Complément à la thématique Regards sur la société industrielle

Transcription

Complément à la thématique Regards sur la société industrielle
Histoire des arts
Regards sur la société industrielle
Comment deux artistes témoignent-ils de la Grande dépression ?
1- Les Temps modernes de Charlie Chaplin – 1936
Fiche technique
Titre original : Modern times
Durée : 87 mn
Sortie aux Etats-Unis : février 1936
Réalisation, scénario et musique : Charlie Chaplin
Distribution
Charlie Chaplin : Charlot, l'ouvrier
Paulette Goddard : la Gamine
Synopsis
Charlot, ouvrier dans une usine, travaille à la chaîne. Il
resserre inlassablement les mêmes boulons, mais ne
supporte plus les cadences de travail. Absorbé par les
rouages d'une machine, il est pris de délire et hospitalisé.
A sa sortie, dans un contexte de crise économique et de
chômage de masse (la Grande dépression des années
1930), la malchance le conduit en prison. Il exerce
quelques petits boulots et fait la connaissance de la
Gamine, qui erre dans la ville. Ensemble, ils rêvent d'une
vie meilleure et prennent la route, libres et pleins d'espoir.
affiche française du film
la folie de Charlot
Analyse de la première séquence (l'usine, minutes 1 à 17)
1- Décrivrez et expliquez les premiers plans du film :
- la phrase en préambule : "une histoire de l'industrie et de l'entreprise individuelle ; la croisade de l'humanité à la conquête du
bonheur". La phrase annonce l'ironie grinçante du film : Chaplin propose une autre voie vers le bonheur.
- l'horloge : inscription superposée à une immense pendule industrielle en gros plan, dont la trotteuse s'apprête à marquer 6
heures (heure de l'embauche ?). Le temps est compté, pour l'usine, peut-être aussi pour l'Homme.
- la comparaison : Chaplin donne le ton, en comparant la foule des ouvriers qui se presse le matin pour aller à l'usine à un
troupeau de moutons qui se dirige vers l'abattoir (mouton noir = Charlot ?)
2- Décrivez l'usine et l'organisation du travail : C'est une grande usine au nom énigmatique (Electro Steel Corp.), dont on ignore la
véritable production, dans une ville inconnue. Dans de vastes ateliers, des chaînes de production modernes témoignent de la
généralisation du taylorisme et de la mécanisation. Les ouvriers sont soumis aux cadences infernales et à une surveillance permanente.
3- Présentez une journée de travail de l'ouvrier Charlot :
- arrivée à l'usine : les ouvriers "pointent" avec une fiche de présence
- tâches effectuées : Charlot est un ouvrier spécialisé "monotâche". Sur sa chaîne, il doit inlassablement serrer deux boulons
avec deux clés. C'est l'organisation scientifique du travail, basée sur la parcellisation maximale des tâches.
- vêtements : salopette et tee-shirt, souillés de graisse
- pauses : seule la pause repas, prise au pied de la chaîne, semble autorisée. Charlot, fumant une cigarette dans les toilettes, est
rappelé à l'ordre par son patron.
4- Décrivez le patron de l'usine (vêtements, attitude, tâches effectuées ...) Le patron, habillé strictement, reste dans son bureau pour
surveiller les ouvriers et régulièrement augmenter les cadences. Son oisiveté est soulignée (puzzle, journal, café apporté par la
secrétaire ...)
5- "La machine à nourrir" :
- quel argument de vente est apporté par son inventeur ? Un gain de productivité
- qui est choisi comme cobaye ? Charlot
- quelle conclusion le patron tire-t-il de la démonstration ? "Cela n'est pas pratique" (aucune compassion pour l'ouvrier)
6- Quelles sont les conséquences de ces conditions de travail sur Charlot ? Incapable de suivre les cadences de plus en plus rapides,
Charlot est pris de folie. Il est happé par l'engrenage de la machine, "sabote" les installations de l'usine, poursuit une dame dans la rue. Il
