L`eau des sols forestiers: un milieu sensible aux changements
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L`eau des sols forestiers: un milieu sensible aux changements
Forum für Wissen 2009: 21–30 21 L’eau des sols forestiers: un milieu sensible aux changements Elisabeth Graf Pannatier, Matthias Dobbertin, Maria Schmitt, Anne Thimonier et Peter Waldner WSL Eidgenössische Forschungsanstalt für Wald, Schnee und Landschaft, Zürcherstrasse 111, CH-8903 Birmensdorf [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected] L’eau du sol forestier est un milieu sensible, réagissant rapidement aux changements de l’environnement. Dans le cadre du projet de recherche à long terme sur les écosystèmes forestiers (LWF), nous analysons depuis une dizaine d’années la chimie des dépôts atmosphériques et de l’eau du sol sur sept sites en Suisse afin d’évaluer l’impact des dépôts atmosphériques acides sur les sols forestiers. Outre la qualité, la quantité d’eau est également importante pour la vitalité des plantes. Nous mesurons ainsi le potentiel matriciel sur dix sites afin d’évaluer si l’eau retenue dans le sol est facilement disponible pour les racines ou non. L’effet de la vague de chaleur de l’été 2003 sur la disponibilité en eau et la réaction de la croissance des arbres seront examinés dans cet article. 1 Pourquoi l’observation à long terme de l’eau du sol forestier Le sol est un constituant important de l’écosystème forestier. Il contient les nutriments essentiels pour la croissance de la végétation, il filtre la pollution atmosphérique, régule l’écoulement des précipitations et les cycles biogéochimiques et par conséquent la quantité et la qualité des eaux de surface et souterraines. L’eau retenue dans les pores fins du sol, souvent appelée solution du sol, véhicule des éléments nutritifs dissous (par exemple azote, phosphore, calcium), essentiels pour la croissance et la vitalité des plantes et des organismes du sol. Cependant, des facteurs extérieurs comme la pollution de l’air, les changements climatiques ou des événements météorologiques extrêmes et certaines activités sylvicoles peuvent perturber le régime hydrique du sol et le cycle des nutriments et menacer des fonctions importantes du sol. L’observation à long terme des sols dans différents écosystèmes forestiers nous permet de mieux comprendre comment ces facteurs extérieurs, qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique, influencent les sols et leurs fonctions. Les processus menant à des modifications de la composition chimique de la phase solide du sol (acidification par exemple) sont lents. Les variations temporelles des concentrations sont généralement plus petites que celles dues à l’hétérogénéité spatiale du sol. C’est pourquoi l’identification de changements temporels des propriétés chimiques du sol est difficile. Par contre, l’échantillonnage et l’analyse fréquents de l’eau du sol au moyen de méthodes non-destructives (lysimètre par exemple) à un endroit fixe permettent de montrer des variations temporelles de la qualité de l’eau. Ces fluctuations reflètent divers processus de rapidité différente: apport d’éléments dissous provenant de la décomposition de la matière organique, des pluvio-lessivats ou de l’altération des minéraux et de la roche, perte d’éléments par drainage ou suite à l’absorption des racines, échange d’éléments avec le complexe absorbant du sol. Afin de mettre en évidence des changements à long terme de la qualité de l’eau du sol (par exemple changement du pH ou des concentrations de calcium), le choix de la fréquence d’échantillonnage est crucial. Toutes les variations du milieu observé, qu’elles soient saisonnières, annuelles ou pluri-annuelles, doivent être saisies afin de pouvoir identifier un éventuel changement à long terme. La Figure 1 illustre l’importance du choix de la fréquence d’échantillonnage. Cet exemple montre une décroissance, illustrée au moyen d’une régression linéaire, d’un paramètre mesuré mensuellement ou toutes les deux semaines sur une période de 17 ans (Fig. 1a). Le même paramètre qui serait mesuré une fois par année pendant 17 ans montrerait une tendance vers la croissance du fait que les variations saisonnières, de forte amplitude, n’ont pas été saisies par l’échantillonnage (Fig. 1b). 