Vielha et son Parador [brochure]
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Vielha et son Parador [brochure]
De La Neige Cardée IELHA V Et son Parador “Et ce qui entre l'Espagne et la France se dresse, mur de roc, de neige et de tempêtes vêtu, tel le bras de Dieu, du manteau étoilé touche les bleus ornements.” Jacinto Verdaguer e sont tout autre chose que les Pyrénées catalanes, selon la contrée que vous foulez. Toute autre chose, la face atlantique que celle de la Méditerranée. Les fauves, la futaie, les eaux qui les abreuvent sont chaque fois des nuances naturelles de différentes substances. Le relief montre ici et là des tempéraments opposés. La pierre de leur constitution, et l’effort de naître, unissent les crêtes par les vallées. Ce sont là, ces cordillères de l’ouest, des montagnes qui montrent les dents. Elles arpentent seules l’horizon, se laissant moudre par les crépuscules et les glaces des siècles. Elles se laissent pincer les collines et les prés par les chèvres, les houes et le tourisme. C Après le travail dur et bien fait du tertiaire, qui dressa la cordillère en même temps que les Alpes, vint le calme acharnement du dégel quaternaire. Une fois les arêtes léchées, les montagnes sont devenues ce qu’elles sont, bleues, ardues, jonchées de sapins noirs, séparées les unes des autres par des vallées, des hêtraies, des miroirs d’eau et des lys. Des temps où la glace régnait sur les sommets et dans les vallées, il y a soixante-cinq millions d’années, il ne reste aucune trace de présence humaine. Il fallut que les montagnes consentissent que l’on parcoure les eaux et les pâturages pour que les plus anciens des hommes y montassent et y suspendissent leurs abris primitifs et leurs imposants dolmens. Tout au long de cette étape sous-boréale, plus bénigne, vers 2000 av. J-C, des tribus de bergers purent coloniser pour la première fois les terres difficiles. Leur présence ici dura probablement jusqu’à l’invasion du peuple celte, qui du centre de l’Europe s’était aventuré dans la cordillère, moment où l’humidité submergea celle-ci sous la végétation au point de la rendre presque inhabitable. C’est alors que l’installation de la culture indoeuropéenne divise la cordillère. Des deux régions, l’une s’étend vers la France, l’Espagne, le Roussillon, la Catalogne, La Rioja, la Castille et même vers ce qui allait devenir l’Andalousie ; l’autre, à l’ouest, plus encaissée dans son expansion, de la Navarre pyrénéenne jusqu’à la Gascogne. La nouvelle culture, secourue par un climat plus généreux en pluies, dote la population d’une unité et d’une identité particulières que les Romains mettront longtemps à transformer. Les Géants Des Montagnes P olybe, vers le IIIe siècle ap. J.C., est le premier à faire mention du territoire d’Aran, en signalant la présence d'une tribu pyrénéenne connue sous le nom d’Arenosis. L’origine ibéro-basque du nom (« aran » signifie « vallée » en basque) nous indique la présence de ce peuple dans la vallée, ainsi qu'à d'autres points de la chaîne, dont on lui doit également le nom de Pyrénées (monts de la Lune). VIELHA ET SON PARADOR 1 D’autres fabulations étymologiques se targuent d’expliquer le nom de la cordillère. La très belle légende classique, par exemple, qui attribue le baptême de la montagne à la nymphe Pyrène. D’après la légende, elle s’éleva lorsque, poursuivant la mission de reprendre les b?ufs au géant Géryon, Héraclès vint en Ibérie. Alors, pendant que le héros accomplissait sa tâche, la nymphe Pyrène, gardienne des sources de la vallée, dut abandonner leurs eaux car le monstre Géryon y était descendu, anxieux de la posséder. La nymphe se réfugia dans cette région qui sépare la France de l’Espagne, très boisée en ces temps là. Le géant à six bras, ne la trouvant pas, consommé par le désir, voulut réduire en cendres la forêt. La nymphe, léchée déjà par les flammes, pleura, sanglota, versa dans sa douleur un tel torrent de larmes que de celles-ci naquirent les « estanyis », les étangs. Alors qu’en sol tarragonais, terre d’oliviers, l’on comptait par milliers les jarres d’huile embarquées pour Rome, Aran berçait toujours l’ours, le bouquetin, le coq de bruyère, toute