SEQUENCE 3 : REDIGER LE DENOUEMENT D`UN RECIT

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SEQUENCE 3 : REDIGER LE DENOUEMENT D`UN RECIT
SEQUENCE 3 : REDIGER LE DENOUEMENT D’UN RECIT FANTASTIQUE CONTENU DE LA SEQUENCE COMPREHENSION DE L’ECRIT Séance 1 Séance 2 ACTIVITES DE LANGUE Syntaxe Lexique ACTIVITES D’ECRITURE EVALUATION FORMATIVE CORRIGES
ACTIVITES DE COMPREHENSION Séance 1 : Texte : La main : 3 ème partie et fin, Guy de MAUPASSANT, 1883 Objectifs de la séance : ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ repérer la relance de l’action ; analyser une nouvelle scène ; repérer l’ordre chronologique des faits ; distinguer les différents rythmes de narration ; dégager la double interprétation des faits ; construire du sens ; distinguer le récit cadre du récit encadré ; recense les différentes étapes de l’histoire ; dégager les caractéristiques de la situation finale ; Dégager les caractéristiques de la conclusion. Plan de la séance : ­ ­ ­ ­ ­ ­ hypothèses ; lecture/vérification des hypothèses ; analyse ; synthèse ; autoévaluation ; correction. Documents à consulter : dictionnaire
LA MAIN (3 ème par tie et fin) [....] Une année entière s’écoula. Or, un matin, vers la fin de novembre, mon domestique me réveilla en m’annonçant que sir John Rowell avait été assassiné dans la nuit. Une demi­heure plus tard, je pénétrai dans la maison de l’Anglais avec le commissaire central et le capitaine de gendarmerie. Le valet, éperdu et désespéré, pleurait devant la porte. Je soupçonnai d’abord cet homme, mais il était innocent. On ne put jamais trouver le coupable. En entrant dans le salon de sir John, j’aperçus du premier coup d’œil le cadavre étendu sur le dos, au milieu de la pièce. Le gilet était déchiré, une manche arrachée pendait, tout annonçait qu’une lutte terrible avait eu lieu. L’Anglais était mort étranglé ! Sa figure noire et gonflée, effrayante, semblait exprimer une épouvante abominable ; il tenait entre ses dents serrées quelque chose; et le cou, percé de cinq trous qu’on aurait dit faits avec des pointes de fer, était couvert de sang. Un médecin nous rejoignit. Il examina longtemps les traces des doigts dans la chair et prononça ces étranges paroles: ­ On dirait qu’il a été étranglé par un squelette. Un frisson me passa dans le dos, et je jetai les yeux sur le mur, à la place où j’avais vu jadis l’horrible main d’écorché. Elle n’y était plus. La chaîne, brisée, pendait. Alors je me baissai vers le mort, et je trouvai dans sa bouche crispée un des doigts de cette main disparue, coupé ou plutôt scié par les dents juste à la deuxième phalange. Puis on procéda aux constatations. On ne découvrit rien. Aucune porte n’avait été forcée, aucune fenêtre, aucun meuble. Les deux chiens de garde ne s’étaient pas réveillés. Voici, en quelques mots, la déposition du domestique. Depuis un mois, son maître semblait agité. Il avait reçu beaucoup de lettres, brûlées au fur et à mesure. Souvent, prenant une cravache, dans une colère qui semblait de démence, il avait frappé avec fureur cette main séchée, scellée au mur et enlevée, on ne sait comment, à l’heure même du crime.
Il se couchait fort tard et s’enfermait avec soin. Il avait toujours des armes à portée de bras. Souvent, la nuit, il parlait haut, comme s’il se fût querellé avec quelqu’un. Cette nuit­là, par hasard, il n’avait fait aucun bruit, et c’est seulement en venant ouvrir les fenêtres que le serviteur avait trouvé sir John assassiné. Il ne soupçonnait personne. Je communiquai ce que je savais du mort aux magistrats et aux officiers de la force publique, et on fit dans toute l’île une enquête minutieuse. On ne découvrit rien. Or, une nuit, trois mois après le crime, j’eus un affreux cauchemar. Il me sembla que je voyais la main, l’horrible main, courir comme un scorpion ou comme une araignée le long de mes rideaux et de mes murs. Trois fois, je me réveillai, trois fois je me rendormis, trois fois je revis le hideux débris galoper autour de ma chambre en remuant les doigts comme des pattes. Le lendemain, on me l’apporta, trouvé dans le cimetière, sur la tombe de sir John Rowell, enterré là ; car on n’avait pu découvrir sa famille. L’index manquait. Voilà, mesdames, mon histoire. Je ne sais rien de plus. Les femmes, éperdues, étaient pâles, frissonnantes. Une d’elles s’écria :
­ Mais ce n’est pas un dénouement cela, ni une explication ! Nous n’allons pas dormir si vous ne nous dites pas ce qui s’était passé, selon vous. Le magistrat sourit avec sévérité : ­ Oh ! moi, mesdames, je vais gâter, certes, vos rêves terribles. Je pense tout simplement que le légitime propriétaire de la main n’était pas mort, qu’il est venu la chercher avec celle qui lui restait. Mais je n’ai pu savoir comment il a fait, par exemple. C’est là une sorte de vendetta. Une des femmes murmura : ­ Non, ça ne doit pas être ainsi. Et le juge d’instruction, souriant toujours, conclut : ­ Je vous avais bien dit que mon explication ne vous irait pas. Guy de Maupassant, La main.
QUESTIONS 1. Dans quel passage du texte la mort de l’Anglais est­elle annoncée ? Sait­on qui l’a tué ? Justifie ta réponse à l’aide d’éléments pris dans le texte. 2. Quelle explication officielle le juge d’instruction donne­t­il de cette mort ? 3. Quelles explications les différents personnages donnent­ils à cet assassinat ? Ces explications sont elles rationnelles ou surnaturelles ? 4. Quelles expressions montrent que certaines affirmations sont des hypothèses (ne sont pas certaines) ? 5. Quelle phrase du texte montre que le combat mené par la victime a été très violent ? 6. « Une année entière s’écoula »… la fin du texte. Relève les indicateurs temporels utilisés dans cette partie. A quel moment de la journée les faits étranges se sont­ils produits ? Quel articulateur annonce la situation finale du récit fantastique ? 7. Quelle phrase annonce la dernière partie de la nouvelle ? 8. Qui est le narrateur dans cette partie ? 9. Cette dernière partie appartient­elle au récit­cadre ou au récit encadré ? Justifie ta réponse. 10. Fais le plan de cette partie.