2 Les mesures de l’eau du sol dans le projet LWF Dans le cadre du projet de recherches à long terme sur les écosystèmes forestiers LWF (THIMONIER et al. 2001), diverses composantes de l’écosystème forestier (précipitations hors couvert, pluvio-lessivats, eau du sol, potentiel matriciel, croissance des arbres) sont mesurées sur plusieurs placettes en Suisse afin de mieux comprendre l’influence de la pollution de l’air et des changements climatiques sur l’eau du sol et les arbres. Deux thèmes seront développés dans cet article, à savoir l’acidification accélérée de l’eau du sol sous l’influence de la pollution atmosphérique et l’effet de la vague de chaleur de l’été 2003 sur la disponibilité en eau dans le sol pour les racines et la réaction de la croissance des arbres. L’eau du sol est échantillonnée toutes les deux semaines depuis 1999 ou 2000 sur sept des dix-huit placettes du réseau LWF (Fig. 2). Elle est prélevée à l’aide de plaques gravitaires sous la litière (Fig. 3a) et par succion (–500 hPa) à l’aide de lysimètres avec bougie en céramique (Fig. 3b) à 15 cm, 50 cm et 80 cm de profondeur (GRAF PANNATIER et al. 2004). 22 Forum für Wissen 2009 1988–2004 a 6 5 Paramètre 4 3 2 1 0 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 97 99 01 03 05 1988–2004 b 6 5 Paramètre 4 3 2 1 0 85 87 89 91 93 95 Figure 1. Influence de la fréquence d’échantillonnage sur la tendance à long terme (illustrée par une régression linéaire) pendant une période d’observation de 17 ans (1988–2004). Paramètre mesuré une fois par mois ou tous les 15 jours (a) ou une fois par année (b). Abb. 1. Einfluss der Probenahmehäufigkeit auf den langfristigen Trend (mit linearer Regression dargestellt) während einer Beobachtungsperiode von 17 Jahren (1988–2004). Einmal monatlich oder in 14-täglichem Rythmus (a) oder einmal jährlich (b) gemessener Parameter. Afin d’estimer la quantité annuelle de dépôts atmosphériques des éléments chimiques principaux (N, S, Ca, Mg, K, Na, Cl) sur les placettes LWF, les précipitations (hors couvert) et les pluvio-lessivats (sous couvert) sont échantillonnés et analysés à l’aide de plusieurs collecteurs de pluie et de neige (voir méthode dans THIMONIER et al. 2005). Les échantillons sont prélevés toutes les deux semaines en même temps que l’eau du sol. Une fois les échantillons filtrés au laboratoire, leur composition chimique est analysée (pH, conductivité électrique, carbone et azote organique dissous, cations et anions principaux). Dans le cadre d’un autre projet, l’eau du sol est également analysée depuis 1987 dans une forêt de châtaigniers à Copera au Tessin (BLASER et al. 1999; GRAF PANNATIER et al. 2005). Cette série constitue l’enregistrement le plus long disponible en Suisse. Outre la qualité de l’eau, nous mesurons la force de succion du sol pour l’eau, appelée également potentiel matriciel, à l’aide de tensiomètres manuels (gamme de mesure entre 0 et –900 hPa). Ces données nous permettent d’évaluer si l’eau retenue dans le sol est facilement disponible pour les Fig. 2. Réseau des 18 placettes LWF ( ou ) et localisation des placettes avec échantillonnage de l’eau du sol et mesure du matriciel potentiel. Abb. 2. Netzwerk der 18 LWF-Flächen ( und ) und Lage der Flächen mit Bodenlösungsprobenahme und Matrixpotentialmessungen. Forum für Wissen 2009 23 racines. Les mesures sont effectuées toutes les deux semaines depuis 1997 ou plus tard à cinq profondeurs (15, 30, 50, 80 130 cm) sur 10 placettes LWF (Fig. 2). Des sondes mesurant automatiquement la teneur en eau dans le sol au moyen de la technique time domain reflectometry (TDR) ont été installées en 2001 à Viège, car le sol y était trop sec pour des tensiomètres (valeurs < –900 hPa en été). Depuis 2008, nous installons des sondes sur plusieurs placettes LWF pour pouvoir mesurer automatiquement la teneur en eau, parallèlement au potentiel matriciel. 3 Observation à long terme de l’acidification de l’eau du sol L’apport continu et de longue durée de dépôts atmosphériques acides peut modifier la chimie des sols et des eaux de percolation dans les écosystèmes forestiers et accélérer leur acidification naturelle. Dans les sols acides en particulier, les apports de substances acidifiantes augmentent la mobilité de l’aluminium (Al) dans le sol, toxique à haute concentration pour les espèces végétales sensibles. Ils entraînent également un lessivage accru des cations basiques (Ca, Mg, K). Ces éléments sont essentiels pour la nutrition des plantes. Un déficit en nutriments peut affecter la production de la biomasse, la santé des arbres ainsi que leur sensibilité aux maladies. Une nutrition déséquilibrée peut nuire à la formation des racines et à leurs fonctions. 