une faune sans égale qui partageait ce terroir avec des sorcières, des sylphides, des gnomes et bien d’autres créatures mythologiques. On garde encore un chaleureux souvenir du conte du géant Mandronius, dont le crâne, dit-on, se conservait naguère encore à l’église de Garos. L’héroïque exploit de ce géant eut lieu du temps des Romains, près de Betlan, où le colosse vivait dans une grotte avec sa famille. Alerté par les cris, Héraclès courut secourir la nymphe, mais la trouva agonisante. Ému, le héros dressa alors de ses propres mains, sur le corps de la belle naïade, un bûcher funéraire : le haut mausolée des Pyrénées. Les sierras du val d’Aran ne furent pas, pour les Romains des premiers temps, des enclaves intéressantes. Le terrain, peu clément et sans richesses minérales à extraire, n’intéressa la République que comme site militaire. Les naturels du lieu continuèrent donc leur vie de bergers, accusant à peine la romanisation jusqu’à ce que les passes de la cordillère deviennent la voie de communication entre les provinces de la Gaule et celle de Tarraconaise. Hannibal fut le premier à signaler pour l’histoire la passe du Perthus, lorsqu’il l’emprunta pour traverser les montagnes et gagner du terrain sur les Romains, pendant la deuxième guerre punique. Plus tard, César lui même, pour se débarrasser de Pompée à qui il revenait de gouverner l’Espagne, s’ouvrit chemin à travers les montagnes en 49 av. J.C. Cette expédition eut des moments difficiles sur les rives du Sègre, qui déborda en emportant les deux ponts faits construire par César. Mais la déesse Fortune était de son côté. Les eaux regagnèrent leur lit et, après plusieurs jours d’isolement en attendant le convoi de secours qui vint à son aide depuis la Gaule, César atteignit son but et obtint la victoire à Octogesa. De la vitalité commerciale développée pendant la romanisation nous tenons, à Ampurias, à Tarragone et en d’autres points de Catalogne, des ponts, des aqueducs et autres vestiges d’infrastructures pour le moins monumentales. La trace de ces siècles au Val d’Aran est plus floue. Les effets de la charrue et d’autres fruits du progrès technique, qui ailleurs dans la péninsule ibérique changèrent substantiellement la physionomie du paysage et l’économie, furent peu importants dans le Val, où les pâturages continuèrent d’être la base de subsistance. D’après la légende Mandronius, aidé par des gens du lieu, prit d’assaut un camp romain et délivra sa femme et sa fille qui avaient été prises comme otages. Pour augmenter le respect qu’imposait déjà sa fabuleuse envergure, et pour dissiper toute idée de revanche, il envoya au César de Rome les oreilles coupées des soldats de sa légion. Cet acte intimidateur fut efficace. La vallée fut dès lors délivrée de l’invasion romaine, mais la violence légendaire du géant ne tarda pas à faire naître chez ses voisins l’envie de le faire prisonnier. Un voisin de cette trempe était trop dangereux, et ils passèrent donc aux actes. Mandronius, pris par surprise et blessé dans son orgueil de géant, ordonna à un de ses fidèles de lui planter un clou dans la nuque. Le crâne, longtemps conservé à Garos, serait selon quelques gens du lieu la preuve de la véracité de ces événements. VIELHA ET SON PARADOR 2 Le Royaume D’aragon L e Val passe aux mains des Germains en l’an 585 de notre ère. D’autres régions de Catalogne étaient déjà sous le glaive wisigoth depuis des années. Euric avait conquis le pays tarragonais, après une âpre lutte, en 746. Le christianisme, lui aussi, avait déjà déployé des évêchés sur la péninsule lorsque les Wisigoths arrivèrent au Val d’Aran. Le commentaire bien connu de l’évêque d’Urgel sur le Cantique des cantiques date de 535. Mais les années wisigothes ne furent pas nombreuses, ni très marquantes. Deux siècles plus tard à peine, l’envahisseur arabe s’emparait de la Catalogne. Tarragone, Barcelone et Gérone tombèrent sous leur domination en moins d’une décennie. Roda, Ager, le Haut-Urgel, la Cerdagne et Ribagorza restèrent comme auparavant, tout en accusant les effets parfois dévastateurs des Sarrasins dans leur campagne contre les Gaules. Après cela, ce que nous savons sur le Val nous situe