est évacué dans un hôpital psychiatrique.
Synthèse : Quelle vision Charlie Chaplin donne-t-il de l'OST et de la mécanisation ?
Cette séquence des Temps modernes annonce des thèmes récurrents dans l'Amérique en crise des années 1930 : dénonciation des excès
de la société industrielle, critique du Progrès déshumanisant, attaque du monde capitaliste. L'ouvrier Charlot, incapable de s'adapter,
affronte les représentants de cet ordre social (patron, policiers ...) et poursuit sa propre quête du bonheur, en compagnie de la Gamine.
2- L'Homme et la Machine de Diego Rivera – 1931
Présentation
Auteur : DE RIVERA, Diego (1886-1957)
Titre : L’Industrie de Détroit ou L’Homme et la Machine.
Nature : fresque murale
Date : 1932-1933
Dimensions : L’œuvre est composée de trois panneaux superposés d’une
largeur de 14,54 m. La hauteur du panneau supérieur est de 2,86 m, celle du
panneau central est de 1.43 m et celle du panneau inférieur est de 5,94 m.
Lieu de conservation : Détroit Institute of Arts (River Hall), Etats-Unis.
Diego de Rivera
Né au Mexique, il se rend en Europe, où il rencontre
des peintres comme Picasso ou Modigliani. Revenu
dans son pays en 1921, il est l'un des fondateurs du
Parti Communiste mexicain, dont il est exclu en 1926.
Il réalise ses premières fresques, aux sujets clairement
politiques : il est l'un des représentants du courant
muraliste. En 1929, il rencontre l'artiste Frida Kahlo.
Il héberge l'exilé Léon Trotski entre 1937 et 1939.
Detroit, cité industrielle
A l'aide du manuel p. 16-17 et de vos connaissances personnelles, présentez la ville de Detroit :
- pays et région : Etats-Unis (région des Grands Lacs, au Nord-Est)
- industrie dominante : industrie automobile
- exemples de firmes : Ford, Chrysler, General Motors
- surnoms donnés à la ville : "Motor City", "Motown"
Une ode à l'industrie ?
1- Comment est organisé la fresque ? Rivera a du se plier aux contraintes imposées par la structure du bâtiment. Il a ainsi structuré sa
composition en trois registres superposés (lignes verticales et horizontales à la manière des cubistes, maitrise des régles de la perspective
de la Renaissance).
2- Décrivez précisément le premier plan. le travail industriel, la transformation de la matière brute en produits créés par
l’homme (moteurs en acier). De nombreux ouvriers s'affairent autour d'une chaîne d'assemblage.
3- Quel produit est ici fabriqué ? Le moteur V8 de la Ford 1932, référence dans l'histoire de l'automobile
4- Citez des éléments qui montrent le regard positif porté par Rivera sur le monde ouvrier :
- Solidarité des ouvriers, arc-boutés côte à côte dans l’effort
- Mélange des origines ethniques, unies dans le même travail
- Références aux gestes humains dans ce monde de machines : repas pris côte à côte ...
5- Relevez des éléments qui montrent que Rivera a aussi une vision critique du monde industriel :
- Une grande partie des ouvriers est montrée de dos, sans visage, déshumanisée.
- Beaucoup sont courbés sous le poids de la lassitude et de la monotonie du travail
- Dans le registre supérieur, les mains qui jaillissent pour broyer le minerai peuvent évoquer les luttes sociales (poing tendu).
Synthèse : oeuvre de commande ou oeuvre de contestation ?
Rivera a parfaitement respecté le contrat qui le liait au commanditaire de l’œuvre, Edsel Ford, en mettant en avant le savoir-faire de la
Ford Motors Company et en laissant de côté toute référence au contexte de crise économique. Mais Rivera ne renie pas ses idéaux
politiques, marque ses distances vis-à-vis de son client et exprime ses doutes sur le triomphe et les bienfaits de l’industrialisation sur les
sociétés.

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