3.1 Les dépôts atmosphériques de composés acides Les apports atmosphériques de composés acides sont définis comme la somme des dépôts atmosphériques totaux de soufre (S) et d’azote (N) moins les dépôts de cations basiques en équivalents (Mapping manual 2004). Une correction est réalisée pour soustraire les retombées atmosphériques d’origine marine (Mapping manual 2004). La valeur moyenne des apports atmosphériques acides, calculée pour la période de mesure 2000–2007, varie entre –0.02 et 1.99 kmolc ha–1 a–1 (Fig. a b Fig. 3. Echantillons d’eau du sol (a) et installation d’un lysimètre sous-tension avec bougie en céramique (b). Abb. 3. Bodenlösungsprobe (a) und Installation eines Unterdrucklysimeters mit Keramikkerze (b). 4a). Les apports les plus faibles sont mesurés dans une région alpine, à Celerina, alors que les plus élevés se trouvent à Novaggio au Tessin et à Schänis dans les Préalpes. Ces apports élevés sont caractéristiques des valeurs trouvées dans les contreforts de chaînes de montagne à proximité des régions industrialisées et fortement peuplées comme la plaine du Pô en Italie et le Plateau suisse. Nous n’avons pas observé de diminution significative (p < 0.001) des retombées de composés acides sur 6 des 7 placettes LWF considérées dans cet article depuis le début des mesures (entre 1997 et 2000). À Lausanne, nous observons par contre une diminution significative (p < 0.001) des dépôts acides de 0.5 kmolc ha–1 entre 1997 et 2007 (Fig. 4b). Il faut noter que les apports atmosphériques acides mesurés ces dix dernières années sur les placettes LWF sont inférieurs à ceux estimés à la fin des années 80 (p. ex. entre 3.4 et 5.7 kmolc ha–1 a–1 sur le Plateau dans KURZ et al. 1998), en raison notamment des réductions massives des émissions de soufre au cours des 20 à 25 dernières années. 3.2 Les charges critiques d’acidité Afin d’estimer le risque écologique dû aux effets nocifs de l’acidification, comme la présence d’aluminium dissous qui est toxique pour les plantes, la charge critique d’acidité peut être calculée pour chaque site en fonction de la capacité du sol à neutraliser les apports d’acides (WALDNER et al. 2007). Si les dépôts atmosphériques sont plus faibles que les charges critiques, il paraît improbable que l’acidité induise des effets nocifs pour les plantes. Or la Figure 4a nous montre que les apports atmosphériques de composés acides à Novaggio dépassent nettement la charge critique d’acidité, ce qui pourrait indiquer un risque d’endommagement de l’écosystème forestier causé par l’acidification. 3.3 Comment estimer l’acidification de l’eau du sol ? Pour suivre l’acidification de l’eau du sol au cours du temps, nous observons le rapport BC/Al, soit le rapport molaire entre les cations basiques et l’alumi- 24 Forum für Wissen 2009 a Dépôts atmosphériques de composés acides (moyenne 2000–2007) Dépôts acides et charges critiques kmolc ha–1 a–1 2.5 2 1.5 1 0.5 0 Bettlachstock Vordemwald Lausanne –0.5 Schänis dépôts b Beatenberg Novaggio Celerina 3.4 Eau dans les sols formés à partir de substrat acide charges critiques Dépôts atmosphériques annuels à Lausanne (1997–2007) Dépôts acides (kmolc ha–1 a–1 ) 2.0 1.5 1.0 0.5 0.0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Fig.4. a) Dépôts atmosphériques et charges critiques de composés acides sur les placettes LWF avec prélèvement de l’eau du sol (moyenne et écart-type entre 2000 et 2007). Les charges critiques ont été calculées par WALDNER et al. (2007) en appliquant l’approche «bilan par équilibre» SMB (steady-state mass balance). b) Dépôts atmosphériques annuels de composés acides à Lausanne entre 1997 et 2007 et régression linéaire. Abb. 4. a) Atmosphärische Säureeinträge (Mittelwert zwischen 2000 und 2007 und Standardabweichung) und Critical Loads für versauernde Einträge in den LWF-Flächen, wo die Bodenlösung beprobt wurde. Die Critical Loads wurden mit