Les pays baltes veulent une centrale nucléaire commune

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Les pays baltes veulent une centrale nucléaire commune
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23 mars 2006
Les pays baltes veulent une centrale
nucléaire commune
RIGA, VILNIUS envoyé spécial - Olivier Truc
Deux ans après leur adhésion à l’Union européenne (UE), les trois républiques baltes veulent briser
leur isolement énergétique. Alors que le conseil européen de jeudi 23 et vendredi 24 mars, à
Bruxelles, évoquera la politique énergétique commune, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie estiment
que les autres Etats membres et les institutions européennes n’ont pas pris en compte, jusqu’à
présent, leur vulnérabilité énergétique.
Aussi ont-ils lancé une initiative en faveur d’une centrale nucléaire commune. Lundi 27 février, les
premiers ministres baltes ont signé un accord déclarant leur volonté de développer une stratégie
énergétique commune, et de voir leurs compagnies d’énergie nationales étudier la construction d’une
centrale nucléaire. Mercredi 8 mars, les PDG des trois compagnies nationales ont signé un accord
pour une étude qui devrait être rendue en novembre.
A la mi-mars, le président lituanien Valdas Adamkus a même étendu l’invitation à la Pologne. Les
Baltes exigent également de Bruxelles que le plan de connexion énergétique de l’Union européenne
soit considéré comme une priorité et soit annoncé dès la fin de l’année. Car, à ce jour, le réseau des
trois pays baltes n’est pas relié au reste de l’UE, ce qui les place en état de dépendance vis-à-vis de la
Russie.
"La signature en septembre 2005 de l’accord entre la Russie et l’Allemagne sur la construction d’un
gazoduc sous-marin reposant au fond de la mer Baltique a eu un gros impact sur les responsables
baltes", souligne Arturas Dainius, secrétaire d’Etat au ministère lituanien de l’économie, chargé de la
politique d’énergie. Les trois républiques baltes ont passé l’automne 2005 à tirer la sonnette d’alarme
sur les risques environnementaux que fera courir un tel pipeline, en raison des tonnes d’armes
chimiques coulées au lendemain de la seconde guerre mondiale.
DÉPENDANTS DU GAZ RUSSE. Plus prosaïquement, les Baltes digèrent mal le fait que le gazoduc ne
traverse pas leur territoire, ce qui leur aurait assuré des redevances faciles. La crise entre la Russie et
l’Ukraine, début 2006, a fini de convaincre les responsables baltes. "Nous avons eu un exemple
concret de ce qui pourrait nous arriver", note M. Dainius. La situation des trois pays est critique.
Près de 70 % des besoins en énergie de la Lituanie sont couverts par la centrale nucléaire d’Ignalina,
au nord de Vilnius. Du même type que celle de Tchernobyl, elle est condamnée à court terme. C’était
la condition posée par l’UE afin que la Lituanie la rejoigne. Le premier réacteur a été fermé en 2004,
le second le sera en 2009. "Nous serons alors dépendants à 60 % du gaz russe", précise M. Dainius.
En Estonie, la situation n’est pas meilleure. Le pays tire l’essentiel de son énergie de vieilles centrales
fonctionnant au schiste bitumineux, un combustible fossile très polluant. Ces centrales ont besoin
d’être modernisées. Quant à la Lettonie, seul des trois pays baltes qui a besoin d’importer une bonne
part de son énergie, la situation est urgente. "100 % de notre gaz vient de Russie. Nous avons besoin
de nous diversifier et une centrale nucléaire est l’une des meilleures solutions", affirme Ansis Teteris,
directeur adjoint du département de l’énergie au ministère letton de l’économie.
L’hypothétique centrale, qui pourrait ouvrir vers 2015, serait située à Ignalina, et son coût est estimé
à 1,5 milliard d’euros. Mais les critiques commencent à s’élever, notamment parce qu’aucun débat
public n’a précédé l’annonce faite par les trois premiers ministres.