109-126 - Netcom

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109-126 - Netcom
Networks and Communication Studies,
NETCOM, vol. 22 (2008), n° 1-2 & NETSUDS, vol. 3 (2008)
pp. 109-126
RÔLE JOUÉ PAR L’ÉCONOMIE INFORMELLE DANS
L’APPROPRIATION DES TIC EN MILIEU URBAIN
EN AFRIQUE DE l’OUEST
ANNIE CHENEAU-LOQUAY 1
Abstract – The “informal” economy concerns activities directly bound to the most contemporary
evolutions. Those related with the insertion of the ICTs in territories are demonstrations of a "paradoxical
invention of the modernity" [JF Bayart 1994] with regard to the universalist classic model of the modernization
spread by the West. Having explained briefly what we understand by "informal" according to various
disciplinary approaches, we shall show how the insertion and the appropriation of the ICTs in the African cities
gives place to a proliferation of new activities of service which are embedded in the urban fabric, adapt themselves
to the low level of income of the populations and generate more or less qualified jobs which recover totally or
partially from informal practices. We shall wonder finally about the proliferation of this " other economy "
expression of the globalization.
Key words – ICTs and informal economy – West Africa - Forms of appropriation
Résumé – L’économie « informelle » concerne des activités directement liées aux évolutions les plus
contemporaines. Celles liées à l’insertion des TIC dans les territoires sont autant de manifestations d’une
« invention paradoxale de la modernité » [JF Bayart 1994] par rapport au modèle classique universaliste de la
modernisation diffusé par l’Occident. Après avoir exposé brièvement ce que l’on entend par « informel » selon
différentes approches disciplinaires, on montrera comment l’insertion et l’appropriation des TIC dans les villes
Africaines donne lieu à une prolifération d’activités nouvelles de service qui s’incrustent dans le tissu urbain,
s’adaptent au faible niveau de revenu des populations et génèrent des emplois plus ou moins qualifiés qui relèvent
totalement ou en partie de pratiques informelles. On s’interrogera enfin sur la prolifération de cette « autre
économie » expression de la mondialisation.
Mots clés – TIC et économie informelle – Afrique de l’Ouest – formes d’appropriation
Selon la définition de l’UNESCO, on entend par technologies de l’information et de
la communication, l’ensemble des dispositifs et des systèmes informatiques de stockage, de
communication, de traitement et de gestion de données. Elles constituent, d’après Castells
(1998), un « ensemble convergent des technologies de la micro-électronique, de l’informatique
(machines et logiciels), des télécommunications/diffusion et de l’opto-électronique ». Cette
interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des TIC puissent
répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’État que des ménages et des individus.
Directrice de recherche au CEAN/CNRS-IEP de Bordeaux, 11 allée Ausone, Domaine
Universitaire,
33607
Pessac
cedex,
responsable
du
programme
Africa’nti
(http://www.africanti.org), coordinatrice du Groupe de recherche international Netsuds,
(http://www.gdri-netsuds.org), [email protected]
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S’interroger sur le rôle de l’économie informelle dans l’appropriation des TIC dans les
territoires africains c’est mettre en évidence un contexte en opposition avec les normes et le
modèle occidental qui a conçu et structuré ces TIC 2 . Au regard des spécificités des pays du
Sud, nous défendons l’hypothèse selon laquelle la question des réseaux et technologies de la
communication doit être située dans un contexte global, celui d’une « modernisation
paradoxale » liée à l’importance de l’économie informelle. En effet, entre la situation des pays
développés et celle des pays en voie de développement, il ne s’agit pas seulement d’une
différence de niveau de développement des réseaux et services mais d’une différence de nature
dans les formes de modernisation 3 . Cette différence tient aux degrés et aux modalités
d’interconnexion des différents réseaux territoriaux. Les télécommunications y compris
Internet ne peuvent être étudiées pour elles-mêmes, sans tenir compte du contexte matériel et
socioculturel. L'insertion de ces technologies et leur appropriation par les sociétés se font dans
ces espaces singuliers selon des modes particuliers qui tiennent au caractère lacunaire des
territoires, à la faiblesse des Etats souvent dépourvus des moyens financiers et humains
appropriés et à son corollaire, l’importance d’une économie « informelle » 4 .
La notion de secteur « informel», terme créé par Keith Hart [Hart, 1995] en 1973,
mettait en évidence de façon empirique une dimension d’un phénomène qui allait prendre une
ampleur considérable dans les sociétés non développées. Lautier, De Miras et Morice
définissent l’économie informelle « comme les actes (ou ensemble d’actes) économiques
marchands qui échappent aux normes légales en matière fiscale, sociale, juridique ou
d’enregistrement statistique » (Lautier, De Miras, Morice 1991).
« L’informel » constitue un mode de fonctionnement socio économique dominant des
pays africains au sud du Sahara. Il assure des fonctions essentielles dans l’emploi, la
production, la distribution des revenus, la satisfaction des besoins, la formation des jeunes, les
échanges culturels, etc.
C’est un phénomène en expansion constante. Dans le modèle de construction d’une
économie moderne élaboré dans les années soixante, soixante-dix pour les PMA, le secteur
informel était assimilé au secteur traditionnel, il devait progressivement disparaître et être
absorbé par le secteur moderne. Or c’est l’inverse qui s’est produit, l’informel a révélé une
dynamique d’expansion et de renforcement de son rayon d’action qui laisse penser qu’il
continuera durablement à occuper une part importante de la population active. Les raisons en
sont complexes. Les contre-performances économiques du modèle étatique postcolonial et les
résultats mitigés des politiques d’ajustement structurel qui leur sont consécutives, ont conjugué
Le système technico-économique diffusé par le modèle occidental est par définition formel, L'État le
droit et les grands systèmes techniques ont été jusqu'à nos jours intimement liés; ces relations ont été le
support de la diffusion de la modernisation au niveau mondial. Tocqueville le premier, dans La démocratie
en Amérique, a souligné comment, grâce à un mélange de codes juridiques, à la construction de réseaux
techniques, à la nationalisation des ressources minières, l'Etat avait accentué son emprise sur le territoire
et sur les individus. En même temps que se développait l'économie capitaliste, l'idée d'universalité et
d'homogénéité territoriale était associée à celle de droits de l'homme. Il ne s'agissait pas seulement de
mettre en place des infrastructures mais d'un processus beaucoup plus complexe qui impliquait un
développement cohérent d'appareils à la fois techniques et institutionnels.
3 Même si l’informel existe dans les pays développés, il reste marginal, il ne phagocyte pas le
fonctionnement d’ensemble. Cette position va à l’encontre d’une pensée dominante qui tend à nier les
différences Nord-Sud en raison d’un échec des explications dépendantistes, développementalistes et
culturalistes, en se référant aux pays d’Asie et d’Amérique latine (cf. J. Lévy, 1999, 229).
