introduisit
le nom
et plus précis
plus convenable
gue islandaise, islenzka tunga. Les Islandais
d'autant plus en droit de nommer leur langue
peu
leur
patrie , qu'ils possédaient une littérature
à laquelle la Norvège ne pouvait
originale,
aucun monument
de quelque
littéraire
peu à
de lanétaient
d'après
riche et
opposer
importance.
§ IV.
TABLE
GÉNÉRALE
DES
IDIOMES
Nous venons de voir
Scandinave
comment
sont dérivés
TEUTO-GOTHIQUES.
de l'ancienne
successivement
langue
l'ancien
da-
et l'ancien
ou islannorvégien
un coup d'oeil sur les langues
dais 1. Jetons maintenant
contemporaines,
pour voir les rapports
germaniques
de parenté qui existent entre les idiomes teutoniques
nois , l'ancien
suédois
et les idiomes
Scandinaves.
1 Pour
excellent
connaître
de M. Petersen
Kjôbenhavn,
de ces langues il faut consulter l'ouvrage
: Det Danske Norske og Svenske Sprogs Historié.
2 vol. in-8°.
l'histoire
1829-1830;
8
INTRODUCTION
GENERALE.
La grande souche de langue teuto-gothiqae se divise
en deux branches principales , la branche teutonique et
la branche Scandinave.
I. La branche teutoniaue se subdivise
en idiome
du
haut teutoniaue, au midi
du bas teutoniaue,
l'Allemagne.
Le
de la Germanie,
et en idiome
dans les parties septentrionales
de
haut teutoniaue comprend
: i° le godit ; 1° le vieux haut allemand dont
thique proprement
dialectes
les principaux
sont le francique, Yallemannique et le bavarois; 3° le haut allemand moyen qui est la
du vieux haut allemand depuis le xne juscontinuation
qu'au xive siècle, et qui a donné naissance au haut
allemand moderne. Le bas teutonique comprend : i° le
i° le frison; 3° l'anglo-saxon.
comme nous
IL La branche Scandinave renferme,
° l'ancien
î
vu
:
l'avons
danois; 2° l'ancien suédois ; 3° l'anvieux saxon;
cien norvégien ou islandais.
C'est le dernier idiome de la branche
Scandinave,
qui fixera ici notre attention; car c'est dans
cet idiome que sont composés les trois poèmes que
nous publions.
Mais avant d'entrer dans un examen
l'islandais,
de l'islandais, il sera nécessaire de dire
grammatical
d'abord quels sont les monuments littéraires dans lesquels cette langue peut être étudiée.
II.
CHAPITRE
II.
CHAPITRE
DE
DE
LITTÉRATURE
L'ANCIENNE
DE
LORIGINE
LA
DE
Les Norvégiens
qui,
LITTERATURE
ISLANDAISE.
ISLANDAISE.
L'EDDA.
dans le ixe siècle, s'établirent
leur langue.
y apportèrent non-seulement
leurs moeurs et leur religion, mais aussi leurs poésies
ou chants nationaux. Ces poésies renfermaient
quelen Islande,
qui, apques traditions historiques et mythologiques
pelées ainsi que l'écriture runique, du nom de mystères
à
ou
composaient
stafir),
(rûnar)
d'antiquités (fornir
1 des anciens Scandinaves.
tout
le
savon
peu près
les
L'Islande recueillit
donc, dès le commencement,
poétique et
germes et les éléments de sa littérature
et ces germes prirent dans son sein un
historique,
Loin de s'éteindre dans cette
rapide développement.
île déserte jetée au milieu de l'Océan, la poésie répandit bientôt un éclat si vif, que les skaldes ou poètes
islandais
devinrent
les plus renommés
de l'Europe.
Bien que les Scandinaves
dans tout le
nord
poésies n'étaient
pas écrites,
eussent une écriture, leurs
elles se transmettaient
de
10
INTRODUCTION
GENERALE.
comme les rhapsodies épiques et les poésies lyriques des Hindous,
des Grecs et des anciens
mémoire,
Arabes. Ce mode de transmission
fut cause que beaucoup de ces poésies ont été perdues. Plus tard une
autre cause ne contribua pas moins à faire disparaître
un grand nombre de ces monuments
littéraires.
Le
introduit
christianisme,
peu à peu dans le Nord\, devait naturellement
l'ancienne poésie qui
y proscrire
était si intimement
liée à la religion d'Odin. Dès lors
le peuple n'apprit
plus par coeur les chants nationaux, et les poètes n'osaient plus célébrer dans leurs
poèmes les dieux du paganisme, ni chanter les traditions
de l'antiquité.
C'est pourquoi
nous ignorerions peut-être entièrement
ce que c'était
que l'ancienne poésie Scandinave, si elle n'avait pas
trouvé une nouvelle patrie et un asile assuré dans
mythologiques
l'Islande.
La religion du Christ, il est vrai, ne tarda pas
à étendre son empire jusque sur cette île lointaine;
l'Evangile fut adopté par le peuple islandais
blée générale (althing),
en l'an 1000 de
Mais la nouvelle foi ne put entièrement
du paganisme, ni faire oublier
souvenir
à l'assemnotre
détruire
ère.
le
complètement les poésies nationales inspirées par la religion
d'Odin. Ainsi fut sauvée une partie de la littérature
Scandinave. D'un autre côté le christianisme
lui-même
le moyen de conserver les anciens monuments
de l'Evangile,
en
car le génie civilisateur
littéraires;
fournit
même temps qu'il faisait perdre
aux peuples
du Nord
CHAPITRE
H
Iî.
le goût pour leur ancienne poésie, répandait
parmi
et la connaissance de l'écriture
eux l'esprit littéraire
nous ont
du
les
païen
génie
productions
par lesquels
été conservées en grande partie. Aussi est-ce à l'usage
de l'écriture latine généralement
adoptée en Islande
que nous devons principalede i'Edda de
et la conservation
au xnie et au'xive siècle,
ment la composition
Soemund, ce recueil si précieux, des anciennes
Scandinaves.
poésies
pour nous, soit que l'auteur de
ce recueil n'ait pas eu le loisir de réunir toutes les
de
son
soit
connues
encore
temps,
qu'une
poésies
est-il que
toujours
grande partie en fût déjà perdue,
Malheureusement
nous
des poésies
nombre
qu'un très-petit
en Islande. La
avoir existé anciennement
n'avons
qui doivent
preuve en est que dans les Sogur ou traditions historiques on trouve des vers tirés de poèmes qui ne sont
pas renfermés dans notre recueil ; nombre de vers appartenant à des chants inconnus sont insérés dans le
ÏEdda de Snorri; on en
livre nommé communément
un plus grand nombre encore dans l'ouvrage
d'histoire intitulé Heimskringla et composé par le même
Snorri ; enfin, dans lés poésies mêmes de I'Edda de Soemund, on trouve des allusions à des mythes que nous
trouve
mais qui certainecomplètement,
ignorons aujourd'hui
bien
ment ont été traités dans des poèmes particuliers
connus de tout le monde. Parmi les poèmes qui nous
restent,
il y en a qui
sont
très-anciens.
Comme
les
12
INTRODUCTION
GENERALE.
colons norvégiens ont dû naturellement
apporter en
Islande leurs chants nationaux, on peut présumer qu'il
s'en trouve quelques-uns dans le recueil de Soemund.
C'est à la critique des textes à examiner s'il y a de ces
poèmes qui soient d'une date antérieure à la colonisation
de l'Islande.
Dans
l'introduction
spéciale qui
sera placée à la tête de Vôlaspâ, Vafthru'Snismâl et Lokasenna, nous tâcherons de préciser, autant qu'il nous
sera possible, l'époque de la composition
ces trois poèmes.
de chacun de
S II.
DE
L'AUTEUR
La tradition
attribue
prêtre
triotes
BU
RECUEIL
vulgaire
DE
POÉSIES
en Islande,
NOMME
EDDA.
dès le xive siècle ,
la composition
du recueil nommé Edda au
Soemand Sigfusson, surnommé
par ses compainn froSi, le savant, à cause des connaissances
étendues
qu'il avait acquises pendant son séjour en
Allemagne, en France et en Italie. A l'exemple de son
comme lui le savant,
Ari, surnommé
compatriote
Ssemund étudia
l'histoire
de la Norprincipalement
en 1133, laissant inachevés quelques
vège. Il mourut
écrits historiques qui ne nous ont pas été conservés.
La tradition lui attribue aussi le poème intitulé Sôlar
lioS, qui se trouve dans I'Edda en vers. Comme le
et la poésie, on conçoit qu'on ait pu lui attribuer le recueil de poésies
était inconnu.
Scandinaves dont l'auteur
Mais plu-
prêtre
Ssemund aimait les lettres
sieurs raisons assez fortes,
15
II.
CHAPITRE
ce nous semble,
s'opposent
ait composé le re-
à c.e qu'on admette que Ssemund
cueil de I'Edda qui porte son nom. Qu'il nous soit
ces raisons, et de dispermis d'exposer ici rapidement
concercuter la question aussi difficile qu'importante,
et l'époque de sa composition.
Pour prouver que Sasmund n'est point l'auteur du
recueil de I'Edda, nous pourrions faire valoir un argument que le savant Arnas Magnseus a opposé à ceux
nant l'auteur
du recueil
à Ssemund la composiqui allaient jusqu'à attribuer
tion des poésies de I'Edda 1. Arnas nous prouve que ce
prêtre, déjà parvenu à l'âge de soixante-dix ans, n'avait
dans le genre de I'Edda, et il
doute qu'à cet âge avancé ce vieillard qui n'a pas même
ait encore trouvé
pu achever ses travaux historiques,
encore fait aucun travail
assez de loisir
et de force
qu'on lui attribue.
pas assez concluant,
pour
composer
d'Arnas
Si cet argument
nous y ajouterons
est tiré de la nature du recueil même,
le travail
ne paraît
le suivant qui
tel qu'il existe
conviendra
que les pré-
Tout le monde
aujourd'hui.
faces en prose placées à la tête de quelques poèmes
de I'Edda y ont été ajoutées par celui qui a fait le recueil. Or il faudrait avouer que Sasmund eût bien peu
lui
de savant que ses compatriotes
ont donné, si les préfaces dont nous parlons étaient
sorties de sa plume. En effet, non-seulement
ces prémérité
le surnom
faces sont écrites
1
dans un
Voyez Edda Soemundar liinsfrôda,
style
généralement
t. I, p. xiv,
édit.
mau-
Copenhag.
14
GENERALE.
INTRODUCTION
vais, mais encore
mer de l'érudition
elles ne nous font pas trop présude l'auteur, puisqu'elles n'énoncent
la plupart que ce qui se trouve déjà clairement
dans les poèmes
exprimé ou suffisamment
indiqué
eux-mêmes. Il y a plus : toutes les fois qu'il arrive à
pour
d'énoncer
des préfaces
ter des circonstances
l'auteur
des faits ou de racon-
qui ne sont pas déjà indiquées
par le poète, il laisse voir son incapacité, en manquant
:
le véritable
point de vue du poème. Conclusion
d'admettre
il est, impossible
que Soemund le
savant soit l'auteur de ces préfaces, il est également
d'admettre
impossible
qu'il soit l'auteur du recueil,
comme
puisque
celui
qui
a fait
le recueil
a aussi fait
les
préfaces.
Passons à d'autres
preuves. Si le prêtre Soemund
ses écrits cette Edda qu'on lui attri-
avait laissé parmi
bue , cet ouvrage aurait certainement
des savants islandais,
et les écrivains
attiré l'attention
n'auraient
pas
Or le célèbre Snorri
manqué, de le citer fréquemment.
au commencement
Sturlason, qui florissait
du xinc
et qui était à la fois historien classique, poète
distingué et premier magistrat en Islande, ne connaissait pas le recueil qu'on attribue à Soemund; il ne le
siècle,
cite dans aucun de ses écrits, bien qu'il eût eu souvent
occasion de parler de cet ouvrage s'il l'avait connu,
et il l'eût
certainement
connu
si le recueil
avait existé.
Ce qui prouve encore que Snorri n'a jamais eu en main
le recueil en question, c'est que les citations qu'il fait
CHAPITRE
II.
15
des anciennes poésies nous présentent souvent des ledans
de celles qu'on trouve
çons toutes différentes
I'Edda : de, plus, Snorri semble aussi avoir ignoré
l'existence de quelques poèmes qui font partie de ce
recueil ; enfin il a ignoré jusqu'au nom d'Edda qu'on
ne trouve dans aucun de ses ouvrages.' Par tout ce que
nous venons de dire, nous croyons être en droit d'adque I'Edda en vers, loin d'avoir été composée
par Soemund, n'a pas même existé du temps de Snorri,
mort en 12ki. C'est chose digne de remarque, que
mettre
le nom
d'Edda
ne se trouve
dans aucun
écrit avant
le xive siècle; et encore ce nom
cité dans deux
rien pour
poèmes de cette époque ne prouve-t-il
l'existence de I'Edda de Soemund : car, si dans le célèbre
intitulé
Lilia
(le Lis), qu'on
les préceptes
i36o,
Eystein Arngrimsson,
sont appelés Eddu-reglur (règles de I'Edda),
attribue
le poème
13 y o, l'art
poème
d'Arnas
Ionsson,
florissant
vers
à
poétiques
et si dans
il est
poétique est appelé Eddu-list (Tart de I'Edda),
évident qu'il ne s'agit pas ici de I'Edda envers attribuée
à Soemund, mais de I'Edda en prose que nous connaissons sous le nom de Snorra-Edda. Ce dernier recueil
fut composé à la fin du xme siècle par un grammairien
faire un traité de rhétorique,
islandais qui voulut
de métrique et de poétique. Il donna à son recueil le
nom d'Edda (aïeule), sans doute parce que ce livre renfermait d'anciennes traditions mythologiques
que les
personnes âgées prenaient pour sujet de leurs entre-
16
INTRODUCTION
GENERALE.
tiens dans les longues veillées d'hiver. Comme cette
Edda se composait
surtout
d'opuscules sortis de la
on pouvait donner à ce livre le
plume de Snorri,
nom plus explicite de Snorra-Edda.
Mais quant au
recueil attribué
à Soemund, il nous semble qu'il a
été composé à peu près vers la même époque que la
Snorra-Edda, c'est-à-dire à la fin du xme ou au commencement
du xive siècle.
Tous les résultats
des re-
cherches
et que nous
que nous avons faites jusqu'ici
venons d'exposer, confirment
cette opinion ; et pour
la corroborer
encore davantage nous ajouterons les
considérations
suivantes. Dès le commencement
du
8
XII siècle, il s'était développé en Islande un esprit littéraire très-actif; non-seulement
on commença à écrire
et à traduire des livres latins, on eut aussi
l'histoire
soin de recueillir
de la bouche
tions et les poésies anciennes.
au commencement
tine introduit
risa ce mouvement
littéraire,
du peuple les tradiL'usage de l'écriture ladu xme siècle, favoet les clercs se mirent
avec zèle à composer des recueils de Sagas, de lois, de
l. Aussi les manuspoésies et de traités philologiques
crits les plus anciens qui nous restent des monuments
littéraires
Scandinaves
sont-ils
de cette
époque; ils
ne remontent
guère au delà du xnie siècle ; tels sont
le Codex
notamment
et le Fragmentum menregius
braneum
raison
1
Voyez
de I'Edda
en vers.
C'est donc
de plus qui nous fait croire
Uni Lâtinu-stafrofit,
p. 274,
275.
encore
que I'Edda
une
attri-
CHAPITRÉ
il.
17
buée à Soemund a été composée à la fin du xme ou au
6
du xiv siècle, puisque les plus ancommencement
ciens manuscrits de cette Edda ne remontent
pas au
delà de cette époque, et que, comme nous venons de
le dire, c'est dans ce temps qu'on était plus particulièrement porté à faire des recueils.
à peu près à la
et l'autre Edda appartenant
même époque, il nous reste à déterminer laquelle des
L'une
deux est la plus ancienne. Notre opinion à ce sujet paraîtra peut-être paradoxale ; cependant nous devons la
soumettre à l'exàlnen des savants. L'Edda de Snorri
nous semble avoir été composée avant I'Edda de Soemund, et voici les raisons sur lesquelles nous croyons
en
pouvoir nous fonder. En comparant l'introduction
avec le chapitre xxxm
prose du poème Lokasenna
du traité Skaldskaparmâl dans la Snorra-Edda 1, on est
frappé de trouver quelques circonstances rapportées
en termes presque identiques dans l'un et l'autre écrit.
Cette identité ne saurait être fortuite ; on découvre
aisément
que l'auteur de la préface a emprunté ces
au Skaldskaparmâl. En effet, ces détails
particularités
sont bien à leur place dans le traité de
rapportés
Snorri, tandis qu'ils sont déplacés dans l'introduction
dont nous parlons 2. De là on peut induire que l'auteur
1
p. 12g, édit. de Rask.
2 Snorri
dire : thôrr var eigi thar, hann var farina
pouvait très-bien
î aasirveg, parce que deux lignes auparavant
il avait dit qu'OEgir
avait
invité tons les Ases; rauteurdevaitdoncjustifierl'absencede
Thor. Mais
Snorra-Edda,
2
INTRODUCTION
18
ou l'auteur
de l'introduction
a eu entre
mund,
GÉNÉRALE.
ses mains
du recueil
attribué
la Snorra-Edda.
à SoeCar ce
qui nous porte à croire que ces emprunts ont été faits
dans le temps que le Skaldskaparmâl
faisait déjà partie
c'est que l'auteur de l'introducde la Snorra-Edda,
tion
doit avoir
connu
ce dernier
livre,
puisqu'il en a
d'Edda qu'il a
le nom
emprunté
très-probablement
donné à son recueil de poésies. En effet on ne saurait nier que ce nom ne convienne mieux aux narrations en prose qu'à un recueil
séquent , nous devons croire
de poésies, et, par conqu'il a été donné origi-
et que plus tard seulement
il est devenu, par. imitation,
le titre du recueil de
poésies. Comme la première Edda portait le nom de
nairement
Snorri,
l'auteur
avaient
à la Snorrà-Edda
la seconde
reçut
du recueil crût
été composées
celui
de Soemund, soit que
réellement
que les poésies
par Soemund,
ou qu'il voulût
dans la préface, les mots thôrr kom egi tlivîat han var î anstrvegi, n'ont
dit très-bien : thâ lit OEgir bera inn
pas le même à-propos. Snorri
ajoute sem i Vallysigull that er birti ok lysti hôllina sem eldr, puisqu'il
hôllu voru sverdin firir elld; mais dans la préface la phrase thar var lycldliôs, ne s'explique
que par ce qui est dit dans Skaldssigull haftfyr
le récit de la mort de Fimafengr
est parfaitekaparmâl. Dans Snorri,
à sa place; mais dans
nous fait perdre le véritable
ment
la préface il est tellement
point de vue sous lequel
déplacé qu'il
le poème doit
être envisagé. Enfin quand Snorri dit : vannz allt siâljt, etc. il rapporte
mais quand l'auteur
fidèlement
la tradition
de la prémythologique;
face dit : siâljt barsk thar ôll, il est en contradiction
manifeste
avec ce
qui est rapporté dans le poème;
boire, Vidarr et Beyla remplissant
car nous y voyons Loki
les coupes, etc. etc.
demandant
à
CHAPITRE
mettre
II.
19
un nom qui
que celui de Snorri.
à la tête de son livre
simplement
ne fût pas moins illustre
§ III.
DU
GENRE
DE
POÉSIE
AUQUEL
DE
APPARTIENNENT
LES
POÈMES
L'EDDA.
les poèLe genre de poésie, auquel appartiennent
mes de I'Edda est le genre épique. La poésie épique
est essentiellement
des héros.
les
narrative,
Elle choisit
anciennes
l'histoire
ses sujets dans
qu'elles se prêtent
de préférence
traditions
mieux aux ornements
elle raconte
parce
et aux fictions
poétiques
que les
plus récents et l'histoire
contemporaine.
Les traditions anciennes qui peuvent devenir des sujets de poésie épique, sont, généralement parlant, de
deux espèces que nous voulons désigner par les noms
événements
de traditions
épiques mythologiques et traditions épiques
être considérées
doivent
héroïques. Les premières
comme les plus anciennes : elles se rapportent
à la
dite, c'est-à-dire à la cosmomythologie proprement
gonie, à la théogonie, aux oeuvres et aux actions attribuées aux dieux: Les secondes, en général moins anciennes , tiennent le milieu entre la fiction et la vérité,
entre la fable et l'histoire.
Elles nous représentent des 9
à l'histoire,
primitivement
héros qui appartenaient
mais que la tradition poétique a rattachés à la mythoen demi-dieux, ou dieux du
logie en les métamorphosant
second ordre. Les deux espèces de traditions que nous
venons de distinguer se trouvent le plus souvent con2.
INTRODUCTION
20
GÉNÉRALE.
et mêlées ensemble dans les poèmes épiques
des différentes nations. Ce mélange se fait d'autant
fondues
plus aisément que ces traditions ne diffèrent pas essentiellement entre elles quant à leur origine et à leur
nature, mais seulement
quant à leur ancienneté.
ces deux espèces de traditions forment
Dans
deux
I'Edda,
classes de poèmes épiques très-distinctes.
Ceux de
la première classe, au nombre de quinze à dix-sept,
composent la première partie du recueil attribué à
des sujets purement
mythologiques où les dieux seuls sont représentés avec leurs
différentes passions. Les poèmes de la seconde partie,
Soemund. Ils traitent
au nombre
de vingt à vingt-deux,
sont évidemment
moins anciens que les précédents, et ils nous montrent au milieu des images et des ornements de la
poésie la tradition historique encore toute pure. Dans
ces poèmes, ce ne sont pas les dieux et les déesses qui
occupent la scène, ce sont des héros et des héroïnes,
historiques, mais devenus
personnages originairement
plus ou moins fabuleux
dans la tradition
et la poésie.
S, IV.
DE LA FORME
NARRATIVE
ET DE LA
DES POEMES
FORME
DRAMATIQUE
DE L'EDDA.
Les trois poèmes que nous publions sont tirés de
la première partie de I'Edda; tous les trois appartiennent donc, par les sujets qu'ils traitent, à la mythologie
proprement
dite.
CHAPITRE
21
IL
Si d'un côté il y a de grands rapports de ressemet
blance entre les poèmes Vôluspâ, Vafthrûdnismâl
au
Lokasenna, en ce que tous les trois appartiennent
genre de poésie épique, on remarque d'un
autre côté une différence sensible entre eux, dans la
même
les sujets y sont mis en
scène. Ainsi, dans Vôluspâ, c'est le récit épique ou la
dans
narration
qui domine presque exclusivement;
forme
ou la manière
dont
au contraire,
il y a déjà une tendance
prononcée à remplacer la narration par le dialogue;
enfin, dans Lokasenna, le dialogue se trouve établi
Vafthrûdnismâl,
jusqu'à la fin du poème, non-seuentre deux personnes, mais encore entre plu-
du commencement
lement
sieurs interlocuteurs.
Ainsi
nous
voyons la poésie
dans Vafthrûdnismâl
et Lokasenna la
épique prendre
forme de la poésie dramatique.
Ce phénomène remarquable de la transition
durécit
épique au dialogue dramatique ne doit pas nous surScandinave, puisque nous
prendre dans la littérature
le remarquons
également dans toute littérature
qui
s'est formée et développée indépendamment
de toute
influence
étrangère. Chez les Hindous comme chez
les Grecs, nous voyons le drame naître du récit et se
former
à la suite de l'épopée. Si à Rome les
poètes dramatiques précèdent les poètes épiques, c'est
que la littérature romaine ne s'est pas développée par
presque
elle-même.
Grecs,
Les Romains
étaient
les imitateurs
et il leur a été plus facile d'imiter
des
d'abord les
22
INTRODUCTION
GENERALE.
drames de leurs maîtres "avant d'imiter
Au contraire,
de l'Europe,
exclusivement
lorsque dans le moyen
par leur ignorance même,
aux ressources
h'a-t-on
leurs épopées.
âge les peuples
étaient réduits
dé leur
propre génie,
sous plus d'un rap-
pas vu les mystères qui,
ce qu'on pourrait
port, formaient
appeler la poésie
essor à l'art
donner le premier
épique chrétienne,
des nations modernes? Il est d'ailleurs
dramatique
conforme à la nature que le drame naisse de l'épopée dont il diffère bien moins par le fond que par la
forme. En effet,
nous voyons que les sujets des tragédies grecques et des drames indiens sont empruntés pour la plupart aux temps héroïques et mythofourni
les sujets des
qui ont également
épopées. La narration de l'épopée peut même prendre
la forme du drame; car de même que
quelquefois
logiques
l'orateur
brillante
se plaît à remplacer une description par une
de même il arrive aussi que
hypotypose,
épique, au lieu de raconter les actions, fait
le poète
parler et agir ses héros devant nous, et qu'à la place
d'un récit il met une scène. Mais du moment que la
narration
est remplacée par le dialogue,
et que le
poète se dérobe, pour ainsi dire, derrière le personnage qu'il fait parler, la transition de l'épopée au drame
ou plutôt elle s'est déjà opérée. C'est à
commence,
cause de la facilité
avec laquelle cette transition
se
dans le même poème
quelquefois
qu'on voit
épique la forme du drame employée
fait,
à côté de la nar-
CHAPITRE
II.
23
Qu'on compare par exemple les deux épopées
le Râmâyana et le Makàbhârata. Dans le
sanscrites,
premier de ces poèmes, tout est encore, comme dans
ration.
et présenté sous forme de narration;
les discours sont rapportés comme les faits, et le lecteur ne perd jamais de vue le poète racontant les aventures de son héros. Au contraire, dans le Mahâbhârata,
Homère,
dit
qui est une épopée moins ancienne, le poète disparaît quelquefois derrière les personnages qu'il met'-en
n'étaient pas chaque
scène; et si les interlocuteurs
fois annoncés et pour ainsi dire introduits
avec la formule
ordinaire
: un tel a dit,
on s'imaginerait
que
c'est un drame ou un dialogue qu'on lit, et non la
narration
épique du poète qui rapporte les discours
des héros de son épopée. Cette transition du récit au
dans nos
dialogue se montre encore plus clairement
deux poèmes Vafthrûdnismâl et Lokasenna. Dans le
premier, il n'y a qu'une seule strophe, la cinquième,
qui nous avertisse que c'est le poète qui parle; tout
le reste du poème est un dialogue entre les personnages mis en scène. Dans Lokasenna, tout est dialogué du commencement
jusqu'à la fin; seulement les
interlocuteurs
sont annoncés comme dans l'épopée inpar les mots : un tel a dit; et encore ces mots
faite par l'auteur
paraissent-ils être une interpolation
du recueil ou par quelque
copiste 1.
dienne,
Nous avons insisté sur le rapport
1
Voyez l'introduction
au poëme Lokasenna.
qu'il y a entre la
24
INTRODUCTION
GENERALE.
d'abord pour
poésie épique et la poésie dramatique,
faire voir comment les différents genres de poésies
naissent
les uns des autres,
et ensuite pour montrer
qu'à faire un pas de plus
que les Islandais n'avaient
dit., S'ils n'ont
pour arriver au drame proprement
moins au manque
pas fait ce pas, il le faut attribuer,
de génie qu'aux circonstances défavorables dans lesquelles ils se sont trouvés. En effet, pour faire naître
l'art dramatique,
c'est peu de composer des drames,
il faut les représenter.
Mais le moyen d'avoir un
théâtre, quelque mesquin qu'il fût, dans une île pauvre
comme
l'Islande
et dont les habitants
devaient garder
par nécessité, si ce n'était par goût, la plus grande
dans leurs moeurs et dans leurs amusesimplicité
ments ?
S V.
DES
SDJETS
MYTHOLOGIQUES
DE
TRAITÉS
DANS
LES
POEMES
L'EDDA.
Après avoir parlé du genre de poésie auquel appartiennent les chants de l'Edda, il nous resterait maintenant à examiner les sujets traités dans les poëmes
épiques Scandinaves; et comme ces sujets sont pour
la plupart
on s'attend peut-être
à
mythologiques,
trouver dans cette introduction
un aperçu de la mythologie du Nord. Mais comme nous ne devons traiter
ici que d'une manière générale les
questions qui se
à notre sujet,
rapportent
plus ou moins directement
CHAPITRE
25
II.
nous ne pouvons entrer dans des détails qui nous feraient perdre de vue notre but principal 1.
un
D'ailleurs comment donner de la mythologie
de la
exposé rapide qui satisfasse aux justes exigences
science? Ce n'est que de nos jours qu'on commence
à rassembler
et à les mettre
les matériaux
en ordre
d'après des principes scientifiques. Un.travail sur l'ensemble des mythes sera seulement le résultat de l'explication juste et complète de tous les monuments qui
Il
nous restent des anciens peuples teuto-gothiques.
y a plus : un aperçu général de la mythologie, où l'on
laisserait de côté les détails et qui satisfît en même
temps à la science, est impossible à donner, d'abord
parce que la véritable science tient autant aux détails
qu'aux généralités, et ensuite parce que la mythologie
n'est pas un système dont on puisse indiquer
les
principaux traits et tracer seulement les contours ou
les linéaments. La mythologie,
il faut le dire, ne saurait être un tout
systématique,
dans ses parties,
déterminé
dans son
plan et limité
parce qu'elle n'est pas
une production
qui soit sortie toute formée du sein
d'une seule idée-mère ; mais elle est née successivement et s'est développée peu à peu, presque comme
au hasard, sous l'influence
d'idées très-diverses,
le
1 Si l'on
veut
se contenter
Scandinave,
on trouvera
de Mallet,
intitulé
poésie des anciens
d'une
simple
satisfaire
de quoi
Edda, ou Monuments
peuples
du Nord;
notice
sur la
sa curiosité
mythologie
dans le livre
de la mythologie
Genève, 1787, 3° édit.
et de la
26
INTRODUCTION
GENERALE.
elles-mêmes de tout sysplus souvent indépendantes
tème déterminé,:
c'est pourquoi elle n'exclut pas les
contradictions
qui sont les ennemies jurées des systèmes et n'empêche point les accroissements démesurés
ou disproportionnésque certaines parties de l'ensemble peuvent prendre sur les autres parties. Pour développer davantage
ne sont pas encore
soit permis d'entrer
ces vérités,
qui,
senties,
généralement
dans quelques courtes
tions sur la mythologie
de la traiter.
CONSIDÉRATIONS
DES
SUR
LA
DE
III.
SUR
MANIÈRE
DIFFERENTES
LA
DE
OPINIONS
LA
qu'il nous
considéra-
en général et sur la manière
CHAPITRE
ET
ce nous semble,
MYTHOLOGIE
LA
SDR
TRAITER.
LA
NATURE
MYTHOLOGIE.
Il n'y a peut-être pas de sujet de science sur
lequel
les érudits se soient formés des notions aussi différentes les unes des autres, des idées aussi incomplètes
et souvent aussi erronées que sur la mythologie.
En effet, les uns l'envisageant sous le point de vue
purement théologique, n'y voient que les systèmes religieux des peuples anciens, ou la doctrine des croyances
CHAPITRE
HT.
27
du paganisme. Considérée de cette manière, la myun tissu d'erreurs,
thologie ne se présente que comme
de mensonges et d'impiétés, et c'est à bon droit que
la regarde comme une supercherie faite
au genre humain par le génie du mal.
dans la mythologie
Les autres, méconnaissant
l'élément religieux,
n'y voient réellement
que de la
l'orthodoxie
poésie, de la fiction, une création toujours arbitraire,
souvent plaisante et quelquefois bizarre de l'imagination poétique. Comme telle, on la juge naturellement
digne d'être étudiée,
choses dont la connaissance
à l'égal de tant d'autres
contribue à notre amuse-
et l'on accorde bien qu'elle mérite notre attention , parce qu'on en parle si souvent dans les livres
ment,
des anciens
et des modernes.
C'est dans ces vues et
d'après cette idée qu'on dirait rédigés la plupart des
à l'usage des collèges et des
abrégés de mythologie
pensionnats de jeunes demoiselles.
D'autres
enfin semblent
s'imaginer que la mythologie n'était faite que pour cacher sous la forme du
la sagesse, le
symbole et sous l'image de l'allégorie
Sous
profond savoir et les mystères de l'antiquité.
ce point
les opinions ne diffèrent
que par
rapport à l'espèce de science qu'on dit être renfermée
clans le système mythologique.
Selon les uns, ordinairement
de vue,
amateurs
de la philosophie,
c'est la métaselon les autres, qui ont étudié le mou-
physique;
vement du ciel,
c'est l'astronomie;
et si l'on en croit
28
ceux
INTRODUCTION
sont initiés
GENERALE.
aux sciences
c'est
naturelles,
la physique mécanique qui, forme la base de la mythologie : et voilà que tous s'étudient à expliquer les
mythes d'après leur système et leur opinion indiviqui
et que chacun
duelle,
met en oeuvre une
érudition
vraiment
prodigieuse pour trouver dans ces mythes
la clef qui doit nous ouvrir le sanctuaire des connaissances occultes de la Celtique et de la Scandinavie,
de la Grèce et de l'Egypte, de la Scythie et de l'Iran,
de l'Inde
et de la Chine. Y a-t-il à s'étonner après cela
desérudits,
si, en voyant les opinions contradictoires
l'homme
d'un jugement
sain se défie des ouvrages
sur la mythologie comme l'on se défierait des sciences
ou astrologiques ?
alchimiques
S II.
DES
ESPECES
DIFFÉRENTES
DE
MYTHES.
Pour savoir ce que c'est que la mythologie,
il faut,
se demander comment
il faut reelle s'est formée,
monter
à son origine,
développement
progressif
époques de sa formation,
sont entrés successivement
en suivant
toire
pas à pas dans son
et rassembler, aux diverses
la suivre
cette marche,
les différents
éléments
qui
Si,
dans sa composition.
dans l'hisen remontant
aussi haut qu'il est possible, nous
sans esprit de système les monuments où
des nations
examinons
nous puisons la connaissance des mythes ; si nous étuen
dans l'ordre chronologique,
dions ces monuments
CHAPITRE
III.
29
portant nôtre attention sur les détails et les particularités de chacun séparément, et en expliquant chaque
sans recourir
aux explications
mythe par lui-même,
fournies par d'autres mythes, sauf à les réunir ensuite
et à les considérer
dans leur
voici
à peu
la nature, l'ori-
ensemble,
près comment nous nous expliquerons
de la mythologie.
gine et la formation
Avec l'enfance des sociétés commence
naissent les traditions
naturent
enmssant
; ces traditions
de bouche
l'histoire,
s'altèrent,
se dé-
en bouche,
cfune génaturellement
L'esprit de l'homme,
au gigantesque,
au sublime, et
porté au merveilleux,
dominé qu'il est par une imagination vive et fantasque,
nération
à l'aiftre.
grossit, exagère et embellit les traditions de l'histoire.
Alors les héros se changent en demi-dieux,
en dieux,
leurs actions en prodiges. Ce qui était historique dans
le principe appartient
maintenant
qu'à l'histoire. De là une première
autant
à la fable
ciennes , alors la poésie,
se confondant avec elle,
de la religion, et
à se développer.
espèce de mythes
qu'on peut appeler mythes historiques, parce qu'ils reposent dans l'origine sur ïhistoire traditionnelle.
Lorsque la société est plus avancée dans la civilisation et que la religion s'est alliée aux traditions
anau service
commence
Le poète emprunte les sujets de ses chants à l'histoire
traditionnelle
de sa nation. Cette première poésie est
de sa nature toujours plus ou moins épique, car elle
raconte les hauts faits et les événements
mémorables
INTRODUCTION
50
GENERALE.
mais elle les raconte
de l'antiquité;
de plaire, d'intéresser et d'émouvoir,
dans l'intention
embellissant
ce
ce qui déplairetranchant
qui a besoin d'ornement,
rait, enchaînant ce qui paraîtrait décousu et façonnant
le tout pour en former un ensemble poétique plein de
Cet arrangement
charmes, de goût et d'intérêt.
poéou ces transformations
qu'on leur
tique des traditions,
fait subir
pour
les rendre
plus propres à devenir des
et nécessitent la créaoccasionnent
sujets de poésie,
tion d'un grand nombre
source
de mythes qui ont leur unique
du poète. C'est pourquoi
dans l'imagination
seconde, espèce de mythes peut être convenablement désignée sous le nom de mythes poétiques.
Lorsque dans la suite, par différentes circonstances,
cette
des peuplades en un
par la réunion politique
de famille
corps de nation, le mélange des traditions
et de tribu a pu s'opérer, la science encore novice de
surtout
de classer, de coordonner,
de
entreprend
l'époque,
de conmettre en système les différentes traditions,
ce qui se contredit
en elles, et surcilier habilement
tout de préciser les rapports qui devront exister entre
et
les différentes divinités,
jadis adorées séparément,
maintenant
réunies
en une société,
en un corps de faencore toute jeune et présomp-
La philosophie,
tueuse , commence à agiter les grandes questions sur
et
des choses. Le poète, à la fois philosophe
l'origine
et une
prêtre, crée avec hardiesse une cosmogonie
mille.
théogonie.
C'est alors
que commence
une nouvelle
CHAPITRE
III.
31
qui, dès ce moment,
pour la mythologie
Elle ne se
un caractère plus systématique.
période
prend
et
compose plus seulement des traditions historiques
religieuses de quelques familles, elle forme mainteet la base des croyances
nant l'origine de l'histoire
de toute une nation; c'est un système religieux enet
de poésies, de théories philosophiques
de toute espèce. Mais par cela même
scientifiques
que la mythologie devient plus complexe et plus systremêlé
tématique , elle change de nature et perd en grande
partie son caractère primitif. En effet, la nature de la
consistait jusqu'ici dans le développement
progressif, spontané et organique de ses parties, lequel se faisait presque sans le secours de la réflexion.
mythologie
Maintenant,
ou l'histoire
au contraire,
traditionnelle
ce n'est plus la tradition
qui engendre peu à peu les
mythes, c'est la réflexion, la science qui les invente
tout d'un coup, et en vue d'un système déterminé.
La philosophie,
cachant ses vérités et ses maximes
sous l'image du symbole et sous le voile de l'allégorie,
les introduit dans la mythologie
ou dans le système
et l'astrologie
des croyances religieuses. L'astronomie
produisent tour à tour un nombre infini de mythes,
et la physique, personnifiant
les forces de la nature,
les fait agir sous le nom et la figure de quelque divise compléter
nité. L'histoire
même semble vouloir
par des mythes; comme si elle avait besoin de suppléer
au défaut de tradition
et de documents,
elle
32
INTRODUCTION
GENERALE.
de quelques
étymologique
s'appuie sur l'explication
une histoire imaginée
noms propres pour construire
à la place de l'histoire véritable.
En général s il n'y a
qui ne renferme un grand
peut-être pas de mythologie
nombre
siques
de mythes symboliques,
et étymologiques,
que
astronomiques,
tous on peut
phycom-
prendre sous le nom de mythes scientifiques, parce que
tous doivent leur origine à la réflexion ou à la science.
S III.
COMMENT
ON
PEUT
DISTINGUER
DE
LES
DIFFÉRENTES
ESPÈCES
MYTHES.
Par l'exposé rapide que nous venons de faire, on
a pu se convaincre
que les mythes ne sont pas tous
de la même espèce; tous par conséquent ne doivent
ni être envisagés ni être expliqués de la même manière. On comprendra
qu'il serait ridicule de chercher
un sens profond et métaphysique
dans des mythes
de prendre les fictions du poète pour
d'imagination;
des allégories
ou des symboles, et des mythes étymoIl importe donc
logiques pour de l'histoire véritable.
avant tout de bien savoir distinguer
les différentes
espèces de mythes.
Quels sont, demandera-t-on,
ces différentes
peut reconnaître
les signes auxquels on
espèces? quelles sont
les règles à suivre pour ne pas les confondre et pour
se garantir de toute erreur ? A cela on doit répondre
qu'on ne saurait donner des règles assez explicites
pour
prévenir
toute
erreur,
et
assez nombreuses
CHAPITRE
III.
33
pour résoudre tous les problèmes ; que le seul moyen
de trouver la vérité, c'est d'avoir beaucoup de jugement et un tact sûr, puisque celui qui en sera doué
et toutes
y puisera facilement toutes les instructions
les règles qui doivent le diriger dans ses travaux et le
préserver de toute méprise. Il est du reste moins difficile qu'on ne le croirait de savoir distinguer les différents éléments qui composent la mythologie.
Quant
il suffit souvent de la simple
à l'élément historique,
ce qui appartient
à l'hisinspection pour découvrir
toire et ce qu'il faut reléguer parmi les fables. En
effet, tout ce qui est physiquement
impossible, tout
ne saurait être
ce qui est merveilleux,
fantastique,
Il n'y a donc de difficultés que lorsde l'histoire.
qu'il s'agit de séparer dans le mythe ce qui est de
pure de ce qui n'en est qu'une enveloppe
ou un ornement poétique. Dans ce cas, la connaissance parfaite du génie de la nation et du génie de sa
en état de distinpoésie, nous mettra suffisamment
l'histoire
fabuleuse.
guer la réalité historique d'avec l'invention
Comme, de nos jours, par un excès de scepticisme ou
on
par une opinion erronée sur l'esprit de l'antiquité,
de fable tout ce qui est ratraite trop légèrement
conté dans les poésies des anciens, il ne sera peut-être
pas inutile de dire que les anciens, quelque dominés
ont cependant
qu'ils aient été par leur imagination,
moins que les nations modernes, traité des sujets purement fictifs, et que leur poésie repose bien plus sou3
34
INTRODUCTION
GENERALE.
ou du
vent que la nôtre sur des données historiques,
moins sur des traditions
plus ou moins anciennes.
Cette vérité, quelque paradoxale qu'elle paraisse d'abord , se trouve
quand on compare les poéde l'Asie et de l'Europe avec
et d'ailleurs
elle
modernes;
constatée
sies des anciens peuples
les poésies des nations
par cette considération
philosophique,
que plus l'homme est encore près de son
moins il lui est posenfance ou de son état primitif,
s'explique
et se confirme
sible de sortir, par la pensée, de la réalité qui l'entoure,
pour entrer dans le monde fabuleux de l'imagination.
donc tort de méconnaître
dans la myOn aurait
et de ne lui pas faire une
thologie l'élément historique
assez large part ; mais on conçoit que cet élément ne
peut se trouver que dans les mythes les plus anciens,
à écrire
commença
que, plus tard, lorsqu'on
le mythe et la tradition
devinl'histoire,
historiques
rent non-seulement
inutiles, mais à peu près impossibles. Il est donc à remarquer
que les mythes les plus
rarement
sur une base historique,
récents reposent
parce
créées
plus souvent sur les théories
et cachées par les
sciences et la philosophie
sous la forme du symbole et de l'allégorie. Les
que nous avons nommés mythes allégoriques et
mais
par
les
poètes,
mythes
symboliet à dis-
ques, ne sont pas plus difficiles à reconnaître
tinguer que les autres espèces : l'oeil exercé les discerne
sans peine, et l'esprit sagace en trouve facilement l'ex
plication.
CHAPITRE
III.
35
S'IV.
DE
LA
MANIÈRE
DE
TRAITER
LA
MYTHOLOGIE.
espèces de mythes une fois recondans
nues , il s'agit de les réunir et de les présenter
leur ensemble. Le plan à suivre dans ce travail est inLes différentes
par la nature du sujet que nous vous'étant formée
effet, la mythologie
il faut l'exposer selon l'ordre des temps,
diqué clairement
lons traiter. En
peu à peu,
depuis sa formation
et son développement
progressif
et distinguer
par conjusqu'à son entier achèvement,
dans lesquelles les myséquent plusieurs
périodes
thes se sont de plus en plus agglomérés, modifiés et
Ce plan, à la fois naturel et simple, a le
avantage de mettre d'abord toute chose à la
généralisés.
grand
et de montrer
place qu'elle occupait primitivement,
tout s'enchaîne et se tient, même
ensuite comment
et
comment
tout est important
ce qui se contredit;
essentiel, même ce qui paraît être un accessoire ou un
et enfin comment il peut y avoir
détail insignifiant,
un ensemble bien ordorîné sans qu'il y ait pour cela
un système raisonné.
Ce n'est point ici le lieu de traiter la mythologie
Scandinave d'après les vues et le plan que nous venons
ne
d'indiquer;
l'exposé de l'ensemble de la mythologie
doit pas servir d'introduction
à l'explication
des sources mythologiques,
mais il doit être le résultat de
cette explication.
Nous n'avons à faire ici qu'un travail
3.
GENERALE.
INTRODUCTION
36
il s'agit pour nous de dresser en quelque
préparatoire;
à mesure que nous les
des mythes,
sorte l'inventaire
des Scandans les monuments
littéraires
trouverons
dinaves.
Nous expliquerons
différents chants de l'Edda,
fondre
et entremêler
donc
successivement
les
en tâchant
les diverses
de ne pas contraditions mytholo-
Loin d'être étonné ou choqué
giques qu'ils renferment.
dans l'endes contradictions
se montrer
qui pourront
semble des mythes,
nous les verrons au contraire
avec plaisir, sachant que plus il y a de contradictions
dans une mythologie,
plus c'est une preuve qu'elle
ni gênée dans sa vie et son
n'a été ni contrariée
développement
spontané par l'esprit de système et les
rien à telle
théories raisonnées. Nous n'emprunterons
pour l'ajouter à telle autre dans le but de
cette dernière,
de l'amplifier
et de l'explicompléter
quer. Nous ne nous hâterons pas non plus de com-
tradition
parer les mythes des Scandinaves avec ceux des autres,
nations et de chercher
des analogies dans les détails
des récits,
convaincu
que nous sommes,
que l'on
avec succès 3a méthode
comparative
qu'an'emploie
et
près avoir bien examiné chaque chose séparément
la nature des termes que
avoir reconnu parfaitement
l'on veut faire entrer en comparaison.
Sans avoir trop
de confiance dans les explications
suggérées par une
étymologie
hasardeuse
et souvent
erronée,
nous
ne
négligerons point cependant de profiter des ressources
de la philologie,
des
pour trouver dans la signification
CHAPITRE
III.
37
et
quelques éclaircissements
utiles ; car, on ne saurait
quelques renseignements
l'a si bien démontré par
nier, puisque M. J. Grimm
noms
mythologiques,
le fait 1, que les mots contiennent
dans
quelquefois
leur étymologie des témoignages historiques
non-seulement sur les choses qu'ils désignent, mais encore sur
dont il ne reste souvent
des époques très-anciennes
d'autre document que celui qui est tiré de l'existence
et de la signification
de ces mots mêmes. Nous espérons que les résultats de ce travail préliminaire
joints
à d'autres déjà obtenus parle zèle d'illustres érudits 2,
fourniront
un jour à quelque savant les matériaux nécessaires pour composer un ouvrage où l'on n'expliScandinave, mais
quera pas seulement la mythologie
où l'on indiquera aussi les rapports qu'il y a entre les
des différents
Cet
peuples de l'antiquité.
ouvrage sera, nous n'en doutons pas, du plus haut intérêt pour le philosophe,
qui y verra l'esprit humain se
manifestant
dans la mythologie
sous mille formes dimythologies
verses; pour le théologien, qui y apprendra à connaître
et le caractère distinctif des religions non rél'origine
1 Deutsche
, i835.
Gôttingen
Mythologie,
2 Le
scandinav.e
ouvrage que nous ayons sur la mythologie
principal
est le Lexicon myihologicum,
savant, M. Finn Marédigé par l'illustre
surtout par l'érudition
gnussen. Ce livre se distingue
prodigieuse
que
y a déployée. Un autre ouvrage qui a un mérite tout différent
: derMylhus
de celui du Dictionnaire
est le livre intitulé
mythologique
von Thôr;le
il
célèbre poète allemand M. Louis Uhland en est l'auteur;
l'auteur
y explique
les mythes
sur Thor
d'une
manière
ingénieuse
et naturelle.
o..
GENERALE.
INTRODUCTION
58
vélées; pour l'historien,
qui trouvera dans les mythes
remontant
d'anciennes traditions historiques
quelquefois jusqu'aux premiers âges des nations; enfin, pour le
poète et l'artiste, qui verront le génie poétique de l'antiquité se manifestant avec le plus d'éclat et de vivacité
dans les fictions toujours
agréables, souvent instrucsublimes de la mythologie
tives etquelquefois
païenne.
Après avoir discuté des questions qui se rapportent
exclusivement
au contenu ou à la matière des poésies
maintenant
nous présenterons
quelques
sur des sujets qui tiennent uniquement
considérations
à l'extérieur
ou à la forme de ces poésies. Nous parScandinaves,
lerons
de la langue,
islandaise.
successivement
de la versification
DES
LES
DE
PHILOLOGIQUE
DIFFERENTS
MANUSCRITS
Notre
intention
et
IV.
CHAPITRE
EXAMEN
de la prosodie
LA
LANGUE
SYSTEMES
D ORTHOGRAPHE
ISLANDAIS
ET LES
ne saurait
ÉDITIONS
ISLANDAISE.
SUIVIS
DANS
DE L'EDDA.
être" de faire
ici une
analyse complète de la langue, et nous nous croirions
même dispensé d'entrer dans aucun examen philoloislandaise n'était pas
gique, si l'état de la grammaire
IV.
CHAPITRE
39
des mots est encore aujourd'hui,
tel, que l'orthographe
C'est
dans beaucoup de cas, quelque peu incertaine.
à lever l'indonc en partie dans le but de contribuer
que nous nous
qui règne dans l'orthographe,
en partie aussi pour
livrons à cet examen philologique,
justifier l'orthographe
que nous avons adoptée nousmêmes en transcrivant
les textes que nous publions.
certitude
La seule règle qu'on croit pouvoir donner toutes lès
c'est de suivre l'usage
fois qu'il s'agit d'orthographe,
les langues vivantes,
langues mortes. Reproduire
et les manuscrits
des manuscrits,
donc
pour
tâche
et notre
ce serait
seul devoir
pour
les
exactement
l'orthographe
à nous notre unique
1. Cependant
quée, quelque juste et rigoureuse
la règle indiqu'elle soit en diplo-
1 II n'est
de rappeler ici quelques principes
pas inutile
qu'on devrait
le texte de
toujours suivre quand on publie,
d'après des manuscrits,
littéraire
du moyen âge. Si un texte de philologie
quelque monument
est publié
pour la première fois, il doit, selon nous , être une copie
exacte, du manuscrit,
qu'on
l'on
et préparer ainsi une seconde
critique. Rien n'est si nuisible à la philos'est permis de faire des changements
aux
ferait
édition
pour
sur le manuscrit
travailler
sur ce texte
comme
lui-même,
qui sera une édition
logie que les textes où l'on
mots pour rajeunir,
comme on dit,
entre
puisse
le langage et mettre de l'uniformité
et l'orthographe
actuellement
en
du manuscrit
l'orthographe
usage. En second lieu, si l'on a à sa disposition
plusieurs manuscrits,
il ne faut pas les suivre tous à la fois ; il ne faut suivre, dans le texte,
et avoir soin de mettre
que celui d'entre eux qui paraît être le meilleur,
en note les leçons des autres manuscrits,
de celle qui
avec indication
semble devoir être préférée.
Nous avons rappelé ce dernier
principe
surtout
son application
toutes les fois
parce qu'il doit aussi trouver
d'un texte suivent des systèmes d'orthographe
difféque les manuscrits
rents.
INTRODUCTION
40
GENERALE.
matique, ne nous semble pas avoir autant d'autorité et
car il doit être permis au phide justesse en philologie;
lologue qui envisage bien moins la langue écrite que
la langue parlée, de corriger l'orthographe
vulgaire dès
qu'il lui est prouvé que la langue, telle qu'on l'a écrite,
avec la langue
ne correspond
pas assez exactement
telle qu'on doit l'avoir parlée. Il y a plus: la règle deimpossible à observer dans beaucoup de
cas ; car comment la suivre si les manuscrits
qui doientre eux dans l'orthovent nous guider diffèrent
vient
même
graphe , ou, ce qui est plus fâcheux encore, si dans le
même manuscrit les mêmes mots se trouvent écrits de
cette prétendue
plusieurs manières? Alors évidemment
autorité positive de l'orthographe
vulgaire et de l'usage
suivi dans les manuscrits nous laisse dans le doute, et
de
obligés, pour sortir de l'incertitude,
ou à la critique,
recourir au raisonnement
qui sont, en
toutes choses, les seuls juges en dernier ressort.
nous sommes
exagéré les inexacsurtout de ceux
et les défauts des manuscrits,
On a, il faut le dire,
titudes
qui
renferment
beaucoup
les monuments
littéraires
des lan-
gues du moyen âge. On a bien souvent pris pour des
les différences qu'on
dans l'orthographe,
irrégularités
y a établies
des dialectes
à dessein
pour
ou des formes
la
marquer
de la langue
différence
à telle
ou
à une saépoque; et ce qu'on devait attribuer
le plus
on l'a attribué,
vante et exacte distinction,
ou au caprice
à l'inattention
souvent, à l'ignorance,
telle
CHAPITRE
IV.
41
des copistes. Néanmoins,
quelque large part qu'on
fasse à la différence des dialectes et des formes de la
langue,
aura-t-il
selon les localités
et les époques,
toujours y
et dans beau-
dans beaucoup
d'inscriptions
des anomalies qu'on ne pourra
coup de manuscrits,
attribuer qu'à l'incertitude
qui régnait dans l'orthograil suffit de savoir que, par
phe. Pour s'en convaincre,
exemple,
le mot eftir
de vingt-huit
runiques
les manuscrits
se trouve
manières
écrit sur les pierres
et dans
différentes,
des xme et xive siècles, ce mênie
mot se
présente encore sous dix-sept formes diverses 1. M. J.
Grimm
s'est vu dans la nécessité d'abandonner
en
dés manuscrits allebeaucoup de points l'orthographe
mands; Rask se plaint également de la confusion qui
des mots anglo-saxons,
et
règne dans l'orthographe
l'on peut élever la même plainte au sujet des manuscrits vieux français, où souvent, sur la même page, le
même mot se trouve
Ces anomalies
il faut les attribuer
écrit de plusieurs manières.
et ces différences dans l'orthographe,
d'abord
à la difficulté
y avait
ou gothiques
du
d'écrire
qu'il
les langues germaniques
moyen âge en caractères empruntés à la langue latine,
et ensuite au peu d'habitude qu'on avait d'écrire et de
lire des livres
en langue vulgaire.
L'usage qui naît précisément de la pratique fréquente d'une chose ne pouvait donc pas facilement
se fixer dans l'écriture,
ni
1
i836,
Svensh spraklàra
page ix.
Voyez
utyifuen
af'svenskaAkademicn;
Stockholm,
42
INTRODUCTION
GENERALE.
établir
ses règles et faire autorité comme chez nous.
Quant aux manuscrits de l'Edda en vers, il faut con-
venir
ils ne sont
que sous le rapport de l'orthographe
pas exempts des défauts que nous venons de signaler;
le Codex regius et le Fragmentum memnon-seulement
de l'Edda,
braneum, les deux plus anciens manuscrits
ne suivent pas le même système d'orthographe,
mais
encore ne sont-ils pas toujours
dans le
conséquents
système
manière
doivent
dans la
qu'ils ont adopté. Cette différence
d'écrire
les mots et ces inconséquences
ne
eût-il été
pas nous étonner; car, comment
si borpossible avec les connaissances grammaticales
nées de ces temps,
de créer une orthographe
parfaite qui est seulement le résultat
des plus hautes
? Cependant les études grammaétudes philologiques
ticales n'ont pas été négligées en Islande; elles y furent cultivées
dès le commencement
du xf siècle.
Thôroddr le maître ès-runes ( rûnameistari ) et le prêtre
Ari le savant connaissaient
Priscien
et peut-être encore quelque autre grammairien
latin. On appliqua à
le système grammatical
des Rol'alphabet
runique
mains , et l'on détermina
les lettres tant voyelles que
consonnes
dans la langue
qui se correspondaient
et la langue islandaise. Plus tard,
principal
lement dès la première
moitié
du xme siècle, on
latine
abandonna
servir
pour
l'écriture
généralement
substituer
un
et l'on commença à se
runique
de l'écriture latine. Il fallut donc,
alphabet
à l'autre
, comparer
CHAPITRE
auparavant les
tères romains,
43
IV.
avec les caracruniques
ou en suivant une méthode plus ra-
caractères
mais plus difficile,
analyser les sons delà
au moyen de l'alphalangue même et les exprimer
bet latin. Cette analyse de la langue et de l'écriture
tionnelle
runique forme le sujet de deux traités qui font partie
de la Snorra-Edda et qui ont été composés dans la
première moitié du xni° siècle. Le premier traité intitulé Um lâtînu-stafrojit
(de l'alphabet latin), a pour auteur un clerc ou prêtre islandais dont le nom ne nous
avait étudié Thôroddr,
est pas connu. Ce grammairien
Ari'frôdi
et Priscien;
il connaissait
également
l'al-
phabet anglo-saxon qu'il semble avoir pris pour base
de son alphabet islandais. L'autre traité est intitulé
Grund-vôllr
de la gram( fondement
Mâl-frceSinnar
maire ) et renferme quelques considérations
sur la langue et une analyse de l'alphabet
L'auteur
de cet écrit est sans doute
surnommé
runique.
TJiôrdarson
Olaf
blond ) ; Olaf
Hvitaskald
neveu de Snorri;
générales
( le poète
pendant les années
il vécut à la cour du roi de Danemarck
en Islande en 120g 1.
On trouve dans l'un et l'autre
1
était
12 36 à 1240,
Waldemar
II,
et mourut
de ces traités
des
observations
fines sur la prononciation
et l'orthograla dissertation
de l'alphabet
phe; mais principalement
latin paraît avoir exercé quelque influence
sur l'orthographe
1
suivie
dans
les manuscrits.
En
o"n
effet,
'*
Knytlinga
Saga, cap. 127.
INTRODUCTION
44
GENERALE.
memdans le Codex regius et le Fragmentum
braneum certaines abréviations
qui semblent avoir été
Ainsi, par exemple,
empruntées à notre grammairien.
trouve
les manuscrits
doubles
nn,rr,
ces consonnes,
de l'Edda,
au lieu d'écrire
hk,
etc. n'écrivent
mais
en caractère
les consonnes
qu'une
seule
de
majuscule N, B, K,
de la même grandeur
que les autres lettres minusd'écrire
dont l'auteur
de
cules. C'est une manière
notre
tion
Une autre abréviaparaît être l'inventeur.
de l'Edda,
dans les manuscrits
très-fréquente
traité
c'est de désigner m et n au milieu ou à la fin du mot
par un titre ou petit trait placé sur la voyelle, de la
même manière qu'en dêvanâgarî ou écriture sanscrite,
on place le point anasvâra au-dessus
désigner une nasale qui se tiouve
de la ligne pour
insérée entre la
Usitée dans
voyelle et la consonne. Cette abréviation
les manuscrits
de l'Edda, semble aussi avoir été emà notre grammairien,
pruntée
qui de son côté l'a
anglo-saxons. On
peut-être prise dans les manuscrits
un
de ce grammairien
trouve même dans l'alphabet
et qui doit
caractère particulier
g qu'il appelle eng,
à exprimer en abrégé le son nasal que nous déindiNous
ordinairement
pourrions
par
ng.
signons
entre
quer encore d'autres analogies qu'on remarque
ladans
le
traité
de
l'alphabet
enseignée
l'orthographe
servir
de
suivie dans les manuscrits
tin et l'orthographe
l'Edda. Mais les exemples que nous avons cités, suffiserft pour produire en nous la conviction
que le traité
CHAPITRE
IV.
45
a eu quelque indont nous parlons,
grammatical
fluence sur la manière d'écrire les mots dans les licette influence
n'a pas été
Cependant
en entier et pour
assez grande pour faire admettre
le système d'orthographe
faire prévaloir
de notre
vres islandais.
car, nous l'avons vu, les manuscrits de
grammairien;
l'Edda ne sont pas écrits d'après un système uniforme.
Ces anomalies
des manuscrits
dans les
passèrent
de l'Edda, et c'est seulement de
imprimées
nos jours qu'on a songé à rendre uniforme
l'orthographe des textes islandais. Rask, dans la première
éditions
édition
de sa Grammaire
islandaise,
s'attacha
princi-
palement à déterminer la valeur phonique des lettres,
sans chercher
à désigner certaines voyelles
par des
signes plus convenables.
islandais à une nouvelle
M. Grimm
soumit
l'alphabet
il préanalyse philologique,
la différence phonique et grammaticale
cisa davantage
qu'il y avait entre les voyelles, et il l'exprima par des
signes mieux choisis et uniformes
pour les voyelles
dans les autres langues germaniques.
correspondantes
des textes isCependant le système de transcription
landais , tel qu'il résulte de l'analyse faite par M. Grimm,
diffère encore en quelques
points de celui qu'avait
adopté Rask dans la dernière édition de sa grammaire.
C'est une raison de plus, pour nous, de soumettre
islandais à un nouvel examen;
non que
l'alphabet
nous ayons la prétention
mais nous
servations;
de tout éclaircir
désirons
appeler
par nos obde nouveau
46
INTRODUCTION
GENERALE.
des grammairiens
selon nous, sont de la plus
l'attention
sur des questions qui,
haute importance
en phi-
lologie.
S II.
EXAMEN
DES
VOYELLES
SIMPLES.
C'est une vérité
constatée par l'histoire
philologique
des langues, et confirmée par la paléographie,
que a, i,
u (prononcez ou), sont les seules voyelles primitives, et
que toutes les autres ne sont que des voyelles dérivées.
Il n'y a que très-peu de langues qui se soient contentées de ces trois voyelles primitives;
la plupart y ont
ajouté un plus ou moins grand nombre de voyelles
dérivées.
Dans l'islandais
ou dans la langue Scandinave,
ce que nous venons de dire,
nous
cond'après
sidérer comme primitives,
les voyelles a, i, u, avec
leurs longues â, î, û, et leurs diphthongues
ai et au
( prononcez a-ï, a-ou). Ce sont en effet, si l'on y ajoute
encore l'o, les seules voyelles qu'on trouve écrites
devons,
dans l'ancien
monuments
alphabet runique
qui nous restent.
et sur les plus anciens
L'o paraît être, parmi les voyelles
celle
dérivées,
dans la langue Scandiqui s'est formée la première
nave, puisqu'on la trouve déjà exprimée par un signe
dans les inscriptions
La voyelle
particulier
runiques.
o est dérivée de l'a ; après un certain laps de temps,
cet o engendré par a, engendra à son tour la voyelle
IV.
CHAPITRE
47
en français par eu, comme dans
que nous exprimons
les mots peu, feu, lieu. Dans les livres danois, suédois
on a commencé
et allemands,
depuis quelque temps
par le signe incomplexe
cette voyelle
à exprimer
ô, qui rappelle très-bien par sa figure, l'origine et la
nature du son, et qu'on devrait adopter dans toutes
les langues qui ont cette même voyelle 1.
Au lieu de la seule voyelle u nous en avons donc
trois de la même famille, à savoir : u, o, ô, exemple :
uxi (taureau), ox (boeuf); ôxn (bétail), ur (de, hors),
ôrviti (fou). Comme les trois
orsôk (cause, origine),
aux trois
caractères u, o, ô répondent
parfaitement
sons ou voyelles qu'ils représentent,
l'orthographe
islandaise
doit les adopter
1 Nous
profitons
notre orthographe
et s'en servir.
combien
pour faire remarquer
serait à la fois plus simple,
française
plus rationsi nous nous étions servis du signe ô' pour
intelligible,
nelle
de cette
occasion
et plus
désigner la voyelle
que nous exprimons tantôt par les deux voyelles eu,
tantôt par les deux voyelles oe, tantôt même par les trois voyelles oeu
au lieu d'être des voyelles
sont des diphthongues,
quitoutes
simples ou
et qui, en outre, ne signifient pas même exactement,
dans
incomplexes,
leurs
éléments,
ce qu'elles
ont
au contraire,
la prétention
de signifier.
de notre
l'origine
Le signe ô,
indiquerait
parfaitement
voyelle eu,
comme l'ô Scandinave, de la voyelle o. De plus, le signe ô
dérivée,
serait intelligible
à toutes les nations qui, dans leur langue, ont cette
même voyelle,
et favoriserait,
l'introduction
d'un
par conséquent,
d'une bonne
uniforme
pour toutes les langues de l'Europe.
selon nous, aux véritables
satisfait,
principes
si au lieu d'écrire^par
boeuf, oeuf,
orthographe,
exemple:
système d'orthographe
On aurait donc mieux
etc. on avait écrit : bôf, lat. bov-em;
seul, \om, oeil, feu, majear,
ôf, lat.
soi, lat. sol-us;
(ivres, lat. opéra; bil, lat.
vol, lat. vot-um;
ov-um;
lat. foc-us; major, lat; major,etc.
ocuï-us;/d,
48
INTRODUCTION
GENERALE.
o et o, mais
De l'a primitif
dérivent non-seulement
encore une voyelle qui se prononce à peu près comme
ïu. français ou comme l'u-psilon grec; c'est pourquoi
a exprimé cette voyelle par la lettre y. L'u Scandinave se prononce ou; mais quand la syllabe qui suit
cet u commence 1 par un i, l'a prend, dans certains cas,
un son plus délié, plus rapproché de l'ï et semblable à
l'on
la prononciation
de l'a français. Exemple : fall, fjll-i,
de u en y
Le changement
gaS, gjS-ia.
gall, gjll-ing,
nous semble dans certains mots plus ancien que le channe
La
de
u
en
et
voici
o,
pourquoi.
voyelle
y
gement
peut provenir de l'o, mais seulement de l'a, parce que
directe possible. Or
de l'o àl'j il n'y a pas de transition
le mot islandais sonr forme au datif syn-i; cela prouve
en
s'est
de
le
évidemment
y
voyelle
changement
que
opéré
forme
avant que le mot Scandinave sunr eût pris la
actuelle de sonr; car cette dernière forme eût
produit au datif, non pas syn-i, mais sôn-i, puisque o
par l'influence d'un i devient non pas y, mais o.
Quelques objections qui sont assez fondées, s'élèvent contre l'adoption
ce signe est étanger
est emprunté
puisqu'il
dans la prononciation
et l'usage du caractère y; d'abord
à l'ancienne écriture Scandinave
au grec; ensuite
des Romains,
1 Les
Islandais,
l'y a pris déjà
le son de la
les syllabes par les
les mots, finissent
en épelant
du système des Hindous
consonnes. C'est le contraire
qui finissent
dans les
les syllabes toujours
par les voyelles, comme on peut le voir
anciennes incriptions
sanscrites. Voyez Transactions of the royal asiaiic
Society of Great
Britain
and Ireland,
t. I et II.
CHAPITRE
IV.
49
le
des
nations
modernes
et
la
i,
prononplupart
voyelle
cent également de cette manière. Le signe y n'exprime
donc pas exactement la voyelle islandaise qu'on doit
prononcer comme un u français. Il est vrai que, même
des Islandais, y a pris peu à peu
dans la prononciation
le son de lï, comme cela se voit dans certains manuscrits
indifféremment
qui emploient
y et i. Mais
puisqu'il est prouvé que y n'était pas de tout temps,
ni dans tous les cas prononcé comme i, il est de l'inde l'orthographe
et de la grammaire
de rejeter
un signe aussi équivoque que l'est la lettre y. Dans
l'écriture runique on employait un caractère très-bien
térêt
parce qu'il rappelait,
déjà par sa forme, l'origine de la voyelle dérivée de n. Ge caractère était un
u avec un point dans l'intérieur,
H. On pourrait remchoisi,
duplacer ce signe runique,
par un u dans l'intérieur
quel on mettrait un point; au-dessus de cet u ponctué
on placerait
l'accent circonflexe
la
pour exprimer
voyelle
longue correspondante.
Quant à la voyelle longue qui, par l'influence d'un
i, s'est formée de 6, ou quant à l'ô long, on le désigne
ordinairement
par les deux lettres oe. Ce signe a le seul
inconvénient
d'exprimer une voyelle simple ou incomaussi prendre
plexe par deux voyelles qu'on pourrait
il vaudrait
pour une diphthongue;
par conséquent,
mieux exprimer
o long par le caractère o surmonté
de l'accent aigu au lieu de l'accent circonflexe,
pour
rendre le signe moins
compliqué.
k
GENERALE.
INTRODUCTION
50
Si nous
énumérons
maintenant
les voyelles qui
u, et dont les signes respec-
à la famille
appartiennent
des textes
tifs sont indispensables
pour la transcription
islandais, nous trouverons
qu'elles sont au nombre d&
ce sont : u, o, o, y, avec leurs longues û, ô, ce et y.
La seconde voyelle primitive
a, n'a engendré qu'une
et pour le son
seule voyelle qui répond entièrement,
huit;
et pour l'origine, à notre voyelle è ou ai dans les mots
amer, latin amar-us ; mer, latin mare; chir, latin clarus.
Cette voyelle dérivée es^ désignée ordinairement
par
la lettre e. Il serait plus convenable de l'exprimer
par
le signe â, si e n'était pas déjà une lettre adoptée dans
et que à ne fût incomtoutes les langues de l'Europe,
ne pouvant pas facilement être surmonté d'un
accent circonflexe
pour exprimer la voyelle longue.
Le changement de l'a en e est surtout fréquent dans
l'anglo-saxon ; en islandais ce changement s'opère prinmode,
d'un i placé au commensous l'influence
cipalement
cement de la syllabe qui suit la voyelle a, exemple :
mbgr (magur) fils, datif meg-i; da.gr jour, datif degi;
val, choix, vel-ia, choisir, etc. A long subissant égalede l'i se change en la voyelle qu'on
bien plus condésigne par oe, mais qu'on exprimerait
venablement
par ê, parce que é dérivé de a long suiment l'influence
l'analogie de e dérivé de a bref; oe devrait
réservé pour désigner le changement
qu'a subi
ai (prononcez
cienne diphthongue
aï).
vrait
Les voyelles
appartenant
à la famille
être
l'an-
a sont seule-
CHAPITRE
ment
au nombre
de quatre,
IV.
51
ce sont : a> e, et leurs
longues â, ê (ee).
Il nous reste à parler de la troisième voyelle primitive i; la seule voyelle qui en soit dérivée, est un é que
exprime par ë pour le distinguer de l'e dérivé, comme nous l'avons vu* de la voyelle a. Le caà ë s'écrit comme un i
ractère runique correspondant
M. Grimm
avec un point au milieu,
I; cette figure indique que
ë n'est qu'un i modifié.
Le changement de i en ë s'est
fait dans beaucoup de langues. En français nous trouin, enfant de infans, ferme de
etc. L'ë islandais paraît avoir eu un son inter-
vons en venu
firmus,
médiaire
du latin
entre è et i, se rapprochant
toutefois plus
de l'î que de IV.
Il y a certains cas où.l'ë devient long, comme par
exemple dans le mot frekt (frêtt). Pour désigner cetë
emploie le caractère ë; mais ce calong, M. Grimm
ractère désigne bien plus convenablement
ïe long qui
est dérivé d'un a long. On ferait donc bien de remplacer ë par un e surmonté d'un seul point au-dessus
duquel on placerait encore facilement l'accent circonflexe pour
désigner l'ë long.
S III.
EXAMEN
La diphthongue
DES
DIPHTHONGUES.
est la combinaison
de deux voyelles
l'une et l'autre en
simples, prononcées distinctement
une seule émission de voix ou en une seule syllabe.
à. .
52
INTRODUCTION
GENERALE.
de toute autre comCe qui distingue la diphthongue
binaison de voyelles, c'est qu'elle a une signification
deux éléments qui la compoaucun
des
grammaticale;
sent ne peut être retranché sans qu'aussitôt la forme
entièrement détruite. Il n'y
du
mot
soit
grammaticale
a que ai (a-ï) et au (a-ou) et leurs dérivés qui soient de
véritables
diphthongues,
lisme est le plus parfait,
et les langues dont le vocacomme le sanscrit et l'arabe
connaissent seulement les diphthongues
tives ai et au.
littéral,
primi-
Les diphthongues
primitives de la langue islandaise
sont, d'après ce qui nous venons de dire, aï et an
à
Ai
a
a-i,
disparu
peu
peu delà
a-ou).
(prononcez
langue et a fait place à ses deux dérivés ei et oe, exemples : isl. teitr, goth. taits; isl. stein, goth. stains; isl.
heill, goth. 7iai/s; isl. hroev, goth. hraiv; isl. loera, goth.
ei le son diphetc.
Dans
isl.
aii>,
oe,
goth.
hisjan;
thongue est resté, seulement a s'est changé en e par
de l'i; oe au contraire se prononce comme
l'influence
et ce son est à peu près
un son simple ou incomplexe,
le même que celui de la yoyelle ê dont il diffère entièrement quant à son origine.
au n'a pas disparu de la langue
La diphthongue
comme ai; seulement elle est devenue, dans quelques
cas très-rares, une voyelle simple ayant le son de l'd,
par l'influence
laquelle quelquefois, et principalement
d'un i, s'est changée en ô long. Le plus souvent au
mais il s'est
comme
s'est maintenu
diphthongue;
CHAPITRE
IV.
53
changé en ey toutes les fois qu'il y a été amené par l'influence d'un i qui se trouvait dans la syllabe suivante,
raina, rejni; laas, lejsi, etc.
exemple: draap, drejpi;
les voyelles
de la langue islandaise.
Enumérons
maintenant
diphthongues*
I. Voyelles
simples
ou incomplexes.
simples
Voyelles
primitives.
a, â;
i,
î;
Voyelles
dérivées
e,
ë,
ë; y
Voyelle
dérivée
d'une
primitives.
,
Diphthongues
dérivées...
.
grammaticale
tères distinctifs
û.
u,
o
ô
6.
y
oe.
diphthongues.
Diphthongues
Ces vingt
ê;
oe
diphthongue.
II. Voyelles
et les
[ai),
ei,
m,
au.
ey.
entrent
dans la composition
voyelles
des mots, et constituent
un des caracde la langue islandaise.
§ IV.
EXAMEN
Nous
appelons
de voyelles
qui
DES
CONCRETIPS.
concrétifs
ne sont
toutes
les combinaisons
pas des diphthongues.
Les
1 Le
islandais qui a composé le traité uni lâllnu-stafroftt,
grammairien
divise les voyelles [liôd-stajir,
lettres
en trois classes : dans
sonnantes)
la première
il range les voyelles a, e, i, o,
u,/qu'il
appelle simplement
stafir; dans la seconde, les voyelles oe et oe qu'il appelle limingar (condans la troisième,
les diphthongues
au, ey, ei, qu'il
glutinations);
nomme lausa-klofav (fentes béantes).
du traité intitulé
D'après l'auteur
il y a cinq voyelles [Uiôdsiafir)
Grundvôllr,
u, o, i, e, a,
Màlfroedinnar
et cinq
diphthongues
[Tvihliâ.dr,
Limingar-stajir)
ae, au, ei, oe, ey.
INTRODUCTION
54
n'ont
GENERALE.
comme les diphthongues,
une
et n'entrent
point comme
grammaticale,
concrétifs
point,
signification
ou la formation
radicale
elles dans la composition
des mots : ils doivent leur origine à l'intruprimitive
sion d'une voyelle qui vient se placer à côté de la
voyelle
bientôt
radicale
occasion
pour
des
causes
que
nous
aurons
d'indiquer.
qu'une langue s'éloigne de son origine,
se changent en voyelles simples et les
les diphthongues
simples sont remplacées par des concrétifs.
voyelles
A mesure
de la langue latine
en français, les diphthongues
sont devenues voyelles simples, et les voyelles simples
du latin sont devenues des concrétifs.en français. Dans
Ainsi,
la langue islandaise on trouve les concrétifs suivants :
de voyelia, iâ, ië, ia, io, i'ô. Parmi ces combinaisons
les , il n'y a que les formes ia et iu qui soient primitives ; car io dérive
de iu, iô dérive de io et ië doit être
rapporté tantôt à ia, tantôt à iu. Nous expliquerons
seulement l'origine des formes ia et ia; les autres formes s'expliquent facilement par ce que nous avons dit
des voyelles dans l'article précédent.
de voyelles ia est sans doute trèsLa combinaison
de la dérivation
car dans la langue gothique elle se trouve
dans les racines des verbes; mais, en aucun cas,
ancienne,
jusque
elle ne saurait
c'est-à-dire
être considérée
comme
nant à.la formation
Les concrétifs
combinaison
comme
diphthongue,
de voyelles apparteou radicale des mots.
primitive
ia et iu sont produits
par trois causes
CHAPITRE
IV.
55
ou
(euphonie),
principales : ou par la prononciation
ou
( syncope ) d'une consonne,
par le retranchement
enfin par la transposition
(métathèse)
d'une.voyelle.
ia et iu sont produits par la prononciation , une seule des deux voyelles qui les composent est radicale ou appartient à la formation primitive
Si les concrétifs
du mot;
l'autre voyelle est purement euphonique, c'està-dire qu'elle doit son origine à la prononciation
et n'a
aucune signification
1.
par conséquent
grammaticale
insérée par notre
Cette voyelle
entre la
organe,
voyelle radicale et la consonne dont elle est suivie,
diffère
selon que la voyelle radicale est i, a ou u. Si
la voyelle radicale est i, la voyelle insérée est a ou e
muet, devant les consonnes liquides,
aspirées et sifc'est le plus souvent a, ou son dérivé o, devant
les labiales et les gutturales ; exemples : hiarta, hiarni,
iarl, iafn, skialdur, etc.; miakr, skiami, etc. M. Grimm
flantes;
1 L'insertion
langues
de voyelles euphoniques
est très-fréquente
on trouve
en irlandais
des mots
ainsi,
celtiques;
dans les
comme
etc. Il est souvent difficile
siuir, liaigh.feroir,
d'inmaoihjliuch,
du mot. Cependant,
il ne faut
diquer quelle est la voyelle radicale
écrites se prononcent
pas croire que toutes les voyelles
séparément;
comme
en français,
deux ou trois
souvent,
emploie
l'orthographe
cuaird,
une seule voyelle simple. Les langues sémitiques
voyelles pour exprimer
ne souffrent
généralement
pas de voyelles euphoniques
placées à côté,
des voyelles radicales. Seulement,
en hébreu,
il arrive qu'un a se glisse
entre
la voyelle
radicale
e, i, u et la consonne gutturale;
exemple:
'
JH ré'g, n'"li"t hèrPkh, PIi5 lou*kh. Cet oquelesgrammairiensontappelc
afurtif,
disparaît quand la consonne
ainsi on dit ré-ghi, lou-khi, etc.
gutturale
est suivie
d'une
voyelle
:
56
INTRODUCTION
GENERALE.
écrit mër (à moi) indiquant par là l'ancienne prononciation : Rask au contraire écrit mêr ( mier) exprimant
par cette orthographe la prononciation
plus moderne.
Comme
l'une
et l'autre
ce
d'orthographier
bonnes , il s'agit seulement de dismanière
mot sont également
tinguer quels sont les cas où il convient
d'adopter l'une
ou l'autre de préférence;
ce qui revient à savoir à
quelle époque de la langue islandaise, on a cessé de
mër et commencé de prononcer
miar ou
prononcer
mier.
Si la voyelle radicale est a ou u, la voyelle insérée
est i. Cette insertion d'une voyelle étrangère à la racine est provoquée tantôt par l'a qui aime à être précédé d'un i légèrement
accentué, comme le prouve
encore l'a anglais, qu'on prononce ia, tantôt par les
consonnes liquides et les consonnes gutturales qui,
quand elles sont prononcées, font entendre facilement
après soi le son e, i, les premières en se mouillant,
les secondes par suite de leur nature qui tient à celle
de l'ï par l'intermédiaire
i inséré entre la liquide
duj. Comme exemple d'un
ou la gutturale et la voyelle
radicale, il suffira de citer les mots giôra (pour gïarva,
garva, cf. sansc. chftfH ); goth. liuliath, latin lux; goth.
tiuhan, latin ducere, etc. etc.
Dans quelques cas ia et iasont, comme nous l'avons
dit, le résultat d'une syncope de consonne, exemple:
<jûa(pour gigia),yïônr (goth. fidvôreis), iôr (pour ihvor,
latin equus), etc.
CHAPITRE
IV.
57
ia et iu proviennent
quelquede voyelle,
ou transposition
fois d'une métathèse
comme le prouvent les exemples suivants : goth. hniu,
Enfin,
les concrétifs
knië (pour kînu), latin genu, sansc. •îtl'Jt;
goth.
triu, (arbre) isl. trie (pour tiru), sansc. cT^ï:, etc.
Nous devons ajouter que, quand la prononciation
de ia et iu devient moins nette, les voyelles a et a se
isl.
en français en e muet, et ia et iu se
comme ie dans patrie, latin patria; pie,
prononcent
latin pias. Comme cet e muet qui provient d'un a ou
d'un a sourdement
doit être représenté
prononcé,
changent
comme
dans l'écriture
par quelque signe, je proposerais de l'exprimer par le caractère ë. On suivrait ainsi l'exemple
de l'écriture runique qui, avec une exactitude admirable , exprime le même changement en plaçant après lï
radical un autre ï, lequel a un point au milieu, J, pour
de ce second ï se rapindiquer que la prononciation
proche de celle d'un e très-peu accentué. Nous écrivons par conséquent,
Met, bliës, trie, knië, miër, siér,
hier, au lieu de hêt, blés, knê, mer, sêr, hêr, employant
ê uniquement
pour désigner l'e long au milieu du mot
comme
dans grêt, blés, mêli, et à la fin du mot comme
dans/ë (pour feih, goth. faihu), hnê (pour hneig), où
cet e est devenu long par suite du retranchement
des
deux dernières
lettres.
58
INTRODUCTION
GENERALE.
S V.
DE LA
PERMUTATION
DES VOYELLES.
Un autre genre de difficultés
que présente l'orthographe des voyelles tient à la cause d'un phénomène
très-intéressant,
qui se montre dans quelques langues
et en particulier
dans la langue islangermaniques,
daise. Ce phénomène
dans sa Gramque M. Grimm,
maire allemande,
nomme umlaut et que nous pouvons désigner sous le nom de permutation de voyelles,
consiste
dans
les transformations
ou
changements
suivants :
i° Si les voyelles a, a, u, û, 6 et la diphthongue
aasont suivies, dans le même mot, d'une syllabe qui
par i 1:
a se change en e, exemple
commence
dag-r,
deg-i; land, lend-i;
val, vel-ia;
â se change en ë (ae), exemple
: hàttr, hètt-ir;
spânn,
spën-i;
u se change enj, exemple :fall,fyll-i;
gu8, gfê-ia;
û se change en y, exemple : 7iûs, 7ijs-ï; ùt, yt-i;
ô se change en oe, exemple : bok, boek-(i)r; rot,
roet-(i)r;
au se change en ey, exemple
reyn-i.
2° Si la voyelle
1
Voyez p. 48, note
: draup,
dreypi; raun,
a est suivie d'une syllabe
i.
qui com-
CHAPITRE
59
IV.
mence par u, elle se change d'abord en o et ensuite en
ô, exemple : (mag-ur)
môgr, mog-um; aska,ôsk-u.
ne s'opère pas seulement dans
Cette permutation
les voyelles radicales, mais aussi dans les voyelles
insérées par la prononciation
1, exemple : (kial-ur)
skioldr, etc. H y a des mots dont
kiôlr, (skiald-ur)
tantôt d'un
la voyelle radicale peut subir l'influence
i, tantôt d'un a, et qui par conséquent peuvent changer deux fois de voyelles. Ainsi, môgr dont la forme
ancienne
était magur,
fait au génitif
m&gar, au datif
megi.
§ VI.
LE
PHÉNOMÈNE
DE
IA
PERMUTATION
DES
VOYELLES
EXPLIQUÉ.
En présence d'un phénomène
aussi
philologique
intéressant que celui de la permutation
des voyelles,
on se demande à quelle cause il faut le rapporter,
ou
comment il doit être expliqué. Ce n'est aussi que par
l'explication
complète de ce phénomène qu'on parvient
à triompher
d'un grand nombre de difficultés
et à se rendre compte de beau-
dans l'orthographe,
coup de changements
dans les formes
grammaticales
des mots. La permutation
des voyelles mérite d'autant
plus notre attention,
qu'elle, n'a point encore été, de
la part des philologues,
l'objet d'un examen approfondi.
1
Rask
Voyez p. 55.
donne
seulement
à entendre
qu'elle
a
60
INTRODUCTION
GENERALE.
pour cause la tendance de notre organe à l'assimilation des voyelles ; mais il n'entre ni dans la démonsni dans l'explication
tration
de ce principe,
des conséquences qui en découlent.
est nécessaire
rations
à l'explication
de présenter d'abord
d'en venir
Avant
du phénomène,
il
quelques considé-
préliminaires.
Les changements que subissent les lettres dans les
langues sont de deux espèces : ou ce sont des changements opérés par la grammaire qui, moyennant
certaines
exprime
modifications
faites
les modifications
dans la
forme
et les rapports
des mots,
logiques
de
ou bien ce sont des changements qui, indépenet de la signification
dants de la grammaire
des mots,
l'idée,
ont uniquement
pour cause une différence de prononciation. Nous désignerons
ces deux espèces de changements
par les noms de changement grammatical
changement
et de
euphonique K
il est inutile de
Quant au changement grammatical,
dire qu'il ne s'étend pas sur les consonnes; car les conla signification
sonnes exprimant
propre à la racine,
constituent,
ne sauraient,
1 Le
propriété
mot
pour
ainsi dire, l'individualité
par conséquent,
euphonie, en grammaire,
des sons d'être harmonieux
du mot,
être changées
ne signifie
ou agréables
et
sans que
la
pas seulement
à l'oreille,
mais il
désigne aussi ce qui rend la prononciation
plus douce, plus coulante
et plus facile pour notre organe, quelque bonne ou quelque
mauvaise,
quelque
agréable ou quelque désagréable
que soit du reste notre prononciation.
61
IV.
CHAPITRE
de la racine soit changée en même
la signification
temps *. C'est donc seulement dans la partie mobile de
la racine, ou dans les voyelles que la grammaire a pu
opérer certains changements pour exprimer les différents rapports logiques, ou les différents points de vue
sous lesquels l'idée du mot devait être envisagée.
il
exemples d'un changement grammatical,
suffira de citer le changement des voyelles radicales
dans les verbes des langues germaniques et sémitiques,
Comme
à l'effet d'exprimer les temps et les modes; le changement des voyelles radicales dans les verbes des langues
sémitiques, pour exprimer l'actif, le passif et le neutre ;
le changement des voyelles à la fin des substantifs de
l'arabe littéral,
pour désigner les différents cas de la
déclinaison; et enfin, en partie aussi, le changement
ou plutôt le renforcement
de voyelle connu dans la
sous le nom de gouna et vriddhi.
sanscrite,
grammaire
1 On
pourrait
être tenté
de croire
que dans les langues
même sur les consonnes.
celtiques
le
s'étend
Ainsi, par
grammatical
en irlandais
le mot oh fear (l'homme)
fait au génitif anfhir
;
exemple,
an bhean (la femme)
fait au génitif
na mnâ; an chois (le pied) fait au
changement
génitif
na coise, etc. Mais
tous
ces changements
sont purement,
niques, comme en grec S-pië, Tpi^ds; tpé<pa, Srpi-fya;
En irlandais
certaines
consonnes
sont compatibles,
compatibles;
selon qu'elles
certaines
consonnes
aspirées ou dures
ou au commencement
du mot, ou
deviennent
sont placées, à la fin
sont précédées ou suivies de telle
qu'elles
telle consonne.
euphoniques
irlandaise.
Nous
n'ont
euphoêya, SKTOS, K.T.X.
sont ind'autres
ou
ou telle
ne craignons
pas de dire
pas eu lieu dans les premières
voyelle, de telle ou
que ces changements
périodes
de la langue
62
GENERALE.
INTRODUCTION
Quant auchangement euphonique, il s'étend également
et sur les consonnes et sur les voyelles. Le changement euphonique des consonnes s'appelle aussi la permutation des consonnes 1; le changement
euphonique
1 La
est
permutation des consonnes appelée en allemand lautverschielung
se fait sur des consonnes analogues
de deux espèces : ou la permutation
dans les exemples suivants:
sansc. IT (grec (bèpu, lat. Fera),
vha.Péran; sansc. nFT^ (grec Telva, lat. Tendo),goth.
Thangoth.Bairan,
ou bien la permutation
se fait sur des consonnes
jan, vha. Dehnen,
comme
comme
dissemblables,
dans les exemples
suivants
: sansc. Jôr, lat. Levir;
grec. Actxpu, lat. ~Lacryma; sansc. 3TT, lat. Bos; Aï, Ta; gr. Biip, lat.
Fera; goth. Thliuhan. vha. Fliuhan. La première
espèce de permutation
dans les langues;
on peut l'observer
est la plus fréquente
également
bien dans les différents idiomes d'une même langueou
dans les langues
à la même famille. Comme ces changements
se font d'après
appartenant
certaines règles, on peut deviner d'avance les lettres qui se correspondans les différentes
dent ordinairement
langues. Voici, par exemple,
dans les principales
les consonnes qui se correspondent
langues indogermaniques
:
Sanscrit.
Grec.
<T
TT
p
ST
(3
b
U
Ç
rf
T
J[
Gothique,
V
f
p
f
b
p
t
th
d
S
d
t
z
&
(/)
d
t
5î
x
c
(c) h
h (g)
!T
X
h
9
k
sT
y
g
k
ch
.V
Parmi
Latin.
Vieux
haut allemand
ces cinq langues,
f
le gothique
et le vieux
haut
allemand
présen-
CHAPITRE
63
IV.
des voyelles constitue précisément ce que nous avons
nommé la permutation des voyelles. Cette dernière est
un changement
donc, nous le répétons,
purement
des
comme
la
et
consiste,
permutation
euphonique
consonnes, dans certaines modifications
que subissent
sont prononcés par
les sons de la langue lorsqu'ils
ou par l'organe de tel ou tel individu. En effet, l'organe de la voix n'est pas exactement le même chez tous les hommes : il diffère de
différentes
bouches,
de localité
à nation,
nation
à localité,
d'individu
Si notre
organe est sujet à une
paresse, ou accoutumé à une prononciation
individu.
à
certaine
sourde,
à cette règle; le latin en présente un plus
d'exceptions
le grec en présente
plus que le latin, et le sanscrit
grand nombre;
encore plus que le grec; car sur trente mots sanscrits il y en a au
tent
le moins
dix qui ne suivent pas la règle indiquée.
Cela vient de ce que
est très-riche
en consonnes,
de sorte que, pour une seule
le sanscrit
ou gothique,
il y a plusieurs
consonne grecque
consonnes sanscrites.
moins
La différence
des lettres
en sanscrit,
en grec et
qui se correspondent
en latin est peu sensible;
elle est, au contraire,
dans
très-marquée
les autres langues surtout dans le gothique
et le vieux haut allemand.
aux
la permutation
langues sémitiques,
y a pris un caractère
tout particulier
entre le chan; elle y tient,
pour ainsi dire, le milieu
et le changement
gement grammatical
euphonique. Les racines qui se
Quant
dans les idiomes
idensont, pour la plupart,
correspondent
sémitiques
tiques dans la forme. Ainsi, par exemple, la racine BARACA est la même
en syriaque,
en hébreu,
en arabe, en éthiopien.
Cette racine ne s'est
ou en FARACA
pas changée en PARAKA dans tel idiome
sémitique,
dans tel autre, comme cela est arrivé à la racine yT$T
qui est devenue
B-RIKA
en gothique,
deux choses,
prouve
blent bien
plus
et P-RICHA
d'abord
en vieux
que les
que les idiomes
haut
allemand.
Cela nous
se ressemsémitiques
et ensuite qu'elles
indo-germaniques,
langues
INTRODUCTION
64
GENERALE.
les voyelles sonores se changeront dans la bouche en
voyelles sourdes. Si au contraire notre organe est déconvenalicat, nous aurons de la peine à prononcer
les voyelles qui sont sourdes de leur nature,
et pour ne pas faire trop d'efforts, nous les prononcerons d'une manière plus commode à notre organe, en
blement
et en les rendant plus claires. Ainsi, par
suite de la paresse et de la lourdeur de l'organe, a se
en u [ou); i se transforme
change en o et quelquefois
les amincissant
de la mollesse
par l'effet
en e; au contraire,
de la prononciation,
sorte de la mignardise
quelque
et en
a
des changements
pureque les derniers,
elles n'ont pas fait abus de ces
ment euphoniques. Dès leur origine,
ainsi avec sagesse le moyen d'exprimer
se ménageant
changements,
les différentes
des formes d'une même racine,
par la seule différence
admettent
nuances
mêmes
rarement
plus
du mot.
la signification
racines, comme
dans
Syriaque
y
>X «d
J5 ^,
^S>,
Ainsi
les
diverses
formes
des
;
Hébreu
Tp3,.ïpa, p-Q, pis, rra, yo-,
Arabe êji,
Ethiopien
-
$ji,
ç^i,
XVCjl,
^,
ft.A'r,
£jj;
a-XAJ
etc. etc.
seulement
ne sont pas différentes
par suite d'un changement
euphonidans la forme,
repose sur une différence
que, mais cette différence
D'un côté, on peut dire qu'il s'est opéré dans ces
dans la signification.
des changements
à la même
appartiennent
racines
peu prèsla
n'y avAit
racines,
dicales.
même idée;
euphoniques, parce que toutes ces racines
en dernière analyse à
et expriment
famille,
mais,
d'un autre côté,
il faut aussi dire ques'il
dans la signification
des
ou des nuances
pas de différence
il n'y aurait
pas non plus de différence
dans les formes
ra-
CHAPITRE
IV.
65
devient à, è, é, et i; u [ou) devient y (a) et i; o devient
Ô [eu). C'est ainsi que les différences de prononciation
produisent dans les langues un plus ou moins grand
nombre
de voyelles
qui,
ces ou des modifications
ne sont que des nuandestrois voyelles fondamen-
toutes,
tales a, i et a.
la
peut dire que dans les langues primitives,
voyelle a est la plus fréquente de toutes, ou qu'elle y
est plus fréquente
que dans les idiomes dérivés ^ A
On
la
que la langue s'éloigne de son état primitif,
en voyelle sourde o et u, ou en
voyelle a se transforme
voyelle plus amincie è et ë. Ainsi, par exemple, les
formes primitives
qui se sont conservées en arabe,
mesure
etc. se sont
changées en hébreu
en mel'k, ebed, ieled, etc. L'a sanscrit est devenu trèssouvent en grec un o ou une, et en latin un u. L'a
maïk,
ab'd, val'd,
en français, dans beaucoup
de cas,
è ouë, exemples : lat. clarus, fr. cler; 1. amare, f. hmêr;
a s'est changée
1. pater, f. père. La voyelle primitive
dans beaucoup
de dialectes en o, exemple : yLcCkdyrj
latin
est devenu
cHvcoet ovw; lat. domo et
et [lo'kSyri, crrpcnbs etorporos,
gr. Sdfxù); lat. cord- et gr. xapSict; anglais ail (pron.
allem. ail; angl. was (pron.
sprâk, ail. sprache; suéd. gârd,
marche inverse o se rapproche
oll),
ouos),
ail. war; suéd.
goth. gards. Par une
de a dans les mots
français mort, port, sort, etc., et plus
mots anglais lord, or, nor, etc.
encore dans les
Le son à la fois sourd et plein de l'a (ou) est devenu
5
66
GÉNÉRALE.
INTRODUCTION
a-psilon
Ioniens
ou u fin dans la voix ronde (os rotundum)
tout comme l'a (ou)
et des Attiques,
des
latin
u français ; et o latin en passant dans notre langue a pris, dans un grand nombre
de cas, le son plus mince de d, ea 1. Delà même mas'est aminci
en devenant
nière , ïo anglais provenant d'un u primitif
qui existe
se prononce 6 dans les mots
encore dans l'orthographe,
tub, sun, spur, etc.
auquel nous rapportons
que le principe
des voyelles, est un principe général
la permutation
dans toutes les langues, parce qu'il
qui se retrouve
On voit
tient à la nature même de l'organe de la voix humaine.
On a aussi dû remarquer
qu'il y a entre les différentes
modifications
du son ou des inflexions
de la voix, une
infinité
de nuances et une gradation continue ; de sorte
que le changement d'un son en un autre ne se fait pas
mais qu'il est amené et qu'il s'accombrusquement,
plit d'une manière insensible,
formations
dans la nature.
comme toutes les trans-
Le principe général d'où provient le changement
des voyelles nous étant maintenant connu, il nous reste
à faire voir de quelle manière s'y rattache
la permutation
des voyelles, telle qu'on la trouve en
seulement
islandais.
Nous avons reconnu,
nous le répétons, que
n'était pas un phénomène
le changement des voyelles
isolé ou qui fût particulier
à la langue islandaise, mais
du moins, en principe dans toutes
qu'il se retrouve,
1
Voyez p. 47.
CHAPITRE
IV.
67
les langues, et provient d'une cause physiologique que
nous avons indiquée. Une seule différence, à la vérité
bien légère, existe entre la permutation
des voyelles,
telle qu'on la trouve en islandais, et la permutation
telle qu'on la remarque dans d'autres langues. Cette
différence consiste en ce qu'en islandais ce changement ne s'opère que quand il a été, pour ainsi dire,
provoqué par l'influence d'uni ou d'un a, tandis que
se fait dans un
dans les autres langues, la permutation
plus grand nombre de cas et d'une manière plus générale. D'après cela, il est évident qu'un autre principe
est encore venu se joindre à celui que nous avons déjà
de concert avec ce dernier,
indiqué, pour produire,
la permutation des voyelles telle qu'elle se montre dans
la langue islandaise. Ce nouveau principe n'est autre
que la tendance qu'on remarque dans certains sons à se
rapprocher l'un de l'autre, et même à s'identifier dans
la prononciation.
Ainsi, le son a aime à changer la
voyelle qui le précède en a ou en une voyelle sourde
analogue ; de même i sollicite la voyelle dont il est précédé à se changer également en i, ou en une voyelle
déliée et mince. Cette tendance euphonique
est ancienne, car elle se manifeste déjà dans la formation des
mots dans beaucoup de langues ï. Elle a naturellement
1 Pour
les langues sémitiques,
Grammatik der hebr.
voyez M. Ewald,
critica lingum arabicoe, t. I,
sprache, i835,
p. 45 et 127, et Grammatica
il suffit de rappeler
le motirc'
p. 86. — Quant aux langues de l'Inde,
dans lequel Vu dérivatif
a changé la voyelle radicale a en u. M.
Eugène
5.
68
INTRODUCTION
dû être comprimée
GENERALE.
et contenue
dans de justes
qu'en prenant trop de développement
elles'-eût effacé la différence
entre
d'extension,
boret
nes, parce
les
voyelles, et détruit les effets du changement grammatical. Les peuples du Nord semblent avoir affectionné
des sons, puisqu'on la trouve non-seulela,similitude
ment
dans la forme
encore
comme
des mots, mais
grammaticale
dans les allitérations
et les assonances qui,
nous le verrons, sont des moyens rythmiques
Scandinave. Cette tenemployés dans la versification
dance à assimiler les sons nous explique dans l'islandais le changement de a en o par l'influence d'un u, et
le changement de a en e et de a en y par l'influence
. d'un i. En effet, i a provoqué le changement de l'a en e
et de l'a en y, parce que les sons e et y sont plus rapprochés de i que les voyelles a et u. Par la même raison
u a provoqué le changement de l'a en o, parce que o
se rapproche plus de u que ne le fait la voyelle a.
les deux causes qui,
Nous connaissons maintenant
toutes les espèces
produisent
agissant simultanément,
nous apprend que, ce mot a conservé sa voyelle radicale a en
de même qu'en grec dans le mot correspondant
pâli,
jSoepii. En grec
le même genre de bruit,
àXaXeé^eiv et oXolvÇetv qui expriment
reposent
En latin on trouve,
de même, les formes cesur le principe
indiqué.
Burnouf
tetigi au lieu de cacani, fafalli,
tatagi; car le changement
ciniyfefelli,
de la voyelle radicale au parfait des verbes latins, n'est pas comme dans
un changement
les verhes allemands
mais un
grammatical,
changele prouvent
ment purement
les parfaits
euphonique, comme
cucurri,
tutudi,
legi,
etc. où il
ne s'est
radicale
primitive.
dans la voyelle
fait
aucun
changement
grammatical
CHAPITRE
s
IV.
69
de changements euphoniques qu'on voitas'opérer dans
les langues. C'est, nous le répétons,
d'une part, la
nature différente
ou la conformation
de
particulière
de la voix
chez les peuples et dans les individus; d'autre part, la tendance de notre organe à assimiler et même à identifier les sons, de la langue. Ces
l'organe
deux
causes nous
expliquent
parfaitement
des voyelles
tous
les
en islanphénomènes de la permutation
dais. Il ne nous reste plus à présent qu'à montrer sur
des voyelles
quelques exemples, (|ué*la permutation
des principes auxquels nous veprovient réellement
nons de la rapporter;
en d'autres termes,
que les
causes indiquées ont effectivement
produit les chandont nous nous sommes progements euphoniques
posé l'explication.
Nous
daise. Ces quatre
drâttr.
substantifs
prendrons
pour exemples
quatre substantifs, dans les déclinaisons desquels nous
verrons s'opérer toutes les permutations
de voyelles
dans la langue islanqu'on remarque
généralement
L'ancienne
forme
de môgr était mamagus. Voici à peu
a dû se décliner ancien-
:
SINGULIER. Nom.
PLURIEL. Nom.
mag-nr. Gén. mag-ar. Dat. mag-i. Ace. mag-u.
mag-ir. Gén. mag-a. Dat. mag-um. Ace. mag-un.
Par l'influence
l'accusatif
sonret
grammaticale
au mot gothique
gur correspondant
près comment ce substantif
nement
sont : môgr, kiôlr,
singulier,
de l'a dérivatif
et au datif
au nominatif
et à l'accusatif
et à
pluriel,
INTRODUCTION
70
GENERALE.
la voyelle radicale a s'est changée en o, et plus tard
cet o s'est changé à son tour en ô 1. D'un autre côté,
de l'i dérivatif
au datif singulier et au
par l'influence
la voyelle radicale a s'est changée
que s'est formée la déclinaison ac-
nominatif
pluriel,
en e 2. C'est ainsi
tuelle
:
que voici
SINGULIER. Nom.
PLURIEL. Nom.
La forme
Gén: m&g-ar. Dat.
môg-r.
meg-i. Ace. môg-.
Ace. môg-u.
Gén. mag-a. Dat. môg-um.
meg-ir.
de kiôlr était kilur qui se déclinait à peu près de la manière suivante :
ancienne
SINGULIER. Nom.
PLURIEL. Nom.
kil-ur.
kil-ir.
Gén. kil-ar.
Gén. kil-a.
Dat.
kil-i.
Dat. kil-nm.
Ace. kil-u.
Ace. kil-un.
Dans la seconde période de la langue,
ciation
inséra entre la voyelle
radicale
la prononi et la li-
l, une voyelle purement
euphonique 3. Cette
le génitif,
voyelle insérée était a pour le nominatif,
l'accusatif singulier, et le génitif, le datif et l'accusatif
quide
c'était la voyelle i pour le datif singulier et le
pluriel;
nominatif pluriel.
Voici quelle a dû être la déclinaison du mot dans la seconde période de la langue
Scandinave.
SINGULIER. lSora..kied-ur.
PLURIEL. Nom.
kiïl-ir.
Gén. kial-ar.
Gén. kial-a.
Plus tard, par l'influence
1
Voyez p. k-j.
2
Voyez p. 5o.
5
Voyez p. 55.
Dat. kiil-i.
Dat. kial-nm.
Ace. kieil-u.
Ace. kisd-un.
de u, la voyelle euphonique
CHAPITRE
IV.
71
a s'est changée en o et ensuite en o ; lï inséré au datif
singulier et au nominatif
pluriel s'est confondu avec
l'i radical.
actuelle
C'est ainsi que s'est formée
que voici :
SINGULIER1.Nom.
kiôl-r.
PLURIEL. Nom. kîl-ir.
Gén. ki&l.ar.
la déclinaison
Dat. kîl-i. Ace. kiàl-.
Gén. kial-a. Dat. kiôl-um.
Ace. kiôï-u.
Dans la première
période de la langue, la forme
du mot sonr était sunur, en gothique sugrammaticale
ntis. L'ancienne
déclinaison
de ces
substantifs
était
sans doute la suivante :
SINGULIER. Nom. sun-ufffién.
PLURIEL. Nom.
sun-ar. Dat. sun-i. Ace. sun-u.
sun-ir. Gén. sun-a. Dat. sun-um. Ace. sun-un.
Par l'influence
de l'i, la voyelle radicale u s'est changée en y au datif singulier et au nominatif pluriel. Plus
tard l'a radical est devenu o dans tous les cas où il ne
s'était pas changé en y, c'est-à-dire au nominatif,
au
génitif, à l'accusatif singulier, et au génitif, au datif et
à l'accusatif pluriel. Voici la déclinaison telle qu'elle est
actuellement
:
SINGULIER. Nom. son-r. Gén. son-ar. Dat. syn-i. Ace. son-.
PLURIEL. Nom. sjn-ir.