au XIIe siècle. Le Val devient le fief du comte de Comminges, sur l’ordre de Pierre II d’Aragon qui exige de sa femme, Marie de Montpellier, qu’elle en fasse le don, suivant ainsi une stratégie qui maintint les terres occitanes sous sa domination jusqu’à sa mort dans la bataille de Muret. Ce 13 septembre 1213, Raymond VI de Toulouse, allié du roi d’Aragon, perdit de 15 à 20 000 hommes et la vassalité du comté de Toulouse, de Foix et de Comminges. Le vainqueur, Simon de Montfort, devenait duc de Carbonne, comte de Toulouse et vicomte de Béziers et de Carcassonne. La victoire avait été possible grâce au soudain appui du pape Innocent III qui croyait ainsi mettre fin à l'hérésie cathare dont la doctrine s'était propagée sur tout le territoire occitan. La bataille de Muret fut suivie d'autres dans lesquelles se battirent les croisés. La guerre sainte n’eut de cesse tant que l'ennemi n’eut été complètement écrasé. Un résultat prévisible, si l’on tient compte de l’inégalité du combat entre l’armée de Dieu, de 500 000 soldats, et une poignée de prédicateurs avec quelques rares villageois de ces contrées, empoisonnés par le démon de l’hérésie. Peu après Muret, à Béziers près de Perpignan, les troupes de Montfort massacrèrent les habitants, environ 60 000. L’abbé Arnaud imposa à la troupe une consigne infaillible : « Tuezles tous, Dieu reconnaîtra les siens. » Heureusement, les chemins de l’Église ne furent pas tous violents. Saint Dominique de Guzman fit appel vers ces jours-là, pour pacifier le pays occitan, à un instrument plus civilisé et plus conforme à l’esprit religieux : prier le Rosaire. Une méthode, prêchait le saint, qui mettait l’orant sous la protection divine l’immunisant ainsi contre l’hérésie. Aquell Temps Cóm era Jais (En ce temps où régnait la joie) L es terres occitanes passèrent sous le pouvoir de Philippe III de France en 1271, à la mort d’Alphonse de Poitiers. Et, malgré les guerres et les purges d’hérétiques, la région vécut une période de joie que les troubadours ne manquèrent pas de chanter. Administrativement, le pays occitan est à l’époque réparti entre les régions françaises d'Aquitaine (sauf le Pays Basque français), de MidiPyrénées, du Limousin, d’Auvergne, du Languedoc-Roussillon (sauf le département des Pyrénées orientales qui représente le nord de la Catalogne), de Provence-Alpes-Côte d’Azur et une partie de RhôneAlpes, Poitou-Charentes et Centre. Sur tout ce territoire, dont nous voyons que faisait partie le Val d’Aran, on parlait une même langue, l’occitan, surtout dans sa variante linguistique toulousaine. C’est dans cette langue que furent écrits et chantés les principaux poèmes du XIe et du XIIe siècle. Ses origines sont encore une énigme; elle ne présente aucun lien avec le folklore ni la tradition poétique latins de l’époque. Ce fut sans le moindre doute un genre totalement original que celui répandu par les troubadours dans cette région, sans que leurs chants ne traduisissent la moindre influence externe. Certaines études attribuent les premières créations du genre aux jongleurs (acrobates et chanteurs peu fortunés) auxquels nous devons très certainement les chansons de geste. L’abondance des troubadours liés à la noblesse (des poètes à particule, disons-le bien) fait que ces premiers poèmes en langue vulgaire ne soient considérés que comme un divertimento pour les gens de qualité, composé par quelques uns d’entre eux à la lyrique plus leste. Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que l'occitan, du XIIe au XIVe siècle, fut une langue littéraire en France et dans le nord de l’Espagne et ce dans tous les genres à l’exception du roman, pour lequel on préférait la prose. C’est d’ailleurs le conseil que donne Raymond Vidal de Besaudun dans son « Razos de trobar ». Depuis le premier et le plus célèbre des troubadours de tous les temps, Guillaume de Poitiers, neuvième duc d’Aquitaine dont les possessions dépassaient celles du roi de France lui-même, jusqu’à l’écrivain de métier parfaitement incarné par le poète catalan Cervera de Giron auteur de quelque 120 compositions, en passant par le violent Guillaume de Bergueda, accusé d’avoir assassiné traîtreusement le vicomte