einer Massenbilanz (steadystate mass balance) in WALDNER et al. (2007) bestimmt. b) Jährliche atmosphärische Säureeinträge in Lausanne zwischen 1997 und 2007 und lineare Regression. nium dissous total dans l’eau du sol. Cet indicateur, employé dans le calcul des charges critiques d’acidité, permet d’évaluer l’acidification du sol et les risques écologiques associés à la toxicité de l’aluminium (SVERDRUP et WARFVINGE 1993). Un rapport supérieur à 1 ne devrait pas causer de dommages aux racines des arbres à long terme. La Table 2 présente les valeurs moyennes de BC/Al pour tous les horizons et toutes les placettes échantillonnées. Afin de mettre en évidence des tendances à long terme pendant la pé- de matériaux acides comme à Celerina, Novaggio, Copera, Beatenberg, – ceux qui se sont développés à partir de substrats contenant du calcaire comme à Bettlachstock, Schänis, Vordemwald, Lausanne. L’épaisseur du sol qui a été décarbonatée au cours de son histoire diffère d’un site à l’autre. La limite supérieure de calcaire se situe entre 5 cm de profondeur à Bettlachstock et plus de 450 cm de profondeur à Vordemwald (Table 2). riode d’observation, nous avons calculé une moyenne mobile avec une fenêtre de deux ans pour chaque paramètre analysé entre 1999/2000 et 2007. Ceci nous permet de soustraire les effets potentiellement causés par l’installation des lysimètres (minéralisation accrue lorsque le sol est remué et aéré). L’eau du sol est prélevée dans différents écosystèmes forestiers où le climat, la végétation et le type de sol diffèrent (Table 1). On peut classer les sols échantillonnés en deux catégories: – ceux qui se sont développés à partir Les sols acides développés à partir de substrat acide et recevant des apports atmosphériques substantiels de composés acides depuis des décennies sont les plus susceptibles de subir une acidification accélérée conduisant à des concentrations élevées d’aluminium qui pourraient s’avérer toxiques pour les plantes. A Copera par exemple, nous avons observé une nette diminution des rapports BC/Al entre 1987 et 2004 (Fig. 5), indiquant une accélération de l’acidification (BLASER et al. 1999). Une analyse temporelle détaillée montre que les rapports BC/Al se stabilisent à partir de la fin des années 90, suggérant un ralentissement de l’acidification, probablement dû à l’amélioration de la qualité de l’air (GRAF PANNATIER et al. 2005). A Novaggio, les rapports BC/Al sont également restés stables en moyenne de 2001 à 2007, même s’ils montrent des variations pluriannuelles de forte amplitude (Fig. 5). La forte diminution de BC/Al observée pendant les deux premières années d’observation pourrait avoir être causée par l’installation des lysimètres. Ce phénomène a été observé dans plusieurs placettes (Copera, Vordemwald, Beatenberg). A Celerina, une accélération de l’acidification du sol due à la pollution de l’air paraît improbable, car cette placette est située dans une vallée alpine où les dépôts acides sont minimes (Fig. 4). L’acidification du sol y est beaucoup moins avancée qu’à Novaggio et Copera, comme en témoignent les rapports BC/Al élevés à 60 et 80 cm de profondeur (Table 2). Les rapports sont également restés stables en moyenne pen- Forum für Wissen 2009 25 Table 1. Description des placettes LWF avec observation à long terme de la chimie de l’eau du sol. Tab. 1. Beschreibung der LWF-Flächen, wo die Chemie der Bodenlösung langfristig beobachtet wird. Altitude (m) Type de sol 1 Roche-mère > 120 Sol brun calcaire Calcaire (Hauptrogenstein) > 240 Sol brun, pseudogley Moraine carbonatée 300 > 120 Stagnogley Moraine carbonatée >450 Grès > 160 Podzol humique (pseudogley) Sol brun, pseudogley Pinus cembra > 120 Podzol ferrugineux Moraine non- carbonatée – Quercus cerris Castanea sativa > 150 Sol brun Moraine non- carbonatée – > 130 Podzol Gneiss – Région Site Jura Bettlachstock 1200 Fagus sylvatica Plateau Lausanne 800 Vordemwald 480 Fagus sylvatica Abies alba 1500 Picea abies 55 Schänis 700 Fagus sylvatica Alpes Celerina 1850 Tessin Novaggio 950 Copera 650 Préalpes Beatenberg 1 2 Essence principale Zone des racines (cm) Limite supérieure de calcaire (cm) 2 5 – Poudingue carbonaté (Kalknagelfluh) 100 selon les caractéristiques morphologiques indique la profondeur du profil à laquelle des