L'ancienne
confondu
avec
Gén. son-a. Dat. syn-um. Ace. son-u.
forme
était
drahtur;
l'/i s'est
en d'autres
termes,
la con-
de drâttr
le t ou,
devant
sonne faible h s'est effacée dans la prononciation
la consonne dure t, et la voyelle radicale a dû devenu.'
longue pour réparer la perte de la consonne h. Le mot
se déclinait à peu près de la manière suivante :
72
INTRODUCTION
SINGULIER.Nom. drâtt*ur.Gén.
GÉNÉRALE.
drâtt-ar.Ttat
^
drâtt-i. Acc.drâtt-u.
PLURIEL. Nom. drâtt-ir. Gén. drâtt-a. Dat. drâtt-um. Ace. drâtt-un.
• Plus
lorsque les changements euphoniques,
que nous connaissons, se sont établis dans la langue,
a dû se transformer, en la déla déclinaison primitive
tard,
clinaison
suivante
SINGULIER. Nom.
drôtt-u.
PLURIEL. Nom.
:
drott-ur.
Gén. dràtt-ar. Dat.
draztt-i. Ace.
..-.'.
driett-ir.
Gén. dràtt-ci. Dat.
drôtt-um.
Ace.
drôtt-un.
Ici, les grammairiens
peut-être que la
objecteront
voyelle longue a ne se transformée pas en ô, comme
cela arrive à l'a bref qui se change en o bref; mais que
d fait
exception à la règle des changements euphoniques, en ne subissant, en aucune façon, l'influence
de la voyelle dérivative a. Nous répondrons que si cette
objection était fondée, il faudrait pouvoir démontrer,
ou que la voyelle d, en général, ou que l'd Scandinave
n particulier,
se refuse par sa nature même au changement* en d. Mais ni l'une ni l'autre thèse ne saurait être soutenue, selon nous. Il est vrai que a long
moins exposé que l'a bref
est déjà, par sa longueur,
à se confondre
avec d'autres voyelles. C'est ainsi qu'en
sanscrit a -t- i font e, a -f- a font o; dans e comme
dans o, l'a s'est tout à fait effacé. Au contraire a long
plus i, et a long plus a font â-ï, â-à (â-ou), diphthongues dans lesquelles la voyelle d s'est entièrement conservée. Mais il n'en est pas de même dans la langue
CHAPITRE
IV.
73
Scandinave. Nous y voyons a long subir, par l'influence
de i, le même changement que subit a bref; d devient
ai (è) de la même manière dont a.devient e. En effet,
a long résisterait-il
à l'influence
de u? et pourtandis que a bref s'y soumet réguquoi y résisterait-il,
lièrement? Il y a plus ; à commencer d'une certaine épode l'd Scandinave s'est presque
que, la prononciation
pourquoi
confondue
avec celle de l'o, et oe et oe, se prononçaient
à peu près de la même manière. C'est pourquoi
le
caractère runique d qui présente deux a réunis ensemun a long ou deux a, mais
ble; désigne non-seulement
il sert également à exprimer
l'o; de plus, non-seudans les manuscrits
en caractères latins,
lement,
mais aussi,
dans la prononciation
parlée, d et ô, oe
et oe se sont presque toujours confondus. Ne serait-il
après cela, si l'd qui, dans la prose confondait
nonciation,
déjà avec l'o, n'avait pas
subi le changement en o, pas même dans le cas où
pas étonnant,
une influence
extérieure,
celle de la voyelle sourde a,
Mais, dira-t-on, les manu-
fortement?
l'y provoquait
scrits n'indiquent
pas ce changement de d en ô, et il
faut croire avant tout les manuscrits,
qui écrivent
de la même manière,
par exemple, le datif pluriel
drâttum
et le génitif
pluriel
drâtta.
A cela nous ré-
les manuscrits
pondrons que précisément
prouvent
tout autant pour nous que contre nous, et voici comment
: nous maintenons
réellement
subi l'influence
que la voyelle longue d a
de a, et qu'elle s'est chan-
74
INTRODUCTION
GENERALE.
gée en d. Mais comme a avait, pris peu à peu, dans
la prononciation,
le son de à, l'écriture
pouvait, ou
de
plutôt devait ne pas indiquer, cette permutation
parce que, à vrai dire, il n'y avait pas de
changement réel dans la prononciation,
puisque drâttr
au nominatif,
et drâttar au génitif, se prononçaient
de la même manière. Pour cette raison, le même
signe d pouvait servir à exprimer également bien la
voyelles,
de cette voyelle.
voyelle radicale et la permutation
Mais avant que d eût pris le son sourd de l'a suédois,
on a dû certainement
dire au nominatif drbttr et au
génitif drâttar. Il reste seulement à savoir quels sont
les cas où d doit être considéré comme voyelle radicale n'ayant encore subi aucune permutation,
et quels
sont les cas où cette voyelle a éprouvé l'influence de
a et devra par conséquent être remplacée par ô. Nous
l'attention
appelons, sur cette question importante,
des grammairiens philologues.
Passons maintenant
à l'examen philologique
des
consonnes
de la langue islandaise, et
(samhliô&endr)
le plus
commençons
par celles qui se rapprochent
de la nature des voyelles, à savoir, les consonnes li^
quides r, l, m, n.
§ VII.
DES
CONSONNES
LIQUIDES
R,
L,
M,
N (HALFRADDAR
STAFIR,
se prononçait
de deux
SEMI-VOYELI.Es).
JR. Cette consonne
liquide
CHAPITRE
selon
différentes,
et au milieu
commencement
manières
commencement
et au milieu
IV.
75
qu'elle était placée au
ou à la fin du mot. Au
du mot,
r se prononçait
et dans l'écriture
runique cette
comme le r français,
consonne était exprimée
la fin du mot,
par le caractère R. Placé à
r se changeait en semi-voyelle
et se
prononçait comme un e muet légèrement aspiré, ou
comme la voyelle eu, ô. Dans ce dernier
cas, r était
exprimé ordinairement
par le caractère runique ^
qu'on nommait ôr, et qui pouvait désigner également
bien la voyelle ô et la semi-voyelle
r. Pour comprendre comment
R a pu être prononcé de deux manières
différentes et comment il a pu se changer en semivoyelle , il faut se rappeler quelle est la nature de la
consonne R en général et du R Scandinave en particulier. Comme
cune difficulté
cette dernière
consonne
ne présente
au-
dans l'emploi
orthographique,
puisque
partout où elle se trouve par
cette lettre est exprimée
notre caractère R, nous pouvons consacrer cet article
à quelques considérations
sur l'origine,
philologiques
la nature et la permutation
de la consonne R.
Si l'on
compare
l'islandais
trouve
avec le gothique,
de r islandais correspondent
on
à
que beaucoup
des s ou z
isl.fiskr;
gothiques. Exemples : goth.fislts,
goth. sunus, isl. sonr; goth. visan, isl. vera; goth.
etc.
hausian, isl. heyra; goth. huzd, isl. horJ(hodd),
Le même
phénomène
dialectes teuto-gothiques.
se remarque
dans les autres
Exemples : goth.
basi, v.h.a.
76
INTRODUCTION
GENERALE.
péri; v.h.a. haso, isl. heri; v.h.a. isan, anglos. iren, etc.
En grec beaucoup de a se sont changés dans le dialecte
laconique en p, et la même chose est arrivée en latin
où r et s se permutaient
ex. : phsima
anciennement;
etc. Cette peret plavima; melios et melior;jas etjaris,
mutation
prouve évidemment
r et s puisque, dans la nature,
ni arbitraire.
brusque
qu'il y a parenté
aucune transition
Cette parenté
se trouve
entre
n'est
même
indiquée dans quelques alphabets; ainsi, en arabe j
(z) ne diffère àej (r) que par un point, dans l'alphale caractère qui exprime la lettre r exbet umbrique
prime aussi la lettre s, et dans l'écriture anglo-saxonne
les caractères qui désignent r et s se ressemblent beauà cause de la parenté
coup. Enfin, c'est probablement
entre R et S que ces deux consonnes se trouvent placées l'une à côté de l'autre dans l'ancien alphabet sémitique qui est aussidevenu le nôtre. Examinons comment
R et S sont parents ; remontons à l'origine de l'un et de
le q,
l'autre. La plus forte des consonnes gutturales,
encore sa prononciation,
se change en
en renforçant
une espèce de râlement
d'une manière
qui produit
toute naturelle le son rude de R. La consonne R est
et cela
donc dans l'origine essentiellement
gutturale,
en arabe la gutnous explique, d'un côté, pourquoi
comme un r rude, et, d'une
turale i se prononce
autre côté,
placé
pourquoi
immédiatement
pourquoi
notre
dans l'alphabet sémitique "^ est
après n, en d'autres termes,
r se trouve
placé à côté de q. Nous
CHAPITRE
venons de voir quelle
maintenant, comment
IV,;v
77
est l'origine de r; expliquons
s est devenu parent de r. Les
gutturales h, g, se changent par assibilation en ç, ch, j,
X3(,j$J.Ainsi, ch se trouve être le frère de r, puisque
l'un et l'autre dérivent d'une gutturale; le premier par
le second par renforcement de prononciation. Comme frères R et Sh peuvent échanger leurs
rôles, et c'est sur cet échange que repose la permutation suivante : sansc. gjgj; et isl. hevi; sans. J^ et J!|;
assibilation,
etc. La gutturale sifflante ch, sh,
son élément guttural et ne conservant que
lat. etrasci et etruria,
j rejetant
l'assibilation,
se change d'une manière naturelle en s
pur. Ainsi, ch ou j français se prononce dans la bouche
d'un Italien comme s ouz. D'un autre côté, r peut re-
jeter aussi son élément guttural et devenir une consonne liquide comme en français. De cette manière,
R et 5 prennent,
à leur apogée, des caractères tout
bien qu'ils soient parents l'un de l'autre. Ces
deux consonnes se rapprochent de nouveau quand elles
différents,
vieillissent
ou s'affaiblissent.
De même qu'ils sont sortis tous deux d'un son guttural, de même, en vieillissant, ils se changent tous deux en aspiration, c'est-àdire en un son guttural excessivement faible. R est
déjà par suite de son oriaccompagné de l'aspiration,
gine gutturale, puisque les gutturales naissent d'une
aspiration très-rude. Cette aspiration de R se montre
dans beaucoup de langues où elle influe sur les lettres
qui se trouvent dans le voisinage de cette consonne
78
liquide.
INTRODUCTION
GENERALE.
exemple, S conserve son
il est précédé de R, tandis qu'il la
En islandais,
par
aspiration quand
perd s'il est précédé des autres liquides L, M et N.
En grec p est toujours
aspiré et influe très-souvent
En zend la liquide
sur les lettres, qui l'accompagnent.
R rend aspiré le t quand celui-ci se trouve placé devant
elle. Le R n'a donc qu'à rejeter son élément de con
sonne pour devenir une simple aspiration. Ce changement s'est opéré dans le r islandais placé à la fin du
mot, et dans le r anglais qui se prononce comme une
aspiration, par exemple, dans les mots bar, far, lord, etc.
En français R a également la tendance de s'affaiblir, et
il est déjà devenu semi-voyelle dans la bonne prononparisienne. En sanscrit et plus tard en pâli le
avec la
R s'est tellement affaibli qu'il s'est confondu
voyelle radicale ou même qu'il s'est perdu entièrement.
sansc. ^T§-,'grec
Exemple:
(3pa%!wv, lat. brachium;
ciation
sansc. *J9^, latin fru{g)or; sansc. *i"^,
laX.frango; pâli
pati, sansc. ïncT, grec 7rpos. Enfin, R s'est changé en
et dans quelques idiomes
3ï\
voyelle en'sanscrit,
1 On
être tenté de croire que m est l'aspiration
ou la voyelle
pourrait
qui a donné naissance à la consonne 7, de sorte que %£ apprimitive
à l'époque où le sanscrit n'avait pas encore atteint son apopartiendrait
que ^f n'est pas une voyelle
gée. Pour nous, nous sommes convaincu,
et qui, en grandissant,
est devenue T, mais que c'est
faible d'enfance,
cette consonne T même, devenue faible de vieillesse. Il est évident que
tel qu'il se montre dans les monuments
littéraires
qui nous
en restent,
est une langue qui depuis longtemps
a passé l'âge de sa
Ce qui le prouve, ce sont les palatales et les
plus grande maturité.
le sanscrit,
CHAPITRE
IV.
79
à S, il est mutile
de dire qu'il est aussi
toute lettre sifflante est
slaves 1. Quant
aspiré de sa nature, puisque
née de l'aspiration liée à l'assibilation.
La lettre
S n'a
qu'à rej eter son élément sifflant pour devenir une aspiration pure. Ce changement s'est fait effectivement en
grec; exemple : sansc. Ht, grec os; sansc. ttH»JL, grec
êmi; lat. saper, grec ùitép. L'aspiration qui reste d'un
est désignée en sanscrit par le
R ou d'un S expirant,
même signe (:) qu'on appelle visarga, exemple: Ht,
fsnWt» Z'.T§' etc" Nous pourrions imiter cette orthographe si, au lieu d'écrire bras, glas, amas, nous écribra, gla, ama. Souvent l'aspiration
faible, ce
reste d'un ancien R ou S,. s'est perdu peu à peu à la
vions
n'ont
linguales, qui certainement
était encore jeune, c'est la lettre
turale , ce sont
surtout
pas existé dans la langue lorsqu'elle
une ancienne
^ qui remplace
gut-
des formes
comme
STTs, JpT^ *T^ qui ne
puisque la consonne R qui y manque
peuvent être des formes primitives
est précisément
l'élément
qui donne aux racines de ces mots
principal
leur signification
qu'elles n'auraient
pas sans cette lettre.
particulière
1 A cette
occasion, nous ferons remarquer
que, dans les langues
dans les racines pour y faire les
R s'introduit
quelquefois
sémitiques,
fonctions
de voyelle.
racine sans changer
Aucune
consonne
complètement
dent
le
bSlD
dagesh.
Ex. : ND13
et bS,D ; éthiop.
marsasa
semi-voyelle.
et ND3 ;
chald.
l'anusvâra
sanscrit;
et éthiop.
jb2,"lD ,
ffj£=>,
00*13
quel-
et QD3 .
on trouve
dans sa signification
exemp. : ^o. ,t—<j£^,
flÇhfri.
dans la
R remplace
et Jj/BfQ ; en syriaque
Parèl à côté du Paèl. R peut aussi remplacer,
maticale,
s'introduire
la signification
du mot, il est éviêtre envisagé comme consonne, mais
que cet R ne peut pas
comme voyelle, ou tout au plus comme
quefois
ne pouvant
02*0
le
gram-
et chMK :
80
GÉNÉRALE.
INTRODUCTION
fin des mots comme
en français. Ainsi, dans l'ancien
hor, hébreu TIX, s'est changé dans
égyptien, le mot
le dialecte du peuple
des mots
est devenu
tellement
avec la consonne
fondu
disait iôtann pour
Môlr, etc.
L.
Cette liquide
avec R,
comme
R,
en ha. En islandais le R à la fin
puisque
consonne,
et qu'elle
faible,
qu'il
s'est con-
ainsi, on
qui le précédait;
steinn pour steinr, Môlï pour
iôtunr,
doit avoir
une origine commune
dans les racines des mots elle a,
la même
permute
logique que
signification
encore souvent avec lui dans
les langues dérivées, exemple : fr. orme, lat. uZma;
fr. navire, b. lat. navife; fr. épitre, lat. episto?a, etc. Cependant, cette consonne s'est éloignée de son origine,
et a pris dans quelques langues un caractère différent
de R. En islandais L n'est pas aussi aspiré que R, et
c'est pourquoi
il ne rend pas aspirées les consonnes
qui se trouvent dans son voisinage. Dans cette langue,
L est devenu aussi faible que R dans des mots comme
est
à
en
il
etc.;
changé
peu
peu
s'y
haifr, haimr,ha\fr,
une légère aspiration, ce qui a rendu longue la voyelle
: hâlfp, hâlmr, kâlfr. En anglais, L a entièrement disparu dans les mots correspondants
half, halm,
radicale
calf, qu'on prononce hâf, hâm, câf.
sur l'emploi
Nous n'avons rien à remarquer
graphique de L en islandais.
M.
dure
La consonne
d'entre
M est la moins
les liquides
; elle
sonore
ne peut
ortho-
et la plus
pas s'allier
CHAPITRE
IV.:
81
avec les autres liquides,
C'est pourquoi,
quand m se trouve
excepté avec N.
placé devant les
facilement
liquides faibles l et r, il s'adjoint la labiale douce b.
entre lui et ces liquides;
pour servir d'intermédiaire
exemples : timmr devient ftm.br, kammr devient kamhr,
emla devient emhla,
etc. Cette insertion
d'un h euphonique se fait aussi dans d'autres langues. En sanscrit
à côté de la forme WP"t. Les
on trouve la forme ^^f:
du grec mpnépior, en islandais
on dit hamraland, en anglo-saxon cumherland, et dans
notre langue nous avons formé comMe, cham&rey
Latins ont fait cimhri
tremMer,
de cumulus,
caméra, tremere.
Leiè
euphodans des mots
nique s'est aussi peu à peu introduit
où m n'était pas immédiatement
suivi d'une liquide;
exemple: isl. gaman devient gamhan, lamrn- devient
lamb, dramm devient
dramb, etc. L'emploi de M dans
ne donnant
lieu à aucune difficulté,
l'orthographe
nous passons à l'examen de la dernière consonne liquide N.
JV. La lettre
N se prononce de deux manières,
selon qu'elle est placée devant une voyelle ou devant
une consonne. Placée devant une voyelle ou à la fin
du mot,
dans nëma, boni, run, elle a la prononciation
ordinaire
et elle est consonne radicale,
c'est-à-dire qu'elle contribue
à former le sens propre
comme
au mot où elle se trouve. Placée devant des consonnes,
surtout devant des gutturales,
elle a très-souvent la
prononciation
d'une voyelle nasale, et exerce ordinai6
82
INTRODUCTION
renient,
d'ans ce cas, des fonctions
maticales,;
comme
GENERALE.
Yanûsvâra
purement
gramexemple : isl.
sanscrit;
ganga, hring'r; lat. frango,
tango, scindo x, etc. 11 serait donc utile d'établir une différence dans la manière
ces deux
d;écrire
est une Consonne
espèces de n. Comme le premier;?,
et se prononce comme telle, il faut
nécessairement
le désigner par le caractère N ; mais la
seconde espèce de n étant plutôt une voyelle qu'une
et pour la signiconsonne, et pour la prononciation
fication, on devrait l'exprimer
par un signe ajouté à la
est suivi
voyelle radicale. Ce système d'orthographe
en polonais, où la nasale est exprimée par un petit crochet attaché à la voyelle radicale; exemple : pol. mieso,
sansc. 5"fm; pol. ges, sans. ?h"f:- Nous avons déjà eu
islandais qui a
occasion de dire que le grammairien
composé le traité um lâtînu-stafrojit,
désigne ng par un
point ou d'un trait. Cette manière
la voyelle nasale par un point est analogue
d'exprimer
à celle qu'on a adoptée en sanscrit pour exprimer
l'anusvâra; il serait à désirer qu'elle fût imitée dans
g surmonté
d'un
toutes les langues
des nasales de cette
qui renferment
espèce.
Après
parlé des consonnes
avoir
liquides
ou
so-
1 Dans les
aussi comme semi-voyelle
langues sémitiques, N remplit
des fonctions
; il remplace le dagesh dans les
grammaticales
purement
formes
du
t>-û-X9, héb.
hautaba,
nom
tï&p;
et
du verbe;
les formes
etc. sont parallèles
ex. : éthiop.
verbales,
à des formes
ar.
saùbat,
JuuÀi.,
avec dagesh
héb.
éthiop.
!\%1tf;
ar.
sanhala,
ou teshdid.
CHAPITRE
nores, nous examinerons
IV.
83
les consonnes
sourdes
ou
solides appelées en islandais dumbar stafir.
§ VIII.
DES
CONSONNES
LABIALES
P,
B,
F,
V.
C'est chose digne de remarque,
que dans les anr
ciennes langues germaniques la consonne radicale p,
au
elle
était
commencement
du mot,
placée
quand
en labiale aspirée/,
s'est changée ordinairement
par
l'effet de la permutation des consonnesx ; placée au milieu
et à la fin du mot, la labiale p s'est maintenue bien
les mots qui commencent
plus souvent. En gothique,
et sont pour la plupart
par p sont en petit nombre
empruntés
le p qu'on
à d'autres langues. En vieux haut allemand
trouve au commencement
du mot à rem-
En vieux saxon, en anplacé un b radical et primitif.
glo-saxon et surtout en islandais, p ne se trouve placé
le plus souvent qu'au milieu ou à la fin du mot. Cela est
si vrai, que dans les trois poèmes que nous publions
il n'y a que le mot peningr qui commence par un p,
et encore ce mot est-il emprunté à un dialecte germanique. Parmi les langues sémitiques, l'arabe et l'éthiopien ont également perdu le p dur radical; l'hébreu
et le syriaque l'ont conservé dans certains cas et perdu
dans d'autres. Dans toutes ces langues, la labiale dure p
est remplacée par la labiale aspirée /, ce qui nous fait
croire que,
1
généralement
Voyez p. 62, note
1.
parlant,
la labiale
aspirée
INTRODUCTION
84
est moins
ancienne
manuscrits
islandais
GENERALE.
que la labiale dure. Si donc les
présentent deux formes de mots
dure p, l'autre avec la
labiale aspirée/,
comme, par exemple : opt, oft; lopt,
loft; kiaptr, kiaftr; nous sommes en droit d'admettre
la moins anque la dernière forme est généralement
"différentes,
l'une avec la labiale
cienne.
aspirée qui remplace tantôt p et tantôt b. V a une origine toute différente de/; il provient
le plus souvent de la voyelle u; et c'est pourquoi dans
F est la labiale
runique, comme dans beaucoup d'autres alphabets anciens, le même caractère exprime u et v.
du 'v placé au commencement
du
La prononciation
l'écriture
: vër a dû se
pas aspirée primitivement
prononcer d'abord ouër, et plus tard vër comme le mot
français vers. Placé entre deux voyelles, le v était forcé
mot
n'était
de renier
entièrement
sa nature
et son origine
de
entièrement
comme con-
et de se produire
voyelle,
un son sifsonne en prenant dans la prononciation
flant. Par là v s'est approché de /, et c'est pourquoi/
et v sont quelquefois
confondus dans les manuscrits,
dans les noms propres dont la dérivation et la
n'étaient pas bien connus. C'est ainsi que
signification
l'on trouve écrit biîurr et bivorr, baîurr et bavurr, lovar
surtout
et fofar, etc. Ce n'est qu'en trouvant la racine du-mot
d'une manière sûre
qu'on peut parvenir à déterminer
dans quel cas/ou
v doit être préféré.
CHAPITRE
IV.
85
§ IX.
DES
CONSONNES
DENTALES
ET
SIFFLANTES
T,
D,
TH,
D,
Z,
S.
J) est un caractère ancien qui se trouve déjà dans
l'écriture gothique et l'alphabet runique pour exprimer
le T aspiré. © ou la minuscule S fut employée primitivement par les Saxons et les Anglo-saxons,
puis par les
Islandais pour exprimer le d aspiré; aussi la figure du
caractère montre-t-elle
un d avec un petit trait qui
de la même manière que dans
indique l'aspiration,
l'écriture
saxonne le b barré exprimait un b aspiré.
Si la valeur phonique
de J) et de D est assez bien
n'est plus sujet à l'incertitude
que l'emcar,
ploi de ces deux caractères dans l'orthographe;
dans les manuscrits,
surtout depuis le xrve siècle, J) et
connue,'rien
B sont souvent
placé
p est quelquefois
pour t, et d est placé pour 'S. En voyant cette confusion
et cette incertitude
dans l'emploi de ces caractères, on
confondus;
se demande naturellement
quelle sera la règle à.suivre
dans ce chaos. Mais avant de
pour mettre de l'ordre
chercher à établir cette règle, il importe
à trois questions préalables. La
première
de savoir
de répondre
question est
si les caractères
p, t, 'S, d représentaient
réellement
des sons différents : nous répondons que
oui; car s'il n'y avait pas eu de différence entre les
sons, l'écriture
n'aurait
pas exprimé ces sons par des
si
signes différents. Il s'agit de savoir, secondement,
cette différence de sons était assez sensible dans la
pro-
86
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
nous répondons
encore affirmativement
7
parce que si la différence des sons n'avait pas été assez
sensible dans la prononciation,
l'écriture
n'aurait pas
nonciation:
choisi des caractères
différents
pour l'exprimer.
Sachant maintenant
qu'il faut admettre que les différents caractères ne sont pas une invention
arbitraire
et inutile
dans l'écriture,
fectivement
mais qu'ils représentent
des différences dans la prononciation
efdes
il nous reste à savoir
si p et S sont des denc'est-à-dire des dentales qui se
dentales,
tales aspirées radicales,
trouvent aspirées déjà dans la racine indépendamment
delà place qu'elles occupent,
ou bien, au contraire,
si p et o sont aspirées par euphonie, c'est-à-dire
ayant
ou un
pris dans certaines circonstances
l'aspiration,
son plus ou moins dur, uniquement
pour se plier à
ou de l'eul'organe, aux exigences de la prononciation
phonie.
difficiles
lution.
Cette
dernière
question
dont
est une
des plus
se proposer la so-
la philologie
puisse
En effet, il ne s'agit de rien
remonter
aux racines
des mots,
moins
c'est-à-dire
que de
aux pre-
miers âges de la langue pour découvrir
si p et h sont
radicaux, se trouvant dans le mot d'après la loi de la
formation
et de la permutation
et générale
primitive
des consonnes, ou bien si ces dentales sont aspirées
pour
ment
une
cause euphonique
à la loi de la formation
particulière,
des racines,
contraireou à la loi
des consonnes. Pour régénérale de la permutation
soudre cette question, nous aurions donc à comparer
CHAPITRE
les racines
du
Scandinave
IV.
aux
87
racines
d'une
autre
langue ancienne de la même souche. Nous choisirions
le sanscrit, cet idiome étant le meilleur terme de comparaison, d'abord parce que c'est une langue ancienne,
une langue dans laquelle on trouve très-peu d'anomaïlies, et ensuite parce que cet idiome est exactement
écriture que nous connaisexprimé par la meilleure
sions. Nous aurions à chercher la loi de la permutation
en
d'après laquelle les consonnes se correspondent
et cette loi une fois trouvée,
et systénous n'aurions qu'à la suivre rigoureusement
des mots, sans faire
matiquement dans la transcription
à l'orthographe
la moindre
attention
suivie dans les
sanscrit et en Scandinave,
manuscrits.
permutation
Mais si l'on considère
des consonnes
que cette loj de la
souffre de nombreuses
exceptions, et qu'il est toujours dangereux
soumettre les formes mobiles de la langue
de vouloir
aux règles
que ce n'est qu'a-
absolues d'un système, on concevra
près beaucoup de travaux préliminaires,
qu'on pourra
et la résoudre d'une
aborder cette question difficile,
de présenter ici quelques considérations
qui contribueront
peut-être à répandre quelques lumières sur l'emploi
de p et de o.
orthographique
manière
satisfaisante.
Contentons-nous
donc
La langue gothique n'a qu'une seule dentale aspirée
p; elle a, en outre, une dentale dure t et une dentale moyenne d, comme le grec, qui s'est également
contenté de trois dentales i, S, B. Les consonnes t,
88
INTRODUCTION
GENERALE.
d, p sont radicales en gothique, et se trouvent également au milieu et à la fin du mot. En comparant le
gothique au sanscrit, on trouve que p correspond à ç-,
et que d correspond
à g" et "^; la dentale aspirée en
gothique est non aspirée en sanscrit, et la non aspirée
en gothique est aspirée en sanscrit. La principale différence entre les dentales des deux langues réside, par
le gothique distingue
dans l'aspiration;
conséquent,
bien les aspirées des non aspirées, mais il ne distingue
pas les aspirées fortes des aspirées moyennes. C'est
dans p la distinction entre dh et th s'est confondue, et p représente également bien un ancien dh
et un ancien th.
pourquoi
La loi de la permutation
des consonnes d'après laquelle les dentales se correspondent généralement en
sanscrit
et en gothique,
souffre des exceptions par
suite d'une influence toute particulière de Yeuphoniel sur
les terminaisons des mots gothiques. L'organe de la voix
des peuples germaniques ne prononce pas facilement
une consonne moyenne placée à la fin des mots; c'est
en
pourquoi cette moyenne se change ordinairement
consonne dure ou en consonne aspirée. Ainsi, la dentale
moyenne d placée à la fin du mot devient p, excepté
quand elle est précédée des liquides l, m, n, qui, par
1
M. Ad. Holzmann
a le premier
appelé
sur cette espèce de changement
euphonique
Isiclori Hispalensis
Epistoloe ad Florentinam
sqq.
l'attention
des philologues
dans son livre
en gothique
Versio francica,
p. 102
:
et
CHAPITRE
89
IV.
doucel'organe à prononcer
ment la moyenne qui les suit. Placée devant un s, la
moyenne d, quand elle n'est pas précédée d'une liquide,
en gode
là
existe
lis'ensuit
devenir
qu'il
aspirée.
peut
leur nature,
disposent
thique beaucoup de dentales aspirées qui ne répondent
1en
à
pas Ç* sanscrit, mais plutôt à gf ou ^ parce que primitivement elles étaient des dentales moyennes qui ne
sont devenues aspirées que par l'influence
que nous venons d'indiquer.
particulière
euphonique
Il faut donc
deux espèces de p : les uns sont radicaux,
parce qu'ils se trouvent dans la racine conformément
des consonnes; les autres
à la loi de la permutation
distinguer
sont euphoniques, parce qu'ils
l'euphonie. Au commencement
radical; mais à la fin du mot,
ou euphonique.
doivent
leur
origine à
du mot, p est toujours
p peut être ou radical
certainement
se prononçait
plutôt
comme t aspiré que comme d aspiré ; la prononciation
du p euphonique était probablement
plus douce, mais
ne s'éloignait pas beaucoup du p, parce que l'écriture
Le
p radical
emploie le même signe pour exprimer le p radical et
le p euphonique,
et qu'en général, les langues germaniques aiment, à la fin des mots, plutôt une consonne
forte aspirée qu'une moyenne aspirée. Sans doute, le p
radical était prononcé en gothique comme le th anglais
dur et le p euphonique .comme le th anglais doux. Il
était naturel qu'entre deux voyelles et devant un 5, p
prît comme le th anglais un son plus doux ou plus sif-
90
INTRODUCTION
fiant semblable
GÉNÉRALE.
aspiré : de là on écrivait en gothiq-uefaheds etfaheps, l'écriture n'ayant pas besoin d'exde d parce que cette aspiration réprimer l'aspiration
auzoud
sultait naturellement
Après avoir
tales gothiques,
de la prononciation
sifflante des.
reconnu l'origine et la nature des den-
passons à l'examen des dentales de
la langue Scandinave. C'est une remarque générale à
faire, que, dans les voyelles, l'islandais diffère bien
mais,
plus du gothique que le vieux haut allemand;
dans les consonnes,
il ressemble plus au gothiqtie que
le vieux haut allemand.
On peut dire que si nous
avions, en langue Scandinave, des monuments écrits
aussi anciens que le sont ceux du vieux haut allemand,
la différence
moins
entre le Scandinave et le gothique serait
sensible qu'elle ne l'est effectivement
pour la
même époque entre le gothique et le vieux haut allemand. Comme les consonnes islandaises ressemblent
tant aux consonnes gothiques, nous pouvons aussi admettre que les dentales de l'islandais ne différaient
pas beaucoup des dentales de la langue gothique.
Nous avons trouvé en gothique trois dentales qui,
dans l'écriture,
sont exprimées chacune par un caractère particulier.
Dans l'alphabet runique nous voyons
seulement
deux caractères,
le caractère gothique p et le
caractère "Î". Il n'y a pas à en douter, le premier exprime
une dentale aspirée, le second un t dur. Mais, chose
dans les plus anciennes inscriptions
ruremarquable!
niques, on ne trouve pas de caractère pour d, mais à
CHAPITRE
IV.
91
la place de cette dentale moyenne se trouve le plus
souvent p, plus rarement t. On doit donc supposer,
ou que le d Scandinave s'est perdu, ou qu'il s'est confondu avec pou t.Il nous paraît plus vraisemblable que
comme
la langue Scandinave n'avait originairement,
la langue umbrique \ que deux dentales, l'une asde dispirée et l'autre dure, et qu'elle ne faisait pas
tinction entre la dentale dure et la dentale moyenne.
Nous avons déjà vu qu'en gothique on ne faisait pas
de distinction
non plus entre l'aspirée moyenne et
l'aspirée dure. Plus tard la langue Scandinave paraît
deux espèces de dentales aspirées, à savoir : une aspirée dure et une aspirée moyenne ; mais
on continua toujours à désigner l'une et l'autre espèce
avoir formé
par le même caractère p, comme on se sert encore
en anglais, de la même lettre th pour exaujourd'hui,
La
primer deux espèces d'aspirations très-différentes.
dentale aspirée moyenne qui venait de se former, et
dont la prononciation
se rapprochait
du d aspiré,
perdit peu à peu son aspiration au commencement
des mots et après les liquides l, m, n, et elle se changea
ainsi en dentale moyenne pure d; il y eut donc, dès
lors, dans la langue Scandinave, outre la dentale dure
"T*. une dentale aspirée dure, une aspirée moyenne
et une dentale
mais ces trois dernières
moyenne;
furent toujours exprimées par le même signe p. Plus
tard,
1
lorsqu'on
VoyezGrolefend,
introduisit
RudimentaUnguoe
l'écriture
latine,
umbricoe, Hanovre,
on coni835-i837.
92
INTRODUCTION
GENERALE.
serva le caractère
p pour désigner les deux dentales
aspirées; mais la dentale moyenne fut exprimée parla
lettre d comme "T* fut remplacé par t. Quelque temps
du xmc siècle \ on choisit
après, au commencement
la lettre anglo-saxonne 'S pour la substituer à p, dans
tous les cas où cette dernière lettre- se prononçait
comme une aspirée moyenne. C'est ainsi que s'est établi l'usage qu'on fait actuellement
en islandais des
lettres p, t, 'S et d. D'après ce que nous venons, de
la moins
dire, la consonne d devait être naturellement
fréquente dans la langue, et depuis elle est devenue
d'autant
landais
plus rare, que l'usage s'est répandu, dans l'isde rendre douces et sifflantes les
moderne,
dentales précédées de voyelles et placées à la fin d'une
syllabe ou d'un mot, et de changer ainsi t et d en S.
1 Cf.
Svensh
Stockholm,
spraldâra
utgifven
af svenska Ahademien,
um lâtînu-stafrofit,
du traité grammatical
coni836, p. xi. — L'auteur
naît la lettre dh, voy. p. 2 0,5; il parait l'avoir
directement
empruntée
de l'alphabet
edh, ce qui est précisément
anglo-saxon
puisqu'il
l'appelle
le nom qu'elle
dh parmi les
jamais
z etx.
porte
dans ce dernier
alphabet.
Notre
c'est-à-dire
les
parmi
undirstafir,
d'une syllabe,
placées au commencement
range
grammairien
consonnes qui ne sont
comme
par exemple
ër heita
theirstajir
Il dit, p. 2 0,3 : dans le cinquième
cercle sont,
ma theim vidh engan staf Itoma nëma their se eptir
dh, z,x;
undirstafir
î hverri samstôfan. Fiûrdhi
hliôdhstaf
slajr ër Z, [ c'est ainsi que je
corrige c qui se trouve dans le texte; cette figure qui ressemble à z, est
une abréviation
usitée dans les manuscrits
ok, et répour exprimer
à notre&)
that er rêtthans
hliôdh, at hann se
pond,
par conséquent,
î enda samstôfa sem adhrir undirstafir.
Les consonnes
qui ne sont jamais placées à la fin d'une syllabe,
ce sont :
s'appellent
hôfudhstafir,
th, v, h, q. Voyez p. 290.
CHAPITRE
93
IV.
des changements
vés les dentales islandaises
Par suite
et dans l'écriture,
fréquents qu'ont éprouet dans la prononciation
il est difficile de déterminer
tou-
jours exactement l'emploi qu'on devra faire des lettres
p, <i>et d. Ce n'est que par une étude critique de tous
les monuments écrits et parla comparaison des différents idiomes germaniques, qu'on parviendra à éclaircir encore quelques questions importantes
que l'état
actuel de la science ne permet pas encore de résoudre.
Z. Le Z islandais n'est pas une consonne
parce qu'elle n'est pas une consonne simple;
radicale,
c'est un
son composé, et le signe graphique z est une abréviation pour représenter deux consonnes réunies en une
seule. Le z islandais diffère donc essentiellement
du z
vieux haut allemand
qui est radical, parce qu'il représente la consonne simple t devenue aspirée ou plutôt
sifflante. Le z islandais remplace tantôt ds comme dans
islenzkr, tantôt ts comme dans veizla, tantôt os comme
dans hliôz, gerzkr, tantôt ss comme dans miza, tantôt
st comme dans riufaz. Singulier caractère
que ce z qui
exprime des combinaisons de consonnes si différentes!
Est-il probable que z ait servi à exprimer indistinctement des combinaisons opposées ts et st? nous ne'le
pensons pas. On pourrait objecter qu'en grec, £ (Sa)
s'est aussi changé quelquefois en aS, et qu'en espagnol a; (ks) équivaut à ch (sic, sh). Cependant, il nous
semble que lorsque z fut mis pour st, ce st s'était déjà
en ss ou sz, et qu'on
changé dans la prononciation
94
INTRODUCTION
GENERALE.
des deux consonnes s et t
exprimait cette assimilation
par la lettre z 1. S'il en est ainsi, il faut nécessairement
deux périodes dans la langue: la première
distinguer
où l'on prononçait
si, et la seconde où l'on prononçait
ss ; et l'on doit écrire, par conséquent, dans le premier
cas, beriast, riufast, et dans le second, beriass, riufass, etc.
En tout cas, comme chaque lettre ne doit représenter qu'un seul son et n'exprimer
qu'une seule consonne simple, nous proposons
qu'on rejette le z de
l'alphabet islandais, dans lequel du reste il ne se trouet de le remplacer chaque fois
vait pas primitivement,
par les consonnes respectives ds, ts, 'Ss et ss.
S X.
DES
CONSONNES
GUTTURALES
K,
6,
II,
J,
X.
comme
La gutturale Scandinave forte se prononçait
le q français ; c'est donc la lettre k qui l'aurait exprimée
comme dans le
le plus convenablement.
Cependant,
on avait adopté l'alphabet latin où C remplaçait
des
K, C fut employé de préférence dans l'orthographe
livres anglo-saxons. Les Islandais aussi, à l'exemple des
C pour désigner la guttuemployaient
Anglo-saxons,
nous préférons la lettre K,
rale forte 2. Néanmoins,
Nord,
1 En suédois
on mettait
tout
simplement
un s. Voyez Svensk
sprâ-
klàra, p. XH.
2 Nous avons
vu, page 45, que Fauteur du traité um lâtîmi-stajrofit,
écrit cette
une consonne
double,
toutes les fois qu'il veut exprimer
de la même grandeur que
mais en majuscule
consonne en majuscule,
les minuscules.
Comme
grand
C ne diffère
point
pour
la forme
de
CHAPITRE
95
IV,
parce que C se prononce diversement devant les différentes voyelles et dans les différentes langues; et que
la lettre K exprime bien mieux, dans tous lès cas et
en toute langue,
turale dure.
la véritable
prononciation
de la gut-
La gutturale moyenne G se prononçait
ordinairement et primitivement
comme notre gue dans bague.
Cependant dans certains cas, g avait un son un peu
différent
par suite d'une
nous allons expliquer.
influence
euphonique
que
Les sons gutturaux Scandinaves, surtout le k, aiment
à être suivis quelquefois
d'un a euphonique
légèrement accentué. La voyelle u s'ajoute facilement
aux
de
gutturales parce qu'elle est elle-même gutturale
sa nature. Nous voyons en latin K ou C suivi, dans
un grand nombre de cas, de la voyelle u; cette manière de prononcer
était exprimée par qu dans "qui,
qiram,- loquor, etc. Comme ce phénomène tient à la
nature des sons gutturaux,
il doit se montrer
nécessairement encore dans d'autres langues. Nous le remardans les idiomes indoquons en effet, non-seulement
germaniques, mais aussi dans les idiomes sémitiques.
Il est vrai que ce phénomène
est plus rare dans les langues sémitiques, parce qu'en général ces idiomes n'aimentpas les voyelles purement euphoniques. De plus,
petit c, notre grammairien
exprimer ce, il se servit,
été suivi
ne pouvait pas se servir de la majuscule
pour
dans ce cas, de la lettre K. Ce système a aussi
dans les manuscrits
de l'Edda.
96
par
INTRODUCTION
leur
tendance
GENERALE.
à affaiblir
les gutturales
et à les
les langues sémitiaspiration,
changer en une simple
ques font suivre les gutturales bien moins d'un u que
de la voyelle a, qui de sa nature a plus d'affinité
avec l'aspiration
on trouve dans
que l'a. Néanmoins,
l'éthiopien les gutturales #* (Ku) ^ (Hu) ffr(G1)T'
(Gu)
qui font entendre après elles le son u légèrement accentué. Cet u se fait entendre devant toutes les voyelles
de l'éthiopien,
excepté devant l'a et l'o où naturellement on ne l'entend pas, cette voyelle euphonique
se
confondant alors dans la prononciation
avec la voyelle
radicale.
Cet a étant purement
ne forme
euphonique
avec la voyelle radicale,
comme
pas une diphthongue
le croyait
il. est, au contraire,
intimement
Ludolf;
lié
avec la gutturale
dont il ne peut se séparer, pas
même quand cette gutturale
n'est pas suivie d'une
c'est-à-dire
ou
quand il y a scheva hébreu,
voyelle,
soukoun arabe, ou virâma sanscrit. Il est évident que cet
u ne mérite
pas le nom de voyelle, parce qu'il n'a pas
une existence indépendante
de la gutturale,
ni une signification
grammaticale
propre, pas plus que u dans
les mots français bagu-e, ligu-e, guérir, etc.; il sert seulement à indiquer une certaine manière de prononcer
la gutturale.
La propriété
des gutturales d'engendrer et de faire
entendre après elles un u, nous explique comment,
dans certaines langues,
des consonnes labiales ont
pu
remplacer
d'anciennes
consonnes
gutturales.
Le
CHAPITRE
IV.
97
changement des gutturales en labiales, est physiquement impossible; car comment passer des sons formés
dans la gorge aux sons prononcés du bout des lèvres ?
Ce n'est donc nullement
par une permutation naturelle
des consonnes, mais seulement par un moyen mécanique que les labiales ont pu prendre la place des gutturales. Ce moyen mécanique, le voici : l'a euphonique
s'en sépare et se
produit par la consonne gutturale,
change en v qui, comme labiale, peut se transformer
en toute autre labiale et faire tomber
peu à peu le son
guttural dont il est précédé ; exemple : sansc. fïï^
goth. qvivs, lat. vivo, vic-si, grec /3eofta:, /3/os,- sansc.
lat. vermis (pour qvermis,
hvermisj ; goth.
qvainôn, vieux haut allemand weinôn, etc. Un changement inverse s'est opéré dans les langues romanes et
1
cymriques qui ont transformé v en gu; exemple : vieux
^ïÎHt,
français guerair, vieux allemand verpa; vieux français
ital. guardia, (fr. garde),
gaillaume, normand \illiahmr;
vieux auemandjwarfCTi;
Une autre modification
fr. gazon, v. h. a. wdso, sansc.
tout à fait analogue à celle
1
De l'affinité des langues celtiques avec le
Voyez M. Pictet,
page 58.
5 J'ai
appris depuis que ïev zend a aussi été changé en
dans les transcriptions
des Parses. « Nériosengh
reproduisant
«tères dévanâgaris les mots zends vôhn-manô, hâvani, çâvangh,
«de la manière
suivante
: ghvahmana,
notice intéressante
de M. Eug. Burnouf
1'
von
D
Richard
Abhandlangen
Lepsius,
sanscrit,
gva, gua
en caracles écrit
hâguana, çâguamgha.» Voyez la
dans : Zwei sprachvergleichendc
p. îoo,
101.
7
dont
GÉNÉRALE,
INTRODUCTION
98
nous
venons
de parler,
se fait
sentir
dans la
Cette modification,
la
des gutturales.
prononciation
et
voici: dans certains cas, la gutturale se mouille,
alors elle fait entendre après elle, non pas un u, mais
un i légèrement accentué. Cet z se détache quelqueet en
fois de la consonne gutturale qui l'a produit,
se
:
l'accroissement
il
de
change
enj;
exemple
prenant
goth. gards, rom. giardin,
ment inverse, j redevient
fr. jardin.
Par un
changeet se fait alors pré-
voyelle
douce g; exemple
: lat. yigum,
]oh, anglo-s. gëoc; lat. juvenis,
vieux haut allemand ]ung, anglo-s. gèong; vieux haut
allemand jàr, a.-s. gëar; isl. jiiZi, a.-s. gëàla, etc.
céder de la gutturale
vieux haut allemand
Par ce qui vient d'être dit en dernier lieu de la proon s'expliquera
priété des gutturales de se mouiller,
du K et du G islandais.
la prononciation
facilement
les voyelles a, u, o, ô,
Je prononcent
en français.; mais, devant traites les autres
K et G devant
comme
voyelles,
entendre
K et G se mouillent,
c'est-adire
qu'ils font
accentué. Ainsi,
après eux un i légèrement
këm se prononce qui-èm, geit se pronorfce
gui-éit,
gemmouil-
lir se prononce gui-emlir. Cette prononciation
lée des gutturales,
ne remonte certainement
pas aux
premières époques de la langue. Elle n'a commencé
des voyelles
probablement
que lorsque la permutation
eut depuis longtemps produit les voyelles dérivées e,
ë, ê,'o, y, qui sont des voyelles rapprochées de l'i et devant lesquelles les gutturales aiment précisément à se
CHAPITRE
IV.
.
99
Quoi quil en soit, comme la prononciation
mouillée ne diffère que très-peu de la prononciation
nous jugeons inutile de l'exprimer
dans
ordinaire,
l'écriture par un signe particulier.
mouiller.
Nous avons déjà eu occasion de dire, page 88, que
dans les langues germaniques les consonnes moyennes
ou douces se changent quelquefois à la fin des mots
en consonnes dures ou en consonnes aspirées. Le
même changement se fait aussi en islandais. La consonne moyenne g placée à la fin de la syllabe ou du
mot comme dans lôg, vëg, segia, etc. devient aspirée
et se prononce à peu près comme un ch allemand trèsc'est pourquoi
on écrivait autrefois lôgh, vëgh,
seghia 1, etc. Cependant, cette dernière orthographe
doux;
d'insérer dans l'écriture un h qui
ayant l'inconvénient
n'est pas radical, il vaut mieux écrire simplement g,
le soin d'aspirer ce
et abandonner à la prononciation
g dans tous les cas indiqués par les règles.
de la lettre g, emQ. On se servait ordinairement
pruntée à l'alphabet latin, pour désigner la gutturale
et l'on écrivait gven,
dure suivie de l'a euphonique,
gve'Sa, gvon, au lieu de kvën, kvëfca, kvon. Cependant on n'a adopté cette orthographe que parce que
la lettre g se prêtait à une abréviation ; au lieu d'écrire
gua ou gva, on écrivait simplement 17". Cette abréviation se trouve dans le Codex regins; le Fragmentant mem1
Voy. R. Rask, Kortfattet
i832, p. 5.
Vejlednincj
til det oldnordishe,
Kjôbenhavn,
7.
100
GENERALE.
INTRODUCTION
ku k gu, et l'un et l'autre manuscrit
toujours la lettre k dans les cas ordinaires.
braneum préfère
emploient
L'auteur du traité
TJm lâtinu-stafrqfit
n'admet
pas le g
dans' son alphabet islandais. Il n'est pas question non
plus de cette lettre dans le traité intitulé : Mâlfroeoinnar grundvôllr, parce que l'auteur y analyse princiqui ne contient pas de
à <jr.Comme g n'a
correspondant
particulier
dans l'écriture
été introduit
que dans un but purel'alphabet
palement
caractère
runique,
et comme il est tout à fait superflu
ment graphique,
dans l'alphabet islandais, nous concluons à ce qu'on
ce caractère et qu'on le remplace
rejette entièrement
par kv. Si l'on voulait conserver av, ce serait tout au
plus dans les mots dérivés du latin et des langues modernes, comme dans gvartil, qvaterni, et autres mots
semblables.
J. Cette consonne J, admise par Rask dans l'alphabet islandais, est une gutturale dont la pronciation
n'a
rien d'analogue en français. Dans toutes les langues,
cette consonne
est née d'un i suivi d'une autre voyelle,
comme v est né de u suivi de a ou i. C'est pourquoi,
dans les textes islandais,
on a remplacé parj la voyelle
i toutes les fois qu'elle était suivie d'une autre voyelle,
et l'on a écrit, par conséquent, jor, jarl, jorS, Ijarga,
segyi, au lieu de ior, iarl, iôro, biarga, miôlnir,
segia. Si l'on se tenait seulement à la prononciation
grossière des mots que nous venons de citer, on
mjolnir,
pourrait
encore
justifier
cette
orthographe
avec /.
CHAPITRE
IV.
101
En effet, ii suivi d'une voyelle pouvait facilement se
du peuple, enjf. Mais
changer, dans la prononciation
n'était certainement pas la bonne,
cette prononciation
elle ne doit pas aujourd'hui
et, par conséquent,
des textes. Supposé même
faire loi dans l'orthographe
ait été générale, ce n'est pas
que cette prononciation
encore une raison
qui nous autorise à défigurer les
formes grammaticales par des consonnes intruses qui
dans la racine,
et qui ne
n'ont aucune signification
sont insérées dans les mots
prononciation.
mière période
inconnu;
que par le caprice de la
Personne ne doute que dans la prede la langue, le j n'ait été entièrement
les dérivations
se faisaient,
comme en toute
langue, par la voyelle i, et non par la consonne j. On
disait segia, Ipegia, yrliïa, etc. et non seg]a, ]>eg]a,
yrk]a, etc. Lej n'existait pas, non plus, dans les mots
etc. parce que originaire-;
jor, jarl, jônS, bjarga,mjolnir,
ment la voyelle radicale i, qu'on veut transformer enj,
n'était pas suivie d'une autre voyelle; car les formes
de ces mots étaient ihvo-r (iat. egva-s, sansc.
açva-s), irl, irS, birga, Trahir. C'est seulement plus tard
a inséré une voyelle euphonique
que la prononciation
primitives
entre la voyelle radicale et la consonne dont elle était
suiviex : ce n'est donc aussi que depuis cette époque
que i a pu se changer en j. Mais ce qui prouve que,
même après cette époque, l'i radical primitif lie s'était
en j dans la bonne prononciation
des
rSaPcrîa.ngé
-'"
^—
.-;•..
J, Voyez-|i.
*\
55.
102
INTRODUCTION
GENERALE.
poètes , c'est que, comme l'a déjà fait remarquer
M. Grimm \ les mots qu'on voudrait écrire avec j riavec des mots commençant
maient, dans l'allitération,
par des voyelles;
que ceux-là commençaient également par une voyelle, c'est-à-dire par
i et non par j. Une autre circonstance mentionnée par
M. Grimm,
preuve
évidente
et qui prouve
également contre l'usage de
j, c'est qu'en anglo-saxon les mots qui correspondent
aux mots islandais qu'on voudrait écrire avecj, commencent par ëo, c'est-à-dire par une voyelle, ce qui fait
que les mots islandais correspondants commençaient
également par une voyelle.
islandais dont les traités font
Les deux grammairiens
supposer
naturellement
ne connaissent pas la lettre j.
partie de la Snorra-Edda,
un peu
Seulement le premier connaît la prononciation
différente
de i, quand cette voyelle est suivie d'une
autre voyelle. Il semble croire que dans ce cas i est une
espèce de mâlstafr, c'est-à-dire, d'après son système,
une consonne qui peut précéder ou suivre une voyelle;
et il
mais il n'a garde de ranger i parmi les mâlstafir,
ne sait pas ce qu'il doit penser de la lettre i dans biôr,
biôrg 2. Tout cela prouve qu'à cette époque on ne connaissait pas encore la consonne j, mais que cependant
on prononçait
i un peu différemment
s'il était suivi
d'une
autre
Les plus
1
voyelle,
que s'il n'en était pas suivi.
anciens manuscrits
de l'Edda n'emploient
Voyez Deutsche Grammatik,
3 Snorra-Edda,
p. 290, 292.
I, p. 32 2.
-*'
IV.
CHAPITRE
103
pas la lettre
Uggia, mibk,
tiôsull, hverian, iotun,
j; ils écrivent:
du xve
ialkr, etc. Dans les manuscrits
et de
et du xvie siècle, lesj
deviennent.fréquents,
nos jours la prononciation
j tous les i suivis d'autres
en Islande,
a changé en
Mais ni les ma-
voyelles.
ni la prononciation
nuscrits des siècles postérieurs,
moderne ne font autorité dans l'examen de la quesde dire, après
tion qui nous occupe. Il est inutile
et simplement
cela, que nous concluons purement
à ce qu'on rejette la consonne j de l'ancien alphabet
islandais.
7i était primitivement,
comme le h en
sanscrit et en beaucoup d'autres langues, une gutturale
H. La lettre
soit forte ou douce, qui en s'affaiblissant est devenue
mais une aspiration forte
peu à peu une aspirationi,
ou rude. H y a quelques mots en islandais dans lesquels
l'ancienne
forme
s'est conservée
à côté de la forme
etc.
ex. : kme ethnie, knîfrelhnîfr,gfodethfod,
L'aspiration forte de H n'a rien d'analogue en français ;
elle s'approche beaucoup de la prononciation
du ch
dérivée,
se fait difficilement
enComme l'aspiration
tendre devant n, la lettre h (g, k) s'est perdue très-souvent
quand elle était placée devant cette nasale. Exemples :
allemand.
nyt (pour hnyt), neip (pour gneip), neisti (pour gneisti),
nubbr (pour knubbr), etc. D'un autre côté, comme les
liquides r et l sont aspirées de leur nature, h se confond souvent avec elles dans la prononciation;
exem1 Cf.
Svensk spràklâra,
p. vi,
not.
2.
INTRODUCTION
104
GÉNÉRALE.
pies : vilialmr pour viJhialmr,
norSralfa, pour norSrde h ne présente
halfa, etc. L'emploi
orthographique
aucune difficulté.
X
Cette lettre
est une abréviation
de hs et de ks,
et se prononce*, comme en français, tantôt comme
gs, tantôt comme es. Bien que la lettre composée x
soit admise dans l'alphabet d'un très-grand nombre de
dans
préférable,
langues, il nous semble pourtant
de la remplacer
de l'analyse grammaticale,
l'intérêt
dans l'orthographe,
toujours,
par les deux consonnes
dont elle se compose, et d'écrire, par conséquent,
lahs
au lieu de lax,fahs aulieu de fax, oks (akus) au lieu de
est déjà en partie établie,
bx, etc. Cette orthographe
n'emploie jamais a?pour exprimer gs; ainsi
par exemple, on écrit toujours liugsa au lieu de liuxa.
puisqu'on
$ XI.
CONCLUSION
DU
CHAPITRE.
Nous avons distingué les différents sons de la langue
islandaise dans le but de les orthographier
aussi exactement
et aussi convenablement
que possible. Peutêtre dira-1-on
que les distinctions
que nous avons
sont trop nométablies, surtout entre les voyelles,
breuses
et trop subtiles. À cela nous répondrons
que toute distinction
qui est fondée en nature établit
et aucune vérité ne saurait paun fait ou une vérité,
au philosophe
ni superflue ni subtile. En constatant des vérités, on enrichit le domaine de la science,
raître
CHAPITRE
IV.
105
à l'explication
d'un phénomène phy« L'orthographe
dit
vulgaire,
sique ou intellectuel.
« M. Grimm \ ne distingue pas les nuances dans la
et l'on contribue
c'est au grammairien
de constater les
«prononciation;
«différences et de les marquer par des signes. En cela,
«il ne fera jamais trop, ni rien qui soit inutile. Quand
«même on abandonnerait
dans la suite les signes introtoujours gagné à ces distinc-
«duits, la science aurait
.«tions. » Il est vrai, si les distinctions
qu'on établirait
qu'à une langue
ne s'appliquaient
dans l'orthographe
serait très-bornée
spéciale, l'utilité de ces distinctions
à peine l'inconvénient
qui résulte
d'une orthographe rendue plus compliquée
par cela
même qu'on l'aurait rendue plus exacte. Mais des vues
plus générales nous ont guidé dans les observations
et contre-balancerait
que nous avons faites sur les lettres de la langue islandaise. Notre but a été de transcrire les textes islandais
d'après un système d'orthographe générale et uniforme
pour toutes les langues, en nous servant de l'écriture
latine dont nous voudrions faire une écriture universelle , parce qu elle réunit l'élégance à la simplicité, et
qu'elle est déjà en usage chez presque toutes les nations de l'Europe.
Cette orthographe
uniforme
est
possible, puisque la philologie moderne prouve que les
mêmes articulations de la voix se trouvent dans toutes
les langues, avec la seule différence
qu'elles sont, dans
les différents idiomes,
tantôt plus ou moins nom1
Voyez Dciiische
Grammatik,
t. I, p. a32, note.
106
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
breuses,
tantôt
plus ou moins complètes. De plus,
est ^philosophique,
cette orthographe
parce qu'étant
fondée en nature, elle est aussi fondée en raison, tandis
que l'orthographe
vulgaire des différentes langues se
contredit
sans cesse,.étant
basée en grande partie sur
et quelquefois sur le caprice de l'in-
l'usage arbitraire
dividu. Enfin,
cette
orthographe
uniforme
est en
même temps très-utile, parce qu'elle facilite de beauet comparative
des lan-.
coup l'étude grammaticale
gués, et qu'elle réunit tous les avantages que possèles systèmes établis sur une base
dent ordinairement
large et universelle. On voit, d'après cela, que les distinctions que nous avons faites n'ont rien d'exclusif, ni
non-seulede subtil; elles trouvent leur application,
ment dans l'islandais, mais dans toutes les langues; et
les caractères que nous avons choisis pour désigner les
sons, loin d'être d'un usage spécial pour l'idiome Scanau contraire tous à l'alphabet
dinave , appartiennent
qu'on transcrivît
général par lequel nous voudrions
les langues anciennes et modernes 1. Cependant, avant
dans la transd'orthographe
cription des textes islandais que nous publions, nous
au jugement
impartial
croyons devoir la soumettre
Si leur jugement
des grammairiens
philosophes.
de suivre notre méthode
1 La
d'un
question de la formation
au moment
d'un mémoire que publie,
M.
Paul
Ackermann
sous le
langues, ou de la formation
titre
général
alphabet
où nous mettons
d'Essai
sur l'analyse
fait
le sujet
sous presse,
physique des
et de l'usage d'un alphabet méthodique.
CHAPITRE
V.
107
pas à transnos textes d'après le système indicrire, à l'avenir,
attendant
nous
n'avons
de
craint
nous
En
pas
qué.
dans notre
égarer en suivant, presque entièrement
nous est favorable,
publication,
M. Grimm.
nous
n'hésiterons
adoptée
l'orthographe
V.
CHAPITRE
DE
LA
par Rask et par
VERSIFICATION
ISLANDAISE.
*
§ I.
DE
LA
QUANTITÉ
ET
DE
L'ACCENT.
Après avoir examiné, dans le chapitre précédent, la
nature des sons de la langue ou la prononciation
syllabique, il nous reste à parler de la prononciation
qui est» la base de toute
prosodique ou rhythmique
d'abord ce que
espèce de versification.
Expliquons
c'est que la prosodie, et parlons ensuite du rhythme.
Le mot prosodie, tiré du grec TtpoowSia.que les Latins
ont traduit
de
par accentus, signifie accompagnement
chant, parce que l'émission simple du son matériel,
ou ce que nous avons appelé la prononciation
syllabique,
est accompagnée,
dans le langage de tous les
108
INTRODUCTION
hommes,
d'une
GENERALE.
espèce de modulation
qu'on a comet qu'on pourrait nommer accent dans
parée au chant,
le sens le plus étendu
sagée "comme science,
de l'accent vocal.
de ce mot. La prosodie, enviest donc proprement la théorie
De même
que dans le chant musical
ver deux choses, la durée et l'élévation
même,
dans l'accent
durée et l'élévation
il faut obserdes tons, de
vocal, il faut distinguer entre la
des syllabes prononcées. La durée
des syllabes constitue ce qu'on appelle la quantité; l'élévation ou l'abaissement de la voix constitue l'accent
proprement dit. La prosodie définie d'une manière plus
ou la théorie de
explicite est donc la prononciation
la prononciation
des syllabes«selon l'accent et la quantité qui leur conviennent.
La quantité (leng'S) ou la mesure des syllabes longues
ou brèves [samstafa long eùr skômm) indique la durée
relative des sons de la langue. Une syllabe n'est longue
qu'en tant qu'une autre est brève; mais quelle que soit
la lenteur ou la vitesse avec laquelle on prononce les
mots, le rapport de quantité entre les syllabes doit
rester le même. Ce rapport de la syllabe longue à la
brève peut avoir un exposant différent dans les différentes langues. Ordinairement
on admet en islandais,
de même que dans la prosodie grecque, latine, alleetc. qu'une syllabe longue équivaut
mande, italienne,
à la durée de deux brèves ]. Dans certaines langues,
1 L'auteur
du
Mâlfroedinnar
Grundvôllr,
dit,
page
3o5 : «En
thô
.: CHAPITRE
exercée
une oreille
109
V.
et un calculateur
exact trouve-
raient que cet exposant n'est quelquefois que le chiffre
i plus une fraction. Il y a des syllabes qu'on nomme
douteuses, non qu'il soit douteux si la syllabe est longue
mais parce que dans certains cas et" pour
certaines raisons ces syllabes perdent quelque chose
ou ajoutent quelque chose à leur
de leur longueur
ou brève,
brièveté.
L'accent proprement dit (hliô'Ss-grein) consiste, comme
et l'abaissement de
nous l'avons dit, dans l'élévation
est marquée par l'accent aigu [hvôss
la voix. L'élévation
par un accent que, faute
nous appellerons accent
Entre l'accent aigu et l'accent
hlio&s-grein); l'abaissement,
de meilleure
dénomination,
soard(1j>ângMioSs-grein).
sourd se trouve ïaccent
grave qu'on
a aussi nommé
l'accent circonflexe [umbeygilig hlioos-grein). Il est moins
élevé que l'accent aigu, mais la voix s'y soutient encore,
tandis qu'elle baisse entièrement dans les syllabes qui
ont l'accent sourd.
dit reposent,
La quantité et l'accent proprement
dans
dans l'origine,
sur le même principe et tendent,
leur application,
au même but, c'est-à-dire à désigner,
les syllabes qui, pour une
par une marque distinctive,
semblent avoir une plus grande
cause quelconque,
importance
que les autres. Pour désigner ces syllala langue a deux
bes sur lesquelles il faut appuyer,
«setia nûvërandi
" nar stundar
î versa-giôrdh
edha tveggia. »
klérkar
allar
samstôfur
annathvart
ein-
110
INTRODUCTION
GENERALE.
moyens à sa disposition : d'abord la quantité qui marque ces syllabes par la durée ou la tenue de la voix, et
ensuite l'accent qui les distingue et les fait ressortir
d'un ton plus élevé. La langue s'est
en les prononçant
servie des deux moyens à la fois, sans cependant
vouloir que l'un et l'autre contribuassent
simultanément au même
but.
L'accent
et la quantité ne marl'un à côté de l'autre:
chent pas toujours parallèlement
de quantité ne coïncide pas nécessaiune longueur
rement au même endroit avec une élévation d'accent.
chaque partie du mot, prise séparément, peut
avoir une importance plus ou moins absolue ou relative
Comme
de sa signification
logique et grammaticale,
et par suite
ou de sa forme extérieure et matérielle,
de mille circonstances fortuites,
l'emploi de l'accent
en raison
et de la quantité a dû se diversifier à l'infini. La quantité et l'accent se sont partagé leurs nombreuses foncle même but par des
tions, et, tout en poursuivant
chemins
différents,
ils restent
entièrement
indépendants l'un de l'autre ; de même qu'en musique la durée
des tons sont complètement
et l'élévation
séparées
l'une
de l'autre,
mais
contribuent
même effet, qui est l'harmonie
néanmoins
ou l'agrément
au
musical.
§ II.
DU
chose d'analogue à l'harmonie musicale est
la
de
le
concours
accidentellement
par
presque
Quelque
produit
RHYTHME.
CHAPITRE
V.
111
quantité et de l'accent : c'est le rhyihme vocal qui résulte
du mélange et de la variété des syllabes longues et
brèves différemment
accentuées, et de l'ordre ou de
la règle que l'oreille
variété de sons.
découvre
dans ce mélange et cette
Le rhythme peut tenir plus de la quantité ou plus de
l'accent; s'il tient plus de la quantité, l'oreille s'aperçoit
davantage de la succession régulière et de la répétition
périodique des syllabes longues et brèves. Cette succession et cette répétition
ce qu'on approduisent
le rhythme
pelle la mesure, le nombre. Si, au contraire,
tient
plus de l'accent, l'oreille
remarque
principalement la succession régulière et la répétition
périodique des syllabes accentuées, et cette succession et
cette répétition
Le rhythme
ce qu'on appelle la cadence.
produisent
résultant de la succession et de la variété
régulière des syllabes ne peut pas se faire sentir dans
un simple mot quelque long qu'il soit; il lui faut au
moins une phrase d'une certaine étendue où il puisse
se déployer
convenablement.
C'est dans la période
oratoire que le rhythme peut se manifester librement,
et il atteint sa dernière perfection
dans les vers harmonieux de la poésie. L'arrangement
raisonné des
est un commencesyllabes pour produire le rhythme
ment de versification.
La prose rhythmique
s'approche
déjà de la poésie, et une phrase ou une période bien
cadencées forment
la transition
au vers et à la strophe
poétique.
naturelle
Le rhythme
pour arriver
appartient
INTRODUCTION
112
GENERALE.
donc également à la prose et à la poésie; il est précisément le degré par lequel on monte de l'une à l'autre.
Les deux manières d'exprimer nos pensées et nos senla prose et la poésie, ne sont pas tellement
différentes l'une de l'autre, qu'il n'y ait pas et dans le
fond et dans la forme de chacune d'elles de nomtiments,
breux points de contact. Il serait même quelquefois
de dire exactement
difficile
où finit le domaine de
l'une
et où commence
celui de l'autre, si la convenles limites et établi
tion n'avait pas fixé arbitrairement
entre la poésie et la prose une différence,
à la vérité
sur quelques
bien marquée, mais fondée uniquement
Ainsi, dans les temps modernes,
signes extérieurs.
on est convenu
de ranger parmi
les oeuvres revêtues d'un certain
les poésies toutes
extérieur
artificiel
et conventionnel,
quelque prosaïques qu'elles soient
des pensées et des sentiments. D'un
dans l'expression
autre coté on relègue parmi la prose tout ce qui
n'a pas cet extérieur conventionnel,
fût-ce même un
et pour le fond et pour l'exLe vers ou le rhythme
présenté sous une
chef-d'oeuvre
pression.
certaine forme
admirable
et réglée, constitue, de nos
de la poésie. Tout ce qui
jours, le caractère distinctif
appartient à cet ornement extérieur et artificiel de la
poésie fait l'objet de la versification ou de l'art de faire
des vers.
artificielle
CHAPITRE
V.
113
§ III.
LA
DE
VERSIFICATION
Il est intéressant
(VERS
d'observer
A-GIO
RDIl).
la différence
et la di-
versité des moyens employés par les poètes des différentes nations dans la composition des vers, et de voir
est restée
comment, chez tel peuple, la versification
à peu près dans son état primitif,
tandis que chez tel
autre, elle a atteint un haut degré de perfection.
Qu'il nous soit permis de jeter un coup d'oeil rapide
genres de versification dont on a fait
usage depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos
jours. Cet aperçu comparatif que nous allons donner
sur les différents
fera mieux
islandaise,
comprendre la nature de la versification
dont nous aurons à nous occuper plus
spécialement.
Le genre de versification
le plus simple est la versification cadencée, qui n'ajoute à la prose d'autre ornement extérieur qu'un rhythme plus harmonieux.Telle
est la versification
distingue
des Hébreux,
dont la poésie ne se
de la prose, quant à l'extérieur,
que par le
Le poète hébreu produit ce rhythme par
'rhythme.
deux moyens qui sont : l'accentuation et le parallélisme
des hémistiches. L'accentuation,
il est vrai, telle qu'elle
est marquée dans les livres hébreux, a été ajoutée au
'texte par les Massorètes ou grammairiens juifs, dans
les premiers siècles de notre ère; mais rien ne nous
empêche
d'admettre
qu'elle
reproduise
fidèlement
INTRODUCTION
114
GENERALE.
marquée par les poètes ou
les prophètes, quand ils chantaient leurs hymnes, ou
leurs visions
déclamaient
d'une
voix
solennelle
qu'ils
l'accentuation
primitive
Cette accentuation consistait dans
et leurs prédictions.
oratoire qu'on imitait au
une espèce de déclamation
temple et à la synagogue, en Usant devant le peuple
Comme le
les paroles de la Loi et des Prophètes.
faisait
aucune
distinction
entre
ne
déclamateur
prêtre
la poésie
d'histoire
et la prose des livres saints, les morceaux
étaient déclamés comme les psaumes ou
avec cette différence,
que dans la
prophéties,
ni cette accentuaprose où il. n'y avait généralement
d'idées et d'exprestion marquée, ni ce parallélisme
les
sions qui caractérisaient les vers, le rhythme était bien
moins cadencé, et la déclamation,
par conséquent,
plus factice que naturelle.
cet autre élément
Le parallélisme des hémistiches,
dans la poésie hébraïque,
du rhythme
supplée en
quelque sorte au manque de la quantité. Par le parallélisme , le verset hébreu est partagé en deux hémisà peu près égale, et ces héde nouveau, en parties plus ou
mistiches se divisent,
Ce qui donne surtout beaucoup
moins symétriques.
c'est qu'il n'est pas seuled'expression au parallélisme,
tiches
d'une
longueur
du verset, mais qu'il se
dans les pensées du poëte. Dans la poéles idées marchent et se succèdent deux
ment dans la forme
trouve
jusque
sie hébraïque,
à deux; la première
extérieure
est répétée,
développée,
agrandie
CHAPITRE
V.
115
par la seconde, ou bien la seconde exprime l'antithèse,
Le paralléla restriction ou l'inverse de la première.
lisme réunit, par conséquent, tout ce que les figures de
rhétorique, la répétition, la gradation et l'antithèse renferment de beau, de grand et d'oratoire ; comme elles,
il donne au langage plus d'énergie, de majesté et d'onction. A cause de ces qualités du parallélisme
rhythmique, il n'est pas étonnant qu'on le trouve souvent
employé dans les maximes, les sentences, les dictons
et les proverbes de presque toutes les nations. lien
est fait usage dans le Koran et même dans les livres
arabes en prose comme, par exemple, dans Hariri. La
poésie finnoise connaît aussi le parallélisme;
chaque
phrase ou pensée y est répétée en d'autres expressions, soit en entier, soit en partie.En anglo-saxon, les
poètes se sont aussi quelquefois emparés du parallélisme comme d'un moyen de versification ; mais il n'a
servi qu'à rendre leur style plus prosaïque et leur
pensée plus traînante.
Un autre genre de versification
est celui qu'on peut
désigner sous le nom de versification métrique, parce
qu'il est basé sur la mesure ou la quantité des syllabes.
Le rhythme d'un vers métrique est naturellement
plus
mieux sentir que le
réglé, et se fait, par conséquent,
rhythme d'un vers accentué ou cadencé. L'oreille s'aperçoit sans peine de la mesure, étant frappée successivement d'un nombre égal de syllabes, dont les
longues et les brèves se reproduisent
périodiquement
8.
116
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
et se succèdent dans le même ordre.
Ce genre de versification qui a pour base une métrique plus ou moins
est employé dans la poésie des
réglée et développée,
Hindous, des Grecs, des Latins, des Arabes, des Persans et de tous les peuples de l'Europe
Le troisième genre de versification
moderne.
qui diffère esdont nous venons de
des deux premiers
parler, peut être désigné sous le nom de versification phonique. Dans ce genre le poète ne considère ni l'accentuation, ni la quantité des sjjilabes, mais uniquement
sentiellement
la qualité ou la nature phonique des sons, et il produit
un effet agréable à l'oreille en choisissant et en arrangeant les mots de telle façon, que certains sons semblables qui se correspondent, viennent frapper l'oreille
dans un certain intervalle
au dans un ordre déterminé.
Les sons qui se correspondent
peuvent être plus ou
et leur ressemblance peut être plus
moins nombreux,
selon qu'elle s'étend
ou moins sensible et parfaite,
sur une lettre
seulement,
ou sur une
ou plusieurs
par la pronon-
syllabes. Si le même son est produit
ciation
d'une même lettre commençant
différents
mots dans les vers, il en résulte ce qu'on appelle allitération (liôb). Si les mêmes syllabes se produisent
mots
dans
[hending).
lièrement
les vers,
Enfin,
ou à la fin de plusieurs
elles forment une consonnance
au milieu
au commencement,
si cette consonnance
à la fin des vers
revient
ou de l'hémistiche,
forme ce que nous appelons rime.
réguelle
CHAPITRE
V.
117
les trois genres
on
de versification
que nous venons de distinguer,
trouve qu'on peut les réduire à deux, en comprenant
En examinant
plus
attentivement
sous le nom commun
de versification rhythmique, la versification cadencée et la versification métrique. Il nous
reste donc, en dernière
analyse, deux genres opposés
l'un à l'autre, le genre rhythmique et le genre phonique;
le premier fondé sur la quantité et l'accentuation
des
syllabes; le second, sur leur nature phonique. Comme
dans les syllabes, abstraction faite de la signification
logique qu'elles peuvent exprimer, il n'y a que l'accent,
la quantité et le son qui puissent servir comme moyens
il est évident quelles
de versification,
deux genres
indiqués résument toutes les manières possibles de
faire des vers. En effet, la versification
anciens et modernes
diffère
seulement,
des peuples
selon la pré-
férence qu'on a donnée à l'un ou l'autre genre, ou selon
le degré de perfection que le genre phonique
ou le
a atteint dans telle ou telle littéragenre rhythmique
ture. Les Hébreux,
nous l'avons vu, se sont contentés,
dans leur poésie, du rhythme provenant de l'accent et
du parallélisme.
Les Hindous, les Grecs et les Latins
ont remplacé le parallélisme par la quantité ou les
mètres. Les Arabes, les Persans, les Allemands,
les
Danois, les Suédois, les Russes ont ajouté la rime à
la quantité. Les
Espagnols, les Italiens, les Français,
les Anglais, les Polonais ont la rime ; mais ils se contentent
de compter
les syllabes
sans distinguer
les
118
INTRODUCTION
GENERALE.
longues des brèves. Les Chinois comptent les syllabes,
marquent les accents, et ont, outre la rime, encore la
consonnance.
les Anglo-saxons et les Scandiles accents sans compter le nombre
Enfin,
naves marquent
des syllabes, et emploient
non-seulement
la consonnance, mais encore l'allitération.
la rime
et
Cependant
employés par ces
tous les moyens de versification
différents peuples sont, nous le répétons, empruntés
soit au genre rhythmique,
soit au genre phonique,
puisqu'il n'y a que ces deux genres de versification
possibles.
§ IV.
DE
LA
VERSIFICATION
ISLANDAISE.
générales, nous allons
en quoi consiste la versification
expliquer brièvement
islandaise. La poésie islandaise possède quatre moyens
de versification
qui sont : l'accent, Yallitération, la conAprès
ces considérations
sonnahce et la rime. Ces moyens sont anciens; cependant il ne faut pas croire que tous aient existé ensemble
dès le commencement
de la poésie, et que les poètes
servis de tous les quatre à la fois.
se soient toujours
Les plus anciens poètes ne connaissaient ni la consonnance, ni la rime, et il n'y a que le genre de poésie
qui s'est formé en dernier lieu, la chanson [runhenda),
où les quatre moyens de versification
soient employés
tous ensemble. Ce n'est point ici l'endroit de décrire
toutes les espèces de versification
propres aux divers
CHAPITRE
V.
119
genres de poésie : nous traiterons seulement de la versification des trois poèmes Vôlaspâ, Vafihrûdnismâl
et
Lokasenna. Le premier de ces poèmes appartient
au
genre épique, comme nous l'avons dit à la page 2 1 :
les deux autres rentrent
dans le genre que, faute de
meilleure dénomination,
nous avons appelé le genre
Or la même liaison, la même analogie,
dramatique.
les mêmes rapports que nous avons observés 1 entre
la poésie épique et la poésie dramatique,
nous les
trouvons
seulement
aussi,
sous
des formes
toutes
entre la versification
différentes,
du premier poème et
des deux autres. Ce sont deux espèces
la versification
appartenant au même genre, et ce genre, on peut le
nommer la versification épique. Ce genre
s'appelle en islandais fornyroalag
ou fornyroislag
[air ancien) 2, nom
était
qui indique clairement
que cette versification
celle des poèmes
les plus anciens, c'est-à-dire des
poèmes épiques, et qu'elle n'était plus guère en usage
dans les poésies des temps postérieurs.
En effet, les
Skaldes s'éloignant toujours
davantage de la simplicité de l'ancienne
poésie,
une versifica-
imaginèrent
1
Voyez chap. u, S à2
J'ai traduit
lag par air, parce qu'en français il n'y a pas d'autre mot
au mot islandais. Lag signifie
qui réponde plus exactement
disposition,
t air, c'est-à-dire une suite de notes qui composent un chant. Toutes les
étaient chantées sur un certain air; mais cet air vaanciennespoésies
riait
naturellement
C'est
espèces de versification.
pourquoi le mot lag servait aussi à désigner ce que nous appelons la versification.
".
,1
r,
(~>
C
selon les différentes
.
„
/'
f
,
.;''
/,-"t
t>
.:».
-
".''
'.'
''
-
120
tion
INTRODUCTION
de plus
GENERALE.
en plus artificielle,
et donnèrent,
par
au vers dont ils ne se servaient plus, le
conséquent,
nom d'air ancien ou air des anciens chants.
Le fornyrSalag
est de deux
espèces qui sont : le
appelé aussi liuflingslag
dit,
proprement
fornyroalag
(l'air du bon génie), et le liboahâttr (la versification
des chants). La première espèce est la plus ancienne,
et elle porte, pour cette raison, le même nom que le
genre lui-même. La seconde espèce est dérivée de la
Fornyrpremière dont elle n'est qu'une modification.
oalag est la versification du poème Vôluspâ ; liôhahattr
est celle de VafprùSnismâl
et de Lokasenna. Nous allons expliquer l'une et l'autre espèce, en commençant
par le fornyrSalag.
S V.
DU
FORNYRDALAG.
Les deux moyens de versification employés dans le
sont ^accentuation et l'allitération.
Par
fornyroalag,
la première,
le fornyrSalag
appartient à la versification cadencée ; par la seconde, il fait partie de la versification phonique 1.
De la Thèse
et de l'Arse.
Dans le fornyroalag,
les syllabes ne sont pas comptées. Le rhythme ne repose donc, dans cette versification , ni sur la quantité
1
Voyez p. 113,
11 5.
numérique,
ni sur la quantité
CHAPITRE
V.
121
des syllabes ; mais l'accentuation
seule
prosodique
mesure en apcadence
et
une
de
la
espèce
produit
en glissant légèrement
puyant sur certaines syllabes et
sur d'autres. Cette accentuation est l'origine et la base
de l'ancienne versification
des Scandinaves,
des Angloet comme
des Russes, etc.;
saxons, des Allemands,
elle tient à l'enfance de l'art, elle se trouve dans les
premiers essais poétiques de toutes les nations. Aussi
les pièces de vers
jjue
aujourd'hui
composées par des personnes qui ignorent les règles
sous le rapport
de la versification sont ordinairement,
voit-on
encore
et prosodique des syllabes,
de la quantité numérique
sans aucune règle, sans aucun rhythme ; mais déclamés
ou chantés par l'auteur, ces vers acquièrent une espèce
de cadence par l'accentuation
qu'il y met : car l'accentuation règle la foule désordonnée des syllabes en
étranglant les unes et en donnant du relief aux autres.
Or, si l'on considère que dans l'antiquité les vers ont
toujours été chantés, on conçoit comment la poésie a
pu se servir de l'accent comme de son principal moyen
de rhythme. Cependant, il ne faut pas croire que dans
la poésie basée sur l'accent,
la quantité des syllabes ne
au contraire,
soit nullement
prise en considération;
l'accent et la quantité s'y soutiennent réciproquement
et se font valoir
Il y a bien plus : dans
en islandais, en allemand,
l'un l'autre.
certaines langues, comme
en russe, etc. la quantité va jusqu'à s'identifier avec
l'accent, de sorte que les syllabes longues et brèves
122
INTRODUCTION
coïncident
généralement
et non accentuées.
GENERALE.
avec des syllabes
accentuées
renfermer
au moins
Le vers du fornyriSalag
quatre syllabes accentuées.
doit
Ces quatre élévations de
voix ou ces quatre arses (âpais), se trouvent toujours
placées dans quatre syllabes longues. Nous prenons pour
exemple la première
strophe de Vôluspâ; les syllabes
en caractères italiques sont des arses coïnimprimées
cidant avec des syllabes longues :
Hliâds bid-ëk allai
Meiri
hëlgai kindir,
ok minni môgu Afo'mthallar;
Vilda.-ëk uaZ-fôdur
i*ora-spiôH
' v Le nombre
fira.
vêl framfeZia
thau ëkfremst
des abaissements
oï-nam.
de voix
ou des thèses
n'est
fixé
dans
la
il
sevarie
versification,
pas
(B-éats)
lon le plus ou moins grand nombre de mots qui entrent dans le vers. Naturellement,
il faut au moins
trois
thèses placées entre les quatre arses pour marles élévations de voix. Mais ce
quer et faire ressortir
nombre de trois strictement
nécessaire est presque
Les thèses pouvant être en plus
il s'ensuit que les vers n'ont
grand nombre,
Cette différence de lonpas tous la même longueur.
si les arses,
au rhythme
gueur nuirait nécessairement
toujours
ou moins
dépassé.
revenant
toujours au nombre de quatre, ne mettaient
dans les vers une certaine mesure régulière
et uniforme.
Aussi ce sont les arses qui constituent
et saillantes
pente ou les parties principales
la chardu vers;
CHAPITRE
123
V.
les thèses n'en sont, pour ainsi dire, que le remplissage.
du poète se dirige prinPour cette raison, l'attention
les arses, et c'est à elles qu'il distribue
cipalement sur
comme la contous les ornements de la versification,
sonnance et l'allitération.
De l'Anacrouse
Les thèses n'étant,
[mâljylling).
comme nous venons de le dire,
on
devrait
s'attendre avoir le vers
remplissage,
qu'un
commencer seulement par des arses ; mais cela n'a
pas toujours lieu. Une ou plusieurs syllabes, qui ont
l'accent sourd, se placent assez souvent à la tête du
vers ou au commencement
de chaque hémistiche. Ces
syllabes, sans accent marqué, sont considérées comme
placées en dehors du vers, ou comme n'en faisant pas
partie intégrante;
les Islandais
les nomment
mâlfylling (remplissage de phrase), et elles répondent à ce
que les Grecs appelaient la base (/3aW) ou Yanacrouse
des pieds
(àvdxpovais). Si l'on compare le mouvement
ou des syllabes composant un vers, à une course que
fait la voix dans une carrière d'une longueur déterminée, l'anacrouse représente l'élan que prend la voix
avant d'entrer
dans cette carrière.
pour nous
pas, au commen-
La voix,
servir d'une autre image, ne voulant
cement du vers, s'élever tout à coup jusqu'à
monte peu à peu parles degrés de l'anacrouse.
cet élan ou cette montée
quelque
chose de naturel,
l'arse, y
Comme
successive
de la voix
est
et, de plus,
un moyen
de
124
INTRODUCTION
GENERALE.
du vers,
marquer davantage l'arse au commencement
l'anacrouse se trouve dans la métrique la plus cultivée
comme dans la versification
encore grossière. Il y a
seulement
cette différence,
que clans la versification
est réglée et se place uniformé-
grecque, l'anacrouse
ment devant chaque vers, tandis que dans la versification islandaise, elle est sans règle et, pour ainsi dire, facultative.
Il suit de la nature
même du mâlfylling,
que
ce remplissage ne doit pas renfermer des syllabes accentuées , ou des mots d'une grande importance
par leur
Bien, crue le nombre des syllabes du mâlsignification.
ne soit pas fixé, il est clair que ce serait une
fylling
faute de versification
que d'entasser trop de syllabes
du vers, parce que leur trop grand
sur
nombre empêcherait la voix de glisser légèrement
elles, et que parmi plusieurs mots, il s'en trouverait
au commencement
au moins
l'accent
un qui
oratoire.
aurait
ou l'accent
total
Quant au nombre
dans les vers du fornyrSalag,
des thèses et selon l'étendue
prosodique,
ou
des syllabes qui entrent
il varie selon le nombre
du mâlfylling.
Le vers se
de huit jusqu'à douze syllabes;
compose ordinairement
il est donc moins long que l'hexamètre
grec, et à plus
forte raison moins long que le çlôka ssanscrit 1. Malgré
son peu d'étendue, le vers se partage'îpar la césure en
1 II est très-intéressant
de comparer le vers épique Scandinave avec
le vers épique des Hindous
et le vers épique des Grecs. Pour mettre
nos lecteurs
à même de faire celle comparaison,
nous nous permet-
CHAPITRE
deux hémistiches
V.
125
; mais ces hémistiches
ment liés entre eux par le sens, l'accent
sont
intime-
et l'allitération.
trons de dire ici quelques mots sur le çlôka sanscrit et sur VKexametre.
Le caractère du vers épique hindou appelé çlôka, est un rhythme
grave
et c'est
et posé, plutôt languissant
que vif et sautillant,
peut-être
pour
que la traditiontriste
vers à un événement
et le nom même du
rapporte
l'origine
et déplorable.
Le çlôka se compose d'un
ou de deux vers dont chacun, pris séparément,
porte le nom
celte raison
distique,
Ces deux vers ont une mesure égale, et se(demi-çlôka).
l'un de l'autre s'ils n'étaient pas réunis par le sens
raient indépendants
et quelquefois même, comme il nous semble, par le rhythme,
puisqu'on
d'ardha-çlôka
vers est ralenti queltrop vif du premier
remarque que le mouvement
efface et compense souvent,
quefois dans le second, et que ce dernier
du premier.
Le çlôka embrasse
par sa vivacité, la trop grande pesanteur
le demi-çlôka
en contient seize.
par conséquent,
ou héest partagé par la césure en deux moitiés
Chaque demi-çlôka
carrée
mistiches; de sorte que le çlôka forme une espèce de période
dontles membres sont réunis par le sens, coupés en longueurs
égales, et
trente-deux
syllabes;
cadencées presque entièrement
d'après le même rhythme.
forme du çlôka n'est pas si roide, ni son allure tellement
Cependant la
uniforme
que
bien les mouvements
les plus
le vers ne puisse pas exprimer également
différents de la poésie ou de la narration
épique. Le çlôka comme le plus
ancien de tous les mètres sanscrits, est aussi le moins réglé et le plus
libre de tous. Les deux hémistiches
n'ont pas, l'un et l'autre,
exactement les mêmes
pieds,
cela se remarque
dans les vers épiques
des syllabes finales ou de la pause, les hémis-
comme
arabes, où, à l'exception
tiches se ressemblent
entièrement.
Chaque
chacun. Parmi
deux pieds de
quatre syllabes
derniers qui suivent une certaine
fait libre.
le çlôka,
faitement
règle;
hémistiche
se partage en
il n'y a que les
ces pieds,
les autres ont une allure
Le rhythme
général ou prédominant
«
est le rhythme
-, dont
iambique
qui se fait entendre
la cadence convient
tout
à
dans
par-
aux sujets grands, tels
que ceux de la poésie épique.
Le vers
épique des Grecs s'appelle hexamètre; il se compose , comme
le nom
de six mètres ou de six pieds qui forment
ensemble
l'indique,
treize
jusqu'à
dix-sept syllabes ou temps. Ainsi l'hexamètre
correspond
126
INTRODUCTION
GENERALE.
De l'Allitération.
Le second moyen de versification
employé dans le
est Yallitération.
Elle consiste en ce que
fornyrôalag
chaque vers renferme au moins deux mots commenle vers rençant par la même lettre. Ordinairement
ferme trois mots de cette espèce, dont deux se trouvent
dans le premier
et un dans le second;
hémistiche,
mais, en aucun cas, le vers ne doit renfermer
plus de
trois
lettres
et ces
par la même lettre,
se trouver
dans des syllabes
à la A^ersification
appartient
mots
commençant
doivent toujours
accentuées.
L'allitération
et, semblable à la rime, elle plaît par l'uniphonique,
formité des sons qui viennent frapper notre oreille. Les
lettres allitérantes ou rimantes,
s'appellent en islandais
UoSstajir (lettres du chant) ; celles du premier hémistiche se nomment,
stadlar (souplus particulièrement,
tiens, étais). À l'exemple des Suédois et des Danois, nous
aimons mieux les appeler lettres subordonnées. La lettre
à la moitié
pour la longueur
labes, comme le çlôka, eût
d'un
çlôka.
Un vers de trente-deux
sylété naturellement
trop long en grec. De
n'ont pas une longueur
démesurée
comme
que les mots grecs
verba du sanscrit,
les sesquipeialia
même
de même
l'hexamètre
renferme
un
du style épique,
sans
l'abondance
pour
dans des périodes
à perte d'haleine.
Malgré cette
pourtant
l'hexamètre
a l'allure
aussi majestueuse
et en
différence
de longueur,
même temps aussi libre que le çlôka. A l'exception
des deux derniers
tous les autres
pieds dont le mètre est à peu près fixe et invariable,
nombre
de pieds
s'étendre
suffisant
librement
ou par dactyles, ou par spondées,
pieds peuvent marcher
ou par trochées.
se prête donc à merveille
L'hexamètre
à la poésie
CHAPITRE
V.
127
rimante du second hémistiche
porte le nom de hôfuS1
ou
lettre
principale
), peut-être
stafr (lettre capitale
parce qu'elle donne le plus de peine au poëte, obligé
de chercher un troisième mot qui fasse allitération
avec les deux mots du premier hémistiche,
ou, ce qui
est plus vraisemblable,
parce qu'étant,
pour ainsi
cette lettre éveille prindire, l'écho de l'allitération,
cipalement notre attention sur les lettres qui riment
ensemble dans le vers. L'allitération
peut se faire par
des consonnes ou par des voyelles. Toutes les voyelles,
riment ensemble; on préfère même
sans distinction,
soit formée par des voyelles difféque l'allitération
rentes. La lettre v compte quelquefois pour une voyelle.
Si les lettres rimantes
sont des consonnes,
il faut
quelles soient exactement les mêmes pour qu'il y ait
allitération : ainsi les consonnes b, p, f, ou d, t, p, ou
cj, k, h, bien qu'elles soient 1iomorganiqu.es, n'allitèrent
pas ensemble. La consonne simple s ne rime pas suffisamment avec les consonnes composées sk, sp, st. Cependant gl, bl, etc. alHtèrent avec gr, br, parce que
le mouvement
de la narration,
est
épique ou narrative
qui, suivant
tantôt grave et posée, tantôt vive et légère. Le rhythme
et doprimitif
- " "
minant de l'hexamètre,
est le rhythme
dactylien
qui suivant l'influence des différents
de rhythmes
de la poésie, s'entremêle
mouvements
- ".
— et
spondaïques
trochaïques
1
du premier hémistiche
D'après Rask, les deux lettres rimantes
s'apet celle du second hémistiche
se nomme
pellent
Iwdstajir,
hôfudest un nom générique
stafr. Mais il nous semble que liôdstafr
propre
à toutes
les lettres
opposé à liôdstafr,
allitérantes
mais à studlar.
du
vers.
Le nom
hôfudstafr
n'est
pas
INTRODUCTION
128
GENERALE.
liquides l et r se confondent
aisément,
comme nous l'avons vu page 80; hr ou hl allitèrent
encore dans les anciennes poésies avec la consonne
les consonnes
simple h; mais depuis qu'en islandais h s'est changé en
une aspiration presque imperceptible,
M et hv riment
seulement avec / et v.
Quant à l'effet acoustique produit par l'allitération,
notre oreille ne peut plus en juger suffisamment. Nous
ne sentons l'allitération
que quand les lettres rimantes
en assez grand nombre et à de petits inter-
se montrent
valles comme
clans ce vers de Racine :
Pour qui sont ces serpents
qui sifflent
sur vos têtes ?
mais deux ou trois lettres allitérantes
six jusqu'à
dix mots, comme
dispersées parmi
dans le vers Scandinave,
dans notre poésie.
passeraient presque inaperçues
D'après cela, on serait tenté de croire que l'allitération
était faite, comme l'acrostiche et autres jeux de versipour l'oeil et non pour l'oreille. Cependant
plusieurs raisons s'opposent à ce qu'on admette cette
opinion. D'abord, la poésie ancienne était chantée et
non pas lue; les poèmes de l'Edda furent transmis
fication,
longtemps avant d'avoir été mis
est trop généralement
par écrit; ensuite, l'allitération
usitée dans la versification de tous les peuples gothiques
de bouche en bouche
et germaniques, pour qu'elle puisse être un simple jeu
non-seufrivole. En effet, nous trouvons l'allitération
lement dans la poésie Scandinave, mais encore dans les
CHAPITRE
V.
129
elle a passé
plus anciennes poésies anglo-saxonnes;
même dans quelques vers latins faits en Angleterre,
et
elle s'est conservée dans la versification
anglaise jusqu'au temps de Chaucer
fait également remarquer
littéraires de l'Allemagne
ïoraison
wessobrunnienne,
et Spencer. L'allitération
se
dans les anciens monuments
par exemple, dans
en vieux haut allemand;
comme,
dans le fragment de Hildebrand et Hadubrand, et dans
ïHarmonie des évangiles écrite en vieux saxon. L'allitération est peut-être un héritage que les peuples germaniques ont apporté de l'Asie ; car les poètes hindous,
comme Kalidâsa x, connaissaient
ce genre de versification, et la consonnance,
qui est une espèce d'allitération, se trouve déjà dans les plus anciennes poésies des
Chinois 2. Enfin, il faut se rappeler que l'allitération
a la même origine et le même but que la rime,
qui,
tout le monde en conviendra,
n'est pas faite pour l'oeil,
mais bien certainement
pour l'oreille.
comment
l'allitération
Pour comprendre
faire sentir suffisamment
a pu se
dans les vers, il faut consi-
dérer que les peuples qui en faisaient usage, y portaient
une attention
à laquelle nous ne sommes pas accoutumés. Ils recherchaient
cette uniformité
de son, ces
consonnances
et assonances avec autant de plaisir que
nous, nous cherchons la rime au bout de nos vers.
Ensuite,
1
2
comme
Voyez Asiatic
leurs
poésies
étaient
t. X, p. 4o2.
Grammaire chinoise,
chantées
Besearches,
Voyez Abel Rémusat,
p. 171.
ou
INTRODUCTION
130
déclamées,
quées
Enfin,
GENERALE.
les lettres rimantes
étaient bien plus mardans une simple lecture.
qu'elles ne le sont
il y avait deux règles de versification
servation
stricte
dont l'ob-
beaucoup à faire ressortir
et à attirer sur elle toute l'at-
contribua
davantage l'allitération,
tention de l'oreille -, la première de ces règles était de
ne placer les lettres rimantes que dans des mots marla seconde,
qués par l'accent oratoire et prosodique;
d'isoler la syllabe allitérante,
autant que possible,
en évitant de mettre dans son voisinage des syllabes
commençant
par la même lettre. Par
on arrivait nécessairement
à donces deux moyens,
non accentuées
ner plus de relief à l'allitération
allitérant
devait se prononcer
-,car d'un côté,
le son
distinctement,
parce
dans des mots sur lesquels la
que, loin de se perdre
au contraire,
voix eût légèrement glissé, il se trouvait,
favorablement
placé dans des syllabes sur lesquelles
l'accent appelait de préférence l'attention
de l'oreille.
autre côté, la syllabe rimante,
qu'elle était plus isolée dans le vers,
D'un
quée et ressortait
par cela même
était mieux mar-
avec plus de netteté.
S VI.
DU
RHYTHME
BU
F ORN Y RD AL AG.
Avant de passer à l'explication
du UoSaliâttr, qu'il
nous soit permis de dire encore quelques mots sur le
dit. Quand on lit
rhythme du fornyrSalag
proprement
CHAPITRE
V.
131
les vers de la Vôhispâ à haute voix et en les accentuant
on entend aisément la modulation
convenablement,
d'une certaine espèce de rhythme. Quel est le rhythme
qui se fait entendre dans le fornyrSalag? Il nous semble
dans le
que c'est le rhythme
trochaïque qui prédomine
vers; mais il ne se montre
pas tout pur, parce que la
Scandinave n'est pas basée sur la quantité
versification
prosodique. Si l'on pouvait appliquer à la versification
Scandinave les principes de la métrique grecque, nous
dirions que le vers du fornyrôalag
se compose originairement et essentiellement
de quatre trochées,
ou
de deuxditrochées.
Le thème rhythmique
général dont
les différents
variations,
vers nous présenteraient
les nombreuses
serait donc le suivant : _^_^i_^_^
S VIL
PU
L1ÔDAHÂTTB.
La seconde espèce de fornyrSalag ou de versification
épique s'appelle UoSahâttr. C'est d'après cette versification que sont composés nos deux poëmes
Vafprâonismâl
et Lokasenna. Le liôSahâttr
est dérivé du fornyribamodifié :
lag, ou pour mieux dire, c'est un fornyrôalag
ce que nous avons dit de celui-ci
aussi, en grande partie, à celui-là. La seule
par conséquent,
s'applique
différence
entre
espèces consiste en ce que
ne renferme pas, comme celle
vers tout à fait semblables les
les deux
la strophe du liôSahâttr
du fornyrSalag,
quatre
9-
INTRODUCTION
132
GENERALE.
, uns aux autres ; mais le second et le quatrième vers ne
sont, pour ainsi dire, que des hémistiches en comparaison du premier et du troisième. Le plus souvent, il n'y a
que deux lettres rimantes dans les vers du liôSahâttr;
et par la négligence des poètes, les lettres ahitérantes
ne sont pas toujours placées dans des syllabes accentuées.
il a quelquefois pris une extenQuant au mâlfylling,
surtout dans les vers deuxièmes et
sion démesurée,
ne permetleur
de
peu
longueur,
par
quatrièmes qui,
entièrement
sa
taient pas au poète de développer
pensée et le forçaient à entasser dans le mâlfylling les
mots nécessaires pour compléter le sens. En général,
sont bien plus souvent
les règles de la versification
que dans le fornyrôalag
négligées dans le liôôahâttr
est moins
le
dit.
Cela
premier
prouve
que
proprement
ancien que le second, et qu'il appartient à une époque
où l'ancienne versification
épique tombait
déjà en
décadence.
les vers ne sont pas tous de la même lonle rhythme du liôôahâttr
est, il est vrai, moins
Comme
gueur,
mais il
du fornyrôalag;
celui
et
moins
posé
que
grave
est aussi moins monotone,
parce que les petits vers y
avec les grands. Si l'on comalternent
agréablement
à
on
le
l'hexamètre,
peut comparer
fornyrSalag
pare
le liôSahâttr au mètre élégiaque ou au pentamètre.
Quelquefois les quatre vers qui composent la strophe
du liôôahâttr,
ne suffisent
pas au développement
que
CHAPITRE
V.
133
le poète voudrait donner à sa pensée. Dans ce cas, le
quatrième vers, qui est une espèce d'hémistiche pour
en comparaison du premier et du troila longueur,
sième, est remplacé par un grand vers encore suivi
d'un petit ( Vafprûonismâl,
v. 17/1-175). Quelquefois
la strophe se compose de six vers, dont le cinquième
est semblable aux vers premier et troisième,
et le
sixième aux vers deuxième
et quatrième (Fafp.v.
22/1vers est aussi parfois suivi d'un
2 25). Le
quatrième
autre petit vers qui lui est entièrement
semblable
(Fafp. v. 169-170; Lokasenna, vers 52-53, 219-220,
2 65-266); il est même suivi de deux petits vers dans
A part ces anomalies, qui du
Lokasenna, v. 93-g5.
reste se présentent aussi dans le fornyrôalag, la strophe
suit, par rapport à sa longueur et à sa composition,
les mêmes règles dans le liôôahâttr
dit.
fornyrôalag proprement
comme
dans le
S VIII.
DE
En islandais
LA
STROPHE.
la strophe
erendi,
(énoncé,
proposition), parce que chaque strophe doit renfermer
une pensée complète ou un tableau achevé. Elle s'appelle aussi visa (air, couplet), parce que quand les vers
sont chantés,
s'appelle
le même air recommence
après chaque,
strophe. Le visa se divise en deux moitiés appelées visa
La première moitié emhelmingar (hémistrophes).
brasse les deux premiers
vers,
et la seconde les deux
INTRODUCTION
154
GENERALE.
sont orautres. Les vers qui composent l'hémistrophe
liés ensemble par le sens : chacun d'eux
dinairement
de strophe). Le
porte le nom de vîsa-jioroungr (quart
nombre des strophes dans les poèmes dépend et du
aux
traité.
le
est
la
manière
dont
et
de
Quant
sujet
sujet
poèmes épiques, le caractère de ce genre de poésie exige
convenable.
Cepenque le poème ait une longueur
dant cette longueur ne dépasse jamais cent strophes ou
le
cents
vers,
poème présente
lorsque
excepté
quatre
un point de repos, ou qu'il se divise
en deux grandes sections. Rask fait observer que la
huit
embrasse
d'Homère
des
plus longue
rhapsodies
dans son milieu
que deux vers grecs répondent à un vers Scandinave. Nous ajoutons
que les
sanscrits
des
ou
épiques
poèmes
épisodes
rhapsodies
de quatre
au
delà
ordinairement
n'embrassent
pas
cents
vers;
de sorte
cents çlôkas ou huit cents demi-çlôkas. H y a, par con-.
la
lonentre
la
même
à
proportion
peu près
séquent,
et
islandaises,
des
hindoues,
grecques
rhapsodies
gueur
et du
la longueur du çlôka, de l'hexamètre
lachants
et
cette
des
épiques,
longueur
fornyrôalag;
quelle, proportion
gardée, est la même dans l'Inde,
qu'entre
paraît être la limite naturelle qu'un récit épique ne saurait dépasser sans fatiguer et le poète et l'auditeur.
la Grèce et la Scandinavie,
CHAPITRE
V.
135
S IX.
LA
DIVISION
DE
LA
STROPHE
ATTAQUÉE
PAR
EN
QUATRE
VERS,
RASK.
ici ce que nous avions à
Nous pourrions terminer
dire de la versification de nos trois poèmes, s'il ne nous
restait une question à discuter sur laquelle nous appelons toute l'attention
des savants. On aura remarqué,
en jetant un regard sur le texte et la traduction de nos
trois poèmes que la division des strophes en vers n'y
est pas la même que dans les éditions qu'on a faites des
poésies de l'Edda. Nous avons divisé en quatre vers les
en
strophes de la Vôluspa qu'on divise ordinairement
huit, et en suivant le même système dans VafprûSnismâl et Lokasenna ; nous avons également divisé en
forquatre vers les strophes qui sont ordinairement
mées de six. Quelles sont les raisons qui nous ont fait
abandonner la division vulgaire et comment justifier
cette innovation?
Avant tout, nous dirons que s'il y a
innovation, nous n'en sommes pas l'auteur, mais seulement le partisan; MM. Grimm ont fait cette innovation bien longtemps avant nous. Nous pourrions donc
nous retrancher derrière des noms aussi illustres ; mais
comme dans la science il n'y a d'autre autorité que
celle de la démonstration,
et qu'un nom, quelque
grand qu'il soit, ne vaut jamais des preuves, nous
n'oserions pas suivre l'exemple des frères Grimm,
si
nous ne nous y croyions pas autorisé par des raisons
136
GENERALE.
INTRODUCTION
de notre
Un des plus grands philologues
époque que la mort a trop tôt enlevé à la science, le
Danois Rask, s'est déclaré formellement
contre la masuffisantes.
nière de diviser les strophes, adoptée par MM. Grimm.
Nous ne savons pas si les deux frères croient devoir
leur opinion; nous ignorons
même quels ont été les motifs et les raisons qui les ont
portés à adopter le nouveau système. Nous nous trouet réduit à nos propres
vons donc sans auxiliaire,
maintenir
ou abandonner
moyens, pour défendre
les objections de Rask.
la nouvelle
division
contre
S X.
LES
L'illustre
OBJECTIONS
Danois
DE
RASK
a rassemblé
REFUTEES.'
dans sa Grammaire
tous
au chapitre de la versification,
contre la division de la strophe en
successivevers. Nous allons les reproduire
anglo-saxonne,
ses arguments
quatre
ment, les accompagner de nos observations, et ajouter à la fin les preuves qui nous semblent militer en
notre faveur. Les raisons qui ont porté Rask à s'opdeux
à
réunir
fois
au
consistant
chaque
poser
système
les
sont
en
former
un
en
une
seule
vers,
pour
lignes
suivantes :
I.
