Version du 14 janvier 2014 - Centre d`études de l`Asie de l`Est
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Version du 14 janvier 2014 AES2011: La littérature chinoise traditionnelle (3 cr., hiver 2014) Semestre : Horaire : Lieu : Professeur : Bureau : Tél. : Courriel : Hiver 2014 Mardi, 16h00 – 19h00 CETASE, salle 420-14 Charles Le Blanc CETASE, 3744 Jean-Brillant, 420-28 (514) 343-6078 (répondeur) [email protected] Description du catalogue Plan du cours1 Étude des principes de la création littéraire dans la Chine traditionnelle, à partir de lectures et de discussions des principales oeuvres, traduites en français, de l'Antiquité jusqu'à la fin de l'Empire (1911). Avertissement Avec l’accord des étudiants et des étudiantes, je propose de modifier le descriptif du catalogue, comme suit : Étude des principes de la création littéraire de portée philosophique dans la Chine ancienne (du ~XIIIe au ~IIe s.), en suivant l’apparition et le développement des genres littéraires. Les genres littéraires, tributaires de l’écriture chinoise, révèlent en même temps l’évolution de la pensée chinoise durant sa longue période formative d’un millénaire. En Chine, la littérature poétique, historique et philosophique a précédé la littérature d’imagination. 1 Abréviations et symboles : r. = règne s. = siècle ~ = avant J.-C. + = après J.-C. PCC = Parti communiste chinois ROC = République de Chine RPC = République populaire de Chine @ = par internet. 1 Division du cours Le cours se divise en deux parties : 1 L’évolution des écrits chinois depuis l’apparition de l’écriture au ~XIIIe s. jusqu’au temps de Confucius, ~VIe s. 2 Le développement de la littérature philosophique du ~VIe au ~IIe s., notamment du confucianisme et du taoïsme. Table des matières 1 2 3 4 Objectif. Sources et méthode. Notions préliminaires et dispositions sinologiques. Naissance et évolution de l’écriture chinoise : les genres littéraires et les Cinq classiques. 5 Travaux et évaluations. 6 Déroulement du cours. 7 Bibliographie 1 Objectif Ce cours vise à mettre en lumière les liens étroits qui unissent le développement de la littérature et de la philosophie dans la tradition chinoise. D’une manière générale, la littérature philosophique, sous forme de sentence, d’essai ou de traité apparaît plus tôt en Chine que ce la « littérature d’imagination », la « romance » ou le « récit fictif ». Même la poésie, l’un des premiers genres littéraires à s’être constitué d’une manière formelle, véhicule un grand nombre d’idées philosophiques et morales et d’allusions historiques. Nous suivrons le développement de la littérature philosophique jusqu’à la formation des deux principales traditions qui la représentent, soit le confucianisme fondé par Confucius (~551-479) et Lao zi (~VIe s.). Nous verrons dans la conclusion que ces deux traditions philosophiques (sans oublier le bouddhisme) traversèrent toute l’histoire de la Chine et jouèrent un rôle important dans la conception des plus importants romans chinois traditionnels, écrits entre le XVIe et le XVIIIe siècle : Au bord de l’eau, La Pérégrination vers l’Ouest (Le Singe Pèlerin), Fleur de pêcher dans une fiole d’or et Le rêve dans le Pavillon rouge. 2 2. Sources et méthode En Chine, ces deux genres littéraires s’enracinèrent dans un substratum commun, l’écriture idéographique. Née vers le ~XIIIe siècle, celle-ci ne peut se comprendre qu’à la lumière de la langue parlée, beaucoup plus ancienne. Le rapport de l’écriture (phénomène secondaire, dérivé) à la langue parlée (phénomène primaire, originel) retiendra notre attention. Par la suite, nous nous concentrerons sur la tradition écrite. Les sources sont les écrits, en traduction française, qui reflètent chaque étape qu’a connue l’écriture chinoise, à partir de son apparition au ~XIIIe s., comme inscriptions sur os divinatoires, puis sur vaisseaux en bronze, du XIe au VIIIe s., puis comme textes autonomes à partir du VIIe s. où l’on voit des textes qui répondent à des critères différents beaucoup plus raffinés – les genres littéraires, portant essentiellement sur la poésie, l’histoire, la philosophie, les rituels, la musique et les Annales. Malgré certaines controverses, il semble impossible de passer sous silence le rôle que Confucius (~551-~479) joua dans l’évolution des genres littéraires et dans la formation des six classiques, qui définiront les canons de composition, de rigueur et d’élégance pour les siècles suivants. La lecture, l’analyse et l’explication de brefs extraits de chaque étape de ce développement millénaire permettra aux étudiants et aux étudiantes de saisir l’orientation et la tendance de fond des écrits chinois jusqu’à l’éclosion des écrits philosophiques, avec Confucius et Lao zi, du ~VIe au ~IIe s., l’âge d’or de la pensée chinoise. On pourrait s’inspirer, à titre d’exemple, des trois plans d’analyse textuelle et sémantique proposés par le linguiste et philosophe américain John L. Austin : « Que dit le texte? Que veut dire le texte? Que doit dire le texte?». Bien d’autres approches sont possibles et bienvenues, comme la lecture des sources secondaires nous y invitent. 3 Notions préliminaires et dispositions sinologiques. Le système de transcription phonétique des mots et des caractères chinois sera le pinyin (prononciation correcte). Nous avons à la bibliothèque des personnes, des dictionnaires, des lexiques et des tableaux qui permettent d’assurer l’utilisation correcte du pinyin. Les étudiants et étudiantes qui ont étudié le chinois pourront facilement aider leurs collègues de classe. Une autre question difficile, ce sont les dates qui nous plongent dans l’antiquité chinoise. Depuis quelques années, l’archéologie aidant, on a refait les dates des plus anciennes dynasties avec la succession des rois. Des tableaux assez complets vous seront fournis en classe ou par @. 3 4 Naissance et évolution de l’écriture chinoise : classes de caractères, les genres littéraires et les Cinq classiques. Il faut compléter cette partie. 