Travailler sur la base - Le Centre Spatial Guyanais

Transcription

Travailler sur la base - Le Centre Spatial Guyanais
Secourir
Travailler sur la base
Si tous les corps de
l’armée sont réunis
pour protéger la
base spatiale durant
les lancements, il y
en a un qui assure
cette fonction en
continu : la Brigade
des Sapeurs-Pompiers
de Paris. Entre le
secours à personne,
la lutte contre le feu
ou encore la prise
en charge de risques
technologiques
urbains, les
membres de la BSPP
doivent s’assurer
du bon respect des
exigences propres
à une base spatiale.
Pour ce faire :
un entrainement
quotidien très pointu,
un contact permanent
avec les industriels
et le service de la
Sauvegarde du CNES,
la mise en œuvre
de connaissances
étroitement liées aux activités
de la base. Un credo : sécurité
des personnes, des biens
et des installations.
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N°111 - Latitude 5 - AOÛt 2016
Sapeurs-Pom
par Océane Laroche
Au cœur de la base spatiale, la Brigade
des Sapeurs-Pompiers de Paris assure la
sécurité des personnes et des biens de la
communauté industrielle depuis 1969. Afin
d’être prêts en toute occasion et mener à
bien les diverses missions qui se présentent
à eux, nos sapeurs-pompiers doivent se
former à travers des exercices et mises en
situation.
A
fin de se perfectionner dans un cadre de contraintes règlementaires
strictes, et d’être à même d’anticiper toutes les situations, les
Sapeurs-Pompiers de Paris doivent prendre part à ce que l’on
appelle un exercice " POI ", ou Plan d’Opération Interne, que chaque
établissement de la base spatiale doit mettre en œuvre au moins une fois par
an. Aussi, un scénario " catastrophe " est choisi par l’établissement en fonction
des dangers auxquels il pourrait être confronté, ce à quoi doivent répondre les
membres de la BSPP. Au programme : simulation d’un incendie, d’une chute
d’objet lourd sur un EAP, d’un secours en zone dangereuse après anoxie… Somme
toute, tous les accidents qui pourraient arriver sur la base au vu des installations
et équipements qui s’y trouvent !
© ESA-CNES-ARIANESPACE / Optique Vidéo du CSG
piers, Sauver ou Périr
En bref
Pour permettre de porter une assistance systématique à
tout établissement victime d’un sinistre, le CSG dispose d’un
complexe de gestion de crise implanté au Centre Technique.
Une fois activée, la cellule de crise qui se met en place dispose
de plusieurs plans d’intervention prévus selon l’évolution
de la situation : en premier lieu, le POI de l’établissement
concerné par l’accident. La responsabilité de l’établissement
prend fin dès l’instant où les effets collatéraux de l’accident
vont au-delà de son domaine d’intervention (ce qui n’est pas
forcément le cas à chaque fois), et c’est alors au CNES d’en
assurer la gestion à travers un " POI CSG ". Et si l’accident L'élaboration d'un Plan de Secours ou Plan d'Opérations Interne
(POI) est une obligation légale pour les installations classées au
titre de la Directive Seveso, mais peut être étendue à d'autres
installations par décision de l'Administration française. Ce plan
doit définir, de façon adaptée aux risques identifiés :
•—  les mesures d'organisation,
•—  les méthodes d'intervention,
•—  les moyens nécessaires, que l'exploitant doit mettre en
œuvre pour protéger le personnel du site, les populations
environnantes et l'environnement.

Un exercice classique
mais néanmoins
incontournable pour
les membres de la
BSPP : la gestion d'un
incendie
Les dispositions doivent viser à limiter les conséquences
de l'accident et à assurer l'alerte. Un exercice de simulation
d'accident majeur doit être effectué au moins une fois par an.
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© P. Piron
Et sachez qu’en plus de
la PREPAOPS et des POI
existe l’EPO, l’Évaluation
de la Préparation Opérationnelle, conduite
tous les deux ans par le
commandant du groupement des Appuis et
de Secours. Ce contrôle
permet de vérifier le
niveau opérationnel d’un
Centre de Secours, que
ce soit au niveau de la
réponse opérationnelle,

