Découvrir et développer son style oratoire

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Découvrir et développer son style oratoire
Le triangle de Karpman
Le triangle de Steve Karpman, dit également triangle dramatique, est un outil issu de
l’Analyse Transactionnelle de type « réducteur de complexité », qui permet d’analyser ce que
l’on nomme les jeux psychologiques dans le cadre de la relation. Comme tout réducteur de
complexité, il ne s’agit pas d’en faire une règle absolue, mais de prendre conscience des
scénarios relationnels, dans certaines interactions, qui aboutissent à une impasse et
d’apprendre à envisager d’autres solutions pour résoudre les difficultés communicationnelles
et les situations conflictuelles.
Persécuteur
Sauveteur
Victime
Les jeux psychologiques sont des comportements ponctuels, répétitifs et involontaires
que nous adoptons dans certaines situations et avec certaines personnes et qui aboutissent
généralement à une impasse communicationnelle.
Pour jouer un triangle dramatique, il faut être au moins deux joueurs, mais on peut
aussi être davantage. Lorsque, chez un individu en situation de communication, un des trois
rôles apparaît, il invite alors de manière inconsciente le ou les autres à entrer dans le triangle.
Il s’en suivra immanquablement une situation de mécommunication (terme désignant les
phénomènes d’incompréhension, de conflits ou de passivité dans la communication).
Il existe trois niveaux de jeux :
-
Premier degré : les jeux socialement acceptables, visibles et les plus courants.
Second degré : les jeux qui se jouent portes fermés comme le harcèlement ou la
violence conjugale.
Troisième degré : les jeux qui se terminent en prison, à l’hôpital, voir à la morgue.
Quel que soit le niveau, les jeux restent les mêmes.
© Frédéric Demarquet - Coaching / Formation / Consulting
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Le rôle de Sauveteur
Le sauveur met l’autre en position de dépendance par une position du type « Je sais ce
qui est bon pour toi » ou « Je peux t’aider à être bien ». Il apporte un secours et une assistance
qui ne sont pas demandées. Pour qu’il y ait bien une situation de triangle, il faut que le
partenaire endosse le rôle de victime ou de persécuteur.
Le rôle de Victime
La victime tend à chercher un sauveteur et le lui fait savoir : « Je ne sais vraiment pas
quoi faire ! », lequel sauveur arrive sur son cheval et lui répond : « Ne t’inquiète pas, je vais
gérer pour toi ! ». La victime cherche à apitoyer, elle méconnaît sa valeur. La victime cherche
un sauveteur, mais elle peut aussi trouver un persécuteur.
Le rôle de Persécuteur
Le persécuteur ne reconnait pas la valeur des autres. Il indique ce qui est bien ou mal,
ce qu’il faut faire, être. Il critique, piège, fait la morale, dévalorise. Et si la victime recherchée
n’est pas consentante, il se met en colère, râle. Le persécuteur cherche une victime mais
pourrait bien aussi trouver un autre persécuteur.
Ce qui entraîne les jeux est lié à tous les messages implicites qui sont véhiculés dans
les trois rôles. En effet, lorsqu’on communique, nous donnons des messages à différents
niveaux plus ou moins conscients et ces messages sont également entendus plus ou moins
consciemment par nos interlocuteurs. Prenons un exemple :
Un couple se promène sur un boulevard. Madame s’arrête devant une vitrine et dit
« Tu as vu chéri comme cette robe est belle ! ». Au premier niveau, on peut dire que cette
femme donne une information (la robe est belle). Peut-être à d’autres niveaux, elle demande à
son mari l’autorisation d’aller l’essayer ou encore l’invite-t-elle à la lui offrir. Mais
Monsieur répond en regardant sa montre : « N’oublie pas qu’on va manger chez ta mère ! ».
On voit bien là qu’il répond à un autre niveau que celui de l’information. Il lui dit « on n’a
pas le temps ». Mais peut-être répond-il encore à un autre niveau car il en a marre d’aller
dîner tous les samedis chez sa belle-mère mais qu’il n’a jamais osé en parler à sa femme.