4A La première écriture chinoise (phase I) : les inscriptions divinatoires sur os sous la dynastie Shang (~1550-~1046) a La divination et l’écriture La première écriture chinoise nous a été conservée comme par miracle, en raison de son support osseux (essentiellement, écaille de tortue et omoplate de bovidé). Elle fut aussi découverte par miracle et par accident. Un grand lettré chinois, Wang Yirong (18451900) eut une attaque de malaria à l’automne 1899. L’un des remèdes conseillé par la médecine chinoise traditionnelle était une concoction à base d’os très anciens appelés « os de dragons » (long gu 龍骨). Avant de les faire broyer, il remarqua des signes d’écriture gravés dans certains fragments osseux. Spécialiste des inscriptions sur bronze, il reconnut rapidement qu’il s’agissait d’une très ancienne forme d’écriture chinoise. Mais il ne put poursuivre ses recherches philologiques déjà avancées et même publiées bien longtemps. Il fut nommé chef de brigade pour défendre la ville de Pékin contre l’attaque d’une expédition franco-britannique. Suite à la défaite chinoise, il se suicida, avec sa femme et sa belle-fille. Mais des collègues prirent le relais et découvrirent que ces « os de dragons » étaient en fait des fragments d’écaille de tortue et d’omoplates de bovidés, qu’ils provenaient de la région d’Anyang dans le nord du Henan, qui fut la dernière capitale de la dynastie royale des Shang (~1550-~1046) et, enfin, pour comble de surprise, qu’il s’agissait de la plus ancienne écriture chinoise connue. Des recherches archéologiques et philologiques sporadiques se poursuivirent de1902 à 1928. Mais ce fut l’établissement de Academia Sinica à Nanjing et de son premier institut, l’Institut d’histoire et de philologie, qui permit, de 1926 à 1938, de poursuivre des recherches systématiques de grande envergure et révélant la présence non seulement de quelques fragments, mais de milliers et de dizaines de milliers d’écailles de tortue et d’omoplates de bovidés portant des inscriptions sur des aspects inconnus de la société, du gouvernement et des pratiques et croyances religieuses de la dynastie Shang. Assez rapidement on identifia plus de 4000 caractères distincts; près de la moitié d’entre eux purent être identifiés à des caractères encore utilisés, souvent de manière courante, aujourd’hui. Cette écriture fut inventée et utilisée, semble-t-il, dans le cadre de la divination et du culte aux ancêtres dans les trois derniers siècles de la dynastie Shang, soit de 4 ~1250 à ~1046. Le devin en chef, au service du roi, interrogeait les ancêtres royaux lointains ou immédiats sur l’avenir. Un scribe d’appoint notait sur les pièces osseuses servant à la divination toutes les circonstances et les étapes du rituel divinatoire fort sophistiqué, y compris la vérification de la justesse du pronostic. Ces inscriptions sur os divinatoires (jia gu wen 甲骨文) sont la première écriture chinoise connue, mais la question se pose de savoir si elle a aussi servi à d’autres fins que la divination, ce qui semble bien être le cas. Le contenu des textes divinatoires est fortement structuré – même si souvent le texte semble éclaté à travers la surface de l’écaille ou de l’omoplate. Les « étapes » des cérémonies de divination, tombent essentiellement sous quatre rubriques : 1) L’objet de la divination et le roi en question (il y eut neuf rois successifs impliqués sur une période de plus de deux siècles). Les questions, gravées sur le plastron ou l’os, étaient adressées aux ancêtres du roi, considérés comme des esprits (qui savaient lire). 2) Le nom du devin, qui occupait un poste important à la cour royale et la date de la divination. 3) Le pronostic : la réponse des ancêtres apparaissait sous forme de craquelure provoquée par l’application du feu à la pièce osseuse, préparée techniquement. Le devin (et parfois le roi lui-même) savaient « lire » la réponse de l’ancêtre, toujours donnée par « oui » ou « non », en fonction de la forme de la craquelure. 4) La vérification. On notait enfin la réalisation ou la non réalisation du pronostic. b L’entreposage et le long sommeil Ces inscriptions furent par la suite déposées dans des caches souterraines – peut-être pour un usage futur qui ne se matérialisa jamais, puisque la dynastie Shang fut conquise abruptement par le peuple de Zhou, qui habitait un vaste territoire à l’ouest du royaume des Shang. Les dizaines de milliers de pièces ainsi enfouies sommeillèrent pendant plus de 3000 ans, jusqu’à ce que, par un pur accident, un grand lettré chinois, en 1899, fut mis en présence de fragments couverts de ces anciens caractères – pour des raisons qui n’avaient rien d’académique. Il y reconnut aussitôt une écriture chinoise très ancienne, mais qui correspondait de quelque manière aux six catégories de caractères (liu shu) répertoriées sous la dynastie des Han (~206-+220). c Les six catégories de caractères (liu shu) d’après leur mode de composition et leur fonction syntaxique. Ces caractères correspondent aux six classes de caractères (liu shu 六書) théorisées par le grand lexicographe Xu Shen (+55-148). Le titre de son célèbre ouvrage, Shuo wen jie zi 說文解字 peut être traduit Explication des caractères simples et analyse des caractères complexes. La distinction qu’il pose entre wen (caractère simple ou 5 primitif) et zi (caractère complexe ou dérivé) est cruciale. On peut présenter sa théorie sommairement comme suit: 1 Pictogrammes (xiang xing 象形) : nü 女 (femme); zi 子 (enfant); ma 馬 (cheval). 2 Indicateurs symboliques ou syntaxiques (zhi shi 指事): shang 上 (dessus); sui 雖 (même si). 3 Complexes logiques (hui yi 會意): hao 好 (bien, bon); 男 nan (laboureur, mâle). 4 Complexes sémantiques-phonétiques (xiang sheng 象聲): ma 媽 (mère); ming 明 (clair, brillant). 5 Emprunts phonétiques (jia jie 假借 en raison de la prononciation: lai 來 (venir) emprunté à lai 來 (blé), qui plus tard se prononcera mai et s’écrira 麥 , pour le distinguer; même chose pour qi 其 (pronom personnel : son, sa, ses, leur, leurs) emprunté à qi 其 (van, vanner), qui, plus tard se prononcera et s’écrira ji 箕, pour le distinguer. 