4 Nous avons développé cette hypothèse en analysant les relations entre l’Etat le droit et les réseaux en
2001, puis comment les TIC sont compatibles avec l’économie informelle en 2006. Il s’agit ici de préciser
la place et le rôle de cette forme d’économie dominante dans les modes de diffusion des TIC.
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leurs effets pour consacrer la marginalisation et la paupérisation croissantes de larges couches
de la population, qui initient des stratégies alternatives faites d’activités multiformes 5 .
Le secteur informel est parvenu en 1990 à représenter près des trois quarts de la
population active non agricole en Afrique subsaharienne, contre plus des deux tiers une dizaine
d’années auparavant. Dans les huit pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), pour un PIB estimé en 1998 à 27.000.000 de
dollars US, le secteur informel en représentait entre 45 et 75%. (Kante 2002) 6
En 2000, selon les estimations du bureau international du travail, en Afrique
francophone, le secteur informel absorbait 61% de la main-d’œuvre urbaine, et était
probablement à l’origine de plus de 93% des nouveaux emplois créés au cours des années 90
(Kante 2002) 7 .
L’informel concerne des activités directement liées aux évolutions les plus
contemporaines. Celles liées à l’insertion des TIC dans les territoires sont autant de
manifestations d’une « invention paradoxale de la modernité » (JF Bayart, 1994) par rapport au
modèle classique universaliste de la modernisation diffusé par l’Occident.
Après avoir exposé brièvement ce que l’on entend par « informel » selon différentes
approches disciplinaires, on montrera comment l’insertion et l’appropriation des TIC dans les
villes Africaines donne lieu à une prolifération d’activités nouvelles de service qui s’incrustent
dans le tissu urbain, s’adaptent au faible niveau de revenu des populations et génèrent des
emplois plus ou moins qualifiés qui relèvent totalement ou en partie de pratiques informelles.
On s’interrogera enfin sur la signification de cette « autre économie » à une échelle plus
globale.
I – SECTEUR
APPROCHES
INFORMEL
ET
TIC : LES
DIFFÉRENTES
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication constituent une
cause importante de l’expansion d’un secteur informel. Les grandes entreprises étrangères qui
ont investi dans les télécommunications, soit pour reprendre les anciens opérateurs historiques
comme la Sonatel au Sénégal soit pour investir dans la téléphonie mobile, ont des stratégies
d’externalisation et de sous-traitance de leurs services pour une recherche de flexibilité
permettant de réduire les coûts de la main-d’œuvre, de transférer le coût de fluctuations de la
demande, et de limiter le pouvoir des syndicats. La sous-traitance a pour effet d’encourager
l’emploi informel, souvent synonyme d’insécurité croissante et de baisse de la protection dans
l’emploi des travailleurs.
L'échec de la création de l'Etat de droit tient à des causes liées à la politique coloniale, à la
manière dont le modèle a été appliqué; inégalités entre les personnes, diachronie entre
construction territoriale et évolution sociale, économie de prélèvement extravertie sans
implication générale des populations d'où une incapacité des nouveaux dirigeants à financer les
institutions et la modernisation tandis que le secteur privé national est embryonnaire. Voir
Annie Chéneau-Loquay, « Les relations entre l’Etat le droit et les réseaux sont elles
indispensables dans le processus de modernisation », Terminal. 2001.
6 Basé sur une étude de Jacques Charmes citée dans un rapport du BIT de 2002 (voir la
référence en bibliographie).
7 Kanté S., Le secteur informel en Afrique, Vers la promotion d’un travail décent, BIT, 2002.
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Selon Yves André Fauré 8 , la définition de l’objet informalité alimente une polémique
constante et improductive depuis les années soixante dix en sciences sociales en fonction des
points de vue. Il s’agit donc simplement ici d’en retenir les traits essentiels pour mieux
comprendre ensuite comment les TIC s’insèrent dans cette problématique.
Le terme lui-même in-formel, sans forme, met en avant le point de vue politicojuridique.
Pour le juriste, il s’agit d’un mode de fonctionnement en opposition avec celui du
secteur dit moderne ou formel celui qui fonctionne selon les normes du droit. Créé et
développé en Occident, le droit a été diffusé dans les pays colonisés puis indépendants mais il
est à caractère universel, et donc valable partout et pour tous dans ses principes et plus ou
moins adaptable dans ses formes.
Au contraire l’informel est l’a-normal, qui fonctionne en dehors des lois et/ou en les
ignorant. Informel s’applique donc à des activités non ou peu enregistrées et donc difficilement
contrôlables par la puissance publique, garante en principe de l’application de la loi.
Dans une étude pour l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest
(UEMOA) en 2002 sur la principale agglomération de sept pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin,
Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo), le secteur informel est défini
comme l'ensemble des unités de production (UPI) dépourvues d’un numéro d’enregistrement
administratif et/ou de comptabilité écrite formelle. Les taux d’enregistrements des UPI dans
les différents registres officiels sont très faibles notamment l’enregistrement au fisc (moins de
1% des UPI) (Brilleau et al., 2004).
Pour l’économiste, l’informel est un secteur caractérisé par un certain nombre de
critères, celui de la taille étant essentiel
Selon l’étude du bureau international du travail (Kante, 2002), « A l’origine, le secteur
informel servait à désigner les activités de petite taille, essentiellement destinées à procurer des
revenus de subsistance aux nouveaux citadins, produits d’un exode rural particulièrement
important dans les années 70, marquées par un cycle de péjorations climatiques, de sécheresse,
voire de désertification, en Afrique sub-saharienne notamment.
Par la suite, la notion s’est étendue à l’ensemble des petites activités qui, du fait de
leur origine traditionnelle ou de leur caractère récent ou spontané, se sont démultipliées et
consolidées en rapport avec le chômage endémique, en progression constante dans les
différents pays africains confrontés à la crise économique et aux conséquences sociales des
programmes d’ajustement structurel initiés sur le continent au cours des années 80 et 90.
Les travailleurs et opérateurs du secteur informel exercent, à titre indépendant ou
dans un cadre convivial ou familial, des activités ayant des caractéristiques générales
communes, à savoir : - capital modeste, -peu de main-d’œuvre qualifiée, -accès limité aux
marchés organisés et à la technologie, -revenus faibles et irréguliers, -conditions de travail
médiocres; autrement dit, des activités qui échappent pour l’essentiel aux statistiques officielles
et aux réglementations publiques et qui ne bénéficient point des systèmes classiques de
protection sociale ».
Selon l’étude de l’union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Brilleau et al.,
2004), 45% des UPI exercent dans la branche “commerce”, 28% dans la branche industrielle et
Yves André Fauré est l’un des spécialistes de cette question. Voir « A respeito de alguns
desafios contemporâneos da informalidade económica., Aproximando a África Ocidental e o
Brasil », 2005.
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ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
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26% dans les services. Le BTP représente près de 20% des UPI industrielles. Le commerce
informel de détail hors magasin est prépondérant (89%). Du côté des services, les “Autres
services” (coiffure et autres services personnels, etc.) représentent 46%, la restauration 23%, la
réparation 16%, et le transport 15%.
