Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal
Transcription
Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal
Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal, Lokasenna), tirés de l'Edda de Saemund, publiés avec une traduction, des [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Poèmes islandais, (Voluspa Vafthrudnismal, Lokasenna), tirés de l'Edda de Saemund, publiés avec une traduction, des notes et un glossaire par F. G. Bergmann,.... 1838. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected]. RELIURE TIESSEN NANCY 2002 POËMES DE L'EDDA (VOLUSPA,VAFTHRVDNISMAL,LOKASENNA) TIRÉS DE L'EDDA . • *' , DE S^MUND PUBLIÉS DES NOTES AVEC UNE TRADUCTION, ET UN GLOSSAIRE • P>R F. G. BERGMANN MEMBRE DE LA SOCIETE ASIATIQUE IMPIUMEy^ARNA^TOM^ncM A L'IMPRllrfg*E M DCCC DE PARIS DU ROI ROYALE XXXVIII AYANT-PROPOS. de poésies islandaises connu sous de YEdda de Soemund, paraît avoir été Le recueil le nom dans les premières années' du xiv° composé siècle. Peu de temps après cette époque qui de la décadence de marque le commencement ces poésies, à islandaise, tombèrent dans l'oubli, et peine recueillies, leur existence même semble être restée ignorée l'ancienne littérature deux siècles et demi. pendant siècle, plusieurs savants islandais, Svendsen, grim Ionsen, Bryniolf lason, Magnus à la recherche crits. En Stalholt parchemin l'ancienne remonte Mais au xvne tels que ArnThorlak Sku- et Stephan Olafsen, se livrèrent et à l'étude des anciens manus- Svendsen, Bryniolf évêque à de en Islande, découvrit un manuscrit 1643, renfermant la plupart des poésies sur Edda de Soemund. Ce manuscrit qui à au xive siècle, se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Copenhague royale, et porte le nom de Codex Regius. Après cette heureuse on retrouva encore quelques autres découverte, ii AVANT-PROPOS. manuscrits servirent qui à compléter le précé- dent. Le zèle des Islandais dans l'étude infatigable Scandinaves des antiquités se communiqua bientôt à quelques savants danois parmi on lesquels doit distinguer 1651. C'est lui Danemarck la a donné et qui études le célèbre Ohf Worms, mort en fondé dans le qui a réellement science des antiquités du Nord, la plus puissante aux impulsion dans lesquelles s'illustrèarchéologiques, rent plus tard les Piesenius, les Th. Bartholin, les Stephanius et autres. Bientôt les savants danois purent à Copenhague, des poésies publier, de l'Edda, avec le secours prêté par l'érudition des Islandais avait dans que Worms appelés cette ville. C'est ainsi que Olafsen fit Stephan fois en i665, sous le pour la première paraître nom de Resenius, une traduction du Vôluspd, Gudmund 1673, pices de Resenius, et Vôluspâ, connaître, la plupart cette suite que Hâvamâl des enfin, et en de la du Anderson une latine En Rûna-capituli. sous les auspublia, nouvelle 1689, édition Th. de Bartholin la fit de quelque étendue, par des extraits des autres poèmes de l'Edda. Après de publications, des essais, l'étude qui toutes poésies ne sont islandaises m AVANT-PROPOS. fut interrompue pour se porta sur d'autres quelque temps. L'attention monuments littéraires de sur la Scandinavie, particulièrement ou sur les historiques, ments monu- Sagas dont nombre grand un à rassembler s'appliqua manuscrits. les on de , les Suédois, n'aCependant qui jusqu'alors vaient pris que peu de part à ces travaux des Islanà rivaliser dais et des Danois, commencèrent avec eux dans l'étude des antiquités Scandinaves. fut particulièrement genre d'études chancelier le comte de la Gardie, auquel la science de quelques tion est redevable favorisé de de la conservaachetés précieux et qu'avec une a donnés munifi- à l'université Les principaux d'Upsal. ouvrages qui en Suède sur les différentes branches ceux par Suède, manuscrits par lui à grands frais, cence presque royale il Ce ché'ologie Scandinave, sont Rudbeck, de Verelius, de Gudmund ont paru de l'ar- de Scheffer, Olavsen, de de Il est vrai que tous, et de Hadorph. ne traitent des pas directement de l'Edda; mais en éclaircissant poëmes plusieurs questions concernant l'histoire et les anPeringskiôld ces ouvrages tiquités, ils l'interprétation ont contribué à rendre de ces poésies. plus facile iv AVANT-PROPOS. la première Dans savants islandais, moitié du xvm° Torfaeus Thormod leurs donnèrent, par Magnoeus, direction à l'étude nouvelle et Arnas travaux, une de l'histoire Thormod Scandinaves. antiquités du Danemarck, était historiographe toire et les traditions un examen critique et des Torfoeus soumit mythologiques du sévère, à part plus deux siècle, et, et ques opinions systématiques ses ouvrages ont généralement et heureuse influence sur qui l'hisà Nord quel- inadmissibles, exercé la une grande connaissance de toutes les parties de l'histoire des peuples Scandinaves. et Arnas Magnseus professeur d'histoire à Copenhague, où d'archéologie dans ses études 1730, a poursuivi mêmes vues d'immenses que Torfoeus; services à la l'université de il mourut à peu près les plus il a rendu de science en léguant non-seulement Copenhague, de manuscrits collection islandais précieuse richis de ses notes et de ses commentaires, aussi considérable une somme en destinée à sa en- mais à faire de ces manuscrits de publication intéressants. C'est grâce au legs d'Arnas qu'a eu lieu la publication des poésies de l'Edda, dont le face aux frais volume a paru à Copenhague premier le second en 1818, et le troisième en 1787, en 1828. AVANT-PROPOS. v . à de si grands interpubliés les progrès servir à établir valles, peuvent que la sela science a faits successivement depuis Ces trois volumes, moitié conde Les éditeurs du du siècle passé jusqu'à volume premier nos jours. étaient en réduits à leurs propres grande partie moyens, car depuis longtemps il n'avait paru aucun ousur l'Edda, à l'exception de la vrage important danoise de dix-huit traduction faite par poëmes, C'est vers Sandwig (Copenhague, 1783-1785). en Allemagne, à cette époque qu'on commença, du des poésies Scanprendre goût pour l'étude dinaves; fit mais comme les traductions n'étaient que des imitations plus elles ont peu profité à la science. aux traductions remarque s'applique libres, même bliées tulé qu'on en ou moins La puinti- et au livre de Mallet en Angleterre, Edda, ou Monuments de la mythologie et de la poésie des anciens peuples du Nord. Comme Mallet ne savait pas l'islandais, il dut se contenter de avec goût et discernement les matérédiger riaux qu'il trouvait lui fournissait dans des ouvrages danois, ou de son ami Eril'érudition que chsen. Les éditeurs publié cultés à Copenhague, ont eu moins de diffià surmonter que ceux du premier, parce du second volume de l'Edda, vi AVANT-PROPOS. qu'ils pouvaient importants qui commencement de l'Edda, dont des Niflungues, Hagen en 1812 1815. texte Une consulter quelques ouvrages avaient en Allemagne au paru de ce siècle. Les chants épiques la plupart au cycle appartiennent ont été publiés par M. V. der et 181 k, et par MM. Grimm en nouvelle de l'Edda, édition dont lé avait été revu par Rask, fut publiée à Stockholm en 1818 par M. Afzelius qui en donna, suédoise. quelques temps après, une traduction Tous les importants qui avaient paru ouvrages sur l'Edda, furent résumés par M. Finn jusqu'ici dans sa traduction danoise publiée de Magmisen 1821 à 1823. Cette traduction de accompagnée et les deux éditions notes, celle de M. Afzelius de l'Edda complètes publiées à Stockholm, sont indispensables ces poésies Scandinaves. Aussi, ils servi qu'on de base à presque a faites depuis. Mais à Copenhague pour l'étude et de ces ouvrages onttoutes les traductions malgré les lumières ont répandues sur l'Edda, que ces publications il faut avouer qu'il reste encore une grande tâche à remplir et beaucoup de cjuestions importantes à résoudre. connaître -Désirant en France et en contribuant, me rendre les autant résultats utile en faisant déjà obtenus, que mes faibles moyens vu AVANT-PROPOS. de la science, à l'avancement me le permettent, soumets le travail aujourque je entrepris j'ai intention était d'abord au public. Mon d'hui d'expliquer de l'Edda, sur un variés cultés un plus grand nombre des poésies est exécuté parce que plus un ouvrage plan large, plus les résultats et importants. s'opposant aussi étendu, Mais de trop à la publication dû j'ai renoncer et, en effet, mon projet; avoir été considérablement en sont grandes diffid'un travail à' mon ouvrage, réduit, premier même après avait encore à cette à se produire au jour. Je dois, des remercîments à "feu M. Silvestre occasion, peine de Sacy, à MM. E. Burnouf, Guérard, ainsi qu'à M. Quatremère et aux autres saires de l'Imprimerie sant à ma publication, Fauriel, Commis- royale, qui, en s'intéresm'ont aplani ces difficultés. L'ouvrage que l'on va lire se divise en trois parties. Dans la première partie, ou Introduction en abrégé toutes les quesgénérale, j'ai traité qui se rapportent plus ou moins directement aux trois poëmes que je publie. La seconde les textes islandais, la traducpartie présente tion avec les introductions spéciales et les notes tions Quant été fait au choix même au hasard. de ces poëmes, il n'a pas La Vôluspà, un des meilleurs vin AVANT-PROPOS. de l'Edda, et en même temps un des poëmes à expliquer, méritait tout d'abord plus difficiles la préférence. comme je ne pouvais puEnsuite, blier l'Edda en entier, il importait de donner au moins des exemples de espèce de chaque ce recueil. C'est pourquoi poëmes qui composent choisi les poëmes j'ai encore et de Lokasenna, qui diffèrent la Vôluspâ forme. J'ai un examen ressources véritables et entre soumis de Vafthrâdnismâl de plus ou moins par le fond les textes des trois eux, et par la poëmes à autant que mes et j'ai tâché, critique, me le permettaient, de rétablir Dans la traduction, leçons. j'ai les dû la il fallait refidélité; plus grande conclans notre les produire expressions langue cises et les de l'original, et conserver énergiques m'imposer images, le coloris, les tournures de phrases et de style qui se trouvent jusqu'aux négligences dans le texte. Enfin, du lecpour la commodité et philologiques se rapteur, les notes critiques au texte ont été séparées des notes exportant plicatives Dans se rapportant la troisième à la traduction. partie de l'ouvrage, islandaise la lexicographie essayé d'élever hauteur que les études philologiques teinte le de nos jours. C'est pourquoi ont j'ai à la at- glossaire ix AVANT-PROPOS. a à la fois dû. être Cette nouvelle méthode des matériaux; arrangement abandonner rement mots une par autre ordre et étymologique exigeait il fallait l'ancienne nécessai- des disposition et en adopter alphabétique, plus philosophique, classification suivie dans les comparatif. un nouvel semblable sciences à la naturelles. a le seul inconvénient qui consacré est de n'être par l'usage, pas encore et sera, je l'esà toutes les langues, applicable un instrument découvertes père, d'importantes Ce nouvel ordre, dans la philologie Pour le justifier, comparée. et montrer combien il est fondé en nature, j'ai fait précéder le glossaire d'une introduction, où la j'ai brièvement formation des expliqué langues. le Quant mécanisme au de glossaire des juges compétents l'apprécieront à sa juste valeur. Je n'ai point la prétention de croire des erreurs sont que tout y soit parfait; dans un travail aussi difficile. presque inévitables lui-même, Mais je me flatte que et de comparaisons premier coup d'oeil, on les aura examinées a d'autres beaucoup qui paraîtront seront trouvées avec plus d'étymologies hasardées justes de soin. au quand Il y en au sujet desquelles j'ai été moi-même dans le doute, et que je n'ai proposées que pour x y attirer heureux quelques Burnouf AVANT-PROPOS. l'attention des savants. Déjà j'ai été assez de pouvoir avant l'impression, faire, rectifications au glossaire, M. Eugène l'extrême de complaisance ayant eu le manuscrit parcourir ses remarques et de me communiquer judicieuses. Puisse cet ouvrage, malgré être favorablement accueilli! ses imperfections, rempuisse-t-il aux progrès plir son but, qui est de contribuer de la science! S'il obtient l'approbation des juges à publier, éclairés, je continuerai d'après le même plan, les autres poëmes de l'Edda. Ayant été appelé à des fonctions universitaires qui me mettent en état de me livrer entièrement à l'étude des langues septentrionales et germaniques, je puis même dès maintenant prendre envers le de lui faire connaître, public l'engagement par des publications successives, les principaux numents littéraires écrits dans ces langues. mo- TABLE DES DE DIVISIONS L'OUVRAGE. PREMIERE PARTIE. INTRODUCTION CHAP. I. De l'origine GÉNÉRALE. des idiomes Scandinaves S i. De l'ancienne langue danoise S il. De l'ancienne langue § m. De l'ancienne norvégienne islandaise § iv. Table langue générale des idiomes CHAP. II. De l'ancienne §1. De l'origine S 11. De l'auteur § m. littérature de la littérature Du 46. .... teuto-gothiques 7. islandaise 9. islandaise; auquel de l'Edda. Edda.. appartiennent de la traiter § i. Des différentes thologie § 11. Des différentes 12. les et de la forme dramatique 20. traités dans les poëmes de l'Edda nière ibid. 19. des poëmes de l'Edda § v. Des sujets mythologiques CHAP. 111. Considérations 3. ibid. de poésies nommé du recueil genre de poésie poëmes de l'Edda § iv. De la forme narrative . .. .Page il\sur la mythologie '. opinions et sur la ma- sur la nature 26. de la myibid. espèces de mythes 28. XII TABLE S m. Comment on peut pèces de mythes § iv. De la manière CHAP. IV. Examen § i. Des les dans les différentes distinguer esPage de traiter philologique la mythologie de la langue 32. 35. islandaise. 38. différents suivis systèmes d'orthographe islandais et les éditions de manuscrits l'Edda , S il. Examen S m. ibid. 46. Examen des voyelles simples des diphthongues § iv. Examen des concrétifs 53. S v. De la permutation des voyelles Le phénomène de la permutation § Vi. expliqué S vu. Des consonnes 5i. 58. des voyelles 5g. liquides R, L, M, N (halfraddar stafir, § vin. semi-voyelles). Des consonnes labiales S Ix. Des consonnes dentales P,B,F, 7A. 83. V et sifflantes T, D, J>, 85. Z,S %x. Des consonnes S xi. Conclusion gutturales du chapitre CHAP. V. De la versification § 1. K, G, H, 3, X... .. '94. 1 o4. islandaise 107. et de l'accent ibid. $ 11. De la quantité Du rhythme § m. De la versification S iv. De la versification 110. (versagiôrS) islandaise § V. 113. 118. Du fornyrdalag De la thèse et de Tarse 120 De l'anakrouse 123. (mâlfylling) De l'allitération § vi. ibid. 125. i3o. § vu. Du rhylhme du fornyrdalag Du liôdahâtlr s vm. De la strophe 133. i3i. DES ix. La division de la strophe quée parRask x. Les objections XIII DIVISIONS. en quatre vers attaPage de Rask réfutées I. i36. PARTIE. SECONDE POËMES ISLANDAIS. VOLDSPA. INTRODUCTION i4g. CHAP. I. Explication § i. du titre Des prophétesses du poëme De la forme § 1. De la poëme § 11. Table § m. chez les peuibid. chez les peuples Scandi1Ô2. de vision CHAP. II. Des parties ibid. ou devineresses ples germaniques S il. Des Valas (Vôlur) naves § m. i35. donnée au poëme.... i63. du poëme disposition générale 166. des parties du ibid. détaillée des parties du poëme des strophes De l'arrangement ....,..' CHAP. III. Examen § 1. § 11. De l'intégrité De l'époque du poëme de la composition S m. De l'auteur du poëme critique du poëme 169. 174. 175. ibid. du poëme.... 176. 182. Texte et traduction 186. Notes critiques 210 et philologiques Notes explicatives 221 TABLE xiv II. VAFTHRDDNISMÂL. INTRODUCTION Page CHAP. I. Explication CHAP. II. Des divisions CHAP. III. Discussion tique Texte concernant du titre et du but du poëme.. du poëme de différentes le poëme.. ibid. 25i. questions de cri- , 2 54- et traduction Notes critiques . 243. 260. et philologiques 282. Notes explicatives 291. III. LOKASENNA. 3o3. INTRODUCTION CHAP. I. Du but du poëme CHAP. IL De la disposition CHAP. III. De l'intégrité CHAP. IV. De l'époque ibid. des parties du poëme.... du poëme de la composition 3o5. 3og. du poëme. . 3i3. Texte et traduction 320. Notes critiques 348. et philologiques Notes explicatives 358. PARTIE. TROISIÈME GLOSSAIRE. INTRODUCTION 371. CHAP. I. De la signification des voyelles 373. CHAP. IL De la signification des consonnes........ 38o. xv DIVISIONS. DES CHAP. III. De la formation des thèmes CHAP. IV. De la disposition des matières .Page 3g3. dans le glos- saire 399. GLOSSAIRE. —Thèmes P.F.V.B commençant • par une des labiales , - 4o7. . Labiale seule ibid. Labiale avec labiale Labiale avec dentale 409. 410. Labiale 4i4- Labiale avec gutturale avec R Labiale avec L 4i8. Labiale avec N 4ao. Thèmes commençant 4i 6. par une des dentales T, D, |>, S. 421. ibid. Dentale seule Dentale avec labiale 42 4. Dentale avec dentale. 42 5. Dentale ibid. Dentale avec gutturale.. avec Jî Dentale avec L 42 7. 428. Dentale avec N ibid. Thèmes commençant » par une des gutturales K, G, H. 42 g. Gutturale seule ibid. Gutturale avec labiale 43o. Gutturale avec dentale 432. Gutturale Gutturale avec gutturale avec R Gutturale avec L 436. Gutturale avec N k3rj. Thèmes commençant parla . 434. 435. liquide R 438. R seul ibid. R avec labiale ibid. xvi TABLE DES DIVISIONS. R avec dentale Page R avec gutturale Thèmes commençant 44o. 442. par la liquide L , 446. .' L seul ibid. L avec labiale ibid. L avec dentale 447. L avec gutturale 449- Thèmes commençant par la nasale 452. *" N seul ibid. N avec labiale 453. N avec dentale 454- N avec gutturale N avec R ibid. Onomatopées proprement 455. ibid. dites TABLE ALPHABÉTIQUE des mots islandais expliqués dans le glossaire 456. *> PREMIÈRE INTRODUCTION PARTIE. GÉNÉRALE. POÈMES ISLANDAIS. INTRODUCTION GÉNÉRALE. CHAPITRE DE L'ORIGINE DES IDIOMES I. SCANDINAVES. S I. DE L'ANCIENNE LANGUE DANOISE. Les tribus guerrières qui, dans les premiers siècles se sont établies dans le Danechrétienne, de l'ère la Norvège à la race gothique mark, souche, et la Suède, toutes appartenaient ou germanique. Issues d'une même et sorties des mêmes contrées, sans doute des régions voisines de la mer Caspienne et de la mer Noire, toutes ces tribus avaient les mêmes moeurs, la même et parlaient aussi une seule et même langue. religion, Si l'on thiques appelle Scandinaves les anciens peuples goétablis dans le Danemarck, la Norvège et la k INTRODUCTION GENERALE. Suède, on doit aussi donner à l'idiome qu'ils parlaient le nom de langue Scandinave. Les Danois, favorisés par différentes devinrent ils furent le peuple dominant les premiers à fonder Le Danemarck, circonstances, dans la Scandinavie; un état monarchique. d'où étaient sorties les tribus qui peu- plèrent la Norvège et la Suède, était regardé comme la mère-patrie de ces grandes colonies et comme le berceau de la religion, de la poésie et des traditions Scandinaves. Cette prépondérance des Danois dans les premiers temps fut cause que le nom le plus ancien donné à l'idiome Scandinave fut dônsk tunga, langue danoise 1. S IL DE L'ANCIENNE LANGUE NORVÉGIENNE. A mesure que les Danois faisaient de plus grands il devait naturellement s'éprogrès dans la civilisation, tablir une différence de moeurs plus prononcée entre eux et leurs voisins de la Norvège et de la Suède. Ces 1 La des Danois était si généralement reconnue dans le supériorité tirer vanité du Nord, que les écrivains islandais semblent quelquefois nom de dônsk tunga qu'ils donnent à leur au commencement du xni° siècle, désigne dinave. (Voyez Konunga Sôgur, Formâlinn. Le poëte islandais Eystein, danoise sa langue maternelle au milieu langue. Snorri, qui écrivait par ce nom la langue ScanYnglinga Saga, chap. xx. ) du xrvc siècle, (voy. Xi7ia).-Les appelle la langue islandais grammairiens se servent du nom de dônsk tunga pour désigner la langue Scandinave, éd. de Stockholm, par opposition à la langue latine. (Voy. Snorra-Edda, p. 277 et 3oo. ) 5 CHAPITRE!. derniers un pays situé au nord par rapport étaient appelés communément iVorS- , habitant auDanémarck, Ce nom désignait aussi plus spécialement les Norvégiens seuls 1, avec lesquels les Danois avaient des rapports plus fréquents qu'avec les habitants de la Suède. hommes menn, Normands, La différence du midi du nord. entre les Scandinaves se fit sentir non-seulement du nord et ceux dans les moeurs, mais aussi dans le langage de ces peuples. La langue des Danois se sépara la première de l'ancien idiome Scandinave. Cet idiome ne pouvait donc plus être désigné par le nom de dônsk tunga : il fut nommé norroena tunga, ou norroent mal (langage septentrional), parce que dans les pays du nord, en Norvège et en Suède, l'ancienne langue dont le dialecte danois venait de se détacher, n'avait presque subi aucun changement sensible. Mais de même que le nom de Noromenn s'appliquait plus particulièrement roena tunga désignait gienne 2. Ce fut l'ancien idiome aux Norvégiens, plus spécialement aussi principalement resta pur pendant de même nor- la langue norvéen Norvège que longtemps, tandis Suède, il éprouva bientôt des changements analogues à ceux qui s'étaient déjà opérés dans la langue danoise. qu'en 1 Voyez Saga Haralds hins harfagra, chap. xzu; les Nordmenn chap. îv et xiv. Snorri distingue kringla, Fonnâlinn. 5 Voyez Saga Hakonar Goda, chap. m. Saga Hakonar Goda, des Suédois, Heims- 6 INTRODUCTION GENERALE. S III. DE L'ANCIENNE Dans la seconde moitié LANGUE ISLANDAISE.* du ix° siècle, des colons nor- en Islande. Comme l'idiome végiens s'établirent fut transplanté dans cette île était le norvégien, Islandais devaient naturellement qui les continuer pendant longtemps à désigner leur langue sous le nom de norroena tunga 1. Dans un pays pauvre et séparé du monde comme enrichit ou altère ce qui modifie, fortement le langage n'existait pas, l'idiome norvégien devait longtemps conserver sa pureté. Aussi voyons- l'Islande, où tout nous qu'à l'exception de quelques légers changements dans les formes grammaticales, cet idiome est resté le même pendant le cours de plusieurs siècles. Mais les altérations deviennent plus sensibles et vont en augmentant depuis le xnf jusque vers le xvi° siècle, époque où l'ancienne langue et l'ancienne littérature islandaise avaient épuisé toutes leurs forces, et où commença la de la langue et de la littérature moderne. Quant à l'ancien idiome norrain qu'on parlait en Norvège, il subit peu à peu, dans le xme, le xive et le période des changements notables causés surtout par l'influence toujours croissante que le Danemarck exerçait sur la Norvège, principalement depuis la xve siècle, 1 Voyez Snorra-Eida, p. 3oi. I. CHAPITRE 7 des deux pays sous le même sceptre en 138o. du xvie siècle, la langue norVers le commencement réunion et la langue danoise s'étaient tellement rapprochées l'une de l'autre, qu'elles ne formèrent bientôt plus qu'une seule et même langue. Dès lors le nom de végienne norroent mal ne pouvait plus servir à désigner à la fois et le norvégien qui s'était confondu avec le danois, et l'ancien norvégien qu'on parlait Pour désigner ce dernier idiome encore en Islande. on introduisit le nom et plus précis plus convenable gue islandaise, islenzka tunga. Les Islandais d'autant plus en droit de nommer leur langue peu leur patrie , qu'ils possédaient une littérature à laquelle la Norvège ne pouvait originale, aucun monument de quelque littéraire peu à de lanétaient d'après riche et opposer importance. § IV. TABLE GÉNÉRALE DES IDIOMES Nous venons de voir Scandinave comment sont dérivés TEUTO-GOTHIQUES. de l'ancienne successivement langue l'ancien da- et l'ancien ou islannorvégien un coup d'oeil sur les langues dais 1. Jetons maintenant contemporaines, pour voir les rapports germaniques de parenté qui existent entre les idiomes teutoniques nois , l'ancien suédois et les idiomes Scandinaves. 1 Pour excellent connaître de M. Petersen Kjôbenhavn, de ces langues il faut consulter l'ouvrage : Det Danske Norske og Svenske Sprogs Historié. 2 vol. in-8°. l'histoire 1829-1830; 8 INTRODUCTION GENERALE. La grande souche de langue teuto-gothiqae se divise en deux branches principales , la branche teutonique et la branche Scandinave. I. La branche teutoniaue se subdivise en idiome du haut teutoniaue, au midi du bas teutoniaue, l'Allemagne. Le de la Germanie, et en idiome dans les parties septentrionales de haut teutoniaue comprend : i° le godit ; 1° le vieux haut allemand dont thique proprement dialectes les principaux sont le francique, Yallemannique et le bavarois; 3° le haut allemand moyen qui est la du vieux haut allemand depuis le xne juscontinuation qu'au xive siècle, et qui a donné naissance au haut allemand moderne. Le bas teutonique comprend : i° le i° le frison; 3° l'anglo-saxon. comme nous IL La branche Scandinave renferme, ° l'ancien î vu : l'avons danois; 2° l'ancien suédois ; 3° l'anvieux saxon; cien norvégien ou islandais. C'est le dernier idiome de la branche Scandinave, qui fixera ici notre attention; car c'est dans cet idiome que sont composés les trois poèmes que nous publions. Mais avant d'entrer dans un examen l'islandais, de l'islandais, il sera nécessaire de dire grammatical d'abord quels sont les monuments littéraires dans lesquels cette langue peut être étudiée. II. CHAPITRE II. CHAPITRE DE DE LITTÉRATURE L'ANCIENNE DE LORIGINE LA DE Les Norvégiens qui, LITTERATURE ISLANDAISE. ISLANDAISE. L'EDDA. dans le ixe siècle, s'établirent leur langue. y apportèrent non-seulement leurs moeurs et leur religion, mais aussi leurs poésies ou chants nationaux. Ces poésies renfermaient quelen Islande, qui, apques traditions historiques et mythologiques pelées ainsi que l'écriture runique, du nom de mystères à ou composaient stafir), (rûnar) d'antiquités (fornir 1 des anciens Scandinaves. tout le savon peu près les L'Islande recueillit donc, dès le commencement, poétique et germes et les éléments de sa littérature et ces germes prirent dans son sein un historique, Loin de s'éteindre dans cette rapide développement. île déserte jetée au milieu de l'Océan, la poésie répandit bientôt un éclat si vif, que les skaldes ou poètes islandais devinrent les plus renommés de l'Europe. Bien que les Scandinaves dans tout le nord poésies n'étaient pas écrites, eussent une écriture, leurs elles se transmettaient de 10 INTRODUCTION GENERALE. comme les rhapsodies épiques et les poésies lyriques des Hindous, des Grecs et des anciens mémoire, Arabes. Ce mode de transmission fut cause que beaucoup de ces poésies ont été perdues. Plus tard une autre cause ne contribua pas moins à faire disparaître un grand nombre de ces monuments littéraires. Le introduit christianisme, peu à peu dans le Nord\, devait naturellement l'ancienne poésie qui y proscrire était si intimement liée à la religion d'Odin. Dès lors le peuple n'apprit plus par coeur les chants nationaux, et les poètes n'osaient plus célébrer dans leurs poèmes les dieux du paganisme, ni chanter les traditions de l'antiquité. C'est pourquoi nous ignorerions peut-être entièrement ce que c'était que l'ancienne poésie Scandinave, si elle n'avait pas trouvé une nouvelle patrie et un asile assuré dans mythologiques l'Islande. La religion du Christ, il est vrai, ne tarda pas à étendre son empire jusque sur cette île lointaine; l'Evangile fut adopté par le peuple islandais blée générale (althing), en l'an 1000 de Mais la nouvelle foi ne put entièrement du paganisme, ni faire oublier souvenir à l'assemnotre détruire ère. le complètement les poésies nationales inspirées par la religion d'Odin. Ainsi fut sauvée une partie de la littérature Scandinave. D'un autre côté le christianisme lui-même le moyen de conserver les anciens monuments de l'Evangile, en car le génie civilisateur littéraires; fournit même temps qu'il faisait perdre aux peuples du Nord CHAPITRE H Iî. le goût pour leur ancienne poésie, répandait parmi et la connaissance de l'écriture eux l'esprit littéraire nous ont du les païen génie productions par lesquels été conservées en grande partie. Aussi est-ce à l'usage de l'écriture latine généralement adoptée en Islande que nous devons principalede i'Edda de et la conservation au xnie et au'xive siècle, ment la composition Soemund, ce recueil si précieux, des anciennes Scandinaves. poésies pour nous, soit que l'auteur de ce recueil n'ait pas eu le loisir de réunir toutes les de son soit connues encore temps, qu'une poésies est-il que toujours grande partie en fût déjà perdue, Malheureusement nous des poésies nombre qu'un très-petit en Islande. La avoir existé anciennement n'avons qui doivent preuve en est que dans les Sogur ou traditions historiques on trouve des vers tirés de poèmes qui ne sont pas renfermés dans notre recueil ; nombre de vers appartenant à des chants inconnus sont insérés dans le ÏEdda de Snorri; on en livre nommé communément un plus grand nombre encore dans l'ouvrage d'histoire intitulé Heimskringla et composé par le même Snorri ; enfin, dans lés poésies mêmes de I'Edda de Soemund, on trouve des allusions à des mythes que nous trouve mais qui certainecomplètement, ignorons aujourd'hui bien ment ont été traités dans des poèmes particuliers connus de tout le monde. Parmi les poèmes qui nous restent, il y en a qui sont très-anciens. Comme les 12 INTRODUCTION GENERALE. colons norvégiens ont dû naturellement apporter en Islande leurs chants nationaux, on peut présumer qu'il s'en trouve quelques-uns dans le recueil de Soemund. C'est à la critique des textes à examiner s'il y a de ces poèmes qui soient d'une date antérieure à la colonisation de l'Islande. Dans l'introduction spéciale qui sera placée à la tête de Vôlaspâ, Vafthru'Snismâl et Lokasenna, nous tâcherons de préciser, autant qu'il nous sera possible, l'époque de la composition ces trois poèmes. de chacun de S II. DE L'AUTEUR La tradition attribue prêtre triotes BU RECUEIL vulgaire DE POÉSIES en Islande, NOMME EDDA. dès le xive siècle , la composition du recueil nommé Edda au Soemand Sigfusson, surnommé par ses compainn froSi, le savant, à cause des connaissances étendues qu'il avait acquises pendant son séjour en Allemagne, en France et en Italie. A l'exemple de son comme lui le savant, Ari, surnommé compatriote Ssemund étudia l'histoire de la Norprincipalement en 1133, laissant inachevés quelques vège. Il mourut écrits historiques qui ne nous ont pas été conservés. La tradition lui attribue aussi le poème intitulé Sôlar lioS, qui se trouve dans I'Edda en vers. Comme le et la poésie, on conçoit qu'on ait pu lui attribuer le recueil de poésies était inconnu. Scandinaves dont l'auteur Mais plu- prêtre Ssemund aimait les lettres sieurs raisons assez fortes, 15 II. CHAPITRE ce nous semble, s'opposent ait composé le re- à c.e qu'on admette que Ssemund cueil de I'Edda qui porte son nom. Qu'il nous soit ces raisons, et de dispermis d'exposer ici rapidement concercuter la question aussi difficile qu'importante, et l'époque de sa composition. Pour prouver que Sasmund n'est point l'auteur du recueil de I'Edda, nous pourrions faire valoir un argument que le savant Arnas Magnseus a opposé à ceux nant l'auteur du recueil à Ssemund la composiqui allaient jusqu'à attribuer tion des poésies de I'Edda 1. Arnas nous prouve que ce prêtre, déjà parvenu à l'âge de soixante-dix ans, n'avait dans le genre de I'Edda, et il doute qu'à cet âge avancé ce vieillard qui n'a pas même ait encore trouvé pu achever ses travaux historiques, encore fait aucun travail assez de loisir et de force qu'on lui attribue. pas assez concluant, pour composer d'Arnas Si cet argument nous y ajouterons est tiré de la nature du recueil même, le travail ne paraît le suivant qui tel qu'il existe conviendra que les pré- Tout le monde aujourd'hui. faces en prose placées à la tête de quelques poèmes de I'Edda y ont été ajoutées par celui qui a fait le recueil. Or il faudrait avouer que Sasmund eût bien peu lui de savant que ses compatriotes ont donné, si les préfaces dont nous parlons étaient sorties de sa plume. En effet, non-seulement ces prémérité le surnom faces sont écrites 1 dans un Voyez Edda Soemundar liinsfrôda, style généralement t. I, p. xiv, édit. mau- Copenhag. 14 GENERALE. INTRODUCTION vais, mais encore mer de l'érudition elles ne nous font pas trop présude l'auteur, puisqu'elles n'énoncent la plupart que ce qui se trouve déjà clairement dans les poèmes exprimé ou suffisamment indiqué eux-mêmes. Il y a plus : toutes les fois qu'il arrive à pour d'énoncer des préfaces ter des circonstances l'auteur des faits ou de racon- qui ne sont pas déjà indiquées par le poète, il laisse voir son incapacité, en manquant : le véritable point de vue du poème. Conclusion d'admettre il est, impossible que Soemund le savant soit l'auteur de ces préfaces, il est également d'admettre impossible qu'il soit l'auteur du recueil, comme puisque celui qui a fait le recueil a aussi fait les préfaces. Passons à d'autres preuves. Si le prêtre Soemund ses écrits cette Edda qu'on lui attri- avait laissé parmi bue , cet ouvrage aurait certainement des savants islandais, et les écrivains attiré l'attention n'auraient pas Or le célèbre Snorri manqué, de le citer fréquemment. au commencement Sturlason, qui florissait du xinc et qui était à la fois historien classique, poète distingué et premier magistrat en Islande, ne connaissait pas le recueil qu'on attribue à Soemund; il ne le siècle, cite dans aucun de ses écrits, bien qu'il eût eu souvent occasion de parler de cet ouvrage s'il l'avait connu, et il l'eût certainement connu si le recueil avait existé. Ce qui prouve encore que Snorri n'a jamais eu en main le recueil en question, c'est que les citations qu'il fait CHAPITRE II. 15 des anciennes poésies nous présentent souvent des ledans de celles qu'on trouve çons toutes différentes I'Edda : de, plus, Snorri semble aussi avoir ignoré l'existence de quelques poèmes qui font partie de ce recueil ; enfin il a ignoré jusqu'au nom d'Edda qu'on ne trouve dans aucun de ses ouvrages.' Par tout ce que nous venons de dire, nous croyons être en droit d'adque I'Edda en vers, loin d'avoir été composée par Soemund, n'a pas même existé du temps de Snorri, mort en 12ki. C'est chose digne de remarque, que mettre le nom d'Edda ne se trouve dans aucun écrit avant le xive siècle; et encore ce nom cité dans deux rien pour poèmes de cette époque ne prouve-t-il l'existence de I'Edda de Soemund : car, si dans le célèbre intitulé Lilia (le Lis), qu'on les préceptes i36o, Eystein Arngrimsson, sont appelés Eddu-reglur (règles de I'Edda), attribue le poème 13 y o, l'art poème d'Arnas Ionsson, florissant vers à poétiques et si dans il est poétique est appelé Eddu-list (Tart de I'Edda), évident qu'il ne s'agit pas ici de I'Edda envers attribuée à Soemund, mais de I'Edda en prose que nous connaissons sous le nom de Snorra-Edda. Ce dernier recueil fut composé à la fin du xme siècle par un grammairien faire un traité de rhétorique, islandais qui voulut de métrique et de poétique. Il donna à son recueil le nom d'Edda (aïeule), sans doute parce que ce livre renfermait d'anciennes traditions mythologiques que les personnes âgées prenaient pour sujet de leurs entre- 16 INTRODUCTION GENERALE. tiens dans les longues veillées d'hiver. Comme cette Edda se composait surtout d'opuscules sortis de la on pouvait donner à ce livre le plume de Snorri, nom plus explicite de Snorra-Edda. Mais quant au recueil attribué à Soemund, il nous semble qu'il a été composé à peu près vers la même époque que la Snorra-Edda, c'est-à-dire à la fin du xme ou au commencement du xive siècle. Tous les résultats des re- cherches et que nous que nous avons faites jusqu'ici venons d'exposer, confirment cette opinion ; et pour la corroborer encore davantage nous ajouterons les considérations suivantes. Dès le commencement du 8 XII siècle, il s'était développé en Islande un esprit littéraire très-actif; non-seulement on commença à écrire et à traduire des livres latins, on eut aussi l'histoire soin de recueillir de la bouche tions et les poésies anciennes. au commencement tine introduit risa ce mouvement littéraire, du peuple les tradiL'usage de l'écriture ladu xme siècle, favoet les clercs se mirent avec zèle à composer des recueils de Sagas, de lois, de l. Aussi les manuspoésies et de traités philologiques crits les plus anciens qui nous restent des monuments littéraires Scandinaves sont-ils de cette époque; ils ne remontent guère au delà du xnie siècle ; tels sont le Codex notamment et le Fragmentum menregius braneum raison 1 Voyez de I'Edda en vers. C'est donc de plus qui nous fait croire Uni Lâtinu-stafrofit, p. 274, 275. encore que I'Edda une attri- CHAPITRÉ il. 17 buée à Soemund a été composée à la fin du xme ou au 6 du xiv siècle, puisque les plus ancommencement ciens manuscrits de cette Edda ne remontent pas au delà de cette époque, et que, comme nous venons de le dire, c'est dans ce temps qu'on était plus particulièrement porté à faire des recueils. à peu près à la et l'autre Edda appartenant même époque, il nous reste à déterminer laquelle des L'une deux est la plus ancienne. Notre opinion à ce sujet paraîtra peut-être paradoxale ; cependant nous devons la soumettre à l'exàlnen des savants. L'Edda de Snorri nous semble avoir été composée avant I'Edda de Soemund, et voici les raisons sur lesquelles nous croyons en pouvoir nous fonder. En comparant l'introduction avec le chapitre xxxm prose du poème Lokasenna du traité Skaldskaparmâl dans la Snorra-Edda 1, on est frappé de trouver quelques circonstances rapportées en termes presque identiques dans l'un et l'autre écrit. Cette identité ne saurait être fortuite ; on découvre aisément que l'auteur de la préface a emprunté ces au Skaldskaparmâl. En effet, ces détails particularités sont bien à leur place dans le traité de rapportés Snorri, tandis qu'ils sont déplacés dans l'introduction dont nous parlons 2. De là on peut induire que l'auteur 1 p. 12g, édit. de Rask. 2 Snorri dire : thôrr var eigi thar, hann var farina pouvait très-bien î aasirveg, parce que deux lignes auparavant il avait dit qu'OEgir avait invité tons les Ases; rauteurdevaitdoncjustifierl'absencede Thor. Mais Snorra-Edda, 2 INTRODUCTION 18 ou l'auteur de l'introduction a eu entre mund, GÉNÉRALE. ses mains du recueil attribué la Snorra-Edda. à SoeCar ce qui nous porte à croire que ces emprunts ont été faits dans le temps que le Skaldskaparmâl faisait déjà partie c'est que l'auteur de l'introducde la Snorra-Edda, tion doit avoir connu ce dernier livre, puisqu'il en a d'Edda qu'il a le nom emprunté très-probablement donné à son recueil de poésies. En effet on ne saurait nier que ce nom ne convienne mieux aux narrations en prose qu'à un recueil séquent , nous devons croire de poésies, et, par conqu'il a été donné origi- et que plus tard seulement il est devenu, par. imitation, le titre du recueil de poésies. Comme la première Edda portait le nom de nairement Snorri, l'auteur avaient à la Snorrà-Edda la seconde reçut du recueil crût été composées celui de Soemund, soit que réellement que les poésies par Soemund, ou qu'il voulût dans la préface, les mots thôrr kom egi tlivîat han var î anstrvegi, n'ont dit très-bien : thâ lit OEgir bera inn pas le même à-propos. Snorri ajoute sem i Vallysigull that er birti ok lysti hôllina sem eldr, puisqu'il hôllu voru sverdin firir elld; mais dans la préface la phrase thar var lycldliôs, ne s'explique que par ce qui est dit dans Skaldssigull haftfyr le récit de la mort de Fimafengr est parfaitekaparmâl. Dans Snorri, à sa place; mais dans nous fait perdre le véritable ment la préface il est tellement point de vue sous lequel déplacé qu'il le poème doit être envisagé. Enfin quand Snorri dit : vannz allt siâljt, etc. il rapporte mais quand l'auteur fidèlement la tradition de la prémythologique; face dit : siâljt barsk thar ôll, il est en contradiction manifeste avec ce qui est rapporté dans le poème; boire, Vidarr et Beyla remplissant car nous y voyons Loki les coupes, etc. etc. demandant à CHAPITRE mettre II. 19 un nom qui que celui de Snorri. à la tête de son livre simplement ne fût pas moins illustre § III. DU GENRE DE POÉSIE AUQUEL DE APPARTIENNENT LES POÈMES L'EDDA. les poèLe genre de poésie, auquel appartiennent mes de I'Edda est le genre épique. La poésie épique est essentiellement des héros. les narrative, Elle choisit anciennes l'histoire ses sujets dans qu'elles se prêtent de préférence traditions mieux aux ornements elle raconte parce et aux fictions poétiques que les plus récents et l'histoire contemporaine. Les traditions anciennes qui peuvent devenir des sujets de poésie épique, sont, généralement parlant, de deux espèces que nous voulons désigner par les noms événements de traditions épiques mythologiques et traditions épiques être considérées doivent héroïques. Les premières comme les plus anciennes : elles se rapportent à la dite, c'est-à-dire à la cosmomythologie proprement gonie, à la théogonie, aux oeuvres et aux actions attribuées aux dieux: Les secondes, en général moins anciennes , tiennent le milieu entre la fiction et la vérité, entre la fable et l'histoire. Elles nous représentent des 9 à l'histoire, primitivement héros qui appartenaient mais que la tradition poétique a rattachés à la mythoen demi-dieux, ou dieux du logie en les métamorphosant second ordre. Les deux espèces de traditions que nous venons de distinguer se trouvent le plus souvent con2. INTRODUCTION 20 GÉNÉRALE. et mêlées ensemble dans les poèmes épiques des différentes nations. Ce mélange se fait d'autant fondues plus aisément que ces traditions ne diffèrent pas essentiellement entre elles quant à leur origine et à leur nature, mais seulement quant à leur ancienneté. ces deux espèces de traditions forment Dans deux I'Edda, classes de poèmes épiques très-distinctes. Ceux de la première classe, au nombre de quinze à dix-sept, composent la première partie du recueil attribué à des sujets purement mythologiques où les dieux seuls sont représentés avec leurs différentes passions. Les poèmes de la seconde partie, Soemund. Ils traitent au nombre de vingt à vingt-deux, sont évidemment moins anciens que les précédents, et ils nous montrent au milieu des images et des ornements de la poésie la tradition historique encore toute pure. Dans ces poèmes, ce ne sont pas les dieux et les déesses qui occupent la scène, ce sont des héros et des héroïnes, historiques, mais devenus personnages originairement plus ou moins fabuleux dans la tradition et la poésie. S, IV. DE LA FORME NARRATIVE ET DE LA DES POEMES FORME DRAMATIQUE DE L'EDDA. Les trois poèmes que nous publions sont tirés de la première partie de I'Edda; tous les trois appartiennent donc, par les sujets qu'ils traitent, à la mythologie proprement dite. CHAPITRE 21 IL Si d'un côté il y a de grands rapports de ressemet blance entre les poèmes Vôluspâ, Vafthrûdnismâl au Lokasenna, en ce que tous les trois appartiennent genre de poésie épique, on remarque d'un autre côté une différence sensible entre eux, dans la même les sujets y sont mis en scène. Ainsi, dans Vôluspâ, c'est le récit épique ou la dans narration qui domine presque exclusivement; forme ou la manière dont au contraire, il y a déjà une tendance prononcée à remplacer la narration par le dialogue; enfin, dans Lokasenna, le dialogue se trouve établi Vafthrûdnismâl, jusqu'à la fin du poème, non-seuentre deux personnes, mais encore entre plu- du commencement lement sieurs interlocuteurs. Ainsi nous voyons la poésie dans Vafthrûdnismâl et Lokasenna la épique prendre forme de la poésie dramatique. Ce phénomène remarquable de la transition durécit épique au dialogue dramatique ne doit pas nous surScandinave, puisque nous prendre dans la littérature le remarquons également dans toute littérature qui s'est formée et développée indépendamment de toute influence étrangère. Chez les Hindous comme chez les Grecs, nous voyons le drame naître du récit et se former à la suite de l'épopée. Si à Rome les poètes dramatiques précèdent les poètes épiques, c'est que la littérature romaine ne s'est pas développée par presque elle-même. Grecs, Les Romains étaient les imitateurs et il leur a été plus facile d'imiter des d'abord les 22 INTRODUCTION GENERALE. drames de leurs maîtres "avant d'imiter Au contraire, de l'Europe, exclusivement lorsque dans le moyen par leur ignorance même, aux ressources h'a-t-on leurs épopées. âge les peuples étaient réduits dé leur propre génie, sous plus d'un rap- pas vu les mystères qui, ce qu'on pourrait port, formaient appeler la poésie essor à l'art donner le premier épique chrétienne, des nations modernes? Il est d'ailleurs dramatique conforme à la nature que le drame naisse de l'épopée dont il diffère bien moins par le fond que par la forme. En effet, nous voyons que les sujets des tragédies grecques et des drames indiens sont empruntés pour la plupart aux temps héroïques et mythofourni les sujets des qui ont également épopées. La narration de l'épopée peut même prendre la forme du drame; car de même que quelquefois logiques l'orateur brillante se plaît à remplacer une description par une de même il arrive aussi que hypotypose, épique, au lieu de raconter les actions, fait le poète parler et agir ses héros devant nous, et qu'à la place d'un récit il met une scène. Mais du moment que la narration est remplacée par le dialogue, et que le poète se dérobe, pour ainsi dire, derrière le personnage qu'il fait parler, la transition de l'épopée au drame ou plutôt elle s'est déjà opérée. C'est à commence, cause de la facilité avec laquelle cette transition se dans le même poème quelquefois qu'on voit épique la forme du drame employée fait, à côté de la nar- CHAPITRE II. 23 Qu'on compare par exemple les deux épopées le Râmâyana et le Makàbhârata. Dans le sanscrites, premier de ces poèmes, tout est encore, comme dans ration. et présenté sous forme de narration; les discours sont rapportés comme les faits, et le lecteur ne perd jamais de vue le poète racontant les aventures de son héros. Au contraire, dans le Mahâbhârata, Homère, dit qui est une épopée moins ancienne, le poète disparaît quelquefois derrière les personnages qu'il met'-en n'étaient pas chaque scène; et si les interlocuteurs fois annoncés et pour ainsi dire introduits avec la formule ordinaire : un tel a dit, on s'imaginerait que c'est un drame ou un dialogue qu'on lit, et non la narration épique du poète qui rapporte les discours des héros de son épopée. Cette transition du récit au dans nos dialogue se montre encore plus clairement deux poèmes Vafthrûdnismâl et Lokasenna. Dans le premier, il n'y a qu'une seule strophe, la cinquième, qui nous avertisse que c'est le poète qui parle; tout le reste du poème est un dialogue entre les personnages mis en scène. Dans Lokasenna, tout est dialogué du commencement jusqu'à la fin; seulement les interlocuteurs sont annoncés comme dans l'épopée inpar les mots : un tel a dit; et encore ces mots faite par l'auteur paraissent-ils être une interpolation du recueil ou par quelque copiste 1. dienne, Nous avons insisté sur le rapport 1 Voyez l'introduction au poëme Lokasenna. qu'il y a entre la 24 INTRODUCTION GENERALE. d'abord pour poésie épique et la poésie dramatique, faire voir comment les différents genres de poésies naissent les uns des autres, et ensuite pour montrer qu'à faire un pas de plus que les Islandais n'avaient dit., S'ils n'ont pour arriver au drame proprement moins au manque pas fait ce pas, il le faut attribuer, de génie qu'aux circonstances défavorables dans lesquelles ils se sont trouvés. En effet, pour faire naître l'art dramatique, c'est peu de composer des drames, il faut les représenter. Mais le moyen d'avoir un théâtre, quelque mesquin qu'il fût, dans une île pauvre comme l'Islande et dont les habitants devaient garder par nécessité, si ce n'était par goût, la plus grande dans leurs moeurs et dans leurs amusesimplicité ments ? S V. DES SDJETS MYTHOLOGIQUES DE TRAITÉS DANS LES POEMES L'EDDA. Après avoir parlé du genre de poésie auquel appartiennent les chants de l'Edda, il nous resterait maintenant à examiner les sujets traités dans les poëmes épiques Scandinaves; et comme ces sujets sont pour la plupart on s'attend peut-être à mythologiques, trouver dans cette introduction un aperçu de la mythologie du Nord. Mais comme nous ne devons traiter ici que d'une manière générale les questions qui se à notre sujet, rapportent plus ou moins directement CHAPITRE 25 II. nous ne pouvons entrer dans des détails qui nous feraient perdre de vue notre but principal 1. un D'ailleurs comment donner de la mythologie de la exposé rapide qui satisfasse aux justes exigences science? Ce n'est que de nos jours qu'on commence à rassembler et à les mettre les matériaux en ordre d'après des principes scientifiques. Un.travail sur l'ensemble des mythes sera seulement le résultat de l'explication juste et complète de tous les monuments qui Il nous restent des anciens peuples teuto-gothiques. y a plus : un aperçu général de la mythologie, où l'on laisserait de côté les détails et qui satisfît en même temps à la science, est impossible à donner, d'abord parce que la véritable science tient autant aux détails qu'aux généralités, et ensuite parce que la mythologie n'est pas un système dont on puisse indiquer les principaux traits et tracer seulement les contours ou les linéaments. La mythologie, il faut le dire, ne saurait être un tout systématique, dans ses parties, déterminé dans son plan et limité parce qu'elle n'est pas une production qui soit sortie toute formée du sein d'une seule idée-mère ; mais elle est née successivement et s'est développée peu à peu, presque comme au hasard, sous l'influence d'idées très-diverses, le 1 Si l'on veut se contenter Scandinave, on trouvera de Mallet, intitulé poésie des anciens d'une simple satisfaire de quoi Edda, ou Monuments peuples du Nord; notice sur la sa curiosité mythologie dans le livre de la mythologie Genève, 1787, 3° édit. et de la 26 INTRODUCTION GENERALE. elles-mêmes de tout sysplus souvent indépendantes tème déterminé,: c'est pourquoi elle n'exclut pas les contradictions qui sont les ennemies jurées des systèmes et n'empêche point les accroissements démesurés ou disproportionnésque certaines parties de l'ensemble peuvent prendre sur les autres parties. Pour développer davantage ne sont pas encore soit permis d'entrer ces vérités, qui, senties, généralement dans quelques courtes tions sur la mythologie de la traiter. CONSIDÉRATIONS DES SUR LA DE III. SUR MANIÈRE DIFFERENTES LA DE OPINIONS LA qu'il nous considéra- en général et sur la manière CHAPITRE ET ce nous semble, MYTHOLOGIE LA SDR TRAITER. LA NATURE MYTHOLOGIE. Il n'y a peut-être pas de sujet de science sur lequel les érudits se soient formés des notions aussi différentes les unes des autres, des idées aussi incomplètes et souvent aussi erronées que sur la mythologie. En effet, les uns l'envisageant sous le point de vue purement théologique, n'y voient que les systèmes religieux des peuples anciens, ou la doctrine des croyances CHAPITRE HT. 27 du paganisme. Considérée de cette manière, la myun tissu d'erreurs, thologie ne se présente que comme de mensonges et d'impiétés, et c'est à bon droit que la regarde comme une supercherie faite au genre humain par le génie du mal. dans la mythologie Les autres, méconnaissant l'élément religieux, n'y voient réellement que de la l'orthodoxie poésie, de la fiction, une création toujours arbitraire, souvent plaisante et quelquefois bizarre de l'imagination poétique. Comme telle, on la juge naturellement digne d'être étudiée, choses dont la connaissance à l'égal de tant d'autres contribue à notre amuse- et l'on accorde bien qu'elle mérite notre attention , parce qu'on en parle si souvent dans les livres ment, des anciens et des modernes. C'est dans ces vues et d'après cette idée qu'on dirait rédigés la plupart des à l'usage des collèges et des abrégés de mythologie pensionnats de jeunes demoiselles. D'autres enfin semblent s'imaginer que la mythologie n'était faite que pour cacher sous la forme du la sagesse, le symbole et sous l'image de l'allégorie Sous profond savoir et les mystères de l'antiquité. ce point les opinions ne diffèrent que par rapport à l'espèce de science qu'on dit être renfermée clans le système mythologique. Selon les uns, ordinairement de vue, amateurs de la philosophie, c'est la métaselon les autres, qui ont étudié le mou- physique; vement du ciel, c'est l'astronomie; et si l'on en croit 28 ceux INTRODUCTION sont initiés GENERALE. aux sciences c'est naturelles, la physique mécanique qui, forme la base de la mythologie : et voilà que tous s'étudient à expliquer les mythes d'après leur système et leur opinion indiviqui et que chacun duelle, met en oeuvre une érudition vraiment prodigieuse pour trouver dans ces mythes la clef qui doit nous ouvrir le sanctuaire des connaissances occultes de la Celtique et de la Scandinavie, de la Grèce et de l'Egypte, de la Scythie et de l'Iran, de l'Inde et de la Chine. Y a-t-il à s'étonner après cela desérudits, si, en voyant les opinions contradictoires l'homme d'un jugement sain se défie des ouvrages sur la mythologie comme l'on se défierait des sciences ou astrologiques ? alchimiques S II. DES ESPECES DIFFÉRENTES DE MYTHES. Pour savoir ce que c'est que la mythologie, il faut, se demander comment il faut reelle s'est formée, monter à son origine, développement progressif époques de sa formation, sont entrés successivement en suivant toire pas à pas dans son et rassembler, aux diverses la suivre cette marche, les différents éléments qui Si, dans sa composition. dans l'hisen remontant aussi haut qu'il est possible, nous sans esprit de système les monuments où des nations examinons nous puisons la connaissance des mythes ; si nous étuen dans l'ordre chronologique, dions ces monuments CHAPITRE III. 29 portant nôtre attention sur les détails et les particularités de chacun séparément, et en expliquant chaque sans recourir aux explications mythe par lui-même, fournies par d'autres mythes, sauf à les réunir ensuite et à les considérer dans leur voici à peu la nature, l'ori- ensemble, près comment nous nous expliquerons de la mythologie. gine et la formation Avec l'enfance des sociétés commence naissent les traditions naturent enmssant ; ces traditions de bouche l'histoire, s'altèrent, se dé- en bouche, cfune génaturellement L'esprit de l'homme, au gigantesque, au sublime, et porté au merveilleux, dominé qu'il est par une imagination vive et fantasque, nération à l'aiftre. grossit, exagère et embellit les traditions de l'histoire. Alors les héros se changent en demi-dieux, en dieux, leurs actions en prodiges. Ce qui était historique dans le principe appartient maintenant qu'à l'histoire. De là une première autant à la fable ciennes , alors la poésie, se confondant avec elle, de la religion, et à se développer. espèce de mythes qu'on peut appeler mythes historiques, parce qu'ils reposent dans l'origine sur ïhistoire traditionnelle. Lorsque la société est plus avancée dans la civilisation et que la religion s'est alliée aux traditions anau service commence Le poète emprunte les sujets de ses chants à l'histoire traditionnelle de sa nation. Cette première poésie est de sa nature toujours plus ou moins épique, car elle raconte les hauts faits et les événements mémorables INTRODUCTION 50 GENERALE. mais elle les raconte de l'antiquité; de plaire, d'intéresser et d'émouvoir, dans l'intention embellissant ce ce qui déplairetranchant qui a besoin d'ornement, rait, enchaînant ce qui paraîtrait décousu et façonnant le tout pour en former un ensemble poétique plein de Cet arrangement charmes, de goût et d'intérêt. poéou ces transformations qu'on leur tique des traditions, fait subir pour les rendre plus propres à devenir des et nécessitent la créaoccasionnent sujets de poésie, tion d'un grand nombre source de mythes qui ont leur unique du poète. C'est pourquoi dans l'imagination seconde, espèce de mythes peut être convenablement désignée sous le nom de mythes poétiques. Lorsque dans la suite, par différentes circonstances, cette des peuplades en un par la réunion politique de famille corps de nation, le mélange des traditions et de tribu a pu s'opérer, la science encore novice de surtout de classer, de coordonner, de entreprend l'époque, de conmettre en système les différentes traditions, ce qui se contredit en elles, et surcilier habilement tout de préciser les rapports qui devront exister entre et les différentes divinités, jadis adorées séparément, maintenant réunies en une société, en un corps de faencore toute jeune et présomp- La philosophie, tueuse , commence à agiter les grandes questions sur et des choses. Le poète, à la fois philosophe l'origine et une prêtre, crée avec hardiesse une cosmogonie mille. théogonie. C'est alors que commence une nouvelle CHAPITRE III. 31 qui, dès ce moment, pour la mythologie Elle ne se un caractère plus systématique. période prend et compose plus seulement des traditions historiques religieuses de quelques familles, elle forme mainteet la base des croyances nant l'origine de l'histoire de toute une nation; c'est un système religieux enet de poésies, de théories philosophiques de toute espèce. Mais par cela même scientifiques que la mythologie devient plus complexe et plus systremêlé tématique , elle change de nature et perd en grande partie son caractère primitif. En effet, la nature de la consistait jusqu'ici dans le développement progressif, spontané et organique de ses parties, lequel se faisait presque sans le secours de la réflexion. mythologie Maintenant, ou l'histoire au contraire, traditionnelle ce n'est plus la tradition qui engendre peu à peu les mythes, c'est la réflexion, la science qui les invente tout d'un coup, et en vue d'un système déterminé. La philosophie, cachant ses vérités et ses maximes sous l'image du symbole et sous le voile de l'allégorie, les introduit dans la mythologie ou dans le système et l'astrologie des croyances religieuses. L'astronomie produisent tour à tour un nombre infini de mythes, et la physique, personnifiant les forces de la nature, les fait agir sous le nom et la figure de quelque divise compléter nité. L'histoire même semble vouloir par des mythes; comme si elle avait besoin de suppléer au défaut de tradition et de documents, elle 32 INTRODUCTION GENERALE. de quelques étymologique s'appuie sur l'explication une histoire imaginée noms propres pour construire à la place de l'histoire véritable. En général s il n'y a qui ne renferme un grand peut-être pas de mythologie nombre siques de mythes symboliques, et étymologiques, que astronomiques, tous on peut phycom- prendre sous le nom de mythes scientifiques, parce que tous doivent leur origine à la réflexion ou à la science. S III. COMMENT ON PEUT DISTINGUER DE LES DIFFÉRENTES ESPÈCES MYTHES. Par l'exposé rapide que nous venons de faire, on a pu se convaincre que les mythes ne sont pas tous de la même espèce; tous par conséquent ne doivent ni être envisagés ni être expliqués de la même manière. On comprendra qu'il serait ridicule de chercher un sens profond et métaphysique dans des mythes de prendre les fictions du poète pour d'imagination; des allégories ou des symboles, et des mythes étymoIl importe donc logiques pour de l'histoire véritable. avant tout de bien savoir distinguer les différentes espèces de mythes. Quels sont, demandera-t-on, ces différentes peut reconnaître les signes auxquels on espèces? quelles sont les règles à suivre pour ne pas les confondre et pour se garantir de toute erreur ? A cela on doit répondre qu'on ne saurait donner des règles assez explicites pour prévenir toute erreur, et assez nombreuses CHAPITRE III. 33 pour résoudre tous les problèmes ; que le seul moyen de trouver la vérité, c'est d'avoir beaucoup de jugement et un tact sûr, puisque celui qui en sera doué et toutes y puisera facilement toutes les instructions les règles qui doivent le diriger dans ses travaux et le préserver de toute méprise. Il est du reste moins difficile qu'on ne le croirait de savoir distinguer les différents éléments qui composent la mythologie. Quant il suffit souvent de la simple à l'élément historique, ce qui appartient à l'hisinspection pour découvrir toire et ce qu'il faut reléguer parmi les fables. En effet, tout ce qui est physiquement impossible, tout ne saurait être ce qui est merveilleux, fantastique, Il n'y a donc de difficultés que lorsde l'histoire. qu'il s'agit de séparer dans le mythe ce qui est de pure de ce qui n'en est qu'une enveloppe ou un ornement poétique. Dans ce cas, la connaissance parfaite du génie de la nation et du génie de sa en état de distinpoésie, nous mettra suffisamment l'histoire fabuleuse. guer la réalité historique d'avec l'invention Comme, de nos jours, par un excès de scepticisme ou on par une opinion erronée sur l'esprit de l'antiquité, de fable tout ce qui est ratraite trop légèrement conté dans les poésies des anciens, il ne sera peut-être pas inutile de dire que les anciens, quelque dominés ont cependant qu'ils aient été par leur imagination, moins que les nations modernes, traité des sujets purement fictifs, et que leur poésie repose bien plus sou3 34 INTRODUCTION GENERALE. ou du vent que la nôtre sur des données historiques, moins sur des traditions plus ou moins anciennes. Cette vérité, quelque paradoxale qu'elle paraisse d'abord , se trouve quand on compare les poéde l'Asie et de l'Europe avec et d'ailleurs elle modernes; constatée sies des anciens peuples les poésies des nations par cette considération philosophique, que plus l'homme est encore près de son moins il lui est posenfance ou de son état primitif, s'explique et se confirme sible de sortir, par la pensée, de la réalité qui l'entoure, pour entrer dans le monde fabuleux de l'imagination. donc tort de méconnaître dans la myOn aurait et de ne lui pas faire une thologie l'élément historique assez large part ; mais on conçoit que cet élément ne peut se trouver que dans les mythes les plus anciens, à écrire commença que, plus tard, lorsqu'on le mythe et la tradition devinl'histoire, historiques rent non-seulement inutiles, mais à peu près impossibles. Il est donc à remarquer que les mythes les plus rarement sur une base historique, récents reposent parce créées plus souvent sur les théories et cachées par les sciences et la philosophie sous la forme du symbole et de l'allégorie. Les que nous avons nommés mythes allégoriques et mais par les poètes, mythes symboliet à dis- ques, ne sont pas plus difficiles à reconnaître tinguer que les autres espèces : l'oeil exercé les discerne sans peine, et l'esprit sagace en trouve facilement l'ex plication. CHAPITRE III. 35 S'IV. DE LA MANIÈRE DE TRAITER LA MYTHOLOGIE. espèces de mythes une fois recondans nues , il s'agit de les réunir et de les présenter leur ensemble. Le plan à suivre dans ce travail est inLes différentes par la nature du sujet que nous vous'étant formée effet, la mythologie il faut l'exposer selon l'ordre des temps, diqué clairement lons traiter. En peu à peu, depuis sa formation et son développement progressif et distinguer par conjusqu'à son entier achèvement, dans lesquelles les myséquent plusieurs périodes thes se sont de plus en plus agglomérés, modifiés et Ce plan, à la fois naturel et simple, a le avantage de mettre d'abord toute chose à la généralisés. grand et de montrer place qu'elle occupait primitivement, tout s'enchaîne et se tient, même ensuite comment et comment tout est important ce qui se contredit; essentiel, même ce qui paraît être un accessoire ou un et enfin comment il peut y avoir détail insignifiant, un ensemble bien ordorîné sans qu'il y ait pour cela un système raisonné. Ce n'est point ici le lieu de traiter la mythologie Scandinave d'après les vues et le plan que nous venons ne d'indiquer; l'exposé de l'ensemble de la mythologie doit pas servir d'introduction à l'explication des sources mythologiques, mais il doit être le résultat de cette explication. Nous n'avons à faire ici qu'un travail 3. GENERALE. INTRODUCTION 36 il s'agit pour nous de dresser en quelque préparatoire; à mesure que nous les des mythes, sorte l'inventaire des Scandans les monuments littéraires trouverons dinaves. Nous expliquerons différents chants de l'Edda, fondre et entremêler donc successivement les en tâchant les diverses de ne pas contraditions mytholo- Loin d'être étonné ou choqué giques qu'ils renferment. dans l'endes contradictions se montrer qui pourront semble des mythes, nous les verrons au contraire avec plaisir, sachant que plus il y a de contradictions dans une mythologie, plus c'est une preuve qu'elle ni gênée dans sa vie et son n'a été ni contrariée développement spontané par l'esprit de système et les rien à telle théories raisonnées. Nous n'emprunterons pour l'ajouter à telle autre dans le but de cette dernière, de l'amplifier et de l'explicompléter quer. Nous ne nous hâterons pas non plus de com- tradition parer les mythes des Scandinaves avec ceux des autres, nations et de chercher des analogies dans les détails des récits, convaincu que nous sommes, que l'on avec succès 3a méthode comparative qu'an'emploie et près avoir bien examiné chaque chose séparément la nature des termes que avoir reconnu parfaitement l'on veut faire entrer en comparaison. Sans avoir trop de confiance dans les explications suggérées par une étymologie hasardeuse et souvent erronée, nous ne négligerons point cependant de profiter des ressources de la philologie, des pour trouver dans la signification CHAPITRE III. 37 et quelques éclaircissements utiles ; car, on ne saurait quelques renseignements l'a si bien démontré par nier, puisque M. J. Grimm noms mythologiques, le fait 1, que les mots contiennent dans quelquefois leur étymologie des témoignages historiques non-seulement sur les choses qu'ils désignent, mais encore sur dont il ne reste souvent des époques très-anciennes d'autre document que celui qui est tiré de l'existence et de la signification de ces mots mêmes. Nous espérons que les résultats de ce travail préliminaire joints à d'autres déjà obtenus parle zèle d'illustres érudits 2, fourniront un jour à quelque savant les matériaux nécessaires pour composer un ouvrage où l'on n'expliScandinave, mais quera pas seulement la mythologie où l'on indiquera aussi les rapports qu'il y a entre les des différents Cet peuples de l'antiquité. ouvrage sera, nous n'en doutons pas, du plus haut intérêt pour le philosophe, qui y verra l'esprit humain se manifestant dans la mythologie sous mille formes dimythologies verses; pour le théologien, qui y apprendra à connaître et le caractère distinctif des religions non rél'origine 1 Deutsche , i835. Gôttingen Mythologie, 2 Le scandinav.e ouvrage que nous ayons sur la mythologie principal est le Lexicon myihologicum, savant, M. Finn Marédigé par l'illustre surtout par l'érudition gnussen. Ce livre se distingue prodigieuse que y a déployée. Un autre ouvrage qui a un mérite tout différent : derMylhus de celui du Dictionnaire est le livre intitulé mythologique von Thôr;le il célèbre poète allemand M. Louis Uhland en est l'auteur; l'auteur y explique les mythes sur Thor d'une manière ingénieuse et naturelle. o.. GENERALE. INTRODUCTION 58 vélées; pour l'historien, qui trouvera dans les mythes remontant d'anciennes traditions historiques quelquefois jusqu'aux premiers âges des nations; enfin, pour le poète et l'artiste, qui verront le génie poétique de l'antiquité se manifestant avec le plus d'éclat et de vivacité dans les fictions toujours agréables, souvent instrucsublimes de la mythologie tives etquelquefois païenne. Après avoir discuté des questions qui se rapportent exclusivement au contenu ou à la matière des poésies maintenant nous présenterons quelques sur des sujets qui tiennent uniquement considérations à l'extérieur ou à la forme de ces poésies. Nous parScandinaves, lerons de la langue, islandaise. successivement de la versification DES LES DE PHILOLOGIQUE DIFFERENTS MANUSCRITS Notre intention et IV. CHAPITRE EXAMEN de la prosodie LA LANGUE SYSTEMES D ORTHOGRAPHE ISLANDAIS ET LES ne saurait ÉDITIONS ISLANDAISE. SUIVIS DANS DE L'EDDA. être" de faire ici une analyse complète de la langue, et nous nous croirions même dispensé d'entrer dans aucun examen philoloislandaise n'était pas gique, si l'état de la grammaire IV. CHAPITRE 39 des mots est encore aujourd'hui, tel, que l'orthographe C'est dans beaucoup de cas, quelque peu incertaine. à lever l'indonc en partie dans le but de contribuer que nous nous qui règne dans l'orthographe, en partie aussi pour livrons à cet examen philologique, justifier l'orthographe que nous avons adoptée nousmêmes en transcrivant les textes que nous publions. certitude La seule règle qu'on croit pouvoir donner toutes lès c'est de suivre l'usage fois qu'il s'agit d'orthographe, les langues vivantes, langues mortes. Reproduire et les manuscrits des manuscrits, donc pour tâche et notre ce serait seul devoir pour les exactement l'orthographe à nous notre unique 1. Cependant quée, quelque juste et rigoureuse la règle indiqu'elle soit en diplo- 1 II n'est de rappeler ici quelques principes pas inutile qu'on devrait le texte de toujours suivre quand on publie, d'après des manuscrits, littéraire du moyen âge. Si un texte de philologie quelque monument est publié pour la première fois, il doit, selon nous , être une copie exacte, du manuscrit, qu'on l'on et préparer ainsi une seconde critique. Rien n'est si nuisible à la philos'est permis de faire des changements aux ferait édition pour sur le manuscrit travailler sur ce texte comme lui-même, qui sera une édition logie que les textes où l'on mots pour rajeunir, comme on dit, entre puisse le langage et mettre de l'uniformité et l'orthographe actuellement en du manuscrit l'orthographe usage. En second lieu, si l'on a à sa disposition plusieurs manuscrits, il ne faut pas les suivre tous à la fois ; il ne faut suivre, dans le texte, et avoir soin de mettre que celui d'entre eux qui paraît être le meilleur, en note les leçons des autres manuscrits, de celle qui avec indication semble devoir être préférée. Nous avons rappelé ce dernier principe surtout son application toutes les fois parce qu'il doit aussi trouver d'un texte suivent des systèmes d'orthographe difféque les manuscrits rents. INTRODUCTION 40 GENERALE. matique, ne nous semble pas avoir autant d'autorité et car il doit être permis au phide justesse en philologie; lologue qui envisage bien moins la langue écrite que la langue parlée, de corriger l'orthographe vulgaire dès qu'il lui est prouvé que la langue, telle qu'on l'a écrite, avec la langue ne correspond pas assez exactement telle qu'on doit l'avoir parlée. Il y a plus: la règle deimpossible à observer dans beaucoup de cas ; car comment la suivre si les manuscrits qui doientre eux dans l'orthovent nous guider diffèrent vient même graphe , ou, ce qui est plus fâcheux encore, si dans le même manuscrit les mêmes mots se trouvent écrits de cette prétendue plusieurs manières? Alors évidemment autorité positive de l'orthographe vulgaire et de l'usage suivi dans les manuscrits nous laisse dans le doute, et de obligés, pour sortir de l'incertitude, ou à la critique, recourir au raisonnement qui sont, en toutes choses, les seuls juges en dernier ressort. nous sommes exagéré les inexacsurtout de ceux et les défauts des manuscrits, On a, il faut le dire, titudes qui renferment beaucoup les monuments littéraires des lan- gues du moyen âge. On a bien souvent pris pour des les différences qu'on dans l'orthographe, irrégularités y a établies des dialectes à dessein pour ou des formes la marquer de la langue différence à telle ou à une saépoque; et ce qu'on devait attribuer le plus on l'a attribué, vante et exacte distinction, ou au caprice à l'inattention souvent, à l'ignorance, telle CHAPITRE IV. 41 des copistes. Néanmoins, quelque large part qu'on fasse à la différence des dialectes et des formes de la langue, aura-t-il selon les localités et les époques, toujours y et dans beau- dans beaucoup d'inscriptions des anomalies qu'on ne pourra coup de manuscrits, attribuer qu'à l'incertitude qui régnait dans l'orthograil suffit de savoir que, par phe. Pour s'en convaincre, exemple, le mot eftir de vingt-huit runiques les manuscrits se trouve manières écrit sur les pierres et dans différentes, des xme et xive siècles, ce mênie mot se présente encore sous dix-sept formes diverses 1. M. J. Grimm s'est vu dans la nécessité d'abandonner en dés manuscrits allebeaucoup de points l'orthographe mands; Rask se plaint également de la confusion qui des mots anglo-saxons, et règne dans l'orthographe l'on peut élever la même plainte au sujet des manuscrits vieux français, où souvent, sur la même page, le même mot se trouve Ces anomalies il faut les attribuer écrit de plusieurs manières. et ces différences dans l'orthographe, d'abord à la difficulté y avait ou gothiques du d'écrire qu'il les langues germaniques moyen âge en caractères empruntés à la langue latine, et ensuite au peu d'habitude qu'on avait d'écrire et de lire des livres en langue vulgaire. L'usage qui naît précisément de la pratique fréquente d'une chose ne pouvait donc pas facilement se fixer dans l'écriture, ni 1 i836, Svensh spraklàra page ix. Voyez utyifuen af'svenskaAkademicn; Stockholm, 42 INTRODUCTION GENERALE. établir ses règles et faire autorité comme chez nous. Quant aux manuscrits de l'Edda en vers, il faut con- venir ils ne sont que sous le rapport de l'orthographe pas exempts des défauts que nous venons de signaler; le Codex regius et le Fragmentum memnon-seulement de l'Edda, braneum, les deux plus anciens manuscrits ne suivent pas le même système d'orthographe, mais encore ne sont-ils pas toujours dans le conséquents système manière doivent dans la qu'ils ont adopté. Cette différence d'écrire les mots et ces inconséquences ne eût-il été pas nous étonner; car, comment si borpossible avec les connaissances grammaticales nées de ces temps, de créer une orthographe parfaite qui est seulement le résultat des plus hautes ? Cependant les études grammaétudes philologiques ticales n'ont pas été négligées en Islande; elles y furent cultivées dès le commencement du xf siècle. Thôroddr le maître ès-runes ( rûnameistari ) et le prêtre Ari le savant connaissaient Priscien et peut-être encore quelque autre grammairien latin. On appliqua à le système grammatical des Rol'alphabet runique mains , et l'on détermina les lettres tant voyelles que consonnes dans la langue qui se correspondaient et la langue islandaise. Plus tard, principal lement dès la première moitié du xme siècle, on latine abandonna servir pour l'écriture généralement substituer un et l'on commença à se runique de l'écriture latine. Il fallut donc, alphabet à l'autre , comparer CHAPITRE auparavant les tères romains, 43 IV. avec les caracruniques ou en suivant une méthode plus ra- caractères mais plus difficile, analyser les sons delà au moyen de l'alphalangue même et les exprimer bet latin. Cette analyse de la langue et de l'écriture tionnelle runique forme le sujet de deux traités qui font partie de la Snorra-Edda et qui ont été composés dans la première moitié du xni° siècle. Le premier traité intitulé Um lâtînu-stafrojit (de l'alphabet latin), a pour auteur un clerc ou prêtre islandais dont le nom ne nous avait étudié Thôroddr, est pas connu. Ce grammairien Ari'frôdi et Priscien; il connaissait également l'al- phabet anglo-saxon qu'il semble avoir pris pour base de son alphabet islandais. L'autre traité est intitulé Grund-vôllr de la gram( fondement Mâl-frceSinnar maire ) et renferme quelques considérations sur la langue et une analyse de l'alphabet L'auteur de cet écrit est sans doute surnommé runique. TJiôrdarson Olaf blond ) ; Olaf Hvitaskald neveu de Snorri; générales ( le poète pendant les années il vécut à la cour du roi de Danemarck en Islande en 120g 1. On trouve dans l'un et l'autre 1 était 12 36 à 1240, Waldemar II, et mourut de ces traités des observations fines sur la prononciation et l'orthograla dissertation de l'alphabet phe; mais principalement latin paraît avoir exercé quelque influence sur l'orthographe 1 suivie dans les manuscrits. En o"n effet, '* Knytlinga Saga, cap. 127. INTRODUCTION 44 GENERALE. memdans le Codex regius et le Fragmentum braneum certaines abréviations qui semblent avoir été Ainsi, par exemple, empruntées à notre grammairien. trouve les manuscrits doubles nn,rr, ces consonnes, de l'Edda, au lieu d'écrire hk, etc. n'écrivent mais en caractère les consonnes qu'une seule de majuscule N, B, K, de la même grandeur que les autres lettres minusd'écrire dont l'auteur de cules. C'est une manière notre tion Une autre abréviaparaît être l'inventeur. de l'Edda, dans les manuscrits très-fréquente traité c'est de désigner m et n au milieu ou à la fin du mot par un titre ou petit trait placé sur la voyelle, de la même manière qu'en dêvanâgarî ou écriture sanscrite, on place le point anasvâra au-dessus désigner une nasale qui se tiouve de la ligne pour insérée entre la Usitée dans voyelle et la consonne. Cette abréviation les manuscrits de l'Edda, semble aussi avoir été emà notre grammairien, pruntée qui de son côté l'a anglo-saxons. On peut-être prise dans les manuscrits un de ce grammairien trouve même dans l'alphabet et qui doit caractère particulier g qu'il appelle eng, à exprimer en abrégé le son nasal que nous déindiNous ordinairement pourrions par ng. signons entre quer encore d'autres analogies qu'on remarque ladans le traité de l'alphabet enseignée l'orthographe servir de suivie dans les manuscrits tin et l'orthographe l'Edda. Mais les exemples que nous avons cités, suffiserft pour produire en nous la conviction que le traité CHAPITRE IV. 45 a eu quelque indont nous parlons, grammatical fluence sur la manière d'écrire les mots dans les licette influence n'a pas été Cependant en entier et pour assez grande pour faire admettre le système d'orthographe faire prévaloir de notre vres islandais. car, nous l'avons vu, les manuscrits de grammairien; l'Edda ne sont pas écrits d'après un système uniforme. Ces anomalies des manuscrits dans les passèrent de l'Edda, et c'est seulement de imprimées nos jours qu'on a songé à rendre uniforme l'orthographe des textes islandais. Rask, dans la première éditions édition de sa Grammaire islandaise, s'attacha princi- palement à déterminer la valeur phonique des lettres, sans chercher à désigner certaines voyelles par des signes plus convenables. islandais à une nouvelle M. Grimm soumit l'alphabet il préanalyse philologique, la différence phonique et grammaticale cisa davantage qu'il y avait entre les voyelles, et il l'exprima par des signes mieux choisis et uniformes pour les voyelles dans les autres langues germaniques. correspondantes des textes isCependant le système de transcription landais , tel qu'il résulte de l'analyse faite par M. Grimm, diffère encore en quelques points de celui qu'avait adopté Rask dans la dernière édition de sa grammaire. C'est une raison de plus, pour nous, de soumettre islandais à un nouvel examen; non que l'alphabet nous ayons la prétention mais nous servations; de tout éclaircir désirons appeler par nos obde nouveau 46 INTRODUCTION GENERALE. des grammairiens selon nous, sont de la plus l'attention sur des questions qui, haute importance en phi- lologie. S II. EXAMEN DES VOYELLES SIMPLES. C'est une vérité constatée par l'histoire philologique des langues, et confirmée par la paléographie, que a, i, u (prononcez ou), sont les seules voyelles primitives, et que toutes les autres ne sont que des voyelles dérivées. Il n'y a que très-peu de langues qui se soient contentées de ces trois voyelles primitives; la plupart y ont ajouté un plus ou moins grand nombre de voyelles dérivées. Dans l'islandais ou dans la langue Scandinave, ce que nous venons de dire, nous cond'après sidérer comme primitives, les voyelles a, i, u, avec leurs longues â, î, û, et leurs diphthongues ai et au ( prononcez a-ï, a-ou). Ce sont en effet, si l'on y ajoute encore l'o, les seules voyelles qu'on trouve écrites devons, dans l'ancien monuments alphabet runique qui nous restent. et sur les plus anciens L'o paraît être, parmi les voyelles celle dérivées, dans la langue Scandiqui s'est formée la première nave, puisqu'on la trouve déjà exprimée par un signe dans les inscriptions La voyelle particulier runiques. o est dérivée de l'a ; après un certain laps de temps, cet o engendré par a, engendra à son tour la voyelle IV. CHAPITRE 47 en français par eu, comme dans que nous exprimons les mots peu, feu, lieu. Dans les livres danois, suédois on a commencé et allemands, depuis quelque temps par le signe incomplexe cette voyelle à exprimer ô, qui rappelle très-bien par sa figure, l'origine et la nature du son, et qu'on devrait adopter dans toutes les langues qui ont cette même voyelle 1. Au lieu de la seule voyelle u nous en avons donc trois de la même famille, à savoir : u, o, ô, exemple : uxi (taureau), ox (boeuf); ôxn (bétail), ur (de, hors), ôrviti (fou). Comme les trois orsôk (cause, origine), aux trois caractères u, o, ô répondent parfaitement sons ou voyelles qu'ils représentent, l'orthographe islandaise doit les adopter 1 Nous profitons notre orthographe et s'en servir. combien pour faire remarquer serait à la fois plus simple, française plus rationsi nous nous étions servis du signe ô' pour intelligible, nelle de cette occasion et plus désigner la voyelle que nous exprimons tantôt par les deux voyelles eu, tantôt par les deux voyelles oe, tantôt même par les trois voyelles oeu au lieu d'être des voyelles sont des diphthongues, quitoutes simples ou et qui, en outre, ne signifient pas même exactement, dans incomplexes, leurs éléments, ce qu'elles ont au contraire, la prétention de signifier. de notre l'origine Le signe ô, indiquerait parfaitement voyelle eu, comme l'ô Scandinave, de la voyelle o. De plus, le signe ô dérivée, serait intelligible à toutes les nations qui, dans leur langue, ont cette même voyelle, et favoriserait, l'introduction d'un par conséquent, d'une bonne uniforme pour toutes les langues de l'Europe. selon nous, aux véritables satisfait, principes si au lieu d'écrire^par boeuf, oeuf, orthographe, exemple: système d'orthographe On aurait donc mieux etc. on avait écrit : bôf, lat. bov-em; seul, \om, oeil, feu, majear, ôf, lat. soi, lat. sol-us; (ivres, lat. opéra; bil, lat. vol, lat. vot-um; ov-um; lat. foc-us; major, lat; major,etc. ocuï-us;/d, 48 INTRODUCTION GENERALE. o et o, mais De l'a primitif dérivent non-seulement encore une voyelle qui se prononce à peu près comme ïu. français ou comme l'u-psilon grec; c'est pourquoi a exprimé cette voyelle par la lettre y. L'u Scandinave se prononce ou; mais quand la syllabe qui suit cet u commence 1 par un i, l'a prend, dans certains cas, un son plus délié, plus rapproché de l'ï et semblable à l'on la prononciation de l'a français. Exemple : fall, fjll-i, de u en y Le changement gaS, gjS-ia. gall, gjll-ing, nous semble dans certains mots plus ancien que le channe La de u en et voici o, pourquoi. voyelle y gement peut provenir de l'o, mais seulement de l'a, parce que directe possible. Or de l'o àl'j il n'y a pas de transition le mot islandais sonr forme au datif syn-i; cela prouve en s'est de le évidemment y voyelle changement que opéré forme avant que le mot Scandinave sunr eût pris la actuelle de sonr; car cette dernière forme eût produit au datif, non pas syn-i, mais sôn-i, puisque o par l'influence d'un i devient non pas y, mais o. Quelques objections qui sont assez fondées, s'élèvent contre l'adoption ce signe est étanger est emprunté puisqu'il dans la prononciation et l'usage du caractère y; d'abord à l'ancienne écriture Scandinave au grec; ensuite des Romains, 1 Les Islandais, l'y a pris déjà le son de la les syllabes par les les mots, finissent en épelant du système des Hindous consonnes. C'est le contraire qui finissent dans les les syllabes toujours par les voyelles, comme on peut le voir anciennes incriptions sanscrites. Voyez Transactions of the royal asiaiic Society of Great Britain and Ireland, t. I et II. CHAPITRE IV. 49 le des nations modernes et la i, prononplupart voyelle cent également de cette manière. Le signe y n'exprime donc pas exactement la voyelle islandaise qu'on doit prononcer comme un u français. Il est vrai que, même des Islandais, y a pris peu à peu dans la prononciation le son de lï, comme cela se voit dans certains manuscrits indifféremment qui emploient y et i. Mais puisqu'il est prouvé que y n'était pas de tout temps, ni dans tous les cas prononcé comme i, il est de l'inde l'orthographe et de la grammaire de rejeter un signe aussi équivoque que l'est la lettre y. Dans l'écriture runique on employait un caractère très-bien térêt parce qu'il rappelait, déjà par sa forme, l'origine de la voyelle dérivée de n. Ge caractère était un u avec un point dans l'intérieur, H. On pourrait remchoisi, duplacer ce signe runique, par un u dans l'intérieur quel on mettrait un point; au-dessus de cet u ponctué on placerait l'accent circonflexe la pour exprimer voyelle longue correspondante. Quant à la voyelle longue qui, par l'influence d'un i, s'est formée de 6, ou quant à l'ô long, on le désigne ordinairement par les deux lettres oe. Ce signe a le seul inconvénient d'exprimer une voyelle simple ou incomaussi prendre plexe par deux voyelles qu'on pourrait il vaudrait pour une diphthongue; par conséquent, mieux exprimer o long par le caractère o surmonté de l'accent aigu au lieu de l'accent circonflexe, pour rendre le signe moins compliqué. k GENERALE. INTRODUCTION 50 Si nous énumérons maintenant les voyelles qui u, et dont les signes respec- à la famille appartiennent des textes tifs sont indispensables pour la transcription islandais, nous trouverons qu'elles sont au nombre d& ce sont : u, o, o, y, avec leurs longues û, ô, ce et y. La seconde voyelle primitive a, n'a engendré qu'une et pour le son seule voyelle qui répond entièrement, huit; et pour l'origine, à notre voyelle è ou ai dans les mots amer, latin amar-us ; mer, latin mare; chir, latin clarus. Cette voyelle dérivée es^ désignée ordinairement par la lettre e. Il serait plus convenable de l'exprimer par le signe â, si e n'était pas déjà une lettre adoptée dans et que à ne fût incomtoutes les langues de l'Europe, ne pouvant pas facilement être surmonté d'un accent circonflexe pour exprimer la voyelle longue. Le changement de l'a en e est surtout fréquent dans l'anglo-saxon ; en islandais ce changement s'opère prinmode, d'un i placé au commensous l'influence cipalement cement de la syllabe qui suit la voyelle a, exemple : mbgr (magur) fils, datif meg-i; da.gr jour, datif degi; val, choix, vel-ia, choisir, etc. A long subissant égalede l'i se change en la voyelle qu'on bien plus condésigne par oe, mais qu'on exprimerait venablement par ê, parce que é dérivé de a long suiment l'influence l'analogie de e dérivé de a bref; oe devrait réservé pour désigner le changement qu'a subi ai (prononcez cienne diphthongue aï). vrait Les voyelles appartenant à la famille être l'an- a sont seule- CHAPITRE ment au nombre de quatre, IV. 51 ce sont : a> e, et leurs longues â, ê (ee). Il nous reste à parler de la troisième voyelle primitive i; la seule voyelle qui en soit dérivée, est un é que exprime par ë pour le distinguer de l'e dérivé, comme nous l'avons vu* de la voyelle a. Le caà ë s'écrit comme un i ractère runique correspondant M. Grimm avec un point au milieu, I; cette figure indique que ë n'est qu'un i modifié. Le changement de i en ë s'est fait dans beaucoup de langues. En français nous trouin, enfant de infans, ferme de etc. L'ë islandais paraît avoir eu un son inter- vons en venu firmus, médiaire du latin entre è et i, se rapprochant toutefois plus de l'î que de IV. Il y a certains cas où.l'ë devient long, comme par exemple dans le mot frekt (frêtt). Pour désigner cetë emploie le caractère ë; mais ce calong, M. Grimm ractère désigne bien plus convenablement ïe long qui est dérivé d'un a long. On ferait donc bien de remplacer ë par un e surmonté d'un seul point au-dessus duquel on placerait encore facilement l'accent circonflexe pour désigner l'ë long. S III. EXAMEN La diphthongue DES DIPHTHONGUES. est la combinaison de deux voyelles l'une et l'autre en simples, prononcées distinctement une seule émission de voix ou en une seule syllabe. à. . 