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Réalité virtuelle Apprendre la perception de l’environnement virtuel Personal Care Systems Personal Care Systems Les personnages qui évoluent dans les mondes virtuels ont parfois la fâcheuse tendance à se comporter comme les acteurs des premiers films noir-blanc de l’époque héroïque du cinéma muet. Leurs mouvements sont saccadés et maladroits. Les travaux de Toni Conde, diplômé de l’EPFL, sont en passe de leur conférer un comportement beaucoup plus humain. Les agents autonomes virtuels permettent de conférer un comportement beaucoup plus humain dans les films d’animation et les jeux vidéo. Le projet européen d’apprentissage de la conduite vise à apporter une meilleure perception du comportement réel dans les systèmes d’autoécole virtuels. Les travaux de Toni Conde, qui vient de fonder une start-up de l’EPFL et du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) de Neuchâtel, visent à conférer une plus grande autonomie aux agents virtuels. Il a en effet développé des algorithmes capables de leur faire appréhender leur environnement. De ce fait, ils peuvent adapter leur comportement en fonction de celui-ci sans qu’il doit nécessaire de programmer chacun de leur déplacement discret. Lorsqu’un humanoïde porte par exemple un verre à ses lèvres, l’algorithme qui commande le mouvement de son bras prévoira automatiquement de le ralentir lorsque le récipient se rapprochera de son visage de manière à ce que le liquide virtuel ne déborde pas et ne mouille pas ses vêtements. Ou lorsqu’il reposera le verre sur la table, il fera en sorte de ralentir également le déplacement de son bras pour ne pas provoquer un choc risquant de briser virtuellement le récipient. ville de Lausanne pour ses recherches dans ce domaine – a créé une start-up basée à Genève et appelée Personal Care Systems. En dehors des travaux entièrement dédiés à la création d’agents autonomes virtuels, son objectif est aussi de développer des dispositifs de télésurveillance médicale pour les milieux non médicalisés. Un domaine qui semble voué à un avenir florissant compte tenu de l’accroissement de la population âgée et du désir de la maintenir le plus longtemps possible dans son cadre de vie habituel. Nul n’est pourtant prophète dans son pays. En effet, la structure fédéraliste de la Suisse ne semble pas très accueillante pour des idées novatrices qui ne sont pas encore adoptées dans tous les cantons avec le même enthousiasme. Un tel concept doit encore recevoir l’approbation des autorités avant de s’imposer, ce qui prendra du temps et freine quelque peu les projets de Toni Conde dans ce domaine. Les systèmes de surveillance des personnes âgées en environnement non médicalisés dont on dispose actuellement présentent en effet des inconvénients majeurs car ils sont assez rudimentaires et engendrent de nombreuses fausses alarmes. Raison pour laquelle l’idée de Toni Conde est de compléter les dispositifs de détection de chutes actuels avec des capteurs de pulsations cardiaques qui donneraient un réel diagnostic de la person- Des capteurs virtuels appréhendent les écueils Qu’il s’agisse de rendre plus humains les personnages des films d’animation ou d’améliorer le rendu des jeux vidéo, ces travaux de recherche, menés à l’origine dans le cadre du Laboratoire de réalité virtuelle de l’EPFL, visent de multiples champs d’application. C’est la raison pour laquelle Toni Conde – qui vient de recevoir le Prix 2007 de la 10 SWISS ENGINEERING DEZEMBER/DÉCEMBRE 2007 ne qui a trébuché dans son appartement. Le tout relié au moyen d’un réseau de transmission sans fil relayé par des capteurs placés contre les murs. Cela permettrait non seulement de limiter les fausses alertes, mais aussi d’avoir un premier diagnostic rudimentaire de la personne concernée. De nouvelles méthodes d’apprentissage Les travaux de Toni Conde apportent des contributions majeures au développement des agents autonomes intelligents dans le monde de la réalité virtuelle. Ils englobent la mise au point de nouvelles méthodes d’apprentissage en vue de se rapprocher des modèles comportementaux et cognitifs d’humains virtuels. L’objectif de ces recherches est de permettre à un être humain virtuel d’explorer des environnements également virtuels et inconnus et de construire des modèles et des structures mentales, des cartes cognitives ou des plans de son exploration. De tels modèles seraient applicables dans les jeux vidéo ainsi que dans les films d’animation en conférant aux personnages un comportement plus proche de la réalité. Cela évite de devoir calculer chaque portion élémentaire de la trajectoire des mouvements car les éléments intelligents détectent la présente d’autres objets présents sur le parcours prévu et adaptent la vitesse d’approche en conséquence. Un tel concept peut naturellement aussi s’appliquer dans la réalité tangible à des robots qui sont envoyés dans les endroits dangereux, par exemple lors de tremblements de terre, pour essayer de sauver des personnes blessées. Ou tout au moins de préparer le terrain à l’intervention de corps de secours. S’inspirer des êtres humains Une fois qu’il a élaboré sa représentation, il peut alors la communiquer à d’autres humains virtuels, explique en l’occurrence Toni Conde. «Apprendre comment agir sur un actuateur en réponse à un ensemble de données acquises par des senseurs virtuels constitue un problème difficile à optimiser» précise-t-il. «En nous inspirant de la biologie, nous avons cherché à construire des humains virtuels qui disposent de capacités d’autonomie et qui peuvent s’animer par eux-mêmes. Et, par conséquent, qui sont en mesure d’apprendre de manière efficace.» Parmi les autres travaux en cours dans le cadre de la nouvelle start-up de Toni Conde, il faut en particulier relever un projet d’apprentissage à la conduite dans un environnement virtuel qui est soutenu au niveau européen. Des travaux qui se basent également sur le mode artificiel reflétant le comportement humain. Pierre-Henri Badel