Pour Yves André Fauré, aucune définition aucun critère utilisé n’est réellement
satisfaisant parce qu’il ne recouvre pas totalement la réalité étudiée et n’aide pas à distinguer
pleinement l’informalité des autres formes de production et de troc dans l’espace économique.
Dans les villes africaines, l’imbrication organique des activités formelles et informelles
est quasi permanente qu’il s’agisse des relations commerciales ou de la sous-traitance, ou
encore de la circulation des travailleurs d’un secteur à l’autre. Bien des activités classées comme
formelles recèlent des poches d’informalité. De nombreuses activités dites informelles ne le
sont pas totalement. La plupart des artisans et des commerçants disposent d’un local fixe et
paient la patente. Le non-respect de la réglementation concerne surtout les aspects sociaux et
fiscaux, ainsi que les conditions d’exercice d’une activité. Les entreprises totalement informelles
sont très rares et concernent le plus souvent les vendeurs ambulants qui ne disposent pas de
local fixe (Faure, 2005). C’est le cas dans le secteur des TIC pour les vendeurs ambulants de
cartes de téléphone pour appareils mobiles qui proposent dans la rue différentes marques.
Pour l’anthropologue, l’informel est un autre mode de fonctionnement économique et
social
Economie populaire, petite production marchande, sont des termes plutôt employés
par les sociologues pour qualifier l’économie informelle. Certains auteurs voient dans ces
activités « une économie solidaire » appuyée sur des modes traditionnels de sociabilité,
(ENDA, N’diaye M., Abdoul M.), d’autres se méfient d’une approche culturelle qui
survaloriserait ce secteur alors que son apport au développement est difficile à percevoir
(Meagher, 1996). Philippe Engelhard établit une relation entre pauvreté et exclusion de
l’économie moderne : « Des centaines de millions de femmes et d’hommes n’ont ni la
compétitivité, ni le savoir normalisé requis pour s’insérer dans les réseaux de l’économie
moderne. C’est en cela qu’ils sont pauvres et exclus de la modernité… J’appelle économie
populaire ces économies d’échange a priori informelles en réalité structurées par le lien social et
la logique de survie » (Engelhard, 1998).
Certains chercheurs et les médias au Sénégal ont tendance à valoriser (voire
survaloriser) l’informel qui devient une véritable culture qui se généralise. Elle ne concerne pas
seulement l’économie populaire des pauvres mais aussi une autre économie de réseau
puissante, celle d’hommes d’affaire souvent illettrés, relayée par les associations influentes et
des appuis au niveau des deux pouvoirs, religieux et politique (Gueye, 2002) 9 (Copans, 2000).
Au Sénégal l’informel serait le « poumon de l'économie avec 60% du produit intérieur
brut et premier employeur du pays » (Bangre, 2003). Il jouit d’un lourd poids politique en
raison d’une forte structuration du milieu organisé en syndicats comme la puissante Union
nationale des commerçants et des industries du Sénégal (UNACOIS). Cette association qui
revendique 40000 membres a refusé de payer la TVA et a négocié une fiscalité particulière.
Son secrétaire permanent décrit ce secteur comme très divers : des petits boulots qui
permettent aux familles de survivre (comme les travaux de réparation pour les hommes et la
transformation et la vente des fruits et légumes pour les femmes) qui ont un niveau de
productivité faible comparé à d’autres entreprises informelles (comme les fonderies fabriquant
Cheikh Gueye, dans son travail sur Touba la ville sainte des Mourides, montre la
confrontation constante entre les religieux et les politiques et les hommes d’affaire dans un jeu
complexe où les intérêts sont très imbriqués.
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des marmites, des casseroles ou des ustensiles de cuisine). Il intègre dans le secteur quelques
entreprises qui se sont imposées sur la scène internationale comme le Comptoir Commercial
Bara Mboup, qui a 25 ans d'existence, importe du matériel électronique et travaille en
partenariat avec la société sud-coréenne Samsung. Cette entreprise aurait fait en 2003 un
chiffre d'affaires de 20 millions de FCFA.
Pour l’auteur, il ne s’agit donc plus là seulement d’une économie de survie mais d’un
puissant secteur flexible, attractif et dynamique qui est à la fois concurrent et partenaire des
entreprises légales.
Le seul point commun entre toutes ces entreprises est la non reconnaissance légale en
raison du non paiement de la fiscalité et des charges sociales.
Le Sénégal compterait quatre millions de personnes actives, or 250 000 d'entre elles
seulement seraient inscrites à la sécurité sociale. Les autres sont donc des travailleurs informels.
Cet écart signifie que la plupart des entreprises « font de l'informel »
Le sociologue sénégalais Malick Ndiaye, va plus loin. Pour lui cette prolifération de
l’informel s’accompagne de la création d’une nouvelle éthique du développement qui aurait
remplacé celle du « col blanc », l’esprit « moodu moodu », l’esprit d’entreprise ; celle du self made
man, dont le modèle est un jeune venu de la campagne qui a exercé divers petits métiers en ville
avant d’immigrer pour faire du commerce et s’enrichir. Souvent adepte de la confrérie Mouride
il associe religion, business et mobilité (Ndiaye, 1998).
II – DANS LE SECTEUR DES TIC : UNE
INFORMELLE D’UNE GRANDE DIVERSITÉ
ÉCONOMIE
Les données qui suivent sont issues des travaux du réseau Africanti
(http://www.africanti.org/résultats) qui étudie les modes d’insertion des TIC en Afrique
depuis une dizaine d’années selon une approche socio-géographique qui tient compte de la
manière dont se pose le problème à différentes échelles géographiques, pour différents types
d’acteurs, du point de vue à la fois des logiques ou stratégies des acteurs et de la matérialité du
phénomène, l’ensemble inséré dans un contexte, aujourd’hui celui du mouvement de
libéralisation et de mondialisation des économies (Chéneau-Loquay, 2007).
A l’échelle locale, pour identifier les activités liées au secteur des TIC dans les
territoires nous avons élaboré une procédure d’enquête qui associe l’étude de la littérature
existante à l’observation empirique (observations, interviews) dont les grandes lignes sont les
suivantes : - détermination des lieux à étudier, quartiers urbains en fonction de leurs
caractéristiques socio-économiques et géographiques, (quartier central, périphérique, d’affaires,
universitaire, résidentiel, classe moyenne, pauvre) situés dans leur contexte global selon l’état
du secteur TIC, (électrification, infrastructures, politiques centrale et gestion locale) –
identification des activités présentes ; boutiques de vente, lieux d’accès au téléphone à internet,
mixtes – études de ces activités, enquêtes auprès des gérants des cybercafés et des boutiques,
interviews des vendeurs et réparateurs – interviews d’usagers des cybercafés.
