A nous la liberté de René Clair (1931) et Les Temps modernes de

Transcription

A nous la liberté de René Clair (1931) et Les Temps modernes de
A nous la liberté de René Clair (1931)
et Les Temps modernes de Charles Chaplin (1936)
A nous la Liberté : Résumé : Réalisé en 1931, c'est le troisième film parlant de René Clair. Deux amis détenus
Emile et Louis tentent de s'évader. Louis réussit grâce à Emile qui fait diversion. Dehors, Louis se lance dans le
commerce de disques puis de phonographes, il devient patron, puis rapidement se retrouve à la tête d'usines
gigantesques...
Les Temps modernes : Résumé : (Premier film parlant de Chaplin). Réalisé en 1935, ce film s’inscrit dans le
contexte de la grande crise économique de 1929. Un ouvrier (Charlot) travaille dans une usine moderne, mais
les contraintes deviennent rapidement étouffantes ….
Objectifs :
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- Approfondir ses connaissances dans la lecture d'image et l'apprentissage du vocabulaire
cinématographique.
- Découvrir les nouvelles méthodes de production développées aux Etats-Unis et en France dans
l'Entre-Deux-Guerres.
- Comparer les critiques formulées à l'encontre de cette nouvelle organisation du travail à travers
deux œuvres cinématographiques majeures de l'époque.
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Questionnaire : A nous la Liberté.
1. La prison : 1,20 → 4,20
1. Par quels mouvements de caméra commence la séquence ? Quel est l'effet recherché ?
= 2 travelling latéral. Monotonie de la tâche qui incombe aux prisonniers et découverte des deux héros.
L'objet est placé avant l'homme.
2. Que fabriquent les prisonniers ? Quel est le rôle des gardiens ?
= des chevaux en bois. Ils surveillent le travail et les prisonniers
3. Cette organisation du travail vous semble-t-elle efficace ? Pourquoi ?
= travail artisanal. Chaque prisonnier fabrique un objet entièrement. Beaucoup de pertes de temps donc pas très
efficace. De plus les prisonniers n'ont aucune motivation.
2. L'usine. (Louis s'étant évadé, est finalement devenu le directeur d'une usine de phonographes) :
14,44 → 16,44
1. Quelle est la 1ère image de la séquence ? Quel est le plan choisi ? Quel est l'objectif du réalisateur ?
Comment cette préoccupation reste-t-elle présente dans le reste de la séquence ?
= L'horloge de la pointeuse. Gros plan fixe. Désormais le temps tient une place centrale dans l'usine, c'est elle
qui dirige la production. La musique rappelle cette notion du temps régulièrement avec des sonneries et des
rythmes réguliers.
2. A quoi sont comparés les ouvriers dans cet extrait ? Donnez des exemples.
= ce sont des prisonniers : ils marchent au pas en ligne, sont surveillés et fouillés. Tout le monde porte un
uniforme selon sa fonction.
3. Quelle organisation du travail est mise en place ? Donnez des exemples pour justifier votre réponse.
= Il s'agit du travail à la chaîne. Les gestes inutiles ont été éliminées (taylorisme) et chaque ouvrier répète
toujours le même geste. Il ne se déplace plus, c'est l'objet qui circule sur un tapis roulant.
4. Décrivez l’usine.
= L’usine est très moderne très propre (signe de modernisme) avec de grandes cheminées. Pas de plan général
permettant de délimiter la surface occupée par l'usine.
5. Quelle est donc la vision du réalisateur sur les méthodes de production en France ?
= Il est très critique et teintée d'ironie (plan du repas qui circule sur un tapis roulant). L'homme n'est pas libéré
par le travail amis au contraire prisonnier. Le travail à l'usine est donc d'après l'auteur comparable au monde
carcéral.
Questionnaire : Les Temps modernes.
1. Introduction : Générique + Les ouvriers entrent à l’usine (2,10 →2,12)
1. Pendant le défilement du générique, sur quoi reste fixée la caméra ? Pourquoi ?
= Il s’agit d’une horloge afin de montrer que tout désormais se fait en fonction de l’horloge donc de l’heure.
C’est un carcan. L’homme est aliéné à l’usine à la machine donc au temps.
2. Sur quelles phrases se termine le générique ? Que signifient-elles ?
= « Un récit sur l’industrie, l’initiative individuelle et la croisade de l’humanité à la recherche du bonheur »
→ phrase ironique sur le libéralisme qui devrait permettre a l’homme d’accéder au bonheur (l’un des principes
de la déclaration d'indépendance américaine, rappelée dans la constitution)
3. A quoi sont comparés les ouvriers dans l’introduction ? Pourquoi ?
= à des moutons donc ce sont des ouvriers dociles pas revendicatifs. Ils vont tous dans la même direction
l’usine, ils n’ont pas le choix. Montre l’aliénation des ouvriers.