carbonates ont été déterminés dans la terre fine. "–" indique que la roche-mère ne contient pas de carbonates (données de WALTHERT et al. 2003) Table 2. Caractéristiques chimiques de l’eau du sol (moyenne 2000–2007). DOC: carbone organique dissous. BC : cations basiques (Ca2+ + Mg2+ + K+). Tab. 2. Chemische Eigenschaften der Bodenlösung (Mittelwert 2000–2007). DOC: gelöster organischer Kohlenstoff. BC: basische Kationen (Ca2+ + Mg2+ + K+). Site Horizon Profondeur (cm) pH DOC (mg/L) BC (μmol/L) Al (μmol/L) BC/Al Bettlachstock L A B IIBC 0 15 50 80 6.3 8.2 8.3 8.3 28.3 12.3 5.4 4.6 420 1525 1573 1591 p.q.1 p.q. p.q. p.q. > 100 > 100 > 100 > 100 Lausanne L A(Sw)3 B(Sd)1 B(Sd)1 0 15 50 80 4.7 4.5 5.0 5.6 39.7 4.8 1.5 1.0 275 124 105 110 4.9 41.3 19.0 7.1 59.9 3.2 5.6 19.3 Vordemwald L+F+Ah ESw Sw Sd1 0 15 50 80 4.3 4.7 4.7 5.4 41.5 5.6 1.2 1.0 69 24 48 84 25.7 21.0 17.7 4.0 4.1 1.1 2.7 23.1 Beatenberg L+F H + Ah1 E3 E3, Bs,h1 0 15 50 80 4.1 3.8 4.1 4.4 40.6 54.1 35.9 24.4 86 21 24 31 2.0 16.0 33.8 40.5 46.1 1.3 0.7 0.8 Schänis L AB B(Sd) B(Sd) 0 15 50 80 7.0 7.6 7.8 8.0 17.2 5.2 1.3 1.1 330 411 475 645 p.q. p.q. p.q. p.q. > 100 > 100 > 100 > 100 Celerina L (E)1 B BC 0 15 50 80 5.0 5.2 6.5 6.5 55.7 24.0 4.7 3.4 223 72 44 57 13.3 22.8 3.1 1.4 21.7 3.3 15.2 42.4 Novaggio L+F Ah3+A AB B 0 15 50 80 4.7 4.6 4.9 5.0 42.3 8.3 3.0 2.1 209 48 26 32 8.4 31.1 14.1 11.1 29.7 1.5 1.8 3.0 Copera (2000-2004) L (AE) (Bh)Bs B(s)C 0 30 57 110 5.2 4.7 4.8 5.0 19.6 2.5 1.0 1.0 191 42 67 55 7.6 41.4 34.6 32.1 28.7 1.1 2.0 1.9 1 p.q.= pas quantifiable, inférieur à deux fois la limite de détection (2 × 0.56 μmol/L) 26 Forum für Wissen 2009 Copera 10 10 BC/Al 6 6 4 4 2 2 0 Dez 99 0 Dez 00 Dez 01 87 88 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 30 cm 8 80 8 6 60 4 40 2 20 0 0 Dez 07 Beatenberg 6 4 2 0 Jan 99 Jan 00 Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez 00 01 02 03 04 05 06 07 15 cm 80 cm Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez 00 01 02 03 04 05 06 07 15 cm 80 cm Lausanne 8 80 8 80 6 60 6 60 4 40 4 40 2 20 2 20 0 0 Jan Jan Jan Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez 98 99 00 00 01 02 03 04 05 06 07 15 cm 80 cm BC/Al 15 cm 10 Vordemwald BC/Al 80 cm BC/Al 15 cm Dez 06 100 10 BC/Al 15 cm Jan 00 BC/Al 10 BC/Al 80 cm 100 Jan 99 Dez 05 110 cm Celerina 10 Dez Dez Dez 02 03 04 15 cm 80 cm 0 Jan 99 Jan 00 100 BC/Al 80 cm BC/Al Novaggio 8 8 0 Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez 00 01 02 03 04 05 06 07 15 cm 80 cm Fig. 5. Rapport molaire des cations basiques BC (BC = Ca + Mg + K) sur l’aluminium dissous total (BC/Al) entre 2000 et 2007 sur les placettes à sol acide. Moyenne mobile avec fenêtre de deux ans. Abb. 5. Molares BC/Al-Verhältnis zwischen basischen Kationen (Ca, Mg, K) und gelöstem Aluminium (Al) zwischen 2000 und 2007 in LWF-Flächen mit sauren Böden. Gleitender Durchschnitt mit 2jährigem Fenster. dant la période d’observation (2000– 2007), même si des variations interannuelles sont visibles (Fig. 5). A Beatenberg, le sol est très acide. Les valeurs de BC/Al à 15, 50 et 80 cm de profondeur sont très faibles (< 4, Table 2 et Fig. 5) et ont tendance à diminuer au cours du temps, notamment à 15 cm de profondeur (interface entre horizons H et Ah), suggérant une acidification plus rapide. 3.5 Eau dans les sols formés à partir de matériaux calcaires Examinons maintenant l’eau des sols formés à partir de matériaux calcaires. A Bettlachstock et à Schänis, les rapports BC/Al sont supérieurs à 100 aux quatre profondeurs analysées, compte tenu du pH élevé (pH > 6.5) et des très faibles concentrations d’Al dissous (Table 2). Ils ne présentent aucun risque de phytotoxicité de l’Al et possèdent une large capacité à neutraliser les dépôts acides. Les valeurs du pH et les concentrations en cations basiques sont restées stables pendant toute la période d’observation (2000–2007). Les sols à Vordemwald et à Lausanne ont été décarbonatés sur une grande profondeur (300 cm à Lausanne et plus de 450 cm à Vordemwald). Les rapports BC/Al sont faibles (< 4) à 15 cm mais augmentent en profondeur (Table 2), parallèlement au taux de saturation en cations basiques échangeables du complexe absorbant (WALTHERT et al. 2003). Les rapports BC/Al à 80 cm de profondeur sont supérieurs à 20, même à Vordemwald