6 Doublet ou triplet dérivé d’un même étymon (zhuan zhu 專注). Par ex., lao 老 (ancien, vieux) et kao 考 (examen, vieux) ont le même étymon et peuvent, dans certains contextes, être utilisés l’un pour l’autre. Cette théorie de Xu Shen fut élaborée près de 1500 ans après les inscriptions divinatoires. Xu a pu connaître les inscriptions sur bronze, mais pas les inscriptions sur os. Cependant les quelque quatre mille caractères différents répertoriés par les spécialistes des inscriptions sur os divinatoires peuvent être classifiés en utilisant la théorie des genres de Xu Shen. d Syntaxe On considère la syntaxe de ces textes divinatoires, analysée par les philologues chinois, comme formant le premier stage du chinois classique (wen yan 文言), les stages suivants étant en pleine continuité avec les précédents. Même pour les textes divinatoires, les savants ont distingué, sur la base du vocabulaire, de la syntaxe et du style, cinq sous-périodes. Le niveau remarquablement élevé de l’écriture et de la syntaxe des textes divinatoires semble supposer une période assez longue – des décennies et peut-être des siècles de « rodage » 2. 2 S’il y eût une écriture plus ancienne que celle des pièces divinatoires, elle n’a laissé aucune trace. Comme les pièces divinatoires, pour des raisons religieuses et symboliques, furent écrites sur une matière très dure et durable, elle seule a peut-être survécu. Mais on doit prendre en considération de courtes inscriptions non divinatoires sur os, bronze, pierre, jade, etc., qui furent contemporaines des inscriptions divinatoires et qui laissent penser que d’autres textes beaucoup plus longs furent écrits sur des supports périssables. 6 e Le culte aux ancêtres La dynastie Shang inventa l’écriture pour répondre à un besoin religieux. La divination fut pour les gens de Shang une nécessité impérieuse liée au culte des ancêtres, le pivot de leurs pratiques et croyances religieuses. Pour les Shang, l’écriture avait quelque chose de magique qui permettait de communiquer avec les ancêtres, dont le culte était au centre de leurs préoccupations. Ce sont aussi les Shang qui inventèrent les vases en bronze chinois, que certains experts considèrent comme les plus beaux objets en métal façonnés par l’homme. Comme pour l’art de l’écriture, les Shang atteignirent en peu de temps une maîtrise remarquable et, selon certains, inégalée, de l’art du bronze. 4B La révolution de l’écriture sous la dynastie Zhou (~1046~256) : des inscriptions sur bronze aux genres littéraires et aux six classiques Mais ce fut la dynastie suivante des Zhou, dont le niveau organisationnel et culturel ne se comparait pas, au départ, à celui des Shang, qui par sa grande victoire militaire en ~1046, allait hériter des accomplissements de la dynastie précédente. Les Zhou mirent un terme à la pratique divinatoire et à la communication directe avec les ancêtres par le truchement des inscriptions divinatoires, comme la pratiquaient les Shang. On adopta le système d’écriture inventé par les Shang, mais en changeant graduellement son contenu, qui n’était plus axé dorénavant sur le monde surnaturel des ancêtres et des esprits, mais sur le monde naturel de la société humaine et des réalités terrestres. Dès le début de la nouvelle dynastie, on assiste à une forte poussée de « démythologisation » et d’« humanisation » de la société et des institutions. C’est de ce mouvement que naîtront les premières écoles de philosophie chinoise, en particulier, celles de Confucius (~551-~479) et d’une certaine manière, celle de Lao zi (~VIe s.). Non seulement les Zhou adoptèrent l’écriture Shang, mais ils la poussèrent, sur la longue durée, à des sommets inattendus et inespérés, maintenant qu’elle avait rompu les chaînes qui l’asservissaient à la divination et au culte des ancêtres. a Les trois étapes du développement de l’écriture sous les Zhou On peut distinguer trois étapes importantes ans le développement du système d’écriture par les Zhou. 1. Les inscriptions sur bronze D’abord, peu après la conquête de ~1046, le don ou l’échange de vases en bronze portant des inscriptions parfois assez longues et détaillées sur des événements 7 fastes dans les familles nobles : naissances, mariages, retours à la santé, promotion, récolte, construction, victoire ou exploit militaire, etc. Cette pratique dura environ trois siècles, du ~XIe au ~VIIIe s. et fournit des renseignements détaillés sur divers aspect de la vie des nobles. Elle révèle en même temps l’évolution de l’écriture chinoise héritée des Shang sur le plan la création de nouveaux caractères et de la syntaxe. 2. La réforme de l’écriture par le scribe nommé Zhou La deuxième étape est marquée par une réforme en profondeur du système d’écriture au VIIIe s., visant à simplifier, à rationaliser et à unifier les nouveaux caractères qui proliférèrent non seulement à la cour royale, mais aussi dans les capitales régionales. On appela cette réforme « l’écriture Zhou 籀 », du nom du scribe qui en fut responsable – et non de la dynastie Zhou 周 – à la cour du roi Xuan (r. ~827-~782). La réforme eut pour effet d’accélérer encore davantage la prolifération des caractères. Neuf ans après la mort du roi Xuan, en ~771, la région de la capitale Hao (près de Xi’an) de Zhou fut ravagée par l’attaque de peuples hostiles, dont les Quan Rong, et par un séisme de grande puissance. La capitale fut transférée plus à l’est, à Luoyi, tout près de la ville actuelle de Luoyang. Cet événement divise la dynastie Zhou en deux périodes : les Zhou de l’Ouest de ~1046 à ~771; et les Zhou de l’Est, de ~771 à ~256. La seconde période accuse un déclin général des institutions et de l’unité des Zhou, dû principalement par la désintégration du système féodal, qui comportait, dès sa création au début de la dynastie, un principe inhérent d’obsolescence; cependant, sur le plan de l’écriture, de la littérature, de l’histoire et de la philosophie, ce fut l’une des périodes les plus riches de l’histoire de Chine. Car elle sera marquée par 1) la formation de cinq genres littéraires distincts qui aboutiront aux Cinq Classiques de la civilisation chinoise; 2) par la naissance des « cent écoles » de philosophie chinoise, dont l’influence et les ramifications se rendent jusqu’à nous. 3. Sous les Zhou de l’Est, libéralisation de l’écriture et création des six genres littéraires À partir des Zhou de l’Est, on n’écrivit pratiquement plus sur le bronze, mais sur le bois, le bambou et parfois la soie. D’un seul coup, l’écriture devint possible, comme mode d’expression, pour toutes les classes de la société, sur tous les sujets d’intérêt. A la cour, le Grand scribe, responsable des documents administratifs et de tout autre forme de document, avait des spécialistes pour chaque catégorie, qui comprenait : 1) les documents historiques (shu 書); 2) les documents poétiques (shi 詩); 3) les documents rituels (li 禮); 4) les documents sur les Changements (yi 易); 5) les documents sur la musique (yue 樂); 6) les documents annalistiques des Printemps et Automnes (chunqiu 春秋). 