Revue de Presse

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Dossier de Presse LINDIGO
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MUSIQUES
Mondomix.com
LE MALOYA
A TOUJOURS 20 ANS
© Laurent Benhamou
Avec son quatrième album, Maloya Power, Lindigo prouve que le maloya
a le pouvoir de transcender l’insularité réunionnaise,
pour voyager du côté du Brésil, de l’Afrique de l’Ouest ou du dub.
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« J’AI DÉCOUVERT AVEC LINDIGO
CE QUE JE CHERCHE :
DES RACINES QU’IL FAUT DÉTOURNER,
MALAXER »
FIXI
Tout a commencé dans une voiture. En 2009, pendant le festival Sakifo, à
Saint Pierre de la Réunion, Olivier Araste, le leader de Lindigo, fait monter
Fixi, multi-instrumentiste et accordéoniste de Java, pour une petite balade.
Dans le poste, l’afrobeat, dont le Réunionnais est fan, les réunit : Fixi a travaillé avec Tony Allen, le parrain nigérian de ce groove révolutionnaire. Tous
deux jouent également de l’accordéon et improvisent quelques heures plus
tard, sur la petite scène de France ô, quelques morceaux maloya-musette
devant un public du Sakifo médusé. Deux ans plus tard, les voilà réunis sur
un disque, Maloya Power, composé par Olivier Araste et réalisé par Fixi.
Un disque qui ose donner au maloya des accents ouest-africains, afrobeat,
samba ou dub.
ROUGAIL CUIT AU FEU DE BOIS
Bande dessinée
«Petit, la BD que je lisais le plus c’était
Boule et Bill ! Il y avait des planches
distribuées dans les journaux, j’étais à l’affût
chaque semaine ! D’ailleurs comme Bill,
j’ai toujours un chien avec moi aujourd’hui » Da^k^Zg6gVhiZ
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En digne héritier de ses aînés, Olivier Araste s’est d’abord attaché à jouer
du maloya comme il se pratique chez lui, à Paniandy, à quelques kilomètres
de Bras Panon, à l’est de l’île de la Réunion. Sans sonorisation, en pagne,
torse nu, en famille, autour d’un rougail cuit au feu de bois. Enfant, dans les
champs de canne, près de Grand-Bois, avec son père, il comprend que
chanter donne du cœur à l’ouvrage. Pendant les servis malgas, les cérémonies d’hommage aux ancêtres malgaches, où son grand père joue de
l’harmonica, il découvre que les rythmes ternaires du maloya font tomber en
transe les amis de la famille et les voisins.
Né en 1983, deux ans après la levée de l’interdiction de la pratique du maloya à la Réunion, Olivier apprend adolescent que les tambours, le roulèr et
le kayamb, représentent pour les générations précédentes les symboles de
Musiques
la lutte pour l’identité créole. Il fonde Lindigo en 1999 et décide
d’y amener son histoire, qui est aussi celle de beaucoup de
Réunionnais : le métissage. Enfant, sa grand-mère maternelle,
née au Mozambique, lui chante des airs d’Afrique de l’Est ; de
l’autre côté, son grand-père malgache ne parle pas un mot
de français. Olivier Araste vit ce métissage « kaf » comme une
fierté et revendique son appartenance malgache. Il introduit
dans le maloya l’accordéon diatonique et l’harmonica, deux
instruments très présents sur l’île Rouge. Son deuxième album, Zanatany (« les enfants du pays », en malgache) vend 10
000 copies, un score énorme à l’échelle de la Réunion et de
ses 840 000 habitants. Les chansons de Lindigo passent à la
radio et se jouent en discothèque. Les jeunes se reconnaissent
dans son « maloya-20 ans », cette nouvelle approche de la
culture créole, pas moins roots, mais moins militante que celle
des aînés, et plus festive.
Malgré son respect pour le maloya des anciens, Lindigo incarne
la réappropriation de la culture réunionnaise par les générations
post-1981, celles qui n’ont pas eu à lutter pour être créoles mais
se battent aujourd’hui pour le rester. Jeune homme, Olivier Araste a refusé d’aller tenter sa chance en métropole : il a préféré
étudier le vieux créole des granmouns et assister aux profondes
mutations de l’île, pour les accompagner et préserver ce qui
pouvait l’être. Il épouse la cause créole par amour et milite en
musique pour un maloya vivant, reconnu patrimoine immatériel
de l’humanité par l’Unesco en 2010, mais surtout pas une pièce
de musée. Hymne volcanique à l’énergie de La Réunion, Maloya
Power sonne comme un manifeste d’une mondialisation heureuse, comme un joyeux passeport métisse.