où le sol est acide dans tout le profil (pHCaCl2 < 4.3 dans WALet al. 2003). Bien que les apports atmosphériques acides aient diminué à Lausanne pendant la période d’observation entre 2000 et 2007 (Fig. 4), nous n’avons pas observé de réactions dans l’eau du sol. Les rapports BC/Al dans l’eau du sol sont restés stables, suggérant une lente acidification (Fig. 5). A Vordemwald, on observe par contre une tendance à la baisse de BC/Al dans les horizons minéraux (15, 50 et 80 cm) entre 2001 et 2007, suggérant une acidification plus rapide qu’à Lausanne. Le taux de décroissance de BC/Al dans le sol minéral (entre –3 % et –5 % BC/Al par année) est comparable à celui mesuré à Copera (BLASER et al. 1999; GRAF PANNATIER et al. 2005). THERT Forum für Wissen 2009 3.6 Les risques écologiques Nous avons vu que les rapports BC/Al à Vordemwald, Beatenberg, Novaggio et Copera étaient proches de 1, voire inférieurs, indiquant donc un risque dû à la toxicité de l’aluminium (Table 2). Les rapports BC/Al sont généralement calculés en utilisant les concentrations d’Al total dissous dans l’eau du sol. Or, il s’agit surtout du ion Al3+ et de l’ion hydroxylé AlOH2+ qui sont toxiques pour les racines (LØKKE et al. 1996). Les concentrations des différents complexes d’Al ont par conséquent été estimées à l’aide d’un programme de spéciation (WHAM 6.0, 2001) et publiées dans GRAF PANNATIER et al. (2006). Lorsqu’on considère uniquement la forme la plus toxique de l’aluminium (Al3+ et AlOH2+), les rapports deviennent plus grands que 1, suggérant un risque limité lié à la toxicité de l’Al pour les racines. A Beatenberg, l’Al se trouve principalement complexé à la matière organique dissoute et ne devrait pas constituer de risque pour la végétation. De plus, les racines des épicéas se situent essentiellement dans la couche organique (horizons F et H), riche en cations basiques et caractérisée par des rapports BC/Al élevés. A Vordemwald et Novaggio, les rapports BC/(Al3+ + AlOH2+) atteignent des valeurs supérieures à 3. De ce fait, ils constituent aujourd’hui un risque limité pour les racines. En outre, les rapports augmentent en profondeur. A 80 cm, toujours dans l’espace racinaire, les rapports BC/(Al3+ + AlOH2+) sont supérieurs à 10, indiquant que les risques écologiques sont minimes. A Copera par contre, les formes toxiques de l’Al constituent plus de 80 % de l’Al dissous total dans les horizons minéraux. Les rapports BC/(Al3+ + AlOH2+) sont faibles et varient de 1.6 à 2.9, suggérant que le risque d’impacts négatifs dus à l’Al sur les racines est élevé. 3.7 Conclusions sur l’acidification de l’eau du sol Les apports atmosphériques de composés acides mesurés ces dix dernières années sur les placettes LWF sont bien inférieurs à ceux estimés à la fin des années 80. Nous n’avons pas observé de tendance significative à la baisse ou 27 à la hausse des dépôts, à part à Lausanne où ils ont diminué. L’analyse de la composition chimique de l’eau du sol nous montre que l’acidification se produit de manière très lente sur cinq des sept placettes observées depuis 1998. La diminution du rapport BC/Al sur certaines placettes pendant les deux premières années de mesures provient probablement de l’installation des lysimètres. Nous avons identifié une rapide acidification de l’eau du sol à Copera (Tessin) dans les années 90, mais il semble qu’elle se soit stabilisée depuis la fin des années 90. Nous avons également décelé une diminution des rapports BC/Al à Vordemwald (Plateau) et à Beatenberg (Préalpes) depuis le début des mesures en 1999, ce qui pourrait témoigner d’une rapide acidification. La modélisation de l’acidification du sol sur les placettes LWF nous permettra de quantifier la contribution de la pollution atmosphérique à l’acidification par rapport aux autres apports d’acides dans le sol (acides organiques p. ex.). 