Raymond Folch de Cardone, les types de troubadours sont des plus variés, tous faisant preuve d’esprit, de lyrisme et d’un humour satirique efficace. VIELHA ET SON PARADOR 3 Des Siécles D’indépendance L es convulsions subies par la Catalogne au cours des siècles suivants, les politiques d'expansion, son commerce méditerranéen, le soulèvement, la récession et la perte de possessions, etc., n’ont que de minces effets dans le Val d’Aran, qui vit des centaines d’années sous ses propres normes, édictées (ou, plus exactement, recueillies) par le Conseil général du Val d’Aran dans la Querimonia. La Grande Charte fut octroyée par Jacques II le 26 septembre 1313. Les lois et coutumes qui de tous temps avaient régi la vallée y étaient reprises par écrit. Le parchemin en question, en vigueur jusqu’en 1835, met en évidence la singularité de ce peuple, réticent devant le droit romain, le droit canonique et le droit germanique ; un groupe humain au lignage bien plus ancien, qui tient très probablement ses racines des colons ibères arrivés par l’Ebre et des Basques. Un setier de blé par maison est l’impôt que les Aranais devront payer dorénavant au roi en échange de la jouissance des terres et des eaux, pour l’irrigation et pour faire tourner les aubes. Sans autre licence royale que celle octroyée, les Aranais sont autorisés, dans leur val et dans leurs montagnes, à profiter des herbages à leur gré, à les faucher, à chasser toutes bêtes fauves et à disposer de leur chair comme bon leur semble, à couper du bois de chauffe... Ni le traité des Pyrénées (7 novembre 1659) qui met fin à la guerre de Trente Ans et par lequel l’État espagnol cède à la France le Roussillon, le Conflent, le Vallespir et une partie de la Cerdagne (ébauchant ainsi une frontière ressemblant assez à celle de nos jours), ni, plus tard, les décrets de Nueva Planta par lesquels Philippe V supprime tous les privilèges catalans, ne parviennent à troubler la vie toute pastorale des Aranais. Dans le Val, chaque maison porte un nom qui désigne aussi les membres de la famille qui y demeure. Parmi lesquels – le « cap de la casa » ou « padrí », la « mestressa » ou « padrina », l’ « hereu », la « jove » ou la « pubilla » et le « pubill » – seul l’ « hereu » (l’aîné) sera responsable, comme unique héritier des biens, de sauvegarder l’intégrité du patrimoine. Pour que les biens testamentaires ne sortent pas de la famille et restent comme une seule propriété il y a, lors d’un mariage, une série de clauses juridiques établies devant notaire désignant les héritiers, les dots et le lieu de résidence. Invacion De La Modernité e sont les armées de Napoléon qui vont catapulter ce peuple de montagne de son existence calme et anonyme à l’Histoire en grandes lettres, lorsqu’une journée de 1810 elles choisissent le col de Viella pour se glisser dans la péninsule et gouverner l’Espagne. Les centenaires privilèges aranais sont alors abolis. Sous la régence de Marie-Christine, le Val devient partie intégrante de la province de Lérida, nouvellement créée. C Peu avant le milieu du XXe siècle, le Val est encore victime d'une invasion venue d'au-delà de la frontière, toutefois il ne s'agit plus de troupes françaises mais des rebelles espagnols. Et voici que le 19 octobre 1944, la guerre étant perdue et Franco devenu « caudillo », un millier de guérilleros vétérans de la guerre civile descendent dans la vallée, persuadés qu’ils recevront de l’aide internationale. Neuf jours plus tard l’ « opération reconquête » est finie ; elle se solde par 129 guérilleros tués, 214 blessés et 218 faits prisonniers et, pour la plupart, exécutés. Quatre ans à peine après les tristes faits qui amenèrent irrémédiablement l’Espagne à une dictature qui durerait jusqu’en 1975, le Val sortait de son isolement hivernal grâce au percement du tunnel de Viella, rénové en 2007. Actuellement, la vallée a beaucoup récupéré de son autonomie et de ses droits historiques; elle a conservé ses traditions, qui lui accordent un grand intérêt touristique. Visite De La Ville De Viella: Un Sommet De L’autre Côté Du Tunnel ’hôte du Parador ayant choisi d’y loger en hiver, que le ski fasse partie ou non de ses plans, trouvera