Protéger les droits des travailleurs intérimaires dans l`Union
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Protéger les droits des travailleurs intérimaires dans l`Union
Voici les principaux thèmes abordés par la directive. L’égalité de traitement dans les entreprises utilisatrices Pendant chacune des missions menées auprès d’une entreprise utilisatrice et dès le premier jour de cette mission, les conditions essentielles de travail et d’emploi du travailleur intérimaire doivent être au moins celles qui lui seraient applicables s’il était recruté directement par cette entreprise pour y occuper le même poste. Concrètement, dès lors que sont en vigueur des règles (par exemple une législation, des dispositions administratives ou une convention collective) selon lesquelles les travailleurs de l’entreprise utilisatrice ont droit à un certain niveau de rémunération, l’agence d’intérim octroiera au travailleur une rémunération au moins égale à celle qu’il aurait perçu si l’entreprise avait décidé de l’engager directement. La rémunération pourra évidemment dépendre des qualifications et de l’expérience. Par le passé, les États membres ont introduit des restrictions d’utilisation du travail intérimaire à l’intention des entreprises. À titre d’exemple, les missions auprès des entreprises utilisatrices n’étaient possibles que pour certaines raisons spécifiques ou pour une durée limitée, voire complètement interdites dans certains secteurs économiques. Protéger les droits des travailleurs intérimaires dans l’Union européenne Le travail intérimaire a connu une croissance régulière et représente aujourd’hui environ 2 % de l’emploi total dans l’Union européenne. Chaque année, ce sont environ 10 millions de personnes qui travaillent via des agences intérimaires dans le cadre d’une mission. Ce phénomène est particulièrement répandu au Royaume-Uni, où il concerne plus de 4 % de la population active, ainsi qu’en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Toutes les interdictions et restrictions concernant le recours aux travailleurs intérimaires devront être réexaminées et supprimées, sauf si elles sont justifiées par des raisons d’intérêt général. Ces raisons tiennent notamment à la protection des travailleurs intérimaires, aux exigences de santé et de sécurité au travail ou à la nécessité d’assurer le bon fonctionnement du marché du travail et d’empêcher les abus. Cette forme d’emploi répond à un réel besoin des entreprises utilisatrices. Elle leur permet notamment de gérer les pics de production ou de remplacer le personnel absent assez facilement. Les travailleurs recourent aux agences intérimaires pour des raisons très diverses, que ce soit pendant quelques mois ou plusieurs années. Ils sont souvent à la recherche d’un tremplin vers des formes d’emploi plus durables, ou bien ils apprécient la flexibilité offerte par les agences. Informations complémentaires • Texte de la directive 2008/104/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative au travail intérimaire : • Droit du travail européen : http://ec.europa.eu/labour_law © Communautés européennes, 2009 Reproduction autorisée, moyennant mention de la source. Il convient de demander directement l’autorisation aux détenteurs des droits d’auteur pour toute utilisation ou reproduction des photos. Imprime sur papier blanchi sans chlore 7 Le saviez-vous ? Le travail intérimaire est une forme d’emploi bien connue dans un certain nombre d’États membres, où il est réglementé depuis les années 1960 ou 1970, par exemple aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans certains États membres, il s’agit d’un phénomène beaucoup plus récent. Il existe également de profondes différences d’un pays à l’autre s’agissant des secteurs économiques où il est le plus développé et de la durée des missions auprès des entreprises utilisatrices, qui se compte en jours, mois ou années. http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do ?uri=OJ:L:2008:327:0009:0014:FR:PDF Printed in Belgium 2 En règle générale, une relation de travail implique deux parties : l’employeur et le travailleur. Le travail intérimaire se caractérise par la présence d’un troisième acteur, l’entreprise utilisatrice. Employés et rémunérés par une agence intérimaire, les travailleurs intérimaires sont mis à la disposition d’autres entreprises à titre temporaire et travaillent sous leur contrôle. © Getty Images D’une portée très étendue, la directive couvre tous les secteurs économiques. Toutefois, les États membres peuvent choisir de ne pas l’appliquer aux relations de travail conclues dans le cadre de programmes de formation, d’insertion ou de reconversion professionnelles soutenus par les pouvoirs publics. En instaurant des règles minimales, la directive améliore la protection des travailleurs intérimaires, exerçant ainsi un impact positif sur la qualité et la réputation du travail intérimaire. Ceci justifie une attitude plus ouverte à l’égard du développement de cette forme d’emploi. Une directive sur le travail intérimaire – pourquoi ? © iStock C’est pourquoi l’Union européenne a adopté une directive en la matière en novembre 2008. La Commission européenne avait élaboré une proposition dès 2002, mais les négociations se sont avérées difficiles en raison de situations très différentes d’un État membre à l’autre. Les 27 États membres de l’Union adopteront les dispositions juridiques nécessaires pour se conformer à la directive d’ici décembre 2011 au plus tard. Moins d’interdictions et de restrictions de