Retiens
La double interprétation des faits.
La situation finale du récit fantastique
maintient le lecteur dans l’indécision et lui donne
le choix entre une explication naturelle et une
interprétation surnaturelle du phénomène ou du
fait.
Le dénouement ne recherche pas d’« effet de
chute » : il n’y a pas de révélation finale ou
d'éclaircissement de l’énigme.
L’ambiguïté du dénouement fantastique réside,
en effet, dans la double interprétation des faits
rapportés.
L’explication naturelle ou rationnelle fait état
des circonstances qui entourent l’événement final
(une mort ou une disparition le plus souvent) ; elle
repose sur des faits réels (accident, crise de folie,
incendie…). Mais, en général, cette explication
n’est pas convaincante parce qu’elle demeure
incomplète.
L’explication surnaturelle fait appel à des
phénomènes qui désobéissent aux lois du monde
réel :
fantômes,
esprits,
vampires…
Cette
explication semble mieux s’adapter que la
précédente au dénouement mystérieux et tragique
de l’histoire.
COMPREHENSION DE L’ECRIT Séance 2 : Texte : Suicide au parc, Dino BUZZATI, 1967 Objectifs de la séance : ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ repérer la relance de l’action ; Analyser une nouvelle scène ; Dégager la double interprétation des faits ; distinguer le récit cadre du récit encadré ; construire du sens ; recenser les différentes étapes de l’histoire ; dégager les caractéristiques de la situation finale ; dégager les caractéristiques de la conclusion ; repérer la chronologie des faits ; distinguer les différents rythmes de narration. Plan de la séance : ­ hypothèses ; ­ lecture / vérification des hypothèses ; ­ analyse ; ­ synthèse ; ­ autoévaluation. Documents à consulter : dictionnaire
Suicide au par c. Il y a neuf ans, mon ami Stéphane, qui est depuis trente­quatre ans mon collègue, fut atteint par le virus de l’automobile. Stéphane avait bien une Fiat 600 mais jusqu’alors il n’avait présenté aucun des symptômes de cette terrible maladie. Son cours en fut rapide. Comme lors des grandes et funestes amours qui s’emparent de l’homme, Stéphane en quelques jours seulement devint l’esclave de son idée fixe et ne savait plus parler d’autre chose. L’automobile. Non pas la petite voiture d’usage quotidien à laquelle on ne demande que de rouler tant bien que mal, mais la voiture de race, symbole de succès, affirmation de la personnalité, domination du monde, agrandissement de soi­même, instrument d’aventures, emblème, en somme, du bonheur codifié de notre temps. Le désir ensuite, l’envie folle, l’idée fixe, l’obsession d’une voiture d’élite, très belle, puissante, ultime, difficile, surhumaine, à faire à se retourner les milliardaires dans la rue. Etait­ce un sentiment de vanité, puéril ou idiot ? Je ne saurais le dire. Je ne l’ai pas éprouvé. Et il est toujours téméraire de juger le cœur des autres. Dans le monde d’aujourd’hui, des milliers d’hommes sont contaminés par cette maladie ; leur souci n’est pas la sérénité d’une famille, un travail riche de satisfactions et rémunérateur, la conquête de l’aisance ou du pouvoir, un idéal d’art, un dépassement spirituel. Non, pour eux, leur rêve suprême, c’est la hors­série comme ci et comme ça sur laquelle divaguent pendant des heures dans le bar à la mode, les fils à papa bronzés et les petits industriels arrivés. Seulement Stéphane gagnait peu et l’objet de ses délires quotidiens restait abominablement lointain. Avec son idée fixe Stéphane se tourmentait, cassait les pieds de ses amis et inquiétait Faustina, sa femme, une gentille et gracieuse petite créature, trop amoureuse de lui. Combien de soirs, chez lui, j’ai dû assister à de longues et pénibles conversations. ­ Elle te plaît ? demandait­il, anxieux, en tendant à Faustina un dépliant publicitaire de je ne sais quelle incroyable voiture. Elle jetait à peine un coup d’œil, juste pour dire, car elle savait comment ça allait se passer.
­ Oui, elle me plaît, répondait­elle. ­ Elle te plaît vraiment ? ­ Mais oui. ­ Elle te plait vraiment beaucoup ? ­ Je t’en prie, Stéphane ! Et elle lui souriait comme on le fait à un malade irresponsable. Alors lui, après un long silence : ­ Tu sais combien elle coûte ? Faustina tentait de plaisanter : ­ J’aime mieux ne pas le savoir. ­ Pourquoi ? ­ Tu le sais mieux que moi, mon trésor. Parce qu’un semblable caprice, nous ne pourrons jamais nous le permettre. ­ Voilà ! Stéphane se cabrait. Toi... rien que pour me contrarier... avant même de savoir... ­ Moi, te contrarier ? ­ Oui, oui, parfaitement, on dirait que tu le fais exprès, ma parole... Tu sais que c’est mon faible, tu sais combien j’y tiens, tu sais que ce serait ma plus grande joie... Et toi, au lieu de me donner de l’espoir, tu n’es capable que de te moquer... ­ Tu es injuste, Stéphane, je ne me moque pas du tout de toi. ­ Avant même de savoir ce que coûte cette voiture, tu te braques tout de suite contre. Et ça durait des heures. Je me souviens un jour, tandis que son mari ne pouvait nous entendre, Faustina me dit : « Croyez­moi si vous voulez, cette histoire est devenue une croix pour moi. A la maison, désormais, c’est le seul sujet de conversation, du matin au soir : Ferrari, Maserati, Jaguar, que le diable les emporte ! Comme s’il allait les acheter le lendemain... Je ne sais plus quoi en penser, je ne le reconnais plus. Vous vous souvenez, vous aussi, quel garçon merveilleux Stéphane était jadis ? Quelquefois, je me demande s’il n’a pas un grain. Vous croyez que ce serait possible ? Nous sommes jeunes, nous nous aimons. Nous avons de quoi vivre gentiment. Pourquoi devons­nous nous empoisonner l’existence ? Je vous jure que, pour en finir, pour le voir enfin heureux avec sa maudite « hors­ série », je vous jure que je serais presque disposée à... Ne m’en demandez pas plus... Et elle éclata en sanglots.
