Chevron - Public Eye

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Chevron - Public Eye
Chevron
Le cas
En 2006, Chevron a reçu le Prix du jury (« Public Eye Jury Award ») dans la catégorie
« environnement », pour avoir pollué de grandes surfaces de forêts vierges, jusque-là
préservées, dans le nord de l’Equateur. En 2001, le groupe américain a racheté l’entreprise
Texaco, qui a porté atteinte à l’environnement pendant près de trente ans en utilisant des
technologies non conformes aux normes en vigueur. D’immenses surfaces en Amazonie, aussi
bien terrestres qu’aquatiques, ont été très gravement polluées. En cause : le rejet de plus de 68
milliards de litres d’eaux usées toxiques, la fuite de 64 millions de litres de pétrole brut,
l’évacuation de déchets contaminés et le brûlage de gaz. La population locale continue de
souffrir de graves problèmes de santé. Des communautés indigènes ont même été menacées de
disparition. Incroyable, mais vrai : plutôt que de faire assainir les sites pollués, l’entreprise les
laisse à l’abandon. A ce jour, elle n’a assumé aucune responsabilité pour les dommages causés.
Ce qui s’est passé depuis
La plainte collective déposée aux Etats-Unis en 1993 a été rejetée, au motif qu’il incombait à la
justice équatorienne de se prononcer sur ce cas. Une nouvelle plainte a alors été déposée au
nom de 30 000 victimes auprès d’un tribunal équatorien. Les plaignants demandent à Chevron
de réparer les dommages causés à l’environnement. En 2013, après que l’entreprise a fait appel,
la plus haute instance judiciaire de l’Equateur a confirmé le jugement en faveur des plaignants et
a condamné Chevron à payer 9,5 milliards de dollars (US) de dommages et intérêts et de frais
d’assainissement. A ce jour, l’entreprise n’a toujours pas accepté le jugement, qu’elle considère
comme illégitime et non exécutable. Pire encore, Chevron a déposé plainte contre les avocats et
les représentants des plaignants pour extorsion. Le géant américain leur reproche de s’être
ligués contre l’entreprise dans le seul but de lui soutirer des milliards à travers des actions en
justice en Equateur. Il a même tenté de forcer les avocats des victimes, des défenseurs des droits
humains et des journalistes à publier toutes leurs communications avec les actionnaires de la
firme, la presse et le gouvernement. Les plaignants affirment que Chevron ne cesse de violer leurs
droits fondamentaux par ses agissements. Les avocats principaux des victimes ont donc déposé
une plainte pour crime contre l’humanité contre le directeur ainsi que le vice-président de
l’entreprise auprès de la Cour pénale internationale de La Haye.
Pourquoi attribuer le «Lifetime Award» à Chevron ?
A l’heure actuelle, l’entreprise refuse d’assumer ses responsabilités pour l’une des pires
catastrophes environnementales jamais survenues. Alors que la population locale continue de
souffrir des conséquences de la pollution causée à leur territoire, Chevron refuse de réparer les
dommages dont elle a hérité en rachetant Texaco. Malgré un combat juridique de plus de vingt
ans, Chevron continue de se soustraire à ses responsabilités. Les victimes attendent toujours que
justice soit faite et que les indemnisations soient versées. En Afrique, en Amérique du Nord, en
Amérique du Sud, en Asie et en Europe, des communautés affectées par les activités
commerciales de Chevron se mobilisent pour faire valoir leurs droits. Il est choquant que
l’entreprise qualifie le travail des organisations de la société civile de conspiration. Ce cas
montre que les multinationales comme Chevron ne menacent pas seulement les efforts des
plaignants dans cette affaire, mais mettent également en péril le droit de tous les êtres humains
à obtenir réparation lorsque leurs droits fondamentaux ont été bafoués par des entreprises.
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Faits et chiffres
Nom
Siège principal
Secteur
Chiffre d’affaires en 2013
Bénéfice net en 2013
CEO
Nombre d’employés
Chevron Corporation
San Ramon, Etats-Unis
Pétrole et gaz
220 milliards de dollars (US)
21 milliards de dollars (US)
John S. Watson
64 600
Témoignages
« J’ai perdu deux enfants à cause de la pollution causée par Texaco, et maintenant l’entreprise
me traite de criminel parce que j’ose demander que justice soit faite. Depuis que l’entreprise
s’est installée ici, notre culture a été gravement affaiblie, nos enfants ont été empoisonnés et nos
forêts détruites. Et c’est nous que Chevron traite de criminels ? »
Emergildo Criollo, l’un des chefs de la communauté indigène Cofan (c’est sur les terres de cette
communauté, transmises de génération en génération, que l’entreprise a recherché pour la
première fois du pétrole en 1964)
« Mes parents sont morts d’un cancer causé par la pollution. Je continue à me battre pour que
justice soit faite, pour que plus personne ne souffre comme mes parents ont souffert ou
connaisse une perte comme la mienne. Chevron nous a trompés, moi, ses actionnaires et le
monde entier. Au nom de tous, je déclare que John Watson, directeur général de Chevron,
devrait être licencié.»
Servio Curipoma de San Carlos, une petite localité équatorienne située au nord de l’Amazonie.
« Le directeur de Chevron ainsi que d’autres collaborateurs haut placés ont menacé les
communautés concernées de les poursuivre sans répit jusqu’à la fin de leur vie et leur ont dit
qu’ils se battraient jusqu’à ce que l’enfer gèle, et continueraient même à lutter sur la glace.»
Paul Paz y Miño, Amazon Watch
Organisation dénonciatrice
Amazon Watch
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