8 De génération en génération, les scribes successifs déposèrent les documents appropriés dans leurs cases réservées, mais souvent sans les arrimer avec les documents précédents, engendrant une confusion croissante. D’après les sources chinoises, Confucius basa son enseignement (privé) à ses disciples sur ces documents des six catégories auxquels il eut accès en raison des postes qu’il occupa à la cour régionale de la principauté de Lu et travailla même à « réarranger » (on dirait aujourd’hui, « à éditer ») certains de ces documents. On lui attribue aussi la compilation des annales de sa principauté de Lu, appelées « Les Printemps et Automnes] » 3, à partir des archives qui furent déposées dans la bibliothèque de la principauté de Lu. Mais cette attribution est controversée. Les annales (ji 紀) étaient considérés comme un genre historique distinct de l’histoire (shu 書 ou shi 史). Du temps de Confucius, on n’appelait pas encore ces documents des « classiques» (jing 經), mais simplement des « genres littéraires ». Ce n’est qu’au ~IVe s. qu’on trouve énumérés pour la première fois les Six Classiques (liu jing 六經), les attribuant, sans autre avertissement, à Confucius. L’ordre donné à cette époque (qui changera plus tard) est : 1. Shu jing (Classique des Documents historiques); 2. Shi jing (Classique des Poèmes); 3. Li jing (Classique des Rituels); 4. Yi jing (Classique des Changements) 5. Yue jing (Classique de la Musique) 6. Chun qiu ([Annales des ] Printemps et Automnes [de Lu]. b L’écriture chinoise sous la dynastie Zhou : les inscriptions sur bronze. [répétitif] Sous la dynastie des Zhou (~1046-~256), l’écriture logographique héritée des Shang fut surtout utilisée, dans un contexte sécularisé, pour les échanges entre nobles, tout particulièrement à l’occasion du don de vases en bronze pour marquer des événements fastes (promotions, victoires, mariages, naissances, santé, etc.). Dans ce cas, l’inscription décrivait avec moult détails l’occasion du don d’un vase en bronze doté d’une inscription, considéré comme le cadeau le plus prestigieux. On doit noter que les Shang, inventeurs et grands maîtres de l’art du bronze en Chine, gravèrent rarement des inscriptions dans leurs vases. Pour eux l’écriture fut la manière la plus efficace de communiquer avec leurs dieux – qui savaient lire! 3 Les annales des « Printemps et des Automnes » couvraient les règnes des douze derniers princes de la principauté de Lu de ∼722 à ∼481. Le titre « Printemps et Automnes » trouve son origine, semble-t-il, dans l’ancienne conception des quatre saisons : les trois premières saisons, le printemps, l’été et l’automne, étaient les saisons « actives », alors que l’hiver était la saison du repos – pour la société comme pour la nature. 9 Avec les Zhou, l’écriture devint, dénuée de toute intention religieuse et divinatoire, l’une des manières privilégiées pour les nobles de communiquer entre eux – sur un plan horizontal et non plus vertical. 10 4C Les Classiques chinois (jing 經) Les Classiques chinois sont un ensemble d’écrits chinois anciens qui furent réunis en un seul corpus vers le ~Ve s. comme représentant le mieux l’essence de la culture et de la civilisation chinoises. Ce corpus initial, comprenant six œuvres, reçut le nom de Liujing (Six classiques) à partir du ~IVe s. Le mot jing 經, que nous traduisons par « classique/s », signifie la « chaîne » d’un métier à tisser, qui oriente la « trame » (wei 緯) et lui donne son « sens ». Jing signifie aussi l’endroit d’un tissu, qui révèle clairement le motif inscrit dans le tissu et wei 緯, l’envers du tissu, où le motif est à peine reconnaissable. Par analogie, le jing représente un texte normatif, orthodoxe, qui indique la Voie (dao 道) à suivre, alors que le wei représente un texte apocryphe, hétérodoxe, qui mène à l’égarement. Les jing appartiennent à quatre genres littéraires : poésie (Shi 詩), histoire (Shu 書), philosophie (Zi 子, maîtres), et règles de conduite en société (Li 禮). Parfois les genres littéraires se superposent partiellement, comme nous venons de le voir pour « annales » et « histoire ». On doit garder à l’esprit que ces genres littéraires ne sont pas « découpés » de la même manière que nos genres littéraires occidentaux et n’ont pas le même contenu. La première mention des classiques comme formant un corpus unifié apparaît au ~IVe s., comme nous l’apprend le traité Liu de (Des six vertus) découvert à Guodian en 1993. On y parle des Liujing (Six Classiques); les œuvres citées sont précisément celles qui sont mentionnées dans les sources biographiques de Confucius, soit, dans l’ordre : Shi 詩 (Poèmes), Shu 書 (Documents historiques), Li 禮 (Rites), Yue 樂 (Musique), Yi 易 (Changements) et Chunqiu 春秋 (Annales des Printemps et Automnes). À notre avis, cette liste, de deux siècles plus ancienne que celle sur laquelle on se basait jusqu’ici pour la première mention des Classiques, rend davantage plausible que Confucius, comme le rapportent les sources, eut une main dans l’édition et la formation du premier corpus des Classiques. Ceux-ci furent rédigés et compilés graduellement au cours de la dynastie Zhou (~1046-~256), à partir du ~Xe s., jusque vers le ~IVe s. Le noyau des Classiques remonte donc au début de cette dynastie. Mais il semble incontestable qu’il y eut des « recyclages » majeurs de ces écrits, surtout du Shu, avant et après Confucius. Au ~ IIe siècle, sous les Han de l’Ouest, on parlait plutôt des Cinq Classiques (Wujing 五經), omettant Yue 樂 (Musique), perdu; autre changement, l’ordre