dans la ville de Viella l'ambiance propre à la saison des sports d'hiver. L Baqueira Beret, très proche, est une des destinations préférées des amateurs de neige dans cette région des Pyrénées. Pour les nouveaux venus, il est bon de savoir que la vallée est très froide en hiver et que, même si le printemps et l'été sont plus cléments, des vêtements chauds et des bottes sont à inclure dans les bagages s'ils ont l'intention de s'aventurer par les chemins et les sentiers. Heureusement, la qualité des services touristiques de cette contrée ne dépareille pas le typique caractère montagnard, si évident dans l’architecture et dans l’authenticité de ses habitants qui, restés attachés à leur propre langue, ont su conserver au long des siècles les traits distinctifs de leur culture si particulière. En venant du Parador qui fait face aux montagnes, on entre dans Viella par l'Avinguda Castiero. La distance au centre ville n’est que de 300 mètres et ne justifie pas que l’on déplace la voiture. Allons vers l’église où se détache nettement la tour du clocher, typique du XVIIIe siècle. Le patron de la paroisse est Saint Michel. À part cette tour, l’essentiel de l’église date de la fin de la période romane. Entrons-y par son portail gothique. Les fonts baptismaux sont du XIIe siècle, tandis que le grand VIELHA ET SON PARADOR 4 Dans la fabrique que l’on peut visiter, on observe les différentes phases du processus et les engins nécessaires à celui-ci : d’abord le courant de la Nere fait tourner la roue à aubes. Mue par l’eau canalisée sur 200 mètres, cette roue et les engrenages de la machinerie qu’elle entraînait, soulageant énormément le travail qui était fait par les femmes, restèrent en fonctionnement jusqu’en 1963 quand une inondation les mit mal en point. Une construction exceptionnelle, d’une grande importance sociale et économique, que l’on peut visiter grâce à l’obligeance et à la persévérance de la veuve du fils du fondateur de la fabrique. Nous sommes certains que les autorités municipales prendront bientôt en charge cet ensemble si représentatif. Vous le trouverez en longeant la rivière vers l’est, sur la même rive. retable en bois polychrome date du XVe. La plus précieuse des figures en bois taillé conservées sous ces voûtes n’était pas vouée à la dévotion des ouailles de cette paroisse : elle vient de l’église voisine de Sainte Marie de Mijaran. Il s’agit de la tête d’un Christ de dimensions peu courantes, une pièce romane unique qui faisait sans doute partie d’une magnifique descente de croix. Signes D’identité a visite de l’église paroissiale terminée, il est conseillé au voyageur de passer à l'office du tourisme (Sarriulera nº 10, c’est la première rue qui descend parallèlement à la rivière) car l’information qu’on y distribue sera fort utile pour organiser l’excursion, ou si celle-ci est déjà programmée, pour actualiser toutes les données. Enfin, pour compléter notre visite de l’essentiel de la ville, marchons vers l’ouest, là ou les premiers habitants dressèrent leurs monuments mégalithiques. Il faut traverser le village puis continuer, parallèlement et sur la droite de la carretera de França. Arrivés au parc des pompiers, voilà qu’il nous apparaît : un menhir connu ici sous le nom de « pierre de Mijaran ». De l’autre côté de la route, près de la rivière, une nouvelle chapelle a été construite près de celle d’origine, dont il nous reste les ruines. Il y a également à Viella une bibliothèque, une patinoire de glace, des bars, des restaurants, un cinéma et d'autres distractions qui haussent ce village à son niveau de chef-lieu de canton. L À ce point nous suggérons, avant de quitter le village et de céder au magnétisme qu’exerce la montagne sur ceux qui s’en approchent, de vous attarder dans les salles du Musèu dera Val d’Aran. La visite en est particulièrement instructive, dans cette contrée aux singularités historiques et anthropologiques si marquées. La mémoire de tout le Val y est présentée en ordre, depuis la lointaine préhistoire jusqu’à nos jours, par les objets de ses urnes et de ses étagères. De l’office du tourisme jusqu’au 26 de Carrer Major où se trouve le musée, il n’y a que la rivière à