Nos enquêtes ont porté essentiellement sur trois capitales, Bamako, Ouagadougou en
janvier février 2004 et Dakar 10 mais aussi Abidjan (Gnamien, 2002). Plus qu’ailleurs en
Afrique, l’usage des nouvelles technologies est un phénomène urbain et les modes
d’appropriation diffèrent en fonction du niveau socio-économique des populations dans un
espace donné mais on peut dégager deux caractéristiques essentielles d’un modèle
d’appropriation Africain, qui s’adapte au faible niveau de vie moyen de la population ; l’accès
10
Enquêtes personnelles et plusieurs mémoires depuis 2002.
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
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mutualisé au moyen de lieux d’accès au public, associatifs mais surtout privés et un commerce
de produits neufs et d’occasion organisé en réseaux de l’importation à la vente au détail. Du
commerce d’importation au petit vendeur ambulant c’est tout un tissu d’activités qui s’est créé
en milieu urbain depuis une dizaine d’années.
De l’importation au commerce de détails, des circuits organisés qui s’incrustent dans
le paysage urbain
Les produits informatiques d’occasion, ordinateurs, téléphones portables et leurs
accessoires alimentent un nouveau marché créateur d’emplois et de ressources dont s’empare
le secteur informel.
Toute une série d’études ont été consacrées aux commerçants Africains et à leurs
circuits informels ou parallèles 11 . L'Afrique y est considérée comme un espace où les hommes
de « l'interface » (Retaillé et al., 1993), commerçants transporteurs, migrants qui animent de
puissants réseaux économiques et sociaux transfrontaliers et souvent illégaux jouent un rôle
déterminant (Grégoire et al., 1993). Mais il existe peu de données sur ce commerce particulier
plus récent des outils électroniques.
Une étude d’une équipe d’urbanistes de l’université de Harvard parue en 2000 montre
que les grands commerçants Ouest-africains du Nigéria, du Sénégal sillonnent la planète entre
les centres de l'économie mondiale, les relais du Golfe comme Dubaï, et les grandes villes
africaines pour trouver et écouler des produits électroniques bon marché. Depuis dix ans les
lignes aériennes ont considérablement augmenté la fréquence de leurs vols entre Dubaï et les
principales zones commerciales subsahariennes de Johannesburg, Lagos, Nairobi. Le trajet
entre Lagos et Dubaï est surtout fréquenté par le businessman Igbo, marchand de pièces
détachées, attirés par l’énorme marché secondaire d’ordinateurs, de matériels périphériques et
autres produits électroniques d’occasion de Dubaï. Les marchandises d’occasion génèrent
plusieurs cycles de recyclage et de récupération des produits. A Alaba en périphérie de Lagos,
un énorme marché électronique international s’est créé spontanément dans un no man's land
entre des autoroutes. Décrit officiellement comme un secteur « inorganisé », le marché incluait
à la fin des années 1990, 50 000 commerçants avec un chiffre d’affaires net de plus de deux
milliards de dollars par an. Alaba est devenu le plus important marché électronique d’occasion
et de recyclage du continent (75% pour l’Afrique de l’Ouest) (Koolhaas, 2000). Selon l’étude
d’une ONG qui milite pour le recyclage des déchets (Basel Action Network, 2005,
http://www.ban.org/) une moyenne de 500 conteneurs de matériel informatique arrivait
chaque mois en 2005 dans le port de Lagos dont 75% serait inutilisable et jeté sans précaution
induisant une pollution de l’environnement par des matières dangereuses (plomb, mercure…)
Le marché Sandaga au centre de Dakar illustre aussi l'efficacité d'agents considérés
comme marginaux, informels ou illégaux par rapport au concept traditionnel de l'économie
classique. Le centre de Dakar est sous leur emprise. La « croissance effrénée » (Ebin, 1992) du
marché Sandaga depuis 1986 date à laquelle le gouvernement a cessé de protéger les produits
manufacturés sénégalais, en fait une véritable plaque tournante régionale où se vendent toutes
sortes de matériels électroniques, du poste radio au téléphone portable et jusqu'à l'ordinateur,
Depuis le début de la décennie 1990, avec les textes fondateurs d'une approche du "politique
par le bas" réunis par Jean François Bayart (dir), La réinvention du capitalisme, Les trajectoires du
politique., Karthala, Paris 1994. Voir l'article bilan de François Constantin, "L'informel
internationalisé ou la subversion de la territorialité" qui fait le point sur "les outils de l'analyse
politique" pour explorer les modalités des transactions produites par le télescopage de
dynamiques novatrices que ce soit dans l'informel des économistes, la transnationalité des
internationalistes et les réseaux de différentes disciplines des sciences sociales.
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importés de manière plus ou moins licite, de Dubaï Hong-Kong, New-York et, essentiellement
par les commerçants de la confrérie Mouride qui contrôlent depuis les activités d’importation
(Copans, 2000, Ebin, 1992). Victoria Ebin décrit comment une famille de grands commerçants
mourides travaille à partir de son quartier général, le magasin d’électronique de Sandaga, centre
d’opérations, foyer de leurs réseaux internationaux. Elle souligne le rôle clé joué par des
revendeurs « personnages semi clandestins appellé nyuro-man, poisson qui se déplace sur les
fonds marins pour chercher sa nourriture », il plonge dans les profondeurs de Sandaga pour
trouver les clients et les objets qu’ils désirent.
Les boutiques de vente des ordinateurs bon marché, recyclés et d’occasion se
trouvent aujourd’hui surtout sur l'avenue Blaise Diagne et les rue adjacentes du quartier central
pauvre de la Médina. Mais l’analyse précise de ces filières d’approvisionnement et de
distribution reste à faire.
L’usage du téléphone en Afrique s’est développé surtout au cours des dernières
années en relation avec l’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence, mais
les disparités sont encore très profondes entre les pays et au niveau interne. Depuis l’explosion
de la téléphonie mobile, 72% des téléphones utilisés sont de ce type (IUT, 2007), des petits
métiers se sont créés pour répondre à des besoins de services au détail et de proximité des
usagers. La vente au détail crée de nouvelles formes d’appropriation de l’espace urbain à la fois
par la multiplication des boutiques et kiosques de ventes et par l’utilisation de groupes de
jeunes commerçants ambulants dans les métropoles.
Les nouvelles sociétés de téléphonie ont sous traité la distribution à de petits
opérateurs qui peuvent avoir une boutique et envoient dans les rues de jeunes garçons qui ne
sont recensés nulle part et très mal payés en fonction de leurs résultats (enquêtes en janvier
2004 12 ). De véritables bataillons de vendeurs ambulants se faufilent dans la circulation pour
proposer aux carrefours des grands axes de circulation des cartes de téléphone pré payées ; ils
seraient 300 à Bamako. A Ouagadougou, actuellement, des centaines de jeunes ont trouvé un
petit emploi (ventes et réparation de téléphones portables, ventes des cartes de recharge
téléphonique et même services de recharge électrique au centre-ville (Ouedraogo, 2003) 13 .