© Laurent Benhamou
DE LA RÉUNION AU BRÉSIL
© Fixi
PASSEPORT MÉTISSE
Depuis, les musiciens de Lindigo sont allés au Brésil, au Mali, au
Burkina Faso, ont ramené des instruments. Maloya Power témoigne de cette ouverture. La rencontre avec Fixi tombait donc
à pic : « Olivier attendait depuis longtemps quelqu’un d’un autre
univers musical que le sien. Il avait envie d’emmener le maloya
un peu ailleurs, analyse Fixi, en ligne depuis La Réunion. De mon
côté, j’ai découvert avec Lindigo exactement ce que je cherche
en musique : un socle, des racines, un ancrage dans l’histoire,
qu’il faut détourner, malaxer pour en faire quelque chose de moderne. C’est ce qu’on a fait avec Java, McAnuff ou même Tony
Allen ». A partir des maquettes de Lindigo qui introduisent déjà
l’afrobeat, le kamélé n’goni, le balafon, Fixi pousse le bouchon
un peu plus loin, accompagne les mélodies, rajoute quelques
effets… Dans les années 80, le maloya s’ouvrait au monde à
grands coups de guitares électriques et de synthétiseurs ; en
2011, l’inspiration se cherche en Afrique, au Brésil : « Ce n’est
pas si novateur, relativise Fixi. Alain Peters, ce génie réunionnais,
l’a fait dans les années 80, avec trente ans d’avance et complètement à contre-courant, en introduisant le guembri, la basse
gnawa, dans ses morceaux… » D’ailleurs, Loy Ehrlich, qui avait
justement ramené d’Essaouira le fameux guembri à Peters à
l’époque des Caméléons, apparaît sur Lamour, planante déclaration d’amour à la famille, au maloya, aux ancêtres.
« J’avais en tête les clichés sur le Brésil, les filles aux seins nus, le
carnaval de Rio… Et puis quand on est arrivés à Bahia, j’ai tout de
suite eu un déclic : j’ai vu des gens en blanc, qui dansaient en honorant leurs ancêtres. Si loin de la Réunion, ils étaient proches de
nous », se souvient Olivier Araste. En tournée en février 2011 pour
le festival Porto Musical de Recife, le groupe Lindigo découvre le
Brésil, sous les caméras de Valentin Langlois, d’Hélico Music, et
du réalisateur Laurent Benhamou. Les Brésiliens, qui ignorent tout
de la Réunion, perçoivent le maloya comme « une samba de roda
de l’océan indien ». Des plantations à l’énergie des mégapoles
brésiliennes, de Bahia au Pernambouc, les artistes se découvrent
une proximité musicale, rituelle, spirituelle, sans autre communication que la musique. De part et d’autre, c’est un choc. Un choc
qui se danse, se chante et se partage dans l’émotion et dans la
fête, comme avec des cousins qu’on aurait perdu de vue depuis
des siècles.
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QLINDIGO Maloya Power )FMJDP
QCONCERT dans toute la france en avril mai
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Lindigo, la vie Maloya
http://www.rfimusique.com/print/117912?print=no
Publié sur RFI Musique (http://www.rfimusique.com)
Lindigo, la vie Maloya
By Anne-Laure Lemancel
Non
En provenance de l!océan Indien, le groupe Lindigo a débarqué à Paris pour présenter
Maloya Power, son tout nouvel album, qui devrait embraser 2012 de sa bonne humeur
et de ses rythmes 100% contagieux ! Olivier Araste, le charismatique leader de cette
formation galvanisante, à l!enthousiasme inaltérable, revient sur la gestation du disque,
son combat et sa foi dans le maloya. Rencontre.
RFI Musique : Que vous jouiez sur scène, en discothèque ou dans les
cérémonies (Servis Kabaré), éprouvez-vous toujours la même spiritualité ?
Olivier Araste : Bien sûr ! Mes ancêtres m!entourent à chaque instant. La même
énergie, la même force circule : un flux identique, une communication permanente, une
foi qui me transcende. Peu importe l!endroit, lorsque je chante maloya, je m!engage à
100% par le cœur, le corps et l!esprit.
Vous vous apprêtez aujourd!hui à sortir votre quatrième album, Maloya Power...