« La nouvelle
«dit-il,
«depuis
contraire
manière de diviser les strophes est,
à l'usage des nations Scandinaves,
la plus haute
antiquité
jusqu'à
nos jours.»
CHAPITRE
V.
157
nous allons présenter la quesde répondre,
tion sous son véritable point de vue. .11 ne s'agit pas
de savoir si l'on avait ou si l'on n'avait pas l'usage
Avant
d'écrire les vers en une ou deux lignes : cette question
purement graphique ne nous intéresse pas en ce moment. Ce dont il s'agit, c'est de savoir si chacune des
selon Rask, la
lignes dans lesquelles,
à elle
strophe doit être partagée, forme réellement,
seule, un vers complet. La première objection de Rask'
six ou huit
ne touche donc nullement
au fond
de la question. Il
l'usage d'écrire les
se peut que l'on ait eu quelquefois
vers en petites lignes, mais nous contestons
que cet
usage ait été général et surtout qu'il soit ancien. Anciennement on écrivait les vers de la même manière
que la prose, tout se suivait dans la ligne sans distinction, ni de vers, ni de strophe. C'est ainsi que sont
écrits les plus anciens manuscrits de l'Edda, le Codex
membraneum. Mais quand
regius et le Fragnientum
même on eût écrit le vers en deux lignes, faudrait-il en
conclure que chacune de ces deux lignes doit être considérée comme un vers complet,
uniquement
parce
qu'elle forme dans l'écriture une ligne à part? Tout le
monde
de
que le vers est indépendant
l'écriture, et que, par exemple, un hexamètre reste
un hexamètre, et ne forme
jamais plus d'un seul vers,
conviendra
qu'on l'écrive en une ou deux,
est-il vrai
gnes. Mais toujours
une faute que d'écrire
ou même en trois li-
de dire que ce serait
l'hexamètre en plusieurs lignes,
138
INTRODUCTION
GENERALE.
naturelleparce que la voix baissant et s'arrêtant
ment après chaque ligne changerait complètement
le
rhythme de ce vers. Si donc l'on a eu quelquefois l'usage
singulier de diviser le vers Scandinave en l'écrivant en
deux lignes, il ne faut pas en conclure
que nous ne
soyons pas en droit de réunir les hémistiches que le
mauvais goût des copistes,
a séparés dans l'écriture.
II.
ou leur système graphique
« C'est contraire
à l'usage plus ancien encore des
« Anglo-saxons qui, dans beaucoup de manuscrits,
ont
«eu soin de séparer les vers par des points.» Cette
dans la première , on peut y faire la même réponse : des points
mis à la fin d'une ligne, prouvent-ils
que cette ligne,
à elle seule, forme un vers ? Mais il y a plus : s'il était
deuxième
objection
rentrant
entièrement
vrai
la lonordinairement
que les points indiquent
gueur du vers, et que la véritable longueur du vers fût
celle qu'a indiquée Rask, il faudrait qu'il y eût un point
après chacun des vers de cette espèce. Or, dans les
deux plus anciens manuscrits de l'Edda, les points ne
se trouvent pas à l'endroit
où, selon le système de
Rask, le vers serait fini : ils ne se trouvent ordinairement qu'à la fin des hémistrophes;
donc de deux choses
l'une : ou les points n'indiquent
pas la fin du vers
dans les manuscrits de l'Edda, ou les vers ont une
tout autre longueur que- celle que Rask voudrait leur
donner.
Dans l'un
de Rask prouve
et l'autre
cas le second
contre lui-même.
argument
CHAPITRE
139
V.
les règles de l'ancienne
deux
«versification gothique qui veut/ que toujours
en tous cas et
l'allitération
«lignes soient jointes par
« en toute espèce de vers, excepté quand deux lignes
«ainsi liées ensemble sont suivies d'une autre ligne
III.
«C'est contre
toutes
« à part. Il y a plus : c'est contraire à la dénomination
« donnée aux lettres rimantes, dont les deux premières
«placées dans la première ligne sont nommées studlar,
«et celle placée dans la seconde est nommée lettre
acapitale, parce qu'étant toujours
placée à la tête du
être
«vers, elle a une place fixe et peut facilement
de lettre capitale serait
«trouvée. La dénomination
« absurde si la lettre pouvait être placée au milieu ou à
° Il
1
»
:
«la fin de la ligne.
Nous répondons
n'y a aucune
règle qui nous dise que les lettres allitérantes doivent
se trouver réparties dans deux lignes au lieu d'une ;
au contraire,
des vers avec allitération
très-anciens
prouvent que les lettres rimantes se trouvaient placées
dans un seul et même vers : ainsi, par exemple, dans
les épitres de Boniface, on lit les vers suivants :
mine nigerrima
IVïtharde
Imi
cosmi
Temne
contagia
fauste tartarea
Haec contra
Aune supplicia,
etc. etc.
2° Le cas que Rask voudrait faire passer pour un cas
exceptionnel à sa prétendue règle de versification n'est
pas une exception : c'est au contraire l'état normal,
comme le prouvent les vers que nous venons de citer.
140
INTRODUCTION
GENERALE.
3° Si la règle que Rask établit si gratuitement
existout au plus à l'écriture,
tait, elle s'appliquerait
et
ne prouverait
!
pas encore que deux lignes d'écriture
forment
nécessairement
deux
4° La principale
deux lignes renfer-
vers.
i
raison qui nous porte à considérer
;
mant des lettres rimantes,
comme formant un seul |
et même vers, c'est précisément
parce que ces deux
lignes sont, pour nous servir de l'expression même
de Rask, liées ensemble par l'allitération. Pourquoi donc
diviser
ce qui est naturellement
lié et uni ensemble ? j
l'allitération
serait-elle une cause de sépa- j
Pourquoi
ration? N'est-elle pas plutôt
le meilleur
moyen de ;
reconnaître
les parties qui composent un vers? n'estelle pas le meilleur
lien qui les tienne réunies ? Les !
lettres allitérantes sont l'une l'écho de l'autre : ainsi, :
il y â rapport,
corrélation entre elles : par conséquent
on ne saurait
truire
même.
les séparer l'une de l'autre
sans déce rapport,
ellesans détruire
l'allitération
5° La dénomination
de hôfuostafr
( lettre capitale) ne doit pas être prise dans le sens de lettre qui
se trouve à la tête, ou au commencement
de la ligne;
car la première
tput aussi bien
des lettres
appelées studlar se trouve
au commencement
de la ligne, et ne
porte point le nom de hôfuSstafr. De plus, il n'est pas
même vrai que le hôfuostafr
se trouve toujours à la
tête de la ligne ; il est souvent précédé des mots qui
selon nous, veut
HôfuSstafr,
composent le mâlfylling.
dire lettre principale,
parce qu'on la considère
comme
CHAPITRE
V.
141
, la principale parmi les lettres allitérantes. Ce nom ne
saurait donc nullement prouver que les liôSstafir doivent être nécessairement répétés dans deux lignes et
non pas dans une seule.
IV. « Si l'on réunissait deux lignes en une seule dans
«les petits vers, il faudrait faire la même chose pour
«des vers plus longs. » Cette conséquence étant rigouet nous ne
reuse, nous l'admettons
entièrement,
craignons pas qu'il résulte de notre système des vers
d'une longueur démesurée. En effet, le vers le plus
de la
long que Rask puisse citer, et qui résulterait
réunion de deux lignes en une seule , a seize syllabes;
ce qui, ce nous semble, n'est pas une longueur excessive. Cependant, nous dirons qu'il y a un cas auquel
la conséquence que Rask a tirée de notre principe ne
serait pas applicable. Si un poète étendait l'allitération
sur plusieurs vers uniquement
pour vaincre de plus
alors il serait absurde de vouloir
grandes difficultés,
réunir plusieurs vers en un seul vers. Mais, si le poète
a voulu mettre l'allitération
dans un vers long, de quel
droit allons-nous
ce vers en deux, sous prétexte qu'il nous paraît trop long ?
V. « C'est contraire au caractère de l'ancienne ver« sification Scandinave,
pas la césure
qui n'admet
«qu'on trouve dans les hexamètres et les pentamètres
«grecs et latins, et ainsi ne connaît
pas de vers plus
«longs que ne l'est un vers grec ou latin de quatre
«pieds. Ensuite,
couper
il est naturel
de placer le mâlfylling
INTRODUCTION
142
« au commencement
GÉNÉRALE.
du vers ; mais c'est absurde de
« vouloir
au milieu du vers sans
placer le mâlfylling
« le compter dans le mètre. » Nous répondrons,
il est
vrai que la versification
Scandinave, ne reposant pas
sur la même base que la versification grecque, ne connaît pas la césure de l'hexamètre et du pentamètre.
Mais
faut-il
en conclure
qu'un
vers
Scandinave ne
puisse jamais dépasser la longueur d'un vers grec de
cependant cette conclusion
quatre pieds? Admettons
bien qu'elle ne soit nullement rigoureuse ; admettons
que les quatre pieds que Rask nous accorde
soient du plus petit nombre de syllabes possible, c'està-dire que chacun se compose de deux temps : nous
même
aurons donc au moins huit syllabes pour la plus grande
longueur du vers Scandinave. Mais huit syllabes, c'est
tout juste la base que nous avons donnée au vers
épique; nous disons la base, parce que, comme on
sait, les syllabes ne sont pas comptées dans les vers
admettre que le
islandais. Or on doit raisonnablement
vers épique est le plus long de tous les vers, parce que
la poésie épique est la plus grave et celle qui admet le
plus d'abondance de style. Nous sommes donc en droit
que le vers épique Scandinave se composait
d'au moins huit syllabes, et non pas de quatre seulement, comme Rask le prétend. Quant au mâlfylling, il
de conclure
est vrai de dire que sa véritable place est au commencement du vers ; mais il peut aussi se trouver au commencement d'un hémistiche; dans ce cas, il remplit la
CHAPITRE
fonction de césure,
V.
143
la voix
s'y repose un instant pour
sa course en s'élançant de nouveau dans la
reprendre
carrière. Du reste,
il n'est pas plus absurde de ne pas
compter dans le mètre, si toutefois on peut parler ici
du
de mètre, le mâlfylling
placé au commencement
que de ne pas le compter lorsau commencement
du premier hémis-.
second hémistiche,
qu'il se trouve
tiche.
On voit que les objections élevées par Rask contre
fondées. Nous allons
notre système ne sont nullement
en peu de mots les raisons qui
nous ont porté à diviser la strophe en quatre vers, et
nonipas en huit ou six.
maintenant
résumer
1° Le vers tel que nous l'avons rétabli,
est seul
conforme au caractère de la poésie épique Scandinave,
à la
parce qu'il a tout juste la longueur convenable
richesse du style épique et à cette sobriété de mots
qui distingue l'ancienne poésie islandaise. Il faudrait
des poètes Scandiavoir une bien mauvaise opinion
naves, s'ils avaient choisi pour la poésie épique de petits vers, qui seraient tout au plus à leur place dans
une chanson anacréontique..
2° Si l'on
divisait
le vers
épique Scandinave en
deux lignes, tout le rhythme en serait perdu, ou, du
entièrement
de caractère. Ce
moins, il changerait
serait comme si l'on coupait
l'hexamètre
en petits
vers de deux pieds. Ces vers pleins de rhythme
majesté :
et de
144
INTRODUCTION
GENERALE.
Arma virumque cano Trojas qui primus ab oris
Italiam fato profugus, Lavinaque venit, etc.
divisez-les,
le système
d'après
des petits
Arma virumque
cano, Trojas
qui primus ab oris
vers,
en
Italiam
fato profugus,
Lavinaque venit,
il n'y a plus de rhythme,
une belle
statue
comme
etc.
plus de poésie épique ; c'est
mise en morceaux,
ce sont
des membra
disjecta poetoe.
3° L'ancien
vers allemand
et embrasse,
par
l'ancien
vers épique ou narratif
accents avec une dési-
Russes
nence
a également
trois
et renferme
dactylique,
Il est donc
quatre arses,
huit syllabes ;
au moins
conséquent,
et, chose remarquable,
des
renferme
au moins
huit
syllabes.
vers Scandique probable
que l'ancien
nave a été composé d'une manière
analogue.,
du poème
allemand
Der
4° Les strophes
épique
plus
Nôt
Nibelunge
si l'on admet
blance
cation
notre
la
entre
chacune
il
système,
versification
de quatre
y a parfaite
allemande
vers;
ressem-
et la versifi-
Scandinave.
5° Le
qu'on
se composent
nom
donnait
quelquefois
la
de strophe),
de visufiôroângr
(quart
au vers, prouve que, bien qu'on écrivît
strophe
en huit
on entendait
lignes,
un seul
pour en former
réunir
deux lignes
toujours
vers ; car si la ligne eût compté
pour un vers entier,
donné au vers le nom de vîsuâton aurait certainement
tûngr
(huitième
de strophe).
CHAPITRE
V.
145
mieux
indique
que toute autre
chose quels sont les membres qui composent le vers.
Nous avons déjà dit, page i3g, que les lettres allité6° L'allitération
rantes ne sont jamais réparties dans deux lignes. Rask
où l'allitération
lui-même cite des vers très-anciens,
n'enjambe pas sur la seconde ligne ; il dit même que
ce genre d'allitération,
qu'il considère ailleurs comme
une exception à la règle, lui paraît être le plus ancien,
parce qu'il s'approche de très-près de la versification
finnoise : enfin il donne des exemples tirés de ballades danoises et féroeiques, où les lettres allitérantes
se trouvent
également dans une seule et même ligne,
ou dans un seul et même vers.
Les raisons
qui viennent
blent péremptoires
; nous
d'être
exposées nous semles soumettons
avec con-
fiance à l'examen
des savants. Nous regrettons
seulement de ne pouvoir plus les soumettre à l'illustre Rask
lui-même,
à la mémoire
avec sincérité,
le tribut
duquel nous apportons ici,
de notre respect et de notre
admiration.
10
SECONDE
POÈMES
PARTIE.
ISLANDAIS.
i.
VÔLUSPÀ.
J.O.
INTRODUCTION.
CHAPITRE
DU
EXPLICATION
I.
TITRE
DU
POÈME.
S I.
DES
PROPHETESSES
OC
DEVINERESSES
CHEZ
LES
PEUPLES
GERMANIQCES.
On ne saurait
le poëme Vôcomprendre
des prophéluspâ, si l'on ignorait
quelle était la condition
tesses ou devineresses
chez les peuples teuto-gothiques.
parfaitement
Nous exposerons donc succinctement
le moment où elles se montrèrent
dans les hordes
des Cimbres
leur histoire
depuis
fois
la première
pour
et des Teutons,
jusqu'au
elles disparu-
du christianisme,
temps où, par l'influence
rent entièrement
dans le Nord.
il y
que dans l'armée des Cimbres,
rapporte
avait des femmes âgées qui faisaient les fonctions
de prétresses et de devineresses; elles portaient
une casaque de
Strabon*
une
lin,
ceinture
en cuivre,
Quand on amenait
taient
pieds nus.
elles se précipi-
et marchaient
des captifs au camp,
sur eux, les jetaient à terre, et après les avoir traînés
vers un grand vase, les égorgeaient
1
Géographie,
liv. VII.
avec leur
épée ; puis,
150
VOLUSPA.
de leur sang recueilli
dans le vase, elles
par l'inspection
l'issue heureuse ou malheureuse
du combat.
prédisaient
D'autres,
leurs
ouvrant
entrailles,
le ventre
devinaient
aux captifs et fouillant
dans
la bonne ou mauvaise fortune
de l'expédition.
elles frappaient
Quand l'armée se battait,
à coups redoublés les peaux des tentes du camp, et
mêlaient ainsi l'effroi du bruit à l'horreur
des batailles.
On trouve
de Filimer,
Ces femmes
Cimbres,
des devineresses ou magiciennes dans l'armée
fils de Gandarik
et cinquième
roi des Goths.
étaient
elles
remarquer
devinrent
moins
âgées que les prêtresses des
se nommaient
aliorumnes, et se faisaient
par leurs
dérèglements;
suspectes à Filimer,
son armée. D'après une autre
le camp de Filimer
quittant
rent s'établir dans les forêts
commerce
avec
les faunes,
qui
c'est pourquoi
elles
les expulsa toutes de
tradition,
les aliorumnes
et du roi goth Idandrès, allède la Propontide
où-, par leur
elles
devinrent
mères
des
Huns 1.
la divination
Chez les peuples teutoniques,
avait nu
caractère plus relevé. Du temps de Jules César, quand les
Germains faisaient la guerre, c'était aux mères de famille
de déclarer
par sortilège et par oracles si l'on devait combattre , ou différer la rencontre avec l'ennemi 2.
Un peu plus tard, il y avait chez des tribus sédentaires
de la Germanie, une prêtresse ou devineresse qui jouissait
d'un grand crédit. Elle se nommait
Aurinia 5, nom qui
1
de Rébus gelicis, éd. P. Bross. cap. xxiv;
de occulta Philosophia,
lib. III, cap. xxxiv.
2 Jul.
Coesar, de Bello gallico, î, 5o.
5
Germania, cap. vin.
Tacitus,
Jornandes,
Cornel.
Agrippa,
INTRODUCTION.
assez à celui
ressemble
151
à!aliorumne
donnait
qu'on
aux
magiciennes chez les Goths.
Sous l'empereur
Vespasien, Véléda, de la tribu
un grand empire
Bructères, exerçait en Germanie,
sa nation. Elle était vierge, et passait presque pour
divinité;
car,
dit
les Germains
Tacite,
croyaient
des
sur
une
que
beaucoup de femmes étaient douées d'un esprit prophétique et divin, et qu'il y avait en elles quelque chose de
saint et de prévoyant. Véléda habitait
une haute tour où
elle rendait
ses oracles ; on ne pouvait ni la voir, ni lui
un de ses parents rapportait
ses réponses à ceux
parler;
qui venaient
la consulter.
Bien
qu'elle eût prédit la victoire aux Germains et la destruction
des légions, sa nation
fut vaincue; elle-même fut conduite à Rome où elle figura
dans la marche triomphale
du vainqueurx.
Sous le règne de l'empereur
on rendit dans
Domitien,
la Germanie occidentale
un culte presque divin à une
prophétesse nommée Ganna 2. Il y avait sans doute chez
les tribus germaniques
encore d'autres femmes qui jouissaient des mêmes
mais
honneurs;
l'histoire
n'en a pas
conservé le souvenir.
Quant à la tribu
Marcomir,
des Francs,
le second
battu
la tradition
rapporte que
après avoir été
roi de ce peuple,
consulta une aliorumne
ou alrune
par les Goths,
pour savoir quel serait son avenir. Cette femme fit paraître
devant le roi, au milieu de la nuit, un spectre qui avait
trois têtes, une tête d'aigle, une de lion et une de crapaud.
1
Tacitus,
Germania,
cap. vin,
tuts, Sylv. I, 4, v. 90.
! Dio
Cassius, tib. LXVIt,
Histor.
IV, 61, 65; V, 22,
'
cap. v.
*
10...
2/1; Sta-
152
VOLUSPA.
Cela devait
vaincraient
Plus
signifier
que les descendants de Marcomir
les Romains, les Gaulois et les Goths 1.
du
tard,
temps
roi
du
et
Charibert
de Gunt-
s'était déjà
lorsque le christianisme
répandu en France, il y avait une pythonisse qui prédit à
non-seulement
Guntchramne
l'année, mais aussi le iour
chramne
(Gontran),
et l'heure
de la mort
du roi Charibert.
Dans l'année
577,
quelle serait sa destinée,
il en eut cette réponse,
envoya consulter la pythonisse;
trépasserait dans l'année même ; que
que le roi Chilpérik
Mérovech, à l'exclusion de ses frères, aurait tout le pouvoir
voulant
Guntchramne
savoir
serait duc du royaume
que lui, Guntchramne,
pendant cinq ans 2, etc. etc.
Vers la fin du vie siècle, vivait en France une femme
royal;
serve qui avait l'esprit de Python, et qui, par ses divinations , fit gagner beaucoup d'argent à son maître.
Elle
parvint à acheter sa liberté et exerça ensuite son métier
pour son propre compte 3.
Sous Gharles-le-Chauve,
en l'an 84-7, une alrune allemande vint àMayence : son nom était Thiota'; et son séjour
dans cette ville fit tant de bruit que les annales de Fulde
en ont fait mention
4.
S II.
DES
VALAS
Comme
1
Munster,
(VÔLUR)
les peuples
Cosmographia,
lib. III, p. 83.
CHEZ
LES
PEUPLES
Scandinaves
lib.
II,
SCANDINAVES.
étaient
cap. xxx;
cjenlium,
%
Gregord Turonensis opéra, éd. Ruin. p. 216.
3 Ibid.
p. 368.
•' M.
Pertz, Monumenta, cic. I, p. 365.
Lazius,
de race gode Migratione
INTRODUCTION.
153
fut exercée chez eux dans l'origine
thique ', la divination
par des prêtresses appelées aliorumnes. Mais bientôt l'ancien culte barbare
des Cimbres
par une nouvelle religion.
dans toute la
se répandit
et des Goths fut remplacé
Le culte d'Odin ou l'odinisme
Scandinavie.
Ce culte
était
dans son ensemble et
simple et grossier ; il ressemblait,
à la religion
dans ses pratiques,
des anciens Arabes idolâtres avant l'islamisme*.
Le chef de la tribu,
ou le roi avec
les plus marquants
de sa suite, présidait à tous les actes religieux.
Le service des temples
était confié à des prêtres [godar) ou à des prêtresses {hofles douze hommes
gydiur) qui faisaient
oracles des dieux.
les sacrifices
et
les
interprétaient
Les prêtresses qui n'étaient,
au commencement,
que
les organes de la divinité,
rendirent
bientôt des oracles en
leur propre nom, et au lieu de rester simples interprètes
des dieux, elles se firent prophétesses,
ou interprètes
de
la destinée elle-même.
Par ce changement,
laprophétesse
devint un personnage distinct
de la prêtress.e,.et. la divination pouvait
s'exeroer indépendamment
des fonctions
•
••
sacerdotales.
La mythologie
vie réelle,
créa
la
qui" dans, ses fi'etion's copie toujours
à l'imitation
des prophétesses
les trois
Nomes qui présidaient
à la destinée humaine.
Plus tard
les prophétesses devinrent
à leur tour les images ou les
représentantes
reçurent
demander
1
rati,
Voyez
i835.
des Nornes;
en prirent
des honneurs
divins.
comme
elles
leurs
oracles
ma dissertation
[til
elles
frèttar),
de Religions
Arabum
et
le
On
nom
venait
elles les
anieislamica,
et
ren-
Argento-
154
daient
VOLUSPA.
avec solennité
dans le temple, assises sur des sièles dieux.
en avaient ordinairement
ges élevés comme
Après leur mort, on plaça quelquefois
le sanctuaire,
et elles-mêmes
furent
leurs
statues
au rang des
doit expliquer
mises
C'est ainsi qu'on
mythologiques.
d'un grand nombre de Nornes adorées
Nornes
l'origine
dans
dans les
temples. Telles ont été, sans doute, les trois Parques que
le roi danois Fridleif
sur le sort de son fils
interrogea
et Irpa dont les
Olafx. Telles ont encore été Thôrgerdr
statues
de celle de Thôr
étaient
placées auprès
norvégien 2.
temple
Les prophétesses
portaient
spâkonur (femmes de vision);
un caractère mythologique,
i
dans un
le nom de
généralement
et si elles avaient déjà pris
cm les appelait plus particu-
de vision). Il y eut aussi
(intelligentes
des prophètes (spâmenn), et on en trouve même quelquesuns dans la mythologie,
comme par exemple Mimir
le
lièrement
géant;
spâdîsir
par Odin qui allait la
était encore Grile.s^aiffàiresdiffici'lfesJ.'Ter
dont.,1a. tête fut
cônsultërdaiis
conservée
Mais les prophétesses
prédit l'avenir-a'SigurdV
elles jouissaient
en bien plus gràrid-n'ombre,.si.
de vénération.
de plus »6*"Crédit.,é<t^.pliis
généralement
pir/qui
.étaient
Plus tard,
prêtresses;
leur science
la prophétie
les spâkonur
elles quittèrent
se séparèrent
les temples,
entièrement
des
et pratiquèrent
en voyageant dans le pays. De cette manière
ne tarda pas à devenir un métier,
et cette
1 Saxo Grammat.
éd. Francf. p. 92.
2
chap. LXXXIX.^
Niâlssaga,
2
Vbluspâ, v. 192.
i Edda-Soemundar,
Gripis-Spâ.
INTRODUCTION.
industrie
fut
bientôt
exploitée par des femmes qui,
nécessaire à leur état, substituèrent
quant du talent
les opérations
prophétie
pendant, quoique
encore honorée,
donner du relief
et du peuple.
Les spâkonur
155
,
mystérieuses
la prophétie
métier,
parce que les
et de l'importance
se nommaient
raient le pays, principalement
vassaux donnaient
des festins
manà la
de la magie. Ceou la magie était
savaient
se
spâkonur
aux yeux des grands
aussi
elles parcoul'hiver lorsque les
vôlur;
pendant
à leurs seigneurs.
On les in-
vitait partout avec empressement.
Elles prédirent
l'avenir
aux rois et aux particuliers,
et décidèrent
des
quelquefois
L'histoire
nous a conservé les
questions de droit difficiles.
noms de quelques valas tels que ceux de Thôrdîse 1, de la
2 en
Thuridr
dans la coIslande, et de Thôrbiôrg
spâkona
lonie islando-norvégienne
du Groenland. Thôrbiôrg
était
surnommée
la petite Vala; elle jouissait
de beaucoup de
crédit auprès des grands et auprès du peuple. Un jour,
Thôrkill
voulant la consulter sur la durée de la famine et
des maladies
qui désolaient la contrée, l'invita à se rendre
chez lui. Elle vint sur le soir et fut reçue avec distinction.
Son habillement
consistait
en un surtout
bleuâtre
couvert du haut
en bas de petites pierres;
son collier était
de grains de verre, sa coiffure
de peau d'agneau
noir
doublée de peau de chat blanc. Elle tenait en main un
bâton dont
de
la pomme
était de cuivre jaune incrusté
pierreries. De sa ceinture pendait une gibecière qui renfermait des instruments
de magie. Elle avait des souliers
'
Fommanaa
Sôg ,1,255.
2
Islenzk. Sôy, I, 58, 2o5.
156
VOLUSPA.
de peau de veau avec tirants terminés
en petites boules
de cuivre. Ses gants étaient de peau de chat, noirs à l'extérieur et blancs dans l'intérieur.
Elle portait,
du reste,
quelques ornements qui faisaient partie du costume des
femmes
nobles. Thôrbiôrg
alla occuper un siège qui était
élevé. Après le souper, elle se fit
placé dans un endroit
chanter une ancienne chanson magique pour réveiller son
mais ce ne fut que le lendemain
prophétique;
qu'elle prédit à Thôrkill,
que la famine et les maladies
cesseraient
au printemps
: elle prédit
aussi
prochain
esprit
une
destinée
heureuse
à la fille
chanté la chanson magique.
ensuite la consulter
l'un
qui lui avait
Les gens de la maison vinrent
après
Gudride
l'autre;-et
lorsqu'elle
elle se retira pour
eut répondu à toutes leurs questions,
se rendre dans une autre maison où on l'avait
invitée
également
1.
Les valas ne prophétisaient
l'avenir
pas seulement
aussi la destinée
personnes adultes, elle prédisaient
des
des
enfants
nouveaux-nés.
Anciennement
il était d'usage que
le père 2 allât au temple consulter
les Nornes sur le sort
de son fils. Plus tard ce furent les valas
qui, pour gagner
leur vie, s'empressèrent
de se rendre"dans
la maison où
un enfant venait de naître. La fable mythologique
qui,
comme nous l'avons dit, est l'expression
des moeurs du
temps,
nous retrace
fidèlement
l'image des valas dans la
à la naissance des héros.
personne dés Nornes accourant
Ainsi il est dit que dans la nuit, au milieu d'un orage, les
Nornes arrivèrentà
Bralundr où Borghilde venait de mettre
1 Edda-Soemundar, éd. de
Copenhague,
2
Voyez Saxo Grammat.
p. 92.
t. III,
p. 5.
INTRODUCTION.
157
son fils Helgi qui plus tard est devenu
de Hunding 1. Il est également
comme vainqueur
au monde
illustre
dit que
dans la maison
le pays vinrent
des vôlùr qui parcouraient
du père de Nornagest 2, et que cet enfant reçut au berceau,
précisément à cause de cette visite, le nom de Nornagest
(hôte des Nornes).
Les valas assistaient aussi aux enfantements
laborieux,
et aidaient
les femmes
en travail
par leurs incantations
produisaient une prompte
( galdrar) qui, à ce qu'on croyait,
Aussi voit-on
et heureuse délivrance.
dans la tradition
ne pouque Borgny, fille du roi Heithrek,
mythologique
vant accoucher de deux jumeaux
qui étaient le fruit d'un
amour clandestin,
fut enfin délivrée par les incantations
efficaces d'Oddrune,
L'incantation
soeur d'Attila
5.
des valas faisait non-seulement
accoucher
les femmes, mais elle guérissait aussi les blessures les plus
graves. Ainsi la vala Grôa, femme d'Orvandil,
entreprit de
par ses chants, la plaie profonde
que le géant
4 avait faite au dieu Thôr.
H y avait dans
Skrymnir
un devin nommé Vidôlfr qui employait prinl'antiquité,
La mycipalement son art à faire des cures merveilleuses.
fermer,
thologie qui aime à inventer des généalogies et à imaginer
des rapports de famille entre les divers personnages de la
comme le père de toutes les
fable, considère ce Vidôlfr
valas 5. Ce mythe
nous
prouve
clairement
que l'art
1
Helgakvida,
strophe 1.
2 E.
Jul. Biôrner,
Nordiska hàmpa Datter, Stockh.
5
Soemundar-Edda, Oddrûnar
grâltr. strophe 6.
4
Snorra-Edda,
p. 110, 111.
5
3i.
Soemundar-Edda, Hyndhtliôd,
1737.
de
VOLUSPA.
158
pas le moins estimé dans les spâkonur, puisqui excellaiI
qu'on les fait descendre toutes de Vidôlfr
dan s cet art.
n'était
guérir
que les spâkonur et les spàmenn pouvaient
guérir les blessures et les maladies, de même ils pouvaient
difféaussi produire,
par leurs opérations
magiques,
De même
on achetait leur
effets pernicieux.
C'est pourquoi
nuire à un ennemi, ou lui ôter
service quand on voulait
rents
la vie. On raconte
secrètement
qu'un jour Thangbrahd,
en Islande, se rendait
du christianisme
grand promoteur
à l'assemblée
générale
( althing ), quand tout à coup la
terre s'ouvrit sous ses pas : son cheval fut englouti, et luimême n'échappa à la mort que par miracle. Les chrétiens
cet éboulement
attribuèrent
de terrain
au maléfice
d'un
1. On employait,
païen nommé Galdra-Hedinn
pour nuire, deux espèces de maléfices, le meingaldr ( incanLe meingaldr
tation funeste) et les gerningar (opérations).
magicien
consistait
lancées secrètement
en imprécations
causer quelque
à laquelle on voulait
contre la
désastre.
personne
Les paroles de l'imprécation
étaient accompagnées d'une
le genre de malheur
action symbolique
qui indiquait
quand
qu'on désirait produire. Les gerningar s'employaient
on voulait
semailles,
combat,
faire
tomber
une
grêle pour gâter les
du
l'ennemi
au milieu
forte
ou pour déconcerter
ou bien quand on voulait
exciter,
sur terre
ou
un tempête (gôrningavedr)
pour faire périr une
ou pour mettre une armée en déroute. Tels étaient
sur mer,
flotte
les maléfices
'
que pouvaient
Krislnisaga-, chap. vu, p. 4-6.
2 Forrim.
Sôg. xi, i3/i sqq.
produire
les spâdîsir
Thôr-
INTRODUCTION.
159
1 et au
très, quand
Ingibiôrg
Hamglôm,
leur assistance. Un autre maléfice consistait
2, Heidi,
cerdrlrpa
on demandait
tout à coup l'ennemi dans un brouillard
épais
ou dans une obscurité complète, dé sorte qu'il était comme
on s'en
aveuglé 2. Ce nuage enveloppant (hulinshiâlmr3),
c'était le nimbus
servait aussi pour se rendre invisible;
à envelopper
des anciens dont
les divinités
s'entouraient
pour
ne pas
être aperçues des mortels.
Le maléfice le plus efficace était produit
par le seidr;
c'était une espèce de magie qui s'opérait sur le feu et au
Cette magie paraît remonter aux
moyen de l'incantation.
habitants primitifs
de la Péninsule
Scandinave,
lesquels
ont été refoulés vers les contrées septentrionales
par les
dans le
peuples gothiques. En effet les Finnois excellaient
seidr, et on allait chez eux apprendre les opérations et les
pratiques de cet art. Aussi voit-on toujours dans l'histoire
de la Norvège, les Finnois représentés
enchanteurs ou magiciens 4.
Au commencement
le seidr n'était
comme
de grands
pas un art
méprisé
ou détesté,
Odin lui-même
l'exerçait
puisque
quelquefois 5, et que la déesse Freyia passait pour l'avoir fait connaître , la première,
aux Ases ou dieux Scandinaves 6. On
telle
croyait qu'au moyen du seidr, on pouvait prendre
forme ou peau (ham)
et traverser les airs
qu'on voulait,
1
2
Fomaldar
Sôg. II,
72;
219, 442.
; Fomaldar
Sôg. III,
III,
II, i4i
FornmaimaSôg.
maticus, liv. VII.
' Cf.
Tarnkappe, dans le Nibilungcnot,
5
Svarta, chap. vin.
Saga Halfdanar
5
Ynglinga Saga, chap. vu.
0 ttid.
chap. iv.
I, 98,
21g,
338. Saxo Gram-
4-4.2, 1060,
etc.
166
VOLUSPA.
avec rapidité. Ainsi la tradition
rapporte que le roi Haralld
Grâfelld ayant prié un sorcier de se rendre en Islande pour
explorer ce pays, cet espion y alla sous la forme d'une
baleine 1. Par le seidr on pouvait
aussi produire
à la
vue tous les objets qu'on désirait.
le Iarl Magus (le comte magicien),
fit paraître
(qui voyage au loin),
La fable
raconte
surnommé
que
Vidfôrull
devant
Charlemagne
héros du Nord. Au moyen
quatre escadrons des anciens
du seidr, on pouvait'également
produire,
la rage, l'imbécillité,
sonnes, la folie,
dans les perou bien aug-
et même rendre raisonnables
intelligence
animaux. Quand Eyslein le méchant eut subjujusqu'aux
de Thrandheim,
il leur demanda s'ils
gué les habitants
menter
leur
aimaient
mieux
avoir pour préfet son esclave ou son chien.
le chien auquel ils firent donner, au moyen
Ils préférèrent
du seidr, une intelligence
égale à celle de trois hommes 2.
Le seidr
avait
enchantement,
Ainsi Drisa,
quelquefois
pour but de transporter,
par
une personne dans des contrées éloignées.
femme
de Vanlandiroi
à Upsalir, acheta le
Huld qui devait transporter
service de la magicienne
ce
ou bien le faire mourir
roi en Finlande,
secrètement 3.
Les magiciennes
donnaient
la mort au moyen d'un breuLes
vage enchanté appelé banadryhk (potion
mortelle).
opérations pour préparer le seidr se faisaient dans la nuit
et en plein air ; ces vacations nocturnes portaient
le nom
de utisëiur (séances en dehors).
Plus tard le seidr tomba en discrédit,
et le peuple le prit
1
konungi Grâfelld,
Saga afHaralldi
2
Saga Halionar Goda. chap. XIII.
5
chap. xvi.
Yngl.Saga,
chap. xxxvn.
INTRODUCTION.
161
à cause des terribles
maléfices qu'il lui
même en horreur
On établit entre lui et la divination
la même
attribuait.
qu'on a établie chez nous entre la magie noire
aussi décrédita
le
et la magie blanche. La mythologie
comme la sorcellerie des Iotes,
seidr en le représentant
différence
ennemis
des dieux
et des hommes.
Les
austrvegsmenn
ou la race finnoise
(hommes des contrées orientales),
dans les
figurent
qui a été vaincue par la race gothique,
comme géants malfaisants,
traditions
et
mythologiques
leur magie (seidr) est représentée comme pernicieuse
et
Les poètes mythologues
allèrent même jussur Odin et la déesse
le blâme et le ridicule
abominable.
qu'à jeter
1
le'
Freyia qui, à ce qu'on croyait, exerçaient quelquefois
à faire considérer cette magie
seidr. Tout cela contribua
comme une
et l'on commença
à sévir
les seidmenn et les seidkonur.
abomination,
toute manière
contre
de
Dans un poëme du skalde Thiodolf,
une magicienne
est appelée plusieurs fois vitta vetr (créature des crimes) 2.
Les rois ne manquèrent
se
pas de poursuivre
quiconque
mêlait de sorcellerie.
Les vacations
nocturnes
et
(utisëtur)
les voyages chez les Finnois ( finfôrar ), pour s'instruire dans
le seidr, étaient sévèrement défendus ; les opérations magiques étaient mpmcj. considérées comme des forfaits dans
les codes danois, norvégiens*ei-suédois?*Haralld
Harfagr,
Rettilbeini
ayant appris que son fils-.Rôgnwald
exerçait la
courroucé qu'il chargea son autre
magie, en fut tellement
fils Eirik Blodox d'aller le punir. Celui-ci étant arrivé à
mit le feu à la maison de
Hadaland où résidait Rôgnwald,
1
2
\^9z
le poëme
YnglingaSaga,
Lokasenna.
chap.
xvi
et xxxni.
11
•
162
VOLUSPA.
son frère et le brûla
avec quatre-vingts
et il
seidmenn;
est dit que cet au to-da-fé eut l'approbation
généraleJ. Les
contre les
rois chrétiens furent encore plus inexorables
le saint, à l'assemblée [thing] deTunsberg,
I magiciens.Olaf
fit la proposition
que tous ceux qui seraient convaincus
et des maléfices fussent expuld'avoir fait des incantations
il invita
sés du pays. Ensuite
menn du voisinage,
mettre
et quand
le feu à la salle 2.
Ces persécutions
blement le nombre
à un grand
tous furent
festin les seidenivrés,
il fit
considérasanglantes firent diminuer
de ceux qui se livraient à la magie. Les
encore jouir de quelque crédit, désa-
valas qui voulaient
le seidr. Enfin,
vouèrent
complètement
par l'influence
les spâkonur,
les vôlur et
progressive du christianisme,
les seidkonur disparurent
peu à peu dans le Nord avec les
traces de la religion païenne.
l'histoire
des valas en
Après avoir tracé rapidement
général, il nous reste, à dire quelques mots sur la prodernières
Cette Vala est un
phétesse de notre poëme en particulier.
c'est la Vala par excellence,
être purement mythologique,
des Ases (dieux),
c'est pour ainsi
c'est la prophétesse
type céleste des valas terrestres. Comme, dans toute
,.,dire^
lâ'vîè-de*s, dàew. e&t,u.n£ cppje embellie de
.mythologie,
du
celle" ctes nômiîrôff, il esVjiaSurel
qucda mythologie
Nord ait placé auprès des Ases, le type des devineresses
telles qu elles étaient chez les Scandinaves.
les Ases, mais aussi les êtres mythologiques
et Dvergues
ont
leurs
prophétesses
Non-seulement
appelés Alfes
ou devineresses. Les
1 Harallds
chap. xxxvi.
Saga ens harfagra,
2
Saga af Olafi Konungi Tryggrmsym,
chap. LXIX.
• *
INTRODUCTION.
Vanes, les rivaux
165
et les ennemis
des Ases, ont une magiH y a
cienne appelée Heidr, qui est le type des seidkonur.
même une vala dans les enfers; un jour Odin alla la consulter,
et l'entretien
qu'il eut avec elle forme le sujet du
intitulé
Veglams Kvida. L'Edda fait men-
poëme eddique
tion d'une autre prophétesse appelée Hyndla qui, à la defit savoir quels étaient les
mande de la déesse Freyia,
ancêtres d'Ottarr
1.
la Vala des Ases n'est pas un personnage histoil est inutile de dire que ses visions (spâ) ne sont
Comme
rique,
autre chose
Pour
qu'une fiction
poétique.
comprendre
les motifs qui ont porté le poëte à donner à son poëme la
forme d'une vision,
il faut savoir quel a été son but en
composant
la Voluspâ.
§ III.
DE
LA
FORME
DE
VISION
DONNEE
AD
POËME.
la mythologie
Le but du poëte est de représenter
Scandinave dans son ensemble, depuis les mythes sur l'origine
de toutes choses, jusqu'à
ceux sur la destruction
et la
renaissance
Le poëte a choisi habilement
dans la bouche
pour lui mettre
du monde.
personnage de Vala
qu'il se proposait de dire.
Cette
le
ce
fiction
est des plus heuavantages essentiels.
reuses , parce qu'elle réunit plusieurs
En effet, le poëme étant présenté sous la forme
d'une
vi-
sion prophétique,
et
le style en prend plus d'élévation,
des différents mythes en devient plus animée.
l'exposition
En second lieu, la forme de vision permet au poëte d'être
court; il peut
1
ne parler
que des principaux
mythes;
Voyez Hyndlu-Liôd.
1 l.
il peut
VOLUSPA.
164
car la protraits ; il peut omettre les tranphétie peint surtout à grands
la poésie et la rendraient
traîsitions qui embarrasseraient
se contenter
d'en tracer
seulement
l'ébauche,
le personnage mythologique
deValaestleplus
propre pour raconter l'origine de toutes choses et les desdans le passé, le présent et l'avenir.
tinées de l'univers
nante.Enfin
le poëte a donné à son poëme la forme
Voilà pourquoi
à la prophétesse des Ases. H y a
attribuée
d'une vision
encore une autre cause, à la vérité secondaire,
pour laquelle il a donné à son poëme la forme d'une vision :
cette cause tient à la nature de l'idée qu'il voulait énoncer.
Car tout poëme, comme toute oeuvre de l'art, doit nonun tableau qui captive
plaire en représentant
renferil doit aussi instruire,
c'est-à-dire
l'imagination,
ou une idée.
mer et prouver
une vérité philosophique
Nous avons vu quel est le sujet du tableau représenté dans
seulement
la Voluspâ. Quant à l'idée qui ressort de ce tableau et
de la manière
qui lui donne de l'unité, on peut la formuler
suivante : la ruse et la force doivent être dominées par la
pour ainsi dire, la trame du
ne sont venus
poëme qui prouve que le mal et le malheur
dans le monde que par la violence et l'injustice. Par suite de
ce mal, le monde périra avec les dieux qui ont été coupables
les premiers de violence et de mauvaise foi; et dans la pa-
justice.
Cette
idée
forme,
la ruse et
lingénésie du monde, les dieux représentant
la force, Odin et Thôr, seront remplacés par des dieux de
Baldur et Forseti. C'est donc la chute
paix et de justice,
de l'ancienne religion Scandinave, c'est un ordre de choses
sur d'autres principes,
que prévoit le poëte, et qu'il
prédit avec cette assurance que donne le génie. Cette espéétabli
INTRODUCTION.
165
le plus conrance ou cette prévision du poëte s'exprimait
venablement sous la forme d'une prophétie ou d'une vision.
Cette forme était d'autant
plus nécessaire ici que l'idée du
poëte était hardie et, comme nous dirions, sacrilège,"hérécar c'était un blasphème (godgd)
tique et révolutionnaire;
aux yeux du peuple,
que de prétendre
qu'Odin et Thôr
un jour;
et l'annonce d'une ère de paix et de
périraient
absurde à des hommes
justice devait paraître
qui mettaient leur plus grande gloire dans l'exercice de la force, et
croyaient s'illustrer
Comme l'idée du
par la ruse, la violence et le meurtre.
révélation
poëte était une véritable
être exprimée avec les prépour ces temps, elle devait
cautions et les ménagements
dans l'exqu'on doit mettre
position des vérités hardies qui choquent les opinions du
vulgaire. C'était donc une raison de plus pour que notre
à son poëme la forme d'une prophétie.
poëte donnât
En effet, toute prédiction
par cela même qu'elle porte
sur l'avenir,
les hommes
qu'indirectement
n'inquiète
qui vivent avant tout pour le présent : le caractère sacré
du
de la vision impose à l'intolérance
et au fanatisme
et la tyrannie
même n'ose toucher au prophète
recevoir de lui l'arrêt fatal de la desquand elle croit
tinée. Aussi voyons-nous,
dans l'histoire,
que les pro-
peuple,
phéties
veulent se
quand des idées nouvelles
quand la vérité n'ose pas se faire entendre
quand un peuple ou un parti opprimé se con-
naissent
manifester,
librement,
sole par l'espérance,
à lutter
sourdement
une chute
qui
ont
inévitable.
fait
écrire
parla
contre
foi dans l'avenir,
et continue
son oppresseur en lui prédisant
Telles sont plus ou moins les causes
les livres
prophétiques
des Hébreux,
VOLUSPA.
166
YApocalypse ou la prophétie du triomphe du christianisme,
le grand nombre de livres sibyllins dans l'empire romain,
en Angleterre,
attribuées
à Merlin
les prophéties
les
le Calabrois,
sous les Hohende Gioacchino
prédictions
etc. etc.
les prophéties
de Jérôme Savonarola,
staufen,
dans les temps de fermenC'est, généralement
parlant,
tation
et de crise,
ou dans les troubles
et relipolitiques
ou des visionnaires.
gieux, qu'on voit surgir des prophètes
Le poëme Voluspâ appartient
évidemment
à une époque
et de Thôr, bien
où les principes
de la religion d'Odin
qu'ils fussent encore enracinés chez le peuple,
ne pouvaient
plus satisfaire les esprits élevés. Notre poëte se tourne vers
d'autres lumières,
il semble prédire l'avenir et deviner,
de justice et de charité qui
par son génie, les principes
devaient
salutaire
se répandre
plus tard dans le Nord par l'influence
du christianisme.
et civilisatrice
CHAPITRE
DES
PARTIES
II.
DU
POËME.
S I.
DE
LA
DISPOSITION
GENERALE
DES
PARTIES
DU
POËME.
Nous avons vu que le but du poëme est de présenter
le tableau de l'ensemble de la mythologie
Scandinave, et
l'idée que les hommes ne peuvent être heureux
d'exprimer
que sous le règne de la justice
et de la paix. Examinons
167
INTRODUCTION.
la disposition
ses différentes parties.
du poëme ou l'arrangement
maintenant
Notre poëme se divise
de
naturellement
en trois grandes
parties qu'on peut désigner sous les noms de passé, de présent et d'avenir, ou bien sous ceux de tradition, de vision
et de prédiction. Le passé renferme le tableau de l'origine
de tout ce qui est; Vala en parle d'après la tradition
et
d'après le souvenir de ce que les Iotes lui ont enseigné. Le
des dieux, et l'histoire
de tout
présent raconte l'histoire
ce qui s'est passé dans les neuf mondes; Vala en parle
d'après ce qu'elle a vu elle-même. Enfin, Yavenir renferme
l'histoire
de la
destruction
et du
renouvellement
du
Vala en parle d'après ce qu'elle prévoit dans son
'
Ces trois grandes parties, qui sont
esprit prophétique.
nettement dessinées par les sujets différents
qui y sont
monde;
le poëte a su les faire reconnaître
par un signe
extérieur caractéristique.
Ainsi, dans la première partie,
se sert de la locution : Je
Vala, en parlant d'elle-même,
traités,
me souviens d'avoir
entendu
dire aux Iotes;
ou bien de la
me l'a enseigné.
: Je sais, parce que la tradition
Dans la seconde partie de la Voluspâ, Vala, en racontant,
formule
se sert du temps passé, et en même temps elle parle d'ellemême à la troisième
personne : elle (Vala) a vu de ses
tous les
propres yeux. Enfin, dans la troisième
partie,
verbes sont mis an présent, parce que le tableau de l'avenir est déroulé aux yeux de la prophétesse,
et que la
prédiction énonce les arrêts de la destinée avec la même
que s'il s'agissait de choses
qui s'accomplissent
déjà dans le temps présent.
Les trois grandes parties du poëme sont liées ensemble
assurance et la même certitude
168
VOLUSPA.
par des transitions
strophe
première
et qui renferme
simples et naturelles.
qui sert d'introduction
Ainsi,
après la
à tout le poëme
du sujet,
la prophétesse
l'exposition
comment
elle a été mise en état de pouvoir
explique
les grands mystères du Père des Elus. Elle dit
proclamer
qu'elle a été instruite
par les Iotes, et qu'elle a visité en
les neuf
pour acquérir la science. Ces
à la première partie,
paroles de Vala forment la transition
ou à l'exposé de la tradition
des Iotes sur l'origine de leur
personne
mondes
race, sur la création
Vala
des hommes
et des dvergues, etc
de son entrevue
avec Odin;
elle dit
parle ensuite
que ce dieu, charmé delà science dont elle a fait preuve,
lui a communiqué
le don de la vision et de la prophétie.
Le récit
de cette entrevue
forme
la transition
à la seconde
parce que le présent qu'Odin fait à la prophétesse
elle a pu voir dans les neuf mondes ce
explique comment
qu'elle raconte dans la seconde partie. Enfin les indices
partie,
précurseurs
de la destruction
et les signes sinistres que la
tous les mondes, servent de tran-
prophétesse voit dans
sition à la troisième partie, à la prédiction,
ou au tableau
de la destruction
suivie de la palingénésie.
universelle,
Nous avons vu que la division de notre poëme en trois
parties était indiquée par la nature même du sujet : le grand
drame mythologique
embrasse trois actes qui se jouent
aussi
dans le passé, le présent et l'avenir.
Remarquons
les divisions du sujet de
que le poëte a su faire coïncider
son tableau avec les divisions
nécessaires pour le dévede son idée. Le poëte, nous l'avons dit, veut
prouver que le bonheur résulte de la justice et de la paix;
il divise le drame qui doit prouver
cette vérité en trois
loppement
INTRODUCTION.
169
acte nous montre
de toutes
premier
l'origine
des dieux jusqu'au
moment
où ils
choses, et le bonheur
actes. Le
dans ce monde
donnent
lence et de l'injustice.
mal par excellence,
malheur, nous voyons
le premier
L'injustice
et le mal
exemple de la vioétant, selon le poëte, le
le
produisant
toujours
au commencement
du second acte,
s'introduire
fois dans le
pour la première
monde par la discorde et la guerre. Le second acte finit au
la violence et l'injustice
moment où le mal, c'est-à-dire
le malheur
ont atteint
le plus haut degré. Au troisième acte, cet état
affreux est suivi de la mort des dieux et de la destruction
du monde
entier.
Bientôt
le monde
renaît,
mais il renaît
avec des hommes
qui ne font plus la guerre; les Ases receux d'entre eux qui aiment la
viennent, mais seulement
paix; le dieu de la justice est le dieu suprême ; tout rentre
dans l'état
monde
dans l'état heureux
dont jouissait
le
primitif,
avant que les Ases se fussent livrés à la violence
et à l'injustice.
C'est ainsi qup l'idée du poëte se développe
à mesure que son tableau se déroule. Notre poëme est
comme une oeuvre parfaite de l'art dans laquelle le corps
et l'esprit,
la forme et la pensée se pénètrent
et s'explil'une l'autre.
quent admirablement
S IL
TABLE
DETAILLEE
DES
PARTIES
DU
POÈME.
Après avoir vu la disposition
générale du poëme, il
nous reste à examiner
de plus près les parties dont il se
compose. Pour que le lecteur puisse embrasser d'un coup
d'ceil l'ensemble *de ces
qu'il
parties et voir les rapports
170
VOLUSPA.
y a entre
nous
elles,
divisions
donnerons
ici
la table
détaillée
des
du poëme.
INTRODUCTION.
1. Les hommes
invités
rang
au silence
et à l'at-
vers 1-2.
tention,
2. Vala parlera
ditions du monde,
3. Elle
tradition
connaît
des mystères d'Odin,
des anciennes trav. 2-4- Elle connaît ces mystères,
car
tout l'univers,
elle a été instruite
par la
des Iotes,
A.—PASSÉ.
I.
de tout
v. 5-8.
TRADITION.
Tradition
des Iotes
sur la création
et sur les premiers
âges du monde.
1. Au
commencement,
l'univers
néant;
gouffre; le géant Ymir se forme le premier,
2. Création
du ciel et de la terre par
v. i3-i4.
3. Création
la terre,
des astres dans le ciel et delà
v. i5-i6.
un
immense
v. 9-12.
les fils de Bur,
végétation
sur
»
4. Le cours
des astres n'est pas encore réglé, v. 17-21.
5. Les dieux règlent le cours des astres, v. 22-26.
6. Les dieux établissentleur
demeure
7. Les êtres les plus parfaits
arbres, Askr (frêne) et Embla
dans le ciel, v. 27-32.
de la végétation
sont deux
(aune),
sur le rivage
de la
mer, v. 33-36.
8. Les dieux
changent ces arbres en homme et en femme
en leur donnant l'âme et le corps humain,
v. 37-4o.
9. Les Nornes (Parques
sortant de la fonScandinaves),
taine
d'Urd,
donnent
[ôrlôg ), v. 4i-52.
10. Les dieux
v. 53-56.
aux
délibèrent
premiers
sur
hommes
la création
la
destinée
des Dvergucs,
INTRODUCTION.
11. Les
formés
Dvergues
v. 57-60.
12. Enumération
de
171
terre
sur
le
modèle
de
l'homme,
des Dvergues
v. 61-72.
13. Enumération
de la bande de Modsognir,
des Dvergues
de la bande
de Dvalinn,
v. 73-84.
IL Souvenir
de Vala
sur l'origine
du mal;
entre
les
le don
de
guerre
Ases et les Vanes.
1. Vala
raconte
comment
elle
a reçud'Odin
la vision
et de la prophétie,
v. 85-Q8.
2. La première chose que Vala se rappelle
avoir reçu le don de la vision,
avoir vue après
des Valkyries ;
c'est l'arrivée
présage de la guerre, v. QQ-IO4.
3. Guerre occasionnée
par la violence qu'ont exercée les
Ases sur Gullveig,
la magicienne
des Vanes, v. io5-i i3.
4. Les dieux
délibèrent
pour
paration aux Vanes, v. 114-117.
5. Les Vanes renversent
le mur
mais Odin
les repousse
s'ils
savoir
doivent
de la forteresse
et remporte
la victoire
faire
ré-
des Ases,
définitive,
v. 118-121.
6. Les Ases deviennent
pulé pour la réparation
v. 122-129.
architecte,
ils refusent le prix stiparjures,
du mur renversé ; Thôr tue le géant
B. — PRÉSENT. VISION.
Vala raconte
ce qu'elle
la première
guerre,
I. Vala
dans
vit
gine du mal.
1. Cause
•
i37.
Baldur
a vu dans les différents
qui est l'origine
Asaheim
et circonstance
depuis
du mal.
le malheur
le meilleur
mondes
suivre
de près
l'ori-
des Ases périt.
de la mort
de Baldur,
v. i3o-
172
VOLUSPA.
2. La mort
elle
tale
de Baldur
ne peut
mais par une destinée fav. i38que par un parricide,
vengée;
être vengée
i4i.
3. Loki,
de la mort
la cause première
de Baldur,
est puni,
v. 142-147.
mondes
II. Vala vit dans les différents
se propager,
destructeurs
et les principes
de mort et de ruine les dieux et l'univers.
les génies malfaisants
s'accroître
et menacer
par la race heuv. i48-i4g.
reuse de Sindri ou les géants des montagnes,
la salle à boire des Hrimthurses
ou
2. Elle vit, à Okolnir,
1. Elle
vit,
à Nidafiôll,
géants de glace, v. i5o-i5i.
3. Elle vit à Nâstrendir,
pents et les supplices
v. 152-162.
affreux,
4. Elle
vit,
le fils
élever
dans
la salle habitée
infligés
le monde
de Fenrir
les enfers,
la salle aux ser-
aux méchants
dans ce séjour
dans
qui
la géante Gygir
un jour le soleil,
des Iotes.,
engloutira
v. 163-170.
5. Elle vit
le gardien
de Gygr,
le coq Fialarr,
les Ases quand le fils de Fenrir aura grandi,
avertir
174.
6. Elle
qui doit
v. 171-
le coq Gullinkambi,
qui au dernier jour du
monde réveillera
les héros de Valhôll pour qu'ils combattent
v. 175-176.
les puissances
destructives,
7. Elle
vit
les génies malfaisants
III.
monde
Vala
un jour
le coq noir qui appellera
du monde, v. 177-178.
à la destruction
vit dans l'enfer
vit
les signes
précurseurs
de la
destruction
du
:
affreux devant
pousse des hurlements
le loup enchaîné,
les portes de l'enfer ; Fenrir
qui engloutira
Odin, va bientôt briser ses chaînes, v. 179-182.
1. Le chien
Garmr
INTRODUCTION.
175
2. Les hommes
atteignent le dernier degré de la perverde périr aussi bien que les dieux, v. i83-i88.
sité et méritent
C — AVENIR. PRÉDICTION.
du monde pervers et la renaissance
Vala prévoit la destruction
d'un monde meilleur où régneront la paix et la justice.
I.
du monde.
Destruction
1. Heimdall,
le gardien des Ases, donne
de l'approche
des puissances
avertir les dieux
Odin consulte
2. La
cor pour
destructives;
l'oracle
colonne
v. 193-196.
3. Hrymr,
du
de la tête de Mimir, v. 189-192.
du monde tremble,
tout est en émoi,
à la tête des Iotes,
se met en route;
barque pour aller attaquer la terre, v. 197-200.
4. Les armées du monde de feu s'embarquent
les génies malfaisants,
v. 201-204.
5. Surtur,
le dieu du feu , traverse
la terre
on s'em-
avec tous
et entre dans
le ciel, v. 2o5-2i2.
'6. Les trois dieux
Odin, Freyr et Thôr,
principaux,
tent contre les ennemis et succombent,
v. 2i3-226.
7. Le dragon
de l'enfer
morts, v. 227-230.
8. Le soleil
se noircit,
feu s'élève jusqu'au
234.
II. Renaissance
1. Une
vole
sur la plaine
la terre s'abîme
jonchée
dans l'Océan;
ciel; tout périt dans les flammes,
lut-
de
le
v. a3i-
du monde.
nouvelle
terre
semblable
la paix y règne, v. 235-238.
2. Les fils des anciens Ases
qui
à l'ancienne
sort
de
l'Océan;
prendre le gouvernement
v. 239-242.
du monde
ont
repéri viennent
et exercer la justice,
174
VOLUSPA.
5. Les Ases retrouvent
le bonheur
dont ils avaient joui
avant l'origine du mal, v, 2 43-246.
k. L'abondance règne sur la terre; Baldur, le meilleur
des Ases, revient dans le ciel avec Hoder et Hoenir, v.
2^7•
253.
5. Les hommes habitent une salle plus brillante
que le
soleil et jouissent d'une félicité éternelle, v. 254-2Ô7.
.6. Forseti, le dieu de la justice, préside aux jugements
des dieux; il n'y a plus de violence, il n'y a plus de discorde; la paix règne à jamais, v. 258-261.
S III.
DE
L'ARRANGEMENT
DES
STROPHES.
On voit,
par le tableau que nous venons de présenter,
Cet
qu'il y a dans le poëme un plan bien ordonné.
ordre, il est vrai, s'y trouve seulement
depuis que nous
avons disposé les strophes
dans les éditions de l'Edda.
autrement
Avant
qu'elles ne le sont
ce nouvel arrangement,
les parties du poëme étaient sans liaison, sans suite, sans
unité. Ce défaut de plan provenait de la transposition
de
plusieurs strophes, et le désordre causé par ce changement
mettait
des obstacles
insurmontables
à l'interprétation
de la Vôluspâ
l'explication
du poëme. En effet, si jusqu'ici
a été moins satisfaisante
qu'elle
ne l'est aujourd'hui,
ce
n'est pas qu'il n'y ait eu des hommes d'un talent supérieur
qui s'y soient essayés tour à tour ; mais c'est qu'il était
convenablement
un poëme entre
d'expliquer
impossible
les parties duquel il n'y avait aucun rapport logique ; aussi
avons-nous mis tous nos soins à retrouver
la place que
les strophes et les vers du poëme avaient primitivement.
INTRODUCTION.
175
Ce qui prouve que l'arrangement
que nous avons adopté
c'est qu'il rend l'explication
de la Vôluspâ
est le véritable,
à la place du désordre
possible et facile, et qu'il produit,
qui régnait dans le poëme, un plan bien entendu et un
nous contenter de fournir
ordre parfait. Nous pourrions
cette seule preuve en faveur du nouvel arrangement;
cependant nous en donnerons
notes critiques et philologiques
encore
dont
CHAPITRE
EXAMEN
CRITIQUE
d'autres
dans les
le texte sera suivi.
III.
DU
POËME.
S 1.
DE
L'INTÉGRITÉ
DD
POËME.
si régulier, si logique et si naturel que nous
dans la Vôluspâ, nous prouve qu'il n'y a
remarquons
aucune lacune dans le poëme, puisque toutes les parties
les unes aux autres. Cela
s'enchaînent admirablement
Le plan
prouve en même
qu'il
que nous
temps,
ne s'y est glissé aucune
n'y trouvons aucun vers
interpolation,
parce
ou qu'on puisse soupçonner de n'être pas
qui soit inutile,
En un mot, ce qu'on appelle en critique
authentique.
du texte
Vintégrité du poëme, c'est-à-dire cette propriété
de ne renfermer
ni plus ni moins qu'il ne renfermait
nous semble suffisamment
démontrée par
primitivement,
<
176
VOLUSPA.
que nous avons faite des Visions de Vala. Cette
intégrité pouvait et devait être mise en doute aussi longtemps que les strophes transposées ne se trouvaient
pas
l'analyse
dans leur
ordre
naturel;
car alors tout
paraissait défectueux , inachevé,
décousu, et le poëme ressemblait à une
de fragments.
Cette transposition
collection
des parties
doit être ancienne puisqu'elle
existe déjà dans les manusIl paraît qu'on a perdu de bonne heure
le véritable sens du poëme, et que pour cette raison l'endes strophes ne s'imprimait
chaînement
pas bien dans la
les strophes et les vers, les parmémoire. On confondait
crits
de l'Edda.
ties se dérangeaient,
et bientôt
le poëme n'eut plus d'ensemble, et, par suite, plus de sens. C'est dans cet état que
la Vôluspâ a été recueillie
de la bouche du peuple, et insérée dans le recueil
chose
que
de l'Edda
nous avions
de Soemund.
à faire
était
donc
La première
de remettre
les strophes et les vers dans leur ordre primitif;
ce n'est
aussi qu'après ce travail pénible que nous avons pu reconnaître le plan, et, par suite, l'intégrité
et la beauté du
poëme.
S IL
DE L'ÉPOQUE
DE LA COMPOSITION
DU POËME.
La date d'aucun des poëmes de l'Edda ne nous est connue
avec précision;
ce n'est que par des indices plus ou moins
certains et directs, que la critique peut déterminer
la date
approximativement.
poëme lui-même,
Ces indices
se trouvent,
soit en dehors de lui. Parmi
soit dans le
les indices
de la première espèce, ou parmi les témoignages
intrinsèques , les uns sont tirés du fond, les autres de la forme
<
INTRODUCTION.
177
à la Vôluspâ, le fond et la forme indiest un des plus anciens de l'Edda. Il
quent que ce poëme
conclure de ce que le
est vrai qu'on ne doit pas toujours
sont anciens, à une rédaction ancienne,
fond et l'extérieur
de l'ouvrage.
Quant
parce que le poëte peut choisir son sujet dans les temps
reculés et le traiter dans le style de l'antiquité.
Cependant
des productions
littéraires
du temps passé
cette imitation
ne se fait que chez les nations
dont la littérature
a pris un
Nous sommes donc en droit
développement.
que dans la poésie Scandinave, les poëmes pordans le fond et dans la forme le cachet de
tent toujours
très-grand
d'admettre
l'époque de leur composition.
Examinons d'abord le fond du poëme. Le sujet de la Vôil ne s'y trouve aumythologique,
luspâ étant purement
cune allusion à l'histoire
aucun indice
et, par conséquent,
Les expressions de chef des Dvergues, v. 55,
chronologique.
et de bande de Dvalinn,
v. 74, semblent,
il est vrai, indiquer que le poëte vivait dans le temps où le pouvoir moet où il
narchique n'existait
pas encore en Scandinavie,
n'y avait que des chefs de tribus entourés de leurs bandes
militaires.
dans leurs expéditions
D'un
qui les suivaient
autre côté, l'expression
an bâcher, v. I3Q, peut
déporter
bien indiquer
que le poëte vivait dans le temps appelé
Imna-ôlld (l'âge de brûlement),
où l'on brûlait
les morts
au lieu de les ensevelir, comme cela se faisait dans la
période suivante appelée haugs-ôlld (l'âge des collines ou des
tombeaux). La tradition
rapporte que l'âge de brûlement
cessaen Suède, après la mort de Freyr, et en Danemark,
mais plus tard, la coutume
après celle de Dan Mikillâti;
de brûler les morts
chez les Normands et les Suéreprit
12
178
VOLUSPA.
ne sont
Cependant comme ces indices historiques
pas assez positifs, on n'en peut tirer aucune conclusion
certaine sur la date de notre poëme. Il nous reste à examidois*.
ner si les mythes ne renferment
pas quelque indice chronologique. Tout ce qu'on peut dire à ce sujet, c'est que les
de la Vôluspâ doivent être des
traditions
mythologiques
d'entre elles n'éplus anciennes, puisque quelques-unes
Cet
taient plus connues du temps de Snorri Sturlason.
le mythe sur le cor de Heimauteur ne sait pas expliquer
( voy. v. 85-95 ) ; il ne sait pas
inn rîki, etc. Le poëme doit
ce qu'étaient Heidr, fijlmegif,
au temps
donc avoir été composé bien antérieurement
dall et sur l'oeil caché d'Odin
De plus, il doit appartenir
à une époque où le
paganisme était à son apogée; car le langage concis et
du poëme fait présumer
souvent elliptique
que le peuple
de Snorri.
et savait s'explila mythologie
La
ce que le poëte ne fait qu'indiquer.
quer facilement
dite était déjà parvenue à son
proprement
mythologie
connaissait
encore à fond
développement,
puisque notre poëte a entrepris de
la représenter dans son ensemble systématique ; et la religion d'Odin devait avoir atteint son plus haut période,
entier
pour elle une transformation
puisque le poëte prévoyait
Ainsi tout ce qui appartient
au fond du poëme
inévitable.
nous prouve que la Vôluspâ a été composée à une époque
où le paganisme
Scandinave
mais où se manifestaient
vigueur,
encore
en
ancienne,
était
pleine
mes de sa décadence.
déjà les symptô-
La forme de la Vôluspâ nous montre également que
ce poëme est un des plus anciens de l'Edda. Cela se voit
1
Ynylinga
Saga, I, Introduction.
INTRODUCTION.
179
dans le langage et dans les formes gramde certaines
maticales des mots, mais aussi dans l'emploi
appeler des archaïsmes : tels
expressions qu'on pourrait
non-seulement
rôkstôlar, undorn, ajl, sus, tivor, thipar exemple,
nur, etc. Le h devant la liquide l a encore l'ancienne
proforte d'une gutturale;
nonciation
ainsi, v. 1, laliôds est
sont,
avec helgar.
De plus, les articles
ou les
ne sont pas encore devenus des
démonstratifs
pronoms
: il n'y a que le mot godin,
suffixes ajoutés aux substantifs
en allitération
assez remarquable.
v. 117, qui présente un cas d'exception
de la Vôluspâ est dans le plus anEnfin, la versification
cien genre appelé le fornyrdalag
dit 1. Ainsi
proprement
à Informe
de notre poëme nous
tout ce qui appartient
prouve, à l'égal du fond,
que la Vôluspâ est un des plus
anciens monuments
de la littérature
Scandinave.
Après avoir
approximative
les témoignages
vu les témoignages
intrinsèques sur la date
de notre poëme,
il nous reste à examiner
Ces derniers
sont de deux
extrinsèques.
des extraits qu'on a faits
espèces ; ou ce sont des citations,
de la Vôluspâ avec indication
du titre de ce poëme, ou
des imitations
bien des réminiscences,
dans d'autres
poëmes
dont
l'époque
qu'on
rencontre
de la composition
est
connue.
Parmi
lès poëmes de l'Edda de Saemund, il y en a qui
renferment
à la Vôluspâ. Ainsi,
des vers empruntés
dans
Vegtamskvida, xvi, les vers suivants
Sa man
Hond
um
Adr â tâl
1'
Odins
son einnoettr
thvsera
um
nae ftôfud
fcerr Balidrs
vega;
kembir,
andkota,
oyez p.12 o.
12.
VOLUSPA.
180
les mêmes que les vers 137-189
poëme. Dans Thrymskvîda, vi, le vers
sont exactement
Hvat
Asom
ër mëd
hvat
ër mëd
de notre
Alfom
semblable
est entièrement
au vers 2 09 de la Vôluspâ. Nous
que notre poëme est plus ancien
devons donc admettre
que Vegtamskvîda et Thrymskvîda.
notre poëme ;
Snorri Sturlason connaissait parfaitement
il l'a cité plusieurs fois et en a donné des extraits étendus
dans l'Edda
de Snorri,
en prose. De plus, on trouve dans les poésies
des vers qui semblent être des réminiscences
de
la Vôluspâ, soit quant à l'idée, soit quant à l'expression.
Ainsi, dans le grand poëme de Snorri intitulé
Hâttalykill
on trouve
(clef des différentes
espèces de versification),
les deux vers
Falli
Steini
fyr
in oegi
en stillis
folà
studd,
lof.
Que la terre fondée sur le roc s'abîme dans l'Océan,
(Et qu'elle périsse) plus tôt que la gloire du protecteur!
'
quant à l'idée, aux vers 83, 231 de la
qui ressemblent,
est plus évidente dans les vers
Vôluspâ. La réminiscence
suivants :
That
mun
te lifa,
lof,
Eragninga
nëma
ëda Hli
ôld
heimar
fariz
1.
Cette gloire des guerriers vivra éternellement, à moins que
Les nommes ne périssent, ou que les mondes ne s'écroulent.
à Snorri,
Antérieurement
une traduction
lins-spâ).
islandaise
Gunlaug
fils
la Vôluspâ a été imitée dans
des prophéties de Merlin 2 (Mer-
de Leif,
moine
à Thingeyra
1
Voyez Bragaheettir, p. 268.
2 Cf. Greith
Spicilegium Vaticanum,
•
p. 86 sqq.
en
181
INTRODUCTION.
Islande, et mort en 1219, fit cette traduction par ordre
du roi Hakon. On y lit, entre autres, les vers suivants :
Vërdr
â/olldo,
kvad
mikil,
Siyriôld
Fîg ok aêlar,
stôrar
Jïrîm
ôgnir,
herald
aargôld,
î ftverskonar
Môrto lida.
Fërst
ër î heimi,
Slîta
thvî
sifium,
Il y aura sur la terre (a dit
Un long âge de guerre, de
Des meurtres, des perfidies,
La froideur régnera dans le
haïr,
ënn^rôdi
ueit-at
Sun fbdur
svâ synir
vid
fedra.
cet Homme sage)
grandes terreurs,
un âge des bêtes féroces, un âge des armées;
coeur de chacun.
Le plus grand mal est dans le monde ; le père ne connaît plus son fils,
Les parentés sont rompues, les fils s'élèvent contre leurs pères.
Ok
thâ Myrni ok feeidar stiôrnor,
Ma marka thvî ntoldar hvergi;
fara
Af hinni
Sumar
</ômlo </ôngo sinni.
soekiaz at, ënn sumar
Bregda
Kôsi ok ïïtom
ôfgar,
sumar
annan
Sumar
vëg,
finnaz
fôgrom
Alors nulle part sur la terre on ne pourra contempler
Le ciel et les étoiles brillantes.
Les unes se jettent à gauche, les autres à droite,
En quittant leurs orbites éternelles.
D'autres se heurtent entre elles, d'autres s'agglomèrent,
(Toutes) perdent leur éclat et leur bel aspect.
Geysar geimi, jengr hann upp î lopt;
Slikt ër ôgurligt
ita bôrnom;
Slikt
Man
ër ôgurligf
upp
ënyornaybld
at telia
at^/ymom
:
vërda'.
L'Océan bouillonne ; il s'élève vers le ciel.
Cela est terrible pour les enfants des hommes,
1
Voyez Lejcicon mytlwlotjicum,
p. 65g.
"
182
VOLUSPA.
Cela est terrible à prédire :
Cette vieille terre sera une solitude affreuse.
En lisant ces strophes, on y reconnaît facilement
tations de plusieurs vers de la Vôluspâ.
des imi-
Un témoignage plus ancien encore sur l'existence de la
Vôluspâ, se trouve dans un poëme composé par un Norvégien vers l'an 1065.
Biôrt
Brestr
verdr
Les vers suivants
soi at sortna,
erfidi
Le soleil brillant
allr
4ustra,
se noircit,
Le fardeau d'Austri se fend,
renferment
évidemment
sôkkr
folld
brunnr
î mar
siârr
med
dôkkvan;
fiôHum
l.
la terre s'abîme dans l'Océan livide,
la mer mugit dans les montagnes.
des réminiscences;
le premier
vers surtout
rappelle le vers 231 de notre poëme.
Le plus ancien témoignage
citer,
que nous puissions
comme indiquant
la date de la Vôapproximativement
à la première
moitié du xe siècle. C'est
luspâ , remonte
une réminiscence
qu'on trouve dans un vers de Thiôdôlfr,
natif de Hvinen
Islande. Ce poëte vécut à la cour du roi
de Norvège Haralld aux beaux cheveux, et chanta les hauts
faits de la race de Ragnvald et des Ynglingiens.
Dans une
strophe de ce poëme, on lit le vers suivant :
Veit-ëk
Eysteins
enda folginn
-.
Je prévois pour Eystein le trépas à lui réservé.
Ce vers, en style de prophétie,
est une réminiscence
ou
une imitation
du vers i3ode la Vôluspâ. Cela prouve donc
1
Voyez Orkneyinga
p. 90.
2
Ynglinga
Saga, édit. de Jonas Jonseus,Copenhague,
Saga, chap. xxxv.
1780,
INTRODUCTION.
183
: il
que notre poëme existait déjà du temps de Thiôdôlfr
à ce poëte, parce
doit même être de beaucoup antérieur
du xe siècle, la poésie Scandinave,
qu'au commencement
cultivée à la cour des rois, devint de plus en plus artificielle et ampoulée, comme le prouve le poëme de Thiôla poésie est encore
dôlfr. Dans la Vôluspâ, au contraire,
naturelle et sobre de mots, et elle porte le caractère d'une
antique simplicité.
D'après cela, nous croyons pouvoir
admettre que la Vôluspâ remonte au ixe siècle de notre
ère : tous les témoignages intrinsèques
et extrinsèques que
nous avons examinés
nous indiquent
ce siècle
à laquelle notre poëme a été
ci-dessus,
comme devant être l'époque
composé.
S III.
DE
L'AUTEUR
DU
POÈME.
n'a été peuplée que dans la seconde
croire que l'auteur de la
moitié du ixe siècle, on pourrait
Comme l'Islande
Vôluspâ était Norvégien.
tances semblent indiquer
circonsquelques
Cependant
que ce poëme a été composé eu
Islande. Ainsi
les mythes sur Hveralundr
(bois aux thermes )v. 1^2, et sur le géant Surtur, v. 2o5, sont sans doute
originaires de l'Islande, parce qu'il n'y a pas de pays où
les sources chaudes soient eh aussi grand nombre que dans
cette île volcanique,
en
et qu'il existe encore aujourd'hui
une grande caverne qui porte le nom de Surtar
hellir. De plus, l'arrivée par mer des puissances destructrices du monde; la destruction
du monde par le feu;
la terre que le poëte se figure comme une île fondée
Islande,
sur des rochers
au milieu
de la mer,
sont des circons-
184
VOLUSPA.
tances qui s'expliquent
par la position
nature géologique
de l'Islande.
Enfin,
géographique
et la
l'aigle qui donne
la chasse aux poissons, v. 2 38, est sans doute le falco
en Islande sur les rochers qui
chrysetus qu'on rencontre
bordent la mer. Il est donc probable que le poëte vivait
en Islande;
que dans sa jeunesse il avait quitté
la Norvège,
par suite des changements politiques
du pouvoir moproduits dans ce pays par l'établissement
narchique
peut-être
sa patrie,
sous le règne de Haralld
aux beaux cheveux.
de nobles et d'hommes libres qui ne voulaient
Beaucoup
pas se soumettre
au nouveau
régime,
quittèrent
les uns, sous la conduite deGôngu-Rolf,
Norvège;
s'établir en France;
pour aller s'établir
été de ces derniers.
quoi ce poëte,
avenir meilleur,
force,
alors la
vinrent
les autres s'embarquèrent
avec Ingolf
en Islande. Notre poëte peut bien avoir
Cette circonstance
expliquerait
pourse tournait
vers un
réfugié en Islande,
et prédisait la fin certaine
dont il avait eu lui-même
du règne de la
à se plaindre dans sa vie.
au nom du poëte, nous ne saurions le deviner ;
il se trouve parmi les noms qui figurent
probablement
dans les tables généalogiques
du Landnâmabôk d'Islande.
Quant
En lisant la Vôluspâ, on
peut se convaincre que l'auteur de
ce poëme était un homme de génie,
réunissait
puisqu'il
deux grandes qualités,
celle d'un philosophe et celle d'un
notre auteur était élevé bien
poëte. Comme philosophe,
au-dessus de son siècle; car l'idée qu'il exprimait
dans la
révélation
Vôluspâ était une véritable
pour ses contemporains. Comme poëte, il a su choisir la forme poétique
la plus convenable à son sujet, et tracer à
grands traits
le tableau de la mythologie.
185
INTRODUCTION.
de notre poëme,
Si l'on veut apprécier tout le mérite
en tout
il faut dire que l'idée en est grande et l'exécution
des parties est bien ordonnée,
digne du sujet; la disposition
le style presque
l'effet imposants
noble et poétique,
toujours
et majestueux.
l'ensemble
et
VÔLUSPÂ.
HlioSs
Zielgar kindir,
ok minni
Meiri
môgu Heimballar;
Fal-fô<bur vê\ framtelia,
Filda-ëk
Forn-spiôll
Ek
aliar
biS-ëk
man
bau
/ira
âr of-borna,
mik fcoedda. hôfou
lôtna
J)â-ër for'Sum
Nîu man-ëk heima,
mseran fyrir
MiôtviS
Ar
aida
var
sandr
Var-a
of-nam.
ëk Jremst
bâ
-.
raîu îvidi,
mold
nëdan.
Fmir
bygôi;
ne saer ne svalar
unnir;
Tord fannz
Gap var
Aibr
oeva ne apphimin;
en gras hvergi.
ginnûnga,
BUTS synir
Mooum
of-ypta,
J>eir-ër Mi<bgar<b mseran skôpo :
Soi skein sunnan â Salar steina;
J>â var
grand
groin
groenom
lauki.
Soi varp sunnân sinni Mâna
ffendi
hinni /icegri um Mmin-iô-dyr.
Soi pat ne vissi hvar hon sali âtti,
VISIONS
A l'attention
toutes les saintes générations,
grands et petits;
t
j'invite
Les fils de Heimdall,
Je voudrais
du Père des Élus proclamer
Les traditions
Du grand Arbre
des neuf mondes,
du milieu,
Il n'y avait ni rivage,
On ne trouvait ni terre
Il y avait le Gouffre
Soi répand
A la droite
des neuf forêts,
sur la terre ici-bas.
des siècles quand Ymir s'établit
ni mer, ni ondes fraîches;
ni ciel élevé;
béant,
mais de l'herbe
Alors les fihgdjénBoHMattàrënt
la grande
Eux, ils formèrent
nulle
verdit
Enceinte
d'une verdure
de sud, ses faveurs
part.
les firmaments,
du milieu
de sud, les roches de la Demeure;
La terre aussitôt
5
enseignée :
Ce fut le commencement
Soi éclaira,
apprises.
des Iotes nés au commencement;
ils m'ont
Je me souviens
les mystères,
des héros qu'autrefoisj'ai
antiques
Je me souviens
Eux, jadis,
DE VALA.
touffue.
sur Màni,
de la porte du Coursier céleste.
Soi ne le savait pas où elle avait ses demeures,
:.
;
10
188
20
VOLUSPA.
Stiôrnur
Màni
bat ne vissu hvar boer sfabi âttu,
'
bat ne vissi hvat hann megins âtti. .
iîegin ôll a rôkstôla,
Goô um bat gtaettuz :.
Ginheilôg
iVott ok nioium
nom um-gâfu;
J)â gêngu
25
hêtu
Morgun
ZJndorn
ok mioian
ok aptan
dag,
dr um at telia.
Hittoz
JESÏT â /Savelli,
J)eir-ër 7iôrg ok hoï M-timbro£>o;
auS smîoooo,
Afla lôgou,
3o
Tangir
skâpo
ok toi
Tefldu
î tùni,
feitir
gôrSo.^
vâro,
Far beim
vettugis «ant or gulli.
Unz brîr komo ôr bvî liSi,
f*'-*»v
v
ok
JEsir
at
sûsi;
Oflgir
dstgir
55
Fundo
â fcindi fîtt megandi
Ask ok Emblo ô'rlôg-lausa.
Ond
Là
bau ne dtto, 08 bau ne hôfoo,
ne Zseti, ne Zito gôôa :
Ond
40
gaf OSinn, oS gaf Hoenir,
Là gaf Loour
ok Zitu gôoa.
Unz briâr
ylmâttkar
komo
miôk,
Jîursa meyiar
ôr lôtunheimom.
VISIONS
DE
189
VALA.
Les Etoiles ne le savaient pas où elles avaient leurs places,
Mâni ne le savait pas quel était son pouvoir.
Alors les Grandeurs
allèrent
toutes aux sièges élevés,
sur cela délibérèrent;
/
Les Dieux
très-saints
A la nuit,
à la nouvelle
Ils désignèrent
l'aube
lune
bien
Ils posèrent
Forgèrent
Ils jouaient
haut
des tenailles
25
le temps.
dans la Plaine
un sanctuaire
des fourneaux,
des noms;
du jour,
pour indiquer
Les Ases se rencQntjîèrent
Ils bâtirent
ils donnèrent
et le milieu
et le soir,
Le crépuscule
20
d'Idi,
et une cour;
façonnèrent
et fabriquèrent
des joyaux,
des ustensiles.
30
aux tables dans l'enceinte
Rien ne leur manquait
et tout
Alors trois Ases de cette bande,
; ils étaient joyeux,
était en or.
Pleins de puissance et de bonté, descendirent vers la mer;
Ils trouvèrent
dans la contrée des êtres chétifs,
Ask et Embla,
manquant
35
de destinée.
Ils n'avaient point d'âme, ils n'avaient point d'intelligence,
Ni sang, ni langage,,j.ni bon extérieur :
Odin donna l'âme,
Lodur donna
Alors arrivèrent
Très-puissantes
Hoenir donna
l'intelligence,
le sang et le bon extérieur.
trois Vierges Thurses
du monde des Iotes.
40
VOLUSPA,
190
veit-ëk
Ask
JEZâr:ba<Smr ausinn
45
Fgg&asill,
Tivîta auri;
J^aSan koma cZôggvar boers î (Zala falla,
Stendr oe yfir groenn E/rSar brunni.
|>aoan
komo
meyiar margs vitandi
or beim sae ër und bolii stendr
Jjriâr
UTS hêtu
so
heitir
standa,
eina,
dSra
â skiSi ; Skuid
Sfeâru
Fërftandi;
ëna
:-
briSiu
]poer fôg lôgSu, boer Kf'kuru,
Aida bôrnom
ô'rlôg at segia.
iîegin ôll â rôk-stôla,
Goô um bat gaettoz :
Ginheilôg
Hverr
skepia,
skyldi Dverga drôttin
J)â gêngu
55
Or
Brimis
ôr blàins
bloSi,
leggiom.
maetstr um-orSinn
J)â ër MôSsognir
annar;
Dverga allra, en Durinn
manlîkun
J)eir
60
Dverga
môrg of-gôroo
sem Durinn
or iôroo,
sagSi.
iVyi ok JViSi, JVorSri ok SuSri,
ok Fëstri,
Austri
Albiôfr,
Dvalinn,
iVar
os
ok iVâinn,
iVipîngr,
JBifurr
ok JBafurr,
ylnarr
ok
Onarr,
Bumburr,
Ai,
Dâinn,
Nori.
MiôSvitnir,
:
VISIONS
un frêne,
Je connais
Arbre
DE
on le nomme
chevelu ..humecté
De ce lac qui
les lojs,
Elles consultèrent
Alors
Eux,
de terre
formèrent
A la figure
humaine,
Nyi et Nidi,
Nordri
Austri
mais
les Dvergues,
et Vestri,
Nâr et Nâinn,
: 50
le sort,
des hommes.
aux sièges élevés,
toutes
des cuisses
est devenu
Modsognir
ils
troisième
:
55
le chef des Dvergues,
sang de Brimir,
De tous
; Skuld étaitla
sur cela délibérèrent
très-saints
« Qui formerait
:
aux enfants
allèrent
Alors les Grandeurs
de science,
elles interrogèrent
la destinée
Et proclamèrent
d'Urd.
Verdandi;
sur les planchettes
Elles gravèrent
« Du
de l'arbre
l'autre
l'une,
45
;
de la fontaine
de beaucoup
Vierges
est au-dessous
Urd se nommait
Les Dieux
dans les vallons
au-dessus
vert,
les trois
De là sortirent
Yggdrasill,
par un nuage brillant,
D'où naît la rosée qui tombe
Il s'élève, toujours
191
VALA.
du
géant
«
livide.
le premier
Durinn
, le second;
la foule
des Dvergues
Durinn
comme
le proposa
:
oo
et Sudri,
Dvalinn,
Althiofr,
Nipingr,
Dâinn,
Bifurr
et Bafurr,
Bumburr,
Anarr
et Onarr,
Aï,
Nori.
Miodvitnir,
.,
fi5
192
VOLUSPA.
Findâlfr,
Feigr, Gandâlfr,
Jjorinn,
Fili ok Kili,
Fundinn,
Naii,
Vili,
iLepti,
Svîorr.
iîanarr,
Fornbogi,
Froegr ok Lôni,
Litr,
|>râr ok J>râinn, |>rôr, Vitr,
— nû hef ëk
rok
Nyr
iVyraor;
Dverga
rêtt um-talda.
Begin ok râosviô,
Frâr,
?°
ër Duerga î Dvalins.
Lions, kindom
til Lofars
Mal
75
sôttu
f>eir-ër
frâ
siôt
Aurvangà
J)ar var
ok Tngvi,
Fialarr
telia;
.
ok Dôlgbrasir,
iïaugspori,
S/cirvir ok Virvir,
Alïr
Ibruvalla.
Draupnir
jffâr,
so
iiSi
steini
Salar
til
*
fflaevângr,
SfcafiSr,
Glôinn,
Ai,
Eikinskialdi.
ok Frosti,
Finnr
ok Ginnarr,
Môinn :
flliôSôlfr,
flugstari,
J)at mun oe appi, mëôan ôld iifir,
tal Lofars hafat.
Lângniôia
Heri,
85
Veit
hon
Undir
jïeimballar
fteiSvoenum
A sêr hon
Af veSi
MiôS
fteigom
um-folgit
ba<bmi :
ôrgom forsi,
en eSa. hvat?
Falfô&urs.—vitoo-ër
ausaz,
Veigr,
Gandalfr,
VISIONS
DE
Vindalfr,
Thorinn,
Fili et Kili,
Fundinn,
Nali,
Vili,
Hanarr,
Sviorr.
Hepti,
Frâr, Fornbogi,
Thrâr
Froegr,
et Thrâinn,
Les Dvergues
Thrôr,
Hâr, Haugspori,
AlfretYngvi,
loin
du rocher
jusque
jusqu'à
de la Demeure,
;
75
vers Ioruvellir.
Skafidr,
Gloînti,
Aï,
Eikinskialdi.
Fialarr et Frosti,
Lofar
et Dolgthrasir,
Hloevangr,
et Virvir,
au juste
au genre humain,
à Aurvangar,
Là était Draupnir
70
Litr,.
de la bande de Dvalinn,
Des habitations
193
et intelligents.
puissants
Ceux-ci ont cherché,
Skirvir
Vitr,
que j'ai énuméré
Il est temps d'énumérer
Les Dvergues
A.
Lôni,
•— Voilà
Nyr etNyradr.
VAL
Finnr,
so
^
et Ginnarr,
Moïnn : —
Heri, Hugstari,
Hliodôlfr,
On exaltera toujours,
tant qu'il y aura des hommes,
Le grand nombre des descendants de Lofar.
Elle sait que le cor de Heimdall
est caché
Sous l'arbre majestueux
et sacré :
Elle voit qu'on boit à traits précipités
s5
Dans le gage du Père des Élus. — Le savez-vous?
i3
[quoi ?
— Mais -
194
VOLUSPA.
sat hon
Fin
90
Tggiongr Asa,
«Hvers fregniS
«Allt
«I
veit-ëk
ënom
«Drëkkr
95
«ti,
bâ-ër
moera Mïmis
miôo
henni
Mîmir
îoo
morgun hverian
— FitoS-ër
en ëSa hvat?
forînga ok men,
ok spâ-ganda :
vîtt
of «ërôld
hveria.
nîtt of komnar,
Falkyrior
Gôrvar at rîoa til Goo-biôoar;
Sfeuld hêlt s/rildi, en Sfeôgul ônnur,
Nù
Hildr,
ëro taldar
Gôrvar
at rîoa
Gôndul
nonnor
jrund
ok Geirskôgul;
Herians,
Valkyrior.
î heimi,
J)at man hon Jôlkvîg /yrst
Er Gullveig geirum studdo,
Ok î nôll Hàrs Tiana brendo;
|>risvar brendo brisvar
Opt, dsialdan, bô hon
uo
brunni;
Sa hon
Gunnr,
jo5
ko-m
Herfôour
Fê-spiôll spaklig
Sa hon vîtt ok um
'
aldni
ok î augo leit :
mik? hvî /reistiS
min?
hvar bâ auga fait —
Ooinn,
«Af veSi FalfôSurs.»
Valdi
inn
HeiSi
Fôlu
hana hëtu hvars
uêl-spâ nitti
hon
borna,
en lifir.
til
Msa
ganda :
kom;
DE
VISIONS
Elle était assise dehors,
VALA.
solitaire,
195
lorsqu'il
le vieux,
vint,
. Le plus circonspect des Ases, et lui regarda dans les yeux :—
« Pourquoi me sonder? pourquoi me mettre à l'épreuve?—
« Je sais tout,
—
je sais où tu as caché ton oeil,
Odin,
« Dans cette grande fontaine
« Chaque matin
90
de Mimir
;
boit le doux breuvage
Mimir
[quoi?
« Dans le gage du Père des Élus. »—Le savez-vous?—'Mais
choisit
Le Père des Combattants
pour
95
elle des bagues et
des joyaux,
Le riche don de la sagesse, et les charmes
bien loin,
Alors elle vit loin,
Elle vit les Valkyries
accourir
Empressées à se rendre
Skuld tenait
Voilà énumérées
Les Valkyries
dans tous les mondes.
de loin,
Hildur,
Gondul,
les servantes
cette première
100
la suivait,
Skogul
pressées de voler
Elle se rappelle
Geirskôgul
:
du Combattant,
dans la campagne.
guerre dans le monde,
Lorsqu'ils avaient placé Gullveig sur des piques,
Et l'avaient brûlée dans la demeure du Très-Haut
;
Trois fois ils l'avaient
Brûlée souvent,
:—
auprès de la race des Dieux;
le bouclier,
Ainsi que Gunnr,
de la vision
brûlée ; elle renaquit trois fois ;
elle vit pourtant encore.
fréquemment,
On l'appelait Heidur dans les maisons où elle entrait;
Elle méprisait
le charme des visions de Vala :
i3.
105
VOLUSPA.
196
seifri
SeiS hon„kunni,
M
hon
var
hon
dngan l'Urar
leikin;
biôSar.
Jîegin ôll â rôk-stôla,
Go<S um bat gsettuz :
Ginheilôg
Hvart skyldo JÉsir afraS gialda,
J)â gêngù
us
E&r
120
skyldo
Urotinn
var
Knâttu
Fahir
go'Sin
ôll
èorû-veggr
gfildi
eiga.
èorgar Asa;
vôllo sporna :
mg-spâ
OSinn ok î folk
um-skaut;
en fbikvîg
Jyrst î heimi.
FleygÇi
J)at var
iîegin ôll â rôk-stôîa,
Go'S um bat jfsettuz :
Ginheilôg
hefSi Zopt allt Zoevi blandit,
Hverir
]?â gêngu
125
oett l'ôtuns
E&r
OSs mey
gefha.
môSi;
J)ôrr einn bar var brûnginn
Hann sialdan sitr ër hann slîkt of-fregn
A-gênguz eiSar, OTS ok soeri,
Mal ôll meginlig ër â mëoal fôru.
130
Ek
sa J3aldri
MôSgum
tîvor
StôS
ô'rlôg fôlgin :
um-vaxinn
flôllu hoerri
Miôr
ok miôk
O&ns
barni
fagur
mistil-teinn.
VISIONS
Elle savait la magie,
197
VALA.
elle abusait de là magie;
les délices de la race méchante.
Elle était toujours
Alors les Grandeurs
Les Dieux
DE
allèrent
très-saints
toutes aux sièges élevés ;
sur ceci délibérèrent
U5
:
«Les Ases devront-ils
expier leur imprudence,
« Ou bien tous les dieux auront-ils de l'autorité
Le mur extérieur
de la forteresse
?»
des Ases fut renversé;
Les Vanes ont su, par ruse de guerre,
fouler les remparts'
et tira sur l'ennemi.
...
Mais Odin lança son trait,
Telle
fut
Alors
les Grandeurs
la première
guerre
allèrent
toutes
Les Dieux
très-saints
sur ceci
« Qui
remplr-de
désastre
avait
« Et livré
Thôr
la fiancée
Rarement
il reste
Les serments
Tous
les traités
Je prévis
Pour
pour
enflé
Baldur,
ce fils d'Odin,
H s'élevait
Un gui
dans une
tendre
les plaines
il apprend
125
chose pareille
les promesses
avait
passés de part
pour
cette
victime
vallée
à lui
charmante
gentil.
:—
et les assurances,
qu'on
la destinée
et bien
de l'espace,
de colère;
violés,
valides
:
délibérèrent
assis quand
furent
élevés ;
sièges
à la race des Iotes ? »
d'Odur
se leva seul,
aux
120
—
le monde.
dans
:
ensanglantée,
réservée
v^
et d'autre.
:
130
198
155
VOLUSPA.
Varo
af beim
flarm-flôg
iMdurs
meiSi
Hô'Sr
/isettlig
èrôSir
ër miôr
nam
syndiz
skiôta.
of-èorinn
var
snëmma,
OSms son ein-noettr vëga :
Sa nam
J>ô 7iann oeva Tiendr ne JiôtaS kembdi
Aôr â èâl um-èar Baldurs andskota :
wo
En Frigg um-grêt î Fensôlum
Fâ Falhallar. — FitoS-ër
en ë<Sr hvat?
sa /ion liggia undir flvëralundi
Loegiarn Zîki, Loka âbekkian;
|)â knâ Fala wgbônd snûa,
fîapt
145
iso
JEZeldr tim
7iôpt or pôrmum.
J)ar sitr Sigyn beigi um sînom
Vëv vel glyoS. — FitoS-ër
en ëor hvat?
ZiarSgiôr
StôS fyrir norSan â MSafiôllum
Salr ôr gulli Sindra settar ;
En annar stôo â Okolni
Biôr-salr
en sa Brimir
iôtuns,
Sal sa hon
standa solo fiarri,
JVâstrôndom
â, UOTST horfa
heitir.
dyr :
Falla
155
tnn of liôra,
eitr-dropar
Sa ër andinn salr, orma hryggiom.
A fellr
Saurom
austan
um
eitr-dala
ok svôrSom,
SlîSur
heitir
su;
VISIONS
DE
De cette tige qui paraissait
Le fatal trait
d'amertume
Le frère de Baldur
venait
VALA.
199
si tendre,
provint
que Hoder se prit à lancer.
seulement
«a
de naître,
Agé d'une nuit, il se prit à combattre contre le fils d'Odin.
Il ne lavait plus ses mains, ni ne peignait sa chevelure,
de Baldur;
Avant qu'il portât au bûcher le meurtrier
Mais Frigg
pleura
Les malheurs
dans Fensalir
de Valhall.
140
— Le savez-vous ?— Mais
quoi ?
Elle vit couchée près de Hveralund
Une créature méchante, l'ingrat Loti;
Il a beau remuer les liens funestes de Vali ;
Elles sont trop roides ces cordes de boyaux.
Là est assise Sigyne, qui du sort de son mari
N'est pas fort réjouie. — Le savez-vous?—
Mais quoi?
Vers le nord,
à Nidafiôll,
s'élevait
La salle d'or de la race de Sindri
;
iso
Mais une autre s'élevait à Okolnir,
La salle à boire
deTlote
us
qui est nommé
Brimir.
Elle vit une salle située loin du soleil,
A Nastrendr,
les portes en sont tournées
au nord :
Des gouttes de venin y tombent par les fenêtres,
La salle est un tissu de dos de serpents.
Un fleuve se jette à l'orient dans les vallées venimeuses,
Un fleuve de limon et de bourbe ; il est nommé Slidur :
155
200
VOLUSPA.
Sa hon
Menn
160
mein-svara
Ok bann
annars
sat hin
aldna
î IkrnviSi,
Ok foeddi bar Fenris
VërSr af beim ôllom
Tûngls
î firôlls
tiûgari
kindir
:
einna nokkurr
hami.
/eigra manna,
iîySr flagna siôt rauSom dreyra ;
5vôrt vëroa sôl-skîn of sumar eptir,
FëSur ôll val-ynd. — FitoS-ër en ë&a hvat?
Fylliz
170
braunga strauma
ok morS-varga,
glepr eyra-rûno :
nâi fram-gêngna,
f>ar saug iViShôggr
Sleit Fargr «ëra. — FitoS-ër
en ëSa hvat?
Austr
165
bar vaba
fiorvi
5at ]?ar â haugi ok slô hôrpu
Gygiar hiroir
gla!8r Egoir :
Gôl um honum î Gaglvioi
hani
Fagur-rauor
175
Gôl um
Asom
sa ër Fialarr
Gullinkambi,
Sa vekx Tiôlda at Heriafôours
Enn
annarr
Sôt-rau&r
heitir.
:
gôl fyrir iôrd nëoan
hani at sôlum Heliar.
VISIONS
DE
201
VALA.
Vala y vit se traîner dans les eaux fangeuses,
Les hommes parjures, les exilés pour meurtre,
Et celui qui séduit la compagne d'autrui :
160
suçait les corps des trépassés,
[quoi ?
Le Loup déchirait les hommes. — Le savez-vous ?--. Mais
Là, Nidhoggr
A l'orient
elle était assise, cette vieille,
dans Iarmfjr"
la postérité de Fenrir :
Et y nourrissait
Il sera le plus redoutable de tous, celui
Qui, sous la forme d'un monstre,
engloutira
. #*
165
la lune.
Il se gorge de la vie des hommes lâches,
Il rougit de gouttes rouges la demeure des Grandeurs
Les rayons du soleil s'éclipsent dans l'été suivant,
;
Tous les vents seront des ouragans. — Le savez-vous ? —
Mais quoi ?
Assis tout près sur une hauteur, il faisait vibrer
Le gardien de Gygur, le joyeux Egdir :
Non loin de lui, dans Gagalvid, chantait
Le beau coq pourpré
qui est nommé
170
sa harpe
Fialar.
Auprès des Ases chantait Gullinkambi,
Il réveille les héros chez le Père des Combattants
Mais un autre coq chantait au-dessous de la terre,
Un coq d'un rouge noir, dans la demeure de Hel.
175
;
202.
180
VOLUSPA*
Geyr
Festr
Garnir
Fiôld
veit
miôk
mun
fyrir Gnypahelii;
en Freki rënna :
slitna,
hin jfrôSa,
-H-n ^agna
r°k
/ram-sê-ëk
°k roni
lengra
Sigtivà.
muno ^eriaz ok at èônum yërba
-ieSÈlïb-"r
;*^l
i-jjio. systrùngar sifium spilla;
185
.i-art-Jër î Zieimi, Tiôroômr mikill :
5/ceggi-ôld,
sfcâlm-ôld,
s/rilder
'ro
uarg-ôld, aSr wër-ôld
engi maor ôSrum byrma.
Find-ôld,
Mân
Leika
klofnir.
steypiz;
synir, en miôt-viSr
kyndiz
:
At ëno gialla Giallarhorni
Jïâtt bises Heimballr,
Tiorn ër â lopti;
Ikfselir Ooinn, viS Mïmis hôfut.
190
Munis
Skëlfr
askr standandi,
Ygg&asils
Kçor iS aldna trê, en lôtunn losnar :
195
flraeoaz
ASr
;;
^7"V
200
flrymr
Zialir â Zielvëgom,
'!<
.Surtar bann sëfi of-gleypir.
ekr
austan,
Snyz iormungandr
Ormr knyr annir,
Slîtr
»iâi JVeffôlr
/lefiz lind
fyrir;
î iôtun-môbi;
en Ari
: — iVaglfar
hlakkar,
losnar.
DE
VISIONS
affreusement
Garmur hurle
Les chaînes vont se briser;
Elle prévoit
Freki
des Grandeurs,
Le crépuscule
—
devant Gnypahall.
s'échappera
la prophétesse
beaucoup,
203
VALA.
:—
iso
: Je vois de loin
la lutte
des Dieux
Combat-
tants.
se combattre
Les frères vont
vont rompre
Les parents
La cruauté
fratri-
leurs alliances ;
règne dans le monde,
L'âge des haches,
eux, et devenir
entre
[ cides ;
et une grande luxure
l'âge des lances,
où les boucliers
:
iss
sont
fendus,
L'âge des aquilons,
l'âge des bêtes féroces se succèdent
avant que le monde s'écroule ;
Pasun ne songe à épargner son prochain.
Les fils de Mimir
Aux sons éclatants
Heimdall,
du Cor bruyant
le cor en l'air,
Odin consulte
l'arbre
tressaillent,
du milieu
s'embrase
:
sonne fortement
190
l'alarme
; -
la tête de Mimir.
Alors tremble
le frêne élevé d'Yggdrasil,
Ce vieil arbre frissonne : — Ilote brise ses chaînes :
Les ombres frémissent
sur les routes de l'enfer,
Jusqu'à ce que l'ardeur
de Surtur
Hrymr s'avance de l'orient,
ait consumé
un bouclier
ios
l'arbre.
le couvre;
Iormungand se roule dans sa rage de géant ;
Le serpent soulève les ffots,
l'Aigle bat de ses ailes,
Le Bec-jaune
déchire
les cadavres : — Naglfar
est lancé.
200
204
VOLUSPA.
Ziôll
Of
fer
austan,
Zôg lyoix,
iSurtr
Skîn
fer
Muspellz
en £ogi styrir :
mëo Freka allir,
Fara jfîfi-megir
J)eim ër bro'Sir
205
fcoma munu
.Bîleists
sunnan
af svërôi
î fôr.
mëo
sviga Isevi;
soi Valtîva :
Griôt-biôrg
gnata, en gifur rata,
TroSa Tialir Zielvëg, en Mmin klofnar.
Hvat
210
Gnyr
ër mëo
allr
.Asum
/ôtunheimr;
? hvat
JEsïr
ër mëS
'ro
Siynia
â bingi;
.
fyrir stein-dyrom
Dvergar
— FïtoS-ër
vîsir.
en ëSr
Fêg-bêrgs
215
illfum?
hvatP
Ziarmr annar fram
J>a këmr iîlînar
Er 0<binn ferr viS 01f vëga,
En 6ani Belia èiartr at Surti —
J)â mun
Friggiar
/alla
ângan-tyr
J)â këmr inn mikli môgr Sigfô&urs,
FïSarr vëga at nal-dyri :
mund um-standa
Lsetr megi Hvëorûngs
220
Hîôr
til
Jiiarta;
J)â ër Tiefnt tfôour.
DE
VISIONS
Le navire vogue de l'orient,
l'armée
de Muspill
sur mer, Logi tient le gouvernail
Approche
Les fils de Ilote naviguent tous avec Freki,
:
est à bord avec eux.
Le frère de Bileist
Surtur s'élance du midi
Le soleil resplendit
Les montagnes
205
VALA.
205
avec les épées désastreuses;
sur les glaives des Dieux-héros
:
de roche s'ébranlent,
Les ombres foulent
le chemin
les géantes tremblent,
de l'enfer. — Le ciel s'en-
tr'ouvre.
Que font lès Ases? que font les Alfes?