traverser. La tour où se trouve la collection, dite du général Martinhon, fait partie d’une maison de maître di XVIIe siècle. En plus des restes archéologiques et des engins agricoles, des photos et des documents d’un grand intérêt ethnographique, le musée possède de précieuses pièces d’art médiéval, dont deux chefs d’?uvre représentant le Christ. La plus ancienne est le Christ de Casarilh, figure romane en bois taillé du XIIe siècle. L’autre figure crucifiée est le Christ d'Escunhau (XIIIe siècle), un autre magnifique exemple du roman aranais. Il y a un autre musée de premier ordre à Viella, à visiter absolument, qui permettra au visiteur de comprendre in situ l’évolution économique et manufacturière de cette petite nation qui a fait de l'élevage des moutons, et des produits dérivés, sa principale industrie pendant des siècles : la Fabrique de Laine fut construite à la fin du XIXe par un voyageur originaire de l’endroit, qui apprit en France l’art de carder la laine. Excursion: Maîtresse Nature Parc National d’Aigüestortes et Étang de Saint Maurice Partout les lieux, dominés par ces sommets, foisonnent de sortilèges. Il est difficile de choisir à quel charme succomber. Mais pas d’erreur possible pour le choix de l’aventure : quelque chemin que vous preniez au départ de Viella vous surprendra. Si le voyageur se plie à notre suggestion de visiter le parc national Aigüestortes i Estany De Sant Maurici, qu’il sache que c'est le seul parc national de Catalogne et qu’il s’étend sur près de 14 000 hectares entre les communes de Pallars Sobirà et d’Alta Ribagorça. Compte tenu de cela, il est conseillé de programmer la visite (une fois mises sur la balance les nombreuses options), selon la météo, le temps dont on dispose et l’énergie qui nous assiste. Routes thématiques, itinéraires guidés, sentiers signalisés, plans, centre d’interprétation, voilà quelques uns des nombreux et excellents services proposés au voyageur à Aigüestortes, qui lui permettent d’adapter l’excursion à ses préférences. Certains itinéraires vous mènent sur la neige (avec port de raquettes). Ou vous pouvez vous aventurer dans les forêts, grimper sur les sommets, faire de longues marches par les sentes des bergers. On peut regarder les coteaux sous la lumière du célèbre tableau d’Antonio López La luz del membrillo (la lumière du cognassier). Des itinéraires spéciaux sont prévus pour découvrir les fleurs, les fruits, les champignons, selon la saison. Au choix également, plusieurs incursions nocturnes, soit pour les étoiles, soit pour les fauves. VIELHA ET SON PARADOR 5 La zone axiale des Pyrénées concentre dans ce parc un panorama complet de ses traits géologiques, faunistiques et botaniques. Les différences d’altitude, la morphologie des reliefs et leur disposition par rapport aux vents et au soleil donnent lieu à des paysages divers, vivants, nuancés à l’infini, bouleversants. Il y a 200 étangs, quelque 1 500 espèces végétales et plus de 200 espèces de vertébrés. On peut observer des loutres, des chats sauvages, des hermines, des loirs ou des vautours fauves. Cette folle fantaisie ainsi déployée s’est formée à l’ère primaire, prit du relief après avoir chassé la mer au tertiaire et ponça ses formes en s’aidant des dégels millénaires du quaternaire. Mais il y a plus. Afin que le parc ne souffre pas de l’impact de la civilisation, tout autour de son périmètre une bande qui représente 13 000 hectares supplémentaires fait l'objet d'une protection environnementale. À la valeur écologique de cette zone s’ajoute celle de son patrimoine roman, un des plus importants d'Europe. C’est la vallée du Boí qui jouit du statut de Patrimoine de l'humanité, mais il y a aussi de magnifiques temples dans la vallée d’Aneu. La Recette Secréte: Gigot D’agneau Aux Myrtilles. Ingrédients : (Pour 4 personnes) Un gigot d’agneau d’environ 1 kg. 300 g de citrouille 1/2 kg d’oignons 200 g de myrtilles 1/2 kg de champignons (roubaillous, dits aussi lactaires délicieux) Des os à bouillon Sel, piment sec, laurier, thym Un verre de vin blanc Huile d’olive. Nous avions dit que par ici l'on préfère les légumes farcis de viande. C’est à l’inverse dans cette recette : de la viande