Peut-être quelque part dit-il : « si on n’allait pas tous les samedis chez ta mère, je t’aurais
offert cette robe ! », ou encore « c’est la faute de ta mère ! ». Quoi qu’il en soit, il vient de
faire là une amorce (ou accroche) persécuteur et sa femme risque de lui répondre en victime
ou en persécuteur. On peut imaginer qu’une belle scène va suivre et qu’ils arriveront de
mauvaise humeur chez belle-maman qui va s’en mêler : « Mais qu’est-ce que tu as encore fait
à ma fille ! »(persécuteur). Le jeu pourra se poursuivre à trois joueurs : « De toute façon,
c’est toujours de ma faute ! » (victime) et la fille qui poursuit « et puis d’abord, Maman, ça ne
te regarde pas ! » (persécuteur de la mère et sauveteur du mari)…
Pour qu’il y ait jeu, il faut qu’un premier joueur fasse une amorce en direction du point
faible d’un autre joueur. Il obtiendra alors une réponse, puis il y aura un coup de théâtre, un
moment de confusion et un bénéfice final :
Amorce + Point Faible = Réponse – Coup de théâtre – Moment de Confusion – Bénéfice
Final
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Le coup de théâtre correspond à un changement de rôle soudain d’un des joueurs. Par
exemple, la fille qui persécute sa mère. Le moment de confusion est déclenché par la surprise
liée au coup de théâtre. Quant au bénéfice, il est double. Un bénéfice émotionnel négatif et qui
va créer des comptabilités émotionnelles pour les jeux suivants, mais aussi la validation des
croyances de chacun : « Je le savais, c’est toujours pareille, c’est toujours la même chose… ».
Il faut bien comprendre que les êtres humains cherchent beaucoup à valider leurs croyances. Il
s’agit d’un mécanisme de défense qui rassure. Bien souvent, nous préférons valider nos
croyances quitte à rester dans des jeux qui nous font pourtant souffrir.
On retrouve cela très fréquemment dans le cadre de relations familiales ou de couples
mais également, bien sûr, dans le cadre de relations sociales et professionnelles. Dans le cadre
de couple, c’est parfois très marqué et lorsqu’on observe la situation de l’extérieur, on peut
assez facilement comprendre les rôles que chacun endosse, jour après jour, parfois pendant
toute une vie ! Il est beaucoup plus difficile d’en prendre conscience lorsqu’on est soi-même
pris dans le triangle. Attention, si vous essayez de sauver une victime qui se trouve prise dans
un triangle, elle pourrait se retourner contre vous et devenir votre persécuteur. A titre
d’exemple, on peut penser au mari qui frappe sa femme régulièrement et à un voisin qui
intervient : il y a de fortes probabilités pour que la femme se retourne contre le voisin : « Non
mais de quoi je me mêle ! ». De victime, elle devient à la fois persécuteur du voisin et
sauveteur du mari. Ne touchez pas aux jeux des autres ! Vous n’en connaissez peut-être pas
les règles. En revanche, vous pouvez agir pour sortir de ceux dans lesquels vous êtes
enfermés, à condition d’en avoir pris conscience et de le souhaiter.
Comment sortir du triangle, de la mécommunication et des jeux
La seule technique possible pour sortir de ce genre de situation passe d’abord par la
prise de conscience. On ne peut sortir d’un triangle que si l’on est conscient d’être pris dans le
jeu. On peut alors prendre un peu de recul et de distance. Il s’agit alors de refuser d’entrer
dans le jeu ou de le poursuivre.
Avec un Persécuteur, il est bon de commencer par valider que l’on entend bien que
quelque-chose ne va pas, voir qu’il a l’air agacé si c’est le cas et ensuite, de le questionner sur
ce qu’il veut dire précisément.
Avec un sauveteur, commencer par le remercier pour son aide et son soutien, puis lui
demander en quoi il peut réellement vous aider de manière concrète.
Avec une victime, commencer par valider que vous voyez bien qu’elle n’a pas l’air
bien, et lui demander ensuite ce que l’on peut précisément faire pour elle.
Dans tous les cas, il s’agit d’abord de prendre du recul par rapport à l’émotionnel, puis
de maintenir la relation et enfin d’amener l’autre à devenir précis et factuel. Ainsi, on l’oblige
à sortir d’une communication à tiroir et on est alors en mesure de négocier par rapport à ce qui
sera proposé.
On peut également méta-communiquer sur ce qui se passe. La méta-communication
est la communication sur la communication. Il s’agit alors de proposer à l’autre, de la manière
qui soit pour lui la plus respectueuse, de parler de ce qui se passe. Il convient à ce moment de
savoir rassurer l’autre, de ne surtout pas poser de jugement du type « vous êtes comme çà »
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qui relancerait le triangle. Il est préférable de parler de ce que l’on ressent et faire comprendre
à l’autre qu’on est prêt à collaborer s’il précise ce qu’il attend. On se donne ainsi toutes les
chances de résoudre les problèmes et la relation s’en trouvera renforcée.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’Analyse Transactionnelle et les jeux, je
conseille le livre de Ian Stewart et Vann Joines : « Manuel d’Analyse Transactionnelle », aux
Editions InterEditions.
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