12 Enquêtes personnelles avec les UFR de sciences économiques des universités de Bamako et
de Ouagadougou en janvier 2004. Le prépaiement est avantageux à la fois pour l'opérateur qui
récupère son argent d’avance, mais aussi pour les utilisateurs qui souhaitent, - limiter leurs
dépenses, - ont envie de garder l’anonymat, - ne répondraient pas aux conditions requises pour
bénéficier d’un service à post-paiement et, surtout, en raison de la durée de validité d'une carte.
Son intérêt vient du fait que le téléphone est peu utilisé pour appeler mais beaucoup plus pour
recevoir des appels, des SMS et aussi pour « bipper » quelqu’un, une pratique très répandue
dont le jeu consiste à essayer de ne pas appeler en premier.
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
117
Vendeurs de cartes pré payées à Dakar, septembre 2007
Nous avons mené une enquête dans un quartier près du port de Dakar où se sont
multiplié les boutiques de ventes liés à la téléphonie mobile. Là l’image de la confrontation
formel-informel est saisissante.
106 petites échoppes, dont 4 de restauratrices (dites localement cantines) de 4m2
chacune, faites en bois, se sont ouvertes il y a dix ans et sont toutes dédiées à la vente de
téléphones mobiles de toutes marques et de leurs accessoires. Elles sont installées contre le
mur de l’immeuble ultra moderne qui abrite les bureaux de l’opérateur de mobiles de la
Sonatel, Alizee devenu Orange cette année, ceci pour pouvoir capter les clients de l’opérateur.
Alizée a porté plainte contre ces revendeurs en vain jusqu’à déplacer lui-même ses activités de
vente et d’abonnement fin 2006.
Selon nos interlocuteurs, (10 interviews de patrons et 20 d’employés revendeurs) ces
boutiques se louent 30000 voire 35000 FCFA par mois. Une patente est payée à la mairie
(2000 à 3000 F par mois), il s’agit donc d’entreprises légales mais avec un mode de
fonctionnement informel. Les marchandises ne sont pas déclarées ni taxées, un patron occupe
la boutique et utilise un à trois revendeurs qui vendent des téléphones dans la rue ou qui
amènent le client à la boutique. Les prix des téléphones varient selon les modèles, de 25000F le
plus simple à 600000 pour les modèles les plus sophistiqués. Patrons et revendeurs sont sauf
exception liés par des liens familiaux. Les téléphones de toutes marques neufs et d’occasion
arrivent au port de Dakar par conteneurs, sont décodés et recodés par des informaticiens
locaux et les abonnements proposés sont vendus au tarif le plus faible, celui réservé aux
étudiants.
118
NETCOM, vol. 22 (2008), n°1-2 & NETSUDS, vol. 3 (2008)
Une cantine de vente de téléphones et accessoires (Dakar septembre 2007)
Les gains sont répartis selon le bon vouloir du patron et le chiffre d’affaire du jour
sans qu’aucun contrat ne soit signé, ni aucun tarif fixé à l’avance.
Un autre exemple de ce type de commerce informel de détail hors magasin est donné
par le bulletin d’information sur les TIC en Afrique, Balancing act qui reprenait le 3 novembre
2006 une information du journal le Patriote de Douala au Cameroun.
Depuis mercredi 11 octobre, les policiers du commissariat central n°1 de Douala et
les "tacleurs" (commerçants de téléphones portables) sont au coude à coude au "Carrefour
Dubaï". A l'origine de la discorde : la décision sous-préfectorale N° 170/D/C19/01/SP
portant "interdiction de tout rassemblement, tout stationnement et toute installation a des fins
de négoce sur la voie publique". Le lieu dit "Carrefour Dubaï" est situé à l'intercession entre le
boulevard de la Liberté et la rue Castelnau. Depuis environ quatre ans, un marché de
téléphones portables s'y est développé. En dehors des boutiques régulièrement installées, l'on y
trouve des échoppes qui proposent des téléphones portables et des accessoires. L’on trouve
plusieurs catégories de "tacleurs". Les commerciaux travaillent pour les différentes boutiques et
gagnent 200 Fcfa par client. Ensuite, viennent les receleurs chargés de revendre les téléphones
volés. Puis les réparateurs de téléphones, chargés de remettre en marche des téléphones qui
sont par la suite revendus. Au bout de la chaîne, on a les vendeurs d'accessoires de téléphones.
" Les téléphones neufs et de bonne qualité proviennent en majorité de Dubaï et de d'Europe",
explique Alain, " tacleur". Il continue ses explications : "des téléphones volés par les enfants de
la rue sont récupérés et proposés aux clients." Un téléphone acheté à 15 000 Fcfa peut être
revendu à 20 000 Fcfa, voire plus si le client se laisse berner. Les bénéfices sont importants,
quand la "marchandise" est écoulée (Balancing act nov 2006).
Des accès mutualisés
L’accès collectif ou mutualisé reste encore après dix ans de développement, la
principale forme d’accès au téléphone et au web en Afrique ; on peut parler à ce propos d’un
modèle spécifique Il répond aux besoins d’une population aux faibles revenus.
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
119
Il se présente sous des formes très différenciées. On peut retenir les deux facteurs
déterminants, niveau de revenu et situation géographique, mais il faut y associer d’autres
spécificités locales telles que la qualité des infrastructures et de la régulation du secteur.
Autre forme de service informel, ni autorisée ni interdite, les petits tabliers sur le
trottoir où se loue un téléphone mobile; ils prolifèrent à Abidjan, à Libreville ou à Yaoundé
parce que les télécentres à ligne fixe sont rares, on ne les trouve pas à Dakar.
Il a été dénombré 377 points phones dans la seule commune du plateau à Abidjan en
juin 2002. Sur le mince étal rudimentaire installé sur le trottoir, on vous prête un appareil pour
communiquer à un tarif inférieur à celui que vous paieriez avec votre propre appareil. Cette
possibilité existe à Abidjan parce que deux sociétés privées de téléphonie mobile sur trois,
Télécel et Orange, accordent des tarifs préférentiels à leurs gros clients qui les destinent à leurs
employés. Les appareils se retrouvent alors entre les mains d’un parent qui est chargé d’en faire
un commerce privé en s’installant en des points différents de la ville selon les moments de la
journée ; au centre au moment des heures de pointe du matin, dans les zones d’affluence, gares
routières, stations de taxis, à l’heure de rentrée des bureaux. Cette pratique des points phones
cellulaires crée une activité informelle qui s’ajoute à la pléiade de petits métiers déjà existants.
La téléphonie mobile occupe ainsi l’espace public de façon anarchique ; les espaces de
circulation ; rues, trottoirs, places, carrefours, les parcs et jardins, les marchés, les gares
routières. En outre, la prolifération sur les mêmes lieux d’une pléthore de petits kiosques de
vente des cartes pré payées 14 encombre encore davantage l’espace de circulation (Gnamien,
2002) 15 .