des Classiques était maintenant différent : Yi 易 (Changements), Shu 書 (Documents historiques), Shi 詩 (Poèmes), Li 禮 (Rites) et Chunqiu Zuo zhuan 春秋左傳 (Annales des Printemps et Automnes, avec le commentaire de Zuo). Cette liste devint normative au ~IIe s. Au cours des siècles suivants, on ajouta cumulativement des nouveaux titres à cette liste de base, comme suit : +IIe s. : Sept Classiques (Qijing 七經) : ajout du Lunyu 論語 (Entretiens de Confucius) et du Xiao 孝 (Piété filiale). +VIIIe s. : Neuf Classiques (Jiujing 九經) : omission du Lunyu; ajout du Zhou Li 周禮 (Rites des Zhou), 儀禮 Yili (Cérémonial) et des commentaires Gongyang 公羊 et Guliang 毂粱 sur le Chunqiu. +IXe s. : Douze Classiques (Shi’er jing 十二經) : ajout au précédent du Lunyu 論語 (Entretiens de Confucius), du Xiao 孝(Piété filiale) et du Erya 尔雅 (Dictionnaire des belles-lettres). Les textes furent gravés sur pierre en 837. +XIIe s. : Treize Classiques (Shisan jing 十三經) : ajout au précédent du Meng zi 孟子. On doit ajouter que d’importants commentaires furent rédigés sur chacun des Classiques, mais sans remettre en cause l’authenticité de ces écrits. 11 Dans la mesure où Confucius, le père de la pensée chinoise, fut imprégné par les classiques et en fit la substance de sa réflexion et de son enseignement, on peut dire qu’il récapitule dans sa vie et dans sa philosophie, un vaste processsus de synthèse, qui part des plus anciens caractères, de la formation des genres littéraires puis des classiques avant de se couler dans les formes nouvelles de la littérature philosophique. Les philosophes dont nous allons étudier les paroles et les écrits sont les héritiers obligés des inscriptions sur os divinatoires et sur bronze, des genres littéraires et des classiques, qui, pour l’essentiel, furent l’œuvre de la dynastie Zhou. Confucius après avoir admiré les contributions des dynasties Xia et Shang, s’exclamait : « Les Zhou contemplaient deux anciennes dynasties. Quelle splendeur que leur culture! Je suis les Zhou! » (Lunyu, III, 14). 12 5 Travaux et évaluations. Échéanciers et barèmes. -Travaux pratiques. -Mémoire et Présentation orale. -Examen final. -Travaux pratiques (TP) sur les textes. -Explication de textes proposés. -Cinq (5) pages maximum pour chaque travail. -TPI -TP2 -TP3 -Mémoire de semestre. -Huit (8) pages maximum. -Liste de sujets suggérés par le professeur. Date de remise Date de par le remise par l’étudiant/e professeur @ 28 janvier @ 11 février @ 25 février @ 11 février Liste de sujets Pour le memoire semestriel 25 février Plan de mémoire @ 1er avril @ @ 17 avril Remise du mémoire corrigé Remise du mémoire Groupes I et II 08 avril Groupes III et 15 avril IV Remise 18 avril 18h00 15% 15% 15% 20% @ @ -Présentation orale du mémoire semestriel. et discussion. -Groupes de deux ou trois. -40 minutes/groupe (présentation et discussion). -Examen final (maison). -Portera sur les cours magistraux et les lectures. -Question 1 (10%; 2 pages maximum). -Question 2 (10%; 2 pages maximum). 11 février 25 février 11 mars Barème du cours Remise 19 avril 20h00 13 15% 20% o Ouvrage obligatoire Charles Le Blanc, Profession sinologue, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2007, 72 p. o Correction de la langue Tolérance : trois (3) fautes grammaticales par page. Un quart (1/4) de point pour chaque faute excédentaire. o Ponctualité Trois (3) points par jour ouvrable seront soustraits à la note des Travaux pratiques et du Mémoire semestriel en cas de retard non motivé. o Plagiat Conformément au règlement de l’Université, toute forme de plagiat sera sanctionnée par la note E (Échec). 14 15 7 Déroulement du cours Date (Lundi) Cours 7 janvier 1 14 janvier 2 Descriptif 1 Présentation du Plan de cours : A Objectif, sources, méthode. B Exigences du cours. C Langue et écriture chinoises. D La Chine ancienne : chronologie, structure sociopolitique et évolution. 2 Introduction à la littérature et à la philosophie chinoises : genèse et développement. Échéancier Lectures avant le cours La première écriture chinoise : inscriptions sur os divinatoires (jia gu wen 甲骨文) (1). 1 Période d’utilisation: ~XIIIe-~XIe s. (sous la dynastie Shang (~1550-~1046). Découverte (accidentelle) en 1899 par le savant Wang Yirong (1845-1900 ), directeur de l’Académie impériale (Beijing). Ses recherches furent interrompues par son suicide en 1900, suite à l’occupation de Beijing par les puissances colonisatrices (Guerre des Boxeurs). 2 Nature et fonction des os divinatoires et de leurs inscriptions. 3 Nature et organisation des inscriptions: - Une veritable écriture, i. e., une suite de signes graphiques (visibles) qui reproduisent les mots de la langue parlée (audible). (L’oeil ne voit pas ce que l’oreille entend; l’oreille n’entend pas ce que l’oeil voit). - ±4500 caractères individuels, dont environ la moitié est encore intelligible ou utilisée aujourd’hui (beaucoup de noms propres sont aujourd’hui obsolètes). - La forme des caractères, leur structure et leur usage, en font les ancêtres directs de l’écriture chinoise d’aujourd’hui. - Analyse génétique et formelle des caractères jia gu wen: les différentes classes de caractères [d’après le lexicographe Xu Shen (+55-148)]: liu shu 六 16 書 (les six catégories de caractères): 1-Pictogrammes (xiang xing 象形) 2-Indicateurs symboliques (zhi shi 指事) 3-Complexes logiques (hui yi 會意) 4-Images et prononciations (xiang sheng 象聲) 5-Caractères d’emprunt jia jie 假借): caractère concret (lai 來 : blé) utilisé dans un sens abstrait (lai 來: venir), en raison de la similitude de prononciation). Aujourd’hui, pour bien distinguer les deux, blé se dit mai et s’écrit 麥. 6-Doublet ou triplet dérivé d’un même étymon(zhuan zhu 專注). Par ex., lao 老 (ancien, vieux) et kao 考 (examen, vieux) ont le même étymon. 17 21 janvier 3 La première écriture chinoise : inscriptions sur os divinatoires (jia gu wen 甲骨文) (2). Traduction et analyse de trois inscriptions. 