La Séance de projection

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La Séance de projection
LA SÉANCE DE PROJECTION
DURÉE 1H
Thème de la séance :
« Voyage dans l’imaginaire cinématographique »
Quand l’image photographique s’anime.
En parallèle de l’exposition Chris Marker, située au Palais de l’Archevêché et qui présente une rétrospective
essentiellement photographique de l’artiste, la séance de projection d’Une Rentrée en Images 2011 propose de
découvrir une pièce majeure de l’oeuvre filmée de cet ovni du cinéma français : La Jetée, réalisée en 1962.
Avec ce court-métrage, Chris Marker réalise non seulement sa première et unique œuvre de fiction, mais bouleverse
les codes traditionnels du montage cinématographique en proposant une œuvre composée en quasi-totalité de
photographies arrêtées, et non de plans fixes comme on pourrait l’imaginer. Cette œuvre atypique, à la frontière
entre cinéma et photographie, conserve tous les signes constitutifs du langage cinématographique : mouvement
caméra, voix-off, bande-son. L’originalité de cette démarche lui vaudra une renommée internationale, influençant des
générations de jeunes cinéastes.
CHRIS MARKER
Né en 1921 à Neuilly-sur-Seine sous le nom de Christian François Bouche-Villeneuve, Chris Marker n’est pas un
artiste comme les autres. Pluridisciplinaire, il passe aisément du roman à la photographie, de l’édition de carnet de
voyage à la réalisation d’essais cinématographiques, du documentaire au court-métrage, de la conception de CDroms à la création d’un avatar sur un Second Life (communauté virtuelle). Dès l’après-guerre, il devient l’un des
cinéastes expérimentaux les plus influents de sa génération, collaborant avec des réalisateurs de la Nouvelle Vague,
tels qu’Alain Resnais ou Jean-Luc Godard. Il réalise de 1957 à 2010 plus de quarante films, courts et longs-métrages
confondus.
SYNOPSIS DE LA JETÉE
Court-métrage de vingt-six minutes réalisé en 1962.
« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance »
Après une Troisième Guerre mondiale qui vit la destruction de la capitale parisienne, les rescapés vivent désormais
sous terre pour tenter d’échapper aux radiations nucléaires. Les vainqueurs de ce monde souterrain mettent au point
une série d’expériences scientifiques sur leurs prisonniers. Parmi ces cobayes soumis à de terribles expériences, se
trouve un homme hanté par le souvenir d'une femme rencontrée sur la jetée de l'aéroport d'Orly. Il fut choisi entre
mille par les savants afin d’effectuer un voyage dans le temps. Après plusieurs jours d’expérimentation, le sujet est
de retour dans un monde intact, d’avant l’apocalypse nucléaire. Il y retrouve le visage de cette mystérieuse femme
qui avait marqué son enfance, et de cette rencontre naîtra une idylle. Cependant, la fatalité temporelle finira par le
rattraper car on ne s’évade pas si facilement des méandres du Temps.
UN GENRE À L’HONNEUR : LE PHOTO ROMAN
« Le mouvement au cinéma n’appartient pas à l’image,
mais à la pensée qu’elle éveille »1.
Dans les années 1930, le jeune Chris Marker découvre le Pathéorama, sorte de lanterne magique lui permettant
d’observer les plans des plus célèbres œuvres cinématographiques de son époque. Ces images, magnifiquement
reproduites, ont marqué l’imaginaire de l’écolier qui trente ans plus tard, devenant cinéaste, réalise un court-métrage
qui va révolutionner les usages et les codes cinématographiques alors en place.
En effet, l’apparition du cinéma est le résultat d’une innovation technologique : celle de faire se succéder des plans
fixes, à hauteur de 16 ou 18 images par seconde, afin d’obtenir l’illusion d’une image en perpétuel mouvement. Peu
à peu ce principe s’est fluidifié pour obtenir aujourd’hui une moyenne de 24 images par secondes.
Avec La Jetée, Chris Marker fait subir à l’image le chemin inverse de celui du cinéma, passant de l’état d’image
animée à celui d’images fixes. Cette esthétique va lui permettre d’aborder une thématique, qu’il continuera à
approfondir tout au long de ses essais cinématographiques, celle de la mémoire. L’utilisation de l’objet
« photographie » fige le souvenir et contraint le passé à demeurer sur la pellicule. Par ailleurs, c’est en mêlant ces
images arrêtées avec les outils classiques du langage cinématographique - comme la voix-off ou les mouvements
caméra - qu’il va véritablement repousser les frontières historiques entre photographie et cinéma.
Ainsi, toute l’originalité de La Jetée réside dans ce choix esthétique d’utiliser essentiellement des photographies
minutieusement travaillées, tant dans la composition que dans l’éclairage. Le court-métrage comporte cependant
une brève séquence animée qui permet au cinéma, non pas d’affirmer sa présence, mais de révéler toute sa
puissance le temps d’un battement de cils.
La séance de projection propose aux élèves de la Rentrée en Images de s’interroger sur l’image. Cette réflexion
sera introduite par l’étude du story-board de La Jetée, réalisé par l’artiste. Tout au long de la projection, les élèves
seront invités à :
Se questionner sur le passage de l’image fixe à l’image animée, et sur la frontière entre cinéma et
photographie.
Comprendre les différentes techniques de montage ainsi que les procédés cinématographiques utilisés par
le réalisateur et leurs effets sur le spectateur.
Placer le court-métrage dans un contexte, historique, et cinématographique, et s’interroger sur le choix du
genre « science-fiction ».
Enfin, des extraits du film L’Armée des douze singes, adaptation du court-métrage, réalisé en 1995 par le
réalisateur Terry Gilliam viendront compléter cette analyse sur l’image, le mouvement et le temps.
Renseignements pratiques :
Maison de la vie associative : - En car : dépose minute devant l’office de tourisme boulevard des Lices.
- Piétons : Boulevard des Lices, face au Jardin d’été
École Nationale Supérieure de la Photographie : - En car : garer le car place Lamartine, au bord du Rhône.
- Piétons : 16, rue des Arènes.
Salle Jean et Pons de Dieu : - En car : garer le car place Lamartine, au bord du Rhône (5 min à pied).
- Piétons : rue du 4 septembre.
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DOUCHET, Jean, Dossier L’armée des douze singes, un film de Terry Gilliam, Lycéens au cinéma, CNC, BIFI