Ulaval - Il y a 50 ans, l`envol - CAMEO

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Ulaval - Il y a 50 ans, l'envol
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Le journal de la communauté universitaire
actualités
Volume 48, numéro 4
27 septembre 2012
L'histoire derrière la murale L’Homme devant la
science
Par Pascale Guéricolas
L’image
Artiste épris de symbolisme et de réalisme, Jordi Bonet offre avec cette murale sa
vision de «l’Homme bâti pour être libre et debout». Ce sont là les mots de Nicolas
Desbiens, responsable de la salle d’exposition du Cégep Sainte-Foy, qui a
consacré une exposition à ce grand céramiste il y a deux ans. «Il travaillait
beaucoup sur la dualité. Dans cette œuvre, on voit à la fois un homme et une
femme, ainsi qu’un oiseau en plein envol, symbole d’angoisse et d’espoir.»
Pour Huguette Bouchard-Bonet, veuve de Jordi Bonet et elle-même céramiste, la
murale met en scène un homme, soutien de la famille, qui porte une femme sur
son dos. Cela illustre le rôle important des humains dans le monde, leur
participation au devenir d’un pays, à la base de la science. L’oiseau, lui, illustre le
mouvement, l’inspiration, le guide spirituel au-dessus des humains.
La fabrication
Avant de se lancer dans cette immense fresque, Jordi Bonet a bâti des maquettes
et dessiné la scène sur différents supports. Quelques-uns de ces travaux
préparatoires sont exposés au Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire.
«Pour produire des centaines de tuiles, il a fallu aller à Courtrai en Belgique, se
souvient Huguette Bouchard-Bonet. Là-bas, il existait un des deux seuls fours sur
rail au monde permettant de cuire la céramique en grande quantité.» C’était la
première fois au Québec qu’un artiste se lançait dans une céramique extérieure
de cette dimension. Bonet en avait construit une autre en 1955 sur la façade de
l’hôtel de ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, mais elle n’est pas signée de son nom.
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La restauration
Exposée depuis 50 ans aux rigueurs du climat québécois, la murale est due pour
une cure de beauté. La céramique est sensible aux cycles de gel et dégel. Là où le
mur de maçonnerie de briques s’est compacté, des tuiles décollent. L’équipe de
restauration prévoit démonter jusqu’à 500 tuiles pour les nettoyer en laboratoire
et restaurer les autres in situ l’été prochain. Pour visionner une entrevue avec la
restauratrice Isabelle Cloutier, visitez le blogue Julie sur le campus.
www.juliesurlecampus.ulaval.ca/cohabitation-artistique
«Une machine à créer»
L’artiste d’origine catalane avait été marqué par la guerre civile espagnole et par
la perte de son bras droit durant son enfance. «Il se tenait debout par miracle,
témoigne Huguette Bouchard-Bonet. Il n’existait qu’en fonction des œuvres à
faire.» Décédé d’une leucémie à 47 ans, ce créateur infatigable a marqué l’art
québécois en utilisant la céramique pour intégrer ses œuvres à l’architecture.
Selon Nicolas Desbiens, les œuvres de Jordi Bonet ne sont pas assez reconnues.
«Je suis persuadé que ses créations sont encore en dormance. Le langage qu’il
utilise nous oblige à être contemplatifs. Il faut prendre le temps de vivre avec son
œuvre.»
Ses influences et son legs
Marqué par les grands maîtres espagnols, tels Goya et Velasquez, Jordi Bonet a
aussi fréquenté le créateur de la Sagrada Familia de Barcelone, Antonio Gaudi, en
parcourant la Catalogne durant son enfance. Son amour des textures, son style
symboliste, son génie de la céramique racontent son attachement à sa terre
d’origine. Lui qui collabore avec Riopelle dès 1956 apporte au Québec une grande
ouverture sur le monde. En 22 ans, il va créer une centaine de murales ici et
ailleurs. Sa plus fameuse est celle qui orne le Grand Théâtre de Québec, inspirée
de la phrase du poète Claude Péloquin: «Vous êtes pas écoeurés de mourir, bande
de caves!»
Une création moderne
Selon Madeleine Robin, responsable de la valorisation des collections à
l’Université Laval, la décision d’orner le pavillon Adrien-Pouliot d’une fresque
témoigne d’un choix artistique étonnant en 1962. À cette époque, aucun
programme de 1% n’obligeait les établissements à investir dans l’art public.
«L’Université semblait avoir une attitude favorable à l’intégration d’œuvres sur
son campus.» Un geste moderne peut-être inspiré par l’architecte du pavillon,
Lucien Mainguy. L’œuvre constituera même la signature visuelle de l’Université
pendant une certaine période à partir de 1966.
L’art public selon Jordi Bonet
«Trop souvent nous œuvrons dans la solitude, loin des champs d’action où notre
destinée pourrait s’épanouir: des villes se bâtissent autour de nous, mais nous n’y
sommes pas. L’art est pourtant aussi à l’aise dans les rues et places publiques que
dans les salles d’un musée; il est la richesse collective de tous les hommes. […]
Fermer nos yeux, ouvrir notre tête, voir: l’art est l’écriture des visions à dire.»
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Venez le voir de vos yeux!
Le campus est un vrai petit musée à ciel ouvert. L’Université a acquis ses
premières œuvres en 1951, une décennie avant que le gouvernement du Québec
ne produise sa première politique d’intégration des arts à l’architecture! Cette fin
de semaine, à l’occasion des Journées de la culture, le public est invité à découvrir
la collection par un rallye pédestre ou une séance de géocache par GPS. Il peut
aussi consulter 76 fiches explicatives en ligne en visitant un nouveau cybermusée
consacré au sujet. «La préservation et la mise en valeur de notre patrimoine
culturel font partie de nos objectifs de développement durable», souligne le
recteur Denis Brière.
www.ulaval.ca/art-public
L'Homme devant la science (1962), sur la façade nord du pavillon Adrien-Pouliot
Photo: Marc Robitaille
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