28 janvier 4 Inscriptions sur bronze (jin wen 金文) des Date de Zhou l’Ouest (~1046-~771) et des Zhou de remise du l’Est (~770-~256). TP 1 par le Présentation de la dynastie Zhou. Cette dynastie marque la seconde étape dans le développement du système d’écriture chinois. En ~1046, la dynastie Shang fut renversée par le peuple de Zhou. Mais comme il advint de la conquête de la Grèce par les Romains, le peuple de Zhou, plus frustre et peu cultivé, fut vaincu par la culture des Shang, beaucoup plus raffinée. En particulier les Zhou adoptèrent le système d’écriture Shang qui par la suite devint la gloire de la dynastie Zhou. Comme nous l’avons vu, les Shang, inventeurs de la première écriture chinoise, gravaient les caractères sur des écailles de tortue et des omoplates de bovidés à des fins divinatoires et cultuelles. Les Zhou se débarrassèrent de ces pratiques et utilisèrent les caractères, qu’ils gravèrent d’abord dans le bronze, pour noter des événements sociopolitiques qui leur apparaissaient importants. Mais on ne peut s’empêcher de penser que les Zhou (comme d’ailleurs les Shang avant eux) utilisèrent d’autres supports pour l’écriture, pour d’autres usages, comme le bois et le bamboo, qui s’effritèrent avec le temps et dont il ne reste rien. L’écriture sur bronze fit de grands progrès dans l’enrichissement du lexique, le raffinement de la syntaxe et la disposition ordonnée des caractères sur la surface unie du bronze. Les bronzes, comme les os, furent des supports très fiables de l’écriture. Des milliers de vases en bronze appartenant à d’anciens nobles des Zhou nous sont parvenus, avec leurs inscriptions pratiquement inaltérées, artistiquement gravées le plus souvent à l’intérieur du vase. Les vases rituels de la professeur 18 dynastie, étaient offerts pour marquer les événements importants de la vie sociopolitique, à la cour comme à l’extérieur: nominations, promotions, anniversaires, victories militaires, marriages, naissances, gestes de générosité, etc. L’inscription gravée dans le vase faisait état avec une grande precision des circonstances (dates, noms et titres des personages, lieux, motifs, etc.) de ce don prestigieux. Ces vases de bronze furent préservés précieusement de génération par la famille du défunt, comme un trésor de son patrimoine et de son heritage. Ils furent souvent inhumés dans des tombeaux On fut redevable aux Shang de l’invention de l’écriture et de l’art du bronze en Chine, mais ce furent les Zhou qui profitèrent pleinement de la créativité de leurs prédécesseurs. Les uns semèrent, les autres récoltèrent. Les bronzes des Zhou n’égalèrent pas la qualité métallurgique et artistique des bronzes Shang, “les plus beaux objets en métal façonnés par la main de l’homme”. La valeur des bronzes Zhou vient d’abord des inscriptions qu’ils portent. Celles-ci, par leur nombre, leurs detail et la qualité même de l’écriture, nous renseignent sur de multiples aspects de la vie des nobles dans la capitale royale et dans les fiefs princiers des Zhou de l’Ouest et de l’Est. Les inscriptions sur bronze commencent dès le début de la dynastie en ~1046 et continuent jusqu’à la chute des Zhou de l’Ouest en ~771. La capitale royale de Hao (près de Xi’an) fut alors déplacée à Luoyi (près de l’actuelle Luoyang), environ 500 km plus à l’est, marquant le début de la période des Zhou de l’Est (~771-~256), une période de déclin rapide des institutions de la dynastie – qui dura quand meme encore plus de 500 ans. Sur le plan du développement culturel et intellectual, la plus grande contribution des Zhou fut sans doute la création des genres littéraires, représentés, dans chaque cas par des écrits compilés au long de plusieurs siècles, dont les auteurs sont en majorité des inconnus. Ces écrits, réarrangés par des penseurs et des lettrés du ~VIe et du ~Ve s., dont surtout, d’après la tradition, Confucius (~551-~479), devinrent les cinq classiques qui représentèrent les genres littéraires de la poésie, de l’histoire, des rites, de la philosophie et des annales. 19 1-Le Classique des Poèmes (Shijing 詩經) Recueil de 305 poèmes populaires et de cour rédigés sous la dynastie Zhou, entre le ~Xe et le ~VIIe siècle. Le plus important des classiques chinois. -Parallélisme -Idées philosophiques. -D’après la tradition, le recueil fut prepare par Confucius, à partir de quelque trois mille poèmes accumulés dans les archives de la cour de Lu. Trad. par Couvreur, Demiéville; cf. Biblio. 2-Le Classique de l’histoire (Shujing 書經) 4 février 11 février 6 6 Couvre l’histoire prédynastique de Yao, Shun et Yu le grand ainsi que les dynasties Xia, Shang et Zhou. La tradition veut que l’oeuvre fut éditée en cent chapitres par Confucius; la question est controversée. mais l’oeuvre fut “retravaillée” après Confucius, vers le ~IVe s. Trad. par Couvreur, cf. Biblio. 3-Le Classique des changements (Yijing 易經) Oeuvre difficile et controversée, peut-être écrite par stages à partir du ~Xe s. Les figure 三 (trigrammes, hexagrammes) sont encore plus anciennes. Elle fut au début un manuel de divination de la dynastie Zhou, qui semble avoir remplacé par les tiges d’achillée la méthode de divination par les os de la dynastie Shang. Plus tard, vers le ~VIIe s., elle fut interprétée plutôt comme un ouvrage de philosophie dont s’inspirèrent la plupart des écoles de philosophie qui naquirent à partir du ~VIe s., avec Confucius. Trad. par Perrot, cf. Biblio. Le Classique de la Musique (Yuejing 樂 經) Mis en ordre par Confucius, lui-même un musicien et musicologue reconnu. Perdu après le ~IVe s. Les Annales des Printemps et Automnes de Lu (Chunqiu 春秋). Annales des douze derniers princes de la principauté de Lu, pays natal de Confucius; ces princes auraient régné entre ~722 et ~481. Confucius aurait lui-même compilé ces annales, à partir des archives de Lu. C’est pourquoi cette période porte le nom de l’œuvre, « Chunqiu, Printemps et Automnes ». Cet ouvrage est habituellement accompagné par un autre ouvrage historique qui lui sert de commentaire, le Zuo zhuan (commentaire de Zuo) parfois attribué à Zuo Qiuming (~Ve-~IVe s.) Trad. par Couvreur, cf. Biblio. Date de Date de remise remise du du TP 1 TP 2 par le par l’étudiant/e professeur. Date de remise du par le professeur de la liste des sujets de mémoire 20 semestriel. 