Tout Iotunheim
,_ - • =*:
les Ases sont en assemblée;
mugit;
210
A la porte des cavernes gémissent les Dvergues,
Les sages des montagnes sacrées. — Le savez-vous?—Mais
quoi ?
Alors l'affliction
de Hlîne
se renouvelle
Quand Odin part pour combattre
Tandis que le glorieux meurtrier
Bientôt le héros chéri de Frigg
Mais il vient le vaillant
le Loup ;
de Beli va s'opposer à 215
—
succombera..
[Surtur:
fils du Père des Combats,
Vidarr, pour lutter contre le monstre terrible :
H laisse dans la
gueule du rejeton de Hvédrung,
L'acier plongé jusqu'au coeur. — Ainsi Icpère est vengé.
220
206
VOLUSPA.
J)â këmr inn
Gengr Oôins
hann
Drëpr
Muno
225
mseri môgr HlôSyniar,
sonr vio Orm vëga;
af môôi
veor;
Mîogar&
7ieim-stoS rycba :
Zialir allir
burr,
Gengr /et nîo Fiôrgyniar
iVëppr frâ NaSri niSs ôkvî£nom
J)â këmr inn dimmi Dreki fliûgandi,
NaSr fram neS&n MSafiômim;
Ber
250
sër î yiôSrom,
jftygr
— nû mun
nâi
IViohôggr
5ôl
tekr
I/vërfa
2<io
yfir
hon sôkvaz.
af /limni
sîgr fold î mar;
heibax stiôrnur;
eimi
vio
aldur-nara;
Mti viS
Mmin
sortna,
Geysar
Leikr Mr
235
vôll
^
siâlfan. —
ôoru sinni
app-koma
lôrS or cegi ioia groena :
Falla /orsar, /lygr
ôrn yfir
Sêr hon
Sâ-ër
à yïalli
Hittaz
JEsir
/ska
veicSir.
â 'iSavelli,
Ok
um
Ok
minnaz
Ok
â Fimbultys
mold-binur
bar
mâttkar
doema,
â megin-dôma,
fornar rûnar.
DE
VISIONS
Voici que vient
l'illustre
Il va, le descendant
Le défenseur
207
fils de Hlôdunë,
<
combattre
le Serpent;
d'Odin,
de Midgard
VALA.
dans sa colère. —
lé frappe
la colonne
Les héros vont tous ensanglanter
du monde.—
225
Il recule de neuf pas, le fils de Fiorgune,
de rage
Mordu par la Couleuvre intrépide
le noir Dragon-volant,
Voici venir
s'élevant
La couleuvre,
au-dessus de Nidafioll
:
étend ses ailes, il vole au-dessus de la plaine,
elle va s'abîmer.
Au-dessus des cadavres. — Maintenant
Nidhogr
Le soleil
à se noircir;
commence
le
continent
230
s'affaisse
• dans l'Océan ;
Elles disparaissent
du ciel, les étoiles brillantes
La fumée tourbillonne
La flamme
Elle voit
autour
gigantesque
surgir
Dans l'Océan,
joue
du feu destructeur
contre
de nouveau,
255
une terre d'une verdure
Les Ases se retrouvent
du monde,
Ils se rappellent
Et les mystères
du monde;
le ciel même.
touffue.
Des cascades y tombent ; l'aigle plane au-dessus
•
Et du haut de 1'écueil, il épie les poissons.
Sous l'arbre
;
dans la Plaine
ils siègent
les jugements
antiques
d'elle,
d'Idi,
en juges puissants
des Dieux,
de Fimbultyr.
:
240
VOLUSPA.
208
245
]pâ muno JEsiv andursamligar
î grasi finna,
tôflur
Gullnar
J)oers î dr-daga «ettar hôfou
goS'a ok Fiôlnis
Fôlkvaldr
250
Bols
mun
Bûa
beir
Vë
akrar
ôsânir
Muno
allz
kind.
vaxa;
fcatna, Baldur
Ho8r
flropts
Faltîva. — FitoS-ër
mun
koma :
sig-toptir,
ënn ëSa hvat ?
J)â knâ Hoeniv Mut viS kiôsa,
Ok burir èyggia èrceora tveggia
en ëoa hvat?
Fîndheim
vi8a.n. — Fito£-ër
5al
255
260
Gulli
sêr hon
baktan
solo
standa
â Gimli
fegra,
hâm :
|>ar skulo dyggvar
Ok um aldur-daga
drôttir
Tpâ këmr inn fîîki
Ofiugr ofan, sâ-ër
at iîegin-dômi
ôllu rseor :'
Semr
ok sakar leggr,
setr bau-ër vëra skulo.
hann
Fê-skôp
jndis
byggia,
niôta.
dôma
VISIONS
Alors les Ases retrouvèrent
Les merveilleuses
Qu'avaient,
DE VALA.
sur l'herbe
tables d'or,
au commencement
Le chef des dieux
Les'champs
Tout mal disparaîtra
Les demeures
des jours,
et la postérité
les générations,
: Baldur
245
de Fiôlnir.
sans être ensemencés
produiront
Pour habiter
209
:
reviendra
avec Hodur
les enclos de Hroptr,
sacrées des Dieux-héros.—Le
savëz-vous?—
250
Mais quoi?
Alors Hoenir pourra
choisir
sa part,
Et les fils des deux frères habiteront
Le vaste Séjour
du vent. — Le savez-vous?—
Mais quoi ?
Elle voit une salle plus brillante
que le soleil,
Gimlir
S'élever, couverte d'or, dans le magnifique
:
255
C'est là qu'habiteront
les peuples fidèles,
Et qu'ils jouiront
d'une félicité éternelle.
Alors, il vient
Lè souverain
d'en haut présider
puissant
H tempère les arrêts,
des Gran-
auxjugements
qui gouverne
l'univers
:
[deurs,
il calme les dissensions,
Et donne les lois sacrées inviolables
260
à jamais.
1/1
210
VOLUSPA.
NOTES
ET
CRITIQUES
VERS Î.—
Hliôds
bidia,
assemblées
PHILOLOGIQUES.
expression
parlementaire
dire : demander la parole.
usitée
dans les
Obtenir la parole
(thing),
pour
s'exprimait
par hliôds fanga. Voy. Hakonar saga, ch. xvn.
VERS 3I—Vilda-ëh.
de l'indicatif
L'imparfait
je voulais est mis
du subpour l'optatif
je voudrais, de même qu'en latin l'imparfait
Par la même raison, la forme de
s'emploie aussi pour l'optatif.
du subjonctif s'est confondue quelquefois,
en islandais, avec
l'imparfait
de l'indicatif.
celle de l'imparfait
Cf. Rask, Vejledning til det islandske
jonctif
Valfbdar ; voir a la même signification
que
le pire des -étendus morts, des
vàpndaudr; valfadir signifie proprement
dérive de la racine
bommes tués les armes à la main. — Vêl (viel),
sprog. Kjôb.
1811, p. 143.—
vêla ou fêla, (couvrir), cacher, et signifie
tère. — Framtelia
[énoncer, proclamer)
umtelia [parlerde).
sans doute
est une
[qui est caché), mysmeilleure
leçon que
accipere, en allemand verIl s'agit ici de tradinehmen, est préférable
(se rappeler).
tions que Vala a apprises; de plus l'adverbe fremst ne s'accorde pas
avec l'idée de um-man. Pour concilier le mot fremst avec le verbe umVERS 4.—
Of-nêma
(apprendre),
à um-muna,
en latin
l'envisager comme un adjectif pluriel neutre, signifiant
les premières ou les plus anciennes. Mais Vala ne rapporte pas seulement
elle rapporte aussi celles concernant
les traditions
les plus anciennes,
tnan, il faudrait
sa naissance.
qui ont précédé immédiatement
devenu adverbe.
VERS 5. —Ar est ou un locatif ou un substantif
VERS 6. — Froedda indique
que Vala a été instruite par les Iotes;
seulement
l'autre leçon fcedda, indiquerait
qu'elle a été élevée parmi
les événements
eux.
VERS 8. — Fyrir mold nëdan peut signifier : sur la terre ici bas, ou
se
sous la terre ici bas,'selon
que la personne qui parle, est censée
sur la terre ou dans le ciel. Voy. vers 177; Grôttassaungr,
trouver
strophe
11;
cf. Vafthrudnismâl,
v. 174.
NOTES
CRITIQUES.
211
,
VERS g. — Il y a beaucoup de ressemblance
entre
les vers suivants tirés de l'Oraison
wessobrunnienne,
cette strophe et
en vieux haut
allemand.
....
Dat ero ni was noli ûfhimil
Noh paum noh përeg ni was
Ni stërro nohheinîg noh sunna ni skein
x
Noh màno ni liuhta noh dër marëo-sêo, etc.
VERS 12. — hinnunga gap ne signihe pas, comme on le dit ordile gouffre des tromperies, mais le gouffre des mâchoires
nairement,
ou le gouffre béant. On se figure le chaos (&e£os, hiatus) comme une
mâchoires. Le skalde Thiôdôlfr
vaste gueule ouverte, avec d'immenses
Hvinverski
demeures
appelle ginnunga
sacrées des dieux
laung.
VERS Î 6. — Laukr
ve (sanctuaires
dans l'immensité
entre
les
les
mâchoires),
de l'espace. Voy. Haust-
toute herbe pleine de sève. C'est pourquoi
Laukr est quelquefois
l'image ou le symbole de la force et de l'excellence, comme par exemple dans Gudrânar Kvida, I, 17.
VERS 17. — Sinni est à l'instrumental
parce que les verbes qui signifient lancer, jeter, etc. régissent ce cas.
VERS 21. — Hvat..
signifie
. megins, en latin
qaid potentias,
pour
quantum
potentias ou quam magnam potentiam.
VERS 23. — Le mot gin placé devant heilog signifie
proprement
fente.
Ce substantif
extension, distension,
ajoute aux mots devant
d'intensité.
En anglo-saxon
lesquels il est placé, l'idée de grandeur,
dans gin-rice (le vaste emjin se trouve employé de la même manière,
etc. En vieux haut allemand
les
pire), l'Ethiopie;
gin-fest, très-ample,
mots qui correspondent
à gin sont megan (force) et regin (grandeur)
:
exemple : megan-wëtar, regin-diob; cf. island. regin-griotr
(Grôttasaungr,
str. 19).
VERS 26. — Um se rapporte à telia ; um-tclia, en allemand aufzàhlen
cf. Slikt ër ôgurligt upp at telia, pag. 181. La leçon ârum at
(énumérer);
telia ne saurait être approuvée,
d'abord parce que telia ne régit pas
serait inexplicable;
car
parce que le pluriel
la succession des jours et des nuits est envisagée ici comme produisant
et non pas les
l'année, c'est à dire un espace de temps déterminé,
l'instrumental,
années qui
et ensuite
seraient
un espace de temps indéterminé.
1 /t.
212
VOLUSPA.
^
— Hâtimbrodu
^«VERS 28.
Vby. Grimnismâl,
VERS 3O.—Ce
se rapporte
xvi.
strophe
vers est suivi,
plus
dans quelques
à hôrq.
particulièrement
manuscrits,
d'un autre
ails freistudu
ils
(ils essayaient leurs forces,
que voici : ,Ajls kostodu,
mettaient tout à l'épreuve); mais ce dernier vers ne nous semble pas auProbablement
pour expliquer
afla lôgdu, quelque copiste a
thentique.
mis en marge: afls kostudu, confondant le mot afl qui signifie/ourneau,
Plus tard on aura ajouté ails
avec son homonyme
afl qui signifie/oree.
à afls kostudu, ou pour compléter le vers.
freistudu ou comme équivalant
VERS 31. — Tefla veut dire jouer aux tables ; c'est un jeu semblable
où il portait égaleà celui des échecs. Ce jeu était connu en Angleterre
ment le nom de tàfel; les jetons ou pions s'appelaient
tàfelstân. En
été introduit
France ce jeu a probablement
On lit
par les Normands.
de la Rose :
dans le roman
Jouer
Aus eschiez, aus dèz, aus tables
Ou à autre jeu délitahle.
On trouve
dans le même
'
roman
le mot tableteresse :
Assez y ot tableteresses
Ilec entor et tymheresses
Qui molt savoient bien joer.
Mais ce mot tableteresse ne me paraît avoir aucun rapport avec le mol
table : il est probablement
d'origine
provençale et dérive du mot arabe
]jja,
qui désigne
une espèce de tambourin.
D'après
cela tableteresse
en arabe iJLÂJa;
serait une femme qui bat le tambourin,
ce que les grammairiens
VERS 32. — Ce vers renferme
appellent
de deux propositions
en
une crase (xpdcris), c'est à dire la réunion
une seule. Les deux propositions
que le poëte a réunies en une seule
Var theim vettugis vaut, et ok allt var or gulli : «Rien ne
phrase sont :
et tout était en or. »
« leur manquait,
et les éditions
VERS 33. — Dans les manuscrits
de l'Edda,
ce vers
ont été transposés, et à leur place on a mis le vers 4i
Cette méprise provenait de ce que les vers 33 et 4i
et les suivants.
à peu près de la même manière;
mais cette transposition
commencent
et les suivants
rendait
impossible
l'explication
de toute
cette partie
du poème.
NOTES
213
CRITIQUES.
VERS 34. — At sûsi; sus, expression poétique pour désigner la mer.
ce mot, on l'a changé en hûs (maison);
Comme on n'a pas su expliquer
du texte les mots
de retrancher
d'autres ont trouvé plus commode
*
!,
at sûsi.
VERS 36. — Embla
du mot
était Elma;
signifie sans doute laune. La forme primitive
d'où on a fait Emla" enfin entre m et ! s'est inséré
"un b euphonique.
Voy. page 81.
se rapporte,
VERS 37.— Thau/ Quand le pronom
il est mis au pluriel
du neutre.
de sexe différent,
VERS 38. — Là
à des personnes
sang, mais aussi les
est préférable;
en effet, on peut
cheveux. La première
signification
.,, dire que les arbres n'ont pas de sang, mais on ne dirait point qu'ils
. n'ont pas de cheveux. Voy. vers 44.
construction
de l'accusatif
avec
VERS 43. — Ask veit ek standa,
signifie
non-seulement
le
l'infinitif.
VERS 44. — Hârbadmr.
strophe vu.
VERS 47.—
sairement
lire
Toutes
Voyez Soemundar Edda,
les éditions
portent
Hrafna
fcoma; mais
gàldr
il
Odins,
faut néces-
komo.
faut-il
dériver lôgdu non pas de
VERS 5I. — Lôg lôgdu; peut-être
legia, mais de luggva (voir, examiner). Cf. gluggr, et en allemand,
lugen.
VERS 52. — Orlôg at segia. Notre poète emploie at avec l'infinitif
le but pour lequel une chose se fait. Cf. âr um
quand il veut exprimer
at telia,
v. 26.
VERS 5g.— Manlikun môrg; cette leçon qu'on trouve dansl'Edda
de
Snorri, nous paraît être la meilleure. Manlikun est à l'accusatif
pluriel.
Ce mot signifie : ayant Yimage d'un homme, comme en allemand Mannsbild, en grec av&pomos (àvSp-àmj),
en sansc. -I ((1^ '•.
VERS 61 —Dans
les noms des Dvergues,
et dans la manière de les
diffèrent
Il serait «trop long de dire
écrire, les manuscrits
beaucoup.
quelles
raisons
m'ont
chaque
fois déterminé
à choisir
les leçons que
j'ai suivies.
VERS 72. — Regin ok radsvid semblent
être, à la première inspecse
mais si c'étaient des noms, pourquoi
tion, des noms de Dvergues;
trouveraient-ils
intercalés
au milieu de la phrase? D'ailleurs
un qualificatif nous semble nécessaire après les mots : nu hef-èk dverga. Le
\£zx&&
214
VOLUSPA.
.
énuméré tous les Dvergues,
en reprend rénupoëten'apas
puisqu'il
dans la strophe suivante; mais il a seulement
mération
dit les noms
d'une certaine
classe de Dvergues,
et cette classe, il la désigne par
de regin ok radsvid.
l'épithète
VERS 74-—-TU
Lofars telia, remonter dans l'énumération
jusqu'à
Lqfar: Le slcalde Eyvindr dit de même : mëdan Tianns oett i /tverlegi
galga gravas til goda telium.
VERS 83. — Après les noms des Dvergues,
vient dans l'édition
de
M. Afzelius la strophe .qui commence, par les mots Ein sal hon uti.
strophe est à sa véritable
place ; seulement il faut la faire pré-,
céder de la strophe Veit hon Heimdallar,
etc. qui,
dans l'édition
de
est la trente et unième.
Cette dernière
Stockholm,
transposition
s'est faite par une erreur de mémoire,
parce que la strophe trente-
Cette
deuxième
commence
beaupar : Auslr sut, etc. mots qui ressemblent
coup à : Ein sal hon uti.
VERS 85.—Au
lieu de hliôd, on lit dans l'édition de Stockh. horn;ce
qui n'est évidemment
qu'une explication
VERS 86.— Au lieu de heidvônam,
de l'expression poétique hliôd.
je propose de lire heidvoemim
beau et majestueux.
(beau avec majesté, avec sérénité),
VERS 88.— Vilod-ër en ëda hvat est une meilleure
leçon
ënn ëda hvat;
latin
aut,
ër est l'ancienne
autem;
VERS g8.—
que vitod
ëda répond au
forme pour thêr (vous);
ënn ëda hvat (quid autem),
mais quoi?
Vërôlld a ici la même
VERS io3.—Nûëru
taldar;
signification
que heimr.
cette formule se trouve ordinairement
à la fin
des généalogies. Voyez Snorra Edda, p. 365; Skaldskaparmâl, p. 210.
VERS IO4-—-Rida
on trouve aussi la locution
rida lopl ok
grund;
lôg. Voy. Edda Soemundar, fra Helga ok Svavu, 10.
VERS 10 5.— La strophe où il est parlé de l'arrivée des Valkyries doit
être suivie immédiatement
de celle où la première guerre est racontée.
C'est dans cet ordre que se suivent les vers dans l'édition de Stockh.;
seulement
la strophe 2 5 doit être placée après la strophe 26, comme
cela a été fait dans l'édition
de Copenhague. Par suite d'une erreur, le
récit
de la mort
immédiatement
de Baldur
après
que la mort de Baldur
est placé, dans
l'arrivée des Valkyries,
était clans quelque
cette
dernière
édition,
parce qu'on se figurait
avec cette arrivée.
rapport
NOTES
215
CRITIQUES..
ne se présentent
Les Valkyries
que quand il y a combat ou guerre.
fatal ; aussi
Baldur ne périt pas dans un combat, mais par ,un accident
descend-il après sa mort dans l'empire
de Hel, comme tous .ceux qui
meurent
sans avoir
les armes
VERS 106. — Geirom
stydia
à la main.
(étayer
avec des lances),
sur les
placer
pointes des lances.
VERS 111.— Pêl-spâ
est au génitif,
qui est régi par ganda.
elle exerça la magie en se jouant,
VERS 112. — Seidi leikin,
c'estfrivole.
On dit aussi en islandais
leikd sër at.
à-dire d'une manière
VERS 113. — Àngan signifie servante, suivante; mais ce mot signifie
aussi délices, comme le mot gaman.
in doit nous surprendre:
VERS 117. — Godin; l'article
enclitique
d'abord cet article ne se trouve ainsi ajouté aux substantifs
que. dans
la langue plus moderne;
ensuite c'est le seul exemple dé cette espèce
dans notre poëme;
et enfin l'article
ne semble
pas bien convenir
au mot
god. Voy.
z5.
Odins,
cependant
Hrafnagaldr
strophe
les Vanes seuls, et dans ce cas la locution
désigne peut-être
la haine
exprimerait
ou le mépris
des Ases pour leurs
Godin
ces dieux
ennemis
et leurs
rivaux.
VERS 11g.—
de guerre,
dans le but
et signifie
sagesse ou ruse
Vîgspâ est à l'instrumental
ou bien auspices de guerre, c'est-à-dire,
divination
exercée
de connaître
les moyens de remporter
VERS 120. — Fleygdi;
d'avance
la victoire.
il
faut
l'issue
du combat
'
sous-entendre
et de se ménager
(la
spioti
javelot).
VERS 12g. — Au lieu defôru,
on lit dans un manuscrit
est la véritable
fini
expression
pour désigner la relation
entre deux choses ou deux personnes.
En latin on dirait
Nous disons aussi : cela se passe' entre nous;
un contrat.
VERS I32.—
Vôllu est le datif
vallar : hoerri est
pour
VERS i35.-—Hôdur
lance,
le locatif
mais
vâru;
qui existe
intercedere.
et dans un sens actif,
ou plutôt
le
de vôll,
passer,
génit.
hârri.
nam skiôta est intimement
il faut réunir
harm-jlôg hoetllig ; c'est pourquoi
relatif que.
phrase par le pronom
VERS Î 4Î . — Dans l'édition
de Stockholm,
lié par le sens avec
les deux membres
de la
on lit vordr
Valhallar
au
216.
VOLUSPA.
lieu dé va Valhallar.
lui-même,
Le protecteur
le modèle d£S héros.
de Valhall,
VERS . Î 44. — Ce vers et le suivant
c'est sans doute
Baldur
ne se trouvent
pas dans l'édition
Le langage dans ces
de Copenhague,
bien qu'ils soient authentiques.
vers est celui de notre poète, ainsi sâknâ se trouve v. 25i;vîg
composé
avec un autre substantif,
se retrouve dans vig-spâ, v. 11 §,folhvîg, v, 121.
En second lieu ces vers se trouvent
dans quelques manuscrits
et préun sens parfait
à la place que nous leur avons assignée.
sentent
Dans
véritable
approuver
l'édition
place;
de Stockholm,
'c'est pourquoi
l'explication
ces deux
vers
n'occupent
pas leur
ils sont inintelligibles.
Nous ne pouvons
donne M. Afzelius dans sa traduction
qu'en
suédoise, parce que cette explication
leçon.
repose sur une mauvaise
En effet, pour qu'il y ait allitération
dans le vers i44,
il faut lire
dans nos
vîg-bônd au lieu de hapt-bônd ; et ainsi il n'est plus question
vers des dieux qui préparent
des cordes pour lier Loki. D'ailleurs
il a
est lié; il ne peut donc
pas être
question après cela des dieux qui préparent des liens.
les vers dont nous avons failles vers
VERS I48.— Dans les éditions,
déjà
été dit vers 142 et i43
156 et 157 se trouvent
un examen approfondi
véritable place.
que Loki
placés immédiatement
après le vers 147. Mais
démontre
que ce ne peut pas être là leur
VERS 167. — Sauront ok svôrdom est à l'instrumental,
régi par le
verbe fellr.
Svôrdom nous semble préférable
à Svërdum comme s'accordant
mieux
avec saurom et expliquant
mieux les mots thraunga
strauma
du vers suivant.
VERS i58.—
A commencer
de ce vers jusqu'au
vers 2o5, les strophes
se suivent dans le même ordre que dans l'édition
de Copenhague.
Il
serait trop long de démontrer
que dans cette partie de notre poëme,
l'édition
de Stockholm
présente un désordre complet.
VERS 167. — Feigr, en lapon veigas, doit signifier
ici lâche, et non
le loup peut-il
se gorger de la vie
pas voué à la mort ; car comment
La signification
d'hommes
de lâche est la significaqui mourront?
tion primitive,
de laquelle
dérive celle de voué à la mort; car d'après
la croyance
des peuples guerriers
du Nord, les lâches seuls descendaient dans l'empire
de Hel ou mouraient,
tandis que les hommes
vaillants
à Valhall
étaient conduits
pour y vivre auprès d'Odin.
NOTES
217
CRITIQUES.
de l'été, ou dès l'été.
VERS 169. — Of sumar, à commencer
construction
VERS" 176. — At Heriafôdars,
elliptique
pour : at sôlum
cf. v. 178. On dit de même en grec iv Lo-xX-nirlov pour
Heriafôdurs,
è» o'mia Aax.
VERS 181. — Hin frôda dési gne la propbétesse Vala ; c'est ainsi que
Merlin est appelé, inn frôde haïr. Voy. page 181.
et doit se traduire
(VERS 182.— Um se rapporte
kfram-sê,
par
concernant. En islandais on dit : prévoir concernant une chose, pour dire
prévoir tout ce qui
grec, la proposition
concerne la chose,
, VERS I83.-^At
bônum vërda, cf. Hildebrandslied,
ou prévoir
la chose même.
En
itspï est aussi quelquefois
employée dans ce sens.
— Rôm; dans l'édition
de Copenhague
on lit rôm, ce qui est une
de Stockholm porte raun (effort, peine).
orthographe vicieuse. L'édition
Peut-être doit-on lire rare ou hrun (chute, ruine).
at répond au lamed préfixe des langues sémitiques.
ër (il fait dur), c'est un temps
VERS 186.—Hart
«es geht hart her. »
(i banin werdan:
dur;
en allemand
:
VERS 18g. — Leika (jouer, jouter),
se dit des exercices gymnastià la lutte;
cf. en latin : ludiques, pour faire des armes, se préparer
il est dit:
magister. Dans le chant sur Louis, en vieux haut allemand,
«bluot skein in wangôn spilôd under Vrankôn. » En anglo-saxon,
eescou hard handplega (dur jeu des mains), sont
plega (jeu des boucliers)
des expressions poétiques pour dire : combat, guerre.
VERS 1 go.—Dans
l'édition de Stockh. on lit gamla au lieu de gialla;
cette dernière leçon est préférable
comme étant plus expressive. — A
la construction
at ëno, etc. correspondent,
en latin, l'ablatif absolu, qui
est la forme
nouvelle
d'un
qui correspond à l'ablatif
VERS ig5. — Hroedaz
ancien
absolu
et en grec, le génitif
locatif,
absolu
des Latins.
et l'édition
de
Copenh.
Stockh. portent
hroedaz allir;
mais le verbe demande un sujet plus
et doit par conséprécis que allir. De plus, halir a l'accent prosodique
Le mot halir a deux significations
trèsquent avoir aussi l'allitération.
halir;
l'édition
de
distinctes; il signifie : 1° hommes, maîtres, héros; cf. ail. hâls; 2" habitants de Hel, ombres, mânes.
Voy. Alvismâl, 2g.
VERS 1 gô.-^T/Wm
se rapporte à askr standandi, qui est l'idée principale dans la strophe.
218
VOLUSPA.
VERS ig7-—Chose
que Freki s'est mis
singulière!
après avoir dit dans la strophe 48
en liberté
de Stock,
(en iôtun losnar), l'édition
les deux vers. « Geyr garmr miôk
répète néanmoins
fyrir
Gnypa
helli; Festr mun slitna, en Freki rënna, » qui annoncent
que Freki se
mettra en liberté;
et ce qui est encore plus surprenant,
elle répète ces
mêmes versaprès
la strophe LT, lorsqu'il
a déjà été dit que la terre
s'est abîmée, et que Freki a été tué par Vidarr.
VERS 197. — Hefiz Und fyrir.
Lind signifie tilleul et puis un bouclier fait de bois de tilleul.
32, 34- Skaldskâparmâl,
Voy. Rigsmâl,
c. CLXV. M. Afzelius a bien traduit:
p. 75. Cf. Saga Sverris Konungs,
«bar skôldtÔT sig.» Cf. Hafdi hann skiôldinn fyrir sèr, Skaldskâparmâl,
10g.
VERS 202. — Au lieu de Loki,
comme
on lit dans les manuscrits,
H s'agit
j'ai mis dans le texte Logi, et cela par les raisons suivantes.
ici de Logi, dieu du feu et roi. de Mùspilheim,
et non de Loki qui,
et qui, avec son fils le Loup,
vers 2o4, est appelé Brôdir Bileists,
est à bord du navire des géants. Logi et Loki sont souvent confondus
dans la mythologie,
parce que Loki (la fin) est le génie de la deset que Logi (la flamme) est également la cause de la destructruction,
tion universelle,
est dit que le monde périra dans un empuisqu'il
brasement
Deutsche Mythol. p. 1/18 et suiv.
général. Cf. M. Grimm,
K et G ont eu primitiveOn peut ajouter que dans l'écriture
runique
ment la même forme.
VERS 2O5. — Sviga loevi, désastre causé par les épées; sur sviga, voy.
le glossaire; sur loevi, voy. v. 124.
VERS 206. — Dans
l'édition
de Copenh.
cette strophe
est placée
Nous préférons l'arrangement
qui a été suivi
après les vers 209-212.
de Loki,
dans l'édition
de Stockh.;
car c'est l'approche
de Freki, de
fait que le monde des géants tremble, que les Ases délibèrent,
Surtrqui
que les Dvergues gémissent.
VERS 20g. — Hvat ër mëd Asum, locution germanique
pour dire que
Comment se porlent-ils?
Que leur est-il arrivé? Voy. Thymsfont-ils?
Itvida, 6.
de Copenhague porteveggbërgs;
celle de StocVERS 212. — L'édition
kholm vegbêrgs, un manuscrit
vêbergs. Je crois devoir préférer véijp. 115. Vêu
Befgs.",SSi vègbërgsvîsir, voyez Thôrdrapu, Skaldskâparmâl,
NOTES
est l'ancienne
forme
tagne qui est un'asile
montagnes sacrées.
VERS 2i3.—Fram
219
CRITIQUES.
de vêh,
vè (asile
monsacré);
vêg-bërg signifie
et vègbërgsvîsir sont les sages qui habitent les
sacré,
se rapporte
au verbe këmr;
komafram
(provenir),
naître.
VERS 215.
— Ce vers n'est
pas lié par
la construction
avec le vers
ër ne doit, pas être répété
serait
après en. La construction
régulière si le poète n'avait pas mis le vers 214 en rapport avec le vers
2i3 par la conjonction
ër.
VERS 21g,
220. — Hiôr est le régime
direct
de loetr; umstanda
précédent;
mund est dit pour standa um mund ou
of mund ( s'élever de la bouche,
sortir delà bouche ).
VERS 222. — Les mss. portent : vid ulf vëga; cela est évidemment
une mauvaise leçon; car le loup vient d'être tué par Vidarr,
v. 220.
Thôr lutte
avec le serpent Iormungand
(voy. Hymiskvida,
22). Il faut
donc nécessairement
lire orm au lieu de ulf. Ulf ne peut en aucun cas
désigner un serpent,
pas même un monstre en général. Cependant
ulf
paraît être une leçon très-ancienne
; car elle semble avoir donné oriThôr lutte aussi
gine à une autre version du mythe d'après laquelle
contre le loup. (Voy. Lokasenna, v. 235. Cf. Hymiskv. 11.)
VERS 2 23. — Midgards-veor;
Thôr s'appelle aussi hard-veorr (Skaldou simplement
veorr (Hymiskv.
11). VeriandvAsgards
okMidgards (Skaldsk. p. 101. Cf. Harbardsliôd.
22).
ou suivent
VERS 224. — Halir désigne ici les héros qui entourent
skâparmâl, p. 75),
ce sont peut-être
les monomaques
stôd, il faut lire heimstod.
Thôr;
VERS 226.
denvie,
—Okvidinn
de colère,
se construit
dire
audacieux
VERS 228.
—
de heim-
avec le
génitif nids : audacieux
la colère. On dit de même
par
idia-groenn,M. 236; thurftar mikill (grand de besoin),
mdsfiarri (trop long d'espace), etc. Cette construction
en grec et même en latin.
pour
Au lieu
(einhèriar).
ayant grand besoin;
est très-fréquente
Fram nëdan (d'en
Copenh. ipovte frann (brillant),
précédent me semble exclure
l'édition
de.
bas); au lieu defram,
cf. For Skirnis, 27; mais dimmi du vers
l'idée
de brillant.
VERS 22g. — Ber sër
locution particulière
îfiôdrum,
nlever sur ses ailes, s'élever clans les airs. »
pour dire:
« s'e-
220
VOLUSPA.
VERS 23O. —
Nâi est régime direct;
au mot précédent
se rapporte
—Hon
yfir.
VERS 233. — M. Finn
Magnussen
il est régi par la
préposition
vôll, ou au mot suivant/oM.
vid aldur-nara
explique
par alnx-
rende troe (arbre
qui nourrit
tout),
expression qui, selon lui, désigne le
frêne Yggdrasill.
Mais il ne peut plus être question ici de cet arbre qui
est déjà consumé par le feu; car la terre que ce frêne soutenait
est
tombée
dans la mer.
et destructeur
flamme),
Aldur
du monde
\efeu.
VERS 2/n.
nari signifie mot S mot destructeur da monde,
est une expression poétique
pour logi (la
.
,
—
cf. Regin-domi,
v. 258.
Megin-doma,
VERS 246. — Fôlkvaldr
l'Ase Yngvigoda désigne ordinairement
Freyr (voy. Skirnis Fôr, 3). Ici ce nom désigne Odin (voy. Grimnismâl,
46).
Thôr
Thrudvaldr
s'appelle
le nom de Asabragr.
porte
VERS 2 48. —
Bols
mun;
goda (voy.
mun,
Harbardsliôd,
8),
verbe
batua allz bols
impersonnel;
en tout meilleur.
de tout iml ), devenir
( s'améliorer
VERS 249. — Nous avons retranché
et Baldur
de ce vers, les mots
oh Baldur
dans l'édition
de Copenhague
et dans celle de Stocqui se trouvent
kholm. Ces mots ne sont pas authentiques
: ils ont été mis dans le texte
la locution
bâa their
par des copistes qui ne savaient pas expliquer
Hoenir.
(Baldur)
Cette
locution
et Hoenir
est un islandisme
habiteront.
Cette
qu'il
locution
faut
traduire
particulière
par : lui
est assez fré-
et son frère
exemples : their Olafr (lui (Sigrôd)
c. xxxi\ fadr therra Buis ( le père de Buis et de
Olaf).
Saga Harallds,
son frère),
c. xxxix;
their Loki bâru (lui et Loki
Saga af OlafiTryggv.
their Gylfi (lui (Odinn)
et Gylfi),
portèrent),
Skaldskâparmâl,
p. i3i;
quente
en islandais;
Konungasôgur,
c. v; thau Astridr
(eux
et Astrid),
ou (Astrid et sa suite),
et la femme), Grimnismâl
c. I; thau kerling (lui
Olafi Tryggv,
thau Haugni
Atlamâl,
x; vid Freyr (moi
(elle et Haugni),
formâlinn;
et Freyr),
c. xx; id Gymir (toi et Gymir),
Fôr Skirnis,
Fôr Skirnis.
c. xxiv; vid Hrungnir
c. xtv, etc.
Harbardsliôd,
(moi et Hrungnir),
Saga af
VERS 2 51. — Vid est adv erbe, en même temps.
se trouve pas dans l'édition
VERS 2 55. — Le mot/iâmne
le vers.
mais il est nécessaire pour compléter
de Copenh.;
NOTES
NOTES
VERS 2. — Heimdall
EXPLICATIVES.
221
EXPLICATIVES.
est un des douze dieux
(Ases) delà
il représente
l'idée du commencement,
remonter
choses ; c'est pour cette raison.quej'jjrifait
Scandinave;
la différence
des conditions
humaines,
ou la division
mythologie
de l'origine
des
à lui
l'orkjine
de la 'société
de
en
trois classes. La tradition
rapporte que Heimdall,
mythologique
prenant
vint sur la terre et y fit naître, d'une male nom de Rig (éminence),
nière mystérieuse,
Throell (serf),
Karl (plébéien,
homme libre) et larl
(comte, noble), desquels descendent les serfs, les hommes libres et les
nobles. C'est pourquoi
leur condition
sociale
les hommes
sous le point de vue de
ils sont grands ou
sont nommés fils de Heimdall;
ils appartiennent;
ils sont des générapetits selon la classe à laquelle
lui-même
est appelé inn helgi as
tions saintes, parce que Heimdall
considérés
(l'ase saint).
Valfadir, que nous avons traduit
par Père des Elus, veut
dire proprement
Père des étendus morts. Mais comme, selon la croyance
des Scandinaves,
les héros ne meurent
dans les combats que quand le
VERS 3..—
suprême Odin leur fait la faveur de les appeler à lui, le mot
de bienheureux,
d'élu. Le Père
étendu mort a tout à fait la signification
des Elus est Odin. Les mystères d'Odin
sont la connaissance
de la desdieu
tinée des dieux
et des hommes,
et de l'avenir
du passé, du présent
des traditions mythologiques
la connaissance
; en général la connaissance
et qui composaient
qu'on appelait runar (runes,
mystères),
chose près tout le savoir des anciens Scandinaves.
à peu de
VERS 5. —
des forces pour ainsi
Les Iotes sont la personnification
dire gigantesques de la nature; ils sont nés au commencement du monde-,
c'est pourquoi
eux passent
ils connaissent
de toute chose. Plusieurs d'entre
l'origine
pour avoir une haute sagesse et un profond savoir.
à la race des
VERS 6. — Vala, la prophétesse des Ases, appartient
du Nord, les personnages qui sont
Iotes, parce que dans la mythologie
doués d'un pouvoir ou d'une intelligence
à celle
égale ou supérieure
des Ases,
tous de Iôhinheim
(du monde des Iotes).
proviennent
'
VOLUSPA.
222
visité les neuf mondes,
et augmenté
VERS 7! — Vala avait'jaoTs
dans ce voyage le trésor de sa science. Les Hindous
trois
comptent
en ont neuf. Trois et les multiples
les Scandinaves
de trois
mondes,
sont des nombres»
chez
les notions
les suivants :
I.
Trois
sacrés chez 4es peuples
comme
indo-germaniques
"mondes
des Scandinaves
sont
(sémitjques.*-Les«i'ëaf
'
au-dessus
: 1. Liôsâlfaheim
des génies
(monde
(njtspdssdai feu^, au sud. 3. Asaheim ou As-
de la terre
2.
de lumière).
"frarà"(monde
il. Trois
Mnspilheim
de's Ases), au milieu
sur la terre
5. Mannheim
ou Midgard
heim ou Utgard, à l'orient.
du ciel.
: 4. Vanaheim
(monde
des Vanes),
au milieu.
(monde
des hommes),
forêts
sous la
terre
étaient
sacrées
chez les peuples
6. Jôfun-
: 7. Dokâlfahéim
et Svartâlfaheim
(monde
des génies de l'obscurité).
8. Hel ou Helheim (empiré
de la mort).
au nord. —On
se figurait
g. Nifl heim (monde des ténèbres),
que dans
chaque monde il y avait une grande forêt au milieu,
parce que les
III.
Trois
à l'ouest.
germaniques
comme
chez les
peuples de l'Inde.
VERS 8.—Le grand Arbre du milieu est le frêne Yggdrasill
qui, placé
,au milieu de la terre, élève ses branches au-dessus du ciel et pousse ses
racines jusqu'à l'extrémité
de l'enfer. Cet arbre porte et soutient ainsi
il est l'image de la végétation
de la vie et de la durée des choses.
le monde
entier;
terrestre
et le symbole
de l'océan primitif;
VERS g. — Ymir est la personnification
des glaçons de Niflheim,
fondus ou vivifiés par les étincelles
il est né
sorties de
Muspilheim.
VERS 12. —
Le Gouffre béant est l'immense
espace vide du néant
vînt le remplir.
cet espace comme une
avant qu'Ymir
On se figurait
'
vaste gueule ouverte.
VERS 13. — Les fils de Bur sont Odin et ses frères et, dans un sens
plus étendu,
les Ases en général.
H y a neuf firmaments
ou neuf cieux.
p. 222.)
(Voy. Skaldskâparmâl,
du milieu est Mannheim
VERS it[.— L'Enceinte
(le monde des homet l'enfer au-dessous.
mes), situé au milieu, entre le ciel au-dessus
du soleil, qui est féminin
VERS i5. — Soi est la personnification
dans les langues germaniques
comme dans les idiomes sémitiques. —
NOTES
EXPLICATIVES.
223
ses rayons du sud, parce que le midi
paraît être le séjour
est la demeure
habituel du soleil. — La demeure par excellence
des
l'enceinte
du milieu;
cette demeure repose sur des rochers
hommes,.ou
: ces rochers entourent
la terre comme une
comme sur des fondements
Soi darde
bordure,
et sont un rempart
contre
les envahissements
de la mer.
(Voy.
Snorri,
Hâttalykill.)
VERS 17. — Mâni,
de la lune,
personnification
culin dads les langues germaniques.
si agréables à l'habitant
vivifiants,
C'est donc comme
si le poète avait dit : « Quoique
de loin ses ardeurs amoureuses.
«lui fait partager
VERS 18. — Le Coursier
nière couverte
Les faveurs
des régions
qui est du genre masde Sol sont ses rayons _
brumeuses
du Nord.
céleste est le cheval
Hrimfaxi
le char de la nuit.
de givre), qui traîne
de l'orient
pour aller vers l'occident,
— Les astres
sité de l'espace. Sôl\ne
habiter successivement
errent
connaît
pendant
Soi
(qui a la criComme il sort
la droite
par la porte
désigne le septentrion.
VERS 1 g-21.
de Mâni,
éloignée
»
du coursier
encore
sans règles dans l!immendoit
pas encore les demeures qu'elle
les douze mois de l'année.
Mâni ne
il n'avait pas encore les
savait pas quel était son pouvoir, c'est-à-dire,
selon l'opinion
avaient
diverses phases qui,
tant d'inpopulaire,
fluence sur la fertilité
des entreprises,
mes, etc. etc.
de la terre,
les opérations
VERS 22. —
sur
de la
les variations
magie,
la
du temps, l'issue
destinée
des hom-
Grandeurs
sont en assemblée
est le nom que prennent
les Ases quand ils
ils ont un caractère
ou en conseil,
parce qu'alors
plus relevé
et plus imposant.
Les sièges élevés du conseil sont
du milieu
: on se les figurait,
de l'arbre
dans le ciel, autour
doute, comme
de grands rochers,
étaient assis les anciens
lesquelles
seillers quand
libérante.
ils étaient
—
pour dire,
pour savoir
à l'imitation
des grandes pierres sur
rois Scandinaves
et leur douze con-
en cour de justice
ou en assemblée déaller au siège était autrefois usitée chez nous
réunis
L'expression
aller au lieu où l'on rendait
VERS 23. —
Les dieux très-saints,
comment
placés
sans
la justice.
c'est-à-dire
les Ases, délibérèrent
régler le cours des astres; quelle demeure
fallait leur assigner dans le ciel, quels noms leur donner,
etc. etc.
VERS 2/1. —• Il est à remarquer
d'abord
que les dieux donnent
il
un
224
-
VOLUSPA.«
el seulement
nom à la nuit,
au jour. Dans la mythologie
Scandinave, la nuit précède le jour, parce que le jour est né de la nuit. Les
comptaient
par noifs. Les Anglais disent encore
peuples germaniques
aujourd'hui
ensuite
(seven
sennight
quatorze nuits),
nights,
années des Scandinaves
nights,
sept nuits), fortnight
(fourteen— Les
pour dire une semaine, deux semaines.
étant des années lunaires,
de la
l'apparition
nouvelle lune devait
avoir une grande importance
chez eux.
VERS 26. — Le crépuscule était le temps où l'on soupait, le soir ou
le temps où l'on allait se coucher.
la nuit tombante,
VERS 27. — La Plaine d'Idi se trouve dans Asgard ; au milieu s'élève
le frêne Yggdrasill,
autour duquel sont placés les sièges élevés. C'est là
le champ d'assemblée (thingvôllr)
des Ases. Idi est le nom d'un Iote qui
est la personnification
du vent-, plaine d'Idi signifie
donc champ de
l'air.
VEBS 28. — Les Ases bâtirent
vir de demeure
d'un
sanctuaire
entourait
un grand temple qui devait leur serà tous. Les temples des Scandinaves
se composaient
et d'une cour ou enceinte qui
l'idole,
qui renfermait
le sanctuaire.
— Le
jeu des tables avait quelque
jeu de dames; il était aussi connu en France,
de la Rose :
VERS 3I.
ressemblance
avec notre
car on lit dans le roman
Là sont servis joîeusement. . . .
De jeus de dez, d'eschecs, de tables,
Et d'oultrageux mets délitables.
Les Islandais
ont
encore
aujourd'hui
la table de Saint-Olaf.
qu'ils appellent
VERS 33. — Bande. Pour donner
un
jeu de dames particulier
Cf. p. 212.
à ce mot le sens qu'il doit avoir
il faut se rappeler que chez tous les peuples germaniques,
les chefs
rassemblaient
autour d'eux une bande composée de leurs fils, de leurs
s'attacher à leur personne;
parents et d'autres guerriers qui venaient
ici,
cette bande
servait
sous leur
toutes les, expéditions
société,
Odin,
assemblée,
commandement,
et combattait
famille.
Hoenir et Lodur;
Les
à leurs
trois
les accompagnait
côtés. Bande signifie
Ases de la
ils sontpleins
de force
de secourir la faiblesse.
pouvoir et la volonté
VERS 35, — Ashr el Embla sont l'Adam
dans
donc
bande céleste sont
et de bonté, car ils onl le
et l'Eve
delà
mythologie
NOTES
Scandinave.
Ask
signifie
EXPLICATIVES.
et Embla
\efrêne
de l'homme
que l'organisation
Il est à remarquer
perfectionnée.
d'hommes
ib-7, le premier
couple
veut indiquer
végétale
etQEuv;
225
l'aune.. Ce mythe
désigne
n'est qu'une
organisation'
J.
que d'après Hésiode,
provient
e'x psMas,
d'un
frêne.
VERS 36. —
Les deux
arbres
Ask et Embla
qui
croissaient
dans le
sable aride du rivage de la mer, étaient des êtres chétifs en comparaison
d'homme
de la nouvelle
organisation
qu'ils reçurent
par le secours des
Ases. Aussi longtemps
que des arbres, ils n'avaient
qu'ils n'étaient
a que l'homme
qui ait une destinée
point de destinée, parce qu'il n'y
et éternelles
de la nécessité.
fixée par les lois immuables
le lanVERS 37. — Sang désigne l'organisation
humaine;
physique
la volonté,
soit par des paroles,
gage désigne les moyens de manifester
soit par des gestes.
VERS lii.
—
Les
Ases
donner
aux premiers
hommes
pouvaient
sont soumis à la
car les dieux eux-mêmes
tout, excepté la destinée;
destinée. Il fallait donc que les trois Nomes vinssent
dispenser le sort
créés. Les Nornes sont fdl.es de Thurses,
à Ask et à Embla nouvellement
issues de l'ancienne
race des Iotes nés du géant Ynmv_
c'est-à-dire,
EHes sortirent
de la fontaine
en parlant de cette
l'Arbre du monde.
VERS 44. —
fontaine,
d'Drd,
située
le poète
au pied du frêne Yggdrasil
:
saisit l'occasion
pour décrire
la colonne du monde,
est un 'arbre chevelu,
Yggdrasil,
touffu ; son sommet élevé au-dessus du ciel, est arrosé
d'un feuillage
par un nuage brillant
et produit
l'arbre
la rosée.
qui alimente
VERS 46. — La fontaine
d'Urd est la fontaine de la sagesse des Ases,
comme la fontaine
de Mimir
est la source dé la sagesse des Iotes. Ne
à de semblables mythes,
serait-ce point par allusion
qu'on
fable : La Sqgesse ou la Vérité se cache dans un puits ?
VERS 49. — Urd (ce qui a été)
comme l'aînée
des soeurs, a donné
(ce qui est) signifie
chettes ou tablettes
mis Ask
et Embla.
le passé; cette Norne,
signifie
son nom à la fontaine.
Verdandi
sur les planauxquels seront souest la troisième
l'avenir,
le présent. Urd et Verdandi
de bois, les arrêts du destin
Skuld
dit dans la
gravent
(ce qui sera),
Norne : elle n'écrit pas comme ses deux soeurs auxquelles
elle est toul'est à Clôthô et à Lachésis.
jours opposée, ainsi qu'Atropos
226
VQLUSPA.
„.
VERS 52. — Enfants des hommes est une expression pour dire simhommes
plement hommes; cette expression désigne ici les premiers
x
Ask et Embla.
des forces éléVERS 55. — Les Dvergues sont les personnifications
mentaires
de la nature.
Plus tard, l'image
qu'on s'est formée des
ainsi dire rapetissée,
et ils sont devenus ces
Dvergues,
s'est-pouf
êtres petits et chétifs que nous appelons nains. — Comme dans l'enfance de là société, le père de famille est aussi chef de tribu ; chef ou
roi signifie en même temps père, et réciproquement.
VERS 56. — Le père des Dvergues est né du sang de Brimir qui
est le même que le géant Ymir; voyez -vers g. Brimir,
la personnification de focéan primitif,
né des glaçons du chaos, s'appelle aussi le
de glace qui nagent dans les
géant livide, parce que les montagnes
mers arctiques,
ont une couleur livide. Brimir
fut tué par les fils de
Bur; desa chair fut créée la terre; de son crâne, la voûte du ciel;
de ses os, les montagnes;
de son sang, la mer. Les cuisses du géant
sont les soutiens,
les montagnes
ouïes
rochers; voyez vers i5. Si donc le chef des Dvergues naît du sang et
des cuisses de Brimir,
cela signifie
que la nature des Dvergues tient
à deux éléments,
à l'eau et à la terre.
principalement
VERS 6 I . — Cette longue énumération
des noms de Dvergues paraîtra
bizarre
les fondements
à beaucoup
de la
terre,
de lecteurs
; c'est que nous n'y voyons qu'une
suite de noms insignifiants.
Mais quand on songe que le poëte et ses
à chaque nom le mythe
auditeurs se rappelaient
on
cjui s'y rattachait,
de ces noms ne devait avoir rien d'acomprendra
que l'énumération
ride pour eux. En second lieu, les tables généalogiques
avaient autrefois et ont encore aujourd'hui,
chez beaucoup
de peuples, une trèset dans l'antiquité,
les généalogies ne paraissaient
grande importance;
nullement
dans la poésie épique. Cependant,
on doit être
de trouver,
dans notre poëme, la généalogie des Dvergues,
surpris
tandis qu'on n'y trouve point celle des Iotes, ni celle des Ases. Pour
déplacées
autant qu'il est possible de la
des noms des Dvergues,
l'explication
des noms
donner, le lecteur pourra recourir au Glossaire. L'étymologie
les Dvergues comme ayant des caractères,
prouvé qu'on se figurait
des moeurs, des fonctions différentes.
Les uns sont les génies de la lune,
comme
Nyi
et Nidi;
les autres
président
aux quatre
régions
du ciel,
NOTES
EXPLICATIVES.
comme Nordri,
Sudri,
Austri
Lôni ; d'autres
les hauteurs,
227
et Vestri; d'autres
sont des génies de l'air,
comme Vindâlfr, ou des génies de saison, comme Frosti. Les uns habitent l'eau, comme Aï et Hloevangr; les autres les marécages, comme
comme
enfin les
Haugspori ; d'autres
arbres, comme Eikinskialdi.
Bifarr et Bafarr sont peureux;
Veigr, Thoest voleur;
rinn ont le caractère ardent, audacieux;
Althiofr
Nipingr
etc. etc.
est méchant,
VERS 71; — Les Dvergues de la première race se distinguent
ceux de la seconde par leur énergie et leur intelligence.
VERS 74. — Dvalinn
est la souche.
est un Dvergue
de la seconde race dont
de
Lofar
VERS 76. — Aurvangr (plaine humide)
et Ioruvellir
(plaines de la
des
désigner l'eau et la terre, comme habitations
terre), semblent
Dvergues.
ou
VERS 83. — Il paraît que beaucoup de noms ont été retranchés
sesbnt perdus. Le nom de Lofar ne se trouve pas dans l'énumération
des Dvergues.
VERS 85. — Elle,
désigne la prophétesse elle-même. Cette manière
à la troisième
de parler de soi-même
au style
personne,
appartient
— Heimdall, dont il a été
prophétique de toutes les nations.
question,
vers 2, devint
de nuit
des Ases dans Asgard, le gardien
après l'établissement
et le portier
des dieux. Odin lui donna un cor appelé le cor
bruyant pour sonner l'alarme en cas que les Iotes ou d'autres
voulussent pénétrer dans le ciel.
ennemis
VERS 86 et suiv. — Ces vers sont difficiles
à expliquer,
parce qu'ils
est plus connu. Du temps de
se rapportent
à un mythe qui ne nous
l'auteur de l'Edda en prose, on n'avait déjà plus qu'une idée confuse
de ce mythe. Il est dit dans Gjlfaginning,
page 17:0 Sous la racine du
«frêne Yggdrasill....
se trouve la fontaine
de Mimir,
où sont ren«fermées la
Mimir est plein de sagesse,
sagesse et l'intelligence
< «parce qu'il boit à la fontaine dans le cor bruyant. Odin vint un jour,
«et demanda à boire à cette fontaine-, mais il n'en eut la permission
«qu'après avoir mis en gage son oeil. Ainsi,
Je sais tout,
H est évident
que tout
il est. dit dans la Vôluspâ
:
Odin , etc. »
est confondu
et embrouillé
dans ce récit.
l5.
Si
228
VOLUSPA.
a donné son oeil pour
un gage, c'est un payement.
avoir à boire, l'oeil ne peut pas être
appelé
De plus, si Odin a donné son oeil en
gagei
cela ne pouvait pas être dans le but d'avoir la permission
de boire, car
un gage suppose qu'on veuille rendre
un jour
ce qu'on reçoit pour
là chose engagée. D'ailleurs,
si le gage d'Odin est son oeil,
reprendre
Odin
comment
le vers 87 où il est dit : boire dans le
expliquera-t-on
gage
d'Odin. Il me semble qu'il faut bien distinguer
deux mythes qu'on a
confondus
et mêlés ensemble : d'abord un mythe qui racontait
coma perdu un de ses yeux, et comment
cet oeil est venu en
la possession de Mimir
qui l'a caché dans sa fontaine : ensuite un mythe
qui racontait la mise en gage du cor bruyant de Heimdall.
ment.Odin
donné comme
perdu son oeil ? Peut-être l'a-t-il
à Mimir
payement
pour avoir le breuvage de la sagesse, ou bien l'a-t-il
dans une espèce d'assaut de
perdu ayant été "vaincu par Mimir
sagesse
et de savoir, où l'on avait mis pour condition que le vaincu
perdrait un
Pourquoi
Odin
a-t-il
oeil. (Voy. Vcfthrûdnismâli
Introduction.)
Pourquoi la corne de Heimdall a-t-elle été donnée en gage? Peut-être
dans un
sentant,
qu'Odin
le besoin d'augmenter
sa sagesse, voulut boire à la
pressant danger,
le géant demanda
fontaine
de Mimir;
un prix qu'Odin
de
promit
payer. Pour garantie, Mimir
exigea qu'il mît en gage le cor bruyant
de Heimdall
: c'était
le gage le plus précieux que pussent
de la possession de
dieux, parce que leur sûreté dépendait
gage du Père des Elus est donc le cor bruyant de Heimdall;
tenu caché par Mimir
dans sa demeure qui se trouve sous
donner
les
ce cor. Le
ce cor est
l'arbre ma-
jestueux et sacré, c'est-à-dire sous l'une des trois racines du frêne Yggdrasil!. Mimir se servait chaque matin
de ce cor pour y boire à traits
— Les Scandinaves buvaient dans des
précipités à la source de sagesse.
la même corne servait de trompette
et de coupe.
VERS 88. — Le savez-vous?—Mais
quoi?. . .. Locution
elliptique
au style prophétique.
de la nouvelle
La prophétesse remplie
propre
cornes;
vision
qui vient
vous, dit-elle,
question
de frapper son esprit
ce que je vois?SwCette
quand nous
autres locutions
mais
semblables,
Après>eette
où personne
exclamation,
: Savez-
point une
comme
interrogative,
N'est-il pas vrai!...
., et
locution
untf^tlamation
plutôt
disons : Savez-vous qéoi !
directe,
interlocuteur.
s'adresse à ses auditeurs
n'exprime
une réponse de son
la prophétesse continue: Mais
n'attend
NOTES
229
EXPLICATIVES.
Que vois-je ?. . . . Que vais-je révéler ?. .
VERS 89. — S'il est question
d'enchanteresses,
être assis dehors signifie « se livrer en plein air et au
àl'exercice de la magie»
(voy. page 160). Dans tout
quoi?....
. . Écoutez
!;.'..
de magiciennes,
milieu de la nuit
autre
cas, dehors
» Etre assis ou se tenir à la
signifie « devant la porte.
porte est une locution, usitée dans les poésies épiques pour dire « avoir du loisir, » ou
— Le vieux
0attendre quelqu'un
avec impatience.»
désigne l'Ase Odin.
ainsi nommé,
VERS 90. — Le plus circonspect des Ases est Odin,
dans le danger, il se montrait
parce que dans ses voyages et surtout
dans ses actions et dans ses paroles.—Regarder
prudent et circonspect
les dispositions
dans les yeux de quelqu'un veut dire «sonder
d'une
2.)
personne pour lui faire une demande à propos.» (Cf. Hymiskv.
VERS 91. — Odin avait coutume de mettre à l'épreuve la sagesse et
la puissance des autres. Nous en verrons un exemple curieux
dans
Vafthrûdnismâl.
VERS 93. — L'Arbre
du monde
ou le frêne Yggdrasill
sur la terre et dans l'enfer.
a trois racines
Sous chacune
qui s'étendent dans le ciel,
des trois racines, il y a une fontaine ou un lac. Dans le ciel, il y a la
sur la terre, chez les Iotes, se trouve lafontaine
de sagesse
fontained'Vrd;
de N(iinir; et dans l'enfer, il y a le lac Hvergelmir
eaux les fleuves de Nifibeim.
Mimir est un ancien
de ses
qui alimente
Iote ou Hrîmthurse;
il est le
de la sagesse des géants: il boit chaque matin le
représentant
doux
il augmente chaque jour sa sagesse.
breuvage, c'est-à-dire,
VERS 96. — Odin voyant que Vala connaît
son secret, et satisfait
de trouver
en elle tant
de sagesse, lui donne des bagues et des joyaux
; il ajoute encore le dorade la parole sage et le
Dès ce moment tout ce qui se passe dans les diffé-
pouf la récompenser
don de la prophétie.
rents mondes est dévoilé
VERS 99.
envoyées par
—
Les
Odin
au regard de Vala.
sont les vierges
Valkyries
pour
choisir,
qui
sont
sur le champ de bataille,
parmi les
par leur bravoure, de trouver une mort
ceux qui méritent,
glorieuse. Les héros qui périssent
combattants,
guerç^es
les armes
à la main
sont
conduits
des Élus) qui est l'Elysée Scandiparles Valkyries à Valhall (séjour
nave : elles sont présentes partout où se livre un combat; c'est pourquoi
— La race des dieux, ce sont les Ases,.
leur arrivée
présage la guerre.
. VERS 101. —
Tenir le bouclier
veut
dire
«marcher
au combat
à la
230
VOLUSPA.
troupe» ; il n'y avait que les chefs qui eussent des armes défensives. (Voy. vers 197.)
VERS 102. — Skuld, la plus jeune des Nornes, et celle qui met fin
à la destinée
des héros, marche
à la tête des vierges guerrières.
Le
tête d'une
nombre
et les noms des Valkyries
anciennes
signifie
poésies.
Sltogul
Hildur,
«lalutte»;
sont
différemment
dans les
indiqués
Garnir
«qui est hérissée d'armes»;
signifie
«la guerre»;
Gondal,
«qui délivre
les héros»;
« qui est hérissée
de piques. »
VERS IO3. — Les Valkyries
sont appelées servantes du Combattant
ou d'Odin, parce qu'elles'exécutent
les ordres de ce dieu, sur le
champ
de bataille.
Geirskogul,
VERS 106. —
ou la sorcière
des Vanes
Gullveig est la devineresse
qui sont les rivaux et les ennemis des Ases. Ces derniers,
pour faire un
affront
aux Vanes,
ou pour arracher
secret à la sorcière
quelque
sur les pointes hérissées de piques qu'ils avaient
veig , la mirent
en terre, et allumèrent
VERS
au-dessous
108. — Déjà
la sorcière,
un grand feu.
brûlée trois fois, était
Gullfixées
d'elle
rentrée
trois
fois en vie par des moyens magiques ; les Ases continuèrent
à vouloir
la faire périr par le feu, mais ils ne purent réussir.
VERS 110. — Heidur est le nom de la sorcière
dans la
Gullveig
— Les sorciers et les sorcières
le pays
parcouraient
langue des Vanes.
et pour répondre
et entraient
dans les maisons pour prédire
l'avenir
(Voy. page i56.)
qu'on leur adressait.
— La sorcière des Vanes
les prophéties
méprisait
des Ases.
aux questions
VERS 111.
devineresse
de la
— Il
: une divination
y avait deux espèces de divination
et une autre basée sur
se fondant sur l'inspiration
divine,
prophétique
tomba
les opérations
Cette dernière
de la magie ou de la sorcellerie.
les
Les Vanes passaient
peu à peu dans le plus grand mépris.
pour
VERS 112.
inventeurs
de la magie,
(Voy. page 15g.)
VERS 1 I3. —
appelés
la race
et pour
Les Vanes,
méchante;
être
comme
très-habiles
ennemis
les Ases sont
dans la sorcellerie.
et rivaux
des Ases, sont
nommés
la race des dieux,
réparation
de l'injure
quon
en
Ases entrèrent
v. 100.
VERS 1 I4. —
leur avait
faite
Les Vanes
dans
la
demandèrent
personne
de Gullveig.
Les
NOTES
EXPLICATIVES.
231
pour savoir s'ils devaient expier leur imprudence et accorder aux Vanes des droits égaux. Ce dernier point prouve, que leur iniles Ases ne voulant pas'que tous les
mitié avait pour cause la rivalité,
délibération
eux et les Vanes,
dieux, c'est-à-dire
eussent
de l'autorité
où des droits
égaux.
Pendant
VERS 118.—
sent le mur
extérieur
les Vanes renverque les Ases délibèrent,
de la forteresse
des Ases; ce mur sépare, dans
des Ases de la demeure des hommes. Les Vanes,
Midgard, la demeure
à monter sur les remparts ; mais Odin
par ruse de guerre, parviennent
lance son trait, il tire ses flèches sur l'ennemi.
.. C'est assez dire que
la victoire
reste aux Ases.
VERS 122.
—
Le mur
un géant déguisé,
jamais. Pour prix
extérieur
ayant été renversé, un inconnu,
offrit
aux Ases de le reconstruire
plus solide que
de son travail,
il demanda
la fiancée d'Odur, la
déesse Freya ; de plus, le soleil et la lune. Loki persuada
aux Asés
l'architecte
de sa réd'accepter cette offre : il espérait pouvoir frustrer
comme condition
du contrat,
compense en mettant,
que le mur
serait achevé en un seul hiver,
et que l'architecte
n'aurait
aucun aide
que si le travail n'était pas fait dans le temps presne serait pas payé. Le géant accepta cette condi-
excepté son cheval-,
crit, le prix stipulé
tion , et les dieux sanctionnèrent
travail
avança
: la
rapidement
le
contrat
veille
leurs
par
du jour
fixé
serments.
comme
Le
dernier
il n'y avait plus qu'à placer les portes. Les Ases voyant que le
le soleil et là lune, s'aslendemain ils seront obligés de livrer Freya,
terme,
accepté un contrat
aussi préjudiciable;
ils se demandent
qui d'entre eux est la principale
cause de ce que le ciel est rempli de désastre paf l'enlèvement
du soleil
et de la lune, et que la déesse Freya est livrée à la race du géant. —
semblent,
et s'accusent
Par une ingénieuse
les uns les autres
d'avoir
de style, le poète a mis les verbes au
présent pour indiquer
que les Ases étaient pleinement
persuadés que
le lendemain ils seraient
lés conditions
du contrat :
obligés de remplir
hardiesse
ils regardaient
le payement
faisait déjà dans le moment
VERS 126. —
du prix
stipulé
présent.
le dieu du tonnerre,
comme
aussi sûr que s'il se
qui était absent lorsqu'on
fit le contrat avec l'architecte,
se lève enflé de colère en apprenant
les
conditions
les
que les Ases ont acceptées. Cela suffit pour déterminer
Thôr,
232
VOLUSPA.
Ases à violer
leurs
ils ne tiennent
des proplus compte
au lieu de recevoir le prix stipulé, le
messes données à l'architecte;
géant est tué par un coup de foudre lancé par Thôr. C'est ainsi que les
Ases joignent
la violence au parjure.
serments;
—
VERS I3O.
Vala prévoit la destinée de Baldur dont la mort proet sanglante est encorescachée
est
aux Ases mêmes. — Baldur
chaine
fils d'Odin
et de Frigg,
c'est un héros accompli,
l'idéal de la beauté
et de la bonté. Baldur avait eu depuis quelque temps des rêves sinistres. Sa mère Frigg prévoyant quelque malheur,
conjura tous les êtres
de la création de ne pas nuire à son fils, et elle s'en fit prêter le serment
par tout
ce qui
Frigg négligea de le faire prêter aussi par un
lui semblait incapable
de nuire. Loki alla chercher
ce
existait.
gui,
parce qu'il
à jouter contre Baldur, et à
gui, et lorsqu'un
jour les Ases s'amusaient
lancer contre lui des traits dont aucun ne pouvait le blesser, Loki s'apHoder, qui était né aveugle, et il l'engagea
procha du frère de Baldur,
à se mêler
la diau jeu des Ases. Il lui donna le gui, et lui indiqua
rection dans laquelle
il devait le lancer. Hoder lança le trait,
et le gui
blessa mortellement
le dieu Baldur.
—
VERS I36.
devait être
D'après les moeurs du temps, Baldur
fatavengé par un de ses plus proches parents. Mais par une terrible
de Baldur
étaient en même temps parents de
lité, les Ases parents
Hoder
Pour que la vengeance fût moins odieuse,
qui était fils d'Odin.
la destinée inexorable
choisit le bras d'un enfant nouveau-né
pour
donner
d'une
la mort
à Hoder.
Vali,
fils de Bindur
et d'Odin,
âgé seulement
son autre frère Hoder.
vengea son frère Baldur en tuant
VERS i38. — Ceux qui avaient à venger la mort
nuit,
coutume
d'un parent, avaient
leur chevelure
avant
de ne pas laver leurs mains, ni peigner
d'avoir exécuté leur vengeance. — La poésie et la mythologie
qui réunissent
souvent les traits les plus contradictoires,
nous représentent
Vali tantôt comme un enfant âgé seulement
d'une nuit (voy. v. 107),
tantôt comme un héros adulte,
agissant dans sa vengeance avec préméditation
et discernement.
VERS I4O.
Baldur,
—
son fils.
grande calamité
( einheriar ).
pleure dans
Frigg
La mort de Baldur
dans
Valhall,
son palais
est aussi
où habitent
Fensalir,
la mort
de
comme une
regardée
Odin et les Monomaques
NOTES
EXPLICATIVES.
233
VERS I 4a. — Les Ases exaspérés contre Loki, qui était la cause preà mort l'un de ses fils nommé
mirent
mière de tous leurs malheurs,
de cet enfant,
Fa?î. Des boyaux
Loki
attachèrent
aux
'Sigyne,
la femme
mais,
assise auprès
rochers
ils firent
des cordes
de Hveralund
(le
avec lesquelles
ils
bois des Thermes).
de Loki,
ne se réjouit
de son mari ;
pas du malheur
de lui, elle lui prodigua
des soulagements
et des
consolations.
Introd. )
(Voy. Lokasenna,
est le nom de la contrée
VERS I48. —• Nidafioll
au
ténébreuse,
nord de Midgard.
Cette région est bornée par de hautes
montagnes,
derrière lesquelles
se cache la lune pendant tout le
temps qu'elle n'est
— La race de Sindri est sans doute cette
pas visible à l'horizon.
espèce
de géants connus
sous le nom de Bergrisar
(Géants des montagnes).
Leur palais est richement
orné de l'or tiré des entrailles dés
montagnes.
—
VERS I5O.
rement
Le lieu
de réjouissance
des frimas,
est une
au milieu
(chauffoir).
VERS I52.
— Brimir
dire au fond
—
un
à Okolni
(Voy. v. 56.)
salle située loin du soleil,
c'est-à-
dans TÉrèbe
contrée
dont
le souffle
bent dans l'intérieur
serpents dont
édifice
ordinai-
des Iotes.
Vala voit une autre
du septentrion,
Là, dans une
de Nidafioll.
morts), s'élève
laissent entrer
est la souche
des Iotes qui vivent
salle à boire située
appelée Niflheim, au-dessous
nommée
Nâstrendir
(Rivages des
les portes
des aquilons.
sont
ouvertes
au nord,
et
Des gouttes de venin tomelles découlent
de la gueule des
le plafond,
et les dos les parois exté-
glacial
de la demeure;
les têtes forment
rieures de l'édifice.
VERS 167. •— Un fleuve nommé
de venin de
et de bourbe,
serpent
Slidur
traîne
séjour lugubre.
VERS 159. —
jures,
Les peines les plus
aux meurtriers
et aux adultères.
Scandinaves
un
crime
d'autant
1
plus
sévères sont
infligées
Le parjure
grand,
de tenir de simples
obligation
promesses
chasteté était une des vertus distinctives
formé
(lent,
croupissant),
ses eaux fangeuses
devait
qu'ils
comme
aux
paraître
regardaient
un devoir
des peuples
dans ce
sacré.
germaniques
paraux
déjà
La
et
gothiques.
VERS 161.
—
ou serpent
ailé
(qui abat) est un dragon,
qui habite Nijlheim
(voy. v. 2 29) ; il ronge l'une des racines de l'Arbre
du monde, et suce les cadavres des décédés
de Hel (Emqui arrivent
Nidhoggr
234
, VOLUSPA.
i
— Le
de
la
mort).
Loup est un des fils de Fenrir et de la géante
pire
Gygur. Fenrir est fils de Loki et dé la géante Angurbodi.
VERS I63. -— La vieille est la géante Gygur; elle habite Iarnvid (la
de fer), située dans Iotunheim,
à l'orient
de Midgard.
Le plus
1
des fils de Gygur est le loup Managarmur
redoutable
dès
aura
qui,
qu'il
atteint l'âge de là force, engloutira
la lune ; c'est le même loup dont il
est parlé vers 16 2.
forêt
VERS 167. — Vala prévoit déjà le moment où le Loup aura atteint
l'âge de là force : elle le voit se gorger du sang des hommes lâches qui
sont descendus dans l'empire
de Hel. (Voy. v. 161.) Elle le voit poursuivre le soleil et la lune, les atteindre
à la fin, les dévorer et rougir
ainsi de sang le siège des Grandeurs,
c'est-à-dire le ciel. Alors, comme
le soleil rie répandra plus ni sa lumière,
ni sa chaleur, l'été disparaîtra
dans l'année, les hivers se succéderont
il y aura le
continuellement;
Les vents du nord deviendront
grand et long hiver appelé fimbulvétr.
des ouragans, tous les phénomènes
delà nature annonceront
la grande
les dieux et le mondé entier.
catastrophe qui engloutira
VERS 171. — Les Ases avaient envoyé, auprès de Gygur, un gardien pour la surveiller,
et pour les prévenir
les monstres,
quand
nourris
par la géante, auraient assez de vigueur et seraient lâchés par
leur mère. Ce gardien
est nommé Egdir (aigle),
parce qu'il porté la
il aie regard perçant,
dépouille ou le plumage d'un aigle (arnarham);
et la vitesse de cet oiseau pour voir tout ce qui se passe et
pouvoir prévenir
les Ases avec la plus grande célérité. Egdir a l'esprit éveillé et
joyeux comme il convient à un gardien. Pour rester toujours alerte,
son loisir et pour assoupir la férocité des monstres, il
pour charmer
joue de sa harpe. Il est assis sur
brasser de son regard.
une hauteur
pour
pouvoir
tout em-
VERS 173. — Le poète ayant parlé d'Egdir,
prend de là occasion
dans les trois mondes principour parler des trois coqs qui chantent
le crépuscule des Grandeurs, c'est-à-dire,
le soir, la
paux, et annoncent
rentrée
dans la nuit,
la mort
des dieux.
—
Non
dans
d'Egdir,
chanter le coq Fialoin
Gagalvid (la forêt des oiseaux), les Iotes entendent
/arr qui porte un beau plumage rouge. Dans le ciel, auprès des Ases,
le coq Gullinkambi
(à la crête dorée), réveille les dieux et les Monomaques. Dans la demeure de Hel, un coq noirâtre appelle à la destruction
NOTES
EXPLICATIVES.
235
de l'enfer.—
lés puissances
Hel est la fille de Loki et de la
elle est la soeur de Freki et du
géante Angurbodi;
serpent Iormungand.
dans l'enfer où elle règne sur les morts.
Odin la précipita
du monde
VERS 179. — Garmur
(glouton),
espèce de cerbère qui gardel'enLes hurlements
de Garmur
présagent le ter-
trée du royaume de Hel.
rible combat des dieux contre
On croyait que les hurlements
des combats.
(Voyez Atlamâl,
les puissances destructives
du monde.—
de chien étaient un signe avant-coureur
—-; Gnypahall est l'avenue qui conou à l'entrée
duit à la grille des morts (nâgrindur),
du palais de Hel.
VERS 180. — Freki ou Fenrir le loup est fils de Loki et d'Angurbodi. Les Ases prévoyant
qu'un jour il leur serait dangereux,
parvinrent à l'enchaîner.
Freki tend sans cesse à rompre ses liens ; ses chaînes
23.)
sont déjà usées, bientôt il s'échappera
et dévorera Odin.
VERS 182. — Le crépuscule des Grandeurs.
Voy. v. 173.
combattants sont les Ases.
—
Les Dieux
qui sont compris dans la ruine générale
ne périssent pas innocents;
ils se sont attiré par leurs crimes la venils ont inventé différentes
armes,
geance du destin. Dans leur perversité,
VERS I83.
Les hommes
toutes plus meurtrières
les unes que les autres.
On voit succéder à
les boucliers
et
làge des haches de guerre, l'âge des lances qui percent
blessent à distance. Ces deux âges sont suivis de deux autres qui aggravent encore les maux de l'humanité.
terribles
se déchaînent
en grand nombre
sur la terre;
les hommes
des ouragans
Des vents impétueux,
les bêtes féroces viennent
assaillir
pervertis.
Ces bêtes se multiplient,
à les détruire,
ne dirige
d'abord
loin de songer
ses armes
parce que l'homme,
une pâtrouvent
et ensuite, parce qu'elles
que contre son prochain,
ture abondante sur les
champs de bataille jonchés de cadavres par suite
des guerres nombreuses
que se font les hommes entre eux.
VERS 189. —
Mimir
est un Iote,
voy.
vers $3; fils de Mimir désiLes Iotes tressaillent de joie
les Iotes en général.
gne , par synecdoque,
en préludant
le feu
aux combats qu'ils vont livrer aux Ases. Ils mettent
sous l'une des racines
sonne l'aSYggdrasill
pendant
que Heimdall
larme. Voy. vers 85.
VERS ig2.
par eux en
— Mimir
étant
devenu
l'ami
et l'allié
des Ases, fut donné
lui tranchèrent
la tête
otage aux Vanes. Ceux-ci
voyèrent aux Ases. Odin conserva cette tête, car elle renfermait
et l'enencore
236
toute
VOLUSPA.
la
sagesse
dans les dangers
VERS ig4. —
avait
que Mimir
et les circonstances
eue pendant
sa vie; illa
consultait
critiques.
Tulote par excellence
est le loup terrible
Freki ou
Fenrir qui parvient
enfin à rompre ses chaînes.
VERS ig6. — Surtur (noir),
estle prince de Muspilheim
(mondede
la colonne
feu). L'ardeur de Surtur désigne les flammes qui consument
du monde.
•—1 Les Iotes se mettent
ils vont s'emen mouvement;
197.
sur le navireNaglfar
Midl'océan,
barquer
attaquer
pour traverser
et le prole constructeur
gard et pénétrer de là dans le ciel. Hrymr,
du navire
les Iotes. Il s'avance de l'orient,
priétaire
Naglfar, conduit
VERS
c'est-à-dire
il porte un bouclier,
comme chef d'armée
du rivage où se trouve le navire sur le
s'approche
de Iotunheim;
(voy: vers 101);
chantier.
il
—
le serpent énorme qui, couché au fond
Iormungand,
de l'océan,
entoure la terre de son anneau, se roule pour sortir de la
ï'/iôr son
comme
mer; il est animé de la rage d'Iote (iôtun-môdhr),
VERS ig8.
adversaire
est animé
de la rage d'Ase (âs-môdhr).
est
Iormungand
et parce
appelé Iote ou géant à cause de sa force et de sa grandeur,
et frère de FreM et de
qu'il est le fils de Loki et de la géante Angurbodi,
Hel.
VERS 1 gg. — Pendant que le serpent, impatient
de combattre,
soulève les vagues, un autre géant nommé Hroesvelgr, assis à l'extrémité
du
ciel et revêtu de la dépouille
d'un aigle, agite ses ailes. Ce battement
des ailes est non-seulement
une manifestation
de joie,
mais il produit
aussi les vents qui favorisent la navigation
de Naglfar.
VERS 200. — Le Bec-Jaune
est l'aigle Hroesvelgr qui, dans sa rage
de géant, déchire
les cadavres. — Naglfar (navire
a été
d'ongles)
construit
avec les ongles des trépassés descendus dans
par Hrymer
de Hel.
l'empire
VERS 2 o 2. -^—Logi (la flamme)
est' le chef de l'armée de Muspilheim ;
c'est sans doute le même que Surtur.
VERS 2o3. — Les fils de l'Iote sont les mêmes que les
fils de Mimir;
ils ont avec eux Freki qui était enchaîné dans l'île d'Amvartnir
et qui a
risé ses chaînes.
père de Freki,
Voy. v. 180. Le frère de Bileist,
est à bord du navire des géants.
c'est-à-dire
Loki, le
NOTES
VERS;206.
—
Les
EXPLICATIVES.
dieux-héros
sont
237
les Ases qui
se préparent
au
combat.
VERS 207. — Les géantes sont les personnifications
des roches
et des
montagnes.
VERS 20g. —
Les Alfes sont ici les Liosâlfar
ou
( Alfes de lumière),
des astres qui brillent
dans le ciel.
les personnifications
l'intérieur
des montagnes
VERS 211. — Les Dvergues qui habitent
sentent la terre
prudence les porte à sortir de leurs cade s'écrouler.
—De
même que les Hindous,
vernes qui menacent
les
les montagnes
comme les demeures sacrées de
Scandinaves regardaient
trembler;
leur
certaines, divinités.
VERS 213. — Hline
solée de la mort
voit partir Odin
VERS 215. —
ou Frigg, la femme d'Odin, qui est à peine conde son fils Baldur, est de nouveau affligée quand elle
le loup Freki ou Fenrir.
pour combattre
Le glorieux meurtrier de Beli est l'Ase Freyr ou IngviFreyr; Beli était un Iote. Les héros de l'Inde portent aussi très-souvent
le nom de tueur (hâ), meurtrier de tel ou tel.
VERS 216. — Le héros chéri de Frigg
loup Fenrir. Le poète, pour ne pas dire
voré, dit seulement
qu'Odin
Vidarr, fils
VERS 218.—
Thôr. On le nomme
que le dieu
succombera, cf. v. 226.
d'Odin,
est le
plus
parle
sera dé-
suprême
fort
des Ases après
VAse muet.
VERS 21g. — L'Iote
qui est la mère de Freki.
VERS 221. —
il est dévoré
est Odin;
Thôr,
le serpent, Iormungand.
qu'il défend l'Enceinte
Hvidrung
est sans doute
fils d'Odin
et de Hlôdune
Thôr
est nommé
du milieu
contre
le père d'Angurbodi,
ou lordh,
lutte
défenseur de Midgard,
les Iotes qui voudraient
trer par ce chemin jusque dans le ciel.
à côté de Thôr,
VERS 224. — Les héros qui luttent
avec
parce
péné-
sont les Mono-
des Ases dans cette
; ils sont les alliés, les auxiliaires
maques (einheriar)
terrible journée.
(Voy. Hakonar Saga, chap. xxxm.)
VERS 2 2 5. — Fiorgune
est un autre nom de lordh
(montagneuse)
(terre).
VERS 227. — Le Dragon volant, est NidUioggr qui, après avoir dévoré
les cadavres dans Niflhel
l'enfer à Nidafioll
(voy.
(voy. v. 161), quitte
Y.
sur la terre jonchée
une pâture abondante
i48), et revient chercher
238
VOLUSPA.
Son arrivée
de morts.
annonce
que la terre va bientôt
s'abîmer
dans la
mer.
VERS 237. — L'aigle ou le vautour
lui [S. Math, xxiv, 28 ; Kvida Gadrunar,
qui
II,
est souvent
7),
confondu
ne se repaît
tués
avec
plus de la
du haut de
sur les champs de bataille;
mais,
il épie les poissons. Cela veut dire qu'après la renaissance, il
l'écueil,
vivront
dans une paix éternelle,
n'y aura plus de guerre : les hommes
mêmes perdront
leur férocité et leur rapacité.—L'aigle
et les animaux
des hommes
chair
le; poète est sans doute iefalco
chrysetus. « Cet aigle se tient
du pays (Islande),
« quelquefois
où il se nourrit de
dans l'intérieur
« saumons et autres poissons....
sur les
; d'autres fois on le rencontre
dont
parle
de poissons morts, ou de
«.rochers qui bordent la mer, où il se contente
sur le rivage. On en voit souvent en« charognes
que les flots jettent
chiens marins;
ils profitent
« lever, au loin, de jeunes
pour cela du
que ceux-ci se reposent sur les rochers qui bordent la mer. »
Voyage en Islande fait par ordre de Sa Majesté Danoise, 1.1, p. 116.
Ases de la seconde génération
viennent
VERS 2 4O. —Les
occuper
où leurs pères déles sièges élevés ( voy. v. 2 2 ) sous l'arbre Yggdrasill
« moment
autrefois
libéraient
avaient
coutume
vamâl,
5o.)
sur le gouvernement
du monde.—Les
de tenir leurs assemblées auprès d'un
C'était
On se rappelle
aussi à l'ombre
d'un
arbre qu'on
Scandinaves
arbre.
rendait
(Cf. Hala justice.
:
....'.
Vincenne,
où Louis autrefois
Au pied d'an chêne assis dicta ses justes lois.
VERS 24I.
—
(le grand
Fimbultyr
dieu)
est Odin.
Mystères
d'Odin,
voyez v. 3.
VERS 243. — Les jetons ou tables d'or avec lesquelles les Ases avaient
sur l'herbe
des siècles, voyl v. 3i, se retrouvent
joué au commencement
dans les enclos des dieux
même
état
de félicité
: cela veut
dont
ils
dire
avaient
dans le
que les Ases rentrent
des
au commencement
joui
siècles.
VERS 2 45. — Les générations
d'Odin.
des dieux, c'est-à-dire
VERS 248. —
d u bien,
Baldur,
qui avait disparu
l'idéal
sont la postérité
de la beauté
de Fiolnir,
et de la bonté,
du ciel et de la terre,
reparaît
ou du chej
le principe
dans le monde
NOTES
Baldur revient
régénéré.
été la cause involontaire,
demeure
de Hroptr
239
EXPLICATIVES.
de Hel : il vit
mais fatale
en paix avec son frère qui avait
de sa mort : il habite avec lui la
c'est-à-dire
(Odin),
l'ancienne
Valhall
(demeure
des Élus).
VERS 2 51. — Hoenir, frère
d'Odin,
à Asgard,
revient
otage aux .Vanes,
Ases. Ses fils et les fils de son frère
qui j adis avait été envoyé comme
et prend sa
part du bonheur des
habiteront
Vindheim ou les
Odin,
\
vastes régions de l'air.
Les hommes
sur la terre
VERS 255.—
nouvelle
^Y
sont
régénérés;
le magnifique
Gimli (étincelant).
leurs vertus, ils habitent
pour prix de
du nouveau conseil des Grandeurs,
VERS 260. — Le président
est
fils de Baldur et de Nanna. C'est le dieu de la justice
Forseti (président),
et de la paix. (Voy. Grimnismâl,
i5.) Son palais Glitnir
(étincelant),
chez les hommes
et chez les
thing (tribunal)
passe pour le meilleur
dieux. (Voy. Snorra-Edda,
p. 31.)
II.
^AFTHRUDNISMAL.
16
INTRODUCTION.
CHAPITRE
Dl!
EXPLICATION
TITRE
ET
I.
DU
BUT
DU
POEME.
Vafthrâdnismâl signifie discours, entretien ou dialogue
Tout ce qu'on sait sur Vafthrûdnir
se réde Vafthrûdnir.
son nom figure
duit à ce que, dans la Snorra-Edda,
des Iotes,
et que dans notre poème, il
est appelé père d'Imr et représenté comme un géant renommé pour sa force corporelle et sa grande érudition.
dans rénumération
doit naturelleC'est en sa qualité d'Iote que Vafthrûdnir
et de savoir, puisque
ment avoir beaucoup d'intelligence
selon la mythologie,
les Iotes sont nés au commencement
le mieux les
par conséquent,
antiquités (fornir stafir) et les mystères du Destin (runar)*.
Aussi les Iotes sont-ils quelquefois
appelés hundvûir ïotnar
du monde,
et connaissent,
(Iotes qui savent cent choses), géants infiniment
Le second interlocuteur
dans Vafthrûdnismâl
savants 2.
est Odin,
le dieu de l'intelligence,
de la sagesse et du savoir. Ainsi
nous voyons figurer dans notre poëme deux personnages
l'un et l'autre distingués par leur esprit eL
mythologiques,
leur science.
On comprendra
'
Voyez Introduction
2
Skaldskaparmâl,
pourquoi
générale,
page 108.
le poëte a mis en scène ces
page 9, et Vôluspâ, vers 3.
16.
VAFTHRUDNISMAL.
244
deux personnages,
quand
composant Vafthrûdnismâl.
on saura quel a été son but en
la supériorité
d'Odin
du poète est de montrer
en sagesse et en savoir sur tous les êtres du monde, et de
Le but
une de ces rencontres où cet Ase a vaincu, par
représenter
un Iote qui était son rival et son ennemi.
son intelligence,
d'Odin a été suggérée au poète par
de la supériorité
la mythologie,
qui raconte que le père des Ases prenait
formes et différents
souvent différentes
noms, et allait,
L'idée
les Iotes par sa sagesse, comme
par la force de son bras. Quant
ainsi déguisé, vaincre
fils Thôr les vainquait
son
à la
poétique de cette idée, ou quant au tableau
représentation
de l'inil est entièrement
retracé dans Vafthrûdnismâl,
du poète. En effet, il n'est pas probable que le
un ancien mythe qui eût déjà
poète n'ait fait que reproduire
et Odin. Si Vafthrûdexisté sur la lutte entre Vafthrûdnir
vention
nismâl avait été une ancienne
détails de cette tradition
tradition
existeraient
les
mythologique,
encore dans d'autres
poésies de l'Edda-, de plus, le nom de Gangradr
que prit Odin lorsqu'il alla voir son adversaire,
(voyageur)
serait de-
venu un nom propre poétique de ce dieux : et Vafthrûdnir
qu'il ne le fait dansk
jouerait un rôle bien plus important
Scandinave. Nous devons donc admettre que le
mythologie
est entièremythe,
qui fait le sujet de Vafthrûdnismâl,
du poète. Ce mythe nous retrace le
ment de l'invention
tableau d'un assaut de savoir entre Odin et le géant Vafthrûdnir.
Dans cette lutte, les deux jouteurs risquent leur
tête ; celui
son adversaire,
1
eux qui sera vaincu par la science de
devra être mis à mort. Il paraîtra sans
d'entre
Grimnismâl,
strophe
45 et suivante.
INTRODUCTION.
245
doute singûliercà
plusieurs de nos lecteurs,
que la vie
soit l'enjeu dans un assaut d'esprit, et qu'il y aille de
dans une joute d'érudition.
C'est
la tête des concurrents
pourquoi,
l'aventure
avant d'examiner
en détail la mise en scène de
dans notre poème, il importe de dire
sur le genre de lutte à mort dont nous
racontée
quelques mots
avons un exemple dans Vafthrûdnismâl.
Dans l'antiquité,
et surtout
chez les peuples encore
sinon d'une manière
barbares, il était admis en principe,
raisonnée,
du moins
que celui qui était
et son intelligence,
devait
instinctivement,
supérieur par sa force physique
être le maître de celui qui était
plus faible de corps et
et vrai en lui-même,
puis-
d'esprit. Ce principe était juste
qu'il est la loi du monde et la loi de la nature ; mais il
devait être absurde et inhumain
chez des hommes dont
la force corporelle était de beaucoup plus développée que
l'esprit. La force devint brutale parce qu'elle n'était pas
dirigée et dominée par la raison, et elle devint doublement pernicieuse parce que l'esprit,
qui ne savait pas enou la justice, se manifescore s'élever jusqu'à l'intelligence
tait comme ruse, et servait à opprimer plus facilement la
faiblesse et l'inexpérience.
tout
Cependant ce principe,
la base de la religion des
incomplet qu'il était, formait
Scandinaves dont les deux plus grands dieux étaient Odin,
le représentant
de l'adresse et de la ruse normande,
et
de la force physique. Nous avons
Thôr, la personnification
vu comment l'auteur de la Vôluspâ protestait 1, en homme
de génie, contre la religion
de son siècle, et comment
de voir un jour
espérait, en patriote et en philosophe,
1
Vôlusoâ, Introduction
, page 164.
V***
4M}*
il
la
246
VAFTHRUDNISMAL.
la grande
justice présider aux destinées du mondeflMàis
idée de cet homme supérieur n'était pas comprise par ses
de même qu'elle n'a jamais été reconnue
contemporains,
civilisée.
par le monde païen de l'antiquité
explicitement
Tous ces peuples ne voyaient la grandeur
que dans la
la force était leur
force, et tout homme qui représentait
leur
ha force seule donnait le droit
et le sanctionnait;
elle seule était un titre incontesté pour
subjuguer et anéantir tout ce qui ne pouvait pas lui résister.
héros,
leur dieu,
roi,
Le droit
sur le vaincu était illimité,
du vainqueur
et on
aurait cru se déshonorer
en n'en usant pas dans toute
son étendue. Le droit du plus fort était en même temps le
de l'antiquité,
et il a été proclamé d'une
part et reconnu de l'autre , dans les rapports
diplomaou gothique,
et le
tiques entre le monde germanique
monde romain. Quand les Cimbres envoyèrent des ambasdroit
international
à Papirius,
ceux-ci lui dirent « que c'était une loi
«reçue parmi toutes les nations, que tout appartînt au
«
n'avaient point
; que les Romains eux-mêmes
vainqueur
sadeurs
« d'autre
droit
sur la plupart
des pays qu'ils possédaient,
»
l'épée à la main.
« que celui qu'on acquiert
Le droit de la victoire et de la conquête était un droit
divin ; car Dieu, c'était la force, et le symbole de Dieu chez
les Scythes, c'était le glaive.
une grâce ou un don céleste,
une décision de la Providence.
« est le seul bien
L'intrépidité
passait pour
et l'issue des combats pour
« La valeur, » dit un guerrier
de l'homme
; Dieu se
propre
germain,
« range du côté du plus fort : » et quand le Gaulois Brennus
:
écriant
du
en
s
son
dans
la
balance
Romain,
jeta
épée
« Malheur
la maxime , que la
aux vaincus, » il confirma
INTRODUCTION.
victoire donne des droits
247
et que le vainqueur
ne
de ceux contre lesquels les dieux se
absolus,
doit pas avoir pitié
sont déclarés. C'est encore par suite du principe établi, que
au
Dieu se range du côté du plus fort, qu'on institua,
moyen âge, le combat judiciaire,
qui fut même autorisé
par l'Eglise.
Dans le Nord,
l'idée
du droit
naître les singulières prétentions
connus sous le nom de Berserkir
les sans-cuirasses)
la force fit
que procurait
de ces hommes féroces,
(les simples-chemises,
n'avaient que leur chemise
du Nord
Ces sans-culottes
parce qu'ils
se battre.
quand ils allaient
auxquels rien ne pouvait résister
s'ils étaient
dans leur
de
rage, (berserksgangr),
que la supériorité
prétendaient
la force donnait droit jusque sur la propriété
d'autrui.
C'est pourquoi
à la lutte les riches et les
ils provoquaient
nour trouver occasion de
paysans propriétaires
(hôlldar),
les vaincre et de s'emparer delejars biens. Il y avait dans
l'armée d'Olaf, roi de Norvège, des Berserkir
qui disaient
publiquement
qu'ils se fiaient bien plus à leur bras et à
leurs armes qu'à Thôr et à Odin; qu'ils n'avaient
d'autre
religion que la confiance en leur propres forces.
Cette haute idée, qu'on attachait à la force physique et
à la valeur guerrière,
fut exaltée chez les peuples Scandinaves par les éloges pompeux
que les skaldes donnaient
aux héros. D'un autre côté, la religion
rendait
elle-même
le plus grand hommage à la valeur et à la force, en enseignant que seulement les hommes forts et vaillants entredans le séjour joyeux de
raient, par une mort sanglante,
Valhalle; tandis que les hommes faibles, lâches ou morts
de maladie et de vieillesse,
passeraient dans le séjour triste
248
VAFTHRUDNISMAL.
de Hel. Ce qui prouve encore que les Scande l'empire
mettaient
leur bonheur
et leur gloire dans la
dinaves,
force physique
et la.bravoure,
c'est que les bienheureux
de Valhalle
n'avaient
pas de plus grand plaisir
que d'éles uns contre les autres.
en luttant
leur vigueur
Si, comme nous venons
prouver
était
de le voir,
la force
physique
cependant aussi
il y avait
dans l'antiquité,
des occasions où l'on rendait hommage à la force de l'esprit. De même qu'il y avait des luttes et des combats en
dans la
champ clos, dé même il y avait aussi, jusque
idolâtrée
des luttes où le prix était décerné à
plus haute antiquité,
la sagacité et à l'érudition.
C'est l'Asie qui est le berceau
de ces joutes d'esprit et de ces assauts de savoir. Chez les
c'étaient principalement
des énigmes
sémitiques,
par lesquelles on éprouvait la sagacité et le savoir des concurrents.
De là les traditions
répandues chez les anciens
peuples
Hébreux,
et Éthiopiens,
sur les énigmes que se
le roiSalomon
et la reine de
réciproquement
Arabes
proposèrent
Saba. Dans l'Inde,
c'était surtout
la philosophie
qui faisait
l'objet du concours. Ces joutes d'esprit étaient quelquefois
aussi funestes aux vaincus que les luttes où la force phy: car il y allait de la tête de celui qui
sique triomphait
ne savait pas deviner l'énigme ou répondre
à la question
proposée.
La mythologie
plusieurs fables sont emprésente, entre autres, le mythe allépruntées à l'Orient,
gorique du sphinx de Thèbes, qui proposait des énigmes
aux passants, et qui les déchirait
s'ils ne savaient pas en
deviner le mot.
grecque,
Dans les contes
persans
dont
et arabes,
on voit
des prin-
249
INTRODUCTION.
cesses qui mettaient
dans l'alternative
prétendants
et
ou de deviner les énigmes qu'elles leur proposaient,
d'obtenir ainsi leur main, ou, dans le cas où ils ne pourraient les deviner,
leurs
d'être
mis
à mort
pour
expier
leur
incapacité téméraire 1.
on trouve
Dans Mahâbhârata,
poëme épique hindou,
raconté le trait suivant. Le roi Djanakî fit un grand sacrifice qui devait durer douze ans. Un bouddhiste-, nommé
Vandî, se présente; il provoque les brahmanes à disputer
de la lutte, que celui
avec lui, et met comme condition
qui serait vaincu par les arguments de son adversaire se
jetterait
dans la rivière.
Kahora
, disciple d'Ouddâlaka,
il est vaincu par le bouddhiste,
et
accepte le défi ; mais
fils de
obligé de se noyer. Douze ans après, Aschtâvakra,
n'eût alors
Kahorà, vint pour venger son père. Quoiqu'il
et, après l'avoir
que douze ans, il provoque le bouddhiste,
vaincu par ses arguments,
il lui signifie
tour dans la rivière. Mais le bouddhiste
de se jeter à son
déclare qu'il est
fils de Varouna
(dieu des eaux); que Kahora et les autres
mais qu'ils ont
brahmanes n'ont pas péri dans la rivière,
été accueillis
par Varouna, et que toutes ces luttes n'ont
eu pour but que de procurer au dieu des eaux des prêtres
qui pussent l'assister dans le sacrifice qu'il avait à faire.
Les Hindous
avaient
opinion de la supériorité et de l'empire absolu que donnait la sagesse, qu'ils
étaient convaincus qu'Indra même, le .chef des dieux inférieurs, serait obligé de céder son trône au philosophe qui
lui serait supérieur
On croyait que par
par l'intelligence.
la pénitence contemplative
à la
[rPT^ ], on parviendrait
1 Cf. Der
Nibàmujen
une si haute
Nôt, VII,
strophe
326.
VAFTHRUDNISMAL.
250
les pénitences
C'est pourquoi
terribles
certains mounis (anachorètes)
faisaient
que s'imposèrent
trembler le dieu Indra, et, pour ne pas perdre son empire,
sagesse suprême.
il eut
au moyen extrême.
Ce moyen
était d'envoyer au mouni une charmante
Apsaras (espèce
du ciel ou paradis
de nymphe
ou de houri [yjju^l
jy^]
souvent
recours
de l'amour,
le détournait
hindou)
qui, en lui inspirant
de sa philosophie
et de sa pénitence,
et lui faisait ainsi
perdre le fruit de la sagesse.
Odin
, le dieu
pas moins jaloux
il craignait la
qu'Indra de la sagesse et du savoir d'autrui;
supériorité
d'esprit des Vanes, qui étaient les rivaux des
Ases et celle des Iotes qui étaient leurs ennemis. Ces derScandinave,
n'était
niers surtout
lui inspiraient
sans cesse de vives inquiétudes.
C'est pourquoi
il buvait à la fontaine de sagesse, gardée
et plus tard il allait consulter la tête de
par l'Iote Mimir,
ce géant dans les cas difficiles l. Il fit de fréquents voyages
dans le pays des Iotes pour mettre leur sagesse à l'épreuve
Dans ces épreuves,
par lui-même sa supériorité.
il y allait toujours delà vie de celui qui était vaincu. D'après
ce que nous venons de dire, on comprendra
comment il a
et constater
pu prendre envie à Odin d'aller
nir, qui était un Iote renommé
se mesurer
avec Vafthrùd-
pour sa sagesse : on comce que c'est que cette joute d'esprit,
cet assaut
prendra
d'érudition
entre le prince des Ases et le géant qui sait
on comprendra
comment la vie a pu être mise
en jeu dans la lutte engagée entre les deux personnages
qui figurent dans Vafthrûdnismàl.
tout; enfin,
1
Voyez; Vôlnspà, v. 195.
INTRODUCTION.
CHAPITRE
DES
II.
DU
DIVISIONS
Vaffhrûdnismâl
est divisé
seconde, il raconte
la lutte
251
POÈME.
en deux parties principales.
Dans la première, le poète raconte toutes les circonstances
Dans la
qui précèdent l'entrevue d'Odin et de Vafthrûdnir.
qui fait le sujet du poëme.
Gomme la première
partie ne doit être qu'une introduction à la seconde, elle ne s'étend que jusqu'à la cinquième
strophe. Dans cette introduction,
tretenant avec sa femme Frigg;
d'aller voir
Vafthrûdnir,
et il lui
nous voyons Odin s'enil lui exprime
le désir
donne
à entendre
que
de faire
c'est pour se mesurer avec ce géant qu'il a résolu
ce voyage. Frigg voudrait retenir son mari, car elle connaît
de Vafthrûdnir.
la grande force corporelle
Mais Odin persiste dans sa résolution,
sa femme, il
et, pour tranquilliser
resté vainqueur
dans les
toujours
lui rappelle qu'il était
aventures périlleuses.
Frigg
voyant qu'elle ne pourrait
pas
détourner Odin de son projet,
consent à ce qu'il parte;
elle trahit son inquiétude
mais, dans ses adieux,
par les
voeux qu'elle fait pour le succès et le retour heureux
de
son mari. Après ce dialogue
entre Odin et Frigg,
une
strophe raconte que le prince des Ases, déguisé en voyase présenta dans
geur, et ayant pris le nom de Gangrade,
la demeure de Vafthrûdnir.
la seconde
Ici commence
partie du poëme, ou le dialogue et la lutte entre Odin et
Vafthrûdnir.
Cette seconde partie renferme au commencement quelques strophes dans lesquelles le poëte raconte
comment
la lutte s'engage entre les deux adversaires.
252
VAFTHRUDNISMAL.
après son entrée dans la demeure de Vafthrûdnir,
se tient dans le vestibule ; et dès qu'il se trouve en face de
son hôte, il lui déclare qu'il est venu exprès pour se conOdin,
vaincre
de sa sagesse. Vafthrûdnir
étonné qu'un étranger
doute de sa science, et vienne le provoquer
brusquement
dans sa propre demeure, accepte le défi en déclarant avec
colère que l'étranger ne sortira plus de chez lui, à moins
en sagesse et en savoir.
qu'il n'ait prouvé sa supériorité
Odin, pour apaiser la colère du géant, le rappelle aux devoirs de l'hospitalité
en faisant connaître son nom de Ganfidèle à ces
grade et sa qualité de voyageur. Vafthrûdnir,
devoirs sacrés, dit à l'étranger d'entrer dans la salle et d'y
prendre place. Mais Gangrade, avant de jouir des avantages
de l'hospitalité,
voudrait donner une preuve de son savoir
et gagner ainsi la bienveillance
de son hôte ; car, comme
tous les étrangers
sans distinction
avaient
droit
à une ré-
les hommes supérieurs,
ception hospitalière,
pour ne pas
être confondus avec la foule, tenaient à se faire connaître,
dès le commencement,
comme hommes d'esprit,
et à
s'attirer
le respect de leur hôte par la sagesse de leurs discours. Aussi Gangrade ne veut-il pas devoir le bon accueil
de Vafthrûdnir
mais à sa qualité
à sa qualité d'étranger,
d'homme
il garde sa place dans
C'est pourquoi
et répond, sur l'invitation
de son hôte à entrer
de mérite.
le vestibule,
dans la salle,
qu'un étranger doit avant tout se faire respecter, surtout s'il est pauvre et s'il se trouve chez un
homme qui n'est pas précisément
prévenu en sa faveur.
Vafthrûdnir
voyant que Gangrade ne veut jouir de l'hosqu'après avoir prouvé qu'il n'est pas un homme
commence à lui adresser différentes questions.
ordinaire,
pitalité
INTRODUCTION.
Ici commence
la lutte
entre
Vafthrûdnir
253
et Odin.
Dans la
première partie de cette joute de savoir, c'est Vafthrûdnir
qui adresse des questions à Gangrade ; dans la seconde, c'est
Les quesOdin qui adresse des questions à Vafthrûdnir.
tions que le géant adresse à son hôte sont au nombre de
est la plus difficile
de toutes, parce
quatre; la dernière
qu'elle se rapporte aux choses à venir. Comme Gangrade
sait répondre à toutes les questions,
Vafthrûdnir
lui témoigne du respect; il le fait asseoir auprès de lui et l'engage
à commencer le grand assaut d'érudition,
où il y ira de la
vie du jouteur vaincu. Gangrade accepte le combat, et, à
son tour,
il interroge son hôte Vafthrûdnir.
Il lui adresse
en tout dix-huit questions toutes plus difficiles les unes que
les autres ; les douze premières
différents êtres mythologiques,
des dieux
et des hommes,
se rapportent
à l'origine de
les six dernières à l'avenir
ou à la fin du monde.
Comme
Vafthrûdnir
a su répondre aux dix-sept questions,
Odin
lui adresse enfin la dix-huitième
à laquelle,
comme il en
est convaincu,
le géant ne saura pas répondre. En même
temps qu'il propose la question fatale, Gangrade reprend
sa figure de prince des Ases. Vafthrûdnir
reconnaît
Odin,
non-seulement
à sa figure, mais aussi à la question qu'il
vient de lui adresser : car il n'y avait qu'Odin qui pût faire
cette question,
et qui pût connaître le mystère dont luimême était l'auteur et le seul initié vivant. Vafthrûdnir
d'avoir
avoue qu'il est vaincu ; il déplore son imprudence
voulu rivaliser
avec le plus sage des hommes, et il se soumet à son sort avec résignation.
Cette dernière strophe
de Vafthrûdnismâl
renferme donc à la fois la péripétie,
la catastrophe
et la conclusion
du poëme.
254
VAFTHRUDNISMAL.
CHAPITRE
DISCUSSION
DE
CRITIQUE
DE
III.
DIFFÉRENTES
QUESTIONS
CONCERNANT
LE
POÈME.