l’utilisation du travail intérimaire KE-31-09-122-FR-D La qualité des emplois proposés dans le secteur est très variable et des efforts doivent être entrepris en vue d’améliorer la réputation générale du travail intérimaire. Les travailleurs intérimaires ont besoin de protection et d’emplois de qualité. Parallèlement, la mise sur pied d’un cadre approprié peut permettre au travail intérimaire de contribuer davantage à la création d’emplois et au développement de formes souples de travail dans l’Union européenne. Commission européenne 1 L’égalité de traitement s’applique également à la durée du travail, aux heures supplémentaires ainsi qu’aux temps de pause, aux périodes de repos, au travail de nuit, aux congés et aux jours fériés. Les travailleurs intérimaires doivent bénéficier des mêmes conditions que les travailleurs engagés par l’entreprise où ils travaillent au quotidien, dans la mesure où ces conditions sont considérées comme contraignantes pour les travailleurs de l’entreprise utilisatrice. Toute règle en vigueur dans l’entreprise utilisatrice concernant la protection des femmes enceintes et des mères allaitantes s’appliquera également aux travailleuses intérimaires. Il en va de même pour les règles concernant l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes et toute action contre les discriminations fondées sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle. 3 • Dans certains États membres, les travailleurs intérimaires peuvent se voir proposer par l’agence un contrat de travail à durée indéterminée et continuer d’être rémunérés entre les missions. Dans certaines circonstances, les États membres peuvent prévoir qu’il peut être dérogé au principe de l’égalité de rémunération. Les entreprises utilisatrices souhaitent souvent recruter des personnes qui ont travaillé dans leurs locaux en tant qu’intérimaires, acquérant ainsi de l’expérience. Les travailleurs intérimaires devraient avoir la possibilité de trouver un emploi permanent s’ils le souhaitent. • Dans certains pays, le travail intérimaire est également ou essentiellement régi par des conventions collectives entre les partenaires sociaux. Après les avoir consultés, les États membres peuvent leur donner la possibilité de conclure des conventions collectives mettant en place des dispositions qui dérogent à l’égalité de traitement. La protection globale des travailleurs intérimaires doit être maintenue en toutes circonstances. À cette fin, les travailleurs intérimaires doivent être informés des postes vacants dans l’entreprise utilisatrice. De même, les agences intérimaires ne pourront en aucun cas empêcher les travailleurs intérimaires de conclure un contrat de travail avec l’entreprise utilisatrice au terme de leur mission, ni exiger une indemnisation pour ce faire. • Dans des cas très précis et sur la base d’un accord conclu par les partenaires sociaux, les États membres peuvent introduire des dérogations au principe de l’égalité de traitement. Le cas échéant, ils peuvent alors déterminer un délai d’accès au principe de l’égalité de traitement. La représentation des travailleurs intérimaires et l’information des représentants des travailleurs Aux fins de la constitution des comités d’entreprise, les travailleurs intérimaires sont considérés comme des travailleurs de l’agence. Toutefois, les États membres peuvent également les prendre en considération au titre des travailleurs de l’entreprise utilisatrice. L’entreprise utilisatrice doit fournir des informations appropriées à son comité d’entreprise sur le recours aux travailleurs intérimaires en son sein lorsqu’elle rend compte de la situation de l’emploi dans l’entreprise. D’un point de vue pratique, les travailleurs intérimaires ont en outre les mêmes besoins que les membres du personnel de l’établissement où ils travaillent, quelle que soit la durée de la mission. Conformément à la directive, les travailleurs intérimaires doivent avoir accès à tout équipement collectif dans l’entreprise utilisatrice, notamment aux services de restauration, aux infrastructures d’accueil des enfants et aux services de transport, dans les mêmes conditions que les travailleurs employés directement par l’entreprise, sauf si une différence de traitement est justifiée par des raisons objectives. En tout état de cause, les États membres devront adopter des mesures visant à empêcher tout abus, en particulier l’attribution de missions successives dans le but de contourner les dispositions de la directive. De plus, en vue de favoriser l’évolution de carrière, les États membres sont incités à prendre des mesures, y compris la promotion du dialogue social, visant à améliorer l’accès à la formation des travailleurs intérimaires dans les agences d’intérim, y compris dans les périodes se situant entre les missions, ainsi que leur accès aux formations destinées au personnel des entreprises utilisatrices. 4 5 © iStock La rémunération ne se limite pas au salaire de base: c’est une notion complexe dont les composantes peuvent varier d’un système juridique à l’autre. Les États membres déterminent l’étendue de la notion de rémunération et précisent si elle inclut ou non les régimes professionnels de sécurité sociale, notamment les régimes de retraite, d’assurance maladie et de participation financière. Un meilleur accès à l’emploi permanent, aux équipements collectifs et à la formation professionnelle La directive autorise des dérogations au principe de l’égalité de traitement, selon des critères néanmoins très stricts. © iStock Le saviez-vous ? 6