Folie ? Aliénation mentale ? Qui sait ? J’aimais bien Stéphane. Peut­être que la voiture dont il rêvait représentait à ses yeux quelque chose que nous ne pouvons comprendre, quelque chose qui allait au­ delà de la consistance concrète d’une automobile, aussi belle et parfaite soit­elle, comme un talisman, comme la clef qui ouvre les portes réticentes du destin. Jusqu’au jour où Stéphane m’apparut – je ne l’oublierai jamais, nous nous sommes donné rendez­vous à Saint­ Babylas – m’apparut au volant d’une automobile comme je n’en ai jamais vu. Elle était bleue, longue, basse, neuve, à deux places, souple et sinueuse, toute tendue et ramassée vers l’avant. A vue d’œil, cinq millions au bas mot ; où Stéphane pouvait­il avoir pêché cet argent ? ­ C’est à toi ? lui demandai­je. Il fit signe que oui. ­ Fichtre ! Mes compliments. Alors tu l’as eue finalement ? ­ Bah ! tu sais... A force de faire des économies de­ci, de­là... Je tournai autour de la voiture pour la regarder. Je n’en reconnaissais pas la marque. A l’extrémité du coffre, il y avait une espèce d’écusson avec un entrelacs compliqué d’initiales. ­ Qu’est­ce que c’est comme voiture ? ­ Anglaise, dit­il, une occasion formidable. Une marque presque inconnue, une variante de la Daimler. Tout y était merveilleux, même pour moi qui n’y connais pas grand­chose ; la ligne, le grain de la carrosserie, le relief hardi des roues, la précision des finitions, le tableau de bord qui ressemblait à un autel, les sièges de cuir luisant et noir, doux comme le vent d’avril. ­ Allez, monte, dit­il, que je te fasse essayer. Elle ne rugissait pas, elle ne pétaradait pas, elle exhalait seulement des soupirs, une respiration d’athlète délicieuse à entendre, et à chaque soupir, les maisons des côtes fuyaient en arrière comme affolées. ­ Qu’est­ce que tu en dis ? ­ Stupéfiant, répondis­je, ne trouvant rien de mieux. Et dis­moi, Faustina, qu’est­ce qu’elle en pense ? Pendant un bref instant, son visage se rembrunit. Il se tut. ­ Pourquoi ? Faustina n’est pas d’accord ? ­ Non, répondit­il, Faustina est partie. Silence. ­ Elle est partie. Elle a dit qu’elle n’en pouvait plus de vivre avec moi.
­ La raison ? ­ Oh ! va donc comprendre les femmes ! Il alluma une cigarette. Je me figurais qu’elle était amoureuse de moi pourtant. ­ Je pense bien qu’elle t’aimait. ­ Et pourtant elle est partie. ­ Où ? Elle est retournée dans sa famille ? ­ Sa famille n’en sait rien. Elle est partie. Je n’ai plus eu de nouvelles. Je le regardais. Il était un peu pâle. Nous sortîmes de la ville et Stéphane prit l’autoroute de Turin où l’on arriva en moins de trois quarts d’heure. Stéphane me mettait en colère. Il avait sa voiture, bon ; son désir frénétique était assouvi, parfait. Mais Faustina, cette adorable femme, l’avait planté là. Et il n’en faisait pas un drame. Quelque temps après, je dus partir et fus absent assez longtemps. A mon retour, comme cela arrive, ma vie s’organisa de façon différente. Je revis Stéphane, oui, mais pas aussi souvent qu’avant. Lui, entre­temps, avait trouvé un nouveau travail ; il gagnait bien sa vie, il courait le monde avec sa hors­série. Et il était heureux. Les années passèrent. Stéphane et moi continuions à nous voir, mais comme ça, en passant. A chaque rencontre, je lui demandais des nouvelles de Faustina et il me disait qu’elle avait bel et bien disparu pour toujours. Je lui demandais des nouvelles de sa voiture et il me répondait que oui, bien sûr, c’était toujours une bonne voiture, mais elle commençait à donner des signes d’usure. A tout bout de champ, il fallait la conduire au garage et il n’y avait guère de mécaniciens capables de comprendre quelque chose à ce moteur étranger. Et puis je lus cette nouvelle sur le journal :
ETRANGE FUITE D’UNE AUTOMOBILE A 17 heures, une automobile bleue, de type coupé, que son propriétaire avait laissé pour un moment devant un bar de la rue Moscova, s’est mise en route toute seule. Après avoir traversé le cours Garibaldi puis la rue Montello, à une vitesse croissante, elle a tourné à gauche, puis à droite, en empruntant la rue Elvezia et enfin s’est jetée contre les ruines du château des Sforza qui se dressent devant le parc. Elle prit feu et fut entièrement carbonisée. Il reste à expliquer comment cette voiture, abandonnée à elle­ même, a pu parcourir cet itinéraire en zigzag sans rencontrer d’obstacles malgré la circulation intense ; et comment elle a pu accélérer de plus en plus son allure. Parmi les personnes présentes, il y en a peu qui ont remarqué cette voiture sans chauffeur. Quelques­unes ont pensé que le conducteur, pour faire une farce, s’était baissé sous le volant en contrôlant la route au moyen d’un rétroviseur. Leurs témoignages concordent effectivement : cette voiture ne semblait pas abandonnée à elle­même mais conduite avec décision et très habilement. On savait qu’elle avait évité d’un cheveu, par un brusque écart, un cyclomoteur qui débouchait de la rue Canonica. Nous ne donnons ces détails qu’à titre d’information. Des épisodes de ce genre ne sont pas rares et il s’en est produit plusieurs dans notre ville. Il n’y a pas besoin de recourir à des hypothèses surnaturelles pour les expliquer. Quant au propriétaire de la voiture, identifié grâce à la plaque minéralogique, il s’agit de Stéphane Ingrassia, quarante­cinq ans, agent de publicité, domicilié au n° 12 de la rue Manfredini. Il a confirmé qu’il avait bien laissé l’auto non gardée devant le bar de la rue Moscova mais il nie avoir laissé le moteur en marche.