Par
l'analyse rapide
que nous venons dé faire, nous
avons pu reconnaître
la disposition
du poëme. Comme
est régulière
cette disposition
et qu'on n'y remarque
aucune lacune, nous sommes en droit d'admettre
que
notre
poëme est intègre,
la main de l'auteur.
c'est-à-dire
tel qu'il
est sorti de
a été composé à une époque moins ancienne que celle de la Vôluspâ; on le voit et par le fond
et par la forme du poëme, ou par les témoignages intrincomme
sèques-. Le fond ou le sujet en est mythologique
Vafthrûdnismâl
et le poëme
dans la Vôluspâ,
formait
encore
la mythologie
remonte
à un temps où
la croyance du peuple,
mais où elle commençait
déjà à être un objet d'étude et
La plupart des mythes, dans Vafthrûdnismâl,
d'érudition.
ne sont pas anciens, mais on en trouve aussi qui semblent
n'avoir plus été connus de Snorri,
comme, par exemple,
le mythe sur les génies tutélaîres
et celui
(v. i 96-199),
sur le secret
d'Odin
(v. 218-219);
que ces mythes
ancienne.
appartiennent
ver
Quant
à la forme
ou à l'extérieur
ce qui
à une
semble prouépoque assez
de Vafthrûdnismâl,
tout nous prouve que ce poëme n'est pas aussi ancien que
la Vôluspâ. En effet, le langage du poëme présente des
comme
formes grammaticales
qui sont plus modernes;
INTRODUCTION.
255
entre autres t changé en o dans io eiha {v. 77), io sama
de
(v. 88), vio skolom (v. 75), etc. Ensuite, la versification
est dans le genre nommé liôdahâttr qui,
comme nous l'avons vu, est dérivé du fornyrdalag
proprement dit, et par conséquent moins ancien que celui-ci.
Vafthrûdnismâl
de notre poëme est moins
De plus, comme la versification
soignée que celle de la Vôluspâ, il est à présumer qu'elle
appartient à une époque où l'on ne connaissait pas encore
du xne et du
plus artificielle
mais où les règles de l'ancienne
la versification
versification
xme siècle,
n'étaient
plus
observées que dans les temps antérieurs.
aussi strictement
les témoignages
maintenant
Examinons
extrinsèques
sur l'époque
thrûdnismâl
à laquelle notre poëme a été composé. Vaffois dans l'Edda de Snorri.
est cité plusieurs
C'est donc un témoignage positif sur l'existence
à la fin du xne siècle; mais, malheureusement,
reste pas de témoignage
vrai que Vafthrûdnismâl
de l'Edda de Saemund;
du poëme,
il ne nous
Il est
plus ancien que celui-ci.
a été imité dans quelques poëmes
mais comme la date de ces poëmes
n'est pas encore suffisamment
ils ne peuvent pas
la date de Vafthrûdnismâl.
Cependant,
non plus indiquer
bien que ces imitations
connue,
ne
soient
d'aucun
intérêt
dans
la question qui nous occupe, nous devons les constater
les
ici, parce qu'elles serviront
plus tard à déterminer
et plusieurs
rapports qui existent entre Vafthrûdnismâl
poëmes
de l'Edda.
Nous
poëmes de l'Edda, celui
paraît être une imitation
de l'un
et de l'autre
Alvîs (qui sait tout)
les
que parmi
Alvîsmâl
est intitulé
nous
dirons
donc
qui
de Vafthrûdnismâl.
La forme
poëme
est entièrement
semblable.
représente
évidemment
Vafthrûdnir,
256
VAFTHRUDNISMAL.
iôtunn);
qui sait tout (alsvinni
sonnage ont visité les neuf mondes
ITote
9 ) ; l'un
strophe
et l'autre
et l'autre
l'un
perAh.
(Vafth. v. 173;
connaissent
les runes ou les
antiquités
{Vafth. v. 3, 171, 222; Alv. strophe 56). Dans
l'un et l'autre poëme, les questions commencent
parla
: Dis-moi
même formule
dans l'un et
cela, etc. Enfin,
l'autre
poëme, on trouve
comme hvàt ër ihat fîra;
2,5);
strophe
hvat ër ihat manna;
v'. 25, 178).
poëme de l'Edda
thrâdnismâl,
Un autre
svinnsmâl,
des expressions
semblables,
hvat er that rëka [Alvîsmil,
hvat lifir
de Soemund
manna ( Vafintitulé
Fiôl-
nous semble
mâl. Fiôlsvidr
(qui
présente Vafthrûdnir
de même que l'autre
également imité de Vafthrûdnisest versé en beaucoup de choses) requi est versé en tout (alsvidr iôtunn),
Komumadr (étranger),
interlocuteur,
De plus, les deux
représente
Gangradr (le voyageur).
poëmes se ressemblent
beaucoup dans la forme; les questions adressées à Fiôlsvidr
commencent
par la formule
Dis-moi cela, etc. Enfin,
ordinaire:
on trouve dansFiôlsvinnsmâl
la locution
hvat er that....
que nous avons aussi
On ne saurait donc douter que
remarquée dans Alvîsmâl.
et Fiôlsvinnsmâl
ne soient
Vafthrûdnismâl,
Alvîsmâl
Mais lequel est le poëme original ou
celui qui a servi de modèle ? Toutes les raisons nous porten t
à croire que Vafthrûdnismâl
est le plus ancien des trois
imités
l'un de l'autre.
poëmes, et par conséquent celui qui a été imité dans les
la preuve quand nous
deux autres. Nous en fournirons
et Fiôlvinnsmâl,
Alvîsmâl
car il faut conexpliquerons
naître
ces poëmes avant de pouvoir
existe entre eux et Vafthrûdnismâl.
juger
du rapport
qui
INTRODUCTION.
Nous trouvons
encore
dans la Hervarar-Saga
se revêtit
ditqu'Odin
et qu'il
257
une imitation
de notre
poëme
xv de ce livre, il est
1. Au chapitre
du corps d'un certain
Gestur
(hôte),
alla,.ainsi
métamorphosé,
proposer
vingt-huit
connu par sa
énigmes ( bëra upp gatur ) au roi Heidrëk,
grande sagacité (gedspeki; cf. Vafth. v. 76). La dernière
est précisément
la même que la dernière
adressa à Vafthrûdnir.
En voici la traquestion qu'Odin
: «Dis-nous,
roi Heidrëk,
si tu es plus
duction, littérale
de ces énigmes
« sayant que les autres, qu'a dit Odin à l'oreille
de Baldur
«avant que celui-ci fût placé sur le bûcher ? Roi Heidrëk,
« réfléchis à cette énigme ! »—En général, il est impossible
la grande ressemblance
de ne pas reconnaître
qu'il y a,
entre le récit de la joute
jusque dans les expressions,
d'Odin avec Heidrëk,
et le récit de la joute d'Odin avec
Vafthrûdnir.
par conséquent en droit d'ada imité,
de la Hervarar-Saga
dans le
Nous sommes
mettre que l'auteur
xve chapitre, le poëme de Vafthrûdnismâl.
Mais comme
nous ne savons pas exactement
a
quand la Hervarar-Saga
été rédigée, la circonstance
des imitaqu'elle renferme
tions de Vafthrûdnismâl,
trouver
ne peut pas servir de guide pour
si nous résula date de ce poëme. Cependant,
mons les différents
et extrintémoignages
intrinsèques
nous aurons
sèques que nous avons rapportés jusqu'ici,
a dû
pour résultat de notre examen que Vafthrûdnismâl
être composé à la fin du Xesiècle. Le poëte nous est entièrement inconnu ; il était sans doute Islandais,
car il n'y a
aucune raison
qui nous fasse croire que le poëme ait été
composé dans un autre pays que l'Islande.
1
Hervarar-Saga,
éd. Olai
Verelii. Upsaliac,
1672.
L7
VAFTHRUDNISMAL.
258
Quant au mérite de Vafthrûdnismâl,
général, ce poëme est un des moins
nous dirons
qu'en
beaux de ceux du re-
Ce n'est point qu'il y ait quelque défaut
du poëme : ce qui lui manque, c'est
dans l'arrangement
une diction poétique. Nous avons déjà eu occauniquement
naturelle des parties
sion de faire remarquer la disposition
cueil
de l'Edda.
Ajoutons que le poëte a su choisir
la forme de dialogue par laquelle tout deavec habileté,
vient dramatique
dans le poëme, et cette forme est d'autant plus convenable,
aux
qu'elle se prête naturellement
dans Vafthrûdnismâl.
discussions
telles que la lutte
entre Odin et Vafthrûdnir.
De plus, le dialogue permet au poëte de passer sur beaucoup de détails qui seraient nécessaires dans un récit,
mais qui nuiraient
à l'effet dramatique
du poëme. Ainsi,
dès le commencement
de Vafthrûdnismâl,
nous assistons
tout à coup à un dialogue
et sans donner d'autres
entre
Odin et sa femme
Frigg;
le
préliminaires,
explications
comme dans un premier
poëte expose dans ce dialogue,
acte, le sujet de son drame. Mais le lecteur
supplée
il
facilement
au manque d'éclaircissement
préliminaire;
se figure
assis dans l'endroit
du ciel appelé
qu'Odin,
d'où son oeil se portait sur les neuf mondes, a
Hlidshialf,
aperçu la demeure de Vafthrûdnir;
qu'il lui a pris aussitôt
envie d'aller mettre à l'épreuve ce géant tant renommé
par sa sagesse, et que c'est à ce sujet qu'il est entré en
dialogue avec Frigg. Si l'auteur a commencé son poëme
ex abrupto, il le finit,
ou réticence. Comme
pour ainsi dire, par une aposiôpèse
s'il connaissait les convenances du
le poëtë tire le rideau sur le spectacle
de Vafthrûdnir,
et laisse à deviner
le sort
théâtre,
de la mort
qui
attend
INTRODUCTION.
259
derrière la scène. En cela, il fait
jouteur
de jugement
et de goût. De plus, il y
preuve de beaucoup
de phrase qui prouvent
a dans notre poëme des tournures
le malheureux
que le poëte avait parfois de la délicatesse
sées, et de la finesse dans ses expressions.
dans ses penCe n'est donc
de la disposition
ou du plan, ni sous
ou du fond, que notre poëme laisse
beaucoup à désirer : c'est dans le style que réside le prinLe style en est généralecipal défaut de Vafthrûdnismâl.
ni sous le rapport
celui des pensées
et les mêmes
ment trop prosaïque,
nent dans presque
chaque strophe,
le poëme quelque cho*se d'uniforme
qui reviensur tout
répandent
phrases
et de monotone.
Il
est vrai que le dialogue
un style moins poécomporte
tique, mais toujours faut-il que dans un poëme le langage
D'un autre
se soutienne au-dessus de la prose ordinaire.
côté, il faut
convenir
partie, de la nature
Comme les mêmes
en
que les répétitions
proviennent,
même du sujet de Vafthrûdnismâl.
idées
devaient
nécessairement
se
répéter plusieurs fois, le poëte a cru devoir les reproduire
Mais que l'on
chaque fois sous les mêmes expressions.
attribue les défauts que nous venons de signaler, ou à la
nature
du sujet, ou à la négligence
du
est-il vrai que Vafthrûdnismâl
n'est point
plus belles poésies de l'Edda. Cependant
de rapports,
surtout
poëte, toujours
du nombre des
sous beaucoup
qu'il renferme
par les renseignements
sur la
un
Scandinave, ce poëme sera toujours
mythologie
des monuments
littérature
les plus curieux de l'ancienne
islandaise.
17-
VAFTHRUDNISMAL.
ODINN.
RâS bû mer
Frigg,
FafbrûSnis;
mikia
Forvitni
ViS
allz mik/ara
nu,
wtia
At
.
kvëo-ëk
bann-inn
mër
alsvinna
â /ornom
l'ôtun.
tîSir
stôfom
FRIGG.
5
Heima
letia
ek muhda
HeriafôSr
I gôrôom
goôa :
{>vîat engi l'ôtun ëk hugoa
vëra.
Sem FafbrûSni
ïafn-ramman
ODINN.
Fiôld
10
Hitt
ëk for,
fiôld ëk /reistaSa
Fiôld ëk reynda regin :
vil-ëk vita, hve FafbrûSnis
iSala-kynni
se.
FRIGG.
fleill
fîeiil
15
Tieill bû aptr
sêr!
bû Asyniom
bû farir,
OEo~i yèr dugi, hvars bû
Orc-om msela iôtun.
Fôr thâ Odinn,
Thëss-ins
komir,
skalt,
at freista
or aildafôSr!
ordspeki
alsvinna iôtuns;
At hàllo hann kom ër âtti Zms-fadir :
su
Jnn-gêkk
Yggr
thëgar.
DISCOURS DE VAFTHRUDNIR.
ODIN.
Que me conseilles-tu,
Pour aller
Frigg?
il me tarde de partir
voir Vafthrûdnir
;
J'ai, je l'avoue, une grande curiosité
Avec ce Iote qui sait tout.
de parler
sur les
[antiquités
FRIGG.
je voudrais te retenir
Dans les palais des dieux :
Car aucun Iote, je pense, n'est égal en force
Père des Combattants,
chez toi,
5
A ce Vafthrûdnir.
ODIN.
J'ai voyagé beaucoup, j'ai
J'ai mis à l'épreuve
eu beaucoup d'aventures,
beaucoup de puissances :
Je veux donc aussi savoir comment Vafthrûdnir
Tient
10
son ménage.
FRIGG.
Que ton voyage soit heureux ! que ton retour soit heureux !
Que tu reviennes heureux auprès des.Asynies!
Puisse ta sagesse t'aider, ô notre Père de l'Univers,
quand is
Disputer
avec ce Iote.
Odin partit donc pour éprouver la sagesse
De ce Iote qui sait tout;
H arriva à îa demeure
qu'habitait le père d'Imr;
Le Circonspect y entra aussitôt.
[il
te faudra
20
262
VAFTHRUDNISMAL.
ODINN.
fleill
bû nû Vafbrûonir
â bik
Hitt
siâlfan
! nû ëm-ëk
î hôll kominn
siâ :
vil-ëk
vita, ëf bû /rô<5r
fjrst
E<br alsviSr, iôtunn!
sêr,
VAFTHRÛDNIR.
25
Hvat
ër bat manna,
ër î mînom
or<bi â?
Fërpomk
Ut pu ne komir orom hôllom
bû inn
Nëma
snotrari
sal
frâ
sêr.
ODINN.
GângrâSr
3o
ëk heiti; — nû ëmk
af gôngo
kominn
Jjyrstr til pinna sala,
LaSar burfi (hefi ëk lengi farit),
Ok pinna andfânga, iôtunn!
VAFTHRÛDNIR.
Hvî
55
bû pâ,
Far-bû
Gângrâor, moeliz
î sëss î sal!
af <jfôlfi fyrP
hvârr /leira
viti,
J>â skal /reista
Gestr eSr inn gamii bulr.
GÂNGRÂDR.
OauSigr maSr, ër til auSigs kômr,
Mseli barft è"Sr begi;
hygg-ek at illa geti
Ofrmaelgi mikil,
40
Hveim
ër vio
kaidrifiaSan
fcômr.
VAFTHRÛDNIR.
— allz bû â
GângrâSr,
Seg-bû
gôlfi
—
um
J)ins
/reista /rama
mër,
vill
DISCOURS
DE
265
VAFTHRUDNIR.
ODIN.
je suis entré dans ta demeure
Je te salue Vafthrûdnir,
ta personne
Pour voir
surtout
Je voudrais
:
savoir si tu es savant
Et versé en tout,
Iote!
VAFTHRÛDNIR.
Quel est cet homme
Me provoque
qui,
25
dans ma salle,
si brusquement?
Tu ne sortiras
pas de ma demeure
Si tu n'es pas plus savant que moi.
ODIN.
Je me nomme
Altéré
Gangrade.
— Je viens de
quitter
que je suis, pour entrer
J'ai fait un long voyage, j'ai besoin
Et de ton accueil, ô Iote !
la route,
dans ta demeure
30
:
de ton hospitalité
VAFTHRÛDNIR.
Pourquoi,
Gangrade,
parles-tu là, debout dans le vestibule
place dans la salle :
Viens prendre
Alors nous éprouverons
De l'étranger
?
lequel est le plus savant,
ou de ce vieillard
55
parleur.
GANGRADE.
Le pauvre qui entre chez le riche
Doit parler
avec discrétion
La loquacité,
je pense, porté
A quiconque se trouve
ou se taire :
avec un homme
Gangrade
: —puisque
Tu veux prouver
sWère.
''
VAFTHRÛDNIR.
Dis-moi,
,
malheur
debout
la supériorité.—
dans le vestibule,
40
264
VAFTHRUDNISMAL.
Hve
sa hestr Tieitir,
ër fcverian
dregr
Dag of drôttmôgo?
GÂNGRÂDR.
45
Skinfaxi
heitir
ër inn
s/ara dregr
Dag um cZrôttmôgo;
Hesta beztr bykkir
Tiann mëo
Mi
mon
lysir
reiSgotom
af mari.
VAFTHRÛDNIR.
GângrâSr, —allz bû â jôlfi
—
um
J)ins
/reista /rama
sa iôr heitir ër austan dregr
iVôtt of nyt regin?
Seg-bu bat,
50
Hve
vill
GÂNGRÂDR.
jfîrîmfaxi
55
heitir
ër /iveria
dregr
JVôtt of nyt regin :
fellir hann morgin
Meldropa
Jjaoan
kômr
rfôgg um
hvern,
dala.
VAFTHRÛDNIR.
— allz DÛ â
vill
Gângrâor,
jôifi
Seg-pû
-—
|)ins um-/reista /rama
ër deilir mëS iôtna sonom
Hvê su â heitir,
bat,
Grund
6o
ok mëo
(poom.
GÂNGRÂDR.
Ilfing
heitir
Grund
Opin
rënna
Vërôr-at
â ër deilir
ok mëo
hon
mëo
iôtna
goôom;
skal um aldr-daga
is â a.
sonom
DE
DISCOURS
*
265
VAFTHRUDNIR.
•
Quel est le nom du cheval qui amène chaque fois
Le jour au genre humain?
GANGRADE.
Il se nomme
Skinfaxi;
Lumineux
c'est lui
qui apporte
au genre humain
le meilleur
Il est réputé pour
La crinière
le jour
45
:
de tous les chevaux ;
du coursier
brille
continuellement.
VAFTHRÛDNIR.
debout
:—puisque
Tu veux prouver ta supériorité.—
Dis-moi,
Gangrade
Quel est le nom du cheval
qui amène,
La nuit aux Grandeurs
dans le vestibule,
50
de l'orient,
bénignes?
GANGRADE.
Hrimfaxi
est le nom du cheval
La nuit
Chaque matin
aux Grandeurs
qui apporte
bénignes
il laisse tomber
D'où provient
l'écume
chaque fois
:
de son mors
55
la rosée dans les vallées.
VAFTHRÛDNIR.
Dis-moi,
Gangrade
: —puisque
debout
dans le vestibule,
—
Tu veux prouver ta supériorité.
Quel est le nom du fleuve qui partage la terre
Entre les fils des Iotes et les dieux?
GANGRADE.
Ilfing
est le nom
Entre
Sans jamais
du fleuve
qui partage
la terre
les fils des Iotes et les dieux :
geler, il coulera
éternellement;
Jamais il ne sera couvert
de glace.
GO
266
VAFTHRUDNISMAL.
*
VAFTHRÛDNIR.
es
— allz bû â
Seg-bû pat, Gângrâôr,
<jfôlfi vill
—
um
Jrins
/reista /rama
Hve sa vôllr heitir ër finnaz vîgi at
Surtr
ok in svaso goS?
GÂNGRÂDR.
70
heitir wllr
ër finnaz vîgi at
Fïgrior
iSurtr ok in svaso goS :
rasta Aann ër â Jiverian vëg;
flundrao
Sa ër beim -yôllr wtaSr.
VAFTHRÛDNIR.
Froor
ërtû
Ok
75
Hôfâi
â bekk
gestr ! /ar-bû
mselomk î sëssi saman!
nû,
veSïa
viS
um
Gestr,
skolom
hàilo
î,
geSspeki!
GÂNGRÂDR.
— ëf bitt oeoi
io
eina
dugir
Seg-pû pat
vitir —
Ok bû, FafjjrûSnir!
ëor upp-himinn
HvâSan iôrd um-kom,
80
Fyrst?
inn fro'Si
iôtunn
!
VAFTHRÛDNIR.
Or
Ymis
ënn
ffiminn
ënn
holdi
var iôrS
um-skôpuo,
or fceinom
èiôrg,
or hausi ins /irîmkalda
or sveita
iôtuns,
siôr.
GÂNGRÂDR.
85
— ëf
annat
pitt ceSi dugir
Seg-pû ]?at
Ok bû, Fafbrûonir!
«itir—
iôtuns,
DISCOURS
DE
VAFTHRUDNIR.
267
VAFTHRÛDNIR.
Dis ceci, Gangrade
: —puisque
Tu veux prouver
debout
ta supériorité.
65
dans le vestibule,
—
Quel est le nom
Surtur
de cette plaine où se rencontreront
au
et les dieux paisibles?
[combat
GANGRADE,
Vigride est le nom de la plaine où se rencontreront
Surtur et les dieux paisibles :
Elle a cent journées
Voilà
de chemin
le champ
en longueur
de bataille
qui leur
au com70
[ bat
et en largeur
;
est assigné.
VAFTHRÛDNIR.
Je vois, étranger, que tu es savant; viens t'asseoir
Et discutons ensemble étant assis.
gageons nos têtes ici dans la salle,
C'est à qui aura le plus de savoir.
Etranger!
sur mon
[banc,
—
75
GANGRADE.
Si ton esprit est assez fort et que tu
possèdes la science,
à cette première question :
Réponds, Vafthrûdnir,
D'où sont venus, au commencement,
la terre et le ciel ?
Dis cela, savant
so
Iote!
VAFTHRÛDNIR.
La terré a été créée de la chair d'Ymir,
Les montagnes
ont été formées de ses os,
Le ciel a été
fait du crâne de ce Iote glacé,
Et la mer a été produite par son sang.
GANGRADE.
Si ton
esprit est assez fort et que tu possèdes la science,
Réponds,
Vafthrûdnir,
à cette seconde
question
sa
:
268
VAFTHRUDNISMAL.
Hvaoan
um-kom
Mâni
Eor
Sbi io
menn
sâ-ër ferr
yfir,
sama.
VAFTHRÛDNIR.
heitir
hann
svâ Sôlar
iô
Afundiifoeri
oo
Ok
Himin
ër Mâna
sama;
hverfa bau skolo
Oldom
fa&ir
hverian
dag,
at drtali.
GÂNGRÂDR.
— allz bik
bat-io* briSia
Seg-bû
Ok bû,
95
svinnan
uitir —
Fafbrû<bnir!
kvëo"a
Hvaoan
sâ-ër ferr.drôtt
Dagr um-kom,
ESr iVôtt mëS mo"om?
yfir,
VAFTHRÛDNIR.
heitir hann ër Dags faSir,
Dellîngr
Enn iVôtt var iVorvi borin;
Ny
ioo
ok mS skôpo njt
Oldom at drtali.
regin,
GÂNGRÂDR.
— allz bik
bat-iîb
/iôrSa
/rôdan
Seg-pû
Ok bû, FafprûSnir!
witir —
HvaSan
Fëtr
Fyrst
um-kom,
mëS fro8
ëSr imrmt
kvëoa
Sumar,
regin ?
VAFTHRÛDNIR.
105
Findsvalr
Enn
Ar-oi
heitir
hann
Svasuor
ër
Fëtrar
faSir,
iSumars;
hceSi J?au skolo mi fara,
Unnz riûfaz regin.
>
DE
DISCOURS
269
VAFTHRUDNIR.
D'où est venu Mâni qui passe par dessus les hommes ;
D'où est venue encore Soi?
VAFTHRÛDNIR.
Mundilfoeri
est le nom de celui qui est le père de Mâni
Et de Soi également;
Chaque jour
tous les deux le tour
ils feront
Pour compter
90
aux mortels
du ciel
la durée de l'année.
GANGRADE.
et que tu possèdes la science,
à cette troisième question :
Vafthrûdnir,
Puisqu'on te dit si instruit
Réponds,
D'où sont venus le Jour
Et la Nuit
qui passe pardessus
avec la nouvelle lune ?
les peuples,
95
VAFTHRÛDNIR.
Delling est le nom de celui qui est le père du Jour;
Mais la Nuit est la fille de Norvi :
Les Grandeurs
bénignes
ont
créé la nouvelle
premier quartier
Pour compter aux mortels
la durée
lune et le
de l'année.
100
GANGRADE.
Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,
à cette quatrième question:
Réponds, Vafthrûdnir,
D'où sont venus au commencement
l'Hiver et l'Été chaParmi
les Grandeurs
intelligentes?
[leureux
VAFTHRÛDNIR.
Vindsvale est le nom
Mais Svasuder
qui est le père de l'Hiver,
est le père de l'Été :
de celui
L'Hiver et l'Été alterneront
toujours
Jusqu'à ce que les Grandeurs
dans l'année,
périssent.
105
270
VAFTHRUDNISMAL.
GÂNGRÂDR.
110
— allz bile
bat-iS
Seg-bû
/imta
/rôSan
Ok bû, Fafbrû£nir!
ratir —
Hverr
Asa ellztr
ëor
Ymis
kvëiSa
niSia
î dr-daga?
YrSi
VAFTHRÛDNIR.
Orôfi
aSr voeri iôrS
vëtra,
pâ var
ii5
prûogélmir
Enn
skôpuo"
&orinn;
jBergelmir
var pëss faoir,
afi.
Orgelmir
GÂNGRÂDR.
Seg-bû
Ok
bat-io* siôtta — allz bik
bû,
FafbrûSnir!
svinnan
uitir—
sonom
Hva&an
kom mëo iôtna
Orgelmir
iôtunn!
Fyrst? inn froSi
120
kvëSa
VAFTHRÛDNIR.
stukko eitr-dropar,
Or Elivâgom
Svâ dx unnz varo or iôtunn
par
orar oettir koma
pvî
125
ër bat allt
ailar
til
saman;
atalt.
GÂNGRÂDR.
siônda — allz bik
svinnan
Seg-bû bat-io
witir —
Ok bû, FafprûSnir!
Hve sa èôrn gat ënn fcalldni iôtunn,
Er
hann
hafiSi-'t
«jfygiar (jraman.
VAFTHRÛDNIR.
Undir
iso
:
7iendi vaxa kvâSo
Mey
ok môg saman;
Hrîmpursi
kvëoa
»
271
DE VAFTHRUDNIR.
DISCOURS.
GANGRADE.
Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,
110
à cette cinquième question :
Réponds, Vafthrûdnir,
des siècles, le premier des
Qui a été, au commencement
Et le premier des enfants d'Ymir?
[Ases,
VAFTHRÛDNIR.
Dans la rigueur
des hivers,
Bergelmir
Thrudgelmir
avant que la terre
fût créée,
naquit;
n5
était son père,
son aïeul.
Et Orgelmir
GANGRADE.
et que tu possèdes la science,
à cette sixième question :
Réponds, Vafthrûdnir,
D'où est venu, au commencement,
Orgelmir parmi les fils
Puisqu'on te dit si instruit
[des Iotes?
Dis cela, savant Iote!
120
VAFTHRÛDNIR.
Des gouttes de venin,
Se congelèrent
A lui remontent
des fleuves Elivâgar,
jaillissant
jusqu'à ce qu'il en naquît un Iote :
toutes nos familles;
C'est pourquoi
toute cette race est si robuste.
GANGRADE.
Puisqu'on te dit si instruit
125
et que tu possèdes la science,
à cette septième question
Réponds, Vafthrûdnir,
Comment engendra-t-il
des enfants, ce géant robuste,
N'ayant point la jouissance d'une géante?
:
VAFTHRÛDNIR.
Sous le bras, dit-on,
de ce Thurse
Un garçon et une fille :
se formèrent
ensemble
130
272
Fôtr
VAFTHRUDNISMAL.
viS foeti gat ins froSa.
iSër-hôfëaSan son.
iôtuns
GÂNGRÂDR.
âtta — allz bik frôSan
FafbrûSnir!
uitir —
bat-io"
Seg-bû
Ok bû,
135
Hvat
bû /yrst
ëor /remst
of-mant,
pu ërt alsvi&r iôtunn.
kvëo"a
vm-veitzt?
VAFTHRÛDNIR.
Orôfi
pat
140
vëtra,
pâ vâr
ëk fyrst
Var
âor
vaeri iôrb
um-skôpuS
èorinn;
ër sâ-inn /rôoi
Bergelmir
um-man,
â Zûor
iôtunn
um-ZagiSr.
GÂNGRÂDR.
— allz bik svinnan
nionda
bat-iiS,
Seg-bû
! vitir —
Ok bû, Fafbruonir
Hvaoan
uindr
Ei menn
um-kômr,
hann
svâ at ferr
siâlfan
kvë<5a
vâg yfir?
um-siâ.
VAFTHRÛDNIR.
145
Hraesvelgr Jieitir, ër sitr â 7umins enda,
Iôtunn
î arnar ham;
Af hans wsengiom kvëba uind koma
Alla
men yfir.
GÂNGRÂDR.
tîunda — allz bû rîva rôk
FafbrûSnir!
vitir —
bat-io
iso
Seg-pû
011,
Hvào*an
JJofom
Niôror
um-kom
mëo" i4sa sonom?
ok 7iôrgom hann rasSr 7iund-môrgom,
Ok varS-at hann ^som alinn.
DE
DISCOURS
275
VAFTHRUDNIR.
Un pied de ce Iote intelligent
engendra
Un fils qui avait une tête à soi.
avec l'autre
GANGRADE.
Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,
à cette huitième
question :
Réponds,Vafthrûdnir,
Quel est ton plus ancien souvenir? Jusqu'où remonte ta 155
Réponds, toi, Iote qui sais tout!
[science?
VAFTHRÛDNIR.
ancien
S'est
mis
souvenir,
dans
que la terre
fût
créée,
:
naquit
Bergelmir
Mon plus
avant
des hivers,
Dans la rigueur
c'est que
ce Iote
intelligent
140
une barque.
GANGRADE.
Puisqu'on te dit si instruit
et que tu possèdes la science,
à cette neuvième
Réponds, Vafthrûdnir,
D'où vient le vent qui passe par-dessus les flots,
Et qui est toujours
invisible
question
:
aux hommes?
VAFTHRÛDNIR.
du
Hroesvelg est le nom de celui qui est assis à l'extrémité
C'est un Iote sous un plumage d'aigle :
[ciel,
De ses ailes provient,
Qui souffle
le vent
dit-on,
par-dessus
le genre humain.
GANGRADE.
Puisque tu connais l'origine
...^b.
de toutes
les divinités,
à cette dixième
Réponds, Vafthrûdnir,
D'où venait Niordur chez les fils des Ases?
H préside à
quantité
Et pourtant
145
d'enceintes
question
et de sanctuaires,
il ne descend point
des Ases.
: 150
274
VAFTHRUDNISMAL.
VAFTHRÛDNIR.
I
a55
Fanaheimi
skôpo hanif" vis regin
Ok seldu at gislingo go'Som;
I aldar rôk hann mun aptr koma
Heim
mëS
wsom
Fônom.
GÂNGRÂDR.
—- aiiz
ellifta
Seg-J>û ]?at-i£
pu tîva
vitir —
011, Fafjjrûonir!
i6o
Hvat
EirAeriar
vinna
Unz riûfaz
HeriafôSrs
rôk
at,
regin?
VAFTHRÛDNIR.
Allir
165
O'Sins tûnom
Einheriar,
î,
Hôggvaz Tiverian dag;
Fal ]?eir kiôsa ok TI8& vîgi frâ,
Sitia meir um sâttir saman.
GÂNGRÂDR.
Seg-jjû ]jat-io tôlfta,
011, Fafyrûdnir!
Frâ lôtna
rûnom
ITVÎ pu iîva
ttitir?
ok allra
rôk
goôa,
iSagoir io sannasta,
Inn alsvinni l'ôtunn!
no
VAFTHRÛDNIR.
Frâ
lôtna
Ek
rûnom
kann
segia satt;
hefi-ëk /ieim
|)vî-at hvem
iVîo kom-ëk heima
j75
Hinnig
ok allra
deyia
for
goSa,
um-komit,
iVillheim
or helio
Tialir.
në&an,
Ï)E
DISCOURS
275
VAFTHRUDNIR.
VAFTHRÛDNIR.
Les Grandeurs
,
l'ont
intelligentes
Et ils l'ont
A la fin du monde,
fait
envoyé comme
irVen
[heim,
naître
dans Vana-
otage aux dieux :
155
retournera
Chez les Vanes intelligents.
GANGRADE.
Puisque tu connais
Réponds,
l'origine
de toutes les divinités,
Vafthrûdnir,
à cette onzième
Que f<mt les Monomaques
question
:
chez le Père des Combattants,
Jusqu'à ce que les Grandeurs
périssent
100
?
VAFTHRÛDNIR.
Tous les Monomaques
Se livrent
dans les enclos d'Odin,
combat
Ils choisissent leur victime,
chaque jour;
reviennent à cheval du combat,
Et s'assoient ensemble
cordialement
à table.
GANGRADE.
Comment
as-tu
Réponds,
pu connaître
Vafthrûdnir,
105
[nités?
l'origine de toutes les divià cette douzième question :
Sur les mystères des Iotes et de tous les dieux,
Tu viens de parler parfaitement
bien,
Toi,
"0
Iote qui es versé en tout!.
VAFTHRÛDNIR.
Je puis parler des mystères des Iotes,
et de tous les dieux ;
Car j'ai parcouru chaque monde,
J'ai visité les neuf mondes, même Niflhel
Où descendent
en bas,
les ombres venant de Hel.
175
VAFTHRUDNISMAL.
276
GÂNGRÂDR.
ëk for, fiôld ëk fieistaSak,
Fiôld ëk reynda regin!
Hvat lifir manna, pâ-èr inn moeri iiSr
Fiôld
më& Jîrum?
Fimbul-vëtr
VAFTHRÛDNIR.
iso
Lîf
ënn bau
ok Lîfbrasir—
I Zioiti ffoddmîmis
J)aSan
muno
;
sêr at mat hafa;
bau
Morgin-dôggvar
teynaz
af aldir
alaz.
GÂNGRÂDR.
ëk for, fiôld ëk /reistaSa,
Fiôld ëk reynda regin!
HvaSan kômr Soi â inn slêtta himin
Fiôld
185
J)â-ër bëssa hefir
Fenrir
/arit?
VAFTHRÛDNIR.
Eina
A£r
ioo
bérr
dôttur
.AlfrôSull
hin'â Fenrir
Su sk,al rîSa,
MO8UT
bâ-ër
brautir
faxi
:
regin deyia,
meer.
GÂNGRÂDR.
ëk for, fiôld ëk /reistaSa
Fiôld ëk reynda regin!
'ro boer meyiax ër lîoa
Hveriar
Fiôld
]g5
FrôSgeSiaSar
/ara?
VAFTHRÛDNIR.-
J)riâr
biôSar,
Meyia
falla
borp
Môgbrasis;
yfir,
mar yfir
DE VAFTHRUDNIR.
DISCOURS
277
GANGRADE.
Moi aussi, j'ai
beaucoup
voyagé, j'ai
J'ai mis à l'épreuve
Quels sont les hommes
beaucoup
vivront,
qui
eu beaucoup
d'aven-.
de puissances
:—
ce grand
quand
passera sur la terre?
hiver
Et terrible
[tures,
VAFTHRÛDNIR.
Ce sera Lif et Lifthrasir
Dans la colline
Ils auront
; ils seront
ensevelis
de Hoddmimir
;
la rosée du matin
pour nourriture
C'est d'eux que naîtront.les
1S0
:
hommes.
GANGRADE.
J'ai beaucoup
voyagé, j'ai eu beaucoup
J'ai mis à l'épreuve
Comment
Quand Fenrir
de puissances
beaucoup
revenir
Soi pourra-t-elle
l'aura
d'aventures,
:—
i 85
dans le ciel désert
saisie ?
VAFTHRÛDNIR.
Alfrodull
au monde
mettra
une fille
Avant d'être prise par Fenrir :
auront péri, la vierge parcourra
Quand les Grandeurs
Les routes
wo
de sa mère.
GANGRADE.
J'ai beaucoup
voyagé,
j'ai eu beaucoup
d'aventures,
—
:
de
beaucoup
puissances
Quelles sont ces vierges qui au-dessus de la mer des peuVolent douées d'un esprit de sagesse ?
[pies
J'ai mis à l'épreuve
VAFTHRÛDNIR.
Au-dessus des hameaux
De filles
volent
de Mogthrasir
trois
:
compagnies
195
278
VAFTHRUDNISMAL.
einar
î Zieimi
ffàmingiar
peirra
, J)ô poer mëS l'ôtnom
ëro »
alaz.
GÂNGRÂDR.
200
ëk for, fiôld ëk JreistaSa,
Fiôld ëk reynda. regin !
râoa JEsir eignom goSa
Hverir
Fiôld
5urta
J)â-ër sloknar
logi?
VAFTHRÛDNIR.
FîSarr
20»
ok
byggia vê go<ba
]pâ-ër sloknar Surta logi;
MoSi ok Magni skolo Môlni
hafa
Ok
Fali
uinna
at uîg-proti.
GÂNGRÂDR.
Fiôld
2io
ëk for, fiôld ëk /reista£a,
Fiôld ëk reynda regin!
Hvat vëror
Ooni at aldur-lagi
J)â-ër riûfaz
regin?
VAFTHRÛDNIR.
f/lfr
gleypa
mlin
.Aldafô&ur ;
J)ëss mun VîSarr rëka:
Kalda /riafta h ami fclyfia mun
215
Films
t'îgi
at.
ODINN.
Fiôld
ëk for, fiôld ek /reistaoa,
Fiôld ek reynda regin!
a8r à bâi stîgi,
Hvat mselti OSinn,
iSiâlfr î eyra syni?
DE
DISCOURS
Toutes génies tutélaires
VAFTHRUDNIR.
de ceux qui habitent
279
le monde,
Bien qu'elles soient élevées parmi les Iotes.
GANGRADE.
J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,
J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : —
aux possessions des
Quels sont les Ases qui présideront
Quand la flamme
de Surti
sera éteinte ?
200
[dieux,
VAFTHRÛDNIR.
Vidar et Vali habiteront
les palais sacrés des dieux,
. Quand la flamme de Surti sera éteinte :
Modi et Magni auront
Et mettront
205
le Marteau,
fin au combat.
GANGRADE.
J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,
J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : —
Quel sera le sort d'Odin
à la fin des siècles,
Quand les Grandeurs
210
périront?
VAFTHRÛDNIR.
Le Loup engloutira
le Père du Monde
Qui sera vengé par Vidar
Luttant
avec Vitnir,
:
lui fendra
Vidar
Sa gueule pernicieuse.
215
ODIN.
J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,
J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : —
Qu'a dit Odin à l'oreille
Avant
de son fils
de le monter
sur le bûcher ?
280
VAFTHRUDNISMAL.
VAFTHRÛDNIR.
220
£i
mannz
bat veit
hvat
bû,
î âr-daga,
iSagSir î eyra syni.
munni moeltak mîna /orna
Feigom
Ok um ragna rôk;
Nû
225
ëk viS
J)û
ërt
O'Sian
deildak
se uîsastr
«ëra.
mîna
stafi
orSspeki
DISCOURS
DE VAFTHRUDNIR.
281
VAFTHRÛDNIR.
Personne ne sait ce qu'au commencement des siècles
Tu as dit à l'oreille de ton fils.
220
J'ai prononcé mon arrêt de mort en parlant de ma science
Et de l'origine des Grandeurs;
[dupasse
Car j'ai osé rivaliser de sagesseavec Odin. —
225
tu
es
des
hommes.
Toi,
toujours le plus sage
282
VAFTHRUDNISMAL.
NOTES
ET
CRITIQUES
VERS Î.—A
Hz est mis pour
PHILOLOGIQUES.
allrahellz,
lat. omnium
maxime,
proeserlim
cum.
VERS 2. — Vitia (faire la revue de) voir, visiter,
VERS 3.—Ce
vers renferme
une construction
Forvitni
le génitif.
elliptique et attractive.
régit
milsla
kvëd-ëk mêr (je m'avoue une grande curiosité)
signifie:
» Devant âfornom
«j'avoue que j'ai une grande curiosité.
stôfom, il faut
sous-entendre
at moelaz (de parler);
ce verbe est omis, et âfornom
stôfum se rapporte
mikla,
, kforvitni
mairiens)
par attraction
directement,
parce
disent les grammikil âfornom
peut dire forvitni
qu'on
les antiquités).
le goût pour
stôfom (la curiosité,
VERS 4. — Thann-inn,
deux pronoms
dans
celui,
ceci;
n??n,
(comme
et celui-ci,
démonstratifs
se composent
réunis
de trois
comme
particules
démonstratives.
VERS 5.—Manda
parfait
parfait
qu'elle
«queje
du
subjonctif
de l'indicatif
est l'imparfait
de l'indicatif,
et remplace
ici l'im-
de l'im(cf. Vôluspâ, vers 3). L'emploi
mjndi
tient à une finesse de style. Frigg,
sachant bien
ne pourrait
dit : «je voulais te retenir parce
Odin,
pas retenir
savais. . . . ., mais je cède, etc. »—Heriafôdr
est à l'accusatif,
régi par letia.
VERS 7. — La construction
est thviat ëk iiugda cngi
grammaticale
être
iôtun vëra iafn-ramman
sëm Vafiliradni
(je ne pensais aucun géant
aussi fort
comme Vafthrûdnir).
C'est la construction
de VaccusatiJ
avec l'infinitif.
v. 22).
VERS 10.—Regin
puissance » (voy. Vôluspâ,
signifie « grandeur,
C'est la même racine d'où vient le mot roi. Regin signifie ici les forces,
les qualités supérieures
souvent dans les autres.
éprouvait
qu'Odin
VERS 11. —L'ancienne
forme
de hve était,
ce me semble,
hvaa,
hvau, v. b. a. hveo. Hve est une particule
conjonctive,
pronominale
11;
de quelle manière.)
qui signifie qup modo (comment,
lyoy.Alvismâl,
gotli.
Fiôlsvinnsmâl,
47; Lokasenna,
4a;
Skirnisf.
11 ; Grimnismâl,
22.)
NOTES
VERS 12.—
Harbardsliôd,
(cf. Heimkynni,
est ce qu'on connaît, l'endroit
Salakynni
dérivé de knnnr
naît, où l'on
(connu),
est chez soi; le mot
salr renforce
En anglo-saxon,
démeure.
micile,
283
CRITIQUES.
cynne tout
3).—
où l'on
Kynni,
se con-
l'idée
de do-
encore
seul signifie
«domicile,
famille. »
pour vor (notre).
est probablement
le neutre du pronom
VERS 23.—Hitt
inn, lat. hic : il signifie de là, en lat. hinc.
VERS Î 5.—
Or, autre
VERS 24. — Edr
forme
n'est
pas ici
particule conjonctive.
ërihat
VERS 2 5.—Hvat
une
particule
démonstratif
mais
disjonctive,
une
proprement
quid est virorum? pour
est-ce ? » En allemand,
on dirait : was ist dus fur ein
dire «quel homme
Mann «qu;est-ce pour
manna,
un
homme?»
Cette
locution
toute
germanique
s'est conservée dans quelques parties du nord de la France.
VERS 26. — Vërpomk ordiâpour
vërpr â mik ordi (jette contre moi
une parole),
m'aborde
Ordi est à l'instrumental,
brusquement.
parce
on dit : jeter, lancer, tirer avec
que dans quelques langues germaniques
une pierre,
quelqu'un
une flèche,
etc. Vërpa gôdom ordom â einn, signifie
« aborder
amicalement.»
VERS 28.—Inn
snotrari,
«le plus intelligent
( de nous deux). »
est une meilleure
leçon que
(voyageur)
VERS 29.—
Gângrâdr
gnradr : car Odin se dit lui-même
Ga-
{â gango kominn), vers 29.
La leçon
Gagnradr vient de ce qu'on désignait n par un petit trait (voyez
ou
page 82 ). Beaucoup de copistes n'ont pas connu cette abréviation,
l'ont mal transcrite
: de là, les mauvaises leçons comme Hrangir
au
lieu de
Skrimir
Hrungnir,
au lieu
aulieu deDurinn,
etc.
VERS 33. — La demeure
voyageur
de Skrimnir,
nommée
Darni
[Ynglinga
Saga, 15)
hôll (halle)
avait deux pièces;
golf; c'était une espèce de cor-
la première en entrant
était appelée
ridor
dans la seconde pièce appelée salr (salle).
par où l'on entrait
Le salr était un
peu plus élevé que le golf, et avait un plancher
tandis que dans le
golf, qui servait en même temps de cour et d'étable
pour les animaux,
ressemblait
foulait
donc assez à l'autre
VERS 36. —
sobriquet
on
qu'on
Tlmlr
le
sol.
La
du cyclope
demeure
de Vafthrûdnir
dans l'Odyssée.
Polyphème
Gàmlithulr
est un
conteur).
orateur,
(parleur,
donnait
aux vieillards
qui,
ne pouvant
plus
aller
à la
284
VAFTHRUDNISMAL.
et courir les aventures,
se tenaient
chez eux, et racontaient
guerre
aux femmes et aux enfants l'histoire
des temps passés. Chez un peuple
où l'action était estimée bien au-dessus de la parole, le mot thulr, parune idée de défaveur et même de mépris. Cependant
leur, impliquait
en déplorant
son grand
âge, veut faire entendre
réduits au rôle de parleurs; ils
que, bien qu'il soit un de ces vieillards
se sent encore assez de force d'esprit pour oser se mesurer avec le voyaVafthrûdnir,
tout
geur qui vient
VERS 38.—
d'entrer
chez lui.
Cf. Soemundar-Edda,
Havamâl,
19.
VERS 3g. — Hygg-ëk
at qfr-moelgi mikil Ma geti hveim, etc. «je crois
fait du mal à, » etc. ; illa est adverbe.
loquacité
« qu'une
grande
VERS AO. — Kaldrifiadr
fie «qui n'est pas prévenu
et sévère s'interdit
toute
(qui a les côtes, les entraillesyroides)
signien votre faveur, » mais dont le caractère froid
affection
et même
toute
estime qui ne lui sérail
pas, pour ainsi dire, arrachée par vos qualités supérieures.
VERS 44- — Au lieu de of (sur, par-dessus,
voy. vers 46), on lit
dans l'édition
de Copenhague,
ok ( et) mot qui n'a ici aucun sens.
VERS 48.—Lysir
afmari,
«jette de l'éclat loin du cheval. »
faut lire nôtt of nyt regin. Nyt regin sont les divinités
VERS 52.—H
ne répand pas les
bénignes et non pas les pluies utiles ; car Hrimfaxi
la rosée. Il est vrai, nyt se dit surtout de l'inpluies, mais seulement
fluence
bénigne
Eyvindr
Niardar
Skaldaspillir,
bur.
sur
la fertilité
en parlant
de Freyr,
des dieux
de la
l'appelle
ainsi le poète
skirom Frey nytom
terre;
d'écume
(gouttes de mors),
gouttes
meldropar
du cheval, ne doit pas être confondu
avec meldropar, en danois mecMnj,
en allemand
mehlthau, milth.au. Dans ce dernier mot, mel [meel, mil)
dérive sans doute de l'ancien
mot Scandinave melr, qui signifie une
sur
et plus spécialement
ces animalcules
qui se montrent
teigne,
VERS 55.—Le
mot
les plantes quand le soleil donne pendant
mais
ont une racine commune,
(teigne)
— Hvern
pour hverian.
VERS 61. — Nous donnons
et melr,
la pluie. Mel (mors)
bien diffédes significations
rentes.
par conjecture,
de Copenhague.
Prysaland.
à la leçon de Rask qui,
préférence
a substitué
Ilfing à Ifing comme on lit dans l'édition
Il y avait aussi une ville nommée Ilfing dans l'ancien
la
NOTES
VERS 62. — Au lieu
de mëdalda
sonom, il faut lire
: mëd iôtna sonom (cf.
tion de Stockholm
285
CRITIQUES.
vers
60);
mais
comme
dans l'édi-
en effet,
le fleuve
Midgard
et
VERS 63. — Opin rënna hon skal (elle coulera ouverte); on dit:
est ouverte) quand elle n'est pas prise (couverte)
opin (la rivière
â ër
Ilfing ne coule
pas entre
Asgard
et Midgard,
entre
lôtunheim.
de
glace.
VERS 64- — Vërdr-al îs â â, « il n'y aura pas de glace dans le fleuve. t>
est une journée
de chemin qu'on
VERS 71. — Rôst (repos, relai)
c'est ce qu'on appelle aujourd'hui
en Islande
fait tout d'une, traite;
— A
en tous sens) en
hverianvëg (en toute direction.,
Thingmannaleid.
longueur et en largeur.
VERS 74. — Moelomk;
a une tout autre
grammaticale
de moelum ëk
vers 26 ; moelomk est une contraction
cette
forme
origine que vërpomk,
et moelum ëk se dit
(parlons moi),
même
raison
toi
pour moelum thû ok ëk (parlons
dit hua their Hôdr (voyez Vôluspâ,
qu'on
donne de moelomk une explication
différente
Grimm
page 220).M.
tome IV, page 4i.
la nôtre dans sa Grammaire
allemande,
etmoi),parla
VERS 75. —
vedia vid kôfdi (nous
comme désignant
hôfdi est à l'instrumental
fait l'action exprimée
par le verbe.
Skolum
VERS 76.—
d'esprit,
Vm gedspeki exprime
de cet assaut de savoir.
VERS 80. — Innfrôdi
VERS 87. — L'édition
de
voulons
engager la tête);
la chose avec laquelle
se
la cause et le but
de cette joute
«toi qui es un Iote savant. »
de Copenhague
porte svâ atferr
Iotunn!
(de sorte
du vers i43, où se trouve égaqu il, etc. ). Cette leçon paraît provenir
de Stock., est
lement svâ
en soit, la leçon de l'édition
Quoiqu'il
atferr.
évidemment préférable
(cf. vers g5).
VERS 88..—
Id sama (de
même)
est une
termes
c'est une répétition
en d'autres
dans le vers go, id sama ne fait que répéter
levers;
particule
du mot
pour remplir
ëdf; de même,
le sens
exprimé
par la
svâ.
VERS 89. — Mundilfoeri
qui «conduit
signifie
«d'un moulin à bras. » Ce nom doit indiquer
circulaire
cheville
du soleil
VERS 91. — Thau;
ou tourne
l'auteur
la manivelle
du mouvement
et de la lune.
quand
le pronom
démonstratif
se rapporte
à deux
VAFTHRUDNISMAL.
286
il est mis au
et l'autre féminin,
sujets, dont l'un est masculin
pluriel
du neutre (voyez Vôluspâ, vers 37).
in anni computum
VERS 100. — Oldom at artali, hominibus
(cf. Vôd'un nid
luspâ, vers 26 : ar of at telia). Les mois se comptent
(dispaà l'autre.
Dans la langue des Alfes, la lune est
rition
de la lune)
nommée
Artali
(qui dénombre
l'année).
vers et le suivant ne se trouvent
VERS 107.—Ce
pas dans le Codex
mais si on les omet-
royale de Copenhague;
regius de la bibliothèque
tait, il y aurait ici une lacune. D'ailleurs jl n'y a pas la moindre
qui nous autorise à croire que ces vers ne sont pas authentiques.
raison
Ar oj
en allemand
( le long de l'année) dans l'année;
-.jahrauf.
VERS 113. — Dans l'édition
de Cop. on lit orôfi; dans celle de Stockholm, ôrôfi; il me semble qu'il faut écrire ôrofi, et dériver ce mot delà
racine
la rigueur
rufa; ôrôf signifie l'âpreté,
(cf. Fiôlsvinnsmâl,
VERS 123, 124. — A la place de ces deux vers, on lit,
les vers suivants :
éditions,
25).
dans les
Enn siom fleygdi or sudkeimi;
Hyrr gaf /irîmi fior.
Mais il lança des étincelles de Sudheini ;
La chaleur donna la vie à la glace.
Ces deux
vers
ne peuvent
est le sujet de fleygdi
et de plus;
verbe,
il
ce mot
par les raisons
convenablement,
suicar
siom? ce n'est
pas hyrr, qui régit déjà un
se trouve dans un vers qui n'est pas lié au
; ïotunn ne peut pas être non plus le sujet
par l'allitération
fleygdi. 2° La naissance
précédent
du verbe
122;
pas authentiques
pas être expliqués
1° ils
vantes:
quel
ne me semblent
serait
du géant,
D'ailleurs
donc déplacé
la narration
des
du géant a déjà été décrite
v. 121,
de mettre,
après le récit de la naissance
choses
qui ont précédé cette naissance.
la particule
en indique
ordinairement
que la phrase qu'elle
commence
ou le développement
exprime la suite et non l'explication
de ce qui a été dit précédemment.
3° Ces vers ne se trouvent
que dans
un seul manuscrit.
4° Dans l'Edda en prose, on lit, après unz vo.nl
les deux vers que nous avons mis dans le texte. Ces vers
sont un peu différents dans la Snorra-Edda,
p. g, édition de Stockholm;
on y lit :
or ïotann,
NOTES
287
CRITIQUES.
Thar. ëru orar oettir komnar allai- saman
Thvî ër that a3 alit til atalt.
Mais ces vers renferment
évidemment
dans le texte.
originairement
toutes
[dans ce géant ]
—
des mots qui ne se trouvaient
Thar orar oettir koma allar saman
nos génération
pas
(ici
se rencontrent
), c'est-à-dire
ër that allt til atalt
à lui.» Thvî
remontent
générations
— TU
tout
la race) est si robuste).
se
(toute
(c'est pourquoi
(trop)
et les adverbes,
construit avec les adjectifs
exemple : til ôfug (trop
Kv. I, 29; til gôrva (trop bien), Brunhild.
Kv. III,
odieux), Brunhild.
«toutes nos
17. (Cf. angl, to. )
VERS 127. — L'édition
de Copenhague
porte
mais haldni est nécessaire
de haldni (robuste);
VERS 12g, i3o.—Ces
l'accusatif
vers
au lieu
(vieux)
pour l'allitération.
la construction
renferment
de
avec l'infinitif
(voyez vers 7).
•— une autre
est sëxhôfdadan
leçon
Sërhôfdadan,
Dans la mythologie
Scandinave
comme
dans les
—
VERS I32.
(qui
deux
aldni
a six têtes).
on trouve
têtes. L'Edda
des géants à plusieurs
et
épopées sanscrites,
les traditions
fabuleuses
du Nord font mention
de plusieurs
géants à
trois têtes, et même d'une géante à neuf cents têtes. Hrungnir
avait une
tête de pierre,
donc rien qui
Iarnhaus
un
crâne
de fer.
La
n'a
sexhôfdadan
il faut dire qu'elle
leçon
nous
doive
surprendre;
cependant
n'a été adoptée que parce qu'on ne savait pas s'expliquer
suffisamment
l'autre leçon qui,
est la seule authentique.
certainement,
Sërhôfdadan est traduit,
de Copenhague,
dans l'édition
par suo sibi capite
guudentem, et dans
la
( adulte ,
sjelfslandig
sens de ce mot, si l'on se rappelle
majeur). On saisira le véritable
sër (à soi) placée devant un adjectif,
que la particule
ajoute à cet
l'idée
adjectif
traduction
d'égoïsme,
suédoise,
d'entêtement.
quelqu'un «qui a une tête à soi,»
s'obstine à ne jamais être de l'avis
propres lumières,
que disent
crit g=TT:'
lire
les autres.
mier mot
svinnan
donc
Sërhôfdadr
signifie
c'est-à-dire
qui, sans être méchant,
des autres,
et à ne suivre
ni de ce que font,
jamais satisfait
Cf. sêrlandr (morose) ; sërgodr (arrogant)
n'étant
VERS I33.—L'allitération
il faut
par
au lieu
manqué
dans
ce vers.
et mettre
de frôdan,
du vers
L'allitération
(voy. le vers i/u).
que ses
ni de ce
; sans-
Probablement
l'accent
sur le pre-
manque
également
VAFTHRUDNISMAL.
288
dans le vers i58
, à moins
qu'on
ne veuille
accentuer
la conjonction
allz.
—
VERS I4O.
Hvfxfitov, en latin
une barque.
Ludr
a les
cymbium;
différentes
il peut
significations
donc aussi désigner
du mot
grec
une nacelle,
de Stockh.
leçon sia at, qu'on trouve dans l'édition
ou sia h
me semble mauvaise : ou il faut lire svâ at (de sorte que),
: sia est une autre forme pour sa.
(lequel)
de Stockh. oei
VERS I44- —A la place de ei, on lit, dans l'édition
VERS I43.—La
(jamais).
VERS I5J.
a mis,
— Mëd Asa sonum;
par conjecture,
dans l'hémistiche,
à la place de cet hémistiche,
â Nôatûnom : il croyait que l'allitération
et il voulait
la rétablir.
Rask
man-
notre
poète met
l'allitération
dans des syllabes qui ne sont pas fortement
accenum-l-om allitère avecâsa.
tuées. Ainsi, dans le vers i5i,
at (voy. Vôluspâ, vers 176).
VERS 160. — Heriafôdrs
le vers suivant
les éditions,
se trouve inséré
VERS i64.—Dans
quait
souvent
entre
(ils
les vers
boivent
164
Mais
et 165 : ôl mëd Asom drëkka ok sediaz Soehrinmi,
de l'aile
avec les Ases,
les raisons
et se rassasient
que ce vers est
: i° ce vers peut être rejeté sans que le sens ou l'arune interpolation
de la strophe en souffre;
2° l'allitération
y manque; 3°il
rangement
dans lesquels notre poète n'entre
des détails de narration
renferme
Soehrimnir).
Voici
qui me portent
de la chair de
à croire
encore faire valoir la raison que, dans la langue
4° on pourrait
jamais;
comme dans la langue
des Ases , la boisson ne s'appelle pas ôl (aile),
des hommes, mais beor (bière). Enfin, si l'on traduit meir par « de plus,
l'authenticité
« ensuite , » on aura une raison de plus pour soupçonner
à la réunion à
saman se rapportant
évidemment
aucun sens après le vers inséré qui exprime déjà
table, meir n'aurait
les plaisirs de la table.
:
il me semble que meir signifie tout simplement
plus
Cependant,
du
vers.
Car
sitia
» plus paisibles
plus réconcilie's,
que jamais, c'est-àdire que les combats qu'ils se sont livrés n'ont servi qu'à augmenter
le respect et l'amour
qu'ils avaient déjà les uns pour les autres.
VERS 16g. — J'ai mis dans le texte sagdir au lieu de segdu qu'on lit
«ils
s'assoient
dans les éditions,
et voici
pourquoi
: si l'on
adopte
la leçon
du texte
NOTES
les deux
segda,
En effet le texte vulgaire
vulgaire
289
CRITIQUES.
4a et 43
strophes
dit :
deviennent
inexplicables.
Réponds à cette douzième question : D'où te vient la connaissance
Que tu as sur les dieux ?
Après
avoir fait cette
question,
Odin
ajoute
:
Frâ iotna rûnom
ok allra goda
Segdu it sannasta.
1
ou ces mots
De deux choses l'une,
répondre
à la question
suivie d'une
question
faudrait traduire
« connaissance
qu'Odin
invitation
sont
une
de faire,
vient
d'y répondre.
de la manière
et expliquer
que tu as des mystères
nouvelle
invitation
de
ou ils sont une seconde
Dans
le premier
cas, il
suivante
: «D'après
la
des Iotes
et des dieux,
dis-moi
au juste d'où te vient la con: «Dis-moi
«cela au juste;-!, c'est-à-dire
ne donne pas un
des dieux. » Cette explication
«naissance de l'origine
donc connaître
En effet, faut-il
les mystères
des
sens raisonnable.
Iotes et des dieux
pour
savoir
d'où
nops
est venue
telle
ou telle
con-
a-t-elle donc une si haute importance,
naissance ? La question d'Odin
au juste? D'ailleurs,
pour avoir une réponse
qu'il soit besoin d'insister
un des mysdes dieux étant précisément
de l'origine
la connaissance
à dire : «Dis-moi,
tères, la question reviendrait
d'après la connaissance
des mystères?»
d'où te vient la connaissance
«que tu as des mystères,
question absurde.
moins
présente
explication
Voyons si l'autre
cette explication,
Odin adresse deux questions au
ce qu'il y a
«tu l'origine des dieux? 2° Dis-moi
que
«mystères des Iotes et des dieux.» D'abord
Un mystère ou une vérité
donc pas toujours
vraie?
autre? Ensuite,
ne serait-il
et des hommes,
d'adresser
Odin adressait
cachée
au commun
de difficulté.
D'après
géant : « i" D'où saisde plus vrai dans les
signifie
de plus vrai?
des hommes,
n'est-elle
être plus vraie qu'une
peut-elle
la part du Père des dieux
pas absurde de
à la fois ? Si
deux questions
à Vafthrûdnir
une
vérité
il faudrait
au géant,
qu'il y eût aussi
questions
si diverses,
une seule et même
car, à deux questions
deux
deux réponses;
réponse ne suffit
le géant ne donne qu'une
La
réponse.
pas; mais
Metseconde explication
ne vaut donc guère mieux que la première.
*9
VAFTHRUDNISMAL.
290
Odin
sagdir à la place de segdu et tout s'éclaircira.
sur l'origine
des dieux ? car ta
dit : «D'où te vient cette connaissance
bien (sannasta) aux questions
«viens de répondre parfaitement
que je t'ai
« adressées sur les mystères des Iotes et des dieux, » Vafthrûdnir
rémaintenant
tons
aux questions sur l'origine
des dieux et
pond > «Je sais bien répondre
«les mystères des Iotes, parce que j'ai fait des voyages, etc.»
iôrd nëdan; Thrymskvida;
VERS 174. — For Niflheim nëdan. [Cï.fyr
Vôluspâ, v. 8.)
VERS 175. — H y a dans ce vers ce que les grammairiens
appellent
Le verbe deyia renune construction enceinte (constructio
praîgnans).
ferme en soi encore l'ide'e d'un autre verbe, fara,
laquelle
explique
hinnig ; hinnig deyia est mis pour deyia ok fara
l'usage de l'adverbe
hinnig.
VERS 181. — Holt
forêt sur la pente
fait la signification
une
(bois, forêt)
désigne plus particulièrement
ou le sommet d'une montagne.
Holt a donc tout à
du mot
latin
saltus;
c'est tantôt
une hauteur
cou-
bois, tantôt un bois sur une hauteur.
VERS 186. — Slétta. himin (ciel uni, lisse) désigne le ciel désert,
des étoiles qui en sont les ornements.
On dit slêit silfur
dépourvu
verte
d'un
(argent
reliefs;
uni),
pour dire un vase d'argent
car les bas-reliefs
sont, pour ainsi
polie de l'argent.
•VERS 187. —Fara
einn,
n'est pas orné de basdire, des aspérités sur la
qui
surface
quelqu'un
qu'on a
le surprendre.»
Fara at einum, «tomber sur quelqu'un,
«poursuivi.»
ou diuprôdall
VERS 188. — Rôdall (rougeur)
foncée)
(rougeur
l'or. (Ynglingasaga,
ou ifrôdull
(Skaldskaparmâl,
p. 223) signifie
5.)
«atteindre,
attraper
(l'or des Alfes) désigne le soleil.
Alfrôdull
VERS 18g, — J'ai mis hina qui me semble être la véritable
leçon;
l'édition
de Copenhague
de Stockh. hann.
porte hana, et l'édition
VERS 190. — Rida (fouler en chevauchant)
se construit
avec l'acrida gmnd.)
qu'on traverse.
(Voyez Vôluspâ, v. io4,
VERS 196. — La construction
est thriar ihiodar meyia
grammaticale
de filles de Môgthrasir
thorp yfir, «trois compagnies
Môgthrasis falla
«volent au-dessus des h'ameaux. » Einar (lat. singuloe) toutes, plur. fém.
cusatif
du lieu
de einn.
VERS 207.—
Vinna at vigihroti
(travailler
à la cessation
du combat)
NOTES
«contribuer
à faire
cesser
le
291
CRITIQUES.
combat,
y mettre
fin
par une
victoire
« décisive. »
VEjRS 213.
—- L'allitération
v. 160). Rëka
avec le génitif.
[venger,
'
VERS 222. —Feigom,
VERS 223. — Ragna
prendre
dans ce vers (Cf. Lokasenna.
manque
la cause de quelqu'un),
se construit
«destiné
à mourir,
rôk a la même
la mort.»
annonçant
signification
que
tîva rôk. Rôk
a souvent
été confondu
les
commencement,
fin)
(extrémité,
par
et ragna rôk est devenu
de
synonyme
poètes avec rô'/tr (crépuscule),
la destinée des dieux était de périr dans le créragna rôkr, parce que
puscule du monde. (Voyez Vôluspâ.)
certare de aliquare cum aliquo.)
se dit aussi des dieux. Les
VERS 2 25. — Vër (lat. vir, homme)
hommes sont quelquefois
appelés menskir menn (hommes
humains).
Vers 224.—At
Voyez Grimnismâl,
deita eitt vid einn (latin
strophe
31.
19.
VAFTHRUDNISMAL.
292
NOTES
EXPLICATIVES.
VERS 3. — Le but
du voyage d'Odin n'était pas d'aller consulter le
si Vafthrûdnir
auprès de lui, mais d'apprendre
géant et de s'instruire
était aussi savant qu'on le disait. Antiquité a la même signification
que
(Voyez Vôluspâ, v. 3; Introd.
p. 243.)—Iote
mystères d'Odin.
qui sait
tout. (Voyez Vôluspâ,
VERS 5. — Odin
v. 93.)
est nommé
le Père des Combattants,
parce qu'il
de tous les héros
est le chef des Monomaques
c'est-à-dire
(einheriar),
qui, après leur mort, sont reçus dans Valhalle. (Voyez Vôluspâ, v. 176.)
VERS 7. — Frigg craint qu'Odin ne soit vaincu par la ruse, ou par
la force
ou enfin par la supériorité
corporelle,
VERS 9.—Avoir
«rience, connaître
d'esprit de Vafthrûdnir.
« avoir beaucoup d'expé-
beaucoup voyagé signifie
les hommes, être prudent
et précautionné.
» Odin
(qui a voyagé au loin; voyez Ynglimjaportait le surnom de Vidfôrull
voyez v. 20. Ceux qui n'asaga, chap. 11), et de Yggr (circonspect);
vaient jamais voyagé passaient, chez les Scandinaves, pour des hommes
Le même mot heimsklegr [heimskulegr,
heimski) signifiait
stupides.
casanier et stupide. (Voyez Hâvamal, v. 20.) Dans le poème Hyndluliôi,
faible d'esprit et ignorant,
Ottar représenté comme un jeune homme
est surnommé
toujours
resté
heimski (Ottar du coin du feu), parce qu'il était
dans son pays. Aussi ïes Scandinaves
et surtout les
hin
de fréquents et longs voyages. Plusieurs
d'entre
eux eurent le surnom de Vidfôrli (qui a voyagé au loin), tels que, par
exemple, Ingvar, Brandr et Thôrvald. Ce dernier après avoir parcouru
en Russie. (Voy. Kristnila Grèce et la Palestine, mourut à Palteskov,
Islandais,
faisaient-ils
Au xvn" siècle un voyageur appelé Jon Ohesson,
Saga, p. 102 et io4.)
fut surnommé
Indiafari, parce qu'il avait pénétré jusque dans les Indes
en 167g. L'histoire
de sa vie et de ses voyages,
Orientales ; il mourut
mériterait
écrite par lui-même,
bien, ce me semble, d'être publiée,
quoique
notre
antique.
(Voyez
voyageur
Voyage
n'ait point fait d'études et que son style soit
en Islande fait par ordre de Sa Majesté Da-
NOTES
Au moyen
p. 72.)
ordinairement
études visitaient
noise, t. III,
retour
après leur
dans leur
(clerc parisien).
VERS 10. — Odin,
293
EXPLICATIVES.
âge,
les Islandais
l'université
patrie,
du titre
qui
de Paris,
honorable
se livraient
aux
et jouissaient,
de Paris-klerkr
dit que
dissiper les craintes de sa femme,
dans ses voyages, et l'habileté
la prudence
qu'il
qu'il avait acquise
de tout accident.
avait de mettre à l'épreuve les autres, le garantiraient
pour
sont les déesses ouïes femmes
—Asynies
est nommé
VERS 15. — Odin comme dieu suprême
VERS I4.
des Ases.
Aldàfôdr
(Père
ou Père des hommes).
ou de l'univers,
Imr est un nom de loup
VERS 19. — Le père d'Imr est Vafthrûdnir.
se nommaient
ou de géant [Skaldskap. p. 222). Les Scandinaves
queltel ou tel, surtout
déjà illusquand leurs fils s'étaient
quefois père de
ils se nommaient
Le plus souvent,
action.
trés par quelque
grande
du monde,
Peterson, Erikson, etc.
fils de tel ou tel, comme Haldorson,
le Précautionné
VERS 20. — Odin est appelle le Circonspect,
(Yggr),
dans ses voyages au pays des Iotes, et en entrant dans leurs
parce que
sur ses gardes, suivant en cela un ancien
demeures, il était toujours
précepte
qui
dit :
Crâttir allar âdr gangi fram
Um sfcygnaz s/eyli
Thvîat
ôvist ër at uita hvar ôuinir sitia
A/leti
/irir.
Avant de faire un pas en avant,
Il faut regarder de tous côtés;
*
Car on ne peut savoir si des ennemis ne sont pas
En embuscade derrière la porte.
Le poète a choisi
exprès le nom
avait si bien pris ses mesures
de Circonspect
pour
amené chez Vafthrûdnir,
goniste,
et en même
que,
VERS 2 5. — Vafthrûdnir
le
motif
qui l'a
son anta-
de connaître
son impatience
sa confiance
dans sa propre force.
prend les paroles que lui adresse l'étran-
trahit
temps,
qu'Odin
sa prudence
malgré
dans la demeure
sur-le-champ,
d'avance,
il ne craignit
pas d'entrer
de Vafthrûdnir.
(Cf. Yggiungr,
Vôluspâ, v. go.)
VERS 21. — Odin,
en annonçant
tout de suite
ordinaire,
indiquer
VAFTHRUDNISMAL.
294
ger pour
ce défi.
à une lutte
une provocation
à mort,
et il est disposé à accepter
VERS 29. — Odin prend le nom de Gangrâdr (voyageur)
pour ne
il se tient d'abord à l'entrée de la demeure ou
pas se faire connaître ;
l'invite à entrer
dans le vestibule
(voyez p. 2 83 note 33). Vafthrûdnir
dans la salle, et à se placer sur le banc qui, dans chaque maison,
aux étrangers.
Vieillard parleur;
VERS 36.—
était réservé
voyez p. 284, note 36.
VERS 37. — Voyez Introduction,
p. 262.
sévère; voyez p. 284, note 4o.
VERS 4O. —Homme
est le cheval qui
VERS 45. — Skinfaxi
(qui a la crinière luisante)
traîne le char du jour. Il est le meilleur de tous les chevaux. De même
que les Hindous
de toute
parfaits
plaçaient
dans le ciel d'Indra
les plus
les Scandi-
les individus
de même
espèce d'êtres de la création,
naves plaçaient aussi dans le ciel des Ases, les êtres qui passaient pour
les Ases ^avaient les meilleurs
dans leur genre. Ainsi,
les meilleurs
chevaux,
la meilleure
épée, le meilleur
navire,
le meilleur
pont,
etc.
p. 162.)
(Voyez Vôluspâ, Introd.
VERS 5I. -—-Le cheval qui traîne le char de la nuit sort par la
la nuit
le soir, le soleil étant à l'occident,
porte de l'orient, parce que
à mesure que
du côté opposé, et elle avance vers l'occident
le soleil retourne vers l'orient.
(Voyez Vôluspâ, v. 18.)
VERS 52. — Grandeurs
(voyez Vôluspâ, p. 223). Amener la nuit
se trouve
à ce que dit Homère : «L'aurore
bénignes, est analogue
le jour à Jupiter et aux, autres dieux. » La nuit est amenée aux
aux Grandeurs
« annonce
dans l'obscurité
dieux, parce qu'on croyait que c'était principalement
de la nuit que les dieux agissaient. La nuit, ordinairement
plus longue
dans les région-; septentrionales,
d'une certaine
jouit
que le jour
Scandinave. (Voyez Vôluspâ,
sur le jour dans la mythologie
la nuit qui a enfanté le jour; elle est la mère primitive
p. 224.) C'est
les
de tout ce qui existe. C'est aussi dans la nuit que se montrent
du ciel boréal qui révèlent la puissance
étoiles, et tou3 les phénomènes
préférence
et passent quelquefois
pour être ces dieux mêmes. Le jour,
il est dit,
est le temps où agit l'homme;
c'est pourquoi
au contraire,
des dieux,
vers 44, que le jour est amené au genre humain.
VERS 53. — Le cheval qui traîne le char de la nuit
s'appelle
Hrim-
NOTES
faxi;
« qui
ce nom
signifie
de la nuit.
la froidure
295
EXPLICATIVES.
a la crinière
» Pour
expliquer
couverte
du givre
le phénomène
sur les plantes,
produit
par
de la rosée qui
que l'écume qu
la mythologie
imagine
et le givre secoué
la nuit,
du mors de Hrimfaxi,
dégoutte, pendant
la rosée du matin. Une autre explide la crinière du cheval forment
du même phénomène
se trouve
dans Vôluspâ,
cation mythologique
brille le matin
v.45.
VERS 61. —
sans doute,
Hfilng signifie
fleuve par excellence.
VERS 63. — Sans jamais geler, il coulera
comme
elf (le
éternellement;
fleuve),
le
cette circons-
entre les Ases et les
tance doit indiquer
qu'il y aura toujours
séparation
d'amitié
entre eux est impossible.
Iotes, et que tout commerce
VERS 68. — Les dieux sont appelés paisibles pour indiquer
qu'ils ne
sont pas les agresseurs,
VERS 70. — Surlur
pelheim ou du monde
c'est lui qui consumera
VERS 72.—
Vigridr
mais
(le
de leurs ennemis.
que l'agression
provient
la combustion)
est le roi de Musnoir,
ennemi des dieux,
car
igné. Il est le principal
le monde entier. (Voyez Vôluspâ, v. 2o5.)
(la plaine qui tremble au combat, sous les com-
battants) est le champ de bataille assigné par le sort ou la destinée aux
dieux et à leurs ennemis. L'expression
à un ancien
assigné se rapporte
usage dont on trouve encore des traces dans les duels de nos jours.
Si quelqu'un
de ces temps
avait
lui permettait
rencontrait.
Plus
mettre
d'ordre
plus
à venger
une
ou une injure,
la barbarie
son adversaire
partout où il le
injustice
d'attaquer
et pour
ces attaques
brusques,
pour empêcher
dans l'attaque
et la défense, l'usage voulut
qu'on
dans un
de se présenter,
pour vider la querelle,
tard,
sommât l'adversaire
ordinairement
On choisissait
pour lieu
désignait.
du combat, un banc de sable ou une
petite île dans la mer, afin que
et qu'aucun
fût aussi resserré que possible,
l'espace où l'on se battait
des combattants
ne pût s'enfuir.
Hôlmr est le nom d'un tel banc de
endroit
qu'on
lui
sable; de là viennent
en duel),
skora â hôlm (provoquer
sur le duel), etc. Quand
hôlmgânga (le duel), hôlmgôngu lôg (règlements
on se battait sur la terre ferme, on avait soin de faire une
espèce d'enclos
en plantant
tout autour
des jalons de bois de coudrier
(haslastengr)
de l'arène
Le même usage fut observé avec
assignée aux combattants.
les modifications
nécessaires
dans les combats où il y avait un plus
les expressions
296
grand
VAFTHRUDNISMAL.
nombre
d'adversaires
de part et d'autre.
(Cf. Hervarar
Saga,
Goda, chap. xxiv;
Saga af Olafi k. Tryggva-
Saga Hakonar
Dans Sigurdar
syni, chap. xvm.)
demande
à Fafnir : « Comment
chap.
xix;
« choquent
les épées sanglantes
II,
FafnisbanaKvida,
l'arène
s'appelle
de Surtur
i4j
(holmr),
et des Ases ? » Fafnir
i5,Sigurd
où s'entre-
répond :
Dans Volsunga-Saga,
«Elle
cette
s'appelle
Oskopnir (démolisseur).»
même arène est nommée
Vskaptir, ûskaptr (lieu pas encore créé).
de respect
VERS 73. — Vafthrûdnir,
pénétré
pour la science de
le fait asseoir à son côté sur le banc d'honneur
qui, dans
l'étranger,
était réservé au père de famille
ou au maître de
chaque habitation,
la maison. (Cf. Lokasenna,
v. 44.)
VERS 81. — Les fils de Bur ou les Ases, après avoir tué le géant
Ymir (l'océan
créèrent
dé sa chair Midgard
ou la
glacial primitif),
terre;
de ses os, ils formèrent
et les montagnes
qui sont,
de la terre;
de son crâne,
ils firent la
les rochers
pour ainsi dire, la charpente
voûte du ciel; et son sang ou la partie
devint
liquide,
la mer.
(Cf.
Vôluspâ, p. 226, v. 55.)
et soi, le soleil, est
VERS 87, 88. — Mâni, la lune, est masculin,
dans les langues germaniques.
féminin
(Voyez Vôluspâ, p. 223, note
avant le soleil,
que la lune est nommée
17.) Il est à remarquer
avant l'été (voyez
comme la nuit avant le jour (voyez note 52), l'hiver
v.,io5).
VERS 89. — Mundilfoeri;
p. 285.
voyez Notes philologiques,
«le petit jour,
la petite
VERS 97. — Dellingr
pointe
signifie
du matin. »
«jour, le crépuscule
du
«la brune,
le crépuscule
VERS 98.—
Nôrvi signifie probablement
« du soir. » Niôrvasund est le détroit de Gibraltar.
(Voyez Ynglinga-Saga,
chap. 1.)
VERS IO5. —
Vindsvalr
(qui
a le souffle
est lèvent
froid)
du nord
ou Borée.
VERS 106. — Svasudr
VERS 113.
questions
le premier
—
(qui a l'haleine
Vafthrûdnir
auquel
douce)
est Zéphire.
avait adressé
Gangràdr
des Ases qui
deux
et quel est
naquit,
(savoir, quel est le premier
à cette dernière
des Iotes qui fut formé), répond seulement
de la
qui le touche de plus près, parce qu'il est lui-même
question
race des Iotes.
—
Dans
la rigueur
des hivers
indique
le temps
où ré-
NOTES
où les
gnait le chaos,
pas encore
hivers se succédaient
n'étaient
c'est-à-dire
EXPLICATIVES.
de venin,
glaçons
fondus
par
les
amoncelés
297
dans
Niflheim,
étincelles
sans interruption.
avant que les Ases eussent
et qu'ils eussent
primitif),
de Muspilheim;
où les
— Avant
que la terre fût créée,
tué Ymir appelé aussi Orgelmir
de ce géant
ou la terre
( voyez vers 81). Le sang qui sortit du
tué par les Ases, remplit
le monde entier. Les descencorps d'Ymir
ici par Thrûdgelmir
dants de ce géant représentés
(le vieillard
robuste),
furent tous noyés; il ne resta que le petit-fils
d'Orgelmir,
appelé Ber(le vieillard
l'Enceinte du Milieu
créé de la
chair
qui se sauva dans une barque, et devint
gelmir (très-vieux),
delà seconde race des Iotes. (Cf. Gènes, vu, 7; Mahâbhârata,
la souche
Naûban-
dhanam. )
VERS 121. —
Les gouttes
de venin
répandues
par les serpents de
formèrent
les fleuves Elivagar
dont
Niflheim (voyez Vôluspâ, v. i54),
tombèrent
dans le vaste gouffre ( gouffre-béant
les eaux croupissantes
;
Les glaçons s'amonvoyez Vôluspâ, v. 12) du chaos et se congelèrent.
de plus
en plus,
et s'élevèrent
enfin à une telle
celèrent toujours
atteints par les étincelles
du
hauteur, qu'ils furent
qui jaillissaient
monde igné ou de Muspilheim.
De la glace ainsi vivifiée
Ymir.
naquit
VERS 12g. —
Thurse est le nom appellatif
des Iotes de la première
race. On dit aussi Hrîmthurse
(igéant couvert de glace ou de givre).
VERS I32. — Un fils qui avait une tête à soi; c'est ainsi que je crois
devoir rendre
difficile
le mot
à exprimer
vers i32.j[
VERS I36.
—
dont la signification
est
composé
sërhôfdadan
en peu de mots. ( Voyez Notes philologiques,
Les mots
: Toi,
Iote
qui sais tout,
expriment
une
légère ironie.
VERS I4O. — Voyez note 113.
VERS I45. — Hroesvelgr
(qui engloutit
noms
métaphoriques
qu'on donne à l'aigle.
sens et pour
au mot sanscrit
l'étymologie,
geur de chair,
aigle).
L'aigle
vent. (Voyez
Helgakvida,
dent aux vents
portent
I,
une
la
est un des
charogne)
Ce mot répond,
et pour le
mançfTôîJTÇ: ( Kravyâda,
du
est le symbole ou la personnification
1; Vôluspâ, v. 172.) Les Iotes qui prési-
d'aigle.
(Voyez Snorra-Edda,
dépouille
les vents par
P- 181, 20g.) Hroesvelg est un de ces Iotes qui produit
le battement
il est dit dans les
de ses ailes. D'après une idée analogue,
298
VAFTHRUDNISMAL.
qu'un vautour,
<epa£, préside aux vents.
poésies des Grecs modernes,
de la Grèce moderne,
II, 236.)
(Voyez M. Fauriel, Chants populaires
en grec aigle et vent; en latin aquïlo (aquilon)
LSTÔS, signifie
dérive
de vultur (vautour).
àeaquila
(aigle) comme vulturnus
(vent sud-est)
En hébreu, on dit les ailes du vent
11.
xvnr,
(fil"!
'SJS^ps.
à la race des Vanes qui étaient les
VERS Î 5 Î . — Niordr appartient
ennemis
des Ases. Lorsqu'on
fit la paix, Niordr
fut envoyé comme
otage à Asgard
en échange
de Hoenir.
(Voyez Vôluspâ, p. 23g; Intant de considération,
glinga-Saga,
chap. iv.) H y acquit bientôt
que
les Ases mirent sous sa protection
les sanctuaires et les enceintes sacrées.
Niordr
habite
(enclos des navires,
basses côtes de la mer; il préside au vent
Nôatân
port, baie), c'est-à-dire les
et au temps favorable à la
pêche et à la navigation.
VERS 157. — Les Vanes sont appelés intelligents,
parce qu'ils savaient longtemps
contrebalancer
la puissance des Ases, et parce qu'ils
excellaient
dans certains arts, comme dans la magie, etc. (Voyez Vôluspâ, v. 119.)
VERS 160. —
parfaitement
le
n'a pas de mot qui exprime
langue
sens de einhen, je me sers du mot grec mononiaijm
Comme
notre
un combattant
[u.ovou.d%os), qui signifie
(guerrier,
gladiateur)
qui
lutte seul contre un ou plusieurs adversaires;
ce qui rend parfaitement
le sens de einheri composé de ein (un, fiovâs) et heri (combattant,
est le nom appellatif
des héros reçus après leur
(ia^rjs). Einheriar
mort dans Valhalle,
où ils s'amusent à se livrer combat. Voyez v. i6i
VERS 164. — La victime, est le monomaque
qui est désigné pour se
battre contre ses confrères. Ce combat terminé,
les morts et les blessés
se relèvent
sains et saufs, et tous viennent
s'asseoir à la table du festin,
pleins d'estime et d'amitié les uns pour les autres.
VERS 168. — H n'y a que les Iotes et les dieux (Ases et Vanes), qui
connaissent les secrets ou les mystères du monde. (Voyez Vôluspâ, v.
242.)
VERS 174.—Neuf
VERS 175. — H<i,
mondes ; voyez Vôluspâ, v. 7.
est le nom de la fille de Loki
(voyez Vôluspâ,
où elle règne sur les
dans l'enfer,
v. 178); les dieux la précipitèrent
morts. Hel désigne souvent l'empire
des morts lui-même
ce séjour que descendent,
après leur décès, les femmes,
: c'est dans
les enlants,
NOTES
EXPLICATIVES.
299
ne sont pas morts en combattant.
Les criminels
ne
qui
restent pas dans le palais de Hel, mais ils sont envoyés à Nijlhel, situé
nord et plus bas que Hel. C'est là qu'ils reçoivent,
par difféplus au
de leurs crimes. (Voyez Vôluspâ, v. i56
rents supplices, le châtiment
etles hommes
et sniv.)
VERS 176. — Odin
devient
les questions,
sait répondre
à toutes
voyant que Vafthrûdnir
un moment
sur l'issue de cette joute
inquiet
de savoir. Son inquiétude
augmente surtout lorsd'esprit, de cet assaut
dans
qu'il apprend que le géant a visité les mondes, où il s'est instruit
tousles mystères -,mais aussitôt, se rappelant
que lui-même
sorti vainqueur
ces mêmes voyages, et qu'il est toujours
il a fait aussi
des combats
dans lesquels il s'est engagé en mettant à l'épreuve les forces des autres,
à le rassurer
et à jeter
il prononce ces paroles propres
lui-même,
le trouble dans l'âme du géant : « Moi aussi, j'ai beaucoup voyagé, etc. »
Il adresse ensuite
de questions qui sont plus difficiles que les premières,
non pas à l'hisparce qu'elles se rapportent
toire du passé, mais aux événements de l'avenir.
Il lui demande d'abord
quels sont
au géant
les hommes
appelé fimbuhëtr
Vôlaspàj v. 169.)
une
qui
viendra
suite
resteront
apporter
en vie quand
la mort au genre
le terrible
humain.
hiver
(Voyez
VERS 180 et suiv. — La femme
Liflhrasir (force vitale)
les chauds souterrains
Lif (vie; cf. ffil"!, Eve) et son mari
à la mort en se réfugiant
dans
échapperont
de la colline
du géant Hoddmimir.
Ils devien-
nent les parents du
genre
VERS 186. — Comment
nr, pourra-t-il
revenir,
dépourvu de l'ornement
cule des dieux?
(Voyez
humain
régénéré.
le soleil qui sera dévoré
par le loup Fendans le ciel
du monde,
après la renaissance
des astres qui en sont tombés
Vôluspâ,
VERS 188. — Alfrôdall.
VERS 196. — Les filles
dans le crépus-
\.
232.)
v. 87.)
(Voyez Notes critiques;
sont toutes
de l'Iote Moglhrasir
des génies
tutélaires des hommes. Elles remplacent,
dans le monde régénéré, les
anciennes Norncs, et sont comme elles de la race des Joies. (Cf. Vôluspà, Introd.
p. i53.)
VERS 2O3.
—Voyez
Pôluspâ, v. 24g.
VERS 204 et suiv. — Vidai- est fils d'Odin
11est
appelé l'Asc nmel, et passe pour
et de la géante Gridur;
être le plus fort des dieux après
VAFTHRUDNISMAL.
500
venge la mort de son père Odin en tuant le loup
est fils d'Odin et de
(Voyez Vôluspâ, v. 220.) Vali (puissant)
il est habile à lutter et à tirer de l'arc; c'est lui qui, âgé d'une
vengé la mort de son oncle Baldur en tuant Hodur.
(Voyez
Thôr.
Il
Fenrir.
Rindur;
nuit, a
Vôluspâ,
ils sont
et Magni (force)
sont fils de Thôr;
v. i36.)
Modi (courage)
les personnifications
de la colère d'Ase (âs-môdr),
et de la force
d'ise
de leur père. Quand Thôr est tué par le serpent Iormmi(âs-megin)
du marteau
d'armes
appelé Miôlnir
(qui moud,
gandr, ils héritent
Avec cette arme, les
(le marteau
écrase) ou Thrûdhamar
terrible);
mettent
fils de Thôr
VERS 212
v. 180.)
désigne
v. i56.)
au combat
du crépuscule
des dieux en assurant
aux Ases.
la victoire
-.
fin
et suiv. —
Vitnir
Le Loup est le loup Fenrir
est un nom de loup (Skaldskaparmâl,
ici le loup
VERS 216.
—
par excellence,
En
adressant
c'est-à-dire
la dernière
Fenrir.
question
(Voyez
chap.
Vôluspâ,
178), et
(Cf. Loltasenu,
à Vafthrûdnir,
forme divine comme père du monde, car il
prend sa véritable
est sûr de vaincre le géant dans cette dernière épreuve. En effet,
savoir ce qu'a dit Odin à l'oreille de
comment
Vafthrûdnir
pourrait-il
Odin
de porter, ce héros au bûcher qui devait le consumer ? C'était un secret qui n'était connu que d'Odin et de Baldur.
forme divine,
VERS 220. — En voyant son hôte sous sa véritable
son fils Baldur,
avant
proposer une question
qui ne pouvait être faite ni réVafthrûdnir
reconnaît le père des Ases;
solue que par Odin lui-même,
et regrette d'avoir osé rivaliser de sagesse
il se soumet à son vainqueur,
et en entendant
avec Odin,
le plus
sage de tous les êtres.
III.
LOKASENNA.
INTRODUCTION.
-=•»«««=-
CHAPITRE
DU
BUT
DU
I.
POEME.
du poète, en composant
a été de
Lokasenna,
sur les dieux et les déesses
lancer les traits du ridicule
Le but
point une tradition
mythole sujet du poëme;
car, comment
logique qui forme
se soit ridiculisée
soi-même,
supposer que la mythologie
en dévoilant les faiblesses des divinités
qu'elle a créées ?
de l'odinisme.
Ce n'est donc
Tout au contraire,
et la négation
de l'ancienne
notre
poëme
de la .mythologie;
du Nord,
religion
est la critique,
la satire
le spectacle
il présente
persifflée
par le scepti-
cisme et la philosophie.
De même que Lucien de Samosate
el quelques-uns
des premiers
ont
apologètes chrétiens
ridiculisé les dieux de la Grèce et de Rome, de même
notre poëte a tourné
Scandinave. •
en dérision
les dieux
du paganisme
Pour échapper à la responsabilité
de ses paroles profanes et pour éviter le reproche
et de blasphéd'impie
les dieux
mateur, le poëte a mis ses sarcasmes contre
dans la bouche
de Loki. Ce
du personnage mythologique
choisi,
personnage est très-bien
parce qu'étant dieu luimême, Loki peut faire des reproches, aux Ases sans, être
ni impie, ni
De plus, Loki est représenté
blasphémateur.
dans la mythologie
aux
comme un être sinon hostile
LOKASENNA.
504
du
plus que
rôle d'accusateur
Loki est
toujours, porté à leur nuire.
toute autre divinité,
propre à jouer le
ou de calomniateur
des dieux. Enfin,
Loki
être
Ases,
moins
donc,
passe pour
c'était
précisément
aux prises
mettre
Loki
malin et caustique, et
spirituel,
un tel personnage que le poëte devait
avec les Ases. La mise en scène de
est donc une fiction
parce qu elle met
et qu'elle contribue en
très-heureuse,
du poëte,
personne
du poëme.
même temps à la beauté et à la perfection
Le poëte n'a pas été moins habile dans l'invention
des
à l'abri
la
où il a placé l'action du poëme. En effet,
pour que Loki puisse lancer ses traits contre les Ases, il
il faut
faut d'abord qu'il trouve une occasion favorable;
circonstances
quand tous les dieux et
que cette occasion se présente,
toutes les déesses sont réunis ensemble ; il faut enfin que
les circonstances
casmes de Loki.
mêmes
et provoquent
les saroccasion se présentait na-
amènent
Une semblable
dans un banquet,
où les Ases et les Asynies
étaient tous présents, où la gaieté des convives permettait
et les railleries,
et où l'exaltation
de l'ivresse
l'enjouement
turellement
à l'injure
et au sarcasme. Comme
naturellement
portait
Scandinave
faisait mention
d'un festin
la mythologie
aux Ases par l'Iote OEgir, notre poëte a choisi ce
de
faire
le
Le
en
cadre
de
son
sujet
poëme.
mythe pour
du
et
de
l'idée
ou la représentation
Lokasenna,
poétique
donné
but
du poëte,
et les Asynies
Notre
est donc de montrer
Loki
raillant
au banquet donné par OEgir.
poëme porte, dans les manuscrits,
les Ases
trois
titres
on le désigne tantôt sous le nom de Lokade
celui
sous
tantôt
canine
de
Loki),
(morsure
Hepsa
différents:
505
INTRODUCTION.
sarcasmes de Loki),
tantôt encore
Lokasenna (dispute,
Cette diversous celui de OEgisdrëkka (banquet d'OEgir).
de l'ausité de titres prouve qu'aucun dieux ne provient
teur; car, précisément,
de titre, on désignait
parce que le poëte n'avait pas mis
son poëme différemment;
les trois
peu à peu consacrés
enfin insérés dans les manuscrits.
titres furent
dans la tradition,
Les deux
premiers
le troisième
ne dé-
le sujet du poëme;
imaginées
par le poëte
signe que les circonstances
servir de cadre à son tableau. Parmi ces trois titres,
titres énoncent
mieux,
de Lokasenna
celui
avons choisi
non-seulement
le sujet
et
comme
du poëme,
pour
nous
le
exprimant
mais aussi le
but de l'auteur.
CHAPITRE
DE
LA
DISPOSITION
La conduite
DES
de Lokasenna,
II.
PARTIES
DU
POËME.
ou en d'autres
plan, le canevas de la fable de ce poëme,
esquissé de la manière suivante :
termes,
pourrait
le
être
Loki sait que les Ases sont assemblés chez OEgir à un
parce qu'on conbanquet auquel il n'a pas été invité,
naît son esprit railleur
Il se propose de
et méchant.
troubler la fête, et de satisfaire son penchant
haineux,
en injuriant
à la
les Ases assemblés. Loki se présente
porte de la demeure d'OEgir; il s'informe
auprès du serviteur Eldir des dispositions
des convives : puis il entre
20
LOKASENNA.
506
dans la salle
du
où
festin,
il
trouve
bientôt
occasion
lés dieux les uns après les autres. Mais, à la fin,
arrive et le menace de son marteau Miôlnir.
Loki
d'insulter
Thôr
craignant la colère de Thôr, et ayant d'ailleurs atteint son
contre
but, se retire en poussant encore une imprécation
au festin qu'il
qui ne l'avait pas invité
l'amphitryon
donnait:
de ce plan, on voit que le poëme
D'après les indications
se divise en trois dialogues
ou trois actes. Le premier
acte qui renferme
du drame, est un dialogue
l'exposition
à la porte de la salle d'OEgir ; strophes
1-5. Le second qui forme le noeud du poëme, renferme
le dialogue entre Loki et les convives;
strophes 6-56.
entre
Loki et Eldir
Enfin,
le troisième
le dialogue entre
Les différents
dans un ordre
ou le dénoûment
de la pièce, contient
Loki et Thôr;
strophes 57-64..
des interlocuteurs
se suivent
discours
c'est-à-dire
que chacun des peravec quel art le
sonnages parle à propos. Pour montrer
poëte a su disposer et enchaîner les discours, il faudrait
analyser
tout
naturel,
son poëme.
Nous
nous
contenterons
d'a-
du
et le commencement
dialogue,
nalyser le premier
second qui forment
du sujet de Lokasenna.
l'exposition
PREMIER DIALOGUE.-^-Loki
arrivé,à la demeure d'OEgir,
n'entre pas tout de suite; il veut d'abord sonder le terles dispositions
des convives. Soupçonnant
que les Ases parlent, en son absence, de sa méchanceté, et
du mal qu'il leur fait chaque jour, il
qu'ils se plaignent
rain,
connaître
demande
au serviteur
tiennent
à table.
faits d'armes,
Eldir
Ayant
et surtout
sur
quoi les dieux
s'entre
de leurs
appris qu'ils parlent
de sa méchanceté
sur laquelle
INTRODUCTION.
507
il n'y a qu'une voix, il s'apprête à entrer dans la salle
la fête en insultant
troubler
les convives. Eldir qui
pour
l'avertit
de
connaît le penchant de Loki pour la raillerie,
se garder de dire
sur
vengeraient
des injures
aux Ases, puisque tous se
lui dans leur colère. Blessé dans son
qui lui vient de la part d'un
orgueil par cet avertissement
serviteur, Loki. répond qu'il ne craint point les disputes,
en injures, il saura faire taire tout
et qu'étant inépuisable
à commencer
le inonde,
par Eldir lui-même.
annonce nettement
le caractère
Ce premier dialogue
de Loki. On devine
l'intention
et
facilement
s'attendre de la part d'un tel homme,
dans la salle du festin.
à quoi il faut
quand il sera entré
DEUXIÈME DIALOGUE. — N'ayant point été invité au fesà table qu'en vertu
tin, Loki ne peut se faire admettre
C'est pourquoi
il dit aux condes droits de l'hospitalité.
vives qu'il a fait une longue marche ; et feignant
d'être
il demande avec instance un
altéré de soif et de fatigue,
verre d'hydromel
de l'arrivée
pur. Les Ases, mécontents
du nouvel hôte qu'ils, ne peuvent pas refuser sans forfaire
à l'hospitalité,
et gardent un silence
en prennent humeur
la cause de leur sid'ignorer
lence, et ( comme s'il était fâché du peu de prévenance
il rappelle la société aux devoirs de
qu'on lui témoigne,
et demande qu'on lui assigne une place au
l'hospitalité,
absolu. Loki
fait
semblant
Bragi qui,
banquet, ou qu'on le renvoyé insolemment.
en sa qualité
est
de Mercure
ou d'Apollon
Scandinave,
des Ases, adresse le premier la parole à Loki ;
l'interprète
il lui dit sèchement
connaissant
sont leurs
n'ont
amis
que les dieux,
et leurs ennemis,
bien quels
garde de lui ac20.
508
LOKASENNA.
une place à leur banquet.
Loki fait semblant de
ces paroles de Bragi;
et sans lui répondre,
il
mépriser
s'adresse à Odin comme au plus âgé et au plus distingué
corder
des Ases. Il lui
rappelle
sur leur
ils se sont tous deux
qu'autrefois
sang, et qu'à cette occasion Odin
juré fraternité
si elle n'était
a fait voeu de ne jamais accepter l'hospitalité,
Loki repas offerte en même temps à son compagnon.
son manque
proche ainsi à Odin, d'une manière indirecte,
de parole ; et il le somme, en vertu de son voeu, de lui
accorder comme droit ce qu'on ne voulait pas lui accorder
comme faveur. Odin,
d'avoir fait le
obligé de convenir
d'ailleurs
de «voir troubler la paix dans
voeu, et craignant
la demeure
sacrée d'OEgir s'il refusait
de faire droit à
d'aller assigner une place
Loki, ordonne à son fils Vidarr
au nouveau
convive.
ayant été admis à table, boit à
la santé des Ases et des Asynies, non par bienveillance
ou en reconnaissance
Loki,
de la faveur
qu'on vient de lui faire,
de se venger de Bragi. En effet,
mais pour avoir occasion
Loki boit à la santé de tous les convives,
de cet Ase qui lui avait refusé une
avec Loki,
Bragi désirant se réconcilier
ration
lui offre
en répapour ne
une épée et un cheval; mais
de s'humilier
devant le nouvel hôte,
d'honneur
pas avoir l'air
faire croire aux convives
l'intérêt
excepté à celle
place au banquet.
de la
qu'il
fait
cette
concession
il veut
dans
société,
uniquement
que
pour prévenir
Loki ne dise des injures aux Ases et aux Asynies. Cependant Loki,
de railler les dieux,
qui brûle d'impatience
tourne en ridicule
les paroles de Bragi : ses sarcasmes
les répliques
provoquent
fendre les uns les autres,
qui, pour se déLoki par des repro-
des convives
attaquent
INTRODUCTION.
ches, et augmentent
et son insolence.
•C'est ainsi
cessivement
ainsi,
509
en l'irritant,
sa verve caustique
sucque 'Loki trouve occasion de persiffler
les Asynies et tous les Ases réunis au ban-
quet, jusqu'à ce qu'enfin l'arrivée de Thôr, ou la dernière
noeud dramatique,
du
amène naturellement
le
péripétie
dénoûmént du poëme.
CHAPITRE
DE
L'INTÉGRITÉ
Quand on a bien
III.
DU
saisi le véritable
quel Lokasenna doit être envisagé,
au commencement
surpris de trouver
POËME.
point de vue sous leon est naturellement
et à la fin
de ce
en prose qui ne peuvent être de la
poëme, des morceaux
main de notre poëte. En effet, l'introduction
en prose ne
saurait être une partie intégrante
de Lokasenna;
car,
pourquoi le poëte aurait-il
composé deux-introductions
à son poëme, une en prose et une autre en vers? L'introduction en vers qui se trouve dans la première
partie ou
dans l'exposition
les
suffisamment
de Lokasenna,
indique
le
faut connaître
pour comprendre
qu'il
il est dit que
poëme. En effet, dans la première strophe,
les Ases sont assemblés à un banquet;
dans la troisième,
circonstances
on voit que le
banquet se donne dans la demeure d'OEgir;
dans la même strophe,
de
Loki annonce son intention
railler les dieux;
enfin toutes les personnes
présentes
LOKASENNA.
510
se font connaître
au lecteur
au banquet
successivement
Les détails
à mesure
contre
Loki.
qu'elles
disputent
donnés dans l'introduction
en prose sont donc entièrement inutiles.
Il est même absurde de croire
que les
détails
sur la mythologie
aient été donnés par l'auteur
de Lokasenna ; car, si le poëte avait eu besoin, pour se
faire comprendre,
d'instruire
d'abord ses auditeurs
dans
la mythologie,
il se serait donné un grand ridicule
en
un poëme qui ne paraît spirituel
composant
qu'à celui
qui connaît bien les mythes
auxquels il fait allusion.
Il y a plus : non-seulement
l'introduction
en prose
est inutile,
mais elle est même entièrement
déplacée et
fausse dans ses indications.
lecteur
dans le véritable
cette introduction
effet,
point
loin
de vue
de placer
le
de Lokasenna,
ne fait
en indiquant
gible,
directement
celles
Ainsi
En
que rendre le poëme inintellides circonstances
qui contredisent
qui ont été imaginées
par le poëte,
il est dit dans l'introduction,
que Loki,
au banquet
fut poursuivi
ayant tué
s'enfuit
et
Fimafing,
d'OEgir le serviteur
par les Ases jusqu'à l'entrée d'un bois ; que
les Ases revinrent
leurs places au banensuite reprendre
aussi, et qu'alors eut lieu ce qui
quet ; que Loki retourna
est raconté
contradiction
poëme. Tous ces détails sont en
avec eux-mêmes
et avec les circonstances
dans notre
par le poëte. En effet, comment admettre que
après avoir été poursuivi
par les Ases, vienne se
lui-même
à leur vengeance? Si Loki a déjà assisté
indiquées
Loki,
livrer
auparavant
dans notre
Comment
au banquet,
poëme
s'expliquer
(v.
comment
peut-il
veut voir
i4) qu'il
les dispositions
encore
dire
le banquet?
des Ases,
d'esprit
INTRODUCTION.
511
entre dans la salle ? Pourquoi les Ases
mot du meurtre
de Fimafing?
ne disent-ils
Pourquoi
eux qui quelques moments auparasûnt-ils si pacifiques,
de l'auteur
de la préface,
vant ont, suivant l'expression
au moment
où Loki
secoué leurs boucliers,
et poussé des cris contre Loki?
Enfin, ce qui prouve jusqu'à l'évidence que l'introduction n'est pas de la main du poëte de Lokasenna,
ce sont
les mots : « Comme il vient d'être raconté » qu'on lit dans
cette même introduction.
Ces mots se rapportent
au récit
et dans le
Hymiskvidaj
qui fait le sujet du poëme intitulé
le
recueil de l'Edda s Hymiskvida
précède immédiatement
"poëme Lokasenna. Il est donc évident que l'introduction
en prose n'a été composée que dans le temps où le recueil
de l'Edda existait déjà, ou, ce qui est plus probable,
au
moment
même
où ce recueil
fut
D'après cela, il
du recueil de l'Edda
que l'auteur
de notre introduction
est très vraisemblable
est aussi l'auteur
formé.
(cf. pag. i4). Ce
de cette opinion,
c'est que la
qui vient encore à l'appui
préface de Lokasenna est écrite
dans le même
style que
les préfaces des autres poésies de l'Edda. Comme ce style
diffère entièrement
de celui des poèmes eux-mêmes,
nous
sommes en droit d'admettre
que toutes les préfaces ont
été rédigées par l'auteur du recueil de l'Edda, et que, par
de Lokasenna ne fait pas non
conséquent, l'introduction
de ce poëme.
plus partie intégrante
en tre
par. forme d'explication,
les strophes 5 et 6, JO et n, 52 et 53, 56 et 57, ils
ne sont pas plus de la main de notre poëte que l'introduction en prose. En effet, toutes ces explications
sont
Quant aux mots insérés
superflues,
elles sont
écrites
dans le même
style
que la
512
LOKASENNA.
le même auteur.
par conséquent,
préface; et trahissent,
au sujet du mot
Nous devons faire la même remarque
kvad qu'on lit après le nom des interlocuteurs,
en tête
de chaque strophe. Ce seul mot change la forme animée
en la forme aride d'un procès-verbal
du dialogue
(cf.p,
21); on doit donc présumer
que ce mot n'est pas non
plus de la main du poëte, mais qu'il a été ajouté au texte
du recueil de l'Edda.
par l'auteur
Il nous reste à examiner
l'authencité
du morceau
en
Ce morceau ne saurait
prose placé à la fin de Lokasenna.
faire partie de notre poëme, parce qu'il en contredit la
et le but. En effet, si le récit de la punition
disposition
(le sujet de ce morceau) faisait partie intégrante
de Lokasenna,
ce poëme changerait entièrement
d'aspect;
de Loki serait à considérer
car, dans ce cas, la retraite
de Loki
comme
la péripétie,
et sa mort comme la catastrophe du
drame ; ce qui, comme nous l'avons vu, est contraire à
l'intention
du
comme le morceau est
poëte. D'ailleurs,
écrit dans le même style que l'introduction,
on doit aussi
présumer
qu'il a été rédigé par le même auteur. Cet
auteur, connaissant la fin tragique de Loki, et se rappelant
la prédiction
de Skadi dans la strophe 49 de Lokasenna,
a cru embellir
ce poëme en y ajoutant
à la fin le récit
nous parlons. Il ne s'est pas aperçu que par cette
il ne faisait que défigurer l'oeuvre du poëte.En
addition,
général, les deux morceaux en prose ajoutés à notre poëme
Nous y apprenons seulement
n'ont aucun mérite littéraire.
dont
les tremblements
de terre étaient
que selon la mythologie,
de Loki. Nous devons égaproduits
par les convulsions
lement
au même
auteur
la connaissance
du mythe
sur la
INTRODUCTION.