4 Observation à long terme de la disponibilité en eau dans le sol pour la végétation Les mesures du potentiel matriciel à l’aide de tensiomètres nous permettent d’évaluer si l’eau retenue dans le sol est facilement disponible pour les racines et de caractériser le régime hydrique. Elles montrent typiquement les phases de saturation en eau en hiver et au printemps et les phases sèches en été. 4.1 Le potentiel matriciel pendant l’été 2003 L’été 2003, exceptionnellement sec et chaud, nous a permis de déterminer comment les sols réagissaient à de telles conditions météorologiques et si l’eau était toujours disponible pour les racines. Sur les placettes du Plateau suisse (Lausanne, Vordemwald, Othmarsingen, Jussy), à Schänis dans les Préalpes, à Bettlachstock dans le Jura et à Novaggio au Tessin, la plupart des tensiomètres se vidèrent pendant l’été, indiquant que l’eau n’était plus facile- ment disponible pour les plantes (<– 900 hPa). A Viège également, la teneur en eau se stabilisa à des valeurs minimales en été 2003, suggérant que les racines ne pouvaient plus extraire l’eau du sol. Dans les Alpes (Celerina, Parc national), le potentiel matriciel fut toujours mesurable en été 2003 mais atteignit pour la première fois des valeurs minimales de –800 hPa. A Beatenberg, le sol est resté humide et les valeurs du potentiel matriciel furent comparables à celles des autres étés. La Figure 6 illustre quatre exemples (Vordemwald, Novaggio, Celerina, Beatenberg) de réactions typiques du potentiel matriciel aux conditions extrêmes de l’été 2003. 4.2 Effets de la sécheresse 2003 sur la croissance des arbres Les effets de la sécheresse sur la croissance des arbres ont été examinés sur 15 placettes LWF. Un indice de sécheresse, appelé déficit hydrique, a été calculé à l’aide d’un modèle (WATBAL, STARR 1999). Ce déficit est défini comme le rapport entre l’évapotranspiration actuelle et potentielle (AET/ PET) cumulée entre mai et août. La croissance en circonférence des troncs de 12 cm de diamètre au moins a été mesurée en octobre 2002 et 2003 à l’aide de dendromètres installés à hauteur de poitrine. Dix arbres de chaque espèce représentant plus de 10 % de la surface terrière ont été sélectionnés. L’accroissement en surface terrière de chaque arbre en 2003 a été comparé à celui de 2002. La croissance et le déficit hydrique en 2003 ont ensuite été comparés à ceux de 2002, année également chaude mais humide. La Figure 7 illustre les résultats. La croissance des arbres en 2003 s’est fortement réduite sur les placettes à basse altitude où le déficit hydrique était important, alors que dans les régions montagneuses, la croissance ne s’est que légèrement réduite ou est restée similaire à celle de 2002 (GRAF PANNATIER et al. 2007). A trois sites au-dessus de 1200 m d’altitude (Beatenberg, Celerina, Chironico), la croissance des arbres a même augmenté, probablement à cause des températures plus élevées et des réserves hydriques suffisantes. Les différences de croissance entre ces 28 Forum für Wissen 2009 Novaggio Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Jan 00 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Vordemwald Jan Jan Jan Jan Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez 97 98 99 00 00 01 02 03 04 05 06 07 08 200 200 0 –200 –200 –400 –400 –600 –600 –800 –800 –1000 –1000 15 cm 15 cm 80 cm Beatenberg Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Dez Jan 00 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Dez Jan 00 00 200 200 –200 0 0 –200 –400 –400 –600 –600 –800 –800 –1000 –1000 15 cm 80 cm Celerina Dez Dez Dez Dez 01 02 03 04 15 cm 80 cm Dez Dez Dez Dez 05 06 07 08 80 cm Fig. 6. Potentiel matriciel à Vordemwald, Novaggio, Beatenberg et Celerina. Zone grise: en-dehors de la gamme de mesure des tensiomètres. Les valeurs diminuent fortement pendant l’été 2003, à l’exception de Beatenberg. Abb. 6. Matrixpotential in Vordemwald, Novaggio, Beatenberg und Celerina. Graue Zone: ausserhalb vom Messbereich. Die Werte nehmen während dem Sommer 2003 (ausser in Beatenberg) stark ab. Croissance en 2003 en % de 2002 140 Chir 120 Bea Cel 100 Nov 80 Neu 60 Vor Iso Alp Lau Sch Jus Bet Vis Oth 40 R2 = 0.63 20 Len 0 20 40 deux années s’expliquent donc clairement par des fluctuations de réserves hydriques. Une estimation de l’activité photosynthétique en 2003 dérivée d’images satellite à travers les Alpes a également dévoilé une augmentation de croissance des arbres à haute altitude et une réduction à basse altitude (JOLLY et al. 2005). 