52 INTRODUCTION GENERALE. de toute autre comCe qui distingue la diphthongue binaison de voyelles, c'est qu'elle a une signification deux éléments qui la compoaucun des grammaticale; sent ne peut être retranché sans qu'aussitôt la forme entièrement détruite. Il n'y du mot soit grammaticale a que ai (a-ï) et au (a-ou) et leurs dérivés qui soient de véritables diphthongues, lisme est le plus parfait, et les langues dont le vocacomme le sanscrit et l'arabe connaissent seulement les diphthongues tives ai et au. littéral, primi- Les diphthongues primitives de la langue islandaise sont, d'après ce qui nous venons de dire, aï et an à Ai a a-i, disparu peu peu delà a-ou). (prononcez langue et a fait place à ses deux dérivés ei et oe, exemples : isl. teitr, goth. taits; isl. stein, goth. stains; isl. heill, goth. 7iai/s; isl. hroev, goth. hraiv; isl. loera, goth. ei le son diphetc. Dans isl. aii>, oe, goth. hisjan; thongue est resté, seulement a s'est changé en e par de l'i; oe au contraire se prononce comme l'influence et ce son est à peu près un son simple ou incomplexe, le même que celui de la yoyelle ê dont il diffère entièrement quant à son origine. au n'a pas disparu de la langue La diphthongue comme ai; seulement elle est devenue, dans quelques cas très-rares, une voyelle simple ayant le son de l'd, par l'influence laquelle quelquefois, et principalement d'un i, s'est changée en ô long. Le plus souvent au mais il s'est comme s'est maintenu diphthongue; CHAPITRE IV. 53 changé en ey toutes les fois qu'il y a été amené par l'influence d'un i qui se trouvait dans la syllabe suivante, raina, rejni; laas, lejsi, etc. exemple: draap, drejpi; les voyelles de la langue islandaise. Enumérons maintenant diphthongues* I. Voyelles simples ou incomplexes. simples Voyelles primitives. a, â; i, î; Voyelles dérivées e, ë, ë; y Voyelle dérivée d'une primitives. , Diphthongues dérivées... . grammaticale tères distinctifs û. u, o ô 6. y oe. diphthongues. Diphthongues Ces vingt ê; oe diphthongue. II. Voyelles et les [ai), ei, m, au. ey. entrent dans la composition voyelles des mots, et constituent un des caracde la langue islandaise. § IV. EXAMEN Nous appelons de voyelles qui DES CONCRETIPS. concrétifs ne sont toutes les combinaisons pas des diphthongues. Les 1 Le islandais qui a composé le traité uni lâllnu-stafroftt, grammairien divise les voyelles [liôd-stajir, lettres en trois classes : dans sonnantes) la première il range les voyelles a, e, i, o, u,/qu'il appelle simplement stafir; dans la seconde, les voyelles oe et oe qu'il appelle limingar (condans la troisième, les diphthongues au, ey, ei, qu'il glutinations); nomme lausa-klofav (fentes béantes). du traité intitulé D'après l'auteur il y a cinq voyelles [Uiôdsiafir) Grundvôllr, u, o, i, e, a, Màlfroedinnar et cinq diphthongues [Tvihliâ.dr, Limingar-stajir) ae, au, ei, oe, ey. INTRODUCTION 54 n'ont GENERALE. comme les diphthongues, une et n'entrent point comme grammaticale, concrétifs point, signification ou la formation radicale elles dans la composition des mots : ils doivent leur origine à l'intruprimitive sion d'une voyelle qui vient se placer à côté de la voyelle bientôt radicale occasion pour des causes que nous aurons d'indiquer. qu'une langue s'éloigne de son origine, se changent en voyelles simples et les les diphthongues simples sont remplacées par des concrétifs. voyelles A mesure de la langue latine en français, les diphthongues sont devenues voyelles simples, et les voyelles simples du latin sont devenues des concrétifs.en français. Dans Ainsi, la langue islandaise on trouve les concrétifs suivants : de voyelia, iâ, ië, ia, io, i'ô. Parmi ces combinaisons les , il n'y a que les formes ia et iu qui soient primitives ; car io dérive de iu, iô dérive de io et ië doit être rapporté tantôt à ia, tantôt à iu. Nous expliquerons seulement l'origine des formes ia et ia; les autres formes s'expliquent facilement par ce que nous avons dit des voyelles dans l'article précédent. de voyelles ia est sans doute trèsLa combinaison de la dérivation car dans la langue gothique elle se trouve dans les racines des verbes; mais, en aucun cas, ancienne, jusque elle ne saurait c'est-à-dire être considérée comme nant à.la formation Les concrétifs combinaison comme diphthongue, de voyelles apparteou radicale des mots. primitive ia et iu sont produits par trois causes CHAPITRE IV. 55 ou (euphonie), principales : ou par la prononciation ou ( syncope ) d'une consonne, par le retranchement enfin par la transposition (métathèse) d'une.voyelle. ia et iu sont produits par la prononciation , une seule des deux voyelles qui les composent est radicale ou appartient à la formation primitive Si les concrétifs du mot; l'autre voyelle est purement euphonique, c'està-dire qu'elle doit son origine à la prononciation et n'a aucune signification 1. par conséquent grammaticale insérée par notre Cette voyelle entre la organe, voyelle radicale et la consonne dont elle est suivie, diffère selon que la voyelle radicale est i, a ou u. Si la voyelle radicale est i, la voyelle insérée est a ou e muet, devant les consonnes liquides, aspirées et sifc'est le plus souvent a, ou son dérivé o, devant les labiales et les gutturales ; exemples : hiarta, hiarni, iarl, iafn, skialdur, etc.; miakr, skiami, etc. M. Grimm flantes; 1 L'insertion langues de voyelles euphoniques est très-fréquente on trouve en irlandais des mots ainsi, celtiques; dans les comme etc. Il est souvent difficile siuir, liaigh.feroir, d'inmaoihjliuch, du mot. Cependant, il ne faut diquer quelle est la voyelle radicale écrites se prononcent pas croire que toutes les voyelles séparément; comme en français, deux ou trois souvent, emploie l'orthographe cuaird, une seule voyelle simple. Les langues sémitiques voyelles pour exprimer ne souffrent généralement pas de voyelles euphoniques placées à côté, des voyelles radicales. Seulement, en hébreu, il arrive qu'un a se glisse entre la voyelle radicale e, i, u et la consonne gutturale; exemple: ' JH ré'g, n'"li"t hèrPkh, PIi5 lou*kh. Cet oquelesgrammairiensontappelc afurtif, disparaît quand la consonne ainsi on dit ré-ghi, lou-khi, etc. gutturale est suivie d'une voyelle : 56 INTRODUCTION GENERALE. écrit mër (à moi) indiquant par là l'ancienne prononciation : Rask au contraire écrit mêr ( mier) exprimant par cette orthographe la prononciation plus moderne. Comme l'une et l'autre ce d'orthographier bonnes , il s'agit seulement de dismanière mot sont également tinguer quels sont les cas où il convient d'adopter l'une ou l'autre de préférence; ce qui revient à savoir à quelle époque de la langue islandaise, on a cessé de mër et commencé de prononcer miar ou prononcer mier. Si la voyelle radicale est a ou u, la voyelle insérée est i. Cette insertion d'une voyelle étrangère à la racine est provoquée tantôt par l'a qui aime à être précédé d'un i légèrement accentué, comme le prouve encore l'a anglais, qu'on prononce ia, tantôt par les consonnes liquides et les consonnes gutturales qui, quand elles sont prononcées, font entendre facilement après soi le son e, i, les premières en se mouillant, les secondes par suite de leur nature qui tient à celle de l'ï par l'intermédiaire i inséré entre la liquide duj. Comme exemple d'un ou la gutturale et la voyelle radicale, il suffira de citer les mots giôra (pour gïarva, garva, cf. sansc. chftfH ); goth. liuliath, latin lux; goth. tiuhan, latin ducere, etc. etc. Dans quelques cas ia et iasont, comme nous l'avons dit, le résultat d'une syncope de consonne, exemple: <jûa(pour gigia),yïônr (goth. fidvôreis), iôr (pour ihvor, latin equus), etc. CHAPITRE IV. 57 ia et iu proviennent quelquede voyelle, ou transposition fois d'une métathèse comme le prouvent les exemples suivants : goth. hniu, Enfin, les concrétifs knië (pour kînu), latin genu, sansc. •îtl'Jt; goth. triu, (arbre) isl. trie (pour tiru), sansc. cT^ï:, etc. Nous devons ajouter que, quand la prononciation de ia et iu devient moins nette, les voyelles a et a se isl. en français en e muet, et ia et iu se comme ie dans patrie, latin patria; pie, prononcent latin pias. Comme cet e muet qui provient d'un a ou d'un a sourdement doit être représenté prononcé, changent comme dans l'écriture par quelque signe, je proposerais de l'exprimer par le caractère ë. On suivrait ainsi l'exemple de l'écriture runique qui, avec une exactitude admirable , exprime le même changement en plaçant après lï radical un autre ï, lequel a un point au milieu, J, pour de ce second ï se rapindiquer que la prononciation proche de celle d'un e très-peu accentué. Nous écrivons par conséquent, Met, bliës, trie, knië, miër, siér, hier, au lieu de hêt, blés, knê, mer, sêr, hêr, employant ê uniquement pour désigner l'e long au milieu du mot comme dans grêt, blés, mêli, et à la fin du mot comme dans/ë (pour feih, goth. faihu), hnê (pour hneig), où cet e est devenu long par suite du retranchement des deux dernières lettres. 58 INTRODUCTION GENERALE. S V. DE LA PERMUTATION DES VOYELLES. Un autre genre de difficultés que présente l'orthographe des voyelles tient à la cause d'un phénomène très-intéressant, qui se montre dans quelques langues et en particulier dans la langue islangermaniques, daise. Ce phénomène dans sa Gramque M. Grimm, maire allemande, nomme umlaut et que nous pouvons désigner sous le nom de permutation de voyelles, consiste dans les transformations ou changements suivants : i° Si les voyelles a, a, u, û, 6 et la diphthongue aasont suivies, dans le même mot, d'une syllabe qui par i 1: a se change en e, exemple commence dag-r, deg-i; land, lend-i; val, vel-ia; â se change en ë (ae), exemple : hàttr, hètt-ir; spânn, spën-i; u se change enj, exemple :fall,fyll-i; gu8, gfê-ia; û se change en y, exemple : 7iûs, 7ijs-ï; ùt, yt-i; ô se change en oe, exemple : bok, boek-(i)r; rot, roet-(i)r; au se change en ey, exemple reyn-i. 2° Si la voyelle 1 Voyez p. 48, note : draup, dreypi; raun, a est suivie d'une syllabe i. qui com- CHAPITRE 59 IV. mence par u, elle se change d'abord en o et ensuite en ô, exemple : (mag-ur) môgr, mog-um; aska,ôsk-u. ne s'opère pas seulement dans Cette permutation les voyelles radicales, mais aussi dans les voyelles insérées par la prononciation 1, exemple : (kial-ur) skioldr, etc. H y a des mots dont kiôlr, (skiald-ur) tantôt d'un la voyelle radicale peut subir l'influence i, tantôt d'un a, et qui par conséquent peuvent changer deux fois de voyelles. Ainsi, môgr dont la forme ancienne était magur, fait au génitif m&gar, au datif megi. § VI. LE PHÉNOMÈNE DE IA PERMUTATION DES VOYELLES EXPLIQUÉ. En présence d'un phénomène aussi philologique intéressant que celui de la permutation des voyelles, on se demande à quelle cause il faut le rapporter, ou comment il doit être expliqué. Ce n'est aussi que par l'explication complète de ce phénomène qu'on parvient à triompher d'un grand nombre de difficultés et à se rendre compte de beau- dans l'orthographe, coup de changements dans les formes grammaticales des mots. La permutation des voyelles mérite d'autant plus notre attention, qu'elle, n'a point encore été, de la part des philologues, l'objet d'un examen approfondi. 1 Rask Voyez p. 55. donne seulement à entendre qu'elle a 60 INTRODUCTION GENERALE. pour cause la tendance de notre organe à l'assimilation des voyelles ; mais il n'entre ni dans la démonsni dans l'explication tration de ce principe, des conséquences qui en découlent. est nécessaire rations à l'explication de présenter d'abord d'en venir Avant du phénomène, il quelques considé- préliminaires. Les changements que subissent les lettres dans les langues sont de deux espèces : ou ce sont des changements opérés par la grammaire qui, moyennant certaines exprime modifications faites les modifications dans la forme et les rapports des mots, logiques de ou bien ce sont des changements qui, indépenet de la signification dants de la grammaire des mots, l'idée, ont uniquement pour cause une différence de prononciation. Nous désignerons ces deux espèces de changements par les noms de changement grammatical changement et de euphonique K il est inutile de Quant au changement grammatical, dire qu'il ne s'étend pas sur les consonnes; car les conla signification sonnes exprimant propre à la racine, constituent, ne sauraient, 1 Le propriété mot pour ainsi dire, l'individualité par conséquent, euphonie, en grammaire, des sons d'être harmonieux du mot, être changées ne signifie ou agréables et sans que la pas seulement à l'oreille, mais il désigne aussi ce qui rend la prononciation plus douce, plus coulante et plus facile pour notre organe, quelque bonne ou quelque mauvaise, quelque agréable ou quelque désagréable que soit du reste notre prononciation. 61 IV. CHAPITRE de la racine soit changée en même la signification temps *. C'est donc seulement dans la partie mobile de la racine, ou dans les voyelles que la grammaire a pu opérer certains changements pour exprimer les différents rapports logiques, ou les différents points de vue sous lesquels l'idée du mot devait être envisagée. il exemples d'un changement grammatical, suffira de citer le changement des voyelles radicales dans les verbes des langues germaniques et sémitiques, Comme à l'effet d'exprimer les temps et les modes; le changement des voyelles radicales dans les verbes des langues sémitiques, pour exprimer l'actif, le passif et le neutre ; le changement des voyelles à la fin des substantifs de l'arabe littéral, pour désigner les différents cas de la déclinaison; et enfin, en partie aussi, le changement ou plutôt le renforcement de voyelle connu dans la sous le nom de gouna et vriddhi. sanscrite, grammaire 1 On pourrait être tenté de croire que dans les langues même sur les consonnes. celtiques le s'étend Ainsi, par grammatical en irlandais le mot oh fear (l'homme) fait au génitif anfhir ; exemple, an bhean (la femme) fait au génitif na mnâ; an chois (le pied) fait au changement génitif na coise, etc. Mais tous ces changements sont purement, niques, comme en grec S-pië, Tpi^ds; tpé<pa, Srpi-fya; En irlandais certaines consonnes sont compatibles, compatibles; selon qu'elles certaines consonnes aspirées ou dures ou au commencement du mot, ou deviennent sont placées, à la fin sont précédées ou suivies de telle qu'elles telle consonne. euphoniques irlandaise. Nous n'ont euphoêya, SKTOS, K.T.X. sont ind'autres ou ou telle ne craignons pas de dire pas eu lieu dans les premières voyelle, de telle ou que ces changements périodes de la langue 62 GENERALE. INTRODUCTION Quant auchangement euphonique, il s'étend également et sur les consonnes et sur les voyelles. Le changement euphonique des consonnes s'appelle aussi la permutation des consonnes 1; le changement euphonique 1 La est permutation des consonnes appelée en allemand lautverschielung se fait sur des consonnes analogues de deux espèces : ou la permutation dans les exemples suivants: sansc. IT (grec (bèpu, lat. Fera), vha.Péran; sansc. nFT^ (grec Telva, lat. Tendo),goth. Thangoth.Bairan, ou bien la permutation se fait sur des consonnes jan, vha. Dehnen, comme comme dissemblables, dans les exemples suivants : sansc. Jôr, lat. Levir; grec. Actxpu, lat. ~Lacryma; sansc. 3TT, lat. Bos; Aï, Ta; gr. Biip, lat. Fera; goth. Thliuhan. vha. Fliuhan. La première espèce de permutation dans les langues; on peut l'observer est la plus fréquente également bien dans les différents idiomes d'une même langueou dans les langues à la même famille. Comme ces changements se font d'après appartenant certaines règles, on peut deviner d'avance les lettres qui se correspondans les différentes dent ordinairement langues. Voici, par exemple, dans les principales les consonnes qui se correspondent langues indogermaniques : Sanscrit. Grec. <T TT p ST (3 b U Ç rf T J[ Gothique, V f p f b p t th d S d t z & (/) d t 5î x c (c) h h (g) !T X h 9 k sT y g k ch .V Parmi Latin. Vieux haut allemand ces cinq langues, f le gothique et le vieux haut allemand présen- CHAPITRE 63 IV. des voyelles constitue précisément ce que nous avons nommé la permutation des voyelles. Cette dernière est un changement donc, nous le répétons, purement des comme la et consiste, permutation euphonique consonnes, dans certaines modifications que subissent sont prononcés par les sons de la langue lorsqu'ils ou par l'organe de tel ou tel individu. En effet, l'organe de la voix n'est pas exactement le même chez tous les hommes : il diffère de différentes bouches, de localité à nation, nation à localité, d'individu Si notre organe est sujet à une paresse, ou accoutumé à une prononciation individu. à certaine sourde, à cette règle; le latin en présente un plus d'exceptions le grec en présente plus que le latin, et le sanscrit grand nombre; encore plus que le grec; car sur trente mots sanscrits il y en a au tent le moins dix qui ne suivent pas la règle indiquée. Cela vient de ce que est très-riche en consonnes, de sorte que, pour une seule le sanscrit ou gothique, il y a plusieurs consonne grecque consonnes sanscrites. moins La différence des lettres en sanscrit, en grec et qui se correspondent en latin est peu sensible; elle est, au contraire, dans très-marquée les autres langues surtout dans le gothique et le vieux haut allemand. aux la permutation langues sémitiques, y a pris un caractère tout particulier entre le chan; elle y tient, pour ainsi dire, le milieu et le changement gement grammatical euphonique. Les racines qui se Quant dans les idiomes idensont, pour la plupart, correspondent sémitiques tiques dans la forme. Ainsi, par exemple, la racine BARACA est la même en syriaque, en hébreu, en arabe, en éthiopien. Cette racine ne s'est ou en FARACA pas changée en PARAKA dans tel idiome sémitique, dans tel autre, comme cela est arrivé à la racine yT$T qui est devenue B-RIKA en gothique, deux choses, prouve blent bien plus et P-RICHA d'abord en vieux que les que les idiomes haut allemand. Cela nous se ressemsémitiques et ensuite qu'elles indo-germaniques, langues INTRODUCTION 64 GENERALE. les voyelles sonores se changeront dans la bouche en voyelles sourdes. Si au contraire notre organe est déconvenalicat, nous aurons de la peine à prononcer les voyelles qui sont sourdes de leur nature, et pour ne pas faire trop d'efforts, nous les prononcerons d'une manière plus commode à notre organe, en blement et en les rendant plus claires. Ainsi, par suite de la paresse et de la lourdeur de l'organe, a se en u [ou); i se transforme change en o et quelquefois les amincissant de la mollesse par l'effet en e; au contraire, de la prononciation, sorte de la mignardise quelque et en a des changements pureque les derniers, elles n'ont pas fait abus de ces ment euphoniques. Dès leur origine, ainsi avec sagesse le moyen d'exprimer se ménageant changements, les différentes des formes d'une même racine, par la seule différence admettent nuances mêmes rarement plus du mot. la signification racines, comme dans Syriaque y >X «d J5 ^, ^S>, Ainsi les diverses formes des ; Hébreu Tp3,.ïpa, p-Q, pis, rra, yo-, Arabe êji, Ethiopien - $ji, ç^i, XVCjl, ^, ft.A'r, £jj; a-XAJ etc. etc. seulement ne sont pas différentes par suite d'un changement euphonidans la forme, repose sur une différence que, mais cette différence D'un côté, on peut dire qu'il s'est opéré dans ces dans la signification. des changements à la même appartiennent racines peu prèsla n'y avAit racines, dicales. même idée; euphoniques, parce que toutes ces racines en dernière analyse à et expriment famille, mais, d'un autre côté, il faut aussi dire ques'il dans la signification des ou des nuances pas de différence il n'y aurait pas non plus de différence dans les formes ra- CHAPITRE IV. 65 devient à, è, é, et i; u [ou) devient y (a) et i; o devient Ô [eu). C'est ainsi que les différences de prononciation produisent dans les langues un plus ou moins grand nombre de voyelles qui, ces ou des modifications ne sont que des nuandestrois voyelles fondamen- toutes, tales a, i et a. la peut dire que dans les langues primitives, voyelle a est la plus fréquente de toutes, ou qu'elle y est plus fréquente que dans les idiomes dérivés ^ A On la que la langue s'éloigne de son état primitif, en voyelle sourde o et u, ou en voyelle a se transforme voyelle plus amincie è et ë. Ainsi, par exemple, les formes primitives qui se sont conservées en arabe, mesure etc. se sont changées en hébreu en mel'k, ebed, ieled, etc. L'a sanscrit est devenu trèssouvent en grec un o ou une, et en latin un u. L'a maïk, ab'd, val'd, en français, dans beaucoup de cas, è ouë, exemples : lat. clarus, fr. cler; 1. amare, f. hmêr; a s'est changée 1. pater, f. père. La voyelle primitive dans beaucoup de dialectes en o, exemple : yLcCkdyrj latin est devenu cHvcoet ovw; lat. domo et et [lo'kSyri, crrpcnbs etorporos, gr. Sdfxù); lat. cord- et gr. xapSict; anglais ail (pron. allem. ail; angl. was (pron. sprâk, ail. sprache; suéd. gârd, marche inverse o se rapproche oll), ouos), ail. war; suéd. goth. gards. Par une de a dans les mots français mort, port, sort, etc., et plus mots anglais lord, or, nor, etc. encore dans les Le son à la fois sourd et plein de l'a (ou) est devenu 5 66 GÉNÉRALE. INTRODUCTION a-psilon Ioniens ou u fin dans la voix ronde (os rotundum) tout comme l'a (ou) et des Attiques, des latin u français ; et o latin en passant dans notre langue a pris, dans un grand nombre de cas, le son plus mince de d, ea 1. Delà même mas'est aminci en devenant nière , ïo anglais provenant d'un u primitif qui existe se prononce 6 dans les mots encore dans l'orthographe, tub, sun, spur, etc. auquel nous rapportons que le principe des voyelles, est un principe général la permutation dans toutes les langues, parce qu'il qui se retrouve On voit tient à la nature même de l'organe de la voix humaine. On a aussi dû remarquer qu'il y a entre les différentes modifications du son ou des inflexions de la voix, une infinité de nuances et une gradation continue ; de sorte que le changement d'un son en un autre ne se fait pas mais qu'il est amené et qu'il s'accombrusquement, plit d'une manière insensible, formations dans la nature. comme toutes les trans- Le principe général d'où provient le changement des voyelles nous étant maintenant connu, il nous reste à faire voir de quelle manière s'y rattache la permutation des voyelles, telle qu'on la trouve en seulement islandais. Nous avons reconnu, nous le répétons, que n'était pas un phénomène le changement des voyelles isolé ou qui fût particulier à la langue islandaise, mais du moins, en principe dans toutes qu'il se retrouve, 1 Voyez p. 47. CHAPITRE IV. 67 les langues, et provient d'une cause physiologique que nous avons indiquée. Une seule différence, à la vérité bien légère, existe entre la permutation des voyelles, telle qu'on la trouve en islandais, et la permutation telle qu'on la remarque dans d'autres langues. Cette différence consiste en ce qu'en islandais ce changement ne s'opère que quand il a été, pour ainsi dire, provoqué par l'influence d'uni ou d'un a, tandis que se fait dans un dans les autres langues, la permutation plus grand nombre de cas et d'une manière plus générale. D'après cela, il est évident qu'un autre principe est encore venu se joindre à celui que nous avons déjà de concert avec ce dernier, indiqué, pour produire, la permutation des voyelles telle qu'elle se montre dans la langue islandaise. Ce nouveau principe n'est autre que la tendance qu'on remarque dans certains sons à se rapprocher l'un de l'autre, et même à s'identifier dans la prononciation. Ainsi, le son a aime à changer la voyelle qui le précède en a ou en une voyelle sourde analogue ; de même i sollicite la voyelle dont il est précédé à se changer également en i, ou en une voyelle déliée et mince. Cette tendance euphonique est ancienne, car elle se manifeste déjà dans la formation des mots dans beaucoup de langues ï. Elle a naturellement 1 Pour les langues sémitiques, Grammatik der hebr. voyez M. Ewald, critica lingum arabicoe, t. I, sprache, i835, p. 45 et 127, et Grammatica il suffit de rappeler le motirc' p. 86. — Quant aux langues de l'Inde, dans lequel Vu dérivatif a changé la voyelle radicale a en u. M. Eugène 5. 68 INTRODUCTION dû être comprimée GENERALE. et contenue dans de justes qu'en prenant trop de développement elles'-eût effacé la différence entre d'extension, boret nes, parce les voyelles, et détruit les effets du changement grammatical. Les peuples du Nord semblent avoir affectionné des sons, puisqu'on la trouve non-seulela,similitude ment dans la forme encore comme des mots, mais grammaticale dans les allitérations et les assonances qui, nous le verrons, sont des moyens rythmiques Scandinave. Cette tenemployés dans la versification dance à assimiler les sons nous explique dans l'islandais le changement de a en o par l'influence d'un u, et le changement de a en e et de a en y par l'influence . d'un i. En effet, i a provoqué le changement de l'a en e et de l'a en y, parce que les sons e et y sont plus rapprochés de i que les voyelles a et u. Par la même raison u a provoqué le changement de l'a en o, parce que o se rapproche plus de u que ne le fait la voyelle a. les deux causes qui, Nous connaissons maintenant toutes les espèces produisent agissant simultanément, nous apprend que, ce mot a conservé sa voyelle radicale a en de même qu'en grec dans le mot correspondant pâli, jSoepii. En grec le même genre de bruit, àXaXeé^eiv et oXolvÇetv qui expriment reposent En latin on trouve, de même, les formes cesur le principe indiqué. Burnouf tetigi au lieu de cacani, fafalli, tatagi; car le changement ciniyfefelli, de la voyelle radicale au parfait des verbes latins, n'est pas comme dans un changement les verhes allemands mais un grammatical, changele prouvent ment purement les parfaits euphonique, comme cucurri, tutudi, legi, etc. où il ne s'est radicale primitive. dans la voyelle fait aucun changement grammatical CHAPITRE s IV. 69 de changements euphoniques qu'on voitas'opérer dans les langues. C'est, nous le répétons, d'une part, la nature différente ou la conformation de particulière de la voix chez les peuples et dans les individus; d'autre part, la tendance de notre organe à assimiler et même à identifier les sons, de la langue. Ces l'organe deux causes nous expliquent parfaitement des voyelles tous les en islanphénomènes de la permutation dais. Il ne nous reste plus à présent qu'à montrer sur des voyelles quelques exemples, (|ué*la permutation des principes auxquels nous veprovient réellement nons de la rapporter; en d'autres termes, que les causes indiquées ont effectivement produit les chandont nous nous sommes progements euphoniques posé l'explication. Nous daise. Ces quatre drâttr. substantifs prendrons pour exemples quatre substantifs, dans les déclinaisons desquels nous verrons s'opérer toutes les permutations de voyelles dans la langue islanqu'on remarque généralement L'ancienne forme de môgr était mamagus. Voici à peu a dû se décliner ancien- : SINGULIER. Nom. PLURIEL. Nom. mag-nr. Gén. mag-ar. Dat. mag-i. Ace. mag-u. mag-ir. Gén. mag-a. Dat. mag-um. Ace. mag-un. Par l'influence l'accusatif sonret grammaticale au mot gothique gur correspondant près comment ce substantif nement sont : môgr, kiôlr, singulier, de l'a dérivatif et au datif au nominatif et à l'accusatif et à pluriel, INTRODUCTION 70 GENERALE. la voyelle radicale a s'est changée en o, et plus tard cet o s'est changé à son tour en ô 1. D'un autre côté, de l'i dérivatif au datif singulier et au par l'influence la voyelle radicale a s'est changée que s'est formée la déclinaison ac- nominatif pluriel, en e 2. C'est ainsi tuelle : que voici SINGULIER. Nom. PLURIEL. Nom. La forme Gén: m&g-ar. Dat. môg-r. meg-i. Ace. môg-. Ace. môg-u. Gén. mag-a. Dat. môg-um. meg-ir. de kiôlr était kilur qui se déclinait à peu près de la manière suivante : ancienne SINGULIER. Nom. PLURIEL. Nom. kil-ur. kil-ir. Gén. kil-ar. Gén. kil-a. Dat. kil-i. Dat. kil-nm. Ace. kil-u. Ace. kil-un. Dans la seconde période de la langue, ciation inséra entre la voyelle radicale la prononi et la li- l, une voyelle purement euphonique 3. Cette le génitif, voyelle insérée était a pour le nominatif, l'accusatif singulier, et le génitif, le datif et l'accusatif quide c'était la voyelle i pour le datif singulier et le pluriel; nominatif pluriel. Voici quelle a dû être la déclinaison du mot dans la seconde période de la langue Scandinave. SINGULIER. lSora..kied-ur. PLURIEL. Nom. kiïl-ir. Gén. kial-ar. Gén. kial-a. Plus tard, par l'influence 1 Voyez p. k-j. 2 Voyez p. 5o. 5 Voyez p. 55. Dat. kiil-i. Dat. kial-nm. Ace. kieil-u. Ace. kisd-un. de u, la voyelle euphonique CHAPITRE IV. 71 a s'est changée en o et ensuite en o ; lï inséré au datif singulier et au nominatif pluriel s'est confondu avec l'i radical. actuelle C'est ainsi que s'est formée que voici : SINGULIER1.Nom. kiôl-r. PLURIEL. Nom. kîl-ir. Gén. ki&l.ar. la déclinaison Dat. kîl-i. Ace. kiàl-. Gén. kial-a. Dat. kiôl-um. Ace. kiôï-u. Dans la première période de la langue, la forme du mot sonr était sunur, en gothique sugrammaticale ntis. L'ancienne déclinaison de ces substantifs était sans doute la suivante : SINGULIER. Nom. sun-ufffién. PLURIEL. Nom. sun-ar. Dat. sun-i. Ace. sun-u. sun-ir. Gén. sun-a. Dat. sun-um. Ace. sun-un. Par l'influence de l'i, la voyelle radicale u s'est changée en y au datif singulier et au nominatif pluriel. Plus tard l'a radical est devenu o dans tous les cas où il ne s'était pas changé en y, c'est-à-dire au nominatif, au génitif, à l'accusatif singulier, et au génitif, au datif et à l'accusatif pluriel. Voici la déclinaison telle qu'elle est actuellement : SINGULIER. Nom. son-r. Gén. son-ar. Dat. syn-i. Ace. son-. PLURIEL. Nom. sjn-ir. L'ancienne confondu avec Gén. son-a. Dat. syn-um. Ace. son-u. forme était drahtur; l'/i s'est en d'autres termes, la con- de drâttr le t ou, devant sonne faible h s'est effacée dans la prononciation la consonne dure t, et la voyelle radicale a dû devenu.' longue pour réparer la perte de la consonne h. Le mot se déclinait à peu près de la manière suivante : 72 INTRODUCTION SINGULIER.Nom. drâtt*ur.Gén. GÉNÉRALE. drâtt-ar.Ttat ^ drâtt-i. Acc.drâtt-u. PLURIEL. Nom. drâtt-ir. Gén. drâtt-a. Dat. drâtt-um. Ace. drâtt-un. • Plus lorsque les changements euphoniques, que nous connaissons, se sont établis dans la langue, a dû se transformer, en la déla déclinaison primitive tard, clinaison suivante SINGULIER. Nom. drôtt-u. PLURIEL. Nom. : drott-ur. Gén. dràtt-ar. Dat. draztt-i. Ace. ..-.'. driett-ir. Gén. dràtt-ci. Dat. drôtt-um. Ace. drôtt-un. Ici, les grammairiens peut-être que la objecteront voyelle longue a ne se transformée pas en ô, comme cela arrive à l'a bref qui se change en o bref; mais que d fait exception à la règle des changements euphoniques, en ne subissant, en aucune façon, l'influence de la voyelle dérivative a. Nous répondrons que si cette objection était fondée, il faudrait pouvoir démontrer, ou que la voyelle d, en général, ou que l'd Scandinave n particulier, se refuse par sa nature même au changement* en d. Mais ni l'une ni l'autre thèse ne saurait être soutenue, selon nous. Il est vrai que a long moins exposé que l'a bref est déjà, par sa longueur, à se confondre avec d'autres voyelles. C'est ainsi qu'en sanscrit a -t- i font e, a -f- a font o; dans e comme dans o, l'a s'est tout à fait effacé. Au contraire a long plus i, et a long plus a font â-ï, â-à (â-ou), diphthongues dans lesquelles la voyelle d s'est entièrement conservée. Mais il n'en est pas de même dans la langue CHAPITRE IV. 73 Scandinave. Nous y voyons a long subir, par l'influence de i, le même changement que subit a bref; d devient ai (è) de la même manière dont a.devient e. En effet, a long résisterait-il à l'influence de u? et pourtandis que a bref s'y soumet réguquoi y résisterait-il, lièrement? Il y a plus ; à commencer d'une certaine épode l'd Scandinave s'est presque que, la prononciation pourquoi confondue avec celle de l'o, et oe et oe, se prononçaient à peu près de la même manière. C'est pourquoi le caractère runique d qui présente deux a réunis ensemun a long ou deux a, mais ble; désigne non-seulement il sert également à exprimer l'o; de plus, non-seudans les manuscrits en caractères latins, lement, mais aussi, dans la prononciation parlée, d et ô, oe et oe se sont presque toujours confondus. Ne serait-il après cela, si l'd qui, dans la prose confondait nonciation, déjà avec l'o, n'avait pas subi le changement en o, pas même dans le cas où pas étonnant, une influence extérieure, celle de la voyelle sourde a, Mais, dira-t-on, les manu- fortement? l'y provoquait scrits n'indiquent pas ce changement de d en ô, et il faut croire avant tout les manuscrits, qui écrivent de la même manière, par exemple, le datif pluriel drâttum et le génitif pluriel drâtta. A cela nous ré- les manuscrits pondrons que précisément prouvent tout autant pour nous que contre nous, et voici comment : nous maintenons réellement subi l'influence que la voyelle longue d a de a, et qu'elle s'est chan- 74 INTRODUCTION GENERALE. gée en d. Mais comme a avait, pris peu à peu, dans la prononciation, le son de à, l'écriture pouvait, ou de plutôt devait ne pas indiquer, cette permutation parce que, à vrai dire, il n'y avait pas de changement réel dans la prononciation, puisque drâttr au nominatif, et drâttar au génitif, se prononçaient de la même manière. Pour cette raison, le même signe d pouvait servir à exprimer également bien la voyelles, de cette voyelle. voyelle radicale et la permutation Mais avant que d eût pris le son sourd de l'a suédois, on a dû certainement dire au nominatif drbttr et au génitif drâttar. Il reste seulement à savoir quels sont les cas où d doit être considéré comme voyelle radicale n'ayant encore subi aucune permutation, et quels sont les cas où cette voyelle a éprouvé l'influence de a et devra par conséquent être remplacée par ô. Nous l'attention appelons, sur cette question importante, des grammairiens philologues. Passons maintenant à l'examen philologique des consonnes de la langue islandaise, et (samhliô&endr) le plus commençons par celles qui se rapprochent de la nature des voyelles, à savoir, les consonnes li^ quides r, l, m, n. § VII. DES CONSONNES LIQUIDES R, L, M, N (HALFRADDAR STAFIR, se prononçait de deux SEMI-VOYELI.Es). JR. Cette consonne liquide CHAPITRE selon différentes, et au milieu commencement manières commencement et au milieu IV. 75 qu'elle était placée au ou à la fin du mot. Au du mot, r se prononçait et dans l'écriture runique cette comme le r français, consonne était exprimée la fin du mot, par le caractère R. Placé à r se changeait en semi-voyelle et se prononçait comme un e muet légèrement aspiré, ou comme la voyelle eu, ô. Dans ce dernier cas, r était exprimé ordinairement par le caractère runique ^ qu'on nommait ôr, et qui pouvait désigner également bien la voyelle ô et la semi-voyelle r. Pour comprendre comment R a pu être prononcé de deux manières différentes et comment il a pu se changer en semivoyelle , il faut se rappeler quelle est la nature de la consonne R en général et du R Scandinave en particulier. Comme cune difficulté cette dernière consonne ne présente au- dans l'emploi orthographique, puisque partout où elle se trouve par cette lettre est exprimée notre caractère R, nous pouvons consacrer cet article à quelques considérations sur l'origine, philologiques la nature et la permutation de la consonne R. Si l'on compare l'islandais trouve avec le gothique, de r islandais correspondent on à que beaucoup des s ou z isl.fiskr; gothiques. Exemples : goth.fislts, goth. sunus, isl. sonr; goth. visan, isl. vera; goth. etc. hausian, isl. heyra; goth. huzd, isl. horJ(hodd), Le même phénomène dialectes teuto-gothiques. se remarque dans les autres Exemples : goth. basi, v.h.a. 76 INTRODUCTION GENERALE. péri; v.h.a. haso, isl. heri; v.h.a. isan, anglos. iren, etc. En grec beaucoup de a se sont changés dans le dialecte laconique en p, et la même chose est arrivée en latin où r et s se permutaient ex. : phsima anciennement; etc. Cette peret plavima; melios et melior;jas etjaris, mutation prouve évidemment r et s puisque, dans la nature, ni arbitraire. brusque qu'il y a parenté aucune transition Cette parenté se trouve entre n'est même indiquée dans quelques alphabets; ainsi, en arabe j (z) ne diffère àej (r) que par un point, dans l'alphale caractère qui exprime la lettre r exbet umbrique prime aussi la lettre s, et dans l'écriture anglo-saxonne les caractères qui désignent r et s se ressemblent beauà cause de la parenté coup. Enfin, c'est probablement entre R et S que ces deux consonnes se trouvent placées l'une à côté de l'autre dans l'ancien alphabet sémitique qui est aussidevenu le nôtre. Examinons comment R et S sont parents ; remontons à l'origine de l'un et de le q, l'autre. La plus forte des consonnes gutturales, encore sa prononciation, se change en en renforçant une espèce de râlement d'une manière qui produit toute naturelle le son rude de R. La consonne R est et cela donc dans l'origine essentiellement gutturale, en arabe la gutnous explique, d'un côté, pourquoi comme un r rude, et, d'une turale i se prononce autre côté, placé pourquoi immédiatement pourquoi notre dans l'alphabet sémitique "^ est après n, en d'autres termes, r se trouve placé à côté de q. Nous CHAPITRE venons de voir quelle maintenant, comment IV,;v 77 est l'origine de r; expliquons s est devenu parent de r. Les gutturales h, g, se changent par assibilation en ç, ch, j, X3(,j$J.Ainsi, ch se trouve être le frère de r, puisque l'un et l'autre dérivent d'une gutturale; le premier par le second par renforcement de prononciation. Comme frères R et Sh peuvent échanger leurs rôles, et c'est sur cet échange que repose la permutation suivante : sansc. gjgj; et isl. hevi; sans. J^ et J!|; assibilation, etc. La gutturale sifflante ch, sh, son élément guttural et ne conservant que lat. etrasci et etruria, j rejetant l'assibilation, se change d'une manière naturelle en s pur. Ainsi, ch ou j français se prononce dans la bouche d'un Italien comme s ouz. D'un autre côté, r peut re- jeter aussi son élément guttural et devenir une consonne liquide comme en français. De cette manière, R et 5 prennent, à leur apogée, des caractères tout bien qu'ils soient parents l'un de l'autre. Ces deux consonnes se rapprochent de nouveau quand elles différents, vieillissent ou s'affaiblissent. De même qu'ils sont sortis tous deux d'un son guttural, de même, en vieillissant, ils se changent tous deux en aspiration, c'est-àdire en un son guttural excessivement faible. R est déjà par suite de son oriaccompagné de l'aspiration, gine gutturale, puisque les gutturales naissent d'une aspiration très-rude. Cette aspiration de R se montre dans beaucoup de langues où elle influe sur les lettres qui se trouvent dans le voisinage de cette consonne 78 liquide. INTRODUCTION GENERALE. exemple, S conserve son il est précédé de R, tandis qu'il la En islandais, par aspiration quand perd s'il est précédé des autres liquides L, M et N. En grec p est toujours aspiré et influe très-souvent En zend la liquide sur les lettres, qui l'accompagnent. R rend aspiré le t quand celui-ci se trouve placé devant elle. Le R n'a donc qu'à rejeter son élément de con sonne pour devenir une simple aspiration. Ce changement s'est opéré dans le r islandais placé à la fin du mot, et dans le r anglais qui se prononce comme une aspiration, par exemple, dans les mots bar, far, lord, etc. En français R a également la tendance de s'affaiblir, et il est déjà devenu semi-voyelle dans la bonne prononparisienne. En sanscrit et plus tard en pâli le avec la R s'est tellement affaibli qu'il s'est confondu voyelle radicale ou même qu'il s'est perdu entièrement. sansc. ^T§-,'grec Exemple: (3pa%!wv, lat. brachium; ciation sansc. *J9^, latin fru{g)or; sansc. *i"^, laX.frango; pâli pati, sansc. ïncT, grec 7rpos. Enfin, R s'est changé en et dans quelques idiomes 3ï\ voyelle en'sanscrit, 1 On être tenté de croire que m est l'aspiration ou la voyelle pourrait qui a donné naissance à la consonne 7, de sorte que %£ apprimitive à l'époque où le sanscrit n'avait pas encore atteint son apopartiendrait que ^f n'est pas une voyelle gée. Pour nous, nous sommes convaincu, et qui, en grandissant, est devenue T, mais que c'est faible d'enfance, cette consonne T même, devenue faible de vieillesse. Il est évident que tel qu'il se montre dans les monuments littéraires qui nous en restent, est une langue qui depuis longtemps a passé l'âge de sa Ce qui le prouve, ce sont les palatales et les plus grande maturité. le sanscrit, CHAPITRE IV. 79 à S, il est mutile de dire qu'il est aussi toute lettre sifflante est slaves 1. Quant aspiré de sa nature, puisque née de l'aspiration liée à l'assibilation. La lettre S n'a qu'à rej eter son élément sifflant pour devenir une aspiration pure. Ce changement s'est fait effectivement en grec; exemple : sansc. Ht, grec os; sansc. ttH»JL, grec êmi; lat. saper, grec ùitép. L'aspiration qui reste d'un est désignée en sanscrit par le R ou d'un S expirant, même signe (:) qu'on appelle visarga, exemple: Ht, fsnWt» Z'.T§' etc" Nous pourrions imiter cette orthographe si, au lieu d'écrire bras, glas, amas, nous écribra, gla, ama. Souvent l'aspiration faible, ce reste d'un ancien R ou S,. s'est perdu peu à peu à la vions n'ont linguales, qui certainement était encore jeune, c'est la lettre turale , ce sont surtout pas existé dans la langue lorsqu'elle une ancienne ^ qui remplace gut- des formes comme STTs, JpT^ *T^ qui ne puisque la consonne R qui y manque peuvent être des formes primitives est précisément l'élément qui donne aux racines de ces mots principal leur signification qu'elles n'auraient pas sans cette lettre. particulière 1 A cette occasion, nous ferons remarquer que, dans les langues dans les racines pour y faire les R s'introduit quelquefois sémitiques, fonctions de voyelle. racine sans changer Aucune consonne complètement dent le bSlD dagesh. Ex. : ND13 et bS,D ; éthiop. marsasa semi-voyelle. et ND3 ; chald. l'anusvâra sanscrit; et éthiop. jb2,"lD , ffj£=>, 00*13 quel- et QD3 . on trouve dans sa signification exemp. : ^o. ,t—<j£^, flÇhfri. dans la R remplace et Jj/BfQ ; en syriaque Parèl à côté du Paèl. R peut aussi remplacer, maticale, s'introduire la signification du mot, il est éviêtre envisagé comme consonne, mais que cet R ne peut pas comme voyelle, ou tout au plus comme quefois ne pouvant 02*0 le gram- et chMK : 80 GÉNÉRALE. INTRODUCTION fin des mots comme en français. Ainsi, dans l'ancien hor, hébreu TIX, s'est changé dans égyptien, le mot le dialecte du peuple des mots est devenu tellement avec la consonne fondu disait iôtann pour Môlr, etc. L. Cette liquide avec R, comme R, en ha. En islandais le R à la fin puisque consonne, et qu'elle faible, qu'il s'est con- ainsi, on qui le précédait; steinn pour steinr, Môlï pour iôtunr, doit avoir une origine commune dans les racines des mots elle a, la même permute logique que signification encore souvent avec lui dans les langues dérivées, exemple : fr. orme, lat. uZma; fr. navire, b. lat. navife; fr. épitre, lat. episto?a, etc. Cependant, cette consonne s'est éloignée de son origine, et a pris dans quelques langues un caractère différent de R. En islandais L n'est pas aussi aspiré que R, et c'est pourquoi il ne rend pas aspirées les consonnes qui se trouvent dans son voisinage. Dans cette langue, L est devenu aussi faible que R dans des mots comme est à en il etc.; changé peu peu s'y haifr, haimr,ha\fr, une légère aspiration, ce qui a rendu longue la voyelle : hâlfp, hâlmr, kâlfr. En anglais, L a entièrement disparu dans les mots correspondants half, halm, radicale calf, qu'on prononce hâf, hâm, câf. sur l'emploi Nous n'avons rien à remarquer graphique de L en islandais. M. dure La consonne d'entre M est la moins les liquides ; elle sonore ne peut ortho- et la plus pas s'allier CHAPITRE IV.: 81 avec les autres liquides, C'est pourquoi, quand m se trouve excepté avec N. placé devant les facilement liquides faibles l et r, il s'adjoint la labiale douce b. entre lui et ces liquides; pour servir d'intermédiaire exemples : timmr devient ftm.br, kammr devient kamhr, emla devient emhla, etc. Cette insertion d'un h euphonique se fait aussi dans d'autres langues. En sanscrit à côté de la forme WP"t. Les on trouve la forme ^^f: du grec mpnépior, en islandais on dit hamraland, en anglo-saxon cumherland, et dans notre langue nous avons formé comMe, cham&rey Latins ont fait cimhri tremMer, de cumulus, caméra, tremere. Leiè euphodans des mots nique s'est aussi peu à peu introduit où m n'était pas immédiatement suivi d'une liquide; exemple: isl. gaman devient gamhan, lamrn- devient lamb, dramm devient dramb, etc. L'emploi de M dans ne donnant lieu à aucune difficulté, l'orthographe nous passons à l'examen de la dernière consonne liquide N. JV. La lettre N se prononce de deux manières, selon qu'elle est placée devant une voyelle ou devant une consonne. Placée devant une voyelle ou à la fin du mot, dans nëma, boni, run, elle a la prononciation ordinaire et elle est consonne radicale, c'est-à-dire qu'elle contribue à former le sens propre comme au mot où elle se trouve. Placée devant des consonnes, surtout devant des gutturales, elle a très-souvent la prononciation d'une voyelle nasale, et exerce ordinai6 82 INTRODUCTION renient, d'ans ce cas, des fonctions maticales,; comme GENERALE. Yanûsvâra purement gramexemple : isl. sanscrit; ganga, hring'r; lat. frango, tango, scindo x, etc. 11 serait donc utile d'établir une différence dans la manière ces deux d;écrire est une Consonne espèces de n. Comme le premier;?, et se prononce comme telle, il faut nécessairement le désigner par le caractère N ; mais la seconde espèce de n étant plutôt une voyelle qu'une et pour la signiconsonne, et pour la prononciation fication, on devrait l'exprimer par un signe ajouté à la est suivi voyelle radicale. Ce système d'orthographe en polonais, où la nasale est exprimée par un petit crochet attaché à la voyelle radicale; exemple : pol. mieso, sansc. 5"fm; pol. ges, sans. ?h"f:- Nous avons déjà eu islandais qui a occasion de dire que le grammairien composé le traité um lâtînu-stafrojit, désigne ng par un point ou d'un trait. Cette manière la voyelle nasale par un point est analogue d'exprimer à celle qu'on a adoptée en sanscrit pour exprimer l'anusvâra; il serait à désirer qu'elle fût imitée dans g surmonté d'un toutes les langues des nasales de cette qui renferment espèce. Après parlé des consonnes avoir liquides ou so- 1 Dans les aussi comme semi-voyelle langues sémitiques, N remplit des fonctions ; il remplace le dagesh dans les grammaticales purement formes du t>-û-X9, héb. hautaba, nom tï&p; et du verbe; les formes etc. sont parallèles ex. : éthiop. verbales, à des formes ar. saùbat, JuuÀi., avec dagesh héb. éthiop. !\%1tf; ar. sanhala, ou teshdid. CHAPITRE nores, nous examinerons IV. 83 les consonnes sourdes ou solides appelées en islandais dumbar stafir. § VIII. DES CONSONNES LABIALES P, B, F, V. C'est chose digne de remarque, que dans les anr ciennes langues germaniques la consonne radicale p, au elle était commencement du mot, placée quand en labiale aspirée/, s'est changée ordinairement par l'effet de la permutation des consonnesx ; placée au milieu et à la fin du mot, la labiale p s'est maintenue bien les mots qui commencent plus souvent. En gothique, et sont pour la plupart par p sont en petit nombre empruntés le p qu'on à d'autres langues. En vieux haut allemand trouve au commencement du mot à rem- En vieux saxon, en anplacé un b radical et primitif. glo-saxon et surtout en islandais, p ne se trouve placé le plus souvent qu'au milieu ou à la fin du mot. Cela est si vrai, que dans les trois poèmes que nous publions il n'y a que le mot peningr qui commence par un p, et encore ce mot est-il emprunté à un dialecte germanique. Parmi les langues sémitiques, l'arabe et l'éthiopien ont également perdu le p dur radical; l'hébreu et le syriaque l'ont conservé dans certains cas et perdu dans d'autres. Dans toutes ces langues, la labiale dure p est remplacée par la labiale aspirée /, ce qui nous fait croire que, 1 généralement Voyez p. 62, note 1. parlant, la labiale aspirée INTRODUCTION 84 est moins ancienne manuscrits islandais GENERALE. que la labiale dure. Si donc les présentent deux formes de mots dure p, l'autre avec la labiale aspirée/, comme, par exemple : opt, oft; lopt, loft; kiaptr, kiaftr; nous sommes en droit d'admettre la moins anque la dernière forme est généralement "différentes, l'une avec la labiale cienne. aspirée qui remplace tantôt p et tantôt b. V a une origine toute différente de/; il provient le plus souvent de la voyelle u; et c'est pourquoi dans F est la labiale runique, comme dans beaucoup d'autres alphabets anciens, le même caractère exprime u et v. du 'v placé au commencement du La prononciation l'écriture : vër a dû se pas aspirée primitivement prononcer d'abord ouër, et plus tard vër comme le mot français vers. Placé entre deux voyelles, le v était forcé mot n'était de renier entièrement sa nature et son origine de entièrement comme con- et de se produire voyelle, un son sifsonne en prenant dans la prononciation flant. Par là v s'est approché de /, et c'est pourquoi/ et v sont quelquefois confondus dans les manuscrits, dans les noms propres dont la dérivation et la n'étaient pas bien connus. C'est ainsi que signification l'on trouve écrit biîurr et bivorr, baîurr et bavurr, lovar surtout et fofar, etc. Ce n'est qu'en trouvant la racine du-mot d'une manière sûre qu'on peut parvenir à déterminer dans quel cas/ou v doit être préféré. CHAPITRE IV. 85 § IX. DES CONSONNES DENTALES ET SIFFLANTES T, D, TH, D, Z, S. J) est un caractère ancien qui se trouve déjà dans l'écriture gothique et l'alphabet runique pour exprimer le T aspiré. © ou la minuscule S fut employée primitivement par les Saxons et les Anglo-saxons, puis par les Islandais pour exprimer le d aspiré; aussi la figure du caractère montre-t-elle un d avec un petit trait qui de la même manière que dans indique l'aspiration, l'écriture saxonne le b barré exprimait un b aspiré. Si la valeur phonique de J) et de D est assez bien n'est plus sujet à l'incertitude que l'emcar, ploi de ces deux caractères dans l'orthographe; dans les manuscrits, surtout depuis le xrve siècle, J) et connue,'rien B sont souvent placé p est quelquefois pour t, et d est placé pour 'S. En voyant cette confusion et cette incertitude dans l'emploi de ces caractères, on confondus; se demande naturellement quelle sera la règle à.suivre dans ce chaos. Mais avant de pour mettre de l'ordre chercher à établir cette règle, il importe à trois questions préalables. La première de savoir de répondre question est si les caractères p, t, 'S, d représentaient réellement des sons différents : nous répondons que oui; car s'il n'y avait pas eu de différence entre les sons, l'écriture n'aurait pas exprimé ces sons par des si signes différents. Il s'agit de savoir, secondement, cette différence de sons était assez sensible dans la pro- 86 INTRODUCTION GÉNÉRALE. nous répondons encore affirmativement 7 parce que si la différence des sons n'avait pas été assez sensible dans la prononciation, l'écriture n'aurait pas nonciation: choisi des caractères différents pour l'exprimer. Sachant maintenant qu'il faut admettre que les différents caractères ne sont pas une invention arbitraire et inutile dans l'écriture, fectivement mais qu'ils représentent des différences dans la prononciation efdes il nous reste à savoir si p et S sont des denc'est-à-dire des dentales qui se dentales, tales aspirées radicales, trouvent aspirées déjà dans la racine indépendamment delà place qu'elles occupent, ou bien, au contraire, si p et o sont aspirées par euphonie, c'est-à-dire ayant ou un pris dans certaines circonstances l'aspiration, son plus ou moins dur, uniquement pour se plier à ou de l'eul'organe, aux exigences de la prononciation phonie. difficiles lution. Cette dernière question dont est une des plus se proposer la so- la philologie puisse En effet, il ne s'agit de rien remonter aux racines des mots, moins c'est-à-dire que de aux pre- miers âges de la langue pour découvrir si p et h sont radicaux, se trouvant dans le mot d'après la loi de la formation et de la permutation et générale primitive des consonnes, ou bien si ces dentales sont aspirées pour ment une cause euphonique à la loi de la formation particulière, des racines, contraireou à la loi des consonnes. Pour régénérale de la permutation soudre cette question, nous aurions donc à comparer CHAPITRE les racines du Scandinave IV. aux 87 racines d'une autre langue ancienne de la même souche. Nous choisirions le sanscrit, cet idiome étant le meilleur terme de comparaison, d'abord parce que c'est une langue ancienne, une langue dans laquelle on trouve très-peu d'anomaïlies, et ensuite parce que cet idiome est exactement écriture que nous connaisexprimé par la meilleure sions. Nous aurions à chercher la loi de la permutation en d'après laquelle les consonnes se correspondent et cette loi une fois trouvée, et systénous n'aurions qu'à la suivre rigoureusement des mots, sans faire matiquement dans la transcription à l'orthographe la moindre attention suivie dans les sanscrit et en Scandinave, manuscrits. permutation Mais si l'on considère des consonnes que cette loj de la souffre de nombreuses exceptions, et qu'il est toujours dangereux soumettre les formes mobiles de la langue de vouloir aux règles que ce n'est qu'a- absolues d'un système, on concevra près beaucoup de travaux préliminaires, qu'on pourra et la résoudre d'une aborder cette question difficile, de présenter ici quelques considérations qui contribueront peut-être à répandre quelques lumières sur l'emploi de p et de o. orthographique manière satisfaisante. Contentons-nous donc La langue gothique n'a qu'une seule dentale aspirée p; elle a, en outre, une dentale dure t et une dentale moyenne d, comme le grec, qui s'est également contenté de trois dentales i, S, B. Les consonnes t, 88 INTRODUCTION GENERALE. d, p sont radicales en gothique, et se trouvent également au milieu et à la fin du mot. En comparant le gothique au sanscrit, on trouve que p correspond à ç-, et que d correspond à g" et "^; la dentale aspirée en gothique est non aspirée en sanscrit, et la non aspirée en gothique est aspirée en sanscrit. La principale différence entre les dentales des deux langues réside, par le gothique distingue dans l'aspiration; conséquent, bien les aspirées des non aspirées, mais il ne distingue pas les aspirées fortes des aspirées moyennes. C'est dans p la distinction entre dh et th s'est confondue, et p représente également bien un ancien dh et un ancien th. pourquoi La loi de la permutation des consonnes d'après laquelle les dentales se correspondent généralement en sanscrit et en gothique, souffre des exceptions par suite d'une influence toute particulière de Yeuphoniel sur les terminaisons des mots gothiques. L'organe de la voix des peuples germaniques ne prononce pas facilement une consonne moyenne placée à la fin des mots; c'est en pourquoi cette moyenne se change ordinairement consonne dure ou en consonne aspirée. Ainsi, la dentale moyenne d placée à la fin du mot devient p, excepté quand elle est précédée des liquides l, m, n, qui, par 1 M. Ad. Holzmann a le premier appelé sur cette espèce de changement euphonique Isiclori Hispalensis Epistoloe ad Florentinam sqq. l'attention des philologues dans son livre en gothique Versio francica, p. 102 : et CHAPITRE 89 IV. doucel'organe à prononcer ment la moyenne qui les suit. Placée devant un s, la moyenne d, quand elle n'est pas précédée d'une liquide, en gode là existe lis'ensuit devenir qu'il aspirée. peut leur nature, disposent thique beaucoup de dentales aspirées qui ne répondent 1en à pas Ç* sanscrit, mais plutôt à gf ou ^ parce que primitivement elles étaient des dentales moyennes qui ne sont devenues aspirées que par l'influence que nous venons d'indiquer. particulière euphonique Il faut donc deux espèces de p : les uns sont radicaux, parce qu'ils se trouvent dans la racine conformément des consonnes; les autres à la loi de la permutation distinguer sont euphoniques, parce qu'ils l'euphonie. Au commencement radical; mais à la fin du mot, ou euphonique. doivent leur origine à du mot, p est toujours p peut être ou radical certainement se prononçait plutôt comme t aspiré que comme d aspiré ; la prononciation du p euphonique était probablement plus douce, mais ne s'éloignait pas beaucoup du p, parce que l'écriture Le p radical emploie le même signe pour exprimer le p radical et le p euphonique, et qu'en général, les langues germaniques aiment, à la fin des mots, plutôt une consonne forte aspirée qu'une moyenne aspirée. Sans doute, le p radical était prononcé en gothique comme le th anglais dur et le p euphonique .comme le th anglais doux. Il était naturel qu'entre deux voyelles et devant un 5, p prît comme le th anglais un son plus doux ou plus sif- 90 INTRODUCTION fiant semblable GÉNÉRALE. aspiré : de là on écrivait en gothiq-uefaheds etfaheps, l'écriture n'ayant pas besoin d'exde d parce que cette aspiration réprimer l'aspiration auzoud sultait naturellement Après avoir tales gothiques, de la prononciation sifflante des. reconnu l'origine et la nature des den- passons à l'examen des dentales de la langue Scandinave. C'est une remarque générale à faire, que, dans les voyelles, l'islandais diffère bien mais, plus du gothique que le vieux haut allemand; dans les consonnes, il ressemble plus au gothiqtie que le vieux haut allemand. On peut dire que si nous avions, en langue Scandinave, des monuments écrits aussi anciens que le sont ceux du vieux haut allemand, la différence moins entre le Scandinave et le gothique serait sensible qu'elle ne l'est effectivement pour la même époque entre le gothique et le vieux haut allemand. Comme les consonnes islandaises ressemblent tant aux consonnes gothiques, nous pouvons aussi admettre que les dentales de l'islandais ne différaient pas beaucoup des dentales de la langue gothique. Nous avons trouvé en gothique trois dentales qui, dans l'écriture, sont exprimées chacune par un caractère particulier. Dans l'alphabet runique nous voyons seulement deux caractères, le caractère gothique p et le caractère "Î". Il n'y a pas à en douter, le premier exprime une dentale aspirée, le second un t dur. Mais, chose dans les plus anciennes inscriptions ruremarquable! niques, on ne trouve pas de caractère pour d, mais à CHAPITRE IV. 91 la place de cette dentale moyenne se trouve le plus souvent p, plus rarement t. On doit donc supposer, ou que le d Scandinave s'est perdu, ou qu'il s'est confondu avec pou t.Il nous paraît plus vraisemblable que comme la langue Scandinave n'avait originairement, la langue umbrique \ que deux dentales, l'une asde dispirée et l'autre dure, et qu'elle ne faisait pas tinction entre la dentale dure et la dentale moyenne. Nous avons déjà vu qu'en gothique on ne faisait pas de distinction non plus entre l'aspirée moyenne et l'aspirée dure. Plus tard la langue Scandinave paraît deux espèces de dentales aspirées, à savoir : une aspirée dure et une aspirée moyenne ; mais on continua toujours à désigner l'une et l'autre espèce avoir formé par le même caractère p, comme on se sert encore en anglais, de la même lettre th pour exaujourd'hui, La primer deux espèces d'aspirations très-différentes. dentale aspirée moyenne qui venait de se former, et dont la prononciation se rapprochait du d aspiré, perdit peu à peu son aspiration au commencement des mots et après les liquides l, m, n, et elle se changea ainsi en dentale moyenne pure d; il y eut donc, dès lors, dans la langue Scandinave, outre la dentale dure "T*. une dentale aspirée dure, une aspirée moyenne et une dentale mais ces trois dernières moyenne; furent toujours exprimées par le même signe p. Plus tard, 1 lorsqu'on VoyezGrolefend, introduisit RudimentaUnguoe l'écriture latine, umbricoe, Hanovre, on coni835-i837. 92 INTRODUCTION GENERALE. serva le caractère p pour désigner les deux dentales aspirées; mais la dentale moyenne fut exprimée parla lettre d comme "T* fut remplacé par t. Quelque temps du xmc siècle \ on choisit après, au commencement la lettre anglo-saxonne 'S pour la substituer à p, dans tous les cas où cette dernière lettre- se prononçait comme une aspirée moyenne. C'est ainsi que s'est établi l'usage qu'on fait actuellement en islandais des lettres p, t, 'S et d. D'après ce que nous venons, de la moins dire, la consonne d devait être naturellement fréquente dans la langue, et depuis elle est devenue d'autant landais plus rare, que l'usage s'est répandu, dans l'isde rendre douces et sifflantes les moderne, dentales précédées de voyelles et placées à la fin d'une syllabe ou d'un mot, et de changer ainsi t et d en S. 1 Cf. Svensh Stockholm, spraldâra utgifven af svenska Ahademien, um lâtînu-stafrofit, du traité grammatical coni836, p. xi. — L'auteur naît la lettre dh, voy. p. 2 0,5; il parait l'avoir directement empruntée de l'alphabet edh, ce qui est précisément anglo-saxon puisqu'il l'appelle le nom qu'elle dh parmi les jamais z etx. porte dans ce dernier alphabet. Notre c'est-à-dire les parmi undirstafir, d'une syllabe, placées au commencement range grammairien consonnes qui ne sont comme par exemple ër heita theirstajir Il dit, p. 2 0,3 : dans le cinquième cercle sont, ma theim vidh engan staf Itoma nëma their se eptir dh, z,x; undirstafir î hverri samstôfan. Fiûrdhi hliôdhstaf slajr ër Z, [ c'est ainsi que je corrige c qui se trouve dans le texte; cette figure qui ressemble à z, est une abréviation usitée dans les manuscrits ok, et répour exprimer à notre&) that er rêtthans hliôdh, at hann se pond, par conséquent, î enda samstôfa sem adhrir undirstafir. Les consonnes qui ne sont jamais placées à la fin d'une syllabe, ce sont : s'appellent hôfudhstafir, th, v, h, q. Voyez p. 290. CHAPITRE 93 IV. des changements vés les dentales islandaises Par suite et dans l'écriture, fréquents qu'ont éprouet dans la prononciation il est difficile de déterminer tou- jours exactement l'emploi qu'on devra faire des lettres p, <i>et d. Ce n'est que par une étude critique de tous les monuments écrits et parla comparaison des différents idiomes germaniques, qu'on parviendra à éclaircir encore quelques questions importantes que l'état actuel de la science ne permet pas encore de résoudre. Z. Le Z islandais n'est pas une consonne parce qu'elle n'est pas une consonne simple; radicale, c'est un son composé, et le signe graphique z est une abréviation pour représenter deux consonnes réunies en une seule. Le z islandais diffère donc essentiellement du z vieux haut allemand qui est radical, parce qu'il représente la consonne simple t devenue aspirée ou plutôt sifflante. Le z islandais remplace tantôt ds comme dans islenzkr, tantôt ts comme dans veizla, tantôt os comme dans hliôz, gerzkr, tantôt ss comme dans miza, tantôt st comme dans riufaz. Singulier caractère que ce z qui exprime des combinaisons de consonnes si différentes! Est-il probable que z ait servi à exprimer indistinctement des combinaisons opposées ts et st? nous ne'le pensons pas. On pourrait objecter qu'en grec, £ (Sa) s'est aussi changé quelquefois en aS, et qu'en espagnol a; (ks) équivaut à ch (sic, sh). Cependant, il nous semble que lorsque z fut mis pour st, ce st s'était déjà en ss ou sz, et qu'on changé dans la prononciation 94 INTRODUCTION GENERALE. des deux consonnes s et t exprimait cette assimilation par la lettre z 1. S'il en est ainsi, il faut nécessairement deux périodes dans la langue: la première distinguer où l'on prononçait si, et la seconde où l'on prononçait ss ; et l'on doit écrire, par conséquent, dans le premier cas, beriast, riufast, et dans le second, beriass, riufass, etc. En tout cas, comme chaque lettre ne doit représenter qu'un seul son et n'exprimer qu'une seule consonne simple, nous proposons qu'on rejette le z de l'alphabet islandais, dans lequel du reste il ne se trouet de le remplacer chaque fois vait pas primitivement, par les consonnes respectives ds, ts, 'Ss et ss. S X. DES CONSONNES GUTTURALES K, 6, II, J, X. comme La gutturale Scandinave forte se prononçait le q français ; c'est donc la lettre k qui l'aurait exprimée comme dans le le plus convenablement. Cependant, on avait adopté l'alphabet latin où C remplaçait des K, C fut employé de préférence dans l'orthographe livres anglo-saxons. Les Islandais aussi, à l'exemple des C pour désigner la guttuemployaient Anglo-saxons, nous préférons la lettre K, rale forte 2. Néanmoins, Nord, 1 En suédois on mettait tout simplement un s. Voyez Svensk sprâ- klàra, p. XH. 2 Nous avons vu, page 45, que Fauteur du traité um lâtîmi-stajrofit, écrit cette une consonne double, toutes les fois qu'il veut exprimer de la même grandeur que mais en majuscule consonne en majuscule, les minuscules. Comme grand C ne diffère point pour la forme de CHAPITRE 95 IV, parce que C se prononce diversement devant les différentes voyelles et dans les différentes langues; et que la lettre K exprime bien mieux, dans tous lès cas et en toute langue, turale dure. la véritable prononciation de la gut- La gutturale moyenne G se prononçait ordinairement et primitivement comme notre gue dans bague. Cependant dans certains cas, g avait un son un peu différent par suite d'une nous allons expliquer. influence euphonique que Les sons gutturaux Scandinaves, surtout le k, aiment à être suivis quelquefois d'un a euphonique légèrement accentué. La voyelle u s'ajoute facilement aux de gutturales parce qu'elle est elle-même gutturale sa nature. Nous voyons en latin K ou C suivi, dans un grand nombre de cas, de la voyelle u; cette manière de prononcer était exprimée par qu dans "qui, qiram,- loquor, etc. Comme ce phénomène tient à la nature des sons gutturaux, il doit se montrer nécessairement encore dans d'autres langues. Nous le remardans les idiomes indoquons en effet, non-seulement germaniques, mais aussi dans les idiomes sémitiques. Il est vrai que ce phénomène est plus rare dans les langues sémitiques, parce qu'en général ces idiomes n'aimentpas les voyelles purement euphoniques. De plus, petit c, notre grammairien exprimer ce, il se servit, été suivi ne pouvait pas se servir de la majuscule pour dans ce cas, de la lettre K. Ce système a aussi dans les manuscrits de l'Edda. 96 par INTRODUCTION leur tendance GENERALE. à affaiblir les gutturales et à les les langues sémitiaspiration, changer en une simple ques font suivre les gutturales bien moins d'un u que de la voyelle a, qui de sa nature a plus d'affinité avec l'aspiration on trouve dans que l'a. Néanmoins, l'éthiopien les gutturales #* (Ku) ^ (Hu) ffr(G1)T' (Gu) qui font entendre après elles le son u légèrement accentué. Cet u se fait entendre devant toutes les voyelles de l'éthiopien, excepté devant l'a et l'o où naturellement on ne l'entend pas, cette voyelle euphonique se confondant alors dans la prononciation avec la voyelle radicale. Cet a étant purement ne forme euphonique avec la voyelle radicale, comme pas une diphthongue le croyait il. est, au contraire, intimement Ludolf; lié avec la gutturale dont il ne peut se séparer, pas même quand cette gutturale n'est pas suivie d'une c'est-à-dire ou quand il y a scheva hébreu, voyelle, soukoun arabe, ou virâma sanscrit. Il est évident que cet u ne mérite pas le nom de voyelle, parce qu'il n'a pas une existence indépendante de la gutturale, ni une signification grammaticale propre, pas plus que u dans les mots français bagu-e, ligu-e, guérir, etc.; il sert seulement à indiquer une certaine manière de prononcer la gutturale. La propriété des gutturales d'engendrer et de faire entendre après elles un u, nous explique comment, dans certaines langues, des consonnes labiales ont pu remplacer d'anciennes consonnes gutturales. Le CHAPITRE IV. 97 changement des gutturales en labiales, est physiquement impossible; car comment passer des sons formés dans la gorge aux sons prononcés du bout des lèvres ? Ce n'est donc nullement par une permutation naturelle des consonnes, mais seulement par un moyen mécanique que les labiales ont pu prendre la place des gutturales. Ce moyen mécanique, le voici : l'a euphonique s'en sépare et se produit par la consonne gutturale, change en v qui, comme labiale, peut se transformer en toute autre labiale et faire tomber peu à peu le son guttural dont il est précédé ; exemple : sansc. fïï^ goth. qvivs, lat. vivo, vic-si, grec /3eofta:, /3/os,- sansc. lat. vermis (pour qvermis, hvermisj ; goth. qvainôn, vieux haut allemand weinôn, etc. Un changement inverse s'est opéré dans les langues romanes et 1 cymriques qui ont transformé v en gu; exemple : vieux ^ïÎHt, français guerair, vieux allemand verpa; vieux français ital. guardia, (fr. garde), gaillaume, normand \illiahmr; vieux auemandjwarfCTi; Une autre modification fr. gazon, v. h. a. wdso, sansc. tout à fait analogue à celle 1 De l'affinité des langues celtiques avec le Voyez M. Pictet, page 58. 5 J'ai appris depuis que ïev zend a aussi été changé en dans les transcriptions des Parses. « Nériosengh reproduisant «tères dévanâgaris les mots zends vôhn-manô, hâvani, çâvangh, «de la manière suivante : ghvahmana, notice intéressante de M. Eug. Burnouf 1' von D Richard Abhandlangen Lepsius, sanscrit, gva, gua en caracles écrit hâguana, çâguamgha.» Voyez la dans : Zwei sprachvergleichendc p. îoo, 101. 7 dont GÉNÉRALE, INTRODUCTION 98 nous venons de parler, se fait sentir dans la Cette modification, la des gutturales. prononciation et voici: dans certains cas, la gutturale se mouille, alors elle fait entendre après elle, non pas un u, mais un i légèrement accentué. Cet z se détache quelqueet en fois de la consonne gutturale qui l'a produit, se : l'accroissement il de change enj; exemple prenant goth. gards, rom. giardin, ment inverse, j redevient fr. jardin. Par un changeet se fait alors pré- voyelle douce g; exemple : lat. yigum, ]oh, anglo-s. gëoc; lat. juvenis, vieux haut allemand ]ung, anglo-s. gèong; vieux haut allemand jàr, a.-s. gëar; isl. jiiZi, a.-s. gëàla, etc. céder de la gutturale vieux haut allemand Par ce qui vient d'être dit en dernier lieu de la proon s'expliquera priété des gutturales de se mouiller, du K et du G islandais. la prononciation facilement les voyelles a, u, o, ô, Je prononcent en français.; mais, devant traites les autres K et G devant comme voyelles, entendre K et G se mouillent, c'est-adire qu'ils font accentué. Ainsi, après eux un i légèrement këm se prononce qui-èm, geit se pronorfce gui-éit, gemmouil- lir se prononce gui-emlir. Cette prononciation lée des gutturales, ne remonte certainement pas aux premières époques de la langue. Elle n'a commencé des voyelles probablement que lorsque la permutation eut depuis longtemps produit les voyelles dérivées e, ë, ê,'o, y, qui sont des voyelles rapprochées de l'i et devant lesquelles les gutturales aiment précisément à se CHAPITRE IV. . 99 Quoi quil en soit, comme la prononciation mouillée ne diffère que très-peu de la prononciation nous jugeons inutile de l'exprimer dans ordinaire, l'écriture par un signe particulier. mouiller. Nous avons déjà eu occasion de dire, page 88, que dans les langues germaniques les consonnes moyennes ou douces se changent quelquefois à la fin des mots en consonnes dures ou en consonnes aspirées. Le même changement se fait aussi en islandais. La consonne moyenne g placée à la fin de la syllabe ou du mot comme dans lôg, vëg, segia, etc. devient aspirée et se prononce à peu près comme un ch allemand trèsc'est pourquoi on écrivait autrefois lôgh, vëgh, seghia 1, etc. Cependant, cette dernière orthographe doux; d'insérer dans l'écriture un h qui ayant l'inconvénient n'est pas radical, il vaut mieux écrire simplement g, le soin d'aspirer ce et abandonner à la prononciation g dans tous les cas indiqués par les règles. de la lettre g, emQ. On se servait ordinairement pruntée à l'alphabet latin, pour désigner la gutturale et l'on écrivait gven, dure suivie de l'a euphonique, gve'Sa, gvon, au lieu de kvën, kvëfca, kvon. Cependant on n'a adopté cette orthographe que parce que la lettre g se prêtait à une abréviation ; au lieu d'écrire gua ou gva, on écrivait simplement 17". Cette abréviation se trouve dans le Codex regins; le Fragmentant mem1 Voy. R. Rask, Kortfattet i832, p. 5. Vejlednincj til det oldnordishe, Kjôbenhavn, 7. 100 GENERALE. INTRODUCTION ku k gu, et l'un et l'autre manuscrit toujours la lettre k dans les cas ordinaires. braneum préfère emploient L'auteur du traité TJm lâtinu-stafrqfit n'admet pas le g dans' son alphabet islandais. Il n'est pas question non plus de cette lettre dans le traité intitulé : Mâlfroeoinnar grundvôllr, parce que l'auteur y analyse princiqui ne contient pas de à <jr.Comme g n'a correspondant particulier dans l'écriture été introduit que dans un but purel'alphabet palement caractère runique, et comme il est tout à fait superflu ment graphique, dans l'alphabet islandais, nous concluons à ce qu'on ce caractère et qu'on le remplace rejette entièrement par kv. Si l'on voulait conserver av, ce serait tout au plus dans les mots dérivés du latin et des langues modernes, comme dans gvartil, qvaterni, et autres mots semblables. J. Cette consonne J, admise par Rask dans l'alphabet islandais, est une gutturale dont la pronciation n'a rien d'analogue en français. Dans toutes les langues, cette consonne est née d'un i suivi d'une autre voyelle, comme v est né de u suivi de a ou i. C'est pourquoi, dans les textes islandais, on a remplacé parj la voyelle i toutes les fois qu'elle était suivie d'une autre voyelle, et l'on a écrit, par conséquent, jor, jarl, jorS, Ijarga, segyi, au lieu de ior, iarl, iôro, biarga, miôlnir, segia. Si l'on se tenait seulement à la prononciation grossière des mots que nous venons de citer, on mjolnir, pourrait encore justifier cette orthographe avec /. CHAPITRE IV. 101 En effet, ii suivi d'une voyelle pouvait facilement se du peuple, enjf. Mais changer, dans la prononciation n'était certainement pas la bonne, cette prononciation elle ne doit pas aujourd'hui et, par conséquent, des textes. Supposé même faire loi dans l'orthographe ait été générale, ce n'est pas que cette prononciation encore une raison qui nous autorise à défigurer les formes grammaticales par des consonnes intruses qui dans la racine, et qui ne n'ont aucune signification sont insérées dans les mots prononciation. mière période inconnu; que par le caprice de la Personne ne doute que dans la prede la langue, le j n'ait été entièrement les dérivations se faisaient, comme en toute langue, par la voyelle i, et non par la consonne j. On disait segia, Ipegia, yrliïa, etc. et non seg]a, ]>eg]a, yrk]a, etc. Lej n'existait pas, non plus, dans les mots etc. parce que originaire-; jor, jarl, jônS, bjarga,mjolnir, ment la voyelle radicale i, qu'on veut transformer enj, n'était pas suivie d'une autre voyelle; car les formes de ces mots étaient ihvo-r (iat. egva-s, sansc. açva-s), irl, irS, birga, Trahir. C'est seulement plus tard a inséré une voyelle euphonique que la prononciation primitives entre la voyelle radicale et la consonne dont elle était suiviex : ce n'est donc aussi que depuis cette époque que i a pu se changer en j. Mais ce qui prouve que, même après cette époque, l'i radical primitif lie s'était en j dans la bonne prononciation des rSaPcrîa.ngé -'" ^— .-;•.. J, Voyez-|i. *\ 55. 102 INTRODUCTION GENERALE. poètes , c'est que, comme l'a déjà fait remarquer M. Grimm \ les mots qu'on voudrait écrire avec j riavec des mots commençant maient, dans l'allitération, par des voyelles; que ceux-là commençaient également par une voyelle, c'est-à-dire par i et non par j. Une autre circonstance mentionnée par M. Grimm, preuve évidente et qui prouve également contre l'usage de j, c'est qu'en anglo-saxon les mots qui correspondent aux mots islandais qu'on voudrait écrire avecj, commencent par ëo, c'est-à-dire par une voyelle, ce qui fait que les mots islandais correspondants commençaient également par une voyelle. islandais dont les traités font Les deux grammairiens supposer naturellement ne connaissent pas la lettre j. partie de la Snorra-Edda, un peu Seulement le premier connaît la prononciation différente de i, quand cette voyelle est suivie d'une autre voyelle. Il semble croire que dans ce cas i est une espèce de mâlstafr, c'est-à-dire, d'après son système, une consonne qui peut précéder ou suivre une voyelle; et il mais il n'a garde de ranger i parmi les mâlstafir, ne sait pas ce qu'il doit penser de la lettre i dans biôr, biôrg 2. Tout cela prouve qu'à cette époque on ne connaissait pas encore la consonne j, mais que cependant on prononçait i un peu différemment s'il était suivi d'une autre Les plus 1 voyelle, que s'il n'en était pas suivi. anciens manuscrits de l'Edda n'emploient Voyez Deutsche Grammatik, 3 Snorra-Edda, p. 290, 292. I, p. 32 2. -*' IV. CHAPITRE 103 pas la lettre Uggia, mibk, tiôsull, hverian, iotun, j; ils écrivent: du xve ialkr, etc. Dans les manuscrits et de et du xvie siècle, lesj deviennent.fréquents, nos jours la prononciation j tous les i suivis d'autres en Islande, a changé en Mais ni les ma- voyelles. ni la prononciation nuscrits des siècles postérieurs, moderne ne font autorité dans l'examen de la quesde dire, après tion qui nous occupe. Il est inutile et simplement cela, que nous concluons purement à ce qu'on rejette la consonne j de l'ancien alphabet islandais. 7i était primitivement, comme le h en sanscrit et en beaucoup d'autres langues, une gutturale H. La lettre soit forte ou douce, qui en s'affaiblissant est devenue mais une aspiration forte peu à peu une aspirationi, ou rude. H y a quelques mots en islandais dans lesquels l'ancienne forme s'est conservée à côté de la forme etc. ex. : kme ethnie, knîfrelhnîfr,gfodethfod, L'aspiration forte de H n'a rien d'analogue en français ; elle s'approche beaucoup de la prononciation du ch dérivée, se fait difficilement enComme l'aspiration tendre devant n, la lettre h (g, k) s'est perdue très-souvent quand elle était placée devant cette nasale. Exemples : allemand. nyt (pour hnyt), neip (pour gneip), neisti (pour gneisti), nubbr (pour knubbr), etc. D'un autre côté, comme les liquides r et l sont aspirées de leur nature, h se confond souvent avec elles dans la prononciation; exem1 Cf. Svensk spràklâra, p. vi, not. 2. INTRODUCTION 104 GÉNÉRALE. pies : vilialmr pour viJhialmr, norSralfa, pour norSrde h ne présente halfa, etc. L'emploi orthographique aucune difficulté. X Cette lettre est une abréviation de hs et de ks, et se prononce*, comme en français, tantôt comme gs, tantôt comme es. Bien que la lettre composée x soit admise dans l'alphabet d'un très-grand nombre de dans préférable, langues, il nous semble pourtant de la remplacer de l'analyse grammaticale, l'intérêt dans l'orthographe, toujours, par les deux consonnes dont elle se compose, et d'écrire, par conséquent, lahs au lieu de lax,fahs aulieu de fax, oks (akus) au lieu de est déjà en partie établie, bx, etc. Cette orthographe n'emploie jamais a?pour exprimer gs; ainsi par exemple, on écrit toujours liugsa au lieu de liuxa. puisqu'on $ XI. CONCLUSION DU CHAPITRE. Nous avons distingué les différents sons de la langue islandaise dans le but de les orthographier aussi exactement et aussi convenablement que possible. Peutêtre dira-1-on que les distinctions que nous avons sont trop nométablies, surtout entre les voyelles, breuses et trop subtiles. À cela nous répondrons que toute distinction qui est fondée en nature établit et aucune vérité ne saurait paun fait ou une vérité, au philosophe ni superflue ni subtile. En constatant des vérités, on enrichit le domaine de la science, raître CHAPITRE IV. 105 à l'explication d'un phénomène phy« L'orthographe dit vulgaire, sique ou intellectuel. « M. Grimm \ ne distingue pas les nuances dans la et l'on contribue c'est au grammairien de constater les «prononciation; «différences et de les marquer par des signes. En cela, «il ne fera jamais trop, ni rien qui soit inutile. Quand «même on abandonnerait dans la suite les signes introtoujours gagné à ces distinc- «duits, la science aurait .«tions. » Il est vrai, si les distinctions qu'on établirait qu'à une langue ne s'appliquaient dans l'orthographe serait très-bornée spéciale, l'utilité de ces distinctions à peine l'inconvénient qui résulte d'une orthographe rendue plus compliquée par cela même qu'on l'aurait rendue plus exacte. Mais des vues plus générales nous ont guidé dans les observations et contre-balancerait que nous avons faites sur les lettres de la langue islandaise. Notre but a été de transcrire les textes islandais d'après un système d'orthographe générale et uniforme pour toutes les langues, en nous servant de l'écriture latine dont nous voudrions faire une écriture universelle , parce qu elle réunit l'élégance à la simplicité, et qu'elle est déjà en usage chez presque toutes les nations de l'Europe. Cette orthographe uniforme est possible, puisque la philologie moderne prouve que les mêmes articulations de la voix se trouvent dans toutes les langues, avec la seule différence qu'elles sont, dans les différents idiomes, tantôt plus ou moins nom1 Voyez Dciiische Grammatik, t. I, p. a32, note. 106 INTRODUCTION GÉNÉRALE. breuses, tantôt plus ou moins complètes. De plus, est ^philosophique, cette orthographe parce qu'étant fondée en nature, elle est aussi fondée en raison, tandis que l'orthographe vulgaire des différentes langues se contredit sans cesse,.