515
En faveur de ces deux notices qu'on
mort de Fimafing.
ne trouve dans aucun autre écrit islandais, on peut donc
d'avoir dénaturé notre poëme par des
bien lui pardonner
additions absurdes.
de Lokasenna
Si l'on retranche
tout
ce que nous vece poëme se
nons de signaler comme non authentique,
de la
productions
présentera comme une des meilleures
En effet, le poëte n'a pas seulement
du poëme, il a
fait preuve de talent dans la disposition
et du goût en donnant à son
aussi montré de l'habileté
littérature
Scandinave.
oeuvre une forme
toute
Lokasenna est bien
dramatique.
de saillies et de railleries
d'esprit,
il est plein
mordantes; et, abstraction
dialogué,
qui tiennent
à la rudesse
faite
de quelques grossièretés
à part
des moeurs de l'époque,
quelques négligences de style, ce poëme ferait honneur
même à un poëte des temps modernes. L'auteur
de Lokasenna avait une connaissance parfaite du coeur humain,
et l'on ne saurait douter que, s'il se fût trouvé dans des
circonstances
convenables,
il n'eût été un excellent
auteur
dramatique.
CHAPITRE
DE L'ÉPOQUE
IV.
DE LA COMPOSITION
DU POËME.
Le poëme Lokasenna est moins ancien que Vôluspâ et
Vafthrûdnismâl
; il est même moins ancien que la plupart des poésies de l'Edda. Le sujet de Lokasenna étant le
314
LOKASENNA.
de la mythologie,
ce poëme n'a pu être composé
que lorsque le paganisme du Nord tirait à sa fin ; car ce
n'est que lors de la décadence d'une religion que la phipersifflage
losophie ose s'attaquer aux croyances surannées.
L'an 999 de notre ère, Hiallti
Skeggiasun qui avait
chanta publiquement
à Lôgembrassé le christianisme,
contre les.dieux
berg, en Islande, une chanson (kvidling)
Scandinaves.
Cette chanson
commençait
par les mots :
Vil
ëk eigi gud geyia,
mer Freyia :
Grey thikkir
Je n'ai garde d'aboyer après les dieux;
Freyia, la chienne, me semble faite pour ça, etc.
Le prêtre Runôlf
gâ), et Thôrbiôrn,
Hiallti
accusa Hiallti
fils de Thôrkill,
fut condamné
poursuivit
(uni godsle procès.
sacrilège [fiôrbaugs madr um
en exil 1. L'été suivant, en l'an 1000,
godsgâ) et envoyé
le parti chrétien prit
nisme
de blasphème
comme
le dessus en Islande,
et le christia-
fut introduit
dans le pays en vertu d'une loi décrétée à l'assemblée générale. Dès lors, le paganisme étant
les anciens
vaincu, ce ne fut plus un crime de ridiculiser
dieux.
on est fondé à croire
D'après cette donnée historique,
que le poëme Lokasenna a été composé peu de temps
avant que le christianisme
eût triomphé
en Islande. Les
précautions
que notre poëte a prises pour se mettre à
l'abri de toute accusation (voyez p. 3o3), prouvent que de
son temps l'ancienne religion était encore dominante. De
plus, les fréquentes
1
Kristinsaija,
allusions
p. 66. Niâlssarja,]).
à des mythes
160.
dont la tradi-
INTRODUCTION.
315
font croire
tion s'était déjà perdue du temps de Snorri,
a été composé à une époque où la mythoque le poëme
connue, parce qu'elle était
logie était encore parfaitement
encore la religion
Enfin
de la majorité.
que le poëte n'était
plusieurs circonsEn
pas chrétien.
tances indiquent
de la nouvelle
il
doctrine,
effet, s'il avait été partisan
n'aurait pas pris tant de précautions
pour se soustraire' à
de son poëme, mais il se serait déclaré
la responsabilité
des premiers
chrétiens
courageuse franchise
De plus, notre
qui partout allaient au-devant du martyre.
poëte aurait attaqué le paganisme avec plus de haine et
dans le poëme au
et enfin,
on trouverait
de violence;
avec cette
moins quelques traces de ce génie de l'Évangile
qui ne se
dément jamais dans les écrits des chrétiens de l'antiquité
et du moyen âge. Au lieu de cela, tout annonce dans Lokasenna, que ce poëme a été composé par un Islandais païen,
mais incrédule
et esprit fort,
qui n'avait aucune haine
contre les divinités de sa nation, et qui voulait seulement
satisfaire sa philosophie
et causet son esprit railleur
adoraient.
ce que ses compatriotes
tique, en ridiculisant
Nous devons donc admettre que notre poëte a vécu dans
le temps où le paganisme allait expirer,
mais où cependant l'Evangile
n'était pas encore la religion dominante.
D'après cela, nous ne croyons pas nous tromper en disant
que le poëme Lokasenna
années du xe siècle.
a été composé
dans les dernières
Il est vrai
que le langage de notre poëme, c'est-à-dire
les formes
des mots, semblent lui assigner
grammaticales
une date bien
plus récente que la fin du xc siècle. En effet,
non-seulement
les / se sont changés
en S et les articles
516
LOKASENNA.
sont devenus
définis
îinn,
eic.;mais
on trouve
gaf (strophe
langage moderne.
sigli
suffixes
comme
même
dans vômmm, ûlla construction
: èrbit
se rapproche entièrement du
et les formes
Cependant cette locution
20),
qui
grammaticales
qui viennent d'être signalées, ne prouvent
rien- contre l'époque que nous avons assignée au poëme,
des provindes particularités
cialismes,
propres au langage
du district
le poëte. En effet, les altérations
qu'habitait
de langage, avant de devenir générales, ou avant de pénétrer dans le langage littéraire,
se montrent ordinairement
puisqu'elles
peuvent
ou comme
être considérées
comme
provin cialismes
comme nous déterminons
le langage littéraire,
vincialismes
semblent
à l'époque à laquelle
Avant de terminer
quelques
et deux
dans telle
comme
ou
telle
localité
: et
les époques d'une langue d'après
les écrits qui renferment
des pro-
toujours être d'une date postérieure
réellement.
ils appartiennent
il importe
de dire
ce paragraphe,
mots sur le rapport qui existe entre Lokasenna
autres
poèmes de l'Edda
de Skirnir)
et Ilarbardsliôd
intitulés
Skirnisfk
d'Harbard).
(chant
(voyage
Ces deux poëmes appartiennent
au temps de la décadence
du paganisme, à cette époque d'incrédulité
qui a<produit
les Sarcasmes de Loki. Dans Skirnisfôr
on voit le fils de
fille
d'amour
Gerdur,
pour
épris
du géant Gymir, qu'il abandonne à son serviteur Skirnir
ce qu'un héros Scandinave a de plus cher, son épée, pour
obtenir un rendez-vous
avec l'objet de sa passion. Dans
Niôrdur,
Freyr,
tellement
le poëme Harbardsliôd,
Thôr, le plus fort des Ases, est
exposé aux railleries de Harbard
qui lui reproche sa faiblesse et sa lâcheté.
INTRODUCTION.
517
Ce qui prouve le rapport
qui existe entre les trois
c'est qu'il y a dans Lokasenna
des traits et des
poëmes,
dans Skirnisfôr
et Harexpressions qui se retrouvent
les vers de Skirnisfôr
Ainsi
bardsliôd.
vër
fieill
nû
thû
Fullom
helldr
iTeill
thû
vër
nû
.Fullom
En
vid
54),
(strophe
Tirîmkalki
de Loki
il dit,
avait
sans doute
vers 168-171
en vue
:
keypta lêztu
Gymis dôttur
thitt
svà sverd :
Ok seldir
rîda myrk-vid
yfir,
ikfuspils-synir
Feizt-a thû thâ aësali!
hve thû vëgr.
ër
mër
Segdu
dans Skirnisfôr,
that
Stîgir
feû
âdr
.Skirnir,
/ramarr
that
Feti
gângir
mër
ait
fif
4o :
..
thû
de Lokasenna
einugi
var
13 de Skirnisfôr
aldr
:
um-skapadr
um-Zagit
ont beaucoup de ressemblance,
dans l'expression,
les vers 10,2-10 3 de Lokasenna :
thër
Id
:
/ramarr.
les vers de la strophe
Ok
strophe
svâ at
Mdir,
thû.
strophe
:
dans la première
Segdu
Enfin,
Tmmkalki
miadar.
quand
De plus, l'expression
se retrouve
ok tak
Loki
des Sarcasmes
Gulli
vid
dans Lokasenna
/orns
le poëme Skirnisfôr
ok tak
miadar.
/orns
parfaitement
répondent
aux vers :
L'auteur
sveinn
:
var
Ziôta Jîf um-Zagit.
î ârdaga
avec
318
LOKASENNA.
Notre
vers qu'on
poëme renferme
également
quelques
retrouve
dans Harbardsliôd;
ainsi les vers de Lokasenna
243 et 244:
Sîtzt î Aandska thumlûngi
Ok </iôttiska thû thâ
/inuktir
Thon
sont les mêmes dans Harbardsliôd
Tbër
var î hanzka
Ok tAottiska
thû
einberi
vëra
:
trodit
thû
thâ
Thon
vëra.
De même,
ro<7voettr (Lokasenna, v. 237, 2^5,
l'expression
2 54), ressemble à l'expression
inn ragi (Harb. strophe
ëk manda ihïkî hel koma (Harb. stro2G); et la locution
mun ihër î hel
phe 26), se retrouve dans : Hrangnisbani
orna ( Lokas. v. 2 56).
Comme les ressemblances
que nous venons de faire
et les deux autres poèmes de
entre Lokasenna
remarquer
l'Edda ne sauraient être fortuites,
Lokasenna
Chant
il faut admettre
ou que
de Skirnir et le
a été imité
d'Harbard,
dans le Voyage
ou que ces deux poëmes
ont
fourni
traits
et quelques
à l'auteur des
quelques
expressions
de plus près Skirnisfôr
Sarcasmes de Loki. En examinant
et Harbardsliôd,
on découvre que les expressions qui leur
sont communes
avec Lokasenna
ne sont pas empruntées,
en propre, tandis que dans
mais qu'elles leur appartiennent
Lokasenna elles peuvent bien n'être que des imitations.
Nous devons donc en conclure
que notre poëte a connu
Lokaet que par conséquent
Skirnisfôr
et Harbardsliôd,
senna est postérieur à ces deux poëmes. Nous reviendrons
sur la question de la date relative des trois poëmes, quand
nous
le Voyage
expliquerons
Harbard.
nous suffise,
Qu'il
de Skirnir
pour
et le Chant de
le moment,
d'avoir
INTRODUCTION.
319
Lokasenna
est postérieur
de
que
et Harbardsliôd.
années à Skirnisfôr
Si, comme
constaté
vons fait voir,
du xe siècle,
aux premières
siècle.
Lokasenna
les deux
années
quelques
nous l'a-
aux dernières années
appartient
autres poëmes doivent
remonter
de la seconde
moitié
du
même
LOKASENNA.
OEgir,, er ôSro nafni
bâ-ër hann
beirrar
hafSi
kona
Icninn
sleît hônd
hans ; Tyr
ok Frigg
hafbi
kona
hans;
kona
var bundinn;
Freys,
Asom ôl,
ër sagt. Til
kom eigi,
pôrr
Bragi ok
pôrs,
var einhendr,
ok Freyia,
Skaibi,. Freyr
bûit
sem nû
mikla,
hann
hann
bâ-ër
ok piônustumenn
hann
Sif var'"bar
var bar,
af honom,
ok kona hans
var bar,
OSinn
inn
var î Austrvëgi;
hann
bvîat
ketil
fengit
kom
veizlo
hêt Gymir,
Fenrisûlfr
]>ar var NiôrSr
son O&ns ; Loki
Vîdarr
ok Beyla
: margt
Fimafëngr
ok Eldir.
par var
barsk
ôl. par
Beyggvër
var bar Asa ok Alfa.
OEgir
haft
lysigull
staSr
OEgis
pâ
hitti
mikill.
Ivâ biônustu-menn
ëldz-liôs
fyrir
til
lofoSo
Menn
voro : Loki
skôko
braut
âtti
Msir
mâtti
skiôldo
skôgar;
ûti Eldi,
miôk
sîna
kvaddi
bar
hverso
gôSir
ok oepto. at Loka,
fôro
hann
at drëkka.
Loki
:
svâ at bû einugi
SegSu pat, Eldir!
Feti gângir /ramar :
ffvat hêr-inni
Ziafa at ôl-mâlom
iSigtîva
synir?
var griSa-
]nônustu-menn
bat ok drap hann
eigi heyra
en beir
Loki
; siâlft
ok
Fimafëng.
elto hann
hvarf
aptr ok
LES SARCASMES
DE LOKI.
aussi le nom de Gymir,
donna un banOEgir; qui portait
eut reçu le grand chaudron,
comme
quet aux Ases après qu'il
il a été raconté. A ce festin vint Odin avec sa femme Frigg.
était en orient ; Sif, la femme de
point parce qu'il
Thôr, y était, ainsi que Bragi et sa femme Idunn; Tyr y était; il
était manchot; le loup Fenrir lui avait mangé la main lorsqu'il
Thôr ne vint
s'était vu enchaîné.
encore présents Niordur et sa femme
Loki et les domesVidar, fils d'Odin,
Etaient
Skadi, Frey et Freyia,
tiques de Frey, Beyggvir
etd'Alfes.
et Beyla,
et un grand
Fimafing
OEgir avait deux serviteurs,
l'or éclairait le palais au lieu de la lumière
versait d'elle-même
dans les coupes ; c'était
nombre
d'Ases
et Eldir.
L'éclat
de
du feu;
la bière
se
là un endroit
sacré.
Loki ne voulutpoint
On louait beaucoup les serviteurs d'OEgir;
Alors les Ases secouèentendre ces louanges,
et tua Fimafing.
et le pourrent leurs boucliers,
poussèrent des cris contre Loki,
d'un bois. Puis ils revinrent
jusqu'à l'entrée
Loki retourna
Eldir devant
aussi; et ayant rencontré
il lui dit :
suivirent
Dis donc,
Eldir,
Pas de plus
De quoi
parlent-ils
à boire.
la porte,
sans que tu fasses un seul
en avant,
là-dedans,
Les fils des Dieux
dans
Combattants
leur
discours
?
21
de table,
322
LOKASENNA.
ËLDIR
5
Of wâpn sîn doema,
iSigtîva synir :
Asa. ok .Alfa,
Mangi
kvad:
ok om
ër hêr-ïnni
ëro,
î oroi
ër bër
LOKI
/nn
skal
Ioil
ok afo foeri-ëk
Ok blend
kvad:
î,
Asa sonom
en beim
svâ meini
ÉLDIR
15
i>inr.
gânga OEgis hallir
A bat sumbl at siâ :
10
sîna
uîg-risni
miô'8.
kvad:
Veiztu
ëf pu mn-gengr
OEgis hallir
A bat sumbl at siâ —
Hrôpi
ok rôgi ëf bû eyss â /ioil regin,
A bër muno pau perra bat.
LOKI
pat .Eldir!
Veiztu
kvad:
ëf vio
einir
skulom,
sakaz,
Sâr-yroom
vëroa mun-ëk
î andsvôrum
/kiSigr
Ëf
20
DÛ mselir
til
î
—
margt.
SîSan gêkkLoki inn î hôll-ina; en ër ]jeir sa, ër fyrir voro,
hverr inn var kominn, pôgnoSo beir allir.
LOKI
Jiyrstr
ëk kom
kvad:
bëssar hallar
til
um fângan vëg!
Loptr
at mër einn gëfi
Aso at biSia,
M>seran drykk /niaoar.
LES
SARCASMES
DE
ELDIR
LOKI.
325
dit:
Ils devisent sur leurs armes et sur leur valeur
guerrière,
5
Les fils des Dieux Combattants.
De tous les Ases et Alfes qui sont là-dedans,
Pas un ne parle de toi en ami,
LOKI
Il faut entrer
dit:
dans les salles d'OEgir,
Pour voir
ce banquet.
10
Chez les fils des Ases je vais porter le tapage et le scandale,
Et mêler ainsi le fiel avec l'hydromel.
ELDIR
dit :
Songe bien que si tu entres dans les salles d'OEgir
Pour voir ce banquet,
et l'injure
Et si tu verses l'opprobre
Elles sauront s'essuyer à toi.
LOKI
Songe bien, Eldir,
En termes
sur les Grandeurs
is
[bénignes,
dit:
que si nous escrimons
l'un contre l'autre
injurieux,
Je saurai être inépuisable
en répliques—
Si tu dis un mot de trop.
20
Ensuile Loki entra dans la salle; mais ceux qui s'y trouvaient, voyant qui était entré, se turent tous à la fois.
LOKI
Altéré de soif, je suis arrivé
dit:
dans cette demeure
Après une longue marche ;
Lopte prie les Ases de lui donner
Un coup d'hydromel
pur.—
seulement
21.
324
25
LOKASENNA.
Hvî
svâ J>rûngin goS,
jjegit-ër,
At Tpèr maela ne mego£?
5ëssa ok st&Si velit mër sumbli
Ëoa
heitiS
mik
heSanl
BRAGI
5ëssa ok sta£i
30
velia
kvad:
])ër sumbii
kvad:
Mantu
]?at, O&inn! ër vift î drdaga
jBlendom bioSi saman,
Olvi
bergia lêztu eigi mundo
Nëma okkr voeri baSom
ODINN
Rîstu
SîSr
40
oss Loki
OEgis
Heilir
JSsir!
Ok
Nëma
/asta-stôfum
î.
heiiar
Loka ; en âSr hann drylcki
Asynior!
ôll
ginheilôg goSl
sa einn dss, ër innar
Sragi
èekkiom
sitr
â.
BRAGI
Mar
C71fs fôSur
at
kveSi
bôllo
borit.
kvad:
ok lât
pâ, Fî&arr!
iSitia sumbli
|>â stôS VîSar upp ok skenkti
kvaddi hann Aso-na :
«s
at
JEsiv aldregi;
J)vîat ^Ësir vito hveim ]?eir aida skulo
Gamban-sumbl
um-^ëta.
LOKI
35
at,
kvad :
ok mseki gëf-ëk Ipër mîns fiâr,
Ok boetie p'èr svâ Jaugi Bragi!
'
LES
DE
SARCASMES
LOKI.
325
Pourquoi gardez-vous le silence ?Dieux si bouffis de morgue
Que vous ne pouvez parler! —
Désignez-moi un siège et une place à ce banquet,
25
d'ici.
Ou renvoyez-moi
BRAGI
dit :
Désigner un siège et une place à notre
Jamais les Ases ne le feront;
banquet
!—
30
Car les Ases savent bien à qui ils doivent
Faire partager leur banquet joyeux.
LOKI
dit :
Odin ; lorsque nous deux, autrefois,
Nous mêlâmes notre sang ensemble ;
T'en souviens-tu,
tu ne goûterais de l'aile,
A moins qu'elle ne fût offerte à nous deux ensemble.
Jamais, disais-tu,
jamais
ODIN
Lève-toi, Vidar,
Prendre
35
dit:
et laisse le père du Loup
place au banquet,
Afin que Loti
ne nous parle pas en termes injurieux
Dans la demeure d'OEgir.
40
Vidar se leva, et versa à boire à Loki qui, avant de boire
salua les Ases.
Ases! à votre santé ; à votre santé, Asynies !
A la santé de vous tous, Dieux très-saints !
Excepté ce seul Ase, ce Bragi qui est assis
Au fond,
sur son banc.
BRAGI
dit :
Je te donne un cheval et une
épée de ma propriété
Bragi te fait ainsi réparation avec Yécu,
;
45
326
LOKASENNA.
SîSr
pu Asom
Gremjiu
ôfund
um-gialdir.—
eigi goS at péri
LOKI
50
16s ok armbauga
-^eggia vanr,
kvad:
mundu
oe vëra
Bragi!
ër hêr-mni
Asa. ok Alfa,
ëro,
J)û ërt viô vîg i;arastr
Ok s/riarrastr viS sfeot.
BRAGI
kvad:
ëf fyr utan vaerak, svâ sem for ïnnan emk,
OEgis hôll am-ko.minn,
Veit-ëk
55
Hofu&
]jitt
Lyki-ëk
bsera-ëk
î Tiendi mër,
J>ër ]mt for
LOKI
iSniailr
6o
ërtu
tygi.
kvad:
î sëssi, skal-atto
svâ giôra
!
J3ragi èekk-skrautuor
Fëga pu. gakk ëf pu reiSr sêr;
Hyggz vsetr /ivatr fyrir.
IDUNN
kvad:
Bragi! iarna sifiar duga
Ok aHra dsk-maga,
Zasta-stôfum
pu Loka kvedir-a
'
î.
hôllo
OEgis
BiS-ëk,
At
es
LOKI
]pegi pu,
ïôuim!
bik
kvad:
kvëd-ëk
«lira
vëra;
Fër-giarnasta
Sîtz bû arma bîna lago"ir itr-bvegna
Um pian 6rô<bur-èana.
kvënna
LES
DE
SARCASMES
LOKI.
327
Afin que tu ne portes pas rancune aux Ases.—
N'irrite point les dieux contre toi !
LOKI
Un cheval et un écu ! jamais
tu n'auras que faire
De l'un ou de l'autre,
Toi, d'entre
dit:
50
ô Bragi !
les Ases et les Alfes qui sont ici présents,
contre le combat!
Le plus précautionné
Le plus effarouché à la vue d'une lance !
-
BRAGI
dit:
Certes ! si pour me battre et non pour assister au banquet,
J'étais venu dans la demeure d'OEgir,
55
Je porterais ta tête dans ma main, —
Je te payerais
ainsi de ton mensonge.
LOKI
Tu es impétueux
dit:
dans ton fauteuil
! — Il ne faut pas en
Magnifique Bragi, qui es trop sédentaire ! [user ainsi,
Va donc te battre pendant que tu es encore courroucé ;
Car, « homme en colère ne craint pas le diable. »
IDUNN
60
dit:
Je t'en prie, Bragi ! au nom de nos enfants,
De tous les fils qui sont encore dans nos voeux :
N'irrite point Loki par des injures,
Dans la demeure
os
d'OEgir.
LOKI
dit:
Tais-toi, Idunn ! — Je te déclare de toutes les femmes
La plus lascive,
Depuis que tu as serré dans tes bras par trop lavés
Le meurtrier
de ton frère.
328
LOKASENNA.
IDUNN kvad:
70
ëk kveS'k-a
Loka
Zasta-stôfom
QEgis hôllo i':
Môr-reisan;
Braga ëk kyrri
at iS reiSir
Fil'k-at-ëk
uëgiz.
GEFION kvad :
Hvî
75
-
io
JEsir
iSâr-yrôom
bat veit
Loptki
Ok
so
tveir
sktdoS
inni
hêr
sakaz !
at hann
teikinn
ër,
hann ^ôrgôll
fria.
LOKI kvad:
nû gëta
Jpegi bû, Gefion ! bëss mun-ëk
Ër bik (dapbi at <jëoi
iSveinn inn hvîti,
ër bik sigli gaf,
Ok bû lagSir ter yfir.
ODINN kvad:
Orr
Loki!
ërtu,
Ër
J)vîat
85
ok ôrviti,
bû foer bër
Gefion
aldar
ô'rlôg, hygg-ëk
sem é'k.
Jafn-giôrla
LOKI
at gremi;
hon ôll um-viti
kvad:
|>egi bû, OSinn ! bû kunnir
aldregi
Deila vîg mëo uërom :
Opt bû gaît beim ër pu gëîa skyldir-a
Enom
90
Veiztu
slsevorom
sigur.
ODINN kvad:
ëf ëk gai beim-ër
ëk g'èîa ne skylda
Enom slsevorom sigur ! —
LES
DE
SARCASMES
IDUNN
LOKI.
dit:
Je ne répondrai point par des injuresDans la demeure d'OEgir.
GEFION
n5
enjoué
l'emporte.
dit •.
ou je vais raconter
Gefion,
t'a éblouie
Comment
Ce brillant
ici dans la salle,
pas qu'il est trop
LOKI
Tais-toi,
ainsi irrités.
dit:
Comment ! deux Ases se quereller
Et se dire des inj ures ! —
Et que sa pétulance
70
à Loki,
J'apaiserai Bragi excité par la bière ;
Je ne veux pas que vous vous battiez
Lopte ne s'aperçoit
329
homme
jeune
qui
t'a fait présent
d'un
collier,
so
Et que tu as fait passer sur tes cuisses.
dit:
ODIN
Tu es un fou,
et un insensé,
Loki,
De porter
Car elle connaît,
à la rancune
Gefion
j e pense,
Aussi parfaitement
en entier
Odin
Souvent
au moins
La victoire
donné
entre les hommes.
à qui tu ne devais
ODIN
Sais-tu que j'aie
ss
su
du sort des combats
tu as donné
La victoire
la destinée de chacun,
dit:
; tu n'as jamais
Bien décider
toi ;
que moi-même.
LOKI
Tais-toi,
contre
pas la donner,
courageux.
dit:
à qui je ne devais pas la donner,
au moins
courageux?-—
90
330
LOKASENNA.
Atta
vëtur
miôlkandi
Kjr
95
for
vartu,
Ok
hefir
Ok
hugôa-ëk
iôrS
ok
bû
bar
fcona,
èôrn
bat
bik
sîda
koôo
Ok
draptu
lîki fôrSu
Fitka
Ok
uër-biôS
ykrom
kvad :
aldregi
frâ,
kvad:
pu ërt Fiôrgyns
J)egi pu, Frigg!
hefir
oe uër-giôrn
ok Fïlia lêztu
Ok
Ër
pà Vea
Baba l baSo\
ëf inni
Baldri
no
Ut
oetta'k
lîkan
pu ne kvaemir
Ok «seri pâ
vill
Mina
bû,
werit,
]?ër,
FiSris
kvoen,
kvad:
QEgîs
hôllom
î
èur,
frâ
Asa
at bër
LOKI
Ënn
moer,
um-tekit.
FRIGG
Veiztu
î dr-daga;
dryg£ut
rôk fîrar.
LOKI
105
oSal.
args
skylit
se fora
Firriz
:
wôlor
ylir,
jjat
Segia seggiom
iib JEsir tveir
Hvat
î,
Sâmseyio
â vêtt sem
hugoa-ëk
Orlôgum
aSal.
kvad:
FRIGG
100
af-èorit,
args
LOKI
En
nëSan,
Frigg!
mein-stafi
at
:—
sonom
reiSom
aëgit.
kvad:
ëk Jleiri
telia
SARCASMES
LES
huit
Mais toi, pendant
331
tu as été là-bas, sur la terre,
hivers,
Une vache à lait
LOKI.
DE
et une femme,
Et tu y es accouché plusieurs fois ;
Et cela est, ce me semble, le propre
LOKI
lâche.
d'un
95
dit:
à ce qu'on dit, la magie noire à Samsey,
Tu as pratiqué,
Et tu as frappé aux portes comme les Valas :
Sous la figure d'un sorcier, tu volas par-dessus le peupledes-hommes,
Et cela est, ce me semble,
FRIGG
De vos aventures,
En
Ni
de
que
vous
tu
Et
tu
Car' toi,
la
femme
été
de
Un autre
Tu ne sortirais
On
fils
donc,
De
mes
péchés?
105
:
Ve
et Vili
dit :
d'OEgir,
Baldur,
pas de chez
Frigg,
Fiorgyne,
dans la demeure
l'épée
LOKI
Veux-tu
»
sein.
comme
brandirait
des
d'anciennes
[«fautes.
as tenu
tu
FRIGG
ici,
point
lascive
de Vidrir,
Sais-tu que si j'avais
commencement
dit :
es la fille
sur ton
Embrassés
au
ne se reprochent
as toujours
100
parler
[siècles.—
fait
avez
LOKI
Frigg;
jamais
des héros;
« Les hommes
Tais-toi,
dit:
vous ne devriez
présence
ce
d'un lâche.
le propre
que je
—
les fils
sur
des Ases?
toi,
110
insolent!
dit:
confesse
encore
d'autres
LOKASENNA.
332
Ëk bvî rê'S ër bû rîda sêr-at
115
SiSaa
at sôlum.
Baldr
FREYIA
Orr
ërtu,
Loki ! ër pu y <5ra telr
Liôta ZeuVstafi :
Orlôg
Frigg hygg ëk at ôll viti,
J>ôtt hûn siâlfgi segi.
LOKI
i2o
kvad:
bik kann-ëk
J>egi bû, Freyia!
Ër-a bër «anima vant :
ër hêr-ùini
Asa ok Alfa
Hverr
binn
hefir
FREYIA
/ull-giôrva
ëro
7iôrr verit.
kvad:
hygg-ëk at bër fremr
Ogott iim-gala :
ReiSir 'ro bër JEsir ok Asynior :
Fia
125
kvad:
ër bër tûnga,
ffryggr
muntu
muni
/teim-fara.
LOKI
kvad:
J>egi bû, Freyia ! pu ërt /ordseôa
Ok meini blandin
miôk :
i3o
Sîtztu
at bvceSr bînom
Ok mundir
siSr
biiS regin : —
pu pà, Freyia!
NIORDR
kvad:
J>at er uâ-lîtit bôtt sër uarSkur
Fâi hoss ëor 7ivars :
Hitt
135
ër imdr,
Ok hefir
/rata.
vers
ër dss ragr ër hêr-inn
sa boru of-èorit.
of-kominn
115
chez lui.
à cheval
FREYIA
Tu es un insensé,
333
LOKI.
que tu ne verras plus Baldur
C'est par mes soins
Rentrer
DE
SARCASMES
LES
dit :
de proclamer
méchancetés :
Loki,
Tes infâmes
La destinée immuable,
Frigg la connaît
ainsi
en entier, je pense,
ne le dise pas elle-même.
Bien qu'elle
LOKI
dit:
120
Freyia ; je ne te connais que trop bien,
Tu n'es pas pure de souillure ;
Tais-toi,
Les Ases et les Alfes,
qui sont ici présents,
Ont été tous tes galants.
FREYIA
Ta langue est menteuse,
dit :
mais je crois que bientôt
125
Elle fera un cri de douleur;
Les Ases et les Asynies sont irrités contre toi :
Tu ne rentreras pas joyeux à la maison.
dit :
LOKI
Tais-toi,
; tu es noircie
Freyia
Et toute pétrie
Depuis
que
tu
de forfaits
de méchanceté,
enchantes
Et après cela, Freyia,
ton
[bénignes.—
frère
et les Grandeurs
tu oses encore brailler
NIORDUR
Et qu'il
!
dit:
Cela est peu étonnant,
si les dames
Pour galant un tel ou un tel :
Mais ce qui est merveilleux,
150
choisissent
c'est qu'un Ase lâche soit entré
soit accouché plusieurs
fois.
[ici,
135
334
LOKASENNA.
LOKI
kvad:
f>egi bû, Niôror ! pu vart austr
Gisl um-sendr
at go'Som. :
flymis
meyiar ZiôfSo bik at Mand-trogi
Ok bër î munn migo.
NIORDR
i4o
Su ëromk
fîkn
kvad:
ër ëk var'k
fângt hêSan
at «jroûom :
Gisl um-sendr
]pâ ëk môg gat bann ër mangi
sa Asa iàibarr.
Ok bikkir
LOKI
Hsettu
J45
nû,
binni
systor
Ok bër-a
bvî
ër beztr
i5o
Mey
alira
kvad:
ball-riSa,
ne mans kono,
ôr Ziôptom
Ër
Bol
aldregi
:
Tioegri mun-ëk
bër sleit Fenrir fia.
ënnar
TYR
flandar
Tivern.
kvad:
Jjegi bû, Tyr! bû kunnir
Bëra tilt mëo fveim
155
ëm-ëk
môg
—
bô ono vêrr.
LOKI
iîandar
bik,
Zengr;
gaz tu slîkan
Asa gôrSom
i;
hann ne graetir,
Ok leysir
â Ziôfi
feyna
TYR
Freyr
fiâr.
kvad-.
hafSu
Niôror!
Mun'k-a-ëk
ViS
héoan
^">
vanr,
7iinnar
gëta,
kvad :
en bû
er èeggia brâ
:
HrôSrs-vitnis,
LES
LOKI
Comme
Les filles
dit:
otage aux dieux ;
d'Hymir
Et t'ont
t'ont
un baquet
pris pour
Ce qui me console d'avoir
dit :
été envoyé loin
d'ici
140
otage aux dieux,
C'est que là, j'ai engendré
Et qui passe pour
un fils qui est aimé de tout le
le chef des Ases.
LOKI
C'est assez, Niordur;
[monde,
dit:
ne dépasse pas la mesure,
Sans cela je ne pourrai
plus longtemps
Que c'est avec ta soeur que tu as engendré
Ce qui,
à urine,
pissé dans la bouche.
NIORDUR
Comme
335
LOKI.
; on t'a envoyé d'ici en Orient
Niordur
Tais-toi,
DE
SARCASMES
pourtant,
n'est
TYR
Frey est le meilleur
de ce qu'on
de toi.
[attendait
de tous les preux
us
ce fils,
pas le pire
dit:
cacher
chevaliers,
Dans les enclos des Ases :
Jamais il n'a fait pleurer
Et il affranchit
une fille
chacun
ni une femme
mariée,
150
de la servitude.
LOKI
dit:
Tyr ; tu n'a jamais su
Réconcilier
deux adversaires
Tais-toi,
Parlerai-je
de ta main
droite
Que t'a enlevée Fenrir
TYR
Je regrette
ma main,
Notre perte
:
!
155
dit:
et toi tu regrettes
est douloureuse
Hrodurs-vitnir
à l'un et à l'autre
;
:
336
LOKASENNA.
hefir
Uifgi
BîSa
ok vëi
ër î bôndom
rôkrs.
ragna
LOKI
i 60
kvad :
J>egi pu, Tyr! bat varib binni kono
At hon âtti môg vio mër :
Oln
ne pennîng
hafbir
bû bëss aldregi
vësall!
Fanrêttis,
FREYR
165
E/lf sê-ëk liggia
Unz riûfaz
dr-ôsi
kvad :
for
regin :
Tpvî mundo naezt, nëma pu nû begir,
èôla-smiSr!
Bundinn,
LOKI
Guîli
170
skal
En
kvad :
keypta lêztu Gymis dôttur,
Ok seldir bitt svâ svërS :
êr .Muspëls-synir
Feizt-a bû bâ,
riSa
ilfyrkvio"
yfir,
vësall! hve bû vëgr.
kvad:
BEYGGVIR
ëf ëk oSii
Veiztu,
Ok
Mergi
175
setta'k,
svâ ssellikt
sëtr,
smaera môlda-ëk
Ok
femda
ër bat iS
Ok
At
snapvîst
bâ mein-krâko
alla î liSo.
LOKI
Hvat
sem Ingunnar-Freyr
litïa,
kvad :
ër ëk par
snapir?—
mundo
oe vëra
eyrom Freys
Ok und /cvërnom
/daka.
fôgra
sê'k
LOKI.
DE
SARCASMES
LES
337
Le Loup n'est pas bien non plus dans ses fers,
Il attendra jusqu'au crépuscule des Grandeurs.
LOKI
Tais-toi,
il est arrivé
Tyr!
dit:
à ta femme
160
un enfant avec moi :
D'avoir
Tu n'as pas reçu un chiffon,
pas un denier
Pour dédommagement,
homme !
pauvre
FREY dit:
Je vois le loup
qui,
du fleuve,
à l'embouchure
Jusqu'à ce que les Grandeurs
Si tu ne te tais, tu seras attaché
Auprès de lui,
auteur
LOKI
succombent,
165
la forêt Noire,
170
dit :
de Gymir,
ainsi ton épée :
Mais quand les fils de Muspil
Alors
[chaîné
du mal !
Tu as fait acheter avec de l'or la fille
Et abandonné
reste en-
traverseront
tu ne sauras pas, pauvre
homme!
dit:
BEYGGVIR
comment
[combattre.
Sais-tu que, si j'étais de grande condition comme Ingunnar
Et si j'avais un siège aussi magnifique,
[Frey,
Jeté broyerais plus mou que la moelle, malheureuse
corEt je te romprais
tous les membres?
LOKI
[neille,
dit:
Quelle est donc
cette petite créature que je vois blottie
Et qui ouvre son bec parasite?
[là-bas,
Il veut toujours être pendu aux oreilles de
Frey,
Et grommeler
entre ses dents.
22
175
338
LOKASENNA.
BEYGGVIR
180
ëk heiti,
Beyggvir
Goo ôll ok
bvî
ëm-ëk
en
mik
at
liroSigr
ôl saman.
LOKÏ
185
drëkka
Hrôpts
megir
kvad:
î fietz
strâ /rima
J)ik
bâ-ër
vâgo vërar.
HEIMDALLR
Oh
Loki!
bvîat
svâ
begi
iïôta
'baki
hvad:
bër
vôvSv
ër
bvîat
Loki!
bër,
Leika
bik
hala;
skolo
â /tiôrvi
binda
ârdaga
ëf mik
â /riôrvi
binda
ins
tengi
svâ
7irîm-kalda
magar
goo.
LOKI
Gôrnom
î
kvad :
mun-attu
fousom
Gôrnom
Veiztu,
var
goSa.
SKADI
Lêtt
kvad:
Zîf um-fôgit;
bû munt
oe vëra
vaka
Ok
195
mâttu
at
Heimdallr!
bû,
Ï8
Aurgo
ne
pu ërt ôrviti,
Hvî ne fezt-a |JÛ , Loki !
aida hveim
veldr
ofdrykkia
Ër sîna mselgi ne man-a£.
ërtu,
LOKI
200
kvëSa
bû kunnir
aldregi
pu Beyggvir!
mëo
mônnom
Deila
mat :
begi
iso
braSaa
<mmar. —
hêr
ABir
Ok
kvad:
kvad:
skolo
goo
—
ëns Jirîm-kalda
magar
LES
SARCASMES
DE LOKI.
BEYGGVIR
*
339
dit:
et ma promptitude
Par les dieux et les hommes :
Ce qui me ravit, c'est de voir
Réunis au banquet.
iso
est louée
Je me nomme Beyggvir,
tous les fils de Hropte
LOKI
dit:
tu n'as jamais su
Tais-toi, Beyggvir!
Répartir les vivres entre les hommes
:
iss
Et caché dans la paille de ta couchette,
Lorsque
les héros allaient
tu n'as pas pu être
au combat.
[trouvé
dit:
HEIMDALLE
Loki! tu es ivre,
de sorte que tu as perdu
la raison.
ne cesses-tu pas de boire, Loki ?
Car l'ivresse produit dans chacun cet effet,
Pourquoi
Qu'on ne s'aperçoit
pas de son bavardage.
LOKI
Tais-toi,
Heimdalle
dit :
! au commencement
un maudit
On t'a départi
190
des siècles ,
emploi
:
Comme gardien des dieux, tu es condamné à les réveiller,
de la nuit.
Et à exposer ton dos à l'humidité
195
SKA.DI dit:
Tu es en bonne humeur,
Agiter librement
Car les dieux vont
Loki ; mais
la queue,
te lier
De ton monstre
au rocher,
plus
[longtemps
avec les boyaux
de fils.
LOKI
Tu crois que les dieux
De mon monstre
tu ne pourras
vont
dit :
me lier
de fils !
au rocher
avec les 200
[boyaux
LOKASENNA.
340
ok ôfztr
Fyrstr
bar's
var-ëk
at /iôr-lagi
â biassa brifom.
vër
,,
SKADIkvad:
ok ôfztr vartu
ëf/yrstr
bâ-ër at biassa brifoo :
Veiztu,
205
iieom
ok i>ângom skolo
a? fcôld ra8 fcoma.
mînom
Frâ
at/iôr-lagi
bër
LOKI hvad:
î mâlom
Lêttari
bû lêtz
bâ-ër
210
vartu
vômmin
Telia
son,
Laufeyiar
â beS binn bo'Sit :
mër
oss slîks,
GëtiS-vër&r
vi8
ëf vër giôrva
skolom
vàr.
bâ gêkk Beyla fram ok byrlaSi Loka î hrîm-kalld miôS ok
maelti :
Jîeill
vër
Loki!
bû nû,
ok tak vio
Tirîm-kalkî
Fullom
Heldr
sis
/orns miaoar;
hana eina lâtir mëo
Famma-lausom
Asa sonom
vëra.
Hann tôk viS horni ok drakk af :
Fin
bû vserir,
ëf bû svâ vserir
ok grôm at uëri :
Finn ëk «eit — svâ at ëk rata bikkiomk,
fîcjrr ok af Hlôrrîoa —
For
Ok var bat sâ-inn
220
BEYLA
Fiôll
ôll
skiâlfa,
i/eiman
hygg-ëk
/Llôrrîoa :
feevîsi Loki.
kvad:
â for
vëra
LES
SARCASMES
Sache que j'ai été le premier
Lorsque
DE
et le plus terrible
nous attaquâmes
SKADI
541
LOKI.
au combat
*
Thiassi.
dit :
Si tu as été le premier et le plus terrible au combat,
Lorsque vous avez attaqué Thiassi,
Attends-toi
à voir sortir
De pernicieux
205
de mes palais et enclos
contre
complots
toi.
dit :
LOKI
[Laufey,
plus aimable dans ton langage avec le fils
Quand tu le sollicitas à partager ta couche. —
de
Tu étais
cette aventure
Il faut nous rappeler
. Confesser nos péchés.
si nous devons
en-
210
[tièrement
Cependant, Beyla s'avança et versa à Loki de l'hydromel
'
dans une coupe de glace, en disant :
A ta santé, maintenant,
Remplie
A condition
Loki ! accepte cette coupe de glace
d'hydromel
vineux
:
que tu laisseras au moins
Et irréprochable
parmi
Sif en honneur
215
les Ases.
Loki prit la coupe, et après l'avoir vidée, il dit :
tu serais unique parmi les femmes si tu étais si réEt si cruelle à l'égard des hommes :
[servée
Mais je connais au moins un — et je crois le connaître parUn galant delà femme deHlôrridi,
[faitement—
Sif!
Et ce galant,
c'était
moi,
BEYLA
Les
montagnes
tremblent.
Pour rentrer
chez
le malicieux
dit:
— Hlôrridi
lui :
220
Loki.
est, sans doute,
en
[chemin
342
LOKASENNA.
Hann
raeSr rô beim
*GoS
225
ôll
Ok
Okynian
Oll
ok guvaa.
LOKI kvad:
Beyla! bû ërt Beyggvis
meini blandin miôk :
bû,
begi
meira
konl-a
mëd
ërtu,
deigia,
dritin.
bâ kom bôrr
begi
230
ër roegir hêr
at ok kvaS :
rôg vsettr ! bër skal minn
Miôlnir
mal for-nëma :
Ok
drëp-ëk bër Misi
vërSr bâ bîno /iôrvi
LOKI
burr
Hvî
235
ër hêr
brû<S-hamar
brasir
bû
af
un>/àrit.
kvad :
nû mn-kominn,
svâ, bôrr?
En pà borir bû eigi ër bû skalt vio alf-inn
Ok svëlgr hann allan iSigfôôr.
THORR
begi
240
Asa sonom,
bû,
iïerôa-kiett
JarSar
kvoen
kvad :
bû rôg vaettr! bër skal minn
Mïôlnir
mal for-nëma :
Opp ëk bër vërp ok â austr-vëga
Ok sêr bik mangi sîSan.
LOKI kvad:
Austr-fôrum
bînom
skaltu
5egia seggiom frâ,
Sîzt î Tiand-ska bumlûngi
Ok bôttisk-a
vëga,
brûd-hamar
—
aldregi
/inuktir
bù bâ bôrr
bû
vëra.
einheri —
LES
SARCASMES
H imposera silence
DE
à ce méchant
LOKI.
343
qui insulte
ici
et les hommes.
Les dieux
LOKI
dit :
Beyla-, tu es la femme
225
de Beyggvir,
Et bien pétrie de méchanceté :
Tais-toi,
Jamais plus grande laideron n'est venue parmi
Tu es une gueuse, une salope.
les Ases ;
Cependant- Thôr survînt et dit :
Tais-toi,
lâche créature,
Miôlnir
J'abattrai
ou mon puissant
t otera la parole :
de dessus tes épaules ce rocher
marteau
250
qui branle
Et ce sera fait de ta vie.
sur
[ton cou,
dit:
LOKI
Fils de lord,
qui ne fais que d'entrer,
fais-tu déjà le brutal?—
Pourquoi
Tu ne seras pas si audacieux
Le loup qui engloutira
quand tu devras
dit:
ou mon puissant
t'ôtera la parole :
lâche créature,
Miôlnir
Je t'expédierai
en l'air,
Et personne
De tes expéditions
ne t'apercevra
Devant
en Orient,
marteau
dans les régions
jusque
LOKI
plus.
de l'O-
[rient,—
dit :
tu ne devrais jamais
parler
des héros,
Depuis qu'on t'a vu, toi le monomaque,
Où toi-même
255
en entier le Père des Victoires.
THOR
Tais-toi,
combattre
blotti
dans le pouce
tu ne pensais plus être Thôr.
[du gant,
210
344
LOKASENNA.
THORR kvad :
245
begi
Headi
rôg vsettr! bër skal minn
mal for-nëma :
ilfiôlnir
bû,
hinni
bik LTrûngnis-bana,
/toegri drëp-ëk
Svâ at bër &rotnar beina hvat.
LOKI
Lifa
250
brûS-hamar
setla-ëk mër
bôttu
kvad :
fângan aldr,
/ïamri mër : —
7ieitir
iS/carpar âlar bôtto bër S/crymnis vëra
Ok mâttir-a
bû bâ nesii nâ—
Ok svaltz
begi
255
pu bâ Ziûngri Jieill.
THORR kvad:
rôg vsettr! bër skal minn
Miôlnir
mal for-nëma :
bû,
brûoVhamar
mun bër î 7iel koma
flrûngnis-bani
For 7iâ-grindr nëSan.
LOKI kvad:
KvaS-ëk
for
4som,
baz mik
260
En for
/ivatti
bër einom
bvîat
ëk-neit
kvaS
ëk for
Asyniom
7mgr :
mun-ëk
dt-gânga,
at bû vègr.
01 giôr&r
bû, OFgir! en bû aldri
Si8an sumbl um-giôra :
Figa
ses
bîn
ôll ër hêr-mni
Leiki
yfir
èrënni
Ok
ër
togi!
bër â 6aki !
munt
LES
DE
SARCASMES
THOR
Tais-toi,
t'ôtera
Miôlnir
dit:
ou mon
lâche créature,
345
LOKI.
puissant
marteau
245
la parole :
je te frapperai
De ma main droite,
de
avec le Meurtrier
De sorte que chacun de tes os sera broyé. [Hrungnir
dit:
LOKI
Je me promets
de vivre
encore longtemps,
Bien que tu me menaces de ton marteau.—
t'ont paru trop serrés;
Les noeuds de Skrymnir
Tu n'as pas pu arriver jusqu'à la provende;
Tu te mourais
de faim
en pleine
THOR
Miôlnir
Le Meurtrier
t'ôtera
marteau
puissant
la parole,
de Hrungnir
En bas,
santé.
dit:
ou mon
Tais-toi, lâche créature,
250
devant
255
te précipitera
la Grille
LOKI
dans l'empire
des morts.
de
[Hel,
dit :
J'ai dit devant les Ases , j'ai dit devant
les Asynies
m'a poussé à dire :
Ce que l'esprit
Devant toi seul je me retirerai,
260
Parce que je sais que tu te bats.
Tu as fait un festin,
OEgir ! dorénavant
Tu ne feras plus de banquet :
Que tout ton avoir, qui est ici dans cette salle,
Soit envahi par la flamme,
Et englouti derrière toi !
265
346
LORASENNA.
En eptir J>ëtta falz Loki î Franângrs forsi î lax-lîki; kr
tôko Msir hann. Hann var bundinn mëS pôcmoia sonar sîns
Nâra, en Narfi sonr hans varS at vargi. SkaSi tôk eitr-orm
ok festi upp yfir andlit Loka, ok draup )>ar ôr eilr. Sigyn
undir eitriS; en ër
kona Loka sat ]?ar, ok hêlt munn-laug
var full, bar hôn ût eitriS; en mëSan draup
munn-laugin
eitriS â Loka. bâ kiptiz hann svâ hart viS at jjaSan af skalf
iôrS ôll : ]jat ëro nû kallaSir
landskiâlftar.
LES
SARCASMES
DE
LOKI.
347
Après cela , Loki, prenant la forme d'un saumon (1), se tint
cachésous la cataracte de Frânangur (2) ; c'est là qu'il fut pris par
les Ases. On le lia avec les boyaux de son fils Nâri (3), mais son
autre fils fut changé en bête féroce. Skadi prit un serpent venimeux, et le suspendit au-dessus du visage de Loki; le venin en
tomba goutte à goutte. Sigyne (4), la femme de Loki, était assise
auprès, et reçut les gouttes de venin dans un bassin. Lorsque
le bassin fut rempli, elle sortit avec le venin. Durant cet intervalle, les gouttes tombèrent sur Loki ; il en eut de si fortes commotions, que toute la terre en fut ébranlée;
appelle aujourd'hui tremblements de terre.
c'est ce qu'on
348
LOKASENNA.
NOTES
ET
CRITIQUES
NOTE
disait
Î. — Barsh
est une
PHILOLOGIQUES.
contraction
de
bar
sik;
plus tard on
de nous, on se
et dans des temps encore plus rapprochés
servait quelquefois
de l'ancienne
forme barsk.
VERS 2. — Feti ganyir framarr.
38; Skirnisfôr, 4o.)
(Cf. Hâvamâl,
VERS 3. — Hvat hêrinni
là-dedans
hafa at ôlmâlom (quoi ont-ils
barst,
pour discours de table), quoi leur sert de sujet, ou quel est le sujet
de leur discours de table, de quoi parlent-ils?
En allemand on dirait:
Was haben. sie fur Tischgesprâche.
v. 2 5.)
(Cf. Vaftlirûdnismal,
VERS 5. — Of vâpn sîn doema (ils disent leur avis sur leurs armes),
ils parlent de leurs armes. — Dans om vigrisni,
on devrait peut-être
changer om en of. Le v de vigrisni semble exiger devant soi une labiale
aspirée comme dans ofvâpn pour om vâpn; cependant
à varier les formes des mots autant que possible.
les poètes aiment
'
skal yânga; il faut sous-entendre
ëk ; l'omission de
ce pronom
donne à l'expression
personnel
plus de vivacité et de harest mis au pluriel
la grandeur et la
diesse. — Hallir
pour indiquer
de la demeure d'OEgir; c'est, comme disent les grammaimagnificence
VERS 9.—Inn
un pluralis majestatiens. (Voyez v. 27.)
VERS 10. — At siâ â eitt (voir sur quelque
riens,
chose),
inspecter,
exa-
miner,
contempler.
VERS 11. — Ioll
vescence,
colère.»
est sans doute
(Cf. ail. groll.)
désordre
de
dérivé
de iorl
Au lieu de afo,
signifie « efferon devrait peut-être
et
Le traducteur
l'ivresse,
scandale).
âfo (ivresse,
suédois rend les deux mots par larm och oro (bruit et turbulence).
VERS 12. — Blend en theim. En (en allemand
aber) est une partiet adversative
en même temps. En français, on ne
cule conjonctive
lire
cette
peut exprimer
l'inflexion
de la voix.
VERS I5.
—
Hrôpi
légère
nuance
ok hrôgi;
le verbe ejss. (Cf. ôrgomforsi
de la pensée
ces mots
aasast,
que
par
sont à l'instrumental
Vôluspâ,
v. 87.)
l'accent et
régi par
NOTES
VERS 17. — Vii
personne du pluriel.
349
CRITIQUES.
(anciennement
(Voyez v. 33.)
vit) est le duel
— Einir
(pluriel
de la
première
de einn); latin
sinyvli (tous, ensemble).
VEBS 18. — Sâr-yrdom est à l'instrumental.
(Cf. Vafth. v. 16.)
TU est ici adverbe et non pas préposition.
VERS 20.—
(Cf. Vaftli.
f .
p. 124.)
VEBS 22. — Uni langan vég (par un long chemin).
VERS 23. — Einn pour einan.
VERS 25. — Thrûngin. (Cf. Thraunginn môdi, Vôluspâ, v. 126.)
ou comme
VERS 27.—Sëssa
(sièges); stadi (places au banquet),
nous dirions
des couverts.
Les deux
mots
sont
indiquer que Loki demande une des premières
un banc large et commode. (Cf. v. 9.)
hêdan, locution
VERS 28.—Heita
elliptique
iiêdan (ordonner
de sortir
d'ici).
On dit
mis au pluriel
pour
places, et un siège ou
pour lieita ai ût-gânga
de même einom visa or, visa
de sortir).
einomfrâ (faire signe à quelqu'un
du mot gaVERS 32. •— Gamban n'est qu'une autre prononciation
man. Le b est produit
ou d'une nasale.
par le m suivi d'une liquide
(Voy. p. 81.) Souvent l'une et l'autre forme se trouvent dans la langue,
comme sumbl et saml, gaman et gamban, kumbl et kuml, audhumla et
au.dhu.mbla,etc.'—Asona
VERS 44. — Bekkiom
est formé
est mis
de Aso ëna.
par contraction
au pluriel
honorifique (pluralis
jeslaticus). (Voyez v. g et 27.)
VERS 46. — Hommes
et femmes
ma-
des bagues (baugr)
portaient
(Voyez Volundar kvida, cf. Skir-
d'un métal plus ou moins précieux.
leur satisfaction à
nisfôr, 21.) Les grands et les rois, pour témoigner
leurs clients ou leurs sujets, leur distribuaient
des bagues; de là vient
le nom
de distributeurs de bagues (cf. anglo-s. beahgjfa)
métaphorique
qu'on donnait aux rois. Comme la richesse des grands consistait à avoir
surtout un grand nombre de bagues d'or et d'argent,
le mot bague a
d'une bague
de richesse. La valeur ordinaire
pris aussi la signification
la somme fixée
équivalait à deux onces d'argent : c'était précisément
comme amende
et on donnait,
pour cette
pour une injure
légère,
de l'injure.
De là, l'expression de
raison, une bague pour réparation
La bague ou la valeur qu'elle
réparer par une bague (at boeta baugi).
représentait,
se donnait
quelquefois
par-dessus
la somme
payée
en
LOKASENNA.
350
était en même temps le symbole de la
parce que l'anneau
réparation,
Comme la réparation
se faisait
ordinairement
réconciliation.
avec des
d'amende ou de
bagues, le mot baagr a pris tout à fait la signification
Grâgâs (oie grise), il y
peine, de punition. Dans le code de lois intitulé
a un baugatal ou chapitre qui traite des amendes.
Renun
(Cf. Leibnitz,
Brunsvic,
etc.; tom. I.) La punition
qu'on encourait
pour meurtre,
cette peine s'appelait fwrbaugr
était la relégation;
(punition
pour vie);
le relégué,
et fibrbaugs
madr, désignait
gardr, l'enceinte du
fwrbaugs
les relégués ne devaient pas entrer.
temple dans laquelle
un anneau, mais
VERS 4g. — Comme baugr signifie non-seulement
Loki fait une espèce de calembourg
aussi un bouclier,
pour chicaner
Bragi sur ses propres
paroles. Le mot baugr, dont Bragi s'était seni
dans le sens de bague, Loki le prend dans le sens de bouclier, et il dit:
et d'un
te passer d'un cheval de bataille
«Tu pourras bien toujours
Armbauga est ou le géou le génitif singulier
de armbaugi (bouclier
Peut-être qu'outrelejeu
de mots que nous venons
toi qui as peur
de armbaugr,
pluriel
«bouclier,
nitif
qu'on
porte
au bras).
il y a encore
de combattre,
calembourg
qui repose sur l'hoDans ce cas, il faudrait supdu mot baugi avec bogi (l'arc).
monymie
d'avoir entendu prononcer
à Bragi le mot
poser que Loki fait semblant
: Thâ ërt skiarrastr vid skot.
bogi, et qu'il y répond malicieusement
d'iudiquer,
Les mots
VEHS 52.—
un
etc.s
qui
autre
expriment
vid dans
sont souprécaution,
envers,
sens de vis-à-vis,
crainte,
la préposition
le
contre. Nous disons aussi : être en garde contre.
VERS 54. — Ces deux vers sont ainsi rendus
vent
suivis
suédois,
de
M. Afzelius
par
le traducteur
:
Det vetjag,
vore jag utom Agers sa!
Som jag sitter nu derinne.
Ce qui revient
à dire
: « Si j'étais
dans la bouche
dehors
au lieu
ici. » Ces paroles
car
excuse ridicule;
d'être
de Bragi,
une
présenteraient,
convenable.
dans la condition
Bragi n'avait qu'à sortir pour se trouver
à la vérité,
Ces paroles seraient,
assez bien mises dans la bouche dun
qui cherche par des excuses futiles à éluder le combat; mais je
aussi
ne crois pas que le poète ait voulu présenter
Bragi sous un jour
défavorable.
Pour donner à svâ sëmfor innan emk le sens convenable,
lâche
NOTES
351
CRITIQUES.
um-kominn
à voerak. Bragi dit : « Si au lieu de venir ici
il faut rapporter
salle pour assister à un banquet),
j'étais venu (pour me
«(dans cette
».ou, en d'autres termes : « si le motif qui m'a amené ici
abattre) dehors,
» Vlan et innan sont
pas de tirer mon épée, etc. etc.
des expressions heureuses pour désigner l'une le combat qui se livre en
v. 72), l'autre le festin
qu'on célèbre dans
plein champ (voyez p. 2g5,
Voerak et boera-ëk pour vceri-ëk et beeri-êk.
l'intérieur des maisons. —
«ne nie défendait
etc. p. i43.)
(Voyez Rask, Vejledning,
le dernier vers, il
VERS 57. — Pour comprendre
grammaticalement
faut se rappeler que la signification
logique du verbe luka est payer, dans
mot à mot, il faudrait
dire :
le sens de donner en payement. En traduisant
cela en payement
Les langues
de ton mensonge.»
la préposition^ûr
de,
(pour) là où nous mettons
germaniques mettent
à cause de. H y à, en français,
une locution
proverbiale
qui correspond
«Je te donnerais
à luka for
Etre payé pour cela, signifie être
(payé pour).
se
puni pour avoir fait cela. Payé signifie ici récompensé, et récompensé
dit ironiquement
de cette occasion pour relever
pour puni. Je profite
assez bien
une inexactitude
de l'Académie
qui s'est glissée dans le Dictionnaire
française. Dans le même alinéa où l'on trouve la locution
proverbiale
que nous venons de citer, il est dit : s On dit de même : il n'est pas
tpayé pour aimer cet homme. » Dans cette phrase payé pour ne signifieêtre puni pour,
pas, comme dans la locution
proverbiale
précédente,
mais être dans
de, être tenu à. En eifet, quand on est payé
l'obligation
de le faire.
chose, on est dans l'obligation
pour faire quelque
VERS 5g. — On peut donner
du mot bekk-skrautudr
trois
tions différentes.
Skrautudr
explica-
signifie «qui a de beaux habits,
bekk-skrautudr
«qui est bien paré, orné, élégant;»
signifierait
d'après
cela : «qui est bien orné dans son
siège, par son siège,» ou «qui tient
«toute
sa magnificence
une lisière, un liséré,
(pomponné)
Bekkr signifie
aussi
siège qu'il
occupe.»
une broderie en liséré, et ce que les Romains
du
appelaient clavus. Bekk-skrautudr
«une espèce de laticlave,
un
pourrait
son banc. Des deux
l'une
donc
signifier:
0qui
porte
Mais aux deux explications
élégant.»
que je viens de donner, je préfère la suivante : Bekk-skrautudr
( élégant
de
banc), désigne un homme qui, au lieu de chercher les combats et
es aventures,
s'orne comme
une femme,
et reste chez lui assis sur
filles de Budli,
était
nommée
Belshhildr
(Hilde
LOKASENNA.
352
à la chaise), parce que c'était une femme
assise sur son banc en s'occupent
restait
au contraire
L'autre
parce
c'était
que
cuirasse,
était
une
nommée
d'un
des
Branhildr
caractère
doux,
travaux
de son sexe.
(Hildè
endossait
femme
et qui
à la cuirasse),
la
guerrière
qui
quelquefois
dans les combats
sous la figure de
quelque
et se précipitait
héros.
VERS
tions
être la rétablir
faire
ici : pendant que. — Comme
dans les édipoint l'allitération
exigée, on devrait peuten changeantreidr
en yreidr. La même chose serait à
CO. —Ef
signifie
ce vers ne renferme
dans les vers
111,
73,
etc. où l'allitération
manque
également,
7, 17, 3o. Sigurdrifamàl,
28.)
(OE.Fafnismâl,
voetir (un homme
en colère n'hésite
VERS 61. — Hvatr hyggstfyrir
Voettr signifie proprement
devant rien).
génie, mauvais génie. Il parait
à notre:
ce mot d'abord dans des phrases analogues
qu'on a employé
cela ne vaut pas le diable, pour dire : cela ne vaut rien du tout; delà
voettr a pris la signification
VERS 63. — Oskmegir
de rien.
(fils
de voeu) désigne ordinairement
: fils dont on désire la naissance;
adoptifs; ici oskmegir signifie
les voeux des parents.
qui sont dans
les fils
e/i/mls
— Thinn se
à brôdur; mais pur
rapporte
logiquement
6g.
il se rapporte
disent les grammairiens,
comme
attraction,
grammatià bana.
calement
VERS
VERS 76. —Loptki
(Voyez v. i58.)
Vlfr-gi.
VERS 77. —
est mis pour
Loptr-gi,
comme
on dit
DZ/i/ipour
ok hann fiërgôll fria
(et que la perte de la
mort de
vie le lâche),
signifie que la destinée
(ôrlôg)
qui a résolu la
encore de se déchaîner
contre les dieux avant qu'il
Loki, lui permet
si au lieu de
un sens plus convenable
meure.
résulte,
Cependant
on lit fiôrgâll
frîr si(lat. vitoe loetùs fervor) ; hann fiôrgâll
jiôrgôll
L'expression
» C'est ce
le lâche,
le rend pétulant.
gnifie « une trop bonne humeur
dans la traduction.
sens que j'ai exprimé
dernier
ër signifie ici que, lat. quod. — Gêd. (Cf.
VERS 7g. — La particule
Hârbardsliôd,
17.)
VERS 80. — Thik
forme thër. On voit par
ici l'ancienne
remplace
où notre poëme a été écrit, le datif et 1 accet exemple qu'à l'époque
dans
cusatif du pronom personnel
commençaient
déjà à se confondre
NOTES
355
CRITIQUES.
En danois
leur forme grammaticale.
ont la même forme : mig.
et en suédois,
le datif et l'accusatif
VERS 81. -r- Loer est à l'accusatif
qui est régi non par le verbe lagdir,
Hâmais par la préposition
(Voyez Theirrar ër logdomk armyfir,
yfir.
vamâl, 109; cf. ër mik armi verr, Hâvam. 166.)
VERS 87. — Deila vîg mëd virom (lat. partiri coedem inter viros) déen donnant
du combat entre les guerriers,
la vic[avec justice)
toire au plus courageux et en faisant succomber le lâche.
VERS go. — Veizta ëf (sais-tu que), locution
qui exprime le doute
d'Odin sur la vérité de ce que Loki vient de dire. Mais ces deux mots
dier
un aveu
par sais-tu si, etc. et exprimer
Odin fait de sa faute parce qu'il la croit plus léque, par concession,
que celle de son adversaire.
gère et plus pardonnable
on suppose que
VERS g2. — For iôrd nëdan (sur la terre là-bas);
pourraient
aussi être traduits
les Ases se trouvent
dans un endroit
Vôhspâ,. v. 8, Vafth. v. 174.)
VERS 96. — Thik sida kodo,
nitif; lat. te incantasse dixerunt.
VERS 100. — La construction
élevé au-dessus de la terre.
construction
de l'accusatif
grammaticale
est : skylit
(Voyez
avec l'infi-
aldregi segia
seç/giomfrâ ôrlôgumykrom.
au lieu do kvën, et badmr au lieu
VERS 106, 107.— La formehvmn
de barmr me semblent être des provincialismes.
VERS 112. — Telia est mis pour teli.
VERS 1 I4. — Au lieu du présent roed, comme
tions, il faut lire l'imparfait
on lit dans les édi-
rêd; car il s'agit ici évidemment
d'un
fait
accompli.
un manuscrit
VERS 128. — A la place de fordoeàa (criminelle),
; ce qui n'a pas de sens. Dans l'éforte fordauda
(de mort pernicieuse)
dition de Stockholm,
mieux vaudrait
encore mettre
on litfordoeda;
fordmdu pour
VERS i3o.
faire accorder
ce mot avec mcini.
•— Ce vers est inexplicable
si l'on
ne lit sidr au lieu
de
siio; mais, ce léger changement
fait, tout devient facile à expliquer.
Sitztu ( après que. tu,
at broedr ihinom (outre
puisque tu ; lat. postquam) ;
ton frère, en
za deinem Brader). Sidr
grec -npos âSéXÇ>0 aou, en ail.
olid.regin (tu
as enchanté
fort, comme disent
Sida est un verbe
bénignes).
et il peut régir un accusatif. (Cf.
les Grandeurs
les grammairiens,
23
LOKASENNA.
354
c. XVI, xvu.)
Sida signifie
ici «exercer
Ynglinga-Saga,
« donner de l'amour
à, etc. »
dans l'édition
de Stockholm,
VERS I32. — Vâ-litit;
du genre féminin,
lire va Util; c'est ainsi que dans Helga-kvida,
II,
Util va thôtt, etc. Si vâlitit est une bonne leçon,
sont
vâlitit.
réunis,
Va étant
Util
magie
pour
ces deux mots
devrait
peut-être
4, il est dit : Thaï a
comme
le crois, il
je
un
neutre
déterminé
adjectif
par le substantif va ; à peu près comme l'on dit en latin paulum temporis, tantiim
Vâ-litit signifie donc
pecunioe (au lieu de tempus paulum, tanta pecunia).
faut
considérer
d'étrangetè, pour dire : ce n'est pas
petit ou peu (en fait)
ce n'est pas étonnant. — Liiit est au lieu de litilt.
proprement
fort
comme
on
la
étrange,
VERS I33.
—
hôss êdr hvars
Fâi
prendre pour galant un tel ou un tel).
VERS I4O. — Eromk
pour ër mik.
Grammatik,
VERS
iv,
147.
p. 4o.)
— Thër-a
pour dire:
criminelle
«quelque
comme
(Voyez
M.
quelconque,
Grimm,
DeuUch
thô ono vërr
(lat. attamen tibi non pejus api
ace que tu as fait ne doit pas nous étonner, car
elle ne dépasse pas le degré
que soit ton action,
chacun s'attend de ta part. » Ono est mis à l'ablatif
nione),
« de lâcheté
un galant
(prendre
auquel
étant
vërr. On emploie également l'ablarégi par le comparatif
en latin et en grec; car en grec l'ablatif s'esl
tif après un comparatif
avec le génitif;
dans les langues sémitiques,
confondu
on emploie la
— Thër
à toi); commeil
(de).
(pour toi, par rapport
préposition
pQ
de l'action
à l'auteur,
thër peut se traduire
s'agit ici du rapport
par:
de ta part. M. Afzelius a rendu notre vers en suédois : Han val fanie
vantas vàrre
s'attendre
(on devrait,
qu'il
(le fils) fût encore pire);el
de Copenhague,
dans l'édition
le vers est traduit
par : nequi /aurai
pro spe te detcriorem. Quelque ingénieuses
que soient ces interprétations,
je ne vois pas comment
du texte.
VERS
— Bol ër
beggia thrâ signifie
est un calamité. »
—
i58.
Hafa
grec âyoBiïi; é^si.
VERS 161. — Eiga
Grammatik,
se justifier
157.
« ont faite,
VERS
elles peuvent
rv,
783,
vël
(se trouver
mog vid.
853.)
« la perte
bien)
(Cf. v. i4ô.
par l'énoncé
répond
Voyez
que l'un
des mots
et l'autre
parfaitement
M. Grimm,
au
Beutsck
NOTES
355
CRITIQUES.
VERS 162. — Obi (une aune de drap); penningr ou peningr, petite
un denier, pour dire : pas la moindre chose. En vieux
monnaie de billon,
français, on
monneez.
disait
dans
également,
VERS I63. — Thëss vanrêltis
(pour
le
même
un denier
l'injure, pour réparer l'injure.
VERS 166. — Après le verbe man, on omet
—
Môlda
et lamda
pas un denier
cette injure) ; ce génitif
dépend
de ôln et penningr. Donner
un
et logiquement
grammaticalement
denier de cette injure veut dire : donner
vira (être).
VERS 174.
sens,
ordinairement
formes
(v. 175),
en réparation
lemdi. (Voyez v. 112.)
VERS 175. — Alla î lîdo; î régit l'accusatif,
mettre
lyser) signifie ici rompre en morceaux,
de
le verbe
plus récentes,
au
lieu de môldi,
inmembra).
VERS 176.—
That id litla;
parce que lemia (paraen pièces (lat. disjicere
id forme plus moderne,
au lieu de it.
— That-id.
p. 2g.)
(Voyez Vafth. v. 4.)
indiquant
l'espèce ou le genre dont that-
générale,
(Voyez Introduction
— Litla est le
génitif pluriel
ii marque l'individu.
( Cf. Hvat ër that manna.
VERS 182. —
parce que.
VERS 189.
Thvi se rapporte
—Lezt-a;
il faut
à ai qui
Vafth. v. 2 5.)
suit. Thvi-at (lat. eo quod),
sous-entendre
af drykkiu
(cesser de
boire).
VERS igo. — Veldr aida hveim ër (fait,
pour chacun, que; a pour
chacun le résultat que, etc. ).
adoucie et moderne de at.
VERS 191. — Man-ad; ad prononciation
— Man-at sina
(Voyez v. 176.)
moelgi (ne pas songer à, ne pas s'en
apercevoir, etc.).
VERS 193. —
Um lagit. (Cf. Fiôlsvinnsmâl,
17; Skirnisfôr,
i3.)
ou instrumental.
VERS ig4. —Aurgo
baki, commitatif
Aurgo baki
vêra (être avec le dos, avoir le dos humide),
se dit d'un gardien de
nuit qui est exposé à l'humidité
tasaungr, strophe i5 :
4urr
et à la froidure.
Cf. gôltra.
Cf. Grot-
ëtr iliar en ofan kuldi.
La boue nous mange les pieds, et d'en haut nous pique la froidure.
23.
LOKASENNA.
356
Lêtt ër thër (lat. levé es tibi), pour dire : tu te sens
VERS ig6..—
tu es à ton aise.
léger, rien ne te pèse,
la queue),
VERS ig7- — Leika lausom hala (faire jouer librement
se dit d'un cheval fougueux et fringant
qui agite vivement sa queue. Ou
dit aussi, dans le même sens, atbretta sinn hala (courber,
dresser, lever
laissent pendre
laqueue). Quand les animaux sont effrayés ou tristes,ils
cela s'appelle
la queue, ou la serrent entre leurs jambes de derrière;
la queue. (Voyez Frâ Helga ok Svavu, v. 21, 22.)
sveigia hala, recourber
VERS 212. — Takavid
(étendre la main contre, touchera,
saisir).
à Sif, la femme de Thôr. Il
VERS 214. — Hana eina se rapporte
faut supposer que Beyla désigne par un geste la femme de Thôr, qu'elle
voudrait voir épargnée par Loki. — Asa sqnom (fils des Ases) (voyez
ici en même temps les Asynies. (Voyez Vafthrûdnisv. 4 ) comprend
mal, v. i5i.)
VERS 217. — Vôr (qui est sur ses gardes, réservée,
retenue) se
avec la préposition
vid. (Voyez v. 52.) Ici, par
ordinairement
construit
est construit
avec la préun cas d'attraction
(cf. v. 6g), cet adjectif
à grôm. Grôm at signifie «qui
se rapporte
proprement
position (rt qui
« fait la cruelle envers, etc. »
VERS 21g. — Hôr ok afHlàrridi,
expression fortement
elliptique. Ok
et en latin quand ils ont l'accent
syntactique)
(comme x.a.1en grec, et
les faveurs de
que Loki partageait
Dans afHlôrrîda,
la préposition 0/
on considère que hôr (le galant,
l'adultère)
ici même, et doit indiquer
signifie
le redoutable
Thôr.
Sif, même avec
ne s'explique
que quand
détache la femme de son mari;
époux, sinon physiquement,
Pour
est dit hôr af Hlorrida.
l'adultère
du moins
la même
produit
moralement;
raison,
s nnnn
une séparation des
c'est pourquoi il
on diTaussi
en hébreu :
r ;s nriN pn f ;& ppn:i
VERS 2 2 3. — Hann
roedr rô theim (il procure du repos à cet homme),
silence.
locution
iro-nique pour dire : il lui imposera
VERS 227. •— Okynian. (Cf. Okynni, Hàvamâl,
ig.)
tout à fait malpropre.
VERS 228. — OU dritin (lat. tota sordida),
(Cf. Itr-lhveginn,
VERS 23I. —
épaules)
v. 68.)
Herdaklett
les
(le rocher des épaules, le roc placé sur
23 ; hâjiall skarar.) Une
désigne une grosse tête. (Cf. Hymiskvida,
NOTES
dénomination
(letravail
poétique
ouïe fardeau
VERS 232.
—
Vm
porter une chose, l'enlever)
fjiér dans koma thër (venir
(Cf. Koulfa).
VERS 23g.
de la tête,
(kenningr)
du cou).
fara
357
CRITIQUES.
thvî
(s'en
aller
est erfidi
avec
hais
quelque
ëdr
byrdi
chose,
em-
est au comitatif,
de même que
; ihinofiôrvi
avec toi, t'amener,
te conduire)
v. 256.
—
Vérpa régit ordinairement
ce verbe régit l'instrumental,
de projectiles,
signifie,
(cf. Vafth. v. 26) ; thërvërp
— Ok â,
proprement
projectile).
l'accusatif;
on dit
mais
s'il
s'agit
: steini.flôgi
vërpa
te lance (comme un
d'après cela,je
même dans, jusque
dans. (Voyez
v.
219-)
VERS 244.
tisl-a. (Voyez
—
note
Thôttisk-a
est mis
1.) Ce vers
au lieu
se trouve
de la forme
également
ancienne
thôt-
dans Hârbardsliôd,
25.
VERS 247.
— Bana est à l'instrumental.
VERS 258. —
Dans
l'édition
de Stockholm,
on lit
: Kvad-ëk
for
au lieu
Asum kvad êkfor Asa sonom. Evidemment,
il faut lire Asyniom
de Asa sonom qui ne serait qu'une répétition
oiseuse de Asum.
VERS 264. — Eiga devrait être à l'accusatif
régi par la préposition
jfir.
,
358
LOKASENNA.
NOTES
EXPLICATIVES.
a. OEgir est fils de Forniotr et frère de Logi ( feu) et, de Kari (
l'air) ;
il est de la race des Iotes qui, dans leur langage, l'appellent
Hier.
Les Ases lui ont donné le nom d.'OEgir. Sa résidence
est dan« Hlêsey
Sa femme est nommée Rân;
(île de Hier) située dans le Iôtlands-haf.
elle habite
les flots de la mer et elle a neuf filles,
les Vagues ou Ondes.
est le dieu de la mer, de
qu'OEgir
D'après cela, on devine facilement
cette mer formée par le sang du géant Ymir. (Voyez Vafth. v. 81.)
Hier signifie
du nom OEgir est : élément
eau, mer; la signification
de la préface de notre poëme dit
redoutable, océan, Ûitsavos. L'auteur
aussi Gymir. Cela n'est vrai qu'en tant que Gymir
qu'OEgir se nommait
à la mer; mais Gymir
était un nom poétique qu'on donnait quelquefois
et OEgir sont des personnages
très-distincts
dans la mythologie
Scandinave.
b. OEgir, voulant donner un festin aux Ases, attendait
que Thôr lui
la bière ou l'hyapportât le grand chaudron dans lequel il voulaitbrasser
au géant Ymir. La manière
dromel. Ce grand chaudron
appartenait
au géant, est raconté dans le
parvint à enlever le chaudron
Hymiskvida qui, dans l'Edda de Saunund, précède immépoëme intitulé
le poëme Lokasenna.
diatement
dont
Thôr
c. Austrvëgr
(chemin
gard ; elle était habitée
de l'orient)
est une région à l'orient
par les Iotes que Thôr allait souvent
d'Ascom-
battre.
VERS 1. — Sans faire un pas de plus en avant est une locution particulière
sur-le-champ.
pour écouter, et dis-moi
pour dire : arrête-toi
4o.)
( Thegar î stad; cf. Skirnisfôr,
Les
à la race de...
VERS 4. — Etre fils de. . . veut dire appartenir
sont donc
fils des Dieux Combattants ou des Ases (voyez Vôluspâ, v. 10 ),
viol im
aussi poétiquement
Les Grecs disaient
les Ases eux-mêmes.
ÉXXrfwv pour
(voyez Joël,
ÊWyves,
4, 6).
et
les
Hébreux
a»51»n
*3S
pour
D'JVn
NOTES
VERS 7. — Ases et Âlfes.
VERS 12. — L'hydromel
le miel
mais comme
EXPLICATIVES.
v. 20g.)
favorite
(Voyez Vôlaspâ,
était la boisson
est rare dans le Nord,
359
des Scandinaves;
cette boisson
n'était
servie
des riches. Le peuple buvait de l'aile (ôl) ou de l'acidulé
qu'à la table
Cette dernière
très-ordinaire
encore
de farine (miôl-syra).
boisson,
se fait «avec de la farine de seigle délayée
aujourd'hui en Islande,
«dans de l'eau qu'on met sur le feu jusqu'à ce qu'elle soit tiède; on la
un peu
»
et on le boit sans autre préparation.
«laisse fermenter
«de l'eau,
et on la décante;
VERS 34. — Quand
dissoluble,
preinte
ils faisaient
deux
héros
couler
on met
voulaient
un peu de leur
et juraient
pieds,
les traces de l'autre,
et le
de leurs
se lier
de ce liquide
d'une
avec
amitié
in-
sang à terre dans l'emdorénavant
l'un
suivrait
que
défendrait
au prix de son sang
II, 18); cela s'appelait sverast i broedralag vid
(voyez Brynhildarkvida,
une cérémonie à peu
einn. Dans Hérodote,
III, 3 ,on trouve rapportée
les alliances.
près semblable usitée chez les Arabes pour sanctionner
toujours
les héros échangent leurs armes en signe d'amitié.
VERS 2g. — Bragi, le dieu de la poésie et de l'éloquence,
prend
premier la parole.
Dans Homère,
le
VERS 37.—
Vularr. (Voyez Vôluspâ, v. 2.28, et Vafth. v. 204.) —
Le père da Loup est Loki. (Voyez Vôluspâ, v. 180.)
VERS 4O. — La demeure d'OEgir était un endroit sacré (gridastadr),
c'est-à-dire un endroit
où aucune dissension
ne devait s'élever. C'est
pourquoi Odin veut éviter toute dispute avec Loki.
VERS 44. — Dans l'appartement
un
(salr), se trouvait
principal
siège ou banc élevé (bekkr)
qui était adossé contre le mur du fond de
la salle et placé verticalement
au-dessous du faîte (gail ) de la maison.
C'était la place d'honneur
famille et dont il honorait
qu'occupait
ordinairement
le chef
de la
des hôtes distingués.
(Voyez
quelquefois
Vafth. v. 73.) Cette place qu'on nommait
ôndvêgi (fond de la salle), se
trouvait entre deux colonnes ou mâts appelés ôndvêgis-sulur
(colonnes
du fond)
le toit, s'élevaient au-dessus du faîte de la maiqui, traversant
de boutons
son, et étaient surmontés
sculptés ou de têtes de géants.
Ces colonnes étaient l'image de l'établissement,
le symbole de l'habiau loin la
et plus elles étaient hautes, plus elles annonçaient
considération du maître de la maison. — Il paraît que Bragi, comme
tation,
360
dieu
LOKASENNA.
,
de la
poésie,
de l'éloquence
et de la conversation,
présidait le
la place d'honneur
au haut bout de la table. (Cf.
banquet et occupait
v. 58 et Vafth. v. 73.)
VERS 46. —-Bragi
en parlant de soi ne se sert pas du pronom de
la première
il énonce son propre nommais, par orgueil,
personne;
c'est comme s'il disait : Bragi, cet Ase illustre,
s'abaisse jusqu'à faire
d'honneur
à Loki. — Faire réparation
avec l'écu signifie
réparation
d'honneur.»
J'ai été obligé d'em«payer une amende en réparation
dans le sens d'amende
ployer le mot ècu (monnaie)
pour avoir un mot
avec écu (bouclier)
ainsi que
homonyme
(vers 4g). C'est seulement
dans la traduction,
le jeu de mots fondé sur
conserver,
je pouvais
une similitude
de son dans les mots du texte baugi (amende)
etarmet philobauga (bouclier
qu'on porte au bras). (Voyez Notes critiques
v. 46 et 4g.)
logiques,
VERS 4g- — Loki, pour railler
que Bragi peut bien se passer d'un
fait
jeu de mots, etdit
de bataille et d'un ècu (bouil n'a jamais besoin ni de
Bragi,
cheval
un
clier) , parce que n'aimant pas à se battre,
l!un ni de l'autre. (Voyez Notes philologiques,
v. 4g.)
VERS 60. — «Profite du moment que tu es en colère
«trer
pour te monsera passé, tu re-
car dès que ce mouvement
de colère
« tomberas, dans ta lâcheté ordinaire.
»
VERS 61. — Sentence proverbiale
pour dire que même le plus
lâche, pendant qu'il est en colère, se sent assez de courage et assezde
force pour braver son ennemi.
héros;
VERS 66.
verdure
Vsns
— Idunn
de l'été; elle est la fille
68. — Un poëte Scandinave
les femmes
déesse de la
de Bragi. C'est la
cadette de l'alfe Ivald.
est la femme
la beauté des bras;
de même
n'oublie
qu'un
jamais
poëte
de louer
dans
arabe n'oubliera
la hanche Mm
pas de chanter les yeux de gazelle, et le poëte indien,
arrondie. Il est dit de la fille du géant, Gerdur, que quand elle fermait
la porte de 3a maison de son père Gymir, l'air et l'eau reluisaient de
était le seul moyen
peuple où la propreté
bras lavis
pour relever les charmes naturels,
l'expression
cosmétique
de bras d'ivoire, Iras
était aussi poétique que l'est pour nous l'expression
le blâme de ce qu'ldunn
d'albâtre.—
Les mots par trop, expriment
l'éclat
mettait
de ses bras. Chez un
tant de soin à charmer
le meurtrier
de son frère.
NOTES
VERS 6g.
—
Le
EXPLICATIVES.
361
ce vers fait
mythologique
auquel
inconnu;
je ne saurais dire si le meurtrier
m'est entièrement
fait
allusion,
du frère
ou Bragi, ou un autre.
VERS 74. — Géfion. Dans Gylfaginning,
p. 36, il est dit:
Géfion
est vierge, et toutes les filles qui
«de la virginité,
«vierges la servent. »
VERS 76. — Loptr est un des noms de Loki.
tfldunn
est Loki
VERS 80. —
Le
brillant
homme,
jeune
était beau et spirituel,
VERS 84- — Le destin imm.aable
c'est
mais d'un
même. Loki
sans
doute
caractère
la déesse
meurent
Loki
lui-
méchant.
(ôrlôg,
naudr.)
dépendait
(comme
et le fatum des Romains)
la àvâyn-n ou eîaapasv-n des Grecs,
d'une
même à celle des dieux. Il n'y avait que les dieux
puissance supérieure
des décrets de la destinée,
et qui
suprêmes qui eussent connaissance
fussent en état,
dans certains
naître le destin veut
donc
cas, de les modifier
dire : être
à la destinée et qui
qui président
cruellement
de leurs ennemis.
VERS 86. —
les héros
On croyait
du
nombre
peuvent,
à leur
gré.
des divinités
par conséquent,
— Consuprêmes
se venger
parmi les combattants,
conduire
par les Valkyries,
choisissait
qu'Odin
les plus illustres
(Voy. Vol. v. 99.)
à
pour les faire
Valhall.
Les plus braves succombaient
ainsi, tandis
restaient
en vie, et jouissaient
des
que les autres moins courageux
Le trépas des héros qui était l'effet de la faavantages de la victoire.
veur d'Odin
paraissait
commander
que le plus
être l'effet
courageux
VERS g3..—
Le mythe
tièrement inconnu.
auquel
de l'injustice,
car la justice
semblait
du moins courageux.
triomphât,
cette strophe
fait
allusion,
est en-
VERS g6. —
Introduction,
Magie noire. (Voyez Vôluspâ,
p. i5g.)
—
à l'est du Jutland,
entre
Samsey est une île au nord de la Fionieet
elle a une longueur
de trois lieues sur
VAlfasund et le Beliis-sund;
une de largeur.
Il paraît qu'il
dans l'île un temple
y avait autrefois
qu'on croyait
avoir
été bâti par Odin
:
ausinn moldu
4ngantyrs
5alr i 6'amsey sunnanverdri.
Stendr
Cette île passait
pour
être
le séjour
des magiciennes,
des sorcières,
362
LOKASENNA.
et des fées. On rapporte
qu'en 1576, une Ondine prédit à un paysan
de Samsoe, la naissance du roi danois Chrétien IV.
VERS 97. — Les Valus parcouraient
le pays, et tout le monde s'emdans sa maison pour apprendre
d'elles l'avenir.
pressait de les accueillir
Plus
en magie, et que ce dernier
lorsque la divination
dégénéra
art tomba en discrédit,
on ne vit plus cet empressement
de la foule.
Les magiciennes
étaient obligées de frapper aux portes pour s'annoncer
tard,
et pour se faire recevoir,
en payant de leur prétendue
talité qu'on leur donnait,
ou en mendiant
devant
science l'hospiles portes leurs
moyens de subsistance.
(Voyez Vôluspâ, Introduction,
p. i56.)
VERS 98. — Sur les
que pouvaient
prendre
différentes formes
sorciers, voyez Vôluspâ, Introduction,
p. 160.
les
VERS IO4- — Ce vers semble renfermer
un ancien proverbe.
VERS IO3. — Je ne sais pas pourquoi
Loki veut jeter le blâme sur
Frigg, par la raison qu'elle est fille de Fiorgyne. H est vrai, Fiorgyne est
un personnage
de lui.
si obscur,
VERS 106. —
frères
dant
d'Odin.
Vidrir
La
si longtemps,
qu'à
est un des noms
tradition
raconte
et reprit
d'Odin.
qu'un
—
jour
rien
n'est connu
Ve et Vili sont les
Odin
s'absenta
penVili et
de son retour.
que les Ases désespérèrent
les biens de leur frère, et se mirent tous les deux
Ve se partagèrent
en possession de sa femme
revint
du nom,
l'exception
sa femme.
Mais,
Frigg.
(Voyez
quelque
Ynglinga-Saga,
temps
c. m,
après,Odin
Frâ broedrom
Odins.)
—
et de Frigg, venait
d'être tué.
(Voyez Vôluspâ, v. i3o.) Frigg regrette son fils, qui, s'il vivait encore,
fait à sa mère.
vengerait
l'outrage
VERS 115. — Loki était la cause de la mort de Baldur. (Voyez VôVERS 108.
Baldur,
fils
d'Odin
luspâ, v. i3o.)
VERS 120. — Freyia est la fille du Vane Niordar et la soeur de Frey.
à l'amour
et à la fécondité.
C'est la déesse qui préside au printemps,
VERS i3o.
—
à la
de
se
livrer
à
d'abord,
Freyia,
reproche
à son propre
frère Frey (cf.
de l'amour
magie (seidr)
pour donner
et ensuite d'employer
le même moyen pour charmer les autres
v. i46),
Ases.
VERS I34.
— Ase lâche
désigne
Loki
Loki.
(Cf. v. g5.)
NOTES
EXPLICATIVES.
363
—
VERS I35.
Voyez vers 92, g5.
— Niordur est de la race des Vanes.
VERS I36.
(Voyez Vôluspâ, v.
fut donné
113. ) Lorsque les Vanes firent la paix avec les Ases, Niordur
en otage â ces derniers.
(Voyez Vôluspâ, vers a5i;
Vafthrûdnismâl,
v. i5i.)
—
est le nom de l'Iote
Hymir
il est parlé dans l'introduction
VERS I38.
chaudron dont
— Le
mythe
p. 321.)
VERS 142. — Un
auquel
il est fait
le grand
possédait
de notre poëme. (Voyez
n'est plus connu.
allusion,
qui
fils que tout le monde respecte ; c'est Frey.
le titre de Folkvâldr
des
VERS I43. — Frey portait
goda (prince
v. 246);
il était principaledieux) (voyez Vôluspâ, Notes critiques,
ment adoré en Suède.
—
«Ne dépasse pas la mesure
«te donnes à toi même. »
VERS I44.
dans les louanges
que
tu
il est dit que les
Ynglinga-Saga,
chap. xiv,
de prendre pour femmes leurs propres soeurs,
Vanes avaient l'habitude
des Ases. Cette notice me semble
mais que cet usage était abhorré
tradition
et elle prouve que les
fondée sur une ancienne
historique,
VERS i46.—Dans
Vanes sont
le souvenir
bablement
un
et dont
peuple qui a vécu dans l'histoire,
Les Vanes étaient
s'est conservé dans la mythologie.
prosortie de la Perse ou de l'Inde.
une tribu
On
guerrière
réellement
trouve encore
la presqu'île
en deçà du Gange, une tribu
gueret parmi laquelle
rière qui prétend descendre
des anciens Kchatryas,
se trouve le même usage qu'on
dit avoir été établi chez les Vanes.
dans
il était
aussi permis aux guerriers,
en Egypte,
voulant
imiter
femmes; et un des Ptolémées
d'avoir
leurs soeurs pour
être rétablir
cet ancien
et peut-
Anciennement,
et épousa
usage, prit le nom de Philadelphe,
sa soeur. On sait
aucune
répugnance
pour le
que les Grecs n'avaient
il est dit que le
mariage entre frère et soeur, et déjà dans l'Odyssée,
dieu Eole maria ses fils à ses filles.
VERS I5O.
—
Faire
pleurer
une femme
signifie
«l'abandonner
après
«l'avoir séduite.»
VERS I52.
—
est fils
d'Odin
et d'une
géante. (Voyez Hymiskv.
v. 29.) On
croyait que ce dieu n'aimait
pas à voir les hommes vivre en
le surnom
de Vigagud (dieu des luttes).
paix; aussi avait-il
(Voyez
Shaldskaparmâl.p.
Tyr
io5.)
364
LOKASENNA.
VERS I54.
180) devenir
—
Les Ases voyant
de jour en jour plus
le jeune
Fenrir
redoutable,
imaginèrent
de se laisser
persuader
(voyez
Vôluspâ, v.
une ruse
ils voulurent
lui
l'enchaîner;
pour pouvoir
lier avec une chaîne qu'il romprait
ensuite pour prouver sa force. Ils
de lui ôter ses liens s'il ne parvenait
promirent
pas à les rompre luimême. Le Loup soupçonnant
le projet perfide des dieux, demanda
qu'un
d'eux
mît
la main
droite
qu'ils venaient de faire. Tyr
sûreté des Ases; il mit sa main
dans sa gueule en gage de la promesse
seul eut le courage de se sacrifier à la
dans la gueule de Fenrir.
dieux, après avoir enchaîné le Loup avec une chaîne qu'il
leur promesse,
n'eurent
Fenrir
rompre,
garde de tenir
main de Tyr.
—
Commeles
ne pouvait
mangea la
avec cette impassibilité
qui lui est ordinaire: «Il est vrai, j'ai perdu ma main, mais toi, tuas aussi perdu ton
«fils Hrodursvitnir
(Fenrir)
qui ne se trouve pas bien non plus dans
VERS I56.
Tyr
répond,
« ses fers. »
VERS I63.
cune
valeur.
(\ai.festuca,
Grecs disaient
VERS i64.
—
Un chiffon et un denier désignent ici des choses d'auEn vieux français,
on se servait des expressions : fcsk
baloi (balai), gant, feuille,
etc. Les
fétu, brin de paille),
ypv; les Latins,jloccus,
— Fenrir fut enchaîné
etc.
dans l'île
de Lyngvi,
située dans
le ïtic Amsvartnir.
VERS I65.
(Voyez Gylfaginning,
p. 35.)
—
Voyez Vôluspâ, v. 182.
VERS 168. —Frey
étant un jour monté sur le trône d'Odin, d'où
le regard peut s'étendre sur tous les mondes, aperçut dans Iotunheim
la belle Gerdar, la fille du géant Gymir. Il fut tellement
épris d'amour
pour Gerdur, qu'il tomba
ni parler, ni manger, ni dormir.
promit
de lui amener
dans une langueur
extrême, et ne put
Skirnir
son serviteur et son confident,
la charmante
fille,
s'il lui donnait
son épée pour
sa passion, donna son
de ce service. Frey, subjugué
par
récompense
lui était bien
épée redoutable
pour avoir ce qui, dans ce moment,
la belle Gerdur,
l'objet de ses feux. Cette
plus cher que sa gloire,
est chantée dans le poème
une des plus attrayantes
del'Edda,
histoire,
intitulé
Skirnisfôr (le voyage de Skirnir).
VERS 170. — Fils de Muspil. (Voyez
Vôluspâ,
v. 196.I
— La forél
NOTES
Noire, est le nom
EXPLICATIVES.
de la grande
(la demeure
365
forêt qui sépare Asgard
des hommes).
(le séjour
des
dieux) de Midgard
est le même nom que Yngvi-Frey.
VERS 172. — Ingunnar-Frey
être l'aïeul de Freyr. Probablement,
il y avait plusieurs
Yngvi paraît
dans lesquelles
le nom de Frey,
anciennes généalogies
figuraient
à quelle race appartenait
l'Ase Freyr qu'on
et c'est pour indiquer
a placé devant son nom celui de son aïeul. (Cf. Yngl.-Saga, c. xn.)
VERS 174. — La corneille passe, chez les Scandinaves comme chez
pour un oiseau de mauvais
beaucoup de peuples anciens et modernes,
augure. Ses cris présageaient
confondue avec le corbeau,"
comme un oiseau
pelle le corbeau
la corneille était
le
malheur.
La
les Arabes
que
corneille
est souvent
regardaient
également
le poëte El-Hârêthi,
ap-
de mauvais
ainsi,
augure;
le Père du malheur. Comme oiseau de mauvais
augure,
le roi de Suède Ottar
dans le Nord.
détestée
Lorsque
de Vendil
ces derniers firent
eut été tué à la bataille
par les Danois,
en bois une corneille qu'ils envoyèrent aux Suédois en leur faisant dire
de bois. De là
que le roi Ottar ne valait pas plus que cette corneille
est venu à Ottar
d'autant
plus
signifie protée,
VERS 180.
le surnom
de Vendilkrâki
de Vendil),
nom
(corneille
avec Vendilkrâka
injurieux
qu'il était homonyme
qui
c. xxxi. )
girouette. (Voyez Ynglinga-Saga,
est le serviteur de Frey et le mari de Beyla.
—Beyggvir
à l'abondance
et à la
préside à tout ce qui contribue
Comme Frey
fertilité, et par suite à l'entretien
des dieux
viteur est chargé de faire la distribution
d'être prompt et exact dans son service,
de voir des convives
et des hommes,
des vivres.
Beyggvir
et son plus
grand
son serse pique
plaisir est
re'unis à table.
VERS 186. — On ne sait pas à quel fait mythologique
le trait de lâcheté
que Loki reproche à Beyggvir.
VERS 192. —Voyez
Vôluspâ, v. 2.
VERS ig6. — Skadi,
Niordur et la belle-mère
est la
fille
du géant
Thiassi,
se rapporte
la femme
de
de Frey et de Freyia.
VERS ig7. —Agiter
librement sa queue est une locution
particulière
pour dire, se laisser aller à sa fougue, à sa pétulance. La locution vient
de ce que les chevaux,
quand ils sont fougueux
leur queue.
(Cf. Notes critiques,
p. 366.)
VERS ig8. — Voyez Vôluspâ, v. i44, i45.
et fringants,
agitent
LOKASENNA.
366
VERS 202.
—
Le
dé Skadi,
le géant Thiassi, était
parvenu,
à enlever la déesse Idunn. Loki,
avec le secours de Loki,
menacé par
la déesse ravie; il revêtit les ailes et le
de ramener
les Ases, entreprit
de Freyia, et s'envola vers la demeure
de Thiassi.
Comme le
plumage
père
était justement
absent, Loki saisit Idunn et revole avec elle vers
le géant rentre chez lui, il voit Loki et
Asgard. Mais dans ce moment,
Idunn dans les airs. Il revêt aussitôt la dépouille
d'un aigle, et se met
à la poursuite
de Loki. Thiassi était sur le point d'atteindre
Loki, tout
géant
il fut
Skadi
attaqué par les Ases qui le tuèrent.
sa fille vint à Asgard demander
satisfaction
du meurtre
de son père.
Les Ases firent
droit à sa demande,
et lui offrirent
de choisir
parmi
près d'Asgard,
quand
eux un
Elle
époux.
sans cependant
sur son père.
choisit
Niordur
et pardonner
oublier
208. — Laufey
VERS 219. —Hlôrridi
et s'allia
ainsi
entièrement
à la race
des Ases,
le meurtre
commis
est la mère de Loki.
VERS
(qui
a un char
est un des noms
étincelant),
de Thôr
(Tonnerre).
Thôr
VERS 221. —
étant
le
dieu
du
tonnerre,
son
arrivée
est
annoncée
les montagnes.
qui font trembler
par des coups de foudre
Encore de nos j ours, les paysans, en Suède, lorsqu'ils
entendent
tonner,
de Dieu : godgubben ôker (le bon vieux roule).
disent en parlant
VERS 225.—'Beyggvir.
VERS 23o. — Miôlnir
(Voyez
v. 180.)
broie,
écrase) est le
(marteau,
qui moud,
de Thôr. C'est une espèce de massue qui, lancée sur
nom du marteau
l'écrase et revient dans la main du dieu. Miôlnir
l'ennemi,
représente
la foudre.
(Cf.
VERS 233.
Karl
Martel;
—• lord
VERS 236.—Le
VERS
23g.
— Thôr
est la mère
(la terre)
Loup.
— Le Père des Victoires
Judas Makkaboeus,
(Voyez
est Odin.
menace
Vôluspâ,
de
n3[3Q
marteau.)
de Thôr.
v. 180,
Notes explicatives.)
v. 217.)
(Voyez Vôluspâ,
Loki de le jeter à travers
dans les régions de l'orient habitées par les Iotes.
à Thôr
VERS 2 4L — Loki ayant entendu prononcer
en prend aussitôt occasion pour rappeler la mésaventure
les airs jusque
le mot
orient,
qui est arrivée
en Orient. Pour rendre le jeu de
à ce dieu dans une de ses expéditions
et
mots plus sensible en français,
expédier
j'ai mis dans la traduction
expédition.
NOTES
VERS 2 43. —
EXPLICATIVES.
367
est appelé le Monomaque, parce qu'il combat
et parce qu'il est le plus fort de tous les
tout seul contre ses ennemis,
Le mythe
dieux et héros. (Voyez Vafthr. v. 160; Vôluspâ, v. 221.)
est le suivant.
Thôr voyaauquel il est fait allusion dans cette strophe,
geant un jour
une demeure
Thôr
avec Loki
vers les régions de l'orient,
ouverte sur le devant,
entièrement
trouva,
sur le soir,
et qui avait dans
Les voyageurs résolurent
de
cinq chambres très-profondes.
passer la nuit dans cette demeure. Ils furent bientôt réveillés par un
de Thôr, quand il vit que ce
bruit effroyable. Quel fut l'étonnement
d'un énorme géant couché à quelque distance
bruit était le ronflement
l'intérieur
de la maison
! Mais son étonnement
augmenta encore lorsque le lendemain, à la pointe du jour, le géant ramassa par terre son gant qui
n'était autre que la maison dans laquelle Thôr et Loki avaient passé la
ne croyait plus être Thôr, ce dieu
de tous les géants.
de Loki
nuit. Alors
le compagnon
rible et fort, le vainqueur
VERS 245. — Hrungnir
qui avoit une tête de pierre
(voyez Shaldskaparmâl,
p. 110) ; il fut écrasé par Thôr avec le marteau
(voyez v. 23o) qui depuis ce temps a été nommé Hrungnis bani (meurv. i4, 15; Hymiskv.
trier de Hrungnir).
v. 16.)
(Voyez Hârbardsl.
VERS 251. — LTote
la nuit,
était
ter-
énorme,
se nommait
Skrymnir
en route. Thôr
un Iote
dans le gant duquel
Thôr avait passé
Il proposa à Thôr de lui
(criailleur).
et mit ses provisions de
tenir compagnie
y consentit,
toute la journée;
etle soir,
voyage dans le sac du géant. Ils marchèrent
l'Iote se coucha en disant à Thôr que s'il avait faim, il trouverait
de
quoi manger, en ouvrant le sac. Thôr, se sentant un vif appétit,
délier les cordons du sac, mais tous ses efforts furent inutiles
noeud était
C'est que Skrymnir,
qui voulait humilier
lié les cordons par enchantement.
Thôr
serré.
des Ases, avait
voulut
tant
le
le plus fort
ne voulant
point éveiller le géant qui l'aurait raillé sur sa faiblesse, se coucha sans
avoir apaisé sa faim.
VERS 257.-—Porte
grillée des morts. (Voyez Vôluspâ, v. 17g.)
VERS 2 64- — Avant de s'en aller, Loki met le comble à sa méchanceté en insultant
et maudissant
OEgir, la maître de la maison.
(1) Loki, pour échapper aux poursuites des Ases, prend la forme d'un
saumon. Il s'agit ici sans doute de cette espèce de saumon qu'on appelle
en Islande
et qui a une couleur d'or ou de
godlax (saumon divin),
jusqu'à
LOKASENNA.
368
Le nom Scandinave
lax
luisant, parce que le
signifie proprement
C'est aussi la signification
du nom de
saumon a une couleur luisante.
Or Loki et Logi sont souvent confondus
dans
flamme).
Logi (luisant,
Scandinave.
la mythologie
(Voyez Vôluspâ, v. 202.) Le mythe dont il
trouvé
entre le
est question
ici, repose donc sur un rapprochement
feu.
saumon divin qui a la couleur du feu, et Loki
des Ases.
pour échapper aux poursuites
(2)
Franângr
pour désigner
cades brillantes,
(3) Nâri.
(4) Sigyne.
métamorphosé
en poisson
signifie brillant et resserré; c'est sans doute un nom fictif
une cataracte dont les eaux, avant de tomber eu cassont resserrées entre les rochers.
(Cf.
Vôluspâ,
(Voyez
\.
Vôluspâ,
i44,
i45.)
v. 146.)
TROISIEME
PARTIE.
GLOSSAIRE.
24
INTRODUCTION.
des mots résulte de la signification
La signification
des
lettres dont ils se composent : il faut donc connaître le
sens des lettres pour pouvoir s'expliquer comment etpourr
quoi tel mot exprime telle idée. Les éléments des mots
sont ou des voyelles,
ou des consonnes. Les consonnes,
dont le son ou la prononciation
est plus pleine,
plus
matérielle
forment
le corps des
que celle des voyelles,
mots et en déterminent
la signification
Les
particulière.
: elles
voyelles ont une signification
plus métaphysique
servent à indiquer
les rapports logiques sous lesquels on
doit envisager
C'est pourquoi
l'idée du mot exprimée par les consonnes.
on change une
si, dans un mot primitif,
seule consonne, on change entièrement
la signification
du
si l'on y change les voyelles, la signification reste la même, mais l'idée subit une modification
mot;
au contraire,
par rapport au temps, au mode, à l'état actif ou passif,
aux différents cas de la déclinaison,
etc. On conçoit, d'après cela, que les voyelles, à elles seules, ne peuvent pas
former
des racines,
ce qu'on appelle vulgairement
que nous appellerons des thèmes de mots 1.