Le petit kiosque pour un téléphone fixe et les multiples télécentres de toutes tailles,
équipés d’un où plusieurs postes sont partout jusque dans les plus petites villes au Sénégal,
seulement dans les villes principales au Mali ou au Burkina (75% à Ouagadougou). Le Sénégal
a joué un rôle de pionnier avec la création de boutiques privées donnant accès au téléphone
dès 1992 (Chéneau-Loquay et Diouf, 1998) (Zongo, 2000) 16 .
Dans ce pays, 75% de la population est aujourd’hui accessible grâce à un téléphone fixe
situé à moins de 5 km du domicile. 17.000 lignes publiques sont disponibles dont presque 50%
en dehors de Dakar et génèreraient quelque 30000 emplois selon l’agence de régulation des
télécommunications (http://www.artp-senegal.org). Les télécentres sont répartis le long de
tous les axes routiers. En principe le local doit être de douze m2 au moins, mais cette règle
n’est pas respectée. Le téléphone n’est plus une technologie nouvelle. A travers la forme
d'accès originale et populaire que constitue le télécentre 17 , il s’est développé une culture
moderne de la communication qui a préparé l’arrivée d’Internet.
Aucun autre pays d’Afrique n’atteint un tel niveau d’équipement en dehors des grandes
villes. Au Burkina Faso, le téléphone est très peu connu dans les villages mis à part quelques
projets d’ONG (Nyamba, 2000), au Mali des efforts sont faits, mais partout la téléphonie rurale
est le défi, la dernière frontière.
Ce type d’abonnement représentant entre 83 et 91% des clients des trois opérateurs de
mobile ivoiriens
15 Voir Guy Gnamien, Différentiation des accès et usages des NTIC dans la ville d’Abidjan : l’exemple de
la téléphonie mobile, mémoire de DEA en géographie, Bordeaux III, 2002, A. Chéneau-Loquay
(dir). voir sur le site http://www.africanti.org/résultats.
16 Chéneau-Loquay A., Diouf P., 1998.
17 Pour éviter les confusions, on convient d’appeler ici télécentre, un établissement donnant
accès au téléphone, télé-cybercentre un établissement mixte, donnant accès à la fois au
téléphone et à Internet et cybercentre un espace dédié à Internet. Le terme de cybercafé est
exclu car il est abusif, rares sont les boutiques qui sont en même temps des cafés.
14
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Pour l’accès à Internet
Dans les centres villes des capitales, centres d’affaire de Dakar ou d’Abidjan ou de
Libreville se trouvent les cybercentres « high tech » fréquentés surtout par les touristes, les
étrangers, les hommes d’affaire, les étudiants. Plus on va vers les quartiers pauvres et dans les
petites villes, plus les télé et cybercentres privés se raréfient, quelques accès communautaires
associatifs les remplacent Les petites boutiques à services divers dont un ou deux ordinateurs
connectés sont les systèmes les plus répandus dans les quartiers d’affaire et dans les zones
résidentielles. A Dakar ils s’encastrent dans les quartiers de la classe moyenne et font désormais
partie du paysage au même titre que la boutique ou le kiosque à pain. (Chéneau-Loquay, 2004).
Le secteur des petits accès répond à la forte demande d'accessibilité et de proximité
de la population. Qui dit secteur informel dit réduction des coûts, on casse les prix en
compensant dans d’autres services, ventes de matériels, photocopie, photographie (ChéneauLoquay, 2000 – Ouedraogo, 2002 – Guignard, 2002).
Ces établissements relèvent partiellement de l’informel car ouvrir un télécentre pour
donner accès au téléphone comme un cybercentre pour donner accès à internet demande de
louer une ligne, de payer ses factures et donc d’être enregistré auprès au moins du fournisseur
d’accès. Ce sont des activités qui doivent avoir une bonne visibilité pour attirer les clients. En
fait, les pratiques d’informalité se situent surtout au niveau des modes d’exploitation des
entreprises et de la gestion du personnel.
Un fonctionnement aléatoire
Ces activités sont très fragiles, petits métiers individuels, micro entreprises ou même
boutiques ont une durée de vie souvent courte (quelques mois rarement plus de deux ans) car
la concurrence est rude et le taux de rentabilité faible étant donné les coûts de l’investissement
et du fonctionnement associés à des modes de gestion souvent approximatifs. En outre, les
prix sont fixés très bas souvent à peine au dessus des coûts de la liaison téléphonique ou ADSL
pour attirer une clientèle peu solvable et contrer la concurrence (200FCFA, 30ctm d’euros en
2007 à Dakar).
Selon nos enquêtes, une vague de création de boutiques a eu lieu en 2001 2002 puis
s’est terminée en 2003-2004 et les fermetures se sont multipliées aussi bien à Dakar qu’à
Bamako et qu’à Ouagadougou.
Il y avait selon nos estimations début 2004, une soixantaine de cybercentres à Bamako
mais avec un taux de mortalité très élevé et une courte durée de vie. La plupart sont de très
petite taille et il en existe trois à cinq très grands dans le quartier commerçant du centre (à
proximité de l’opérateur SOTELMA qui fournit la connexion). La plupart des villes
secondaires ont au moins un télé-cybercentre mais qui souffre de problèmes de connexion, de
prix élévés et de fréquents problèmes de coupure d’électricité.
A Ouagadougou la plupart des boutiques qui avaient proliféré entre 2000 et 2002 ont
fermé. Il restait en 2004 une trentaine d’établissements et seuls les plus grands avec au moins
vingt machines apparaissaient viables, à condition d’associer d’autres activités annexes à la
fourniture d’accès. Dans cette ville, les quelques établissements bien équipés, quatre ou cinq,
vivent grâce à une clientèle bien particulière, celle des Nigérians qui sont très assidus pour
organiser grâce au web depuis le Burkina toutes sortes de trafics (Chéneau-Loquay, 2004) 18 .
Désormais se pose la question de l’accès au haut débit qui implique de nouveaux
équipements et va créer de nouvelles inégalités. Au Sénégal, les boutiques se sont équipées et
18
et enquêtes personnelles 2005.
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
121
on note une reprise des installations grâce à une politique de baisse des prix de la part de la
société de télécommunications ce n’est pas aussi net ailleurs.
Les raisons d’une telle fragilité tiennent à la fois à des contraintes structurelles, à la
conjoncture actuelle d’un système de télécommunication en transition et surtout au mode
particulier de fonctionnement de l’informel. On peut les caractériser à grands traits.
Le manque d’infrastructure de communication en dehors des villes principales et la
mauvaise qualité de la connexion liée à l’étroitesse de la bande passante nationale ou à des
liaisons par le réseau téléphonique sont les premiers obstacles.