étant basée en grande partie sur et quelquefois sur le caprice de l'in- l'usage arbitraire dividu. Enfin, cette orthographe uniforme est en même temps très-utile, parce qu'elle facilite de beauet comparative des lan-. coup l'étude grammaticale gués, et qu'elle réunit tous les avantages que possèles systèmes établis sur une base dent ordinairement large et universelle. On voit, d'après cela, que les distinctions que nous avons faites n'ont rien d'exclusif, ni non-seulede subtil; elles trouvent leur application, ment dans l'islandais, mais dans toutes les langues; et les caractères que nous avons choisis pour désigner les sons, loin d'être d'un usage spécial pour l'idiome Scanau contraire tous à l'alphabet dinave , appartiennent qu'on transcrivît général par lequel nous voudrions les langues anciennes et modernes 1. Cependant, avant dans la transd'orthographe cription des textes islandais que nous publions, nous au jugement impartial croyons devoir la soumettre Si leur jugement des grammairiens philosophes. de suivre notre méthode 1 La d'un question de la formation au moment d'un mémoire que publie, M. Paul Ackermann sous le langues, ou de la formation titre général alphabet où nous mettons d'Essai sur l'analyse fait le sujet sous presse, physique des et de l'usage d'un alphabet méthodique. CHAPITRE V. 107 pas à transnos textes d'après le système indicrire, à l'avenir, attendant nous n'avons de craint nous En pas qué. dans notre égarer en suivant, presque entièrement nous est favorable, publication, M. Grimm. nous n'hésiterons adoptée l'orthographe V. CHAPITRE DE LA par Rask et par VERSIFICATION ISLANDAISE. * § I. DE LA QUANTITÉ ET DE L'ACCENT. Après avoir examiné, dans le chapitre précédent, la nature des sons de la langue ou la prononciation syllabique, il nous reste à parler de la prononciation qui est» la base de toute prosodique ou rhythmique d'abord ce que espèce de versification. Expliquons c'est que la prosodie, et parlons ensuite du rhythme. Le mot prosodie, tiré du grec TtpoowSia.que les Latins ont traduit de par accentus, signifie accompagnement chant, parce que l'émission simple du son matériel, ou ce que nous avons appelé la prononciation syllabique, est accompagnée, dans le langage de tous les 108 INTRODUCTION hommes, d'une GENERALE. espèce de modulation qu'on a comet qu'on pourrait nommer accent dans parée au chant, le sens le plus étendu sagée "comme science, de l'accent vocal. de ce mot. La prosodie, enviest donc proprement la théorie De même que dans le chant musical ver deux choses, la durée et l'élévation même, dans l'accent durée et l'élévation il faut obserdes tons, de vocal, il faut distinguer entre la des syllabes prononcées. La durée des syllabes constitue ce qu'on appelle la quantité; l'élévation ou l'abaissement de la voix constitue l'accent proprement dit. La prosodie définie d'une manière plus ou la théorie de explicite est donc la prononciation la prononciation des syllabes«selon l'accent et la quantité qui leur conviennent. La quantité (leng'S) ou la mesure des syllabes longues ou brèves [samstafa long eùr skômm) indique la durée relative des sons de la langue. Une syllabe n'est longue qu'en tant qu'une autre est brève; mais quelle que soit la lenteur ou la vitesse avec laquelle on prononce les mots, le rapport de quantité entre les syllabes doit rester le même. Ce rapport de la syllabe longue à la brève peut avoir un exposant différent dans les différentes langues. Ordinairement on admet en islandais, de même que dans la prosodie grecque, latine, alleetc. qu'une syllabe longue équivaut mande, italienne, à la durée de deux brèves ]. Dans certaines langues, 1 L'auteur du Mâlfroedinnar Grundvôllr, dit, page 3o5 : «En thô .: CHAPITRE exercée une oreille 109 V. et un calculateur exact trouve- raient que cet exposant n'est quelquefois que le chiffre i plus une fraction. Il y a des syllabes qu'on nomme douteuses, non qu'il soit douteux si la syllabe est longue mais parce que dans certains cas et" pour certaines raisons ces syllabes perdent quelque chose ou ajoutent quelque chose à leur de leur longueur ou brève, brièveté. L'accent proprement dit (hliô'Ss-grein) consiste, comme et l'abaissement de nous l'avons dit, dans l'élévation est marquée par l'accent aigu [hvôss la voix. L'élévation par un accent que, faute nous appellerons accent Entre l'accent aigu et l'accent hlio&s-grein); l'abaissement, de meilleure dénomination, soard(1j>ângMioSs-grein). sourd se trouve ïaccent grave qu'on a aussi nommé l'accent circonflexe [umbeygilig hlioos-grein). Il est moins élevé que l'accent aigu, mais la voix s'y soutient encore, tandis qu'elle baisse entièrement dans les syllabes qui ont l'accent sourd. dit reposent, La quantité et l'accent proprement dans dans l'origine, sur le même principe et tendent, leur application, au même but, c'est-à-dire à désigner, les syllabes qui, pour une par une marque distinctive, semblent avoir une plus grande cause quelconque, importance que les autres. Pour désigner ces syllala langue a deux bes sur lesquelles il faut appuyer, «setia nûvërandi " nar stundar î versa-giôrdh edha tveggia. » klérkar allar samstôfur annathvart ein- 110 INTRODUCTION GENERALE. moyens à sa disposition : d'abord la quantité qui marque ces syllabes par la durée ou la tenue de la voix, et ensuite l'accent qui les distingue et les fait ressortir d'un ton plus élevé. La langue s'est en les prononçant servie des deux moyens à la fois, sans cependant vouloir que l'un et l'autre contribuassent simultanément au même but. L'accent et la quantité ne marl'un à côté de l'autre: chent pas toujours parallèlement de quantité ne coïncide pas nécessaiune longueur rement au même endroit avec une élévation d'accent. chaque partie du mot, prise séparément, peut avoir une importance plus ou moins absolue ou relative Comme de sa signification logique et grammaticale, et par suite ou de sa forme extérieure et matérielle, de mille circonstances fortuites, l'emploi de l'accent en raison et de la quantité a dû se diversifier à l'infini. La quantité et l'accent se sont partagé leurs nombreuses foncle même but par des tions, et, tout en poursuivant chemins différents, ils restent entièrement indépendants l'un de l'autre ; de même qu'en musique la durée des tons sont complètement et l'élévation séparées l'une de l'autre, mais contribuent même effet, qui est l'harmonie néanmoins ou l'agrément au musical. § II. DU chose d'analogue à l'harmonie musicale est la de le concours accidentellement par presque Quelque produit RHYTHME. CHAPITRE V. 111 quantité et de l'accent : c'est le rhyihme vocal qui résulte du mélange et de la variété des syllabes longues et brèves différemment accentuées, et de l'ordre ou de la règle que l'oreille variété de sons. découvre dans ce mélange et cette Le rhythme peut tenir plus de la quantité ou plus de l'accent; s'il tient plus de la quantité, l'oreille s'aperçoit davantage de la succession régulière et de la répétition périodique des syllabes longues et brèves. Cette succession et cette répétition ce qu'on approduisent le rhythme pelle la mesure, le nombre. Si, au contraire, tient plus de l'accent, l'oreille remarque principalement la succession régulière et la répétition périodique des syllabes accentuées, et cette succession et cette répétition Le rhythme ce qu'on appelle la cadence. produisent résultant de la succession et de la variété régulière des syllabes ne peut pas se faire sentir dans un simple mot quelque long qu'il soit; il lui faut au moins une phrase d'une certaine étendue où il puisse se déployer convenablement. C'est dans la période oratoire que le rhythme peut se manifester librement, et il atteint sa dernière perfection dans les vers harmonieux de la poésie. L'arrangement raisonné des est un commencesyllabes pour produire le rhythme ment de versification. La prose rhythmique s'approche déjà de la poésie, et une phrase ou une période bien cadencées forment la transition au vers et à la strophe poétique. naturelle Le rhythme pour arriver appartient INTRODUCTION 112 GENERALE. donc également à la prose et à la poésie; il est précisément le degré par lequel on monte de l'une à l'autre. Les deux manières d'exprimer nos pensées et nos senla prose et la poésie, ne sont pas tellement différentes l'une de l'autre, qu'il n'y ait pas et dans le fond et dans la forme de chacune d'elles de nomtiments, breux points de contact. Il serait même quelquefois de dire exactement difficile où finit le domaine de l'une et où commence celui de l'autre, si la convenles limites et établi tion n'avait pas fixé arbitrairement entre la poésie et la prose une différence, à la vérité sur quelques bien marquée, mais fondée uniquement Ainsi, dans les temps modernes, signes extérieurs. on est convenu de ranger parmi les oeuvres revêtues d'un certain les poésies toutes extérieur artificiel et conventionnel, quelque prosaïques qu'elles soient des pensées et des sentiments. D'un dans l'expression autre coté on relègue parmi la prose tout ce qui n'a pas cet extérieur conventionnel, fût-ce même un et pour le fond et pour l'exLe vers ou le rhythme présenté sous une chef-d'oeuvre pression. certaine forme admirable et réglée, constitue, de nos de la poésie. Tout ce qui jours, le caractère distinctif appartient à cet ornement extérieur et artificiel de la poésie fait l'objet de la versification ou de l'art de faire des vers. artificielle CHAPITRE V. 113 § III. LA DE VERSIFICATION Il est intéressant (VERS d'observer A-GIO RDIl). la différence et la di- versité des moyens employés par les poètes des différentes nations dans la composition des vers, et de voir est restée comment, chez tel peuple, la versification à peu près dans son état primitif, tandis que chez tel autre, elle a atteint un haut degré de perfection. Qu'il nous soit permis de jeter un coup d'oeil rapide genres de versification dont on a fait usage depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours. Cet aperçu comparatif que nous allons donner sur les différents fera mieux islandaise, comprendre la nature de la versification dont nous aurons à nous occuper plus spécialement. Le genre de versification le plus simple est la versification cadencée, qui n'ajoute à la prose d'autre ornement extérieur qu'un rhythme plus harmonieux.Telle est la versification distingue des Hébreux, dont la poésie ne se de la prose, quant à l'extérieur, que par le Le poète hébreu produit ce rhythme par 'rhythme. deux moyens qui sont : l'accentuation et le parallélisme des hémistiches. L'accentuation, il est vrai, telle qu'elle est marquée dans les livres hébreux, a été ajoutée au 'texte par les Massorètes ou grammairiens juifs, dans les premiers siècles de notre ère; mais rien ne nous empêche d'admettre qu'elle reproduise fidèlement INTRODUCTION 114 GENERALE. marquée par les poètes ou les prophètes, quand ils chantaient leurs hymnes, ou leurs visions déclamaient d'une voix solennelle qu'ils l'accentuation primitive Cette accentuation consistait dans et leurs prédictions. oratoire qu'on imitait au une espèce de déclamation temple et à la synagogue, en Usant devant le peuple Comme le les paroles de la Loi et des Prophètes. faisait aucune distinction entre ne déclamateur prêtre la poésie d'histoire et la prose des livres saints, les morceaux étaient déclamés comme les psaumes ou avec cette différence, que dans la prophéties, ni cette accentuaprose où il. n'y avait généralement d'idées et d'exprestion marquée, ni ce parallélisme les sions qui caractérisaient les vers, le rhythme était bien moins cadencé, et la déclamation, par conséquent, plus factice que naturelle. cet autre élément Le parallélisme des hémistiches, dans la poésie hébraïque, du rhythme supplée en quelque sorte au manque de la quantité. Par le parallélisme , le verset hébreu est partagé en deux hémisà peu près égale, et ces héde nouveau, en parties plus ou mistiches se divisent, Ce qui donne surtout beaucoup moins symétriques. c'est qu'il n'est pas seuled'expression au parallélisme, tiches d'une longueur du verset, mais qu'il se dans les pensées du poëte. Dans la poéles idées marchent et se succèdent deux ment dans la forme trouve jusque sie hébraïque, à deux; la première extérieure est répétée, développée, agrandie CHAPITRE V. 115 par la seconde, ou bien la seconde exprime l'antithèse, Le paralléla restriction ou l'inverse de la première. lisme réunit, par conséquent, tout ce que les figures de rhétorique, la répétition, la gradation et l'antithèse renferment de beau, de grand et d'oratoire ; comme elles, il donne au langage plus d'énergie, de majesté et d'onction. A cause de ces qualités du parallélisme rhythmique, il n'est pas étonnant qu'on le trouve souvent employé dans les maximes, les sentences, les dictons et les proverbes de presque toutes les nations. lien est fait usage dans le Koran et même dans les livres arabes en prose comme, par exemple, dans Hariri. La poésie finnoise connaît aussi le parallélisme; chaque phrase ou pensée y est répétée en d'autres expressions, soit en entier, soit en partie.En anglo-saxon, les poètes se sont aussi quelquefois emparés du parallélisme comme d'un moyen de versification ; mais il n'a servi qu'à rendre leur style plus prosaïque et leur pensée plus traînante. Un autre genre de versification est celui qu'on peut désigner sous le nom de versification métrique, parce qu'il est basé sur la mesure ou la quantité des syllabes. Le rhythme d'un vers métrique est naturellement plus mieux sentir que le réglé, et se fait, par conséquent, rhythme d'un vers accentué ou cadencé. L'oreille s'aperçoit sans peine de la mesure, étant frappée successivement d'un nombre égal de syllabes, dont les longues et les brèves se reproduisent périodiquement 8. 116 INTRODUCTION GÉNÉRALE. et se succèdent dans le même ordre. Ce genre de versification qui a pour base une métrique plus ou moins est employé dans la poésie des réglée et développée, Hindous, des Grecs, des Latins, des Arabes, des Persans et de tous les peuples de l'Europe Le troisième genre de versification moderne. qui diffère esdont nous venons de des deux premiers parler, peut être désigné sous le nom de versification phonique. Dans ce genre le poète ne considère ni l'accentuation, ni la quantité des sjjilabes, mais uniquement sentiellement la qualité ou la nature phonique des sons, et il produit un effet agréable à l'oreille en choisissant et en arrangeant les mots de telle façon, que certains sons semblables qui se correspondent, viennent frapper l'oreille dans un certain intervalle au dans un ordre déterminé. Les sons qui se correspondent peuvent être plus ou et leur ressemblance peut être plus moins nombreux, selon qu'elle s'étend ou moins sensible et parfaite, sur une lettre seulement, ou sur une ou plusieurs par la pronon- syllabes. Si le même son est produit ciation d'une même lettre commençant différents mots dans les vers, il en résulte ce qu'on appelle allitération (liôb). Si les mêmes syllabes se produisent mots dans [hending). lièrement les vers, Enfin, ou à la fin de plusieurs elles forment une consonnance au milieu au commencement, si cette consonnance à la fin des vers revient ou de l'hémistiche, forme ce que nous appelons rime. réguelle CHAPITRE V. 117 les trois genres on de versification que nous venons de distinguer, trouve qu'on peut les réduire à deux, en comprenant En examinant plus attentivement sous le nom commun de versification rhythmique, la versification cadencée et la versification métrique. Il nous reste donc, en dernière analyse, deux genres opposés l'un à l'autre, le genre rhythmique et le genre phonique; le premier fondé sur la quantité et l'accentuation des syllabes; le second, sur leur nature phonique. Comme dans les syllabes, abstraction faite de la signification logique qu'elles peuvent exprimer, il n'y a que l'accent, la quantité et le son qui puissent servir comme moyens il est évident quelles de versification, deux genres indiqués résument toutes les manières possibles de faire des vers. En effet, la versification anciens et modernes diffère seulement, des peuples selon la pré- férence qu'on a donnée à l'un ou l'autre genre, ou selon le degré de perfection que le genre phonique ou le a atteint dans telle ou telle littéragenre rhythmique ture. Les Hébreux, nous l'avons vu, se sont contentés, dans leur poésie, du rhythme provenant de l'accent et du parallélisme. Les Hindous, les Grecs et les Latins ont remplacé le parallélisme par la quantité ou les mètres. Les Arabes, les Persans, les Allemands, les Danois, les Suédois, les Russes ont ajouté la rime à la quantité. Les Espagnols, les Italiens, les Français, les Anglais, les Polonais ont la rime ; mais ils se contentent de compter les syllabes sans distinguer les 118 INTRODUCTION GENERALE. longues des brèves. Les Chinois comptent les syllabes, marquent les accents, et ont, outre la rime, encore la consonnance. les Anglo-saxons et les Scandiles accents sans compter le nombre Enfin, naves marquent des syllabes, et emploient non-seulement la consonnance, mais encore l'allitération. la rime et Cependant employés par ces tous les moyens de versification différents peuples sont, nous le répétons, empruntés soit au genre rhythmique, soit au genre phonique, puisqu'il n'y a que ces deux genres de versification possibles. § IV. DE LA VERSIFICATION ISLANDAISE. générales, nous allons en quoi consiste la versification expliquer brièvement islandaise. La poésie islandaise possède quatre moyens de versification qui sont : l'accent, Yallitération, la conAprès ces considérations sonnahce et la rime. Ces moyens sont anciens; cependant il ne faut pas croire que tous aient existé ensemble dès le commencement de la poésie, et que les poètes servis de tous les quatre à la fois. se soient toujours Les plus anciens poètes ne connaissaient ni la consonnance, ni la rime, et il n'y a que le genre de poésie qui s'est formé en dernier lieu, la chanson [runhenda), où les quatre moyens de versification soient employés tous ensemble. Ce n'est point ici l'endroit de décrire toutes les espèces de versification propres aux divers CHAPITRE V. 119 genres de poésie : nous traiterons seulement de la versification des trois poèmes Vôlaspâ, Vafihrûdnismâl et Lokasenna. Le premier de ces poèmes appartient au genre épique, comme nous l'avons dit à la page 2 1 : les deux autres rentrent dans le genre que, faute de meilleure dénomination, nous avons appelé le genre Or la même liaison, la même analogie, dramatique. les mêmes rapports que nous avons observés 1 entre la poésie épique et la poésie dramatique, nous les trouvons seulement aussi, sous des formes toutes entre la versification différentes, du premier poème et des deux autres. Ce sont deux espèces la versification appartenant au même genre, et ce genre, on peut le nommer la versification épique. Ce genre s'appelle en islandais fornyroalag ou fornyroislag [air ancien) 2, nom était qui indique clairement que cette versification celle des poèmes les plus anciens, c'est-à-dire des poèmes épiques, et qu'elle n'était plus guère en usage dans les poésies des temps postérieurs. En effet, les Skaldes s'éloignant toujours davantage de la simplicité de l'ancienne poésie, une versifica- imaginèrent 1 Voyez chap. u, S à2 J'ai traduit lag par air, parce qu'en français il n'y a pas d'autre mot au mot islandais. Lag signifie qui réponde plus exactement disposition, t air, c'est-à-dire une suite de notes qui composent un chant. Toutes les étaient chantées sur un certain air; mais cet air vaanciennespoésies riait naturellement C'est espèces de versification. pourquoi le mot lag servait aussi à désigner ce que nous appelons la versification. ". ,1 r, (~> C selon les différentes . „ /' f , .;'' /,-"t t> .:». - ".'' '.' '' - 120 tion INTRODUCTION de plus GENERALE. en plus artificielle, et donnèrent, par au vers dont ils ne se servaient plus, le conséquent, nom d'air ancien ou air des anciens chants. Le fornyrSalag est de deux espèces qui sont : le appelé aussi liuflingslag dit, proprement fornyroalag (l'air du bon génie), et le liboahâttr (la versification des chants). La première espèce est la plus ancienne, et elle porte, pour cette raison, le même nom que le genre lui-même. La seconde espèce est dérivée de la Fornyrpremière dont elle n'est qu'une modification. oalag est la versification du poème Vôluspâ ; liôhahattr est celle de VafprùSnismâl et de Lokasenna. Nous allons expliquer l'une et l'autre espèce, en commençant par le fornyrSalag. S V. DU FORNYRDALAG. Les deux moyens de versification employés dans le sont ^accentuation et l'allitération. Par fornyroalag, la première, le fornyrSalag appartient à la versification cadencée ; par la seconde, il fait partie de la versification phonique 1. De la Thèse et de l'Arse. Dans le fornyroalag, les syllabes ne sont pas comptées. Le rhythme ne repose donc, dans cette versification , ni sur la quantité 1 Voyez p. 113, 11 5. numérique, ni sur la quantité CHAPITRE V. 121 des syllabes ; mais l'accentuation seule prosodique mesure en apcadence et une de la espèce produit en glissant légèrement puyant sur certaines syllabes et sur d'autres. Cette accentuation est l'origine et la base de l'ancienne versification des Scandinaves, des Angloet comme des Russes, etc.; saxons, des Allemands, elle tient à l'enfance de l'art, elle se trouve dans les premiers essais poétiques de toutes les nations. Aussi les pièces de vers jjue aujourd'hui composées par des personnes qui ignorent les règles sous le rapport de la versification sont ordinairement, voit-on encore et prosodique des syllabes, de la quantité numérique sans aucune règle, sans aucun rhythme ; mais déclamés ou chantés par l'auteur, ces vers acquièrent une espèce de cadence par l'accentuation qu'il y met : car l'accentuation règle la foule désordonnée des syllabes en étranglant les unes et en donnant du relief aux autres. Or, si l'on considère que dans l'antiquité les vers ont toujours été chantés, on conçoit comment la poésie a pu se servir de l'accent comme de son principal moyen de rhythme. Cependant, il ne faut pas croire que dans la poésie basée sur l'accent, la quantité des syllabes ne au contraire, soit nullement prise en considération; l'accent et la quantité s'y soutiennent réciproquement et se font valoir Il y a bien plus : dans en islandais, en allemand, l'un l'autre. certaines langues, comme en russe, etc. la quantité va jusqu'à s'identifier avec l'accent, de sorte que les syllabes longues et brèves 122 INTRODUCTION coïncident généralement et non accentuées. GENERALE. avec des syllabes accentuées renfermer au moins Le vers du fornyriSalag quatre syllabes accentuées. doit Ces quatre élévations de voix ou ces quatre arses (âpais), se trouvent toujours placées dans quatre syllabes longues. Nous prenons pour exemple la première strophe de Vôluspâ; les syllabes en caractères italiques sont des arses coïnimprimées cidant avec des syllabes longues : Hliâds bid-ëk allai Meiri hëlgai kindir, ok minni môgu Afo'mthallar; Vilda.-ëk uaZ-fôdur i*ora-spiôH ' v Le nombre fira. vêl framfeZia thau ëkfremst des abaissements oï-nam. de voix ou des thèses n'est fixé dans la il sevarie versification, pas (B-éats) lon le plus ou moins grand nombre de mots qui entrent dans le vers. Naturellement, il faut au moins trois thèses placées entre les quatre arses pour marles élévations de voix. Mais ce quer et faire ressortir nombre de trois strictement nécessaire est presque Les thèses pouvant être en plus il s'ensuit que les vers n'ont grand nombre, Cette différence de lonpas tous la même longueur. si les arses, au rhythme gueur nuirait nécessairement toujours ou moins dépassé. revenant toujours au nombre de quatre, ne mettaient dans les vers une certaine mesure régulière et uniforme. Aussi ce sont les arses qui constituent et saillantes pente ou les parties principales la chardu vers; CHAPITRE 123 V. les thèses n'en sont, pour ainsi dire, que le remplissage. du poète se dirige prinPour cette raison, l'attention les arses, et c'est à elles qu'il distribue cipalement sur comme la contous les ornements de la versification, sonnance et l'allitération. De l'Anacrouse Les thèses n'étant, [mâljylling). comme nous venons de le dire, on devrait s'attendre avoir le vers remplissage, qu'un commencer seulement par des arses ; mais cela n'a pas toujours lieu. Une ou plusieurs syllabes, qui ont l'accent sourd, se placent assez souvent à la tête du vers ou au commencement de chaque hémistiche. Ces syllabes, sans accent marqué, sont considérées comme placées en dehors du vers, ou comme n'en faisant pas partie intégrante; les Islandais les nomment mâlfylling (remplissage de phrase), et elles répondent à ce que les Grecs appelaient la base (/3aW) ou Yanacrouse des pieds (àvdxpovais). Si l'on compare le mouvement ou des syllabes composant un vers, à une course que fait la voix dans une carrière d'une longueur déterminée, l'anacrouse représente l'élan que prend la voix avant d'entrer dans cette carrière. pour nous pas, au commen- La voix, servir d'une autre image, ne voulant cement du vers, s'élever tout à coup jusqu'à monte peu à peu parles degrés de l'anacrouse. cet élan ou cette montée quelque chose de naturel, l'arse, y Comme successive de la voix est et, de plus, un moyen de 124 INTRODUCTION GENERALE. du vers, marquer davantage l'arse au commencement l'anacrouse se trouve dans la métrique la plus cultivée comme dans la versification encore grossière. Il y a seulement cette différence, que clans la versification est réglée et se place uniformé- grecque, l'anacrouse ment devant chaque vers, tandis que dans la versification islandaise, elle est sans règle et, pour ainsi dire, facultative. Il suit de la nature même du mâlfylling, que ce remplissage ne doit pas renfermer des syllabes accentuées , ou des mots d'une grande importance par leur Bien, crue le nombre des syllabes du mâlsignification. ne soit pas fixé, il est clair que ce serait une fylling faute de versification que d'entasser trop de syllabes du vers, parce que leur trop grand sur nombre empêcherait la voix de glisser légèrement elles, et que parmi plusieurs mots, il s'en trouverait au commencement au moins l'accent un qui oratoire. aurait ou l'accent total Quant au nombre dans les vers du fornyrSalag, des thèses et selon l'étendue prosodique, ou des syllabes qui entrent il varie selon le nombre du mâlfylling. Le vers se de huit jusqu'à douze syllabes; compose ordinairement il est donc moins long que l'hexamètre grec, et à plus forte raison moins long que le çlôka ssanscrit 1. Malgré son peu d'étendue, le vers se partage'îpar la césure en 1 II est très-intéressant de comparer le vers épique Scandinave avec le vers épique des Hindous et le vers épique des Grecs. Pour mettre nos lecteurs à même de faire celle comparaison, nous nous permet- CHAPITRE deux hémistiches V. 125 ; mais ces hémistiches ment liés entre eux par le sens, l'accent sont intime- et l'allitération. trons de dire ici quelques mots sur le çlôka sanscrit et sur VKexametre. Le caractère du vers épique hindou appelé çlôka, est un rhythme grave et c'est et posé, plutôt languissant que vif et sautillant, peut-être pour que la traditiontriste vers à un événement et le nom même du rapporte l'origine et déplorable. Le çlôka se compose d'un ou de deux vers dont chacun, pris séparément, porte le nom celte raison distique, Ces deux vers ont une mesure égale, et se(demi-çlôka). l'un de l'autre s'ils n'étaient pas réunis par le sens raient indépendants et quelquefois même, comme il nous semble, par le rhythme, puisqu'on d'ardha-çlôka vers est ralenti queltrop vif du premier remarque que le mouvement efface et compense souvent, quefois dans le second, et que ce dernier du premier. Le çlôka embrasse par sa vivacité, la trop grande pesanteur le demi-çlôka en contient seize. par conséquent, ou héest partagé par la césure en deux moitiés Chaque demi-çlôka carrée mistiches; de sorte que le çlôka forme une espèce de période dontles membres sont réunis par le sens, coupés en longueurs égales, et trente-deux syllabes; cadencées presque entièrement d'après le même rhythme. forme du çlôka n'est pas si roide, ni son allure tellement Cependant la uniforme que bien les mouvements les plus le vers ne puisse pas exprimer également différents de la poésie ou de la narration épique. Le çlôka comme le plus ancien de tous les mètres sanscrits, est aussi le moins réglé et le plus libre de tous. Les deux hémistiches n'ont pas, l'un et l'autre, exactement les mêmes pieds, cela se remarque dans les vers épiques des syllabes finales ou de la pause, les hémis- comme arabes, où, à l'exception tiches se ressemblent entièrement. Chaque chacun. Parmi deux pieds de quatre syllabes derniers qui suivent une certaine fait libre. le çlôka, faitement règle; hémistiche se partage en il n'y a que les ces pieds, les autres ont une allure Le rhythme général ou prédominant « est le rhythme -, dont iambique qui se fait entendre la cadence convient tout à dans par- aux sujets grands, tels que ceux de la poésie épique. Le vers épique des Grecs s'appelle hexamètre; il se compose , comme le nom de six mètres ou de six pieds qui forment ensemble l'indique, treize jusqu'à dix-sept syllabes ou temps. Ainsi l'hexamètre correspond 126 INTRODUCTION GENERALE. De l'Allitération. Le second moyen de versification employé dans le est Yallitération. Elle consiste en ce que fornyrôalag chaque vers renferme au moins deux mots commenle vers rençant par la même lettre. Ordinairement ferme trois mots de cette espèce, dont deux se trouvent dans le premier et un dans le second; hémistiche, mais, en aucun cas, le vers ne doit renfermer plus de trois lettres et ces par la même lettre, se trouver dans des syllabes à la A^ersification appartient mots commençant doivent toujours accentuées. L'allitération et, semblable à la rime, elle plaît par l'uniphonique, formité des sons qui viennent frapper notre oreille. Les lettres allitérantes ou rimantes, s'appellent en islandais UoSstajir (lettres du chant) ; celles du premier hémistiche se nomment, stadlar (souplus particulièrement, tiens, étais). À l'exemple des Suédois et des Danois, nous aimons mieux les appeler lettres subordonnées. La lettre à la moitié pour la longueur labes, comme le çlôka, eût d'un çlôka. Un vers de trente-deux sylété naturellement trop long en grec. De n'ont pas une longueur démesurée comme que les mots grecs verba du sanscrit, les sesquipeialia même de même l'hexamètre renferme un du style épique, sans l'abondance pour dans des périodes à perte d'haleine. Malgré cette pourtant l'hexamètre a l'allure aussi majestueuse et en différence de longueur, même temps aussi libre que le çlôka. A l'exception des deux derniers tous les autres pieds dont le mètre est à peu près fixe et invariable, nombre de pieds s'étendre suffisant librement ou par dactyles, ou par spondées, pieds peuvent marcher ou par trochées. se prête donc à merveille L'hexamètre à la poésie CHAPITRE V. 127 rimante du second hémistiche porte le nom de hôfuS1 ou lettre principale ), peut-être stafr (lettre capitale parce qu'elle donne le plus de peine au poëte, obligé de chercher un troisième mot qui fasse allitération avec les deux mots du premier hémistiche, ou, ce qui est plus vraisemblable, parce qu'étant, pour ainsi cette lettre éveille prindire, l'écho de l'allitération, cipalement notre attention sur les lettres qui riment ensemble dans le vers. L'allitération peut se faire par des consonnes ou par des voyelles. Toutes les voyelles, riment ensemble; on préfère même sans distinction, soit formée par des voyelles difféque l'allitération rentes. La lettre v compte quelquefois pour une voyelle. Si les lettres rimantes sont des consonnes, il faut quelles soient exactement les mêmes pour qu'il y ait allitération : ainsi les consonnes b, p, f, ou d, t, p, ou cj, k, h, bien qu'elles soient 1iomorganiqu.es, n'allitèrent pas ensemble. La consonne simple s ne rime pas suffisamment avec les consonnes composées sk, sp, st. Cependant gl, bl, etc. alHtèrent avec gr, br, parce que le mouvement de la narration, est épique ou narrative qui, suivant tantôt grave et posée, tantôt vive et légère. Le rhythme et doprimitif - " " minant de l'hexamètre, est le rhythme dactylien qui suivant l'influence des différents de rhythmes de la poésie, s'entremêle mouvements - ". — et spondaïques trochaïques 1 du premier hémistiche D'après Rask, les deux lettres rimantes s'apet celle du second hémistiche se nomme pellent Iwdstajir, hôfudest un nom générique stafr. Mais il nous semble que liôdstafr propre à toutes les lettres opposé à liôdstafr, allitérantes mais à studlar. du vers. Le nom hôfudstafr n'est pas INTRODUCTION 128 GENERALE. liquides l et r se confondent aisément, comme nous l'avons vu page 80; hr ou hl allitèrent encore dans les anciennes poésies avec la consonne les consonnes simple h; mais depuis qu'en islandais h s'est changé en une aspiration presque imperceptible, M et hv riment seulement avec / et v. Quant à l'effet acoustique produit par l'allitération, notre oreille ne peut plus en juger suffisamment. Nous ne sentons l'allitération que quand les lettres rimantes en assez grand nombre et à de petits inter- se montrent valles comme clans ce vers de Racine : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? mais deux ou trois lettres allitérantes six jusqu'à dix mots, comme dispersées parmi dans le vers Scandinave, dans notre poésie. passeraient presque inaperçues D'après cela, on serait tenté de croire que l'allitération était faite, comme l'acrostiche et autres jeux de versipour l'oeil et non pour l'oreille. Cependant plusieurs raisons s'opposent à ce qu'on admette cette opinion. D'abord, la poésie ancienne était chantée et non pas lue; les poèmes de l'Edda furent transmis fication, longtemps avant d'avoir été mis est trop généralement par écrit; ensuite, l'allitération usitée dans la versification de tous les peuples gothiques de bouche en bouche et germaniques, pour qu'elle puisse être un simple jeu non-seufrivole. En effet, nous trouvons l'allitération lement dans la poésie Scandinave, mais encore dans les CHAPITRE V. 129 elle a passé plus anciennes poésies anglo-saxonnes; même dans quelques vers latins faits en Angleterre, et elle s'est conservée dans la versification anglaise jusqu'au temps de Chaucer fait également remarquer littéraires de l'Allemagne ïoraison wessobrunnienne, et Spencer. L'allitération se dans les anciens monuments par exemple, dans en vieux haut allemand; comme, dans le fragment de Hildebrand et Hadubrand, et dans ïHarmonie des évangiles écrite en vieux saxon. L'allitération est peut-être un héritage que les peuples germaniques ont apporté de l'Asie ; car les poètes hindous, comme Kalidâsa x, connaissaient ce genre de versification, et la consonnance, qui est une espèce d'allitération, se trouve déjà dans les plus anciennes poésies des Chinois 2. Enfin, il faut se rappeler que l'allitération a la même origine et le même but que la rime, qui, tout le monde en conviendra, n'est pas faite pour l'oeil, mais bien certainement pour l'oreille. comment l'allitération Pour comprendre faire sentir suffisamment a pu se dans les vers, il faut consi- dérer que les peuples qui en faisaient usage, y portaient une attention à laquelle nous ne sommes pas accoutumés. Ils recherchaient cette uniformité de son, ces consonnances et assonances avec autant de plaisir que nous, nous cherchons la rime au bout de nos vers. Ensuite, 1 2 comme Voyez Asiatic leurs poésies étaient t. X, p. 4o2. Grammaire chinoise, chantées Besearches, Voyez Abel Rémusat, p. 171. ou INTRODUCTION 130 déclamées, quées Enfin, GENERALE. les lettres rimantes étaient bien plus mardans une simple lecture. qu'elles ne le sont il y avait deux règles de versification servation stricte dont l'ob- beaucoup à faire ressortir et à attirer sur elle toute l'at- contribua davantage l'allitération, tention de l'oreille -, la première de ces règles était de ne placer les lettres rimantes que dans des mots marla seconde, qués par l'accent oratoire et prosodique; d'isoler la syllabe allitérante, autant que possible, en évitant de mettre dans son voisinage des syllabes commençant par la même lettre. Par on arrivait nécessairement à donces deux moyens, non accentuées ner plus de relief à l'allitération allitérant devait se prononcer -,car d'un côté, le son distinctement, parce dans des mots sur lesquels la que, loin de se perdre au contraire, voix eût légèrement glissé, il se trouvait, favorablement placé dans des syllabes sur lesquelles l'accent appelait de préférence l'attention de l'oreille. autre côté, la syllabe rimante, qu'elle était plus isolée dans le vers, D'un quée et ressortait par cela même était mieux mar- avec plus de netteté. S VI. DU RHYTHME BU F ORN Y RD AL AG. Avant de passer à l'explication du UoSaliâttr, qu'il nous soit permis de dire encore quelques mots sur le dit. Quand on lit rhythme du fornyrSalag proprement CHAPITRE V. 131 les vers de la Vôhispâ à haute voix et en les accentuant on entend aisément la modulation convenablement, d'une certaine espèce de rhythme. Quel est le rhythme qui se fait entendre dans le fornyrSalag? Il nous semble dans le que c'est le rhythme trochaïque qui prédomine vers; mais il ne se montre pas tout pur, parce que la Scandinave n'est pas basée sur la quantité versification prosodique. Si l'on pouvait appliquer à la versification Scandinave les principes de la métrique grecque, nous dirions que le vers du fornyrôalag se compose originairement et essentiellement de quatre trochées, ou de deuxditrochées. Le thème rhythmique général dont les différents variations, vers nous présenteraient les nombreuses serait donc le suivant : _^_^i_^_^ S VIL PU L1ÔDAHÂTTB. La seconde espèce de fornyrSalag ou de versification épique s'appelle UoSahâttr. C'est d'après cette versification que sont composés nos deux poëmes Vafprâonismâl et Lokasenna. Le liôSahâttr est dérivé du fornyribamodifié : lag, ou pour mieux dire, c'est un fornyrôalag ce que nous avons dit de celui-ci aussi, en grande partie, à celui-là. La seule par conséquent, s'applique différence entre espèces consiste en ce que ne renferme pas, comme celle vers tout à fait semblables les les deux la strophe du liôSahâttr du fornyrSalag, quatre 9- INTRODUCTION 132 GENERALE. , uns aux autres ; mais le second et le quatrième vers ne sont, pour ainsi dire, que des hémistiches en comparaison du premier et du troisième. Le plus souvent, il n'y a que deux lettres rimantes dans les vers du liôSahâttr; et par la négligence des poètes, les lettres ahitérantes ne sont pas toujours placées dans des syllabes accentuées. il a quelquefois pris une extenQuant au mâlfylling, surtout dans les vers deuxièmes et sion démesurée, ne permetleur de peu longueur, par quatrièmes qui, entièrement sa taient pas au poète de développer pensée et le forçaient à entasser dans le mâlfylling les mots nécessaires pour compléter le sens. En général, sont bien plus souvent les règles de la versification que dans le fornyrôalag négligées dans le liôôahâttr est moins le dit. Cela premier prouve que proprement ancien que le second, et qu'il appartient à une époque où l'ancienne versification épique tombait déjà en décadence. les vers ne sont pas tous de la même lonle rhythme du liôôahâttr est, il est vrai, moins Comme gueur, mais il du fornyrôalag; celui et moins posé que grave est aussi moins monotone, parce que les petits vers y avec les grands. Si l'on comalternent agréablement à on le l'hexamètre, peut comparer fornyrSalag pare le liôSahâttr au mètre élégiaque ou au pentamètre. Quelquefois les quatre vers qui composent la strophe du liôôahâttr, ne suffisent pas au développement que CHAPITRE V. 133 le poète voudrait donner à sa pensée. Dans ce cas, le quatrième vers, qui est une espèce d'hémistiche pour en comparaison du premier et du troila longueur, sième, est remplacé par un grand vers encore suivi d'un petit ( Vafprûonismâl, v. 17/1-175). Quelquefois la strophe se compose de six vers, dont le cinquième est semblable aux vers premier et troisième, et le sixième aux vers deuxième et quatrième (Fafp.v. 22/1vers est aussi parfois suivi d'un 2 25). Le quatrième autre petit vers qui lui est entièrement semblable (Fafp. v. 169-170; Lokasenna, vers 52-53, 219-220, 2 65-266); il est même suivi de deux petits vers dans A part ces anomalies, qui du Lokasenna, v. 93-g5. reste se présentent aussi dans le fornyrôalag, la strophe suit, par rapport à sa longueur et à sa composition, les mêmes règles dans le liôôahâttr dit. fornyrôalag proprement comme dans le S VIII. DE En islandais LA STROPHE. la strophe erendi, (énoncé, proposition), parce que chaque strophe doit renfermer une pensée complète ou un tableau achevé. Elle s'appelle aussi visa (air, couplet), parce que quand les vers sont chantés, s'appelle le même air recommence après chaque, strophe. Le visa se divise en deux moitiés appelées visa La première moitié emhelmingar (hémistrophes). brasse les deux premiers vers, et la seconde les deux INTRODUCTION 154 GENERALE. sont orautres. Les vers qui composent l'hémistrophe liés ensemble par le sens : chacun d'eux dinairement de strophe). Le porte le nom de vîsa-jioroungr (quart nombre des strophes dans les poèmes dépend et du aux traité. le est la manière dont et de Quant sujet sujet poèmes épiques, le caractère de ce genre de poésie exige convenable. Cepenque le poème ait une longueur dant cette longueur ne dépasse jamais cent strophes ou le cents vers, poème présente lorsque excepté quatre un point de repos, ou qu'il se divise en deux grandes sections. Rask fait observer que la huit embrasse d'Homère des plus longue rhapsodies dans son milieu que deux vers grecs répondent à un vers Scandinave. Nous ajoutons que les sanscrits des ou épiques poèmes épisodes rhapsodies de quatre au delà ordinairement n'embrassent pas cents vers; de sorte cents çlôkas ou huit cents demi-çlôkas. H y a, par con-. la lonentre la même à proportion peu près séquent, et islandaises, des hindoues, grecques rhapsodies gueur et du la longueur du çlôka, de l'hexamètre lachants et cette des épiques, longueur fornyrôalag; quelle, proportion gardée, est la même dans l'Inde, qu'entre paraît être la limite naturelle qu'un récit épique ne saurait dépasser sans fatiguer et le poète et l'auditeur. la Grèce et la Scandinavie, CHAPITRE V. 135 S IX. LA DIVISION DE LA STROPHE ATTAQUÉE PAR EN QUATRE VERS, RASK. ici ce que nous avions à Nous pourrions terminer dire de la versification de nos trois poèmes, s'il ne nous restait une question à discuter sur laquelle nous appelons toute l'attention des savants. On aura remarqué, en jetant un regard sur le texte et la traduction de nos trois poèmes que la division des strophes en vers n'y est pas la même que dans les éditions qu'on a faites des poésies de l'Edda. Nous avons divisé en quatre vers les en strophes de la Vôluspa qu'on divise ordinairement huit, et en suivant le même système dans VafprûSnismâl et Lokasenna ; nous avons également divisé en forquatre vers les strophes qui sont ordinairement mées de six. Quelles sont les raisons qui nous ont fait abandonner la division vulgaire et comment justifier cette innovation? Avant tout, nous dirons que s'il y a innovation, nous n'en sommes pas l'auteur, mais seulement le partisan; MM. Grimm ont fait cette innovation bien longtemps avant nous. Nous pourrions donc nous retrancher derrière des noms aussi illustres ; mais comme dans la science il n'y a d'autre autorité que celle de la démonstration, et qu'un nom, quelque grand qu'il soit, ne vaut jamais des preuves, nous n'oserions pas suivre l'exemple des frères Grimm, si nous ne nous y croyions pas autorisé par des raisons 136 GENERALE. INTRODUCTION de notre Un des plus grands philologues époque que la mort a trop tôt enlevé à la science, le Danois Rask, s'est déclaré formellement contre la masuffisantes. nière de diviser les strophes, adoptée par MM. Grimm. Nous ne savons pas si les deux frères croient devoir leur opinion; nous ignorons même quels ont été les motifs et les raisons qui les ont portés à adopter le nouveau système. Nous nous trouet réduit à nos propres vons donc sans auxiliaire, maintenir ou abandonner moyens, pour défendre les objections de Rask. la nouvelle division contre S X. LES L'illustre OBJECTIONS Danois DE RASK a rassemblé REFUTEES.' dans sa Grammaire tous au chapitre de la versification, contre la division de la strophe en successivevers. Nous allons les reproduire anglo-saxonne, ses arguments quatre ment, les accompagner de nos observations, et ajouter à la fin les preuves qui nous semblent militer en notre faveur. Les raisons qui ont porté Rask à s'opdeux à réunir fois au consistant chaque poser système les sont en former un en une seule vers, pour lignes suivantes : I. « La nouvelle «dit-il, «depuis contraire manière de diviser les strophes est, à l'usage des nations Scandinaves, la plus haute antiquité jusqu'à nos jours.» CHAPITRE V. 157 nous allons présenter la quesde répondre, tion sous son véritable point de vue. .11 ne s'agit pas de savoir si l'on avait ou si l'on n'avait pas l'usage Avant d'écrire les vers en une ou deux lignes : cette question purement graphique ne nous intéresse pas en ce moment. Ce dont il s'agit, c'est de savoir si chacune des selon Rask, la lignes dans lesquelles, à elle strophe doit être partagée, forme réellement, seule, un vers complet. La première objection de Rask' six ou huit ne touche donc nullement au fond de la question. Il l'usage d'écrire les se peut que l'on ait eu quelquefois vers en petites lignes, mais nous contestons que cet usage ait été général et surtout qu'il soit ancien. Anciennement on écrivait les vers de la même manière que la prose, tout se suivait dans la ligne sans distinction, ni de vers, ni de strophe. C'est ainsi que sont écrits les plus anciens manuscrits de l'Edda, le Codex membraneum. Mais quand regius et le Fragnientum même on eût écrit le vers en deux lignes, faudrait-il en conclure que chacune de ces deux lignes doit être considérée comme un vers complet, uniquement parce qu'elle forme dans l'écriture une ligne à part? Tout le monde de que le vers est indépendant l'écriture, et que, par exemple, un hexamètre reste un hexamètre, et ne forme jamais plus d'un seul vers, conviendra qu'on l'écrive en une ou deux, est-il vrai gnes. Mais toujours une faute que d'écrire ou même en trois li- de dire que ce serait l'hexamètre en plusieurs lignes, 138 INTRODUCTION GENERALE. naturelleparce que la voix baissant et s'arrêtant ment après chaque ligne changerait complètement le rhythme de ce vers. Si donc l'on a eu quelquefois l'usage singulier de diviser le vers Scandinave en l'écrivant en deux lignes, il ne faut pas en conclure que nous ne soyons pas en droit de réunir les hémistiches que le mauvais goût des copistes, a séparés dans l'écriture. II. ou leur système graphique « C'est contraire à l'usage plus ancien encore des « Anglo-saxons qui, dans beaucoup de manuscrits, ont «eu soin de séparer les vers par des points.» Cette dans la première , on peut y faire la même réponse : des points mis à la fin d'une ligne, prouvent-ils que cette ligne, à elle seule, forme un vers ? Mais il y a plus : s'il était deuxième objection rentrant entièrement vrai la lonordinairement que les points indiquent gueur du vers, et que la véritable longueur du vers fût celle qu'a indiquée Rask, il faudrait qu'il y eût un point après chacun des vers de cette espèce. Or, dans les deux plus anciens manuscrits de l'Edda, les points ne se trouvent pas à l'endroit où, selon le système de Rask, le vers serait fini : ils ne se trouvent ordinairement qu'à la fin des hémistrophes; donc de deux choses l'une : ou les points n'indiquent pas la fin du vers dans les manuscrits de l'Edda, ou les vers ont une tout autre longueur que- celle que Rask voudrait leur donner. Dans l'un de Rask prouve et l'autre cas le second contre lui-même. argument CHAPITRE 139 V. les règles de l'ancienne deux «versification gothique qui veut/ que toujours en tous cas et l'allitération «lignes soient jointes par « en toute espèce de vers, excepté quand deux lignes «ainsi liées ensemble sont suivies d'une autre ligne III. «C'est contre toutes « à part. Il y a plus : c'est contraire à la dénomination « donnée aux lettres rimantes, dont les deux premières «placées dans la première ligne sont nommées studlar, «et celle placée dans la seconde est nommée lettre acapitale, parce qu'étant toujours placée à la tête du être «vers, elle a une place fixe et peut facilement de lettre capitale serait «trouvée. La dénomination « absurde si la lettre pouvait être placée au milieu ou à ° Il 1 » : «la fin de la ligne. Nous répondons n'y a aucune règle qui nous dise que les lettres allitérantes doivent se trouver réparties dans deux lignes au lieu d'une ; au contraire, des vers avec allitération très-anciens prouvent que les lettres rimantes se trouvaient placées dans un seul et même vers : ainsi, par exemple, dans les épitres de Boniface, on lit les vers suivants : mine nigerrima IVïtharde Imi cosmi Temne contagia fauste tartarea Haec contra Aune supplicia, etc. etc. 2° Le cas que Rask voudrait faire passer pour un cas exceptionnel à sa prétendue règle de versification n'est pas une exception : c'est au contraire l'état normal, comme le prouvent les vers que nous venons de citer. 140 INTRODUCTION GENERALE. 3° Si la règle que Rask établit si gratuitement existout au plus à l'écriture, tait, elle s'appliquerait et ne prouverait ! pas encore que deux lignes d'écriture forment nécessairement deux 4° La principale deux lignes renfer- vers. i raison qui nous porte à considérer ; mant des lettres rimantes, comme formant un seul | et même vers, c'est précisément parce que ces deux lignes sont, pour nous servir de l'expression même de Rask, liées ensemble par l'allitération. Pourquoi donc diviser ce qui est naturellement lié et uni ensemble ? j l'allitération serait-elle une cause de sépa- j Pourquoi ration? N'est-elle pas plutôt le meilleur moyen de ; reconnaître les parties qui composent un vers? n'estelle pas le meilleur lien qui les tienne réunies ? Les ! lettres allitérantes sont l'une l'écho de l'autre : ainsi, : il y â rapport, corrélation entre elles : par conséquent on ne saurait truire même. les séparer l'une de l'autre sans déce rapport, ellesans détruire l'allitération 5° La dénomination de hôfuostafr ( lettre capitale) ne doit pas être prise dans le sens de lettre qui se trouve à la tête, ou au commencement de la ligne; car la première tput aussi bien des lettres appelées studlar se trouve au commencement de la ligne, et ne porte point le nom de hôfuSstafr. De plus, il n'est pas même vrai que le hôfuostafr se trouve toujours à la tête de la ligne ; il est souvent précédé des mots qui selon nous, veut HôfuSstafr, composent le mâlfylling. dire lettre principale, parce qu'on la considère comme CHAPITRE V. 141 , la principale parmi les lettres allitérantes. Ce nom ne saurait donc nullement prouver que les liôSstafir doivent être nécessairement répétés dans deux lignes et non pas dans une seule. IV. « Si l'on réunissait deux lignes en une seule dans «les petits vers, il faudrait faire la même chose pour «des vers plus longs. » Cette conséquence étant rigouet nous ne reuse, nous l'admettons entièrement, craignons pas qu'il résulte de notre système des vers d'une longueur démesurée. En effet, le vers le plus de la long que Rask puisse citer, et qui résulterait réunion de deux lignes en une seule , a seize syllabes; ce qui, ce nous semble, n'est pas une longueur excessive. Cependant, nous dirons qu'il y a un cas auquel la conséquence que Rask a tirée de notre principe ne serait pas applicable. Si un poète étendait l'allitération sur plusieurs vers uniquement pour vaincre de plus alors il serait absurde de vouloir grandes difficultés, réunir plusieurs vers en un seul vers. Mais, si le poète a voulu mettre l'allitération dans un vers long, de quel droit allons-nous ce vers en deux, sous prétexte qu'il nous paraît trop long ? V. « C'est contraire au caractère de l'ancienne ver« sification Scandinave, pas la césure qui n'admet «qu'on trouve dans les hexamètres et les pentamètres «grecs et latins, et ainsi ne connaît pas de vers plus «longs que ne l'est un vers grec ou latin de quatre «pieds. Ensuite, couper il est naturel de placer le mâlfylling INTRODUCTION 142 « au commencement GÉNÉRALE. du vers ; mais c'est absurde de « vouloir au milieu du vers sans placer le mâlfylling « le compter dans le mètre. » Nous répondrons, il est vrai que la versification Scandinave, ne reposant pas sur la même base que la versification grecque, ne connaît pas la césure de l'hexamètre et du pentamètre. Mais faut-il en conclure qu'un vers Scandinave ne puisse jamais dépasser la longueur d'un vers grec de cependant cette conclusion quatre pieds? Admettons bien qu'elle ne soit nullement rigoureuse ; admettons que les quatre pieds que Rask nous accorde soient du plus petit nombre de syllabes possible, c'està-dire que chacun se compose de deux temps : nous même aurons donc au moins huit syllabes pour la plus grande longueur du vers Scandinave. Mais huit syllabes, c'est tout juste la base que nous avons donnée au vers épique; nous disons la base, parce que, comme on sait, les syllabes ne sont pas comptées dans les vers admettre que le islandais. Or on doit raisonnablement vers épique est le plus long de tous les vers, parce que la poésie épique est la plus grave et celle qui admet le plus d'abondance de style. Nous sommes donc en droit que le vers épique Scandinave se composait d'au moins huit syllabes, et non pas de quatre seulement, comme Rask le prétend. Quant au mâlfylling, il de conclure est vrai de dire que sa véritable place est au commencement du vers ; mais il peut aussi se trouver au commencement d'un hémistiche; dans ce cas, il remplit la CHAPITRE fonction de césure, V. 143 la voix s'y repose un instant pour sa course en s'élançant de nouveau dans la reprendre carrière. Du reste, il n'est pas plus absurde de ne pas compter dans le mètre, si toutefois on peut parler ici du de mètre, le mâlfylling placé au commencement que de ne pas le compter lorsau commencement du premier hémis-. second hémistiche, qu'il se trouve tiche. On voit que les objections élevées par Rask contre fondées. Nous allons notre système ne sont nullement en peu de mots les raisons qui nous ont porté à diviser la strophe en quatre vers, et nonipas en huit ou six. maintenant résumer 1° Le vers tel que nous l'avons rétabli, est seul conforme au caractère de la poésie épique Scandinave, à la parce qu'il a tout juste la longueur convenable richesse du style épique et à cette sobriété de mots qui distingue l'ancienne poésie islandaise. Il faudrait des poètes Scandiavoir une bien mauvaise opinion naves, s'ils avaient choisi pour la poésie épique de petits vers, qui seraient tout au plus à leur place dans une chanson anacréontique.. 2° Si l'on divisait le vers épique Scandinave en deux lignes, tout le rhythme en serait perdu, ou, du entièrement de caractère. Ce moins, il changerait serait comme si l'on coupait l'hexamètre en petits vers de deux pieds. Ces vers pleins de rhythme majesté : et de 144 INTRODUCTION GENERALE. Arma virumque cano Trojas qui primus ab oris Italiam fato profugus, Lavinaque venit, etc. divisez-les, le système d'après des petits Arma virumque cano, Trojas qui primus ab oris vers, en Italiam fato profugus, Lavinaque venit, il n'y a plus de rhythme, une belle statue comme etc. plus de poésie épique ; c'est mise en morceaux, ce sont des membra disjecta poetoe. 3° L'ancien vers allemand et embrasse, par l'ancien vers épique ou narratif accents avec une dési- Russes nence a également trois et renferme dactylique, Il est donc quatre arses, huit syllabes ; au moins conséquent, et, chose remarquable, des renferme au moins huit syllabes. vers Scandique probable que l'ancien nave a été composé d'une manière analogue., du poème allemand Der 4° Les strophes épique plus Nôt Nibelunge si l'on admet blance cation notre la entre chacune il système, versification de quatre y a parfaite allemande vers; ressem- et la versifi- Scandinave. 5° Le qu'on se composent nom donnait quelquefois la de strophe), de visufiôroângr (quart au vers, prouve que, bien qu'on écrivît strophe en huit on entendait lignes, un seul pour en former réunir deux lignes toujours vers ; car si la ligne eût compté pour un vers entier, donné au vers le nom de vîsuâton aurait certainement tûngr (huitième de strophe). CHAPITRE V. 145 mieux indique que toute autre chose quels sont les membres qui composent le vers. Nous avons déjà dit, page i3g, que les lettres allité6° L'allitération rantes ne sont jamais réparties dans deux lignes. Rask où l'allitération lui-même cite des vers très-anciens, n'enjambe pas sur la seconde ligne ; il dit même que ce genre d'allitération, qu'il considère ailleurs comme une exception à la règle, lui paraît être le plus ancien, parce qu'il s'approche de très-près de la versification finnoise : enfin il donne des exemples tirés de ballades danoises et féroeiques, où les lettres allitérantes se trouvent également dans une seule et même ligne, ou dans un seul et même vers. Les raisons qui viennent blent péremptoires ; nous d'être exposées nous semles soumettons avec con- fiance à l'examen des savants. Nous regrettons seulement de ne pouvoir plus les soumettre à l'illustre Rask lui-même, à la mémoire avec sincérité, le tribut duquel nous apportons ici, de notre respect et de notre admiration. 10 SECONDE POÈMES PARTIE. ISLANDAIS. i. VÔLUSPÀ. J.O. INTRODUCTION. CHAPITRE DU EXPLICATION I. TITRE DU POÈME. S I. DES PROPHETESSES OC DEVINERESSES CHEZ LES PEUPLES GERMANIQCES. On ne saurait le poëme Vôcomprendre des prophéluspâ, si l'on ignorait quelle était la condition tesses ou devineresses chez les peuples teuto-gothiques. parfaitement Nous exposerons donc succinctement le moment où elles se montrèrent dans les hordes des Cimbres leur histoire depuis fois la première pour et des Teutons, jusqu'au elles disparu- du christianisme, temps où, par l'influence rent entièrement dans le Nord. il y que dans l'armée des Cimbres, rapporte avait des femmes âgées qui faisaient les fonctions de prétresses et de devineresses; elles portaient une casaque de Strabon* une lin, ceinture en cuivre, Quand on amenait taient pieds nus. elles se précipi- et marchaient des captifs au camp, sur eux, les jetaient à terre, et après les avoir traînés vers un grand vase, les égorgeaient 1 Géographie, liv. VII. avec leur épée ; puis, 150 VOLUSPA. de leur sang recueilli dans le vase, elles par l'inspection l'issue heureuse ou malheureuse du combat. prédisaient D'autres, leurs ouvrant entrailles, le ventre devinaient aux captifs et fouillant dans la bonne ou mauvaise fortune de l'expédition. elles frappaient Quand l'armée se battait, à coups redoublés les peaux des tentes du camp, et mêlaient ainsi l'effroi du bruit à l'horreur des batailles. On trouve de Filimer, Ces femmes Cimbres, des devineresses ou magiciennes dans l'armée fils de Gandarik et cinquième roi des Goths. étaient elles remarquer devinrent moins âgées que les prêtresses des se nommaient aliorumnes, et se faisaient par leurs dérèglements; suspectes à Filimer, son armée. D'après une autre le camp de Filimer quittant rent s'établir dans les forêts commerce avec les faunes, qui c'est pourquoi elles les expulsa toutes de tradition, les aliorumnes et du roi goth Idandrès, allède la Propontide où-, par leur elles devinrent mères des Huns 1. la divination Chez les peuples teutoniques, avait nu caractère plus relevé. Du temps de Jules César, quand les Germains faisaient la guerre, c'était aux mères de famille de déclarer par sortilège et par oracles si l'on devait combattre , ou différer la rencontre avec l'ennemi 2. Un peu plus tard, il y avait chez des tribus sédentaires de la Germanie, une prêtresse ou devineresse qui jouissait d'un grand crédit. Elle se nommait Aurinia 5, nom qui 1 de Rébus gelicis, éd. P. Bross. cap. xxiv; de occulta Philosophia, lib. III, cap. xxxiv. 2 Jul. Coesar, de Bello gallico, î, 5o. 5 Germania, cap. vin. Tacitus, Jornandes, Cornel. Agrippa, INTRODUCTION. assez à celui ressemble 151 à!aliorumne donnait qu'on aux magiciennes chez les Goths. Sous l'empereur Vespasien, Véléda, de la tribu un grand empire Bructères, exerçait en Germanie, sa nation. Elle était vierge, et passait presque pour divinité; car, dit les Germains Tacite, croyaient des sur une que beaucoup de femmes étaient douées d'un esprit prophétique et divin, et qu'il y avait en elles quelque chose de saint et de prévoyant. Véléda habitait une haute tour où elle rendait ses oracles ; on ne pouvait ni la voir, ni lui un de ses parents rapportait ses réponses à ceux parler; qui venaient la consulter. Bien qu'elle eût prédit la victoire aux Germains et la destruction des légions, sa nation fut vaincue; elle-même fut conduite à Rome où elle figura dans la marche triomphale du vainqueurx. Sous le règne de l'empereur on rendit dans Domitien, la Germanie occidentale un culte presque divin à une prophétesse nommée Ganna 2. Il y avait sans doute chez les tribus germaniques encore d'autres femmes qui jouissaient des mêmes mais honneurs; l'histoire n'en a pas conservé le souvenir. Quant à la tribu Marcomir, des Francs, le second battu la tradition rapporte que après avoir été roi de ce peuple, consulta une aliorumne ou alrune par les Goths, pour savoir quel serait son avenir. Cette femme fit paraître devant le roi, au milieu de la nuit, un spectre qui avait trois têtes, une tête d'aigle, une de lion et une de crapaud. 1 Tacitus, Germania, cap. vin, tuts, Sylv. I, 4, v. 90. ! Dio Cassius, tib. LXVIt, Histor. IV, 61, 65; V, 22, ' cap. v. * 10... 2/1; Sta- 152 VOLUSPA. Cela devait vaincraient Plus signifier que les descendants de Marcomir les Romains, les Gaulois et les Goths 1. du tard, temps roi du et Charibert de Gunt- s'était déjà lorsque le christianisme répandu en France, il y avait une pythonisse qui prédit à non-seulement Guntchramne l'année, mais aussi le iour chramne (Gontran), et l'heure de la mort du roi Charibert. Dans l'année 577, quelle serait sa destinée, il en eut cette réponse, envoya consulter la pythonisse; trépasserait dans l'année même ; que que le roi Chilpérik Mérovech, à l'exclusion de ses frères, aurait tout le pouvoir voulant Guntchramne savoir serait duc du royaume que lui, Guntchramne, pendant cinq ans 2, etc. etc. Vers la fin du vie siècle, vivait en France une femme royal; serve qui avait l'esprit de Python, et qui, par ses divinations , fit gagner beaucoup d'argent à son maître. Elle parvint à acheter sa liberté et exerça ensuite son métier pour son propre compte 3. Sous Gharles-le-Chauve, en l'an 84-7, une alrune allemande vint àMayence : son nom était Thiota'; et son séjour dans cette ville fit tant de bruit que les annales de Fulde en ont fait mention 4. S II. DES VALAS Comme 1 Munster, (VÔLUR) les peuples Cosmographia, lib. III, p. 83. CHEZ LES PEUPLES Scandinaves lib. II, SCANDINAVES. étaient cap. xxx; cjenlium, % Gregord Turonensis opéra, éd. Ruin. p. 216. 3 Ibid. p. 368. •' M. Pertz, Monumenta, cic. I, p. 365. Lazius, de race gode Migratione INTRODUCTION. 153 fut exercée chez eux dans l'origine thique ', la divination par des prêtresses appelées aliorumnes. Mais bientôt l'ancien culte barbare des Cimbres par une nouvelle religion. dans toute la se répandit et des Goths fut remplacé Le culte d'Odin ou l'odinisme Scandinavie. Ce culte était dans son ensemble et simple et grossier ; il ressemblait, à la religion dans ses pratiques, des anciens Arabes idolâtres avant l'islamisme*. Le chef de la tribu, ou le roi avec les plus marquants de sa suite, présidait à tous les actes religieux. Le service des temples était confié à des prêtres [godar) ou à des prêtresses {hofles douze hommes gydiur) qui faisaient oracles des dieux. les sacrifices et les interprétaient Les prêtresses qui n'étaient, au commencement, que les organes de la divinité, rendirent bientôt des oracles en leur propre nom, et au lieu de rester simples interprètes des dieux, elles se firent prophétesses, ou interprètes de la destinée elle-même. Par ce changement, laprophétesse devint un personnage distinct de la prêtress.e,.et. la divination pouvait s'exeroer indépendamment des fonctions • •• sacerdotales. La mythologie vie réelle, créa la qui" dans, ses fi'etion's copie toujours à l'imitation des prophétesses les trois Nomes qui présidaient à la destinée humaine. Plus tard les prophétesses devinrent à leur tour les images ou les représentantes reçurent demander 1 rati, Voyez i835. des Nornes; en prirent des honneurs divins. comme elles leurs oracles ma dissertation [til elles frèttar), de Religions Arabum et le On nom venait elles les anieislamica, et ren- Argento- 154 daient VOLUSPA. avec solennité dans le temple, assises sur des sièles dieux. en avaient ordinairement ges élevés comme Après leur mort, on plaça quelquefois le sanctuaire, et elles-mêmes furent leurs statues au rang des doit expliquer mises C'est ainsi qu'on mythologiques. d'un grand nombre de Nornes adorées Nornes l'origine dans dans les temples. Telles ont été, sans doute, les trois Parques que le roi danois Fridleif sur le sort de son fils interrogea et Irpa dont les Olafx. Telles ont encore été Thôrgerdr statues de celle de Thôr étaient placées auprès norvégien 2. temple Les prophétesses portaient spâkonur (femmes de vision); un caractère mythologique, i dans un le nom de généralement et si elles avaient déjà pris cm les appelait plus particu- de vision). Il y eut aussi (intelligentes des prophètes (spâmenn), et on en trouve même quelquesuns dans la mythologie, comme par exemple Mimir le lièrement géant; spâdîsir par Odin qui allait la était encore Grile.s^aiffàiresdiffici'lfesJ.'Ter dont.,1a. tête fut cônsultërdaiis conservée Mais les prophétesses prédit l'avenir-a'SigurdV elles jouissaient en bien plus gràrid-n'ombre,.si. de vénération. de plus »6*"Crédit.,é<t^.pliis généralement pir/qui .étaient Plus tard, prêtresses; leur science la prophétie les spâkonur elles quittèrent se séparèrent les temples, entièrement des et pratiquèrent en voyageant dans le pays. De cette manière ne tarda pas à devenir un métier, et cette 1 Saxo Grammat. éd. Francf. p. 92. 2 chap. LXXXIX.^ Niâlssaga, 2 Vbluspâ, v. 192. i Edda-Soemundar, Gripis-Spâ. INTRODUCTION. industrie fut bientôt exploitée par des femmes qui, nécessaire à leur état, substituèrent quant du talent les opérations prophétie pendant, quoique encore honorée, donner du relief et du peuple. Les spâkonur 155 , mystérieuses la prophétie métier, parce que les et de l'importance se nommaient raient le pays, principalement vassaux donnaient des festins manà la de la magie. Ceou la magie était savaient se spâkonur aux yeux des grands aussi elles parcoul'hiver lorsque les vôlur; pendant à leurs seigneurs. On les in- vitait partout avec empressement. Elles prédirent l'avenir aux rois et aux particuliers, et décidèrent des quelquefois L'histoire nous a conservé les questions de droit difficiles. noms de quelques valas tels que ceux de Thôrdîse 1, de la 2 en Thuridr dans la coIslande, et de Thôrbiôrg spâkona lonie islando-norvégienne du Groenland. Thôrbiôrg était surnommée la petite Vala; elle jouissait de beaucoup de crédit auprès des grands et auprès du peuple. Un jour, Thôrkill voulant la consulter sur la durée de la famine et des maladies qui désolaient la contrée, l'invita à se rendre chez lui. Elle vint sur le soir et fut reçue avec distinction. Son habillement consistait en un surtout bleuâtre couvert du haut en bas de petites pierres; son collier était de grains de verre, sa coiffure de peau d'agneau noir doublée de peau de chat blanc. Elle tenait en main un bâton dont de la pomme était de cuivre jaune incrusté pierreries. De sa ceinture pendait une gibecière qui renfermait des instruments de magie. Elle avait des souliers ' Fommanaa Sôg ,1,255. 2 Islenzk. Sôy, I, 58, 2o5. 156 VOLUSPA. de peau de veau avec tirants terminés en petites boules de cuivre. Ses gants étaient de peau de chat, noirs à l'extérieur et blancs dans l'intérieur. Elle portait, du reste, quelques ornements qui faisaient partie du costume des femmes nobles. Thôrbiôrg alla occuper un siège qui était élevé. Après le souper, elle se fit placé dans un endroit chanter une ancienne chanson magique pour réveiller son mais ce ne fut que le lendemain prophétique; qu'elle prédit à Thôrkill, que la famine et les maladies cesseraient au printemps : elle prédit aussi prochain esprit une destinée heureuse à la fille chanté la chanson magique. ensuite la consulter l'un qui lui avait Les gens de la maison vinrent après Gudride l'autre;-et lorsqu'elle elle se retira pour eut répondu à toutes leurs questions, se rendre dans une autre maison où on l'avait invitée également 1. Les valas ne prophétisaient l'avenir pas seulement aussi la destinée personnes adultes, elle prédisaient des des enfants nouveaux-nés. Anciennement il était d'usage que le père 2 allât au temple consulter les Nornes sur le sort de son fils. Plus tard ce furent les valas qui, pour gagner leur vie, s'empressèrent de se rendre"dans la maison où un enfant venait de naître. La fable mythologique qui, comme nous l'avons dit, est l'expression des moeurs du temps, nous retrace fidèlement l'image des valas dans la à la naissance des héros. personne dés Nornes accourant Ainsi il est dit que dans la nuit, au milieu d'un orage, les Nornes arrivèrentà Bralundr où Borghilde venait de mettre 1 Edda-Soemundar, éd. de Copenhague, 2 Voyez Saxo Grammat. p. 92. t. III, p. 5. INTRODUCTION. 157 son fils Helgi qui plus tard est devenu de Hunding 1. Il est également comme vainqueur au monde illustre dit que dans la maison le pays vinrent des vôlùr qui parcouraient du père de Nornagest 2, et que cet enfant reçut au berceau, précisément à cause de cette visite, le nom de Nornagest (hôte des Nornes). Les valas assistaient aussi aux enfantements laborieux, et aidaient les femmes en travail par leurs incantations produisaient une prompte ( galdrar) qui, à ce qu'on croyait, Aussi voit-on et heureuse délivrance. dans la tradition ne pouque Borgny, fille du roi Heithrek, mythologique vant accoucher de deux jumeaux qui étaient le fruit d'un amour clandestin, fut enfin délivrée par les incantations efficaces d'Oddrune, L'incantation soeur d'Attila 5. des valas faisait non-seulement accoucher les femmes, mais elle guérissait aussi les blessures les plus graves. Ainsi la vala Grôa, femme d'Orvandil, entreprit de par ses chants, la plaie profonde que le géant 4 avait faite au dieu Thôr. H y avait dans Skrymnir un devin nommé Vidôlfr qui employait prinl'antiquité, La mycipalement son art à faire des cures merveilleuses. fermer, thologie qui aime à inventer des généalogies et à imaginer des rapports de famille entre les divers personnages de la comme le père de toutes les fable, considère ce Vidôlfr valas 5. Ce mythe nous prouve clairement que l'art 1 Helgakvida, strophe 1. 2 E. Jul. Biôrner, Nordiska hàmpa Datter, Stockh. 5 Soemundar-Edda, Oddrûnar grâltr. strophe 6. 4 Snorra-Edda, p. 110, 111. 5 3i. Soemundar-Edda, Hyndhtliôd, 1737. de VOLUSPA. 158 pas le moins estimé dans les spâkonur, puisqui excellaiI qu'on les fait descendre toutes de Vidôlfr dan s cet art. n'était guérir que les spâkonur et les spàmenn pouvaient guérir les blessures et les maladies, de même ils pouvaient difféaussi produire, par leurs opérations magiques, De même on achetait leur effets pernicieux. C'est pourquoi nuire à un ennemi, ou lui ôter service quand on voulait rents la vie. On raconte secrètement qu'un jour Thangbrahd, en Islande, se rendait du christianisme grand promoteur à l'assemblée générale ( althing ), quand tout à coup la terre s'ouvrit sous ses pas : son cheval fut englouti, et luimême n'échappa à la mort que par miracle. Les chrétiens cet éboulement attribuèrent de terrain au maléfice d'un 1. On employait, païen nommé Galdra-Hedinn pour nuire, deux espèces de maléfices, le meingaldr ( incanLe meingaldr tation funeste) et les gerningar (opérations). magicien consistait lancées secrètement en imprécations causer quelque à laquelle on voulait contre la désastre. personne Les paroles de l'imprécation étaient accompagnées d'une le genre de malheur action symbolique qui indiquait quand qu'on désirait produire. Les gerningar s'employaient on voulait semailles, combat, faire tomber une grêle pour gâter les du l'ennemi au milieu forte ou pour déconcerter ou bien quand on voulait exciter, sur terre ou un tempête (gôrningavedr) pour faire périr une ou pour mettre une armée en déroute. Tels étaient sur mer, flotte les maléfices ' que pouvaient Krislnisaga-, chap. vu, p. 4-6. 2 Forrim. Sôg. xi, i3/i sqq. produire les spâdîsir Thôr- INTRODUCTION. 159 1 et au très, quand Ingibiôrg Hamglôm, leur assistance. Un autre maléfice consistait 2, Heidi, cerdrlrpa on demandait tout à coup l'ennemi dans un brouillard épais ou dans une obscurité complète, dé sorte qu'il était comme on s'en aveuglé 2. Ce nuage enveloppant (hulinshiâlmr3), c'était le nimbus servait aussi pour se rendre invisible; à envelopper des anciens dont les divinités s'entouraient pour ne pas être aperçues des mortels. Le maléfice le plus efficace était produit par le seidr; c'était une espèce de magie qui s'opérait sur le feu et au Cette magie paraît remonter aux moyen de l'incantation. habitants primitifs de la Péninsule Scandinave, lesquels ont été refoulés vers les contrées septentrionales par les dans le peuples gothiques. En effet les Finnois excellaient seidr, et on allait chez eux apprendre les opérations et les pratiques de cet art. Aussi voit-on toujours dans l'histoire de la Norvège, les Finnois représentés enchanteurs ou magiciens 4. Au commencement le seidr n'était comme de grands pas un art méprisé ou détesté, Odin lui-même l'exerçait puisque quelquefois 5, et que la déesse Freyia passait pour l'avoir fait connaître , la première, aux Ases ou dieux Scandinaves 6. On telle croyait qu'au moyen du seidr, on pouvait prendre forme ou peau (ham) et traverser les airs qu'on voulait, 1 2 Fomaldar Sôg. II, 72; 219, 442. ; Fomaldar Sôg. III, III, II, i4i FornmaimaSôg. maticus, liv. VII. ' Cf. Tarnkappe, dans le Nibilungcnot, 5 Svarta, chap. vin. Saga Halfdanar 5 Ynglinga Saga, chap. vu. 0 ttid. chap. iv. I, 98, 21g, 338. Saxo Gram- 4-4.2, 1060, etc. 166 VOLUSPA. avec rapidité. Ainsi la tradition rapporte que le roi Haralld Grâfelld ayant prié un sorcier de se rendre en Islande pour explorer ce pays, cet espion y alla sous la forme d'une baleine 1. Par le seidr on pouvait aussi produire à la vue tous les objets qu'on désirait. le Iarl Magus (le comte magicien), fit paraître (qui voyage au loin), La fable raconte surnommé que Vidfôrull devant Charlemagne héros du Nord. Au moyen quatre escadrons des anciens du seidr, on pouvait'également produire, la rage, l'imbécillité, sonnes, la folie, dans les perou bien aug- et même rendre raisonnables intelligence animaux. Quand Eyslein le méchant eut subjujusqu'aux de Thrandheim, il leur demanda s'ils gué les habitants menter leur aimaient mieux avoir pour préfet son esclave ou son chien. le chien auquel ils firent donner, au moyen Ils préférèrent du seidr, une intelligence égale à celle de trois hommes 2. Le seidr avait enchantement, Ainsi Drisa, quelquefois pour but de transporter, par une personne dans des contrées éloignées. femme de Vanlandiroi à Upsalir, acheta le Huld qui devait transporter service de la magicienne ce ou bien le faire mourir roi en Finlande, secrètement 3. Les magiciennes donnaient la mort au moyen d'un breuLes vage enchanté appelé banadryhk (potion mortelle). opérations pour préparer le seidr se faisaient dans la nuit et en plein air ; ces vacations nocturnes portaient le nom de utisëiur (séances en dehors). Plus tard le seidr tomba en discrédit, et le peuple le prit 1 konungi Grâfelld, Saga afHaralldi 2 Saga Halionar Goda. chap. XIII. 5 chap. xvi. Yngl.Saga, chap. xxxvn. INTRODUCTION. 161 à cause des terribles maléfices qu'il lui même en horreur On établit entre lui et la divination la même attribuait. qu'on a établie chez nous entre la magie noire aussi décrédita le et la magie blanche. La mythologie comme la sorcellerie des Iotes, seidr en le représentant différence ennemis des dieux et des hommes. Les austrvegsmenn ou la race finnoise (hommes des contrées orientales), dans les figurent qui a été vaincue par la race gothique, comme géants malfaisants, traditions et mythologiques leur magie (seidr) est représentée comme pernicieuse et Les poètes mythologues allèrent même jussur Odin et la déesse le blâme et le ridicule abominable. qu'à jeter 1 le' Freyia qui, à ce qu'on croyait, exerçaient quelquefois à faire considérer cette magie seidr. Tout cela contribua comme une et l'on commença à sévir les seidmenn et les seidkonur. abomination, toute manière contre de Dans un poëme du skalde Thiodolf, une magicienne est appelée plusieurs fois vitta vetr (créature des crimes) 2. Les rois ne manquèrent se pas de poursuivre quiconque mêlait de sorcellerie. Les vacations nocturnes et (utisëtur) les voyages chez les Finnois ( finfôrar ), pour s'instruire dans le seidr, étaient sévèrement défendus ; les opérations magiques étaient mpmcj. considérées comme des forfaits dans les codes danois, norvégiens*ei-suédois?*Haralld Harfagr, Rettilbeini ayant appris que son fils-.Rôgnwald exerçait la courroucé qu'il chargea son autre magie, en fut tellement fils Eirik Blodox d'aller le punir. Celui-ci étant arrivé à mit le feu à la maison de Hadaland où résidait Rôgnwald, 1 2 \^9z le poëme YnglingaSaga, Lokasenna. chap. xvi et xxxni. 11 • 162 VOLUSPA. son frère et le brûla avec quatre-vingts et il seidmenn; est dit que cet au to-da-fé eut l'approbation généraleJ. Les contre les rois chrétiens furent encore plus inexorables le saint, à l'assemblée [thing] deTunsberg, I magiciens.Olaf fit la proposition que tous ceux qui seraient convaincus et des maléfices fussent expuld'avoir fait des incantations il invita sés du pays. Ensuite menn du voisinage, mettre et quand le feu à la salle 2. Ces persécutions blement le nombre à un grand tous furent festin les seidenivrés, il fit considérasanglantes firent diminuer de ceux qui se livraient à la magie. Les encore jouir de quelque crédit, désa- valas qui voulaient le seidr. Enfin, vouèrent complètement par l'influence les spâkonur, les vôlur et progressive du christianisme, les seidkonur disparurent peu à peu dans le Nord avec les traces de la religion païenne. l'histoire des valas en Après avoir tracé rapidement général, il nous reste, à dire quelques mots sur la prodernières Cette Vala est un phétesse de notre poëme en particulier. c'est la Vala par excellence, être purement mythologique, des Ases (dieux), c'est pour ainsi c'est la prophétesse type céleste des valas terrestres. Comme, dans toute ,.,dire^ lâ'vîè-de*s, dàew. e&t,u.n£ cppje embellie de .mythologie, du celle" ctes nômiîrôff, il esVjiaSurel qucda mythologie Nord ait placé auprès des Ases, le type des devineresses telles qu elles étaient chez les Scandinaves. les Ases, mais aussi les êtres mythologiques et Dvergues ont leurs prophétesses Non-seulement appelés Alfes ou devineresses. Les 1 Harallds chap. xxxvi. Saga ens harfagra, 2 Saga af Olafi Konungi Tryggrmsym, chap. LXIX. • * INTRODUCTION. Vanes, les rivaux 165 et les ennemis des Ases, ont une magiH y a cienne appelée Heidr, qui est le type des seidkonur. même une vala dans les enfers; un jour Odin alla la consulter, et l'entretien qu'il eut avec elle forme le sujet du intitulé Veglams Kvida. L'Edda fait men- poëme eddique tion d'une autre prophétesse appelée Hyndla qui, à la defit savoir quels étaient les mande de la déesse Freyia, ancêtres d'Ottarr 1. la Vala des Ases n'est pas un personnage histoil est inutile de dire que ses visions (spâ) ne sont Comme rique, autre chose Pour qu'une fiction poétique. comprendre les motifs qui ont porté le poëte à donner à son poëme la forme d'une vision, il faut savoir quel a été son but en composant la Voluspâ. § III. DE LA FORME DE VISION DONNEE AD POËME. la mythologie Le but du poëte est de représenter Scandinave dans son ensemble, depuis les mythes sur l'origine de toutes choses, jusqu'à ceux sur la destruction et la renaissance Le poëte a choisi habilement dans la bouche pour lui mettre du monde. personnage de Vala qu'il se proposait de dire. Cette le ce fiction est des plus heuavantages essentiels. reuses , parce qu'elle réunit plusieurs En effet, le poëme étant présenté sous la forme d'une vi- sion prophétique, et le style en prend plus d'élévation, des différents mythes en devient plus animée. l'exposition En second lieu, la forme de vision permet au poëte d'être court; il peut 1 ne parler que des principaux mythes; Voyez Hyndlu-Liôd. 1 l. il peut VOLUSPA. 164 car la protraits ; il peut omettre les tranphétie peint surtout à grands la poésie et la rendraient traîsitions qui embarrasseraient se contenter d'en tracer seulement l'ébauche, le personnage mythologique deValaestleplus propre pour raconter l'origine de toutes choses et les desdans le passé, le présent et l'avenir. tinées de l'univers nante.Enfin le poëte a donné à son poëme la forme Voilà pourquoi à la prophétesse des Ases. H y a attribuée d'une vision encore une autre cause, à la vérité secondaire, pour laquelle il a donné à son poëme la forme d'une vision : cette cause tient à la nature de l'idée qu'il voulait énoncer. Car tout poëme, comme toute oeuvre de l'art, doit nonun tableau qui captive plaire en représentant renferil doit aussi instruire, c'est-à-dire l'imagination, ou une idée. mer et prouver une vérité philosophique Nous avons vu quel est le sujet du tableau représenté dans seulement la Voluspâ. Quant à l'idée qui ressort de ce tableau et de la manière qui lui donne de l'unité, on peut la formuler suivante : la ruse et la force doivent être dominées par la pour ainsi dire, la trame du ne sont venus poëme qui prouve que le mal et le malheur dans le monde que par la violence et l'injustice. Par suite de ce mal, le monde périra avec les dieux qui ont été coupables les premiers de violence et de mauvaise foi; et dans la pa- justice. Cette idée forme, la ruse et lingénésie du monde, les dieux représentant la force, Odin et Thôr, seront remplacés par des dieux de Baldur et Forseti. C'est donc la chute paix et de justice, de l'ancienne religion Scandinave, c'est un ordre de choses sur d'autres principes, que prévoit le poëte, et qu'il prédit avec cette assurance que donne le génie. Cette espéétabli INTRODUCTION. 165 le plus conrance ou cette prévision du poëte s'exprimait venablement sous la forme d'une prophétie ou d'une vision. Cette forme était d'autant plus nécessaire ici que l'idée du poëte était hardie et, comme nous dirions, sacrilège,"hérécar c'était un blasphème (godgd) tique et révolutionnaire; aux yeux du peuple, que de prétendre qu'Odin et Thôr un jour; et l'annonce d'une ère de paix et de périraient absurde à des hommes justice devait paraître qui mettaient leur plus grande gloire dans l'exercice de la force, et croyaient s'illustrer Comme l'idée du par la ruse, la violence et le meurtre. révélation poëte était une véritable être exprimée avec les prépour ces temps, elle devait cautions et les ménagements dans l'exqu'on doit mettre position des vérités hardies qui choquent les opinions du vulgaire. C'était donc une raison de plus pour que notre à son poëme la forme d'une prophétie. poëte donnât En effet, toute prédiction par cela même qu'elle porte sur l'avenir, les hommes qu'indirectement n'inquiète qui vivent avant tout pour le présent : le caractère sacré du de la vision impose à l'intolérance et au fanatisme et la tyrannie même n'ose toucher au prophète recevoir de lui l'arrêt fatal de la desquand elle croit tinée. Aussi voyons-nous, dans l'histoire, que les pro- peuple, phéties veulent se quand des idées nouvelles quand la vérité n'ose pas se faire entendre quand un peuple ou un parti opprimé se con- naissent manifester, librement, sole par l'espérance, à lutter sourdement une chute qui ont inévitable. fait écrire parla contre foi dans l'avenir, et continue son oppresseur en lui prédisant Telles sont plus ou moins les causes les livres prophétiques des Hébreux, VOLUSPA. 166 YApocalypse ou la prophétie du triomphe du christianisme, le grand nombre de livres sibyllins dans l'empire romain, en Angleterre, attribuées à Merlin les prophéties les le Calabrois, sous les Hohende Gioacchino prédictions etc. etc. les prophéties de Jérôme Savonarola, staufen, dans les temps de fermenC'est, généralement parlant, tation et de crise, ou dans les troubles et relipolitiques ou des visionnaires. gieux, qu'on voit surgir des prophètes Le poëme Voluspâ appartient évidemment à une époque et de Thôr, bien où les principes de la religion d'Odin qu'ils fussent encore enracinés chez le peuple, ne pouvaient plus satisfaire les esprits élevés. Notre poëte se tourne vers d'autres lumières, il semble prédire l'avenir et deviner, de justice et de charité qui par son génie, les principes devaient salutaire se répandre plus tard dans le Nord par l'influence du christianisme. et civilisatrice CHAPITRE DES PARTIES II. DU POËME. S I. DE LA DISPOSITION GENERALE DES PARTIES DU POËME. Nous avons vu que le but du poëme est de présenter le tableau de l'ensemble de la mythologie Scandinave, et l'idée que les hommes ne peuvent être heureux d'exprimer que sous le règne de la justice et de la paix. Examinons 167 INTRODUCTION. la disposition ses différentes parties. du poëme ou l'arrangement maintenant Notre poëme se divise de naturellement en trois grandes parties qu'on peut désigner sous les noms de passé, de présent et d'avenir, ou bien sous ceux de tradition, de vision et de prédiction. Le passé renferme le tableau de l'origine de tout ce qui est; Vala en parle d'après la tradition et d'après le souvenir de ce que les Iotes lui ont enseigné. Le des dieux, et l'histoire de tout présent raconte l'histoire ce qui s'est passé dans les neuf mondes; Vala en parle d'après ce qu'elle a vu elle-même. Enfin, Yavenir renferme l'histoire de la destruction et du renouvellement du Vala en parle d'après ce qu'elle prévoit dans son ' Ces trois grandes parties, qui sont esprit prophétique. nettement dessinées par les sujets différents qui y sont monde; le poëte a su les faire reconnaître par un signe extérieur caractéristique. Ainsi, dans la première partie, se sert de la locution : Je Vala, en parlant d'elle-même, traités, me souviens d'avoir entendu dire aux Iotes; ou bien de la me l'a enseigné. : Je sais, parce que la tradition Dans la seconde partie de la Voluspâ, Vala, en racontant, formule se sert du temps passé, et en même temps elle parle d'ellemême à la troisième personne : elle (Vala) a vu de ses tous les propres yeux. Enfin, dans la troisième partie, verbes sont mis an présent, parce que le tableau de l'avenir est déroulé aux yeux de la prophétesse, et que la prédiction énonce les arrêts de la destinée avec la même que s'il s'agissait de choses qui s'accomplissent déjà dans le temps présent. Les trois grandes parties du poëme sont liées ensemble assurance et la même certitude 168 VOLUSPA. par des transitions strophe première et qui renferme simples et naturelles. qui sert d'introduction Ainsi, après la à tout le poëme du sujet, la prophétesse l'exposition comment elle a été mise en état de pouvoir explique les grands mystères du Père des Elus. Elle dit proclamer qu'elle a été instruite par les Iotes, et qu'elle a visité en les neuf pour acquérir la science. Ces à la première partie, paroles de Vala forment la transition ou à l'exposé de la tradition des Iotes sur l'origine de leur personne mondes race, sur la création Vala des hommes et des dvergues, etc de son entrevue avec Odin; elle dit parle ensuite que ce dieu, charmé delà science dont elle a fait preuve, lui a communiqué le don de la vision et de la prophétie. Le récit de cette entrevue forme la transition à la seconde parce que le présent qu'Odin fait à la prophétesse elle a pu voir dans les neuf mondes ce explique comment qu'elle raconte dans la seconde partie. Enfin les indices partie, précurseurs de la destruction et les signes sinistres que la tous les mondes, servent de tran- prophétesse voit dans sition à la troisième partie, à la prédiction, ou au tableau de la destruction suivie de la palingénésie. universelle, Nous avons vu que la division de notre poëme en trois parties était indiquée par la nature même du sujet : le grand drame mythologique embrasse trois actes qui se jouent aussi dans le passé, le présent et l'avenir. Remarquons les divisions du sujet de que le poëte a su faire coïncider son tableau avec les divisions nécessaires pour le dévede son idée. Le poëte, nous l'avons dit, veut prouver que le bonheur résulte de la justice et de la paix; il divise le drame qui doit prouver cette vérité en trois loppement INTRODUCTION. 169 acte nous montre de toutes premier l'origine des dieux jusqu'au moment où ils choses, et le bonheur actes. Le dans ce monde donnent lence et de l'injustice. mal par excellence, malheur, nous voyons le premier L'injustice et le mal exemple de la vioétant, selon le poëte, le le produisant toujours au commencement du second acte, s'introduire fois dans le pour la première monde par la discorde et la guerre. Le second acte finit au la violence et l'injustice moment où le mal, c'est-à-dire le malheur ont atteint le plus haut degré. Au troisième acte, cet état affreux est suivi de la mort des dieux et de la destruction du monde entier. Bientôt le monde renaît, mais il renaît avec des hommes qui ne font plus la guerre; les Ases receux d'entre eux qui aiment la viennent, mais seulement paix; le dieu de la justice est le dieu suprême ; tout rentre dans l'état monde dans l'état heureux dont jouissait le primitif, avant que les Ases se fussent livrés à la violence et à l'injustice. C'est ainsi qup l'idée du poëte se développe à mesure que son tableau se déroule. Notre poëme est comme une oeuvre parfaite de l'art dans laquelle le corps et l'esprit, la forme et la pensée se pénètrent et s'explil'une l'autre. quent admirablement S IL TABLE DETAILLEE DES PARTIES DU POÈME. Après avoir vu la disposition générale du poëme, il nous reste à examiner de plus près les parties dont il se compose. Pour que le lecteur puisse embrasser d'un coup d'ceil l'ensemble *de ces qu'il parties et voir les rapports 170 VOLUSPA. y a entre nous elles, divisions donnerons ici la table détaillée des du poëme. INTRODUCTION. 1. Les hommes invités rang au silence et à l'at- vers 1-2. tention, 2. Vala parlera ditions du monde, 3. Elle tradition connaît des mystères d'Odin, des anciennes trav. 2-4- Elle connaît ces mystères, car tout l'univers, elle a été instruite par la des Iotes, A.—PASSÉ. I. de tout v. 5-8. TRADITION. Tradition des Iotes sur la création et sur les premiers âges du monde. 1. Au commencement, l'univers néant; gouffre; le géant Ymir se forme le premier, 2. Création du ciel et de la terre par v. i3-i4. 3. Création la terre, des astres dans le ciel et delà v. i5-i6. un immense v. 9-12. les fils de Bur, végétation sur » 4. Le cours des astres n'est pas encore réglé, v. 17-21. 5. Les dieux règlent le cours des astres, v. 22-26. 6. Les dieux établissentleur demeure 7. Les êtres les plus parfaits arbres, Askr (frêne) et Embla dans le ciel, v. 27-32. de la végétation sont deux (aune), sur le rivage de la mer, v. 33-36. 8. Les dieux changent ces arbres en homme et en femme en leur donnant l'âme et le corps humain, v. 37-4o. 9. Les Nornes (Parques sortant de la fonScandinaves), taine d'Urd, donnent [ôrlôg ), v. 4i-52. 10. Les dieux v. 53-56. aux délibèrent premiers sur hommes la création la destinée des Dvergucs, INTRODUCTION. 11. Les formés Dvergues v. 57-60. 12. Enumération de 171 terre sur le modèle de l'homme, des Dvergues v. 61-72. 13. Enumération de la bande de Modsognir, des Dvergues de la bande de Dvalinn, v. 73-84. IL Souvenir de Vala sur l'origine du mal; entre les le don de guerre Ases et les Vanes. 1. Vala raconte comment elle a reçud'Odin la vision et de la prophétie, v. 85-Q8. 2. La première chose que Vala se rappelle avoir reçu le don de la vision, avoir vue après des Valkyries ; c'est l'arrivée présage de la guerre, v. QQ-IO4. 3. Guerre occasionnée par la violence qu'ont exercée les Ases sur Gullveig, la magicienne des Vanes, v. io5-i i3. 4. Les dieux délibèrent pour paration aux Vanes, v. 114-117. 5. Les Vanes renversent le mur mais Odin les repousse s'ils savoir doivent de la forteresse et remporte la victoire faire ré- des Ases, définitive, v. 118-121. 