21 18 février 7 Naissance de la philosophie chinoise Même si les Cinq Classiques présentent des problems d’authenticité et d’intégrité indéniables, ils ont néanmoins joué un rôle philosophique, sociopolitique, éthique et littéraire incommensurable pendant trois mille ans d’histoire chinoise. Les Chinois les considéraient comme des livres sacrés, mais non pas des livres religieux, comme purent l’être pour les Juifs et pour les Chrétiens les livres de la Bible. On ne trouve pas dans les Cinq Classiques de passages à répétition sous la forme de “Yahveh dit à Moïse…” ni de références constantes à la révélation, au miracle et à la prophétie, dont les pages de la Bible sont pleines. Si le religieux et le surnaturel sont fortement présents dans les pratiques divinatoires des Shang, ils tendent à s’estomper et à presque disparaître sous les Zhou. À partir du ~VIe siècle, les philosophes, imprégnés par les Cinq Classiques, verront dans les valeurs humaines partagées de manière equitable et universelle la manière de faire triompher le vrai et le bien dans la société. On pourrait leur prêter mieux qu’à quiconque la parole que Platon attribue au philosophe Protagoras: “L’homme est la mesure de toutes choses, de celles qui existent en tant qu’elles existent et celles qui n’existent pas en tant qu’elles n’existent pas.” Confucius dira, plus simplement: “Connaître, c’est connaître l’homme. 愛者愛人也 Aimer, c’est aimer l’homme”. 知者知人也 LE CONFUCIANISME A : LE LUNYU 論語 (Entretiens) de Confucius 孔 夫子;nom personnel : Kong Qiu 孔丘 (∼551- ∼479) 1: Textes et idées. -Cette tradition de pensée tire son nom de son fondateur, Confucius. -Aperçu de la vie de Confucius. -Mode de composition de l’œuvre. -La manière de penser de Confucius : o L’analogie basée sur l’empathie. o La correction des noms. o L’examen critique de l’expérience. o La référence à l’histoire et aux anciens écrits. o Primauté du sens moral : humanité, 22 (bienveillance), justice, rite, étude. Un optimisme basé sur la perfectibilité de la nature humaine (par l’étude). o La transmutation des valeurs. o L’immanence et la transcendance. o Un humanisme ouvert sur le sacré. -Le système de pensée. o 23 25 février 8 LE CONFUCIANISME B : LE LUNYU 2: Analyse des principaux concepts. Date de Date de remise remise du du TP 2 -Analyse sémantique par l’étymologie des TP 3 par le par l’étudiant/e caractères et par le recoupement thématique des professeur. textes. -Les principaux concepts : o rén 仁 vertu d’humanité. o lî 禮 rites. o yì 義 justice, sens moral. o xué 學 étude, perfectionnement. o xìn 信 fidélité, fiabilité, crédibilité. 4 mars 11 mars Pas de 3-7 mars: semaine d’activités libres cours 9 LE CONFUCIANISME C : LE MENG ZI 1 Par Meng Ke 孟克 (∼385-∼301) ; titre : Meng zi 孟子 (maître Meng) Textes et idées. Date de remise du TP 3 par l’étudiant/e -Aperçu de la vie de Meng zi -Mode de composition de l’œuvre. -Meng zi vit dans un monde intellectuel différent de celui de Confucius. -La manière de penser de Meng zi: un art sophistiqué de la discussion et de l’argumentation (bian 辩 et bi 比). o Appel à la sensibilité et à l’expérience de l’interlocuteur (ex., l’enfant et le puits). o Développement des analogies et des figures de style (ex., le mont du Bœuf). o Intégration de l’homme dans le cosmos : la notion de qi 氣 (souffle). o Analyse approfondie de la nature humaine : elle est essentiellement bonne (ren xing shan 人性善)et forme la base de la vertu d’humanité (ren 仁), le concept central de la philosophie de Confucius. o Reflétant son époque, Meng zi élabore une théorie cosmique unifiée imbriquant trois sphères interactives : l’homme, la terre et le ciel. -Le système de pensée. 24 18 mars 10 LE CONFUCIANISME D : LE MENG ZI 2. Analyse des principaux concepts. o o o o o o o 25 mars 11 La nature humaine (ren xing 人性 ) est foncièrement bonne (shan 善 ). Les quatre germes ou racines (si duan 四端 ) de la bonté humaine et les souffles (qi 气). Le gouvernement véritable est basé sur l’humanité et la justice (ren zheng 仁 政). Le ministre est au service de la vertu (de 德), non du souverain (wang 王). Le peuple est premier (min ben 民本 ), le souverain, dernier. Théorie socioéconomique du gouvernement : le champ équitable en damier (jing tian 井田 ) . Aller jusqu’au bout de soi-même (jin xin 盡心). LE TAOÏSME A: LE DAO DE JING 道德經 (LA VOIE ET SA VERTU) PAR LAO DAN 老聃 (∼VIe s.); titre : Lao zi 老子 (maître Lao). Textes et idées. -Aperçu de la vie de Lao zi. -Mode de composition de l’œuvre. o o o o o Date de remise par l’étudiant/e du sujet de mémoire semestriel. Mythes et légendes. Nature archaïque et poétique d’une partie du texte : rime, métrique, figures de style, parallélisme. Probablement proposé oralement au e e ∼VI - ∼V s.; mais les premières versions physiques, sur tiges de bambou, à nous e être parvenues, datent du ∼IV s. et sur e soie, du ∼II s. L’œuvre compte 81 chapitres et environ 5 000 caractères. On pense qu’il s’agit d’un « recueil » ou d’une « compilation ». Plusieurs chapitres portent sur des thèmes différents et ne semblent pas unifiés. Le texte demande à être lu de manière analytique, thématique et critique. L’édition reçue date du +IIIe siècle et a été conservée en raison du travail éditorial et du commentaire exceptionnels de Wang Bi 王弼 (+226- 25 o 249). On l’appelle l’éd. de Wang Bi. Découvertes de nouveaux manuscrits e sur soie du ∼II s. à Mawangdui (Hunan) en 1972 et sur bambou du ∼IVe s. à Guodian (Hubei) en 1993. -La manière de penser de Lao zi : o Métaphysicien plus que moraliste : « Le sage prend modèle sur le Dao ». o Tout gravite autour du Dao 道 (la Voie) origine, milieu et fin de tout ce qui existe. o Philosophie et mystique. o Transcendance et immanence du Dao o Caractère mystérieux du Dao : chose, principe ou dieu? o L’union au Dao, comme expérience pure, est le principe d’une critique radicale de tout ce qui s’est ajouté à notre nature depuis la naissance et d’une transformation en profondeur par l’ascèse pour faire retour à notre nature dans sa pureté originelle : « À la recherche de la nature perdue ». Voir ch. 40 et 25. o Pensée à la fois une et duelle, donc paradoxale : être et non être; être et paraître; spontanéité, non-agir et créativité; négationnisme et inversion; yin et yang; cosmologie et pratique (sociale et politique). (Ch. I, 2). o Seul le Dao est un et assure la cohésion du monde. o L’union au Dao ne transforme pas seulement l’individu qui en fait l’expérience, mais la société, le monde et l’univers dont il fait partie intégrante. -Le système de pensée. 