Même à Dakar où le réseau est numérisé et les prix relativement bas, 70% des accès
se faisaient par liaison classique RTC en 2003, alors que la capitale monopolise 90% des
liaisons à large bande (Guignard, 2004). Au Mali par contre et au Burkina la qualité des liaisons
pose problème. A cela s’ajoutent les coupures d’électricité.
Les coûts élevés de la connexion et des équipements informatiques en valeur absolue
font de l’Afrique un continent où « tout est plus cher qu’ailleurs ». Si en principe la connexion
peut se faire au tarif local, les fournisseurs d'accès hésitent à aller dans les centres secondaires,
surtout au Burkina et au Mali où les coûts particulièrement élevés de la communication locale
et internationale sont dus en partie au monopole de l’ONATEL et de la SOTELMA. Le prix
d’achat d’une unité de travail complète équivaut à une année de salaire d’un cadre supérieur de
la fonction publique au Burkina.
Un approvisionnement en ordinateurs d’occasion récupérés, puis recyclés existe
localement mais la qualité du service s’en ressent. Pour les logiciels, très rares sont les
entreprises qui les achètent, ils sont tous piratés ce qui entrave le développement des logiciels
libres qui répondraient pourtant bien aux besoins des petites structures et des petits budgets.
Les formes de gestion sont diverses et s’inscrivent dans les relations sociales et dans la
culture locale.
Le manque de compétences, l’absence de personnel qualifié et de connaissances en
gestion est général surtout pour les petites boutiques, les plus nombreuses, disons avec moins
de dix ordinateurs. Selon nos enquêtes à Ouagadougou, Bamako et Dakar le cas de figure type
diffère selon la taille de l’établissement ; plus il est petit et mixte, (un ou deux téléphones, de un
à cinq ordinateurs un fax une photocopieur) moins le propriétaire ou le gestionnaire sont
spécialisés et plus l’affaire est familiale.
Mis à part dans les quelques grands cyber centres high tech des centres villes et
quartiers d’affaire, la plupart des propriétaires sont sans qualification particulière en
informatique, la fourniture d’accès s’ajoute à leurs autres activités et ils ignorent tout des
techniques de marketing. Nos enquêtes au Sénégal montrent que les entrepreneurs ont vu dans
l’arrivée des TIC une opportunité de gagner de l’argent rapidement sans un investissement très
élevé. Ils acquièrent le matériel eux-mêmes ou souvent par le biais d’un parent immigré qui
investit, le rôle des immigrés dans ce secteur est fondamental.
La recette recueillie au jour le jour peut servir à des besoins immédiats et si les
factures de télécommunications ne sont pas payées, la ligne est coupée. Le personnel est formé
de jeunes souvent de la famille qui sont très peu ou pas rémunérés et travaillent de longues
journées sans congés sans protection sociale (entre 40 à 55 euros par mois) (enquêtes 2005,
2006 Burkina-TIC 2006, Aden 2007). Ces jeunes sont capables de montrer comment ouvrir sa
boite et naviguer mais vont rarement au-delà. Rares sont ceux qui ont reçu une formation
solide en nouvelles technologies. Pourtant, ces nouveaux médiateurs qui font l’interface entre
l’outil et l’usager, nouveaux scribes modernes, jouent un rôle crucial en permettant aux
personnes qui ont des difficultés ou qui sont analphabètes, comme les grands commerçants
mourides du Sénégal, d’avoir accès au réseau (Lafitte, 2001).
122
NETCOM, vol. 22 (2008), n°1-2 & NETSUDS, vol. 3 (2008)
L’absence de normes techniques et juridiques pèse tout particulièrement quand il
s’agit de matériel de haute technologie comme les ordinateurs. Le défaut de maintenance est le
problème lancinant du sous développement, il est particulièrement crucial dans ce domaine où
le matériel vieillit d’autant plus vite qu’il est soumis à de dures conditions climatiques ; rares
sont les établissements climatisés étant donné le coût élevé de l’électricité. Au quotidien les
coupures répétées de courant électrique (de quelques secondes à plusieurs dizaines d’heures)
ou du réseau téléphonique, ou de la ligne à haut débit, les onduleurs ne parvenant pas à réguler
proprement le courant, les générateurs arrêtés parce que trop coûteux, les ordinateurs en
panne, la multiplication des virus informatiques etc. sont des problèmes très courants. Des
réseaux d'installateurs, des entreprises de services de maintenance distribuant pièces détachées
équipements et consommables peuvent exister mais sont peu utilisés dans les petites boutiques.
Les personnes physiques ou morales qui cherchent à acquérir de telles techniques n’ont pas
toujours une existence juridique pour pouvoir bénéficier de prêts, ou encore avoir des recours
si l'équipement fonctionne mal. Le système informel est caractérisé par l’absence ou la faiblesse
du capital dans le processus de production, et par un sous investissement chronique. La
faiblesse des possibilités d’emprunts inhibe la capacité d’accumulation du secteur.
Nos enquêtes récentes sur le fonctionnement des lieux d’accès publics au Burkina, en
Guinée en RDC montrent que le fonctionnement correct de toutes les composantes dans la
durée est l’exception plutôt que la règle.
La déficience de ces conditions de droit entraîne des pannes du matériel et la
fermeture des entreprises incapables de faire face aux dépenses nécessaires. D’autres les
remplacent là où la demande existe.
Mais au delà d’un catalogue des disfonctionnements, il faut chercher les raisons
profondes qui entravent le bon fonctionnement de ces activités et leur pérennité dans
la nature même de l’économie populaire.
Des recherches effectuées sur des systèmes d’accès aux TIC installés par l’ONG
ENDA dans des quartiers populaires de Dakar montrent bien l’inadaptation de modèles qui
viennent de l’extérieur par rapport à un mode de fonctionnement d’une économie populaire où
la logique sociale compromet la logique économique et financière (ENDA, 2004) 19 .
L’étude montre que la gestion communautaire ou familiale dans des contextes de
pauvreté reste totalement dominée par les logiques sociales et les jeux de rapports de force
entre acteurs autour de la répartition des ressources. Cette forme de gestion correspond au
mode de gestion de l’économie de survie où la priorité est donnée d’abord aux personnes et à
la résolution immédiate des problèmes quotidiens. Les décisions élaborées dans l’espace
« formel » défini par le projet au départ, ont été remises en cause de façon quotidienne par une
négociation entre acteurs pour une redistribution immédiate des ressources générées. La
redistribution des ressources générées dans le projet en question a également concerné les
personnes ressources et morales, soit à travers du crédit non remboursé, des services délivrés
(notamment le téléphone), soit des prêts personnels consentis pour faire face à une urgence
(maladie, difficultés familiales, décès…)
« A cause de leur environnement, les Centres de ressources communautaires installés n’ont pas réussi
à sortir d’une logique communautaire redistributive : des ressources ont été générées mais leur affectation sociale
(aide individuelle immédiate et pour le développement local communautaire) a limité les capacités d’accumuler
des fonds propres en mesure d’élargir les capacités techniques. Comme l’artisanat de survie qui croît en termes de
Organisations Populaires et Technologies de l’Information et de la Communication (phase
II) : Ancrage Economique, rapport technique final, Mars 2002-Juin 2004, ENDA Cyberpop.