Lorsque j’eus fini de lire, je me précipitai à la recherche de Stéphane. Je le trouvai chez lui, plutôt bouleversé. ­ C’était elle, demandai­je ? Il fit signe que oui. ­ C’était Faustina ? ­ Oui, c’était Faustina, pauvre petite. Tu l’avais compris, toi ? ­ Je ne sais pas. Je me le suis demandé parfois, mais je trouvais cela tellement absurde... ­ Absurde, oui, dit­il en se cachant la figure dans ses mains. Pourtant, dans le monde, il arrive que l’amour fasse des miracles... Une nuit, il faut que je te le dise... Il y a neuf ans... Une nuit que je la tenais dans mes bras... Une chose terrible et merveilleuse. Elle s’est mise à pleurer et à trembler et se raidissait et puis elle s’est mise à gonfler... Et elle a eu juste le temps de sortir dans la rue. Autrement, elle n’aurait jamais pu passer par la porte après. Heureusement, dehors, il n’y avait personne. Une question de minutes. Et puis elle était là qui m’attendait au bord du trottoir, flambant neuf. Le vernis avait la même odeur que son parfum préféré. Tu te souviens comme elle était belle ? ­ Et alors ? ­ Je suis un salaud, une ordure... Ensuite, elle a vieilli ; le moteur tirait mal ; à chaque instant, il y avait des pannes. Et puis personne ne la regardait plus dans les rues. Alors j’ai commencé à penser : est­ce qu’il ne serait pas temps de la changer ? Je ne pourrais pas continuer longtemps avec cette ferraille. Tu comprends quel cochon, quel dégoûtant j’étais ? Et tu sais où j’allais hier quand je me suis arrêté rue Moscova ? Je l’emmenais chez un revendeur de voitures et je voulais en acheter une nouvelle ; c’est abominable, pour cent cinquante mille lires, j’allais vendre ma femme alors qu’elle avait sacrifié sa vie pour moi... Maintenant tu sais pourquoi elle s’est tuée. Dino BUZZATI, « Suicide au parc »
QUESTIONS 1. Quels sont les personnages de la nouvelle ? Quelles sont leurs relations ? 2. Le narrateur est­il un personnage de l’histoire ? Quel est sont point de vue ? 3. Quel genre de voiture le personnage principal aimerait­il posséder ? Pourquoi? 4. Son comportement est inquiétant : quels passages du texte nous le montrent ? 5. Quelles sont les conséquences de ce comportement sur sa vie familiale ? 6. Stéphane réussit­il à avoir la voiture dont il rêve ? Comment ? 7. Les personnages sont­ils tous présents tout au long de l’histoire ? Justifie ta réponse 8. Une métamorphose s’est produite : quel passage du texte le montre ? Qui s’est transformé ? En quoi ? 9. Quelle information l’article de journal apporte­il au lecteur ? 10. Qui s’est suicidé ? Pourquoi ? 11. Quel est le rôle de la dernière partie de la nouvelle dans l’histoire racontée ? 12. Quels sont les indicateurs temporels qui structurent la nouvelle ?
13. Quels moments de l’histoire sont racontés de manière détaillée ? Quels moments sont résumés ou passés sous silence ? 14. Quel est le message adressé au lecteur dans ce texte ? 15. Fais le plan de la nouvelle en complétant le tableau ci­dessous. Parties Passages Titres Retiens
LES ETAPES DU RECIT FANTASTIQUE
1. La situation initiale (ou introduction) présente
un cadre réaliste et un personnage équilibré : une
histoire banale, des faits ordinaires. Dans cette
ambiance naturelle, tout est prêt pour qu’un
événement insolite survienne.
2.
La
complication (l’avertissement) :
le
personnage est confronté à l’irruption dans sa vie
quotidienne
d’un
phénomène
surnaturel
inexplicable et inexpliqué. Quelque chose se
passe et inquiète le narrateur. Des phénomènes
se répètent et font penser que c’est le fait d’une
force surnaturelle. Le narrateur est averti ; il
devrait oublier la peur et l’angoisse qui
s’installent.
3.
L’épisode
central (l’aventure fantastique) :
l’affrontement avec les forces surnaturelles.
Des faits étranges et inexplicables se produisent.
L’aventure tourne à l’étrange, au cauchemar. Le
personnage ne peut plus rien expliquer.
Au fur et à mesure des événements bizarres qui
surviennent, la peur s’installe. Le personnage
essaie de raisonner, mais devant les événements
qui transgressent les lois du monde connu, il se
laisse envahir par la panique.
4. La conclusion : la fin de l’histoire, le
dénouement tragique et la double interprétation
des faits. Le personnage est souvent mort ou
perturbé. Le mystère et le malaise demeurent.
Personne ne sait s’il faut croire au surnaturel ou
si des éclaircissements peuvent expliquer
rationnellement l’inexplicable. Le personnage
comme le lecteur restent en proie au doute.
ACTIVITES DE LANGUE (1) SYNTAXE La chronologie et le rythme de la narration : Objectifs de la séance : ­ repérer les indicateurs temporels d’un texte ; ­ retrouver l’ordre chronologique des faits ; ­ identifier retour en arrière et anticipation. Plan de la séance : ­ observation ; ­ entraînement ; ­ autoévaluation ; ­ correction. Documents à consulter : dictionnaire, grammaire
Activité 1 : « Un matin vers la fin de novembre / une demi­heure plus tard / dans la nuit / cette nuit là / un matin, vers la fin de novembre / une demi­heure plus tard / une nuit / trois mois plus tard / le lendemain Relis la dernière partie de la nouvelle « La main ». Les indicateurs temporels ci­dessus sont utilisés dans cette partie de la nouvelle. 1­ Dans quel ordre sont­ils classés ? 2­ Pourquoi l’auteur a­t­il utilisé autant d’articulateurs temporels dans cette partie de la nouvelle ? 3­ Dans cette partie, les événements sont­ils racontés en détail ou bien sont­ils résumés ? Pourquoi ? Activité 2 : 1­ « Il y a neuf ans, mon ami Stéphane fut atteint par le virus de l’automobile… » 2­ « J e me souviens un jour , tandis que son mari ne pouvait nous entendre… » 3­ « Maintenant tu sais pourquoi elle s’est tuée. » Dans les extraits ci­dessus, les expressions soulignées annoncent des événements qui ont lieu avant, après ou bien au moment où le narrateur relate les faits ?