26 1er avril 12 8 avril 13 Semaine d’activités libres. Pas de cours. Le Taoïsme B : Le DAODE JING 2 Analyse, intertextualité et commentaire du Lao zi, chapitre 1. Remise du mémoire semestriel Le Daoisme C : LE ZHUANG ZI 莊子 1, par Zhuang Zhou 莊 周 (∼369-∼286 ); titre : Zhuang zi 莊 子 (maître Zhuang) Textes et idées. Aperçu de la vie de Zhuang zi. Mode de composition de l’œuvre. o o o o Pour certains, le Zhuang zi est l’œuvre la plus passionnante et la plus difficile de la philosophie chinoise – aussi bien sur le plan de la pensée que sur celui de l’expression. Pour la comprendre adéquatement, il faudrait connaître les nombreux penseurs de son époque appelés « dialecticiens » ou « sophistes » (bianzhe 辯者), dont les œuvres, sauf des fragments épars, sont perdues. Une comparaison des commentaires chinois sur le Zhuang zi et de ses traductions en langues étrangères révèle l’incompatibilité fréquente des interprétations. Mais comme dans le cas du philosophe Ludwig Wittgenstein, qui semble avoir certaines affinités avec Zhuang zi, ce que nous pouvons en comprendre justifie amplement le combat. L’édition ancestrale (perdue) du Zhuang zi (∼IIIe s.) comptait 52 chapitres. L’édition courante fut préparée et commentée par Guo Xiang (m. en +312) au +IIIe s.). Guo Xiang élimina 19 chapitres considérés comme des faux; son éd. compte 33 ch. De plus il divisa ces ch. en trois groupes : -Ch. intérieurs : 1-7 rédigés par Zhuang zi et ses disciples immédiats; -Ch. extérieurs : 8-21 par ses disciples et les disciples de deuxième génération; -Ch. disparates : 22-33 par des disciples plus tardifs. 27 Comme règle, les ch. 1-7 doivent servir de critère et de point de départ, mais on doit aussi utiliser les ch. plus tardifs comme compléments. Ces derniers sont souvent des commentaires en langage simple des ch. 1-7, plus difficiles à comprendre. Zhuang zi semble avoir été marqué plus que les autres penseurs étudiés ici par les guerres inhumaines qui sévirent durant la période dite des Royaumes combattants (∼453-∼222), soit la fin de la dynastie Zhou (∼1046-∼256). Son discours est plus radical tant sur le plan pratique que sur le plan philosophique : cela le conduit à inventer une nouvelle conception de l’univers et de l’homme pour libérer celui-ci de la misère et du mal. Cela suppose la déconstruction du monde de valeurs, d’ordre et de raison édifié par les philosophes depuis le début des Zhou. Le processus de libération s’opère par une révolution philosophique et vise, en bout de piste, une sorte de liberté totale. o C’est le titre du Zhuang zi, ch. 1 : « Liberté naturelle ». Le texte sera envoyé par @). Ce ch. donne une bonne idée de la manière dont Zhuang zi unit littérature et philosophie. Vous devez lire et schématiser ce ch. en vous demandant ce que Zhuang zi entend par « liberté » et quelles sont les implications de sa conception. 28 15 avril 22 avril 9 Le Daoisme D : LE ZHUANG ZI 2: Ch. 2 : « La réduction ontologique ». Le ch. 2 est considéré comme le plus important du Zhuang zi. Le texte compte une dizaine de pages. Il porte essentiellement sur une critique radicale de la connaissance : cosmologie, psychologie, langage, argumentation, valeurs, rêve et veille, réalité et fiction. Vous recevrez, par @: 1 une copie du texte; 2 un schéma analytique pour faciliter la lecture; 3 des notes explicatives sur les passages les plus importants. Le Taoïsme E : LE HUAINAN ZI 淮南子 1: 10 Présentation de Liu An 劉安 et du HNZ : Le Huainan zi (= HNZ) est une somme philosophique considérable d’orientation daoïste. Mais il s’agit d’un taoïsme éclectique, qui intègre des principes importants du confucianisme et du légisme. L’œuvre fut dirigée par Liu An (~179-~122), prince de la principauté de Huainan, au sud-ouest de Shanghai et écrite en bonne partie par lui en ~139. L’oeuvre présente un côté encyclopédique, Liu An proposant une vision globale et synthétique des connaissances de son époque; elle compte 21 ch., chaque ch. prenant la forme d’un essai ou d’un traité complet sur un sujet donné. Sa source d’inspiration principale est Zhuang zi et Lao zi. Les idées importantes de ces deux penseurs structurent l’œuvre et reviennent comme un leitmotiv. Penseur original, Liu An a su dégager des écrits de Zhuang zi un concept nouveau, le ganying 感 應 (résonance ou réponse à l’incitation), pièce maîtresse de sa philosophie. Elle lui permet de repenser la philosophie chinoise ancienne. Nous verrons ici la théorie daoïste de la cosmologie par la lecture d’extraits de cinq chapitres du HNZ, en particulier, les ch. I (À la source du dao) et II (Le commencement du réel). Date de remise par l’étudiant/e du mémoire semestriel. Le Taoïsme F : LE HUAINAN ZI 2: Le second thème portera sur la notion de résonance (ganying), dans son rapport avec le non-agir (wuwei) et l’homme véritable (zhen ren), l’idéal du taoïsme Le troisième thème portera sur l’histoire comme 29 transformation du monde dans la perspective daoïste du HNZ. Encore ici, les textes seront empruntés à quelques chapitres, en particulier, le ch VI (De l’examen des choses obscures), XI (De l’équivalence des mœurs) et XIII (De l’inconstance des choses). Cours de synthèse. Vue d’ensemble du développement de la pensée chinoise entre le ~VIe et le ~IIe s., en rapport avec les changements sociopolitiques sur la longue durée. Développement parallèle mais indépendant de la philosophie en Chine et dans le monde indo-européen : l’âge axial (Karl Jaspers). Renouveau d’intérêt pour l’étude de la pensée chinoise ancienne en Chine aujourd’hui. 30 7 Bibliographie Première partie : La première écriture chinoise et son évolution. Les genres littéraires et les écrits classiques 1 Histoire ancienne Chang, Kwang-chih, The Archeology of Ancient China (3e éd.), New Haven et Londres, Yale University Press, 1977. *Gernet, Jacques, Le Monde chinois, Paris, Armand Colin, rééd., t. 1 : La Chine ancienne, 2002. 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