19
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
123
personnes employées, les CRC aussi ont tendance à « employer » toute une équipe de gestionnaires, assistants,
permanents pour le télécentre, souvent non productive, et qui vient élargir le cercle des « ayants droits » à l’accès
aux ressources » .
Les CRC ont ainsi davantage obéi aux règles et pratiques de l’économie populaire :ils ont été
considérés comme des activités génératrices de revenus « pour tous », c’est à dire comme un bien commun dont
chacun est en « droit » de recevoir les fruits. 20
D’une manière générale en Afrique de l’Ouest, et au Sénégal tout particulièrement le
mode de fonctionnement « informel » est très structuré. Les formes d’organisation sociale
urbaines se construisent autour de multiples réseaux sociaux. Dans cette société en "grappe",
comme le dit Emmanuel Seyni Ndione 21 , on multiplie les réseaux, tels des tiroirs que l'on peut
actionner quand besoin est. Cela fonctionne à tous les niveaux, financier, affectif. Chacun est
incité à produire, à trouver des moyens pour nourrir son réseau, et en contrepartie le réseau
vous nourrit. Etre pauvre en wolof c’est être orphelin alors que la richesse se mesure plutôt à
l’étendue des relations sociales qui donne par exemple la capacité de mobiliser des fonds
rapidement (Engelhard, 1998).
CONCLUSION
Dans la période euphorique des années quatre-vingt-dix où les organisations
internationales prônaient de brûler les étapes, certains ont pensé que les TIC étant donné leur
relative dématérialisation, pouvaient s’abstraire des contraintes spatiales et organisationnelles
(PNUD, 2001).
Alpha Oumar Konare le Président du Mali a déclaré lors du colloque sur Internet en
Afrique en 2000 qu’il rêvait de connecter à Internet toutes les nouvelles communes du Mali
pour mieux administrer des territoires dépourvus de réseaux matériels ; Il s’est avéré depuis
qu’un équipement numérique des territoires même au moyen de technologies sans fil comme le
préconise l’Union internationale des télécommunications, (UIT), demande un certain nombre
de conditions matérielles, de compétences et d’organisation. Les systèmes matériels sont
défaillants parce qu’ils ne répondent pas à des normes techniques et organisationnelles pour
fonctionner dans la durée. Au niveau de l’équipement du territoire pour construire et
pérenniser un réseau, il faut du personnel bien formé, des travaux de génie civil, donc des
cartes à jour, des corps de métier différents qui coopèrent, une bonne coordination (pour
éviter que d'autres travaux ne détruisent accidentellement le réseau), un entretien régulier pour
le maintenir en bon état, une certaine citoyenneté (les réseaux filaires sont vulnérables, aux
voleurs de cuivre, métal relativement cher), un système politique suffisamment stable et des
corps de techniciens compétents pour choisir, prévoir et planifier les infrastructures.
La défaillance de ces conditions, de cet état du droit, a pour conséquence le fait que
les territoires africains se caractérisent par la dualité, l'hétérogénéité ; espaces en réseaux et
espaces hors réseaux coexistent et les inégalités spatiales reflètent la faiblesse de l'Etat et de
profondes inégalités sociales. Partout c'est une grande partie, voire une majorité, de la
population qui vit en dehors des règles du droit économique et de l'emprise des réseaux
matériels. La téléphonie mobile moins sensible aux contraintes spatiales et organisationnelles
20
21
Organisations Populaires et Technologies de l’Information et de la Communication …
Enda Graf Sahel, Une Afrique s’invente…
124
NETCOM, vol. 22 (2008), n°1-2 & NETSUDS, vol. 3 (2008)
s’adapte cependant mieux aux inconvénients de l’informel et est un indéniable succès en
Afrique.
Selon Alain Gras ou Manuel Castells 22 , l’Afrique est écrasée sous le poids des
technologies occidentales, or une analyse plus complexe montre que pour répondre à leurs
besoins les économies populaires développent sur des bases claniques des stratégies qui
mixtent au quotidien les outils et les processus à la fois modernes et traditionnels où les
catégories du licite et de l’illicite n’ont pas cours. La prolifération d’activités nouvelles liées aux
TIC et leurs modes d’appropriation illustrent tout particulièrement comment se créée dans les
PMA une autre économie, sur la base d’une autre modernité « paradoxale ».
Du point de vue économique, Serge Latouche résume bien le problème quand il écrit
« L’Afrique subsaharienne représente moins de 2 % du PIB mondial et, dans ce moins de 2 %, on trouve un
premier géant, l'Afrique du Sud, et un second en termes financiers et d'exportation, le Nigeria, grâce à ses
ressources pétrolières. Cela signifie que, pour 600 à 700 millions d'Africains, il ne reste rien ; mais, depuis
Raymond Devos, on sait que trois fois rien c'est quand même un petit quelque chose ! Donc, si les gens vivent
alors qu'ils n'ont rien, c'est qu'ils vivent en dehors des logiques de l'économie, ce qui, pour l'économie, est
totalement aberrant. » 23
Du point de vue de la géographie, la mondialisation portée par les NTIC s’exprime
aussi par des recompositions territoriales inédites ; les lieux d’accès au téléphone et au web, les
lieux d’achat d’accessoires du numérique sont de nouveaux espaces urbains de convivialité et
de transactions, de nouveaux marqueurs du territoire. Mais au delà, les NTIC font naître un
nouveau modèle de ville, la « ville monde informelle » comme celle d’Alaba au Nigéria près de
Lagos. Née de l’immense marché international spontané des produits numériques et située
dans un non lieu entre des bretelles d’autoroutes, Alaba est reliée aux « villes globales » du
monde entier et témoigne de la vitalité de modes d’inclusion dans la mondialisation sous des
formes totalement déviantes par rapport au modèle occidental. Elle défie les critères de
l’organisation de l’espace et de la gestion classique d’une ville, son organisation sociale repose
sur des flux qui dépassent la logique d’un lieu particulier, elle échappe au contrôle sociopolitique de la société nationale locale. Pour l’urbaniste Rem Koolas qui a étudié les villes
extrêmes sur différents continents, Alaba ne serait pas une exception Africaine mais le
paradigme du modèle futur de la « ville monde » produite par la société de l’information 24 …
GRAS A. 1993, Grandeur et dépendance, sociologie des macro-systèmes techniques,
CASTELLS M., Le pouvoir de l’identité…
23 Invité Serge Latouche, Revue Urbanisme n°346, janvier-février 2006 pp 75-83
24 KOOLHAAS R., 2000, Lagos, Harvard project on the city, in Mutations, ACTAR, Arc en
rêve Centre d'architecture, Bordeaux.
22
ÉCONOMIE INFORMELLE ET TIC EN AFRIQUE DE l’OUEST
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