Activité 3 : 1­ Trois semaines auparavant, vers onze heures et demi, un jour de beau soleil, Gervaise et Coupeau mangeaient ensemble une prune…. 2­ Deux mois avant la mort d’Angèle, il l’avait menée un dimanche….manger au restaurant…Ce jour là, ils dînèrent au sommet des buttes, dans un restaurant dont les fenêtres s’ouvraient sur Paris… 3­ J’avais besoin de vacances. J’emmènerai Lucy à la plage et au zoo. Nous admirerons les couchers de soleil… Nous ferons tout ce que j’avais rêvé de faire quand j’avais son âge… Souligne les indicateurs temporels dans les passages ci­dessus puis précise s’ils contiennent des anticipations ou des retours en arrière. Justifie tes réponses.
ACTIVITES DE LANGUE (2) LEXIQUE 1. L’expression des sensations 2. Les figures de style Objectifs de la séance : ­ repérer les verbes de sensations ; ­ repérer différentes figures de style : * comparaison, * métaphore, * personnification ; ­ dégager leur rôle dans la description. Plan de la séance : ­ découvrir ; ­ retenir ; ­ s’entraîner ; ­ s’autoévaluer ; ­ se corriger.
Activité 1. Lis les trois extraits ci­dessous. 1. Or, une nuit, trois mois après le crime, j’eus un affreux cauchemar. Il me sembla que je voyais la main, l’horrible main, courir comme un scorpion ou comme une araignée le long de mes rideaux et de mes murs. Trois fois, je me réveillai, trois fois je me rendormis, trois fois je revis le hideux débris galoper autour de ma chambre en remuant les doigts comme des pattes. 2. Mais, au milieu du plus large panneau, une chose étrange me tira l’œil. Sur un carré de velours rouge, un objet noir se détachait. Je m’approchai : c’était une main, une main d’homme. Non pas une main de squelette, blanche et propre, mais une main noire desséchée, avec les ongles jaunes, les muscles à nu et des traces de sang ancien, de sang pareil à une crasse, sur les os coupés net, comme d’un coup de hache, vers le milieu de l’avant bras. 3. Autour du poignet, une énorme chaîne de fer, rivée, soudée à ce membre malpropre, l’attachait au mur par un anneau assez fort pour tenir un éléphant en laisse. Je touchai ce débris humain qui avait dû appartenir à un colosse. Les doigts, démesurément longs, étaient attachés par des tendons énormes que retenaient des lanières de peau par places. Cette main était affreuse à voir, écorchée ainsi, elle faisait penser naturellement à quelque vengeance de sauvage. Relève dans les passages ci­dessus les verbes qui expriment des sensations (vue / toucher / odorat / ouie). Quel est leur rôle dans le texte ?
Activité 2. ­ Observe la description de la main dans les différents extraits puis complète le tableau ci­dessous. ­ Quel est le rôle de tous ces éléments dans le récit ? Adjectifs Comparaisons / métaphores. Compléments de noms ­ Quel est le but de l’auteur en étant aussi précis dans cette description ? ­ Quel est le sentiment ressenti à la lecture d’une telle description ? Retiens
Dans la narration, la description est une
pause, une sorte d’ « arrêt sur image ».
Grâce aux descriptions, l’auteur peut aider le
lecteur à se représenter le plus fidèlement
possible l’univers qu’il crée dans le texte.
La description enrichit la narration :
­ en donnant des informations sur un lieu,
un personnage, un objet ;
­ en créant une atmosphère.
ACTIVITES D’EXPRESSION Objectifs de la séance : ­ résumer la nouvelle de Guy de MAUPASSANT, « La Main » ; ­ rédiger le compte rendu subjectif de la nouvelle de Dino BUZZATI, « Suicide au Parc » ; ­ rédiger la situation finale et la conclusion du récit fantastique. Plan de la séance : ­ ­ ­ ­ lire ; écrire ; s’autoévaluer ; se corriger.
Activité 1. Rédige le résumé de la nouvelle de Guy de MAUPASSANT, « La Main » Activité 2. Rédige le compte rendu subjectif de la nouvelle de Dino BUZZATI : « Suicide au Parc ». Activité 3. Rédige la dernière partie de ton récit fantastique Suis les étapes suivantes pour rédiger la dernière partie de ton récit : 1. Trouve une explication rationnelle du phénomène 2. Trouve une explication surnaturelle du phénomène 3. Trouve une punition possible du personnage (malédiction, folie, solitude, repli sur soi …) 4. Rédige la situation finale et la conclusion de ton histoire. 5. Relis et corrige ton récit en t’aidant de la grille d’autoévaluation.
EVALUATION CERTIFICATIVE LUI ? Un soir d'automne, le narrateur est pris par « une de ces tristesses sans cause qui vous donnent envie de pleurer ». Il sort pour se promener dans les rues de Paris mais, à son regret, il ne rencontre aucune de ses connaissances. J'errai longtemps ainsi et, vers minuit, je me mis en route pour rentrer chez moi J'étais fort calme, mais fort las. Mon concierge, qui se couche avant onze heures, m'ouvrit tout de suite, contrairement à son habitude ; et je pensai : « Tiens, un autre locataire vient sans doute de remonter... » Quand je sors de chez moi, je donne toujours à ma porte deux tours de clef. Je la trouvai simplement tirée, et cela me frappa... Je supposai qu'on avait monté des lettres dans la soirée. J'entrai. Mon feu brûlait encore et éclairait même un peu l'appartement. Je pris une bougie pour l'allumer au foyer, lorsqu'en jetant les yeux devant moi, j'aperçus quelqu'un assis dans mon fauteuil, et qui se chauffait les pieds en me tournant le dos. Je n'eus pas peur. Oh ! non, pas le moins du monde. Une supposition très vraisemblable me traversa l'esprit, celle qu'un de mes amis était venu pour me voir. La concierge, prévenue par moi à ma, sortie, avait dit que j'allais rentrer, avait prêté sa clef. Et toutes les circonstances de mon retour, en une seconde, me revinrent à la pensée : le cordon tiré tout de suite, ma porte seulement poussée. Mon ami, dont je ne voyais que les cheveux, s'était endormi devant mon feu en m'attendant, et je m'avançai pour le réveiller. Je le voyais parfaitement, un de ses bras pendant à droite ; ses pieds étaient croisés l'un sur l'autre ; sa tête, penchée un peu sur le côté gauche du fauteuil, indiquait bien le sommeil. Je me demandais : « Qui est­ce ? » On y voyait peu d' ailleurs dans la pièce. J'avançai la main pour lui toucher l'épaule !…
Je rencontrai le bois du siège ! Il n'y avait plus personne. Le fauteuil était vide ! Quel sursaut, miséricorde ! Guy DE MAUPASSANT," Lui ? ", Contes et nouvelles. QUESTIONS I. Compr éhension 1. Où et quand se passe cette scène ? 2. Qui est le personnage principal ? 3. Par quel pronom est­il désigné ? Quel est son point de vue ? 4. Que sait­on de lui ? 5. Ces informations ont­elles une importance pour la suite de l’histoire ? Pourquoi ? 6. Relève le champ lexical de l’obscurité. Que peut­il expliquer ? 7. Quelles constatations étranges le narrateur fait­il ? 8. Quelles explications rationnelles leur trouve­t­il ? 9. Ces explications expriment­elles des certitudes ? Justifie ta réponse. 10. Quels passages du texte permettent au lecteur de connaître les pensées du narrateur ? 11. « Le fauteuil était vide ». Quels indices du texte préparent le lecteur à cette fin ? II. Pr oduction écr ite « Qui est­ce ? » On y voyait peu d' ailleurs dans la pièce. J'avançai la main pour lui toucher l'épaule … Rédige la suite de l’histoire en imaginant une autre fin et en tenant compte des spécificités du récit fantastique.