Quel mot reflète au mieux cette création et votre état d!esprit ?
Assurément l!amour ! Ce disque en regorge : pour la cuisine, pour mes enfants, mes
amis, pour mon île, pour la vie... De l!amour, toujours et partout, enregistré sous les
yeux et la bénédiction d!un nouveau-né : le bébé des amis qui nous prêtaient leur
maison. J!ai composé les bases de ce disque autour d!onomatopées chantées avec
mes deux fistons, Johannes (six ans) et Xavier (trois ans). Des fondations familiales,
que nous avons ensuite cultivées avec mes musiciens, au cours de nos voyages, de
nos répétitions... Et puis, Maloya Power a été enregistré au grand air, dans une cour
pleine de bonheur ! Le maloya ne saurait, en effet, s!enfermer entre les murs d!un
studio. Pour que la magie surgisse, il faut la communication entre la terre et le roulèr.
On a donc joué dans un jardin bordé de champs de cannes, avec pour seule
compagnie des poules, des oiseaux, des chiens, des enfants...
Pour la réalisation de cet album, vous avez fait appel à Fixi (du groupe Java,
ndlr). Que vous a apporté cet œil extérieur ?
J!ai rencontré Fixi lors du Sakifo 2009 : bon feeling, bon échange... Il a passé quelques
temps à la maison, à Bras-Panon. Il a pris le temps de me connaître, de me
comprendre et a très vite intégré l!esprit de notre maloya. A Lindigo, il a apporté son
expérience et la structuration qui nous manquait. Nous, quand on joue, on ne compte
jamais : on sait quand ça commence, jamais quand ça finit ! Il a cadré nos morceaux
dans des formats acceptables. Surtout, sa devise était : "Lâchez-vous !" Je crois qu!il a
apporté à tous les musiciens la confiance nécessaire, pour qu!ils cessent d!être
timides. Madia, par exemple, qui jouait du kamale ngoni replié dans son coin, fait
aujourd!hui chanter son instrument sur les pistes du disque... On convoque aussi le
balafon, l!accordéon, les influences brésiliennes... Bref, on explore d!autres possibilités.
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Lindigo, la vie Maloya
http://www.rfimusique.com/print/117912?print=now
On ouvre les fenêtres vers de nouveaux horizons, décomplexés ! Ca s!appelle grandir,
non ? Fixi nous a permis cette liberté et l!a, en même temps, canalisée.
Votre titre, Maloya Power, ainsi que le poing levé dessiné dans votre livret,
révèle-t-il un album militant ?
Dans ce disque, je pense à toute l!épopée du maloya : aux esclaves réunis dans les
cabanons pour chanter leur pays, célébrer leurs ancêtres ; à nos aînés, tels Danyel
Waro [1], qui se servaient de leur art pour dénoncer les dérives politiques ; à
l!interdiction du style par les institutions jusque dans les années 1980 ; à sa manière
d!incarner l!identité créole réunionnaise... Et moi, dans tout ça, comme toute ma
génération, qui porte le flambeau avec une fierté grandissante. Mais il ne faut pas
lâcher ! Ma musique, celle de mes ancêtres, se conjugue aujourd!hui au futur. Ainsi,
chaque jour, Johannes et Xavier, élevés au maloya, s!exercent au kayamb, au roulèr :
une gymnastique quotidienne ! Pour autant, je ne souhaite pas qu!ils en fassent leur
métier. Pour les politiques et la société, ça reste du maloya ; on continue de te mettre
des bâtons dans les roues, que tu dois avoir en acier trempé ! Beaucoup de gens
aiment la saveur de ta cuisine au feu de bois, mais parfois les décideurs viennent
critiquer l!hygiène et préfèreraient des plats aseptisés.
Le maloya est-il un art de vivre au quotidien, au-delà de la seule musique ?
Pour moi, ce style musical est une somme d!amours additionnés : la force, la fierté
d!êtres nés à la Réunion, ce petit caillou, cette pierre précieuse, qui regorge de tant
d!histoire(s). Le maloya, c!est la pureté, et ce battement qui me hante à chaque
moment de la journée. Il n!y a pas de temps spécifiquement "consacré" à mon art. Je
fredonne quand je me lève le matin, quand je donne à manger aux animaux, quand je
jardine... Et quand tu vis "maloya" c!est différent, ça apporte un supplément d!âme.
Malgré les tracas, les soucis et autres cheveux blancs, tu ne peux t!empêcher de
penser : oté, la vie est belle !