1 On
objectera
racine ^ (aller),
sans doute
ou ce
que la voyelle i a formé, en sanscrit, la
en latin, le verbe i-re, etc. Nous répondrons
que ^ a
perdu sa consonne, et que sa forme actuelle est dérivée de ÎTT (GA) ,
soit par l'intermédiaire
de HJT (YA) , soit par l'intermédiaire
de
f^
(Hi), La forme du verbe latin i-re, est donc dérivée de hire comme
24.
372
GLOSSAIRE.
I.
CHAPITRE
DE
LA
SIGNIFICATION
DES
V.OYELLES.
Dans toutes les langues, il n'y a que trois voyelles signice sont a, i et u (ou), voy. p. 46.
ficatives par elles-mêmes;
Toutes les trois se sont formées ou individualisées
en
sortant
de la voyelle primitive
e ou ô, espèce de cheva qui
et qui servait seulen'avait pas de signification
logique,
des consonnes.
ment à rendre possible la prononciation
Cet e muet
est encore aujourd'hui
la première voyelle que
les enfants. Le vocalisme parvient
à son apoprononcent
que les trois voyelles a, i, u se sont
gée j du moment
puis il décline et revient à ses commenceen cela à cette loi constante de la nature,
individualisées;
ments , soumis
laquelle
de même
d'après
Ainsi,
dérivent
la vieillesse
se rapproche
de l'enfance.
a, i, a
que dans les langues primitives,
de e ou ô par l'intermédiaire
de è, é, o; de même,
on remarque,
dans les langues dérivées, que a, i,u
de 6 ou e par l'intermédiaire
dent à se rapprocher
mêmes voyelles; voy. p. 46 et suiv.
tendes
ici seulement
des
Nous parlerons
de la signification
voyelles a, i et u, parce qu'elles seules sont à l'apogée du
et expriment,
le plus nettevocalisme,
par conséquent,
ment
leurs
d'ailleurs
différentes
de connaître
amare de hamare
(cniHtl
être
racine,
la
n'exprime
véritable
pas l'idée
Il suffit
significations
respectives.
la signification
de a, i et u pour
ce qui prouve
que i ne peut pas
nous le verrons,
que le son i, comme
). D'ailleurs,
c'est
de mouvement,
mais l'idée
d'intériorité.
373
INTRODUCTION.
connaître
en même
temps
celle des voyelles
qui
en sont
dérivées.
En général, la voyelle a est opposée par sa signification
aux voyelles i et u; et ces deux dernières sont de nouveau
opposées entre elles, de sorte que i forme contraste avec u.
Ainsi, là voyelle u (ou), la plus sourde de toutes, exprime
ce qui est profond, couvert, inerte; la voyelle i, au contraire , la plus aiguë de toutes, marque ce qui est intérieur,
de u et de i
pénétrant, vif. Mais, bien que la signification
soit différente l'une de l'autre,
ces deux voyelles ont cela
un état qu'une
plutôt
qu'elles expriment
action. C'est en cela qu'elles sont opposées à la voyelle a
mobile, actif.
qui désigne ce qui est extérieur,
de commun,
Ce que nous venons de dire, d'une manière générale,
de a, i et u doit trouver sa confirmation
de la signification
ont fait de ces
que les langues primitives
les sensations de
non-seulement
voyelles pour exprimer,
l'âme et du corps, mais aussi les catégories de l'entendedans l'emploi
et le
ou les rapports
de lieu et de temps, l'actif
modes du verbe, les cas de la déclipassif, les différents
d'abord la différence dans la signinaison , etc. Examinons
formées par a, i,u : car l'exclafication des interjections
ment
mation
est la manifestation
immédiate
de nos sensations,
la signification
est la mieux sentie et comprise par tout le monde. Or, si l'on analyse les interjections
mais dans
usitées, non pas dans nos langues modernes,
et celle dont
les langues les plus anciennes qui sont encore l'expression
fidèle de la nature, on trouvera confirmé ce qui a été dit cidéssus. En effet, on remarque que u! (ou!) et les voyelles
qui en sont dérivées,
expriment
une passion profonde
et
374
GLOSSAIRE.
comme la douleur,
la crainte,
repliée sur elle-même,
une passion vive
l'horreur;
que il et ses dérivés marquent
et concentrée
en elle-même,
comme la joie intérieure;
bien moins une sensation
que a ! et ses dérivés expriment
passive qu'une absence de passion, un léger
de lame,
se découvrant
et s'épanouissant
comme la contemplation
et l'admiration.
mouvement
au
dehors,
les voyelles a,i,u
par
à leurs différentes significations
de lieu. La voyelle
l'intérieur.
C'est pourquoi
le locatif en sanscrit est
rapport
Considérons
maintenant
i désigne
exprimé
i, à la fin d'un
par i; ex. : pitari (dans le père). En arabe,
ou le datif; ex. : bïlmallâ
mot, exprime le régime indirect
(au roi). Si la voyelle i désigne in(dans le roi), lïlmalhi
le datif et le locatif,
différemment
c'est qu'il y a réellement
entre ces deux cas. Aussi le
beaucoup d'analogie
locatif sanscrit est-il devenu datif en grec et en latin ; ex. :
sansc. -pitari (dans le père); gr. patri (aupère);
lat. patii
(au père);
sansc. pitrsu
(dans les pères);
gr. patrasi
(aux
pères).
La voyelle
d'une
u désigne, non pas l'intérieur,
mais le fond
chose ou le côté couvert,
opposé à celui où l'on se
placé; ex. : sansc. upa (sur, auprès); lat.suè (sous);
sansc. ut (mouvement
du fond vers l'extérieur
partant
d'une chose) ; goth. us, etc.
trouve
la voyelle a désigne plus particulièrement
est extérieur, comme on le voit nettement
quand
Enfin
entre
elles
particules
de lieu,
ce qui
on comayant
les
pare
quelques
mêmes consonnes, par conséquent la même signification
mais des voyelles différentes qui modifient
fondamentale,
cette signification.
Ainsi la particule
lat. in, ail. in, désigne
'
INTRODUCTION.
d'ici là vers Vintérieur;
375
la partid'ici
cule sansc. ana, gr. ana, ail. an, désigne la direction
La particule/:sans*•
là, le long d'une chose à l'extérieur.
crite ut signifie la tendance vers, qui part du fond., vers
la direction
au contraire,
et en latin,
ut a la signification
métaphpique
de afin que; au contraire ati, en sansc. ad, en lat. marquent
la direction
visible d'un objet vers l'extérieur
physique,
d'une chose. La préposition
sansc. apa, gr. apo, lat. ab,
l'extérieur;
visible /matérielle
;
indique une dépendance extérieure,
au contraire,
sansc. upa, gr. hixpo, marquent plus souvent
une dépendance intérieure, invisible /métaphysique.
des voyelles a,
Après avoir vu quelle est la signification
i, u, par rapport au lieu, examinons
maintenant
quelle
en est la signification
par rapport au temps. La catégorie
logique du temps dérive de celle du lieu : aussi, dans
toutes les langues, les mots qui expriment
les différents
de
rapports de temps dérivent plus ou moins directement
mots qui désignent des rapports de lieu. C'est pourquoi ce
de lieu s'applique aussi avec
qui a été dit des particules
les modifications
nécessaires aux particules de temps. Ici il
que a forme avec les
voyelles i et u. Si au temps présent, la voyelle radicale est
a, celle du temp
passé est u ou i, et réciproquement;
ex.: hébr. prétérit,
Katal,
malak; non-prét.
(présent et
futur), yik'tol {-p.yik'tul),yim'lok
(p. yim'luk). Arabe prêt. :
de montrer
importe
le contraste
kabëd (p. kabid),
katon (p. kaiun);
non-prét. yik'bad, yïk'tan. Arabe prétérit, kutiba, non-prét.
yak'iabu. Le même contraste entre
les voyelles se remarque dans les verbes des langues leuioItataba;
non-prét.
gothiques.
yah'tnbu.
C'est pourquoi
Hébr.
toutes
prêt,
les conjugaisons
de ces
'
376
GLOSSAIRE.
langues se réduisent à deux classes ; la première renferme
au présent, est a, et
les verbes dont.la
voyelle radicale,
changent -cet a en i ou en u. La seconde
qui, au''prétérit,
les-verbes dont la voyelle radicale est i au
présent> et qui, au prétérit, changent cet i en a. Nous prende l'islandais.
drons pour exemple les,conjugaisons
•;,I1?'CLASSE, irB espèce (présent a; prétérit
i; participe
classe'renferme
prés, fell (-p.fail),-prêt:
présent a);i°
fiell;
2°prés. gr&t
(p. grkt) ,. préti g'rîet; 3° prés, sveip (p. svaip), prêt, sviep,
A° prés, hleyp (p. hlaup), prêt, hliôp. i' Espèce (prés, a,prêt, u; part.-prés.
a); 5° prés, el (p. al), prêt, bl (p. ul).
11° CLASSE,. ire espèce (prés, i; prêt, a; part.-prés.
i);
6° prés, drëp (p. drip), prêt, drap; 70 prés, gîn (p. giin),
prêt, gein (p. gain). 2° Espèce (prés. 1; prêt, a; part.-prés.
u) ; 8° prés, dryp (p. drinp), prêt, draup) ; 90 prés, stël (pour
sfiZ), prêt. stai. Ces exemples montrent
que l'opposition
entre a et les voyelles i et u est aussi générale et aussi nettement dessinée dans les langues teu'to-gothiques
que dans
les langues sémitiques. Mais en voyant que a, i, u se trouvent
aussi bien dans le prétérit que dans le présent, on pourrait
croire que ces voyelles n'ont pas une signification
précise
et fixe qui les rende propres à désigner exclusivement,
soit le prétérit,
soit le temps présent. Cependant cette
tient à une tout autre cause; elle vient de
circonstance
ce que la désignation
stricte et régulière
des temps, au
moyen de leurs voyelles respectives, se trouvait en contradiction avec l'usage que les langues primitives ont fait de ces
mêmes voyelles pour désigner l'actif et le passif. Or, comme
cette dernière distinction
touchait de plus près à la signification ou à l'idée exprimée par le verbe, elle était plus
INTRODUCTION.
377
et plus importanteque la distinction
qu'on
pouvait faire en tre les voyelles pour marquer la différence
des temps. C'est pourquoi
la voyelle radicale (placée au
essentielle
et au présent, dans
prétérit, dans les langues sémitiques,
les langues germaniques ) a dû exprimer
de préférence,
non pas les temps, mais la signification
active ou passive du
verbe, et par cela même les langues ont dû se contenter de
désigner, par des voyelles différentes delà voyelle radicale,
les temps différents de celui où elle se trouvait placée.
La désignation
mérite
voyelles,
de l'actif et du passif, au moyen des
surtout
l'attention
du philologue.
Le
par les voyelles i et a qui, comme nous
passif est exprimé
l'avons vu, signifient
ce qui est intérieur,
au contraire
s'exprime
par
sique; l'actif
désigne ce qui est extérieur,
inerte,
métaphyla voyelle a qui
ce qui est visible, ce qui agit.
active ou passive est aussi bien exprimée
La signification
dans le nom que dans le verbe; mais comme c'est dans
cette dernière espèce de mots qu'elle se fait le mieux sentir,
nous ne donnerons pour exemples que des verbes. Toutes
les fois qu'un verbe a une signification
active, les langues
sémitiques et indo-germaniques
y mettent, comme voyelle
kataba
radicale, la voyelle a; ex. : arabe qatala (tuer),
isl. gana (lat. distendere),
tana (étendre),
etc.
(écrire);
Dans les langues sémitiques,
la plupart des verbes actifs
peuvent devenir passifs en changeant la voyelle radicale a
en i, et en observant,
pour
les autres
voyelles,
les règles
et grammaticales;
ex. : quûla (être tué),
euphoniques
Imliba (être écrit). Dans les langues germaniques,
la voyelle
radicale ne peut pas toujours être changée à volonté pour
exprimer,
tantôt
l'actif,
tantôt
le passif. U est même
rare
GLOSSAIRE.
378
de trouver
ensemble,
dans ces langues,
des verbes, comme
et gina (être étendu), qui sont
identiques
et ne diffèrent
entre eux qu'en ce que l'un
est actif et l'autre passif. Mais ce qui est digne de remarque,
gana (étendre)
quant au fond,
c'est que dans les langues indo-germaniques,
beaucoup de
verbes qui, primitivement,
ont été actifs, ont changé la
voyelle a en la voyelle i, parce que ces verbes ont pris,
peu à peu, une signification
passive. Ainsi, par exemple,
le verbe vasa, qui en sanscrit
signifie se répandre sur,
la
couvrir, s'établir, a pris, dans les langues germaniques,
et passive d'être, et s'est changé
abstraite
signification
en visa, vira. D'un autre côté, beaucoup de verbes qui,
avaient une signification
primitivement,
passive, sont devenus actifs en gardant cependant
leur ancienne voyelle
binda (lier),
passive i; ex. : vita (savoir),finda
(trouver),
smida (frapper),
etc. Le même changement
s'est opéré
dans plusieurs
verbes sémitiques
qui, tout en ayant la
forme de passifs, sont suivis d'un régime direct,
comme,
par exemple : arabe, rakhimtahâ (tu as été miséricordieux
envers elle).
Les verbes
dont la voyelle radicale
indo-germaniques
est u avaient dans l'origine
une signification
passive, qui,
plus tard, dans un grand nombre de cas, est devenue active;
ex. : lat.
hxere (être lâché),
lâcher, etc.; lucere (être
saillant), briller ; jluere (être répandu), couler. Sansc. Inpa
(lat. distensum esse), séparer, briser; lat. rumpo, etc. etc.
Quant à la différence qui existe entre i et u, par rapport
le passif, on peut dire que,
à leur propriété
d'exprimer
dans les langues indo-germaniques,
clans l'orii exprimait
dit, tandis que u exprimait plus
gine le passif proprement
INTRODUCTION.
379
le neutre,
comme on peut le voir par les
exemples que nous venons de donner. Dans les langues séun état passif, habimitiques , u désignait originairement
ex. : héb. katon (p. katun), être petit
tuel ou permanent;
particulièrement
arabe katzura
hhasuna (être
(être bref),
(de nature);
beau), etc. La voyelle i, au contraire,
désignait un état
passif accidentel; ex. : héb. tzamée ( p. tzamie), être altéré
de soif, hhafetz (être
'l_c (être enseigné).
réjoui);
arabe J*i
(être
en peine),
En arabe, les voyelles a et a ne servent pas seulement
à exprimer l'actif et le passif, mais aussi les modes du
et l'indicatif.
Ainsi la voyelle u, qui
verbe ou le subjonctif
exprime
le passif,
l'état,
la substance,
l'indépendance,
et par conséquent la voyelle opposée a
désigne Vindicatif,
désigne la dépendance ou le subjonctif; ex. : ind. yaq'tulu,
yaktubu; subj.yaq'tula,
ja/efnia. D'après le même système
et par analogie, la voyelle u, qui exprime l'état, désigne
aussi le sujet, le cas indépendant
ou le nominatif,
tandis
que a désigne le régime direct, le cas dépendant ou l'accusatif; ex. : nom. mal'kn (roi), ace. mal'ka; nom. abd'xx (serviteur),
ace. abd'a.
des voyelles
Après avoir vu les différentes significations
a, i, u, il noiis reste à dire quelques mots des diphthongues. Nous avons eu déjà occasion de dire (p. 52) qu'il n'y a
ce sont aï et au (aou).
que deux diphthongues
primitives;
La diphthongue
aï n'est qu'un renforcement
de la voyelle
de u. C'est
i, de même que au n'est qu'un renforcement
de ces deux diphthongues
ne
pourquoi la signification
diffère point de celle des voyelles dont elles dérivent. Aï et
au ne diffèrent de i et ti que grammaticalement,
c'est à dire
380
GLOSSAIRE.
que certaines dérivations grammaticales
exigent, à la place
de i, le renforcement
de voyelle aï, et à la place de u, le
renforcement
de voyelle au. Aussi, les diphthongues
aï et
au sont-elles
vriddhis
par les grammairiens
de i et de u.
(augmentations)
appelées,
CHAPITRE
DE
LA
DES
de la notion
CONSONNES.
comme
déterminent,
la signification
des mots; chacune
sa part à former cette signification
ment
des
II.
SIGNIFICATION
Les consonnes
hindous,
nous l'avons
dit,
d'elles contribue
; chacune
pour
est un élé-
ou de l'idée
exprimée par le mot. Les
idées ou les premières notions de l'homme primitif
résultaient des impressions,
causées par les choses qui affectaient ses sens, principalement
celui de la vue. L'homme
exprimait
ses sensations
en imitant
ou en repréexactement,
par des gestes ou par des sons signifià ces gestes, les différentes actions
catifs, correspondant
qu'il avait vu faire. Or, comme tout ce qu on voit se voit
primitif
sentant
dans l'espace, et que toute action se présenté à-l'oeil comme
une modification
des rapports de lieu ou-c&fnme une sucque l'homme prisa pensée, désignât par le geste ou
mitif,
pour exprimer
les mouvements successifs qu'il
par des sons significatifs,
avait vu faire. Ainsi, par exemple, l'idée d'étendre qui nous
cession de mouvements,
il était naturel
des
paraît si abstraite parce que nous rattachons nos idées à
mots et non pas à la vue matérielle des choses, cette idée,
l'homme
de la nature la conçoit
d'une manière
toute meca-
INTRODUCTION.
381
. nique, et l'exprime par conséquent de même. Il voit qu'une
chose s'allonge ou s'étend, c'est-à-dire que le point extrême
est maintenant
de cette chose qui, auparavant,
étaiti'cz,
là, Pour exprimer ce qu'il a vu, c'est à dire l'idée d'étendue
qu'il a conçue par la vue, il fait le geste qui exprime ici
le son
et puis le geste qui exprime là, ou bien il articule
exprime par sa nature même ce que nous
désignons par le mot ici, et puis le son na! qui exprime
encore par sa nature même ce que nous désignons par le
la! ou dal qui
mot là. Ainsi
se formé,
d'une
manière
toute
mécanique,
naturellement
et nécessai-
le mot tana (ici, là) qui désigne
remenf l'idée d'étendre (gr. TSW, lat. terc(d)ere,isl.
Prenons encore un autre exemple.
L'idée
n'existe, pas d'une manière
de l'homme
de la nature.
abstraite
Pour
lui,
ihana, etc.)
de donner
dans l'entendement
cette idée
est une
Il voit qu'on donne
image qui existe dans son imagination.
en étendant la main vers la personne à laquelle on donne.
C'est pourquoi
il exprime l'idée de donner en étendant la
et en accompagnant
ce geste du mot
main vers quelqu'un,
ial (là), lat. da-re , ou bien il dit le mot NATANA (tendre
héb. |M (donner).
là) tendre vers, lat. iN-TeN(d)ere,
est comme
que la langue primitive
actions et les passions sont retracées
une peinti^BHp?
des gestes, des attitudes,
dans des mots qui expriment
des
les consonnes
mouvements
successifs, et c'est pourquoi
On voit
d'a^fljj^la
désignent des mouvements ou
des rapports de lieu. Il s'agit donc maintenant
dedéterminer
la signification
à chaque consonne : nous expliparticulière
ou les éléments
des mots
querons à cet effet le sens des consonnes islandaises. Tout
ce que nous en dirons s'appliquera
aussi aux consonnes
382
GLOSSAIRE
dans les autres langues. Il est vrai
correspondantes
que
l'alphabet islandais est un des moins riches en consonnes :
cependant
il renferme
primitives,
et il suffit
toutes
les consonnes
de connaître
des langues
le sens de ces consonnes
pour connaître en même temps la signification
primitives
des consonnes qui en sont dérivées ou qui leur sont homorganiques, c'est à dire formées par le concours des mêmes
organes de la voix. En effet, les sons homorganiques
expriment le même sens général, et ils ne diffèrent
entre eux
que par de légères nuances. Ces nuances se sont établies à
et différenmesure que les langues dérivées spécifiaient
ciaient davantage les idées vagues et générales des langues
et exprimaient,
par conséquent, ces différences
primitives,
des mots. Comme
par des nuances dans la prononciation
ces nuances se sont établies différemment
dans les différentes langues dérivées, à cause de la différence des lois de
et de la permutation
des consonnes , c'est à la
l'euphonie
grammaire
spéciale d'expliquer
quelles sont les nuances
les sons homorganiques
dans chaque langue
Pour nous, qui considérons ici les langues
à examiétat primitif,
nous n'avons joint
qu'expriment
en particulier.
dans leur
ner ces légères différences,
n'exispar la rais^^^^elles
taient pas encore à cette époque ancienr^(PPI
rangerons
donc dans une seule et même classe les consonnes qui
sont homorganiques
et nous préciserons,
ou qui sont dérivées l'une de l'autre ;
autant que possible, la signification
de ces classes. L'ordre
dans lequel se
propre à chacune
suivront les différentes
classes est le suivant
: nous parlerons d'abord des labiales, puis des dentales, ensuite des
gutturales. C'est dans cet ordre que les enfants appi'ennent
383
INTRODUCTION.
ils prononcent
d'abord les labiales,
puis les dentales, et enfin les gutturales. A ces trois classes,
R et L, et la classe
nous ajouterons la classe des liquides,
à articuler
les sons;
qui renferme la nasale JV. Comme les consonnes doivent
touj ours être accompagnées d'une voyelle pour pouvoir être
prononcées, nous ajouterons à chaque élément-consonne
e qui, comme nous l'avons vu, n'a pas
la voyelle primitive
encore de signification
précise.
labiales expriLabiales Ve, Be, Me, Pe, Fe.—Ces
ment le sens du mot sur, et désignent l'idée de répandu
que cette surface
qu'elle soit horizontale
sur, de surface,
l'inférieure,
soit
la supérieure
ou
ou verticale ; ex. : hé-
dans); ar. Ri (sur, auprès, dans);
sansc. uVa (sur, auprès); gr. huPo
(sous, vers) ; lat, suV (sous, vers ) ; goth. Ri ( sur, à) ; vieux
ail. Pi (sur, à). L'idée sur, envisagée sous le point de vue
breu Be (sur, auprès,
gr. ePi (sur, auprès);
la
produit
actif ,0x1 combinée avec l'idée de mouvement,
devers, et exprime aussi l'idée de ce qui se
signification
répand, de ce qui est plan. Ainsi, en sanscrit, Va signifie
ce qui se répand, l'air, l'eau; héb. Mai' (eau). L'idée de
surface plane se montre
davantage dans le mot sanscrit aP (eav^^Bj
lat, oeqvor, aqva; ail. éBen). L'idée de
de parité;
c'est pourcelle d'égalité,
plat, uni e^BPfre
égal, semquoi les mots sanscrits Va, iYa, eVa signifient
blable, de même que, aussi. Le mot Va est devenu conjonction préfixe, et de même que i en zend et dans les langues
ex. : ar. Va- (et); éthiop. Va- (et) ; héb. Ve ,
sémitiques;
Va- (et) : en latin il est devenu une particule
disjonctive
ex. : plusVe, minusVe,
siVe, etc. L'idée de
enclitique;
répandre,
étendre, prise dans un sens plus abstrait,
signifie
GLOSSAIRE.
384
dériver,
éloigner,
descendre. Telle
est la signification
des
suivantes : sansc. dVa, aVa; gr. aPo; lat. aB;
prépositions
goth. aF-; v. h. ail. aP-, etc. etc. Enfin l'idée de sur, aucelle de présent, et cette dernière
fait naître
près, produit
l'idée d'objet, que ce soit une personne ou une chose. C'est
dans les langues indo-germaniques,
Ma désigne
pourquoi,
et Mas la première perla première personne du singulier,
sonne
moi),
(moi),
du
ex. : sansc. Ma-t (de moi), Ma-ji (en
pluriel;
etc. as-Mi (je suis), s-Mas (nous sommes);
gr. Me
es-Mi (je suis),
es-Mès [nous sommes);
lat. Mé
su-M (je suis), SU-MHS [nous sommes),
era-M (j'étais) , era-Mas (nous étions);
goth. i-M (je suis), siju-M
v. h. ail. pi-M (je suis), pira-Mès (nous
(nous sommes);
sommes), etc. Dans quelques cas, Ma s'est changé en Na;
(moi),
ex. : sansc. Nas (à nous); lat. Nos (nous) ; gr. Ndi (nous deux);
dans quelques autres cas, il s'est changé en Va; ex. : go\it
sansc. Vam (à nous
(nous deux);
thique Veis (nous),
le pronom personnel
deux). Dans les langues sémitiques,
Ma s'est changé en Na; ex. : héb. aNi (moi),
katab'Nu
katab'Ti
(p. /caia&'Ni) (j'ai écrit),
èk'tôb (p. aKk'tôb) (j'écrirai),
forme Me
l'ancienne
Cependant
écrit),
aNu (nous),
(nous avons
Nik'tôb
(nous écrirons).
s'est coj^^kée
dans les
et quelques
substantifs,
avec^l^gnification
de personne qui, ou chose qui; ex. : ar. Maq'tulu
primitive
(qui est tué) ; héb. Mekuttab ( qui est écrit), MaTkoakh (qui
à la terest pris), butin, etc. Ce Ma répond exactement
participes
Ma dans beaucoup de mots indo-germaniques;
cette chose); lat. ideitf
ex. : sansc. saMa (cette personne,
minaison
(cette personne,
brille),
soleil;
cette
iigMa
sansc. bhâMa (chose qui
chose);
(qui est aigu), etc. etc. Dans les lan-
INTRODUCTION.
385
l'ancienne
forme Ma s'est encore congués sémitiques,
ex. : héb. Mi (qui?),
servée comme pronom interrogatif;
etc. En résumé, les consonnes labiales exMah (quoi?),
priment
l'idée
de sar, d'où découlent
toutes
les autres
Le geste qui correspond
à ces différentes
est celui qui consiste à placer le plat de la
significations
main sur la poitrine.
Ce geste indique l'idée de sur, cousignifications.
aplatir, et l'idée
Dentales. Te, De,
vrir,
de présence, de personnalité,
etc.
consonnes
]pe (Se, Re). —Aux
dentales , nous devons ajouter la sifflante S parce que,
dans toutes les langues, elle est née de l'assibilation
d'une
dentale (voy. p. 93). Il est vrai que 5 provient quelquefois
d'une gutturale sifflante (ch) qui a rejeté son élément guttural (voy. p. 77); mais ce cas est bien rare, et le plus
souvent S dérive d'une dentale,
de T.
principalement
Puisque nous rangeons dans cette classe la sifflante S,
nous devons aussi y ranger une certaine espèce de R, car
de la consonne S (voyez
ces R dérivent immédiatement
page 76).
Les consonnes
la désignation
de cette classe expriment
la plus précise d'une chose, en la montrant
pour ainsi dire
du doigt. Ellej^ignifient
donc ce que nous exprimons par
le mot ce/ G est.pourquoi
les dentales servent principalement à former des pronoms démonstratifs; ex. : ar. Sa (ce);
héb. Se (ce), èT (accus, ce) ; éthiop. Se (ce) ; sansc. Sas (ce),
Tam (ace. ce), eSaS ( celui-ci),
iDam (celui), asTi (il est),
sanTi (ils sont). Gr. De" (ci), opposé à men (là); To (ce),
Toï (les), esTi [il est), enTi ( ils sont). Lat. : iS (ce), iSTe
iD (cela), iDem (ce même); esT (il est), sunT
(celui-ci),
(ils sont). Goth. : Sa (ce), J)ai (eux), saltiTh (il saute),
GLOSSAIRE.
386
saltanD (lat. saltant). V. h. ail. Dé'R (ce), Die" (les), valliT
(il tombe), vallariT (ils tombent).
La classedes dentales forme aussi des adverbes de temps;
ex. : sansc. TaDa (dans ce temps); gr. ToTe' (alors); la(alors); goth. T/id (alors); v. h. ail. Da (alors);
ar. iDs, iDsara (alors); héb. àD, àS (alors).
tin
Tune
Comme
la personne la plus proche qu'on puisse désigner est celle à qui l'on parle, les dentales et leurs dérivées
servent à marquer la seconde personne; ex. : ar. anTa (tu),
kumTum (vous
(tu étais debout),
étiez debout). Héb. : affiah (tu), atTèm (vous);
qatalTa
(tuas tué), q'taVTèm (vous avez tué). Sansc. Tvam (tu);
ôaraTha (vous portez).
daddSi (tu donnes);
Gr. Ta, Sa
araTum
(vous);
kumTa
histaTé
(vous placez). Lat. : tu
(tu); legiS (tu lis), legiTis (vous lisez). Goth. ^Thd(ta);
saltiS (tu sautes), saltiTh (vous sautez). V. h. ail. : Dd (tu);
(toi);
histèS
(tu places),
valliS
(tu tombes), vallaT (voustombez).
Comme il faut nécessairement,
pour qu'on puisse montrer une chose dans tel ou tel état, que cette chose ait
réellement
déjà passé dans cet état, la particule démonstrative Ta indique
aussi le temps passé, et le passif des
verbes dénominatifs,
dont la conjugaison^^;
jfai&Ze, c'està-dire qui n'ont plus la faculté d'exprimer
le temps passé
et le passif par le changement de la voyelle radicale (voyez
page 375) ; ex. : sansc. uklas (voici qui est dit), dit; pallias
tombé; gr. leliTos (dit);lat./acTw
(voici qui est tombé),
v. h.
(fait); goth. aljiYhs (nourri);
aljïDa (j'ai nourri);
ail. neriTér (conservé), nerila
(j'ai conservé), etc. Comme
la signification
réfléchie dérive de la signification
passive,
la particule
Ta, qui exprime le passif, peut aussi expri-
INTRODUCTION.
387
merle pronom réfléchi. Ainsi, dans les conjugaisons faibles
Ta exprime
des verbes sémitiques,
quelquefois le passif,
mais le plus souvent le réfléchi ; ex. : héb. hiï'makker
(être vendu),
ar. Taqattala
invicem
(se tourmenter,
se frapper
percuti),
(ail. gegenseitig
ment, etc. etc.
Nous
(être
hiTqaddesh
beschickt
avons encore
se sanctifier;
sanctifié),
s'ingénier),
(lat.
Taqâtala
Tardsala
réciproquement;
werden),
à considérer
s'envoyer
réciproque' .
les dentales
et leurs
à leur signification
active, ou par
par rapport
Cette classe exprime la
rapport à l'idée de mouvement.
direction d'une chose vers un point indiqué. Comme ce
dérivées
être plus ou moins rapproché
de la personne
également bien le mouqui parle, les dentales expriment
vement d'ici là et le mouvement
de là ici, le mouvement
point peut
de haut en bas et le mouvement
de bas en haut; ex. : sans-
(vers), aT (dehors) ; gr. èS (vers), -Dé" (S6(u>vSe),
vers; lat. aD (vers), uT (vers), afin que; goth. aT- (vers),
Da- (vers), uT- (dehors), uS- (dehors); v. h, ail. aZ- (vers),
crit aTi
ïïL- (dehors), aR- (lat. ex), aR-, iR-.
Zd-, Zë- (vers),
Tout mouvement
peut être considéré sous le point de
de la séparation, ou sous celui de la
vue de l'éloigneraient,
du rapprochement.
jonction,
ration est celle de la suffixe
La
de sépasignification
dentale -T,-D,
qui indique
langues indo-germaniques;
l'ablatif dans les anciennes
sansc. lasmaî (delà);
ex. : zendgarôiT
(dela montagne);
v. lat. proedaD (de la proie). Le génitif est dérivé de l'ale S, qui caractérise
c'est pourquoi
presque toutes les langues indo-germaniques,
blatif;
que l'assibilation
du T de l'ancien
ablatif.
ce cas dans
n'est autre
La signification
25.
GLOSSAIRE.
388
de ÏS est donc aussi la même
elle est plus métaphysique
tandis que l'ablatif exprime
que celle du T, seulement
parce qu'elle est dérivée. Ainsi,
la séparation
matérielle
et phyla
métaphysique,
sique , le génitif désigne la séparation
de l'effet à la cause, etc. L'idée de
le rapport
dérivation,
séparation,
particules
est encore
d'éloignement
suivantes : gr. -Then (d'ici
De-, Se'-, DiSv. h. ail.
tion
exprimée dans les
là); lat. De' (de),
DiS (pour Du-uS);
De'-Se'); goth.
(pour
Zi-aR-, Zëiiî, etc. Au contraire,
se montre
l'idée de jonc-
dans l'adverbe
grec ^Ti (ajouté à), encore,
et dans la conjonction
latine eT (et). En résumé, les
dentales et leurs dérivées ont deux significations
princi-
toutes les autres : l'une est ce! qui
pales d'où découlent
l'autre est vers ce!
désigne les objets dont il est question,
Le geste qui exprime la signifiqui indique la direction.
cation des dentales est celui par lequel on montre du
doigt un objet, ou par lequel on en montre la direction.
Gutturales K, G, Y, H. — Les gutturales
ont, comme
les dentales,
une signification
avec cette
démonstrative,
que les dentelés désignent l'objet dune manière
absolue, tandis que les gutturales le désignent relativement
à d'autres objets; ex. : lat. Cis ( ce côté, opposé à l'autre),
différence
en deçà; eCCé' (ce! de ce! voyez-le de ce côté!), le voilà.
Héb. He'e (eh!),
le voilà! Goth. iK (ceci! opposé à Tu,
cela! ), moi; sansc. aHam (moi); gr. éGo; lat. e'Go; héb.
andKi.
cela
on
les pronoms
conçoit
pourquoi
sont tous formés de gutturales. Les prorelatifs primitifs
noms démonstratifs,
formés de gutturales,
sont toujours
plus relatifs que ceux formés de dentales, ainsi : lat. HiC,
D'après
HoeC , HoC (ce, dont
il s'agit),
est moins
fortement
dé-
INTRODUCTION.
389
et plus relatif que iS, iD; héb. Hal- (le, la),
moins absoar. Hue (lui) sont des pronoms démonstratifs
lus que Sèh. Aussi arrive-t-il
que dans les langues sémidémonstrative
Ta,
qui marque la
tiques , la particule
monstratif
se change en lia toutes les fois qu'elle
seconde personne,
n'est pas absolue, mais relative et dépendante,
c'est-à-dire
toutes les fois qu'elle est régime; ex. : héb. q'taluKa (ils
q'taluKem (ils vous ont tué), l'Ka (à toi), b'Kèm
(en vous), etc.
Comme l'idée de disjonction
nécessairement
implique
l'idée de relation, les gutturales qui expriment
la relation,
font tué),
servent aussi à former
des particules disjonctives; ex. : an; allem. Ye'- Ye'.
glo^sax. Gé'-Gë (lat. cum-tum)
La particule
Ta, nous le répétons,
désigne les objets
d'une manière absolue : les objets à désigner n'étant pas
considérés par rapport à d'autres objets de la même espèce,
ne peuvent pas être confondus avec ces derniers;
l'indication est par conséquent précise, certaine, affirmative.
Ka, au contraire,
particule
désigne les objets d'une
La
ma-
nière relative;
les objets à désigner sont considérés,
par
rapport à d'autres objets de la même espèce, avec lesquels
on pourrait
les confondre ; l'indication
n'est donc ni
Celte particule indique
absolue, ni précise, ni affirmative.
dans l'esprit,
et
par conséquent une espèce d'incertitude
cette incertitude
fait naître la question. C'est pourquoi
les
forment
non-seulement
les pronoms
relatifs,
gutturales
mais aussi les pronoms
D'un autre côté,
interrogatifs.
l'incertitude
ou l'état de l'esprit de ne pouvoir s'expliquer
une chose, produit l'étonnement,
et par suite l'exclamation : en effet, l'exclamation
quel homme ! n'est qu'une autre
390
GLOSSAIRE.
de dire : comment
manière
C'est pourquoi
les gutturales,
des pronoms
qui forment
peuvent aussi former des mots exclamatifs.
interrogatifs,
Nous donnerons,
famille
être un tel homme ?
peut-on
comme
de la nombreuse
représentants
des mots relatifs,
et exclamatifs, les
interrogatifs
;
exemples suivants : héb. H" (particule
interrogative)
1
sanc. Kas (qui), Ya (qui), Yadi (quand);
gr. Pote (pour
lat. Qui (qui);
Kote'), quand; Pos (p. Kos), comment;
goth. Huas (qui);
Quant à leur
v. h. ail. Hvër (qui),
active,
signification
signent
le mouvement
considéré
relatif,
c'est-à-dire
comme
non
ou disjonction. Ainsi,
Ga-, v.-h.-a. lia-,
prépositive
jonction
etc. etc.
les gutturales
désous le point de vue
mais comme
direction,
en gothique,
lii-, de même
la particule
que la par-
au conde jonction;
traire , en grec, la préposition eK exprime l'idée de disjonction, de séparation. La particule gothique Ga- se trouve
ticule
latine
Con-,
ordinairement
tel qu'il
facilement
de société,
essentiellement
jonction
intime,
l'idée
était
le sens primitif
avec l'idée de jonction,
dans les mots dont
se combinait
d'alliance,
l'avons
exprime
de
de réunion.
la
particule
aussi vers,
En cela,
Du-,
Ga- diffère
Ta-,
qui,
nous
une
mais qui exprime
signifie
fortuite
dans laquelle il n'y a aucune relation
nécessaire entre les objets qui se joinaturelle,
vu,
gnent.
En résumé,
d'une
générale
est une
Cette idée qui
l'entendement
humain,
logicien
les gutturales
expriment
l'idée de rapport ou de relation.
des
de
catégories
principales
a produit
une infinité
d'autres
peut suivre
dans leurs
filiations
manière
que le
et leurs ramiidées
INTRODUCTION.
à l'aide
fications
des indications
comparative des langues.
Les gestes qui expriment
des gutturales,
se font
391
fournies
par
l'analyse
les différentes
significations
tous avec les deux mains, comme
entre deux termes.
la relation
existant
pour indiquer
ou la séparation, le geste
Ainsi, pour désigner la jonction
naturel consiste à rapprocher ou à séparer les deux mains ;
de même que pour exprimer la question,
letonnement,
on étend ou on lève les deux mains enl'admiration,
semble.
— Ces deux consonnes ont eu, dans
Le.
Re,
Liquides
et les différentes langues
l'origine, la même signification^
n'ont préféré l'emploi
de l'une ou de l'autre,
que selon
qu'elles avaient une plus ou moins grande facilité à prola lettre R n'était pas
noncer R ou L. Originairement
liquide, c'était au contraire une consonne forte née de Q,
la plus forte des gutturales
(voyez p. 76). Cet R guttural , différent
par son origine du R faible né de S, est
et a engendré
devenu peu à peu plus doux, plus liquide,
le son L. Pour indiquer
l'analogie
qu'il y a entre L et R
et pour rappeler la nature plus liquide de L, cette lettre
(b) se trouve placée dans l'alphabet
après la gutturale
K (2),
que R (1) se trouve
de même
placé après la gut-
Q (p) dont elle est dérivée. Mais K est une consonne plus douce que Q; on peut donc établir les rapports
suivants : K est à Q comme L est à R, et K est à L comme
turale
Q est à R. Comme
de R était rude dans
l'origine,
de saillie,
d'éruption,
aKislos).
la prononciation
cette lettre exprime l'idée
de grandeur
(cf. gr. aRi-,
le sens actif, Ra signifie s'étendre,
d'éminence,
Dans
de sortie,
e'Ri-,
aller,
392
GLOSSAIRE.
L indique
(cf. sansc. Ri, R). La liquide
l'idée d'élan,
de longueur,
généralement
d'éloignement.
La signification
fait que L combiné avec
d'éloignement
une particule
l'idée que nous
démonstrative,produit
saillir,
s'élever
exprimons
parle mot là! (ce qui est éloigné). Exemple:
hébr. hah- (cela) le; elhèh (lat. ilLos , ilLas);
e'L (là)
vers cet endroit-Zà;
Le- (là!) vers, particule
qui exprime
ordinairement
le datif. Lat. ULud (cela); aLius (le plus
éloigné) l'autre, àLter (le plus éloigné des deux) l'autre;
uLtra (du côté éloigné) au delà. Gr. aZLos (l'autre),
etc.
Le geste qui exprime
les différentes
de
significations
R et de L, est celui qui consiste
le porter brusquement
en avant.
Nasale N.
—
Quant
nasale
à étendre
le bras, ou à
à la prononciation,
la consonne
d'affinité
avec la labiale
nasale M.
N a beaucoup
C'est pourquoi
dans toutes
permutent
les langues, ces consonnes se
entre elles, de même que dans
quelquefois
elles se trouvent
l'alphabet
Quant à la signification,
davantage de la liquide
et l'autre,
sanscrit,
l'idée
on dit
placées l'une à côté de l'autre.
N diffère de M, et se rapproche
L. En effet, R et L désignent, l'un
d'éloignement,
aNyas (celui-là)
aNthar (l'autre);
en goth. on dit
L'idée
d'éloignement
d'extension.
l'autre;
en latin,
Ainsi,
en latin,
araméen
empêcher);
La
aLius;
aLfer
(l'autre).
celle de négation,
car on
produit
la demande, la proposition,
quand on
on rejette
s'y refuse, ou quand on la nie. La négation s'exprime
tantôt par L, tantôt par N, mais le plus souvent
consonne;
plus énergiquement
par cette dernière
éloigne,
en
aussi
et le
ex. :
Nde (éloigner,
(non); hébr. aL, Ld (non),
sansc. aN- (non-), a- (p. aN) non, Ma (p.Na)
INTRODUCTION.
393
non; gr. aN- (non-), a- (p. aN) non, Ne- dans Ȕjwa,9->fs,etc.;
lat. Ne; Ne- dans nemo, etc.; NôN (non), iN- (non) dans
etc. etc. De l'idée
iniquus, etc.; isl. d- (p. uN-, non-),
d'extension dérive celle de direction, soit de direction
en
bas; ou le long d'une chose, ou vers, ou après une chose;
ex. : sansc. â- (p. aN-) vers; aNn (après); Ni (en bas);
gr. aNa (le long); lat. iN (vers), etc.
Le geste qui exprime les différentes
de
significations
N, est celui qui consiste à porter la main de gauche à
droite. C'est, en effet, le geste qu'on fait pour éloigner,
pour refuser une chose, ou pour indiquer
qu'un objet
descend,
s'étend le long
de, s'en va, etc.
CHAPITRE
DE LA
Nous venons
FORMATION
II.
DES
THEMES.
de voir
des
quelle est la signification
différentes lettres,
ou des éléments dont se composent
les mots. Ces éléments sont, pour ainsi dire, les matériaux
de différentes
manières, produisent
qui, combinés
thèmes dont dérivent les mots. Les thèmes forment,
les
par
abstrac-
conséquent, la charpente ou le corps des mots,
tion faite de leurs terminaisons,
et de tout changement
et grammatical.
purement euphonique
Les thèmes les plus simples sont ceux qui ne renferment qu'une seule consonne. Dans cette
première classe,
ss trouvent les thèmes dont dérivent
les mots qui déside
gnent le lieu ou le temps, ou les différentes relations
lieu et de temps. De ce nombre,
sont les pronoms,
les
394
GLOSSAIRE.
les conjonctions,
et en général, la plupart des
prépositions,
Il y a aussi quelques verbes
petits mots appelés particules.
formés de thèmes à une consonne. Ainsi, par exemple, la
Pe (sur) prise dans le sens actif ou comme verbe,
signifie se mettre sur, couvrir, protéger; sansc. TTT- La dentale Te (cela) forme le verbe Ta (là), déposer; (sansc. ^T;
gr. Tl-o-rt-fu), ou le verbe Da ( là ! tenez ! ), donner ( lat. dare,
labiale
gr. Sl-Sco-fu). La gutturale
Ge (voyez p. 3go) forme le verbe
Ya, joindre (sansc. ^T); ou le verbe Ga qui signifie aller
vers [sansc. ïTT, ^TT, gr. (H)<k> (Hiè-mi,
faire aller, enou laisser derrière, quitter (sansc. ^T),
voyer) lat. (H)ire],
La
parce que joindre et quitter sont des idées corrélatives.
Re (éruption,
forme le verbe aRo,
liquide
mouvement)
marcher (sansc. ÏR). La liquide
Lev(élan),
prise dans le
sens actif, forme le verbe aLa (élancer),
élever; lat. altus
(élevé), alere (élever), nourrir.
Les verbes à une consonne sont en petit nombre, parce
que l'idée d'une action peut rarement
s'exprimer
par un
seul geste, un seul mouvement,
un seul son; mais elle
le plus souvent
s'exprime
sentés par deux éléments
sonnes.
Aussi,
ordinairement
par
Ta (ici)
=PAKA
(mouvement
sur),
(sansc. *T"I ; goth. fanga).
-+- Pa (SUT) = KAPA (mouvement
vers),
prendre
Ka (mouvement)
tendre,
mouvements
repréou par deux conphoniques
le thème verbal primitif
se compose-t-il
de deux consonnes ou de deux syllabes;
exemples :
Pa (sur) -+- KA (mouvement)
atteindre,
deux
atteindre,
prendre (goth. giban;
-+- Na (là) — TANA (mouvement
(sansc.
clrT;
gr. telva, etc.).
lat. capio).
d'ici là), tendre
INTRODUCTION.
395
d'ici là), répan-+- La (là) = TALA (mouvement
dre, lâcher (sansc. rlpi ; gr. TÉXXM).
La (là.) -f- Ta (voici ! ) — LATA (le voici ! ), répandre, lâcher,
laisser (goth. lêtan, etc.)
Ta (ici)
=
Ra (éruption)
-+- Ga (mouvement)
gir), s'élever, être éminent, briller.
Va (lat. ab) -+- Ga (mouvement)=
RAGA (sortir,
sur-
VAGA (s'en aller),
se
mouvoir).
Na (là) -*-Pa ^sur, vers)=NAPA
saillir (ïsl. nef, nez), etc. etc.
Dans les langues sémitiques,
mairiens
(s'étendre
vers), avancer,
les verbes
que les gram-
arabes désignent sous le nom de creux, corresà deux consonnes;
aux verbes indo-germaniques
pondent
par exemple : rVBf' (placer) correspond à SITA (être
à RAMA (être fort),
assis), a-n (être grand)
t]i3 (être
etc. Ces verbes sont en petit
élevé) à NaPa (saillir),
nombre, parce que les thèmes des verbes sémitiques sont
ainsi,
devenus,
pour
consonnes, en
la plupart,
de trois
syllabes
ou de trois
aux thèmes primitifs
bissyllaajoutant
biqufcs, une consonne préfixe ou une consonne suffixe.
Cette syllabe ajoutée peut être appelée syllabe déterminala
tive, parce qu'elle ne fait que préciser et restreindre
du thème
signification
thème KATA, atteindre,
en hébreu,
n-ro,
les verbes
jrxp,
En retranchant
signification
Cela prouve
consonnes
fïp,
primitif
frapper
à trois
rrvp,
la dernière
bissyllabique.
Ainsi,
le
(lat. coedo, cudo) afbrmé,
syllabes suivants : "rli,
3-vp, n-ïp, ptap, b-op, etc.
consonne
de ces verbes,
la
mais l'idée générale reste.
spéciale disparaît,
les deux premières
que ce sont proprement
le sens du verbe, et que la troiqui forment
GLOSSAIRE.
396
la
que pour préciser et restreindre
Parmi les prégénérale du thème primitif.
signification
fixes déterminatives,
celle qui est la plus fréquente
est
la préfixe 2. Si l'on compare les verbes m " 3, "p " 3, hB " 3,
etc. aux verbes creux rm,
rn£), fis,
^D,
}>S-3, 3V3,
sième
n'est
ajoutée
que ces deux espèces de verbes ont
dans l'origine,
et qu'ils ne diffèrent
main-
c_jLo, etc. on trouve
été identiques
tenant les uns des autres
apportée
l'addition
que par la légère modification
à la signification
des- verbes bissyllabiques
par
traduire
en allede la préfixe 2 qu'on pourrait
mand par ZiiN : ainsi "j-ïb (ail. giessen), "^D3 (ail. hiNgiessen),
"Tfft (ail. stossen), IVT3 (ail. hiNstossen), etc.
Ce que nous
aussi
s'applique
suivi exactement
venons
de dire
des langues
sémitiques,
aux langues indo-germaniques
qui ont
la même méthode
dans la formation
en ajoutant aux
tantôt une consonne préthèmes primitifs
bissyllabiques
fixe, tantôt une consonne suffixe. Ainsi, la dentale De,
des thèmes
de plus de deux
consonnes,
Te (dont la signification
au mot latin ex, ou
correspond
au gothique uS-, Du) en s'ajoutant au thème RAGA (élever),
forme les thèmes dérivés T-RAGA (lat. ex, regere), tirer,
(lat. ex, tollere), soulever, emporter. Si le
thème
à deux consonnes
commence par
bissyllabique
une labiale ou une gutturale
ou la liquide
L, la dentale
traîner,
D-RAGA
se change ordinairement
en 5; ex. : de PAKA (lat.
capere) s'est formé S-PAKA (excipere,
percipere), apercevoir; de MITA (lat. mitlere) s'est formé S-MITA (emitlere),
préfixe
de LAGA (lancer)
s'est formé S-LAGA (lâjeter, frapper;
cher un coup), frapper;
de MAGA (étendre)
[lat. magnus
sest
(élancé)-, paxpos (long), macer (mince), fuxpos (petit)]
INTRODUCTION.
397
formé S-MAGA (élancer, amincir),
aftixpâs (menu), etc. etc.
Les préfixes labiales Re, Pe, Fe, Ve, Me, dont les significations sont, exprimées par les particules lat. aR, goth. uPde beaucoup
Ba-,. sansc. aNa, entrent dans la composition
de LATA (répandre)
se forme
de thèmes dérivés. Ainsi,
de RAKA (éruption)
se forment
B-RARA (rompre,
casser), M-RAGA (crever),
poindre,
V-RAGA (lat. ab, regere, détourner),
pousser, chasser; de
F-LATA
(surface,
plat);
lat.
est formé F-LUGA (s'envoler),
répandu)
flot± héb. FA-LAG (serépandre).
f-luctus (qui se répand),
par les liquides L,
Beaucoup de thèmes qui commencent
LUGA (être
R ou la nasale N,
préfixes les gutturales Ge, Ke,
sont exprimées par la particule
He, dont les significations
grecque eK (lat. ex).
goth. GA ( lat. Con-), et la préposition
G-LOIIA (lat. elucere) est formé de LTJHA (être saillant,
ont pour
; G-RAHA (ex-surgere), croître, est formé de RAKA
(s'élever); K-LAKA (lat. concutere), claquer, est formé de
brillant)
LAKA (lâcher un coup); K-NAKA (lat. complicare),
plier,
casser, est formé de NAKA (pencher, plier), etc. C'est ainsi
que les thèmes
thèmes de trois
de
deux
consonnes
sont
devenus
des
consonnes
dans les langues indo-germaniques aussi bien que dans les langues sémitiques. Il y a
seulement cette différence entre ces langues, que dans les
préfixe s'ajoute au thème sans
d'une voyelle, tandis que dans les langues
la consonne préfixe est toujours suivie d'une
la
premières,
l'intermédiaire
consonne
sémitiques,
voyelle, ne serait-ce
Il est digne
que d'un simple e muet appelé cheva.
de remarque que plus les idiomes sémitiques
de leur point de contact
s'éloignent géographiquement
dans la Babylonie,
avec les langues indo-germaniques,
GLOSSAIRE.
398
des verbes tendent à se faire
plus les éléments-consonnes
suivre de la voyelle a. Ainsi, les langues de la Syrie ont
de près du thème
formé le verbe B'RAKA qui se rapproche
B-RAKA (briser, casser). Les dialectes de
indo-germanique
la Palestine ont formé le verbe BARAK, et enfin ceux de
le verbe BARAKA.
et de l'Ethiopie,
les thèmes
Dans les langues sémitiques,
l'Arabie
sont,
pour la
d'autant
composés de trois syllabes, c'est-à-dire
plupart,
de syllabes qu'il y a de consonnes. Dans les langues indoau contraire,
ils sont toujours
de deux sylgermaniques,
labes bien qu'ils soient composés souvent de plus de deux
n'ont guère dépassé,
consonnes. Les langues sémitiques
dans leurs thèmes, le nombre de trois consonnes; mais,
il s'est formé des
les langues indo-germaniques,
thèmes qui ont jusqu'à cinq consonnes. Ainsi, de RAKA
lat. regio) on a formé T-RAKA
(ex-tendere),
(étendre,
T-RAKA on a fait S-T-RAKA (ail. slrecken),
et
tirer^de
dans
enfin
de S-T-RAKA
on
a formé
S-T-RAK-SA
ttjTjl ), se diriger, marcher.
Ce qui vient d'être dit de la formation
(sansc.
des thèmes
au
suffit pour faire comprendre
le
moyen des consonnes,
et la structure
des langues. Les
intérieure
mécanisme
mots
se forment
d'une
manière
analogue
à la formation
des idées : plus une idée est dérivée, logiquement
parlant,
est aussi dérivé, grammaticaplus le mot qui l'exprime
continu
lement parlant. Ce parallélisme
qu'on remarque
entre
les idées et les mots,
par la philologie
fournit
un des problèmes
à savoir, le problème
métaphysique,
de nos idées.
formation
En
effet,
le moyen de résoudre
les plus curieux de la
de l'origine
le philologue
et de la
qui dé-
399
INTRODUCTION.
des langues l'origine
par cela même aussi
montre
par l'analyse comparative
des mots, explique
et la dérivation
et la filiation
la formation
Il nous resterait
mots dérivent
mots
se fait
des idées.
maintenant
des thèmes.
entrer
Mais comme
comment
la formation
les
des
dans les différentes
différemment
nous ne pourrons
dirons seulement
à montrer
dans aucun détail
langues,
à ce sujet. Nous
que les thèmes sont changés en mots,
les terminaisons
en prenant
qui désignent le genre, le
nombre, les personnes, les déclinaisons,les
conjugaisons,
du discours,
les différentes
parties
changements
euphoniques
etc. et en subissant
à chaque
propres
langue
les
en
particulier.
III.
CHAPITRE
DE
LA
DISPOSITION
DANS
Ce qui
LE
DES
MATIERES
GLOSSAIRE.
a été dit du mécanisme
et de la structure
des
en même temps le plan que
langues explique et justifie
nons avons suivi dans le glossaire. On remarquera
d'abord
sont
que les mots des trois poëmes que nous publions,
sous leurs thèmes
Les
rangés par familles
respectifs.
thèmes qui ont une origine commune,
ont été tous placés
les uns après les autres. Ainsi, B-RARA, B-RAGA, M-RAGA,
M-RAKA,
etc. ont été mis
parce qu'ils étaient
mais à mesure que l'idée gés'est spécifiée, les différentes
ensemble,
dans l'origine;
identiques
nérale du thème primitif
nuances de cette idée se sont exprimées
par des thèmes
GLOSSAIRE.
400
un peu différents les uns des autres, et exprimant
de l'idée générale. Ainsi,
une nuance particulière
chacun
B-RAKA
le sens propre casser, B-RAGA exprime le sens
M-RAGA signifie sortir en
éclater, briller;
métaphorique
éclatant, crever; M-RAKA signifie broyer, fouler, imprimer.
exprime
Dans
les langues
est une des plus
1p3
(brisé,
plié),
sémitiques,
grandes;
genou,
cette
famille
ex. : Tp;j (briser
p"o (éclater),
de thèmes
en pliant),
pn% (éclair),
en coupant), façonner,
^is (briser en écran*i3 (briser en perçant), se frayer un chemin,
ms
S»*12- (briser
sant),
(percer), germer, sortir, jfls (percer en s'élevant), surgir,
commencer, etc. etc. Nous avons tâché de disposer les
de manière qu'ils s'enchaîthèmes d'une même famille,
faciles. Mais
nent les uns aux autres par des transitions
comme le glossaire ne renferme que très-peu de mots, et
par suite qu'un petit nombre de thèmes, il s'y trouve
la filiation.
Quant
beaucoup de lacunes qui interrompent
dans lequel se succèdent les thèmes de famille
il est le même que celui dans lequel nous
différente,
avons rangé les éléments - consonnes ( voyez p. 382 ).
Viennent d'abord les thèmes qui commencent
par une
à l'ordre
par une dentale,
puis ceux qui commencent
enfin
ensuite ceux qui commencent
par une gutturale,
ceux qui commencent
par les liquides R et L et la nasale
labiale,
sont
N. Dans chaque classe, les thèmes monosyllabiques
mis à la tête; suivent ensuite les thèmes bissyllabiques,
puis ceux qui ont une consonne préfixe. Le rang des
de chaque classe est déterminé par
thèmes bissyllabiques
la nature de la seconde syllabe, selon qu'elle est labiale,
dentale,
gutturale,
liquide
ou nasale. Ainsi,
la première
INTRODUCTION.
classe se suit
dans l'ordre
Comme
les mots dérivent
ni
du thème,
verbe,
du discours
indifféremment
exprimée
avec labiale,
labiale avec
avec gutturale,
avec N, et ainsi pour les autres classes.
encore lui-même,
autre partie
: labiale
labiale
labiale avec dentale,
R et L, labiale
suivant
401
ce dernier
ni substantif,
ni
n'est
quelque
donc être
: sa signification
peut
le substantif,
par le verbe,
etc. Les substantifs
abstraits
l'adjectif,
pres à exprimer l'idée du thème ; mais,
sont les plus procomme ils sont en
par
petit nombre dans notre langue, il a fallu y.suppléer
des verbes et des adjectifs. Nous avons expliqué la signification du thème ordinairement
par trois verbes, dont le
du thème,
premier exprime le sens physique ou primitif
et le
le sens métaphysique ou métaphorique,
second, le sens moitié physique et moitié métaphysique,
le troisième
servant
étendu
de transition
de l'un
à l'autre;
cation
matérielle),
(signification
moitié
moitié
matérielle,
brillant
(signification
tièrement
rielle),
où l'idée
'être
ex. : TIVA,
saillant
(signifiêtre
métaphorique),
matérielle
d'étendu a en-
S-PAKA, prendre (signification
moitié
matérielle,
(signification
disparu).
percevoir
métaphorique),
Là signification
être
entièrement
(signification
physique des thèmes est difficile
voir
matémoitié
idéale).
à expri-
mer par un seul mot, parce qu'elle est toujours vague de
sa nature,
comme ont dû l'être en général les idées de
l'homme primitif.
Ces idées avaient beaucoup d'étendue,
mais peu de compréhension,
comme diraient les logiciens.
A mesure que les idées deviennent
plus précises, c'est-àdire a mesure qu'elles perdent de leur étendue et gagnent
en compréhension,
la langue
devient
aussi plus.précise.
26
GLOSSAIRE.
402
C'est pourquoi nos-langues modernes n'ont plus de termes
exactement
le sens
assez vagues pour pouvoir exprimer
des mots. Aussi avons-nous été obligé d'emprimitif
souvent
lé même
mot pour exprimer
la signifithèmes. Tel est, par exemple, le
de plusieurs
mot étendre qui peut servir à désigner vaguement
différentes espèces de mouvements
dans
que nous exprimons
ployer
cation
langue par les mots allonger, lancer, éloigner, grandir, surgir, s'élever, saillir, croître, se diriger, se répandre,
etc. etc. Les grammairiens
marcher,
hindous
longer,
notre
cette idée vague d'étendre par le mot J^f (laexpriment
tin eundo), marche: et il ne faut pas s'étonner qu'ils
à un très-grand
cette signification
donnent
nombre de
est, pour
parce qu'en effet, l'idée de mouvement
de beaucoup de notions. Quant à la
ainsi dire, l'embryon
moitié
moitié
physique,
signification
métaphysique,
racines,
elle est plus précise que la signification
matépurement
rielle. C'est elle aussi qui a été la cause de ce que le thème
s'est diversifié dans plusieurs thèmes de la même
primitif
la signification
est encore
physique
commune à tous les thèmes de la même famille; mais ces
dans leur signification
thèmes diffèrent
moitié physique
moitié
Enfin
la signification
métaphysique.
métaphofamille.
En
effet,
la
rique est parfaitement
précise ; elle est ordinairement
même que celle des verbes dérivés du thème. Les trois
dont nous venons de ^parler,
espèces de significations
trois périodes principales
dans le développeindiquent
ment des notions; et cette partie logique du glossaire peut
servir à montrer et à expliquer la formation et la filiation
de nos idées.
INTRODUCTION.
405
de la partie comparative du glossaire. Les langues que nous avons mises en comparaison
entre elles sont : le sanscrit t auquel peuvent être ramenées
Parlons
maintenant
toutes lés langues de l'Inde ancienne et de l'Iran ; le grec
ancien ; le latin , d'où dérivent les langues romanes ; le
gothique, qui est la souche de l'ancienne langue Scandinave,
phique
bien
delà
à cause de la position géograMceso-Gothiè, parmi les dialectes du haut-
qu'il
compte,
(voy. p. 8 ) ; enfin le vieux haut allemand, qui
teutônique
ce que le gothiqtie
est pour les idiomes de l'Allemagne
est pour les langues du Nord. Nous avons aussi fait entrer
en comparaison les langues sémitiques, toutes les fois que
l'identité des thèmes nous paraissait évidente. Comme les
la famille entière à
mots comparés doivent représenter
il est indifférent
que ces reprélaquelle ils appartiennent,
sentants soient des substantifs ou des verbes : cependant
nous avons donné
la préférence au verbe parce que sa
moins métaphorique
est généralement
signification
que
hindous font dériver
celle du substantif. Les grammairiens
les mots d'une espèce-de thèmes qu'on appelle communérecueillis
et
ment racines. Ces thèmes,
par Kasinatha
sanscrits, et
Vopadêva, forment la base des dictionnaires
nous avons dû aussi les admettre
dans le glossaire, bien
de l'avis des grammai-
que nous ne soyons pas toujours
riens hindous, ni sur la forme de ces thèmes,
ni sur la
signification qu'ils leur donnent. Ils ont formé ces thèmes,
Ta du parle plus souvent en retranchant
la terminaison
ticipe passé, et en donnant au résultat de celte opération
la signification
du verbe dont le participe passé était dérivé. Ainsi de =Hcl t ils ont extrait la racine ^\ qui, selon
26.
GLOSSAIRE.
404
Mais regardée de plus près, la prétendue
eux j signifie/aire.
comme tant
racine n'est, qu'une chimère
philologique,
racines
d'autres
mine
toute
de la même
la famille
espèce. En effet, si l'on exades mots qu'on fait dériver de ^5,
que le thème commun à tous est KARA, qui, de
du mot allemême que le thème RAKA, a la signification
De ce thème, dérive lé mot^T*.
mand recken (étendre).
on trouve
le rayon,
(ce ,qui s'étend),
{gr. xsip)>. etc. Dumot^îÇ:
dont
le thème
thème
explique
minal
nier
^f\3( (p. karavé).
karavatas,:mais
queue, la trompe, la main
(main) dérive un verbe déno-
la
est KARAVA (manier,
la forme
La forme
(p.
c^jfvj
primitive
faire).
Ce der-
karavâmi)
du participe
et
passé est
cette forme s'est raccourcie
en krtas. La forme
décrépite
^
et s'est changée
n'est donc pas une racine
et elle n'exprime
primitive,
pas l'idée de faire. Prenons encore un autre exemple : les grammairiens
hindous prétendent que°ïl'T
signifie aimer. Il est évident que aimer, étant
une idée dérivée,
ne peut pas être la signification
primitive
du mot (voy. p. 4oi ). En effet, l'examen démontre que le
thème KAMA signifie incliner,
courbure. Ce thème produit
les mots
ment
£<xfi<fc,lat. hamus (crochet),
etc. et c'est seule-
du substantif,
inclination,
signifiant
que dérive le
thème KAMAYA qui signifie avoir inclination,
aimer. Parce
que liamaya est un verbe dénominal, il se conjugue faiblement (voy. p. 386), c'est-à-dire d'après la dixième conjugaison; de même
qu'en latin
le verbe correspondant
hamare,
qui
d'après la première
conjugaison,
se conjugue
est également
une conjugaison
faible. Ces deux exemples
suffisent pour faire voir que les grammairiens
hindous,
d'ailleurs si savants et si exacts, n'ont pas dû nous servir
amare,
INTRODUCTION.
405
la forme et la
quand il s'agissait de déterminer
des thèmes.
signification
Il nous reste à dire quelques mots de la partie étymolodes mots islandais
est
gique du glossaire. L'étymologie
de guides
donnée
cela même
par
que nous indiquons
à la même famille,
le thème,
les mots qui appartiennent
et les mots
dans les autres langues. Les mots islandais,
correspondants
se rattachent
tous à leur thème comrangés par famille,
comment
la signification
indiquer
de chaque mot dérive de la signification
du thème. C?èst
nous avons ajouté entre parenthèses,
pourquoi
après les
mun;
mais
il fallait
mots islaûdais,
dérivation.
est tellement
la signification
De plus, comme
cette
qui explique
de plusieurs
mots
ne ressemblent
plus du tout
propre
la forme
changée qu'ils
à côté de
à leur thème, nous avons mis entre parenthèses,
autant qu'il était possible
ces mots, leur forme primitive
de la rétablir
par analogie. Enfin, pour rendre l'usage du
plus facile, nous avons ajouté à la fin une table
les mots rangés par ordre alphabétique.
renfermant
glossaire
LISTE
DES
ABREVIATIONS
EMPLOYEESJMLNS LE GLOSSAIRE.
jÉÊP— Latin.
G. — Gothique.
haut allemand.
V.—Vieux
A. — Anglo saxon.
Bl,—Basse latinité.
Vf.—Vieux français.
P. — Pour ( au lieu de. )
Cf. — Confer (comparez).
Al. — Allemand.
.
Vs.—Vieux
saxon.
GLOSSAIRE.
PAR UNE
COMMENÇANT
P, F, V, B.'
THÈMES
AFA, éloignement,
WJ; *™>'; L.
descente.
séparation,
ab;
DES
LABIALES
(Voyez
p.
383).—
V. aba.
G. af;
et les verbes
devant les substantifs
af, prép. de.—af-placé
de ces mots l'idée d'éloignement,
de
ajoute à la signification
— afa
descente, etc.; ex. : a/set (déposer),
a/sôgn
(refus).
— aftan ou
f. haine. [Cf. V. apuh,
abahon].
(éloignement),
aptan (qui vient après), m. n. soir. [Cf. V. abend; ntftài (qui
est en avant), matin;
Uldj ]. —: aftari (plus éloigné), m. postérieur. — eftir, eptir, adv. après. — aptar-koma
(venir après),
retourner.
UPA, sur, sous,
vers. — 3W; "«';
L. sub,
o'b;
V. oba.
G. uf;
of, prép.sur, vers. — of-; L. sus-, ex. : ofnëma (L. suscipere).
adv. en haut, d'en haut.—of,
ofur, ofar, ofr, adv.
—ofan,
au-dessus,
lent.—
adj. outré;
trop.—ofur,
upp,
en haut,
prép.
sus.— yppa (yppi,
G. ufar;V.
ubar;
sur;
AVA, longueur,
aveo
(tendre
ey (p. avi,
étendue,
vers);
qui
superl.
upp-himinn,
le plus viole ciel au-des-
prép. sur, par-dessus.
ypta) élever.—yfir,
—
m.
G. t/VsjojL.
super.
opinn (soujevé),
souvent. G.
ouvert. — optfcoupsur
coup),
f. opittn.)
ufta; V. ofto. — um (p. umbi),
iin. cLfttpr, L. ob.]
[Cf. ^fij;
(opin
ôfztr,
sur, autour,
surface.—^ar_
niN
s'étend),
à cause; V. umpi.
(s'étendre
vers);
L.
.
f. île. 'N; V. awa (prairie,
Vf. awe.—Sâmsey
(île du loup),
f. nom
Laufey (île du feuillage),
de la Fionie;
mère de Loki. — mvi,
île au nord
delà
eau);
408
GLOSSAIRE.
f. âge, siècle; cûm; L. aevum; G. aivs;
oefi (qui est long),
V. êwa (Cf. sng:). — 'oei (p. oevi), toujours; ail; G. aiv. —
aeva, toujours, jamais, nulle part. G. aiva; V. êo, io.
AFA,
grandeur,
force-
V. uop
homme;
—
TON (vouloir);
(force,
G.
aba
(fort),
exercice).
3N (père);L.
avus.— afi,n./oree;
afi, m.aïeul,grand-père.
—
—
A, abal (vigueur).
iflr,
ôflugr, m. doué deforce.
illr(p.
robuste, violent), m. méchant, mauvais. G. ubils; V. upil. —
illa, adv. mal.
IFA,
être plan,
être égal. —
ëf (égalité, doute),
iafn, m. égal. G. îbns.
BA,
sur, auprès,
conj. si. G. ibai; V. ibu
— iafn, adv.
également.
G. bi; V.
dans.—sifii;
pî;
(Cf. QN).
L. ubi,
ibi;
—
ti6i
a.
(à toi);
baibir (ensemble),
dju.<poTipoi; L. ambo.
MA,
jraj-, ^ÔI^ (également).
auprès,
présent,
m.
moi
l'an et l'autre.
(voyez
G. ba;
31^;
a./x<pa,
p. 384)-
mik
—
ace. moi. mtï;
(ceci!),
fjA\ L. me; G. mik; V. mili.
—
minn
m.
mon.
G.
V.
mînêr.
meins;
mîn,
(mien),
vër (p. mër), nous. Ace. ^rçr^ (p. mas) ; G. veis (p. meis);
V. \vîr (p. mîr) ; ôrer^' (p. mayam).
L. nos (p. mos) ; àppiç— or
(p. vorr, qui est à nous), notre. G. unsar; V. unsarêr;
L. nostér. — vit, viS (p. mit), duel, nous deux. G. vit.
FA,
plan,
lisse,
brillant.
—
m;
<pd.ù>.
fôlr (blanc), m. pale. V. valo; <fa.Koç,fsroKiùç. L.pallidus.—
neffôlr, m. qui a le nez ou le bec jaune.
s'étendre
FA,
L.
sur,
protection,
entretien.
—
TT ; tsa.mi\
pascor.
m. père. G. fadrein (L. parentes).
faSir, fôSr (qui entrelient),
— AllfôSr
Odin; AiïdafôSr
(père des
(père de l'univers),
LABIALE
409
LABIALE.
AVEC
Odin; HerfaSir
(père des armées), Odin; Heriahommes),
faSir (père des Monomaques)^
Odin; ImsfaSir
(père d'Ime),
Odin; ValfaSir
SigfaîSir (père des combats),
Vafthrudnir;
du loup Fenrir),
(père des héros tués), Odin; UlfsfaSir (père
Loki. — môSir, f. mère. — foeSa ('foeSi, foedda), nourrir,
paître. G. fôdjan ; V. fôtjan.
BA,
verser,
répandre,
boire.
—cft,
, <&ô&if, L.
en-; usim
potus.
—
m. bière (Bl. bibaris,
birra).
byrla
(boisson),
— ? fiskr
à
boire.
m. poisson (Cf.
verser
(buveur),
(byrlaSa),
biôr
ffcOo'ffî'JPRr;).
MA, étendre
sur,
mesurer,
compter.
—
HT ; /uiirpoy; L. me-
, tior.
n.
n. temps, parole. G. mêl ; V. mahal, mal.—-ôlmâl,
conversation à table. -— maela (maeli, maelti), parler; maslâst,
s'entrenir. — mâlugr,
mâlgr,
adj. m. bavard. —maelgi,f.
— mâni
f.
(qui
barvadage
excessif.
ofrmaelgi,
barvadage;
m. lune. G. mena; V. mano. (Cf. Tra : ; /u.nv; L.
mesure),
mal,
mensis).
VAPA, agitation,
bruit,
clameur.
—
ô'-^; L.
(sra^J;
voco.
—
clameur.
n.
cri,
oepi (oepi, oepti), crier, huer.—Vâpn,
ôp,
n. plur. armes; G. vêpn; V. wâfan ;
vopn (cm de guerre}),
Ô-ÏÏKO,.(Cf. isl. vakn).
BIFA,
être
agité,
trembler.—
§rq^,
ipiSo/mcu; L.
V.
A
pipinôn.
Bifor
paveo;
noms
de Dvergues.
— '
(agité),
fifl (qui s'agite), n. mer (A. fîfer, fîfel); géant (A. fifelcynn,
— fimbul-,
devant un
Beowulf,
déchus,
placé
1.)
anges
voy.
:
substantif,y
ajoute l'idée de grand, terrible; ex. fimbultyr,
jimbulvëlr.
(trembleur)
et Bafor
410
GLOSSAIRE.
BAVA, répandre,
facere.
produire,
JJ^ ; <pva>; L. feo, fui,
faire.—
ba&mr (p. baumr, production), m. arbre. G.bagms. (Cf. <fv/j.a,
— harbaiSmr, m. arbre chevelu. — bûa
q>vrôv).
(by, biô),
— bûinn, m.
— Bûri
habiter,préparer.
préparé.
(qui habite),
m. nom de Dvergûe. — byggia (byggi, bygSi), demeurer,
exister.
VAMA, répandre, vomir, souiller..—
ÔPT^; ijnw; L. vomere.
vamm, vômm (souillure), f. honte, turpitude.
FADA,
tendre
vers,
—
mouvement.
q^ ; xî-rofA.a.r, L. im-
petus.
fiôSur
(qui vole), f. plume, wripôv; L. penna; V. vëdara.
VADA, tendre vers, marcher. — #<*</>'£<«)
; L. vadere.
vaSa (veS, ôS), passer un gué (L. vadum), marcher avec
— ôSr, m. véhément,
peine, marcher avec impétuosité.
furieux.
-— ôSr
(impétuosité, esprit), m. intelligence ; nom du fiancé
, de Freyia. —oe<Si, n. intelligence. (Cf. $V/MÇ, impétuosité,
pensée), — OSinn (impétueux), m. Odin. V. Vuotan.
FATA,
s'étendre,
se mouvoir.
L. pando;
—qg-;
fôtr, m. pied, jambe. G. fôtus;
(enjambée), n.pas, pied (mesure),
lier. —
BADA, atteindre, joindre,
ni"©.
L. pes. —fet
Tg" ; TTOUC,
gj-; L. passus.
sry
; G. bindan,
V.
pintan.
band, n. lien. — haftband,
liens mortels.
VADA, étendre, joindre,
G. viban;
V. witta
lien, chaîne. — vîgbônd, plur.
lier. — srq^ ; L. vitta
(bandeau)
; 3,;
m*
(bandeau);
(étendre).
viS (étendu vers), prép. vers, chez, avec. (Cf. mëS, juirâ.)
— v&S
(qui lie), n. gage, garantie. V. wetti. [Cf. L. va(d)s;
LABIALE
m. denier,
; Al. pfand].
—peningr
(p. ved—
de phant (gage).
argent. V. pending,
m. forêt, arbre, bois. V. witu;
(entrelacé),
veSia, gager.-—viSr
ëra: ; ma-, o/Vo'f. —
iarnviSr,
oiseaux;
, 411
DENTALE.
F. gage;SRf:
Bl. vadium-,
ningr),
AVEC
îviSr,
grand
arbre;
bois aux
gaglviSr,
de fer; myrkviSr,
forêt noire; miôt— meiSr
le frêne
Tggdrasill.
(p.
forêt
du milieu),
(arbre
veiSr), m. bois, arbrisseau.
vi&r
A.
—
moed.
mistill
visqueux), m. gui. (Cf. i%éç, i%ia.; L. viscus,
vinda (vind,
vâtt), tordre, entrelacer. F. guinder.
m. entrelacé. —vinna
vinn,
(atteindre;
vann),
vistill,
—
mespilus).
— undinn,
(p.
obtenir,
pro-
G. vinnan
duire, travailler.
(avoir peine) ; V. gawin; F. gain.
— veiSr
—
F. chasse. (Cf. ÔJTW: , chasseur).
(qui atteint).
chasser. (Cf. Al. beizzen).—
veiSa (veiSi,
veidda), prendre,
veggr
(p.
qui lie, entoure),
m. mur extérieur.
borSveggr,
VASA , lier,
attacher,
G. vis
fixer.
f. lien, chaîne.
festi,
vASA,
joindre,
—
•W<r<r<a
; L.
— festa,
—
fixer.
mur.
m,
vandr,
attacher,
âWu
sra^ ;
G. vaddjus.
—
festus.
fixer.
ville;
(demeure),
(repos).
vëra (vër, var), demeurer, être. G. visan ; V. wësan.—urSr
(qui
était; le passé), f. la nome Urd. — vëstr (demeure du soleil),
occident, ouest. Cf. oi^fd
eVr/a; L. Vesta
(demeure,
nuit);
foyer ) ; iaitipa
qui préside à l'occident.
(demeure,
BATA ,
joindre,
agréer.
—
-— Vëstri,
IT^;
i^£
m. Dvergue
(bon).
V. peziro. — beztr, m. le
batists ; V. pezzisto. — bôt, f. réparation (V.
meilleur.'G.
— boeta,
— batna
G. gabôtjan.
puoza).
faire
réparation.
(batni, batnaSa), s'améliorer?
betri,
.
convenir,
; L. vespera.
5-VASA
m.
, lien,
meilleur.
G. batizo;
attachement,
agrément.
—
G. svês
(parent,
412
GLOSSAIRE.
V.
domestique).
ÇSTR;: ; tJJVc; L.
svâs
suoz
(agréable),
(doux).
(Cf.
suavis).
f. soeur. G. svistar; ÇôTH ; L. soror. —
(parente),
m. cousin, parent. — SvasuSr (qui a l'haleine
systrûngr,
agréable), m. père de l'Eté.
systr
être plié,
BIDA,
être
vers.
penché
—
L.
(Cf.
evitare,
in-
vitare.)
bedr (où l'on couche), m. lit. (Cf. coucher de colligere).
—biSia (rendre enclin ; biS, baS), prier, supplier. L. pelo. —
biSa (biS, beiS), attendre. G. beidan; V. pîtan.
BUDA,
être
appliqué,
apprendre.
biûoa
(byo, bauS), inviter,
— biôSr
(bedeau).
(ce qu'on
être
X-VIDA,
kvior
ôkviSinn,
courbé,
(courbure),
téméraire,
—
être
? wv^ctvo/nai.
^C
présenter. V. putil
m. vase, hémisphère.
commander,
présente),
penché
vers,
—
m. frayeur.
audacieux.
—
s'adresser.
—'ÔR;.
m. craintif;
kvëSa (kvëS, kvaS, s'akviSinn,
dresser à), parler, dire. G. kviban;
V. queden; Vfr. quader.
— kveSia
saluer, accoster. (Cf. G. gôljan;
(kveS, kvaddi),
wfïteig--)
MATA,
atteindre,
matr
mund,
prendre.
-—sre^
(ce qu'on prend),
f. main. — mundill,
; G. môtan;
mets. G. mats;
V.
m. manivelle.
Ntan,
N^n.
maz; TO. —
— mundr, m.
gueule, bouche.
MADA,
atteindre,
metus
(qui
frapper;
frappe),
—
frayeur;
fôq^ , %rj
mitto
L.meto
(lancer);
(couper);
G. maitan
(couper.
avec, entre. G. mi]j; V. mit; fxna,. — miôor
m. boisson enivrante, hydromel. iTCJ.
(qui frappe, qui enivre),
— mëSr
où l'on
à
l'endroit
est
,
;
^
pîtiv
fiu&voù).
(Cf.
(qui
L. médius; u.
coupe), m. qui est au milieu. ÏTWT:; /u.iao;;
mëS, prép.
LABIALE
—
midis.
ment.—
moyen; adv. entre,
prép. pendant, durant.
mëSan,
—
être saisi.
uz
m.
courage, colère, iftg;:
rage), m. nom d'un des fils de Thôr.
môSr,
atteindre,
S-MADA,
smiSr
( smiSa,
—
frapper.
smiibaSa),
(être
réciproque-
réjoui).
—
(plaisir).
MoSi
(cou-
002/".
IDEf',
m. fabricant,
(quiforge),
être étendu,
VITA,
413
n. milieu,
mëSal,
être frappé,
MUDA,
DENTALE.
AVEC
auteur. V. smid.—rsmiSa
fabriquer.
être
—
éloigné.
fà^
; L.
divido
(sé-
parer).
vîibr, m. large,
étendu. (L. viduus,
— vîtt, adv. loin.
grand.
m. large,
être
VITA,
videre;
étendu,
G. vitan;
atteindre,
V. wizan;
étendu,
percevoir.^
<jïy,
—
vide.)
fètfj
vîtr,
uJto\
L.
JTP.
vita (viti, vitti), avoir appris, savoir. — veita (veit, vissi),
savoir. — Vitr (quisait),
m. nom de Dvergue. —r ôrviti (hors
de conscience),
m. insensé. — Vitnir
(qui veut atteindre),
— Hrôôursvitnir,
m. le loup Fenrir.
m. Fenrir, petit fils de
à l'hydromel),
Hrôdur. — MiôSvitnir
m.
(qui veut parvenir
f. curiosité. V. firiwiz. — vîta
nom de Dvergue. — forvitni,
— vitia
(vîta, vitti; faire savoir), assigner, reprocher.
(vitia,
aller voir, visiter. G. veisôn;
V. wisên. — veita
vitiaSa),
accorder, donner. — veitsla
veitti, faire
(veiti,
atteindre),
— vîs
(L. proebita), f. repas.
(qui sait), m. sage; vîsastr,
m. le plus sage. — snapvîs, m. qui sait bien happer. — lasvîsi
(qui
FIDA,
sait tromper),
trouver.
atteindre,
L. offendo
finna
m. perfide.
(atteindre);
(finn,
fann),
G. finban
(connaître);
—fâ^;
defendo
(détourner),
défendre.
trouver.
—
finnast,
se trouver,
se ren-
'
414
GLOSSAIRE.
contrer, exister.
Fundinn
— Finnr
(trouvé),
être rapide,
5-VIDA,
se mouvoir,
A. sviS
(impétueux);
m. nom de
Dverque.
(qui trouve),
m. nom de Dvergue.
(versé,
—* G. svinbs
se tourner.
adroit);
svindan
(dispa-
raître).
— allsvinni
(versé), m. prudent.
(versé en
m. sachant tout. — râSsviSr (versé en
conseil), m.
svinnr
sviSr,
tout),
prudent.
5-VATA,
:(f^a*[;
—
mouiller.
répandre,
G. vatô
V. vvazar
(eau);
JJV'HV;L. sudare).
sveiti, m. sueur, sang. V. swêz. — sôt (p. svët, sueur), n.
suie. — suSr (humide),
m; vent d'ouest, sud. [Cf. VOTOÇ
( sudV. naz.] -— SuSri, m. Dvergue qui
ouest); VOTIOÇ(humide),
— sunnan
préside à la région méridionale.
(p. suSan), adv.
du sud.
FAKA,
atteindre,
prendre.
—-
T5j^ ; Al.
packen;
F. paquet.
n. possession, richesse. G. faihu;
ïê (acquisition),
qW;L.
pecus.
voir.
—
çcrsr^; L. -spicere.
—
spâkr, m. prudent, sage. V. spâhi.
spakligr, m. prudent, sage. — speki, f. sagesse, prudence. — spâ (p. spâha),
f. vision, prophétie. — vêlspà (vision du mystère), f.
prophétie,
S-PAKA,
atteindre,
FAGA , atteindre,
pangere;
percevoir,
joindre,
convenir.
—
Hs^ ; -Tniyn/ur, L.
JJJS.
m. (fôgur,
venable). V. fagar.
f. fagurt n.), beau. G. fagrs (utile, con—
ITIT.
(Cf.
)
fegri, m. plus beau. — fâ
—
—
( fae, fêkk), obtenir, prendre.
fenginn, m. reçu.
andfang,
n. réception, accueil. — fingr (qui prend),
fimm
doigt.
fagrr,
(doigtsd'une
cinquième.
main),
cinq, M^IH^ ; L. quinque.
— fimti,
m
LABIALE
AVEC
MAKA , atteindre,
moekir,
MAGA,
GUTTURALE.
, /*«%)i, /ucé^aipa..
attaquer.—/ACLW
m. dague, épée. Vs. maki;
s'étendre,
L. magnus;
atteindre,
nn»
A. mece.
—-
pouvoir.
(étendre,
415
; fuLu,
tr^
y.îy&ç\
répandre).
—
robuste)* m. fils.
mey (p. magi)
— meiri
m. plus grand.
etmasr,fille
nubile,vierge.
(p. magiri),
— meir,
G. maiza ; V. mêra. — maerr, m. grand, illustre.
—
adv. plus, ensuite. —mega
(ma, mâtti), pouvoir.
megin,
n. force. — meginligr,
m. robuste, puissant. — mâttr, m.
— mâttkr
— moetstr
force. G. mahts.
(p. magtugr),
puissant.
m. le plus puissant. —miôk,
adv. très.
(p. magtistr),
miôg,
— mikill,
V. mihhil;
mikli, m. grand. G. mikils;
fiîya.(\o)ç.
—
maint. Vf. mant; G- manags; V. mamargr (p. mangr),
môgr
homme
(jeune
nac.—hundmergir,
S-MAGA,
étendre,
plur.
rendre
adj. par centaines.
ténu.
—
O/*H%<M.
m. petit. V. smâhi ; a-ftixpoç. — smoerri (p. smagari),
m. plus petit. — smaerstr, m. le plus petit.
smâr,
VAGA,
répandre,
veho;
dlj,
vângr
VIGA,
êrç
(ôfsT.>
ôr^);
ôyicù\
L.
T[13.
(qui
être
—
mouvoir.
en
s'étend),
m. champ. G. vaggs;
mouvement,
s'agiter.
—
V. Wang.
fàïjv
; G.
vigan.
(Cf. m^.)
(Cf. L. vigor.)—Gullveig
(valeur
veigr,n. force, âtst^.
—
d'or), f. nom de la devineresse des Vanes.
vëga (vëg, vâg,
n. combat, guerre. —vog), brandir ïépée, combattre. —vîg,
n. guerre. V. vôlkwîg.
fôlkvîg,
(Cf. ffludowic.)—
vëgr (où
l'on marche), m. chemin. G. vigs ; V. wëg ; L. Via. — hinnig,
—
ce
adv.
clwmin.
vâgr (qui s'agite), va. flot,
hinnug,
par
—
F.
V.
wag;
vague.
vague.
vsengr (qui s'agite), m. aile.
416
GLOSSAIRE.
5-VAGA,
—
brandir.
agiter,
çd+<*v ; G.
svegnian;
Al.
schwingen.
svigr, m. épée. (Cf. svërSr).
T-VAGA,
laver.
agiter,
frotter,
It. tbvaglia;
dvâhila;
duahàn;
—
bvahan;
V.
F. touaille.
laver. — tveginn,
bvô (bvoe, bvôSa),
G.
r3^;
m. lavé.
VAKA,
agiter, exciter,
produire.
vaka (vaki, vakta, s'exciter), veiller. — vekia (vek, vakti),
éveiller. — vaksa ou vaxa (vex, ox), croître. G. vahsjan; V.
vahsan. —fax
(qui croît), n. crinière. V. vahs; A. foex. —
Hrîmfaxi.m.
(voyez p. 2o4).—Skinfaxi,
m. (voyez p. 2g3).
ërr; G. vaian.
souffle.:—•
agitation,
m. vent; G. vinds ; V. wint ;. 5TR£; L. venlus. —
vindr,
— vëSr, n. air,
valyndr (vent fort), m. ouragan.
orage, temps.
V. wëtar. — vëtr, m. hiver. — fimbulvëtr,
hiver très-rigou-
VAHA,
reux.
VIHA,
être agité,
céder;
L.
trembler.
vices
V.
(le tour);
vê (p. veih,
—
(fà^tj;
(mouvements),
weih
(cédant),
*»"»
(se mouvoir),
cliangements;
G. vikô
mou.
plur. n. enceinte sacrée.—
m. démon. G. vaihts; V.
vsettur,
trembler),
Viht. — voettugi (pas le diable),
n. rien. Al. nichts. — feigr
(qui tremble), m. lâche; voué à la mort. V. feigi.
faisant
voett (qui fait
F-RA,
avant. —
ÎT; itpi\
trembler),
L. pro.
frâ (en ayant, s'éloignant),
de, en. G. frâ; V. fra. — for,
—
adv. devant..G. faura;
V. fora; q^T (derrière).
fyrir (fyri,
fyr), prép. devant, sur.'G. faur; V. furi. — fyrstr (le plus en
surtout.
avant), m. le premier. — fyrst, adv. premièrement,
— firr, adv. loin
—
— firstr,
m.
le
(G. fair-).
plus éloigné.
fiarri, adv. éloigné. — firrast (s'éloigner),
craindre. — forôom
LABIALE
R.
AVEC
417
adv. jadis. — framr
adv. devant,
fram,
(qui est en avant), m. auloin. — framar,
adv. plus
m. supériorité.
loin, en outre, dorénavant. —frami
(avance),
— fornn
— fremstr
le
m.
ancien.
en
avant),
plus
(le plus
ancien. (Cf. ancien et antique de ante.)
(qui est en avant), m.
, (ci-devant),
dacieux. —
avancer,
FARA,
L.
periculum,
passer,
—
traverser.
tj; ^ipàv,
-x'opoç, m/pa;
experior.
fara (fer, fôr), passer, voyager. — faraz, trépasser, périr. —
f. voyage, navire. — foera (foer<Si),
far, n. navire.—for,
—
G.
L.
conduire
chez.
V.
farjan;
vuorjan;
portare.
apporter,
freista (freistaSa),
éprouver.
BARA,
lever,
bairan;
V.
porter,
—
soutenir.
cpipa;
ij;
L.
fero;
G.
përan.
m.
bar), porter, mettre au monde. —borinn,
né, apporté. — baSmr (p. barmr, qui porte), m. giron, sein.
G. barms ; V. param ; A. faeSm. — barn , n. enfant, postérité.
— Burr, m.
nom du père d'Odin,
de Vili et de Vê.
fils,
G. baurs; -Trop,molp; L. puer, por; 12. — brôSir, m. frère.
•
— beria
L.
Vf.
férir;
V,
ferire;
(barSi), frapper.
perjan;
ilcf_
( Cf. bëra svërS, tirer Tèpèe.)
bëra
(bër,
VARA, s'étendre
ture),
m*â
T
sur,
couvrir,
garder.
—
g ; ydpo; (couver-
L. vereor
(se préserver),
(hcipiç (ville);
Vf. garir (garder).
(ville);
craindre;
varr, m. qui se garde. —vara
(varaiSa), préserver, défendre.
—
{fi>âpa.yyot, gardes du corps), Varègues.]
[Cf. vasringiar
veria (varSi), défendre. — vër (plur. virar, firar),
défenseur,
homme, époux, fâr: ; G. vair; V. wër; L. vir; Vf. baron. —
m. nom du serviteur de Frey. (Cf. V. baugweri,
vir
Beyggvir,
— vôriSr, m.
—
— veor, m.
défenseur.
gardien.
coronalus.)
var Sa (varSaSa), garder. It. guardare.
27
418
GLOSSAIRE.
D-VARA,
couvrir,
-—
traverser.
fermer,
L.
^;
varus,
varex.
(qui ferme), n. porte. ^:
m. dvergue. V. dwerg;
dvergr,
(cf. rTÎ^ÎT : ); G. daur. —
A. dwarf.
(Cf. ufrèf:,
qui
dyr
garde l'entrée.)
T"-VARA
, couvrir,
byrma
5-VARA
préserver,
épargner.
épargner, faire
(byrmaiSa),
, répandre,
tirer,
saur (p. svar),
boue,
presser.
grâce,
—CET;
limon.
épée (Cf. AI. schwirren.)
S-PARA,
répandre,
spor
(fente),
chercher,
MARA,
(se
répandre,
briser),
—svôriSr,
(p. svar,
andsvar
(réÇ3T: ; aépjx.a.\ L. sun. serment. — mein-
n. trace. —
(Cf.
sur.
diviser,
mourir;
—
mourir
m.
brandi),
f. (répandu,
les eaux
stag-
noir. (Cf. L. sordes,
(spyrSa,
sporna
Ipn-)—
Vf.
dans
—FTIT:
spyria
briser.
(tiré,
m. et svôrS,
plantes qui croissent
— svartr
(couvert),
s'obscurcir.
séparer,fendre.
interroger.
des traces), marcher
avpu.
— sâr
(Cf. trop/vut.)
n. douleur,
blessure. —
qui presse, qui pèse),
n. réponse. (Cf.
lâché contre),
pandu,
— soeri
surras.)
(réponse,
affirmation),
m. parjure.—
svërSr
svarr, meinsvari,
couvrant),
gazon,
nantes. (Cf. ôn^r:.)
— sortna,
surdus.)
respecter.
ÎT, if;
[tuer),
(large);
a-wiipa.
suivre les traces),
(spornaSa,
laisser
ptîpoç; L. morior
se marir
(se
chagriner.)
mar
f. mer. L. mare; G. marei. (Cf. srrf?.)
(répandue),
m. frêle,
tendre. (Cf. 3T/3':-) — morS,
mior
(fragile),
meurtre. [Cf. /uâproç (/iporoç), mortel.]
MALA,
L.
répandre,
molere.
aplatir,
broyer.—
5TwT: (boue);
—
n.
/U,V*MIV;
LABIALE
L.
AVEC
419
mel (broyés), n. pi. mors de cheval. — miôlnir
(qui broie),
m. marteau de Thâr. — mold (broyée),
poussière, terre, la
terre.
YALA,
répandre
couvrir,
—
cacher.
ôi^Çi^;
L.
velare.
f. mystère, fraude.
(Cf. Vf. guile.)—vala,
(cachée),
f. devineresse. — vôllr (étendue), m. champ, plaine. —
vêl
vôlva,
vôll,
sur,
f. champ.
FALA,
étendre,
couvrir.
—
&pT:
(étendu),
grand;
L.
fallo.
n. caché.
fêla (fël, fal, fol), cacher. G. fiîhan. — folginn,
—
—Fili
(filou), m. nom de Dvergue. (Cf. Bl. fello; Vf. félon)
— fiall
est
m.
nom
d'Odin.
Fiôlnir
caché),
(p. fiais, qui
(qui
(étens'élève), rocher, montagne. V. felis; Vf. falaise. —fold
— fullr
à ras de bord), plein, rempli.
f.
terre.
(couvert,
due),
— fiôlld,
— fiôlld
f.
adv. beaufoule.
(Cf. xba-)
(étendue)',
— fleiri,
G.
7TOM;
pi. L. plures. —fleira,
(Cf.
filu.)
coup.
adv. plus. — fylla (fulda),
remplir.
BALA,
étendue,
grandeur,
force.
—
L. moles.
siçrr_ ; /X-O'AOÇ;
m. nom de géant. —Baldur
(héros, prince),
(fort),
m. et baldni,
m. fort,
counom d'un desfils d'Odin. —ballr,
Beli
(Cf. Vf. baud;
pression), n. malheur,
rageux.
bûcher. V. puol.
VALA,
étendue,
G. batys; V. bald.)
mal. (Cf. L. malus.)
—bol
(force,
op— bâl
(amas), n.
(Cf. L. moles.)
force,
excellence.
—
fiiAricov,
L.
valere.
— valr
va. fort,
un
des
d'Odin.
m.
(grand),
fils
(gpnd),
héros étendu mort. [Cf. V. wâl (L. strages)
héros; (étendu)
m. volonté,
vili (tendance),
D'S'SJ géants].—
grand;
J^
nom du frère d'Odin. — vilia (vilda),
vouloir. lhovxafA,cu; L.
velle; G. viljan; V. wëllan. —- velia, valda (juger excellent),
Vali
choisir,
choisir pour donner. — valldr,
valldi,
m. puissant,
27-
roi.
GLOSSAIRE.
420
— valida
la puissance), produire,
causer. '—
falla (fel, fêl, s'étendre), tomber, voler. [Cf. (hâ-Khai (répandre)-,
— fellia,
fella (felda), faire
Ss3
tomber.]
(répandre),
jeter;
tomber, laisser tomber.
«S-Vala,
avoir
olli,
(velld,
—
effervescence.
gonflement,
V. suëlan
?g^;
(être
ardent).
m. froid, frais. — Vindsvalr
(ardent),
(vent frais),
m. nom du père de l'Hiver. —svëlga(svëlg,
svalg), consumer,
avaler. — hroesvelgr (qui
la charogne),
m. aigle.
engloutit
svalr
•— svëlta
(svëlt, svalt, se consumer), être
— svëltast, se mourir de
faim.
(mourir).
étendre,
5-PALA,
séparer,
—
fendre.
affamé.
G. sviltan
a^nhcuav.
çq^;
tuer, faire injure à. —'—muspill
corrompre,
spilla (spillta),
le monde dufeu,
(qui détruit le bois ),feu (cf. Is. lindar-vabi),
—
spialla
Muspilheim.
(épeler),
parler.
(Çf- Al. sprechen et
—
n. parole, discours.
brechen.)
spiall,
FANA,
étendre,
répandre,
flaquer.
fen (flaque),
n. marais.
V. fenni; A.
q^F; TTIVOÇ;G. fani;
faenn. (Cf. V. fang; Bl. fangus ; F. fange.) —fana
(déployé),
— Fenrir
de pando.)
étendard,
drapeau.
(Cf. L. pannus
nom du fils de Loki.
[Cf. V. gundfanari
(porte-drapeau),
porte la bannière
(qui
BANA,
étendre,
du combat)
atteindre,
; It. gonfaloniere.]
—
frapper.
ÔPT ;
G.
banja
(blessure).
bani
—
(qu:'frappe),
bein
(étendu,
tendre
VANA,
vanr
van),
vers,
(désirant),
f. manque,
m. la mort,
désirer.
malheur.
(Cf. çovoç, yovtvç.)
n. os. A. bàn.
roide),
m.
meurtrier.
—
ôt^;
manquant,
ôvjvnpih
dépourvu.
(Cf. 3?T.) —ô-,
ô-,
— va,
vo (p.
néparticule
LABIALE
N.
AVEC
421
— von, f.
— vinr
ex. : ôretlr (injustice).
espoir.
— una
—
m.
ami.
se
(undi),
(désiré),
réjouir.
yndi, n. ré— ôfund
f. inimitié, haine.—
jouissance.
(non-réjouissance),
gative;
voenn, m. beau. —ôsk
MANA,
incliner,
(p. vonsk),
vouloir,
songer.
attention);
^.îva> (s'incliner
(attendre),
rester.
muna
f. voeu, désir. (Cf. ollo^l.)
—
nrrçr
(inclination,
L.
attendre;
vers),
maneo
le futur
vouloir, songer, (exprime
mundi),
comme fÛKKoo), se souvenir. — mannr,
maiSr, m. homme. —
minna (minda),
rappeler ; L. moneo.
MANA,
(man,
s'étendre,
briller.
saillir,
— 3TOT;L. mineo.
men (brillant),
n. bijou. ÎTRÏT; fuLvaç; L. rnonile.
f. crinière; V. mana.
(luisante),
MINAV être étendu,
minni
mince,
diminué.
—
L. minuo;
plus mince), plus petit. L. minor.
n. mal, douleur.
dommage),
(p. minri,
(diminution,
THÈMES
TA, particule
— mon
[A.IVJÇ.
— mein
COMMENÇANT PAR UNE DES DENTALES
T, D, p, S.
ce. (Voyez
démonstrative,
p, 385.)
it, iS, cela; L. id. — bâ, là, alors, où, lorsque. — |?at,
cela, ce que. — beir, eux. — boer, elles. — bau (n. duel),
eux deux. — baiSan de là; To6êi'. — bar, ici, là. — bars,
— bvîat,
—
— bvî
parce que.
parce.
lorsque.
(instrumental),
— bëssi, m.
(bëssi, f. bëtta, n.), celui-ci..—
bëgar, aussitôt.
bô (bôat, bôtt), quoique,
bien que, néanmoins.
Tu,
particule
bû,
jus;
tu,
V. îr;
néanmoins, g;
démonstrative
loi. —
L.
vos
binn,
V. doh.—bô-ënn,
de la seconde
m.
(p. tvos).
tien,
—
personne,
ton. — bër,
ySr
(p.
là!
êr, vous. G.
bySr),
m. votre.
GLOSSAIRE.
422
V.
G. izvar;
iuwar;
L.
vester.
—
it,
i<S, (p.
bit),
vous
deux.
TA,
particule
démonstrative
de
la
troisième
personne,
lui!
— briSi,
m. troisième. —
(briar,
f.), pi. trois.
adv. trois fois. — sex (p. tat, trois-trois,) six. 5PJ^;
brisvar,
ey»*». — siôtti, m. sixième. — fiôrir
(p. ma-trir,
un-trois),
—- fiôrSi, m.
— âtta
duel
quatrième.
(p. ma-trau,
pi. quatre.
de ma-trir).
huit. —âtti,
m. huitième. — siô (p. ta-matrir,
m.
brîr,
— siôndi,
m. septième. — sa, m. ce. —
trois-quatre),
sept.
su, f. cette. — sinn, m. sien, son. — svâ, adv. ainsi. V. sô.
adv. comment, combien. — sem (de même), adv.
—hversu,
G. sama; è/xoç, d/jta.;
L. i-dem;
Comme. (Cf. ÇPT:, îT, Jë^:
— ër
L. cum.) — saman, adv. ensemble; Ô/ULOU.
(lui. G. is;
ex.:
V. ir; L. is), que, s'ajoute aux pronoms démonstratifs;
lorsque; ër (p. bâ-ër),
(p. bcer-is), elles qui.
bâ-ër,
ATA,
mouvement
at,
vers,
lorsque;
atteindre,
vers, afin de, pour,
beir-ër,
joindre,
chez, gf^r;
eux qui; toers
lier.
L. ad; G. at; V. az.—at
négation),
ajouté au verbe, exprime la négation.
(disjonction,
(p. -at), exprime
[Cf. F. pas (de passus) ; 33"-(p. an) ;' a.-.]—a
la négation. —andvers), placé devant les subs(direction
l'idée
de vers, contre,
sur; ex.: aadlit,
tantifs,
exprime
L. ante; G. and- ; V. ant-. — und, undir
— undar,
adv. de dessous. — unz
(vers le dessous), sons.
ce que, avant que, lorsque, alors. (Cf. G.
(vers ce), jusqu'à
untî; V. unzi.) —-eiSr (qui lie), m. serment. —iSiar
(touffes),
— eimr, eimi
f.
verdure.
vapeur, fumée. (Cf.
pi.
(p. eiSmr),
andsMtr.
a%;
wnl;
snrTôr..)
ADA,
atteindre,
aSal (qui
prendre,
posséder.
est en propre),
n.
—Wl.
nature,
naissance. V.
adal
DENTALE.
423
— ôSli,
n.
edili (noble).
n. condition. —auS,
(famille);
allôd (possession entière) ;
richesse; V. uodal (patrimoine);
Vf. alodes, aleud. — auSigr, m. riche. —
Bl. allodium;
ôau&gr, m. pauvre.
atteindre,
ATA,
blesser,
—
ronger.
m^i
a^,
î'Aiv;
L.
edere.
m.
iôtunn,
géant.
eitar. (Cf. V. eit (feu),
—
s'élever.
—
ûtan,
adv.
dehors. —
adv.
ûti,
ronge),
(qui
n. pus, venin. V.
12/x.)
de là! hors, sortir,
ÏÏTA,
eitar
3fT, 3Ç^.
à l'extérieur,
dehors. —
itr (p. utar, le plus au delà), adv. très. (Cf. 3rT('., 33T(: ;
—
m.
sommité,
utar,
virrtpoç.) —iaSarr
extrémité),
chef.
(p.
ur, or, ôr (p. us, ut). L. ex, de. — ôrr (hors de soi), m. em— ausa
(eys, iôs), verser, puiser. L. h-aurio.
porfêr, prompt.
— ausinn,
m. arrosé. — eyra (qui sort de la tête), f. oreille.
itar,
G. ausô;
reille),
répand)
vert de
ârôs.n.
>rx. —
avç; L. auris;
prêter l'o(heyrSa,
écouter. G. bausjan; L. audire; |WH. — aur (qui se
m. goutte, rosée, poussière, terre. — aurugr, m. courosée. — ôs (qui s'ouvre), n. bouche. L. os. (Cf. *u«i.)
source ou embouchure de rivière. — austr (saillant,
m. l'orient. 35fH/, avâç. — austr, adv. à l'orient.
brillant),
— austan,
adv. de l'orient.
h-eyra
— unn
(p. und, qui se répand),
V. unda; G. vatô; V. wazar,
f. onde [Cf. 35;; vj)up; L. unda;
wâzen (se répandre) ; L. odor, odeur.]
DA,
là!
placer,
poser.
—
H1; T/GM/X/; M
(loi).
m.
adultère. —dômr,
fordoeSa, forfait,
pensée, sentence, chose. fcfFPT/, G. doms; V. tuom;
§îf/,ic, L.
—
— hôrdômr
damnum.
(chose d'adultère),
fornication.
dâS, f. action.—
doema (doemda),
5-TA,
placer,
juger,
dresser,
penser, parler.
fixer.
—
çqr;
ïtrryifM ; L.
stare.
424
GLOSSAIRE.
standa (stend, stôS), être placé, être debout. — standandi,
m. levé, élevé. — staSr, m. place, endroit. — stoS
(dressée),
—
—
f. pilier.
sty&a (styS, studdi),
ètayer.
s'tyri, n. gouvernail. — styra (styrSa), tenir le gouvernail.
ASA, fixité,
permanence,
existence.
force,
.