6. Les Ases deviennent pulé pour la réparation v. 122-129. architecte, ils refusent le prix stiparjures, du mur renversé ; Thôr tue le géant B. — PRÉSENT. VISION. Vala raconte ce qu'elle la première guerre, I. Vala dans vit gine du mal. 1. Cause • i37. Baldur a vu dans les différents qui est l'origine Asaheim et circonstance depuis du mal. le malheur le meilleur mondes suivre de près l'ori- des Ases périt. de la mort de Baldur, v. i3o- 172 VOLUSPA. 2. La mort elle tale de Baldur ne peut mais par une destinée fav. i38que par un parricide, vengée; être vengée i4i. 3. Loki, de la mort la cause première de Baldur, est puni, v. 142-147. mondes II. Vala vit dans les différents se propager, destructeurs et les principes de mort et de ruine les dieux et l'univers. les génies malfaisants s'accroître et menacer par la race heuv. i48-i4g. reuse de Sindri ou les géants des montagnes, la salle à boire des Hrimthurses ou 2. Elle vit, à Okolnir, 1. Elle vit, à Nidafiôll, géants de glace, v. i5o-i5i. 3. Elle vit à Nâstrendir, pents et les supplices v. 152-162. affreux, 4. Elle vit, le fils élever dans la salle habitée infligés le monde de Fenrir les enfers, la salle aux ser- aux méchants dans ce séjour dans qui la géante Gygir un jour le soleil, des Iotes., engloutira v. 163-170. 5. Elle vit le gardien de Gygr, le coq Fialarr, les Ases quand le fils de Fenrir aura grandi, avertir 174. 6. Elle qui doit v. 171- le coq Gullinkambi, qui au dernier jour du monde réveillera les héros de Valhôll pour qu'ils combattent v. 175-176. les puissances destructives, 7. Elle vit les génies malfaisants III. monde Vala un jour le coq noir qui appellera du monde, v. 177-178. à la destruction vit dans l'enfer vit les signes précurseurs de la destruction du : affreux devant pousse des hurlements le loup enchaîné, les portes de l'enfer ; Fenrir qui engloutira Odin, va bientôt briser ses chaînes, v. 179-182. 1. Le chien Garmr INTRODUCTION. 175 2. Les hommes atteignent le dernier degré de la perverde périr aussi bien que les dieux, v. i83-i88. sité et méritent C — AVENIR. PRÉDICTION. du monde pervers et la renaissance Vala prévoit la destruction d'un monde meilleur où régneront la paix et la justice. I. du monde. Destruction 1. Heimdall, le gardien des Ases, donne de l'approche des puissances avertir les dieux Odin consulte 2. La cor pour destructives; l'oracle colonne v. 193-196. 3. Hrymr, du de la tête de Mimir, v. 189-192. du monde tremble, tout est en émoi, à la tête des Iotes, se met en route; barque pour aller attaquer la terre, v. 197-200. 4. Les armées du monde de feu s'embarquent les génies malfaisants, v. 201-204. 5. Surtur, le dieu du feu , traverse la terre on s'em- avec tous et entre dans le ciel, v. 2o5-2i2. '6. Les trois dieux Odin, Freyr et Thôr, principaux, tent contre les ennemis et succombent, v. 2i3-226. 7. Le dragon de l'enfer morts, v. 227-230. 8. Le soleil se noircit, feu s'élève jusqu'au 234. II. Renaissance 1. Une vole sur la plaine la terre s'abîme jonchée dans l'Océan; ciel; tout périt dans les flammes, lut- de le v. a3i- du monde. nouvelle terre semblable la paix y règne, v. 235-238. 2. Les fils des anciens Ases qui à l'ancienne sort de l'Océan; prendre le gouvernement v. 239-242. du monde ont repéri viennent et exercer la justice, 174 VOLUSPA. 5. Les Ases retrouvent le bonheur dont ils avaient joui avant l'origine du mal, v, 2 43-246. k. L'abondance règne sur la terre; Baldur, le meilleur des Ases, revient dans le ciel avec Hoder et Hoenir, v. 2^7• 253. 5. Les hommes habitent une salle plus brillante que le soleil et jouissent d'une félicité éternelle, v. 254-2Ô7. .6. Forseti, le dieu de la justice, préside aux jugements des dieux; il n'y a plus de violence, il n'y a plus de discorde; la paix règne à jamais, v. 258-261. S III. DE L'ARRANGEMENT DES STROPHES. On voit, par le tableau que nous venons de présenter, Cet qu'il y a dans le poëme un plan bien ordonné. ordre, il est vrai, s'y trouve seulement depuis que nous avons disposé les strophes dans les éditions de l'Edda. autrement Avant qu'elles ne le sont ce nouvel arrangement, les parties du poëme étaient sans liaison, sans suite, sans unité. Ce défaut de plan provenait de la transposition de plusieurs strophes, et le désordre causé par ce changement mettait des obstacles insurmontables à l'interprétation de la Vôluspâ l'explication du poëme. En effet, si jusqu'ici a été moins satisfaisante qu'elle ne l'est aujourd'hui, ce n'est pas qu'il n'y ait eu des hommes d'un talent supérieur qui s'y soient essayés tour à tour ; mais c'est qu'il était convenablement un poëme entre d'expliquer impossible les parties duquel il n'y avait aucun rapport logique ; aussi avons-nous mis tous nos soins à retrouver la place que les strophes et les vers du poëme avaient primitivement. INTRODUCTION. 175 Ce qui prouve que l'arrangement que nous avons adopté c'est qu'il rend l'explication de la Vôluspâ est le véritable, à la place du désordre possible et facile, et qu'il produit, qui régnait dans le poëme, un plan bien entendu et un nous contenter de fournir ordre parfait. Nous pourrions cette seule preuve en faveur du nouvel arrangement; cependant nous en donnerons notes critiques et philologiques encore dont CHAPITRE EXAMEN CRITIQUE d'autres dans les le texte sera suivi. III. DU POËME. S 1. DE L'INTÉGRITÉ DD POËME. si régulier, si logique et si naturel que nous dans la Vôluspâ, nous prouve qu'il n'y a remarquons aucune lacune dans le poëme, puisque toutes les parties les unes aux autres. Cela s'enchaînent admirablement Le plan prouve en même qu'il que nous temps, ne s'y est glissé aucune n'y trouvons aucun vers interpolation, parce ou qu'on puisse soupçonner de n'être pas qui soit inutile, En un mot, ce qu'on appelle en critique authentique. du texte Vintégrité du poëme, c'est-à-dire cette propriété de ne renfermer ni plus ni moins qu'il ne renfermait nous semble suffisamment démontrée par primitivement, < 176 VOLUSPA. que nous avons faite des Visions de Vala. Cette intégrité pouvait et devait être mise en doute aussi longtemps que les strophes transposées ne se trouvaient pas l'analyse dans leur ordre naturel; car alors tout paraissait défectueux , inachevé, décousu, et le poëme ressemblait à une de fragments. Cette transposition collection des parties doit être ancienne puisqu'elle existe déjà dans les manusIl paraît qu'on a perdu de bonne heure le véritable sens du poëme, et que pour cette raison l'endes strophes ne s'imprimait chaînement pas bien dans la les strophes et les vers, les parmémoire. On confondait crits de l'Edda. ties se dérangeaient, et bientôt le poëme n'eut plus d'ensemble, et, par suite, plus de sens. C'est dans cet état que la Vôluspâ a été recueillie de la bouche du peuple, et insérée dans le recueil chose que de l'Edda nous avions de Soemund. à faire était donc La première de remettre les strophes et les vers dans leur ordre primitif; ce n'est aussi qu'après ce travail pénible que nous avons pu reconnaître le plan, et, par suite, l'intégrité et la beauté du poëme. S IL DE L'ÉPOQUE DE LA COMPOSITION DU POËME. La date d'aucun des poëmes de l'Edda ne nous est connue avec précision; ce n'est que par des indices plus ou moins certains et directs, que la critique peut déterminer la date approximativement. poëme lui-même, Ces indices se trouvent, soit en dehors de lui. Parmi soit dans le les indices de la première espèce, ou parmi les témoignages intrinsèques , les uns sont tirés du fond, les autres de la forme < INTRODUCTION. 177 à la Vôluspâ, le fond et la forme indiest un des plus anciens de l'Edda. Il quent que ce poëme conclure de ce que le est vrai qu'on ne doit pas toujours sont anciens, à une rédaction ancienne, fond et l'extérieur de l'ouvrage. Quant parce que le poëte peut choisir son sujet dans les temps reculés et le traiter dans le style de l'antiquité. Cependant des productions littéraires du temps passé cette imitation ne se fait que chez les nations dont la littérature a pris un Nous sommes donc en droit développement. que dans la poésie Scandinave, les poëmes pordans le fond et dans la forme le cachet de tent toujours très-grand d'admettre l'époque de leur composition. Examinons d'abord le fond du poëme. Le sujet de la Vôil ne s'y trouve aumythologique, luspâ étant purement cune allusion à l'histoire aucun indice et, par conséquent, Les expressions de chef des Dvergues, v. 55, chronologique. et de bande de Dvalinn, v. 74, semblent, il est vrai, indiquer que le poëte vivait dans le temps où le pouvoir moet où il narchique n'existait pas encore en Scandinavie, n'y avait que des chefs de tribus entourés de leurs bandes militaires. dans leurs expéditions D'un qui les suivaient autre côté, l'expression an bâcher, v. I3Q, peut déporter bien indiquer que le poëte vivait dans le temps appelé Imna-ôlld (l'âge de brûlement), où l'on brûlait les morts au lieu de les ensevelir, comme cela se faisait dans la période suivante appelée haugs-ôlld (l'âge des collines ou des tombeaux). La tradition rapporte que l'âge de brûlement cessaen Suède, après la mort de Freyr, et en Danemark, mais plus tard, la coutume après celle de Dan Mikillâti; de brûler les morts chez les Normands et les Suéreprit 12 178 VOLUSPA. ne sont Cependant comme ces indices historiques pas assez positifs, on n'en peut tirer aucune conclusion certaine sur la date de notre poëme. Il nous reste à examidois*. ner si les mythes ne renferment pas quelque indice chronologique. Tout ce qu'on peut dire à ce sujet, c'est que les de la Vôluspâ doivent être des traditions mythologiques d'entre elles n'éplus anciennes, puisque quelques-unes Cet taient plus connues du temps de Snorri Sturlason. le mythe sur le cor de Heimauteur ne sait pas expliquer ( voy. v. 85-95 ) ; il ne sait pas inn rîki, etc. Le poëme doit ce qu'étaient Heidr, fijlmegif, au temps donc avoir été composé bien antérieurement dall et sur l'oeil caché d'Odin De plus, il doit appartenir à une époque où le paganisme était à son apogée; car le langage concis et du poëme fait présumer souvent elliptique que le peuple de Snorri. et savait s'explila mythologie La ce que le poëte ne fait qu'indiquer. quer facilement dite était déjà parvenue à son proprement mythologie connaissait encore à fond développement, puisque notre poëte a entrepris de la représenter dans son ensemble systématique ; et la religion d'Odin devait avoir atteint son plus haut période, entier pour elle une transformation puisque le poëte prévoyait Ainsi tout ce qui appartient au fond du poëme inévitable. nous prouve que la Vôluspâ a été composée à une époque où le paganisme Scandinave mais où se manifestaient vigueur, encore en ancienne, était pleine mes de sa décadence. déjà les symptô- La forme de la Vôluspâ nous montre également que ce poëme est un des plus anciens de l'Edda. Cela se voit 1 Ynylinga Saga, I, Introduction. INTRODUCTION. 179 dans le langage et dans les formes gramde certaines maticales des mots, mais aussi dans l'emploi appeler des archaïsmes : tels expressions qu'on pourrait non-seulement rôkstôlar, undorn, ajl, sus, tivor, thipar exemple, nur, etc. Le h devant la liquide l a encore l'ancienne proforte d'une gutturale; nonciation ainsi, v. 1, laliôds est sont, avec helgar. De plus, les articles ou les ne sont pas encore devenus des démonstratifs pronoms : il n'y a que le mot godin, suffixes ajoutés aux substantifs en allitération assez remarquable. v. 117, qui présente un cas d'exception de la Vôluspâ est dans le plus anEnfin, la versification cien genre appelé le fornyrdalag dit 1. Ainsi proprement à Informe de notre poëme nous tout ce qui appartient prouve, à l'égal du fond, que la Vôluspâ est un des plus anciens monuments de la littérature Scandinave. Après avoir approximative les témoignages vu les témoignages intrinsèques sur la date de notre poëme, il nous reste à examiner Ces derniers sont de deux extrinsèques. des extraits qu'on a faits espèces ; ou ce sont des citations, de la Vôluspâ avec indication du titre de ce poëme, ou des imitations bien des réminiscences, dans d'autres poëmes dont l'époque qu'on rencontre de la composition est connue. Parmi lès poëmes de l'Edda de Saemund, il y en a qui renferment à la Vôluspâ. Ainsi, des vers empruntés dans Vegtamskvida, xvi, les vers suivants Sa man Hond um Adr â tâl 1' Odins son einnoettr thvsera um nae ftôfud fcerr Balidrs vega; kembir, andkota, oyez p.12 o. 12. VOLUSPA. 180 les mêmes que les vers 137-189 poëme. Dans Thrymskvîda, vi, le vers sont exactement Hvat Asom ër mëd hvat ër mëd de notre Alfom semblable est entièrement au vers 2 09 de la Vôluspâ. Nous que notre poëme est plus ancien devons donc admettre que Vegtamskvîda et Thrymskvîda. notre poëme ; Snorri Sturlason connaissait parfaitement il l'a cité plusieurs fois et en a donné des extraits étendus dans l'Edda de Snorri, en prose. De plus, on trouve dans les poésies des vers qui semblent être des réminiscences de la Vôluspâ, soit quant à l'idée, soit quant à l'expression. Ainsi, dans le grand poëme de Snorri intitulé Hâttalykill on trouve (clef des différentes espèces de versification), les deux vers Falli Steini fyr in oegi en stillis folà studd, lof. Que la terre fondée sur le roc s'abîme dans l'Océan, (Et qu'elle périsse) plus tôt que la gloire du protecteur! ' quant à l'idée, aux vers 83, 231 de la qui ressemblent, est plus évidente dans les vers Vôluspâ. La réminiscence suivants : That mun te lifa, lof, Eragninga nëma ëda Hli ôld heimar fariz 1. Cette gloire des guerriers vivra éternellement, à moins que Les nommes ne périssent, ou que les mondes ne s'écroulent. à Snorri, Antérieurement une traduction lins-spâ). islandaise Gunlaug fils la Vôluspâ a été imitée dans des prophéties de Merlin 2 (Mer- de Leif, moine à Thingeyra 1 Voyez Bragaheettir, p. 268. 2 Cf. Greith Spicilegium Vaticanum, • p. 86 sqq. en 181 INTRODUCTION. Islande, et mort en 1219, fit cette traduction par ordre du roi Hakon. On y lit, entre autres, les vers suivants : Vërdr â/olldo, kvad mikil, Siyriôld Fîg ok aêlar, stôrar Jïrîm ôgnir, herald aargôld, î ftverskonar Môrto lida. Fërst ër î heimi, Slîta thvî sifium, Il y aura sur la terre (a dit Un long âge de guerre, de Des meurtres, des perfidies, La froideur régnera dans le haïr, ënn^rôdi ueit-at Sun fbdur svâ synir vid fedra. cet Homme sage) grandes terreurs, un âge des bêtes féroces, un âge des armées; coeur de chacun. Le plus grand mal est dans le monde ; le père ne connaît plus son fils, Les parentés sont rompues, les fils s'élèvent contre leurs pères. Ok thâ Myrni ok feeidar stiôrnor, Ma marka thvî ntoldar hvergi; fara Af hinni Sumar </ômlo </ôngo sinni. soekiaz at, ënn sumar Bregda Kôsi ok ïïtom ôfgar, sumar annan Sumar vëg, finnaz fôgrom Alors nulle part sur la terre on ne pourra contempler Le ciel et les étoiles brillantes. Les unes se jettent à gauche, les autres à droite, En quittant leurs orbites éternelles. D'autres se heurtent entre elles, d'autres s'agglomèrent, (Toutes) perdent leur éclat et leur bel aspect. Geysar geimi, jengr hann upp î lopt; Slikt ër ôgurligt ita bôrnom; Slikt Man ër ôgurligf upp ënyornaybld at telia at^/ymom : vërda'. L'Océan bouillonne ; il s'élève vers le ciel. Cela est terrible pour les enfants des hommes, 1 Voyez Lejcicon mytlwlotjicum, p. 65g. " 182 VOLUSPA. Cela est terrible à prédire : Cette vieille terre sera une solitude affreuse. En lisant ces strophes, on y reconnaît facilement tations de plusieurs vers de la Vôluspâ. des imi- Un témoignage plus ancien encore sur l'existence de la Vôluspâ, se trouve dans un poëme composé par un Norvégien vers l'an 1065. Biôrt Brestr verdr Les vers suivants soi at sortna, erfidi Le soleil brillant allr 4ustra, se noircit, Le fardeau d'Austri se fend, renferment évidemment sôkkr folld brunnr î mar siârr med dôkkvan; fiôHum l. la terre s'abîme dans l'Océan livide, la mer mugit dans les montagnes. des réminiscences; le premier vers surtout rappelle le vers 231 de notre poëme. Le plus ancien témoignage citer, que nous puissions comme indiquant la date de la Vôapproximativement à la première moitié du xe siècle. C'est luspâ , remonte une réminiscence qu'on trouve dans un vers de Thiôdôlfr, natif de Hvinen Islande. Ce poëte vécut à la cour du roi de Norvège Haralld aux beaux cheveux, et chanta les hauts faits de la race de Ragnvald et des Ynglingiens. Dans une strophe de ce poëme, on lit le vers suivant : Veit-ëk Eysteins enda folginn -. Je prévois pour Eystein le trépas à lui réservé. Ce vers, en style de prophétie, est une réminiscence ou une imitation du vers i3ode la Vôluspâ. Cela prouve donc 1 Voyez Orkneyinga p. 90. 2 Ynglinga Saga, édit. de Jonas Jonseus,Copenhague, Saga, chap. xxxv. 1780, INTRODUCTION. 183 : il que notre poëme existait déjà du temps de Thiôdôlfr à ce poëte, parce doit même être de beaucoup antérieur du xe siècle, la poésie Scandinave, qu'au commencement cultivée à la cour des rois, devint de plus en plus artificielle et ampoulée, comme le prouve le poëme de Thiôla poésie est encore dôlfr. Dans la Vôluspâ, au contraire, naturelle et sobre de mots, et elle porte le caractère d'une antique simplicité. D'après cela, nous croyons pouvoir admettre que la Vôluspâ remonte au ixe siècle de notre ère : tous les témoignages intrinsèques et extrinsèques que nous avons examinés nous indiquent ce siècle à laquelle notre poëme a été ci-dessus, comme devant être l'époque composé. S III. DE L'AUTEUR DU POÈME. n'a été peuplée que dans la seconde croire que l'auteur de la moitié du ixe siècle, on pourrait Comme l'Islande Vôluspâ était Norvégien. tances semblent indiquer circonsquelques Cependant que ce poëme a été composé eu Islande. Ainsi les mythes sur Hveralundr (bois aux thermes )v. 1^2, et sur le géant Surtur, v. 2o5, sont sans doute originaires de l'Islande, parce qu'il n'y a pas de pays où les sources chaudes soient eh aussi grand nombre que dans cette île volcanique, en et qu'il existe encore aujourd'hui une grande caverne qui porte le nom de Surtar hellir. De plus, l'arrivée par mer des puissances destructrices du monde; la destruction du monde par le feu; la terre que le poëte se figure comme une île fondée Islande, sur des rochers au milieu de la mer, sont des circons- 184 VOLUSPA. tances qui s'expliquent par la position nature géologique de l'Islande. Enfin, géographique et la l'aigle qui donne la chasse aux poissons, v. 2 38, est sans doute le falco en Islande sur les rochers qui chrysetus qu'on rencontre bordent la mer. Il est donc probable que le poëte vivait en Islande; que dans sa jeunesse il avait quitté la Norvège, par suite des changements politiques du pouvoir moproduits dans ce pays par l'établissement narchique peut-être sa patrie, sous le règne de Haralld aux beaux cheveux. de nobles et d'hommes libres qui ne voulaient Beaucoup pas se soumettre au nouveau régime, quittèrent les uns, sous la conduite deGôngu-Rolf, Norvège; s'établir en France; pour aller s'établir été de ces derniers. quoi ce poëte, avenir meilleur, force, alors la vinrent les autres s'embarquèrent avec Ingolf en Islande. Notre poëte peut bien avoir Cette circonstance expliquerait pourse tournait vers un réfugié en Islande, et prédisait la fin certaine dont il avait eu lui-même du règne de la à se plaindre dans sa vie. au nom du poëte, nous ne saurions le deviner ; il se trouve parmi les noms qui figurent probablement dans les tables généalogiques du Landnâmabôk d'Islande. Quant En lisant la Vôluspâ, on peut se convaincre que l'auteur de ce poëme était un homme de génie, réunissait puisqu'il deux grandes qualités, celle d'un philosophe et celle d'un notre auteur était élevé bien poëte. Comme philosophe, au-dessus de son siècle; car l'idée qu'il exprimait dans la révélation Vôluspâ était une véritable pour ses contemporains. Comme poëte, il a su choisir la forme poétique la plus convenable à son sujet, et tracer à grands traits le tableau de la mythologie. 185 INTRODUCTION. de notre poëme, Si l'on veut apprécier tout le mérite en tout il faut dire que l'idée en est grande et l'exécution des parties est bien ordonnée, digne du sujet; la disposition le style presque l'effet imposants noble et poétique, toujours et majestueux. l'ensemble et VÔLUSPÂ. HlioSs Zielgar kindir, ok minni Meiri môgu Heimballar; Fal-fô<bur vê\ framtelia, Filda-ëk Forn-spiôll Ek aliar biS-ëk man bau /ira âr of-borna, mik fcoedda. hôfou lôtna J)â-ër for'Sum Nîu man-ëk heima, mseran fyrir MiôtviS Ar aida var sandr Var-a of-nam. ëk Jremst bâ -. raîu îvidi, mold nëdan. Fmir bygôi; ne saer ne svalar unnir; Tord fannz Gap var Aibr oeva ne apphimin; en gras hvergi. ginnûnga, BUTS synir Mooum of-ypta, J>eir-ër Mi<bgar<b mseran skôpo : Soi skein sunnan â Salar steina; J>â var grand groin groenom lauki. Soi varp sunnân sinni Mâna ffendi hinni /icegri um Mmin-iô-dyr. Soi pat ne vissi hvar hon sali âtti, VISIONS A l'attention toutes les saintes générations, grands et petits; t j'invite Les fils de Heimdall, Je voudrais du Père des Élus proclamer Les traditions Du grand Arbre des neuf mondes, du milieu, Il n'y avait ni rivage, On ne trouvait ni terre Il y avait le Gouffre Soi répand A la droite des neuf forêts, sur la terre ici-bas. des siècles quand Ymir s'établit ni mer, ni ondes fraîches; ni ciel élevé; béant, mais de l'herbe Alors les fihgdjénBoHMattàrënt la grande Eux, ils formèrent nulle verdit Enceinte d'une verdure de sud, ses faveurs part. les firmaments, du milieu de sud, les roches de la Demeure; La terre aussitôt 5 enseignée : Ce fut le commencement Soi éclaira, apprises. des Iotes nés au commencement; ils m'ont Je me souviens les mystères, des héros qu'autrefoisj'ai antiques Je me souviens Eux, jadis, DE VALA. touffue. sur Màni, de la porte du Coursier céleste. Soi ne le savait pas où elle avait ses demeures, :. ; 10 188 20 VOLUSPA. Stiôrnur Màni bat ne vissu hvar boer sfabi âttu, ' bat ne vissi hvat hann megins âtti. . iîegin ôll a rôkstôla, Goô um bat gtaettuz :. Ginheilôg iVott ok nioium nom um-gâfu; J)â gêngu 25 hêtu Morgun ZJndorn ok mioian ok aptan dag, dr um at telia. Hittoz JESÏT â /Savelli, J)eir-ër 7iôrg ok hoï M-timbro£>o; auS smîoooo, Afla lôgou, 3o Tangir skâpo ok toi Tefldu î tùni, feitir gôrSo.^ vâro, Far beim vettugis «ant or gulli. Unz brîr komo ôr bvî liSi, f*'-*»v v ok JEsir at sûsi; Oflgir dstgir 55 Fundo â fcindi fîtt megandi Ask ok Emblo ô'rlôg-lausa. Ond Là bau ne dtto, 08 bau ne hôfoo, ne Zseti, ne Zito gôôa : Ond 40 gaf OSinn, oS gaf Hoenir, Là gaf Loour ok Zitu gôoa. Unz briâr ylmâttkar komo miôk, Jîursa meyiar ôr lôtunheimom. VISIONS DE 189 VALA. Les Etoiles ne le savaient pas où elles avaient leurs places, Mâni ne le savait pas quel était son pouvoir. Alors les Grandeurs allèrent toutes aux sièges élevés, sur cela délibérèrent; / Les Dieux très-saints A la nuit, à la nouvelle Ils désignèrent l'aube lune bien Ils posèrent Forgèrent Ils jouaient haut des tenailles 25 le temps. dans la Plaine un sanctuaire des fourneaux, des noms; du jour, pour indiquer Les Ases se rencQntjîèrent Ils bâtirent ils donnèrent et le milieu et le soir, Le crépuscule 20 d'Idi, et une cour; façonnèrent et fabriquèrent des joyaux, des ustensiles. 30 aux tables dans l'enceinte Rien ne leur manquait et tout Alors trois Ases de cette bande, ; ils étaient joyeux, était en or. Pleins de puissance et de bonté, descendirent vers la mer; Ils trouvèrent dans la contrée des êtres chétifs, Ask et Embla, manquant 35 de destinée. Ils n'avaient point d'âme, ils n'avaient point d'intelligence, Ni sang, ni langage,,j.ni bon extérieur : Odin donna l'âme, Lodur donna Alors arrivèrent Très-puissantes Hoenir donna l'intelligence, le sang et le bon extérieur. trois Vierges Thurses du monde des Iotes. 40 VOLUSPA, 190 veit-ëk Ask JEZâr:ba<Smr ausinn 45 Fgg&asill, Tivîta auri; J^aSan koma cZôggvar boers î (Zala falla, Stendr oe yfir groenn E/rSar brunni. |>aoan komo meyiar margs vitandi or beim sae ër und bolii stendr Jjriâr UTS hêtu so heitir standa, eina, dSra â skiSi ; Skuid Sfeâru Fërftandi; ëna :- briSiu ]poer fôg lôgSu, boer Kf'kuru, Aida bôrnom ô'rlôg at segia. iîegin ôll â rôk-stôla, Goô um bat gaettoz : Ginheilôg Hverr skepia, skyldi Dverga drôttin J)â gêngu 55 Or Brimis ôr blàins bloSi, leggiom. maetstr um-orSinn J)â ër MôSsognir annar; Dverga allra, en Durinn manlîkun J)eir 60 Dverga môrg of-gôroo sem Durinn or iôroo, sagSi. iVyi ok JViSi, JVorSri ok SuSri, ok Fëstri, Austri Albiôfr, Dvalinn, iVar os ok iVâinn, iVipîngr, JBifurr ok JBafurr, ylnarr ok Onarr, Bumburr, Ai, Dâinn, Nori. MiôSvitnir, : VISIONS un frêne, Je connais Arbre DE on le nomme chevelu ..humecté De ce lac qui les lojs, Elles consultèrent Alors Eux, de terre formèrent A la figure humaine, Nyi et Nidi, Nordri Austri mais les Dvergues, et Vestri, Nâr et Nâinn, : 50 le sort, des hommes. aux sièges élevés, toutes des cuisses est devenu Modsognir ils troisième : 55 le chef des Dvergues, sang de Brimir, De tous ; Skuld étaitla sur cela délibérèrent très-saints « Qui formerait : aux enfants allèrent Alors les Grandeurs de science, elles interrogèrent la destinée Et proclamèrent d'Urd. Verdandi; sur les planchettes Elles gravèrent « Du de l'arbre l'autre l'une, 45 ; de la fontaine de beaucoup Vierges est au-dessous Urd se nommait Les Dieux dans les vallons au-dessus vert, les trois De là sortirent Yggdrasill, par un nuage brillant, D'où naît la rosée qui tombe Il s'élève, toujours 191 VALA. du géant « livide. le premier Durinn , le second; la foule des Dvergues Durinn comme le proposa : oo et Sudri, Dvalinn, Althiofr, Nipingr, Dâinn, Bifurr et Bafurr, Bumburr, Anarr et Onarr, Aï, Nori. Miodvitnir, ., fi5 192 VOLUSPA. Findâlfr, Feigr, Gandâlfr, Jjorinn, Fili ok Kili, Fundinn, Naii, Vili, iLepti, Svîorr. iîanarr, Fornbogi, Froegr ok Lôni, Litr, |>râr ok J>râinn, |>rôr, Vitr, — nû hef ëk rok Nyr iVyraor; Dverga rêtt um-talda. Begin ok râosviô, Frâr, ?° ër Duerga î Dvalins. Lions, kindom til Lofars Mal 75 sôttu f>eir-ër frâ siôt Aurvangà J)ar var ok Tngvi, Fialarr telia; . ok Dôlgbrasir, iïaugspori, S/cirvir ok Virvir, Alïr Ibruvalla. Draupnir jffâr, so iiSi steini Salar til * fflaevângr, SfcafiSr, Glôinn, Ai, Eikinskialdi. ok Frosti, Finnr ok Ginnarr, Môinn : flliôSôlfr, flugstari, J)at mun oe appi, mëôan ôld iifir, tal Lofars hafat. Lângniôia Heri, 85 Veit hon Undir jïeimballar fteiSvoenum A sêr hon Af veSi MiôS fteigom um-folgit ba<bmi : ôrgom forsi, en eSa. hvat? Falfô&urs.—vitoo-ër ausaz, Veigr, Gandalfr, VISIONS DE Vindalfr, Thorinn, Fili et Kili, Fundinn, Nali, Vili, Hanarr, Sviorr. Hepti, Frâr, Fornbogi, Thrâr Froegr, et Thrâinn, Les Dvergues Thrôr, Hâr, Haugspori, AlfretYngvi, loin du rocher jusque jusqu'à de la Demeure, ; 75 vers Ioruvellir. Skafidr, Gloînti, Aï, Eikinskialdi. Fialarr et Frosti, Lofar et Dolgthrasir, Hloevangr, et Virvir, au juste au genre humain, à Aurvangar, Là était Draupnir 70 Litr,. de la bande de Dvalinn, Des habitations 193 et intelligents. puissants Ceux-ci ont cherché, Skirvir Vitr, que j'ai énuméré Il est temps d'énumérer Les Dvergues A. Lôni, •— Voilà Nyr etNyradr. VAL Finnr, so ^ et Ginnarr, Moïnn : — Heri, Hugstari, Hliodôlfr, On exaltera toujours, tant qu'il y aura des hommes, Le grand nombre des descendants de Lofar. Elle sait que le cor de Heimdall est caché Sous l'arbre majestueux et sacré : Elle voit qu'on boit à traits précipités s5 Dans le gage du Père des Élus. — Le savez-vous? i3 [quoi ? — Mais - 194 VOLUSPA. sat hon Fin 90 Tggiongr Asa, «Hvers fregniS «Allt «I veit-ëk ënom «Drëkkr 95 «ti, bâ-ër moera Mïmis miôo henni Mîmir îoo morgun hverian — FitoS-ër en ëSa hvat? forînga ok men, ok spâ-ganda : vîtt of «ërôld hveria. nîtt of komnar, Falkyrior Gôrvar at rîoa til Goo-biôoar; Sfeuld hêlt s/rildi, en Sfeôgul ônnur, Nù Hildr, ëro taldar Gôrvar at rîoa Gôndul nonnor jrund ok Geirskôgul; Herians, Valkyrior. î heimi, J)at man hon Jôlkvîg /yrst Er Gullveig geirum studdo, Ok î nôll Hàrs Tiana brendo; |>risvar brendo brisvar Opt, dsialdan, bô hon uo brunni; Sa hon Gunnr, jo5 ko-m Herfôour Fê-spiôll spaklig Sa hon vîtt ok um ' aldni ok î augo leit : mik? hvî /reistiS min? hvar bâ auga fait — Ooinn, «Af veSi FalfôSurs.» Valdi inn HeiSi Fôlu hana hëtu hvars uêl-spâ nitti hon borna, en lifir. til Msa ganda : kom; DE VISIONS Elle était assise dehors, VALA. solitaire, 195 lorsqu'il le vieux, vint, . Le plus circonspect des Ases, et lui regarda dans les yeux :— « Pourquoi me sonder? pourquoi me mettre à l'épreuve?— « Je sais tout, — je sais où tu as caché ton oeil, Odin, « Dans cette grande fontaine « Chaque matin 90 de Mimir ; boit le doux breuvage Mimir [quoi? « Dans le gage du Père des Élus. »—Le savez-vous?—'Mais choisit Le Père des Combattants pour 95 elle des bagues et des joyaux, Le riche don de la sagesse, et les charmes bien loin, Alors elle vit loin, Elle vit les Valkyries accourir Empressées à se rendre Skuld tenait Voilà énumérées Les Valkyries dans tous les mondes. de loin, Hildur, Gondul, les servantes cette première 100 la suivait, Skogul pressées de voler Elle se rappelle Geirskôgul : du Combattant, dans la campagne. guerre dans le monde, Lorsqu'ils avaient placé Gullveig sur des piques, Et l'avaient brûlée dans la demeure du Très-Haut ; Trois fois ils l'avaient Brûlée souvent, :— auprès de la race des Dieux; le bouclier, Ainsi que Gunnr, de la vision brûlée ; elle renaquit trois fois ; elle vit pourtant encore. fréquemment, On l'appelait Heidur dans les maisons où elle entrait; Elle méprisait le charme des visions de Vala : i3. 105 VOLUSPA. 196 seifri SeiS hon„kunni, M hon var hon dngan l'Urar leikin; biôSar. Jîegin ôll â rôk-stôla, Go<S um bat gsettuz : Ginheilôg Hvart skyldo JÉsir afraS gialda, J)â gêngù us E&r 120 skyldo Urotinn var Knâttu Fahir go'Sin ôll èorû-veggr gfildi eiga. èorgar Asa; vôllo sporna : mg-spâ OSinn ok î folk um-skaut; en fbikvîg Jyrst î heimi. FleygÇi J)at var iîegin ôll â rôk-stôîa, Go'S um bat jfsettuz : Ginheilôg hefSi Zopt allt Zoevi blandit, Hverir ]?â gêngu 125 oett l'ôtuns E&r OSs mey gefha. môSi; J)ôrr einn bar var brûnginn Hann sialdan sitr ër hann slîkt of-fregn A-gênguz eiSar, OTS ok soeri, Mal ôll meginlig ër â mëoal fôru. 130 Ek sa J3aldri MôSgum tîvor StôS ô'rlôg fôlgin : um-vaxinn flôllu hoerri Miôr ok miôk O&ns barni fagur mistil-teinn. VISIONS Elle savait la magie, 197 VALA. elle abusait de là magie; les délices de la race méchante. Elle était toujours Alors les Grandeurs Les Dieux DE allèrent très-saints toutes aux sièges élevés ; sur ceci délibérèrent U5 : «Les Ases devront-ils expier leur imprudence, « Ou bien tous les dieux auront-ils de l'autorité Le mur extérieur de la forteresse ?» des Ases fut renversé; Les Vanes ont su, par ruse de guerre, fouler les remparts' et tira sur l'ennemi. ... Mais Odin lança son trait, Telle fut Alors les Grandeurs la première guerre allèrent toutes Les Dieux très-saints sur ceci « Qui remplr-de désastre avait « Et livré Thôr la fiancée Rarement il reste Les serments Tous les traités Je prévis Pour pour enflé Baldur, ce fils d'Odin, H s'élevait Un gui dans une tendre les plaines il apprend 125 chose pareille les promesses avait passés de part pour cette victime vallée à lui charmante gentil. :— et les assurances, qu'on la destinée et bien de l'espace, de colère; violés, valides : délibérèrent assis quand furent élevés ; sièges à la race des Iotes ? » d'Odur se leva seul, aux 120 — le monde. dans : ensanglantée, réservée v^ et d'autre. : 130 198 155 VOLUSPA. Varo af beim flarm-flôg iMdurs meiSi Hô'Sr /isettlig èrôSir ër miôr nam syndiz skiôta. of-èorinn var snëmma, OSms son ein-noettr vëga : Sa nam J>ô 7iann oeva Tiendr ne JiôtaS kembdi Aôr â èâl um-èar Baldurs andskota : wo En Frigg um-grêt î Fensôlum Fâ Falhallar. — FitoS-ër en ë<Sr hvat? sa /ion liggia undir flvëralundi Loegiarn Zîki, Loka âbekkian; |)â knâ Fala wgbônd snûa, fîapt 145 iso JEZeldr tim 7iôpt or pôrmum. J)ar sitr Sigyn beigi um sînom Vëv vel glyoS. — FitoS-ër en ëor hvat? ZiarSgiôr StôS fyrir norSan â MSafiôllum Salr ôr gulli Sindra settar ; En annar stôo â Okolni Biôr-salr en sa Brimir iôtuns, Sal sa hon standa solo fiarri, JVâstrôndom â, UOTST horfa heitir. dyr : Falla 155 tnn of liôra, eitr-dropar Sa ër andinn salr, orma hryggiom. A fellr Saurom austan um eitr-dala ok svôrSom, SlîSur heitir su; VISIONS DE De cette tige qui paraissait Le fatal trait d'amertume Le frère de Baldur venait VALA. 199 si tendre, provint que Hoder se prit à lancer. seulement «a de naître, Agé d'une nuit, il se prit à combattre contre le fils d'Odin. Il ne lavait plus ses mains, ni ne peignait sa chevelure, de Baldur; Avant qu'il portât au bûcher le meurtrier Mais Frigg pleura Les malheurs dans Fensalir de Valhall. 140 — Le savez-vous ?— Mais quoi ? Elle vit couchée près de Hveralund Une créature méchante, l'ingrat Loti; Il a beau remuer les liens funestes de Vali ; Elles sont trop roides ces cordes de boyaux. Là est assise Sigyne, qui du sort de son mari N'est pas fort réjouie. — Le savez-vous?— Mais quoi? Vers le nord, à Nidafiôll, s'élevait La salle d'or de la race de Sindri ; iso Mais une autre s'élevait à Okolnir, La salle à boire deTlote us qui est nommé Brimir. Elle vit une salle située loin du soleil, A Nastrendr, les portes en sont tournées au nord : Des gouttes de venin y tombent par les fenêtres, La salle est un tissu de dos de serpents. Un fleuve se jette à l'orient dans les vallées venimeuses, Un fleuve de limon et de bourbe ; il est nommé Slidur : 155 200 VOLUSPA. Sa hon Menn 160 mein-svara Ok bann annars sat hin aldna î IkrnviSi, Ok foeddi bar Fenris VërSr af beim ôllom Tûngls î firôlls tiûgari kindir : einna nokkurr hami. /eigra manna, iîySr flagna siôt rauSom dreyra ; 5vôrt vëroa sôl-skîn of sumar eptir, FëSur ôll val-ynd. — FitoS-ër en ë&a hvat? Fylliz 170 braunga strauma ok morS-varga, glepr eyra-rûno : nâi fram-gêngna, f>ar saug iViShôggr Sleit Fargr «ëra. — FitoS-ër en ëSa hvat? Austr 165 bar vaba fiorvi 5at ]?ar â haugi ok slô hôrpu Gygiar hiroir gla!8r Egoir : Gôl um honum î Gaglvioi hani Fagur-rauor 175 Gôl um Asom sa ër Fialarr Gullinkambi, Sa vekx Tiôlda at Heriafôours Enn annarr Sôt-rau&r heitir. : gôl fyrir iôrd nëoan hani at sôlum Heliar. VISIONS DE 201 VALA. Vala y vit se traîner dans les eaux fangeuses, Les hommes parjures, les exilés pour meurtre, Et celui qui séduit la compagne d'autrui : 160 suçait les corps des trépassés, [quoi ? Le Loup déchirait les hommes. — Le savez-vous ?--. Mais Là, Nidhoggr A l'orient elle était assise, cette vieille, dans Iarmfjr" la postérité de Fenrir : Et y nourrissait Il sera le plus redoutable de tous, celui Qui, sous la forme d'un monstre, engloutira . #* 165 la lune. Il se gorge de la vie des hommes lâches, Il rougit de gouttes rouges la demeure des Grandeurs Les rayons du soleil s'éclipsent dans l'été suivant, ; Tous les vents seront des ouragans. — Le savez-vous ? — Mais quoi ? Assis tout près sur une hauteur, il faisait vibrer Le gardien de Gygur, le joyeux Egdir : Non loin de lui, dans Gagalvid, chantait Le beau coq pourpré qui est nommé 170 sa harpe Fialar. Auprès des Ases chantait Gullinkambi, Il réveille les héros chez le Père des Combattants Mais un autre coq chantait au-dessous de la terre, Un coq d'un rouge noir, dans la demeure de Hel. 175 ; 202. 180 VOLUSPA* Geyr Festr Garnir Fiôld veit miôk mun fyrir Gnypahelii; en Freki rënna : slitna, hin jfrôSa, -H-n ^agna r°k /ram-sê-ëk °k roni lengra Sigtivà. muno ^eriaz ok at èônum yërba -ieSÈlïb-"r ;*^l i-jjio. systrùngar sifium spilla; 185 .i-art-Jër î Zieimi, Tiôroômr mikill : 5/ceggi-ôld, sfcâlm-ôld, s/rilder 'ro uarg-ôld, aSr wër-ôld engi maor ôSrum byrma. Find-ôld, Mân Leika klofnir. steypiz; synir, en miôt-viSr kyndiz : At ëno gialla Giallarhorni Jïâtt bises Heimballr, Tiorn ër â lopti; Ikfselir Ooinn, viS Mïmis hôfut. 190 Munis Skëlfr askr standandi, Ygg&asils Kçor iS aldna trê, en lôtunn losnar : 195 flraeoaz ASr ;; ^7"V 200 flrymr Zialir â Zielvëgom, '!< .Surtar bann sëfi of-gleypir. ekr austan, Snyz iormungandr Ormr knyr annir, Slîtr »iâi JVeffôlr /lefiz lind fyrir; î iôtun-môbi; en Ari : — iVaglfar hlakkar, losnar. DE VISIONS affreusement Garmur hurle Les chaînes vont se briser; Elle prévoit Freki des Grandeurs, Le crépuscule — devant Gnypahall. s'échappera la prophétesse beaucoup, 203 VALA. :— iso : Je vois de loin la lutte des Dieux Combat- tants. se combattre Les frères vont vont rompre Les parents La cruauté fratri- leurs alliances ; règne dans le monde, L'âge des haches, eux, et devenir entre [ cides ; et une grande luxure l'âge des lances, où les boucliers : iss sont fendus, L'âge des aquilons, l'âge des bêtes féroces se succèdent avant que le monde s'écroule ; Pasun ne songe à épargner son prochain. Les fils de Mimir Aux sons éclatants Heimdall, du Cor bruyant le cor en l'air, Odin consulte l'arbre tressaillent, du milieu s'embrase : sonne fortement 190 l'alarme ; - la tête de Mimir. Alors tremble le frêne élevé d'Yggdrasil, Ce vieil arbre frissonne : — Ilote brise ses chaînes : Les ombres frémissent sur les routes de l'enfer, Jusqu'à ce que l'ardeur de Surtur Hrymr s'avance de l'orient, ait consumé un bouclier ios l'arbre. le couvre; Iormungand se roule dans sa rage de géant ; Le serpent soulève les ffots, l'Aigle bat de ses ailes, Le Bec-jaune déchire les cadavres : — Naglfar est lancé. 200 204 VOLUSPA. Ziôll Of fer austan, Zôg lyoix, iSurtr Skîn fer Muspellz en £ogi styrir : mëo Freka allir, Fara jfîfi-megir J)eim ër bro'Sir 205 fcoma munu .Bîleists sunnan af svërôi î fôr. mëo sviga Isevi; soi Valtîva : Griôt-biôrg gnata, en gifur rata, TroSa Tialir Zielvëg, en Mmin klofnar. Hvat 210 Gnyr ër mëo allr .Asum /ôtunheimr; ? hvat JEsïr ër mëS 'ro Siynia â bingi; . fyrir stein-dyrom Dvergar — FïtoS-ër vîsir. en ëSr Fêg-bêrgs 215 illfum? hvatP Ziarmr annar fram J>a këmr iîlînar Er 0<binn ferr viS 01f vëga, En 6ani Belia èiartr at Surti — J)â mun Friggiar /alla ângan-tyr J)â këmr inn mikli môgr Sigfô&urs, FïSarr vëga at nal-dyri : mund um-standa Lsetr megi Hvëorûngs 220 Hîôr til Jiiarta; J)â ër Tiefnt tfôour. DE VISIONS Le navire vogue de l'orient, l'armée de Muspill sur mer, Logi tient le gouvernail Approche Les fils de Ilote naviguent tous avec Freki, : est à bord avec eux. Le frère de Bileist Surtur s'élance du midi Le soleil resplendit Les montagnes 205 VALA. 205 avec les épées désastreuses; sur les glaives des Dieux-héros : de roche s'ébranlent, Les ombres foulent le chemin les géantes tremblent, de l'enfer. — Le ciel s'en- tr'ouvre. Que font lès Ases? que font les Alfes? Tout Iotunheim ,_ - • =*: les Ases sont en assemblée; mugit; 210 A la porte des cavernes gémissent les Dvergues, Les sages des montagnes sacrées. — Le savez-vous?—Mais quoi ? Alors l'affliction de Hlîne se renouvelle Quand Odin part pour combattre Tandis que le glorieux meurtrier Bientôt le héros chéri de Frigg Mais il vient le vaillant le Loup ; de Beli va s'opposer à 215 — succombera.. [Surtur: fils du Père des Combats, Vidarr, pour lutter contre le monstre terrible : H laisse dans la gueule du rejeton de Hvédrung, L'acier plongé jusqu'au coeur. — Ainsi Icpère est vengé. 220 206 VOLUSPA. J)â këmr inn Gengr Oôins hann Drëpr Muno 225 mseri môgr HlôSyniar, sonr vio Orm vëga; af môôi veor; Mîogar& 7ieim-stoS rycba : Zialir allir burr, Gengr /et nîo Fiôrgyniar iVëppr frâ NaSri niSs ôkvî£nom J)â këmr inn dimmi Dreki fliûgandi, NaSr fram neS&n MSafiômim; Ber 250 sër î yiôSrom, jftygr — nû mun nâi IViohôggr 5ôl tekr I/vërfa 2<io yfir hon sôkvaz. af /limni sîgr fold î mar; heibax stiôrnur; eimi vio aldur-nara; Mti viS Mmin sortna, Geysar Leikr Mr 235 vôll ^ siâlfan. — ôoru sinni app-koma lôrS or cegi ioia groena : Falla /orsar, /lygr ôrn yfir Sêr hon Sâ-ër à yïalli Hittaz JEsir /ska veicSir. â 'iSavelli, Ok um Ok minnaz Ok â Fimbultys mold-binur bar mâttkar doema, â megin-dôma, fornar rûnar. DE VISIONS Voici que vient l'illustre Il va, le descendant Le défenseur 207 fils de Hlôdunë, < combattre le Serpent; d'Odin, de Midgard VALA. dans sa colère. — lé frappe la colonne Les héros vont tous ensanglanter du monde.— 225 Il recule de neuf pas, le fils de Fiorgune, de rage Mordu par la Couleuvre intrépide le noir Dragon-volant, Voici venir s'élevant La couleuvre, au-dessus de Nidafioll : étend ses ailes, il vole au-dessus de la plaine, elle va s'abîmer. Au-dessus des cadavres. — Maintenant Nidhogr Le soleil à se noircir; commence le continent 230 s'affaisse • dans l'Océan ; Elles disparaissent du ciel, les étoiles brillantes La fumée tourbillonne La flamme Elle voit autour gigantesque surgir Dans l'Océan, joue du feu destructeur contre de nouveau, 255 une terre d'une verdure Les Ases se retrouvent du monde, Ils se rappellent Et les mystères du monde; le ciel même. touffue. Des cascades y tombent ; l'aigle plane au-dessus • Et du haut de 1'écueil, il épie les poissons. Sous l'arbre ; dans la Plaine ils siègent les jugements antiques d'elle, d'Idi, en juges puissants des Dieux, de Fimbultyr. : 240 VOLUSPA. 208 245 ]pâ muno JEsiv andursamligar î grasi finna, tôflur Gullnar J)oers î dr-daga «ettar hôfou goS'a ok Fiôlnis Fôlkvaldr 250 Bols mun Bûa beir Vë akrar ôsânir Muno allz kind. vaxa; fcatna, Baldur Ho8r flropts Faltîva. — FitoS-ër mun koma : sig-toptir, ënn ëSa hvat ? J)â knâ Hoeniv Mut viS kiôsa, Ok burir èyggia èrceora tveggia en ëoa hvat? Fîndheim vi8a.n. — Fito£-ër 5al 255 260 Gulli sêr hon baktan solo standa â Gimli fegra, hâm : |>ar skulo dyggvar Ok um aldur-daga drôttir Tpâ këmr inn fîîki Ofiugr ofan, sâ-ër at iîegin-dômi ôllu rseor :' Semr ok sakar leggr, setr bau-ër vëra skulo. hann Fê-skôp jndis byggia, niôta. dôma VISIONS Alors les Ases retrouvèrent Les merveilleuses Qu'avaient, DE VALA. sur l'herbe tables d'or, au commencement Le chef des dieux Les'champs Tout mal disparaîtra Les demeures des jours, et la postérité les générations, : Baldur 245 de Fiôlnir. sans être ensemencés produiront Pour habiter 209 : reviendra avec Hodur les enclos de Hroptr, sacrées des Dieux-héros.—Le savëz-vous?— 250 Mais quoi? Alors Hoenir pourra choisir sa part, Et les fils des deux frères habiteront Le vaste Séjour du vent. — Le savez-vous?— Mais quoi ? Elle voit une salle plus brillante que le soleil, Gimlir S'élever, couverte d'or, dans le magnifique : 255 C'est là qu'habiteront les peuples fidèles, Et qu'ils jouiront d'une félicité éternelle. Alors, il vient Lè souverain d'en haut présider puissant H tempère les arrêts, des Gran- auxjugements qui gouverne l'univers : [deurs, il calme les dissensions, Et donne les lois sacrées inviolables 260 à jamais. 1/1 210 VOLUSPA. NOTES ET CRITIQUES VERS Î.— Hliôds bidia, assemblées PHILOLOGIQUES. expression parlementaire dire : demander la parole. usitée dans les Obtenir la parole (thing), pour s'exprimait par hliôds fanga. Voy. Hakonar saga, ch. xvn. VERS 3I—Vilda-ëh. de l'indicatif L'imparfait je voulais est mis du subpour l'optatif je voudrais, de même qu'en latin l'imparfait Par la même raison, la forme de s'emploie aussi pour l'optatif. du subjonctif s'est confondue quelquefois, en islandais, avec l'imparfait de l'indicatif. celle de l'imparfait Cf. Rask, Vejledning til det islandske jonctif Valfbdar ; voir a la même signification que le pire des -étendus morts, des vàpndaudr; valfadir signifie proprement dérive de la racine bommes tués les armes à la main. — Vêl (viel), sprog. Kjôb. 1811, p. 143.— vêla ou fêla, (couvrir), cacher, et signifie tère. — Framtelia [énoncer, proclamer) umtelia [parlerde). sans doute est une [qui est caché), mysmeilleure leçon que accipere, en allemand verIl s'agit ici de tradinehmen, est préférable (se rappeler). tions que Vala a apprises; de plus l'adverbe fremst ne s'accorde pas avec l'idée de um-man. Pour concilier le mot fremst avec le verbe umVERS 4.— Of-nêma (apprendre), à um-muna, en latin l'envisager comme un adjectif pluriel neutre, signifiant les premières ou les plus anciennes. Mais Vala ne rapporte pas seulement elle rapporte aussi celles concernant les traditions les plus anciennes, tnan, il faudrait sa naissance. qui ont précédé immédiatement devenu adverbe. VERS 5. —Ar est ou un locatif ou un substantif VERS 6. — Froedda indique que Vala a été instruite par les Iotes; seulement l'autre leçon fcedda, indiquerait qu'elle a été élevée parmi les événements eux. VERS 8. — Fyrir mold nëdan peut signifier : sur la terre ici bas, ou se sous la terre ici bas,'selon que la personne qui parle, est censée sur la terre ou dans le ciel. Voy. vers 177; Grôttassaungr, trouver strophe 11; cf. Vafthrudnismâl, v. 174. NOTES CRITIQUES. 211 , VERS g. — Il y a beaucoup de ressemblance entre les vers suivants tirés de l'Oraison wessobrunnienne, cette strophe et en vieux haut allemand. .... Dat ero ni was noli ûfhimil Noh paum noh përeg ni was Ni stërro nohheinîg noh sunna ni skein x Noh màno ni liuhta noh dër marëo-sêo, etc. VERS 12. — hinnunga gap ne signihe pas, comme on le dit ordile gouffre des tromperies, mais le gouffre des mâchoires nairement, ou le gouffre béant. On se figure le chaos (&e£os, hiatus) comme une mâchoires. Le skalde Thiôdôlfr vaste gueule ouverte, avec d'immenses Hvinverski demeures appelle ginnunga sacrées des dieux laung. VERS Î 6. — Laukr ve (sanctuaires dans l'immensité entre les les mâchoires), de l'espace. Voy. Haust- toute herbe pleine de sève. C'est pourquoi Laukr est quelquefois l'image ou le symbole de la force et de l'excellence, comme par exemple dans Gudrânar Kvida, I, 17. VERS 17. — Sinni est à l'instrumental parce que les verbes qui signifient lancer, jeter, etc. régissent ce cas. VERS 21. — Hvat.. signifie . megins, en latin qaid potentias, pour quantum potentias ou quam magnam potentiam. VERS 23. — Le mot gin placé devant heilog signifie proprement fente. Ce substantif extension, distension, ajoute aux mots devant d'intensité. En anglo-saxon lesquels il est placé, l'idée de grandeur, dans gin-rice (le vaste emjin se trouve employé de la même manière, etc. En vieux haut allemand les pire), l'Ethiopie; gin-fest, très-ample, mots qui correspondent à gin sont megan (force) et regin (grandeur) : exemple : megan-wëtar, regin-diob; cf. island. regin-griotr (Grôttasaungr, str. 19). VERS 26. — Um se rapporte à telia ; um-tclia, en allemand aufzàhlen cf. Slikt ër ôgurligt upp at telia, pag. 181. La leçon ârum at (énumérer); telia ne saurait être approuvée, d'abord parce que telia ne régit pas serait inexplicable; car parce que le pluriel la succession des jours et des nuits est envisagée ici comme produisant et non pas les l'année, c'est à dire un espace de temps déterminé, l'instrumental, années qui et ensuite seraient un espace de temps indéterminé. 1 /t. 212 VOLUSPA. ^ — Hâtimbrodu ^«VERS 28. Vby. Grimnismâl, VERS 3O.—Ce se rapporte xvi. strophe vers est suivi, plus dans quelques à hôrq. particulièrement manuscrits, d'un autre ails freistudu ils (ils essayaient leurs forces, que voici : ,Ajls kostodu, mettaient tout à l'épreuve); mais ce dernier vers ne nous semble pas auProbablement pour expliquer afla lôgdu, quelque copiste a thentique. mis en marge: afls kostudu, confondant le mot afl qui signifie/ourneau, Plus tard on aura ajouté ails avec son homonyme afl qui signifie/oree. à afls kostudu, ou pour compléter le vers. freistudu ou comme équivalant VERS 31. — Tefla veut dire jouer aux tables ; c'est un jeu semblable où il portait égaleà celui des échecs. Ce jeu était connu en Angleterre ment le nom de tàfel; les jetons ou pions s'appelaient tàfelstân. En été introduit France ce jeu a probablement On lit par les Normands. de la Rose : dans le roman Jouer Aus eschiez, aus dèz, aus tables Ou à autre jeu délitahle. On trouve dans le même ' roman le mot tableteresse : Assez y ot tableteresses Ilec entor et tymheresses Qui molt savoient bien joer. Mais ce mot tableteresse ne me paraît avoir aucun rapport avec le mol table : il est probablement d'origine provençale et dérive du mot arabe ]jja, qui désigne une espèce de tambourin. D'après cela tableteresse en arabe iJLÂJa; serait une femme qui bat le tambourin, ce que les grammairiens VERS 32. — Ce vers renferme appellent de deux propositions en une crase (xpdcris), c'est à dire la réunion une seule. Les deux propositions que le poëte a réunies en une seule Var theim vettugis vaut, et ok allt var or gulli : «Rien ne phrase sont : et tout était en or. » « leur manquait, et les éditions VERS 33. — Dans les manuscrits de l'Edda, ce vers ont été transposés, et à leur place on a mis le vers 4i Cette méprise provenait de ce que les vers 33 et 4i et les suivants. à peu près de la même manière; mais cette transposition commencent et les suivants rendait impossible l'explication de toute cette partie du poème. NOTES 213 CRITIQUES. VERS 34. — At sûsi; sus, expression poétique pour désigner la mer. ce mot, on l'a changé en hûs (maison); Comme on n'a pas su expliquer du texte les mots de retrancher d'autres ont trouvé plus commode * !, at sûsi. VERS 36. — Embla du mot était Elma; signifie sans doute laune. La forme primitive d'où on a fait Emla" enfin entre m et ! s'est inséré "un b euphonique. Voy. page 81. se rapporte, VERS 37.— Thau/ Quand le pronom il est mis au pluriel du neutre. de sexe différent, VERS 38. — Là à des personnes sang, mais aussi les est préférable; en effet, on peut cheveux. La première signification .,, dire que les arbres n'ont pas de sang, mais on ne dirait point qu'ils . n'ont pas de cheveux. Voy. vers 44. construction de l'accusatif avec VERS 43. — Ask veit ek standa, signifie non-seulement le l'infinitif. VERS 44. — Hârbadmr. strophe vu. VERS 47.— sairement lire Toutes Voyez Soemundar Edda, les éditions portent Hrafna fcoma; mais gàldr il Odins, faut néces- komo. faut-il dériver lôgdu non pas de VERS 5I. — Lôg lôgdu; peut-être legia, mais de luggva (voir, examiner). Cf. gluggr, et en allemand, lugen. VERS 52. — Orlôg at segia. Notre poète emploie at avec l'infinitif le but pour lequel une chose se fait. Cf. âr um quand il veut exprimer at telia, v. 26. VERS 5g.— Manlikun môrg; cette leçon qu'on trouve dansl'Edda de Snorri, nous paraît être la meilleure. Manlikun est à l'accusatif pluriel. Ce mot signifie : ayant Yimage d'un homme, comme en allemand Mannsbild, en grec av&pomos (àvSp-àmj), en sansc. -I ((1^ '•. VERS 61 —Dans les noms des Dvergues, et dans la manière de les diffèrent Il serait «trop long de dire écrire, les manuscrits beaucoup. quelles raisons m'ont chaque fois déterminé à choisir les leçons que j'ai suivies. VERS 72. — Regin ok radsvid semblent être, à la première inspecse mais si c'étaient des noms, pourquoi tion, des noms de Dvergues; trouveraient-ils intercalés au milieu de la phrase? D'ailleurs un qualificatif nous semble nécessaire après les mots : nu hef-èk dverga. Le \£zx&& 214 VOLUSPA. . énuméré tous les Dvergues, en reprend rénupoëten'apas puisqu'il dans la strophe suivante; mais il a seulement mération dit les noms d'une certaine classe de Dvergues, et cette classe, il la désigne par de regin ok radsvid. l'épithète VERS 74-—-TU Lofars telia, remonter dans l'énumération jusqu'à Lqfar: Le slcalde Eyvindr dit de même : mëdan Tianns oett i /tverlegi galga gravas til goda telium. VERS 83. — Après les noms des Dvergues, vient dans l'édition de M. Afzelius la strophe .qui commence, par les mots Ein sal hon uti. strophe est à sa véritable place ; seulement il faut la faire pré-, céder de la strophe Veit hon Heimdallar, etc. qui, dans l'édition de est la trente et unième. Cette dernière Stockholm, transposition s'est faite par une erreur de mémoire, parce que la strophe trente- Cette deuxième commence beaupar : Auslr sut, etc. mots qui ressemblent coup à : Ein sal hon uti. VERS 85.—Au lieu de hliôd, on lit dans l'édition de Stockh. horn;ce qui n'est évidemment qu'une explication VERS 86.— Au lieu de heidvônam, de l'expression poétique hliôd. je propose de lire heidvoemim beau et majestueux. (beau avec majesté, avec sérénité), VERS 88.— Vilod-ër en ëda hvat est une meilleure leçon ënn ëda hvat; latin aut, ër est l'ancienne autem; VERS g8.— que vitod ëda répond au forme pour thêr (vous); ënn ëda hvat (quid autem), mais quoi? Vërôlld a ici la même VERS io3.—Nûëru taldar; signification que heimr. cette formule se trouve ordinairement à la fin des généalogies. Voyez Snorra Edda, p. 365; Skaldskaparmâl, p. 210. VERS IO4-—-Rida on trouve aussi la locution rida lopl ok grund; lôg. Voy. Edda Soemundar, fra Helga ok Svavu, 10. VERS 10 5.— La strophe où il est parlé de l'arrivée des Valkyries doit être suivie immédiatement de celle où la première guerre est racontée. C'est dans cet ordre que se suivent les vers dans l'édition de Stockh.; seulement la strophe 2 5 doit être placée après la strophe 26, comme cela a été fait dans l'édition de Copenhague. Par suite d'une erreur, le récit de la mort immédiatement de Baldur après que la mort de Baldur est placé, dans l'arrivée des Valkyries, était clans quelque cette dernière édition, parce qu'on se figurait avec cette arrivée. rapport NOTES 215 CRITIQUES.. ne se présentent Les Valkyries que quand il y a combat ou guerre. fatal ; aussi Baldur ne périt pas dans un combat, mais par ,un accident descend-il après sa mort dans l'empire de Hel, comme tous .ceux qui meurent sans avoir les armes VERS 106. — Geirom stydia à la main. (étayer avec des lances), sur les placer pointes des lances. VERS 111.— Pêl-spâ est au génitif, qui est régi par ganda. elle exerça la magie en se jouant, VERS 112. — Seidi leikin, c'estfrivole. On dit aussi en islandais leikd sër at. à-dire d'une manière VERS 113. — Àngan signifie servante, suivante; mais ce mot signifie aussi délices, comme le mot gaman. in doit nous surprendre: VERS 117. — Godin; l'article enclitique d'abord cet article ne se trouve ainsi ajouté aux substantifs que. dans la langue plus moderne; ensuite c'est le seul exemple dé cette espèce dans notre poëme; et enfin l'article ne semble pas bien convenir au mot god. Voy. z5. Odins, cependant Hrafnagaldr strophe les Vanes seuls, et dans ce cas la locution désigne peut-être la haine exprimerait ou le mépris des Ases pour leurs Godin ces dieux ennemis et leurs rivaux. VERS 11g.— de guerre, dans le but et signifie sagesse ou ruse Vîgspâ est à l'instrumental ou bien auspices de guerre, c'est-à-dire, divination exercée de connaître les moyens de remporter VERS 120. — Fleygdi; d'avance la victoire. il faut l'issue du combat ' sous-entendre et de se ménager (la spioti javelot). VERS 12g. — Au lieu defôru, on lit dans un manuscrit est la véritable fini expression pour désigner la relation entre deux choses ou deux personnes. En latin on dirait Nous disons aussi : cela se passe' entre nous; un contrat. VERS I32.— Vôllu est le datif vallar : hoerri est pour VERS i35.-—Hôdur lance, le locatif mais vâru; qui existe intercedere. et dans un sens actif, ou plutôt le de vôll, passer, génit. hârri. nam skiôta est intimement il faut réunir harm-jlôg hoetllig ; c'est pourquoi relatif que. phrase par le pronom VERS Î 4Î . — Dans l'édition de Stockholm, lié par le sens avec les deux membres de la on lit vordr Valhallar au 216. VOLUSPA. lieu dé va Valhallar. lui-même, Le protecteur le modèle d£S héros. de Valhall, VERS . Î 44. — Ce vers et le suivant c'est sans doute Baldur ne se trouvent pas dans l'édition Le langage dans ces de Copenhague, bien qu'ils soient authentiques. vers est celui de notre poète, ainsi sâknâ se trouve v. 25i;vîg composé avec un autre substantif, se retrouve dans vig-spâ, v. 11 §,folhvîg, v, 121. En second lieu ces vers se trouvent dans quelques manuscrits et préun sens parfait à la place que nous leur avons assignée. sentent Dans véritable approuver l'édition place; de Stockholm, 'c'est pourquoi l'explication ces deux vers n'occupent pas leur ils sont inintelligibles. Nous ne pouvons donne M. Afzelius dans sa traduction qu'en suédoise, parce que cette explication leçon. repose sur une mauvaise En effet, pour qu'il y ait allitération dans le vers i44, il faut lire dans nos vîg-bônd au lieu de hapt-bônd ; et ainsi il n'est plus question vers des dieux qui préparent des cordes pour lier Loki. D'ailleurs il a est lié; il ne peut donc pas être question après cela des dieux qui préparent des liens. les vers dont nous avons failles vers VERS I48.— Dans les éditions, déjà été dit vers 142 et i43 156 et 157 se trouvent un examen approfondi véritable place. que Loki placés immédiatement après le vers 147. Mais démontre que ce ne peut pas être là leur VERS 167. — Sauront ok svôrdom est à l'instrumental, régi par le verbe fellr. Svôrdom nous semble préférable à Svërdum comme s'accordant mieux avec saurom et expliquant mieux les mots thraunga strauma du vers suivant. VERS i58.— A commencer de ce vers jusqu'au vers 2o5, les strophes se suivent dans le même ordre que dans l'édition de Copenhague. Il serait trop long de démontrer que dans cette partie de notre poëme, l'édition de Stockholm présente un désordre complet. VERS 167. — Feigr, en lapon veigas, doit signifier ici lâche, et non le loup peut-il se gorger de la vie pas voué à la mort ; car comment La signification d'hommes de lâche est la significaqui mourront? tion primitive, de laquelle dérive celle de voué à la mort; car d'après la croyance des peuples guerriers du Nord, les lâches seuls descendaient dans l'empire de Hel ou mouraient, tandis que les hommes vaillants à Valhall étaient conduits pour y vivre auprès d'Odin. NOTES 217 CRITIQUES. de l'été, ou dès l'été. VERS 169. — Of sumar, à commencer construction VERS" 176. — At Heriafôdars, elliptique pour : at sôlum cf. v. 178. On dit de même en grec iv Lo-xX-nirlov pour Heriafôdurs, è» o'mia Aax. VERS 181. — Hin frôda dési gne la propbétesse Vala ; c'est ainsi que Merlin est appelé, inn frôde haïr. Voy. page 181. et doit se traduire (VERS 182.— Um se rapporte kfram-sê, par concernant. En islandais on dit : prévoir concernant une chose, pour dire prévoir tout ce qui grec, la proposition concerne la chose, , VERS I83.-^At bônum vërda, cf. Hildebrandslied, ou prévoir la chose même. En itspï est aussi quelquefois employée dans ce sens. — Rôm; dans l'édition de Copenhague on lit rôm, ce qui est une de Stockholm porte raun (effort, peine). orthographe vicieuse. L'édition Peut-être doit-on lire rare ou hrun (chute, ruine). at répond au lamed préfixe des langues sémitiques. ër (il fait dur), c'est un temps VERS 186.—Hart «es geht hart her. » (i banin werdan: dur; en allemand : VERS 18g. — Leika (jouer, jouter), se dit des exercices gymnastià la lutte; cf. en latin : ludiques, pour faire des armes, se préparer il est dit: magister. Dans le chant sur Louis, en vieux haut allemand, «bluot skein in wangôn spilôd under Vrankôn. » En anglo-saxon, eescou hard handplega (dur jeu des mains), sont plega (jeu des boucliers) des expressions poétiques pour dire : combat, guerre. VERS 1 go.—Dans l'édition de Stockh. on lit gamla au lieu de gialla; cette dernière leçon est préférable comme étant plus expressive. — A la construction at ëno, etc. correspondent, en latin, l'ablatif absolu, qui est la forme nouvelle d'un qui correspond à l'ablatif VERS ig5. — Hroedaz ancien absolu et en grec, le génitif locatif, absolu des Latins. et l'édition de Copenh. Stockh. portent hroedaz allir; mais le verbe demande un sujet plus et doit par conséprécis que allir. De plus, halir a l'accent prosodique Le mot halir a deux significations trèsquent avoir aussi l'allitération. halir; l'édition de distinctes; il signifie : 1° hommes, maîtres, héros; cf. ail. hâls; 2" habitants de Hel, ombres, mânes. Voy. Alvismâl, 2g. VERS 1 gô.-^T/Wm se rapporte à askr standandi, qui est l'idée principale dans la strophe. 218 VOLUSPA. VERS ig7-—Chose que Freki s'est mis singulière! après avoir dit dans la strophe 48 en liberté de Stock, (en iôtun losnar), l'édition les deux vers. « Geyr garmr miôk répète néanmoins fyrir Gnypa helli; Festr mun slitna, en Freki rënna, » qui annoncent que Freki se mettra en liberté; et ce qui est encore plus surprenant, elle répète ces mêmes versaprès la strophe LT, lorsqu'il a déjà été dit que la terre s'est abîmée, et que Freki a été tué par Vidarr. VERS 197. — Hefiz Und fyrir. Lind signifie tilleul et puis un bouclier fait de bois de tilleul. 32, 34- Skaldskâparmâl, Voy. Rigsmâl, c. CLXV. M. Afzelius a bien traduit: p. 75. Cf. Saga Sverris Konungs, «bar skôldtÔT sig.» Cf. Hafdi hann skiôldinn fyrir sèr, Skaldskâparmâl, 10g. VERS 202. — Au lieu de Loki, comme on lit dans les manuscrits, H s'agit j'ai mis dans le texte Logi, et cela par les raisons suivantes. ici de Logi, dieu du feu et roi. de Mùspilheim, et non de Loki qui, et qui, avec son fils le Loup, vers 2o4, est appelé Brôdir Bileists, est à bord du navire des géants. Logi et Loki sont souvent confondus dans la mythologie, parce que Loki (la fin) est le génie de la deset que Logi (la flamme) est également la cause de la destructruction, tion universelle, est dit que le monde périra dans un empuisqu'il brasement Deutsche Mythol. p. 1/18 et suiv. général. Cf. M. Grimm, K et G ont eu primitiveOn peut ajouter que dans l'écriture runique ment la même forme. VERS 2O5. — Sviga loevi, désastre causé par les épées; sur sviga, voy. le glossaire; sur loevi, voy. v. 124. VERS 206. — Dans l'édition de Copenh. cette strophe est placée Nous préférons l'arrangement qui a été suivi après les vers 209-212. de Loki, dans l'édition de Stockh.; car c'est l'approche de Freki, de fait que le monde des géants tremble, que les Ases délibèrent, Surtrqui que les Dvergues gémissent. VERS 20g. — Hvat ër mëd Asum, locution germanique pour dire que Comment se porlent-ils? Que leur est-il arrivé? Voy. Thymsfont-ils? Itvida, 6. de Copenhague porteveggbërgs; celle de StocVERS 212. — L'édition kholm vegbêrgs, un manuscrit vêbergs. Je crois devoir préférer véijp. 115. Vêu Befgs.",SSi vègbërgsvîsir, voyez Thôrdrapu, Skaldskâparmâl, NOTES est l'ancienne forme tagne qui est un'asile montagnes sacrées. VERS 2i3.—Fram 219 CRITIQUES. de vêh, vè (asile monsacré); vêg-bërg signifie et vègbërgsvîsir sont les sages qui habitent les sacré, se rapporte au verbe këmr; komafram (provenir), naître. VERS 215. — Ce vers n'est pas lié par la construction avec le vers ër ne doit, pas être répété serait après en. La construction régulière si le poète n'avait pas mis le vers 214 en rapport avec le vers 2i3 par la conjonction ër. VERS 21g, 220. — Hiôr est le régime direct de loetr; umstanda précédent; mund est dit pour standa um mund ou of mund ( s'élever de la bouche, sortir delà bouche ). VERS 222. — Les mss. portent : vid ulf vëga; cela est évidemment une mauvaise leçon; car le loup vient d'être tué par Vidarr, v. 220. Thôr lutte avec le serpent Iormungand (voy. Hymiskvida, 22). Il faut donc nécessairement lire orm au lieu de ulf. Ulf ne peut en aucun cas désigner un serpent, pas même un monstre en général. Cependant ulf paraît être une leçon très-ancienne ; car elle semble avoir donné oriThôr lutte aussi gine à une autre version du mythe d'après laquelle contre le loup. (Voy. Lokasenna, v. 235. Cf. Hymiskv. 11.) VERS 2 23. — Midgards-veor; Thôr s'appelle aussi hard-veorr (Skaldou simplement veorr (Hymiskv. 11). VeriandvAsgards okMidgards (Skaldsk. p. 101. Cf. Harbardsliôd. 22). ou suivent VERS 224. — Halir désigne ici les héros qui entourent skâparmâl, p. 75), ce sont peut-être les monomaques stôd, il faut lire heimstod. Thôr; VERS 226. denvie, —Okvidinn de colère, se construit dire audacieux VERS 228. — de heim- avec le génitif nids : audacieux la colère. On dit de même par idia-groenn,M. 236; thurftar mikill (grand de besoin), mdsfiarri (trop long d'espace), etc. Cette construction en grec et même en latin. pour Au lieu (einhèriar). ayant grand besoin; est très-fréquente Fram nëdan (d'en Copenh. ipovte frann (brillant), précédent me semble exclure l'édition de. bas); au lieu defram, cf. For Skirnis, 27; mais dimmi du vers l'idée de brillant. VERS 22g. — Ber sër locution particulière îfiôdrum, nlever sur ses ailes, s'élever clans les airs. » pour dire: « s'e- 220 VOLUSPA. VERS 23O. — Nâi est régime direct; au mot précédent se rapporte —Hon yfir. VERS 233. — M. Finn Magnussen il est régi par la préposition vôll, ou au mot suivant/oM. vid aldur-nara explique par alnx- rende troe (arbre qui nourrit tout), expression qui, selon lui, désigne le frêne Yggdrasill. Mais il ne peut plus être question ici de cet arbre qui est déjà consumé par le feu; car la terre que ce frêne soutenait est tombée dans la mer. et destructeur flamme), Aldur du monde \efeu. VERS 2/n. nari signifie mot S mot destructeur da monde, est une expression poétique pour logi (la . , — cf. Regin-domi, v. 258. Megin-doma, VERS 246. — Fôlkvaldr l'Ase Yngvigoda désigne ordinairement Freyr (voy. Skirnis Fôr, 3). Ici ce nom désigne Odin (voy. Grimnismâl, 46). Thôr Thrudvaldr s'appelle le nom de Asabragr. porte VERS 2 48. — Bols mun; goda (voy. mun, Harbardsliôd, 8), verbe batua allz bols impersonnel; en tout meilleur. de tout iml ), devenir ( s'améliorer VERS 249. — Nous avons retranché et Baldur de ce vers, les mots oh Baldur dans l'édition de Copenhague et dans celle de Stocqui se trouvent kholm. Ces mots ne sont pas authentiques : ils ont été mis dans le texte la locution bâa their par des copistes qui ne savaient pas expliquer Hoenir. (Baldur) Cette locution et Hoenir est un islandisme habiteront. Cette qu'il locution faut traduire particulière par : lui est assez fré- et son frère exemples : their Olafr (lui (Sigrôd) c. xxxi\ fadr therra Buis ( le père de Buis et de Olaf). Saga Harallds, son frère), c. xxxix; their Loki bâru (lui et Loki Saga af OlafiTryggv. their Gylfi (lui (Odinn) et Gylfi), portèrent), Skaldskâparmâl, p. i3i; quente en islandais; Konungasôgur, c. v; thau Astridr (eux et Astrid), ou (Astrid et sa suite), et la femme), Grimnismâl c. I; thau kerling (lui Olafi Tryggv, thau Haugni Atlamâl, x; vid Freyr (moi (elle et Haugni), formâlinn; et Freyr), c. xx; id Gymir (toi et Gymir), Fôr Skirnis, Fôr Skirnis. c. xxiv; vid Hrungnir c. xtv, etc. Harbardsliôd, (moi et Hrungnir), Saga af VERS 2 51. — Vid est adv erbe, en même temps. se trouve pas dans l'édition VERS 2 55. — Le mot/iâmne le vers. mais il est nécessaire pour compléter de Copenh.; NOTES NOTES VERS 2. — Heimdall EXPLICATIVES. 221 EXPLICATIVES. est un des douze dieux (Ases) delà il représente l'idée du commencement, remonter choses ; c'est pour cette raison.quej'jjrifait Scandinave; la différence des conditions humaines, ou la division mythologie de l'origine des à lui l'orkjine de la 'société de en trois classes. La tradition rapporte que Heimdall, mythologique prenant vint sur la terre et y fit naître, d'une male nom de Rig (éminence), nière mystérieuse, Throell (serf), Karl (plébéien, homme libre) et larl (comte, noble), desquels descendent les serfs, les hommes libres et les nobles. C'est pourquoi leur condition sociale les hommes sous le point de vue de ils sont grands ou sont nommés fils de Heimdall; ils appartiennent; ils sont des générapetits selon la classe à laquelle lui-même est appelé inn helgi as tions saintes, parce que Heimdall considérés (l'ase saint). Valfadir, que nous avons traduit par Père des Elus, veut dire proprement Père des étendus morts. Mais comme, selon la croyance des Scandinaves, les héros ne meurent dans les combats que quand le VERS 3..— suprême Odin leur fait la faveur de les appeler à lui, le mot de bienheureux, d'élu. Le Père étendu mort a tout à fait la signification des Elus est Odin. Les mystères d'Odin sont la connaissance de la desdieu tinée des dieux et des hommes, et de l'avenir du passé, du présent des traditions mythologiques la connaissance ; en général la connaissance et qui composaient qu'on appelait runar (runes, mystères), chose près tout le savoir des anciens Scandinaves. à peu de VERS 5. — des forces pour ainsi Les Iotes sont la personnification dire gigantesques de la nature; ils sont nés au commencement du monde-, c'est pourquoi eux passent ils connaissent de toute chose. Plusieurs d'entre l'origine pour avoir une haute sagesse et un profond savoir. à la race des VERS 6. — Vala, la prophétesse des Ases, appartient du Nord, les personnages qui sont Iotes, parce que dans la mythologie doués d'un pouvoir ou d'une intelligence à celle égale ou supérieure des Ases, tous de Iôhinheim (du monde des Iotes). proviennent ' VOLUSPA. 222 visité les neuf mondes, et augmenté VERS 7! — Vala avait'jaoTs dans ce voyage le trésor de sa science. Les Hindous trois comptent en ont neuf. Trois et les multiples les Scandinaves de trois mondes, sont des nombres» chez les notions les suivants : I. Trois sacrés chez 4es peuples comme indo-germaniques "mondes des Scandinaves sont (sémitjques.*-Les«i'ëaf ' au-dessus : 1. Liôsâlfaheim des génies (monde (njtspdssdai feu^, au sud. 3. Asaheim ou As- de la terre 2. de lumière). "frarà"(monde il. Trois Mnspilheim de's Ases), au milieu sur la terre 5. Mannheim ou Midgard heim ou Utgard, à l'orient. du ciel. : 4. Vanaheim (monde des Vanes), au milieu. (monde des hommes), forêts sous la terre étaient sacrées chez les peuples 6. Jôfun- : 7. Dokâlfahéim et Svartâlfaheim (monde des génies de l'obscurité). 8. Hel ou Helheim (empiré de la mort). au nord. —On se figurait g. Nifl heim (monde des ténèbres), que dans chaque monde il y avait une grande forêt au milieu, parce que les III. Trois à l'ouest. germaniques comme chez les peuples de l'Inde. VERS 8.—Le grand Arbre du milieu est le frêne Yggdrasill qui, placé ,au milieu de la terre, élève ses branches au-dessus du ciel et pousse ses racines jusqu'à l'extrémité de l'enfer. Cet arbre porte et soutient ainsi il est l'image de la végétation de la vie et de la durée des choses. le monde entier; terrestre et le symbole de l'océan primitif; VERS g. — Ymir est la personnification des glaçons de Niflheim, fondus ou vivifiés par les étincelles il est né sorties de Muspilheim. VERS 12. — Le Gouffre béant est l'immense espace vide du néant vînt le remplir. cet espace comme une avant qu'Ymir On se figurait ' vaste gueule ouverte. VERS 13. — Les fils de Bur sont Odin et ses frères et, dans un sens plus étendu, les Ases en général. H y a neuf firmaments ou neuf cieux. p. 222.) (Voy. Skaldskâparmâl, du milieu est Mannheim VERS it[.— L'Enceinte (le monde des homet l'enfer au-dessous. mes), situé au milieu, entre le ciel au-dessus du soleil, qui est féminin VERS i5. — Soi est la personnification dans les langues germaniques comme dans les idiomes sémitiques. — NOTES EXPLICATIVES. 223 ses rayons du sud, parce que le midi paraît être le séjour est la demeure habituel du soleil. — La demeure par excellence des l'enceinte du milieu; cette demeure repose sur des rochers hommes,.ou : ces rochers entourent la terre comme une comme sur des fondements Soi darde bordure, et sont un rempart contre les envahissements de la mer. (Voy. Snorri, Hâttalykill.) VERS 17. — Mâni, de la lune, personnification culin dads les langues germaniques. si agréables à l'habitant vivifiants, C'est donc comme si le poète avait dit : « Quoique de loin ses ardeurs amoureuses. «lui fait partager VERS 18. — Le Coursier nière couverte Les faveurs des régions qui est du genre masde Sol sont ses rayons _ brumeuses du Nord. céleste est le cheval Hrimfaxi le char de la nuit. de givre), qui traîne de l'orient pour aller vers l'occident, — Les astres sité de l'espace. Sôl\ne habiter successivement errent connaît pendant Soi (qui a la criComme il sort la droite par la porte désigne le septentrion. VERS 1 g-21. de Mâni, éloignée » du coursier encore sans règles dans l!immendoit pas encore les demeures qu'elle les douze mois de l'année. Mâni ne il n'avait pas encore les savait pas quel était son pouvoir, c'est-à-dire, selon l'opinion avaient diverses phases qui, tant d'inpopulaire, fluence sur la fertilité des entreprises, mes, etc. etc. de la terre, les opérations VERS 22. — sur de la les variations magie, la du temps, l'issue destinée des hom- Grandeurs sont en assemblée est le nom que prennent les Ases quand ils ils ont un caractère ou en conseil, parce qu'alors plus relevé et plus imposant. Les sièges élevés du conseil sont du milieu : on se les figurait, de l'arbre dans le ciel, autour doute, comme de grands rochers, étaient assis les anciens lesquelles seillers quand libérante. ils étaient — pour dire, pour savoir à l'imitation des grandes pierres sur rois Scandinaves et leur douze con- en cour de justice ou en assemblée déaller au siège était autrefois usitée chez nous réunis L'expression aller au lieu où l'on rendait VERS 23. — Les dieux très-saints, comment placés sans la justice. c'est-à-dire les Ases, délibérèrent régler le cours des astres; quelle demeure fallait leur assigner dans le ciel, quels noms leur donner, etc. etc. VERS 2/1. —• Il est à remarquer d'abord que les dieux donnent il un 224 - VOLUSPA.« el seulement nom à la nuit, au jour. Dans la mythologie Scandinave, la nuit précède le jour, parce que le jour est né de la nuit. Les comptaient par noifs. Les Anglais disent encore peuples germaniques aujourd'hui ensuite (seven sennight quatorze nuits), nights, années des Scandinaves nights, sept nuits), fortnight (fourteen— Les pour dire une semaine, deux semaines. étant des années lunaires, de la l'apparition nouvelle lune devait avoir une grande importance chez eux. VERS 26. — Le crépuscule était le temps où l'on soupait, le soir ou le temps où l'on allait se coucher. la nuit tombante, VERS 27. — La Plaine d'Idi se trouve dans Asgard ; au milieu s'élève le frêne Yggdrasill, autour duquel sont placés les sièges élevés. C'est là le champ d'assemblée (thingvôllr) des Ases. Idi est le nom d'un Iote qui est la personnification du vent-, plaine d'Idi signifie donc champ de l'air. VEBS 28. — Les Ases bâtirent vir de demeure d'un sanctuaire entourait un grand temple qui devait leur serà tous. Les temples des Scandinaves se composaient et d'une cour ou enceinte qui l'idole, qui renfermait le sanctuaire. — Le jeu des tables avait quelque jeu de dames; il était aussi connu en France, de la Rose : VERS 3I. ressemblance avec notre car on lit dans le roman Là sont servis joîeusement. . . . De jeus de dez, d'eschecs, de tables, Et d'oultrageux mets délitables. Les Islandais ont encore aujourd'hui la table de Saint-Olaf. qu'ils appellent VERS 33. — Bande. Pour donner un jeu de dames particulier Cf. p. 212. à ce mot le sens qu'il doit avoir il faut se rappeler que chez tous les peuples germaniques, les chefs rassemblaient autour d'eux une bande composée de leurs fils, de leurs s'attacher à leur personne; parents et d'autres guerriers qui venaient ici, cette bande servait sous leur toutes les, expéditions société, Odin, assemblée, commandement, et combattait famille. Hoenir et Lodur; Les à leurs trois les accompagnait côtés. Bande signifie Ases de la ils sontpleins de force de secourir la faiblesse. pouvoir et la volonté VERS 35, — Ashr el Embla sont l'Adam dans donc bande céleste sont et de bonté, car ils onl le et l'Eve delà mythologie NOTES Scandinave. Ask signifie EXPLICATIVES. et Embla \efrêne de l'homme que l'organisation Il est à remarquer perfectionnée. d'hommes ib-7, le premier couple veut indiquer végétale etQEuv; 225 l'aune.. Ce mythe désigne n'est qu'une organisation' J. que d'après Hésiode, provient e'x psMas, d'un frêne. VERS 36. — Les deux arbres Ask et Embla qui croissaient dans le sable aride du rivage de la mer, étaient des êtres chétifs en comparaison d'homme de la nouvelle organisation qu'ils reçurent par le secours des Ases. Aussi longtemps que des arbres, ils n'avaient qu'ils n'étaient a que l'homme qui ait une destinée point de destinée, parce qu'il n'y et éternelles de la nécessité. fixée par les lois immuables le lanVERS 37. — Sang désigne l'organisation humaine; physique la volonté, soit par des paroles, gage désigne les moyens de manifester soit par des gestes. VERS lii. — Les Ases donner aux premiers hommes pouvaient sont soumis à la car les dieux eux-mêmes tout, excepté la destinée; destinée. Il fallait donc que les trois Nomes vinssent dispenser le sort créés. Les Nornes sont fdl.es de Thurses, à Ask et à Embla nouvellement issues de l'ancienne race des Iotes nés du géant Ynmv_ c'est-à-dire, EHes sortirent de la fontaine en parlant de cette l'Arbre du monde. VERS 44. — fontaine, d'Drd, située le poète au pied du frêne Yggdrasil : saisit l'occasion pour décrire la colonne du monde, est un 'arbre chevelu, Yggdrasil, touffu ; son sommet élevé au-dessus du ciel, est arrosé d'un feuillage par un nuage brillant et produit l'arbre la rosée. qui alimente VERS 46. — La fontaine d'Urd est la fontaine de la sagesse des Ases, comme la fontaine de Mimir est la source dé la sagesse des Iotes. Ne à de semblables mythes, serait-ce point par allusion qu'on fable : La Sqgesse ou la Vérité se cache dans un puits ? VERS 49. — Urd (ce qui a été) comme l'aînée des soeurs, a donné (ce qui est) signifie chettes ou tablettes mis Ask et Embla. le passé; cette Norne, signifie son nom à la fontaine. Verdandi sur les planauxquels seront souest la troisième l'avenir, le présent. Urd et Verdandi de bois, les arrêts du destin Skuld dit dans la gravent (ce qui sera), Norne : elle n'écrit pas comme ses deux soeurs auxquelles elle est toul'est à Clôthô et à Lachésis. jours opposée, ainsi qu'Atropos 226 VQLUSPA. „. VERS 52. — Enfants des hommes est une expression pour dire simhommes plement hommes; cette expression désigne ici les premiers x Ask et Embla. des forces éléVERS 55. — Les Dvergues sont les personnifications mentaires de la nature. Plus tard, l'image qu'on s'est formée des ainsi dire rapetissée, et ils sont devenus ces Dvergues, s'est-pouf êtres petits et chétifs que nous appelons nains. — Comme dans l'enfance de là société, le père de famille est aussi chef de tribu ; chef ou roi signifie en même temps père, et réciproquement. VERS 56. — Le père des Dvergues est né du sang de Brimir qui est le même que le géant Ymir; voyez -vers g. Brimir, la personnification de focéan primitif, né des glaçons du chaos, s'appelle aussi le de glace qui nagent dans les géant livide, parce que les montagnes mers arctiques, ont une couleur livide. Brimir fut tué par les fils de Bur; desa chair fut créée la terre; de son crâne, la voûte du ciel; de ses os, les montagnes; de son sang, la mer. Les cuisses du géant sont les soutiens, les montagnes ouïes rochers; voyez vers i5. Si donc le chef des Dvergues naît du sang et des cuisses de Brimir, cela signifie que la nature des Dvergues tient à deux éléments, à l'eau et à la terre. principalement VERS 6 I . — Cette longue énumération des noms de Dvergues paraîtra bizarre les fondements à beaucoup de la terre, de lecteurs ; c'est que nous n'y voyons qu'une suite de noms insignifiants. Mais quand on songe que le poëte et ses à chaque nom le mythe auditeurs se rappelaient on cjui s'y rattachait, de ces noms ne devait avoir rien d'acomprendra que l'énumération ride pour eux. En second lieu, les tables généalogiques avaient autrefois et ont encore aujourd'hui, chez beaucoup de peuples, une trèset dans l'antiquité, les généalogies ne paraissaient grande importance; nullement dans la poésie épique. Cependant, on doit être de trouver, dans notre poëme, la généalogie des Dvergues, surpris tandis qu'on n'y trouve point celle des Iotes, ni celle des Ases. Pour déplacées autant qu'il est possible de la des noms des Dvergues, l'explication des noms donner, le lecteur pourra recourir au Glossaire. L'étymologie les Dvergues comme ayant des caractères, prouvé qu'on se figurait des moeurs, des fonctions différentes. Les uns sont les génies de la lune, comme Nyi et Nidi; les autres président aux quatre régions du ciel, NOTES EXPLICATIVES. comme Nordri, Sudri, Austri Lôni ; d'autres les hauteurs, 227 et Vestri; d'autres sont des génies de l'air, comme Vindâlfr, ou des génies de saison, comme Frosti. Les uns habitent l'eau, comme Aï et Hloevangr; les autres les marécages, comme comme enfin les Haugspori ; d'autres arbres, comme Eikinskialdi. Bifarr et Bafarr sont peureux; Veigr, Thoest voleur; rinn ont le caractère ardent, audacieux; Althiofr Nipingr etc. etc. est méchant, VERS 71; — Les Dvergues de la première race se distinguent ceux de la seconde par leur énergie et leur intelligence. VERS 74. — Dvalinn est la souche. est un Dvergue de la seconde race dont de Lofar VERS 76. — Aurvangr (plaine humide) et Ioruvellir (plaines de la des désigner l'eau et la terre, comme habitations terre), semblent Dvergues. ou VERS 83. — Il paraît que beaucoup de noms ont été retranchés sesbnt perdus. Le nom de Lofar ne se trouve pas dans l'énumération des Dvergues. VERS 85. — Elle, désigne la prophétesse elle-même. Cette manière à la troisième de parler de soi-même au style personne, appartient — Heimdall, dont il a été prophétique de toutes les nations. question, vers 2, devint de nuit des Ases dans Asgard, le gardien après l'établissement et le portier des dieux. Odin lui donna un cor appelé le cor bruyant pour sonner l'alarme en cas que les Iotes ou d'autres voulussent pénétrer dans le ciel. ennemis VERS 86 et suiv. — Ces vers sont difficiles à expliquer, parce qu'ils est plus connu. Du temps de se rapportent à un mythe qui ne nous l'auteur de l'Edda en prose, on n'avait déjà plus qu'une idée confuse de ce mythe. Il est dit dans Gjlfaginning, page 17:0 Sous la racine du «frêne Yggdrasill.... se trouve la fontaine de Mimir, où sont ren«fermées la Mimir est plein de sagesse, sagesse et l'intelligence < «parce qu'il boit à la fontaine dans le cor bruyant. Odin vint un jour, «et demanda à boire à cette fontaine-, mais il n'en eut la permission «qu'après avoir mis en gage son oeil. Ainsi, Je sais tout, H est évident que tout il est. dit dans la Vôluspâ : Odin , etc. » est confondu et embrouillé dans ce récit. l5. Si 228 VOLUSPA. a donné son oeil pour un gage, c'est un payement. avoir à boire, l'oeil ne peut pas être appelé De plus, si Odin a donné son oeil en gagei cela ne pouvait pas être dans le but d'avoir la permission de boire, car un gage suppose qu'on veuille rendre un jour ce qu'on reçoit pour là chose engagée. D'ailleurs, si le gage d'Odin est son oeil, reprendre Odin comment le vers 87 où il est dit : boire dans le expliquera-t-on gage d'Odin. Il me semble qu'il faut bien distinguer deux mythes qu'on a confondus et mêlés ensemble : d'abord un mythe qui racontait coma perdu un de ses yeux, et comment cet oeil est venu en la possession de Mimir qui l'a caché dans sa fontaine : ensuite un mythe qui racontait la mise en gage du cor bruyant de Heimdall. ment.Odin donné comme perdu son oeil ? Peut-être l'a-t-il à Mimir payement pour avoir le breuvage de la sagesse, ou bien l'a-t-il dans une espèce d'assaut de perdu ayant été "vaincu par Mimir sagesse et de savoir, où l'on avait mis pour condition que le vaincu perdrait un Pourquoi Odin a-t-il oeil. (Voy. Vcfthrûdnismâli Introduction.) Pourquoi la corne de Heimdall a-t-elle été donnée en gage? Peut-être dans un sentant, qu'Odin le besoin d'augmenter sa sagesse, voulut boire à la pressant danger, le géant demanda fontaine de Mimir; un prix qu'Odin de promit payer. Pour garantie, Mimir exigea qu'il mît en gage le cor bruyant de Heimdall : c'était le gage le plus précieux que pussent de la possession de dieux, parce que leur sûreté dépendait gage du Père des Elus est donc le cor bruyant de Heimdall; tenu caché par Mimir dans sa demeure qui se trouve sous donner les ce cor. Le ce cor est l'arbre ma- jestueux et sacré, c'est-à-dire sous l'une des trois racines du frêne Yggdrasil!. Mimir se servait chaque matin de ce cor pour y boire à traits — Les Scandinaves buvaient dans des précipités à la source de sagesse. la même corne servait de trompette et de coupe. VERS 88. — Le savez-vous?—Mais quoi?. . .. Locution elliptique au style prophétique. de la nouvelle La prophétesse remplie propre cornes; vision qui vient vous, dit-elle, question de frapper son esprit ce que je vois?SwCette quand nous autres locutions mais semblables, Après>eette où personne exclamation, : Savez- point une comme interrogative, N'est-il pas vrai!... ., et locution untf^tlamation plutôt disons : Savez-vous qéoi ! directe, interlocuteur. s'adresse à ses auditeurs n'exprime une réponse de son la prophétesse continue: Mais n'attend NOTES 229 EXPLICATIVES. Que vois-je ?. . . . Que vais-je révéler ?. . VERS 89. — S'il est question d'enchanteresses, être assis dehors signifie « se livrer en plein air et au àl'exercice de la magie» (voy. page 160). Dans tout quoi?.... . . Écoutez !;.'.. de magiciennes, milieu de la nuit autre cas, dehors » Etre assis ou se tenir à la signifie « devant la porte. porte est une locution, usitée dans les poésies épiques pour dire « avoir du loisir, » ou — Le vieux 0attendre quelqu'un avec impatience.» désigne l'Ase Odin. ainsi nommé, VERS 90. — Le plus circonspect des Ases est Odin, dans le danger, il se montrait parce que dans ses voyages et surtout dans ses actions et dans ses paroles.—Regarder prudent et circonspect les dispositions dans les yeux de quelqu'un veut dire «sonder d'une 2.) personne pour lui faire une demande à propos.» (Cf. Hymiskv. VERS 91. — Odin avait coutume de mettre à l'épreuve la sagesse et la puissance des autres. Nous en verrons un exemple curieux dans Vafthrûdnismâl. VERS 93. — L'Arbre du monde ou le frêne Yggdrasill sur la terre et dans l'enfer. a trois racines Sous chacune qui s'étendent dans le ciel, des trois racines, il y a une fontaine ou un lac. Dans le ciel, il y a la sur la terre, chez les Iotes, se trouve lafontaine de sagesse fontained'Vrd; de N(iinir; et dans l'enfer, il y a le lac Hvergelmir eaux les fleuves de Nifibeim. Mimir est un ancien de ses qui alimente Iote ou Hrîmthurse; il est le de la sagesse des géants: il boit chaque matin le représentant doux il augmente chaque jour sa sagesse. breuvage, c'est-à-dire, VERS 96. — Odin voyant que Vala connaît son secret, et satisfait de trouver en elle tant de sagesse, lui donne des bagues et des joyaux ; il ajoute encore le dorade la parole sage et le Dès ce moment tout ce qui se passe dans les diffé- pouf la récompenser don de la prophétie. rents mondes est dévoilé VERS 99. envoyées par — Les Odin au regard de Vala. sont les vierges Valkyries pour choisir, qui sont sur le champ de bataille, parmi les par leur bravoure, de trouver une mort ceux qui méritent, glorieuse. Les héros qui périssent combattants, guerç^es les armes à la main sont conduits des Élus) qui est l'Elysée Scandiparles Valkyries à Valhall (séjour nave : elles sont présentes partout où se livre un combat; c'est pourquoi — La race des dieux, ce sont les Ases,. leur arrivée présage la guerre. . VERS 101. — Tenir le bouclier veut dire «marcher au combat à la 230 VOLUSPA. troupe» ; il n'y avait que les chefs qui eussent des armes défensives. (Voy. vers 197.) VERS 102. — Skuld, la plus jeune des Nornes, et celle qui met fin à la destinée des héros, marche à la tête des vierges guerrières. Le tête d'une nombre et les noms des Valkyries anciennes signifie poésies. Sltogul Hildur, «lalutte»; sont différemment dans les indiqués Garnir «qui est hérissée d'armes»; signifie «la guerre»; Gondal, «qui délivre les héros»; « qui est hérissée de piques. » VERS IO3. — Les Valkyries sont appelées servantes du Combattant ou d'Odin, parce qu'elles'exécutent les ordres de ce dieu, sur le champ de bataille. Geirskogul, VERS 106. — ou la sorcière des Vanes Gullveig est la devineresse qui sont les rivaux et les ennemis des Ases. Ces derniers, pour faire un affront aux Vanes, ou pour arracher secret à la sorcière quelque sur les pointes hérissées de piques qu'ils avaient veig , la mirent en terre, et allumèrent VERS au-dessous 108. — Déjà la sorcière, un grand feu. brûlée trois fois, était Gullfixées d'elle rentrée trois fois en vie par des moyens magiques ; les Ases continuèrent à vouloir la faire périr par le feu, mais ils ne purent réussir. VERS 110. — Heidur est le nom de la sorcière dans la Gullveig — Les sorciers et les sorcières le pays parcouraient langue des Vanes. et pour répondre et entraient dans les maisons pour prédire l'avenir (Voy. page i56.) qu'on leur adressait. — La sorcière des Vanes les prophéties méprisait des Ases. aux questions VERS 111. devineresse de la — Il : une divination y avait deux espèces de divination et une autre basée sur se fondant sur l'inspiration divine, prophétique tomba les opérations Cette dernière de la magie ou de la sorcellerie. les Les Vanes passaient peu à peu dans le plus grand mépris. pour VERS 112. inventeurs de la magie, (Voy. page 15g.) VERS 1 I3. — appelés la race et pour Les Vanes, méchante; être comme très-habiles ennemis les Ases sont dans la sorcellerie. et rivaux des Ases, sont nommés la race des dieux, réparation de l'injure quon en Ases entrèrent v. 100. VERS 1 I4. — leur avait faite Les Vanes dans la demandèrent personne de Gullveig. Les NOTES EXPLICATIVES. 