Lindigo sur FB [2]
Lindigo Maloya Power (Hélico) 2011
Sakifo : le rougail musique [3]
Tsenga [4]
Charles Kely, le maître des clés [5]
URL source: http://www.rfimusique.com/actu-musique/maloya/album/lindigo-maloya-power-reunion-oceanindien-creole
Liens:
[1] http://www.rfimusique.com/artiste/musiques-monde/danyel-waro
[2] http://fr-fr.facebook.com/pages/LiNDiGo/56010702229
[3] http://www.rfimusique.com/actu-musique/sakifo-le-rougail-musique
[4] http://www.rfimusique.com/actu-musique/musiques-monde/album/mayotte
[5] http://www.rfimusique.com/actu-musique/charles-kely-le-maitre-cles
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Critique | 18 avril 2012
Lindigo porte haut les couleurs du maloya
Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ
World . Symbolisant le renouveau du genre, le groupe réunionnais entame une tournée hexagonale.
Avec 840 000 habitants, la Réunion est à peine plus peuplée que l’Oise. Ce qui n’empêche pas le
département-région de produire autour de 350 CD par an. Fleuron de ce cru, Lindigo a vendu 3
000 exemplaires en deux semaines de son quatrième disque, Maloya Power. Chiffre impressionnant,
vu le pouvoir d’achat bien plus bas sur l’île qu’en métropole, avec un tiers de la population vivant des
minima sociaux. Lindigo a même déjà fait mieux : en 2006, son deuxième CD, Zanatany, s’était
écoulé à 10 000 exemplaires localement, porté par le tube la Kase a Nou.
Rite. Olivier Araste (percus, accordéon), né en 1983, a créé Lindigo avant d’être majeur. Son projet :
revaloriser les racines malgaches de la Réunion, peuplée par les migrants de la Grande Ile voisine.
Volubile, le robuste chanteur remonte le fil de la mémoire familiale. «Mon arrière-grand-père est
venu de Madagascar pour être valet de chambre chez un propriétaire. Mon grand-père est né sur le
bateau et ses parents l’ont caché pour déclarer sa naissance à terre, ce qui lui permettait d’acquérir
la nationalité française.» La présence malgache dans la vie réunionnaise se manifeste notamment via
le culte des ancêtres et les rites servis kabaré. «La langue malgache est hélas de moins en moins
parlée», déplore l’artiste.
Dans sa famille, les tambours ont toujours résonné et le village de Paniandy, dans l’est de l’île, est un
des nombreux endroits où se perpétue la marche sur le feu en l’honneur de la déesse Pandyalé, un rite
de purification apporté par les travailleurs tamouls. C’est à ce terreau que s’enracine la musique de
Lindigo. Son CD précédent était Lafrikindmada, en fusion entre Afrique, Inde et Madagascar ; mais le
fonds de Lindigo est le maloya avec son instrument emblème, le kayamb. Dès l’enfance, Olivier
Araste a écouté le maloya aux meilleures sources : Roi Kaf et Julien Lelé, tous deux morts en 2004.
«Le maloya est indissociable de la culture de la canne, selon le chanteur. C’est la musique des
calbanons» - ces baraquements où vivaient les ouvriers agricoles.
Les membres du groupe sont coupeurs (tel le frère d’Olivier, Dado, percussionniste) ou issus de ce
milieu de la canne à sucre, mère du kayamb : les tiges de ses fleurs séchées et emplies de graines sont
réunies en carré. Secoué, le kayamb produit la rythmique syncopée qui est la signature du maloya.
Olivier Araste pointe pourtant une menace sur l’instrument : «On a créé en laboratoire une variété de
canne dont le rendement en sucre est meilleur mais qui ne donne pas de fleur. Si elle se généralise à la
Réunion, le kayamb disparaîtra.» Dès son titre, Maloya Power a l’allure d’un manifeste. Que
confirme le poing levé qui illustre le livret intérieur. Olivier Araste confirme : «Le poing, c’est un
hommage à Fela, dont j’admire le combat. A travers la vigueur des rythmes, je me bats pour que notre
culture soit reconnue. Et je constate que nous allons dans le bon sens. Quand j’étais plus jeune, le
maloya était jugé ringard. Aujourd’hui, il passe en discothèque.»