ëm (p. ism),je
suis. =9^; (<rrl; L. esse; aram,
WN, Br»;
f. — sannr (p. esandr, étant), m. vrai. WH'.j A. sôS.—
,lj
—
as (p. ansr,
robuste), m. dieu, Ase.
âsynia, f. déesse,
— askr
m. frêne. —îs
Asynie.
(robuste),
(solide), m. glace.
— iarn
Su,
(p. isa.n,.dur),
répandre,
produire,
n. fer.
(Cf. 5TO^;
L. aes.)
va; L. udusi
verser.—g;
m. fils. (Cf. HrT; L. satus.) — sveinn, m. garçon,
—- soi
homme.
jeune
(p. savil), f. soleil. G. sauil; V. suhil; A.
—
n. bijou, collier.
sigil, L. sol; yOn .
sigli (petit soleil),
— sumar, n. été. — sa
(Cf. wyyrW-)
(sâi, sâ&i), semer. (Cf.
— ôsâinn,
L.
m. non ensemencé.—soer,
fftva;
sero.)
^;
sonr,
siôr, m. mer.
être
TIVA,
étendu.,
saillant,
brillant.
—
f|a^-
f. table, tablier. L. tabula. — tefla (teflda),
jouer aux
tables. — tyr (éminent),
héros, dieu. gcT; Beo?; L. deus.—
tivor, m. sacrifice, victime. V. zëpar; A. tifer.
tôfl,
•S-TAPA,
roide.fixe.
allongé,
stafr
(roide),
renverser, détruire..
TAMA,
joindre,
timbra
timrjan
arranger,
SIFA , être
sif,
m.
adapter,
bâton,
lier.
—
ÇrT»T ; inwo?;
base, sujet. —
—çrr
stupor.
steypa
(steypta),
; Jk/nâiv.
une charpente,
construire.
G.
— tornt,
toft, topt, f. enclos. -î-'semia
(samdi),
— sumbl
n. festin, h. symbel.
(réunion),
apaiser.
(timbraSa),
attaché,
f. alliance,
faire
—
Ha^ ; irifiai.
respecter.
— sëfi, m. ardeur,
parenté.
courage.
DENTALE
DAMA,
lier,
dimmr
J)DMA,
être
ou dimmi,
émoussé,
G. dumbs.
îW^;
m. obscur, noir.
être
tronqué.
m. pouce. V.
Jjumall,
—
troubler.
entraver,
—
dûmo.
pouce d'un
]?umlûngr,tai.
f
gant.
SATA,
425
AVEC DENTALE.
s'asseoir.
pencher,
—ÇHT;
*flD.
î'Jbç;
sitia (sit, sat), être assis. L. sedeo (jvjsr'). — sëtr, n. siège,
résidence. — sëss, m. siège. — siôt, f. demeure.
tendre
SADA,
vers,
marcher,
—
pencher.
niï.
Tfif,
— sinn
n.
(marche),
(p. sindi, penchant), n. faveur.
— sendr
moment, fois. — senda (sendi,
envoyer.
senda),
— sandr, m. sable. — senna, f. dispute.
(p. sendtr), envoyé.
sinni
SADA , atteindre,
remplir.
se£ia (sadda),
être
SIDA,
—
large,
pour
après que, depuis
seiôr, m. magie.
être
TITA,
large,
satis.
rassasier. G. gasô]>jan.
prolongé.
siSa, f. côté, Jlanc. "j^. —
adv. (prolongé),
après, tard.
prép. après,
çrç^ ; L.
ne pas. —
sîSr, m.
lâche, fiasque. —siS,
— sîSr, adv. moins. — sîSar,
adv. ensuite. — sioast,
sîdan,
que,
puisque.
lâche,
mou.
—
adv.
siost,
tit
—A.
le moins. —
(teton);
—
(relâché), m. joyeux. V. zeiz (délicat).
n. temps. fô«r.' ; V. zit. — tiSir mik, il me tarde.
teitr
SAGA,
répandre,
amollir,
affaisser.
—
f^r,;
Tft.
tiiS (long),
G- gasigan.
—
tomber.
V.
sîkan.
sîg, m. combat.
sîga (seig), s'affaisser,
—
—
—
sigur, m. victoire.
Sigyn (p. sigvin), nom de femme.
sinka (sëkk,
sôkvast, s'ensôkk), s'enfoncer. G. sigqvan.—
426
GLOSSAIRE.
—
sûga (syg, saug), sucer.
sahtr, rassis), m. paisible, ami.
foncer.
J>AKA,
étendre
—
sur, couvrir.
—
]jak, n. toit. Vf. tecque.
—
jjaktr, m. couvert.
cacher.
J)AGA ^couvrir,
—
tendre
]>ekia (]?akti),
(p.
"pD.
couvrir.
L. tegere.
55JTTC; ciyda>; L. tacere.
(]>agna<5a),.se taire.
}>egia (]>ago"a) et]?agna
TAKA,
rîyoç;
rrsr/,
— sâttr
L. sugere.
vers,
toucher,
tôk),
prendre.
—-
prendre.
"^ï;
Jix.ofMu;
L.
tango.
taka (tek,
TAGA , saisir,
pincer.
^w_ ; S"cLwa>..
qui mord,
tiugari,m.
tendre
SAKA,
—
vers,
mange,
engloutit.
—
attaquer.
G.
répandre,
—
dissoudre.
gisachan.
— soekia
(sôkti),
sôk, f. procès, cause. •— sakast, s'attaquer.
chercher. G. sôkjan.
DAGA,
V.
sakan;
TH'XÙJ.
f. rosée. V. dau. — deigia, jfîZfe, servante. (Cf. suéd.
A. hlâfdige). — deyia (dey, dô), mourir.
, mjôlkdeje;
dôgg,
DUHA,
tirer,
dôttir,
DUGA,
traire.—
{.fille;
atteindre,
être utile,
J>y (p. f>ihu),
foule,
peuple.
G. tiuhan.
ducere;
<ï1%J; QvycLTYip; G. dauhtar.
pouvoir,
duga (dugSi), valoir,
qui mérite confiance.
JMGA,
L.
^;
prospérer.
servante.
valoir.
—"nv^a,
être utile.
—
—G.
beihan.
—
Jnônusta,
TvyytLva.
dyggr,
m. vertueux,
f. service. —
J?iôS,
f.
DENTALE
AVEC
<-^r
briller.
TUKA, surgir,
fant); nnï (briller),
tungl (brillant),
GUTTURALE.
; jp^
(briller)
^
427
—
TO'XO?(en-
n. lune.
briller.
DIGA, percer,
—
f^C,.
poindre,
— î
dagr, m. jour.
ârdaga (à la pointe du jour), adv.
. autrefois, jadis. — dellingr (p. deglingr, petit jour), m. crépuscule du matin.
J)IKA, percer,
paraître.
—
rVp (parler,
penser).
]>ing (pensée, parole), n. délibération, assemblée délibérative. — ]?ykia (]?ôtta), penser, être estimé, passer pour. —
)>akkir, plur. f. reconnaissance, remercîments.
SIGA, être aigu, percer, voir. —
scio (avoir vu), savoir; chald.
^tâoju.cu; L.
sica,
secare;
JOD,
njnsr".
~ T
:
T
siâ (se, sa), voir. — syna (p. sihona),yàire voir. *— synast
—
(syndast), paraître.
saga (ce qu'on sait), f. histoire, narration. (Cf. L. sagax, sagus.) — segia (sagSi), raconter, dire,
parler.
S-TIGA,
piquer,
laisser des traces,
marcher.
—
arti^a.
— stëkkva
(stëkk,
stîga (stîg, steig), monter.
stôkkva (stôkk, staukk), sauter.
stôkk) et
— u;
marcher.
dépasser,
Tii'pa>; L. terere;
; in , lia/. — S-TARA, répandre. — sj;
jb' (marcher)
<rropiù); L. sterno.
TARA, répandre,
L. Stella (p.
(répandue), f. étoile. Ç7T7:; OWTH'P;
— strâ
— straumr, m. torrent,
sterula).
(répandu), n. paille.
fleuve. — strônd (qui s'étend), f. rivage, côte.
stiôrna
DARA,
répandre sur, précipiter.
obscur.
(terne),
—
y;
A.
dëark,
dearn
'
428
GLOSSAIRE.
undorn
n. après-midi,
(non obscur),
A. undarn
V. untarn
(midi);
(matin);
se précipite),
n. bête sauvage,
animal.
soir.
G.
undaurni
—
(midi).
dyr (qui
V. tior; 0m>;
G. diuz;
L. fera (furere).
TALA,
étendre,
(être
JJI>
til,
lâcher,
b'DH
long);
(talda),
bavard. (Cf.
compter,
Vf. tule,
étendre,
DALA,
dails ; V.
urteili
répandre,
par
renverser.
terre),
tant. — tal,
; A.
—
diviser.
séparer,
dalr (séparation),
SALA,
(étendre
TS'AUC;-
(atteindre);
ustensile.
n. instrument,
tôl,
—FT^r.
n. nombre, discours. —
raconter, parler. — )>ulr, m. conteur,
n. concorde, paix? —
entule.)—tilt,
au point,
jusque,
telia
séparer.
ordâl
; Vf.
reposer.
talea;
G.
ordalie.
m. vallée. — deiïa
lâcher,
L.
5^;
—
(deilda),
partager.
ÇRFJ^; d'xç;
L.
solum;
rhvf.
demeure, salle. ÇRvî:. — selia (selda,
lâcher),
donner, vendre. — saell (qui est au large), m. heureux. L.
— vësall, m. malheum.
heureux.
salvus; VjEf-—
saelligr,
rarement. G.
reux, pauvre. — sialdan (répandu,
disséminé),
siîdaleik (extraordinaire).—
souvent, fréquemment.
ûsialdan,
m.
salr,
être élevé,
JJULA,
L. tollo;
être au niveau.
G. bulan;
—
bbf\.
]?ollr (qui s'élève), m. tronc d'arbre,
nom d'Ase.
]?allr (souche du monde),
5-TALA
, élever,
stôlr,
J)ANA,
dresser.
—
m. siège. V. stuol;
étendre,
r^à-oo (soulever);
3^;
allonger.
—
çq^
arbre,
pin.
— Heim-
; ariKKco.
Vf. faldestuel
rFT_; nlvca;
(fauteuil).
L.
tendo;
|JFi.
GUTTURALE.
429
(p. ]?onarr,
]>inurr (long), m. sapin, arbre.—pôr
le dieu du tonnerre. (Cf. rdvoç; L. tonare;
£FT_.)
tenir. — L. teneo.
retenir,
TANA, étendre,
tonnerre),
—
n.
A.
town.
cour.
V.
enclos,
zûn;
renferme),
(qui
— tein
(étendu),
tông, f. tenaille. V. zanka; L. tenaculum.
m. baguette, rameau, jet. V. zein.
tùn
THÈMES
PAR UNE DES GUTTURALES
COMMENÇANT
K,
KE, ceci. (Voyez
G, H.
p. 388.)
moi. L. ego; Vf. jeo; G. ik; V. ih. — ok (p.
ik, iok, ceci, aussi!), et. G. jah; V. joh; L. ac. — okkar (duel
dat. et ace), à nous deux, nous deux. G. ugkis; V. unch.—
ëk (ci!),
je,
—
votre.
G.
vous
de
V.
incharêr.
deux),
(duel,
igqvar;
ykkr
hann, m. lui. — hun, hon, f. elle. — hinn, m. (hin, f. hitt,
— hitt
n.), celui-là.
(cela), prép. aussi, c'est pourquoi. —hêr,
adv. ici. F. hourv'ari (ici!). — hêoan, adv. d'ici. — hvar, m.
oç; L. quis; G. hvas; V. huer. —hvî
n.), qui. gïHj
comment. (Cf. L. quî.) — hvê
en quoi), pourquoi,
(locatif,
— hvaSan, adv.
comment.
V.'hviû.
instrumental,
(
par quoi),
d'où. — hvar, adv. où ; hvars, partout où. — Lverr, m. (hver,
L. quis, 2. chacun;
f. hvert, n.), 1. lequel (entre plusieurs).
(hvat,
m. (nokkur,f.
nakkvart, n.),
hvarjis.—nakkvar,
L.quisquis;G.
— hvârr, m.
quelqu'un.
(hvâr, f. hvârt, n.), lequel (de deux).
— hvart
si. —
G. hua]>ar; V. huedar.
(L. utrum,
num),
-hvan
(-hun,
-gun,
-gi,-ki),
particule
suffixe
interrogative
pas une chose), rien,
(quand? jamais), pas.—eigi
(p. eittgi,
— ekki
—
rien,
pas.
mangi (pas un homme),
(p. eittki),
pas.
—
nulle
personne. —hvergi
part.
siâlfgi,
(pas quelque part),
—
—
pas elle-même.
aldregi
(p. aldr eigi), jamais.
J^igi (p.
— ne
)>ô eigi), bien que
pas.
430
GLOSSAIRE.
GA, ci!
—— JTT
(/3*Û>).
G. gaggan.—
(a^);
mouvement.
direction,
aller
gânga(geng,gêkk),
ginn (en allé), m. trépassé. —gânga,
AGA, mouvement,
OEgir
agitation.
(agité),
m.
—
océan,
f. marche,
57^;
framgen-
route,
voyage.
a.ya>; L. ago.
dieu de l'Océan.
—- afl
(p. afn,
Wignis (^1,
ogn, qui s'agite), m. 1. feu. *|ÎH ; L.
G. auhns; V. ofan. — angan (qui
Zer), 2. fourneau.
n. plaisir. — âtt, aett (direction,
respiration,
parfum),
ovn,
s'agite,
ligne),
f. lignée, race. V. êht.
mouvement,
AKA,
étendue,
surface.
—
L.
oequus,
sequor.
â (p. aka, surface plane), f. eau, fleuve. G. ahva;V.
âha;L.
— akarr, m
— aka
(ek, ôk), avancer.
aqva; Vf. aiguë.
arpent, champ, àypoç; L. ager; G. akrs; V. ahhar. —aetla
(p. aktila. L. in animo
ahjan; V. ahtôn.)
mouvement
AGA,
à
àtova
(présenter
acus;
V. ecche;
volvere),
travers,
penser, se proposer.
—
percer.
la pointe,
l'oreille),
(Cf. G.
gsr ; àx.vç,
écouter.
àw,
L. acer,
|!(i,
iôr (p. ihvor, rapide), m. cheval. 3T|p ; /Wo? (p. ikpos); L.
—
n. oeil. îrf%; ôxof ; L.
auga (perçant),
eqvus; Vsax. ehu.
acîes, oculus. — hvitr ou hviti (perçant, éclatant), m. blanc.
StrT: ; G. hveits; V. wit. — hvatr, m. ardent,
véhément. V.
hvas. — hvetia (hvatta), aiguiser, exciter.
conduire,
AGA,
—- TST ;
é"£w' ^- aigan—
avoir.
V.
eigan.
posséder,
eign ou éiga,
porter,
eiga (â, âtti),
avoir.
f. possession. (Cf. kstugr, heilagr,
KAPA,
mouvement
kaup
vers.—
etc.)
L. capere;
(tp, main).
n. achat. —kaupa
(kaupi,
keypta), acheter.
(Cf. acheter, de acceptare. L. emere, prendre.)
(prise),
G. kaupan.
sur, tendre
auSigr,
GUTTURALE
tendre
GAFA,
LABIALE.
AVEC
—
donner.
vers,
A.
451
F.
(tribut);
gaful
gabelle.
gëfa
(gëf,
gaf),
entourer,
autour),
(étendre
de la virginité.
HAFA,
étendre,
G. giban;
donner;
élever,
V.
prendre.
umgëfa
f. déesse
—Gefion,
envelopper.
—
—
këpan.
23 (élévation),
^^;
m.
haute
mer.
—
hefhd
—
hefia (hef, hôf),
(étendu,
haut),
soulever. — hafa (héf, hafSi, avoir soulevé), tenir, entretenir,
avoir. L. habeo. — haft, hapt (qui tient),
n. lien, chaîne. —
hof (qui contient),
n. enceinte, temple. (Cf. KHTO?.) —hôf,
n.
— hôfuS
n.
mesure.
(contenance),
(élevé), n. tête. ^TTçFr;
haf
L. caput;
G. haubib.
— hefna
vengeance.
(hefnda),
KupaAil;
GAPA,
étendre,
3J-
distendre,
(L. causa suscepta),
venger.
fendre.
—?n^;
yja.
(trou);
.
.
—
n.
abîme.
(Cf. Xotof.)
geipa (geipta),
gap (qui baille),
—
ouvrir la bouche, bavarder. (Cf. =Em^, ; ^atuco.)
gifur (L.
—
m.
avide.
f. plur. 1. rochers,
gifur (bâillements),
inhians),
2. géantes.
5-KAPA,
tailler,
skâpa (skep, skôp),
créer. — skôp (créés),
KAMA,
tendre
—V.
fabriquer.
vers,
scuof
(pOëte).
—
créer, fabriquer.
skepia
n. plur. destinée.
venir.
—
KO^OI
(faire
(skepiaSi),
venir),
con-
duire.
kôma
qviman.
(p. kvëma; kêm, kom), venir, venir avec, amener. G.
chemin.)
(Cf. Vf. cemin,
HAMA , étendre
hamr
ciel. —
sur,
couvrir,
courber.
— himinn
m.
(qui couvre),
peau.
(qui couvre), m.
m. couvert,
domicile, monde. (Cf. x.a>/u.n,KO.heimr,
GLOSSAIRE.
432
-—
m. nom
F.
hameau.)
(couvert,
sombre),
fjdpa,;
Hymir
m. marteau, foudre.
d'Iote. — ? hamarr,
(Cf. SF3T:, SP*r
W*J ', marteau.)
foudre,
GAMA,
couvrir,
—
incliner.
courber,
gî^;
Ka.fA.Tru; L. hamus.
—
n.
gaman (inclination),
plaisir, jouissance, jeu.
gamall,
vieux. V. kamal.—Bergelmir
vieillard,
gamli (courbé),
(tout
nom de géant. — Orgelmir
nom de géant.
vieux),
(très-vieux),
—
—
prûbgelmir
(fort vieux), nom de géant.
gumar, guninar (qui
L. homo.
kumo;
KATA,
couvrent,
étendre,
ketill
(qui
(Cf. catinus,
HADA,
héros, hommes. G.
protègent),
—
Gymir
couvre),
(qui
—
prendre,
contenir.
contient),
m. chaudron.
atteindre,
prendre.
—
^Ï£_.
G. ketils;^V.
chezzil.
n3.)
X.<*-ÇÙ),%a.v<hi.va>; L.
-hendo.
hônd
(qui prend), f. main. G. handus. (Cf. ^ÇrT: yjUil.)
m. manchot. — hundraS
einhendr,
(p. tîutihundraS,
fois deux
centum,
10 x 10 doigts),
— tîu
têhund.
mains ou
G. taihun,
10 doigts), dix. S^PT^;
m. dixième.
zëhan. —tîundi,
GADA,
ivvta.;
neuf. -|c)-j^;
atteindre,
—
dix
n. cent. SHT; s'Suww; L.
deux mains
(p. tihund,
G. taihun
V.
<JYxoc; L. decem;
•:=
dix),
V.
nom de géant.
x.a.<fbç, àxceroç; G. kas;
caclus;
guma;
joindre,
—
L. novem.
nîu
—
(p. untîu,
nîundi,
manquantm. neuvième.
lier.
(convenable,
apte), bon. G. gôds; V. kuot. (Cf.
m. mauvais.—gunnr,
dyatiâç.)—ôgôSr,
guSr (L. congressus),
V. chundfano
combat, guerre.
(Cf.
(gonfanon,
gonfalon).
—
—
m.
enchantement.
charme,
gan
gyj .)
gandi (qui lie),
gôSr
(p. gand),
magie.
(enchanteresse),
GBDA,
être
—
—
gandr (noué), m. serpent.
nom de Valkyrie et de Nome.
convenable,
intègre,
pur.
——
sra^,
Gôndull
sra^.
DENTALE.
GUTTURALE-AVEC
n. divinité,
goS (pureté),
dieu.
'
recevoir.
atteindre,
GATA,
433
gat), recevoir, concevoir,' songer, penser à; tfmdonner à quelqu'un,
gêta, f. conjecture,
gëtaeinom,
opinion. — gaetast, s'entretenir, discuter. — gëS (qui pense), n.'
gëta (gët,
—
m. doué d'un esprit
frôibgëSiaSr,
—
gestr (p. gatslr, qui reçoit), hôte. G. gastr ; V. gast; L.
sage.
hostis (étranger),
ennemi. [Cf. hospes, (p. hospits); qui demande réception. ] — gisl (p. gitsl, qui est donné), m. otage. — .
gisling, f. otage.
V.
esprit.
HATA,
kët;
f%FT_.
atteindre,
hiti
(qui frappe,
et L. cellere,
(froid)
tomber
frapper,
sur. —L.
m.
pique),
caîare,
coedo,
cado.
flamme. [Cf. kaldr
—heita
hêt; L.
(heiti,
chaleur,
calere.]
—
esse), s'appeler,
adpellatum
appeler, ordonner, menacer.
— haettr
hitta (L. incidere
in), rencontrer.
(exposé au coup,
— haetta
m. périlleux.
sur, entraver),
chanceux),
(tomber
cesser.
*
S-KITA,
couper.
frapper,
skaidan;
skîS
V.
—
riOT,
scitôri;
(fendu),
n.
tablette
«%/Ç»;
f^r;
L.
scindo;
G.
f¥p.
de bois. —:
SkaSi,
femme
de
Niôrfcr.
GHTA,
frapper,
lancer.
pousser,
—
w.
; L.
-cutere.
G.
giutan.
cheval, àrc:; yïd.Mi :. —reiSgoti,
m.
goti (lancé, rapide),
cheval de selle. [Cf. skiôti, reiSskiôti
(cheval); skiôtr, rapide.]
S-KUTA,
skiôtr
pousser,
(lancé),
lancer,
jeter.
Wi^;
— skiôta
rapide.
sciozan. — andskoti,
m.
lancer. V. skutjan,
sur. — skot, n. tir,
(Cf.
L. scateo.)
tirer,
(skyt, skaut),
m. qui tue en tirant
coup.
28
434
GLOSSAIRE.
GDSA, être lancé,
V. jesan,
(tomber
^
en gouttes),
.
srç^ (bruire).
geysa
—
bouillonner.
(geysta),
jerian.
bouillonner.
— ioll
(p.
[Cf. geysir(qui
gurl,?
bouillonne).]
colère,
effervescence),
dispute.
KUSA,
convenir,
L. gustus.
sp^ ; yivtiv;
goûter.—
kiôsa (kys, kaus, goûter), choisir. G. kiusan; V. chiusan;
F. choisir. —Valkyria
(qui choisit les héros), Valkyrie.—
kosta (kostaibi), goûter. G. kausjan; L. gustare. — kostr, m.
choix, nourriture. — kûra (ce qu'on goûte), f. repos. — kyrr,
m. tranquille.
HAGA,
—
kyrra
—
s'étendre,-joindre.
(enclos);
Bl. haga;
tranquilliser.
(kyrrSi),
Vf.
KVK\OÇ; L.
l'haie
cingere;
V. hag
(Saint-Germain-en-Laye).
—
hoegri hônd (main plus habile),
hagr (apte), m. habile.
main droite. [Cf. L. dextra; çiWT (faible),
main gauche.] —
—
volonté,
esprit.
(désir),
hugr
hyggia (hug&a), penser, ré—
G. huhrus;
V. hungar.
hungur
(désir), n.faim.
fléchir.
—
n. colline. V. houe; Vf. hogue, hoge.
haugr (élévation),
— hâr
(hâr, f. hâtt, n.), m. sublime, nom d'Odin.
(Cf. G.
hauhs; V. hoh.) — hâtt, adv. haut. — hâ- (particule pré— heior
haut.
m. excellence, honneur.
(hauteur),
positive),
— HeiSr
élevé), f. lande, nom de femme. G. haij>i.
(terrain
—
? Gygr
5-KAGA
(élévation,
, avancer,
montagne),
saillir,
hérisser.
f. géante.
—
V.
skahho
(langue
de terre).
nom de
—Skôgull
(hérissée),
Geirskôgull
(hérissée de lances), nom de Valk.
Valkyrie;
—
—
skegg (velu), n. barbe.
skegg, skeggia (en forme de
— ? skôr (p.
f. hache. Cf. hellebart
barbe),
(hallebarde).
skôgr
(hérissé),
m. forêt.
GUTTURALE
m. soulier.
skôhr),
ski, m. gant.
atteindre,
HAKA,
R.
AVEC
— handskôr,
G. skôhs; V. skuoh.
tailler.—
frapper,
435
ppn;
J*!
3^
hand-
(bri-
ser).
hacher. —- NiShôggr
hôggva (hôgg, hiô), couper, frapper,
nom d'un serpent de l'enfer.
(qui mord avec colère), m.
5-KAKA , choquer, pousser, répandre. — prvv.
skekia
choquer, secouer. Vf. eschacher. —
répandre ), verser à boire, donner. V: scenhan ;
skôk),
(skek,
skenkia
( skenkta,
Bl. scancio ; F. échanson.
Vf. chinquer;
s'étendre,
HARA,
—
courir.
répandre,
=^;
L.
curro;
-1313.
hôrr
HARA,
(coureur),
s'élever,
m. adultère.
croître
—
^;
G. hors.
f;
in
(qui
s'élève),
mon-
, tagne.
n. cheveu, chevelure. (Cf. L. hbrror;
F.
croît),
armée.
hérisser, haire.) — her (qui s'accroît), n. multitude,
G. hàrjis; V. heri. (Cf. Al. herberge; F. alberge, auberge.) —
—
combattant. (Cf.
heri (qui est de l'armée),
;
yâpp.a..)
Pt>T{:
har (qui
einheri,m.
nom d'Odin.
monomaque. (Cf. V. einwic.)
—Herian
(guerrier),
sanctuaire), m.
—hôrgr
(qui inspire l'horreur,
bois sacré.—'horn
corne, prj; sr^; xÀpag;
(qui s'élève),'n.
L, cornu. —hiôrr
(qui s'élève, pointe), m. rocher, èpèe. G.
f. troupeau. (Cf. F. horde, harde;
Vs. hëru. —hiôrS,
— hiriSir, m.
—
de
Vf.horde.)
gardien
troupeau, gardien.
haror, m. dur. — hart, adv. durement, fortement;
netprct.
hairus;
L. certus (ferme), sur; credo
STrJ^(fermeté, confiance);
— herSi
(p. certdo).]
(dure,
forte), f. épaule. V. harti.—
hiarta, n. coeur. L. cor; x.ctp<fïct; f^,. (Cf. F. hardi, qui a du
[Cf.
coeur.)
28.
GLOSSAIRE.
436
s'étendre,
GARA,
atteindre,
; yt'tp.
prendre.—^r:
L.
(p. garva, giôrSa), manier, faire, ch^ft;
xpâouai;
creare; V. karawan. — giôrr (fait), m. préparé, apte, habile
—
giôrva, adv. entièrement, complètement.
(Cf. F. guère, V.
adv. pleinement et entièrement.
karo.) —fullgiôrva,
—giôr—
adv.
liga,
giôrla,
parfaitement.
giarn, m. enclin, avide.
G. gairns; V. kern, kër (désir). — garSr, m. enceinte, enclos.
giôra
,
V.
It. giardino;
karto;
hara;
ly,
mp,
(ville
Novogorod
dangeard
—
garn,
F. jardin;
%O/>TO{-;L. cortis, hortus,
(Mons Belligardus);
-vp. [Cf. Montbelliard
—
m. la terre. A. midneuve).]
miSgarSr,
G. midjungards;
V. mittingart.
terrarum);
(orbis
boyau. (Cf.^ip<h.)
n,fil,
—
courber.
entourer,
GVARA,
^;
yvpoç.
qui se courbe), m. ver, serpent, ëfrfïr; L.
(p. hvermr,
vermis ; t',a"|3 , (vermeil).—hvërfa
ou horva ou horfa (hvërf,
— hvërfa frâ
tourner,
dispahvarf),
pirouetter.
(déguerpir),
raître de. — hvërfa (hverfSa), faire le tour de. —vërpa
(vërp,
Vf. guerpir.
lancer, jeter. Bl. verpire;
varp, faire pirouetter),
ormr
—harpa
KARA,
étendre,
Gerhard),
S-KARA,
percer,
skira
brillant.
skîra
(skîrSi,
—
gairu
couper.
—
rendre
typa;
—
graver.
(57);
harpare.)
granum.
—
mâchoire.
? geir
kêr
(épine);
V.
"Ntlf
(éclater).
(cf.
sur,
skirr
(éclatant),
m.
—
(mine joyeuse).
(Cf. "/a-?"")
Pskiarr, m. craintif,
éclatant)', écurer.—
(Cf. Al. scheu.)
s'étendre
?r ; L.
f. moulin,
G.
circulo
snfst (hache).
(skir, skar), Miller,
V. scieri; Vf. chère
effarouché.
HALA,
broyer.
(qui broie),
m. hallebarde.
fend),
Kero,
séparer,
kôrn
kvërn,
(qui
f. harpe. (Cf. Bl. circulus,
(ronde),
couvrir.
—
sr^T
GUTTURALE
L.
AVEC
437
— bel
(qui couvre,
poil), m. queue. L. hilus:
(ca— hôll, f. hôllr, m. halle. —
f.
reine
de
verne),
enfer,
l'enfer.
héros.— hylia (huldi),
halir, pi. mânes (protecteurs),
protéger.
— hollr, m. bienveillant. V. hold. — hôldr,
m.Qferos. V.
m. heureux. — heilagr, m. bienheill (protégé),
helid..—
heureux, saint. — helldri, m. meilleur. — hellstr, m. le meilhali
f
leur. — helldri,
— hildur
conj. afin que.
(défense), L combat,
déesse du combat. — halda (hêlt),
tenir. — hold, n. chair.
— holt, n. bois,
m. cou. [Cf. L.
forêt,
montagne.—hàls,
.
collum.]
KALA, frapper,
m.
kiôll,
douloureux,
crier,
parler.
pousser,
—
L. cellere.
f%^.
m. froid,
(piquant),
^
L.
kalla (kallaSa),
gelidus.)
(Cf.
— kallaSr, m.
xaAu; L. clamor;
JU-)
quille,
méchant.
(Cf.
piquer.
navire. —
kaldr
app$£.
GALA, frapper,
atteindre,
éclater,
résonner.
briller,
m. bruyant. — giôlî, f.
(gôl), chanter. —^ galdi,
—
—
L.
kolt.
n.
or.
V.
yv\-.)
gilvus;
(Cf.
trompette.
gull,
—
d'or.
Vf.
m.
doré,
gildi (qui
jaune.)
(Cf.
jaulne,
gullinn,
n. valeur, estime. —gilda
atteint, équivaut),
(gilta), valoir.
—
—
donner,
gildi, m.
expier.
gialda (gëld, galt), payer,
gala
repas; satisfaction.
5-KALA,
atteindre,
frapper,
jeter.
—
mcàhAa.
devoir. G. skulan. — skâlm (qui frappe), f.
skal (skuldi),
—
lance, pique. — skalfa (skëlf, skalf), être frappé, trembler.
m. tremblement de terre.
landskialftr,
KANA,
étendre,
atteindre,
percevoir.
—
ïPT^;
yîvoç;
L.
genus.
kunna
kunni,
(kann,
L. gnosco. — knâ (knâi,
avoir
knatti),
atteint),
pouvoir,
pouvoir. ?IT:;
savoir, connaître. -—
savoir,
438
GLOSSAIRE.
nafn
(p. knafh, qui fait connaître), nom. L. nomen. —kind,
f. postérité. — kona, kvën, kvan, kvon,. kvoen, f. femme. G.' V
—
V.
n. engeance.
chëna.
qvinô, qveins;
ôkynian,
mendre,
GANA,
gîna
choire.
KANA ,
séparer,
(gîn,
éclater,
—
résonner.
briller,
wr
; yoLvvco.
la bouche. —
ouvrir
gein),
—
fendre.
m. mâ-
ginnûngr,
q^T , gïm- ; yoù/oç; L.
cano.
canus,
allumer. L. accendo. —Hoenir
kynda (kyndta),
(brillant),
m. nom d'Ase. — hani (qui chante), m. coq. Vf. chanteclair.
5-KANA,
percer,
—
G. us-keinan
briller.
V. skinan.
éclater.
(percer),
ger-
mer.
skîna
(skîn,
skein),
n. lumière,
—skin,
splendeur.
THÈMES
ARA,
COMMENÇANT
étendue,
mouvement,
PAR LA LIQUIDE
—
élévation.
=(j; api-;
R.
11N.
ari et ôrn,
âr, n. matin, aurore, année. (Cf. jfîrj; G. jêr.)—
m. aigle. — iora, f. terre. sTT; tpct; L. area; V. ëro. —
f. terre.
terre. V. ërda. — iôrmun,
iôrS,f.
Ru,
bruit.
éruption,
—
L.
ç; pia>;
ruo.
—
f. secret, écriture.
(chuchotteïnent),
eyra-rûn (qui
f. compagne, femme. V. ôr-runo.
—raun
parle à l'oreille),
—
f. expérience,
épreuve.
(manifestation),
reyna (reynda),
— rômr
m. combat.
(tumulte),
éprouver, essayer. (Cf. îptuvav.)
rûn
(Cf.{T5r:.)
RAMA,
étendue,
rammr,
grandeur,
m. fort.
force.
(Cf. fàsTRT:
—
5FT^; Dli.
; L. grandis.)
—
armr
(qui
R
m.
s'étend),
AVEC
bras. L.
LABIALE.
armus,
439
V.
ramus;
Vf.
aram;
arm
(bras).
J?-RAMA,
mouvement,
fremo;
—
frémissement.
yi^;
^,JJ.
(hpi/ta;
•
(L. aastuans), m. nom propre.
Brimir
RANA , mouvement,
rënna
—
frémissement.
(rënn,
J5-RANA, frémir,
couler.
courir,
rann),
—
pétiller.
rj-, ^TJT .
ïT^.
yrrr^,
brënna
brenna
(brann), brûler (être consumé).—
brûler, consumer. — Bruni, m. nom de Dvergue.
G-RAMA,
L.
excitation.
frisson,
frémissement,
m. irrité.
(brendi),
—
Vf. grams.
irriter.
gremia (gremdi),
—
m. nom de chien. (Cf.
(irrité),
gremi, f. colère. —garmr
m. douleur. — hrim, n. givre, glace. V.
n.lp€ipoç.) —harmr,
— Saehrimnir
rife. (Cf. F. frimas.)
[givre formé des exhalaisons de la mer), m. nom propre.
gramr,
RUFA,
être étendu,
—
séparé, fendu.
L. rumpo.
(5^);
— rîfa
• riûfa
(reif), déchirer. V. rîban.
(ryf, rauf), rompre.
— rîf, n. côte. V.
— ôrof
(aspérité), n. âpreté. (Cf. V.
rippi.
âriub.)
H-RAVA,
étendu,
roide,
hroe, n. cadavre,
//-RAPA
, éclater,
hrôp,
5-^-RAPA,
crû. —
chair. ïïîô!X; xpiaç;
—
crier.
m. vocifération.
percer,
çf§T;
briser,
—
^
G. hraiv.
L. caro.
; L. corvus.
Hroptr
saillir.
ou Hroftr,
—
m. nom d'Odin.
a-Kapupâo/nM; L. scru-
pus.
skarpr
(coupant),
m. aiguisé,
tranchant,
difficile.
440
GLOSSAIRE.
JT-RAMA,
carpere;
—
arracher.
tirer,
x.up<pa>,L.
(tirailler);
5P^
epn.
kambr
(p. kramr, qui carde), m. peigne, (dentelée) crête.
L. caiwnen. — kemba (kembda),
peigner. L. carminare.
(Cf.
—
Al. krâmpeln.)
tiré, béant), m.
kiaptr, kiaftr (p. kriftr,
être tiraillé),
avoir
mâchoire, gueule. — kippist
(p. krippist,
des spasmes. [Cf. Al. krampf (crampe).]
-D-RAPA,
étendre,
drëpa
ver. )
(drëp,
driûpa
(dryp,
Draupnir
(ruisselant),
être étendu,
J>-RIFA,
tomber.
draup),
—
frapper.
drap), frapper.
être répandu,
D-RUPA,
—
atteindre,
JTÊÏ.
(Cf. F. attraper,
—
(<£j.
—
dégoutter.
dropi,
m. nom propre.
atteindre,
taper, trou-
m.
goutte.
saisir.
— barfr
(breif), saisir, attaquer.
(L. conveniens), m.
m. nécessiteux. — burfa (burfta),
utile, nécessaire. —burfi,
avoir besoin. — ? borp (rencontre,
amas), n. bourg, village.
brîfa
G. baurp; V. doraf. [Cf. A. breaf (botte de blé); L. turba,
turma. —? Pbarmr,
m. boyau, intestin. (Cf. F. tripe.)
RADA,
mouvoir,
atteindre,
parvenir.
—
^ETT; TH.
râSa (raeS, rêS), avoir soin, conseiller, diriger, faire rendre.
— râS, n. conseil, action,
affaire, a^f: ; G. rabjô (raison), V.
— afrâS
reda (raison, parole); Al. art (manière).
(mauvaise
nom d'Odin.—
action), n. meurtre. —GângrâSr
(voyageur),
m. cavalier
rîSa (reiiS), aller à cheval, en voiture. — ballrîSi,
courageux.
F-RADA,
atteindre,
vëriSa (vërS,
adresser,
varS),
tourner.
—
devenir. G. vairban.
g?^,
—
L.
vertere.
Vëroandi,
f.
R
AVEC
DENTALE.
441
nom de Norne. — orS (adressé), m. mot, parole. G. vaurd.
sâryrSi (paroles graves), n. pi. injures.
JS-RADA,
répandre,
brâSr,
m. prompt.
F-RADA,
étendue,
frôSr et frôSi,
V. fruot.
(Cf. It. hordo;
grandeur,
^\
; T"ia.
Al. pferd.)
entourer.
couvrir,
n. bord, bordure.
borS,
—
accélérer.
T"iS; L. veredus;
(Cf.
se répandre,
B-RADA,
frôbs;
expédier,
—
excellence.
savant, intelligent;
— froeSa
(froedda),
Fr. barde.)
— ara"
L. prudens;
— froeddr,
ypa^ûç;
instruire.
G.
m.
instruit.
F-RATA,
frata
.B-RATA
6m,
bruit.—
(fret,
frat),
, fendre,
L. perdere.
<TH;; ^(pSiiv;
péter. V. vërzen.
crever,
rompre.
—
^"is.
m. brisé.
briser, rompre.—brotinn,
braut),
(bryt,
f. chemin frayé. [Cf.
être brisé.—braut
—brotna,
(rompue),
un cheIt. rotta (L. rupta via); se frayer (L. fricare)
route;
briôta
min].
T-RADA,
marcher.
pousser, fouler,
troSa ( trëS,
dan; V. trëtan.
marcher sur; G. trufouler aux pieds,
(p. trôSl, qui trotte),
(Cf. Fr. trotter.)—trôll
traS),
n. géant.
J)-RATA,
pousser, fatiguer,
drit,
D-RUSA,
, pousser,
trudere.
n.fin.
rejeter.
excrément.—dritinn,
être
— L.
m. nom de géant. — brot (fatigue),
VafthrûSnir,
C-RATA
travailler.
répandu,
m. L. inquinatus.
tomber.—'
(re);
G. driusan.
442
GLOSSAIRE.
dreyri,
L. ros.
G-RATA,
grâta
—
m. goutte,
sang. V. Irôr
éclat,
cri.—35^;
(gra3t,
grêt),
graeta (gréetta), faire
.H-RUTA,
hrôSr
ougr
n. cheval;
hros,
val;
—
G. grêtan.
Çê[; xpéroç;
—
hennir.
, éclater,
garrire.
(Cf.
Fr. regretter.)
L.
rudere.
m. louange. V. hruod.—hrôrenommée),
m. fier, arrogant.
(bruit,
(renommé),
JÏ-RISA
S'potro;;
pleurer.
crier.
éclater,
L.
yvpug;
pleurer.
de sang);
(goutte
f^,
It. ronzino;
f"?L, t"9^ •
Fr.
— hestr,
roussin.
m. che-
ÇRFT .
G-RADA
, séparer,
gratter,
—Çrt.
; mn.
; ^apûrra
—
f. grille,
(épines,
haie), n. pi. asile, paix.
grind,
treillis. (Cf. L. craticula).—griot,
n. gravier, pierre, rocher.
V. krioz; It. greto; Fr. grès, griotte. — grund (broyée), f.
poussière, terre, sol.—reiSr
(gratté,
excité), m. irrité. [Cf.
griS
L. gratia
1?-RATA,
(qui
excite),
exciter,
piquer,
hrata
.BT-RIDA,
(hrataSa),
être
s'élever,
excité,
rîsa (reis),
élévation,
RAHA,
surgir,
étendue,
courir.—V.
frissonner,
(charme,
raz
grâce.)
(furieux).
rîdôn.
trembler.—V.
'
s'effrayer.
atteindre.—
s'élever. — reiss,
gloire.—rôst
AH. reitz,
se précipiter.
hroeSast (hraeddist),
RASA,
^ccpi(T)ç;
(milliaire),
direction.—JEST^
BOl.
JETST
; iy\j;
m.
excité. — risna,
f. une journée
risni,
f.
de chemin.
; ôpiyoù; L. regio.
V. rëht;
rêttr, m. droit, juste. G. raihts;
— vanrêttr,
:.
m. injure, injustice.
=iïs|
L. rectus;
àpiïôç;
R
RAGA,
saillir,
regin
ressortir),
AVEC
surgir,
reproche,
blâme.—roegia,
atteindre,
443
, psT^ ; ^PXU;
briller.—^TH
n. pi. grandeurs,
(saillant),
être étendu,
RIKA,
GUTTURALE.
^j-
divinités.
—rôg
(qui fait
reprocher; V. ruogen.
; àpxiï.
posséder.—^st
rëka
rîki, m. riche,
(rëk, rak; atteindre),
venger.—rikr,
n. pi. origines, causes.
(extrémités),
puissant. Vfr. rice. —rôk
être étendu,
RUKA,
large,
mi.
vide.—pi,
riûka
s'obscurcir. V. riuhhan.
(ryk, rauk),yijmer,
[Cf. nH
ruhhan (sentir);
fumée;
(vide), air; V. rouh (air, vapeur),
rôKn.
crépuscule du soir. (Cf. G. riqvis;
TL>> T^H].—rôkur,
"
""»
. .V;M;Î
,prfc:)RAHA,
relâchement,
ragr,
relais,
m. lâche, •si.—
repos.
m.
argr,
(p. rôhr, relâché),
repos. V. rau, rawa.
(avare).—rôr
quillité,
saillir,
RurÏAV^njir,
lâche, mauvais, yi ; V. arg
m. tranquille. — rô, f. tran-
briller.—ç^.
: ; V. rôt. (Cf.
rauSr
brillant),
rouge. —^Î^H
(p. rauhdr,
ou riôSa (ryS, rauS), rougir.
poJbv. —rySa
J3-RAGA,
briser,
éclater.—OTS^;
*
Bragi, m. nom du dieu
baihrt ; V. berht.
M-RAGA,
percer,
morgunn,
teau);
mergr
M-RAKA,
de la poésie.—
éclater.—ôrarj
pin,
biartr,
m. brillant.
L. mergere.
oi/A.tpya>; L.
broyer.—rr^;
marcus
nia.
(broyé),
tracer,
/J-apâyrt;
ipa.
pl3;
n. matin.
m. etmorgin,
M-RAGA,frotter,
L. frango;
m. moelle.
marquer,
marcher.—irsr
; JTTïf:-
(mar-
'
444
GLOSSAIRE.
m. cheval. V. marc.
marr,
[Cf.
mariscalh
(écuyer),
ma-
réchal. ]
5-RAGA,
bërg
s'étendre,
L. vergere.
couvrir.—^^;
n. montagne. — biarg, n. montagne, rof. nom de la déesse IorS.—
(montagneuse),
(élévation),
cher.—Fiôrgyn
m. nom
Fiôrgynn,
protège),
du père de Frigg.—borg
Vfr.
bourg. V. puruc;
forteresse,
—
«rjj
bergia (bergoa,
arabe-pers.
. goûter. — biôrg, f. entretien, vivres.
F-RAHA,
pousser,
incliner.
avancer,
(qui
bore;
s'entretenir),
—
couvre,
wvpyoç;
se nourrir,
[xft;-<r7rîp%a>.)
frî
m. libne, noble.—frîa,
relâcher.—
(poussé, lâché),
m. libre, effronté. — Freki,
nom du loup Fenrir.—
frekr,
f. nom propre. — Freyr
n.
Frigg
(excellente),
(excellent),
nom propre.—Freyia,
f. nom propre. — Pfiôr (p. frîhu),
n.
vie; G. fairhvus.
F-RAGA,
exciter,
exiger,
interroger.—tjs
; L. procare.
—
frâ (frëg, frag),
Froegr (renominterroger,
apprendre.
—
—
f.
renommée.
bruit,
mé), m. nom de Dvergue.
fregn,
fregna, demander, apprendre.
F-RAGA,
pousser,
m.
vargr,
(p. vërsiri),
; L. urgere.
chasser.—ERT
exilé,
(crfàrr:),
m. pire. — vërstr
serpent,
loup (ô[3ï:).—
(p. vërsistr), m. le pire.
—
Pvërri,
L. spergo.
ôps^ ; faix^'V,
— fors, m. torrent
;
n.
ôpsr
,
(L. rigatio).
rëgin
rëgn,
pluie,
et f&pav'%oç(saucataracte. [Cf. V. frosc (sauteur), grenouille,
F-RAGA,
terelle).
M-RAGA,
mîga
.D-RAGA,
précipiter,
répandre.
]
répandre,
(meig),
étendre,
arroser.
—
fHrsr^ (p. *PjJ-
pisser; ojù/p^ea; L. mingere,
tirer.—sfr^;
mejere.
S"pâ(r<ra>;L. traho.
R
traîner.—
(drôg),
draga
dragsull,
m.
d'Odin),
(p.
porteur),
nom du
tirer,
D-RAKA,
drëkka
7rôtriov.)
m.
drykkr,
drâsill
qui
porte
le
(cheval
monde.—drôtt
peuple.
boire.—
(drakk),
—
frêne
—
boire.
aspirer,
445
(drygSa),
agir.—
drygia
m. cheval. —YggSrasill
L foule,
L. agmen),
(train;
/
GUTTURALE.
AVEC
(dessécher).
OT^
drëkka,
f.festin.
trait.
coup,
boire,
(Cf. nWû;
au^—
f.
ofdrykkia,
ivresse.
étendre,
TVBAGA,
trè
trog
tirer,
J)-RAGA,
brunginn,
étroit,
n. auge,
être
G. bairsan;
G. triu.
; L.
m.
pressé,
étendu,
(p. braha,
presse),
roide,
sec.—'FT^;
JJU' (être
être
roide),
—
(Cf. isl. brôf.)
turgeo.
irrité.
enflé,
raboteux,
(Cf. rTÇ: ; <^: ; fyvç.)
baquet, h. truncus.
presser.—yw
épais.—brâ
J)-RISA,
<p^ ; Tpà-xoç (saillant),
n. arbre.
(p. trigu),
(tronc),
—
élever.
m.
—braungr,
f. douleur.
vaipaoç; L.
serré,
torreo,
gelé.
(roide de givre), m. nom com(roide) ou hrîmburs
m. qui a soif.—berra
mun des Iotes.—byrstr
(desséché),
—
sécher,
(obstiné contre l'enDolgbrasir
essuyer.
(p. boerra),
Lifbrasir
(dur ennemi),
(obstiné pour sa vie), Mogbrasir
burs
vers le fils),
D-RAKA,
dreki
noms
étendre,
(qui
propres.
séparer,
percer.—?£ST_
a l'oeil perçant),
m. dragon,
; ^pàxog.
serpent;
$*paxa>v; L.
draco.
G-RAHA,
s'élever,
monter,
L. cresco.
croître.—ç^;
ou groenn,
croître.—grôinn
grôa (groe, greri),
—
V. grast.)
gras, n. herbe. (Cf. ypâimç;
/Ï-RAKA,
étendre
autour,
courber.
—
gj^
; xôpdi,;
m. vert.
L. crux.
•
446
GLOSSAIRE.
anneau. (Cf. KpiKoç; L. circus, curvus.) —
m. triste. — hryggr
m. dos. V.
(courbé),
(courbé),
hringr
hryggr (courbé),
hruki ; /><*•%'£•
.K-RAKA,
bris,
kraka
kraka),
(qui croasse), f. corneille. V. hruok.
F. coq; L. graculus;
x.ôpa.%.]
THÈMES
ALA,
COMMENÇANT
élévation,
(pousser);
grandeur,
L.
ri3.
KpcL{a>; JH3 (briser);
cri.—gi^;
PAR LA
force.
—
[Cf.
LIQUIDE
3?H.
qncff: (p.
L.
(assez);
ixâa,
Six.
alere;
ala (ôl), élever, engendrer. — ôl (fortifiant),
n. bière, aile.
A. ealu. (Cf. thcuov.) — ôlr, m. ivre. — ôld, f. âge, genre
humain, monde. — alldr, m. âge, siècle, monde. — allr, m.
m. âgé, vieux. — ôln, f. aune m.;
entier, tout. — aldni;
aune f. ÛAH'C; L. ulna.
lâcher,
LAPA,
L.
tion);
élever.
(Cf.
rDN.)
—çrpq^
(lâcher),
G. u.slaubjan
levare;
— âl, f. courroie.
dire;
(lâcher),
Ao'ipo? (élévapermettre;
V.
usloup.
âlfr (élevé),
LIFA,
L.
être lâché,
linqvo;
—
lofa (lôfaSa),
louer. — leyfa (leyfSa),
n. ciel, air. — leyfi, laefi, n.
flamme.—
m. génie, démon.
n. louange.
célébrer. — lopt,
lof,
rester.
G. laifs
—
(qui
A/VO-; L. liber;
Ae/Va (laisser);
reste).
lîf (qui reste), vie. V. lîp (vie, corps). — lifa (lifSa), vivre.
— siâlfr
m. lui-même. G. silba;
V. sëlpêr.—
(p. svâlifr),
ellifu (p. einlifu,
un de reste), onze. G. ainlif;
V. einlif.—
m. onzième. — tôlf (p. tvalif, deux de reste), douze. G.
ellifti,
tvalif;
V. zuelif.
— tôlfti,
m. douzième.
L
lâcher,
LAMA,
lemia
F-LAPA,
AVEC
—
briser.
luxer,
rompre,
(lamda),
DENTALE.
447
ÔK:JJ KAU^OÇ.
briser, paralyser.
chasser.
pousser,
chassé), m. loup; hvxoç (p. vlupos)
vulpes ; It^ golpe ; Vf. goupil.
ûlfr
(p. vulfr,
kliûfa
— klofna
G-LIPA,
klauf),
(Hyf,
(klofnaSa),
saisir,
gleipa
L.
clivus.
clavus,
fendre. V. chliofan.
se fendre. — klettr,
—
klyfia,
fendre.
m. rocher,
pierre.
pincer.
dévorer. —
(gleipti),
glepsa
f. sarcasme.
(morsure),
lâcher.
laisser,
étendre,
LATA,
—
se fendre.
s'étendre,
Z-LAPA,
; L. lupus,
dire. (Cf. héyog de LAKA.) —
V. laz; L. lentus. —letia
G.lats;
laisser (lâcher),
lâta (laet,lêt),
latr, m. fatigué,
paresseux.
—
retenir.
G.
V.
lezan.
dissuader,
latjan;
(latti),
fatiguer,
eltia (p. letia, fatiguer,
pousser), poursuivre. —ïseti
(manifes(étendu,
mince), m.
tations),
pi. n. gestes, paroles.—litill
G. leitils;
—
V. luzil;
litt.
adv. peu. —
land
—lundr,
m.
de LUKA.)
—
J'AO^UÇ.
n. endroit, pays. (Cf. locus detiAKA.)
(étendu),
Londres. (Cf. L. lucus
forêt, bois. A. Lunden,
petit.
lind
tilleul,
(élancé),
bouclier.
V. linta.
Cf. ihâm\
(sapin)
loetor
(se lâcher).
de
IAOLTOÇ(élancé).
LADA,
lâcher,
laSa (lôS),
LIDA , être
dire,
inviter.
lâché,
appeler.
—çrr^;
G. labon;
L.
V. lâdon.—lôS,
f. invitation.
se mouvoir.
lîSa (leiS), aller, venir. G. lei]jan. — lio, n. troupe, bande.
— liSr. m. membre. G. libus; V. lid. — leiSa (leidda),
con— leiibr, m.
duire (supporter),
pénible, odieux. V.
souffrir.
m. hideux. (Cf. Vf. laid.)
leid. —Hotr,
GLOSSAIRE.
448
s'élever,
LUDA,
—
briller.
croître,
çrrç^; G. liudan.
m. peuple, nation. G. laubs (homme)
lySr etlioSr,
—- ? luiSr, m.
Vf.
leudes.
barque, huche.
gens;
5-LATA,
atteindre,
slîta (sleit),
—
casser.
frapper,
s^rçr_ (lâcher).
V. slîzen. —
écraser, fendre.
; V. liut,
slitna
(slilnaSa),
rompre.
atteindre,
LASA,
prendre.
laer (p. lâsi,
être
LUSA,
lauss,
B-LASA,
éloigné,
séparé.
m. libre,
exempt,
affranchir.
répandre,
flet (étendu),
lisse,
F-LITA,
—
privé. G. laus; V. lôs.
leyss,
—losna
devenir libre.
(losnaSa),
—
L.
G. blâsan.
flare;
—
aplatir.
tabs (se répandre,
aba,
—- G. liusan.
souffler.
répandre,
à vent.
cnv, ; XAO.'TVÇ; L.
latus;
échapper),
n. lit, grabat.
poli,
pouvoir),
cuisse.
souffler, sonner un instrument
blasa (blés),
F-LATA,
(atteindre,
çr^
n. fémur,
qui s'emboîte),
délier,
(lëysta),
—•
brillant.
V. vlezi.
—
UTSî^; hiatr&ç.
(couleur), m. nom de Dvergue.—lita
(leit), regarder.
— andlit,
n. visage. G. andavleizns,
V. antluzi.
(Cf. G.
L. vultus,
vlits,Due;
visage.) —undar
(p. vluSiir, regardé,
merveille. G. vulbus; V. vuldar.—
undaradmiré),n.miracle,
Litr
adv. miraculeusement.
samlig,
JB-LIDA,
éblouir,
blanda
bland,
rein,
JJ-LATA,
confondre,
(blend,
blehdi}
mêler.
et bland
n. mélange. —blandinn,
doux, bienveillant.
réjoiii),
atteindre,
prendre.
—
L.
splendeo.
(blandaSi),
m. mêlé, pétri. —
mêler. —
bliSr (se-
L
AVEC
m. part,
hlutr,
GUTTURALE.
449
; V. îoz. '•— hliôta
sort, lot. G. Hauts
(hlaut),
avoir en fartage.
être
F-LLDA,
n. urine.
hland,
fifij;
K\VJÙV.
%£;; L. lotium.)
(C£
lâcher.
étendre,
LAGA,
—
se fondre.
répanda,
-—
L.
çfnx_; Myco;
légère.
n. cessation. — lôg (statuts),
u. his,
lag (déposition),
m. jambe,
décrets. (Cf. L. leges.) — leggr (étendu),
cuisse.
— loe
V. lagi.—
Hggia (ligg, lag), être couché, être placé.
—
L.
£
ruse.
embûche,
lagi;
insidioe)
fraude,
(p.
leggia
être couché, être blotti.
(lagSi),
poser, faire cesser. —lôgra,
—
—
L.
G.v
longùs;
langr
(étendu),
long.
laggs.
lengi,
adv. longtemps. — lengr, adv. plus longtemps. —lengra,
adv.
loin.
LAGA,
répandre*
—
; hva>, \ouo/u.ar, L. luere.
^r
—
cuvette.
mer;
lôgr, m. fluide,
baignoire,
L. lacus. >— lôg, £ mer. — loe, là, £ humeur, sang.
£
laug,
V. lagu;
être
LIKA,
dissoudre.
"bain,
uni>
égal,
—-
convenable.
G. leikan
(trouver
convenable).
lîki
leik;
n. image, forme,
(égal, semblable),
V. lîh. — likr, m. semblable. — slikr
m. semblable,
F-LAHA,
plat,
corps, cadavre.
(p. svâlikr,
G.
solikr),
tel.
lisse,
flâr (p. flahr,
,
glissant.
glissant,
Jlattant),
m. trompeur.
(Cf. F. flatter;
Is. flaSr.)
JB-LAKA,
bekkr
B-LUHA,
étendre,
aplatir.
(p. blankr,
être
planche),
répandu,
blôS (liquide),
—
être
n. sang. —
•nxofy; L.
plaga
(étendue).
m. banc.
liquide.
blôSugr,
—g;
<p\va>; L.
m. sanglant.
29
fluo,
GLOSSAIRE.
450
M-LAKA,
répandre,
miôîk,
glisser.—
f. lait.
—
lâcher.
wnTj
G. laihan;
injurier.
last (p. lahst),
LIHA,
donner,
liôni
lûka
loub.
LCGA,
—G.
V. lastar.
leihvan;
V. lîhan.
—Khctiyco.
fermer.
fermer,
(Cf. xà^uvov ; L. legumen.)
cacher.
couvrir,
—
hommes.
pi. liônar,
— laukr,
payer.
(lauk),
honteux),
calomnie.
m. intercesseur;
couvrir,
sur,
lâche,
lahan.
n. injure,
(p. lihvani),
étendre
LUKA,
V.
prêter.
(rendre
ST^S^
p. galac).
L. mulgere.
— miôlka
à^ihyiiv;
(Cf. yKtLyoç; L. lac,
du lait, traire.
(miôlkaSa),/aire
LAHA,
nrar/,
G. liugan,
m. herbe touffue;
épouser.
(Cf.
L.
V.
nu-
bere.)
liûga (laug),
laun (p. laugn),
LAKA,
renfermer,
mentir.
V. liugan.
—lygi*
adv. secrètement. — leyna
embrasser.
—
£ mensonge.—
cacher.
(leynda),
ciTS]^; hâytivoç;
ih.
kâlkr
(qui renferme l'eau (3ï:), coupe), m. calice. chçrtîîl :;
x.oi\v%; L. calix; V. chelih; A. coelc.
LAKA,
lancer,
sauter.
—
ç<Tsr_;hayàç
(sauteur).
m.
lancer, jouer, faire des armes. — leikinn,
— lêllr
m. léger. L. levis. —lêttari
joué, enjoué.
(p. lihtr),
— lîkn
m.
f. con(plus léger),
plus favorable.
(allégement),
solation.
leika
F-LAKA,
lon;
fôlk
(lêk),
mouvement,
F. aller;
£y,
marche.
^v
(Cf.
—
STôrîT; L.
L. fullo,
valgo;
V. wal-
volvo.)
(L. agmen), n. armée, peuple. sfW^T;
gus; V. volh; F. foule.
TTOV^O?;L. vul-
L
F-LUGA,
L.
AVEC
mouvement,
fugio;
fliûga
L. pluma.)
B-LUGA,
baug;
(flaug),
—
voler,
fleygia
451
snT^ (p. vlug);
V. vluhan;
—
m.
arc.
f. trait,
atteindre,
slâ (sloe, slô),
battre.
—
frapper.
—
(Cf.
m. anneau,
baugr.
F. bague. — armbaugr,
n. dos. V. bacho, buhil (colline);
lâcher,
flèche.
n-Kiv.m; L. plicare.
ijs^;
—
<ptûyù>;
jbs.
s'envoler. —flôg,
lancer.
(fieygibi),
courber.
(courbé),
It. bagua;
(courbe),
5-LAGA.,
vol, fuite."—
G. bliuhan;
plier,
bogi
GUTTURALE.
slakr,
bague. V.
m. bracelet. — bak
irctyoç.
âxela;
SôrTî^;
—
m. relâché.
sliâr
thw.
(sliôr,
slôkva
—
m. mou, lâche. (Cf. L. flaccus.)
slaevurr),
— slokna
— slêttr,
éteindre.
s'éteindre.
(slôkti),
(sloknaSa),
Al. schlicht.
m. lisse, uni, sans ornement. V. slaiht;
slêtti,
sliofr,
(Cf. rct A?T«.)
K-LAKÂ.,
battement,
bruit.
claquement,
L.
—Khâfa;
clan-
gere.
— hlakka
se dit
(klakaiba), faire du bruit.
(hlakta)
des oiseaux de proie quand ils crient et battent des ailes.
klaka
LDHA,
être
; nilb
lux;'*-2f
brillant,
élevé,
être
(briller),
—
saillant.
ÔFPET
; MVKOÇ; L.
beau.
— liôri
logi, m. flamme, feu.
(p. liuhari),
— LôSur
nom d'Ase.
(p. lohSur),
LUSA,
être
lios,
LAH-SA,
brillant,
m. lumière.
briller,
lax (brillant),
B-LIKA,
joyeux.
briller.
—
éblouir.
—
^T^;
lysa
(lysta),
—
ô?ra- .
lucarne, fenêtre,
G. lustus.
briller.
m. saumon. V. lahs.
—• ÊTÊT
(voir);
<pMya>;
L.
fulgere;
29.
Ju-
452
GLOSSAIRE.
blâr (p. blakr), m. bleu,
m. bleu, noir.
blâinn,
G-LAHA,
briller,
glôa,
(p. glihmir,
—
—
nom de Dvergue.
et glaSr, m. joyeux.
V. klat. (Cf. gg\)—
— lilôS
splendeur), m. nom propre.
(p.
n. pi. âtre, foyer. — HlôSyn,
f. nom de
glôhS,
ètincelant),
la Vesta Scandinave. —
m.
Glôinn,
HlôrrîSi
m. nom de Thâr.
le feu),
Vf. blou.
xoia>.
x.\a.a,
ètinceler.
(p. gîaha&r)
glyaSr
Gimlir
—
éclater.
briller,
noir. V. plâo;
livide,
(p. hlôSrîSi,
se mouvant
dans
— hliôo
n. son; attention.
(éclatant),
— HliôSôlfr
—
nom de Dvergue.
(loup hurlant),
Kyn
(pf. nom de Frigg.
hluhni,
qui réjouit),
THEMES
ANA,
ici-la,
COMMENÇANT
vers,
contre,
PAR
la. Voy.p.
â- (p.
an-), vers, contre;
5T; civâ.; G. ana; V. ana. —
ex.:
LA
NASALE
N.
3g2.
dgânga
contre).
vers, sur, à. —
(marcher
â (p. an), prép.
annarr (p. andarr, comparatif
de an, plus éloigné, celui-là),
le second. 5RT7: (îripoç;
m. l'autre,
L. alter);
G. an|>ar; V.
andar. —âSr
(p. andr, plus que cela), avant que, jusqu'à ce
— ë<5r ou ëSa
L.
que,
anterius.)
(p.
ou. G. ai|>]jau; V. ëddo.
ëndr, plus que cela), mais (magis),
— â(p. an-), exprime l'idée de longueur, grandeur, etc.; ex. :
— inn, ënn, m.
kmattltr (£rès-puissant).
(in, f. it, n.), celuiensuite.
(Cf. isl.
endr;
mais. — einn, m. (ein, f. eitt, n.),
là, lui. — en (cela),conj.
—
un, seul, unique. G. ains; V. ein; tiç; L. oenus, unus.
ein, adv. seul. — eini, m. le premier. — einna, adv. principalement.
INA,
intérieur,
intensité.
î (p. in, vers l'intérieur),
prép. vers, en, dans, h; L. in; G.
adv. dans, y. — innar (p. indar, compaïn; V. in. —inn,
N AVEC
LABIALE.
453
dans le fond.
ratif de in), dans l'intérieur,
(Cf. L. interius.)
— innan, à l'intérieur,
dedans. — hêrinni,
là-dedans. — îexprime
(p. in-), devant les substantifs,
ex. : îviSr (grand arbre). (Cf. â-.)
descente,
Ni,
l'idée
de grandeur;
éloignement,^légation.—fq-.
adv. pas. G. ni; V. ni, ne. — ne, adv. non, ne
— nio
L.
nec.
G.
V.
noh;
nih;
ne,
(au-dessous de l'hopas.
—- NiSi, m.
n.
absence
de
la
lune.
rizon),
Dvergue qui préside
en bas, ici bas; V. niSar. — niSiar (qui
au niS. — niSan,
^descendent),
plur. descendants. (Cf. WJrU: de apa.) —langni,
ne,
— nîS
plur. ancêtres.
(rabais(longues générations),
ôvtiJbju.a.1.)
sement), n. envie, colère; G. neips. (Cf. HV^lR;
niSiar
Nu,
là!
présent,
actuel.
déjà, vvy; L. nunc, nuper; G. nu; V. nû.
—
m. nouveau. ÎTÔT:; vîoç; L.
nyr (qui est d'à présent),
V. nivu. — ny, n. nouvelle lune. — Nyi,
novus; G. njuja;
m. Dvergue qui préside au ny.
nû,
ANA,
maintenant;
mouvement,
vers le but, fin.
mouvement
vie;
—
grr
;
a.va>.
anti. —ônd,
f. vie,
m. fin.
a^cT:; G. andeis;V.
âme. (Cf. V. anado, anto, zèle, colère.) — âst (p. anst, incli'
—
âstugr, m. bénin.
nation), f. bonté. G. ansts; V. anst.
endi,
NAMA,
s'étendre
nëma
excepté,
vers,
s'incliner,
(nëm, nam), prendre,
à moins que; V. nëma.
NABA , s'étendre
vers,
avancer,
nef (qui saille), n. nez.
<pa.\âç; L. umbo, umbilicus;
G-NAPA , avancer,
saillir.
prendre.
se prendre
saillir.
—
—
qrr^ ; vî/xu.
à. — nëma,
cjL
(Cf. ^TTST, moyeu,
Al. nabe, nabel.)
prép.
; 33.
nombril;
ày,-
454
GLOSSAIRE.
gnûpr,
minence,
m. promontoire,
cime de montagne*
nez); Al. knopf.]
tendre
NATA,
vers,
atteindre,
[Cf. gnôp
—
entreprendre.
(proé-
qr;
L.
•
nitor.
nenna
être courageux.
G. nahpjan;
V. nennen
(nenndi),
— Nanna
f. nom propre.
(s'appliquer).
(courageuse),
NCTA,
prendre,
niôta
(nyt,
NASA, prendre,
nest,
NAHA,
nesti,
atteindre,
jouir.
naut),
jouir.
—
jouir.
—
—
nytr,
m. utile,
bienfaisant.
(guérir)
; V. nësan.
G. ganisan
n. provision
joindre.
V. niozan.
G. niutan;
de voyage. V. wëgnest.
—•
q^;
L. nexus;
G. ganah.
nâl (p. nahtl, qui fait
la suture), f. aiguille. G. nêj>ls; V.
— naestr
— nâr, m.
nadel. —nâi
atteindre.
(nâSa),
proche.
m. le plus proche. — naest. adv. tout près.
(p. nahistr),
NAKA,
étendre,
répandre,
—
coucher.
^tw ; L. necare.
nâr (p. nahr, étendu), m. mort, cadavre, VIKVÇ; G. naus. —
Nâri (causant la mort), m. nom propre. — nôtt (qui se ré— einnaettr, in.
pand), £ nuit. G. nahts; vii%; L. nox; fqsr^.
âgé d'une nuit.
NAHA , répandre,
couler,
nager.-—çrr;
veitir;
L.
nare.
naour, f. couleuvre, serpent de mer. G. nadr; V. natara; L.
natrix. — nôr, nôi (p. nahi), m. navire, vase. ^JT; vaÂJç; L.
navis.
5-NAKA,
remuer,
tourner,
tordre.
—
vivù>; L.
-nuo;
yi3.
tourner, remuer. G. sniwan. — sniallr
(sny, sneri),
m. vif, prompt. Vf. isnelle. — snëmma, adv. de
(remuant),
bonne heure. — snôtr (L. versutus),
m. habile, prudent.
snûa
N
F-NAKA,
(hnukti),
G-NAHA,
—
rompre.
plier,
piy;
; Al.
^
genik.
rompre,
ronger,
(qui gratte),
JTPT; yôyv, L.
genu;
y».
(gnySa),
broyer,
xvamv.
gratter.—
f. ongle. RW: ; L. unguis;
obscurcir.
— hnûka
V. hnîkan.
—
(gnataoa),
s'entrechoquer.
gnya
—
knya (knûSi),
presser, forcer.
fracasser.
nôgl
—
455
(hneig), s'incliner. G. hneïwan;
se courber, se tapir.
gnata
.K-NAGA,
GUTTURALE.
pencher.
plier,
hnîga
AVEC
ovv%.
—
vnpôç( qui se répand).
Nori (couvert),
m. nom de Dvergue. — Nôrr (obscur), m.
nom du père de la nuit. — nor&r (ténébreux),
n. septentrion,
— norSr, adv. vers le nord, au nord.
nord. (Cf. £oç>o?;
|1S¥-)
NARA,
répandre,
couvrir,
adv.
du nord,
norSan,
au nord. —
préside au nord. —NiôrSr,
ONOMATOPÉES
Ku,
Gu,
mugir,
hurler.
—
m. nom
NorSri,m.
propre.
PROPREMENT
Dvergue
qui
(Cf. Ntipêu?.)
DITES.
yoâa>, (hocuo; Pipj.
f. vache, rît; j&ovç; L. bos; V. chua. — geyia (gey, gô),
aboyer, hurler.
kyr,
UMA,
bruire,
mugir.
m. nom du géant qui est la personnification de la mer
—
bruire, mugir, gémir.
mugissante.
ymia (umda),
Ymir,
SUSA,
bruire,
mugir.
sus, n. mer mugissante.
TABLE
ALPHABÉTIQUE
DES MOTS ISLANDAIS EXPLIQUÉS DANS LE GLOSSAIRE.
NOTA.—h. désigne le haut, m. le milieu et h. le bas de la page.
akarr
A
âl
â
â
page 43om.
45a m.
-a
4a2 m.
â-
452 m.
452 b.
â-
i
aSal
,
page 43o m.
446 m.
ala :
446 m.
aldni
446 m.
aldregi
âlfr
4.29 b.
446 b.
AMafôSr
4o8b.
alldr
446 m.
âSr
422 b.
452 m.
AllfôSr.
oefi
4o8 h.
allr
4o8b.
446 m.
aei
4o8 h.
allsvinni
oetla
43o m.
and-
aett
43oh.
aeva.,
4o8 h.
4o8 h.
andfang
andlit
oevi.
af
af-. . . .
afa
407 h.
£07 h.
andskoti
andsvar
ângan...........
annarr
4i4 h.
422 m.
4i4b.
448 b.
433 b.
4i8m.
43o h.
45a m.
438 m.
afi
. 407 h.
4o8h.
afl
4o8h.
ârdaga (î)
afl
43oh.
afrâS. . .-
44o b407 h.
argr
ari
427 h.
443 m.
438 m.
armbaugr
armr
451 h438 b.
ârôs
42 3 m.
aftan
aftari
aka
407 h.
43om.
âr
TABLE
DES MOTS
page 424h.
42 4 h-
as
askr.'
âst...!
ISLANDAIS.
457
batna.
4nb.
baugr
beiSr
451 h.
4i2 h.
hein
420 b.
449 ^-
âstugr
453b.
453 b.
âsynia
at
424h.
422 m.
bekkr
âtt.
43oh.
422 h.
bëra
422 h.
423 h.
bergia
444 h.
444 h.
Bergelmir
beria
432 h.
4i 7 ni.
betri
4n
423 m.
42 3 m.
Beyggvir
beztr
417b.
4i 1 b.
423 m.
42 3 m.
biarg
biartr
444 h.
443 b.
423 m.
4a3 m.
biSa
4i2 m.
4i2 m.
âtta.
âtti
auS
42 3 h.
43o m.
auSigr
auga
aur
aurugr
ausa
ausin
austann
austr
4ig m.
417 m.
Beli
bërg
biSia
Bifor
4og b.
4i2 m.
4og h.
biôSr
B
biôr
ba&r
baSmr
Bafor
bak
bâl
baldni
Baldur
ballr
ballrîSi
band
bani
barn
4o8m.
417 m.
biûSa
4og b.
45i h
419 b.
bland ...
4ig m.
419 m.
blâr
4ig m.
44o b.
4io b.-
bliSr
420 b.
417 m.
:. ..
4i2 m.
452 h.
....
448 b.
448 b.
blâinn
blanda
blandinn
blasa
blôS
blôSugr
bol
boeta
b.
448 m.
452 h.
448 m.
448 m.
44g b.
44g b.
419 b.
4n b.
458
TABLE
bogi
borS
451 h.
dimmi,
44i h.
borSveggr
4i i m.
dôgg
doema.
borg.
borinn
444 h.
417 m.
Dolgbrasir
dômr
445 m.
bôt
4n
b.
dôttir
426 b.
brâSr
44i
b.
445 h.
Bragi
braut.
443 m.
draga
drâsill
44o m.
brënna
43g m.
43g m.
Draupnir
dreki
drëkka
445 h.
drëpa
44o m.
dreyri
drit
44i b.
dritinn
44i b.
44i m.
brenna
43g m.
44i m.
Brimir
briôta
brôSir
dimmr....
42 5 h.
426 m,
. 423 b.
423 b.
445 h.
445 b.
44i b.
brotinn
417m.
44i m.
brotna
44i m.
driûpa
44o m.
Bruni
dropi
drôtt
44o m.
bûa
43g m.
4io h.
bûinn
4io
h.
drygia
Bûri
drykkr
Burr
4io h.
417 m.
duga
445 h.
426 b.
byggia
4ioh.
dvérgr
4i8h.
byrla
4og m.
dyggr
dyr
426 b.
4i8 h.
dyr
428 h.
D
445 h.
445 h. /
dâS.
423 b.
dagr
dalr..
427 h.
428 m.
ëSa, èSr
452 m.
deigia
deila..
426 m.
ëf
428 m.
eftir
4o8h.
407 m.
dellingr
42 7 h.
eiSr
deyia.
/126 b.
eiga
E
4^ 2 b.
43o b.
DES
eigi.
eign
eimi, eimr
einhendr
einheri
einii
einn
einna
einnaettr
eitar .
ëk..
ekki
^-T.
ellifti...
eilifu.
MOTS
42g b.'
43o b.
422 b.
fara
endi
ënn
eptir. . .
ër
èr
ey
eyra
eyra-rûn
459
faraz
417 h.
417 h.
fax
4i6 m.
432 m.
435 m.
fê
4i4m.
fegri
4i4b.
452 b.
452 b.
feigr
fêla
4i6b.
452 b.
454 b.
fella, fellia
fen
42 3 b.
429 h.
fenginn
Fenrir
429 b.
446b.
festa
420 m.
4n m.
festi
4i 1 m.
fet
4iob.
hall
... 446b.
447 m.
eltia
en:
ISLANDAIS.
4igm.
420 h.
420 m.
4i4 b.
452 b.
453 m.
fiarri
4igm.
4i6 b.
fifl
4ogb.
45à b.
407 m.
Fili
fimbul-
4igm.
4og b.
422 m.
421 b.
hmbulvëtr
4i6 b.
fimm
4i4b.
407 b.
42 3 m.
438 b.
firnti
4i4b.
hngr
hnna, finnast
Finnr . .
4i4b.
fiôSur
4io m.
4ig m.
F
fiôlld
4i3 b.
4i4h.
fâ
4i4b.
Fiôlnir
faSir
4o8 b.
hôr
fagurr
falla
4i4b.
420 h.
Fiôrgyn
4i 9 m.
444 m.
444 h.
fana
42 0 m.
417 b.
Fiôrgynn
fiôrSi
444 h.
422 h.
iiôrir
42.2 h.
far
460
TABLE
firr
4i6b.
frata
44i m.
firrast
4i6b.
fregn
444 m.
firstr
fregna
freista
444 m.
fiskr
416 b.
4og m.
flâr..
44g b.
Freki
417 h.
444 m.
frekr
444 m.
fleiri
4igm.
4ig ni.
fremstr
flet
448 m.
Freyia
417 b.
444 m.
fleygia
451 h.
fliûga
451 h.
Freyr
M
444 m.
444 m.
flôg
foeSa
451 h.
frîa
444 m.
4og h.
4o8b.
Frigg
444 m.
433 h.
„
fleira
fôSr
for
417m.
417 m.
foera
fold
folginn
fôlk
frôSgëSiaSr
frô&, frôSr
froeSa
4igm4ig m.
froeddr
45ob.
44i h.
44i m.
44i m.
444 m.
Froegr
, . 436 h.
419 m.
fôlkvîg
for
4i 5 b.
fullgiôrva
fullr
4i6 b.
Fundinn
4i4 b.
fordaeSa
42 3 b.
fylla
forSom
4i6 b.
fyrir
fyrst
fors
417 h.
444 b.
4igm4i6 b.
416 b.
fyrstr..
416 b.
forvitni
4i3 b.
fôtr.
4iob.
frâ
4i6m.
fornn..
frâ
..
,
fram
framar
framgenginn.......
frami
framr-
G
4i6b.
gaetast
417 h.
417 h.
GaglviSr
43o h.
galdi
417 h.
417 h.
gamall
gala
gaman
433 h.
4i 1 b.
437 m.
437 m.
432 h.
432 h.
DES
MOTS
ISLANDAIS.
432 h.
432 b.
giôrva
gisling
gandr
43à b.
432 b.
gânga
43o h.
gleipa
GângrâSr
44o b.
43i m.
glepsa
447 m.
447 m.
glôa
Glôinn
452 h.
45a h.
glyaSr
gamli
gan
gandi
gap
'
461
. 436 h.
433 h.
gisl
433 h.
452 h.
glaSr
garmr
436 h.
439 m.
garn
436 m.
gnata
452 h.
455 h.
gëS...
433 h.
431 h.
gnûpr
454 h.
gnya
431 h.
goS....
454 h,
433 h.
431 m.
436 b.
gôSr
Gôndull
434 b.
433 h.
goti
433 h.
433 h.
gramr
455 b.
434 h.
grâta.
437 m.
436 h.
431 m.
gremia
43g m.
43g m.
griS
442 m.
grind
442 m,
442 m.
garSr
gëfa
Gefion
geipa
geir
Geirskôgull
gestr
gëta
gêta
geyia
geysa
gialda
giarn
gifur
gilda.
gildi
437 m.
. 437 m.
;....
graeta
gras
gremi
griot
grôa
432 b.
432 b.
433 b.
442 h.
43g m.
445 b.
.44^h.
445 b.
445 b.
438 h.
438 h.
groenn, grôinn....
guSr
giôrla
437 m.
436 h.
436 h.
442 m.
432 b.
gull^p
gullinn
435 m.
435 m.
Giôrliga..
giôrr.
436 b.
436 h.
gullveig
4i5 b.
432 m.
gîna
ginnûngr
giôll
giôra
grund
gumar
TABLE
462
gumnar
gunnr
Gygr
Gymir
432 m.
432 b.
haugr...........
héoan
434 m.
434 b.
432 m.
hefia
431 h.
hefna
43i m.
hefnd
43i m.
heiSr...
434b.
heilagr
heill
437 h.
H
hâ-
434 m.
433 m.
haetta
heimr
42 g m.
437h.
431 b.
haf
433 m.
43i h.
Heimpallr
heita
hafa
431 h.
hel
haft...
43ih.
helldri
haftband
4iob.
hellstr
hagr
halda
434 m.
hêr
437 h.
429 m.
437 m.
437 h.
her
435 m.
herSi
HerfôSur
hâls
437 h.
437 h.
435 b.
409 h.
hamarr
432 h.
HeriafaSir
435 m.
409 h.
hamr..
431 b.
Herian
435 m.
435 h.
hêrinni
hestr
hann
438 m.
42 g m.
453 h.
442 m.
hapt
har. .
431 h.
435 m.
hâr
434 m.
himinn
harba&mr
4io h.
hinn
431 b.
429 m.
hinnig
hiôrS
4i5b.
435 b.
hiôrr
haettr.
hali
halir
handski,
hani
handskôr..
harSr
. 435 b.
harmr
m.
^n
436 m.
harpa
hart
hâlt
heri
heyra . . . .
hiarta
Hildur
428 b.
433 m.
437 h.
437 h.
423 m.
435 b.
437 h.
435 b.
hirSir
435 b.
435 b.
434 b.
hiti
433 m.
DES
MOTS
463
ISLANDAIS.
429 m.
45i m.
hrata
442 m.
hrîm
Hrîmfaxi
hliôS.
449 h.
452 h.
43g m.
4i 6 m.
Hrîmpurs
445 m.
HliôSôlfr
452 m.
hringr
hrôSr
446 h.
442 h.
452 h.
hrôSugr
HrôSursvitnir
452 h.
hrôp
44gh452 m.
Hroptr
hros
44a m.
hnîga
hnûka.
455 h.
hryggr
446 h.
455 h.
hryggr
446 h.
hôfuS
431 m.
434 m.
hoegri
434 m.
hugr
hun
hôggva
hôldr
435 h.
hungr
hitt
hlakka
hland
. 44g h.
452 h.
hliôta
. .
hlôS.
HlôSyn
HlôrrîSi
.,
hlutr
Hlyn
hôll,
; . . 437 h.
hôllr..
hônd..
. ....;....
437h.
432 m.
44a h.
4i3
m.
43g b.
43g b.
4ag m.
434 m.
4i4m.
hundmergir
hundraS
432 m
hvaSan
. 429 m.
429 m.
Hoenir.
438 m.
hvar
hôrgr . . .
hôf. . . . .
435 mv
43i m.
hvârr
hold
437 h.
437 h.
hvarl
hvê
hon
437h.
42g m.
hvërfa
42 9 m.
436 m.
hôrSômr
4a 3 b.
hverfa
436 m.
horfa
. 436 m.
horn
435 b.
hvergi
hverr
429 b.
429 m.
hôrr
435 m.
4a a m.
hrae^
hrseSast
43g b.
44a m.
hveJPi
hvetia
hroesvelgr
4ao h.
hollr.
holt
429 m.
42 g m.
bvars
429 b.
43ob.
hva'tr
. 43o b.
hvî .
hviti,
hvitr
. .v
429 m.
43o b.
464
TABLE
hylia
434 m.
437 h.
Hymir
432 h.
hyggia
K
kaldr
437 m.
45o m.
kalkr
kalla. .
I
kaîla£r
452 b.
453 h.
kaup
423 m.
4o8 m.
kaupa
kemba
ketill
IarnviSr
424 m.
4i i h.
iS
4a î m.
iS
4a2 h.
42 a b.
kiôll
4o8 b.
4o8 h.
kippist
klaka
45a b.
45a b.
klettr..
453 h.
I . . . 45a b.
klofna
î . ...
îiaSarr
iafh
iarn.
.^Siar
illa
illr
in
inn
innan
innar
iôrS
iôrmun
iôtunn
ioll
438 b^
438 b.
4a 3 h.
kambr
kiaftr,
kind
koma
438 m.
kosta
îs
4a4h.
452 b.
kostr
4%m422 h.
423 m.
kunua
itar-, itrîviSr
4n
h.
kiaptr
knya
kôrn
iora
it
44oh.
432 m.
klyfia
knâ
kona
it
43o b.
kliûfa
iôr.
it
44o h.
43o b.
kiôsa
434h.
43o m.
437 m.
437 m.
kraka
kûra
kvan,kv8en
kvëSa
44o h.
438 h.
437 m.
434 ni'
44o h.
451 m.
447 h.
447 h.
447 h.
447 h.
437 m.
455 h.
436 b.
431 b.
438 b.
434 m434 m.
446 b.
437 b.
434 m438 h.
4i2 m.
DES
MOTS
ISLANDAIS.
kyeSia
kvën. .
4i2 m.
leiSa
438 h.
leiSr
kvërn;
436 b.
leika
4i2m.
leikinn
kviSr. ...
........
kvi&mi..
. .-»-'. .^. . . 4i2 m.
438 h.
lemia
438 m.
455 b.
lengr
kvon.
kynda
kyr
434 m.
434 m.
kyrr
kyrra
447 b.
447 b.
45o b.
45o b.
447 ^144g m.
lengi
44g m.
44g m.
lengra
letia
lêltari
•
lèttr
L
44g h.
44g b.
là
là
446 b.
leyfi
446 b.
leyna
45o b.
ïaè
44g m.
liSr
loefi..
446b.
lif
. 448h.
m.
~~.~~klv]
lifa
loeti
.\
laevîsi
4i3b.
last....
45o h.
447 m.
lâta
latr
.,448
leyss
hS
îae
las-..
, . . . 447 m.
45o b.
'. . 45ob.
leyfa
. 447 b.
449 h.
la£a.
465
m.
447 b.
b.
.^^Ixliq
hSa
44ybr~
446 b.
Lîfprasir
446 b.
445 b.
Hggia
lîki
44g h.
449 m.
likr
44g m.
45o b.
447 b.
. 447 m.
407 b.
lîkn
laug
laukr
44g m.
'
45o m.
liofc.
liôni
448 h.
45o h.
lami
45om.
liôri
451 b.
lauss....
448m.
451 b.
lios
451 b.
liôtr
44g m.
449 h,
lita
447 b.
448 b.
litill
447 m.
Laufey
lax.
leggia
leggr
lind
/.
3o
466
TABLE
...
Litr..
litl
liûga
LôSur
\o&
lôg
lôg
lôgr
lôgra
lof
lofa.......
...'...
448 b.
mar..
447 m.
45o m.
margr
marr ;
4i5m.
451 b.
matr
4i2
447 b.
44g h.
mâttr
4i5m.
mâttkr
4i5
m.
44g m.
44g m.
mëS
4i2
b.
mëSal
4i3h.
44g m.
mëSan
4i3h.
446b.
mëSr
4i2
446b.
mega
4i5m.
. . . .
4i8b.
444 h.
b.
b.
logi
losna
451 b.
megin
4i5m.
448 m.
4i5
luSr
448 h.
meginligr
meiSr
lûka
45o m.
mein
421 m.
lundr
meinsvari,meinsvarr
4i8
lySr
447 m.
448 h.
meir
4i5h.
lygi
45o m.
meiri
4i5h.
lysa
451 b.
mel
men
4igh.
421 m
mergr
443 b.
mey
4i5b.
miSgarSr
436 h.
mîga
mik
444 b.
4o8 m.
minn
4o8 m.
•
M
m.
4i 1 h.
m.
maSr
421 m.
maekir.
4i5
maela
maer
409 m.
4i5 h.
maerr
4i5
h.
minna
421 m.
moetstr
4i5
m.
minni
421 m.
mal
4og m.
miôSr
4i2 b.
mâlugr
4og m.
42 g b.
MiôSvitnir
4i3m.
mangi
mâni
mannr
h.
4og m.
42 T m.
miôg,
miôlk
miôlnir
m.
miôk
4i5
. .
45o b.
4iQ b.
DES
MOTS
ISLANDAIS.
467
nef
453 b.
miôlka
4i i h.
45o h.
neffôlr
mior.
4i8b.
nëma
4o8 b.
453 b.
mistill
4n
MôSi
môSir
4*3 h.
4og h.
nest, nesti
ni
môSr
4i3h.
niS
453 h.
453 h.
môgr
4i5h.
nîS
453 m.
Môgprasir
mold
445 m.
41 g h.
niSan
453 h.
Ni&
453 h.
mon
421 m.
4i8 b.
NiShôggr
niSiar
miôtviSr
moro
morgin, morgunn.
muna
h.
. 443 b.
4a î h.
nenna
454 h.
454 m.
: 453 h.
453 h.
NiôrSr
455 m.
niôta
41 a b.
4i2 b.
nîu
454 m.
43a b.
niûndi
43a b.
4i2 b.
420 m.
nôgl
Nôrr
455 h.
455 m.
nôi, nôr
norSan
454b.
454 m.
norSr
455 m.
NorSri
455 m.
nôtt
454 m.
454 m.
438 h.
nû
453 m.
ny
454 m.
4ag m.
Nyi
453 m.
453 m.
nytr
Nanna
454 m.
454 b.
nâr
454 m.
nâri
454 m.
ne
453 h.
ô-
ne
453 h.
ôau&gr
mund
mundil
mundr
muspill
N
naSur
naest
naestr
nafn
nâi
nakkvar
nâl
'. 454 m.
454 m.
453 m.
454 m.
nyr
0
420 b.
423 h.
3o.
468
TABLE
OSinn
4iom.
opinn
ôSr .
ô-
4iom.
42 o b.
opt
or
oeSi.
4iom.
or
ôSli
423 h.
orS
ôflugr
ôfund
4o8 h.
ormr.
436 m.
4a i h.
ôrof
ôîztr
407 m.
43o h.
446 m.
ôs
43g b.
423 m.
ôsâinn
424 m.
ôsk .
42 1 h.
OEgir
ôl
ôld
ôlmâl
ôln
ôlr
ônd
oepi
or.
407 b.
407 b.
4o8 b.
42 3 m.
, 44i h.
• • • • 446 m.
4og m.
446m.
446 m.
P
4i 1 h.
peningr
453 h,
4og b.
R
. 423m.
Orgelmir
ôrn
43a h.
râS
44ob.
438 m.
râSa
ôrr
42 3 m.
râSsviSr
44o b.
4i4 h.
ôrviti
4i3 m.
ragr
rammr
of
ofofan
ofdrykkia
ofr, ofur
ofrmaelgi
ôgôSr
ok
okkar
ôkviSinn
ôkynian
ôp
407 m.
. 407 m.
443 m.
438 b.
443 m.
rauSr
407 m.
445 h.
407 m.
raun
438 b.
443 h.
4og m.
432 b.
42 g m.
reiSgoti
reiSr
42g m.
4i2 m.
rëka
rënna
443 h.
43g h.
438 h.
4og b.
reyna
rêttr
438 b.
442 b.
regin
rëgin,
reiss
rëgn........
444b.
433 m.
442 m.
442 b.
DES
MOTS
ISLANDAIS.
44o b.
43g b.
sandr
42 5 m.
sannr.
424h.
43g b.
443 h.
443 m.
sâr
4i8m.
sâryrSi
sâttr
44i h.
442 b.
442 b.
saur
4a6 h.
4i8 m.
seSia.
4a5 m.
sëfi.
4a5h.
.
43g m.
443 m.
443 m.
segia
seiSr
437m.
4a 5 b.
roegia
rôk .
443 h.
443 h.
selia
428 m.
sem
422 m.
rôkr, rôkur
rôst
443 m.
442 b.
semia
4s4b.
senda
rôg
rômr
443 h.
438 b.
sendtr
42 5 m.
425 m.
rôr
sëss
rûn.
443 m.
438 b.
rySa
443 m.
siâ
rî£a
rîf.
rîfa
rîki, rîkr
riôiSa
rîsa
risni.
risna,
riûfa
riûka
rô..
senna
sëtr
siâldan
siâlfgi
siâlfr
sa
sa
Sashrimnir
saell
saelligr
saer
saga
sakast
salr
saman
Samsey
....
42 2 h.
42 4 m.
sîS
43g m.
428 m.
428 m.
sîSan
4a4m.
427 m.
sîSr
426m.
428 m.
sif
422 m.
407 b.
sîga
sîSa..
sîSar
sîSast
sîSst
sîg
SigfaSir
469
425 m.
43 5 m.
42 5 h.
427 m.
428 m.
42 g b.
446 b.
42 5 m.
4a5 m.
42 5 m.
. 42 5 m.
42 5 m.
42 5 b.
42 5 b.
42 5 h.
42 5 b.
425 b.
4og h.
470
TABLE
sigli..
424 m.
skôp
43i b.
sigur
42 5 b.
434b.
Sigyn
sinka..
425 b.
skôgr
skôr. .......
skot...
433b.
sinn
4a5 b.
42 2 m.
slâ
451 m.
sinn
42 5 m.
slaevurr
45i m.
sinni
42 5 m.
slakr
451 m.
siô
4a 2 h.
èlêttr
451 m.
siôndi
422 h.
sliâr
451 m.
siôtti
4a2 h.
42 4 m.
slikr
449 m.
448 h.
. . 448 h.
siôr
siôt
SkaSi
skal
skâlfa
skâlm
skâpa
skarpr
skegg
skeggia
skekia
skenkia
skepia
skiarr
42 5 m.
433 m.
437 b.
437 b.
437 b.
431 b.
43g b.
434 b.
. 434 b.
435 h.
435 m.
431 b.
436 b.
slîta
slitna
435 b.
slôkna
451 m.
slôkva
451 m.
smasrri
4i5 m.
smaerstr
4i5 m.
smâr
4i5 m.
smiSa
4i3h.
smiSr
4i3 h.
snapvîs
snëmma
4i3b.
454 b.
sniallr
snôtr
454 b.
454 b.
454 b:
426 m.
426 m.
42 5 b.
skiS
433 m.
spûa
sôk
skin
438 m.
scekia
skîna
438 m.
sôkvast.
Skinfaxi
4i6 m.
soeri
skiôta
433 b.
Soi
4i8m.
424 m.
skiôtr
433 b.
sonr
424 m.
skira
436 b.
sortna
4i8m.
skirr
436 b.
sôt
4i4m.
Skôgull
434b.
spâ
4i4b.
DES'
MOTS
ISLANDAIS.
471
sus
455 b.
spâkr
4i4b.
spâkligr
4i4
speki
4i4b.
systr
spiall
420 m.
4i2
spialla
420 m.
systrûngr
svâ
spilla
420 m.
svalr
420 h.
svartr
4i8m.
SvasuSr
4i2
sveinn
4a4 m.
spor
^
4i8
b.
m.
syna,
427 m.
4i2 h.
synast
h.
42 3 m-.
h.
sporna
4i8m.
spyria
staSr. .•
4i8
424 h.
sveiti
4i4m.
stafr . ^
424 b.
svëlga.
4ao h.
424h.
svëlta,
svëltast. .. . . 420 m.
standandi
4a4h.
svërSr
stëkkva
sviSr,
steypa
427 m.
424 b.
stîga
stiôrna
427 m.
427 b.
svôrS,
stoS.
424h.
stôkkva
42 7 b.
428 b.
slanda..
stôlr
.'
m.
4i8m.
svinnr
svigr
svôrSr
4i4
h.
4i6
h.
4i8m.
T
taka.
4s6 m.
427 b.
427 b.
tâl
428 h.
tefla
424 m.
tein
stySia
42 7 b.
424 h.
teitr
429 h.
42 5 b.
styra
4a4h.
telia
428 h.
styri
su.
4a4 h.
tî<5
42 5 b.
422 m.
tîSr mik
4a 5 b.
suSr
4i4m.
til.
4a8h.
SuSri
4i4m.
tilt
4s8 h.
sûga
sumar
426 h.
timbra
424 b.
424 m.
tîu
432 m.
sumbl
liaHh.
4a 6 m.
sunnan
4i4m.
tiugari
tîundi
strâ.
straumr
strônd
.. 1
43a m.
TABLE
472
tivor
4a4b.
tôfl.
4a4m.
tông
tôl..
42 9 h.
428m.
tôlf
tôlfti
tomt,
topt
pekia
bêr
426 b.
perra
445 m.
pëssi
421 b.
446 b.
bing
446 b.
pinn
427 b.
4a 1 b.
424 b.
pinurr.
piôS
426 b.
piônusta
426b.
. 445 m.
trê
b.
421 b.
4a8 b.
troSa
44i
troll
441 b.
PÔ
,. . «431
trog.
tûrt
445 m.
poer
tungl
429 h.
42 7 h.
pôënn
polir
Jxi 1 b.
'. . 421 b.
Tyr
4a4m.
pôr
428 b.
porp
pôtt
44o m.
P
brâ .
...
4a 1 m.
b.
428 b.
421b.
,
445 m.
445 m.
paSan
4a 1 b.
praungr...
priSi
pagna
4a6 h.
brîfa
44o h.
pak
bakkir
4s 6 h.
prîr
brisvar
422 h.
prot
44i b.
pâ
baktr
437 m.
4a6 h.
422 h.
422 h.
par
parfr
4s 1 b.
prûSgelmir
432 h.
44o m.
prunginn
445 m.
parmr
44o m.
pu
421 b.
bars
4s 1 b.
428 h.
pat
4s 1 m.
]jùlr
pumall
pau
421 b.
pumlûngr
425 h.
pëgar
4s 1 b.
purfa
44o m.
pegia
4a6 h.
peigi
peir
42 9 b.
purfi.
purs .
445 m.
43ib.
bvî
42ib.
42 5 h.
44o m.
DES
MOTS
pvîat
421 b.
pveginn
pvô
4i6
h.
4i6
h.
by
bykia
473
ISLANDAIS.
4t5b.
vaengr
vaett
.'. ; 4i6m.
4i6
426 b.
vaettugi
VafprûSnir
vâgr
vaka
4i5b.
byrma
427 m.
4i8 h.
4i6
pyrstr
445 m.
vala
4igh.
Vali
4ig
u
ûlfr.
447 h.
4og h.
UlfsfaSir
um
una
407 b.
421 h.
und
42 2 b.
undar
422 b.
undar
Valkyria
valida
valldi,
valr
valyndr
vamm
441 b.
h.
b.
. . . . 4og h.
434 m.
ValfaSir
.'.
m.
420 h.
valldr
4ig
b.
4ig
4i6
b.
m.
4ioh.
4i5
448 b.
vângr
vanr
undarsamlig
undir.
448 b.
vanrêttr
442 b.
422 b.
undorn
428 h.
vâpn
vara
4og b.
417 b.
unn
x4a~3 b.
varSa
unz.
433 b.
varr
417 b.
417 b.
vaxa
4i6h.
vê
4i6
411 b.
veS
4iob.
ûsialdan
4s8 m.
veSia.'
4i 1 h.
ûtan
433 m.
vëSr
4i6
m.
ûti
423 m.
vëga
4i5
b.
vëgr
veiSa
4i5
b.
4n
m.
veiSr
4n
m.
veigr
veita
4i5
b.
4i3
m.
. .
'. 407 m.
4s3 m.
upphimin
ur.
UrSr
....
V
va
42ob.
vaSa
4iom.
m.
42 0 b.
m.
474
TABLE
DES
MOTS
ISLANDAIS.
veita
4i3 b.
vinnr
420 b.
yeitsla
vekia
4ï3b.
vis
4i3b.
4i6 h.
vit
4o8b.
vêl
4-igb.
4ig b.
vila
4i3m.
vîta
4i3b.
4i4b.
vitia..
4i3b.
Ai7b.
4-11 m.
4n m.
Vitnir
4i3 m.
vitr.
4i3m.
vîtr
4i3 m.
44o b.
44o b.
vîtt
vo
4i3m.
420 b.
417 b.
444 b.
444 b.
vôH
4i8h.
vômm
Vestri
428 m.
4i 1 b.
viS
4iob.
vôrSr
viS
4o8 b.
4n h.
von
*
velia
vêlspâ.....'
veor
vër
vëra
vërSa
VerSandi
veria.
.•
vërri
vërstr
vësall
viSr
vîSr
vîg
vîgbônd
Vili..
vilia
vôllr.
4r£h.~/
419 h.
vôlva
4i o h.
421 h.
voenn
417 b.
4ÎO b.
Y
4i3m.
4ï5 b.
ySr
4io b.
yfir
4igb.
YggSrâsill
vinda
^ 4ig b.
4n b.
vindr
416 m.
Vindsvalr
Ui&<î\i Q"(J ^n"di
AIVQV
>P#\---:
vinna
.-
yikr
ymia
Ymir
421 b.
'
407 b.
445 h.
429 m.
455 b.
455 b.
421 h.
4°7b-
ERRATA.
Page
lisez vilhialmr.
97, villiahmr,
i35
(ligne i4 d'en bas) effacez le point et virgule.
Usez îviSi.
186 (vers 7) îvidi,
Id.
là.
(vers 8) nëdan , lisez nëSan.
(vers 11) iôrd, lisez iôrS.
ig4
200
(vers
20g
318
(ligne
(vers
(ligne
32 2 (ligne
36o (ligne
383
392
"
~?
g3) ]pâ, lisez |>û.
177) iôrd, lisez iôrS.
lisez retrouveront.
1) retrouvèrent,
i3) oma, lisez koma.
lisez JjôgnoSo.
7 d'en bas) pôgnoSo,
7 d'en bas), du, lisez de.
5 d'en bas) et de même que, lisez : et, de
(ligne
même
(ligne
_
que.
11 d'en
bas)
B., lisez N.
PREMIERE PARTIE. INTRODUCTION GENERALE.
CHAP. I. De l'origine des idiomes scandinaves
§ I. De l'ancienne langue danoise
§ II. De l'ancienne langue norvégienne
§ III. De l'ancienne langue islandaise
§ IV. Table générale des idiomes teuto-gothiques
CHAP. II. De l'ancienne littérature islandaise
§ I. De l'origine de la littérature islandaise; de l'Edda
§ II. De l'auteur du recueil de poésies nommé Edda
§ III. Du genre de poésie auquel appartiennent les poëmes de l'Edda
§ IV. De la forme narrative et de la forme dramatique des poëmes de l'Edda
§ V. Des sujets mythologiques traités dans les poëmes de l'Edda
CHAP. III. Considérations sur la mythologie et sur la manière de la traiter
§ I. Des différentes opinions sur la nature de la mythologie
§ II. Des différentes espèces de mythes
§ III. Comment on peut distinguer les différentes espèces de mythes
§ IV. De la manière de traiter la mythologie
CHAP. IV. Examen philologique de la langue islandaise
§ I. Des différents systèmes d'orthographe suivis dans les manuscrits islandais et les éditions de l'Edda
§ II. Examen des voyelles simples
§ III. Examen des diphthongues
§ IV. Examen des concrétifs
§ V. De la permutation des voyelles
§ VI. Le phénomène de la permutation des voyelles expliqué
§ VII. Des consonnes liquides R, L, M, N (halfraddar stafir, semi-voyelles)
§ VIII. Des consonnes labiales P, B, F, V
§ IX. Des consonnes dentales et sifflantes T, D,
, Z, S
§ X. Des consonnes gutturales K, G, H, J, X
§ XI. Conclusion du chapitre
CHAP. V. De la versification islandaise
§ I. De la quantité et de l'accent
§ II. Du rhythme
§ III. De la versification (versagiör
)
§ IV. De la versification islandaise
§ V. Du fornyrdalag
De la thèse et de l'arse
De l'anakrouse (mâlfylling)
De l'allitération
§ VI. Du rhythme du fornyrdalag
§ VII. Du liôdahâttr
§ VIII. De la strophe
§ IX. La division de la strophe en quatre vers attaquée par Rask
§ X. Les objections de Rask réfutées
SECONDE PARTIE. POEMES ISLANDAIS.
I. VOLUSPA.
INTRODUCTION
CHAP. I. Explication du titre du poëme
§ I. Des prophétesses ou devineresses chez les peuples germaniques
§ II. Des Valas (Völur) chez les peuples scandinaves
§ III. De la forme de vision donnée au poëme
CHAP. II. Des parties du poëme
§ I. De la disposition générale des parties du poëme
§ II. Table détaillée des parties du poëme
§ III. De l'arrangement des strophes
CHAP. III. Examen critique du poëme
§ I. De l'intégrité du poëme
§ II. De l'époque de la composition du poëme
§ III. De l'auteur du poëme
Texte et traduction
Notes critiques et philologiques
Notes explicatives
II. VAFTHRUDNISMAL.
INTRODUCTION
CHAP. I. Explication du titre et du but du poëme
CHAP. II. Des divisions du poëme
CHAP. III. Discussion de différentes questions de critique concernant le poëme
Texte et traduction
Notes critiques et philologiques
Notes explicatives
III. LOKASENNA.
INTRODUCTION
CHAP. I. Du but du poëme
CHAP. II. De la disposition des parties du poëme
CHAP. III. De l'intégrité du poëme
CHAP. IV. De l'époque de la composition du poëme
Texte et traduction
Notes critiques et philologiques
Notes explicatives
TROISIEME PARTIE. GLOSSAIRE.
INTRODUCTION
CHAP. I. De la signification des voyelles
CHAP. II. De la signification des consonnes
CHAP. III. De la formation des thèmes
CHAP. IV. De la disposition des matières dans le glossaire
GLOSSAIRE. - Thèmes commençant par une des labiales P, F, V, B
Labiale seule
Labiale avec labiale
Labiale avec dentale
Labiale avec gutturale
Labiale avec R
Labiale avec L
Labiale avec N
Thèmes commençant par une des dentales T, D,
,S
Dentale seule
Dentale avec labiale
Dentale avec dentale
Dentale avec gutturale
Dentale avec R
Dentale avec L
Dentale avec N
Thèmes commençant par une des gutturales K, G, H
Gutturale seule
Gutturale avec labiale
Gutturale avec dentale
Gutturale avec gutturale
Gutturale avec R
Gutturale avec L
Gutturale avec N
Thèmes commençant par la liquide R
R seul
R avec labiale
R avec dentale
R avec gutturale
Thèmes commençant par la liquide L
L seul
L avec labiale
L avec dentale
L avec gutturale
Thèmes commençant par la nasale
N seul
N avec labiale
N avec dentale
N avec gutturale
N avec R
Onomatopées proprement dites
TABLE ALPHABETIQUE des mots islandais expliqués dans le glossaire

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