231 pour savoir s'ils devaient expier leur imprudence et accorder aux Vanes des droits égaux. Ce dernier point prouve, que leur iniles Ases ne voulant pas'que tous les mitié avait pour cause la rivalité, délibération eux et les Vanes, dieux, c'est-à-dire eussent de l'autorité où des droits égaux. Pendant VERS 118.— sent le mur extérieur les Vanes renverque les Ases délibèrent, de la forteresse des Ases; ce mur sépare, dans des Ases de la demeure des hommes. Les Vanes, Midgard, la demeure à monter sur les remparts ; mais Odin par ruse de guerre, parviennent lance son trait, il tire ses flèches sur l'ennemi. .. C'est assez dire que la victoire reste aux Ases. VERS 122. — Le mur un géant déguisé, jamais. Pour prix extérieur ayant été renversé, un inconnu, offrit aux Ases de le reconstruire plus solide que de son travail, il demanda la fiancée d'Odur, la déesse Freya ; de plus, le soleil et la lune. Loki persuada aux Asés l'architecte de sa réd'accepter cette offre : il espérait pouvoir frustrer comme condition du contrat, compense en mettant, que le mur serait achevé en un seul hiver, et que l'architecte n'aurait aucun aide que si le travail n'était pas fait dans le temps presne serait pas payé. Le géant accepta cette condi- excepté son cheval-, crit, le prix stipulé tion , et les dieux sanctionnèrent travail avança : la rapidement le contrat veille leurs par du jour fixé serments. comme Le dernier il n'y avait plus qu'à placer les portes. Les Ases voyant que le le soleil et là lune, s'aslendemain ils seront obligés de livrer Freya, terme, accepté un contrat aussi préjudiciable; ils se demandent qui d'entre eux est la principale cause de ce que le ciel est rempli de désastre paf l'enlèvement du soleil et de la lune, et que la déesse Freya est livrée à la race du géant. — semblent, et s'accusent Par une ingénieuse les uns les autres d'avoir de style, le poète a mis les verbes au présent pour indiquer que les Ases étaient pleinement persuadés que le lendemain ils seraient lés conditions du contrat : obligés de remplir hardiesse ils regardaient le payement faisait déjà dans le moment VERS 126. — du prix stipulé présent. le dieu du tonnerre, comme aussi sûr que s'il se qui était absent lorsqu'on fit le contrat avec l'architecte, se lève enflé de colère en apprenant les conditions les que les Ases ont acceptées. Cela suffit pour déterminer Thôr, 232 VOLUSPA. Ases à violer leurs ils ne tiennent des proplus compte au lieu de recevoir le prix stipulé, le messes données à l'architecte; géant est tué par un coup de foudre lancé par Thôr. C'est ainsi que les Ases joignent la violence au parjure. serments; — VERS I3O. Vala prévoit la destinée de Baldur dont la mort proet sanglante est encorescachée est aux Ases mêmes. — Baldur chaine fils d'Odin et de Frigg, c'est un héros accompli, l'idéal de la beauté et de la bonté. Baldur avait eu depuis quelque temps des rêves sinistres. Sa mère Frigg prévoyant quelque malheur, conjura tous les êtres de la création de ne pas nuire à son fils, et elle s'en fit prêter le serment par tout ce qui Frigg négligea de le faire prêter aussi par un lui semblait incapable de nuire. Loki alla chercher ce existait. gui, parce qu'il à jouter contre Baldur, et à gui, et lorsqu'un jour les Ases s'amusaient lancer contre lui des traits dont aucun ne pouvait le blesser, Loki s'apHoder, qui était né aveugle, et il l'engagea procha du frère de Baldur, à se mêler la diau jeu des Ases. Il lui donna le gui, et lui indiqua rection dans laquelle il devait le lancer. Hoder lança le trait, et le gui blessa mortellement le dieu Baldur. — VERS I36. devait être D'après les moeurs du temps, Baldur fatavengé par un de ses plus proches parents. Mais par une terrible de Baldur étaient en même temps parents de lité, les Ases parents Hoder Pour que la vengeance fût moins odieuse, qui était fils d'Odin. la destinée inexorable choisit le bras d'un enfant nouveau-né pour donner d'une la mort à Hoder. Vali, fils de Bindur et d'Odin, âgé seulement son autre frère Hoder. vengea son frère Baldur en tuant VERS i38. — Ceux qui avaient à venger la mort nuit, coutume d'un parent, avaient leur chevelure avant de ne pas laver leurs mains, ni peigner d'avoir exécuté leur vengeance. — La poésie et la mythologie qui réunissent souvent les traits les plus contradictoires, nous représentent Vali tantôt comme un enfant âgé seulement d'une nuit (voy. v. 107), tantôt comme un héros adulte, agissant dans sa vengeance avec préméditation et discernement. VERS I4O. Baldur, — son fils. grande calamité ( einheriar ). pleure dans Frigg La mort de Baldur dans Valhall, son palais est aussi où habitent Fensalir, la mort de comme une regardée Odin et les Monomaques NOTES EXPLICATIVES. 233 VERS I 4a. — Les Ases exaspérés contre Loki, qui était la cause preà mort l'un de ses fils nommé mirent mière de tous leurs malheurs, de cet enfant, Fa?î. Des boyaux Loki attachèrent aux 'Sigyne, la femme mais, assise auprès rochers ils firent des cordes de Hveralund (le avec lesquelles ils bois des Thermes). de Loki, ne se réjouit de son mari ; pas du malheur de lui, elle lui prodigua des soulagements et des consolations. Introd. ) (Voy. Lokasenna, est le nom de la contrée VERS I48. —• Nidafioll au ténébreuse, nord de Midgard. Cette région est bornée par de hautes montagnes, derrière lesquelles se cache la lune pendant tout le temps qu'elle n'est — La race de Sindri est sans doute cette pas visible à l'horizon. espèce de géants connus sous le nom de Bergrisar (Géants des montagnes). Leur palais est richement orné de l'or tiré des entrailles dés montagnes. — VERS I5O. rement Le lieu de réjouissance des frimas, est une au milieu (chauffoir). VERS I52. — Brimir dire au fond — un à Okolni (Voy. v. 56.) salle située loin du soleil, c'est-à- dans TÉrèbe contrée dont le souffle bent dans l'intérieur serpents dont édifice ordinai- des Iotes. Vala voit une autre du septentrion, Là, dans une de Nidafioll. morts), s'élève laissent entrer est la souche des Iotes qui vivent salle à boire située appelée Niflheim, au-dessous nommée Nâstrendir (Rivages des les portes des aquilons. sont ouvertes au nord, et Des gouttes de venin tomelles découlent de la gueule des le plafond, et les dos les parois exté- glacial de la demeure; les têtes forment rieures de l'édifice. VERS 167. •— Un fleuve nommé de venin de et de bourbe, serpent Slidur traîne séjour lugubre. VERS 159. — jures, Les peines les plus aux meurtriers et aux adultères. Scandinaves un crime d'autant 1 plus sévères sont infligées Le parjure grand, de tenir de simples obligation promesses chasteté était une des vertus distinctives formé (lent, croupissant), ses eaux fangeuses devait qu'ils comme aux paraître regardaient un devoir des peuples dans ce sacré. germaniques paraux déjà La et gothiques. VERS 161. — ou serpent ailé (qui abat) est un dragon, qui habite Nijlheim (voy. v. 2 29) ; il ronge l'une des racines de l'Arbre du monde, et suce les cadavres des décédés de Hel (Emqui arrivent Nidhoggr 234 , VOLUSPA. i — Le de la mort). Loup est un des fils de Fenrir et de la géante pire Gygur. Fenrir est fils de Loki et dé la géante Angurbodi. VERS I63. -— La vieille est la géante Gygur; elle habite Iarnvid (la de fer), située dans Iotunheim, à l'orient de Midgard. Le plus 1 des fils de Gygur est le loup Managarmur redoutable dès aura qui, qu'il atteint l'âge de là force, engloutira la lune ; c'est le même loup dont il est parlé vers 16 2. forêt VERS 167. — Vala prévoit déjà le moment où le Loup aura atteint l'âge de là force : elle le voit se gorger du sang des hommes lâches qui sont descendus dans l'empire de Hel. (Voy. v. 161.) Elle le voit poursuivre le soleil et la lune, les atteindre à la fin, les dévorer et rougir ainsi de sang le siège des Grandeurs, c'est-à-dire le ciel. Alors, comme le soleil rie répandra plus ni sa lumière, ni sa chaleur, l'été disparaîtra dans l'année, les hivers se succéderont il y aura le continuellement; Les vents du nord deviendront grand et long hiver appelé fimbulvétr. des ouragans, tous les phénomènes delà nature annonceront la grande les dieux et le mondé entier. catastrophe qui engloutira VERS 171. — Les Ases avaient envoyé, auprès de Gygur, un gardien pour la surveiller, et pour les prévenir les monstres, quand nourris par la géante, auraient assez de vigueur et seraient lâchés par leur mère. Ce gardien est nommé Egdir (aigle), parce qu'il porté la il aie regard perçant, dépouille ou le plumage d'un aigle (arnarham); et la vitesse de cet oiseau pour voir tout ce qui se passe et pouvoir prévenir les Ases avec la plus grande célérité. Egdir a l'esprit éveillé et joyeux comme il convient à un gardien. Pour rester toujours alerte, son loisir et pour assoupir la férocité des monstres, il pour charmer joue de sa harpe. Il est assis sur brasser de son regard. une hauteur pour pouvoir tout em- VERS 173. — Le poète ayant parlé d'Egdir, prend de là occasion dans les trois mondes principour parler des trois coqs qui chantent le crépuscule des Grandeurs, c'est-à-dire, le soir, la paux, et annoncent rentrée dans la nuit, la mort des dieux. — Non dans d'Egdir, chanter le coq Fialoin Gagalvid (la forêt des oiseaux), les Iotes entendent /arr qui porte un beau plumage rouge. Dans le ciel, auprès des Ases, le coq Gullinkambi (à la crête dorée), réveille les dieux et les Monomaques. Dans la demeure de Hel, un coq noirâtre appelle à la destruction NOTES EXPLICATIVES. 235 de l'enfer.— lés puissances Hel est la fille de Loki et de la elle est la soeur de Freki et du géante Angurbodi; serpent Iormungand. dans l'enfer où elle règne sur les morts. Odin la précipita du monde VERS 179. — Garmur (glouton), espèce de cerbère qui gardel'enLes hurlements de Garmur présagent le ter- trée du royaume de Hel. rible combat des dieux contre On croyait que les hurlements des combats. (Voyez Atlamâl, les puissances destructives du monde.— de chien étaient un signe avant-coureur —-; Gnypahall est l'avenue qui conou à l'entrée duit à la grille des morts (nâgrindur), du palais de Hel. VERS 180. — Freki ou Fenrir le loup est fils de Loki et d'Angurbodi. Les Ases prévoyant qu'un jour il leur serait dangereux, parvinrent à l'enchaîner. Freki tend sans cesse à rompre ses liens ; ses chaînes 23.) sont déjà usées, bientôt il s'échappera et dévorera Odin. VERS 182. — Le crépuscule des Grandeurs. Voy. v. 173. combattants sont les Ases. — Les Dieux qui sont compris dans la ruine générale ne périssent pas innocents; ils se sont attiré par leurs crimes la venils ont inventé différentes armes, geance du destin. Dans leur perversité, VERS I83. Les hommes toutes plus meurtrières les unes que les autres. On voit succéder à les boucliers et làge des haches de guerre, l'âge des lances qui percent blessent à distance. Ces deux âges sont suivis de deux autres qui aggravent encore les maux de l'humanité. terribles se déchaînent en grand nombre sur la terre; les hommes des ouragans Des vents impétueux, les bêtes féroces viennent assaillir pervertis. Ces bêtes se multiplient, à les détruire, ne dirige d'abord loin de songer ses armes parce que l'homme, une pâtrouvent et ensuite, parce qu'elles que contre son prochain, ture abondante sur les champs de bataille jonchés de cadavres par suite des guerres nombreuses que se font les hommes entre eux. VERS 189. — Mimir est un Iote, voy. vers $3; fils de Mimir désiLes Iotes tressaillent de joie les Iotes en général. gne , par synecdoque, en préludant le feu aux combats qu'ils vont livrer aux Ases. Ils mettent sous l'une des racines sonne l'aSYggdrasill pendant que Heimdall larme. Voy. vers 85. VERS ig2. par eux en — Mimir étant devenu l'ami et l'allié des Ases, fut donné lui tranchèrent la tête otage aux Vanes. Ceux-ci voyèrent aux Ases. Odin conserva cette tête, car elle renfermait et l'enencore 236 toute VOLUSPA. la sagesse dans les dangers VERS ig4. — avait que Mimir et les circonstances eue pendant sa vie; illa consultait critiques. Tulote par excellence est le loup terrible Freki ou Fenrir qui parvient enfin à rompre ses chaînes. VERS ig6. — Surtur (noir), estle prince de Muspilheim (mondede la colonne feu). L'ardeur de Surtur désigne les flammes qui consument du monde. •—1 Les Iotes se mettent ils vont s'emen mouvement; 197. sur le navireNaglfar Midl'océan, barquer attaquer pour traverser et le prole constructeur gard et pénétrer de là dans le ciel. Hrymr, du navire les Iotes. Il s'avance de l'orient, priétaire Naglfar, conduit VERS c'est-à-dire il porte un bouclier, comme chef d'armée du rivage où se trouve le navire sur le s'approche de Iotunheim; (voy: vers 101); chantier. il — le serpent énorme qui, couché au fond Iormungand, de l'océan, entoure la terre de son anneau, se roule pour sortir de la ï'/iôr son comme mer; il est animé de la rage d'Iote (iôtun-môdhr), VERS ig8. adversaire est animé de la rage d'Ase (âs-môdhr). est Iormungand et parce appelé Iote ou géant à cause de sa force et de sa grandeur, et frère de FreM et de qu'il est le fils de Loki et de la géante Angurbodi, Hel. VERS 1 gg. — Pendant que le serpent, impatient de combattre, soulève les vagues, un autre géant nommé Hroesvelgr, assis à l'extrémité du ciel et revêtu de la dépouille d'un aigle, agite ses ailes. Ce battement des ailes est non-seulement une manifestation de joie, mais il produit aussi les vents qui favorisent la navigation de Naglfar. VERS 200. — Le Bec-Jaune est l'aigle Hroesvelgr qui, dans sa rage de géant, déchire les cadavres. — Naglfar (navire a été d'ongles) construit avec les ongles des trépassés descendus dans par Hrymer de Hel. l'empire VERS 2 o 2. -^—Logi (la flamme) est' le chef de l'armée de Muspilheim ; c'est sans doute le même que Surtur. VERS 2o3. — Les fils de l'Iote sont les mêmes que les fils de Mimir; ils ont avec eux Freki qui était enchaîné dans l'île d'Amvartnir et qui a risé ses chaînes. père de Freki, Voy. v. 180. Le frère de Bileist, est à bord du navire des géants. c'est-à-dire Loki, le NOTES VERS;206. — Les EXPLICATIVES. dieux-héros sont 237 les Ases qui se préparent au combat. VERS 207. — Les géantes sont les personnifications des roches et des montagnes. VERS 20g. — Les Alfes sont ici les Liosâlfar ou ( Alfes de lumière), des astres qui brillent dans le ciel. les personnifications l'intérieur des montagnes VERS 211. — Les Dvergues qui habitent sentent la terre prudence les porte à sortir de leurs cade s'écrouler. —De même que les Hindous, vernes qui menacent les les montagnes comme les demeures sacrées de Scandinaves regardaient trembler; leur certaines, divinités. VERS 213. — Hline solée de la mort voit partir Odin VERS 215. — ou Frigg, la femme d'Odin, qui est à peine conde son fils Baldur, est de nouveau affligée quand elle le loup Freki ou Fenrir. pour combattre Le glorieux meurtrier de Beli est l'Ase Freyr ou IngviFreyr; Beli était un Iote. Les héros de l'Inde portent aussi très-souvent le nom de tueur (hâ), meurtrier de tel ou tel. VERS 216. — Le héros chéri de Frigg loup Fenrir. Le poète, pour ne pas dire voré, dit seulement qu'Odin Vidarr, fils VERS 218.— Thôr. On le nomme que le dieu succombera, cf. v. 226. d'Odin, est le plus parle sera dé- suprême fort des Ases après VAse muet. VERS 21g. — L'Iote qui est la mère de Freki. VERS 221. — il est dévoré est Odin; Thôr, le serpent, Iormungand. qu'il défend l'Enceinte Hvidrung est sans doute fils d'Odin et de Hlôdune Thôr est nommé du milieu contre le père d'Angurbodi, ou lordh, lutte défenseur de Midgard, les Iotes qui voudraient trer par ce chemin jusque dans le ciel. à côté de Thôr, VERS 224. — Les héros qui luttent avec parce péné- sont les Mono- des Ases dans cette ; ils sont les alliés, les auxiliaires maques (einheriar) terrible journée. (Voy. Hakonar Saga, chap. xxxm.) VERS 2 2 5. — Fiorgune est un autre nom de lordh (montagneuse) (terre). VERS 227. — Le Dragon volant, est NidUioggr qui, après avoir dévoré les cadavres dans Niflhel l'enfer à Nidafioll (voy. (voy. v. 161), quitte Y. sur la terre jonchée une pâture abondante i48), et revient chercher 238 VOLUSPA. Son arrivée de morts. annonce que la terre va bientôt s'abîmer dans la mer. VERS 237. — L'aigle ou le vautour lui [S. Math, xxiv, 28 ; Kvida Gadrunar, qui II, est souvent 7), confondu ne se repaît tués avec plus de la du haut de sur les champs de bataille; mais, il épie les poissons. Cela veut dire qu'après la renaissance, il l'écueil, vivront dans une paix éternelle, n'y aura plus de guerre : les hommes mêmes perdront leur férocité et leur rapacité.—L'aigle et les animaux des hommes chair le; poète est sans doute iefalco chrysetus. « Cet aigle se tient du pays (Islande), « quelquefois où il se nourrit de dans l'intérieur « saumons et autres poissons.... sur les ; d'autres fois on le rencontre dont parle de poissons morts, ou de «.rochers qui bordent la mer, où il se contente sur le rivage. On en voit souvent en« charognes que les flots jettent chiens marins; ils profitent « lever, au loin, de jeunes pour cela du que ceux-ci se reposent sur les rochers qui bordent la mer. » Voyage en Islande fait par ordre de Sa Majesté Danoise, 1.1, p. 116. Ases de la seconde génération viennent VERS 2 4O. —Les occuper où leurs pères déles sièges élevés ( voy. v. 2 2 ) sous l'arbre Yggdrasill « moment autrefois libéraient avaient coutume vamâl, 5o.) sur le gouvernement du monde.—Les de tenir leurs assemblées auprès d'un C'était On se rappelle aussi à l'ombre d'un arbre qu'on Scandinaves arbre. rendait (Cf. Hala justice. : ....'. Vincenne, où Louis autrefois Au pied d'an chêne assis dicta ses justes lois. VERS 24I. — (le grand Fimbultyr dieu) est Odin. Mystères d'Odin, voyez v. 3. VERS 243. — Les jetons ou tables d'or avec lesquelles les Ases avaient sur l'herbe des siècles, voyl v. 3i, se retrouvent joué au commencement dans les enclos des dieux même état de félicité : cela veut dont ils dire avaient dans le que les Ases rentrent des au commencement joui siècles. VERS 2 45. — Les générations d'Odin. des dieux, c'est-à-dire VERS 248. — d u bien, Baldur, qui avait disparu l'idéal sont la postérité de la beauté de Fiolnir, et de la bonté, du ciel et de la terre, reparaît ou du chej le principe dans le monde NOTES Baldur revient régénéré. été la cause involontaire, demeure de Hroptr 239 EXPLICATIVES. de Hel : il vit mais fatale en paix avec son frère qui avait de sa mort : il habite avec lui la c'est-à-dire (Odin), l'ancienne Valhall (demeure des Élus). VERS 2 51. — Hoenir, frère d'Odin, à Asgard, revient otage aux .Vanes, Ases. Ses fils et les fils de son frère qui j adis avait été envoyé comme et prend sa part du bonheur des habiteront Vindheim ou les Odin, \ vastes régions de l'air. Les hommes sur la terre VERS 255.— nouvelle ^Y sont régénérés; le magnifique Gimli (étincelant). leurs vertus, ils habitent pour prix de du nouveau conseil des Grandeurs, VERS 260. — Le président est fils de Baldur et de Nanna. C'est le dieu de la justice Forseti (président), et de la paix. (Voy. Grimnismâl, i5.) Son palais Glitnir (étincelant), chez les hommes et chez les thing (tribunal) passe pour le meilleur dieux. (Voy. Snorra-Edda, p. 31.) II. ^AFTHRUDNISMAL. 16 INTRODUCTION. CHAPITRE Dl! EXPLICATION TITRE ET I. DU BUT DU POEME. Vafthrâdnismâl signifie discours, entretien ou dialogue Tout ce qu'on sait sur Vafthrûdnir se réde Vafthrûdnir. son nom figure duit à ce que, dans la Snorra-Edda, des Iotes, et que dans notre poème, il est appelé père d'Imr et représenté comme un géant renommé pour sa force corporelle et sa grande érudition. dans rénumération doit naturelleC'est en sa qualité d'Iote que Vafthrûdnir et de savoir, puisque ment avoir beaucoup d'intelligence selon la mythologie, les Iotes sont nés au commencement le mieux les par conséquent, antiquités (fornir stafir) et les mystères du Destin (runar)*. Aussi les Iotes sont-ils quelquefois appelés hundvûir ïotnar du monde, et connaissent, (Iotes qui savent cent choses), géants infiniment Le second interlocuteur dans Vafthrûdnismâl savants 2. est Odin, le dieu de l'intelligence, de la sagesse et du savoir. Ainsi nous voyons figurer dans notre poëme deux personnages l'un et l'autre distingués par leur esprit eL mythologiques, leur science. On comprendra ' Voyez Introduction 2 Skaldskaparmâl, pourquoi générale, page 108. le poëte a mis en scène ces page 9, et Vôluspâ, vers 3. 16. VAFTHRUDNISMAL. 244 deux personnages, quand composant Vafthrûdnismâl. on saura quel a été son but en la supériorité d'Odin du poète est de montrer en sagesse et en savoir sur tous les êtres du monde, et de Le but une de ces rencontres où cet Ase a vaincu, par représenter un Iote qui était son rival et son ennemi. son intelligence, d'Odin a été suggérée au poète par de la supériorité la mythologie, qui raconte que le père des Ases prenait formes et différents souvent différentes noms, et allait, L'idée les Iotes par sa sagesse, comme par la force de son bras. Quant ainsi déguisé, vaincre fils Thôr les vainquait son à la poétique de cette idée, ou quant au tableau représentation de l'inil est entièrement retracé dans Vafthrûdnismâl, du poète. En effet, il n'est pas probable que le un ancien mythe qui eût déjà poète n'ait fait que reproduire et Odin. Si Vafthrûdexisté sur la lutte entre Vafthrûdnir vention nismâl avait été une ancienne détails de cette tradition tradition existeraient les mythologique, encore dans d'autres poésies de l'Edda-, de plus, le nom de Gangradr que prit Odin lorsqu'il alla voir son adversaire, (voyageur) serait de- venu un nom propre poétique de ce dieux : et Vafthrûdnir qu'il ne le fait dansk jouerait un rôle bien plus important Scandinave. Nous devons donc admettre que le mythologie est entièremythe, qui fait le sujet de Vafthrûdnismâl, du poète. Ce mythe nous retrace le ment de l'invention tableau d'un assaut de savoir entre Odin et le géant Vafthrûdnir. Dans cette lutte, les deux jouteurs risquent leur tête ; celui son adversaire, 1 eux qui sera vaincu par la science de devra être mis à mort. Il paraîtra sans d'entre Grimnismâl, strophe 45 et suivante. INTRODUCTION. 245 doute singûliercà plusieurs de nos lecteurs, que la vie soit l'enjeu dans un assaut d'esprit, et qu'il y aille de dans une joute d'érudition. C'est la tête des concurrents pourquoi, l'aventure avant d'examiner en détail la mise en scène de dans notre poème, il importe de dire sur le genre de lutte à mort dont nous racontée quelques mots avons un exemple dans Vafthrûdnismâl. Dans l'antiquité, et surtout chez les peuples encore sinon d'une manière barbares, il était admis en principe, raisonnée, du moins que celui qui était et son intelligence, devait instinctivement, supérieur par sa force physique être le maître de celui qui était plus faible de corps et et vrai en lui-même, puis- d'esprit. Ce principe était juste qu'il est la loi du monde et la loi de la nature ; mais il devait être absurde et inhumain chez des hommes dont la force corporelle était de beaucoup plus développée que l'esprit. La force devint brutale parce qu'elle n'était pas dirigée et dominée par la raison, et elle devint doublement pernicieuse parce que l'esprit, qui ne savait pas enou la justice, se manifescore s'élever jusqu'à l'intelligence tait comme ruse, et servait à opprimer plus facilement la faiblesse et l'inexpérience. tout Cependant ce principe, la base de la religion des incomplet qu'il était, formait Scandinaves dont les deux plus grands dieux étaient Odin, le représentant de l'adresse et de la ruse normande, et de la force physique. Nous avons Thôr, la personnification vu comment l'auteur de la Vôluspâ protestait 1, en homme de génie, contre la religion de son siècle, et comment de voir un jour espérait, en patriote et en philosophe, 1 Vôlusoâ, Introduction , page 164. V*** 4M}* il la 246 VAFTHRUDNISMAL. la grande justice présider aux destinées du mondeflMàis idée de cet homme supérieur n'était pas comprise par ses de même qu'elle n'a jamais été reconnue contemporains, civilisée. par le monde païen de l'antiquité explicitement Tous ces peuples ne voyaient la grandeur que dans la la force était leur force, et tout homme qui représentait leur ha force seule donnait le droit et le sanctionnait; elle seule était un titre incontesté pour subjuguer et anéantir tout ce qui ne pouvait pas lui résister. héros, leur dieu, roi, Le droit sur le vaincu était illimité, du vainqueur et on aurait cru se déshonorer en n'en usant pas dans toute son étendue. Le droit du plus fort était en même temps le de l'antiquité, et il a été proclamé d'une part et reconnu de l'autre , dans les rapports diplomaou gothique, et le tiques entre le monde germanique monde romain. Quand les Cimbres envoyèrent des ambasdroit international à Papirius, ceux-ci lui dirent « que c'était une loi «reçue parmi toutes les nations, que tout appartînt au « n'avaient point ; que les Romains eux-mêmes vainqueur sadeurs « d'autre droit sur la plupart des pays qu'ils possédaient, » l'épée à la main. « que celui qu'on acquiert Le droit de la victoire et de la conquête était un droit divin ; car Dieu, c'était la force, et le symbole de Dieu chez les Scythes, c'était le glaive. une grâce ou un don céleste, une décision de la Providence. « est le seul bien L'intrépidité passait pour et l'issue des combats pour « La valeur, » dit un guerrier de l'homme ; Dieu se propre germain, « range du côté du plus fort : » et quand le Gaulois Brennus : écriant du en s son dans la balance Romain, jeta épée « Malheur la maxime , que la aux vaincus, » il confirma INTRODUCTION. victoire donne des droits 247 et que le vainqueur ne de ceux contre lesquels les dieux se absolus, doit pas avoir pitié sont déclarés. C'est encore par suite du principe établi, que au Dieu se range du côté du plus fort, qu'on institua, moyen âge, le combat judiciaire, qui fut même autorisé par l'Eglise. Dans le Nord, l'idée du droit naître les singulières prétentions connus sous le nom de Berserkir les sans-cuirasses) la force fit que procurait de ces hommes féroces, (les simples-chemises, n'avaient que leur chemise du Nord Ces sans-culottes parce qu'ils se battre. quand ils allaient auxquels rien ne pouvait résister s'ils étaient dans leur de rage, (berserksgangr), que la supériorité prétendaient la force donnait droit jusque sur la propriété d'autrui. C'est pourquoi à la lutte les riches et les ils provoquaient nour trouver occasion de paysans propriétaires (hôlldar), les vaincre et de s'emparer delejars biens. Il y avait dans l'armée d'Olaf, roi de Norvège, des Berserkir qui disaient publiquement qu'ils se fiaient bien plus à leur bras et à leurs armes qu'à Thôr et à Odin; qu'ils n'avaient d'autre religion que la confiance en leur propres forces. Cette haute idée, qu'on attachait à la force physique et à la valeur guerrière, fut exaltée chez les peuples Scandinaves par les éloges pompeux que les skaldes donnaient aux héros. D'un autre côté, la religion rendait elle-même le plus grand hommage à la valeur et à la force, en enseignant que seulement les hommes forts et vaillants entredans le séjour joyeux de raient, par une mort sanglante, Valhalle; tandis que les hommes faibles, lâches ou morts de maladie et de vieillesse, passeraient dans le séjour triste 248 VAFTHRUDNISMAL. de Hel. Ce qui prouve encore que les Scande l'empire mettaient leur bonheur et leur gloire dans la dinaves, force physique et la.bravoure, c'est que les bienheureux de Valhalle n'avaient pas de plus grand plaisir que d'éles uns contre les autres. en luttant leur vigueur Si, comme nous venons prouver était de le voir, la force physique cependant aussi il y avait dans l'antiquité, des occasions où l'on rendait hommage à la force de l'esprit. De même qu'il y avait des luttes et des combats en dans la champ clos, dé même il y avait aussi, jusque idolâtrée des luttes où le prix était décerné à plus haute antiquité, la sagacité et à l'érudition. C'est l'Asie qui est le berceau de ces joutes d'esprit et de ces assauts de savoir. Chez les c'étaient principalement des énigmes sémitiques, par lesquelles on éprouvait la sagacité et le savoir des concurrents. De là les traditions répandues chez les anciens peuples Hébreux, et Éthiopiens, sur les énigmes que se le roiSalomon et la reine de réciproquement Arabes proposèrent Saba. Dans l'Inde, c'était surtout la philosophie qui faisait l'objet du concours. Ces joutes d'esprit étaient quelquefois aussi funestes aux vaincus que les luttes où la force phy: car il y allait de la tête de celui qui sique triomphait ne savait pas deviner l'énigme ou répondre à la question proposée. La mythologie plusieurs fables sont emprésente, entre autres, le mythe allépruntées à l'Orient, gorique du sphinx de Thèbes, qui proposait des énigmes aux passants, et qui les déchirait s'ils ne savaient pas en deviner le mot. grecque, Dans les contes persans dont et arabes, on voit des prin- 249 INTRODUCTION. cesses qui mettaient dans l'alternative prétendants et ou de deviner les énigmes qu'elles leur proposaient, d'obtenir ainsi leur main, ou, dans le cas où ils ne pourraient les deviner, leurs d'être mis à mort pour expier leur incapacité téméraire 1. on trouve Dans Mahâbhârata, poëme épique hindou, raconté le trait suivant. Le roi Djanakî fit un grand sacrifice qui devait durer douze ans. Un bouddhiste-, nommé Vandî, se présente; il provoque les brahmanes à disputer de la lutte, que celui avec lui, et met comme condition qui serait vaincu par les arguments de son adversaire se jetterait dans la rivière. Kahora , disciple d'Ouddâlaka, il est vaincu par le bouddhiste, et accepte le défi ; mais fils de obligé de se noyer. Douze ans après, Aschtâvakra, n'eût alors Kahorà, vint pour venger son père. Quoiqu'il et, après l'avoir que douze ans, il provoque le bouddhiste, vaincu par ses arguments, il lui signifie tour dans la rivière. Mais le bouddhiste de se jeter à son déclare qu'il est fils de Varouna (dieu des eaux); que Kahora et les autres mais qu'ils ont brahmanes n'ont pas péri dans la rivière, été accueillis par Varouna, et que toutes ces luttes n'ont eu pour but que de procurer au dieu des eaux des prêtres qui pussent l'assister dans le sacrifice qu'il avait à faire. Les Hindous avaient opinion de la supériorité et de l'empire absolu que donnait la sagesse, qu'ils étaient convaincus qu'Indra même, le .chef des dieux inférieurs, serait obligé de céder son trône au philosophe qui lui serait supérieur On croyait que par par l'intelligence. la pénitence contemplative à la [rPT^ ], on parviendrait 1 Cf. Der Nibàmujen une si haute Nôt, VII, strophe 326. VAFTHRUDNISMAL. 250 les pénitences C'est pourquoi terribles certains mounis (anachorètes) faisaient que s'imposèrent trembler le dieu Indra, et, pour ne pas perdre son empire, sagesse suprême. il eut au moyen extrême. Ce moyen était d'envoyer au mouni une charmante Apsaras (espèce du ciel ou paradis de nymphe ou de houri [yjju^l jy^] souvent recours de l'amour, le détournait hindou) qui, en lui inspirant de sa philosophie et de sa pénitence, et lui faisait ainsi perdre le fruit de la sagesse. Odin , le dieu pas moins jaloux il craignait la qu'Indra de la sagesse et du savoir d'autrui; supériorité d'esprit des Vanes, qui étaient les rivaux des Ases et celle des Iotes qui étaient leurs ennemis. Ces derScandinave, n'était niers surtout lui inspiraient sans cesse de vives inquiétudes. C'est pourquoi il buvait à la fontaine de sagesse, gardée et plus tard il allait consulter la tête de par l'Iote Mimir, ce géant dans les cas difficiles l. Il fit de fréquents voyages dans le pays des Iotes pour mettre leur sagesse à l'épreuve Dans ces épreuves, par lui-même sa supériorité. il y allait toujours delà vie de celui qui était vaincu. D'après ce que nous venons de dire, on comprendra comment il a et constater pu prendre envie à Odin d'aller nir, qui était un Iote renommé se mesurer avec Vafthrùd- pour sa sagesse : on comce que c'est que cette joute d'esprit, cet assaut prendra d'érudition entre le prince des Ases et le géant qui sait on comprendra comment la vie a pu être mise en jeu dans la lutte engagée entre les deux personnages qui figurent dans Vafthrûdnismàl. tout; enfin, 1 Voyez; Vôlnspà, v. 195. INTRODUCTION. CHAPITRE DES II. DU DIVISIONS Vaffhrûdnismâl est divisé seconde, il raconte la lutte 251 POÈME. en deux parties principales. Dans la première, le poète raconte toutes les circonstances Dans la qui précèdent l'entrevue d'Odin et de Vafthrûdnir. qui fait le sujet du poëme. Gomme la première partie ne doit être qu'une introduction à la seconde, elle ne s'étend que jusqu'à la cinquième strophe. Dans cette introduction, tretenant avec sa femme Frigg; d'aller voir Vafthrûdnir, et il lui nous voyons Odin s'enil lui exprime le désir donne à entendre que de faire c'est pour se mesurer avec ce géant qu'il a résolu ce voyage. Frigg voudrait retenir son mari, car elle connaît de Vafthrûdnir. la grande force corporelle Mais Odin persiste dans sa résolution, sa femme, il et, pour tranquilliser resté vainqueur dans les toujours lui rappelle qu'il était aventures périlleuses. Frigg voyant qu'elle ne pourrait pas détourner Odin de son projet, consent à ce qu'il parte; elle trahit son inquiétude mais, dans ses adieux, par les voeux qu'elle fait pour le succès et le retour heureux de son mari. Après ce dialogue entre Odin et Frigg, une strophe raconte que le prince des Ases, déguisé en voyase présenta dans geur, et ayant pris le nom de Gangrade, la demeure de Vafthrûdnir. la seconde Ici commence partie du poëme, ou le dialogue et la lutte entre Odin et Vafthrûdnir. Cette seconde partie renferme au commencement quelques strophes dans lesquelles le poëte raconte comment la lutte s'engage entre les deux adversaires. 252 VAFTHRUDNISMAL. après son entrée dans la demeure de Vafthrûdnir, se tient dans le vestibule ; et dès qu'il se trouve en face de son hôte, il lui déclare qu'il est venu exprès pour se conOdin, vaincre de sa sagesse. Vafthrûdnir étonné qu'un étranger doute de sa science, et vienne le provoquer brusquement dans sa propre demeure, accepte le défi en déclarant avec colère que l'étranger ne sortira plus de chez lui, à moins en sagesse et en savoir. qu'il n'ait prouvé sa supériorité Odin, pour apaiser la colère du géant, le rappelle aux devoirs de l'hospitalité en faisant connaître son nom de Ganfidèle à ces grade et sa qualité de voyageur. Vafthrûdnir, devoirs sacrés, dit à l'étranger d'entrer dans la salle et d'y prendre place. Mais Gangrade, avant de jouir des avantages de l'hospitalité, voudrait donner une preuve de son savoir et gagner ainsi la bienveillance de son hôte ; car, comme tous les étrangers sans distinction avaient droit à une ré- les hommes supérieurs, ception hospitalière, pour ne pas être confondus avec la foule, tenaient à se faire connaître, dès le commencement, comme hommes d'esprit, et à s'attirer le respect de leur hôte par la sagesse de leurs discours. Aussi Gangrade ne veut-il pas devoir le bon accueil de Vafthrûdnir mais à sa qualité à sa qualité d'étranger, d'homme il garde sa place dans C'est pourquoi et répond, sur l'invitation de son hôte à entrer de mérite. le vestibule, dans la salle, qu'un étranger doit avant tout se faire respecter, surtout s'il est pauvre et s'il se trouve chez un homme qui n'est pas précisément prévenu en sa faveur. Vafthrûdnir voyant que Gangrade ne veut jouir de l'hosqu'après avoir prouvé qu'il n'est pas un homme commence à lui adresser différentes questions. ordinaire, pitalité INTRODUCTION. Ici commence la lutte entre Vafthrûdnir 253 et Odin. Dans la première partie de cette joute de savoir, c'est Vafthrûdnir qui adresse des questions à Gangrade ; dans la seconde, c'est Les quesOdin qui adresse des questions à Vafthrûdnir. tions que le géant adresse à son hôte sont au nombre de est la plus difficile de toutes, parce quatre; la dernière qu'elle se rapporte aux choses à venir. Comme Gangrade sait répondre à toutes les questions, Vafthrûdnir lui témoigne du respect; il le fait asseoir auprès de lui et l'engage à commencer le grand assaut d'érudition, où il y ira de la vie du jouteur vaincu. Gangrade accepte le combat, et, à son tour, il interroge son hôte Vafthrûdnir. Il lui adresse en tout dix-huit questions toutes plus difficiles les unes que les autres ; les douze premières différents êtres mythologiques, des dieux et des hommes, se rapportent à l'origine de les six dernières à l'avenir ou à la fin du monde. Comme Vafthrûdnir a su répondre aux dix-sept questions, Odin lui adresse enfin la dix-huitième à laquelle, comme il en est convaincu, le géant ne saura pas répondre. En même temps qu'il propose la question fatale, Gangrade reprend sa figure de prince des Ases. Vafthrûdnir reconnaît Odin, non-seulement à sa figure, mais aussi à la question qu'il vient de lui adresser : car il n'y avait qu'Odin qui pût faire cette question, et qui pût connaître le mystère dont luimême était l'auteur et le seul initié vivant. Vafthrûdnir d'avoir avoue qu'il est vaincu ; il déplore son imprudence voulu rivaliser avec le plus sage des hommes, et il se soumet à son sort avec résignation. Cette dernière strophe de Vafthrûdnismâl renferme donc à la fois la péripétie, la catastrophe et la conclusion du poëme. 254 VAFTHRUDNISMAL. CHAPITRE DISCUSSION DE CRITIQUE DE III. DIFFÉRENTES QUESTIONS CONCERNANT LE POÈME. Par l'analyse rapide que nous venons dé faire, nous avons pu reconnaître la disposition du poëme. Comme est régulière cette disposition et qu'on n'y remarque aucune lacune, nous sommes en droit d'admettre que notre poëme est intègre, la main de l'auteur. c'est-à-dire tel qu'il est sorti de a été composé à une époque moins ancienne que celle de la Vôluspâ; on le voit et par le fond et par la forme du poëme, ou par les témoignages intrincomme sèques-. Le fond ou le sujet en est mythologique Vafthrûdnismâl et le poëme dans la Vôluspâ, formait encore la mythologie remonte à un temps où la croyance du peuple, mais où elle commençait déjà à être un objet d'étude et La plupart des mythes, dans Vafthrûdnismâl, d'érudition. ne sont pas anciens, mais on en trouve aussi qui semblent n'avoir plus été connus de Snorri, comme, par exemple, le mythe sur les génies tutélaîres et celui (v. i 96-199), sur le secret d'Odin (v. 218-219); que ces mythes ancienne. appartiennent ver Quant à la forme ou à l'extérieur ce qui à une semble prouépoque assez de Vafthrûdnismâl, tout nous prouve que ce poëme n'est pas aussi ancien que la Vôluspâ. En effet, le langage du poëme présente des comme formes grammaticales qui sont plus modernes; INTRODUCTION. 255 entre autres t changé en o dans io eiha {v. 77), io sama de (v. 88), vio skolom (v. 75), etc. Ensuite, la versification est dans le genre nommé liôdahâttr qui, comme nous l'avons vu, est dérivé du fornyrdalag proprement dit, et par conséquent moins ancien que celui-ci. Vafthrûdnismâl de notre poëme est moins De plus, comme la versification soignée que celle de la Vôluspâ, il est à présumer qu'elle appartient à une époque où l'on ne connaissait pas encore du xne et du plus artificielle mais où les règles de l'ancienne la versification versification xme siècle, n'étaient plus observées que dans les temps antérieurs. aussi strictement les témoignages maintenant Examinons extrinsèques sur l'époque thrûdnismâl à laquelle notre poëme a été composé. Vaffois dans l'Edda de Snorri. est cité plusieurs C'est donc un témoignage positif sur l'existence à la fin du xne siècle; mais, malheureusement, reste pas de témoignage vrai que Vafthrûdnismâl de l'Edda de Saemund; du poëme, il ne nous Il est plus ancien que celui-ci. a été imité dans quelques poëmes mais comme la date de ces poëmes n'est pas encore suffisamment ils ne peuvent pas la date de Vafthrûdnismâl. Cependant, non plus indiquer bien que ces imitations connue, ne soient d'aucun intérêt dans la question qui nous occupe, nous devons les constater les ici, parce qu'elles serviront plus tard à déterminer et plusieurs rapports qui existent entre Vafthrûdnismâl poëmes de l'Edda. Nous poëmes de l'Edda, celui paraît être une imitation de l'un et de l'autre Alvîs (qui sait tout) les que parmi Alvîsmâl est intitulé nous dirons donc qui de Vafthrûdnismâl. La forme poëme est entièrement semblable. représente évidemment Vafthrûdnir, 256 VAFTHRUDNISMAL. iôtunn); qui sait tout (alsvinni sonnage ont visité les neuf mondes ITote 9 ) ; l'un strophe et l'autre et l'autre l'un perAh. (Vafth. v. 173; connaissent les runes ou les antiquités {Vafth. v. 3, 171, 222; Alv. strophe 56). Dans l'un et l'autre poëme, les questions commencent parla : Dis-moi même formule dans l'un et cela, etc. Enfin, l'autre poëme, on trouve comme hvàt ër ihat fîra; 2,5); strophe hvat ër ihat manna; v'. 25, 178). poëme de l'Edda thrâdnismâl, Un autre svinnsmâl, des expressions semblables, hvat er that rëka [Alvîsmil, hvat lifir de Soemund manna ( Vafintitulé Fiôl- nous semble mâl. Fiôlsvidr (qui présente Vafthrûdnir de même que l'autre également imité de Vafthrûdnisest versé en beaucoup de choses) requi est versé en tout (alsvidr iôtunn), Komumadr (étranger), interlocuteur, De plus, les deux représente Gangradr (le voyageur). poëmes se ressemblent beaucoup dans la forme; les questions adressées à Fiôlsvidr commencent par la formule Dis-moi cela, etc. Enfin, ordinaire: on trouve dansFiôlsvinnsmâl la locution hvat er that.... que nous avons aussi On ne saurait donc douter que remarquée dans Alvîsmâl. et Fiôlsvinnsmâl ne soient Vafthrûdnismâl, Alvîsmâl Mais lequel est le poëme original ou celui qui a servi de modèle ? Toutes les raisons nous porten t à croire que Vafthrûdnismâl est le plus ancien des trois imités l'un de l'autre. poëmes, et par conséquent celui qui a été imité dans les la preuve quand nous deux autres. Nous en fournirons et Fiôlvinnsmâl, Alvîsmâl car il faut conexpliquerons naître ces poëmes avant de pouvoir existe entre eux et Vafthrûdnismâl. juger du rapport qui INTRODUCTION. Nous trouvons encore dans la Hervarar-Saga se revêtit ditqu'Odin et qu'il 257 une imitation de notre poëme xv de ce livre, il est 1. Au chapitre du corps d'un certain Gestur (hôte), alla,.ainsi métamorphosé, proposer vingt-huit connu par sa énigmes ( bëra upp gatur ) au roi Heidrëk, grande sagacité (gedspeki; cf. Vafth. v. 76). La dernière est précisément la même que la dernière adressa à Vafthrûdnir. En voici la traquestion qu'Odin : «Dis-nous, roi Heidrëk, si tu es plus duction, littérale de ces énigmes « sayant que les autres, qu'a dit Odin à l'oreille de Baldur «avant que celui-ci fût placé sur le bûcher ? Roi Heidrëk, « réfléchis à cette énigme ! »—En général, il est impossible la grande ressemblance de ne pas reconnaître qu'il y a, entre le récit de la joute jusque dans les expressions, d'Odin avec Heidrëk, et le récit de la joute d'Odin avec Vafthrûdnir. par conséquent en droit d'ada imité, de la Hervarar-Saga dans le Nous sommes mettre que l'auteur xve chapitre, le poëme de Vafthrûdnismâl. Mais comme nous ne savons pas exactement a quand la Hervarar-Saga été rédigée, la circonstance des imitaqu'elle renferme tions de Vafthrûdnismâl, trouver ne peut pas servir de guide pour si nous résula date de ce poëme. Cependant, mons les différents et extrintémoignages intrinsèques nous aurons sèques que nous avons rapportés jusqu'ici, a dû pour résultat de notre examen que Vafthrûdnismâl être composé à la fin du Xesiècle. Le poëte nous est entièrement inconnu ; il était sans doute Islandais, car il n'y a aucune raison qui nous fasse croire que le poëme ait été composé dans un autre pays que l'Islande. 1 Hervarar-Saga, éd. Olai Verelii. Upsaliac, 1672. L7 VAFTHRUDNISMAL. 258 Quant au mérite de Vafthrûdnismâl, général, ce poëme est un des moins nous dirons qu'en beaux de ceux du re- Ce n'est point qu'il y ait quelque défaut du poëme : ce qui lui manque, c'est dans l'arrangement une diction poétique. Nous avons déjà eu occauniquement naturelle des parties sion de faire remarquer la disposition cueil de l'Edda. Ajoutons que le poëte a su choisir la forme de dialogue par laquelle tout deavec habileté, vient dramatique dans le poëme, et cette forme est d'autant plus convenable, aux qu'elle se prête naturellement dans Vafthrûdnismâl. discussions telles que la lutte entre Odin et Vafthrûdnir. De plus, le dialogue permet au poëte de passer sur beaucoup de détails qui seraient nécessaires dans un récit, mais qui nuiraient à l'effet dramatique du poëme. Ainsi, dès le commencement de Vafthrûdnismâl, nous assistons tout à coup à un dialogue et sans donner d'autres entre Odin et sa femme Frigg; le préliminaires, explications comme dans un premier poëte expose dans ce dialogue, acte, le sujet de son drame. Mais le lecteur supplée il facilement au manque d'éclaircissement préliminaire; se figure assis dans l'endroit du ciel appelé qu'Odin, d'où son oeil se portait sur les neuf mondes, a Hlidshialf, aperçu la demeure de Vafthrûdnir; qu'il lui a pris aussitôt envie d'aller mettre à l'épreuve ce géant tant renommé par sa sagesse, et que c'est à ce sujet qu'il est entré en dialogue avec Frigg. Si l'auteur a commencé son poëme ex abrupto, il le finit, ou réticence. Comme pour ainsi dire, par une aposiôpèse s'il connaissait les convenances du le poëtë tire le rideau sur le spectacle de Vafthrûdnir, et laisse à deviner le sort théâtre, de la mort qui attend INTRODUCTION. 259 derrière la scène. En cela, il fait jouteur de jugement et de goût. De plus, il y preuve de beaucoup de phrase qui prouvent a dans notre poëme des tournures le malheureux que le poëte avait parfois de la délicatesse sées, et de la finesse dans ses expressions. dans ses penCe n'est donc de la disposition ou du plan, ni sous ou du fond, que notre poëme laisse beaucoup à désirer : c'est dans le style que réside le prinLe style en est généralecipal défaut de Vafthrûdnismâl. ni sous le rapport celui des pensées et les mêmes ment trop prosaïque, nent dans presque chaque strophe, le poëme quelque cho*se d'uniforme qui reviensur tout répandent phrases et de monotone. Il est vrai que le dialogue un style moins poécomporte tique, mais toujours faut-il que dans un poëme le langage D'un autre se soutienne au-dessus de la prose ordinaire. côté, il faut convenir partie, de la nature Comme les mêmes en que les répétitions proviennent, même du sujet de Vafthrûdnismâl. idées devaient nécessairement se répéter plusieurs fois, le poëte a cru devoir les reproduire Mais que l'on chaque fois sous les mêmes expressions. attribue les défauts que nous venons de signaler, ou à la nature du sujet, ou à la négligence du est-il vrai que Vafthrûdnismâl n'est point plus belles poésies de l'Edda. Cependant de rapports, surtout poëte, toujours du nombre des sous beaucoup qu'il renferme par les renseignements sur la un Scandinave, ce poëme sera toujours mythologie des monuments littérature les plus curieux de l'ancienne islandaise. 17- VAFTHRUDNISMAL. ODINN. RâS bû mer Frigg, FafbrûSnis; mikia Forvitni ViS allz mik/ara nu, wtia At . kvëo-ëk bann-inn mër alsvinna â /ornom l'ôtun. tîSir stôfom FRIGG. 5 Heima letia ek muhda HeriafôSr I gôrôom goôa : {>vîat engi l'ôtun ëk hugoa vëra. Sem FafbrûSni ïafn-ramman ODINN. Fiôld 10 Hitt ëk for, fiôld ëk /reistaSa Fiôld ëk reynda regin : vil-ëk vita, hve FafbrûSnis iSala-kynni se. FRIGG. fleill fîeiil 15 Tieill bû aptr sêr! bû Asyniom bû farir, OEo~i yèr dugi, hvars bû Orc-om msela iôtun. Fôr thâ Odinn, Thëss-ins komir, skalt, at freista or aildafôSr! ordspeki alsvinna iôtuns; At hàllo hann kom ër âtti Zms-fadir : su Jnn-gêkk Yggr thëgar. DISCOURS DE VAFTHRUDNIR. ODIN. Que me conseilles-tu, Pour aller Frigg? il me tarde de partir voir Vafthrûdnir ; J'ai, je l'avoue, une grande curiosité Avec ce Iote qui sait tout. de parler sur les [antiquités FRIGG. je voudrais te retenir Dans les palais des dieux : Car aucun Iote, je pense, n'est égal en force Père des Combattants, chez toi, 5 A ce Vafthrûdnir. ODIN. J'ai voyagé beaucoup, j'ai J'ai mis à l'épreuve eu beaucoup d'aventures, beaucoup de puissances : Je veux donc aussi savoir comment Vafthrûdnir Tient 10 son ménage. FRIGG. Que ton voyage soit heureux ! que ton retour soit heureux ! Que tu reviennes heureux auprès des.Asynies! Puisse ta sagesse t'aider, ô notre Père de l'Univers, quand is Disputer avec ce Iote. Odin partit donc pour éprouver la sagesse De ce Iote qui sait tout; H arriva à îa demeure qu'habitait le père d'Imr; Le Circonspect y entra aussitôt. [il te faudra 20 262 VAFTHRUDNISMAL. ODINN. fleill bû nû Vafbrûonir â bik Hitt siâlfan ! nû ëm-ëk î hôll kominn siâ : vil-ëk vita, ëf bû /rô<5r fjrst E<br alsviSr, iôtunn! sêr, VAFTHRÛDNIR. 25 Hvat ër bat manna, ër î mînom or<bi â? Fërpomk Ut pu ne komir orom hôllom bû inn Nëma snotrari sal frâ sêr. ODINN. GângrâSr 3o ëk heiti; — nû ëmk af gôngo kominn Jjyrstr til pinna sala, LaSar burfi (hefi ëk lengi farit), Ok pinna andfânga, iôtunn! VAFTHRÛDNIR. Hvî 55 bû pâ, Far-bû Gângrâor, moeliz î sëss î sal! af <jfôlfi fyrP hvârr /leira viti, J>â skal /reista Gestr eSr inn gamii bulr. GÂNGRÂDR. OauSigr maSr, ër til auSigs kômr, Mseli barft è"Sr begi; hygg-ek at illa geti Ofrmaelgi mikil, 40 Hveim ër vio kaidrifiaSan fcômr. VAFTHRÛDNIR. — allz bû â GângrâSr, Seg-bû gôlfi — um J)ins /reista /rama mër, vill DISCOURS DE 265 VAFTHRUDNIR. ODIN. je suis entré dans ta demeure Je te salue Vafthrûdnir, ta personne Pour voir surtout Je voudrais : savoir si tu es savant Et versé en tout, Iote! VAFTHRÛDNIR. Quel est cet homme Me provoque qui, 25 dans ma salle, si brusquement? Tu ne sortiras pas de ma demeure Si tu n'es pas plus savant que moi. ODIN. Je me nomme Altéré Gangrade. — Je viens de quitter que je suis, pour entrer J'ai fait un long voyage, j'ai besoin Et de ton accueil, ô Iote ! la route, dans ta demeure 30 : de ton hospitalité VAFTHRÛDNIR. Pourquoi, Gangrade, parles-tu là, debout dans le vestibule place dans la salle : Viens prendre Alors nous éprouverons De l'étranger ? lequel est le plus savant, ou de ce vieillard 55 parleur. GANGRADE. Le pauvre qui entre chez le riche Doit parler avec discrétion La loquacité, je pense, porté A quiconque se trouve ou se taire : avec un homme Gangrade : —puisque Tu veux prouver sWère. '' VAFTHRÛDNIR. Dis-moi, , malheur debout la supériorité.— dans le vestibule, 40 264 VAFTHRUDNISMAL. Hve sa hestr Tieitir, ër fcverian dregr Dag of drôttmôgo? GÂNGRÂDR. 45 Skinfaxi heitir ër inn s/ara dregr Dag um cZrôttmôgo; Hesta beztr bykkir Tiann mëo Mi mon lysir reiSgotom af mari. VAFTHRÛDNIR. GângrâSr, —allz bû â jôlfi — um J)ins /reista /rama sa iôr heitir ër austan dregr iVôtt of nyt regin? Seg-bu bat, 50 Hve vill GÂNGRÂDR. jfîrîmfaxi 55 heitir ër /iveria dregr JVôtt of nyt regin : fellir hann morgin Meldropa Jjaoan kômr rfôgg um hvern, dala. VAFTHRÛDNIR. — allz DÛ â vill Gângrâor, jôifi Seg-pû -— |)ins um-/reista /rama ër deilir mëS iôtna sonom Hvê su â heitir, bat, Grund 6o ok mëo (poom. GÂNGRÂDR. Ilfing heitir Grund Opin rënna Vërôr-at â ër deilir ok mëo hon mëo iôtna goôom; skal um aldr-daga is â a. sonom DE DISCOURS * 265 VAFTHRUDNIR. • Quel est le nom du cheval qui amène chaque fois Le jour au genre humain? GANGRADE. Il se nomme Skinfaxi; Lumineux c'est lui qui apporte au genre humain le meilleur Il est réputé pour La crinière le jour 45 : de tous les chevaux ; du coursier brille continuellement. VAFTHRÛDNIR. debout :—puisque Tu veux prouver ta supériorité.— Dis-moi, Gangrade Quel est le nom du cheval qui amène, La nuit aux Grandeurs dans le vestibule, 50 de l'orient, bénignes? GANGRADE. Hrimfaxi est le nom du cheval La nuit Chaque matin aux Grandeurs qui apporte bénignes il laisse tomber D'où provient l'écume chaque fois : de son mors 55 la rosée dans les vallées. VAFTHRÛDNIR. Dis-moi, Gangrade : —puisque debout dans le vestibule, — Tu veux prouver ta supériorité. Quel est le nom du fleuve qui partage la terre Entre les fils des Iotes et les dieux? GANGRADE. Ilfing est le nom Entre Sans jamais du fleuve qui partage la terre les fils des Iotes et les dieux : geler, il coulera éternellement; Jamais il ne sera couvert de glace. GO 266 VAFTHRUDNISMAL. * VAFTHRÛDNIR. es — allz bû â Seg-bû pat, Gângrâôr, <jfôlfi vill — um Jrins /reista /rama Hve sa vôllr heitir ër finnaz vîgi at Surtr ok in svaso goS? GÂNGRÂDR. 70 heitir wllr ër finnaz vîgi at Fïgrior iSurtr ok in svaso goS : rasta Aann ër â Jiverian vëg; flundrao Sa ër beim -yôllr wtaSr. VAFTHRÛDNIR. Froor ërtû Ok 75 Hôfâi â bekk gestr ! /ar-bû mselomk î sëssi saman! nû, veSïa viS um Gestr, skolom hàilo î, geSspeki! GÂNGRÂDR. — ëf bitt oeoi io eina dugir Seg-pû pat vitir — Ok bû, FafjjrûSnir! ëor upp-himinn HvâSan iôrd um-kom, 80 Fyrst? inn fro'Si iôtunn ! VAFTHRÛDNIR. Or Ymis ënn ffiminn ënn holdi var iôrS um-skôpuo, or fceinom èiôrg, or hausi ins /irîmkalda or sveita iôtuns, siôr. GÂNGRÂDR. 85 — ëf annat pitt ceSi dugir Seg-pû ]?at Ok bû, Fafbrûonir! «itir— iôtuns, DISCOURS DE VAFTHRUDNIR. 267 VAFTHRÛDNIR. Dis ceci, Gangrade : —puisque Tu veux prouver debout ta supériorité. 65 dans le vestibule, — Quel est le nom Surtur de cette plaine où se rencontreront au et les dieux paisibles? [combat GANGRADE, Vigride est le nom de la plaine où se rencontreront Surtur et les dieux paisibles : Elle a cent journées Voilà de chemin le champ en longueur de bataille qui leur au com70 [ bat et en largeur ; est assigné. VAFTHRÛDNIR. Je vois, étranger, que tu es savant; viens t'asseoir Et discutons ensemble étant assis. gageons nos têtes ici dans la salle, C'est à qui aura le plus de savoir. Etranger! sur mon [banc, — 75 GANGRADE. Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science, à cette première question : Réponds, Vafthrûdnir, D'où sont venus, au commencement, la terre et le ciel ? Dis cela, savant so Iote! VAFTHRÛDNIR. La terré a été créée de la chair d'Ymir, Les montagnes ont été formées de ses os, Le ciel a été fait du crâne de ce Iote glacé, Et la mer a été produite par son sang. GANGRADE. Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science, Réponds, Vafthrûdnir, à cette seconde question sa : 268 VAFTHRUDNISMAL. Hvaoan um-kom Mâni Eor Sbi io menn sâ-ër ferr yfir, sama. VAFTHRÛDNIR. heitir hann svâ Sôlar iô Afundiifoeri oo Ok Himin ër Mâna sama; hverfa bau skolo Oldom fa&ir hverian dag, at drtali. GÂNGRÂDR. — allz bik bat-io* briSia Seg-bû Ok bû, 95 svinnan uitir — Fafbrû<bnir! kvëo"a Hvaoan sâ-ër ferr.drôtt Dagr um-kom, ESr iVôtt mëS mo"om? yfir, VAFTHRÛDNIR. heitir hann ër Dags faSir, Dellîngr Enn iVôtt var iVorvi borin; Ny ioo ok mS skôpo njt Oldom at drtali. regin, GÂNGRÂDR. — allz bik bat-iîb /iôrSa /rôdan Seg-pû Ok bû, FafprûSnir! witir — HvaSan Fëtr Fyrst um-kom, mëS fro8 ëSr imrmt kvëoa Sumar, regin ? VAFTHRÛDNIR. 105 Findsvalr Enn Ar-oi heitir hann Svasuor ër Fëtrar faSir, iSumars; hceSi J?au skolo mi fara, Unnz riûfaz regin. > DE DISCOURS 269 VAFTHRUDNIR. D'où est venu Mâni qui passe par dessus les hommes ; D'où est venue encore Soi? VAFTHRÛDNIR. Mundilfoeri est le nom de celui qui est le père de Mâni Et de Soi également; Chaque jour tous les deux le tour ils feront Pour compter 90 aux mortels du ciel la durée de l'année. GANGRADE. et que tu possèdes la science, à cette troisième question : Vafthrûdnir, Puisqu'on te dit si instruit Réponds, D'où sont venus le Jour Et la Nuit qui passe pardessus avec la nouvelle lune ? les peuples, 95 VAFTHRÛDNIR. Delling est le nom de celui qui est le père du Jour; Mais la Nuit est la fille de Norvi : Les Grandeurs bénignes ont créé la nouvelle premier quartier Pour compter aux mortels la durée lune et le de l'année. 100 GANGRADE. Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science, à cette quatrième question: Réponds, Vafthrûdnir, D'où sont venus au commencement l'Hiver et l'Été chaParmi les Grandeurs intelligentes? [leureux VAFTHRÛDNIR. Vindsvale est le nom Mais Svasuder qui est le père de l'Hiver, est le père de l'Été : de celui L'Hiver et l'Été alterneront toujours Jusqu'à ce que les Grandeurs dans l'année, périssent. 105 270 VAFTHRUDNISMAL. GÂNGRÂDR. 110 — allz bile bat-iS Seg-bû /imta /rôSan Ok bû, Fafbrû£nir! ratir — Hverr Asa ellztr ëor Ymis kvëiSa niSia î dr-daga? YrSi VAFTHRÛDNIR. Orôfi aSr voeri iôrS vëtra, pâ var ii5 prûogélmir Enn skôpuo" &orinn; jBergelmir var pëss faoir, afi. Orgelmir GÂNGRÂDR. Seg-bû Ok bat-io* siôtta — allz bik bû, FafbrûSnir! svinnan uitir— sonom Hva&an kom mëo iôtna Orgelmir iôtunn! Fyrst? inn froSi 120 kvëSa VAFTHRÛDNIR. stukko eitr-dropar, Or Elivâgom Svâ dx unnz varo or iôtunn par orar oettir koma pvî 125 ër bat allt ailar til saman; atalt. GÂNGRÂDR. siônda — allz bik svinnan Seg-bû bat-io witir — Ok bû, FafprûSnir! Hve sa èôrn gat ënn fcalldni iôtunn, Er hann hafiSi-'t «jfygiar (jraman. VAFTHRÛDNIR. Undir iso : 7iendi vaxa kvâSo Mey ok môg saman; Hrîmpursi kvëoa » 271 DE VAFTHRUDNIR. DISCOURS. GANGRADE. Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science, 110 à cette cinquième question : Réponds, Vafthrûdnir, des siècles, le premier des Qui a été, au commencement Et le premier des enfants d'Ymir? [Ases, VAFTHRÛDNIR. Dans la rigueur des hivers, Bergelmir Thrudgelmir avant que la terre fût créée, naquit; n5 était son père, son aïeul. Et Orgelmir GANGRADE. et que tu possèdes la science, à cette sixième question : Réponds, Vafthrûdnir, D'où est venu, au commencement, Orgelmir parmi les fils Puisqu'on te dit si instruit [des Iotes? Dis cela, savant Iote! 120 VAFTHRÛDNIR. Des gouttes de venin, Se congelèrent A lui remontent des fleuves Elivâgar, jaillissant jusqu'à ce qu'il en naquît un Iote : toutes nos familles; C'est pourquoi toute cette race est si robuste. GANGRADE. Puisqu'on te dit si instruit 125 et que tu possèdes la science, à cette septième question Réponds, Vafthrûdnir, Comment engendra-t-il des enfants, ce géant robuste, N'ayant point la jouissance d'une géante? : VAFTHRÛDNIR. Sous le bras, dit-on, de ce Thurse Un garçon et une fille : se formèrent ensemble 130 272 Fôtr VAFTHRUDNISMAL. viS foeti gat ins froSa. iSër-hôfëaSan son. iôtuns GÂNGRÂDR. âtta — allz bik frôSan FafbrûSnir! uitir — bat-io" Seg-bû Ok bû, 135 Hvat bû /yrst ëor /remst of-mant, pu ërt alsvi&r iôtunn. kvëo"a vm-veitzt? VAFTHRÛDNIR. Orôfi pat 140 vëtra, pâ vâr ëk fyrst Var âor vaeri iôrb um-skôpuS èorinn; ër sâ-inn /rôoi Bergelmir um-man, â Zûor iôtunn um-ZagiSr. GÂNGRÂDR. — allz bik svinnan nionda bat-iiS, Seg-bû ! vitir — Ok bû, Fafbruonir Hvaoan uindr Ei menn um-kômr, hann svâ at ferr siâlfan kvë<5a vâg yfir? um-siâ. VAFTHRÛDNIR. 145 Hraesvelgr Jieitir, ër sitr â 7umins enda, Iôtunn î arnar ham; Af hans wsengiom kvëba uind koma Alla men yfir. GÂNGRÂDR. tîunda — allz bû rîva rôk FafbrûSnir! vitir — bat-io iso Seg-pû 011, Hvào*an JJofom Niôror um-kom mëo" i4sa sonom? ok 7iôrgom hann rasSr 7iund-môrgom, Ok varS-at hann ^som alinn. DE DISCOURS 275 VAFTHRUDNIR. Un pied de ce Iote intelligent engendra Un fils qui avait une tête à soi. avec l'autre GANGRADE. Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science, à cette huitième question : Réponds,Vafthrûdnir, Quel est ton plus ancien souvenir? Jusqu'où remonte ta 155 Réponds, toi, Iote qui sais tout! [science? VAFTHRÛDNIR. ancien S'est mis souvenir, dans que la terre fût créée, : naquit Bergelmir Mon plus avant des hivers, Dans la rigueur c'est que ce Iote intelligent 140 une barque. GANGRADE. Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science, à cette neuvième Réponds, Vafthrûdnir, D'où vient le vent qui passe par-dessus les flots, Et qui est toujours invisible question : aux hommes? VAFTHRÛDNIR. du Hroesvelg est le nom de celui qui est assis à l'extrémité C'est un Iote sous un plumage d'aigle : [ciel, De ses ailes provient, Qui souffle le vent dit-on, par-dessus le genre humain. GANGRADE. Puisque tu connais l'origine ...^b. de toutes les divinités, à cette dixième Réponds, Vafthrûdnir, D'où venait Niordur chez les fils des Ases? H préside à quantité Et pourtant 145 d'enceintes question et de sanctuaires, il ne descend point des Ases. : 150 274 VAFTHRUDNISMAL. VAFTHRÛDNIR. I a55 Fanaheimi skôpo hanif" vis regin Ok seldu at gislingo go'Som; I aldar rôk hann mun aptr koma Heim mëS wsom Fônom. GÂNGRÂDR. —- aiiz ellifta Seg-J>û ]?at-i£ pu tîva vitir — 011, Fafjjrûonir! i6o Hvat EirAeriar vinna Unz riûfaz HeriafôSrs rôk at, regin? VAFTHRÛDNIR. Allir 165 O'Sins tûnom Einheriar, î, Hôggvaz Tiverian dag; Fal ]?eir kiôsa ok TI8& vîgi frâ, Sitia meir um sâttir saman. GÂNGRÂDR. Seg-jjû ]jat-io tôlfta, 011, Fafyrûdnir! Frâ lôtna rûnom ITVÎ pu iîva ttitir? ok allra rôk goôa, iSagoir io sannasta, Inn alsvinni l'ôtunn! no VAFTHRÛDNIR. Frâ lôtna Ek rûnom kann segia satt; hefi-ëk /ieim |)vî-at hvem iVîo kom-ëk heima j75 Hinnig ok allra deyia for goSa, um-komit, iVillheim or helio Tialir. në&an, Ï)E DISCOURS 275 VAFTHRUDNIR. VAFTHRÛDNIR. Les Grandeurs , l'ont intelligentes Et ils l'ont A la fin du monde, fait envoyé comme irVen [heim, naître dans Vana- otage aux dieux : 155 retournera Chez les Vanes intelligents. GANGRADE. Puisque tu connais Réponds, l'origine de toutes les divinités, Vafthrûdnir, à cette onzième Que f<mt les Monomaques question : chez le Père des Combattants, Jusqu'à ce que les Grandeurs périssent 100 ? VAFTHRÛDNIR. Tous les Monomaques Se livrent dans les enclos d'Odin, combat Ils choisissent leur victime, chaque jour; reviennent à cheval du combat, Et s'assoient ensemble cordialement à table. GANGRADE. Comment as-tu Réponds, pu connaître Vafthrûdnir, 105 [nités? l'origine de toutes les divià cette douzième question : Sur les mystères des Iotes et de tous les dieux, Tu viens de parler parfaitement bien, Toi, "0 Iote qui es versé en tout!. VAFTHRÛDNIR. Je puis parler des mystères des Iotes, et de tous les dieux ; Car j'ai parcouru chaque monde, J'ai visité les neuf mondes, même Niflhel Où descendent en bas, les ombres venant de Hel. 175 VAFTHRUDNISMAL. 276 GÂNGRÂDR. ëk for, fiôld ëk fieistaSak, Fiôld ëk reynda regin! Hvat lifir manna, pâ-èr inn moeri iiSr Fiôld më& Jîrum? Fimbul-vëtr VAFTHRÛDNIR. iso Lîf ënn bau ok Lîfbrasir— I Zioiti ffoddmîmis J)aSan muno ; sêr at mat hafa; bau Morgin-dôggvar teynaz af aldir alaz. GÂNGRÂDR. ëk for, fiôld ëk /reistaSa, Fiôld ëk reynda regin! HvaSan kômr Soi â inn slêtta himin Fiôld 185 J)â-ër bëssa hefir Fenrir /arit? VAFTHRÛDNIR. Eina A£r ioo bérr dôttur .AlfrôSull hin'â Fenrir Su sk,al rîSa, MO8UT bâ-ër brautir faxi : regin deyia, meer. GÂNGRÂDR. ëk for, fiôld ëk /reistaSa Fiôld ëk reynda regin! 'ro boer meyiax ër lîoa Hveriar Fiôld ]g5 FrôSgeSiaSar /ara? VAFTHRÛDNIR.- J)riâr biôSar, Meyia falla borp Môgbrasis; yfir, mar yfir DE VAFTHRUDNIR. DISCOURS 277 GANGRADE. Moi aussi, j'ai beaucoup voyagé, j'ai J'ai mis à l'épreuve Quels sont les hommes beaucoup vivront, qui eu beaucoup d'aven-. de puissances :— ce grand quand passera sur la terre? hiver Et terrible [tures, VAFTHRÛDNIR. Ce sera Lif et Lifthrasir Dans la colline Ils auront ; ils seront ensevelis de Hoddmimir ; la rosée du matin pour nourriture C'est d'eux que naîtront.les 1S0 : hommes. GANGRADE. J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup J'ai mis à l'épreuve Comment Quand Fenrir de puissances beaucoup revenir Soi pourra-t-elle l'aura d'aventures, :— i 85 dans le ciel désert saisie ? VAFTHRÛDNIR. Alfrodull au monde mettra une fille Avant d'être prise par Fenrir : auront péri, la vierge parcourra Quand les Grandeurs Les routes wo de sa mère. GANGRADE. J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, — : de beaucoup puissances Quelles sont ces vierges qui au-dessus de la mer des peuVolent douées d'un esprit de sagesse ? [pies J'ai mis à l'épreuve VAFTHRÛDNIR. Au-dessus des hameaux De filles volent de Mogthrasir trois : compagnies 195 278 VAFTHRUDNISMAL. einar î Zieimi ffàmingiar peirra , J)ô poer mëS l'ôtnom ëro » alaz. GÂNGRÂDR. 200 ëk for, fiôld ëk JreistaSa, Fiôld ëk reynda. regin ! râoa JEsir eignom goSa Hverir Fiôld 5urta J)â-ër sloknar logi? VAFTHRÛDNIR. FîSarr 20» ok byggia vê go<ba ]pâ-ër sloknar Surta logi; MoSi ok Magni skolo Môlni hafa Ok Fali uinna at uîg-proti. GÂNGRÂDR. Fiôld 2io ëk for, fiôld ëk /reista£a, Fiôld ëk reynda regin! Hvat vëror Ooni at aldur-lagi J)â-ër riûfaz regin? VAFTHRÛDNIR. f/lfr gleypa mlin .Aldafô&ur ; J)ëss mun VîSarr rëka: Kalda /riafta h ami fclyfia mun 215 Films t'îgi at. ODINN. Fiôld ëk for, fiôld ek /reistaoa, Fiôld ek reynda regin! a8r à bâi stîgi, Hvat mselti OSinn, iSiâlfr î eyra syni? DE DISCOURS Toutes génies tutélaires VAFTHRUDNIR. de ceux qui habitent 279 le monde, Bien qu'elles soient élevées parmi les Iotes. GANGRADE. J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : — aux possessions des Quels sont les Ases qui présideront Quand la flamme de Surti sera éteinte ? 200 [dieux, VAFTHRÛDNIR. Vidar et Vali habiteront les palais sacrés des dieux, . Quand la flamme de Surti sera éteinte : Modi et Magni auront Et mettront 205 le Marteau, fin au combat. GANGRADE. J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : — Quel sera le sort d'Odin à la fin des siècles, Quand les Grandeurs 210 périront? VAFTHRÛDNIR. Le Loup engloutira le Père du Monde Qui sera vengé par Vidar Luttant avec Vitnir, : lui fendra Vidar Sa gueule pernicieuse. 215 ODIN. J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances : — Qu'a dit Odin à l'oreille Avant de son fils de le monter sur le bûcher ? 280 VAFTHRUDNISMAL. VAFTHRÛDNIR. 220 £i mannz bat veit hvat bû, î âr-daga, iSagSir î eyra syni. munni moeltak mîna /orna Feigom Ok um ragna rôk; Nû 225 ëk viS J)û ërt O'Sian deildak se uîsastr «ëra. mîna stafi orSspeki DISCOURS DE VAFTHRUDNIR. 281 VAFTHRÛDNIR. Personne ne sait ce qu'au commencement des siècles Tu as dit à l'oreille de ton fils. 220 J'ai prononcé mon arrêt de mort en parlant de ma science Et de l'origine des Grandeurs; [dupasse Car j'ai osé rivaliser de sagesseavec Odin. — 225 tu es des hommes. Toi, toujours le plus sage 282 VAFTHRUDNISMAL. NOTES ET CRITIQUES VERS Î.—A Hz est mis pour PHILOLOGIQUES. allrahellz, lat. omnium maxime, proeserlim cum. VERS 2. — Vitia (faire la revue de) voir, visiter, VERS 3.—Ce vers renferme une construction Forvitni le génitif. elliptique et attractive. régit milsla kvëd-ëk mêr (je m'avoue une grande curiosité) signifie: » Devant âfornom «j'avoue que j'ai une grande curiosité. stôfom, il faut sous-entendre at moelaz (de parler); ce verbe est omis, et âfornom stôfum se rapporte mikla, , kforvitni mairiens) par attraction directement, parce disent les grammikil âfornom peut dire forvitni qu'on les antiquités). le goût pour stôfom (la curiosité, VERS 4. — Thann-inn, deux pronoms dans celui, ceci; n??n, (comme et celui-ci, démonstratifs se composent réunis de trois comme particules démonstratives. VERS 5.—Manda parfait parfait qu'elle «queje du subjonctif de l'indicatif est l'imparfait de l'indicatif, et remplace ici l'im- de l'im(cf. Vôluspâ, vers 3). L'emploi mjndi tient à une finesse de style. Frigg, sachant bien ne pourrait dit : «je voulais te retenir parce Odin, pas retenir savais. . . . ., mais je cède, etc. »—Heriafôdr est à l'accusatif, régi par letia. VERS 7. — La construction est thviat ëk iiugda cngi grammaticale être iôtun vëra iafn-ramman sëm Vafiliradni (je ne pensais aucun géant aussi fort comme Vafthrûdnir). C'est la construction de VaccusatiJ avec l'infinitif. v. 22). VERS 10.—Regin puissance » (voy. Vôluspâ, signifie « grandeur, C'est la même racine d'où vient le mot roi. Regin signifie ici les forces, les qualités supérieures souvent dans les autres. éprouvait qu'Odin VERS 11. —L'ancienne forme de hve était, ce me semble, hvaa, hvau, v. b. a. hveo. Hve est une particule conjonctive, pronominale 11; de quelle manière.) qui signifie qup modo (comment, lyoy.Alvismâl, gotli. Fiôlsvinnsmâl, 47; Lokasenna, 4a; Skirnisf. 11 ; Grimnismâl, 22.) NOTES VERS 12.— Harbardsliôd, (cf. Heimkynni, est ce qu'on connaît, l'endroit Salakynni dérivé de knnnr naît, où l'on (connu), est chez soi; le mot salr renforce En anglo-saxon, démeure. micile, 283 CRITIQUES. cynne tout 3).— où l'on Kynni, se con- l'idée de do- encore seul signifie «domicile, famille. » pour vor (notre). est probablement le neutre du pronom VERS 23.—Hitt inn, lat. hic : il signifie de là, en lat. hinc. VERS Î 5.— Or, autre VERS 24. — Edr forme n'est pas ici particule conjonctive. ërihat VERS 2 5.—Hvat une particule démonstratif mais disjonctive, une proprement quid est virorum? pour est-ce ? » En allemand, on dirait : was ist dus fur ein dire «quel homme Mann «qu;est-ce pour manna, un homme?» Cette locution toute germanique s'est conservée dans quelques parties du nord de la France. VERS 26. — Vërpomk ordiâpour vërpr â mik ordi (jette contre moi une parole), m'aborde Ordi est à l'instrumental, brusquement. parce on dit : jeter, lancer, tirer avec que dans quelques langues germaniques une pierre, quelqu'un une flèche, etc. Vërpa gôdom ordom â einn, signifie « aborder amicalement.» VERS 28.—Inn snotrari, «le plus intelligent ( de nous deux). » est une meilleure leçon que (voyageur) VERS 29.— Gângrâdr gnradr : car Odin se dit lui-même Ga- {â gango kominn), vers 29. La leçon Gagnradr vient de ce qu'on désignait n par un petit trait (voyez ou page 82 ). Beaucoup de copistes n'ont pas connu cette abréviation, l'ont mal transcrite : de là, les mauvaises leçons comme Hrangir au lieu de Skrimir Hrungnir, au lieu aulieu deDurinn, etc. VERS 33. — La demeure voyageur de Skrimnir, nommée Darni [Ynglinga Saga, 15) hôll (halle) avait deux pièces; golf; c'était une espèce de cor- la première en entrant était appelée ridor dans la seconde pièce appelée salr (salle). par où l'on entrait Le salr était un peu plus élevé que le golf, et avait un plancher tandis que dans le golf, qui servait en même temps de cour et d'étable pour les animaux, ressemblait foulait donc assez à l'autre VERS 36. — sobriquet on qu'on Tlmlr le sol. La du cyclope demeure de Vafthrûdnir dans l'Odyssée. Polyphème Gàmlithulr est un conteur). orateur, (parleur, donnait aux vieillards qui, ne pouvant plus aller à la 284 VAFTHRUDNISMAL. et courir les aventures, se tenaient chez eux, et racontaient guerre aux femmes et aux enfants l'histoire des temps passés. Chez un peuple où l'action était estimée bien au-dessus de la parole, le mot thulr, parune idée de défaveur et même de mépris. Cependant leur, impliquait en déplorant son grand âge, veut faire entendre réduits au rôle de parleurs; ils que, bien qu'il soit un de ces vieillards se sent encore assez de force d'esprit pour oser se mesurer avec le voyaVafthrûdnir, tout geur qui vient VERS 38.— d'entrer chez lui. Cf. Soemundar-Edda, Havamâl, 19. VERS 3g. — Hygg-ëk at qfr-moelgi mikil Ma geti hveim, etc. «je crois fait du mal à, » etc. ; illa est adverbe. loquacité « qu'une grande VERS AO. — Kaldrifiadr fie «qui n'est pas prévenu et sévère s'interdit toute (qui a les côtes, les entraillesyroides) signien votre faveur, » mais dont le caractère froid affection et même toute estime qui ne lui sérail pas, pour ainsi dire, arrachée par vos qualités supérieures. VERS 44- — Au lieu de of (sur, par-dessus, voy. vers 46), on lit dans l'édition de Copenhague, ok ( et) mot qui n'a ici aucun sens. VERS 48.—Lysir afmari, «jette de l'éclat loin du cheval. » faut lire nôtt of nyt regin. Nyt regin sont les divinités VERS 52.—H ne répand pas les bénignes et non pas les pluies utiles ; car Hrimfaxi la rosée. Il est vrai, nyt se dit surtout de l'inpluies, mais seulement fluence bénigne Eyvindr Niardar Skaldaspillir, bur. sur la fertilité en parlant de Freyr, des dieux de la l'appelle ainsi le poète skirom Frey nytom terre; d'écume (gouttes de mors), gouttes meldropar du cheval, ne doit pas être confondu avec meldropar, en danois mecMnj, en allemand mehlthau, milth.au. Dans ce dernier mot, mel [meel, mil) dérive sans doute de l'ancien mot Scandinave melr, qui signifie une sur et plus spécialement ces animalcules qui se montrent teigne, VERS 55.—Le mot les plantes quand le soleil donne pendant mais ont une racine commune, (teigne) — Hvern pour hverian. VERS 61. — Nous donnons et melr, la pluie. Mel (mors) bien diffédes significations rentes. par conjecture, de Copenhague. Prysaland. à la leçon de Rask qui, préférence a substitué Ilfing à Ifing comme on lit dans l'édition Il y avait aussi une ville nommée Ilfing dans l'ancien la NOTES VERS 62. — Au lieu de mëdalda sonom, il faut lire : mëd iôtna sonom (cf. tion de Stockholm 285 CRITIQUES. vers 60); mais comme dans l'édi- en effet, le fleuve Midgard et VERS 63. — Opin rënna hon skal (elle coulera ouverte); on dit: est ouverte) quand elle n'est pas prise (couverte) opin (la rivière â ër Ilfing ne coule pas entre Asgard et Midgard, entre lôtunheim. de glace. VERS 64- — Vërdr-al îs â â, « il n'y aura pas de glace dans le fleuve. t> est une journée de chemin qu'on VERS 71. — Rôst (repos, relai) c'est ce qu'on appelle aujourd'hui en Islande fait tout d'une, traite; — A en tous sens) en hverianvëg (en toute direction., Thingmannaleid. longueur et en largeur. VERS 74. — Moelomk; a une tout autre grammaticale de moelum ëk vers 26 ; moelomk est une contraction cette forme origine que vërpomk, et moelum ëk se dit (parlons moi), même raison toi pour moelum thû ok ëk (parlons dit hua their Hôdr (voyez Vôluspâ, qu'on donne de moelomk une explication différente Grimm page 220).M. tome IV, page 4i. la nôtre dans sa Grammaire allemande, etmoi),parla VERS 75. — vedia vid kôfdi (nous comme désignant hôfdi est à l'instrumental fait l'action exprimée par le verbe. Skolum VERS 76.— d'esprit, Vm gedspeki exprime de cet assaut de savoir. VERS 80. — Innfrôdi VERS 87. — L'édition de voulons engager la tête); la chose avec laquelle se la cause et le but de cette joute «toi qui es un Iote savant. » de Copenhague porte svâ atferr Iotunn! (de sorte du vers i43, où se trouve égaqu il, etc. ). Cette leçon paraît provenir de Stock., est lement svâ en soit, la leçon de l'édition Quoiqu'il atferr. évidemment préférable (cf. vers g5). VERS 88..— Id sama (de même) est une termes c'est une répétition en d'autres dans le vers go, id sama ne fait que répéter levers; particule du mot pour remplir ëdf; de même, le sens exprimé par la svâ. VERS 89. — Mundilfoeri qui «conduit signifie «d'un moulin à bras. » Ce nom doit indiquer circulaire cheville du soleil VERS 91. — Thau; ou tourne l'auteur la manivelle du mouvement et de la lune. quand le pronom démonstratif se rapporte à deux VAFTHRUDNISMAL. 286 il est mis au et l'autre féminin, sujets, dont l'un est masculin pluriel du neutre (voyez Vôluspâ, vers 37). in anni computum VERS 100. — Oldom at artali, hominibus (cf. Vôd'un nid luspâ, vers 26 : ar of at telia). Les mois se comptent (dispaà l'autre. Dans la langue des Alfes, la lune est rition de la lune) nommée Artali (qui dénombre l'année). vers et le suivant ne se trouvent VERS 107.—Ce pas dans le Codex mais si on les omet- royale de Copenhague; regius de la bibliothèque tait, il y aurait ici une lacune. D'ailleurs jl n'y a pas la moindre qui nous autorise à croire que ces vers ne sont pas authentiques. raison Ar oj en allemand ( le long de l'année) dans l'année; -.jahrauf. VERS 113. — Dans l'édition de Cop. on lit orôfi; dans celle de Stockholm, ôrôfi; il me semble qu'il faut écrire ôrofi, et dériver ce mot delà racine la rigueur rufa; ôrôf signifie l'âpreté, (cf. Fiôlsvinnsmâl, VERS 123, 124. — A la place de ces deux vers, on lit, les vers suivants : éditions, 25). dans les Enn siom fleygdi or sudkeimi; Hyrr gaf /irîmi fior. Mais il lança des étincelles de Sudheini ; La chaleur donna la vie à la glace. Ces deux vers ne peuvent est le sujet de fleygdi et de plus; verbe, il ce mot par les raisons convenablement, suicar siom? ce n'est pas hyrr, qui régit déjà un se trouve dans un vers qui n'est pas lié au ; ïotunn ne peut pas être non plus le sujet par l'allitération fleygdi. 2° La naissance précédent du verbe 122; pas authentiques pas être expliqués 1° ils vantes: quel ne me semblent serait du géant, D'ailleurs donc déplacé la narration des du géant a déjà été décrite v. 121, de mettre, après le récit de la naissance choses qui ont précédé cette naissance. la particule en indique ordinairement que la phrase qu'elle commence ou le développement exprime la suite et non l'explication de ce qui a été dit précédemment. 3° Ces vers ne se trouvent que dans un seul manuscrit. 4° Dans l'Edda en prose, on lit, après unz vo.nl les deux vers que nous avons mis dans le texte. Ces vers sont un peu différents dans la Snorra-Edda, p. g, édition de Stockholm; on y lit : or ïotann, NOTES 287 CRITIQUES. Thar. ëru orar oettir komnar allai- saman Thvî ër that a3 alit til atalt. Mais ces vers renferment évidemment dans le texte. originairement toutes [dans ce géant ] — des mots qui ne se trouvaient Thar orar oettir koma allar saman nos génération pas (ici se rencontrent ), c'est-à-dire ër that allt til atalt à lui.» Thvî remontent générations — TU tout la race) est si robuste). se (toute (c'est pourquoi (trop) et les adverbes, construit avec les adjectifs exemple : til ôfug (trop Kv. I, 29; til gôrva (trop bien), Brunhild. Kv. III, odieux), Brunhild. «toutes nos 17. (Cf. angl, to. ) VERS 127. — L'édition de Copenhague porte mais haldni est nécessaire de haldni (robuste); VERS 12g, i3o.—Ces l'accusatif vers au lieu (vieux) pour l'allitération. la construction renferment de avec l'infinitif (voyez vers 7). •— une autre est sëxhôfdadan leçon Sërhôfdadan, Dans la mythologie Scandinave comme dans les — VERS I32. (qui deux aldni a six têtes). on trouve têtes. L'Edda des géants à plusieurs et épopées sanscrites, les traditions fabuleuses du Nord font mention de plusieurs géants à trois têtes, et même d'une géante à neuf cents têtes. Hrungnir avait une tête de pierre, donc rien qui Iarnhaus un crâne de fer. La n'a sexhôfdadan il faut dire qu'elle leçon nous doive surprendre; cependant n'a été adoptée que parce qu'on ne savait pas s'expliquer suffisamment l'autre leçon qui, est la seule authentique. certainement, Sërhôfdadan est traduit, de Copenhague, dans l'édition par suo sibi capite guudentem, et dans la ( adulte , sjelfslandig sens de ce mot, si l'on se rappelle majeur). On saisira le véritable sër (à soi) placée devant un adjectif, que la particule ajoute à cet l'idée adjectif traduction d'égoïsme, suédoise, d'entêtement. quelqu'un «qui a une tête à soi,» s'obstine à ne jamais être de l'avis propres lumières, que disent crit g=TT:' lire les autres. mier mot svinnan donc Sërhôfdadr signifie c'est-à-dire qui, sans être méchant, des autres, et à ne suivre ni de ce que font, jamais satisfait Cf. sêrlandr (morose) ; sërgodr (arrogant) n'étant VERS I33.—L'allitération il faut par au lieu manqué dans ce vers. et mettre de frôdan, du vers L'allitération (voy. le vers i/u). que ses ni de ce ; sans- Probablement l'accent sur le pre- manque également VAFTHRUDNISMAL. 288 dans le vers i58 , à moins qu'on ne veuille accentuer la conjonction allz. — VERS I4O. Hvfxfitov, en latin une barque. Ludr a les cymbium; différentes il peut significations donc aussi désigner du mot grec une nacelle, de Stockh. leçon sia at, qu'on trouve dans l'édition ou sia h me semble mauvaise : ou il faut lire svâ at (de sorte que), : sia est une autre forme pour sa. (lequel) de Stockh. oei VERS I44- —A la place de ei, on lit, dans l'édition VERS I43.—La (jamais). VERS I5J. a mis, — Mëd Asa sonum; par conjecture, dans l'hémistiche, à la place de cet hémistiche, â Nôatûnom : il croyait que l'allitération et il voulait la rétablir. Rask man- notre poète met l'allitération dans des syllabes qui ne sont pas fortement accenum-l-om allitère avecâsa. tuées. Ainsi, dans le vers i5i, at (voy. Vôluspâ, vers 176). VERS 160. — Heriafôdrs le vers suivant les éditions, se trouve inséré VERS i64.—Dans quait souvent entre (ils les vers boivent 164 Mais et 165 : ôl mëd Asom drëkka ok sediaz Soehrinmi, de l'aile avec les Ases, les raisons et se rassasient que ce vers est : i° ce vers peut être rejeté sans que le sens ou l'arune interpolation de la strophe en souffre; 2° l'allitération y manque; 3°il rangement dans lesquels notre poète n'entre des détails de narration renferme Soehrimnir). Voici qui me portent de la chair de à croire encore faire valoir la raison que, dans la langue 4° on pourrait jamais; comme dans la langue des Ases , la boisson ne s'appelle pas ôl (aile), des hommes, mais beor (bière). Enfin, si l'on traduit meir par « de plus, l'authenticité « ensuite , » on aura une raison de plus pour soupçonner à la réunion à saman se rapportant évidemment aucun sens après le vers inséré qui exprime déjà table, meir n'aurait les plaisirs de la table. : il me semble que meir signifie tout simplement plus Cependant, du vers. Car sitia » plus paisibles plus réconcilie's, que jamais, c'est-àdire que les combats qu'ils se sont livrés n'ont servi qu'à augmenter le respect et l'amour qu'ils avaient déjà les uns pour les autres. VERS 16g. — J'ai mis dans le texte sagdir au lieu de segdu qu'on lit «ils s'assoient dans les éditions, et voici pourquoi : si l'on adopte la leçon du texte NOTES les deux segda, En effet le texte vulgaire vulgaire 289 CRITIQUES. 4a et 43 strophes dit : deviennent inexplicables. Réponds à cette douzième question : D'où te vient la connaissance Que tu as sur les dieux ? Après avoir fait cette question, Odin ajoute : Frâ iotna rûnom ok allra goda Segdu it sannasta. 1 ou ces mots De deux choses l'une, répondre à la question suivie d'une question faudrait traduire « connaissance qu'Odin invitation sont une de faire, vient d'y répondre. de la manière et expliquer que tu as des mystères nouvelle invitation de ou ils sont une seconde Dans le premier cas, il suivante : «D'après la des Iotes et des dieux, dis-moi au juste d'où te vient la con: «Dis-moi «cela au juste;-!, c'est-à-dire ne donne pas un des dieux. » Cette explication «naissance de l'origine donc connaître En effet, faut-il les mystères des sens raisonnable. Iotes et des dieux pour savoir d'où nops est venue telle ou telle con- a-t-elle donc une si haute importance, naissance ? La question d'Odin au juste? D'ailleurs, pour avoir une réponse qu'il soit besoin d'insister un des mysdes dieux étant précisément de l'origine la connaissance à dire : «Dis-moi, tères, la question reviendrait d'après la connaissance des mystères?» d'où te vient la connaissance «que tu as des mystères, question absurde. moins présente explication Voyons si l'autre cette explication, Odin adresse deux questions au ce qu'il y a «tu l'origine des dieux? 2° Dis-moi que «mystères des Iotes et des dieux.» D'abord Un mystère ou une vérité donc pas toujours vraie? autre? Ensuite, ne serait-il et des hommes, d'adresser Odin adressait cachée au commun de difficulté. D'après géant : « i" D'où saisde plus vrai dans les signifie de plus vrai? des hommes, n'est-elle être plus vraie qu'une peut-elle la part du Père des dieux pas absurde de à la fois ? Si deux questions à Vafthrûdnir une vérité il faudrait au géant, qu'il y eût aussi questions si diverses, une seule et même car, à deux questions deux deux réponses; réponse ne suffit le géant ne donne qu'une La réponse. pas; mais Metseconde explication ne vaut donc guère mieux que la première. *9 VAFTHRUDNISMAL. 290 Odin sagdir à la place de segdu et tout s'éclaircira. sur l'origine des dieux ? car ta dit : «D'où te vient cette connaissance bien (sannasta) aux questions «viens de répondre parfaitement que je t'ai « adressées sur les mystères des Iotes et des dieux, » Vafthrûdnir rémaintenant tons aux questions sur l'origine des dieux et pond > «Je sais bien répondre «les mystères des Iotes, parce que j'ai fait des voyages, etc.» iôrd nëdan; Thrymskvida; VERS 174. — For Niflheim nëdan. [Cï.fyr Vôluspâ, v. 8.) VERS 175. — H y a dans ce vers ce que les grammairiens appellent Le verbe deyia renune construction enceinte (constructio praîgnans). ferme en soi encore l'ide'e d'un autre verbe, fara, laquelle explique hinnig ; hinnig deyia est mis pour deyia ok fara l'usage de l'adverbe hinnig. VERS 181. — Holt forêt sur la pente fait la signification une (bois, forêt) désigne plus particulièrement ou le sommet d'une montagne. Holt a donc tout à du mot latin saltus; c'est tantôt une hauteur cou- bois, tantôt un bois sur une hauteur. VERS 186. — Slétta. himin (ciel uni, lisse) désigne le ciel désert, des étoiles qui en sont les ornements. On dit slêit silfur dépourvu verte d'un (argent reliefs; uni), pour dire un vase d'argent car les bas-reliefs sont, pour ainsi polie de l'argent. •VERS 187. —Fara einn, n'est pas orné de basdire, des aspérités sur la qui surface quelqu'un qu'on a le surprendre.» Fara at einum, «tomber sur quelqu'un, «poursuivi.» ou diuprôdall VERS 188. — Rôdall (rougeur) foncée) (rougeur l'or. (Ynglingasaga, ou ifrôdull (Skaldskaparmâl, p. 223) signifie 5.) «atteindre, attraper (l'or des Alfes) désigne le soleil. Alfrôdull VERS 18g, — J'ai mis hina qui me semble être la véritable leçon; l'édition de Copenhague de Stockh. hann. porte hana, et l'édition VERS 190. — Rida (fouler en chevauchant) se construit avec l'acrida gmnd.) qu'on traverse. (Voyez Vôluspâ, v. io4, VERS 196. — La construction est thriar ihiodar meyia grammaticale de filles de Môgthrasir thorp yfir, «trois compagnies Môgthrasis falla «volent au-dessus des h'ameaux. » Einar (lat. singuloe) toutes, plur. fém. cusatif du lieu de einn. VERS 207.— Vinna at vigihroti (travailler à la cessation du combat) NOTES «contribuer à faire cesser le 291 CRITIQUES. combat, y mettre fin par une victoire « décisive. » VEjRS 213. —- L'allitération v. 160). Rëka avec le génitif. [venger, ' VERS 222. —Feigom, VERS 223. — Ragna prendre dans ce vers (Cf. Lokasenna. manque la cause de quelqu'un), se construit «destiné à mourir, rôk a la même la mort.» annonçant signification que tîva rôk. Rôk a souvent été confondu les commencement, fin) (extrémité, par et ragna rôk est devenu de synonyme poètes avec rô'/tr (crépuscule), la destinée des dieux était de périr dans le créragna rôkr, parce que puscule du monde. (Voyez Vôluspâ.) certare de aliquare cum aliquo.) se dit aussi des dieux. Les VERS 2 25. — Vër (lat. vir, homme) hommes sont quelquefois appelés menskir menn (hommes humains). Vers 224.—At Voyez Grimnismâl, deita eitt vid einn (latin strophe 31. 19. VAFTHRUDNISMAL. 292 NOTES EXPLICATIVES. VERS 3. — Le but du voyage d'Odin n'était pas d'aller consulter le si Vafthrûdnir auprès de lui, mais d'apprendre géant et de s'instruire était aussi savant qu'on le disait. Antiquité a la même signification que (Voyez Vôluspâ, v. 3; Introd. p. 243.)—Iote mystères d'Odin. qui sait tout. (Voyez Vôluspâ, VERS 5. — Odin v. 93.) est nommé le Père des Combattants, parce qu'il de tous les héros est le chef des Monomaques c'est-à-dire (einheriar), qui, après leur mort, sont reçus dans Valhalle. (Voyez Vôluspâ, v. 176.) VERS 7. — Frigg craint qu'Odin ne soit vaincu par la ruse, ou par la force ou enfin par la supériorité corporelle, VERS 9.