des ressources humaines
Petite particularité d'intervention : pour des raisons de praticité et de
comme matérielles. À
rapidité, la tenue classiques’enlève d’un coup et reste disposée ainsi. Il sera
plus rapide de la réenfiler par la suite !
l’issue de l’EPO, une note
est attribuée au Centre
ne nécessitent que très rarement nos de Secours afin de valider ou non son
interventions.Par ailleurs, les scénarii fonctionnement et les capacités de
que nous sommes amenés à jouer sont chacun. Autant de rigueur qui souligne
parfois volontairement aggravés : tout l’excellence de la brigade. La sécurité de
est si bien contrôlé et règlementé sur la la base est assurée.
base que nous sommes obligés de faire de
" l’improbable " ».
En plus de ces exercices demandés par
les industriels, les pompiers de Paris
effectuent quotidiennement des exercices de préparation à travers la PrepaOps quotidienne. Cette dernière se
déroule selon un planning établi par
le service instruction et opération en
amont pour l’année. Ensuite, c’est le
chef de garde qui regarde le planning
et choisit l’exercice à faire pour la journée, avec pour seule contrainte de garder en tête que chaque membre de la
brigade doit avoir fait au moins chacun
des exercices une fois par an. Cependant, tous ces exercices ne sont que
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Mise en pratique de la PREPAOPS :
fuite sur un fût d’ergols
La première étape lors d’une telle manœuvre est la reconnaissance. Elle consiste en l’analyse de l’objet, ici un fut
d’ergols percé, à l’aide d’un premier binôme équipé de
tenues de type 1, à savoir fabriquées dans un tissu qui
n’est pas résistant aux produits corrosifs mais totalement
étanche aux vapeurs chimiques. Durant la reconnaissance,
les sapeurs‑pompiers vont faire un relevé détaillé de l’objet
à analyser : taille du bidon, type de liquide, nombre de
perforations, étendue de la fuite… Toutes ces informations
seront ensuite transmises au chef de garde.
© P. Piron
des restitutions de connaissances, car
les pompiers sont déjà parfaitement
formés en arrivant sur la base, même si
leurs activités y sont toutefois quelque
peu différentes : « Il y a au centre spatial
une densité de risques hors normes que
nous ne retrouverons par exemple pas à
Paris » souligne Pierre Maury, « de même
que certaines activités liées
à la nature des dangers
de la base. De tous les sapeurs-pompiers de Paris,
nous sommes par exemple
les seuls à être autant
confrontés au domaine de
la chimie ! ».
Sur la base, les intervenants savent souvent au préalable à
quel type de produit ils vont être confrontés : les liquides
dangereux présents au CSG sont bien connus, et au-delà de
cela, tous les contenants sont étiquetés avec la plus grande
rigueur. Simultanément à ces reconnaissances, une autre
équipe aura procédé au balisage de la zone.
Les grands domaines
de spécialités de la 39e
compagnie de la BSPP
•—  le secours à personne
•—  le risque technologique urbain
•—  la lutte contre le feu
•—  les faits d’animaux
•—  les interventions nautiques
•—  la composante Nucléaire,
Radiologique, Biologique,
Chimique et explosif (NRBCe), à
l’exception de la partie nucléaire.
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© P. Piron
venait à déborder des limites du CSG,
le PPI (Plan Particulier d’Intervention)
élaboré par la préfecture serait alors
déclenché. « Pour nous », explique le
capitaine Pierre Maury, « la mise en
œuvre des POI est le moyen de côtoyer
les industriels, ce qui n’est pas forcément
évident le reste du temps, puisque qu’ils
L’intervention se déroule rapidement : le binôme bouche les
trous sur le fut à l’aide d’un coussin obturateur sanglé autour.
Une fois tout danger écarté, il pourra être déplacé en lieu sûr
et les déversements du liquide neutralisés.
© P. Piron
Une fois le chef de garde prévenu, ce dernier a pour mission
de choisir l’équipe à envoyer sur place, ainsi que le matériel à
utiliser. Parfois, les mêmes sapeurs-pompiers sont missionnés
pour la tâche. À d’autres moments, il est plus utile de changer
d’équipe, afin de ne pas pousser les limites de chacun, un des
impératifs du chef de garde étant de veiller à la sécurité de
ses troupes, et de les ramener en un seul morceau !
Ici, c’est un deuxième binôme qui se prépare pour la phase
suivante de l’opération : l’obturation.
Pour cette partie, une nouvelle tenue totalement étanche aux
gaz et aux liquides, dite de type 3 est nécessaire. L’enfilage est
plus complexe (5-10 minutes) et nécessite l’aide d’un ou de
plusieurs équipiers !
Ambiance chaude :
cinq minutes sous la
tenue isolante en plein
soleil, cinq minutes de
transpiration intense !

Le matériel nécessaire pour l’intervention
La tenue blanche
de type 3, pour une
protection contre
les déversements
liquides et fuites
gazeuses.
L’appareil respiratoire isolant
permettant une évolution en
atmosphère viciée
La tenue orange
de type 1, étanche
au gaz et à l’air,
imperméable,
résistante à la
chaleur et aux
environnements
agressifs.
Pompe
et tube
DRAGER
(détection
de gaz)
Détecteur
O2 (en cas
de danger lié à
la présence d'un
gaz toxique ou
à un manque
d'oxygène)
Détecteur
GASALERT
MAX XT (gaz
explosifs,
oxygène
hydrogène
sulfuré,
monoxyde
de carbone)
Détecteur
Radio
GASALERT
ATEX
N°2 (péroxyde
SYRINX2
d’azote)
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Détecteur
ppbRAE 3000
(mesure la
concentration
du produit en
particules par
billion)
© P. Piron
© P. Piron
© P. Piron
Pendant ce type d’intervention, la perte d’énergie est très importante, au vu du poids et de
l’étanchéité des tenues de protection. Il
faut compter que le port d’une charge de
15 kg représente une perte de 15 % du
potentiel physique, tandis qu’une perte
d’1 % d’eau équivaut à environ -10 %
du potentiel physique, en fonction des
individus ! Autant dire que les interventions en Guyane sont très énergivores,
raison pour laquelle il est important de
changer de binôme après de trop longues
minutes au soleil.
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