4. Décrivez l’usine.
= L’usine est très moderne très propre (signe de modernisme). Les machines sont gigantesques avec de grands
leviers.
2. Le bureau du directeur et la chaîne. (2,12 → 2,16)
1. Quelles sont les activités du directeur ? Quel est son rôle dans l’usine ?
= Le jeu, la surveillance, il décide des cadences, commande de nouvelles machines, reçoit des représentants. Il
s’occupe de faire produire le plus possible.
2. L’Atelier n° 20. Sur quel type de machine travaillent les ouvriers ? Quelles tâches effectuent-ils ?
Que fabrique cette usine ?
= Une chaîne sur laquelle les ouvriers vissent des boulons ou frappent avec un marteau, chacun fait un seul
geste. On ne le sait pas, cette production a l’air absurde, c’est une manière de montrer que l’ouvrier n’a aucune
prise sur son travail.
3. De quoi dépend le travail de l’ouvrier ?
= Il dépend de la cadence de la chaîne, de la machine (pour Chaplin : la machine n’a pas libéré l’homme mais
l’a au contraire asservi )
4. Quel est l’intérêt de ces méthodes de production et d’organisation du travail ?
= Ces méthodes (standardisation et organisation scientifique du travail) ont pour objectif d’augmenter la
production (production de masse) et de réduire la durée de fabrication : il s’agit donc d’augmenter la
productivité.
5. A quoi servent les contremaîtres ?
= Ils servent à surveiller le travail des ouvriers afin de ne pas ralentir la production.
6. Par quels procédés comiques, Chaplin dénonce-t-il cette méthode ?
= Chaplin utilise l'exagération et le burlesque. L’ouvrier n’a aucun temps mort (il ne peut pas se gratter, les
toilettes sont surveillées avec un écran géant), aucune initiative.
Il est abruti physiquement par son travail (il continue à faire les mêmes gestes lors de la pause)
Les autres ouvriers dépendent l’un de l’autre et Charlot peut mettre facilement en difficulté la production.
Charlot apparaît comme un esclave avec de la bonne volonté mais ne supporte pas les contraintes de ce type de
travail.
SYNTHESE
Consignes : Sur une page environ, comparez les critiques formulées à l'encontre de cette nouvelle
organisation du travail et les moyens mis en oeuvre par les deux réalisateurs. Vous conclurez (en
justifiant) sur la critique qui selon vous semble la plus efficace.
La mise en place du travail à la chaine aux EU et en France dès le début du XXème siècle, provoque de
nombreuses réactions dans le monde ouvrier. Deux réalisateurs, René Clair avec A nous la liberté et Charles
Chaplin avec Les Temps modernes, ont su dénoncer cette nouvelle organisation du travail en montrant de façon
parfois caricaturale ses effets pernicieux.
Le temps avec des gros plans sur l'horloge de la pointeuse chez R Clair et sur le cadran d'une horloge
pendant le générique chez C Chaplin tient une place centrale. Chaque pièce doit être fabriquée en un minimum
de temps afin d'assurer une productivité maximum. C'est l'application moderne du taylorisme.
De plus, dans les deux films, l'usine est gigantesque, propre, moderne. Les prises de vue ne sont pas
constituées par des plans généraux ce qui ne permet pas de voir l'usine dans son ensemble. Ainsi, l'ouvrier
apparaît à chaque fois comme un être soumis qui agit dans ce vaste ensemble sans pouvoir s'exprimer.
L'influence encore marquée du muet renforce cette impression. Dans les Temps modernes, seuls les machines et
le directeur s'expriment.
En outre, les deux oeuvres présentent l'ouvrier comme un esclave soumis à la machine. C'est elle qui
impose les cadences vues comme excessive chez Chaplin. R Clair se concentre sur l'aspect carcéral de ce type
de travail. L'ouvrier est comme un prisonnier : il porte un uniforme, il doit se déplacer en ligne au son du sifflet,
il est constamment surveillé afin de ne pas parler ou voler. C Chaplin souligne également ce contrôle permanent
de l'ouvrier avec les contremaîtres toujours prêts à crier ou le directeur et son réseau de vidéo surveillance.
L'ouvrier est également comparé à un mouton dans Les Temps modernes afin d'insister sur sa docilité et son
caractère peu revendicatif.
Enfin dans les deux films, la critique est toujours exprimée avec humour. R Clair montre ainsi une
chaîne de montage de phonographe utilisée également comme tapis roulant lors de la pause repas. Toutefois,
c'est C Chaplin qui sur un ton burlesque saisit chaque occasion pour tourner en dérision cette nouvelle
organisation du travail : l'ouvrier n'a pas la possibilité de se gratter sans menacer de ralentir la production, il
poursuit ses gestes répétées sur la chaine alors qu'il est en pause. C'est certainement ce sens du burlesque
outrancier qui rend si efficace sa critique du travail à la chaine.