—Avoir «rience, connaître d'esprit de Vafthrûdnir. « avoir beaucoup d'expé- beaucoup voyagé signifie les hommes, être prudent et précautionné. » Odin (qui a voyagé au loin; voyez Ynglimjaportait le surnom de Vidfôrull voyez v. 20. Ceux qui n'asaga, chap. 11), et de Yggr (circonspect); vaient jamais voyagé passaient, chez les Scandinaves, pour des hommes Le même mot heimsklegr [heimskulegr, heimski) signifiait stupides. casanier et stupide. (Voyez Hâvamal, v. 20.) Dans le poème Hyndluliôi, faible d'esprit et ignorant, Ottar représenté comme un jeune homme est surnommé toujours resté heimski (Ottar du coin du feu), parce qu'il était dans son pays. Aussi ïes Scandinaves et surtout les hin de fréquents et longs voyages. Plusieurs d'entre eux eurent le surnom de Vidfôrli (qui a voyagé au loin), tels que, par exemple, Ingvar, Brandr et Thôrvald. Ce dernier après avoir parcouru en Russie. (Voy. Kristnila Grèce et la Palestine, mourut à Palteskov, Islandais, faisaient-ils Au xvn" siècle un voyageur appelé Jon Ohesson, Saga, p. 102 et io4.) fut surnommé Indiafari, parce qu'il avait pénétré jusque dans les Indes en 167g. L'histoire de sa vie et de ses voyages, Orientales ; il mourut mériterait écrite par lui-même, bien, ce me semble, d'être publiée, quoique notre antique. (Voyez voyageur Voyage n'ait point fait d'études et que son style soit en Islande fait par ordre de Sa Majesté Da- NOTES Au moyen p. 72.) ordinairement études visitaient noise, t. III, retour après leur dans leur (clerc parisien). VERS 10. — Odin, 293 EXPLICATIVES. âge, les Islandais l'université patrie, du titre qui de Paris, honorable se livraient aux et jouissaient, de Paris-klerkr dit que dissiper les craintes de sa femme, dans ses voyages, et l'habileté la prudence qu'il qu'il avait acquise de tout accident. avait de mettre à l'épreuve les autres, le garantiraient pour sont les déesses ouïes femmes —Asynies est nommé VERS 15. — Odin comme dieu suprême VERS I4. des Ases. Aldàfôdr (Père ou Père des hommes). ou de l'univers, Imr est un nom de loup VERS 19. — Le père d'Imr est Vafthrûdnir. se nommaient ou de géant [Skaldskap. p. 222). Les Scandinaves queltel ou tel, surtout déjà illusquand leurs fils s'étaient quefois père de ils se nommaient Le plus souvent, action. trés par quelque grande du monde, Peterson, Erikson, etc. fils de tel ou tel, comme Haldorson, le Précautionné VERS 20. — Odin est appelle le Circonspect, (Yggr), dans ses voyages au pays des Iotes, et en entrant dans leurs parce que sur ses gardes, suivant en cela un ancien demeures, il était toujours précepte qui dit : Crâttir allar âdr gangi fram Um sfcygnaz s/eyli Thvîat ôvist ër at uita hvar ôuinir sitia A/leti /irir. Avant de faire un pas en avant, Il faut regarder de tous côtés; * Car on ne peut savoir si des ennemis ne sont pas En embuscade derrière la porte. Le poète a choisi exprès le nom avait si bien pris ses mesures de Circonspect pour amené chez Vafthrûdnir, goniste, et en même que, VERS 2 5. — Vafthrûdnir le motif qui l'a son anta- de connaître son impatience sa confiance dans sa propre force. prend les paroles que lui adresse l'étran- trahit temps, qu'Odin sa prudence malgré dans la demeure sur-le-champ, d'avance, il ne craignit pas d'entrer de Vafthrûdnir. (Cf. Yggiungr, Vôluspâ, v. go.) VERS 21. — Odin, en annonçant tout de suite ordinaire, indiquer VAFTHRUDNISMAL. 294 ger pour ce défi. à une lutte une provocation à mort, et il est disposé à accepter VERS 29. — Odin prend le nom de Gangrâdr (voyageur) pour ne il se tient d'abord à l'entrée de la demeure ou pas se faire connaître ; l'invite à entrer dans le vestibule (voyez p. 2 83 note 33). Vafthrûdnir dans la salle, et à se placer sur le banc qui, dans chaque maison, aux étrangers. Vieillard parleur; VERS 36.— était réservé voyez p. 284, note 36. VERS 37. — Voyez Introduction, p. 262. sévère; voyez p. 284, note 4o. VERS 4O. —Homme est le cheval qui VERS 45. — Skinfaxi (qui a la crinière luisante) traîne le char du jour. Il est le meilleur de tous les chevaux. De même que les Hindous de toute parfaits plaçaient dans le ciel d'Indra les plus les Scandi- les individus de même espèce d'êtres de la création, naves plaçaient aussi dans le ciel des Ases, les êtres qui passaient pour les Ases ^avaient les meilleurs dans leur genre. Ainsi, les meilleurs chevaux, la meilleure épée, le meilleur navire, le meilleur pont, etc. p. 162.) (Voyez Vôluspâ, Introd. VERS 5I. -—-Le cheval qui traîne le char de la nuit sort par la la nuit le soir, le soleil étant à l'occident, porte de l'orient, parce que à mesure que du côté opposé, et elle avance vers l'occident le soleil retourne vers l'orient. (Voyez Vôluspâ, v. 18.) VERS 52. — Grandeurs (voyez Vôluspâ, p. 223). Amener la nuit se trouve à ce que dit Homère : «L'aurore bénignes, est analogue le jour à Jupiter et aux, autres dieux. » La nuit est amenée aux aux Grandeurs « annonce dans l'obscurité dieux, parce qu'on croyait que c'était principalement de la nuit que les dieux agissaient. La nuit, ordinairement plus longue dans les région-; septentrionales, d'une certaine jouit que le jour Scandinave. (Voyez Vôluspâ, sur le jour dans la mythologie la nuit qui a enfanté le jour; elle est la mère primitive p. 224.) C'est les de tout ce qui existe. C'est aussi dans la nuit que se montrent du ciel boréal qui révèlent la puissance étoiles, et tou3 les phénomènes préférence et passent quelquefois pour être ces dieux mêmes. Le jour, il est dit, est le temps où agit l'homme; c'est pourquoi au contraire, des dieux, vers 44, que le jour est amené au genre humain. VERS 53. — Le cheval qui traîne le char de la nuit s'appelle Hrim- NOTES faxi; « qui ce nom signifie de la nuit. la froidure 295 EXPLICATIVES. a la crinière » Pour expliquer couverte du givre le phénomène sur les plantes, produit par de la rosée qui que l'écume qu la mythologie imagine et le givre secoué la nuit, du mors de Hrimfaxi, dégoutte, pendant la rosée du matin. Une autre explide la crinière du cheval forment du même phénomène se trouve dans Vôluspâ, cation mythologique brille le matin v.45. VERS 61. — sans doute, Hfilng signifie fleuve par excellence. VERS 63. — Sans jamais geler, il coulera comme elf (le éternellement; fleuve), le cette circons- entre les Ases et les tance doit indiquer qu'il y aura toujours séparation d'amitié entre eux est impossible. Iotes, et que tout commerce VERS 68. — Les dieux sont appelés paisibles pour indiquer qu'ils ne sont pas les agresseurs, VERS 70. — Surlur pelheim ou du monde c'est lui qui consumera VERS 72.— Vigridr mais (le de leurs ennemis. que l'agression provient la combustion) est le roi de Musnoir, ennemi des dieux, car igné. Il est le principal le monde entier. (Voyez Vôluspâ, v. 2o5.) (la plaine qui tremble au combat, sous les com- battants) est le champ de bataille assigné par le sort ou la destinée aux dieux et à leurs ennemis. L'expression à un ancien assigné se rapporte usage dont on trouve encore des traces dans les duels de nos jours. Si quelqu'un de ces temps avait lui permettait rencontrait. Plus mettre d'ordre plus à venger une ou une injure, la barbarie son adversaire partout où il le injustice d'attaquer et pour ces attaques brusques, pour empêcher dans l'attaque et la défense, l'usage voulut qu'on dans un de se présenter, pour vider la querelle, tard, sommât l'adversaire ordinairement On choisissait pour lieu désignait. du combat, un banc de sable ou une petite île dans la mer, afin que et qu'aucun fût aussi resserré que possible, l'espace où l'on se battait des combattants ne pût s'enfuir. Hôlmr est le nom d'un tel banc de endroit qu'on lui sable; de là viennent en duel), skora â hôlm (provoquer sur le duel), etc. Quand hôlmgânga (le duel), hôlmgôngu lôg (règlements on se battait sur la terre ferme, on avait soin de faire une espèce d'enclos en plantant tout autour des jalons de bois de coudrier (haslastengr) de l'arène Le même usage fut observé avec assignée aux combattants. les modifications nécessaires dans les combats où il y avait un plus les expressions 296 grand VAFTHRUDNISMAL. nombre d'adversaires de part et d'autre. (Cf. Hervarar Saga, Goda, chap. xxiv; Saga af Olafi k. Tryggva- Saga Hakonar Dans Sigurdar syni, chap. xvm.) demande à Fafnir : « Comment chap. xix; « choquent les épées sanglantes II, FafnisbanaKvida, l'arène s'appelle de Surtur i4j (holmr), et des Ases ? » Fafnir i5,Sigurd où s'entre- répond : Dans Volsunga-Saga, «Elle cette s'appelle Oskopnir (démolisseur).» même arène est nommée Vskaptir, ûskaptr (lieu pas encore créé). de respect VERS 73. — Vafthrûdnir, pénétré pour la science de le fait asseoir à son côté sur le banc d'honneur qui, dans l'étranger, était réservé au père de famille ou au maître de chaque habitation, la maison. (Cf. Lokasenna, v. 44.) VERS 81. — Les fils de Bur ou les Ases, après avoir tué le géant Ymir (l'océan créèrent dé sa chair Midgard ou la glacial primitif), terre; de ses os, ils formèrent et les montagnes qui sont, de la terre; de son crâne, ils firent la les rochers pour ainsi dire, la charpente voûte du ciel; et son sang ou la partie devint liquide, la mer. (Cf. Vôluspâ, p. 226, v. 55.) et soi, le soleil, est VERS 87, 88. — Mâni, la lune, est masculin, dans les langues germaniques. féminin (Voyez Vôluspâ, p. 223, note avant le soleil, que la lune est nommée 17.) Il est à remarquer avant l'été (voyez comme la nuit avant le jour (voyez note 52), l'hiver v.,io5). VERS 89. — Mundilfoeri; p. 285. voyez Notes philologiques, «le petit jour, la petite VERS 97. — Dellingr pointe signifie du matin. » «jour, le crépuscule du «la brune, le crépuscule VERS 98.— Nôrvi signifie probablement « du soir. » Niôrvasund est le détroit de Gibraltar. (Voyez Ynglinga-Saga, chap. 1.) VERS IO5. — Vindsvalr (qui a le souffle est lèvent froid) du nord ou Borée. VERS 106. — Svasudr VERS 113. questions le premier — (qui a l'haleine Vafthrûdnir auquel douce) est Zéphire. avait adressé Gangràdr des Ases qui deux et quel est naquit, (savoir, quel est le premier à cette dernière des Iotes qui fut formé), répond seulement de la qui le touche de plus près, parce qu'il est lui-même question race des Iotes. — Dans la rigueur des hivers indique le temps où ré- NOTES où les gnait le chaos, pas encore hivers se succédaient n'étaient c'est-à-dire EXPLICATIVES. de venin, glaçons fondus par les amoncelés 297 dans Niflheim, étincelles sans interruption. avant que les Ases eussent et qu'ils eussent primitif), de Muspilheim; où les — Avant que la terre fût créée, tué Ymir appelé aussi Orgelmir de ce géant ou la terre ( voyez vers 81). Le sang qui sortit du tué par les Ases, remplit le monde entier. Les descencorps d'Ymir ici par Thrûdgelmir dants de ce géant représentés (le vieillard robuste), furent tous noyés; il ne resta que le petit-fils d'Orgelmir, appelé Ber(le vieillard l'Enceinte du Milieu créé de la chair qui se sauva dans une barque, et devint gelmir (très-vieux), delà seconde race des Iotes. (Cf. Gènes, vu, 7; Mahâbhârata, la souche Naûban- dhanam. ) VERS 121. — Les gouttes de venin répandues par les serpents de formèrent les fleuves Elivagar dont Niflheim (voyez Vôluspâ, v. i54), tombèrent dans le vaste gouffre ( gouffre-béant les eaux croupissantes ; Les glaçons s'amonvoyez Vôluspâ, v. 12) du chaos et se congelèrent. de plus en plus, et s'élevèrent enfin à une telle celèrent toujours atteints par les étincelles du hauteur, qu'ils furent qui jaillissaient monde igné ou de Muspilheim. De la glace ainsi vivifiée Ymir. naquit VERS 12g. — Thurse est le nom appellatif des Iotes de la première race. On dit aussi Hrîmthurse (igéant couvert de glace ou de givre). VERS I32. — Un fils qui avait une tête à soi; c'est ainsi que je crois devoir rendre difficile le mot à exprimer vers i32.j[ VERS I36. — dont la signification est composé sërhôfdadan en peu de mots. ( Voyez Notes philologiques, Les mots : Toi, Iote qui sais tout, expriment une légère ironie. VERS I4O. — Voyez note 113. VERS I45. — Hroesvelgr (qui engloutit noms métaphoriques qu'on donne à l'aigle. sens et pour au mot sanscrit l'étymologie, geur de chair, aigle). L'aigle vent. (Voyez Helgakvida, dent aux vents portent I, une la est un des charogne) Ce mot répond, et pour le mançfTôîJTÇ: ( Kravyâda, du est le symbole ou la personnification 1; Vôluspâ, v. 172.) Les Iotes qui prési- d'aigle. (Voyez Snorra-Edda, dépouille les vents par P- 181, 20g.) Hroesvelg est un de ces Iotes qui produit le battement il est dit dans les de ses ailes. D'après une idée analogue, 298 VAFTHRUDNISMAL. qu'un vautour, <epa£, préside aux vents. poésies des Grecs modernes, de la Grèce moderne, II, 236.) (Voyez M. Fauriel, Chants populaires en grec aigle et vent; en latin aquïlo (aquilon) LSTÔS, signifie dérive de vultur (vautour). àeaquila (aigle) comme vulturnus (vent sud-est) En hébreu, on dit les ailes du vent 11. xvnr, (fil"! 'SJS^ps. à la race des Vanes qui étaient les VERS Î 5 Î . — Niordr appartient ennemis des Ases. Lorsqu'on fit la paix, Niordr fut envoyé comme otage à Asgard en échange de Hoenir. (Voyez Vôluspâ, p. 23g; Intant de considération, glinga-Saga, chap. iv.) H y acquit bientôt que les Ases mirent sous sa protection les sanctuaires et les enceintes sacrées. Niordr habite (enclos des navires, basses côtes de la mer; il préside au vent Nôatân port, baie), c'est-à-dire les et au temps favorable à la pêche et à la navigation. VERS 157. — Les Vanes sont appelés intelligents, parce qu'ils savaient longtemps contrebalancer la puissance des Ases, et parce qu'ils excellaient dans certains arts, comme dans la magie, etc. (Voyez Vôluspâ, v. 119.) VERS 160. — parfaitement le n'a pas de mot qui exprime langue sens de einhen, je me sers du mot grec mononiaijm Comme notre un combattant [u.ovou.d%os), qui signifie (guerrier, gladiateur) qui lutte seul contre un ou plusieurs adversaires; ce qui rend parfaitement le sens de einheri composé de ein (un, fiovâs) et heri (combattant, est le nom appellatif des héros reçus après leur (ia^rjs). Einheriar mort dans Valhalle, où ils s'amusent à se livrer combat. Voyez v. i6i VERS 164. — La victime, est le monomaque qui est désigné pour se battre contre ses confrères. Ce combat terminé, les morts et les blessés se relèvent sains et saufs, et tous viennent s'asseoir à la table du festin, pleins d'estime et d'amitié les uns pour les autres. VERS 168. — H n'y a que les Iotes et les dieux (Ases et Vanes), qui connaissent les secrets ou les mystères du monde. (Voyez Vôluspâ, v. 242.) VERS 174.—Neuf VERS 175. — H<i, mondes ; voyez Vôluspâ, v. 7. est le nom de la fille de Loki (voyez Vôluspâ, où elle règne sur les dans l'enfer, v. 178); les dieux la précipitèrent morts. Hel désigne souvent l'empire des morts lui-même ce séjour que descendent, après leur décès, les femmes, : c'est dans les enlants, NOTES EXPLICATIVES. 299 ne sont pas morts en combattant. Les criminels ne qui restent pas dans le palais de Hel, mais ils sont envoyés à Nijlhel, situé nord et plus bas que Hel. C'est là qu'ils reçoivent, par difféplus au de leurs crimes. (Voyez Vôluspâ, v. i56 rents supplices, le châtiment etles hommes et sniv.) VERS 176. — Odin devient les questions, sait répondre à toutes voyant que Vafthrûdnir un moment sur l'issue de cette joute inquiet de savoir. Son inquiétude augmente surtout lorsd'esprit, de cet assaut dans qu'il apprend que le géant a visité les mondes, où il s'est instruit tousles mystères -,mais aussitôt, se rappelant que lui-même sorti vainqueur ces mêmes voyages, et qu'il est toujours il a fait aussi des combats dans lesquels il s'est engagé en mettant à l'épreuve les forces des autres, à le rassurer et à jeter il prononce ces paroles propres lui-même, le trouble dans l'âme du géant : « Moi aussi, j'ai beaucoup voyagé, etc. » Il adresse ensuite de questions qui sont plus difficiles que les premières, non pas à l'hisparce qu'elles se rapportent toire du passé, mais aux événements de l'avenir. Il lui demande d'abord quels sont au géant les hommes appelé fimbuhëtr Vôlaspàj v. 169.) une qui viendra suite resteront apporter en vie quand la mort au genre le terrible humain. hiver (Voyez VERS 180 et suiv. — La femme Liflhrasir (force vitale) les chauds souterrains Lif (vie; cf. ffil"!, Eve) et son mari à la mort en se réfugiant dans échapperont de la colline du géant Hoddmimir. Ils devien- nent les parents du genre VERS 186. — Comment nr, pourra-t-il revenir, dépourvu de l'ornement cule des dieux? (Voyez humain régénéré. le soleil qui sera dévoré par le loup Fendans le ciel du monde, après la renaissance des astres qui en sont tombés Vôluspâ, VERS 188. — Alfrôdall. VERS 196. — Les filles dans le crépus- \. 232.) v. 87.) (Voyez Notes critiques; sont toutes de l'Iote Moglhrasir des génies tutélaires des hommes. Elles remplacent, dans le monde régénéré, les anciennes Norncs, et sont comme elles de la race des Joies. (Cf. Vôluspà, Introd. p. i53.) VERS 2O3. —Voyez Pôluspâ, v. 24g. VERS 204 et suiv. — Vidai- est fils d'Odin 11est appelé l'Asc nmel, et passe pour et de la géante Gridur; être le plus fort des dieux après VAFTHRUDNISMAL. 500 venge la mort de son père Odin en tuant le loup est fils d'Odin et de (Voyez Vôluspâ, v. 220.) Vali (puissant) il est habile à lutter et à tirer de l'arc; c'est lui qui, âgé d'une vengé la mort de son oncle Baldur en tuant Hodur. (Voyez Thôr. Il Fenrir. Rindur; nuit, a Vôluspâ, ils sont et Magni (force) sont fils de Thôr; v. i36.) Modi (courage) les personnifications de la colère d'Ase (âs-môdr), et de la force d'ise de leur père. Quand Thôr est tué par le serpent Iormmi(âs-megin) du marteau d'armes appelé Miôlnir (qui moud, gandr, ils héritent Avec cette arme, les (le marteau écrase) ou Thrûdhamar terrible); mettent fils de Thôr VERS 212 v. 180.) désigne v. i56.) au combat du crépuscule des dieux en assurant aux Ases. la victoire -. fin et suiv. — Vitnir Le Loup est le loup Fenrir est un nom de loup (Skaldskaparmâl, ici le loup VERS 216. — par excellence, En adressant c'est-à-dire la dernière Fenrir. question (Voyez chap. Vôluspâ, 178), et (Cf. Loltasenu, à Vafthrûdnir, forme divine comme père du monde, car il prend sa véritable est sûr de vaincre le géant dans cette dernière épreuve. En effet, savoir ce qu'a dit Odin à l'oreille de comment Vafthrûdnir pourrait-il Odin de porter, ce héros au bûcher qui devait le consumer ? C'était un secret qui n'était connu que d'Odin et de Baldur. forme divine, VERS 220. — En voyant son hôte sous sa véritable son fils Baldur, avant proposer une question qui ne pouvait être faite ni réVafthrûdnir reconnaît le père des Ases; solue que par Odin lui-même, et regrette d'avoir osé rivaliser de sagesse il se soumet à son vainqueur, et en entendant avec Odin, le plus sage de tous les êtres. III. LOKASENNA. INTRODUCTION. -=•»«««=- CHAPITRE DU BUT DU I. POEME. du poète, en composant a été de Lokasenna, sur les dieux et les déesses lancer les traits du ridicule Le but point une tradition mythole sujet du poëme; car, comment logique qui forme se soit ridiculisée soi-même, supposer que la mythologie en dévoilant les faiblesses des divinités qu'elle a créées ? de l'odinisme. Ce n'est donc Tout au contraire, et la négation de l'ancienne notre poëme de la .mythologie; du Nord, religion est la critique, la satire le spectacle il présente persifflée par le scepti- cisme et la philosophie. De même que Lucien de Samosate el quelques-uns des premiers ont apologètes chrétiens ridiculisé les dieux de la Grèce et de Rome, de même notre poëte a tourné Scandinave. • en dérision les dieux du paganisme Pour échapper à la responsabilité de ses paroles profanes et pour éviter le reproche et de blasphéd'impie les dieux mateur, le poëte a mis ses sarcasmes contre dans la bouche de Loki. Ce du personnage mythologique choisi, personnage est très-bien parce qu'étant dieu luimême, Loki peut faire des reproches, aux Ases sans, être ni impie, ni De plus, Loki est représenté blasphémateur. dans la mythologie aux comme un être sinon hostile LOKASENNA. 504 du plus que rôle d'accusateur Loki est toujours, porté à leur nuire. toute autre divinité, propre à jouer le ou de calomniateur des dieux. Enfin, Loki être Ases, moins donc, passe pour c'était précisément aux prises mettre Loki malin et caustique, et spirituel, un tel personnage que le poëte devait avec les Ases. La mise en scène de est donc une fiction parce qu elle met et qu'elle contribue en très-heureuse, du poëte, personne du poëme. même temps à la beauté et à la perfection Le poëte n'a pas été moins habile dans l'invention des à l'abri la où il a placé l'action du poëme. En effet, pour que Loki puisse lancer ses traits contre les Ases, il il faut faut d'abord qu'il trouve une occasion favorable; circonstances quand tous les dieux et que cette occasion se présente, toutes les déesses sont réunis ensemble ; il faut enfin que les circonstances casmes de Loki. mêmes et provoquent les saroccasion se présentait na- amènent Une semblable dans un banquet, où les Ases et les Asynies étaient tous présents, où la gaieté des convives permettait et les railleries, et où l'exaltation de l'ivresse l'enjouement turellement à l'injure et au sarcasme. Comme naturellement portait Scandinave faisait mention d'un festin la mythologie aux Ases par l'Iote OEgir, notre poëte a choisi ce de faire le Le en cadre de son sujet poëme. mythe pour du et de l'idée ou la représentation Lokasenna, poétique donné but du poëte, et les Asynies Notre est donc de montrer Loki raillant au banquet donné par OEgir. poëme porte, dans les manuscrits, les Ases trois titres on le désigne tantôt sous le nom de Lokade celui sous tantôt canine de Loki), (morsure Hepsa différents: 505 INTRODUCTION. sarcasmes de Loki), tantôt encore Lokasenna (dispute, Cette diversous celui de OEgisdrëkka (banquet d'OEgir). de l'ausité de titres prouve qu'aucun dieux ne provient teur; car, précisément, de titre, on désignait parce que le poëte n'avait pas mis son poëme différemment; les trois peu à peu consacrés enfin insérés dans les manuscrits. titres furent dans la tradition, Les deux premiers le troisième ne dé- le sujet du poëme; imaginées par le poëte signe que les circonstances servir de cadre à son tableau. Parmi ces trois titres, titres énoncent mieux, de Lokasenna celui avons choisi non-seulement le sujet et comme du poëme, pour nous le exprimant mais aussi le but de l'auteur. CHAPITRE DE LA DISPOSITION La conduite DES de Lokasenna, II. PARTIES DU POËME. ou en d'autres plan, le canevas de la fable de ce poëme, esquissé de la manière suivante : termes, pourrait le être Loki sait que les Ases sont assemblés chez OEgir à un parce qu'on conbanquet auquel il n'a pas été invité, naît son esprit railleur Il se propose de et méchant. troubler la fête, et de satisfaire son penchant haineux, en injuriant à la les Ases assemblés. Loki se présente porte de la demeure d'OEgir; il s'informe auprès du serviteur Eldir des dispositions des convives : puis il entre 20 LOKASENNA. 506 dans la salle du où festin, il trouve bientôt occasion lés dieux les uns après les autres. Mais, à la fin, arrive et le menace de son marteau Miôlnir. Loki d'insulter Thôr craignant la colère de Thôr, et ayant d'ailleurs atteint son contre but, se retire en poussant encore une imprécation au festin qu'il qui ne l'avait pas invité l'amphitryon donnait: de ce plan, on voit que le poëme D'après les indications se divise en trois dialogues ou trois actes. Le premier acte qui renferme du drame, est un dialogue l'exposition à la porte de la salle d'OEgir ; strophes 1-5. Le second qui forme le noeud du poëme, renferme le dialogue entre Loki et les convives; strophes 6-56. entre Loki et Eldir Enfin, le troisième le dialogue entre Les différents dans un ordre ou le dénoûment de la pièce, contient Loki et Thôr; strophes 57-64.. des interlocuteurs se suivent discours c'est-à-dire que chacun des peravec quel art le sonnages parle à propos. Pour montrer poëte a su disposer et enchaîner les discours, il faudrait analyser tout naturel, son poëme. Nous nous contenterons d'a- du et le commencement dialogue, nalyser le premier second qui forment du sujet de Lokasenna. l'exposition PREMIER DIALOGUE.-^-Loki arrivé,à la demeure d'OEgir, n'entre pas tout de suite; il veut d'abord sonder le terles dispositions des convives. Soupçonnant que les Ases parlent, en son absence, de sa méchanceté, et du mal qu'il leur fait chaque jour, il qu'ils se plaignent rain, connaître demande au serviteur tiennent à table. faits d'armes, Eldir Ayant et surtout sur quoi les dieux s'entre de leurs appris qu'ils parlent de sa méchanceté sur laquelle INTRODUCTION. 507 il n'y a qu'une voix, il s'apprête à entrer dans la salle la fête en insultant troubler les convives. Eldir qui pour l'avertit de connaît le penchant de Loki pour la raillerie, se garder de dire sur vengeraient des injures aux Ases, puisque tous se lui dans leur colère. Blessé dans son qui lui vient de la part d'un orgueil par cet avertissement serviteur, Loki. répond qu'il ne craint point les disputes, en injures, il saura faire taire tout et qu'étant inépuisable à commencer le inonde, par Eldir lui-même. annonce nettement le caractère Ce premier dialogue de Loki. On devine l'intention et facilement s'attendre de la part d'un tel homme, dans la salle du festin. à quoi il faut quand il sera entré DEUXIÈME DIALOGUE. — N'ayant point été invité au fesà table qu'en vertu tin, Loki ne peut se faire admettre C'est pourquoi il dit aux condes droits de l'hospitalité. vives qu'il a fait une longue marche ; et feignant d'être il demande avec instance un altéré de soif et de fatigue, verre d'hydromel de l'arrivée pur. Les Ases, mécontents du nouvel hôte qu'ils, ne peuvent pas refuser sans forfaire à l'hospitalité, et gardent un silence en prennent humeur la cause de leur sid'ignorer lence, et ( comme s'il était fâché du peu de prévenance il rappelle la société aux devoirs de qu'on lui témoigne, et demande qu'on lui assigne une place au l'hospitalité, absolu. Loki fait semblant Bragi qui, banquet, ou qu'on le renvoyé insolemment. en sa qualité est de Mercure ou d'Apollon Scandinave, des Ases, adresse le premier la parole à Loki ; l'interprète il lui dit sèchement connaissant sont leurs n'ont amis que les dieux, et leurs ennemis, bien quels garde de lui ac20. 508 LOKASENNA. une place à leur banquet. Loki fait semblant de ces paroles de Bragi; et sans lui répondre, il mépriser s'adresse à Odin comme au plus âgé et au plus distingué corder des Ases. Il lui rappelle sur leur ils se sont tous deux qu'autrefois sang, et qu'à cette occasion Odin juré fraternité si elle n'était a fait voeu de ne jamais accepter l'hospitalité, Loki repas offerte en même temps à son compagnon. son manque proche ainsi à Odin, d'une manière indirecte, de parole ; et il le somme, en vertu de son voeu, de lui accorder comme droit ce qu'on ne voulait pas lui accorder comme faveur. Odin, d'avoir fait le obligé de convenir d'ailleurs de «voir troubler la paix dans voeu, et craignant la demeure sacrée d'OEgir s'il refusait de faire droit à d'aller assigner une place Loki, ordonne à son fils Vidarr au nouveau convive. ayant été admis à table, boit à la santé des Ases et des Asynies, non par bienveillance ou en reconnaissance Loki, de la faveur qu'on vient de lui faire, de se venger de Bragi. En effet, mais pour avoir occasion Loki boit à la santé de tous les convives, de cet Ase qui lui avait refusé une avec Loki, Bragi désirant se réconcilier ration lui offre en répapour ne une épée et un cheval; mais de s'humilier devant le nouvel hôte, d'honneur pas avoir l'air faire croire aux convives l'intérêt excepté à celle place au banquet. de la qu'il fait cette concession il veut dans société, uniquement que pour prévenir Loki ne dise des injures aux Ases et aux Asynies. Cependant Loki, de railler les dieux, qui brûle d'impatience tourne en ridicule les paroles de Bragi : ses sarcasmes les répliques provoquent fendre les uns les autres, qui, pour se déLoki par des repro- des convives attaquent INTRODUCTION. ches, et augmentent et son insolence. •C'est ainsi cessivement ainsi, 509 en l'irritant, sa verve caustique sucque 'Loki trouve occasion de persiffler les Asynies et tous les Ases réunis au ban- quet, jusqu'à ce qu'enfin l'arrivée de Thôr, ou la dernière noeud dramatique, du amène naturellement le péripétie dénoûmént du poëme. CHAPITRE DE L'INTÉGRITÉ Quand on a bien III. DU saisi le véritable quel Lokasenna doit être envisagé, au commencement surpris de trouver POËME. point de vue sous leon est naturellement et à la fin de ce en prose qui ne peuvent être de la poëme, des morceaux main de notre poëte. En effet, l'introduction en prose ne saurait être une partie intégrante de Lokasenna; car, pourquoi le poëte aurait-il composé deux-introductions à son poëme, une en prose et une autre en vers? L'introduction en vers qui se trouve dans la première partie ou dans l'exposition les suffisamment de Lokasenna, indique le faut connaître pour comprendre qu'il il est dit que poëme. En effet, dans la première strophe, les Ases sont assemblés à un banquet; dans la troisième, circonstances on voit que le banquet se donne dans la demeure d'OEgir; dans la même strophe, de Loki annonce son intention railler les dieux; enfin toutes les personnes présentes LOKASENNA. 510 se font connaître au lecteur au banquet successivement Les détails à mesure contre Loki. qu'elles disputent donnés dans l'introduction en prose sont donc entièrement inutiles. Il est même absurde de croire que les détails sur la mythologie aient été donnés par l'auteur de Lokasenna ; car, si le poëte avait eu besoin, pour se faire comprendre, d'instruire d'abord ses auditeurs dans la mythologie, il se serait donné un grand ridicule en un poëme qui ne paraît spirituel composant qu'à celui qui connaît bien les mythes auxquels il fait allusion. Il y a plus : non-seulement l'introduction en prose est inutile, mais elle est même entièrement déplacée et fausse dans ses indications. lecteur dans le véritable cette introduction effet, point loin de vue de placer le de Lokasenna, ne fait en indiquant gible, directement celles Ainsi En que rendre le poëme inintellides circonstances qui contredisent qui ont été imaginées par le poëte, il est dit dans l'introduction, que Loki, au banquet fut poursuivi ayant tué s'enfuit et Fimafing, d'OEgir le serviteur par les Ases jusqu'à l'entrée d'un bois ; que les Ases revinrent leurs places au banensuite reprendre aussi, et qu'alors eut lieu ce qui quet ; que Loki retourna est raconté contradiction poëme. Tous ces détails sont en avec eux-mêmes et avec les circonstances dans notre par le poëte. En effet, comment admettre que après avoir été poursuivi par les Ases, vienne se lui-même à leur vengeance? Si Loki a déjà assisté indiquées Loki, livrer auparavant dans notre Comment au banquet, poëme s'expliquer (v. comment peut-il veut voir i4) qu'il les dispositions encore dire le banquet? des Ases, d'esprit INTRODUCTION. 511 entre dans la salle ? Pourquoi les Ases mot du meurtre de Fimafing? ne disent-ils Pourquoi eux qui quelques moments auparasûnt-ils si pacifiques, de l'auteur de la préface, vant ont, suivant l'expression au moment où Loki secoué leurs boucliers, et poussé des cris contre Loki? Enfin, ce qui prouve jusqu'à l'évidence que l'introduction n'est pas de la main du poëte de Lokasenna, ce sont les mots : « Comme il vient d'être raconté » qu'on lit dans cette même introduction. Ces mots se rapportent au récit et dans le Hymiskvidaj qui fait le sujet du poëme intitulé le recueil de l'Edda s Hymiskvida précède immédiatement "poëme Lokasenna. Il est donc évident que l'introduction en prose n'a été composée que dans le temps où le recueil de l'Edda existait déjà, ou, ce qui est plus probable, au moment même où ce recueil fut D'après cela, il du recueil de l'Edda que l'auteur de notre introduction est très vraisemblable est aussi l'auteur formé. (cf. pag. i4). Ce de cette opinion, c'est que la qui vient encore à l'appui préface de Lokasenna est écrite dans le même style que les préfaces des autres poésies de l'Edda. Comme ce style diffère entièrement de celui des poèmes eux-mêmes, nous sommes en droit d'admettre que toutes les préfaces ont été rédigées par l'auteur du recueil de l'Edda, et que, par de Lokasenna ne fait pas non conséquent, l'introduction de ce poëme. plus partie intégrante en tre par. forme d'explication, les strophes 5 et 6, JO et n, 52 et 53, 56 et 57, ils ne sont pas plus de la main de notre poëte que l'introduction en prose. En effet, toutes ces explications sont Quant aux mots insérés superflues, elles sont écrites dans le même style que la 512 LOKASENNA. le même auteur. par conséquent, préface; et trahissent, au sujet du mot Nous devons faire la même remarque kvad qu'on lit après le nom des interlocuteurs, en tête de chaque strophe. Ce seul mot change la forme animée en la forme aride d'un procès-verbal du dialogue (cf.p, 21); on doit donc présumer que ce mot n'est pas non plus de la main du poëte, mais qu'il a été ajouté au texte du recueil de l'Edda. par l'auteur Il nous reste à examiner l'authencité du morceau en Ce morceau ne saurait prose placé à la fin de Lokasenna. faire partie de notre poëme, parce qu'il en contredit la et le but. En effet, si le récit de la punition disposition (le sujet de ce morceau) faisait partie intégrante de Lokasenna, ce poëme changerait entièrement d'aspect; de Loki serait à considérer car, dans ce cas, la retraite de Loki comme la péripétie, et sa mort comme la catastrophe du drame ; ce qui, comme nous l'avons vu, est contraire à l'intention du comme le morceau est poëte. D'ailleurs, écrit dans le même style que l'introduction, on doit aussi présumer qu'il a été rédigé par le même auteur. Cet auteur, connaissant la fin tragique de Loki, et se rappelant la prédiction de Skadi dans la strophe 49 de Lokasenna, a cru embellir ce poëme en y ajoutant à la fin le récit nous parlons. Il ne s'est pas aperçu que par cette il ne faisait que défigurer l'oeuvre du poëte.En addition, général, les deux morceaux en prose ajoutés à notre poëme Nous y apprenons seulement n'ont aucun mérite littéraire. dont les tremblements de terre étaient que selon la mythologie, de Loki. Nous devons égaproduits par les convulsions lement au même auteur la connaissance du mythe sur la INTRODUCTION. 515 En faveur de ces deux notices qu'on mort de Fimafing. ne trouve dans aucun autre écrit islandais, on peut donc d'avoir dénaturé notre poëme par des bien lui pardonner additions absurdes. de Lokasenna Si l'on retranche tout ce que nous vece poëme se nons de signaler comme non authentique, de la productions présentera comme une des meilleures En effet, le poëte n'a pas seulement du poëme, il a fait preuve de talent dans la disposition et du goût en donnant à son aussi montré de l'habileté littérature Scandinave. oeuvre une forme toute Lokasenna est bien dramatique. de saillies et de railleries d'esprit, il est plein mordantes; et, abstraction dialogué, qui tiennent à la rudesse faite de quelques grossièretés à part des moeurs de l'époque, quelques négligences de style, ce poëme ferait honneur même à un poëte des temps modernes. L'auteur de Lokasenna avait une connaissance parfaite du coeur humain, et l'on ne saurait douter que, s'il se fût trouvé dans des circonstances convenables, il n'eût été un excellent auteur dramatique. CHAPITRE DE L'ÉPOQUE IV. DE LA COMPOSITION DU POËME. Le poëme Lokasenna est moins ancien que Vôluspâ et Vafthrûdnismâl ; il est même moins ancien que la plupart des poésies de l'Edda. Le sujet de Lokasenna étant le 314 LOKASENNA. de la mythologie, ce poëme n'a pu être composé que lorsque le paganisme du Nord tirait à sa fin ; car ce n'est que lors de la décadence d'une religion que la phipersifflage losophie ose s'attaquer aux croyances surannées. L'an 999 de notre ère, Hiallti Skeggiasun qui avait chanta publiquement à Lôgembrassé le christianisme, contre les.dieux berg, en Islande, une chanson (kvidling) Scandinaves. Cette chanson commençait par les mots : Vil ëk eigi gud geyia, mer Freyia : Grey thikkir Je n'ai garde d'aboyer après les dieux; Freyia, la chienne, me semble faite pour ça, etc. Le prêtre Runôlf gâ), et Thôrbiôrn, Hiallti accusa Hiallti fils de Thôrkill, fut condamné poursuivit (uni godsle procès. sacrilège [fiôrbaugs madr um en exil 1. L'été suivant, en l'an 1000, godsgâ) et envoyé le parti chrétien prit nisme de blasphème comme le dessus en Islande, et le christia- fut introduit dans le pays en vertu d'une loi décrétée à l'assemblée générale. Dès lors, le paganisme étant les anciens vaincu, ce ne fut plus un crime de ridiculiser dieux. on est fondé à croire D'après cette donnée historique, que le poëme Lokasenna a été composé peu de temps avant que le christianisme eût triomphé en Islande. Les précautions que notre poëte a prises pour se mettre à l'abri de toute accusation (voyez p. 3o3), prouvent que de son temps l'ancienne religion était encore dominante. De plus, les fréquentes 1 Kristinsaija, allusions p. 66. Niâlssarja,]). à des mythes 160. dont la tradi- INTRODUCTION. 315 font croire tion s'était déjà perdue du temps de Snorri, a été composé à une époque où la mythoque le poëme connue, parce qu'elle était logie était encore parfaitement encore la religion Enfin de la majorité. que le poëte n'était plusieurs circonsEn pas chrétien. tances indiquent de la nouvelle il doctrine, effet, s'il avait été partisan n'aurait pas pris tant de précautions pour se soustraire' à de son poëme, mais il se serait déclaré la responsabilité des premiers chrétiens courageuse franchise De plus, notre qui partout allaient au-devant du martyre. poëte aurait attaqué le paganisme avec plus de haine et dans le poëme au et enfin, on trouverait de violence; avec cette moins quelques traces de ce génie de l'Évangile qui ne se dément jamais dans les écrits des chrétiens de l'antiquité et du moyen âge. Au lieu de cela, tout annonce dans Lokasenna, que ce poëme a été composé par un Islandais païen, mais incrédule et esprit fort, qui n'avait aucune haine contre les divinités de sa nation, et qui voulait seulement satisfaire sa philosophie et causet son esprit railleur adoraient. ce que ses compatriotes tique, en ridiculisant Nous devons donc admettre que notre poëte a vécu dans le temps où le paganisme allait expirer, mais où cependant l'Evangile n'était pas encore la religion dominante. D'après cela, nous ne croyons pas nous tromper en disant que le poëme Lokasenna années du xe siècle. a été composé dans les dernières Il est vrai que le langage de notre poëme, c'est-à-dire les formes des mots, semblent lui assigner grammaticales une date bien plus récente que la fin du xc siècle. En effet, non-seulement les / se sont changés en S et les articles 516 LOKASENNA. sont devenus définis îinn, eic.;mais on trouve gaf (strophe langage moderne. sigli suffixes comme même dans vômmm, ûlla construction : èrbit se rapproche entièrement du et les formes Cependant cette locution 20), qui grammaticales qui viennent d'être signalées, ne prouvent rien- contre l'époque que nous avons assignée au poëme, des provindes particularités cialismes, propres au langage du district le poëte. En effet, les altérations qu'habitait de langage, avant de devenir générales, ou avant de pénétrer dans le langage littéraire, se montrent ordinairement puisqu'elles peuvent ou comme être considérées comme provin cialismes comme nous déterminons le langage littéraire, vincialismes semblent à l'époque à laquelle Avant de terminer quelques et deux dans telle comme ou telle localité : et les époques d'une langue d'après les écrits qui renferment des pro- toujours être d'une date postérieure réellement. ils appartiennent il importe de dire ce paragraphe, mots sur le rapport qui existe entre Lokasenna autres poèmes de l'Edda de Skirnir) et Ilarbardsliôd intitulés Skirnisfk d'Harbard). (chant (voyage Ces deux poëmes appartiennent au temps de la décadence du paganisme, à cette époque d'incrédulité qui a<produit les Sarcasmes de Loki. Dans Skirnisfôr on voit le fils de fille d'amour Gerdur, pour épris du géant Gymir, qu'il abandonne à son serviteur Skirnir ce qu'un héros Scandinave a de plus cher, son épée, pour obtenir un rendez-vous avec l'objet de sa passion. Dans Niôrdur, Freyr, tellement le poëme Harbardsliôd, Thôr, le plus fort des Ases, est exposé aux railleries de Harbard qui lui reproche sa faiblesse et sa lâcheté. INTRODUCTION. 517 Ce qui prouve le rapport qui existe entre les trois c'est qu'il y a dans Lokasenna des traits et des poëmes, dans Skirnisfôr et Harexpressions qui se retrouvent les vers de Skirnisfôr Ainsi bardsliôd. vër fieill nû thû Fullom helldr iTeill thû vër nû .Fullom En vid 54), (strophe Tirîmkalki de Loki il dit, avait sans doute vers 168-171 en vue : keypta lêztu Gymis dôttur thitt svà sverd : Ok seldir rîda myrk-vid yfir, ikfuspils-synir Feizt-a thû thâ aësali! hve thû vëgr. ër mër Segdu dans Skirnisfôr, that Stîgir feû âdr .Skirnir, /ramarr that Feti gângir mër ait fif 4o : .. thû de Lokasenna einugi var 13 de Skirnisfôr aldr : um-skapadr um-Zagit ont beaucoup de ressemblance, dans l'expression, les vers 10,2-10 3 de Lokasenna : thër Id : /ramarr. les vers de la strophe Ok strophe svâ at Mdir, thû. strophe : dans la première Segdu Enfin, Tmmkalki miadar. quand De plus, l'expression se retrouve ok tak Loki des Sarcasmes Gulli vid dans Lokasenna /orns le poëme Skirnisfôr ok tak miadar. /orns parfaitement répondent aux vers : L'auteur sveinn : var Ziôta Jîf um-Zagit. î ârdaga avec 318 LOKASENNA. Notre vers qu'on poëme renferme également quelques retrouve dans Harbardsliôd; ainsi les vers de Lokasenna 243 et 244: Sîtzt î Aandska thumlûngi Ok </iôttiska thû thâ /inuktir Thon sont les mêmes dans Harbardsliôd Tbër var î hanzka Ok tAottiska thû einberi vëra : trodit thû thâ Thon vëra. De même, ro<7voettr (Lokasenna, v. 237, 2^5, l'expression 2 54), ressemble à l'expression inn ragi (Harb. strophe ëk manda ihïkî hel koma (Harb. stro2G); et la locution mun ihër î hel phe 26), se retrouve dans : Hrangnisbani orna ( Lokas. v. 2 56). Comme les ressemblances que nous venons de faire et les deux autres poèmes de entre Lokasenna remarquer l'Edda ne sauraient être fortuites, Lokasenna Chant il faut admettre ou que de Skirnir et le a été imité d'Harbard, dans le Voyage ou que ces deux poëmes ont fourni traits et quelques à l'auteur des quelques expressions de plus près Skirnisfôr Sarcasmes de Loki. En examinant et Harbardsliôd, on découvre que les expressions qui leur sont communes avec Lokasenna ne sont pas empruntées, en propre, tandis que dans mais qu'elles leur appartiennent Lokasenna elles peuvent bien n'être que des imitations. Nous devons donc en conclure que notre poëte a connu Lokaet que par conséquent Skirnisfôr et Harbardsliôd, senna est postérieur à ces deux poëmes. Nous reviendrons sur la question de la date relative des trois poëmes, quand nous le Voyage expliquerons Harbard. nous suffise, Qu'il de Skirnir pour et le Chant de le moment, d'avoir INTRODUCTION. 319 Lokasenna est postérieur de que et Harbardsliôd. années à Skirnisfôr Si, comme constaté vons fait voir, du xe siècle, aux premières siècle. Lokasenna les deux années quelques nous l'a- aux dernières années appartient autres poëmes doivent remonter de la seconde moitié du même LOKASENNA. OEgir,, er ôSro nafni bâ-ër hann beirrar hafSi kona Icninn sleît hônd hans ; Tyr ok Frigg hafbi kona hans; kona var bundinn; Freys, Asom ôl, ër sagt. Til kom eigi, pôrr Bragi ok pôrs, var einhendr, ok Freyia, Skaibi,. Freyr bûit sem nû mikla, hann hann bâ-ër ok piônustumenn hann Sif var'"bar var bar, af honom, ok kona hans var bar, OSinn inn var î Austrvëgi; hann bvîat ketil fengit kom veizlo hêt Gymir, Fenrisûlfr ]>ar var NiôrSr son O&ns ; Loki Vîdarr ok Beyla : margt Fimafëngr ok Eldir. par var barsk ôl. par Beyggvër var bar Asa ok Alfa. OEgir haft lysigull staSr OEgis pâ hitti mikill. Ivâ biônustu-menn ëldz-liôs fyrir til lofoSo Menn voro : Loki skôko braut âtti Msir mâtti skiôldo skôgar; ûti Eldi, miôk sîna kvaddi bar hverso gôSir ok oepto. at Loka, fôro hann at drëkka. Loki : svâ at bû einugi SegSu pat, Eldir! Feti gângir /ramar : ffvat hêr-inni Ziafa at ôl-mâlom iSigtîva synir? var griSa- ]nônustu-menn bat ok drap hann eigi heyra en beir Loki ; siâlft ok Fimafëng. elto hann hvarf aptr ok LES SARCASMES DE LOKI. aussi le nom de Gymir, donna un banOEgir; qui portait eut reçu le grand chaudron, comme quet aux Ases après qu'il il a été raconté. A ce festin vint Odin avec sa femme Frigg. était en orient ; Sif, la femme de point parce qu'il Thôr, y était, ainsi que Bragi et sa femme Idunn; Tyr y était; il était manchot; le loup Fenrir lui avait mangé la main lorsqu'il Thôr ne vint s'était vu enchaîné. encore présents Niordur et sa femme Loki et les domesVidar, fils d'Odin, Etaient Skadi, Frey et Freyia, tiques de Frey, Beyggvir etd'Alfes. et Beyla, et un grand Fimafing OEgir avait deux serviteurs, l'or éclairait le palais au lieu de la lumière versait d'elle-même dans les coupes ; c'était nombre d'Ases et Eldir. L'éclat de du feu; la bière se là un endroit sacré. Loki ne voulutpoint On louait beaucoup les serviteurs d'OEgir; Alors les Ases secouèentendre ces louanges, et tua Fimafing. et le pourrent leurs boucliers, poussèrent des cris contre Loki, d'un bois. Puis ils revinrent jusqu'à l'entrée Loki retourna Eldir devant aussi; et ayant rencontré il lui dit : suivirent Dis donc, Eldir, Pas de plus De quoi parlent-ils à boire. la porte, sans que tu fasses un seul en avant, là-dedans, Les fils des Dieux dans Combattants leur discours ? 21 de table, 322 LOKASENNA. ËLDIR 5 Of wâpn sîn doema, iSigtîva synir : Asa. ok .Alfa, Mangi kvad: ok om ër hêr-ïnni ëro, î oroi ër bër LOKI /nn skal Ioil ok afo foeri-ëk Ok blend kvad: î, Asa sonom en beim svâ meini ÉLDIR 15 i>inr. gânga OEgis hallir A bat sumbl at siâ : 10 sîna uîg-risni miô'8. kvad: Veiztu ëf pu mn-gengr OEgis hallir A bat sumbl at siâ — Hrôpi ok rôgi ëf bû eyss â /ioil regin, A bër muno pau perra bat. LOKI pat .Eldir! Veiztu kvad: ëf vio einir skulom, sakaz, Sâr-yroom vëroa mun-ëk î andsvôrum /kiSigr Ëf 20 DÛ mselir til î — margt. SîSan gêkkLoki inn î hôll-ina; en ër ]jeir sa, ër fyrir voro, hverr inn var kominn, pôgnoSo beir allir. LOKI Jiyrstr ëk kom kvad: bëssar hallar til um fângan vëg! Loptr at mër einn gëfi Aso at biSia, M>seran drykk /niaoar. LES SARCASMES DE ELDIR LOKI. 325 dit: Ils devisent sur leurs armes et sur leur valeur guerrière, 5 Les fils des Dieux Combattants. De tous les Ases et Alfes qui sont là-dedans, Pas un ne parle de toi en ami, LOKI Il faut entrer dit: dans les salles d'OEgir, Pour voir ce banquet. 10 Chez les fils des Ases je vais porter le tapage et le scandale, Et mêler ainsi le fiel avec l'hydromel. ELDIR dit : Songe bien que si tu entres dans les salles d'OEgir Pour voir ce banquet, et l'injure Et si tu verses l'opprobre Elles sauront s'essuyer à toi. LOKI Songe bien, Eldir, En termes sur les Grandeurs is [bénignes, dit: que si nous escrimons l'un contre l'autre injurieux, Je saurai être inépuisable en répliques— Si tu dis un mot de trop. 20 Ensuile Loki entra dans la salle; mais ceux qui s'y trouvaient, voyant qui était entré, se turent tous à la fois. LOKI Altéré de soif, je suis arrivé dit: dans cette demeure Après une longue marche ; Lopte prie les Ases de lui donner Un coup d'hydromel pur.— seulement 21. 324 25 LOKASENNA. Hvî svâ J>rûngin goS, jjegit-ër, At Tpèr maela ne mego£? 5ëssa ok st&Si velit mër sumbli Ëoa heitiS mik heSanl BRAGI 5ëssa ok sta£i 30 velia kvad: ])ër sumbii kvad: Mantu ]?at, O&inn! ër vift î drdaga jBlendom bioSi saman, Olvi bergia lêztu eigi mundo Nëma okkr voeri baSom ODINN Rîstu SîSr 40 oss Loki OEgis Heilir JSsir! Ok Nëma /asta-stôfum î. heiiar Loka ; en âSr hann drylcki Asynior! ôll ginheilôg goSl sa einn dss, ër innar Sragi èekkiom sitr â. BRAGI Mar C71fs fôSur at kveSi bôllo borit. kvad: ok lât pâ, Fî&arr! iSitia sumbli |>â stôS VîSar upp ok skenkti kvaddi hann Aso-na : «s at JEsiv aldregi; J)vîat ^Ësir vito hveim ]?eir aida skulo Gamban-sumbl um-^ëta. LOKI 35 at, kvad : ok mseki gëf-ëk Ipër mîns fiâr, Ok boetie p'èr svâ Jaugi Bragi! ' LES DE SARCASMES LOKI. 325 Pourquoi gardez-vous le silence ?Dieux si bouffis de morgue Que vous ne pouvez parler! — Désignez-moi un siège et une place à ce banquet, 25 d'ici. Ou renvoyez-moi BRAGI dit : Désigner un siège et une place à notre Jamais les Ases ne le feront; banquet !— 30 Car les Ases savent bien à qui ils doivent Faire partager leur banquet joyeux. LOKI dit : Odin ; lorsque nous deux, autrefois, Nous mêlâmes notre sang ensemble ; T'en souviens-tu, tu ne goûterais de l'aile, A moins qu'elle ne fût offerte à nous deux ensemble. Jamais, disais-tu, jamais ODIN Lève-toi, Vidar, Prendre 35 dit: et laisse le père du Loup place au banquet, Afin que Loti ne nous parle pas en termes injurieux Dans la demeure d'OEgir. 40 Vidar se leva, et versa à boire à Loki qui, avant de boire salua les Ases. Ases! à votre santé ; à votre santé, Asynies ! A la santé de vous tous, Dieux très-saints ! Excepté ce seul Ase, ce Bragi qui est assis Au fond, sur son banc. BRAGI dit : Je te donne un cheval et une épée de ma propriété Bragi te fait ainsi réparation avec Yécu, ; 45 326 LOKASENNA. SîSr pu Asom Gremjiu ôfund um-gialdir.— eigi goS at péri LOKI 50 16s ok armbauga -^eggia vanr, kvad: mundu oe vëra Bragi! ër hêr-mni Asa. ok Alfa, ëro, J)û ërt viô vîg i;arastr Ok s/riarrastr viS sfeot. BRAGI kvad: ëf fyr utan vaerak, svâ sem for ïnnan emk, OEgis hôll am-ko.minn, Veit-ëk 55 Hofu& ]jitt Lyki-ëk bsera-ëk î Tiendi mër, J>ër ]mt for LOKI iSniailr 6o ërtu tygi. kvad: î sëssi, skal-atto svâ giôra ! J3ragi èekk-skrautuor Fëga pu. gakk ëf pu reiSr sêr; Hyggz vsetr /ivatr fyrir. IDUNN kvad: Bragi! iarna sifiar duga Ok aHra dsk-maga, Zasta-stôfum pu Loka kvedir-a ' î. hôllo OEgis BiS-ëk, At es LOKI ]pegi pu, ïôuim! bik kvad: kvëd-ëk «lira vëra; Fër-giarnasta Sîtz bû arma bîna lago"ir itr-bvegna Um pian 6rô<bur-èana. kvënna LES DE SARCASMES LOKI. 327 Afin que tu ne portes pas rancune aux Ases.— N'irrite point les dieux contre toi ! LOKI Un cheval et un écu ! jamais tu n'auras que faire De l'un ou de l'autre, Toi, d'entre dit: 50 ô Bragi ! les Ases et les Alfes qui sont ici présents, contre le combat! Le plus précautionné Le plus effarouché à la vue d'une lance ! - BRAGI dit: Certes ! si pour me battre et non pour assister au banquet, J'étais venu dans la demeure d'OEgir, 55 Je porterais ta tête dans ma main, — Je te payerais ainsi de ton mensonge. LOKI Tu es impétueux dit: dans ton fauteuil ! — Il ne faut pas en Magnifique Bragi, qui es trop sédentaire ! [user ainsi, Va donc te battre pendant que tu es encore courroucé ; Car, « homme en colère ne craint pas le diable. » IDUNN 60 dit: Je t'en prie, Bragi ! au nom de nos enfants, De tous les fils qui sont encore dans nos voeux : N'irrite point Loki par des injures, Dans la demeure os d'OEgir. LOKI dit: Tais-toi, Idunn ! — Je te déclare de toutes les femmes La plus lascive, Depuis que tu as serré dans tes bras par trop lavés Le meurtrier de ton frère. 328 LOKASENNA. IDUNN kvad: 70 ëk kveS'k-a Loka Zasta-stôfom QEgis hôllo i': Môr-reisan; Braga ëk kyrri at iS reiSir Fil'k-at-ëk uëgiz. GEFION kvad : Hvî 75 - io JEsir iSâr-yrôom bat veit Loptki Ok so tveir sktdoS inni hêr sakaz ! at hann teikinn ër, hann ^ôrgôll fria. LOKI kvad: nû gëta Jpegi bû, Gefion ! bëss mun-ëk Ër bik (dapbi at <jëoi iSveinn inn hvîti, ër bik sigli gaf, Ok bû lagSir ter yfir. ODINN kvad: Orr Loki! ërtu, Ër J)vîat 85 ok ôrviti, bû foer bër Gefion aldar ô'rlôg, hygg-ëk sem é'k. Jafn-giôrla LOKI at gremi; hon ôll um-viti kvad: |>egi bû, OSinn ! bû kunnir aldregi Deila vîg mëo uërom : Opt bû gaît beim ër pu gëîa skyldir-a Enom 90 Veiztu slsevorom sigur. ODINN kvad: ëf ëk gai beim-ër ëk g'èîa ne skylda Enom slsevorom sigur ! — LES DE SARCASMES IDUNN LOKI. dit: Je ne répondrai point par des injuresDans la demeure d'OEgir. GEFION n5 enjoué l'emporte. dit •. ou je vais raconter Gefion, t'a éblouie Comment Ce brillant ici dans la salle, pas qu'il est trop LOKI Tais-toi, ainsi irrités. dit: Comment ! deux Ases se quereller Et se dire des inj ures ! — Et que sa pétulance 70 à Loki, J'apaiserai Bragi excité par la bière ; Je ne veux pas que vous vous battiez Lopte ne s'aperçoit 329 homme jeune qui t'a fait présent d'un collier, so Et que tu as fait passer sur tes cuisses. dit: ODIN Tu es un fou, et un insensé, Loki, De porter Car elle connaît, à la rancune Gefion j e pense, Aussi parfaitement en entier Odin Souvent au moins La victoire donné entre les hommes. à qui tu ne devais ODIN Sais-tu que j'aie ss su du sort des combats tu as donné La victoire la destinée de chacun, dit: ; tu n'as jamais Bien décider toi ; que moi-même. LOKI Tais-toi, contre pas la donner, courageux. dit: à qui je ne devais pas la donner, au moins courageux?-— 90 330 LOKASENNA. Atta vëtur miôlkandi Kjr 95 for vartu, Ok hefir Ok hugôa-ëk iôrS ok bû bar fcona, èôrn bat bik sîda koôo Ok draptu lîki fôrSu Fitka Ok uër-biôS ykrom kvad : aldregi frâ, kvad: pu ërt Fiôrgyns J)egi pu, Frigg! hefir oe uër-giôrn ok Fïlia lêztu Ok Ër pà Vea Baba l baSo\ ëf inni Baldri no Ut oetta'k lîkan pu ne kvaemir Ok «seri pâ vill Mina bû, werit, ]?ër, FiSris kvoen, kvad: QEgîs hôllom î èur, frâ Asa at bër LOKI Ënn moer, um-tekit. FRIGG Veiztu î dr-daga; dryg£ut rôk fîrar. LOKI 105 oSal. args skylit se fora Firriz : wôlor ylir, jjat Segia seggiom iib JEsir tveir Hvat î, Sâmseyio â vêtt sem hugoa-ëk Orlôgum aSal. kvad: FRIGG 100 af-èorit, args LOKI En nëSan, Frigg! mein-stafi at :— sonom reiSom aëgit. kvad: ëk Jleiri telia SARCASMES LES huit Mais toi, pendant 331 tu as été là-bas, sur la terre, hivers, Une vache à lait LOKI. DE et une femme, Et tu y es accouché plusieurs fois ; Et cela est, ce me semble, le propre LOKI lâche. d'un 95 dit: à ce qu'on dit, la magie noire à Samsey, Tu as pratiqué, Et tu as frappé aux portes comme les Valas : Sous la figure d'un sorcier, tu volas par-dessus le peupledes-hommes, Et cela est, ce me semble, FRIGG De vos aventures, En Ni de que vous tu Et tu Car' toi, la femme été de Un autre Tu ne sortirais On fils donc, De mes péchés? 105 : Ve et Vili dit : d'OEgir, Baldur, pas de chez Frigg, Fiorgyne, dans la demeure l'épée LOKI Veux-tu » sein. comme brandirait des d'anciennes [«fautes. as tenu tu FRIGG ici, point lascive de Vidrir, Sais-tu que si j'avais commencement dit : es la fille sur ton Embrassés au ne se reprochent as toujours 100 parler [siècles.— fait avez LOKI Frigg; jamais des héros; « Les hommes Tais-toi, dit: vous ne devriez présence ce d'un lâche. le propre que je — les fils sur des Ases? toi, 110 insolent! dit: confesse encore d'autres LOKASENNA. 332 Ëk bvî rê'S ër bû rîda sêr-at 115 SiSaa at sôlum. Baldr FREYIA Orr ërtu, Loki ! ër pu y <5ra telr Liôta ZeuVstafi : Orlôg Frigg hygg ëk at ôll viti, J>ôtt hûn siâlfgi segi. LOKI i2o kvad: bik kann-ëk J>egi bû, Freyia! Ër-a bër «anima vant : ër hêr-ùini Asa ok Alfa Hverr binn hefir FREYIA /ull-giôrva ëro 7iôrr verit. kvad: hygg-ëk at bër fremr Ogott iim-gala : ReiSir 'ro bër JEsir ok Asynior : Fia 125 kvad: ër bër tûnga, ffryggr muntu muni /teim-fara. LOKI kvad: J>egi bû, Freyia ! pu ërt /ordseôa Ok meini blandin miôk : i3o Sîtztu at bvceSr bînom Ok mundir siSr biiS regin : — pu pà, Freyia! NIORDR kvad: J>at er uâ-lîtit bôtt sër uarSkur Fâi hoss ëor 7ivars : Hitt 135 ër imdr, Ok hefir /rata. vers ër dss ragr ër hêr-inn sa boru of-èorit. of-kominn 115 chez lui. à cheval FREYIA Tu es un insensé, 333 LOKI. que tu ne verras plus Baldur C'est par mes soins Rentrer DE SARCASMES LES dit : de proclamer méchancetés : Loki, Tes infâmes La destinée immuable, Frigg la connaît ainsi en entier, je pense, ne le dise pas elle-même. Bien qu'elle LOKI dit: 120 Freyia ; je ne te connais que trop bien, Tu n'es pas pure de souillure ; Tais-toi, Les Ases et les Alfes, qui sont ici présents, Ont été tous tes galants. FREYIA Ta langue est menteuse, dit : mais je crois que bientôt 125 Elle fera un cri de douleur; Les Ases et les Asynies sont irrités contre toi : Tu ne rentreras pas joyeux à la maison. dit : LOKI Tais-toi, ; tu es noircie Freyia Et toute pétrie Depuis que tu de forfaits de méchanceté, enchantes Et après cela, Freyia, ton [bénignes.— frère et les Grandeurs tu oses encore brailler NIORDUR Et qu'il ! dit: Cela est peu étonnant, si les dames Pour galant un tel ou un tel : Mais ce qui est merveilleux, 150 choisissent c'est qu'un Ase lâche soit entré soit accouché plusieurs fois. [ici, 135 334 LOKASENNA. LOKI kvad: f>egi bû, Niôror ! pu vart austr Gisl um-sendr at go'Som. : flymis meyiar ZiôfSo bik at Mand-trogi Ok bër î munn migo. NIORDR i4o Su ëromk fîkn kvad: ër ëk var'k fângt hêSan at «jroûom : Gisl um-sendr ]pâ ëk môg gat bann ër mangi sa Asa iàibarr. Ok bikkir LOKI Hsettu J45 nû, binni systor Ok bër-a bvî ër beztr i5o Mey alira kvad: ball-riSa, ne mans kono, ôr Ziôptom Ër Bol aldregi : Tioegri mun-ëk bër sleit Fenrir fia. ënnar TYR flandar Tivern. kvad: Jjegi bû, Tyr! bû kunnir Bëra tilt mëo fveim 155 ëm-ëk môg — bô ono vêrr. LOKI iîandar bik, Zengr; gaz tu slîkan Asa gôrSom i; hann ne graetir, Ok leysir â Ziôfi feyna TYR Freyr fiâr. kvad-. hafSu Niôror! Mun'k-a-ëk ViS héoan ^"> vanr, 7iinnar gëta, kvad : en bû er èeggia brâ : HrôSrs-vitnis, LES LOKI Comme Les filles dit: otage aux dieux ; d'Hymir Et t'ont t'ont un baquet pris pour Ce qui me console d'avoir dit : été envoyé loin d'ici 140 otage aux dieux, C'est que là, j'ai engendré Et qui passe pour un fils qui est aimé de tout le le chef des Ases. LOKI C'est assez, Niordur; [monde, dit: ne dépasse pas la mesure, Sans cela je ne pourrai plus longtemps Que c'est avec ta soeur que tu as engendré Ce qui, à urine, pissé dans la bouche. NIORDUR Comme 335 LOKI. ; on t'a envoyé d'ici en Orient Niordur Tais-toi, DE SARCASMES pourtant, n'est TYR Frey est le meilleur de ce qu'on de toi. [attendait de tous les preux us ce fils, pas le pire dit: cacher chevaliers, Dans les enclos des Ases : Jamais il n'a fait pleurer Et il affranchit une fille chacun ni une femme mariée, 150 de la servitude. LOKI dit: Tyr ; tu n'a jamais su Réconcilier deux adversaires Tais-toi, Parlerai-je de ta main droite Que t'a enlevée Fenrir TYR Je regrette ma main, Notre perte : ! 155 dit: et toi tu regrettes est douloureuse Hrodurs-vitnir à l'un et à l'autre ; : 336 LOKASENNA. hefir Uifgi BîSa ok vëi ër î bôndom rôkrs. ragna LOKI i 60 kvad : J>egi pu, Tyr! bat varib binni kono At hon âtti môg vio mër : Oln ne pennîng hafbir bû bëss aldregi vësall! Fanrêttis, FREYR 165 E/lf sê-ëk liggia Unz riûfaz dr-ôsi kvad : for regin : Tpvî mundo naezt, nëma pu nû begir, èôla-smiSr! Bundinn, LOKI Guîli 170 skal En kvad : keypta lêztu Gymis dôttur, Ok seldir bitt svâ svërS : êr .Muspëls-synir Feizt-a bû bâ, riSa ilfyrkvio" yfir, vësall! hve bû vëgr. kvad: BEYGGVIR ëf ëk oSii Veiztu, Ok Mergi 175 setta'k, svâ ssellikt sëtr, smaera môlda-ëk Ok femda ër bat iS Ok At snapvîst bâ mein-krâko alla î liSo. LOKI Hvat sem Ingunnar-Freyr litïa, kvad : ër ëk par snapir?— mundo oe vëra eyrom Freys Ok und /cvërnom /daka. fôgra sê'k LOKI. DE SARCASMES LES 337 Le Loup n'est pas bien non plus dans ses fers, Il attendra jusqu'au crépuscule des Grandeurs. LOKI Tais-toi, il est arrivé Tyr! dit: à ta femme 160 un enfant avec moi : D'avoir Tu n'as pas reçu un chiffon, pas un denier Pour dédommagement, homme ! pauvre FREY dit: Je vois le loup qui, du fleuve, à l'embouchure Jusqu'à ce que les Grandeurs Si tu ne te tais, tu seras attaché Auprès de lui, auteur LOKI succombent, 165 la forêt Noire, 170 dit : de Gymir, ainsi ton épée : Mais quand les fils de Muspil Alors [chaîné du mal ! Tu as fait acheter avec de l'or la fille Et abandonné reste en- traverseront tu ne sauras pas, pauvre homme! dit: BEYGGVIR comment [combattre. Sais-tu que, si j'étais de grande condition comme Ingunnar Et si j'avais un siège aussi magnifique, [Frey, Jeté broyerais plus mou que la moelle, malheureuse corEt je te romprais tous les membres? LOKI [neille, dit: Quelle est donc cette petite créature que je vois blottie Et qui ouvre son bec parasite? [là-bas, Il veut toujours être pendu aux oreilles de Frey, Et grommeler entre ses dents. 22 175 338 LOKASENNA. BEYGGVIR 180 ëk heiti, Beyggvir Goo ôll ok bvî ëm-ëk en mik at liroSigr ôl saman. LOKÏ 185 drëkka Hrôpts megir kvad: î fietz strâ /rima J)ik bâ-ër vâgo vërar. HEIMDALLR Oh Loki! bvîat svâ begi iïôta 'baki hvad: bër vôvSv ër bvîat Loki! bër, Leika bik hala; skolo â /tiôrvi binda ârdaga ëf mik â /riôrvi binda ins tengi svâ 7irîm-kalda magar goo. LOKI Gôrnom î kvad : mun-attu fousom Gôrnom Veiztu, var goSa. SKADI Lêtt kvad: Zîf um-fôgit; bû munt oe vëra vaka Ok 195 mâttu at Heimdallr! bû, Ï8 Aurgo ne pu ërt ôrviti, Hvî ne fezt-a |JÛ , Loki ! aida hveim veldr ofdrykkia Ër sîna mselgi ne man-a£. ërtu, LOKI 200 kvëSa bû kunnir aldregi pu Beyggvir! mëo mônnom Deila mat : begi iso braSaa <mmar. — hêr ABir Ok kvad: kvad: skolo goo — ëns Jirîm-kalda magar LES SARCASMES DE LOKI. BEYGGVIR * 339 dit: et ma promptitude Par les dieux et les hommes : Ce qui me ravit, c'est de voir Réunis au banquet. iso est louée Je me nomme Beyggvir, tous les fils de Hropte LOKI dit: tu n'as jamais su Tais-toi, Beyggvir! Répartir les vivres entre les hommes : iss Et caché dans la paille de ta couchette, Lorsque les héros allaient tu n'as pas pu être au combat. [trouvé dit: HEIMDALLE Loki! tu es ivre, de sorte que tu as perdu la raison. ne cesses-tu pas de boire, Loki ? Car l'ivresse produit dans chacun cet effet, Pourquoi Qu'on ne s'aperçoit pas de son bavardage. LOKI Tais-toi, Heimdalle dit : ! au commencement un maudit On t'a départi 190 des siècles , emploi : Comme gardien des dieux, tu es condamné à les réveiller, de la nuit. Et à exposer ton dos à l'humidité 195 SKA.DI dit: Tu es en bonne humeur, Agiter librement Car les dieux vont Loki ; mais la queue, te lier De ton monstre au rocher, plus [longtemps avec les boyaux de fils. LOKI Tu crois que les dieux De mon monstre tu ne pourras vont dit : me lier de fils ! au rocher avec les 200 [boyaux LOKASENNA. 340 ok ôfztr Fyrstr bar's var-ëk at /iôr-lagi â biassa brifom. vër ,, SKADIkvad: ok ôfztr vartu ëf/yrstr bâ-ër at biassa brifoo : Veiztu, 205 iieom ok i>ângom skolo a? fcôld ra8 fcoma. mînom Frâ at/iôr-lagi bër LOKI hvad: î mâlom Lêttari bû lêtz bâ-ër 210 vartu vômmin Telia son, Laufeyiar â beS binn bo'Sit : mër oss slîks, GëtiS-vër&r vi8 ëf vër giôrva skolom vàr. bâ gêkk Beyla fram ok byrlaSi Loka î hrîm-kalld miôS ok maelti : Jîeill vër Loki! bû nû, ok tak vio Tirîm-kalkî Fullom Heldr sis /orns miaoar; hana eina lâtir mëo Famma-lausom Asa sonom vëra. Hann tôk viS horni ok drakk af : Fin bû vserir, ëf bû svâ vserir ok grôm at uëri : Finn ëk «eit — svâ at ëk rata bikkiomk, fîcjrr ok af Hlôrrîoa — For Ok var bat sâ-inn 220 BEYLA Fiôll ôll skiâlfa, i/eiman hygg-ëk /Llôrrîoa : feevîsi Loki. kvad: â for vëra LES SARCASMES Sache que j'ai été le premier Lorsque DE et le plus terrible nous attaquâmes SKADI 541 LOKI. au combat * Thiassi. dit : Si tu as été le premier et le plus terrible au combat, Lorsque vous avez attaqué Thiassi, Attends-toi à voir sortir De pernicieux 205 de mes palais et enclos contre complots toi. dit : LOKI [Laufey, plus aimable dans ton langage avec le fils Quand tu le sollicitas à partager ta couche. — de Tu étais cette aventure Il faut nous rappeler . Confesser nos péchés. si nous devons en- 210 [tièrement Cependant, Beyla s'avança et versa à Loki de l'hydromel ' dans une coupe de glace, en disant : A ta santé, maintenant, Remplie A condition Loki ! accepte cette coupe de glace d'hydromel vineux : que tu laisseras au moins Et irréprochable parmi Sif en honneur 215 les Ases. Loki prit la coupe, et après l'avoir vidée, il dit : tu serais unique parmi les femmes si tu étais si réEt si cruelle à l'égard des hommes : [servée Mais je connais au moins un — et je crois le connaître parUn galant delà femme deHlôrridi, [faitement— Sif! Et ce galant, c'était moi, BEYLA Les montagnes tremblent. Pour rentrer chez le malicieux dit: — Hlôrridi lui : 220 Loki. est, sans doute, en [chemin 342 LOKASENNA. Hann raeSr rô beim *GoS 225 ôll Ok Okynian Oll ok guvaa. LOKI kvad: Beyla! bû ërt Beyggvis meini blandin miôk : bû, begi meira konl-a mëd ërtu, deigia, dritin. bâ kom bôrr begi 230 ër roegir hêr at ok kvaS : rôg vsettr ! bër skal minn Miôlnir mal for-nëma : Ok drëp-ëk bër Misi vërSr bâ bîno /iôrvi LOKI burr Hvî 235 ër hêr brû<S-hamar brasir bû af un>/àrit. kvad : nû mn-kominn, svâ, bôrr? En pà borir bû eigi ër bû skalt vio alf-inn Ok svëlgr hann allan iSigfôôr. THORR begi 240 Asa sonom, bû, iïerôa-kiett JarSar kvoen kvad : bû rôg vaettr! bër skal minn Mïôlnir mal for-nëma : Opp ëk bër vërp ok â austr-vëga Ok sêr bik mangi sîSan. LOKI kvad: Austr-fôrum bînom skaltu 5egia seggiom frâ, Sîzt î Tiand-ska bumlûngi Ok bôttisk-a vëga, brûd-hamar — aldregi /inuktir bù bâ bôrr bû vëra. einheri — LES SARCASMES H imposera silence DE à ce méchant LOKI. 343 qui insulte ici et les hommes. Les dieux LOKI dit : Beyla-, tu es la femme 225 de Beyggvir, Et bien pétrie de méchanceté : Tais-toi, Jamais plus grande laideron n'est venue parmi Tu es une gueuse, une salope. les Ases ; Cependant- Thôr survînt et dit : Tais-toi, lâche créature, Miôlnir J'abattrai ou mon puissant t otera la parole : de dessus tes épaules ce rocher marteau 250 qui branle Et ce sera fait de ta vie. sur [ton cou, dit: LOKI Fils de lord, qui ne fais que d'entrer, fais-tu déjà le brutal?— Pourquoi Tu ne seras pas si audacieux Le loup qui engloutira quand tu devras dit: ou mon puissant t'ôtera la parole : lâche créature, Miôlnir Je t'expédierai en l'air, Et personne De tes expéditions ne t'apercevra Devant en Orient, marteau dans les régions jusque LOKI plus. de l'O- [rient,— dit : tu ne devrais jamais parler des héros, Depuis qu'on t'a vu, toi le monomaque, Où toi-même 255 en entier le Père des Victoires. THOR Tais-toi, combattre blotti dans le pouce tu ne pensais plus être Thôr. [du gant, 210 344 LOKASENNA. THORR kvad : 245 begi Headi rôg vsettr! bër skal minn mal for-nëma : ilfiôlnir bû, hinni bik LTrûngnis-bana, /toegri drëp-ëk Svâ at bër &rotnar beina hvat. LOKI Lifa 250 brûS-hamar setla-ëk mër bôttu kvad : fângan aldr, /ïamri mër : — 7ieitir iS/carpar âlar bôtto bër S/crymnis vëra Ok mâttir-a bû bâ nesii nâ— Ok svaltz begi 255 pu bâ Ziûngri Jieill. THORR kvad: rôg vsettr! bër skal minn Miôlnir mal for-nëma : bû, brûoVhamar mun bër î 7iel koma flrûngnis-bani For 7iâ-grindr nëSan. LOKI kvad: KvaS-ëk for 4som, baz mik 260 En for /ivatti bër einom bvîat ëk-neit kvaS ëk for Asyniom 7mgr : mun-ëk dt-gânga, at bû vègr. 01 giôr&r bû, OFgir! en bû aldri Si8an sumbl um-giôra : Figa ses bîn ôll ër hêr-mni Leiki yfir èrënni Ok ër togi! bër â 6aki ! munt LES DE SARCASMES THOR Tais-toi, t'ôtera Miôlnir dit: ou mon lâche créature, 345 LOKI. puissant marteau 245 la parole : je te frapperai De ma main droite, de avec le Meurtrier De sorte que chacun de tes os sera broyé. [Hrungnir dit: LOKI Je me promets de vivre encore longtemps, Bien que tu me menaces de ton marteau.— t'ont paru trop serrés; Les noeuds de Skrymnir Tu n'as pas pu arriver jusqu'à la provende; Tu te mourais de faim en pleine THOR Miôlnir Le Meurtrier t'ôtera marteau puissant la parole, de Hrungnir En bas, santé. dit: ou mon Tais-toi, lâche créature, 250 devant 255 te précipitera la Grille LOKI dans l'empire des morts. de [Hel, dit : J'ai dit devant les Ases , j'ai dit devant les Asynies m'a poussé à dire : Ce que l'esprit Devant toi seul je me retirerai, 260 Parce que je sais que tu te bats. Tu as fait un festin, OEgir ! dorénavant Tu ne feras plus de banquet : Que tout ton avoir, qui est ici dans cette salle, Soit envahi par la flamme, Et englouti derrière toi ! 265 346 LORASENNA. En eptir J>ëtta falz Loki î Franângrs forsi î lax-lîki; kr tôko Msir hann. Hann var bundinn mëS pôcmoia sonar sîns Nâra, en Narfi sonr hans varS at vargi. SkaSi tôk eitr-orm ok festi upp yfir andlit Loka, ok draup )>ar ôr eilr. Sigyn undir eitriS; en ër kona Loka sat ]?ar, ok hêlt munn-laug var full, bar hôn ût eitriS; en mëSan draup munn-laugin eitriS â Loka. bâ kiptiz hann svâ hart viS at jjaSan af skalf iôrS ôll : ]jat ëro nû kallaSir landskiâlftar. LES SARCASMES DE LOKI. 347 Après cela , Loki, prenant la forme d'un saumon (1), se tint cachésous la cataracte de Frânangur (2) ; c'est là qu'il fut pris par les Ases. On le lia avec les boyaux de son fils Nâri (3), mais son autre fils fut changé en bête féroce. Skadi prit un serpent venimeux, et le suspendit au-dessus du visage de Loki; le venin en tomba goutte à goutte. Sigyne (4), la femme de Loki, était assise auprès, et reçut les gouttes de venin dans un bassin. Lorsque le bassin fut rempli, elle sortit avec le venin. Durant cet intervalle, les gouttes tombèrent sur Loki ; il en eut de si fortes commotions, que toute la terre en fut ébranlée; appelle aujourd'hui tremblements de terre. c'est ce qu'on 348 LOKASENNA. NOTES ET CRITIQUES NOTE disait Î. — Barsh est une PHILOLOGIQUES. contraction de bar sik; plus tard on de nous, on se et dans des temps encore plus rapprochés servait quelquefois de l'ancienne forme barsk. VERS 2. — Feti ganyir framarr. 38; Skirnisfôr, 4o.) (Cf. Hâvamâl, VERS 3. — Hvat hêrinni là-dedans hafa at ôlmâlom (quoi ont-ils barst, pour discours de table), quoi leur sert de sujet, ou quel est le sujet de leur discours de table, de quoi parlent-ils? En allemand on dirait: Was haben. sie fur Tischgesprâche. v. 2 5.) (Cf. Vaftlirûdnismal, VERS 5. — Of vâpn sîn doema (ils disent leur avis sur leurs armes), ils parlent de leurs armes. — Dans om vigrisni, on devrait peut-être changer om en of. Le v de vigrisni semble exiger devant soi une labiale aspirée comme dans ofvâpn pour om vâpn; cependant à varier les formes des mots autant que possible. les poètes aiment ' skal yânga; il faut sous-entendre ëk ; l'omission de ce pronom donne à l'expression personnel plus de vivacité et de harest mis au pluriel la grandeur et la diesse. — Hallir pour indiquer de la demeure d'OEgir; c'est, comme disent les grammaimagnificence VERS 9.—Inn un pluralis majestatiens. (Voyez v. 27.) VERS 10. — At siâ â eitt (voir sur quelque riens, chose), inspecter, exa- miner, contempler. VERS 11. — Ioll vescence, colère.» est sans doute (Cf. ail. groll.) désordre de dérivé de iorl Au lieu de afo, signifie « efferon devrait peut-être et Le traducteur l'ivresse, scandale). âfo (ivresse, suédois rend les deux mots par larm och oro (bruit et turbulence). VERS 12. — Blend en theim. En (en allemand aber) est une partiet adversative en même temps. En français, on ne cule conjonctive lire cette peut exprimer l'inflexion de la voix. VERS I5. — Hrôpi légère nuance ok hrôgi; le verbe ejss. (Cf. ôrgomforsi de la pensée ces mots aasast, que par sont à l'instrumental Vôluspâ, v. 87.) l'accent et régi par NOTES VERS 17. — Vii personne du pluriel. 349 CRITIQUES. (anciennement (Voyez v. 33.) vit) est le duel — Einir (pluriel de la première de einn); latin sinyvli (tous, ensemble). VEBS 18. — Sâr-yrdom est à l'instrumental. (Cf. Vafth. v. 16.) TU est ici adverbe et non pas préposition. VERS 20.— (Cf. Vaftli. f . p. 124.) VEBS 22. — Uni langan vég (par un long chemin). VERS 23. — Einn pour einan. VERS 25. — Thrûngin. (Cf. Thraunginn môdi, Vôluspâ, v. 126.) ou comme VERS 27.—Sëssa (sièges); stadi (places au banquet), nous dirions des couverts. Les deux mots sont indiquer que Loki demande une des premières un banc large et commode. (Cf. v. 9.) hêdan, locution VERS 28.—Heita elliptique iiêdan (ordonner de sortir d'ici). On dit mis au pluriel pour places, et un siège ou pour lieita ai ût-gânga de même einom visa or, visa de sortir). einomfrâ (faire signe à quelqu'un du mot gaVERS 32. •— Gamban n'est qu'une autre prononciation man. Le b est produit ou d'une nasale. par le m suivi d'une liquide (Voy. p. 81.) Souvent l'une et l'autre forme se trouvent dans la langue, comme sumbl et saml, gaman et gamban, kumbl et kuml, audhumla et au.dhu.mbla,etc.'—Asona VERS 44. — Bekkiom est formé est mis de Aso ëna. par contraction au pluriel honorifique (pluralis jeslaticus). (Voyez v. g et 27.) VERS 46. — Hommes et femmes ma- des bagues (baugr) portaient (Voyez Volundar kvida, cf. Skir- d'un métal plus ou moins précieux. leur satisfaction à nisfôr, 21.) Les grands et les rois, pour témoigner leurs clients ou leurs sujets, leur distribuaient des bagues; de là vient le nom de distributeurs de bagues (cf. anglo-s. beahgjfa) métaphorique qu'on donnait aux rois. Comme la richesse des grands consistait à avoir surtout un grand nombre de bagues d'or et d'argent, le mot bague a d'une bague de richesse. La valeur ordinaire pris aussi la signification la somme fixée équivalait à deux onces d'argent : c'était précisément comme amende et on donnait, pour cette pour une injure légère, de l'injure. De là, l'expression de raison, une bague pour réparation La bague ou la valeur qu'elle réparer par une bague (at boeta baugi). représentait, se donnait quelquefois par-dessus la somme payée en LOKASENNA. 350 était en même temps le symbole de la parce que l'anneau réparation, Comme la réparation se faisait ordinairement réconciliation. avec des d'amende ou de bagues, le mot baagr a pris tout à fait la signification Grâgâs (oie grise), il y peine, de punition. Dans le code de lois intitulé a un baugatal ou chapitre qui traite des amendes. Renun (Cf. Leibnitz, Brunsvic, etc.; tom. I.) La punition qu'on encourait pour meurtre, cette peine s'appelait fwrbaugr était la relégation; (punition pour vie); le relégué, et fibrbaugs madr, désignait gardr, l'enceinte du fwrbaugs les relégués ne devaient pas entrer. temple dans laquelle un anneau, mais VERS 4g. — Comme baugr signifie non-seulement Loki fait une espèce de calembourg aussi un bouclier, pour chicaner Bragi sur ses propres paroles. Le mot baugr, dont Bragi s'était seni dans le sens de bague, Loki le prend dans le sens de bouclier, et il dit: et d'un te passer d'un cheval de bataille «Tu pourras bien toujours Armbauga est ou le géou le génitif singulier de armbaugi (bouclier Peut-être qu'outrelejeu de mots que nous venons toi qui as peur de armbaugr, pluriel «bouclier, nitif qu'on porte au bras). il y a encore de combattre, calembourg qui repose sur l'hoDans ce cas, il faudrait supdu mot baugi avec bogi (l'arc). monymie d'avoir entendu prononcer à Bragi le mot poser que Loki fait semblant : Thâ ërt skiarrastr vid skot. bogi, et qu'il y répond malicieusement d'iudiquer, Les mots VEHS 52.— un etc.s qui autre expriment vid dans sont souprécaution, envers, sens de vis-à-vis, crainte, la préposition le contre. Nous disons aussi : être en garde contre. VERS 54. — Ces deux vers sont ainsi rendus vent suivis suédois, de M. Afzelius par le traducteur : Det vetjag, vore jag utom Agers sa! Som jag sitter nu derinne. Ce qui revient à dire : « Si j'étais dans la bouche dehors au lieu ici. » Ces paroles car excuse ridicule; d'être de Bragi, une présenteraient, convenable. dans la condition Bragi n'avait qu'à sortir pour se trouver à la vérité, Ces paroles seraient, assez bien mises dans la bouche dun qui cherche par des excuses futiles à éluder le combat; mais je aussi ne crois pas que le poète ait voulu présenter Bragi sous un jour défavorable. Pour donner à svâ sëmfor innan emk le sens convenable, lâche NOTES 351 CRITIQUES. um-kominn à voerak. Bragi dit : « Si au lieu de venir ici il faut rapporter salle pour assister à un banquet), j'étais venu (pour me «(dans cette ».ou, en d'autres termes : « si le motif qui m'a amené ici abattre) dehors, » Vlan et innan sont pas de tirer mon épée, etc. etc. des expressions heureuses pour désigner l'une le combat qui se livre en v. 72), l'autre le festin qu'on célèbre dans plein champ (voyez p. 2g5, Voerak et boera-ëk pour vceri-ëk et beeri-êk. l'intérieur des maisons. — «ne nie défendait etc. p. i43.) (Voyez Rask, Vejledning, le dernier vers, il VERS 57. — Pour comprendre grammaticalement faut se rappeler que la signification logique du verbe luka est payer, dans mot à mot, il faudrait dire : le sens de donner en payement. En traduisant cela en payement Les langues de ton mensonge.» la préposition^ûr de, (pour) là où nous mettons germaniques mettent à cause de. H y à, en français, une locution proverbiale qui correspond «Je te donnerais à luka for Etre payé pour cela, signifie être (payé pour). se puni pour avoir fait cela. Payé signifie ici récompensé, et récompensé dit ironiquement de cette occasion pour relever pour puni. Je profite assez bien une inexactitude de l'Académie qui s'est glissée dans le Dictionnaire française. Dans le même alinéa où l'on trouve la locution proverbiale que nous venons de citer, il est dit : s On dit de même : il n'est pas tpayé pour aimer cet homme. » Dans cette phrase payé pour ne signifieêtre puni pour, pas, comme dans la locution proverbiale précédente, mais être dans de, être tenu à. En eifet, quand on est payé l'obligation de le faire. chose, on est dans l'obligation pour faire quelque VERS 5g. — On peut donner du mot bekk-skrautudr trois tions différentes. Skrautudr explica- signifie «qui a de beaux habits, bekk-skrautudr «qui est bien paré, orné, élégant;» signifierait d'après cela : «qui est bien orné dans son siège, par son siège,» ou «qui tient «toute sa magnificence une lisière, un liséré, (pomponné) Bekkr signifie aussi siège qu'il occupe.» une broderie en liséré, et ce que les Romains du appelaient clavus. Bekk-skrautudr «une espèce de laticlave, un pourrait son banc. Des deux l'une donc signifier: 0qui porte Mais aux deux explications élégant.» que je viens de donner, je préfère la suivante : Bekk-skrautudr ( élégant de banc), désigne un homme qui, au lieu de chercher les combats et es aventures, s'orne comme une femme, et reste chez lui assis sur filles de Budli, était nommée Belshhildr (Hilde LOKASENNA. 352 à la chaise), parce que c'était une femme assise sur son banc en s'occupent restait au contraire L'autre parce c'était que cuirasse, était une nommée d'un des Branhildr caractère doux, travaux de son sexe. (Hildè endossait femme et qui à la cuirasse), la guerrière qui quelquefois dans les combats sous la figure de quelque et se précipitait héros. VERS tions être la rétablir faire ici : pendant que. — Comme dans les édipoint l'allitération exigée, on devrait peuten changeantreidr en yreidr. La même chose serait à CO. —Ef signifie ce vers ne renferme dans les vers 111, 73, etc. où l'allitération manque également, 7, 17, 3o. Sigurdrifamàl, 28.) (OE.Fafnismâl, voetir (un homme en colère n'hésite VERS 61. — Hvatr hyggstfyrir Voettr signifie proprement devant rien). génie, mauvais génie. Il parait à notre: ce mot d'abord dans des phrases analogues qu'on a employé cela ne vaut pas le diable, pour dire : cela ne vaut rien du tout; delà voettr a pris la signification VERS 63. — Oskmegir de rien. (fils de voeu) désigne ordinairement : fils dont on désire la naissance; adoptifs; ici oskmegir signifie les voeux des parents. qui sont dans les fils e/i/mls — Thinn se à brôdur; mais pur rapporte logiquement 6g. il se rapporte disent les grammairiens, comme attraction, grammatià bana. calement VERS VERS 76. —Loptki (Voyez v. i58.) Vlfr-gi. VERS 77. — est mis pour Loptr-gi, comme on dit DZ/i/ipour ok hann fiërgôll fria (et que la perte de la mort de vie le lâche), signifie que la destinée (ôrlôg) qui a résolu la encore de se déchaîner contre les dieux avant qu'il Loki, lui permet si au lieu de un sens plus convenable meure. résulte, Cependant on lit fiôrgâll frîr si(lat. vitoe loetùs fervor) ; hann fiôrgâll jiôrgôll L'expression » C'est ce le lâche, le rend pétulant. gnifie « une trop bonne humeur dans la traduction. sens que j'ai exprimé dernier ër signifie ici que, lat. quod. — Gêd. (Cf. VERS 7g. — La particule Hârbardsliôd, 17.) VERS 80. — Thik forme thër. On voit par ici l'ancienne remplace où notre poëme a été écrit, le datif et 1 accet exemple qu'à l'époque dans cusatif du pronom personnel commençaient déjà à se confondre NOTES 355 CRITIQUES. En danois leur forme grammaticale. ont la même forme : mig. et en suédois, le datif et l'accusatif VERS 81. -r- Loer est à l'accusatif qui est régi non par le verbe lagdir, Hâmais par la préposition (Voyez Theirrar ër logdomk armyfir, yfir. vamâl, 109; cf. ër mik armi verr, Hâvam. 166.) VERS 87. — Deila vîg mëd virom (lat. partiri coedem inter viros) déen donnant du combat entre les guerriers, la vic[avec justice) toire au plus courageux et en faisant succomber le lâche. VERS go. — Veizta ëf (sais-tu que), locution qui exprime le doute d'Odin sur la vérité de ce que Loki vient de dire. Mais ces deux mots dier un aveu par sais-tu si, etc. et exprimer Odin fait de sa faute parce qu'il la croit plus léque, par concession, que celle de son adversaire. gère et plus pardonnable on suppose que VERS g2. — For iôrd nëdan (sur la terre là-bas); pourraient aussi être traduits les Ases se trouvent dans un endroit Vôhspâ,. v. 8, Vafth. v. 174.) VERS 96. — Thik sida kodo, nitif; lat. te incantasse dixerunt. VERS 100. — La construction élevé au-dessus de la terre. construction de l'accusatif grammaticale est : skylit (Voyez avec l'infi- aldregi segia seç/giomfrâ ôrlôgumykrom. au lieu do kvën, et badmr au lieu VERS 106, 107.— La formehvmn de barmr me semblent être des provincialismes. VERS 112. — Telia est mis pour teli. VERS 1 I4. — Au lieu du présent roed, comme tions, il faut lire l'imparfait on lit dans les édi- rêd; car il s'agit ici évidemment d'un fait accompli. un manuscrit VERS 128. — A la place de fordoeàa (criminelle), ; ce qui n'a pas de sens. Dans l'éforte fordauda (de mort pernicieuse) dition de Stockholm, mieux vaudrait encore mettre on litfordoeda; fordmdu pour VERS i3o. faire accorder ce mot avec mcini. •— Ce vers est inexplicable si l'on ne lit sidr au lieu de siio; mais, ce léger changement fait, tout devient facile à expliquer. Sitztu ( après que. tu, at broedr ihinom (outre puisque tu ; lat. postquam) ; ton frère, en za deinem Brader). Sidr grec -npos âSéXÇ>0 aou, en ail. olid.regin (tu as enchanté fort, comme disent Sida est un verbe bénignes). et il peut régir un accusatif. (Cf. les Grandeurs les grammairiens, 23 LOKASENNA. 354 c. XVI, xvu.) Sida signifie ici «exercer Ynglinga-Saga, « donner de l'amour à, etc. » dans l'édition de Stockholm, VERS I32. — Vâ-litit; du genre féminin, lire va Util; c'est ainsi que dans Helga-kvida, II, Util va thôtt, etc. Si vâlitit est une bonne leçon, sont vâlitit. réunis, Va étant Util magie pour ces deux mots devrait peut-être 4, il est dit : Thaï a comme le crois, il je un neutre déterminé adjectif par le substantif va ; à peu près comme l'on dit en latin paulum temporis, tantiim Vâ-litit signifie donc pecunioe (au lieu de tempus paulum, tanta pecunia). faut considérer d'étrangetè, pour dire : ce n'est pas petit ou peu (en fait) ce n'est pas étonnant. — Liiit est au lieu de litilt. proprement fort comme on la étrange, VERS I33. — hôss êdr hvars Fâi prendre pour galant un tel ou un tel). VERS I4O. — Eromk pour ër mik. Grammatik, VERS iv, 147. p. 4o.) — Thër-a pour dire: criminelle «quelque comme (Voyez M. quelconque, Grimm, DeuUch thô ono vërr (lat. attamen tibi non pejus api ace que tu as fait ne doit pas nous étonner, car elle ne dépasse pas le degré que soit ton action, chacun s'attend de ta part. » Ono est mis à l'ablatif nione), « de lâcheté un galant (prendre auquel étant vërr. On emploie également l'ablarégi par le comparatif en latin et en grec; car en grec l'ablatif s'esl tif après un comparatif avec le génitif; dans les langues sémitiques, confondu on emploie la — Thër à toi); commeil (de). (pour toi, par rapport préposition pQ de l'action à l'auteur, thër peut se traduire s'agit ici du rapport par: de ta part. M. Afzelius a rendu notre vers en suédois : Han val fanie vantas vàrre s'attendre (on devrait, qu'il (le fils) fût encore pire);el de Copenhague, dans l'édition le vers est traduit par : nequi /aurai pro spe te detcriorem. Quelque ingénieuses que soient ces interprétations, je ne vois pas comment du texte. VERS — Bol ër beggia thrâ signifie est un calamité. » — i58. Hafa grec âyoBiïi; é^si. VERS 161. — Eiga Grammatik, se justifier 157. « ont faite, VERS elles peuvent rv, 783, vël (se trouver mog vid. 853.) « la perte bien) (Cf. v. i4ô. par l'énoncé répond Voyez que l'un des mots et l'autre parfaitement M. Grimm, au Beutsck NOTES 355 CRITIQUES. VERS 162. — Obi (une aune de drap); penningr ou peningr, petite un denier, pour dire : pas la moindre chose. En vieux monnaie de billon, français, on monneez. disait dans également, VERS I63. — Thëss vanrêltis (pour le même un denier l'injure, pour réparer l'injure. VERS 166. — Après le verbe man, on omet — Môlda et lamda pas un denier cette injure) ; ce génitif dépend de ôln et penningr. Donner un et logiquement grammaticalement denier de cette injure veut dire : donner vira (être). VERS 174. sens, ordinairement formes (v. 175), en réparation lemdi. (Voyez v. 112.) VERS 175. — Alla î lîdo; î régit l'accusatif, mettre lyser) signifie ici rompre en morceaux, de le verbe plus récentes, au lieu de môldi, inmembra). VERS 176.— That id litla; parce que lemia (paraen pièces (lat. disjicere id forme plus moderne, au lieu de it. — That-id. p. 2g.) (Voyez Vafth. v. 4.) indiquant l'espèce ou le genre dont that- générale, (Voyez Introduction — Litla est le génitif pluriel ii marque l'individu. ( Cf. Hvat ër that manna. VERS 182. — parce que. VERS 189. Thvi se rapporte —Lezt-a; il faut à ai qui Vafth. v. 2 5.) suit. Thvi-at (lat. eo quod), sous-entendre af drykkiu (cesser de boire). VERS igo. — Veldr aida hveim ër (fait, pour chacun, que; a pour chacun le résultat que, etc. ). adoucie et moderne de at. VERS 191. — Man-ad; ad prononciation — Man-at sina (Voyez v. 176.) moelgi (ne pas songer à, ne pas s'en apercevoir, etc.). VERS 193. — Um lagit. (Cf. Fiôlsvinnsmâl, 17; Skirnisfôr, i3.) ou instrumental. VERS ig4. —Aurgo baki, commitatif Aurgo baki vêra (être avec le dos, avoir le dos humide), se dit d'un gardien de nuit qui est exposé à l'humidité tasaungr, strophe i5 : 4urr et à la froidure. Cf. gôltra. Cf. Grot- ëtr iliar en ofan kuldi. La boue nous mange les pieds, et d'en haut nous pique la froidure. 23. LOKASENNA. 356 Lêtt ër thër (lat. levé es tibi), pour dire : tu te sens VERS ig6..— tu es à ton aise. léger, rien ne te pèse, la queue), VERS ig7- — Leika lausom hala (faire jouer librement se dit d'un cheval fougueux et fringant qui agite vivement sa queue. Ou dit aussi, dans le même sens, atbretta sinn hala (courber, dresser, lever laissent pendre laqueue). Quand les animaux sont effrayés ou tristes,ils cela s'appelle la queue, ou la serrent entre leurs jambes de derrière; la queue. (Voyez Frâ Helga ok Svavu, v. 21, 22.) sveigia hala, recourber VERS 212. — Takavid (étendre la main contre, touchera, saisir). à Sif, la femme de Thôr. Il VERS 214. — Hana eina se rapporte faut supposer que Beyla désigne par un geste la femme de Thôr, qu'elle voudrait voir épargnée par Loki. — Asa sqnom (fils des Ases) (voyez ici en même temps les Asynies. (Voyez Vafthrûdnisv. 