«Gueule de bois. Maloya Power est l’arme de ce combat : produit par le métropolitain Fixi, du groupe
Java, le disque est une marmite bouillonnante de rythmes et d’émotions. Reste à savoir, avant de
quitter Olivier Araste, l’origine du nom du groupe. «L’indigo est une plante médicinale qui ouvre
l’appétit, rafraîchit… Ses feuilles dans l’eau du bain soulagent les douleurs. Et ses racines, plongées
quelques jours dans une bouteille d’eau, sont un remède contre la gueule de bois. J’ai enfin compris
comment faisaient les vieux pour absorber tellement de rhum le samedi soir et se relever en pleine
forme le dimanche…»
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Lindigo: le maloya "racine" d'un jeune groupe ouvert aux grooves planétaires (ENTRETIEN)
Par Christophe CHEYNIER
PARIS, 20 avr 2012 (AFP) - "Quand tu sais d'où tu viens, tu sais où tu vas": cette formule de son
leader Olivier Araste résume l'esprit du groupe Lindigo, qui joue un maloya "racine" dans la tradition
de cette musique rituelle d'origine malgache à La Réunion, tout en s'ouvrant à l'afro-beat, au funk ou
au mandingue.
"Danyèl Waro, c'est un tonton pour nous, il a pas lâché le bout, il a combattu, avec plein d'autres,
Firmin Viry, Granmoun Lélé...", a déclaré à l'AFP Olivier Araste, chanteur-accordéoniste de Lindigo,
en tournée en mai.
A l'époque où Danyèl Waro reprend le flambeau du maloya, cette musique de chants, danses et
percussions pratiquée dans des fêtes rituelles par les ouvriers agricoles descendants d'esclaves
malgaches qui se sont mêlés aux indiens malbars, est jugé subersive par le pouvoir qui l'étouffe dans
les années 70.
"Nous, on est né après 1981, on a connu le maloya après l'interdiction, on le voit différement: c'est
+new generation+", dit Olivier Araste.
Ce solide gaillard vient d'une famille de coupeurs dont le premier arrivant, son arrière grand-père,
est venu de Fort-Dauphin au sud de Madagascar "s'engager pour travailler chez les grands
propriétaires".
"Nous sommes de Bras-Panon dans l'est de l'île, là il y a encore la canne. C'est un endroit racine
avec plein, plein de maloya", poursuit-il dans un français au fort accent créole.
"L'endroit où je vis, Faniandy, c'est un petit quartier où il y a quarante maisons concentrées".
C'est dans ce chaudron qu'il découvre le maloya, qu'il pratique dès l'âge de huit ans avec le groupe
de son frère, puis les "vieux", avant de fonder Lindigo en 2000.
"Si tu as la chance de venir à Paniandy, Bras-Panon, tu vas entendre le son du maloya, il y a au mois
dix groupes et là on fait du roots, tous les samedi soirs il y a des cérémonies en l'honneur des
ancêtres", dit-il.
Après trois albums d'un maloya plus brut privilégiant les origines malgaches, Lindigo a publié en
février "Maloya Power" (Hélico/L'Autre Distribution), un quatrième disque qui marque un tournant.
"Maloya Power" offre toute une gamme d'ambiances, du plus roots (Bal Gayar), au plus funk
("Lamour"), de l'afro-beat ("Domoun") au Nordeste brésilien "Beleza").
"La racine, traditionnelle, toujours. Mais comme je suis musicien, à un moment donné on a envie de
mélanger", explique Olivier Ariste.
Fixi, du groupe Java, a réalisé l'album et apporte vraiment un son nouveau.
D'autres chansons ont des couleurs mandingues, avec le n'goni, le balafon ou le djembe.
"En ce moment, ces instruments cartonnent à la Réunion. Il y en a qui en approfondissent leur
connaissance, comme Madia qui joue avec moi, qui est allé au Conservatoire et a vraiment appris la
culture africaine, explique Olivier Araste.
L'un des chefs de file du "new maloya" privilégie son côté festif. "Le maloya, c'est pas seulement
pour dire +on est misère+. On essaie de toucher le public le plus large possible, on passe en
discothèque, sur les radios, à la télé".
"Lindigo, c'est le nom d'une plante qui donne de l'appétit, bonne pour laver quand on a un peu bu le
week-end, et ça rafraîchit, Lindigo ça fait du bien", conclut Olivier Ariate dans une formule choc.
En tournée: Toulouse (8 mai), Montpellier (9), Marseille (10), Grenoble (11), Clermont Ferrand
(12), Laval (13), Poullaouen (17).

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