LA PHOTOGRAPHIE : PARCE QU`UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS

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LA PHOTOGRAPHIE : PARCE QU`UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS
LA PHOTOGRAPHIE : PARCE QU’UNE IMAGE
VAUT MILLE MOTS
Marie-Ève Goulet, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)
OBJECTIFS
Objectif général : Développer la connaissance de soi du client.
Objectif spécifique :
 Amener le client ayant un concept de soi peu défini à nommer ses
valeurs, ses intérêts, ses espoirs ou ses croyances et à se les
réapproprier.
MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE D’INTERVENTION
Jasmine, 45 ans, est mère de deux enfants d’âge adulte. Depuis qu’elle est
mère, sa priorité a été ses enfants. Soucieuse d’être présente le plus possible
auprès de sa marmaille, Jasmine a occupé des emplois qui lui permettaient de
jouir d’un horaire flexible et de travailler à temps partiel. Elle travaille
maintenant depuis 20 ans comme adjointe administrative. Jasmine a
l’impression d’avoir «fait le tour» et rapporte ne pas se sentir valorisée par son
emploi. Elle a besoin de changement, de nouveauté dans sa vie, mais se
questionne quant à la direction à donner à sa carrière. Ce questionnement
occupe beaucoup de place dans ses pensées d’autant plus qu’elle mentionne
n’avoir qu’une vague idée des domaines professionnels qui l’intéressent. S’étant
donnée corps et âme à ses enfants, elle s’est en quelque sorte oubliée et a
l’impression de ne pas connaître cette femme qu’elle est devenue. Elle sent le
besoin de creuser dans son vécu pour partir à la recherche de ses intérêts.
Avec des clients comme Jasmine qui veulent reconnecter avec leurs besoins,
leurs intérêts et leurs valeurs, la photographie peut s’avérer un moyen
d’intervention intéressant et efficace. Avant de rencontrer le client, le conseiller
doit rassembler de 30 à 40 photographies illustrant des objets animés ou
inanimés, des personnes, des paysages, des mises en situation, etc. Ces photos
doivent bien entendu être symboliques, favoriser l’introspection et la projection
chez le client. Débute ensuite l’intervention. Au début de l’activité, le conseiller
demande au client de choisir une photographie qui illustre le problème, tel qu’il
le perçoit. Jasmine, pour sa part, pourrait choisir une photo illustrant un épais
brouillard masquant presque entièrement un paysage. Une fois la photographie
choisie, le c.o. demande au client de commenter son choix. À ce moment, le
client peut s’exprimer sur ses émotions, ses pensées, les actions tentées pour
surmonter la situation, etc. Cette étape fournit au conseiller de précieuses
informations sur la façon dont la situation est perçue par la personne. Puis, le
conseiller demande au client d’attribuer un nom au problème (ex. : brouillard).
Nommer le problème vise à distancer le client de celui-ci et à diminuer l’emprise
qu’il a sur lui.
Une fois cette étape complétée, le c.o. demande au client de choisir une photo
qui lui rappelle un moment où le problème n’était pas présent : c’est la quête de
l’exception. Avec Jasmine, il serait possible de lui demander : « Pensez à une
situation, dans votre vie personnelle ou professionnelle, où vous avez réussi à
traverser cet épais brouillard. » Par la suite, on demande au client de choisir
une photo qui illustre comment le client s’est senti durant cet événement
précis. Le client pourrait alors arrêter son choix sur un groupe de personnes
qui rient autour d’une table ou d’un lac calme. Une fois la photo choisie, le
conseiller demande au client d’élaborer encore une fois sur ses affects, ses
cognitions, les sensations physiques qu’il a ressenties dans cette situation et en
quoi la photo est représentative de tous ces éléments. Le conseiller doit ensuite
amener le client à établir des liens entre ces aspects et ses intérêts, valeurs,
croyances, espoirs, etc. Pour ce faire, il est possible de poser diverses questions
au client : « Quel lien faites-vous entre cette situation et vos intérêts? », « En
quoi cette situation est révélatrice de vos valeurs? », « Où vous situez-vous dans
cette photo? » Ces questions permettent entre autres au client de reconnecter
avec ses ressources. Or, s’il est encore ardu pour le client de cibler ses intérêts
et de nommer ses valeurs, il est possible, à ce stade, d’utiliser la technique de
la conversation de regroupement1. Le conseiller demande alors au client
d’identifier, s’il y a lieu, des personnes qui étaient présentes dans la situation et
qui le connaissent bien. Puis, les questions suivantes peuvent être posées : «
Pourquoi ces personnes sont-elles significatives pour toi? », « Qu’est-ce que ces
personnes et toi avez en commun? », « Comment cette personne te décriraitelle? », « Qu’est-ce qu’elle apprécie chez toi? », « Comment as-tu fait pour
conserver cette relation au fil du temps? » Toutes ces questions permettent au
client de s’observer sous un angle différent et peuvent faciliter l’émergence de
ses qualités, de ses valeurs, de ses intérêts et de ses forces. Puisque
l’intervention vise à promouvoir le changement chez le client, le c.o. peut
ensuite s’appuyer sur les ressources identifiées par le client pour le mobiliser :
« Comment peux-tu faire à l’avenir pour que les valeurs que tu as nommées ne
soient pas enterrées de nouveau par le brouillard? »
MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Cette activité est appropriée pour les clients qui ont accès à la symbolique.
Ceux-ci doivent être capables de projeter leur vécu sur une image représentant
une métaphore de leur expérience subjective plutôt qu’une représentation
exacte. L’âge des clients et la présence de handicaps (ex. : autisme) doivent
donc être considérés. Si le conseiller soupçonne que le client éprouve des
difficultés sur ce plan, il peut modifier l’activité en proposant au client
d’apporter un album contenant des photos de famille ou des photos
d’événements marquants. Les photos peuvent avoir été prises par le client ou
être des photos du client lui-même prises dans divers contextes. Finalement, il
1
Tirées de l’approche narrative, les conversations de regroupement permettent «d’invoquer des figures réelles ou
imaginaires […] ayant constitué une source d’inspiration en raison des valeurs et des intentions qui les animaient, et
qui ont pu résonner avec celles du client.» (Blanc-Sahnoun et Dameron, 2009, p.184)
importe que le conseiller ne perçoive et ne présente pas cette activité comme un
« test » ou un jeu étant donné la charge émotionnelle qu’elle peut amener le
client à vivre. Toutes les habiletés relationnelles du conseiller devront être
mises à profit pour accompagner la personne tout au long de cette activité.
PHASE DU PROCESSUS
Exploration
MOTS-CLÉS
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

Besoins
Concept de soi
Connaissance de soi
Espoirs
métaphore
SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES
Blaevoet, X. (2009). Utilisation de l’approche narrative combinée à la médiation
par la photographie. Dans Blanc-Sahnoun, P. et Dameron, B. Comprendre et
pratiquer l’approche narrative : Concepts fondamentaux et cas expliqués (p. 186194). Paris : InterEditions.
Bousquel, A.-C. (2009). Des histoires alternatives pour un projet de vie :
l’accompagnement de Virginie. Dans Blanc-Sahnoun, P. et Dameron, B.
Comprendre et pratiquer l’approche narrative : Concepts fondamentaux et cas
expliqués (p. 256-274). Paris : InterEditions.