CORRIGES COMPREHENSION Séance 1 : Texte : La Main (3 ème partie et fin), Guy de MAUPASSANT, 1883 1. La mort de l’Anglais est annoncée dans le premier paragraphe par la phrase suivante : « Sir John Rowell avait été assassiné. » Aucune information n’est donnée sur le coupable : ­ emploi du passif sans complément d’agent (« avait été assassiné ») ; ­ emploi de la négation (« on ne put jamais trouver le coupable » ; « on ne découvrit rien »). 2. L’explication officielle donnée par le juge d’instruction est : « On fit dans toute l’île une enquête minutieuse. On ne découvrit rien. » 3. Interprétations de ce malheureux événement par les différents personnages. Personnages Interprétations surnaturelles ­M. Bermutier ­ Je pense tout simplement que le légitime propriétaire de la main n’était pas mort, qu’il est venu la chercher avec celle qui lui restait …. ­Le médecin ­ On dirait qu’il a été étranglé par un squelette. Explications rationnelles ­ On ne put jamais trouver le coupable ­ On ne découvrit rien ­ L’Anglais était mort étranglé. 4. Les expressions qui montrent que certaines informations sont des hypothèses : on dirait / une colère qui semblait de démence / il parlait haut comme s’il se fût querellé / il me sembla ...
5. La phrase du texte qui montre que le combat mené par la victime a été très violent : « Le gilet était déchiré, une manche arrachée pendait, tout annonçait qu’une lutte terrible avait eu lieu. » 6. Les indicateur s tempor els du texte : Une année entière s’écoula / Un matin vers la fin de novembre / une demi heure plus tard / dans la nuit/ cette nuit là / un matin, vers la fin de novembre / une demi heure plus tard / une nuit, trois mois plus tard / le lendemain ­ Les faits étranges et effrayants se produisent la nuit : assassinat de l’Anglais, cauchemar… ­ L’articulateur temporel qui annonce la situation finale du récit fantastique est : « une nuit, trois mois plus tard ». 7. La phrase qui annonce la dernière partie de la nouvelle : « Voilà, mesdames, mon histoire. » 8. Dans la dernière partie du texte, le narrateur est un narrateur externe. C’est le narrateur du début de la nouvelle qui nous rapporte la conversation entre le juge et un groupe de femmes. 9. Cette dernière partie appartient au récit cadre. C’est de nouveau M. Bermutier qui s’adresse aux femmes. « Voilà, mesdames, mon histoire…» 10. Plan du texte : Parties ­ 1. Dernière péripétie de l’aventure fantastique Passages ­ début du texte jusqu’à « on ne découvrit rien » Titres L’assassinat de l’Anglais ­ 2. Situation finale de l’histoire ­ 3. Situation finale de la nouvelle clôture du récit cadre « or une nuit….l’index Découverte de la manquait » main sur la tombe de John Rowwell Voilà mesdames….fin L’explication de la nouvelle. rationnelle du juge
Séance 2 Texte : Suicide au parc, Dino BUZZATI 1. Les personnages de la nouvelle sont : ­ Stéphane ; ­ le narrateur : ami et collègue de Stéphane ; ­ Faustina : la femme de Stéphane ; ­ la voiture. 2. Le narrateur est l’ami de Stéphane, celui qui raconte l’histoire. Le point de vue choisi par l’auteur est le point de vue interne : il a choisi de nous raconter l’histoire à travers le regard subjectif de cet ami. 3. Le personnage principal voulait « une voiture de race», « symbole de succès, affirmation de la personnalité, domination du monde, symbole de soi­même… » 4. Son comportement est inquiétant : Stéphane devient insupportable ; plusieurs expressions le montrent : ­ il « fut atteint du virus de l’automobile », « cette terrible maladie » ; ­ « Avec son idée fixe, Stéphane se tourmentait, cassait les pieds de ses amis et inquiétait Faustina sa femme … » ; ­ « longues et pénibles conversations… ». 5. La vie avec Stéphane devient tellement insupportable qu’il fait souffrir sa femme .Celle­ci finit par le quitter. 6. Stéphane réussit à avoir la voiture dont il rêve : « il m’apparut au volant d’une automobile comme je n’en ai jamais vu ». Il explique qu’il l’a achetée grâce à ses économies. 7. Faustina disparaît au cours de l’histoire. « Faustina est partie. Elle a dit qu’elle n’en pouvait plus de vivre avec moi ». 8. Faustina s’est métamorphosée en automobile. « Une nuit, il faut que je te le dise… Et puis elle était là, qui m’attendait au bord du trottoir, flambant neuf. Le vernis avait la même odeur que son parfum préféré ». 9. L’article de journal a plusieurs fonctions dans cette nouvelle : ­ C’est grâce au journal que le narrateur (qui n’avait pratiquement plus de relation avec son ami Stéphane) apprend la mauvaise nouvelle : la voiture de son ami s’est carbonisée dans des conditions mystérieuses.