farcie de légumes. Les ingrédients déjà énumérés concernent la viande. Passons à la farce. On trouve de l’information sur le parc dans toutes les municipalités limitrophes. Il y a également un centre d’information à la station supérieure du téléphérique d’Estany Gento. De Viella on peut accéder au parc, soit par le sud, par le tunnel puis par la vallée de Boí (N-230), soit par le nord en prenant la C-28 jusqu’au point d’information d’Espot. Dans les deux cas, la distance est d’environ 50 km. Ingrédients : (farce) Gastronomie: Brisons La Glace Commençons par la farce. Faire revenir doucement les oignons, la citrouille, les champignons et le petit piment, le tout haché très fin. Au bout d’un quart d’heure, ajouter les aromates et la moitié du verre de vin. Laisser réduire le court-bouillon puis ajouter la viande, mélangée aux ?ufs et assaisonnée, en ravivant le feu pour la faire dorer. Une fois ce hachis prêt, en farcir le gigot et l'attacher avec du fil à larder. a cuisine aranaise est, comme toutes les cuisines il est vrai mais d’une manière particulièrement notoire, circonstancielle, opportune et réconfortante pour l’homme. Les longues neigées, le froid et les contraintes physiques de la montagne sur la vie de ces villages, ont imposé aux habitants une nourriture ardente, faite de matière plutôt que d’esprit. La chair des animaux sauvages : sanglier, lapin, chevreuil et lièvre. Celle des bêtes de ferme : surtout le mouton bien sûr, mais aussi le b?uf, le porc et la volaille. Des fruits et des champignons sauvages également, ainsi que le plus résistant des légumes, consommé dans toute la région du nord, surtout en hiver : le chou. Mais l’accent est mis sur la manière de le préparer. Et c’est un accent gascon qui, comme dans la langue, persiste aussi dans les ragoûts, les soupes, la tendance à farcir. L À la tête de la tradition se trouve la « olla aranesa », la marmite aranaise, qui contient, outre tout ce que le convive peut supposer (haricots, porc, pommes de terre, poule et lard), le fameux chou, de la butifarra noire et de la longaniza (types de saucisses différemment épicées). Ce plat, infaillible contre le froid, est très apprécié des visiteurs, d’où qu’ils viennent. Il n’en va pas toujours de même pour la Senganheta, qui, bien que juteuse et énergétique, écarte ceux qui ont des préjugés alimentaires car elle est faite de sang de porc. Il y a des recettes admirables à base de pommes de terre et de choux, toutes deux farcies de viande. Le pâté est également courant dans ces vallées (en plus du foie, il contient du ventre de poisson et de la gorge de porc, le tout bien poivré) ainsi que le fromage des Pyrénées. Des animaux aquatiques on ne mange que de ceux qu’on trouve : la truite de la rivière et la langouste séchée. La proximité de la France à influencé ces vallées dans leur préférence pour certains plats, par exemple les crêpes, avec cependant une façon particulière de les battre (au cognac et vanille), de les poêler et de les farcir. Un autre délicieux dessert au cognac : les prunes macérées en bouteille pendant des semaines ou même des mois. Résultat : le dessert et la goutt 1/2 1/2 1/2 3 Sel, kg d’oignons kg de roubaillous kg de viande de b?uf hachée ceufs huile, noix de muscade, laurier et ail écrasé Dans un grand récipient, saisir le gigot pour lui donner de la couleur et du corps. Ajouter les légumes, les champignons, le reste du vin, les myrtilles et un verre de bouillon de viande. Après une demi-heure à feu doux (une fois le bouillon réduit), ôter les légumes, ajouter encore deux verres de bouillon et laisser mijoter une heure, récipient couvert, au plus petit feu possible. Retirer alors le gigot et le découper. Servir en recouvrant avec les légumes, préalablement réchauffés à la poêle avec une cuillerée d’huile. Parador de Vielha Crta. del Túnel, s/n. 25530 Vielha. Lleida Tel.: 973 64 01 00 - Fax: 973 64 11 00 e-mail: [email protected] Central de Reservas Requena, 3. 28013 Madrid (España) Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32 www.parador.es / e-mail: [email protected] Textos: Juan G. D’Atri y Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar VIELHA ET SON PARADOR 6