4 ) comprend mal, v. i5i.) VERS 217. — Vôr (qui est sur ses gardes, réservée, retenue) se avec la préposition vid. (Voyez v. 52.) Ici, par ordinairement construit est construit avec la préun cas d'attraction (cf. v. 6g), cet adjectif à grôm. Grôm at signifie «qui se rapporte proprement position (rt qui « fait la cruelle envers, etc. » VERS 21g. — Hôr ok afHlàrridi, expression fortement elliptique. Ok et en latin quand ils ont l'accent syntactique) (comme x.a.1en grec, et les faveurs de que Loki partageait Dans afHlôrrîda, la préposition 0/ on considère que hôr (le galant, l'adultère) ici même, et doit indiquer signifie le redoutable Thôr. Sif, même avec ne s'explique que quand détache la femme de son mari; époux, sinon physiquement, Pour est dit hôr af Hlorrida. l'adultère du moins la même produit moralement; raison, s nnnn une séparation des c'est pourquoi il on diTaussi en hébreu : r ;s nriN pn f ;& ppn:i VERS 2 2 3. — Hann roedr rô theim (il procure du repos à cet homme), silence. locution iro-nique pour dire : il lui imposera VERS 227. •— Okynian. (Cf. Okynni, Hàvamâl, ig.) tout à fait malpropre. VERS 228. — OU dritin (lat. tota sordida), (Cf. Itr-lhveginn, VERS 23I. — épaules) v. 68.) Herdaklett les (le rocher des épaules, le roc placé sur 23 ; hâjiall skarar.) Une désigne une grosse tête. (Cf. Hymiskvida, NOTES dénomination (letravail poétique ouïe fardeau VERS 232. — Vm porter une chose, l'enlever) fjiér dans koma thër (venir (Cf. Koulfa). VERS 23g. de la tête, (kenningr) du cou). fara 357 CRITIQUES. thvî (s'en aller est erfidi avec hais quelque ëdr byrdi chose, em- est au comitatif, de même que ; ihinofiôrvi avec toi, t'amener, te conduire) v. 256. — Vérpa régit ordinairement ce verbe régit l'instrumental, de projectiles, signifie, (cf. Vafth. v. 26) ; thërvërp — Ok â, proprement projectile). l'accusatif; on dit mais s'il s'agit : steini.flôgi vërpa te lance (comme un d'après cela,je même dans, jusque dans. (Voyez v. 219-) VERS 244. tisl-a. (Voyez — note Thôttisk-a est mis 1.) Ce vers au lieu se trouve de la forme également ancienne thôt- dans Hârbardsliôd, 25. VERS 247. — Bana est à l'instrumental. VERS 258. — Dans l'édition de Stockholm, on lit : Kvad-ëk for au lieu Asum kvad êkfor Asa sonom. Evidemment, il faut lire Asyniom de Asa sonom qui ne serait qu'une répétition oiseuse de Asum. VERS 264. — Eiga devrait être à l'accusatif régi par la préposition jfir. , 358 LOKASENNA. NOTES EXPLICATIVES. a. OEgir est fils de Forniotr et frère de Logi ( feu) et, de Kari ( l'air) ; il est de la race des Iotes qui, dans leur langage, l'appellent Hier. Les Ases lui ont donné le nom d.'OEgir. Sa résidence est dan« Hlêsey Sa femme est nommée Rân; (île de Hier) située dans le Iôtlands-haf. elle habite les flots de la mer et elle a neuf filles, les Vagues ou Ondes. est le dieu de la mer, de qu'OEgir D'après cela, on devine facilement cette mer formée par le sang du géant Ymir. (Voyez Vafth. v. 81.) Hier signifie du nom OEgir est : élément eau, mer; la signification de la préface de notre poëme dit redoutable, océan, Ûitsavos. L'auteur aussi Gymir. Cela n'est vrai qu'en tant que Gymir qu'OEgir se nommait à la mer; mais Gymir était un nom poétique qu'on donnait quelquefois et OEgir sont des personnages très-distincts dans la mythologie Scandinave. b. OEgir, voulant donner un festin aux Ases, attendait que Thôr lui la bière ou l'hyapportât le grand chaudron dans lequel il voulaitbrasser au géant Ymir. La manière dromel. Ce grand chaudron appartenait au géant, est raconté dans le parvint à enlever le chaudron Hymiskvida qui, dans l'Edda de Saunund, précède immépoëme intitulé le poëme Lokasenna. diatement dont Thôr c. Austrvëgr (chemin gard ; elle était habitée de l'orient) est une région à l'orient par les Iotes que Thôr allait souvent d'Ascom- battre. VERS 1. — Sans faire un pas de plus en avant est une locution particulière sur-le-champ. pour écouter, et dis-moi pour dire : arrête-toi 4o.) ( Thegar î stad; cf. Skirnisfôr, Les à la race de... VERS 4. — Etre fils de. . . veut dire appartenir sont donc fils des Dieux Combattants ou des Ases (voyez Vôluspâ, v. 10 ), viol im aussi poétiquement Les Grecs disaient les Ases eux-mêmes. ÉXXrfwv pour (voyez Joël, ÊWyves, 4, 6). et les Hébreux a»51»n *3S pour D'JVn NOTES VERS 7. — Ases et Âlfes. VERS 12. — L'hydromel le miel mais comme EXPLICATIVES. v. 20g.) favorite (Voyez Vôlaspâ, était la boisson est rare dans le Nord, 359 des Scandinaves; cette boisson n'était servie des riches. Le peuple buvait de l'aile (ôl) ou de l'acidulé qu'à la table Cette dernière très-ordinaire encore de farine (miôl-syra). boisson, se fait «avec de la farine de seigle délayée aujourd'hui en Islande, «dans de l'eau qu'on met sur le feu jusqu'à ce qu'elle soit tiède; on la un peu » et on le boit sans autre préparation. «laisse fermenter «de l'eau, et on la décante; VERS 34. — Quand dissoluble, preinte ils faisaient deux héros couler on met voulaient un peu de leur et juraient pieds, les traces de l'autre, et le de leurs se lier de ce liquide d'une avec amitié in- sang à terre dans l'emdorénavant l'un suivrait que défendrait au prix de son sang II, 18); cela s'appelait sverast i broedralag vid (voyez Brynhildarkvida, une cérémonie à peu einn. Dans Hérodote, III, 3 ,on trouve rapportée les alliances. près semblable usitée chez les Arabes pour sanctionner toujours les héros échangent leurs armes en signe d'amitié. VERS 2g. — Bragi, le dieu de la poésie et de l'éloquence, prend premier la parole. Dans Homère, le VERS 37.— Vularr. (Voyez Vôluspâ, v. 2.28, et Vafth. v. 204.) — Le père da Loup est Loki. (Voyez Vôluspâ, v. 180.) VERS 4O. — La demeure d'OEgir était un endroit sacré (gridastadr), c'est-à-dire un endroit où aucune dissension ne devait s'élever. C'est pourquoi Odin veut éviter toute dispute avec Loki. VERS 44. — Dans l'appartement un (salr), se trouvait principal siège ou banc élevé (bekkr) qui était adossé contre le mur du fond de la salle et placé verticalement au-dessous du faîte (gail ) de la maison. C'était la place d'honneur famille et dont il honorait qu'occupait ordinairement le chef de la des hôtes distingués. (Voyez quelquefois Vafth. v. 73.) Cette place qu'on nommait ôndvêgi (fond de la salle), se trouvait entre deux colonnes ou mâts appelés ôndvêgis-sulur (colonnes du fond) le toit, s'élevaient au-dessus du faîte de la maiqui, traversant de boutons son, et étaient surmontés sculptés ou de têtes de géants. Ces colonnes étaient l'image de l'établissement, le symbole de l'habiau loin la et plus elles étaient hautes, plus elles annonçaient considération du maître de la maison. — Il paraît que Bragi, comme tation, 360 dieu LOKASENNA. , de la poésie, de l'éloquence et de la conversation, présidait le la place d'honneur au haut bout de la table. (Cf. banquet et occupait v. 58 et Vafth. v. 73.) VERS 46. —-Bragi en parlant de soi ne se sert pas du pronom de la première il énonce son propre nommais, par orgueil, personne; c'est comme s'il disait : Bragi, cet Ase illustre, s'abaisse jusqu'à faire d'honneur à Loki. — Faire réparation avec l'écu signifie réparation d'honneur.» J'ai été obligé d'em«payer une amende en réparation dans le sens d'amende ployer le mot ècu (monnaie) pour avoir un mot avec écu (bouclier) ainsi que homonyme (vers 4g). C'est seulement dans la traduction, le jeu de mots fondé sur conserver, je pouvais une similitude de son dans les mots du texte baugi (amende) etarmet philobauga (bouclier qu'on porte au bras). (Voyez Notes critiques v. 46 et 4g.) logiques, VERS 4g- — Loki, pour railler que Bragi peut bien se passer d'un fait jeu de mots, etdit de bataille et d'un ècu (bouil n'a jamais besoin ni de Bragi, cheval un clier) , parce que n'aimant pas à se battre, l!un ni de l'autre. (Voyez Notes philologiques, v. 4g.) VERS 60. — «Profite du moment que tu es en colère «trer pour te monsera passé, tu re- car dès que ce mouvement de colère « tomberas, dans ta lâcheté ordinaire. » VERS 61. — Sentence proverbiale pour dire que même le plus lâche, pendant qu'il est en colère, se sent assez de courage et assezde force pour braver son ennemi. héros; VERS 66. verdure Vsns — Idunn de l'été; elle est la fille 68. — Un poëte Scandinave les femmes déesse de la de Bragi. C'est la cadette de l'alfe Ivald. est la femme la beauté des bras; de même n'oublie qu'un jamais poëte de louer dans arabe n'oubliera la hanche Mm pas de chanter les yeux de gazelle, et le poëte indien, arrondie. Il est dit de la fille du géant, Gerdur, que quand elle fermait la porte de 3a maison de son père Gymir, l'air et l'eau reluisaient de était le seul moyen peuple où la propreté bras lavis pour relever les charmes naturels, l'expression cosmétique de bras d'ivoire, Iras était aussi poétique que l'est pour nous l'expression le blâme de ce qu'ldunn d'albâtre.— Les mots par trop, expriment l'éclat mettait de ses bras. Chez un tant de soin à charmer le meurtrier de son frère. NOTES VERS 6g. — Le EXPLICATIVES. 361 ce vers fait mythologique auquel inconnu; je ne saurais dire si le meurtrier m'est entièrement fait allusion, du frère ou Bragi, ou un autre. VERS 74. — Géfion. Dans Gylfaginning, p. 36, il est dit: Géfion est vierge, et toutes les filles qui «de la virginité, «vierges la servent. » VERS 76. — Loptr est un des noms de Loki. tfldunn est Loki VERS 80. — Le brillant homme, jeune était beau et spirituel, VERS 84- — Le destin imm.aable c'est mais d'un même. Loki sans doute caractère la déesse meurent Loki lui- méchant. (ôrlôg, naudr.) dépendait (comme et le fatum des Romains) la àvâyn-n ou eîaapasv-n des Grecs, d'une même à celle des dieux. Il n'y avait que les dieux puissance supérieure des décrets de la destinée, et qui suprêmes qui eussent connaissance fussent en état, dans certains naître le destin veut donc cas, de les modifier dire : être à la destinée et qui qui président cruellement de leurs ennemis. VERS 86. — les héros On croyait du nombre peuvent, à leur gré. des divinités par conséquent, — Consuprêmes se venger parmi les combattants, conduire par les Valkyries, choisissait qu'Odin les plus illustres (Voy. Vol. v. 99.) à pour les faire Valhall. Les plus braves succombaient ainsi, tandis restaient en vie, et jouissaient des que les autres moins courageux Le trépas des héros qui était l'effet de la faavantages de la victoire. veur d'Odin paraissait commander que le plus être l'effet courageux VERS g3..— Le mythe tièrement inconnu. auquel de l'injustice, car la justice semblait du moins courageux. triomphât, cette strophe fait allusion, est en- VERS g6. — Introduction, Magie noire. (Voyez Vôluspâ, p. i5g.) — à l'est du Jutland, entre Samsey est une île au nord de la Fionieet elle a une longueur de trois lieues sur VAlfasund et le Beliis-sund; une de largeur. Il paraît qu'il dans l'île un temple y avait autrefois qu'on croyait avoir été bâti par Odin : ausinn moldu 4ngantyrs 5alr i 6'amsey sunnanverdri. Stendr Cette île passait pour être le séjour des magiciennes, des sorcières, 362 LOKASENNA. et des fées. On rapporte qu'en 1576, une Ondine prédit à un paysan de Samsoe, la naissance du roi danois Chrétien IV. VERS 97. — Les Valus parcouraient le pays, et tout le monde s'emdans sa maison pour apprendre d'elles l'avenir. pressait de les accueillir Plus en magie, et que ce dernier lorsque la divination dégénéra art tomba en discrédit, on ne vit plus cet empressement de la foule. Les magiciennes étaient obligées de frapper aux portes pour s'annoncer tard, et pour se faire recevoir, en payant de leur prétendue talité qu'on leur donnait, ou en mendiant devant science l'hospiles portes leurs moyens de subsistance. (Voyez Vôluspâ, Introduction, p. i56.) VERS 98. — Sur les que pouvaient prendre différentes formes sorciers, voyez Vôluspâ, Introduction, p. 160. les VERS IO4- — Ce vers semble renfermer un ancien proverbe. VERS IO3. — Je ne sais pas pourquoi Loki veut jeter le blâme sur Frigg, par la raison qu'elle est fille de Fiorgyne. H est vrai, Fiorgyne est un personnage de lui. si obscur, VERS 106. — frères dant d'Odin. Vidrir La si longtemps, qu'à est un des noms tradition raconte et reprit d'Odin. qu'un — jour rien n'est connu Ve et Vili sont les Odin s'absenta penVili et de son retour. que les Ases désespérèrent les biens de leur frère, et se mirent tous les deux Ve se partagèrent en possession de sa femme revint du nom, l'exception sa femme. Mais, Frigg. (Voyez quelque Ynglinga-Saga, temps c. m, après,Odin Frâ broedrom Odins.) — et de Frigg, venait d'être tué. (Voyez Vôluspâ, v. i3o.) Frigg regrette son fils, qui, s'il vivait encore, fait à sa mère. vengerait l'outrage VERS 115. — Loki était la cause de la mort de Baldur. (Voyez VôVERS 108. Baldur, fils d'Odin luspâ, v. i3o.) VERS 120. — Freyia est la fille du Vane Niordar et la soeur de Frey. à l'amour et à la fécondité. C'est la déesse qui préside au printemps, VERS i3o. — à la de se livrer à d'abord, Freyia, reproche à son propre frère Frey (cf. de l'amour magie (seidr) pour donner et ensuite d'employer le même moyen pour charmer les autres v. i46), Ases. VERS I34. — Ase lâche désigne Loki Loki. (Cf. v. g5.) NOTES EXPLICATIVES. 363 — VERS I35. Voyez vers 92, g5. — Niordur est de la race des Vanes. VERS I36. (Voyez Vôluspâ, v. fut donné 113. ) Lorsque les Vanes firent la paix avec les Ases, Niordur en otage â ces derniers. (Voyez Vôluspâ, vers a5i; Vafthrûdnismâl, v. i5i.) — est le nom de l'Iote Hymir il est parlé dans l'introduction VERS I38. chaudron dont — Le mythe p. 321.) VERS 142. — Un auquel il est fait le grand possédait de notre poëme. (Voyez n'est plus connu. allusion, qui fils que tout le monde respecte ; c'est Frey. le titre de Folkvâldr des VERS I43. — Frey portait goda (prince v. 246); il était principaledieux) (voyez Vôluspâ, Notes critiques, ment adoré en Suède. — «Ne dépasse pas la mesure «te donnes à toi même. » VERS I44. dans les louanges que tu il est dit que les Ynglinga-Saga, chap. xiv, de prendre pour femmes leurs propres soeurs, Vanes avaient l'habitude des Ases. Cette notice me semble mais que cet usage était abhorré tradition et elle prouve que les fondée sur une ancienne historique, VERS i46.—Dans Vanes sont le souvenir bablement un et dont peuple qui a vécu dans l'histoire, Les Vanes étaient s'est conservé dans la mythologie. prosortie de la Perse ou de l'Inde. une tribu On guerrière réellement trouve encore la presqu'île en deçà du Gange, une tribu gueret parmi laquelle rière qui prétend descendre des anciens Kchatryas, se trouve le même usage qu'on dit avoir été établi chez les Vanes. dans il était aussi permis aux guerriers, en Egypte, voulant imiter femmes; et un des Ptolémées d'avoir leurs soeurs pour être rétablir cet ancien et peut- Anciennement, et épousa usage, prit le nom de Philadelphe, sa soeur. On sait aucune répugnance pour le que les Grecs n'avaient il est dit que le mariage entre frère et soeur, et déjà dans l'Odyssée, dieu Eole maria ses fils à ses filles. VERS I5O. — Faire pleurer une femme signifie «l'abandonner après «l'avoir séduite.» VERS I52. — est fils d'Odin et d'une géante. (Voyez Hymiskv. v. 29.) On croyait que ce dieu n'aimait pas à voir les hommes vivre en le surnom de Vigagud (dieu des luttes). paix; aussi avait-il (Voyez Shaldskaparmâl.p. Tyr io5.) 364 LOKASENNA. VERS I54. 180) devenir — Les Ases voyant de jour en jour plus le jeune Fenrir redoutable, imaginèrent de se laisser persuader (voyez Vôluspâ, v. une ruse ils voulurent lui l'enchaîner; pour pouvoir lier avec une chaîne qu'il romprait ensuite pour prouver sa force. Ils de lui ôter ses liens s'il ne parvenait promirent pas à les rompre luimême. Le Loup soupçonnant le projet perfide des dieux, demanda qu'un d'eux mît la main droite qu'ils venaient de faire. Tyr sûreté des Ases; il mit sa main dans sa gueule en gage de la promesse seul eut le courage de se sacrifier à la dans la gueule de Fenrir. dieux, après avoir enchaîné le Loup avec une chaîne qu'il leur promesse, n'eurent Fenrir rompre, garde de tenir main de Tyr. — Commeles ne pouvait mangea la avec cette impassibilité qui lui est ordinaire: «Il est vrai, j'ai perdu ma main, mais toi, tuas aussi perdu ton «fils Hrodursvitnir (Fenrir) qui ne se trouve pas bien non plus dans VERS I56. Tyr répond, « ses fers. » VERS I63. cune valeur. (\ai.festuca, Grecs disaient VERS i64. — Un chiffon et un denier désignent ici des choses d'auEn vieux français, on se servait des expressions : fcsk baloi (balai), gant, feuille, etc. Les fétu, brin de paille), ypv; les Latins,jloccus, — Fenrir fut enchaîné etc. dans l'île de Lyngvi, située dans le ïtic Amsvartnir. VERS I65. (Voyez Gylfaginning, p. 35.) — Voyez Vôluspâ, v. 182. VERS 168. —Frey étant un jour monté sur le trône d'Odin, d'où le regard peut s'étendre sur tous les mondes, aperçut dans Iotunheim la belle Gerdar, la fille du géant Gymir. Il fut tellement épris d'amour pour Gerdur, qu'il tomba ni parler, ni manger, ni dormir. promit de lui amener dans une langueur extrême, et ne put Skirnir son serviteur et son confident, la charmante fille, s'il lui donnait son épée pour sa passion, donna son de ce service. Frey, subjugué par récompense lui était bien épée redoutable pour avoir ce qui, dans ce moment, la belle Gerdur, l'objet de ses feux. Cette plus cher que sa gloire, est chantée dans le poème une des plus attrayantes del'Edda, histoire, intitulé Skirnisfôr (le voyage de Skirnir). VERS 170. — Fils de Muspil. (Voyez Vôluspâ, v. 196.I — La forél NOTES Noire, est le nom EXPLICATIVES. de la grande (la demeure 365 forêt qui sépare Asgard des hommes). (le séjour des dieux) de Midgard est le même nom que Yngvi-Frey. VERS 172. — Ingunnar-Frey être l'aïeul de Freyr. Probablement, il y avait plusieurs Yngvi paraît dans lesquelles le nom de Frey, anciennes généalogies figuraient à quelle race appartenait l'Ase Freyr qu'on et c'est pour indiquer a placé devant son nom celui de son aïeul. (Cf. Yngl.-Saga, c. xn.) VERS 174. — La corneille passe, chez les Scandinaves comme chez pour un oiseau de mauvais beaucoup de peuples anciens et modernes, augure. Ses cris présageaient confondue avec le corbeau," comme un oiseau pelle le corbeau la corneille était le malheur. La les Arabes que corneille est souvent regardaient également le poëte El-Hârêthi, ap- de mauvais ainsi, augure; le Père du malheur. Comme oiseau de mauvais augure, le roi de Suède Ottar dans le Nord. détestée Lorsque de Vendil ces derniers firent eut été tué à la bataille par les Danois, en bois une corneille qu'ils envoyèrent aux Suédois en leur faisant dire de bois. De là que le roi Ottar ne valait pas plus que cette corneille est venu à Ottar d'autant plus signifie protée, VERS 180. le surnom de Vendilkrâki de Vendil), nom (corneille avec Vendilkrâka injurieux qu'il était homonyme qui c. xxxi. ) girouette. (Voyez Ynglinga-Saga, est le serviteur de Frey et le mari de Beyla. —Beyggvir à l'abondance et à la préside à tout ce qui contribue Comme Frey fertilité, et par suite à l'entretien des dieux viteur est chargé de faire la distribution d'être prompt et exact dans son service, de voir des convives et des hommes, des vivres. Beyggvir et son plus grand son serse pique plaisir est re'unis à table. VERS 186. — On ne sait pas à quel fait mythologique le trait de lâcheté que Loki reproche à Beyggvir. VERS 192. —Voyez Vôluspâ, v. 2. VERS ig6. — Skadi, Niordur et la belle-mère est la fille du géant Thiassi, se rapporte la femme de de Frey et de Freyia. VERS ig7. —Agiter librement sa queue est une locution particulière pour dire, se laisser aller à sa fougue, à sa pétulance. La locution vient de ce que les chevaux, quand ils sont fougueux leur queue. (Cf. Notes critiques, p. 366.) VERS ig8. — Voyez Vôluspâ, v. i44, i45. et fringants, agitent LOKASENNA. 366 VERS 202. — Le dé Skadi, le géant Thiassi, était parvenu, à enlever la déesse Idunn. Loki, avec le secours de Loki, menacé par la déesse ravie; il revêtit les ailes et le de ramener les Ases, entreprit de Freyia, et s'envola vers la demeure de Thiassi. Comme le plumage père était justement absent, Loki saisit Idunn et revole avec elle vers le géant rentre chez lui, il voit Loki et Asgard. Mais dans ce moment, Idunn dans les airs. Il revêt aussitôt la dépouille d'un aigle, et se met à la poursuite de Loki. Thiassi était sur le point d'atteindre Loki, tout géant il fut Skadi attaqué par les Ases qui le tuèrent. sa fille vint à Asgard demander satisfaction du meurtre de son père. Les Ases firent droit à sa demande, et lui offrirent de choisir parmi près d'Asgard, quand eux un Elle époux. sans cependant sur son père. choisit Niordur et pardonner oublier 208. — Laufey VERS 219. —Hlôrridi et s'allia ainsi entièrement à la race des Ases, le meurtre commis est la mère de Loki. VERS (qui a un char est un des noms étincelant), de Thôr (Tonnerre). Thôr VERS 221. — étant le dieu du tonnerre, son arrivée est annoncée les montagnes. qui font trembler par des coups de foudre Encore de nos j ours, les paysans, en Suède, lorsqu'ils entendent tonner, de Dieu : godgubben ôker (le bon vieux roule). disent en parlant VERS 225.—'Beyggvir. VERS 23o. — Miôlnir (Voyez v. 180.) broie, écrase) est le (marteau, qui moud, de Thôr. C'est une espèce de massue qui, lancée sur nom du marteau l'écrase et revient dans la main du dieu. Miôlnir l'ennemi, représente la foudre. (Cf. VERS 233. Karl Martel; —• lord VERS 236.—Le VERS 23g. — Thôr est la mère (la terre) Loup. — Le Père des Victoires Judas Makkaboeus, (Voyez est Odin. menace Vôluspâ, de n3[3Q marteau.) de Thôr. v. 180, Notes explicatives.) v. 217.) (Voyez Vôluspâ, Loki de le jeter à travers dans les régions de l'orient habitées par les Iotes. à Thôr VERS 2 4L — Loki ayant entendu prononcer en prend aussitôt occasion pour rappeler la mésaventure les airs jusque le mot orient, qui est arrivée en Orient. Pour rendre le jeu de à ce dieu dans une de ses expéditions et mots plus sensible en français, expédier j'ai mis dans la traduction expédition. NOTES VERS 2 43. — EXPLICATIVES. 367 est appelé le Monomaque, parce qu'il combat et parce qu'il est le plus fort de tous les tout seul contre ses ennemis, Le mythe dieux et héros. (Voyez Vafthr. v. 160; Vôluspâ, v. 221.) est le suivant. Thôr voyaauquel il est fait allusion dans cette strophe, geant un jour une demeure Thôr avec Loki vers les régions de l'orient, ouverte sur le devant, entièrement trouva, sur le soir, et qui avait dans Les voyageurs résolurent de cinq chambres très-profondes. passer la nuit dans cette demeure. Ils furent bientôt réveillés par un de Thôr, quand il vit que ce bruit effroyable. Quel fut l'étonnement d'un énorme géant couché à quelque distance bruit était le ronflement l'intérieur de la maison ! Mais son étonnement augmenta encore lorsque le lendemain, à la pointe du jour, le géant ramassa par terre son gant qui n'était autre que la maison dans laquelle Thôr et Loki avaient passé la ne croyait plus être Thôr, ce dieu de tous les géants. de Loki nuit. Alors le compagnon rible et fort, le vainqueur VERS 245. — Hrungnir qui avoit une tête de pierre (voyez Shaldskaparmâl, p. 110) ; il fut écrasé par Thôr avec le marteau (voyez v. 23o) qui depuis ce temps a été nommé Hrungnis bani (meurv. i4, 15; Hymiskv. trier de Hrungnir). v. 16.) (Voyez Hârbardsl. VERS 251. — LTote la nuit, était ter- énorme, se nommait Skrymnir en route. Thôr un Iote dans le gant duquel Thôr avait passé Il proposa à Thôr de lui (criailleur). et mit ses provisions de tenir compagnie y consentit, toute la journée; etle soir, voyage dans le sac du géant. Ils marchèrent l'Iote se coucha en disant à Thôr que s'il avait faim, il trouverait de quoi manger, en ouvrant le sac. Thôr, se sentant un vif appétit, délier les cordons du sac, mais tous ses efforts furent inutiles noeud était C'est que Skrymnir, qui voulait humilier lié les cordons par enchantement. Thôr serré. des Ases, avait voulut tant le le plus fort ne voulant point éveiller le géant qui l'aurait raillé sur sa faiblesse, se coucha sans avoir apaisé sa faim. VERS 257.-—Porte grillée des morts. (Voyez Vôluspâ, v. 17g.) VERS 2 64- — Avant de s'en aller, Loki met le comble à sa méchanceté en insultant et maudissant OEgir, la maître de la maison. (1) Loki, pour échapper aux poursuites des Ases, prend la forme d'un saumon. Il s'agit ici sans doute de cette espèce de saumon qu'on appelle en Islande et qui a une couleur d'or ou de godlax (saumon divin), jusqu'à LOKASENNA. 368 Le nom Scandinave lax luisant, parce que le signifie proprement C'est aussi la signification du nom de saumon a une couleur luisante. Or Loki et Logi sont souvent confondus dans flamme). Logi (luisant, Scandinave. la mythologie (Voyez Vôluspâ, v. 202.) Le mythe dont il trouvé entre le est question ici, repose donc sur un rapprochement feu. saumon divin qui a la couleur du feu, et Loki des Ases. pour échapper aux poursuites (2) Franângr pour désigner cades brillantes, (3) Nâri. (4) Sigyne. métamorphosé en poisson signifie brillant et resserré; c'est sans doute un nom fictif une cataracte dont les eaux, avant de tomber eu cassont resserrées entre les rochers. (Cf. Vôluspâ, (Voyez \. Vôluspâ, i44, i45.) v. 146.) TROISIEME PARTIE. GLOSSAIRE. 24 INTRODUCTION. des mots résulte de la signification La signification des lettres dont ils se composent : il faut donc connaître le sens des lettres pour pouvoir s'expliquer comment etpourr quoi tel mot exprime telle idée. Les éléments des mots sont ou des voyelles, ou des consonnes. Les consonnes, dont le son ou la prononciation est plus pleine, plus matérielle forment le corps des que celle des voyelles, mots et en déterminent la signification Les particulière. : elles voyelles ont une signification plus métaphysique servent à indiquer les rapports logiques sous lesquels on doit envisager C'est pourquoi l'idée du mot exprimée par les consonnes. on change une si, dans un mot primitif, seule consonne, on change entièrement la signification du si l'on y change les voyelles, la signification reste la même, mais l'idée subit une modification mot; au contraire, par rapport au temps, au mode, à l'état actif ou passif, aux différents cas de la déclinaison, etc. On conçoit, d'après cela, que les voyelles, à elles seules, ne peuvent pas former des racines, ce qu'on appelle vulgairement que nous appellerons des thèmes de mots 1. 1 On objectera racine ^ (aller), sans doute ou ce que la voyelle i a formé, en sanscrit, la en latin, le verbe i-re, etc. Nous répondrons que ^ a perdu sa consonne, et que sa forme actuelle est dérivée de ÎTT (GA) , soit par l'intermédiaire de HJT (YA) , soit par l'intermédiaire de f^ (Hi), La forme du verbe latin i-re, est donc dérivée de hire comme 24. 372 GLOSSAIRE. I. CHAPITRE DE LA SIGNIFICATION DES V.OYELLES. Dans toutes les langues, il n'y a que trois voyelles signice sont a, i et u (ou), voy. p. 46. ficatives par elles-mêmes; Toutes les trois se sont formées ou individualisées en sortant de la voyelle primitive e ou ô, espèce de cheva qui et qui servait seulen'avait pas de signification logique, des consonnes. ment à rendre possible la prononciation Cet e muet est encore aujourd'hui la première voyelle que les enfants. Le vocalisme parvient à son apoprononcent que les trois voyelles a, i, u se sont gée j du moment puis il décline et revient à ses commenceen cela à cette loi constante de la nature, individualisées; ments , soumis laquelle de même d'après Ainsi, dérivent la vieillesse se rapproche de l'enfance. a, i, a que dans les langues primitives, de e ou ô par l'intermédiaire de è, é, o; de même, on remarque, dans les langues dérivées, que a, i,u de 6 ou e par l'intermédiaire dent à se rapprocher mêmes voyelles; voy. p. 46 et suiv. tendes ici seulement des Nous parlerons de la signification voyelles a, i et u, parce qu'elles seules sont à l'apogée du et expriment, le plus nettevocalisme, par conséquent, ment leurs d'ailleurs différentes de connaître amare de hamare (cniHtl être racine, la n'exprime véritable pas l'idée Il suffit significations respectives. la signification de a, i et u pour ce qui prouve que i ne peut pas nous le verrons, que le son i, comme ). D'ailleurs, c'est de mouvement, mais l'idée d'intériorité. 373 INTRODUCTION. connaître en même temps celle des voyelles qui en sont dérivées. En général, la voyelle a est opposée par sa signification aux voyelles i et u; et ces deux dernières sont de nouveau opposées entre elles, de sorte que i forme contraste avec u. Ainsi, là voyelle u (ou), la plus sourde de toutes, exprime ce qui est profond, couvert, inerte; la voyelle i, au contraire , la plus aiguë de toutes, marque ce qui est intérieur, de u et de i pénétrant, vif. Mais, bien que la signification soit différente l'une de l'autre, ces deux voyelles ont cela un état qu'une plutôt qu'elles expriment action. C'est en cela qu'elles sont opposées à la voyelle a mobile, actif. qui désigne ce qui est extérieur, de commun, Ce que nous venons de dire, d'une manière générale, de a, i et u doit trouver sa confirmation de la signification ont fait de ces que les langues primitives les sensations de non-seulement voyelles pour exprimer, l'âme et du corps, mais aussi les catégories de l'entendedans l'emploi et le ou les rapports de lieu et de temps, l'actif modes du verbe, les cas de la déclipassif, les différents d'abord la différence dans la signinaison , etc. Examinons formées par a, i,u : car l'exclafication des interjections ment mation est la manifestation immédiate de nos sensations, la signification est la mieux sentie et comprise par tout le monde. Or, si l'on analyse les interjections mais dans usitées, non pas dans nos langues modernes, et celle dont les langues les plus anciennes qui sont encore l'expression fidèle de la nature, on trouvera confirmé ce qui a été dit cidéssus. En effet, on remarque que u! (ou!) et les voyelles qui en sont dérivées, expriment une passion profonde et 374 GLOSSAIRE. comme la douleur, la crainte, repliée sur elle-même, une passion vive l'horreur; que il et ses dérivés marquent et concentrée en elle-même, comme la joie intérieure; bien moins une sensation que a ! et ses dérivés expriment passive qu'une absence de passion, un léger de lame, se découvrant et s'épanouissant comme la contemplation et l'admiration. mouvement au dehors, les voyelles a,i,u par à leurs différentes significations de lieu. La voyelle l'intérieur. C'est pourquoi le locatif en sanscrit est rapport Considérons maintenant i désigne exprimé i, à la fin d'un par i; ex. : pitari (dans le père). En arabe, ou le datif; ex. : bïlmallâ mot, exprime le régime indirect (au roi). Si la voyelle i désigne in(dans le roi), lïlmalhi le datif et le locatif, différemment c'est qu'il y a réellement entre ces deux cas. Aussi le beaucoup d'analogie locatif sanscrit est-il devenu datif en grec et en latin ; ex. : sansc. -pitari (dans le père); gr. patri (aupère); lat. patii (au père); sansc. pitrsu (dans les pères); gr. patrasi (aux pères). La voyelle d'une u désigne, non pas l'intérieur, mais le fond chose ou le côté couvert, opposé à celui où l'on se placé; ex. : sansc. upa (sur, auprès); lat.suè (sous); sansc. ut (mouvement du fond vers l'extérieur partant d'une chose) ; goth. us, etc. trouve la voyelle a désigne plus particulièrement est extérieur, comme on le voit nettement quand Enfin entre elles particules de lieu, ce qui on comayant les pare quelques mêmes consonnes, par conséquent la même signification mais des voyelles différentes qui modifient fondamentale, cette signification. Ainsi la particule lat. in, ail. in, désigne ' INTRODUCTION. d'ici là vers Vintérieur; 375 la partid'ici cule sansc. ana, gr. ana, ail. an, désigne la direction La particule/:sans*• là, le long d'une chose à l'extérieur. crite ut signifie la tendance vers, qui part du fond., vers la direction au contraire, et en latin, ut a la signification métaphpique de afin que; au contraire ati, en sansc. ad, en lat. marquent la direction visible d'un objet vers l'extérieur physique, d'une chose. La préposition sansc. apa, gr. apo, lat. ab, l'extérieur; visible /matérielle ; indique une dépendance extérieure, au contraire, sansc. upa, gr. hixpo, marquent plus souvent une dépendance intérieure, invisible /métaphysique. des voyelles a, Après avoir vu quelle est la signification i, u, par rapport au lieu, examinons maintenant quelle en est la signification par rapport au temps. La catégorie logique du temps dérive de celle du lieu : aussi, dans toutes les langues, les mots qui expriment les différents de rapports de temps dérivent plus ou moins directement mots qui désignent des rapports de lieu. C'est pourquoi ce de lieu s'applique aussi avec qui a été dit des particules les modifications nécessaires aux particules de temps. Ici il que a forme avec les voyelles i et u. Si au temps présent, la voyelle radicale est a, celle du temp passé est u ou i, et réciproquement; ex.: hébr. prétérit, Katal, malak; non-prét. (présent et futur), yik'tol {-p.yik'tul),yim'lok (p. yim'luk). Arabe prêt. : de montrer importe le contraste kabëd (p. kabid), katon (p. kaiun); non-prét. yik'bad, yïk'tan. Arabe prétérit, kutiba, non-prét. yak'iabu. Le même contraste entre les voyelles se remarque dans les verbes des langues leuioItataba; non-prét. gothiques. yah'tnbu. C'est pourquoi Hébr. toutes prêt, les conjugaisons de ces ' 376 GLOSSAIRE. langues se réduisent à deux classes ; la première renferme au présent, est a, et les verbes dont.la voyelle radicale, changent -cet a en i ou en u. La seconde qui, au''prétérit, les-verbes dont la voyelle radicale est i au présent> et qui, au prétérit, changent cet i en a. Nous prende l'islandais. drons pour exemple les,conjugaisons •;,I1?'CLASSE, irB espèce (présent a; prétérit i; participe classe'renferme prés, fell (-p.fail),-prêt: présent a);i° fiell; 2°prés. gr&t (p. grkt) ,. préti g'rîet; 3° prés, sveip (p. svaip), prêt, sviep, A° prés, hleyp (p. hlaup), prêt, hliôp. i' Espèce (prés, a,prêt, u; part.-prés. a); 5° prés, el (p. al), prêt, bl (p. ul). 11° CLASSE,. ire espèce (prés, i; prêt, a; part.-prés. i); 6° prés, drëp (p. drip), prêt, drap; 70 prés, gîn (p. giin), prêt, gein (p. gain). 2° Espèce (prés. 1; prêt, a; part.-prés. u) ; 8° prés, dryp (p. drinp), prêt, draup) ; 90 prés, stël (pour sfiZ), prêt. stai. Ces exemples montrent que l'opposition entre a et les voyelles i et u est aussi générale et aussi nettement dessinée dans les langues teu'to-gothiques que dans les langues sémitiques. Mais en voyant que a, i, u se trouvent aussi bien dans le prétérit que dans le présent, on pourrait croire que ces voyelles n'ont pas une signification précise et fixe qui les rende propres à désigner exclusivement, soit le prétérit, soit le temps présent. Cependant cette tient à une tout autre cause; elle vient de circonstance ce que la désignation stricte et régulière des temps, au moyen de leurs voyelles respectives, se trouvait en contradiction avec l'usage que les langues primitives ont fait de ces mêmes voyelles pour désigner l'actif et le passif. Or, comme cette dernière distinction touchait de plus près à la signification ou à l'idée exprimée par le verbe, elle était plus INTRODUCTION. 377 et plus importanteque la distinction qu'on pouvait faire en tre les voyelles pour marquer la différence des temps. C'est pourquoi la voyelle radicale (placée au essentielle et au présent, dans prétérit, dans les langues sémitiques, les langues germaniques ) a dû exprimer de préférence, non pas les temps, mais la signification active ou passive du verbe, et par cela même les langues ont dû se contenter de désigner, par des voyelles différentes delà voyelle radicale, les temps différents de celui où elle se trouvait placée. La désignation mérite voyelles, de l'actif et du passif, au moyen des surtout l'attention du philologue. Le par les voyelles i et a qui, comme nous passif est exprimé l'avons vu, signifient ce qui est intérieur, au contraire s'exprime par sique; l'actif désigne ce qui est extérieur, inerte, métaphyla voyelle a qui ce qui est visible, ce qui agit. active ou passive est aussi bien exprimée La signification dans le nom que dans le verbe; mais comme c'est dans cette dernière espèce de mots qu'elle se fait le mieux sentir, nous ne donnerons pour exemples que des verbes. Toutes les fois qu'un verbe a une signification active, les langues sémitiques et indo-germaniques y mettent, comme voyelle kataba radicale, la voyelle a; ex. : arabe qatala (tuer), isl. gana (lat. distendere), tana (étendre), etc. (écrire); Dans les langues sémitiques, la plupart des verbes actifs peuvent devenir passifs en changeant la voyelle radicale a en i, et en observant, pour les autres voyelles, les règles et grammaticales; ex. : quûla (être tué), euphoniques Imliba (être écrit). Dans les langues germaniques, la voyelle radicale ne peut pas toujours être changée à volonté pour exprimer, tantôt l'actif, tantôt le passif. U est même rare GLOSSAIRE. 378 de trouver ensemble, dans ces langues, des verbes, comme et gina (être étendu), qui sont identiques et ne diffèrent entre eux qu'en ce que l'un est actif et l'autre passif. Mais ce qui est digne de remarque, gana (étendre) quant au fond, c'est que dans les langues indo-germaniques, beaucoup de verbes qui, primitivement, ont été actifs, ont changé la voyelle a en la voyelle i, parce que ces verbes ont pris, peu à peu, une signification passive. Ainsi, par exemple, le verbe vasa, qui en sanscrit signifie se répandre sur, la couvrir, s'établir, a pris, dans les langues germaniques, et passive d'être, et s'est changé abstraite signification en visa, vira. D'un autre côté, beaucoup de verbes qui, avaient une signification primitivement, passive, sont devenus actifs en gardant cependant leur ancienne voyelle binda (lier), passive i; ex. : vita (savoir),finda (trouver), smida (frapper), etc. Le même changement s'est opéré dans plusieurs verbes sémitiques qui, tout en ayant la forme de passifs, sont suivis d'un régime direct, comme, par exemple : arabe, rakhimtahâ (tu as été miséricordieux envers elle). Les verbes dont la voyelle radicale indo-germaniques est u avaient dans l'origine une signification passive, qui, plus tard, dans un grand nombre de cas, est devenue active; ex. : lat. hxere (être lâché), lâcher, etc.; lucere (être saillant), briller ; jluere (être répandu), couler. Sansc. Inpa (lat. distensum esse), séparer, briser; lat. rumpo, etc. etc. Quant à la différence qui existe entre i et u, par rapport le passif, on peut dire que, à leur propriété d'exprimer dans les langues indo-germaniques, clans l'orii exprimait dit, tandis que u exprimait plus gine le passif proprement INTRODUCTION. 379 le neutre, comme on peut le voir par les exemples que nous venons de donner. Dans les langues séun état passif, habimitiques , u désignait originairement ex. : héb. katon (p. katun), être petit tuel ou permanent; particulièrement arabe katzura hhasuna (être (être bref), (de nature); beau), etc. La voyelle i, au contraire, désignait un état passif accidentel; ex. : héb. tzamée ( p. tzamie), être altéré de soif, hhafetz (être 'l_c (être enseigné). réjoui); arabe J*i (être en peine), En arabe, les voyelles a et a ne servent pas seulement à exprimer l'actif et le passif, mais aussi les modes du et l'indicatif. Ainsi la voyelle u, qui verbe ou le subjonctif exprime le passif, l'état, la substance, l'indépendance, et par conséquent la voyelle opposée a désigne Vindicatif, désigne la dépendance ou le subjonctif; ex. : ind. yaq'tulu, yaktubu; subj.yaq'tula, ja/efnia. D'après le même système et par analogie, la voyelle u, qui exprime l'état, désigne aussi le sujet, le cas indépendant ou le nominatif, tandis que a désigne le régime direct, le cas dépendant ou l'accusatif; ex. : nom. mal'kn (roi), ace. mal'ka; nom. abd'xx (serviteur), ace. abd'a. des voyelles Après avoir vu les différentes significations a, i, u, il noiis reste à dire quelques mots des diphthongues. Nous avons eu déjà occasion de dire (p. 52) qu'il n'y a ce sont aï et au (aou). que deux diphthongues primitives; La diphthongue aï n'est qu'un renforcement de la voyelle de u. C'est i, de même que au n'est qu'un renforcement de ces deux diphthongues ne pourquoi la signification diffère point de celle des voyelles dont elles dérivent. Aï et au ne diffèrent de i et ti que grammaticalement, c'est à dire 380 GLOSSAIRE. que certaines dérivations grammaticales exigent, à la place de i, le renforcement de voyelle aï, et à la place de u, le renforcement de voyelle au. Aussi, les diphthongues aï et au sont-elles vriddhis par les grammairiens de i et de u. (augmentations) appelées, CHAPITRE DE LA DES de la notion CONSONNES. comme déterminent, la signification des mots; chacune sa part à former cette signification ment des II. SIGNIFICATION Les consonnes hindous, nous l'avons dit, d'elles contribue ; chacune pour est un élé- ou de l'idée exprimée par le mot. Les idées ou les premières notions de l'homme primitif résultaient des impressions, causées par les choses qui affectaient ses sens, principalement celui de la vue. L'homme exprimait ses sensations en imitant ou en repréexactement, par des gestes ou par des sons signifià ces gestes, les différentes actions catifs, correspondant qu'il avait vu faire. Or, comme tout ce qu on voit se voit primitif sentant dans l'espace, et que toute action se présenté à-l'oeil comme une modification des rapports de lieu ou-c&fnme une sucque l'homme prisa pensée, désignât par le geste ou mitif, pour exprimer les mouvements successifs qu'il par des sons significatifs, avait vu faire. Ainsi, par exemple, l'idée d'étendre qui nous cession de mouvements, il était naturel des paraît si abstraite parce que nous rattachons nos idées à mots et non pas à la vue matérielle des choses, cette idée, l'homme de la nature la conçoit d'une manière toute meca- INTRODUCTION. 381 . nique, et l'exprime par conséquent de même. Il voit qu'une chose s'allonge ou s'étend, c'est-à-dire que le point extrême est maintenant de cette chose qui, auparavant, étaiti'cz, là, Pour exprimer ce qu'il a vu, c'est à dire l'idée d'étendue qu'il a conçue par la vue, il fait le geste qui exprime ici le son et puis le geste qui exprime là, ou bien il articule exprime par sa nature même ce que nous désignons par le mot ici, et puis le son na! qui exprime encore par sa nature même ce que nous désignons par le la! ou dal qui mot là. Ainsi se formé, d'une manière toute mécanique, naturellement et nécessai- le mot tana (ici, là) qui désigne remenf l'idée d'étendre (gr. TSW, lat. terc(d)ere,isl. Prenons encore un autre exemple. L'idée n'existe, pas d'une manière de l'homme de la nature. abstraite Pour lui, ihana, etc.) de donner dans l'entendement cette idée est une Il voit qu'on donne image qui existe dans son imagination. en étendant la main vers la personne à laquelle on donne. C'est pourquoi il exprime l'idée de donner en étendant la et en accompagnant ce geste du mot main vers quelqu'un, ial (là), lat. da-re , ou bien il dit le mot NATANA (tendre héb. |M (donner). là) tendre vers, lat. iN-TeN(d)ere, est comme que la langue primitive actions et les passions sont retracées une peinti^BHp? des gestes, des attitudes, dans des mots qui expriment des les consonnes mouvements successifs, et c'est pourquoi On voit d'a^fljj^la désignent des mouvements ou des rapports de lieu. Il s'agit donc maintenant dedéterminer la signification à chaque consonne : nous expliparticulière ou les éléments des mots querons à cet effet le sens des consonnes islandaises. Tout ce que nous en dirons s'appliquera aussi aux consonnes 382 GLOSSAIRE dans les autres langues. Il est vrai correspondantes que l'alphabet islandais est un des moins riches en consonnes : cependant il renferme primitives, et il suffit toutes les consonnes de connaître des langues le sens de ces consonnes pour connaître en même temps la signification primitives des consonnes qui en sont dérivées ou qui leur sont homorganiques, c'est à dire formées par le concours des mêmes organes de la voix. En effet, les sons homorganiques expriment le même sens général, et ils ne diffèrent entre eux que par de légères nuances. Ces nuances se sont établies à et différenmesure que les langues dérivées spécifiaient ciaient davantage les idées vagues et générales des langues et exprimaient, par conséquent, ces différences primitives, des mots. Comme par des nuances dans la prononciation ces nuances se sont établies différemment dans les différentes langues dérivées, à cause de la différence des lois de et de la permutation des consonnes , c'est à la l'euphonie grammaire spéciale d'expliquer quelles sont les nuances les sons homorganiques dans chaque langue Pour nous, qui considérons ici les langues à examiétat primitif, nous n'avons joint qu'expriment en particulier. dans leur ner ces légères différences, n'exispar la rais^^^^elles taient pas encore à cette époque ancienr^(PPI rangerons donc dans une seule et même classe les consonnes qui sont homorganiques et nous préciserons, ou qui sont dérivées l'une de l'autre ; autant que possible, la signification de ces classes. L'ordre dans lequel se propre à chacune suivront les différentes classes est le suivant : nous parlerons d'abord des labiales, puis des dentales, ensuite des gutturales. C'est dans cet ordre que les enfants appi'ennent 383 INTRODUCTION. ils prononcent d'abord les labiales, puis les dentales, et enfin les gutturales. A ces trois classes, R et L, et la classe nous ajouterons la classe des liquides, à articuler les sons; qui renferme la nasale JV. Comme les consonnes doivent touj ours être accompagnées d'une voyelle pour pouvoir être prononcées, nous ajouterons à chaque élément-consonne e qui, comme nous l'avons vu, n'a pas la voyelle primitive encore de signification précise. labiales expriLabiales Ve, Be, Me, Pe, Fe.—Ces ment le sens du mot sur, et désignent l'idée de répandu que cette surface qu'elle soit horizontale sur, de surface, l'inférieure, soit la supérieure ou ou verticale ; ex. : hé- dans); ar. Ri (sur, auprès, dans); sansc. uVa (sur, auprès); gr. huPo (sous, vers) ; lat, suV (sous, vers ) ; goth. Ri ( sur, à) ; vieux ail. Pi (sur, à). L'idée sur, envisagée sous le point de vue breu Be (sur, auprès, gr. ePi (sur, auprès); la produit actif ,0x1 combinée avec l'idée de mouvement, devers, et exprime aussi l'idée de ce qui se signification répand, de ce qui est plan. Ainsi, en sanscrit, Va signifie ce qui se répand, l'air, l'eau; héb. Mai' (eau). L'idée de surface plane se montre davantage dans le mot sanscrit aP (eav^^Bj lat, oeqvor, aqva; ail. éBen). L'idée de de parité; c'est pourcelle d'égalité, plat, uni e^BPfre égal, semquoi les mots sanscrits Va, iYa, eVa signifient blable, de même que, aussi. Le mot Va est devenu conjonction préfixe, et de même que i en zend et dans les langues ex. : ar. Va- (et); éthiop. Va- (et) ; héb. Ve , sémitiques; Va- (et) : en latin il est devenu une particule disjonctive ex. : plusVe, minusVe, siVe, etc. L'idée de enclitique; répandre, étendre, prise dans un sens plus abstrait, signifie GLOSSAIRE. 384 dériver, éloigner, descendre. Telle est la signification des suivantes : sansc. dVa, aVa; gr. aPo; lat. aB; prépositions goth. aF-; v. h. ail. aP-, etc. etc. Enfin l'idée de sur, aucelle de présent, et cette dernière fait naître près, produit l'idée d'objet, que ce soit une personne ou une chose. C'est dans les langues indo-germaniques, Ma désigne pourquoi, et Mas la première perla première personne du singulier, sonne moi), (moi), du ex. : sansc. Ma-t (de moi), Ma-ji (en pluriel; etc. as-Mi (je suis), s-Mas (nous sommes); gr. Me es-Mi (je suis), es-Mès [nous sommes); lat. Mé su-M (je suis), SU-MHS [nous sommes), era-M (j'étais) , era-Mas (nous étions); goth. i-M (je suis), siju-M v. h. ail. pi-M (je suis), pira-Mès (nous (nous sommes); sommes), etc. Dans quelques cas, Ma s'est changé en Na; (moi), ex. : sansc. Nas (à nous); lat. Nos (nous) ; gr. Ndi (nous deux); dans quelques autres cas, il s'est changé en Va; ex. : go\it sansc. Vam (à nous (nous deux); thique Veis (nous), le pronom personnel deux). Dans les langues sémitiques, Ma s'est changé en Na; ex. : héb. aNi (moi), katab'Nu katab'Ti (p. /caia&'Ni) (j'ai écrit), èk'tôb (p. aKk'tôb) (j'écrirai), forme Me l'ancienne Cependant écrit), aNu (nous), (nous avons Nik'tôb (nous écrirons). s'est coj^^kée dans les et quelques substantifs, avec^l^gnification de personne qui, ou chose qui; ex. : ar. Maq'tulu primitive (qui est tué) ; héb. Mekuttab ( qui est écrit), MaTkoakh (qui à la terest pris), butin, etc. Ce Ma répond exactement participes Ma dans beaucoup de mots indo-germaniques; cette chose); lat. ideitf ex. : sansc. saMa (cette personne, minaison (cette personne, brille), soleil; cette iigMa sansc. bhâMa (chose qui chose); (qui est aigu), etc. etc. Dans les lan- INTRODUCTION. 385 l'ancienne forme Ma s'est encore congués sémitiques, ex. : héb. Mi (qui?), servée comme pronom interrogatif; etc. En résumé, les consonnes labiales exMah (quoi?), priment l'idée de sar, d'où découlent toutes les autres Le geste qui correspond à ces différentes est celui qui consiste à placer le plat de la significations main sur la poitrine. Ce geste indique l'idée de sur, cousignifications. aplatir, et l'idée Dentales. Te, De, vrir, de présence, de personnalité, etc. consonnes ]pe (Se, Re). —Aux dentales , nous devons ajouter la sifflante S parce que, dans toutes les langues, elle est née de l'assibilation d'une dentale (voy. p. 93). Il est vrai que 5 provient quelquefois d'une gutturale sifflante (ch) qui a rejeté son élément guttural (voy. p. 77); mais ce cas est bien rare, et le plus souvent S dérive d'une dentale, de T. principalement Puisque nous rangeons dans cette classe la sifflante S, nous devons aussi y ranger une certaine espèce de R, car de la consonne S (voyez ces R dérivent immédiatement page 76). Les consonnes la désignation de cette classe expriment la plus précise d'une chose, en la montrant pour ainsi dire du doigt. Ellej^ignifient donc ce que nous exprimons par le mot ce/ G est.pourquoi les dentales servent principalement à former des pronoms démonstratifs; ex. : ar. Sa (ce); héb. Se (ce), èT (accus, ce) ; éthiop. Se (ce) ; sansc. Sas (ce), Tam (ace. ce), eSaS ( celui-ci), iDam (celui), asTi (il est), sanTi (ils sont). Gr. De" (ci), opposé à men (là); To (ce), Toï (les), esTi [il est), enTi ( ils sont). Lat. : iS (ce), iSTe iD (cela), iDem (ce même); esT (il est), sunT (celui-ci), (ils sont). Goth. : Sa (ce), J)ai (eux), saltiTh (il saute), GLOSSAIRE. 386 saltanD (lat. saltant). V. h. ail. Dé'R (ce), Die" (les), valliT (il tombe), vallariT (ils tombent). La classedes dentales forme aussi des adverbes de temps; ex. : sansc. TaDa (dans ce temps); gr. ToTe' (alors); la(alors); goth. T/id (alors); v. h. ail. Da (alors); ar. iDs, iDsara (alors); héb. àD, àS (alors). tin Tune Comme la personne la plus proche qu'on puisse désigner est celle à qui l'on parle, les dentales et leurs dérivées servent à marquer la seconde personne; ex. : ar. anTa (tu), kumTum (vous (tu étais debout), étiez debout). Héb. : affiah (tu), atTèm (vous); qatalTa (tuas tué), q'taVTèm (vous avez tué). Sansc. Tvam (tu); ôaraTha (vous portez). daddSi (tu donnes); Gr. Ta, Sa araTum (vous); kumTa histaTé (vous placez). Lat. : tu (tu); legiS (tu lis), legiTis (vous lisez). Goth. ^Thd(ta); saltiS (tu sautes), saltiTh (vous sautez). V. h. ail. : Dd (tu); (toi); histèS (tu places), valliS (tu tombes), vallaT (voustombez). Comme il faut nécessairement, pour qu'on puisse montrer une chose dans tel ou tel état, que cette chose ait réellement déjà passé dans cet état, la particule démonstrative Ta indique aussi le temps passé, et le passif des verbes dénominatifs, dont la conjugaison^^; jfai&Ze, c'està-dire qui n'ont plus la faculté d'exprimer le temps passé et le passif par le changement de la voyelle radicale (voyez page 375) ; ex. : sansc. uklas (voici qui est dit), dit; pallias tombé; gr. leliTos (dit);lat./acTw (voici qui est tombé), v. h. (fait); goth. aljiYhs (nourri); aljïDa (j'ai nourri); ail. neriTér (conservé), nerila (j'ai conservé), etc. Comme la signification réfléchie dérive de la signification passive, la particule Ta, qui exprime le passif, peut aussi expri- INTRODUCTION. 387 merle pronom réfléchi. Ainsi, dans les conjugaisons faibles Ta exprime des verbes sémitiques, quelquefois le passif, mais le plus souvent le réfléchi ; ex. : héb. hiï'makker (être vendu), ar. Taqattala invicem (se tourmenter, se frapper percuti), (ail. gegenseitig ment, etc. etc. Nous (être hiTqaddesh beschickt avons encore se sanctifier; sanctifié), s'ingénier), (lat. Taqâtala Tardsala réciproquement; werden), à considérer s'envoyer réciproque' . les dentales et leurs à leur signification active, ou par par rapport Cette classe exprime la rapport à l'idée de mouvement. direction d'une chose vers un point indiqué. Comme ce dérivées être plus ou moins rapproché de la personne également bien le mouqui parle, les dentales expriment vement d'ici là et le mouvement de là ici, le mouvement point peut de haut en bas et le mouvement de bas en haut; ex. : sans- (vers), aT (dehors) ; gr. èS (vers), -Dé" (S6(u>vSe), vers; lat. aD (vers), uT (vers), afin que; goth. aT- (vers), Da- (vers), uT- (dehors), uS- (dehors); v. h, ail. aZ- (vers), crit aTi ïïL- (dehors), aR- (lat. ex), aR-, iR-. Zd-, Zë- (vers), Tout mouvement peut être considéré sous le point de de la séparation, ou sous celui de la vue de l'éloigneraient, du rapprochement. jonction, ration est celle de la suffixe La de sépasignification dentale -T,-D, qui indique langues indo-germaniques; l'ablatif dans les anciennes sansc. lasmaî (delà); ex. : zendgarôiT (dela montagne); v. lat. proedaD (de la proie). Le génitif est dérivé de l'ale S, qui caractérise c'est pourquoi presque toutes les langues indo-germaniques, blatif; que l'assibilation du T de l'ancien ablatif. ce cas dans n'est autre La signification 25. GLOSSAIRE. 388 de ÏS est donc aussi la même elle est plus métaphysique tandis que l'ablatif exprime que celle du T, seulement parce qu'elle est dérivée. Ainsi, la séparation matérielle et phyla métaphysique, sique , le génitif désigne la séparation de l'effet à la cause, etc. L'idée de le rapport dérivation, séparation, particules est encore d'éloignement suivantes : gr. -Then (d'ici De-, Se'-, DiSv. h. ail. tion exprimée dans les là); lat. De' (de), DiS (pour Du-uS); De'-Se'); goth. (pour Zi-aR-, Zëiiî, etc. Au contraire, se montre l'idée de jonc- dans l'adverbe grec ^Ti (ajouté à), encore, et dans la conjonction latine eT (et). En résumé, les dentales et leurs dérivées ont deux significations princi- toutes les autres : l'une est ce! qui pales d'où découlent l'autre est vers ce! désigne les objets dont il est question, Le geste qui exprime la signifiqui indique la direction. cation des dentales est celui par lequel on montre du doigt un objet, ou par lequel on en montre la direction. Gutturales K, G, Y, H. — Les gutturales ont, comme les dentales, une signification avec cette démonstrative, que les dentelés désignent l'objet dune manière absolue, tandis que les gutturales le désignent relativement à d'autres objets; ex. : lat. Cis ( ce côté, opposé à l'autre), différence en deçà; eCCé' (ce! de ce! voyez-le de ce côté!), le voilà. Héb. He'e (eh!), le voilà! Goth. iK (ceci! opposé à Tu, cela! ), moi; sansc. aHam (moi); gr. éGo; lat. e'Go; héb. andKi. cela on les pronoms conçoit pourquoi sont tous formés de gutturales. Les prorelatifs primitifs noms démonstratifs, formés de gutturales, sont toujours plus relatifs que ceux formés de dentales, ainsi : lat. HiC, D'après HoeC , HoC (ce, dont il s'agit), est moins fortement dé- INTRODUCTION. 389 et plus relatif que iS, iD; héb. Hal- (le, la), moins absoar. Hue (lui) sont des pronoms démonstratifs lus que Sèh. Aussi arrive-t-il que dans les langues sémidémonstrative Ta, qui marque la tiques , la particule monstratif se change en lia toutes les fois qu'elle seconde personne, n'est pas absolue, mais relative et dépendante, c'est-à-dire toutes les fois qu'elle est régime; ex. : héb. q'taluKa (ils q'taluKem (ils vous ont tué), l'Ka (à toi), b'Kèm (en vous), etc. Comme l'idée de disjonction nécessairement implique l'idée de relation, les gutturales qui expriment la relation, font tué), servent aussi à former des particules disjonctives; ex. : an; allem. Ye'- Ye'. glo^sax. Gé'-Gë (lat. cum-tum) La particule Ta, nous le répétons, désigne les objets d'une manière absolue : les objets à désigner n'étant pas considérés par rapport à d'autres objets de la même espèce, ne peuvent pas être confondus avec ces derniers; l'indication est par conséquent précise, certaine, affirmative. Ka, au contraire, particule désigne les objets d'une La ma- nière relative; les objets à désigner sont considérés, par rapport à d'autres objets de la même espèce, avec lesquels on pourrait les confondre ; l'indication n'est donc ni Celte particule indique absolue, ni précise, ni affirmative. dans l'esprit, et par conséquent une espèce d'incertitude cette incertitude fait naître la question. C'est pourquoi les forment non-seulement les pronoms relatifs, gutturales mais aussi les pronoms D'un autre côté, interrogatifs. l'incertitude ou l'état de l'esprit de ne pouvoir s'expliquer une chose, produit l'étonnement, et par suite l'exclamation : en effet, l'exclamation quel homme ! n'est qu'une autre 390 GLOSSAIRE. de dire : comment manière C'est pourquoi les gutturales, des pronoms qui forment peuvent aussi former des mots exclamatifs. interrogatifs, Nous donnerons, famille être un tel homme ? peut-on comme de la nombreuse représentants des mots relatifs, et exclamatifs, les interrogatifs ; exemples suivants : héb. H" (particule interrogative) 1 sanc. Kas (qui), Ya (qui), Yadi (quand); gr. Pote (pour lat. Qui (qui); Kote'), quand; Pos (p. Kos), comment; goth. Huas (qui); Quant à leur v. h. ail. Hvër (qui), active, signification signent le mouvement considéré relatif, c'est-à-dire comme non ou disjonction. Ainsi, Ga-, v.-h.-a. lia-, prépositive jonction etc. etc. les gutturales désous le point de vue mais comme direction, en gothique, lii-, de même la particule que la par- au conde jonction; traire , en grec, la préposition eK exprime l'idée de disjonction, de séparation. La particule gothique Ga- se trouve ticule latine Con-, ordinairement tel qu'il facilement de société, essentiellement jonction intime, l'idée était le sens primitif avec l'idée de jonction, dans les mots dont se combinait d'alliance, l'avons exprime de de réunion. la particule aussi vers, En cela, Du-, Ga- diffère Ta-, qui, nous une mais qui exprime signifie fortuite dans laquelle il n'y a aucune relation nécessaire entre les objets qui se joinaturelle, vu, gnent. En résumé, d'une générale est une Cette idée qui l'entendement humain, logicien les gutturales expriment l'idée de rapport ou de relation. des de catégories principales a produit une infinité d'autres peut suivre dans leurs filiations manière que le et leurs ramiidées INTRODUCTION. à l'aide fications des indications comparative des langues. Les gestes qui expriment des gutturales, se font 391 fournies par l'analyse les différentes significations tous avec les deux mains, comme entre deux termes. la relation existant pour indiquer ou la séparation, le geste Ainsi, pour désigner la jonction naturel consiste à rapprocher ou à séparer les deux mains ; de même que pour exprimer la question, letonnement, on étend ou on lève les deux mains enl'admiration, semble. — Ces deux consonnes ont eu, dans Le. Re, Liquides et les différentes langues l'origine, la même signification^ n'ont préféré l'emploi de l'une ou de l'autre, que selon qu'elles avaient une plus ou moins grande facilité à prola lettre R n'était pas noncer R ou L. Originairement liquide, c'était au contraire une consonne forte née de Q, la plus forte des gutturales (voyez p. 76). Cet R guttural , différent par son origine du R faible né de S, est et a engendré devenu peu à peu plus doux, plus liquide, le son L. Pour indiquer l'analogie qu'il y a entre L et R et pour rappeler la nature plus liquide de L, cette lettre (b) se trouve placée dans l'alphabet après la gutturale K (2), que R (1) se trouve de même placé après la gut- Q (p) dont elle est dérivée. Mais K est une consonne plus douce que Q; on peut donc établir les rapports suivants : K est à Q comme L est à R, et K est à L comme turale Q est à R. Comme de R était rude dans l'origine, de saillie, d'éruption, aKislos). la prononciation cette lettre exprime l'idée de grandeur (cf. gr. aRi-, le sens actif, Ra signifie s'étendre, d'éminence, Dans de sortie, e'Ri-, aller, 392 GLOSSAIRE. L indique (cf. sansc. Ri, R). La liquide l'idée d'élan, de longueur, généralement d'éloignement. La signification fait que L combiné avec d'éloignement une particule l'idée que nous démonstrative,produit saillir, s'élever exprimons parle mot là! (ce qui est éloigné). Exemple: hébr. hah- (cela) le; elhèh (lat. ilLos , ilLas); e'L (là) vers cet endroit-Zà; Le- (là!) vers, particule qui exprime ordinairement le datif. Lat. ULud (cela); aLius (le plus éloigné) l'autre, àLter (le plus éloigné des deux) l'autre; uLtra (du côté éloigné) au delà. Gr. aZLos (l'autre), etc. Le geste qui exprime les différentes de significations R et de L, est celui qui consiste le porter brusquement en avant. Nasale N. — Quant nasale à étendre le bras, ou à à la prononciation, la consonne d'affinité avec la labiale nasale M. N a beaucoup C'est pourquoi dans toutes permutent les langues, ces consonnes se entre elles, de même que dans quelquefois elles se trouvent l'alphabet Quant à la signification, davantage de la liquide et l'autre, sanscrit, l'idée on dit placées l'une à côté de l'autre. N diffère de M, et se rapproche L. En effet, R et L désignent, l'un d'éloignement, aNyas (celui-là) aNthar (l'autre); en goth. on dit L'idée d'éloignement d'extension. l'autre; en latin, Ainsi, en latin, araméen empêcher); La aLius; aLfer (l'autre). celle de négation, car on produit la demande, la proposition, quand on on rejette s'y refuse, ou quand on la nie. La négation s'exprime tantôt par L, tantôt par N, mais le plus souvent consonne; plus énergiquement par cette dernière éloigne, en aussi et le ex. : Nde (éloigner, (non); hébr. aL, Ld (non), sansc. aN- (non-), a- (p. aN) non, Ma (p.Na) INTRODUCTION. 393 non; gr. aN- (non-), a- (p. aN) non, Ne- dans »îjwa,9->fs,etc.; lat. Ne; Ne- dans nemo, etc.; NôN (non), iN- (non) dans etc. etc. De l'idée iniquus, etc.; isl. d- (p. uN-, non-), d'extension dérive celle de direction, soit de direction en bas; ou le long d'une chose, ou vers, ou après une chose; ex. : sansc. â- (p. aN-) vers; aNn (après); Ni (en bas); gr. aNa (le long); lat. iN (vers), etc. Le geste qui exprime les différentes de significations N, est celui qui consiste à porter la main de gauche à droite. C'est, en effet, le geste qu'on fait pour éloigner, pour refuser une chose, ou pour indiquer qu'un objet descend, s'étend le long de, s'en va, etc. CHAPITRE DE LA Nous venons FORMATION II. DES THEMES. de voir des quelle est la signification différentes lettres, ou des éléments dont se composent les mots. Ces éléments sont, pour ainsi dire, les matériaux de différentes manières, produisent qui, combinés thèmes dont dérivent les mots. Les thèmes forment, les par abstrac- conséquent, la charpente ou le corps des mots, tion faite de leurs terminaisons, et de tout changement et grammatical. purement euphonique Les thèmes les plus simples sont ceux qui ne renferment qu'une seule consonne. Dans cette première classe, ss trouvent les thèmes dont dérivent les mots qui déside gnent le lieu ou le temps, ou les différentes relations lieu et de temps. De ce nombre, sont les pronoms, les 394 GLOSSAIRE. les conjonctions, et en général, la plupart des prépositions, Il y a aussi quelques verbes petits mots appelés particules. formés de thèmes à une consonne. Ainsi, par exemple, la Pe (sur) prise dans le sens actif ou comme verbe, signifie se mettre sur, couvrir, protéger; sansc. TTT- La dentale Te (cela) forme le verbe Ta (là), déposer; (sansc. ^T; gr. Tl-o-rt-fu), ou le verbe Da ( là ! tenez ! ), donner ( lat. dare, labiale gr. Sl-Sco-fu). La gutturale Ge (voyez p. 3go) forme le verbe Ya, joindre (sansc. ^T); ou le verbe Ga qui signifie aller vers [sansc. ïTT, ^TT, gr. (H)<k> (Hiè-mi, faire aller, enou laisser derrière, quitter (sansc. ^T), voyer) lat. (H)ire], La parce que joindre et quitter sont des idées corrélatives. Re (éruption, forme le verbe aRo, liquide mouvement) marcher (sansc. ÏR). La liquide Lev(élan), prise dans le sens actif, forme le verbe aLa (élancer), élever; lat. altus (élevé), alere (élever), nourrir. Les verbes à une consonne sont en petit nombre, parce que l'idée d'une action peut rarement s'exprimer par un seul geste, un seul mouvement, un seul son; mais elle le plus souvent s'exprime sentés par deux éléments sonnes. Aussi, ordinairement par Ta (ici) =PAKA (mouvement sur), (sansc. *T"I ; goth. fanga). -+- Pa (SUT) = KAPA (mouvement vers), prendre Ka (mouvement) tendre, mouvements repréou par deux conphoniques le thème verbal primitif se compose-t-il de deux consonnes ou de deux syllabes; exemples : Pa (sur) -+- KA (mouvement) atteindre, deux atteindre, prendre (goth. giban; -+- Na (là) — TANA (mouvement (sansc. clrT; gr. telva, etc.). lat. capio). d'ici là), tendre INTRODUCTION. 395 d'ici là), répan-+- La (là) = TALA (mouvement dre, lâcher (sansc. rlpi ; gr. TÉXXM). La (là.) -f- Ta (voici ! ) — LATA (le voici ! ), répandre, lâcher, laisser (goth. lêtan, etc.) Ta (ici) = Ra (éruption) -+- Ga (mouvement) gir), s'élever, être éminent, briller. Va (lat. ab) -+- Ga (mouvement)= RAGA (sortir, sur- VAGA (s'en aller), se mouvoir). Na (là) -*-Pa ^sur, vers)=NAPA saillir (ïsl. nef, nez), etc. etc. Dans les langues sémitiques, mairiens (s'étendre vers), avancer, les verbes que les gram- arabes désignent sous le nom de creux, corresà deux consonnes; aux verbes indo-germaniques pondent par exemple : rVBf' (placer) correspond à SITA (être à RAMA (être fort), assis), a-n (être grand) t]i3 (être etc. Ces verbes sont en petit élevé) à NaPa (saillir), nombre, parce que les thèmes des verbes sémitiques sont ainsi, devenus, pour consonnes, en la plupart, de trois syllabes ou de trois aux thèmes primitifs bissyllaajoutant biqufcs, une consonne préfixe ou une consonne suffixe. Cette syllabe ajoutée peut être appelée syllabe déterminala tive, parce qu'elle ne fait que préciser et restreindre du thème signification thème KATA, atteindre, en hébreu, n-ro, les verbes jrxp, En retranchant signification Cela prouve consonnes fïp, primitif frapper à trois rrvp, la dernière bissyllabique. Ainsi, le (lat. coedo, cudo) afbrmé, syllabes suivants : "rli, 3-vp, n-ïp, ptap, b-op, etc. consonne de ces verbes, la mais l'idée générale reste. spéciale disparaît, les deux premières que ce sont proprement le sens du verbe, et que la troiqui forment GLOSSAIRE. 396 la que pour préciser et restreindre Parmi les prégénérale du thème primitif. signification fixes déterminatives, celle qui est la plus fréquente est la préfixe 2. Si l'on compare les verbes m " 3, "p " 3, hB " 3, etc. aux verbes creux rm, rn£), fis, ^D, }>S-3, 3V3, sième n'est ajoutée que ces deux espèces de verbes ont dans l'origine, et qu'ils ne diffèrent main- c_jLo, etc. on trouve été identiques tenant les uns des autres apportée l'addition que par la légère modification à la signification des- verbes bissyllabiques par traduire en allede la préfixe 2 qu'on pourrait mand par ZiiN : ainsi "j-ïb (ail. giessen), "^D3 (ail. hiNgiessen), "Tfft (ail. stossen), IVT3 (ail. hiNstossen), etc. Ce que nous aussi s'applique suivi exactement venons de dire des langues sémitiques, aux langues indo-germaniques qui ont la même méthode dans la formation en ajoutant aux tantôt une consonne préthèmes primitifs bissyllabiques fixe, tantôt une consonne suffixe. Ainsi, la dentale De, des thèmes de plus de deux consonnes, Te (dont la signification au mot latin ex, ou correspond au gothique uS-, Du) en s'ajoutant au thème RAGA (élever), forme les thèmes dérivés T-RAGA (lat. ex, regere), tirer, (lat. ex, tollere), soulever, emporter. Si le thème à deux consonnes commence par bissyllabique une labiale ou une gutturale ou la liquide L, la dentale traîner, D-RAGA se change ordinairement en 5; ex. : de PAKA (lat. capere) s'est formé S-PAKA (excipere, percipere), apercevoir; de MITA (lat. mitlere) s'est formé S-MITA (emitlere), préfixe de LAGA (lancer) s'est formé S-LAGA (lâjeter, frapper; cher un coup), frapper; de MAGA (étendre) [lat. magnus sest (élancé)-, paxpos (long), macer (mince), fuxpos (petit)] INTRODUCTION. 397 formé S-MAGA (élancer, amincir), aftixpâs (menu), etc. etc. Les préfixes labiales Re, Pe, Fe, Ve, Me, dont les significations sont, exprimées par les particules lat. aR, goth. uPde beaucoup Ba-,. sansc. aNa, entrent dans la composition de LATA (répandre) se forme de thèmes dérivés. Ainsi, de RAKA (éruption) se forment B-RARA (rompre, casser), M-RAGA (crever), poindre, V-RAGA (lat. ab, regere, détourner), pousser, chasser; de F-LATA (surface, plat); lat. est formé F-LUGA (s'envoler), répandu) flot± héb. FA-LAG (serépandre). f-luctus (qui se répand), par les liquides L, Beaucoup de thèmes qui commencent LUGA (être R ou la nasale N, préfixes les gutturales Ge, Ke, sont exprimées par la particule He, dont les significations grecque eK (lat. ex). goth. GA ( lat. Con-), et la préposition G-LOIIA (lat. elucere) est formé de LTJHA (être saillant, ont pour ; G-RAHA (ex-surgere), croître, est formé de RAKA (s'élever); K-LAKA (lat. concutere), claquer, est formé de brillant) LAKA (lâcher un coup); K-NAKA (lat. complicare), plier, casser, est formé de NAKA (pencher, plier), etc. C'est ainsi que les thèmes thèmes de trois de deux consonnes sont devenus des consonnes dans les langues indo-germaniques aussi bien que dans les langues sémitiques. Il y a seulement cette différence entre ces langues, que dans les préfixe s'ajoute au thème sans d'une voyelle, tandis que dans les langues la consonne préfixe est toujours suivie d'une la premières, l'intermédiaire consonne sémitiques, voyelle, ne serait-ce Il est digne que d'un simple e muet appelé cheva. de remarque que plus les idiomes sémitiques de leur point de contact s'éloignent géographiquement dans la Babylonie, avec les langues indo-germaniques, GLOSSAIRE. 398 des verbes tendent à se faire plus les éléments-consonnes suivre de la voyelle a. Ainsi, les langues de la Syrie ont de près du thème formé le verbe B'RAKA qui se rapproche B-RAKA (briser, casser). Les dialectes de indo-germanique la Palestine ont formé le verbe BARAK, et enfin ceux de le verbe BARAKA. et de l'Ethiopie, les thèmes Dans les langues sémitiques, l'Arabie sont, pour la d'autant composés de trois syllabes, c'est-à-dire plupart, de syllabes qu'il y a de consonnes. Dans les langues indoau contraire, ils sont toujours de deux sylgermaniques, labes bien qu'ils soient composés souvent de plus de deux n'ont guère dépassé, consonnes. Les langues sémitiques dans leurs thèmes, le nombre de trois consonnes; mais, il s'est formé des les langues indo-germaniques, thèmes qui ont jusqu'à cinq consonnes. Ainsi, de RAKA lat. regio) on a formé T-RAKA (ex-tendere), (étendre, T-RAKA on a fait S-T-RAKA (ail. slrecken), et tirer^de dans enfin de S-T-RAKA on a formé S-T-RAK-SA ttjTjl ), se diriger, marcher. Ce qui vient d'être dit de la formation (sansc. des thèmes au suffit pour faire comprendre le moyen des consonnes, et la structure des langues. Les intérieure mécanisme mots se forment d'une manière analogue à la formation des idées : plus une idée est dérivée, logiquement parlant, est aussi dérivé, grammaticaplus le mot qui l'exprime continu lement parlant. Ce parallélisme qu'on remarque entre les idées et les mots, par la philologie fournit un des problèmes à savoir, le problème métaphysique, de nos idées. formation En effet, le moyen de résoudre les plus curieux de la de l'origine le philologue et de la qui dé- 399 INTRODUCTION. des langues l'origine par cela même aussi montre par l'analyse comparative des mots, explique et la dérivation et la filiation la formation Il nous resterait mots dérivent mots se fait des idées. maintenant des thèmes. entrer Mais comme comment la formation les des dans les différentes différemment nous ne pourrons dirons seulement à montrer dans aucun détail langues, à ce sujet. Nous que les thèmes sont changés en mots, les terminaisons en prenant qui désignent le genre, le nombre, les personnes, les déclinaisons,les conjugaisons, du discours, les différentes parties changements euphoniques etc. et en subissant à chaque propres langue les en particulier. III. CHAPITRE DE LA DISPOSITION DANS Ce qui LE DES MATIERES GLOSSAIRE. a été dit du mécanisme et de la structure des en même temps le plan que langues explique et justifie nons avons suivi dans le glossaire. On remarquera d'abord sont que les mots des trois poëmes que nous publions, sous leurs thèmes Les rangés par familles respectifs. thèmes qui ont une origine commune, ont été tous placés les uns après les autres. Ainsi, B-RARA, B-RAGA, M-RAGA, M-RAKA, etc. ont été mis parce qu'ils étaient mais à mesure que l'idée gés'est spécifiée, les différentes ensemble, dans l'origine; identiques nérale du thème primitif nuances de cette idée se sont exprimées par des thèmes GLOSSAIRE. 400 un peu différents les uns des autres, et exprimant de l'idée générale. Ainsi, une nuance particulière chacun B-RAKA le sens propre casser, B-RAGA exprime le sens M-RAGA signifie sortir en éclater, briller; métaphorique éclatant, crever; M-RAKA signifie broyer, fouler, imprimer. exprime Dans les langues est une des plus 1p3 (brisé, plié), sémitiques, grandes; genou, cette famille ex. : Tp;j (briser p"o (éclater), de thèmes en pliant), pn% (éclair), en coupant), façonner, ^is (briser en écran*i3 (briser en perçant), se frayer un chemin, ms S»*12- (briser sant), (percer), germer, sortir, jfls (percer en s'élevant), surgir, commencer, etc. etc. Nous avons tâché de disposer les de manière qu'ils s'enchaîthèmes d'une même famille, faciles. Mais nent les uns aux autres par des transitions comme le glossaire ne renferme que très-peu de mots, et par suite qu'un petit nombre de thèmes, il s'y trouve la filiation. Quant beaucoup de lacunes qui interrompent dans lequel se succèdent les thèmes de famille il est le même que celui dans lequel nous différente, avons rangé les éléments - consonnes ( voyez p. 382 ). Viennent d'abord les thèmes qui commencent par une à l'ordre par une dentale, puis ceux qui commencent enfin ensuite ceux qui commencent par une gutturale, ceux qui commencent par les liquides R et L et la nasale labiale, sont N. Dans chaque classe, les thèmes monosyllabiques mis à la tête; suivent ensuite les thèmes bissyllabiques, puis ceux qui ont une consonne préfixe. Le rang des de chaque classe est déterminé par thèmes bissyllabiques la nature de la seconde syllabe, selon qu'elle est labiale, dentale, gutturale, liquide ou nasale. Ainsi, la première INTRODUCTION. classe se suit dans l'ordre Comme les mots dérivent ni du thème, verbe, du discours indifféremment exprimée avec labiale, labiale avec avec gutturale, avec N, et ainsi pour les autres classes. encore lui-même, autre partie : labiale labiale labiale avec dentale, R et L, labiale suivant 401 ce dernier ni substantif, ni n'est quelque donc être : sa signification peut le substantif, par le verbe, etc. Les substantifs abstraits l'adjectif, pres à exprimer l'idée du thème ; mais, sont les plus procomme ils sont en par petit nombre dans notre langue, il a fallu y.suppléer des verbes et des adjectifs. Nous avons expliqué la signification du thème ordinairement par trois verbes, dont le du thème, premier exprime le sens physique ou primitif et le le sens métaphysique ou métaphorique, second, le sens moitié physique et moitié métaphysique, le troisième servant étendu de transition de l'un à l'autre; cation matérielle), (signification moitié moitié matérielle, brillant (signification tièrement rielle), où l'idée 'être ex. : TIVA, saillant (signifiêtre métaphorique), matérielle d'étendu a en- S-PAKA, prendre (signification moitié matérielle, (signification disparu). percevoir métaphorique), Là signification être entièrement (signification physique des thèmes est difficile voir matémoitié idéale). à expri- mer par un seul mot, parce qu'elle est toujours vague de sa nature, comme ont dû l'être en général les idées de l'homme primitif. Ces idées avaient beaucoup d'étendue, mais peu de compréhension, comme diraient les logiciens. A mesure que les idées deviennent plus précises, c'est-àdire a mesure qu'elles perdent de leur étendue et gagnent en compréhension, la langue devient aussi plus.précise. 26 GLOSSAIRE. 402 C'est pourquoi nos-langues modernes n'ont plus de termes exactement le sens assez vagues pour pouvoir exprimer des mots. Aussi avons-nous été obligé d'emprimitif souvent lé même mot pour exprimer la signifithèmes. Tel est, par exemple, le de plusieurs mot étendre qui peut servir à désigner vaguement différentes espèces de mouvements dans que nous exprimons ployer cation langue par les mots allonger, lancer, éloigner, grandir, surgir, s'élever, saillir, croître, se diriger, se répandre, etc. etc. Les grammairiens marcher, hindous longer, notre cette idée vague d'étendre par le mot J^f (laexpriment tin eundo), marche: et il ne faut pas s'étonner qu'ils à un très-grand cette signification donnent nombre de est, pour parce qu'en effet, l'idée de mouvement de beaucoup de notions. Quant à la ainsi dire, l'embryon moitié moitié physique, signification métaphysique, racines, elle est plus précise que la signification matépurement rielle. C'est elle aussi qui a été la cause de ce que le thème s'est diversifié dans plusieurs thèmes de la même primitif la signification est encore physique commune à tous les thèmes de la même famille; mais ces dans leur signification thèmes diffèrent moitié physique moitié Enfin la signification métaphysique. métaphofamille. En effet, la rique est parfaitement précise ; elle est ordinairement même que celle des verbes dérivés du thème. Les trois dont nous venons de ^parler, espèces de significations trois périodes principales dans le développeindiquent ment des notions; et cette partie logique du glossaire peut servir à montrer et à expliquer la formation et la filiation de nos idées. INTRODUCTION. 405 de la partie comparative du glossaire. Les langues que nous avons mises en comparaison entre elles sont : le sanscrit t auquel peuvent être ramenées Parlons maintenant toutes lés langues de l'Inde ancienne et de l'Iran ; le grec ancien ; le latin , d'où dérivent les langues romanes ; le gothique, qui est la souche de l'ancienne langue Scandinave, phique bien delà à cause de la position géograMceso-Gothiè, parmi les dialectes du haut- qu'il compte, (voy. p. 8 ) ; enfin le vieux haut allemand, qui teutônique ce que le gothiqtie est pour les idiomes de l'Allemagne est pour les langues du Nord. Nous avons aussi fait entrer en comparaison les langues sémitiques, toutes les fois que l'identité des thèmes nous paraissait évidente. Comme les la famille entière à mots comparés doivent représenter il est indifférent que ces reprélaquelle ils appartiennent, sentants soient des substantifs ou des verbes : cependant nous avons donné la préférence au verbe parce que sa moins métaphorique est généralement signification que hindous font dériver celle du substantif. Les grammairiens les mots d'une espèce-de thèmes qu'on appelle communérecueillis et ment racines. Ces thèmes, par Kasinatha sanscrits, et Vopadêva, forment la base des dictionnaires nous avons dû aussi les admettre dans le glossaire, bien de l'avis des grammai- que nous ne soyons pas toujours riens hindous, ni sur la forme de ces thèmes, ni sur la signification qu'ils leur donnent. Ils ont formé ces thèmes, Ta du parle plus souvent en retranchant la terminaison ticipe passé, et en donnant au résultat de celte opération la signification du verbe dont le participe passé était dérivé. Ainsi de =Hcl t ils ont extrait la racine ^\ qui, selon 26. GLOSSAIRE. 404 Mais regardée de plus près, la prétendue eux j signifie/aire. comme tant racine n'est, qu'une chimère philologique, racines d'autres mine toute de la même la famille espèce. En effet, si l'on exades mots qu'on fait dériver de ^5, que le thème commun à tous est KARA, qui, de du mot allemême que le thème RAKA, a la signification De ce thème, dérive lé mot^T*. mand recken (étendre). on trouve le rayon, (ce ,qui s'étend), {gr. xsip)>. etc. Dumot^îÇ: dont le thème thème explique minal nier ^f\3( (p. karavé). karavatas,:mais queue, la trompe, la main (main) dérive un verbe déno- la est KARAVA (manier, la forme La forme (p. c^jfvj primitive faire). Ce der- karavâmi) du participe et passé est cette forme s'est raccourcie en krtas. La forme décrépite ^ et s'est changée n'est donc pas une racine et elle n'exprime primitive, pas l'idée de faire. Prenons encore un autre exemple : les grammairiens hindous prétendent que°ïl'T signifie aimer. Il est évident que aimer, étant une idée dérivée, ne peut pas être la signification primitive du mot (voy. p. 4oi ). En effet, l'examen démontre que le thème KAMA signifie incliner, courbure. Ce thème produit les mots ment £<xfi<fc,lat. hamus (crochet), etc. et c'est seule- du substantif, inclination, signifiant que dérive le thème KAMAYA qui signifie avoir inclination, aimer. Parce que liamaya est un verbe dénominal, il se conjugue faiblement (voy. p. 386), c'est-à-dire d'après la dixième conjugaison; de même qu'en latin le verbe correspondant hamare, qui d'après la première conjugaison, se conjugue est également une conjugaison faible. Ces deux exemples suffisent pour faire voir que les grammairiens hindous, d'ailleurs si savants et si exacts, n'ont pas dû nous servir amare, INTRODUCTION. 405 la forme et la quand il s'agissait de déterminer des thèmes. signification Il nous reste à dire quelques mots de la partie étymolodes mots islandais est gique du glossaire. L'étymologie de guides donnée cela même par que nous indiquons à la même famille, le thème, les mots qui appartiennent et les mots dans les autres langues. Les mots islandais, correspondants se rattachent tous à leur thème comrangés par famille, comment la signification indiquer de chaque mot dérive de la signification du thème. C?èst nous avons ajouté entre parenthèses, pourquoi après les mun; mais il fallait mots islaûdais, dérivation. est tellement la signification De plus, comme cette qui explique de plusieurs mots ne ressemblent plus du tout propre la forme changée qu'ils à côté de à leur thème, nous avons mis entre parenthèses, autant qu'il était possible ces mots, leur forme primitive de la rétablir par analogie. Enfin, pour rendre l'usage du plus facile, nous avons ajouté à la fin une table les mots rangés par ordre alphabétique. renfermant glossaire LISTE DES ABREVIATIONS EMPLOYEESJMLNS LE GLOSSAIRE. jÉÊP— Latin. G. — Gothique. haut allemand. V.—Vieux A. — Anglo saxon. Bl,—Basse latinité. Vf.—Vieux français. P. — Pour ( au lieu de. ) Cf. — Confer (comparez). Al. — Allemand. . Vs.—Vieux saxon. GLOSSAIRE. PAR UNE COMMENÇANT P, F, V, B.' THÈMES AFA, éloignement, WJ; *™>'; L. descente. séparation, ab; DES LABIALES (Voyez p. 383).— V. aba. G. af; et les verbes devant les substantifs af, prép. de.—af-placé de ces mots l'idée d'éloignement, de ajoute à la signification — afa descente, etc.; ex. : a/set (déposer), a/sôgn (refus). — aftan ou f. haine. [Cf. V. apuh, abahon]. (éloignement), aptan (qui vient après), m. n. soir. [Cf. V. abend; ntftài (qui est en avant), matin; Uldj ]. —: aftari (plus éloigné), m. postérieur. — eftir, eptir, adv. après. — aptar-koma (venir après), retourner. UPA, sur, sous, vers. — 3W; "«'; L. sub, o'b; V. oba. G. uf; of, prép.sur, vers. — of-; L. sus-, ex. : ofnëma (L. suscipere). adv. en haut, d'en haut.—of, ofur, ofar, ofr, adv. —ofan, au-dessus, lent.— adj. outré; trop.—ofur, upp, en haut, prép. sus.— yppa (yppi, G. ufar;V. ubar; sur; AVA, longueur, aveo (tendre ey (p. avi, étendue, vers); qui superl. upp-himinn, le plus viole ciel au-des- prép. sur, par-dessus. ypta) élever.—yfir, — m. G. t/VsjojL. super. opinn (soujevé), souvent. G. ouvert. — optfcoupsur coup), f. opittn.) ufta; V. ofto. — um (p. umbi), iin. cLfttpr, L. ob.] [Cf. ^fij; (opin ôfztr, sur, autour, surface.—^ar_ niN s'étend), à cause; V. umpi. (s'étendre vers); L. . f. île. 'N; V. awa (prairie, Vf. awe.—Sâmsey (île du loup), f. nom Laufey (île du feuillage), de la Fionie; mère de Loki. — mvi, île au nord delà eau); 408 GLOSSAIRE. f. âge, siècle; cûm; L. aevum; G. aivs; oefi (qui est long), V. êwa (Cf. sng:). — 'oei (p. oevi), toujours; ail; G. aiv. — aeva, toujours, jamais, nulle part. G. aiva; V. êo, io. AFA, grandeur, force- V. uop homme; — TON (vouloir); (force, G. aba (fort), exercice). 3N (père);L. avus.— afi,n./oree; afi, m.aïeul,grand-père. — — A, abal (vigueur). iflr, ôflugr, m. doué deforce. illr(p. robuste, violent), m. méchant, mauvais. G. ubils; V. upil. — illa, adv. mal. IFA, être plan, être égal. — ëf (égalité, doute), iafn, m. égal. G. îbns. BA, sur, auprès, conj. si. G. ibai; V. ibu — iafn, adv. également. G. bi; V. dans.—sifii; pî; (Cf. QN). L. ubi, ibi; — ti6i a. (à toi); baibir (ensemble), dju.<poTipoi; L. ambo. MA, jraj-, ^ÔI^ (également). auprès, présent, m. moi l'an et l'autre. (voyez G. ba; 31^; a./x<pa, p. 384)- mik — ace. moi. mtï; (ceci!), fjA\ L. me; G. mik; V. mili. — minn m. mon. G. V. mînêr. meins; mîn, (mien), vër (p. mër), nous. Ace. ^rçr^ (p. mas) ; G. veis (p. meis); V. \vîr (p. mîr) ; ôrer^' (p. mayam). L. nos (p. mos) ; àppiç— or (p. vorr, qui est à nous), notre. G. unsar; V. unsarêr; L. nostér. — vit, viS (p. mit), duel, nous deux. G. vit. FA, plan, lisse, brillant. — m; <pd.ù>. fôlr (blanc), m. pale. V. valo; <fa.Koç,fsroKiùç. L.pallidus.— neffôlr, m. qui a le nez ou le bec jaune. s'étendre FA, L. sur, protection, entretien. — TT ; tsa.mi\ pascor. m. père. G. fadrein (L. parentes). faSir, fôSr (qui entrelient), — AllfôSr Odin; AiïdafôSr (père des (père de l'univers), LABIALE 409 LABIALE. AVEC Odin; HerfaSir (père des armées), Odin; Heriahommes), faSir (père des Monomaques)^ Odin; ImsfaSir (père d'Ime), Odin; ValfaSir SigfaîSir (père des combats), Vafthrudnir; du loup Fenrir), (père des héros tués), Odin; UlfsfaSir (père Loki. — môSir, f. mère. — foeSa ('foeSi, foedda), nourrir, paître. G. fôdjan ; V. fôtjan. BA, verser, répandre, boire. —cft, , <&ô&if, L. en-; usim potus. — m. bière (Bl. bibaris, birra). byrla (boisson), — ? fiskr à boire. m. poisson (Cf. verser (buveur), (byrlaSa), biôr ffcOo'ffî'JPRr;). MA, étendre sur, mesurer, compter. — HT ; /uiirpoy; L. me- , tior. n. n. temps, parole. G. mêl ; V. mahal, mal.—-ôlmâl, conversation à table. -— maela (maeli, maelti), parler; maslâst, s'entrenir. — mâlugr, mâlgr, adj. m. bavard. —maelgi,f. — mâni f. (qui barvadage excessif. ofrmaelgi, barvadage; m. lune. G. mena; V. mano. (Cf. Tra : ; /u.nv; L. mesure), mal, mensis). VAPA, agitation, bruit, clameur. — ô'-^; L. (sra^J; voco. — clameur. n. cri, oepi (oepi, oepti), crier, huer.—Vâpn, ôp, n. plur. armes; G. vêpn; V. wâfan ; vopn (cm de guerre}), Ô-ÏÏKO,.(Cf. isl. vakn). BIFA, être agité, trembler.— §rq^, ipiSo/mcu; L. V. A pipinôn. Bifor paveo; noms de Dvergues. — ' (agité), fifl (qui s'agite), n. mer (A. fîfer, fîfel); géant (A. fifelcynn, — fimbul-, devant un Beowulf, déchus, placé 1.) anges voy. : substantif,y ajoute l'idée de grand, terrible; ex. fimbultyr, jimbulvëlr. (trembleur) et Bafor 410 GLOSSAIRE. BAVA, répandre, facere. produire, JJ^ ; <pva>; L. feo, fui, faire.