­ Il plonge le lecteur dans un monde étrange et mystérieux ; une voiture qui roule sans chauffeur ! 10. C’est Faustina, transformée en voiture, qui s’est suicidée parce qu’elle avait « vieilli » ; elle tombait en panne et Stéphane était sur le point de la vendre pour en acheter une neuve. « Et tu sais où j’allais hier quand je me suis arrêté rue Moscova ? Je l’emmenais chez un revendeur et je voulais en acheter une nouvelle » 11. La dernière partie de la nouvelle nous donne des explications : Stéphane explique comment Faustina s’est transformée en automobile et pourquoi elle est morte. 12. Les indicateurs temporels qui structurent la nouvelle : il y a neuf ans / je me souviens un jour / quelques temps après / les années passèrent / lorsque j’eus fini de lire. 13. Les moments de l’histoire qui sont racontés de manière détaillée sont consacrés à Stéphane et à sa voiture. ­ Les moments qui sont résumés ou passés sous silence sont ceux où l’on parle de la disparition de Faustina. 14. L’auteur cherche à faire réfléchir le lecteur sur les valeurs humaines et sociales. Il souhaiterait que le lecteur s’interroge sur le bonheur, l’importance de la famille (paragraphe 6). 15. Plan de la nouvelle : Parties 1. Introduction de la nouvelle : (récit cadre) 2. Le récit encadré : situation initiale de l’histoire fantastique 3. Le déroulement des evénements, l’épisode central. Passages Titres. 1 er paragraphe Le narrateur annonce qu’il va raconter l’histoire vécue par son ami Stéphane neuf ans auparavant. ème 2 Stéphane atteint du paragraphe virus de l’automobile jusqu’à « et ça fait mener une vie durait des d’enfer à sa femme. heures » « Je me L’extraordinaire souviens un automobile de jour…ce Stéphane et la moteur disparition de Faustina.
étranger .» 4. Situation finale 5. Conclusion de la nouvelle (récit cadre) « Et puis je lus …fin de l’article » « Lorsque j’eus fini…fin de la nouvelle. La fin tragique et mystérieuse de l’automobile Les explications de Stéphane : la métamorphose de Faustina et son suicide. ACTIVITES DE LANGUE SYNTAXE Activité 1 : 1­ Les indicateurs temporels utilisés dans cette partie de la nouvelle sont classés dans un ordre chronologique. Ils présentent les événements l’un après l’autre. 2­ L’auteur a utilisé beaucoup d’articulateurs temporels dans cette partie de la nouvelle parce c’est la partie où les événements et les actions sont relatés. 3­ Dans cette partie, les événements sont racontés en détail, comme en temps réel. Activité 2 : 1­ « Il y a neuf ans, mon ami Stéphane fut atteint par le virus de l’automobile. » 2­ « Je me souviens un jour, tandis que son mari ne pouvait nous entendre…. » 3 ­ « Maintenant, tu sais pourquoi elle s’est tuée. » Dans les extraits 1 et 2 ci­dessus, les expressions soulignées annoncent des événements qui ont eu lieu avant le moment où le narrateur relate les faits. Dans l’extrait 3, « Maintenant » annonce des événements qui ont lieu au moment où le narrateur relate les faits.
Activité 3 : 1 ­ Tr ois semaines aupar avant, vers onze heures et demi, un jour de beau soleil, Gervaise et Coupeau mangeaient ensemble une prune… 2 ­ Deux mois avant la mor t d’Angèle, il l’avait menée un dimanche manger au restaurant…Ce jour ­là, ils dînèrent au sommet des Buttes, dans un restaurant dont les fenêtres s’ouvraient sur Paris… Dans ces deux passages le narrateur relate le passé des personnages : il fait un retour en arrière. 3 ­ J’avais besoin de vacances. J ’emmèner ai Lucy à la plage et au zoo. Nous admir er ons les couchers de soleil…..Nous fer ons tout ce que j’avais rêvé de faire quand j’avais son âge… Dans ce troisième passage, le narrateur relate ce qui va se passer plus tard ; il anticipe (d’ailleurs, il emploie le futur). LEXIQUE Activité 1. ­ Les verbes qui expriment des sensations (vue / toucher / odorat / ouie) : je voyais / je revis / une chose étrange me tira l’œil / Je touchai / voir. ­ Les verbes de sensation sont nombreux dans les passages descriptifs. ­ En exprimant avec précision des sensations, l’auteur peut aider le lecteur à se représenter le plus fidèlement possible l’univers qu’il crée dans le texte
Activité 2 Adjectifs horrible hideux noire, desséchée malpropre Comparaisons / métaphores. courir comme un scorpion ou comme une araignée en remuant les doigts comme des pattes. Compléments de noms avec les ongles jaunes, les muscles à nu et des traces de sang ancien sang pareil à une crasse, les os coupés net, comme d’un coup de hache ce débris humain ­ Les verbes, les adjectifs et les figures de style (comparaison, métaphore et personnification) permettent au lecteur de mieux se représenter les sensations décrites par l’auteur. ­ Une description précise permet au lecteur d’imaginer l’objet décrit. Elle communique également les sensations et sentiments de celui qui observe. ­ A la lecture d’une telle description, on peut ressentir un sentiment de peur et de dégoût.
ACTIVITES D’ECRITURE Activité 1. Résumé de la nouvelle de Maupassant : Monsieur Bermutier, juge d’instruction à Saint­Cloud, raconte à un groupe de femmes une affaire de crime énigmatique qu’il avait suivie quelques années auparavant. Il était à ce moment là juge d’instruction à Ajaccio et s’occupait essentiellement de vendettas. Il fit la connaissance d’un mystérieux Anglais qui s’était installé dans la région et qui avait attiré l’attention des habitants d’Ajaccio. Sir John Rowell était amateur de chasse et avait chez lui une main d’écorché fixée au mur par une grosse chaîne. C’était, prétendait­il, celle de son plus grand ennemi. Un an plus tard, Sir John Rowell mourut étranglé après une lutte terrible. Le coupable n’a jamais été retrouvé mais le juge d’instruction a constaté que le cou portait des traces profondes de doigts et qu’un index coupé était resté dans la bouche de la victime. Trois mois plus tard, la fameuse main avec un doigt en moins fut découverte sur la tombe de l’Anglais. Les femmes refusèrent de croire à cette conclusion et demandèrent à M. Bermutier son avis sur la vérité. Il les avertit que son interprétation ne leur plairait pas et leur expliqua que le propriétaire de la main était certainement encore en vie et qu’il aurait tué l’Anglais avec sa deuxième main.