60 80 100 4.3 Conclusions sur la disponibilité en eau dans le sol en 2003 AET/PET mai-août 2003 en % de AET/PET mai-août 2002 Fig. 7. Relation entre le déficit hydrique (AET/PET) entre mai et août et la croissance des arbres sur 15 placettes LWF. Les valeurs de 2003 ont été exprimées en pourcentage de celles de 2002. Abb. 7. Zusammenhang zwischen dem Wasserdefizit (AET/PET) zwischen Mai und August und dem Baumzuwachs in 15 LWF-Flächen. Die Werte 2003 sind in Prozenten von den Werten 2003 dargestellt. L’été chaud et sec de l’année 2003 a conduit à un épuisement des ressources d’eau facilement disponible (potentiel matriciel < –900 hPa) pour les plantes dans les placettes situées endessous de 1200 m d’altitude. La sécheresse s’est fait sentir jusque dans les vallées alpines comme au Parc National et à Celerina en Engadine mais l’eau du sol était encore facilement disponible pour les plantes (potentiel matriciel > –900 hPa). La croissance des troncs en 2003 s’est réduite à basse alti- Forum für Wissen 2009 tude par rapport à celle mesurée en 2002. En région montagneuse, la croissance fut légèrement réduite en 2003 ou fut similaire à celle de 2002. Les variations de croissance s’expliquent par les variations de réserve hydrique dans le sol. 5 Zusammenfassung Das Wasser der Waldböden: Ein System, das empfindlich auf Umweltveränderungen reagiert Im Rahmen der Langfristigen Waldökosystem-Forschung (LWF) wird die Bodenlösung und die atmosphärische Deposition auf 7 Waldflächen seit 1998 oder später in 14-Tage Intervallen gesammelt und chemisch analysiert. Die Ergebnisse deuten darauf hin, dass die Versauerung an fünf Standorten in den letzten 10 Jahren sehr langsam verlief. Eine beschleunigte Versauerung könnte an zwei Standorten stattgefunden haben. Neben der Wasserqualität ist auch die Verfügbarkeit des Bodenwassers für die Vitalität Pflanzen wichtig: Deshalb messen wir auf 10 LWF-Flächen seit 1997 oder später auch die Saugspannung in 14-täglichem Rythmus. Die Auswirkungen des Hitzesommers 2003 auf die Bodenwasserverfügbarkeit und das Baumwachstum auf 15 LWF-Flächen wird im Beitrag behandelt. In den Tieflagen lag das Stammwachstum im Jahr 2003 signifikant unter dem des Vorjahres, während es in den Hochlagen im Vergleich zum Jahr 2002 nur wenig oder gar nicht abnahm. Remerciements Le projet LWF bénéficie d’un large soutien financier, logistique et scientifique de nombreux partenaires que nous ne pourrions nommer dans cet article. Nous tenons cependant à exprimer notre gratitude aux collaborateurs sur le terrain et au laboratoire, ainsi qu’à toutes et à tous ceux qui participent au projet dans les services forestiers, les communes, les cantons, à l’Office fédéral de l’Environnement et au WSL. 29 6 Références BLASER, P.; ZYSSET, M.; ZIMMERMANN, S.; LUSTER, J., 1999: Soil Acidification in Southern Switzerland between 1987 and 1997: A Case Study Based on the Critical Load Concept. Environ. Sci. Technol. 33: 2383–2389. GRAF PANNATIER, E.; WALTHERT, L.; BLASER, P., 2004: Solution chemistry in acid forest soils: Are the BC: Al ratios as critical as expected in Switzerland? J. 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WHAM 6, 2001: Windermere Humic Aqueous Model, Equilibrium chemical speciation for natural waters, Version 6.0. @Natural Environment Research Council. 30 Abstract The water in forest soils: a system sensitive to changes in the environment In the framework of Long-term Forest Ecosystem Research LWF, the chemistry of atmospheric deposition and soil solution have been analysed in two week intervals since 1998 or later in seven plots in Switzerland to assess the soil response to acid atmospheric deposition. The results suggest that acidification has proceeded very slowly at five sites during these last 10 years. A faster acidification might have occurred at two sites. In addition to quality, soil water availability is also important for plant vitality. We have measured in two week intervals the soil matric potential since 1997 or later at 10 LWF plots to assess whether the soil water is easily available to plants. We examined the effects of the heat wave of the summer 2003 on soil water availability and tree growth at 15 LWF plots. Stem growth in sites located at low altitude was significantly reduced in 2003 as compared to the previous year, while in mountainous areas, growth was only slightly reduced or comparable to growth in 2002. Keywords: soil solution, acidification, drought, matric potential, LWF Forum für Wissen 2009