— ba&mr (p. baumr, production), m. arbre. G.bagms. (Cf. <fv/j.a, — harbaiSmr, m. arbre chevelu. — bûa q>vrôv). (by, biô), — bûinn, m. — Bûri habiter,préparer. préparé. (qui habite), m. nom de Dvergûe. — byggia (byggi, bygSi), demeurer, exister. VAMA, répandre, vomir, souiller..— ÔPT^; ijnw; L. vomere. vamm, vômm (souillure), f. honte, turpitude. FADA, tendre vers, — mouvement. q^ ; xî-rofA.a.r, L. im- petus. fiôSur (qui vole), f. plume, wripôv; L. penna; V. vëdara. VADA, tendre vers, marcher. — #<*</>'£<«) ; L. vadere. vaSa (veS, ôS), passer un gué (L. vadum), marcher avec — ôSr, m. véhément, peine, marcher avec impétuosité. furieux. -— ôSr (impétuosité, esprit), m. intelligence ; nom du fiancé , de Freyia. —oe<Si, n. intelligence. (Cf. $V/MÇ, impétuosité, pensée), — OSinn (impétueux), m. Odin. V. Vuotan. FATA, s'étendre, se mouvoir. L. pando; —qg-; fôtr, m. pied, jambe. G. fôtus; (enjambée), n.pas, pied (mesure), lier. — BADA, atteindre, joindre, ni"©. L. pes. —fet Tg" ; TTOUC, gj-; L. passus. sry ; G. bindan, V. pintan. band, n. lien. — haftband, liens mortels. VADA, étendre, joindre, G. viban; V. witta lien, chaîne. — vîgbônd, plur. lier. — srq^ ; L. vitta (bandeau) ; 3,; m* (bandeau); (étendre). viS (étendu vers), prép. vers, chez, avec. (Cf. mëS, juirâ.) — v&S (qui lie), n. gage, garantie. V. wetti. [Cf. L. va(d)s; LABIALE m. denier, ; Al. pfand]. —peningr (p. ved— de phant (gage). argent. V. pending, m. forêt, arbre, bois. V. witu; (entrelacé), veSia, gager.-—viSr ëra: ; ma-, o/Vo'f. — iarnviSr, oiseaux; , 411 DENTALE. F. gage;SRf: Bl. vadium-, ningr), AVEC îviSr, grand arbre; bois aux gaglviSr, de fer; myrkviSr, forêt noire; miôt— meiSr le frêne Tggdrasill. (p. forêt du milieu), (arbre veiSr), m. bois, arbrisseau. vi&r A. — moed. mistill visqueux), m. gui. (Cf. i%éç, i%ia.; L. viscus, vinda (vind, vâtt), tordre, entrelacer. F. guinder. m. entrelacé. —vinna vinn, (atteindre; vann), vistill, — mespilus). — undinn, (p. obtenir, pro- G. vinnan duire, travailler. (avoir peine) ; V. gawin; F. gain. — veiSr — F. chasse. (Cf. ÔJTW: , chasseur). (qui atteint). chasser. (Cf. Al. beizzen).— veiSa (veiSi, veidda), prendre, veggr (p. qui lie, entoure), m. mur extérieur. borSveggr, VASA , lier, attacher, G. vis fixer. f. lien, chaîne. festi, vASA, joindre, — •W<r<r<a ; L. — festa, — fixer. mur. m, vandr, attacher, âWu sra^ ; G. vaddjus. — festus. fixer. ville; (demeure), (repos). vëra (vër, var), demeurer, être. G. visan ; V. wësan.—urSr (qui était; le passé), f. la nome Urd. — vëstr (demeure du soleil), occident, ouest. Cf. oi^fd eVr/a; L. Vesta (demeure, nuit); foyer ) ; iaitipa qui préside à l'occident. (demeure, BATA , joindre, agréer. — -— Vëstri, IT^; i^£ m. Dvergue (bon). V. peziro. — beztr, m. le batists ; V. pezzisto. — bôt, f. réparation (V. meilleur.'G. — boeta, — batna G. gabôtjan. puoza). faire réparation. (batni, batnaSa), s'améliorer? betri, . convenir, ; L. vespera. 5-VASA m. , lien, meilleur. G. batizo; attachement, agrément. — G. svês (parent, 412 GLOSSAIRE. V. domestique). ÇSTR;: ; tJJVc; L. svâs suoz (agréable), (doux). (Cf. suavis). f. soeur. G. svistar; ÇôTH ; L. soror. — (parente), m. cousin, parent. — SvasuSr (qui a l'haleine systrûngr, agréable), m. père de l'Eté. systr être plié, BIDA, être vers. penché — L. (Cf. evitare, in- vitare.) bedr (où l'on couche), m. lit. (Cf. coucher de colligere). —biSia (rendre enclin ; biS, baS), prier, supplier. L. pelo. — biSa (biS, beiS), attendre. G. beidan; V. pîtan. BUDA, être appliqué, apprendre. biûoa (byo, bauS), inviter, — biôSr (bedeau). (ce qu'on être X-VIDA, kvior ôkviSinn, courbé, (courbure), téméraire, — être ? wv^ctvo/nai. ^C présenter. V. putil m. vase, hémisphère. commander, présente), penché vers, — m. frayeur. audacieux. — s'adresser. —'ÔR;. m. craintif; kvëSa (kvëS, kvaS, s'akviSinn, dresser à), parler, dire. G. kviban; V. queden; Vfr. quader. — kveSia saluer, accoster. (Cf. G. gôljan; (kveS, kvaddi), wfïteig--) MATA, atteindre, matr mund, prendre. -—sre^ (ce qu'on prend), f. main. — mundill, ; G. môtan; mets. G. mats; V. m. manivelle. Ntan, N^n. maz; TO. — — mundr, m. gueule, bouche. MADA, atteindre, metus (qui frapper; frappe), — frayeur; fôq^ , %rj mitto L.meto (lancer); (couper); G. maitan (couper. avec, entre. G. mi]j; V. mit; fxna,. — miôor m. boisson enivrante, hydromel. iTCJ. (qui frappe, qui enivre), — mëSr où l'on à l'endroit est , ; ^ pîtiv fiu&voù). (Cf. (qui L. médius; u. coupe), m. qui est au milieu. ÏTWT:; /u.iao;; mëS, prép. LABIALE — midis. ment.— moyen; adv. entre, prép. pendant, durant. mëSan, — être saisi. uz m. courage, colère, iftg;: rage), m. nom d'un des fils de Thôr. môSr, atteindre, S-MADA, smiSr ( smiSa, — frapper. smiibaSa), (être réciproque- réjoui). — (plaisir). MoSi (cou- 002/". IDEf', m. fabricant, (quiforge), être étendu, VITA, 413 n. milieu, mëSal, être frappé, MUDA, DENTALE. AVEC auteur. V. smid.—rsmiSa fabriquer. être — éloigné. fà^ ; L. divido (sé- parer). vîibr, m. large, étendu. (L. viduus, — vîtt, adv. loin. grand. m. large, être VITA, videre; étendu, G. vitan; atteindre, V. wizan; étendu, percevoir.^ <jïy, — vide.) fètfj vîtr, uJto\ L. JTP. vita (viti, vitti), avoir appris, savoir. — veita (veit, vissi), savoir. — Vitr (quisait), m. nom de Dvergue. —r ôrviti (hors de conscience), m. insensé. — Vitnir (qui veut atteindre), — Hrôôursvitnir, m. le loup Fenrir. m. Fenrir, petit fils de à l'hydromel), Hrôdur. — MiôSvitnir m. (qui veut parvenir f. curiosité. V. firiwiz. — vîta nom de Dvergue. — forvitni, — vitia (vîta, vitti; faire savoir), assigner, reprocher. (vitia, aller voir, visiter. G. veisôn; V. wisên. — veita vitiaSa), accorder, donner. — veitsla veitti, faire (veiti, atteindre), — vîs (L. proebita), f. repas. (qui sait), m. sage; vîsastr, m. le plus sage. — snapvîs, m. qui sait bien happer. — lasvîsi (qui FIDA, sait tromper), trouver. atteindre, L. offendo finna m. perfide. (atteindre); (finn, fann), G. finban (connaître); —fâ^; defendo (détourner), défendre. trouver. — finnast, se trouver, se ren- ' 414 GLOSSAIRE. contrer, exister. Fundinn — Finnr (trouvé), être rapide, 5-VIDA, se mouvoir, A. sviS (impétueux); m. nom de Dverque. (qui trouve), m. nom de Dvergue. (versé, —* G. svinbs se tourner. adroit); svindan (dispa- raître). — allsvinni (versé), m. prudent. (versé en m. sachant tout. — râSsviSr (versé en conseil), m. svinnr sviSr, tout), prudent. 5-VATA, :(f^a*[; — mouiller. répandre, G. vatô V. vvazar (eau); JJV'HV;L. sudare). sveiti, m. sueur, sang. V. swêz. — sôt (p. svët, sueur), n. suie. — suSr (humide), m; vent d'ouest, sud. [Cf. VOTOÇ ( sudV. naz.] -— SuSri, m. Dvergue qui ouest); VOTIOÇ(humide), — sunnan préside à la région méridionale. (p. suSan), adv. du sud. FAKA, atteindre, prendre. —- T5j^ ; Al. packen; F. paquet. n. possession, richesse. G. faihu; ïê (acquisition), qW;L. pecus. voir. — çcrsr^; L. -spicere. — spâkr, m. prudent, sage. V. spâhi. spakligr, m. prudent, sage. — speki, f. sagesse, prudence. — spâ (p. spâha), f. vision, prophétie. — vêlspà (vision du mystère), f. prophétie, S-PAKA, atteindre, FAGA , atteindre, pangere; percevoir, joindre, convenir. — Hs^ ; -Tniyn/ur, L. JJJS. m. (fôgur, venable). V. fagar. f. fagurt n.), beau. G. fagrs (utile, con— ITIT. (Cf. ) fegri, m. plus beau. — fâ — — ( fae, fêkk), obtenir, prendre. fenginn, m. reçu. andfang, n. réception, accueil. — fingr (qui prend), fimm doigt. fagrr, (doigtsd'une cinquième. main), cinq, M^IH^ ; L. quinque. — fimti, m LABIALE AVEC MAKA , atteindre, moekir, MAGA, GUTTURALE. , /*«%)i, /ucé^aipa.. attaquer.—/ACLW m. dague, épée. Vs. maki; s'étendre, L. magnus; atteindre, nn» A. mece. —- pouvoir. (étendre, 415 ; fuLu, tr^ y.îy&ç\ répandre). — robuste)* m. fils. mey (p. magi) — meiri m. plus grand. etmasr,fille nubile,vierge. (p. magiri), — meir, G. maiza ; V. mêra. — maerr, m. grand, illustre. — adv. plus, ensuite. —mega (ma, mâtti), pouvoir. megin, n. force. — meginligr, m. robuste, puissant. — mâttr, m. — mâttkr — moetstr force. G. mahts. (p. magtugr), puissant. m. le plus puissant. —miôk, adv. très. (p. magtistr), miôg, — mikill, V. mihhil; mikli, m. grand. G. mikils; fiîya.(\o)ç. — maint. Vf. mant; G- manags; V. mamargr (p. mangr), môgr homme (jeune nac.—hundmergir, S-MAGA, étendre, plur. rendre adj. par centaines. ténu. — O/*H%<M. m. petit. V. smâhi ; a-ftixpoç. — smoerri (p. smagari), m. plus petit. — smaerstr, m. le plus petit. smâr, VAGA, répandre, veho; dlj, vângr VIGA, êrç (ôfsT.> ôr^); ôyicù\ L. T[13. (qui être — mouvoir. en s'étend), m. champ. G. vaggs; mouvement, s'agiter. — V. Wang. fàïjv ; G. vigan. (Cf. m^.) (Cf. L. vigor.)—Gullveig (valeur veigr,n. force, âtst^. — d'or), f. nom de la devineresse des Vanes. vëga (vëg, vâg, n. combat, guerre. —vog), brandir ïépée, combattre. —vîg, n. guerre. V. vôlkwîg. fôlkvîg, (Cf. ffludowic.)— vëgr (où l'on marche), m. chemin. G. vigs ; V. wëg ; L. Via. — hinnig, — ce adv. clwmin. vâgr (qui s'agite), va. flot, hinnug, par — F. V. wag; vague. vague. vsengr (qui s'agite), m. aile. 416 GLOSSAIRE. 5-VAGA, — brandir. agiter, çd+<*v ; G. svegnian; Al. schwingen. svigr, m. épée. (Cf. svërSr). T-VAGA, laver. agiter, frotter, It. tbvaglia; dvâhila; duahàn; — bvahan; V. F. touaille. laver. — tveginn, bvô (bvoe, bvôSa), G. r3^; m. lavé. VAKA, agiter, exciter, produire. vaka (vaki, vakta, s'exciter), veiller. — vekia (vek, vakti), éveiller. — vaksa ou vaxa (vex, ox), croître. G. vahsjan; V. vahsan. —fax (qui croît), n. crinière. V. vahs; A. foex. — Hrîmfaxi.m. (voyez p. 2o4).—Skinfaxi, m. (voyez p. 2g3). ërr; G. vaian. souffle.:—• agitation, m. vent; G. vinds ; V. wint ;. 5TR£; L. venlus. — vindr, — vëSr, n. air, valyndr (vent fort), m. ouragan. orage, temps. V. wëtar. — vëtr, m. hiver. — fimbulvëtr, hiver très-rigou- VAHA, reux. VIHA, être agité, céder; L. trembler. vices V. (le tour); vê (p. veih, — (fà^tj; (mouvements), weih (cédant), *»"» (se mouvoir), cliangements; G. vikô mou. plur. n. enceinte sacrée.— m. démon. G. vaihts; V. vsettur, trembler), Viht. — voettugi (pas le diable), n. rien. Al. nichts. — feigr (qui tremble), m. lâche; voué à la mort. V. feigi. faisant voett (qui fait F-RA, avant. — ÎT; itpi\ trembler), L. pro. frâ (en ayant, s'éloignant), de, en. G. frâ; V. fra. — for, — adv. devant..G. faura; V. fora; q^T (derrière). fyrir (fyri, fyr), prép. devant, sur.'G. faur; V. furi. — fyrstr (le plus en surtout. avant), m. le premier. — fyrst, adv. premièrement, — firr, adv. loin — — firstr, m. le (G. fair-). plus éloigné. fiarri, adv. éloigné. — firrast (s'éloigner), craindre. — forôom LABIALE R. AVEC 417 adv. jadis. — framr adv. devant, fram, (qui est en avant), m. auloin. — framar, adv. plus m. supériorité. loin, en outre, dorénavant. —frami (avance), — fornn — fremstr le m. ancien. en avant), plus (le plus ancien. (Cf. ancien et antique de ante.) (qui est en avant), m. , (ci-devant), dacieux. — avancer, FARA, L. periculum, passer, — traverser. tj; ^ipàv, -x'opoç, m/pa; experior. fara (fer, fôr), passer, voyager. — faraz, trépasser, périr. — f. voyage, navire. — foera (foer<Si), far, n. navire.—for, — G. L. conduire chez. V. farjan; vuorjan; portare. apporter, freista (freistaSa), éprouver. BARA, lever, bairan; V. porter, — soutenir. cpipa; ij; L. fero; G. përan. m. bar), porter, mettre au monde. —borinn, né, apporté. — baSmr (p. barmr, qui porte), m. giron, sein. G. barms ; V. param ; A. faeSm. — barn , n. enfant, postérité. — Burr, m. nom du père d'Odin, de Vili et de Vê. fils, G. baurs; -Trop,molp; L. puer, por; 12. — brôSir, m. frère. • — beria L. Vf. férir; V, ferire; (barSi), frapper. perjan; ilcf_ ( Cf. bëra svërS, tirer Tèpèe.) bëra (bër, VARA, s'étendre ture), m*â T sur, couvrir, garder. — g ; ydpo; (couver- L. vereor (se préserver), (hcipiç (ville); Vf. garir (garder). (ville); craindre; varr, m. qui se garde. —vara (varaiSa), préserver, défendre. — {fi>âpa.yyot, gardes du corps), Varègues.] [Cf. vasringiar veria (varSi), défendre. — vër (plur. virar, firar), défenseur, homme, époux, fâr: ; G. vair; V. wër; L. vir; Vf. baron. — m. nom du serviteur de Frey. (Cf. V. baugweri, vir Beyggvir, — vôriSr, m. — — veor, m. défenseur. gardien. coronalus.) var Sa (varSaSa), garder. It. guardare. 27 418 GLOSSAIRE. D-VARA, couvrir, -— traverser. fermer, L. ^; varus, varex. (qui ferme), n. porte. ^: m. dvergue. V. dwerg; dvergr, (cf. rTÎ^ÎT : ); G. daur. — A. dwarf. (Cf. ufrèf:, qui dyr garde l'entrée.) T"-VARA , couvrir, byrma 5-VARA préserver, épargner. épargner, faire (byrmaiSa), , répandre, tirer, saur (p. svar), boue, presser. grâce, —CET; limon. épée (Cf. AI. schwirren.) S-PARA, répandre, spor (fente), chercher, MARA, (se répandre, briser), —svôriSr, (p. svar, andsvar (réÇ3T: ; aépjx.a.\ L. sun. serment. — mein- n. trace. — (Cf. sur. diviser, mourir; — mourir m. brandi), f. (répandu, les eaux stag- noir. (Cf. L. sordes, (spyrSa, sporna Ipn-)— Vf. dans —FTIT: spyria briser. (tiré, m. et svôrS, plantes qui croissent — svartr (couvert), s'obscurcir. séparer,fendre. interroger. des traces), marcher avpu. — sâr (Cf. trop/vut.) n. douleur, blessure. — qui presse, qui pèse), n. réponse. (Cf. lâché contre), pandu, — soeri surras.) (réponse, affirmation), m. parjure.— svërSr svarr, meinsvari, couvrant), gazon, nantes. (Cf. ôn^r:.) — sortna, surdus.) respecter. ÎT, if; [tuer), (large); a-wiipa. suivre les traces), (spornaSa, laisser ptîpoç; L. morior se marir (se chagriner.) mar f. mer. L. mare; G. marei. (Cf. srrf?.) (répandue), m. frêle, tendre. (Cf. 3T/3':-) — morS, mior (fragile), meurtre. [Cf. /uâproç (/iporoç), mortel.] MALA, L. répandre, molere. aplatir, broyer.— 5TwT: (boue); — n. /U,V*MIV; LABIALE L. AVEC 419 mel (broyés), n. pi. mors de cheval. — miôlnir (qui broie), m. marteau de Thâr. — mold (broyée), poussière, terre, la terre. YALA, répandre couvrir, — cacher. ôi^Çi^; L. velare. f. mystère, fraude. (Cf. Vf. guile.)—vala, (cachée), f. devineresse. — vôllr (étendue), m. champ, plaine. — vêl vôlva, vôll, sur, f. champ. FALA, étendre, couvrir. — &pT: (étendu), grand; L. fallo. n. caché. fêla (fël, fal, fol), cacher. G. fiîhan. — folginn, — —Fili (filou), m. nom de Dvergue. (Cf. Bl. fello; Vf. félon) — fiall est m. nom d'Odin. Fiôlnir caché), (p. fiais, qui (qui (étens'élève), rocher, montagne. V. felis; Vf. falaise. —fold — fullr à ras de bord), plein, rempli. f. terre. (couvert, due), — fiôlld, — fiôlld f. adv. beaufoule. (Cf. xba-) (étendue)', — fleiri, G. 7TOM; pi. L. plures. —fleira, (Cf. filu.) coup. adv. plus. — fylla (fulda), remplir. BALA, étendue, grandeur, force. — L. moles. siçrr_ ; /X-O'AOÇ; m. nom de géant. —Baldur (héros, prince), (fort), m. et baldni, m. fort, counom d'un desfils d'Odin. —ballr, Beli (Cf. Vf. baud; pression), n. malheur, rageux. bûcher. V. puol. VALA, étendue, G. batys; V. bald.) mal. (Cf. L. malus.) —bol (force, op— bâl (amas), n. (Cf. L. moles.) force, excellence. — fiiAricov, L. valere. — valr va. fort, un des d'Odin. m. (grand), fils (gpnd), héros étendu mort. [Cf. V. wâl (L. strages) héros; (étendu) m. volonté, vili (tendance), D'S'SJ géants].— grand; J^ nom du frère d'Odin. — vilia (vilda), vouloir. lhovxafA,cu; L. velle; G. viljan; V. wëllan. —- velia, valda (juger excellent), Vali choisir, choisir pour donner. — valldr, valldi, m. puissant, 27- roi. GLOSSAIRE. 420 — valida la puissance), produire, causer. '— falla (fel, fêl, s'étendre), tomber, voler. [Cf. (hâ-Khai (répandre)-, — fellia, fella (felda), faire Ss3 tomber.] (répandre), jeter; tomber, laisser tomber. «S-Vala, avoir olli, (velld, — effervescence. gonflement, V. suëlan ?g^; (être ardent). m. froid, frais. — Vindsvalr (ardent), (vent frais), m. nom du père de l'Hiver. —svëlga(svëlg, svalg), consumer, avaler. — hroesvelgr (qui la charogne), m. aigle. engloutit svalr •— svëlta (svëlt, svalt, se consumer), être — svëltast, se mourir de faim. (mourir). étendre, 5-PALA, séparer, — fendre. affamé. G. sviltan a^nhcuav. çq^; tuer, faire injure à. —'—muspill corrompre, spilla (spillta), le monde dufeu, (qui détruit le bois ),feu (cf. Is. lindar-vabi), — spialla Muspilheim. (épeler), parler. (Çf- Al. sprechen et — n. parole, discours. brechen.) spiall, FANA, étendre, répandre, flaquer. fen (flaque), n. marais. V. fenni; A. q^F; TTIVOÇ;G. fani; faenn. (Cf. V. fang; Bl. fangus ; F. fange.) —fana (déployé), — Fenrir de pando.) étendard, drapeau. (Cf. L. pannus nom du fils de Loki. [Cf. V. gundfanari (porte-drapeau), porte la bannière (qui BANA, étendre, du combat) atteindre, ; It. gonfaloniere.] — frapper. ÔPT ; G. banja (blessure). bani — (qu:'frappe), bein (étendu, tendre VANA, vanr van), vers, (désirant), f. manque, m. la mort, désirer. malheur. (Cf. çovoç, yovtvç.) n. os. A. bàn. roide), m. meurtrier. — ôt^; manquant, ôvjvnpih dépourvu. (Cf. 3?T.) —ô-, ô-, — va, vo (p. néparticule LABIALE N. AVEC 421 — von, f. — vinr ex. : ôretlr (injustice). espoir. — una — m. ami. se (undi), (désiré), réjouir. yndi, n. ré— ôfund f. inimitié, haine.— jouissance. (non-réjouissance), gative; voenn, m. beau. —ôsk MANA, incliner, (p. vonsk), vouloir, songer. attention); ^.îva> (s'incliner (attendre), rester. muna f. voeu, désir. (Cf. ollo^l.) — nrrçr (inclination, L. attendre; vers), maneo le futur vouloir, songer, (exprime mundi), comme fÛKKoo), se souvenir. — mannr, maiSr, m. homme. — minna (minda), rappeler ; L. moneo. MANA, (man, s'étendre, briller. saillir, — 3TOT;L. mineo. men (brillant), n. bijou. ÎTRÏT; fuLvaç; L. rnonile. f. crinière; V. mana. (luisante), MINAV être étendu, minni mince, diminué. — L. minuo; plus mince), plus petit. L. minor. n. mal, douleur. dommage), (p. minri, (diminution, THÈMES TA, particule — mon [A.IVJÇ. — mein COMMENÇANT PAR UNE DES DENTALES T, D, p, S. ce. (Voyez démonstrative, p, 385.) it, iS, cela; L. id. — bâ, là, alors, où, lorsque. — |?at, cela, ce que. — beir, eux. — boer, elles. — bau (n. duel), eux deux. — baiSan de là; To6êi'. — bar, ici, là. — bars, — bvîat, — — bvî parce que. parce. lorsque. (instrumental), — bëssi, m. (bëssi, f. bëtta, n.), celui-ci..— bëgar, aussitôt. bô (bôat, bôtt), quoique, bien que, néanmoins. Tu, particule bû, jus; tu, V. îr; néanmoins, g; démonstrative loi. — L. vos binn, V. doh.—bô-ënn, de la seconde m. (p. tvos). tien, — personne, ton. — bër, ySr (p. là! êr, vous. G. bySr), m. votre. GLOSSAIRE. 422 V. G. izvar; iuwar; L. vester. — it, i<S, (p. bit), vous deux. TA, particule démonstrative de la troisième personne, lui! — briSi, m. troisième. — (briar, f.), pi. trois. adv. trois fois. — sex (p. tat, trois-trois,) six. 5PJ^; brisvar, ey»*». — siôtti, m. sixième. — fiôrir (p. ma-trir, un-trois), —- fiôrSi, m. — âtta duel quatrième. (p. ma-trau, pi. quatre. de ma-trir). huit. —âtti, m. huitième. — siô (p. ta-matrir, m. brîr, — siôndi, m. septième. — sa, m. ce. — trois-quatre), sept. su, f. cette. — sinn, m. sien, son. — svâ, adv. ainsi. V. sô. adv. comment, combien. — sem (de même), adv. —hversu, G. sama; è/xoç, d/jta.; L. i-dem; Comme. (Cf. ÇPT:, îT, Jë^: — ër L. cum.) — saman, adv. ensemble; Ô/ULOU. (lui. G. is; ex.: V. ir; L. is), que, s'ajoute aux pronoms démonstratifs; lorsque; ër (p. bâ-ër), (p. bcer-is), elles qui. bâ-ër, ATA, mouvement at, vers, lorsque; atteindre, vers, afin de, pour, beir-ër, joindre, chez, gf^r; eux qui; toers lier. L. ad; G. at; V. az.—at négation), ajouté au verbe, exprime la négation. (disjonction, (p. -at), exprime [Cf. F. pas (de passus) ; 33"-(p. an) ;' a.-.]—a la négation. —andvers), placé devant les subs(direction l'idée de vers, contre, sur; ex.: aadlit, tantifs, exprime L. ante; G. and- ; V. ant-. — und, undir — undar, adv. de dessous. — unz (vers le dessous), sons. ce que, avant que, lorsque, alors. (Cf. G. (vers ce), jusqu'à untî; V. unzi.) —-eiSr (qui lie), m. serment. —iSiar (touffes), — eimr, eimi f. verdure. vapeur, fumée. (Cf. pi. (p. eiSmr), andsMtr. a%; wnl; snrTôr..) ADA, atteindre, aSal (qui prendre, posséder. est en propre), n. —Wl. nature, naissance. V. adal DENTALE. 423 — ôSli, n. edili (noble). n. condition. —auS, (famille); allôd (possession entière) ; richesse; V. uodal (patrimoine); Vf. alodes, aleud. — auSigr, m. riche. — Bl. allodium; ôau&gr, m. pauvre. atteindre, ATA, blesser, — ronger. m^i a^, î'Aiv; L. edere. m. iôtunn, géant. eitar. (Cf. V. eit (feu), — s'élever. — ûtan, adv. dehors. — adv. ûti, ronge), (qui n. pus, venin. V. 12/x.) de là! hors, sortir, ÏÏTA, eitar 3fT, 3Ç^. à l'extérieur, dehors. — itr (p. utar, le plus au delà), adv. très. (Cf. 3rT('., 33T(: ; — m. sommité, utar, virrtpoç.) —iaSarr extrémité), chef. (p. ur, or, ôr (p. us, ut). L. ex, de. — ôrr (hors de soi), m. em— ausa (eys, iôs), verser, puiser. L. h-aurio. porfêr, prompt. — ausinn, m. arrosé. — eyra (qui sort de la tête), f. oreille. itar, G. ausô; reille), répand) vert de ârôs.n. >rx. — avç; L. auris; prêter l'o(heyrSa, écouter. G. bausjan; L. audire; |WH. — aur (qui se m. goutte, rosée, poussière, terre. — aurugr, m. courosée. — ôs (qui s'ouvre), n. bouche. L. os. (Cf. *u«i.) source ou embouchure de rivière. — austr (saillant, m. l'orient. 35fH/, avâç. — austr, adv. à l'orient. brillant), — austan, adv. de l'orient. h-eyra — unn (p. und, qui se répand), V. unda; G. vatô; V. wazar, f. onde [Cf. 35;; vj)up; L. unda; wâzen (se répandre) ; L. odor, odeur.] DA, là! placer, poser. — H1; T/GM/X/; M (loi). m. adultère. —dômr, fordoeSa, forfait, pensée, sentence, chose. fcfFPT/, G. doms; V. tuom; §îf/,ic, L. — — hôrdômr damnum. (chose d'adultère), fornication. dâS, f. action.— doema (doemda), 5-TA, placer, juger, dresser, penser, parler. fixer. — çqr; ïtrryifM ; L. stare. 424 GLOSSAIRE. standa (stend, stôS), être placé, être debout. — standandi, m. levé, élevé. — staSr, m. place, endroit. — stoS (dressée), — — f. pilier. sty&a (styS, studdi), ètayer. s'tyri, n. gouvernail. — styra (styrSa), tenir le gouvernail. ASA, fixité, permanence, existence. force, . ëm (p. ism),je suis. =9^; (<rrl; L. esse; aram, WN, Br»; f. — sannr (p. esandr, étant), m. vrai. WH'.j A. sôS.— ,lj — as (p. ansr, robuste), m. dieu, Ase. âsynia, f. déesse, — askr m. frêne. —îs Asynie. (robuste), (solide), m. glace. — iarn Su, (p. isa.n,.dur), répandre, produire, n. fer. (Cf. 5TO^; L. aes.) va; L. udusi verser.—g; m. fils. (Cf. HrT; L. satus.) — sveinn, m. garçon, —- soi homme. jeune (p. savil), f. soleil. G. sauil; V. suhil; A. — n. bijou, collier. sigil, L. sol; yOn . sigli (petit soleil), — sumar, n. été. — sa (Cf. wyyrW-) (sâi, sâ&i), semer. (Cf. — ôsâinn, L. m. non ensemencé.—soer, fftva; sero.) ^; sonr, siôr, m. mer. être TIVA, étendu., saillant, brillant. — f|a^- f. table, tablier. L. tabula. — tefla (teflda), jouer aux tables. — tyr (éminent), héros, dieu. gcT; Beo?; L. deus.— tivor, m. sacrifice, victime. V. zëpar; A. tifer. tôfl, •S-TAPA, roide.fixe. allongé, stafr (roide), renverser, détruire.. TAMA, joindre, timbra timrjan arranger, SIFA , être sif, m. adapter, bâton, lier. — ÇrT»T ; inwo?; base, sujet. — —çrr stupor. steypa (steypta), ; Jk/nâiv. une charpente, construire. G. — tornt, toft, topt, f. enclos. -î-'semia (samdi), — sumbl n. festin, h. symbel. (réunion), apaiser. (timbraSa), attaché, f. alliance, faire — Ha^ ; irifiai. respecter. — sëfi, m. ardeur, parenté. courage. DENTALE DAMA, lier, dimmr J)DMA, être ou dimmi, émoussé, G. dumbs. îW^; m. obscur, noir. être tronqué. m. pouce. V. Jjumall, — troubler. entraver, — dûmo. pouce d'un ]?umlûngr,tai. f gant. SATA, 425 AVEC DENTALE. s'asseoir. pencher, —ÇHT; *flD. î'Jbç; sitia (sit, sat), être assis. L. sedeo (jvjsr'). — sëtr, n. siège, résidence. — sëss, m. siège. — siôt, f. demeure. tendre SADA, vers, marcher, — pencher. niï. Tfif, — sinn n. (marche), (p. sindi, penchant), n. faveur. — sendr moment, fois. — senda (sendi, envoyer. senda), — sandr, m. sable. — senna, f. dispute. (p. sendtr), envoyé. sinni SADA , atteindre, remplir. se£ia (sadda), être SIDA, — large, pour après que, depuis seiôr, m. magie. être TITA, large, satis. rassasier. G. gasô]>jan. prolongé. siSa, f. côté, Jlanc. "j^. — adv. (prolongé), après, tard. prép. après, çrç^ ; L. ne pas. — sîSr, m. lâche, fiasque. —siS, — sîSr, adv. moins. — sîSar, adv. ensuite. — sioast, sîdan, que, puisque. lâche, mou. — adv. siost, tit —A. le moins. — (teton); — (relâché), m. joyeux. V. zeiz (délicat). n. temps. fô«r.' ; V. zit. — tiSir mik, il me tarde. teitr SAGA, répandre, amollir, affaisser. — f^r,; Tft. tiiS (long), G- gasigan. — tomber. V. sîkan. sîg, m. combat. sîga (seig), s'affaisser, — — — sigur, m. victoire. Sigyn (p. sigvin), nom de femme. sinka (sëkk, sôkvast, s'ensôkk), s'enfoncer. G. sigqvan.— 426 GLOSSAIRE. — sûga (syg, saug), sucer. sahtr, rassis), m. paisible, ami. foncer. J>AKA, étendre — sur, couvrir. — ]jak, n. toit. Vf. tecque. — jjaktr, m. couvert. cacher. J)AGA ^couvrir, — tendre ]>ekia (]?akti), (p. "pD. couvrir. L. tegere. 55JTTC; ciyda>; L. tacere. (]>agna<5a),.se taire. }>egia (]>ago"a) et]?agna TAKA, rîyoç; rrsr/, — sâttr L. sugere. vers, toucher, tôk), prendre. —- prendre. "^ï; Jix.ofMu; L. tango. taka (tek, TAGA , saisir, pincer. ^w_ ; S"cLwa>.. qui mord, tiugari,m. tendre SAKA, — vers, mange, engloutit. — attaquer. G. répandre, — dissoudre. gisachan. — soekia (sôkti), sôk, f. procès, cause. •— sakast, s'attaquer. chercher. G. sôkjan. DAGA, V. sakan; TH'XÙJ. f. rosée. V. dau. — deigia, jfîZfe, servante. (Cf. suéd. A. hlâfdige). — deyia (dey, dô), mourir. , mjôlkdeje; dôgg, DUHA, tirer, dôttir, DUGA, traire.— {.fille; atteindre, être utile, J>y (p. f>ihu), foule, peuple. G. tiuhan. ducere; <ï1%J; QvycLTYip; G. dauhtar. pouvoir, duga (dugSi), valoir, qui mérite confiance. JMGA, L. ^; prospérer. servante. valoir. —"nv^a, être utile. — —G. beihan. — Jnônusta, TvyytLva. dyggr, m. vertueux, f. service. — J?iôS, f. DENTALE AVEC <-^r briller. TUKA, surgir, fant); nnï (briller), tungl (brillant), GUTTURALE. ; jp^ (briller) ^ 427 — TO'XO?(en- n. lune. briller. DIGA, percer, — f^C,. poindre, — î dagr, m. jour. ârdaga (à la pointe du jour), adv. . autrefois, jadis. — dellingr (p. deglingr, petit jour), m. crépuscule du matin. J)IKA, percer, paraître. — rVp (parler, penser). ]>ing (pensée, parole), n. délibération, assemblée délibérative. — ]?ykia (]?ôtta), penser, être estimé, passer pour. — )>akkir, plur. f. reconnaissance, remercîments. SIGA, être aigu, percer, voir. — scio (avoir vu), savoir; chald. ^tâoju.cu; L. sica, secare; JOD, njnsr". ~ T : T siâ (se, sa), voir. — syna (p. sihona),yàire voir. *— synast — (syndast), paraître. saga (ce qu'on sait), f. histoire, narration. (Cf. L. sagax, sagus.) — segia (sagSi), raconter, dire, parler. S-TIGA, piquer, laisser des traces, marcher. — arti^a. — stëkkva (stëkk, stîga (stîg, steig), monter. stôkkva (stôkk, staukk), sauter. stôkk) et — u; marcher. dépasser, Tii'pa>; L. terere; ; in , lia/. — S-TARA, répandre. — sj; jb' (marcher) <rropiù); L. sterno. TARA, répandre, L. Stella (p. (répandue), f. étoile. Ç7T7:; OWTH'P; — strâ — straumr, m. torrent, sterula). (répandu), n. paille. fleuve. — strônd (qui s'étend), f. rivage, côte. stiôrna DARA, répandre sur, précipiter. obscur. (terne), — y; A. dëark, dearn ' 428 GLOSSAIRE. undorn n. après-midi, (non obscur), A. undarn V. untarn (midi); (matin); se précipite), n. bête sauvage, animal. soir. G. undaurni — (midi). dyr (qui V. tior; 0m>; G. diuz; L. fera (furere). TALA, étendre, (être JJI> til, lâcher, b'DH long); (talda), bavard. (Cf. compter, Vf. tule, étendre, DALA, dails ; V. urteili répandre, par renverser. terre), tant. — tal, ; A. — diviser. séparer, dalr (séparation), SALA, (étendre TS'AUC;- (atteindre); ustensile. n. instrument, tôl, —FT^r. n. nombre, discours. — raconter, parler. — )>ulr, m. conteur, n. concorde, paix? — entule.)—tilt, au point, jusque, telia séparer. ordâl ; Vf. reposer. talea; G. ordalie. m. vallée. — deiïa lâcher, L. 5^; — (deilda), partager. ÇRFJ^; d'xç; L. solum; rhvf. demeure, salle. ÇRvî:. — selia (selda, lâcher), donner, vendre. — saell (qui est au large), m. heureux. L. — vësall, m. malheum. heureux. salvus; VjEf-— saelligr, rarement. G. reux, pauvre. — sialdan (répandu, disséminé), siîdaleik (extraordinaire).— souvent, fréquemment. ûsialdan, m. salr, être élevé, JJULA, L. tollo; être au niveau. G. bulan; — bbf\. ]?ollr (qui s'élève), m. tronc d'arbre, nom d'Ase. ]?allr (souche du monde), 5-TALA , élever, stôlr, J)ANA, dresser. — m. siège. V. stuol; étendre, r^à-oo (soulever); 3^; allonger. — çq^ arbre, pin. — Heim- ; ariKKco. Vf. faldestuel rFT_; nlvca; (fauteuil). L. tendo; |JFi. GUTTURALE. 429 (p. ]?onarr, ]>inurr (long), m. sapin, arbre.—pôr le dieu du tonnerre. (Cf. rdvoç; L. tonare; £FT_.) tenir. — L. teneo. retenir, TANA, étendre, tonnerre), — n. A. town. cour. V. enclos, zûn; renferme), (qui — tein (étendu), tông, f. tenaille. V. zanka; L. tenaculum. m. baguette, rameau, jet. V. zein. tùn THÈMES PAR UNE DES GUTTURALES COMMENÇANT K, KE, ceci. (Voyez G, H. p. 388.) moi. L. ego; Vf. jeo; G. ik; V. ih. — ok (p. ik, iok, ceci, aussi!), et. G. jah; V. joh; L. ac. — okkar (duel dat. et ace), à nous deux, nous deux. G. ugkis; V. unch.— ëk (ci!), je, — votre. G. vous de V. incharêr. deux), (duel, igqvar; ykkr hann, m. lui. — hun, hon, f. elle. — hinn, m. (hin, f. hitt, — hitt n.), celui-là. (cela), prép. aussi, c'est pourquoi. —hêr, adv. ici. F. hourv'ari (ici!). — hêoan, adv. d'ici. — hvar, m. oç; L. quis; G. hvas; V. huer. —hvî n.), qui. gïHj comment. (Cf. L. quî.) — hvê en quoi), pourquoi, (locatif, — hvaSan, adv. comment. V.'hviû. instrumental, ( par quoi), d'où. — hvar, adv. où ; hvars, partout où. — Lverr, m. (hver, L. quis, 2. chacun; f. hvert, n.), 1. lequel (entre plusieurs). (hvat, m. (nokkur,f. nakkvart, n.), hvarjis.—nakkvar, L.quisquis;G. — hvârr, m. quelqu'un. (hvâr, f. hvârt, n.), lequel (de deux). — hvart si. — G. hua]>ar; V. huedar. (L. utrum, num), -hvan (-hun, -gun, -gi,-ki), particule suffixe interrogative pas une chose), rien, (quand? jamais), pas.—eigi (p. eittgi, — ekki — rien, pas. mangi (pas un homme), (p. eittki), pas. — nulle personne. —hvergi part. siâlfgi, (pas quelque part), — — pas elle-même. aldregi (p. aldr eigi), jamais. J^igi (p. — ne )>ô eigi), bien que pas. 430 GLOSSAIRE. GA, ci! —— JTT (/3*Û>). G. gaggan.— (a^); mouvement. direction, aller gânga(geng,gêkk), ginn (en allé), m. trépassé. —gânga, AGA, mouvement, OEgir agitation. (agité), m. — océan, f. marche, 57^; framgen- route, voyage. a.ya>; L. ago. dieu de l'Océan. —- afl (p. afn, Wignis (^1, ogn, qui s'agite), m. 1. feu. *|ÎH ; L. G. auhns; V. ofan. — angan (qui Zer), 2. fourneau. n. plaisir. — âtt, aett (direction, respiration, parfum), ovn, s'agite, ligne), f. lignée, race. V. êht. mouvement, AKA, étendue, surface. — L. oequus, sequor. â (p. aka, surface plane), f. eau, fleuve. G. ahva;V. âha;L. — akarr, m — aka (ek, ôk), avancer. aqva; Vf. aiguë. arpent, champ, àypoç; L. ager; G. akrs; V. ahhar. —aetla (p. aktila. L. in animo ahjan; V. ahtôn.) mouvement AGA, à àtova (présenter acus; V. ecche; volvere), travers, penser, se proposer. — percer. la pointe, l'oreille), (Cf. G. gsr ; àx.vç, écouter. àw, L. acer, |!(i, iôr (p. ihvor, rapide), m. cheval. 3T|p ; /Wo? (p. ikpos); L. — n. oeil. îrf%; ôxof ; L. auga (perçant), eqvus; Vsax. ehu. acîes, oculus. — hvitr ou hviti (perçant, éclatant), m. blanc. StrT: ; G. hveits; V. wit. — hvatr, m. ardent, véhément. V. hvas. — hvetia (hvatta), aiguiser, exciter. conduire, AGA, —- TST ; é"£w' ^- aigan— avoir. V. eigan. posséder, eign ou éiga, porter, eiga (â, âtti), avoir. f. possession. (Cf. kstugr, heilagr, KAPA, mouvement kaup vers.— etc.) L. capere; (tp, main). n. achat. —kaupa (kaupi, keypta), acheter. (Cf. acheter, de acceptare. L. emere, prendre.) (prise), G. kaupan. sur, tendre auSigr, GUTTURALE tendre GAFA, LABIALE. AVEC — donner. vers, A. 451 F. (tribut); gaful gabelle. gëfa (gëf, gaf), entourer, autour), (étendre de la virginité. HAFA, étendre, G. giban; donner; élever, V. prendre. umgëfa f. déesse —Gefion, envelopper. — — këpan. 23 (élévation), ^^; m. haute mer. — hefhd — hefia (hef, hôf), (étendu, haut), soulever. — hafa (héf, hafSi, avoir soulevé), tenir, entretenir, avoir. L. habeo. — haft, hapt (qui tient), n. lien, chaîne. — hof (qui contient), n. enceinte, temple. (Cf. KHTO?.) —hôf, n. — hôfuS n. mesure. (contenance), (élevé), n. tête. ^TTçFr; haf L. caput; G. haubib. — hefna vengeance. (hefnda), KupaAil; GAPA, étendre, 3J- distendre, (L. causa suscepta), venger. fendre. —?n^; yja. (trou); . . — n. abîme. (Cf. Xotof.) geipa (geipta), gap (qui baille), — ouvrir la bouche, bavarder. (Cf. =Em^, ; ^atuco.) gifur (L. — m. avide. f. plur. 1. rochers, gifur (bâillements), inhians), 2. géantes. 5-KAPA, tailler, skâpa (skep, skôp), créer. — skôp (créés), KAMA, tendre —V. fabriquer. vers, scuof (pOëte). — créer, fabriquer. skepia n. plur. destinée. venir. — KO^OI (faire (skepiaSi), venir), con- duire. kôma qviman. (p. kvëma; kêm, kom), venir, venir avec, amener. G. chemin.) (Cf. Vf. cemin, HAMA , étendre hamr ciel. — sur, couvrir, courber. — himinn m. (qui couvre), peau. (qui couvre), m. m. couvert, domicile, monde. (Cf. x.a>/u.n,KO.heimr, GLOSSAIRE. 432 -— m. nom F. hameau.) (couvert, sombre), fjdpa,; Hymir m. marteau, foudre. d'Iote. — ? hamarr, (Cf. SF3T:, SP*r W*J ', marteau.) foudre, GAMA, couvrir, — incliner. courber, gî^; Ka.fA.Tru; L. hamus. — n. gaman (inclination), plaisir, jouissance, jeu. gamall, vieux. V. kamal.—Bergelmir vieillard, gamli (courbé), (tout nom de géant. — Orgelmir nom de géant. vieux), (très-vieux), — — prûbgelmir (fort vieux), nom de géant. gumar, guninar (qui L. homo. kumo; KATA, couvrent, étendre, ketill (qui (Cf. catinus, HADA, héros, hommes. G. protègent), — Gymir couvre), (qui — prendre, contenir. contient), m. chaudron. atteindre, prendre. — ^Ï£_. G. ketils;^V. chezzil. n3.) X.<*-ÇÙ),%a.v<hi.va>; L. -hendo. hônd (qui prend), f. main. G. handus. (Cf. ^ÇrT: yjUil.) m. manchot. — hundraS einhendr, (p. tîutihundraS, fois deux centum, 10 x 10 doigts), — tîu têhund. mains ou G. taihun, 10 doigts), dix. S^PT^; m. dixième. zëhan. —tîundi, GADA, ivvta.; neuf. -|c)-j^; atteindre, — dix n. cent. SHT; s'Suww; L. deux mains (p. tihund, G. taihun V. <JYxoc; L. decem; •:= dix), V. nom de géant. x.a.<fbç, àxceroç; G. kas; caclus; guma; joindre, — L. novem. nîu — (p. untîu, nîundi, manquantm. neuvième. lier. (convenable, apte), bon. G. gôds; V. kuot. (Cf. m. mauvais.—gunnr, dyatiâç.)—ôgôSr, guSr (L. congressus), V. chundfano combat, guerre. (Cf. (gonfanon, gonfalon). — — m. enchantement. charme, gan gyj .) gandi (qui lie), gôSr (p. gand), magie. (enchanteresse), GBDA, être — — gandr (noué), m. serpent. nom de Valkyrie et de Nome. convenable, intègre, pur. —— sra^, Gôndull sra^. DENTALE. GUTTURALE-AVEC n. divinité, goS (pureté), dieu. ' recevoir. atteindre, GATA, 433 gat), recevoir, concevoir,' songer, penser à; tfmdonner à quelqu'un, gêta, f. conjecture, gëtaeinom, opinion. — gaetast, s'entretenir, discuter. — gëS (qui pense), n.' gëta (gët, — m. doué d'un esprit frôibgëSiaSr, — gestr (p. gatslr, qui reçoit), hôte. G. gastr ; V. gast; L. sage. hostis (étranger), ennemi. [Cf. hospes, (p. hospits); qui demande réception. ] — gisl (p. gitsl, qui est donné), m. otage. — . gisling, f. otage. V. esprit. HATA, kët; f%FT_. atteindre, hiti (qui frappe, et L. cellere, (froid) tomber frapper, sur. —L. m. pique), caîare, coedo, cado. flamme. [Cf. kaldr —heita hêt; L. (heiti, chaleur, calere.] — esse), s'appeler, adpellatum appeler, ordonner, menacer. — haettr hitta (L. incidere in), rencontrer. (exposé au coup, — haetta m. périlleux. sur, entraver), chanceux), (tomber cesser. * S-KITA, couper. frapper, skaidan; skîS V. — riOT, scitôri; (fendu), n. tablette «%/Ç»; f^r; L. scindo; G. f¥p. de bois. —: SkaSi, femme de Niôrfcr. GHTA, frapper, lancer. pousser, — w. ; L. -cutere. G. giutan. cheval, àrc:; yïd.Mi :. —reiSgoti, m. goti (lancé, rapide), cheval de selle. [Cf. skiôti, reiSskiôti (cheval); skiôtr, rapide.] S-KUTA, skiôtr pousser, (lancé), lancer, jeter. Wi^; — skiôta rapide. sciozan. — andskoti, m. lancer. V. skutjan, sur. — skot, n. tir, (Cf. L. scateo.) tirer, (skyt, skaut), m. qui tue en tirant coup. 28 434 GLOSSAIRE. GDSA, être lancé, V. jesan, (tomber ^ en gouttes), . srç^ (bruire). geysa — bouillonner. (geysta), jerian. bouillonner. — ioll (p. [Cf. geysir(qui gurl,? bouillonne).] colère, effervescence), dispute. KUSA, convenir, L. gustus. sp^ ; yivtiv; goûter.— kiôsa (kys, kaus, goûter), choisir. G. kiusan; V. chiusan; F. choisir. —Valkyria (qui choisit les héros), Valkyrie.— kosta (kostaibi), goûter. G. kausjan; L. gustare. — kostr, m. choix, nourriture. — kûra (ce qu'on goûte), f. repos. — kyrr, m. tranquille. HAGA, — kyrra — s'étendre,-joindre. (enclos); Bl. haga; tranquilliser. (kyrrSi), Vf. KVK\OÇ; L. l'haie cingere; V. hag (Saint-Germain-en-Laye). — hoegri hônd (main plus habile), hagr (apte), m. habile. main droite. [Cf. L. dextra; çiWT (faible), main gauche.] — — volonté, esprit. (désir), hugr hyggia (hug&a), penser, ré— G. huhrus; V. hungar. hungur (désir), n.faim. fléchir. — n. colline. V. houe; Vf. hogue, hoge. haugr (élévation), — hâr (hâr, f. hâtt, n.), m. sublime, nom d'Odin. (Cf. G. hauhs; V. hoh.) — hâtt, adv. haut. — hâ- (particule pré— heior haut. m. excellence, honneur. (hauteur), positive), — HeiSr élevé), f. lande, nom de femme. G. haij>i. (terrain — ? Gygr 5-KAGA (élévation, , avancer, montagne), saillir, hérisser. f. géante. — V. skahho (langue de terre). nom de —Skôgull (hérissée), Geirskôgull (hérissée de lances), nom de Valk. Valkyrie; — — skegg (velu), n. barbe. skegg, skeggia (en forme de — ? skôr (p. f. hache. Cf. hellebart barbe), (hallebarde). skôgr (hérissé), m. forêt. GUTTURALE m. soulier. skôhr), ski, m. gant. atteindre, HAKA, R. AVEC — handskôr, G. skôhs; V. skuoh. tailler.— frapper, 435 ppn; J*! 3^ hand- (bri- ser). hacher. —- NiShôggr hôggva (hôgg, hiô), couper, frapper, nom d'un serpent de l'enfer. (qui mord avec colère), m. 5-KAKA , choquer, pousser, répandre. — prvv. skekia choquer, secouer. Vf. eschacher. — répandre ), verser à boire, donner. V: scenhan ; skôk), (skek, skenkia ( skenkta, Bl. scancio ; F. échanson. Vf. chinquer; s'étendre, HARA, — courir. répandre, =^; L. curro; -1313. hôrr HARA, (coureur), s'élever, m. adultère. croître — ^; G. hors. f; in (qui s'élève), mon- , tagne. n. cheveu, chevelure. (Cf. L. hbrror; F. croît), armée. hérisser, haire.) — her (qui s'accroît), n. multitude, G. hàrjis; V. heri. (Cf. Al. herberge; F. alberge, auberge.) — — combattant. (Cf. heri (qui est de l'armée), ; yâpp.a..) Pt>T{: har (qui einheri,m. nom d'Odin. monomaque. (Cf. V. einwic.) —Herian (guerrier), sanctuaire), m. —hôrgr (qui inspire l'horreur, bois sacré.—'horn corne, prj; sr^; xÀpag; (qui s'élève),'n. L, cornu. —hiôrr (qui s'élève, pointe), m. rocher, èpèe. G. f. troupeau. (Cf. F. horde, harde; Vs. hëru. —hiôrS, — hiriSir, m. — de Vf.horde.) gardien troupeau, gardien. haror, m. dur. — hart, adv. durement, fortement; netprct. hairus; L. certus (ferme), sur; credo STrJ^(fermeté, confiance); — herSi (p. certdo).] (dure, forte), f. épaule. V. harti.— hiarta, n. coeur. L. cor; x.ctp<fïct; f^,. (Cf. F. hardi, qui a du [Cf. coeur.) 28. GLOSSAIRE. 436 s'étendre, GARA, atteindre, ; yt'tp. prendre.—^r: L. (p. garva, giôrSa), manier, faire, ch^ft; xpâouai; creare; V. karawan. — giôrr (fait), m. préparé, apte, habile — giôrva, adv. entièrement, complètement. (Cf. F. guère, V. adv. pleinement et entièrement. karo.) —fullgiôrva, —giôr— adv. liga, giôrla, parfaitement. giarn, m. enclin, avide. G. gairns; V. kern, kër (désir). — garSr, m. enceinte, enclos. giôra , V. It. giardino; karto; hara; ly, mp, (ville Novogorod dangeard — garn, F. jardin; %O/>TO{-;L. cortis, hortus, (Mons Belligardus); -vp. [Cf. Montbelliard — m. la terre. A. midneuve).] miSgarSr, G. midjungards; V. mittingart. terrarum); (orbis boyau. (Cf.^ip<h.) n,fil, — courber. entourer, GVARA, ^; yvpoç. qui se courbe), m. ver, serpent, ëfrfïr; L. (p. hvermr, vermis ; t',a"|3 , (vermeil).—hvërfa ou horva ou horfa (hvërf, — hvërfa frâ tourner, dispahvarf), pirouetter. (déguerpir), raître de. — hvërfa (hverfSa), faire le tour de. —vërpa (vërp, Vf. guerpir. lancer, jeter. Bl. verpire; varp, faire pirouetter), ormr —harpa KARA, étendre, Gerhard), S-KARA, percer, skira brillant. skîra (skîrSi, — gairu couper. — rendre typa; — graver. (57); harpare.) granum. — mâchoire. ? geir kêr (épine); V. "Ntlf (éclater). (cf. sur, skirr (éclatant), m. — (mine joyeuse). (Cf. "/a-?"") Pskiarr, m. craintif, éclatant)', écurer.— (Cf. Al. scheu.) s'étendre ?r ; L. f. moulin, G. circulo snfst (hache). (skir, skar), Miller, V. scieri; Vf. chère effarouché. HALA, broyer. (qui broie), m. hallebarde. fend), Kero, séparer, kôrn kvërn, (qui f. harpe. (Cf. Bl. circulus, (ronde), couvrir. — sr^T GUTTURALE L. AVEC 437 — bel (qui couvre, poil), m. queue. L. hilus: (ca— hôll, f. hôllr, m. halle. — f. reine de verne), enfer, l'enfer. héros.— hylia (huldi), halir, pi. mânes (protecteurs), protéger. — hollr, m. bienveillant. V. hold. — hôldr, m.Qferos. V. m. heureux. — heilagr, m. bienheill (protégé), helid..— heureux, saint. — helldri, m. meilleur. — hellstr, m. le meilhali f leur. — helldri, — hildur conj. afin que. (défense), L combat, déesse du combat. — halda (hêlt), tenir. — hold, n. chair. — holt, n. bois, m. cou. [Cf. L. forêt, montagne.—hàls, . collum.] KALA, frapper, m. kiôll, douloureux, crier, parler. pousser, — L. cellere. f%^. m. froid, (piquant), ^ L. kalla (kallaSa), gelidus.) (Cf. — kallaSr, m. xaAu; L. clamor; JU-) quille, méchant. (Cf. piquer. navire. — kaldr app$£. GALA, frapper, atteindre, éclater, résonner. briller, m. bruyant. — giôlî, f. (gôl), chanter. —^ galdi, — — L. kolt. n. or. V. yv\-.) gilvus; (Cf. trompette. gull, — d'or. Vf. m. doré, gildi (qui jaune.) (Cf. jaulne, gullinn, n. valeur, estime. —gilda atteint, équivaut), (gilta), valoir. — — donner, gildi, m. expier. gialda (gëld, galt), payer, gala repas; satisfaction. 5-KALA, atteindre, frapper, jeter. — mcàhAa. devoir. G. skulan. — skâlm (qui frappe), f. skal (skuldi), — lance, pique. — skalfa (skëlf, skalf), être frappé, trembler. m. tremblement de terre. landskialftr, KANA, étendre, atteindre, percevoir. — ïPT^; yîvoç; L. genus. kunna kunni, (kann, L. gnosco. — knâ (knâi, avoir knatti), atteint), pouvoir, pouvoir. ?IT:; savoir, connaître. -— savoir, 438 GLOSSAIRE. nafn (p. knafh, qui fait connaître), nom. L. nomen. —kind, f. postérité. — kona, kvën, kvan, kvon,. kvoen, f. femme. G.' V — V. n. engeance. chëna. qvinô, qveins; ôkynian, mendre, GANA, gîna choire. KANA , séparer, (gîn, éclater, — résonner. briller, wr ; yoLvvco. la bouche. — ouvrir gein), — fendre. m. mâ- ginnûngr, q^T , gïm- ; yoù/oç; L. cano. canus, allumer. L. accendo. —Hoenir kynda (kyndta), (brillant), m. nom d'Ase. — hani (qui chante), m. coq. Vf. chanteclair. 5-KANA, percer, — G. us-keinan briller. V. skinan. éclater. (percer), ger- mer. skîna (skîn, skein), n. lumière, —skin, splendeur. THÈMES ARA, COMMENÇANT étendue, mouvement, PAR LA LIQUIDE — élévation. =(j; api-; R. 11N. ari et ôrn, âr, n. matin, aurore, année. (Cf. jfîrj; G. jêr.)— m. aigle. — iora, f. terre. sTT; tpct; L. area; V. ëro. — f. terre. terre. V. ërda. — iôrmun, iôrS,f. Ru, bruit. éruption, — L. ç; pia>; ruo. — f. secret, écriture. (chuchotteïnent), eyra-rûn (qui f. compagne, femme. V. ôr-runo. —raun parle à l'oreille), — f. expérience, épreuve. (manifestation), reyna (reynda), — rômr m. combat. (tumulte), éprouver, essayer. (Cf. îptuvav.) rûn (Cf.{T5r:.) RAMA, étendue, rammr, grandeur, m. fort. force. (Cf. fàsTRT: — 5FT^; Dli. ; L. grandis.) — armr (qui R m. s'étend), AVEC bras. L. LABIALE. armus, 439 V. ramus; Vf. aram; arm (bras). J?-RAMA, mouvement, fremo; — frémissement. yi^; ^,JJ. (hpi/ta; • (L. aastuans), m. nom propre. Brimir RANA , mouvement, rënna — frémissement. (rënn, J5-RANA, frémir, couler. courir, rann), — pétiller. rj-, ^TJT . ïT^. yrrr^, brënna brenna (brann), brûler (être consumé).— brûler, consumer. — Bruni, m. nom de Dvergue. G-RAMA, L. excitation. frisson, frémissement, m. irrité. (brendi), — Vf. grams. irriter. gremia (gremdi), — m. nom de chien. (Cf. (irrité), gremi, f. colère. —garmr m. douleur. — hrim, n. givre, glace. V. n.lp€ipoç.) —harmr, — Saehrimnir rife. (Cf. F. frimas.) [givre formé des exhalaisons de la mer), m. nom propre. gramr, RUFA, être étendu, — séparé, fendu. L. rumpo. (5^); — rîfa • riûfa (reif), déchirer. V. rîban. (ryf, rauf), rompre. — rîf, n. côte. V. — ôrof (aspérité), n. âpreté. (Cf. V. rippi. âriub.) H-RAVA, étendu, roide, hroe, n. cadavre, //-RAPA , éclater, hrôp, 5-^-RAPA, crû. — chair. ïïîô!X; xpiaç; — crier. m. vocifération. percer, çf§T; briser, — ^ G. hraiv. L. caro. ; L. corvus. Hroptr saillir. ou Hroftr, — m. nom d'Odin. a-Kapupâo/nM; L. scru- pus. skarpr (coupant), m. aiguisé, tranchant, difficile. 440 GLOSSAIRE. JT-RAMA, carpere; — arracher. tirer, x.up<pa>,L. (tirailler); 5P^ epn. kambr (p. kramr, qui carde), m. peigne, (dentelée) crête. L. caiwnen. — kemba (kembda), peigner. L. carminare. (Cf. — Al. krâmpeln.) tiré, béant), m. kiaptr, kiaftr (p. kriftr, être tiraillé), avoir mâchoire, gueule. — kippist (p. krippist, des spasmes. [Cf. Al. krampf (crampe).] -D-RAPA, étendre, drëpa ver. ) (drëp, driûpa (dryp, Draupnir (ruisselant), être étendu, J>-RIFA, tomber. draup), — frapper. drap), frapper. être répandu, D-RUPA, — atteindre, JTÊÏ. (Cf. F. attraper, — (<£j. — dégoutter. dropi, m. nom propre. atteindre, taper, trou- m. goutte. saisir. — barfr (breif), saisir, attaquer. (L. conveniens), m. m. nécessiteux. — burfa (burfta), utile, nécessaire. —burfi, avoir besoin. — ? borp (rencontre, amas), n. bourg, village. brîfa G. baurp; V. doraf. [Cf. A. breaf (botte de blé); L. turba, turma. —? Pbarmr, m. boyau, intestin. (Cf. F. tripe.) RADA, mouvoir, atteindre, parvenir. — ^ETT; TH. râSa (raeS, rêS), avoir soin, conseiller, diriger, faire rendre. — râS, n. conseil, action, affaire, a^f: ; G. rabjô (raison), V. — afrâS reda (raison, parole); Al. art (manière). (mauvaise nom d'Odin.— action), n. meurtre. —GângrâSr (voyageur), m. cavalier rîSa (reiiS), aller à cheval, en voiture. — ballrîSi, courageux. F-RADA, atteindre, vëriSa (vërS, adresser, varS), tourner. — devenir. G. vairban. g?^, — L. vertere. Vëroandi, f. R AVEC DENTALE. 441 nom de Norne. — orS (adressé), m. mot, parole. G. vaurd. sâryrSi (paroles graves), n. pi. injures. JS-RADA, répandre, brâSr, m. prompt. F-RADA, étendue, frôSr et frôSi, V. fruot. (Cf. It. hordo; grandeur, ^\ ; T"ia. Al. pferd.) entourer. couvrir, n. bord, bordure. borS, — accélérer. T"iS; L. veredus; (Cf. se répandre, B-RADA, frôbs; expédier, — excellence. savant, intelligent; — froeSa (froedda), Fr. barde.) — ara" L. prudens; — froeddr, ypa^ûç; instruire. G. m. instruit. F-RATA, frata .B-RATA 6m, bruit.— (fret, frat), , fendre, L. perdere. <TH;; ^(pSiiv; péter. V. vërzen. crever, rompre. — ^"is. m. brisé. briser, rompre.—brotinn, braut), (bryt, f. chemin frayé. [Cf. être brisé.—braut —brotna, (rompue), un cheIt. rotta (L. rupta via); se frayer (L. fricare) route; briôta min]. T-RADA, marcher. pousser, fouler, troSa ( trëS, dan; V. trëtan. marcher sur; G. trufouler aux pieds, (p. trôSl, qui trotte), (Cf. Fr. trotter.)—trôll traS), n. géant. J)-RATA, pousser, fatiguer, drit, D-RUSA, , pousser, trudere. n.fin. rejeter. excrément.—dritinn, être — L. m. nom de géant. — brot (fatigue), VafthrûSnir, C-RATA travailler. répandu, m. L. inquinatus. tomber.—' (re); G. driusan. 442 GLOSSAIRE. dreyri, L. ros. G-RATA, grâta — m. goutte, sang. V. Irôr éclat, cri.—35^; (gra3t, grêt), graeta (gréetta), faire .H-RUTA, hrôSr ougr n. cheval; hros, val; — G. grêtan. Çê[; xpéroç; — hennir. , éclater, garrire. (Cf. Fr. regretter.) L. rudere. m. louange. V. hruod.—hrôrenommée), m. fier, arrogant. (bruit, (renommé), JÏ-RISA S'potro;; pleurer. crier. éclater, L. yvpug; pleurer. de sang); (goutte f^, It. ronzino; f"?L, t"9^ • Fr. — hestr, roussin. m. che- ÇRFT . G-RADA , séparer, gratter, —Çrt. ; mn. ; ^apûrra — f. grille, (épines, haie), n. pi. asile, paix. grind, treillis. (Cf. L. craticula).—griot, n. gravier, pierre, rocher. V. krioz; It. greto; Fr. grès, griotte. — grund (broyée), f. poussière, terre, sol.—reiSr (gratté, excité), m. irrité. [Cf. griS L. gratia 1?-RATA, (qui excite), exciter, piquer, hrata .BT-RIDA, (hrataSa), être s'élever, excité, rîsa (reis), élévation, RAHA, surgir, étendue, courir.—V. frissonner, (charme, raz grâce.) (furieux). rîdôn. trembler.—V. ' s'effrayer. atteindre.— s'élever. — reiss, gloire.—rôst AH. reitz, se précipiter. hroeSast (hraeddist), RASA, ^ccpi(T)ç; (milliaire), direction.—JEST^ BOl. JETST ; iy\j; m. excité. — risna, f. une journée risni, f. de chemin. ; ôpiyoù; L. regio. V. rëht; rêttr, m. droit, juste. G. raihts; — vanrêttr, :. m. injure, injustice. =iïs| L. rectus; àpiïôç; R RAGA, saillir, regin ressortir), AVEC surgir, reproche, blâme.—roegia, atteindre, 443 , psT^ ; ^PXU; briller.—^TH n. pi. grandeurs, (saillant), être étendu, RIKA, GUTTURALE. ^j- divinités. —rôg (qui fait reprocher; V. ruogen. ; àpxiï. posséder.—^st rëka rîki, m. riche, (rëk, rak; atteindre), venger.—rikr, n. pi. origines, causes. (extrémités), puissant. Vfr. rice. —rôk être étendu, RUKA, large, mi. vide.—pi, riûka s'obscurcir. V. riuhhan. (ryk, rauk),yijmer, [Cf. nH ruhhan (sentir); fumée; (vide), air; V. rouh (air, vapeur), rôKn. crépuscule du soir. (Cf. G. riqvis; TL>> T^H].—rôkur, " ""» . .V;M;Î ,prfc:)RAHA, relâchement, ragr, relais, m. lâche, •si.— repos. m. argr, (p. rôhr, relâché), repos. V. rau, rawa. (avare).—rôr quillité, saillir, RurÏAV^njir, lâche, mauvais, yi ; V. arg m. tranquille. — rô, f. tran- briller.—ç^. : ; V. rôt. (Cf. rauSr brillant), rouge. —^Î^H (p. rauhdr, ou riôSa (ryS, rauS), rougir. poJbv. —rySa J3-RAGA, briser, éclater.—OTS^; * Bragi, m. nom du dieu baihrt ; V. berht. M-RAGA, percer, morgunn, teau); mergr M-RAKA, de la poésie.— éclater.—ôrarj pin, biartr, m. brillant. L. mergere. oi/A.tpya>; L. broyer.—rr^; marcus nia. (broyé), tracer, /J-apâyrt; ipa. pl3; n. matin. m. etmorgin, M-RAGA,frotter, L. frango; m. moelle. marquer, marcher.—irsr ; JTTïf:- (mar- ' 444 GLOSSAIRE. m. cheval. V. marc. marr, [Cf. mariscalh (écuyer), ma- réchal. ] 5-RAGA, bërg s'étendre, L. vergere. couvrir.—^^; n. montagne. — biarg, n. montagne, rof. nom de la déesse IorS.— (montagneuse), (élévation), cher.—Fiôrgyn m. nom Fiôrgynn, protège), du père de Frigg.—borg Vfr. bourg. V. puruc; forteresse, — «rjj bergia (bergoa, arabe-pers. . goûter. — biôrg, f. entretien, vivres. F-RAHA, pousser, incliner. avancer, (qui bore; s'entretenir), — couvre, wvpyoç; se nourrir, [xft;-<r7rîp%a>.) frî m. libne, noble.—frîa, relâcher.— (poussé, lâché), m. libre, effronté. — Freki, nom du loup Fenrir.— frekr, f. nom propre. — Freyr n. Frigg (excellente), (excellent), nom propre.—Freyia, f. nom propre. — Pfiôr (p. frîhu), n. vie; G. fairhvus. F-RAGA, exciter, exiger, interroger.—tjs ; L. procare. — frâ (frëg, frag), Froegr (renominterroger, apprendre. — — f. renommée. bruit, mé), m. nom de Dvergue. fregn, fregna, demander, apprendre. F-RAGA, pousser, m. vargr, (p. vërsiri), ; L. urgere. chasser.—ERT exilé, (crfàrr:), m. pire. — vërstr serpent, loup (ô[3ï:).— (p. vërsistr), m. le pire. — Pvërri, L. spergo. ôps^ ; faix^'V, — fors, m. torrent ; n. ôpsr , (L. rigatio). rëgin rëgn, pluie, et f&pav'%oç(saucataracte. [Cf. V. frosc (sauteur), grenouille, F-RAGA, terelle). M-RAGA, mîga .D-RAGA, précipiter, répandre. ] répandre, (meig), étendre, arroser. — fHrsr^ (p. *PjJ- pisser; ojù/p^ea; L. mingere, tirer.—sfr^; mejere. S"pâ(r<ra>;L. traho. R traîner.— (drôg), draga dragsull, m. d'Odin), (p. porteur), nom du tirer, D-RAKA, drëkka 7rôtriov.) m. drykkr, drâsill qui porte le (cheval monde.—drôtt peuple. boire.— (drakk), — frêne — boire. aspirer, 445 (drygSa), agir.— drygia m. cheval. —YggSrasill L foule, L. agmen), (train; / GUTTURALE. AVEC (dessécher). OT^ drëkka, f.festin. trait. coup, boire, (Cf. nWû; au^— f. ofdrykkia, ivresse. étendre, TVBAGA, trè trog tirer, J)-RAGA, brunginn, étroit, n. auge, être G. bairsan; G. triu. ; L. m. pressé, étendu, (p. braha, presse), roide, sec.—'FT^; JJU' (être être roide), — (Cf. isl. brôf.) turgeo. irrité. enflé, raboteux, (Cf. rTÇ: ; <^: ; fyvç.) baquet, h. truncus. presser.—yw épais.—brâ J)-RISA, <p^ ; Tpà-xoç (saillant), n. arbre. (p. trigu), (tronc), — élever. m. —braungr, f. douleur. vaipaoç; L. serré, torreo, gelé. (roide de givre), m. nom com(roide) ou hrîmburs m. qui a soif.—berra mun des Iotes.—byrstr (desséché), — sécher, (obstiné contre l'enDolgbrasir essuyer. (p. boerra), Lifbrasir (dur ennemi), (obstiné pour sa vie), Mogbrasir burs vers le fils), D-RAKA, dreki noms étendre, (qui propres. séparer, percer.—?£ST_ a l'oeil perçant), m. dragon, ; ^pàxog. serpent; $*paxa>v; L. draco. G-RAHA, s'élever, monter, L. cresco. croître.—ç^; ou groenn, croître.—grôinn grôa (groe, greri), — V. grast.) gras, n. herbe. (Cf. ypâimç; /Ï-RAKA, étendre autour, courber. — gj^ ; xôpdi,; m. vert. L. crux. • 446 GLOSSAIRE. anneau. (Cf. KpiKoç; L. circus, curvus.) — m. triste. — hryggr m. dos. V. (courbé), (courbé), hringr hryggr (courbé), hruki ; /><*•%'£• .K-RAKA, bris, kraka kraka), (qui croasse), f. corneille. V. hruok. F. coq; L. graculus; x.ôpa.%.] THÈMES ALA, COMMENÇANT élévation, (pousser); grandeur, L. ri3. KpcL{a>; JH3 (briser); cri.—gi^; PAR LA force. — [Cf. LIQUIDE 3?H. qncff: (p. L. (assez); ixâa, Six. alere; ala (ôl), élever, engendrer. — ôl (fortifiant), n. bière, aile. A. ealu. (Cf. thcuov.) — ôlr, m. ivre. — ôld, f. âge, genre humain, monde. — alldr, m. âge, siècle, monde. — allr, m. m. âgé, vieux. — ôln, f. aune m.; entier, tout. — aldni; aune f. ÛAH'C; L. ulna. lâcher, LAPA, L. tion); élever. (Cf. rDN.) —çrpq^ (lâcher), G. u.slaubjan levare; — âl, f. courroie. dire; (lâcher), Ao'ipo? (élévapermettre; V. usloup. âlfr (élevé), LIFA, L. être lâché, linqvo; — lofa (lôfaSa), louer. — leyfa (leyfSa), n. ciel, air. — leyfi, laefi, n. flamme.— m. génie, démon. n. louange. célébrer. — lopt, lof, rester. G. laifs — (qui A/VO-; L. liber; Ae/Va (laisser); reste). lîf (qui reste), vie. V. lîp (vie, corps). — lifa (lifSa), vivre. — siâlfr m. lui-même. G. silba; V. sëlpêr.— (p. svâlifr), ellifu (p. einlifu, un de reste), onze. G. ainlif; V. einlif.— m. onzième. — tôlf (p. tvalif, deux de reste), douze. G. ellifti, tvalif; V. zuelif. — tôlfti, m. douzième. L lâcher, LAMA, lemia F-LAPA, AVEC — briser. luxer, rompre, (lamda), DENTALE. 447 ÔK:JJ KAU^OÇ. briser, paralyser. chasser. pousser, chassé), m. loup; hvxoç (p. vlupos) vulpes ; It^ golpe ; Vf. goupil. ûlfr (p. vulfr, kliûfa — klofna G-LIPA, klauf), (Hyf, (klofnaSa), saisir, gleipa L. clivus. clavus, fendre. V. chliofan. se fendre. — klettr, — klyfia, fendre. m. rocher, pierre. pincer. dévorer. — (gleipti), glepsa f. sarcasme. (morsure), lâcher. laisser, étendre, LATA, — se fendre. s'étendre, Z-LAPA, ; L. lupus, dire. (Cf. héyog de LAKA.) — V. laz; L. lentus. —letia G.lats; laisser (lâcher), lâta (laet,lêt), latr, m. fatigué, paresseux. — retenir. G. V. lezan. dissuader, latjan; (latti), fatiguer, eltia (p. letia, fatiguer, pousser), poursuivre. —ïseti (manifes(étendu, mince), m. tations), pi. n. gestes, paroles.—litill G. leitils; — V. luzil; litt. adv. peu. — land —lundr, m. de LUKA.) — J'AO^UÇ. n. endroit, pays. (Cf. locus detiAKA.) (étendu), Londres. (Cf. L. lucus forêt, bois. A. Lunden, petit. lind tilleul, (élancé), bouclier. V. linta. Cf. ihâm\ (sapin) loetor (se lâcher). de IAOLTOÇ(élancé). LADA, lâcher, laSa (lôS), LIDA , être dire, inviter. lâché, appeler. —çrr^; G. labon; L. V. lâdon.—lôS, f. invitation. se mouvoir. lîSa (leiS), aller, venir. G. lei]jan. — lio, n. troupe, bande. — liSr. m. membre. G. libus; V. lid. — leiSa (leidda), con— leiibr, m. duire (supporter), pénible, odieux. V. souffrir. m. hideux. (Cf. Vf. laid.) leid. —Hotr, GLOSSAIRE. 448 s'élever, LUDA, — briller. croître, çrrç^; G. liudan. m. peuple, nation. G. laubs (homme) lySr etlioSr, —- ? luiSr, m. Vf. leudes. barque, huche. gens; 5-LATA, atteindre, slîta (sleit), — casser. frapper, s^rçr_ (lâcher). V. slîzen. — écraser, fendre. ; V. liut, slitna (slilnaSa), rompre. atteindre, LASA, prendre. laer (p. lâsi, être LUSA, lauss, B-LASA, éloigné, séparé. m. libre, exempt, affranchir. répandre, flet (étendu), lisse, F-LITA, — privé. G. laus; V. lôs. leyss, —losna devenir libre. (losnaSa), — L. G. blâsan. flare; — aplatir. tabs (se répandre, aba, —- G. liusan. souffler. répandre, à vent. cnv, ; XAO.'TVÇ; L. latus; échapper), n. lit, grabat. poli, pouvoir), cuisse. souffler, sonner un instrument blasa (blés), F-LATA, (atteindre, çr^ n. fémur, qui s'emboîte), délier, (lëysta), —• brillant. V. vlezi. — UTSî^; hiatr&ç. (couleur), m. nom de Dvergue.—lita (leit), regarder. — andlit, n. visage. G. andavleizns, V. antluzi. (Cf. G. L. vultus, vlits,Due; visage.) —undar (p. vluSiir, regardé, merveille. G. vulbus; V. vuldar.— undaradmiré),n.miracle, Litr adv. miraculeusement. samlig, JB-LIDA, éblouir, blanda bland, rein, JJ-LATA, confondre, (blend, blehdi} mêler. et bland n. mélange. —blandinn, doux, bienveillant. réjoiii), atteindre, prendre. — L. splendeo. (blandaSi), m. mêlé, pétri. — mêler. — bliSr (se- L AVEC m. part, hlutr, GUTTURALE. 449 ; V. îoz. '•— hliôta sort, lot. G. Hauts (hlaut), avoir en fartage. être F-LLDA, n. urine. hland, fifij; K\VJÙV. %£;; L. lotium.) (C£ lâcher. étendre, LAGA, — se fondre. répanda, -— L. çfnx_; Myco; légère. n. cessation. — lôg (statuts), u. his, lag (déposition), m. jambe, décrets. (Cf. L. leges.) — leggr (étendu), cuisse. — loe V. lagi.— Hggia (ligg, lag), être couché, être placé. — L. £ ruse. embûche, lagi; insidioe) fraude, (p. leggia être couché, être blotti. (lagSi), poser, faire cesser. —lôgra, — — L. G.v longùs; langr (étendu), long. laggs. lengi, adv. longtemps. — lengr, adv. plus longtemps. —lengra, adv. loin. LAGA, répandre* — ; hva>, \ouo/u.ar, L. luere. ^r — cuvette. mer; lôgr, m. fluide, baignoire, L. lacus. >— lôg, £ mer. — loe, là, £ humeur, sang. £ laug, V. lagu; être LIKA, dissoudre. "bain, uni> égal, —- convenable. G. leikan (trouver convenable). lîki leik; n. image, forme, (égal, semblable), V. lîh. — likr, m. semblable. — slikr m. semblable, F-LAHA, plat, corps, cadavre. (p. svâlikr, G. solikr), tel. lisse, flâr (p. flahr, , glissant. glissant, Jlattant), m. trompeur. (Cf. F. flatter; Is. flaSr.) JB-LAKA, bekkr B-LUHA, étendre, aplatir. (p. blankr, être planche), répandu, blôS (liquide), — être n. sang. — •nxofy; L. plaga (étendue). m. banc. liquide. blôSugr, —g; <p\va>; L. m. sanglant. 29 fluo, GLOSSAIRE. 450 M-LAKA, répandre, miôîk, glisser.— f. lait. — lâcher. wnTj G. laihan; injurier. last (p. lahst), LIHA, donner, liôni lûka loub. LCGA, —G. V. lastar. leihvan; V. lîhan. —Khctiyco. fermer. fermer, (Cf. xà^uvov ; L. legumen.) cacher. couvrir, — hommes. pi. liônar, — laukr, payer. (lauk), honteux), calomnie. m. intercesseur; couvrir, sur, lâche, lahan. n. injure, (p. lihvani), étendre LUKA, V. prêter. (rendre ST^S^ p. galac). L. mulgere. — miôlka à^ihyiiv; (Cf. yKtLyoç; L. lac, du lait, traire. (miôlkaSa),/aire LAHA, nrar/, G. liugan, m. herbe touffue; épouser. (Cf. L. V. nu- bere.) liûga (laug), laun (p. laugn), LAKA, renfermer, mentir. V. liugan. —lygi* adv. secrètement. — leyna embrasser. — £ mensonge.— cacher. (leynda), ciTS]^; hâytivoç; ih. kâlkr (qui renferme l'eau (3ï:), coupe), m. calice. chçrtîîl :; x.oi\v%; L. calix; V. chelih; A. coelc. LAKA, lancer, sauter. — ç<Tsr_;hayàç (sauteur). m. lancer, jouer, faire des armes. — leikinn, — lêllr m. léger. L. levis. —lêttari joué, enjoué. (p. lihtr), — lîkn m. f. con(plus léger), plus favorable. (allégement), solation. leika F-LAKA, lon; fôlk (lêk), mouvement, F. aller; £y, marche. ^v (Cf. — STôrîT; L. L. fullo, valgo; V. wal- volvo.) (L. agmen), n. armée, peuple. sfW^T; gus; V. volh; F. foule. TTOV^O?;L. vul- L F-LUGA, L. AVEC mouvement, fugio; fliûga L. pluma.) B-LUGA, baug; (flaug), — voler, fleygia 451 snT^ (p. vlug); V. vluhan; — m. arc. f. trait, atteindre, slâ (sloe, slô), battre. — frapper. — (Cf. m. anneau, baugr. F. bague. — armbaugr, n. dos. V. bacho, buhil (colline); lâcher, flèche. n-Kiv.m; L. plicare. ijs^; — <ptûyù>; jbs. s'envoler. —flôg, lancer. (fieygibi), courber. (courbé), It. bagua; (courbe), 5-LAGA., vol, fuite."— G. bliuhan; plier, bogi GUTTURALE. slakr, bague. V. m. bracelet. — bak irctyoç. âxela; SôrTî^; — m. relâché. sliâr thw. (sliôr, slôkva — m. mou, lâche. (Cf. L. flaccus.) slaevurr), — slokna — slêttr, éteindre. s'éteindre. (slôkti), (sloknaSa), Al. schlicht. m. lisse, uni, sans ornement. V. slaiht; slêtti, sliofr, (Cf. rct A?T«.) K-LAKÂ., battement, bruit. claquement, L. —Khâfa; clan- gere. — hlakka se dit (klakaiba), faire du bruit. (hlakta) des oiseaux de proie quand ils crient et battent des ailes. klaka LDHA, être ; nilb lux;'*-2f brillant, élevé, être (briller), — saillant. ÔFPET ; MVKOÇ; L. beau. — liôri logi, m. flamme, feu. (p. liuhari), — LôSur nom d'Ase. (p. lohSur), LUSA, être lios, LAH-SA, brillant, m. lumière. briller, lax (brillant), B-LIKA, joyeux. briller. — éblouir. — ^T^; lysa (lysta), — ô?ra- . lucarne, fenêtre, G. lustus. briller. m. saumon. V. lahs. —• ÊTÊT (voir); <pMya>; L. fulgere; 29. Ju- 452 GLOSSAIRE. blâr (p. blakr), m. bleu, m. bleu, noir. blâinn, G-LAHA, briller, glôa, (p. glihmir, — — nom de Dvergue. et glaSr, m. joyeux. V. klat. (Cf. gg\)— — lilôS splendeur), m. nom propre. (p. n. pi. âtre, foyer. — HlôSyn, f. nom de glôhS, ètincelant), la Vesta Scandinave. — m. Glôinn, HlôrrîSi m. nom de Thâr. le feu), Vf. blou. xoia>. x.\a.a, ètinceler. (p. gîaha&r) glyaSr Gimlir — éclater. briller, noir. V. plâo; livide, (p. hlôSrîSi, se mouvant dans — hliôo n. son; attention. (éclatant), — HliôSôlfr — nom de Dvergue. (loup hurlant), Kyn (pf. nom de Frigg. hluhni, qui réjouit), THEMES ANA, ici-la, COMMENÇANT vers, contre, PAR la. Voy.p. â- (p. an-), vers, contre; 5T; civâ.; G. ana; V. ana. — ex.: LA NASALE N. 3g2. dgânga contre). vers, sur, à. — (marcher â (p. an), prép. annarr (p. andarr, comparatif de an, plus éloigné, celui-là), le second. 5RT7: (îripoç; m. l'autre, L. alter); G. an|>ar; V. andar. —âSr (p. andr, plus que cela), avant que, jusqu'à ce — ë<5r ou ëSa L. que, anterius.) (p. ou. G. ai|>]jau; V. ëddo. ëndr, plus que cela), mais (magis), — â(p. an-), exprime l'idée de longueur, grandeur, etc.; ex. : — inn, ënn, m. kmattltr (£rès-puissant). (in, f. it, n.), celuiensuite. (Cf. isl. endr; mais. — einn, m. (ein, f. eitt, n.), là, lui. — en (cela),conj. — un, seul, unique. G. ains; V. ein; tiç; L. oenus, unus. ein, adv. seul. — eini, m. le premier. — einna, adv. principalement. INA, intérieur, intensité. î (p. in, vers l'intérieur), prép. vers, en, dans, h; L. in; G. adv. dans, y. — innar (p. indar, compaïn; V. in. —inn, N AVEC LABIALE. 453 dans le fond. ratif de in), dans l'intérieur, (Cf. L. interius.) — innan, à l'intérieur, dedans. — hêrinni, là-dedans. — îexprime (p. in-), devant les substantifs, ex. : îviSr (grand arbre). (Cf. â-.) descente, Ni, l'idée de grandeur; éloignement,^légation.—fq-. adv. pas. G. ni; V. ni, ne. — ne, adv. non, ne — nio L. nec. G. V. noh; nih; ne, (au-dessous de l'hopas. —- NiSi, m. n. absence de la lune. rizon), Dvergue qui préside en bas, ici bas; V. niSar. — niSiar (qui au niS. — niSan, ^descendent), plur. descendants. (Cf. WJrU: de apa.) —langni, ne, — nîS plur. ancêtres. (rabais(longues générations), ôvtiJbju.a.1.) sement), n. envie, colère; G. neips. (Cf. HV^lR; niSiar Nu, là! présent, actuel. déjà, vvy; L. nunc, nuper; G. nu; V. nû. — m. nouveau. ÎTÔT:; vîoç; L. nyr (qui est d'à présent), V. nivu. — ny, n. nouvelle lune. — Nyi, novus; G. njuja; m. Dvergue qui préside au ny. nû, ANA, maintenant; mouvement, vers le but, fin. mouvement vie; — grr ; a.va>. anti. —ônd, f. vie, m. fin. a^cT:; G. andeis;V. âme. (Cf. V. anado, anto, zèle, colère.) — âst (p. anst, incli' — âstugr, m. bénin. nation), f. bonté. G. ansts; V. anst. endi, NAMA, s'étendre nëma excepté, vers, s'incliner, (nëm, nam), prendre, à moins que; V. nëma. NABA , s'étendre vers, avancer, nef (qui saille), n. nez. <pa.\âç; L. umbo, umbilicus; G-NAPA , avancer, saillir. prendre. se prendre saillir. — — qrr^ ; vî/xu. à. — nëma, cjL (Cf. ^TTST, moyeu, Al. nabe, nabel.) prép. ; 33. nombril; ày,- 454 GLOSSAIRE. gnûpr, minence, m. promontoire, cime de montagne* nez); Al. knopf.] tendre NATA, vers, atteindre, [Cf. gnôp — entreprendre. (proé- qr; L. • nitor. nenna être courageux. G. nahpjan; V. nennen (nenndi), — Nanna f. nom propre. (s'appliquer). (courageuse), NCTA, prendre, niôta (nyt, NASA, prendre, nest, NAHA, nesti, atteindre, jouir. naut), jouir. — jouir. — — nytr, m. utile, bienfaisant. (guérir) ; V. nësan. G. ganisan n. provision joindre. V. niozan. G. niutan; de voyage. V. wëgnest. —• q^; L. nexus; G. ganah. nâl (p. nahtl, qui fait la suture), f. aiguille. G. nêj>ls; V. — naestr — nâr, m. nadel. —nâi atteindre. (nâSa), proche. m. le plus proche. — naest. adv. tout près. (p. nahistr), NAKA, étendre, répandre, — coucher. ^tw ; L. necare. nâr (p. nahr, étendu), m. mort, cadavre, VIKVÇ; G. naus. — Nâri (causant la mort), m. nom propre. — nôtt (qui se ré— einnaettr, in. pand), £ nuit. G. nahts; vii%; L. nox; fqsr^. âgé d'une nuit. NAHA , répandre, couler, nager.-—çrr; veitir; L. nare. naour, f. couleuvre, serpent de mer. G. nadr; V. natara; L. natrix. — nôr, nôi (p. nahi), m. navire, vase. ^JT; vaÂJç; L. navis. 5-NAKA, remuer, tourner, tordre. — vivù>; L. -nuo; yi3. tourner, remuer. G. sniwan. — sniallr (sny, sneri), m. vif, prompt. Vf. isnelle. — snëmma, adv. de (remuant), bonne heure. — snôtr (L. versutus), m. habile, prudent. snûa N F-NAKA, (hnukti), G-NAHA, — rompre. plier, piy; ; Al. ^ genik. rompre, ronger, (qui gratte), JTPT; yôyv, L. genu; y». (gnySa), broyer, xvamv. gratter.— f. ongle. RW: ; L. unguis; obscurcir. — hnûka V. hnîkan. — (gnataoa), s'entrechoquer. gnya — knya (knûSi), presser, forcer. fracasser. nôgl — 455 (hneig), s'incliner. G. hneïwan; se courber, se tapir. gnata .K-NAGA, GUTTURALE. pencher. plier, hnîga AVEC ovv%. — vnpôç( qui se répand). Nori (couvert), m. nom de Dvergue. — Nôrr (obscur), m. nom du père de la nuit. — nor&r (ténébreux), n. septentrion, — norSr, adv. vers le nord, au nord. nord. (Cf. £oç>o?; |1S¥-) NARA, répandre, couvrir, adv. du nord, norSan, au nord. — préside au nord. —NiôrSr, ONOMATOPÉES Ku, Gu, mugir, hurler. — m. nom NorSri,m. propre. PROPREMENT Dvergue qui (Cf. Ntipêu?.) DITES. yoâa>, (hocuo; Pipj. f. vache, rît; j&ovç; L. bos; V. chua. — geyia (gey, gô), aboyer, hurler. kyr, UMA, bruire, mugir. m. nom du géant qui est la personnification de la mer — bruire, mugir, gémir. mugissante. ymia (umda), Ymir, SUSA, bruire, mugir. sus, n. mer mugissante. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MOTS ISLANDAIS EXPLIQUÉS DANS LE GLOSSAIRE. NOTA.—h. désigne le haut, m. le milieu et h. le bas de la page. akarr A âl â â page 43om. 45a m. -a 4a2 m. â- 452 m. 452 b. â- i aSal , page 43o m. 446 m. ala : 446 m. aldni 446 m. aldregi âlfr 4.29 b. 446 b. AMafôSr 4o8b. alldr 446 m. âSr 422 b. 452 m. AllfôSr. oefi 4o8 h. allr 4o8b. 446 m. aei 4o8 h. allsvinni oetla 43o m. and- aett 43oh. aeva., 4o8 h. 4o8 h. andfang andlit oevi. af af-. . . . afa 407 h. £07 h. andskoti andsvar ângan........... annarr 4i4 h. 422 m. 4i4b. 448 b. 433 b. 4i8m. 43o h. 45a m. 438 m. afi . 407 h. 4o8h. afl 4o8h. ârdaga (î) afl 43oh. afrâS. . .- 44o b407 h. argr ari 427 h. 443 m. 438 m. armbaugr armr 451 h438 b. ârôs 42 3 m. aftan aftari aka 407 h. 43om. âr TABLE DES MOTS page 424h. 42 4 h- as askr.' âst...! ISLANDAIS. 457 batna. 4nb. baugr beiSr 451 h. 4i2 h. hein 420 b. 449 ^- âstugr 453b. 453 b. âsynia at 424h. 422 m. bekkr âtt. 43oh. 422 h. bëra 422 h. 423 h. bergia 444 h. 444 h. Bergelmir beria 432 h. 4i 7 ni. betri 4n 423 m. 42 3 m. Beyggvir beztr 417b. 4i 1 b. 423 m. 42 3 m. biarg biartr 444 h. 443 b. 423 m. 4a3 m. biSa 4i2 m. 4i2 m. âtta. âtti auS 42 3 h. 43o m. auSigr auga aur aurugr ausa ausin austann austr 4ig m. 417 m. Beli bërg biSia Bifor 4og b. 4i2 m. 4og h. biôSr B biôr ba&r baSmr Bafor bak bâl baldni Baldur ballr ballrîSi band bani barn 4o8m. 417 m. biûSa 4og b. 45i h 419 b. bland ... 4ig m. 419 m. blâr 4ig m. 44o b. 4io b.- bliSr 420 b. 417 m. :. .. 4i2 m. 452 h. .... 448 b. 448 b. blâinn blanda blandinn blasa blôS blôSugr bol boeta b. 448 m. 452 h. 448 m. 448 m. 44g b. 44g b. 419 b. 4n b. 458 TABLE bogi borS 451 h. dimmi, 44i h. borSveggr 4i i m. dôgg doema. borg. borinn 444 h. 417 m. Dolgbrasir dômr 445 m. bôt 4n b. dôttir 426 b. brâSr 44i b. 445 h. Bragi braut. 443 m. draga drâsill 44o m. brënna 43g m. 43g m. Draupnir dreki drëkka 445 h. drëpa 44o m. dreyri drit 44i b. dritinn 44i b. 44i m. brenna 43g m. 44i m. Brimir briôta brôSir dimmr.... 42 5 h. 426 m, . 423 b. 423 b. 445 h. 445 b. 44i b. brotinn 417m. 44i m. brotna 44i m. driûpa 44o m. Bruni dropi drôtt 44o m. bûa 43g m. 4io h. bûinn 4io h. drygia Bûri drykkr Burr 4io h. 417 m. duga 445 h. 426 b. byggia 4ioh. dvérgr 4i8h. byrla 4og m. dyggr dyr 426 b. 4i8 h. dyr 428 h. D 445 h. 445 h. / dâS. 423 b. dagr dalr.. 427 h. 428 m. ëSa, èSr 452 m. deigia deila.. 426 m. ëf 428 m. eftir 4o8h. 407 m. dellingr 42 7 h. eiSr deyia. /126 b. eiga E 4^ 2 b. 43o b. DES eigi. eign eimi, eimr einhendr einheri einii einn einna einnaettr eitar . ëk.. ekki ^-T. ellifti... eilifu. MOTS 42g b.' 43o b. 422 b. fara endi ënn eptir. . . ër èr ey eyra eyra-rûn 459 faraz 417 h. 417 h. fax 4i6 m. 432 m. 435 m. fê 4i4m. fegri 4i4b. 452 b. 452 b. feigr fêla 4i6b. 452 b. 454 b. fella, fellia fen 42 3 b. 429 h. fenginn Fenrir 429 b. 446b. festa 420 m. 4n m. festi 4i 1 m. fet 4iob. hall ... 446b. 447 m. eltia en: ISLANDAIS. 4igm. 420 h. 420 m. 4i4 b. 452 b. 453 m. fiarri 4igm. 4i6 b. fifl 4ogb. 45à b. 407 m. Fili fimbul- 4igm. 4og b. 422 m. 421 b. hmbulvëtr 4i6 b. fimm 4i4b. 407 b. 42 3 m. 438 b. firnti 4i4b. hngr hnna, finnast Finnr . . 4i4b. fiôSur 4io m. 4ig m. F fiôlld 4i3 b. 4i4h. fâ 4i4b. Fiôlnir faSir 4o8 b. hôr fagurr falla 4i4b. 420 h. Fiôrgyn 4i 9 m. 444 m. 444 h. fana 42 0 m. 417 b. Fiôrgynn fiôrSi 444 h. 422 h. iiôrir 42.2 h. far 460 TABLE firr 4i6b. frata 44i m. firrast 4i6b. fregn 444 m. firstr fregna freista 444 m. fiskr 416 b. 4og m. flâr.. 44g b. Freki 417 h. 444 m. frekr 444 m. fleiri 4igm. 4ig ni. fremstr flet 448 m. Freyia 417 b. 444 m. fleygia 451 h. fliûga 451 h. Freyr M 444 m. 444 m. flôg foeSa 451 h. frîa 444 m. 4og h. 4o8b. Frigg 444 m. 433 h. „ fleira fôSr for 417m. 417 m. foera fold folginn fôlk frôSgëSiaSr frô&, frôSr froeSa 4igm4ig m. froeddr 45ob. 44i h. 44i m. 44i m. 444 m. Froegr , . 436 h. 419 m. fôlkvîg for 4i 5 b. fullgiôrva fullr 4i6 b. Fundinn 4i4 b. fordaeSa 42 3 b. fylla forSom 4i6 b. fyrir fyrst fors 417 h. 444 b. 4igm4i6 b. 416 b. fyrstr.. 416 b. forvitni 4i3 b. fôtr. 4iob. frâ 4i6m. fornn.. frâ .. , fram framar framgenginn....... frami framr- G 4i6b. gaetast 417 h. 417 h. GaglviSr 43o h. galdi 417 h. 417 h. gamall gala gaman 433 h. 4i 1 b. 437 m. 437 m. 432 h. 432 h. DES MOTS ISLANDAIS. 432 h. 432 b. giôrva gisling gandr 43à b. 432 b. gânga 43o h. gleipa GângrâSr 44o b. 43i m. glepsa 447 m. 447 m. glôa Glôinn 452 h. 45a h. glyaSr gamli gan gandi gap ' 461 . 436 h. 433 h. gisl 433 h. 452 h. glaSr garmr 436 h. 439 m. garn 436 m. gnata 452 h. 455 h. gëS... 433 h. 431 h. gnûpr 454 h. gnya 431 h. goS.... 454 h, 433 h. 431 m. 436 b. gôSr Gôndull 434 b. 433 h. goti 433 h. 433 h. gramr 455 b. 434 h. grâta. 437 m. 436 h. 431 m. gremia 43g m. 43g m. griS 442 m. grind 442 m, 442 m. garSr gëfa Gefion geipa geir Geirskôgull gestr gëta gêta geyia geysa gialda giarn gifur gilda. gildi 437 m. . 437 m. ;.... graeta gras gremi griot grôa 432 b. 432 b. 433 b. 442 h. 43g m. 445 b. .44^h. 445 b. 445 b. 438 h. 438 h. groenn, grôinn.... guSr giôrla 437 m. 436 h. 436 h. 442 m. 432 b. gull^p gullinn 435 m. 435 m. Giôrliga.. giôrr. 436 b. 436 h. gullveig 4i5 b. 432 m. gîna ginnûngr giôll giôra grund gumar TABLE 462 gumnar gunnr Gygr Gymir 432 m. 432 b. haugr........... héoan 434 m. 434 b. 432 m. hefia 431 h. hefna 43i m. hefnd 43i m. heiSr... 434b. heilagr heill 437 h. H hâ- 434 m. 433 m. haetta heimr 42 g m. 437h. 431 b. haf 433 m. 43i h. Heimpallr heita hafa 431 h. hel haft... 43ih. helldri haftband 4iob. hellstr hagr halda 434 m. hêr 437 h. 429 m. 437 m. 437 h. her 435 m. herSi HerfôSur hâls 437 h. 437 h. 435 b. 409 h. hamarr 432 h. HeriafaSir 435 m. 409 h. hamr.. 431 b. Herian 435 m. 435 h. hêrinni hestr hann 438 m. 42 g m. 453 h. 442 m. hapt har. . 431 h. 435 m. hâr 434 m. himinn harba&mr 4io h. hinn 431 b. 429 m. hinnig hiôrS 4i5b. 435 b. hiôrr haettr. hali halir handski, hani handskôr.. harSr . 435 b. harmr m. ^n 436 m. harpa hart hâlt heri heyra . . . . hiarta Hildur 428 b. 433 m. 437 h. 437 h. 423 m. 435 b. 437 h. 435 b. hirSir 435 b. 435 b. 434 b. hiti 433 m. DES MOTS 463 ISLANDAIS. 429 m. 45i m. hrata 442 m. hrîm Hrîmfaxi hliôS. 449 h. 452 h. 43g m. 4i 6 m. Hrîmpurs 445 m. HliôSôlfr 452 m. hringr hrôSr 446 h. 442 h. 452 h. hrôSugr HrôSursvitnir 452 h. hrôp 44gh452 m. Hroptr hros 44a m. hnîga hnûka. 455 h. hryggr 446 h. 455 h. hryggr 446 h. hôfuS 431 m. 434 m. hoegri 434 m. hugr hun hôggva hôldr 435 h. hungr hitt hlakka hland . 44g h. 452 h. hliôta . . hlôS. HlôSyn HlôrrîSi ., hlutr Hlyn hôll, ; . . 437 h. hôllr.. hônd.. . ....;.... 437h. 432 m. 44a h. 4i3 m. 43g b. 43g b. 4ag m. 434 m. 4i4m. hundmergir hundraS 432 m hvaSan . 429 m. 429 m. Hoenir. 438 m. hvar hôrgr . . . hôf. . . . . 435 mv 43i m. hvârr hold 437 h. 437 h. hvarl hvê hon 437h. 42g m. hvërfa 42 9 m. 436 m. hôrSômr 4a 3 b. hverfa 436 m. horfa . 436 m. horn 435 b. hvergi hverr 429 b. 429 m. hôrr 435 m. 4a a m. hrae^ hrseSast 43g b. 44a m. hveJPi hvetia hroesvelgr 4ao h. hollr. holt 429 m. 42 g m. bvars 429 b. 43ob. hva'tr . 43o b. hvî . hviti, hvitr . .v 429 m. 43o b. 464 TABLE hylia 434 m. 437 h. Hymir 432 h. hyggia K kaldr 437 m. 45o m. kalkr kalla. . I kaîla£r 452 b. 453 h. kaup 423 m. 4o8 m. kaupa kemba ketill IarnviSr 424 m. 4i i h. iS 4a î m. iS 4a2 h. 42 a b. kiôll 4o8 b. 4o8 h. kippist klaka 45a b. 45a b. klettr.. 453 h. I . . . 45a b. klofna î . ... îiaSarr iafh iarn. .^Siar illa illr in inn innan innar iôrS iôrmun iôtunn ioll 438 b^ 438 b. 4a 3 h. kambr kiaftr, kind koma 438 m. kosta îs 4a4h. 452 b. kostr 4%m422 h. 423 m. kunua itar-, itrîviSr 4n h. kiaptr knya kôrn iora it 44oh. 432 m. klyfia knâ kona it 43o b. kliûfa iôr. it 44o h. 43o b. kiôsa 434h. 43o m. 437 m. 437 m. kraka kûra kvan,kv8en kvëSa 44o h. 438 h. 437 m. 434 ni' 44o h. 451 m. 447 h. 447 h. 447 h. 447 h. 437 m. 455 h. 436 b. 431 b. 438 b. 434 m434 m. 446 b. 437 b. 434 m438 h. 4i2 m. DES MOTS ISLANDAIS. kyeSia kvën. . 4i2 m. leiSa 438 h. leiSr kvërn; 436 b. leika 4i2m. leikinn kviSr. ... ........ kvi&mi.. . .-»-'. .^. . . 4i2 m. 438 h. lemia 438 m. 455 b. lengr kvon. kynda kyr 434 m. 434 m. kyrr kyrra 447 b. 447 b. 45o b. 45o b. 447 ^144g m. lengi 44g m. 44g m. lengra letia lêltari • lèttr L 44g h. 44g b. là là 446 b. leyfi 446 b. leyna 45o b. ïaè 44g m. liSr loefi.. 446b. lif . 448h. m. ~~.~~klv] lifa loeti .\ laevîsi 4i3b. last.... 45o h. 447 m. lâta latr .,448 leyss hS îae las-.. , . . . 447 m. 45o b. '. . 45ob. leyfa . 447 b. 449 h. la£a. 465 m. 447 b. b. .^^Ixliq hSa 44ybr~ 446 b. Lîfprasir 446 b. 445 b. Hggia lîki 44g h. 449 m. likr 44g m. 45o b. 447 b. . 447 m. 407 b. lîkn laug laukr 44g m. ' 45o m. liofc. liôni 448 h. 45o h. lami 45om. liôri 451 b. lauss.... 448m. 451 b. lios 451 b. liôtr 44g m. 449 h, lita 447 b. 448 b. litill 447 m. Laufey lax. leggia leggr lind /. 3o 466 TABLE ... Litr.. litl liûga LôSur \o& lôg lôg lôgr lôgra lof lofa....... ...'... 448 b. mar.. 447 m. 45o m. margr marr ; 4i5m. 451 b. matr 4i2 447 b. 44g h. mâttr 4i5m. mâttkr 4i5 m. 44g m. 44g m. mëS 4i2 b. mëSal 4i3h. 44g m. mëSan 4i3h. 446b. mëSr 4i2 446b. mega 4i5m. . . . . 4i8b. 444 h. b. b. logi losna 451 b. megin 4i5m. 448 m. 4i5 luSr 448 h. meginligr meiSr lûka 45o m. mein 421 m. lundr meinsvari,meinsvarr 4i8 lySr 447 m. 448 h. meir 4i5h. lygi 45o m. meiri 4i5h. lysa 451 b. mel men 4igh. 421 m mergr 443 b. mey 4i5b. miSgarSr 436 h. mîga mik 444 b. 4o8 m. minn 4o8 m. • M m. 4i 1 h. m. maSr 421 m. maekir. 4i5 maela maer 409 m. 4i5 h. maerr 4i5 h. minna 421 m. moetstr 4i5 m. minni 421 m. mal 4og m. miôSr 4i2 b. mâlugr 4og m. 42 g b. MiôSvitnir 4i3m. mangi mâni mannr h. 4og m. 42 T m. miôg, miôlk miôlnir m. miôk 4i5 . . 45o b. 4iQ b. DES MOTS ISLANDAIS. 467 nef 453 b. miôlka 4i i h. 45o h. neffôlr mior. 4i8b. nëma 4o8 b. 453 b. mistill 4n MôSi môSir 4*3 h. 4og h. nest, nesti ni môSr 4i3h. niS 453 h. 453 h. môgr 4i5h. nîS 453 m. Môgprasir mold 445 m. 41 g h. niSan 453 h. Ni& 453 h. mon 421 m. 4i8 b. NiShôggr niSiar miôtviSr moro morgin, morgunn. muna h. . 443 b. 4a î h. nenna 454 h. 454 m. : 453 h. 453 h. NiôrSr 455 m. niôta 41 a b. 4i2 b. nîu 454 m. 43a b. niûndi 43a b. 4i2 b. 420 m. nôgl Nôrr 455 h. 455 m. nôi, nôr norSan 454b. 454 m. norSr 455 m. NorSri 455 m. nôtt 454 m. 454 m. 438 h. nû 453 m. ny 454 m. 4ag m. Nyi 453 m. 453 m. nytr Nanna 454 m. 454 b. nâr 454 m. nâri 454 m. ne 453 h. ô- ne 453 h. ôau&gr mund mundil mundr muspill N naSur naest naestr nafn nâi nakkvar nâl '. 454 m. 454 m. 453 m. 454 m. nyr 0 420 b. 423 h. 3o. 468 TABLE OSinn 4iom. opinn ôSr . ô- 4iom. 42 o b. opt or oeSi. 4iom. or ôSli 423 h. orS ôflugr ôfund 4o8 h. ormr. 436 m. 4a i h. ôrof ôîztr 407 m. 43o h. 446 m. ôs 43g b. 423 m. ôsâinn 424 m. ôsk . 42 1 h. OEgir ôl ôld ôlmâl ôln ôlr ônd oepi or. 407 b. 407 b. 4o8 b. 42 3 m. , 44i h. • • • • 446 m. 4og m. 446m. 446 m. P 4i 1 h. peningr 453 h, 4og b. R . 423m. Orgelmir ôrn 43a h. râS 44ob. 438 m. râSa ôrr 42 3 m. râSsviSr 44o b. 4i4 h. ôrviti 4i3 m. ragr rammr of ofofan ofdrykkia ofr, ofur ofrmaelgi ôgôSr ok okkar ôkviSinn ôkynian ôp 407 m. . 407 m. 443 m. 438 b. 443 m. rauSr 407 m. 445 h. 407 m. raun 438 b. 443 h. 4og m. 432 b. 42 g m. reiSgoti reiSr 42g m. 4i2 m. rëka rënna 443 h. 43g h. 438 h. 4og b. reyna rêttr 438 b. 442 b. regin rëgin, reiss rëgn........ 444b. 433 m. 442 m. 442 b. DES MOTS ISLANDAIS. 44o b. 43g b. sandr 42 5 m. sannr. 424h. 43g b. 443 h. 443 m. sâr 4i8m. sâryrSi sâttr 44i h. 442 b. 442 b. saur 4a6 h. 4i8 m. seSia. 4a5 m. sëfi. 4a5h. . 43g m. 443 m. 443 m. segia seiSr 437m. 4a 5 b. roegia rôk . 443 h. 443 h. selia 428 m. sem 422 m. rôkr, rôkur rôst 443 m. 442 b. semia 4s4b. senda rôg rômr 443 h. 438 b. sendtr 42 5 m. 425 m. rôr sëss rûn. 443 m. 438 b. rySa 443 m. siâ rî£a rîf. rîfa rîki, rîkr riôiSa rîsa risni. risna, riûfa riûka rô.. senna sëtr siâldan siâlfgi siâlfr sa sa Sashrimnir saell saelligr saer saga sakast salr saman Samsey .... 42 2 h. 42 4 m. sîS 43g m. 428 m. 428 m. sîSan 4a4m. 427 m. sîSr 426m. 428 m. sif 422 m. 407 b. sîga sîSa.. sîSar sîSast sîSst sîg SigfaSir 469 425 m. 43 5 m. 42 5 h. 427 m. 428 m. 42 g b. 446 b. 42 5 m. 4a5 m. 42 5 m. . 42 5 m. 42 5 m. 42 5 b. 42 5 b. 42 5 h. 42 5 b. 425 b. 4og h. 470 TABLE sigli.. 424 m. skôp 43i b. sigur 42 5 b. 434b. Sigyn sinka.. 425 b. skôgr skôr. ....... skot... 433b. sinn 4a5 b. 42 2 m. slâ 451 m. sinn 42 5 m. slaevurr 45i m. sinni 42 5 m. slakr 451 m. siô 4a 2 h. èlêttr 451 m. siôndi 422 h. sliâr 451 m. siôtti 4a2 h. 42 4 m. slikr 449 m. 448 h. . . 448 h. siôr siôt SkaSi skal skâlfa skâlm skâpa skarpr skegg skeggia skekia skenkia skepia skiarr 42 5 m. 433 m. 437 b. 437 b. 437 b. 431 b. 43g b. 434 b. . 434 b. 435 h. 435 m. 431 b. 436 b. slîta slitna 435 b. slôkna 451 m. slôkva 451 m. smasrri 4i5 m. smaerstr 4i5 m. smâr 4i5 m. smiSa 4i3h. smiSr 4i3 h. snapvîs snëmma 4i3b. 454 b. sniallr snôtr 454 b. 454 b. 454 b: 426 m. 426 m. 42 5 b. skiS 433 m. spûa sôk skin 438 m. scekia skîna 438 m. sôkvast. Skinfaxi 4i6 m. soeri skiôta 433 b. Soi 4i8m. 424 m. skiôtr 433 b. sonr 424 m. skira 436 b. sortna 4i8m. skirr 436 b. sôt 4i4m. Skôgull 434b. spâ 4i4b. DES' MOTS ISLANDAIS. 471 sus 455 b. spâkr 4i4b. spâkligr 4i4 speki 4i4b. systr spiall 420 m. 4i2 spialla 420 m. systrûngr svâ spilla 420 m. svalr 420 h. svartr 4i8m. SvasuSr 4i2 sveinn 4a4 m. spor ^ 4i8 b. m. syna, 427 m. 4i2 h. synast h. 42 3 m-. h. sporna 4i8m. spyria staSr. .• 4i8 424 h. sveiti 4i4m. stafr . ^ 424 b. svëlga. 4ao h. 424h. svëlta, svëltast. .. . . 420 m. standandi 4a4h. svërSr stëkkva sviSr, steypa 427 m. 424 b. stîga stiôrna 427 m. 427 b. svôrS, stoS. 424h. stôkkva 42 7 b. 428 b. slanda.. stôlr .' m. 4i8m. svinnr svigr svôrSr 4i4 h. 4i6 h. 4i8m. T taka. 4s6 m. 427 b. 427 b. tâl 428 h. tefla 424 m. tein stySia 42 7 b. 424 h. teitr 429 h. 42 5 b. styra 4a4h. telia 428 h. styri su. 4a4 h. tî<5 42 5 b. 422 m. tîSr mik 4a 5 b. suSr 4i4m. til. 4a8h. SuSri 4i4m. tilt 4s8 h. sûga sumar 426 h. timbra 424 b. 424 m. tîu 432 m. sumbl liaHh. 4a 6 m. sunnan 4i4m. tiugari tîundi strâ. straumr strônd .. 1 43a m. TABLE 472 tivor 4a4b. tôfl. 4a4m. tông tôl.. 42 9 h. 428m. tôlf tôlfti tomt, topt pekia bêr 426 b. perra 445 m. pëssi 421 b. 446 b. bing 446 b. pinn 427 b. 4a 1 b. 424 b. pinurr. piôS 426 b. piônusta 426b. . 445 m. trê b. 421 b. 4a8 b. troSa 44i troll 441 b. PÔ ,. . «431 trog. tûrt 445 m. poer tungl 429 h. 42 7 h. pôënn polir Jxi 1 b. '. . 421 b. Tyr 4a4m. pôr 428 b. porp pôtt 44o m. P brâ . ... 4a 1 m. b. 428 b. 421b. , 445 m. 445 m. paSan 4a 1 b. praungr... priSi pagna 4a6 h. brîfa 44o h. pak bakkir 4s 6 h. prîr brisvar 422 h. prot 44i b. pâ baktr 437 m. 4a6 h. 422 h. 422 h. par parfr 4s 1 b. prûSgelmir 432 h. 44o m. prunginn 445 m. parmr 44o m. pu 421 b. bars 4s 1 b. 428 h. pat 4s 1 m. ]jùlr pumall pau 421 b. pumlûngr 425 h. pëgar 4s 1 b. purfa 44o m. pegia 4a6 h. peigi peir 42 9 b. purfi. purs . 445 m. 43ib. bvî 42ib. 42 5 h. 44o m. DES MOTS pvîat 421 b. pveginn pvô 4i6 h. 4i6 h. by bykia 473 ISLANDAIS. 4t5b. vaengr vaett .'. ; 4i6m. 4i6 426 b. vaettugi VafprûSnir vâgr vaka 4i5b. byrma 427 m. 4i8 h. 4i6 pyrstr 445 m. vala 4igh. Vali 4ig u ûlfr. 447 h. 4og h. UlfsfaSir um una 407 b. 421 h. und 42 2 b. undar 422 b. undar Valkyria valida valldi, valr valyndr vamm 441 b. h. b. . . . . 4og h. 434 m. ValfaSir .'. m. 420 h. valldr 4ig b. 4ig 4i6 b. m. 4ioh. 4i5 448 b. vângr vanr undarsamlig undir. 448 b. vanrêttr 442 b. 422 b. undorn 428 h. vâpn vara 4og b. 417 b. unn x4a~3 b. varSa unz. 433 b. varr 417 b. 417 b. vaxa 4i6h. vê 4i6 411 b. veS 4iob. ûsialdan 4s8 m. veSia.' 4i 1 h. ûtan 433 m. vëSr 4i6 m. ûti 423 m. vëga 4i5 b. vëgr veiSa 4i5 b. 4n m. veiSr 4n m. veigr veita 4i5 b. 4i3 m. . . '. 407 m. 4s3 m. upphimin ur. UrSr .... V va 42ob. vaSa 4iom. m. 42 0 b. m. 474 TABLE DES MOTS ISLANDAIS. veita 4i3 b. vinnr 420 b. yeitsla vekia 4ï3b. vis 4i3b. 4i6 h. vit 4o8b. vêl 4-igb. 4ig b. vila 4i3m. vîta 4i3b. 4i4b. vitia.. 4i3b. Ai7b. 4-11 m. 4n m. Vitnir 4i3 m. vitr. 4i3m. vîtr 4i3 m. 44o b. 44o b. vîtt vo 4i3m. 420 b. 417 b. 444 b. 444 b. vôH 4i8h. vômm Vestri 428 m. 4i 1 b. viS 4iob. vôrSr viS 4o8 b. 4n h. von * velia vêlspâ.....' veor vër vëra vërSa VerSandi veria. .• vërri vërstr vësall viSr vîSr vîg vîgbônd Vili.. vilia vôllr. 4r£h.~/ 419 h. vôlva 4i o h. 421 h. voenn 417 b. 4ÎO b. Y 4i3m. 4ï5 b. ySr 4io b. yfir 4igb. YggSrâsill vinda ^ 4ig b. 4n b. vindr 416 m. Vindsvalr Ui&<î\i Q"(J ^n"di AIVQV >P#\---: vinna .- yikr ymia Ymir 421 b. ' 407 b. 445 h. 429 m. 455 b. 455 b. 421 h. 4°7b- ERRATA. Page lisez vilhialmr. 97, villiahmr, i35 (ligne i4 d'en bas) effacez le point et virgule. Usez îviSi. 186 (vers 7) îvidi, Id. là. (vers 8) nëdan , lisez nëSan. (vers 11) iôrd, lisez iôrS. ig4 200 (vers 20g 318 (ligne (vers (ligne 32 2 (ligne 36o (ligne 383 392 " ~? g3) ]pâ, lisez |>û. 177) iôrd, lisez iôrS. lisez retrouveront. 1) retrouvèrent, i3) oma, lisez koma. lisez JjôgnoSo. 7 d'en bas) pôgnoSo, 7 d'en bas), du, lisez de. 5 d'en bas) et de même que, lisez : et, de (ligne même (ligne _ que. 11 d'en bas) B., lisez N. PREMIERE PARTIE. INTRODUCTION GENERALE. CHAP. I. De l'origine des idiomes scandinaves § I. De l'ancienne langue danoise § II. De l'ancienne langue norvégienne § III. De l'ancienne langue islandaise § IV. Table générale des idiomes teuto-gothiques CHAP. II. De l'ancienne littérature islandaise § I. De l'origine de la littérature islandaise; de l'Edda § II. De l'auteur du recueil de poésies nommé Edda § III. Du genre de poésie auquel appartiennent les poëmes de l'Edda § IV. De la forme narrative et de la forme dramatique des poëmes de l'Edda § V. Des sujets mythologiques traités dans les poëmes de l'Edda CHAP. III. Considérations sur la mythologie et sur la manière de la traiter § I. Des différentes opinions sur la nature de la mythologie § II. Des différentes espèces de mythes § III. Comment on peut distinguer les différentes espèces de mythes § IV. De la manière de traiter la mythologie CHAP. IV. Examen philologique de la langue islandaise § I. Des différents systèmes d'orthographe suivis dans les manuscrits islandais et les éditions de l'Edda § II. Examen des voyelles simples § III. Examen des diphthongues § IV. Examen des concrétifs § V. De la permutation des voyelles § VI. Le phénomène de la permutation des voyelles expliqué § VII. Des consonnes liquides R, L, M, N (halfraddar stafir, semi-voyelles) § VIII. Des consonnes labiales P, B, F, V § IX. Des consonnes dentales et sifflantes T, D, , Z, S § X. Des consonnes gutturales K, G, H, J, X § XI. Conclusion du chapitre CHAP. V. De la versification islandaise § I. De la quantité et de l'accent § II. Du rhythme § III. De la versification (versagiör ) § IV. De la versification islandaise § V. Du fornyrdalag De la thèse et de l'arse De l'anakrouse (mâlfylling) De l'allitération § VI. Du rhythme du fornyrdalag § VII. Du liôdahâttr § VIII. De la strophe § IX. La division de la strophe en quatre vers attaquée par Rask § X. Les objections de Rask réfutées SECONDE PARTIE. POEMES ISLANDAIS. I. VOLUSPA. INTRODUCTION CHAP. I. Explication du titre du poëme § I. Des prophétesses ou devineresses chez les peuples germaniques § II. Des Valas (Völur) chez les peuples scandinaves § III. De la forme de vision donnée au poëme CHAP. II. Des parties du poëme § I. De la disposition générale des parties du poëme § II. Table détaillée des parties du poëme § III. De l'arrangement des strophes CHAP. III. Examen critique du poëme § I. De l'intégrité du poëme § II. De l'époque de la composition du poëme § III. De l'auteur du poëme Texte et traduction Notes critiques et philologiques Notes explicatives II. VAFTHRUDNISMAL. INTRODUCTION CHAP. I. Explication du titre et du but du poëme CHAP. II. Des divisions du poëme CHAP. III. Discussion de différentes questions de critique concernant le poëme Texte et traduction Notes critiques et philologiques Notes explicatives III. LOKASENNA. INTRODUCTION CHAP. I. Du but du poëme CHAP. II. De la disposition des parties du poëme CHAP. III. De l'intégrité du poëme CHAP. IV. De l'époque de la composition du poëme Texte et traduction Notes critiques et philologiques Notes explicatives TROISIEME PARTIE. GLOSSAIRE. INTRODUCTION CHAP. I. De la signification des voyelles CHAP. II. De la signification des consonnes CHAP. III. De la formation des thèmes CHAP. IV. De la disposition des matières dans le glossaire GLOSSAIRE. - Thèmes commençant par une des labiales P, F, V, B Labiale seule Labiale avec labiale Labiale avec dentale Labiale avec gutturale Labiale avec R Labiale avec L Labiale avec N Thèmes commençant par une des dentales T, D, ,S Dentale seule Dentale avec labiale Dentale avec dentale Dentale avec gutturale Dentale avec R Dentale avec L Dentale avec N Thèmes commençant par une des gutturales K, G, H Gutturale seule Gutturale avec labiale Gutturale avec dentale Gutturale avec gutturale Gutturale avec R Gutturale avec L Gutturale avec N Thèmes commençant par la liquide R R seul R avec labiale R avec dentale R avec gutturale Thèmes commençant par la liquide L L seul L avec labiale L avec dentale L avec gutturale Thèmes commençant par la nasale N seul N avec labiale N avec dentale N avec gutturale N avec R Onomatopées proprement dites TABLE ALPHABETIQUE des mots islandais expliqués dans le glossaire