Activité 2. Compte r endu objectif de la nouvelle de Buzzati « Suicide au parc » est une nouvelle fantastique de Dino Buzzati, un écrivain italien du vingtième siècle. Elle est extraite du recueil de nouvelles Le K. Dans cette nouvelle, le narrateur nous raconte l’histoire extraordinaire de son collègue et ami Stéphane, un « merveilleux garçon » qui vivait heureux avec sa femme Faustina. Malheureusement, Stéphane attrapa « la maladie des automobiles ». Il aimait les grosses voitures et rêvait d'en avoir une. Mais il n'en possédait pas les moyens. Cette maladie allait bouleverser sa vie, et surtout celle de sa femme Faustina, qui finit par le quitter. Stéphane réussit enfin à acquérir la voiture qu'il désirait tant. Le narrateur en était. Mais, déçu par le comportement de son ami, il le rencontrait de moins en moins. Quelques années plus tard, il apprend par la presse que la voiture se son ami Stéphane s’était « suicidée ». Ses soupçons se confirment : la merveilleuse voiture, c’était Faustina ! Stéphane lui avoue que, neuf ans plus tôt, il s’était produit une « chose terrible et merveilleuse » : par amour pour son mari, Faustina s’était métamorphosée en voiture… Et comme Stéphane voulait se débarrasser de la voiture qui avait vieilli, Faustina s’est suicidée. Cette nouvelle dégage quelque chose de triste, d'étrange et d'effrayant. En plus de son caractère fantastique, cette nouvelle invite le lecteur à réfléchir sur les valeurs et les priorités de l’homme moderne, plus soucieux de biens matériels que de sentiments humains.
Activité 3 Pour ton auto­évaluation + 1. J e r édige un r écit cadr e qui appor te des infor mations et donne un aspect r éel à la nouvelle : ­ Je présente les personnages et les circonstances ­ Je présente le narrateur qui prendra en charge le récit encadré. ­ J’utilise une expression pour annoncer mon récit encadré. 2. J e r édige une situation initiale ­ Je présente un cadre réel (personnages et circonstances de temps et de lieu. ­ Mes personnages ont un nom. ­ J’introduis des indices étranges. ­ J’exprime l’inquiétude et la peur des personnages. 3. J e r édige l’aventur e fantastique. ­ Mon personnage est confronté à des faits de plus en plus inquiétants. ­ Les faits se succèdent dans un ordre chronologique. ­ Il ne comprend pas ce qui lui arrive. ­ Il exprime ses sentiments. 4. J e r édige une situation finale qui n’est pas heur euse. ­ J’exprime l’inquiétude et la peur des personnages ­ Je donne une explication rationnelle du phénomène.
 ­ Je donne une interprétation surnaturelle du phénomène. ­ J’utilise la 1 ère personne pour le narrateur. ­ Je vérifie ce que j’écris est cohérent 5. J ’utilise : ­ le présent dans l’introduction et la conclusion ; ­ l’imparfait et le passé simple pour raconter les événements ; ­ le vocabulaire du doute et de l’incertitude ; ­ des comparaisons ; ­ le vocabulaire de la peur et du fantastique. 6. J ’écr is lisiblement et je vér ifie l’or thogr aphe. EVALUATION CERTIFICATIVE I. Compr éhension 1. Cette scène se passe à Paris, chez le narrateur (« chez moi ») et pendant la nuit (« minuit »). 2. Le personnage principal est le narrateur. 3. Il est désigné par le pronom « je ». C’est le point de vue du narrateur­personnage, impliqué dans l’histoire. Il raconte ses actions, décrit ce qu’il voit, exprime ses sensations et ses sentiments. 4. D’après le chapeau, on sait que le narrateur est très triste parce qu’il se sent seul et qu’il n’a retrouvé aucun de ses amis. 5. Ces informations ont une grande importance pour la suite de l’histoire car, en rentrant chez lui, il va avoir l’illusion de trouver un de ses amis chez lui. 6. Champ lexical de l’obscurité : éclairait un peu / je pris une bougie / on y voyait peu. Cette absence de clarté explique l’illusion, l’impression de voir quelqu’un dans le fauteuil.
7. 8. Constatations étranges ­ Mon concierge, qui se couche avant onze heures, m'ouvrit tout de suite, contrairement à son habitude. ­ Quand je sors de chez moi, je donne toujours à ma porte deux tours de clef. Je la trouvai simplement tirée, et cela me frappa. ­ J'aperçus quelqu'un assis dans mon fauteuil. Explications rationnelles ­ Et je pensai : « Tiens, un autre locataire vient sans doute de remonter...» ­ Je supposai qu'on avait monté des lettres dans la soirée. ­ Une supposition très vraisemblable me traversa l'esprit, celle qu'un de mes amis était venu pour me voir. La concierge, prévenue par moi à ma sortie, avait dit que j'allais rentrer, avait prêté sa clef. 9. Les explications ne sont pas certaines : le personnage emploie des verbes et expressions qui expriment l’incertitude : je pensai / je supposai / une supposition très vraisemblable. 10. Les passages du texte qui permettent au lecteur de connaître les pensées du narrateur sont : ­ Je pensai : « Tiens, un autre locataire vient sans doute de remonter... » ­ Je me demandais : « Qui est­ce ? » On y voyait peu d' ailleurs dans la pièce. 11. « Le fauteuil était vide » Les indices du texte qui préparent le lecteur à cette fin sont : la tristesse du personnage, sa solitude, son envie de retrouver des amis, l’absence de clarté dans la maison, le moment tardif où se déroule la scène et sa grande fatigue. Toutes ces indications permettant au lecteur d’imaginer que le personnage a eu l’illusion de voir un ami ; il a cru le voir.
II : Pr oduction écr ite Pour ton auto évaluation, aide­toi de la grille suivante : + 1. J e r édige la suite de l’aventur e fantastique. ­ Mon personnage est confronté à des faits de plus en plus inquiétants. ­ Il ne comprend pas ce qui lui arrive. ­ Il exprime ses sentiments. ­ Les faits que je rapporte se succèdent chronologiquement. 2. J e r édige une situation finale qui n’est pas heur euse. ­ J’exprime l’inquiétude et la peur des personnages. ­ J’utilise la 1 ère personne. ­ Je vérifie ce que j’écris est cohérent et tient compte du début de l’histoire 3. J ’écr is lisiblement l’or thogr aphe.
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