« Oradour » Jean Tardieu (1944). Présentation Oradour est un
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« Oradour » Jean Tardieu (1944). Présentation Oradour est un
« Oradour » Jean Tardieu (1944). Présentation Oradour est un poème écrit par Jean Tardieu en septembre 1944. Jean Tardieu (1903-1995)est un poète français qui fait partie des écrivains engagés contre l’Occupation allemande. Oradour est un poème d'abord publié en 1944 dans Les Lettres françaises (Ce sont des publications clandestines d’écrivains résistants durant la Seconde Guerre mondiale), puis dans le recueil de poèmes Jours pétrifiés en 1947. « Oradour » est un long poème composé de 7 strophes de longueur inégale. Le poète utilise un mètre de 7 syllabes (l’heptasyllabe). Le poème porte le nom de la ville d’Oradour-sur-Glane, commune de la HauteVienne, victime d’un épisode particulièrement sanglant durant l’Occupation allemande en France. Le 10 juin 1944, l’armée nazie, par mesure de représailles, y massacra 643 personnes dont 500 femmes et enfants. Ces derniers périrent enfermés dans l’église à laquelle l’armée allemande avait mis le feu. Les hommes quant à eux furent fusillés. Le nom d’Oradour est ainsi devenu le symbole de la barbarie nazie. L’absence L’anaphore (répétition en début de vers) structure tout le poème. Elle permet de marquer les esprits sur le vide, le néant laissé par les nazis. Le poète déplore l’absence de : Vie familiale : « plus de femmes, plus un homme, plus d’enfants, plus d’amour » Joie : « plus de rires, plus de vin, plus de chansons » Sécurité d’un foyer : « plus de pierres, plus d’église, plus de toits, plus de greniers.» L’anaphore, les énumérations créent un rythme de litanie (longue plainte monotone) et contribuent à évoquer un désastre d’une ampleur sans pareille mesure, un village rayé de la carte. Les éléments des vers 38 à 40: « plus de fumée », « plus de filles », « plus de soirs ni matins », « plus de pleurs » (strophe 6) traduisent avec plus d’intensité la destruction complète du village qui a perdu sa forme, ses contours géographiques. Il y a abolition du temps, un vide sonore, c’est l’anéantissement de toute émotion. La douleur du poète Face à un tel désastre, le poète crie sa souffrance, son désespoir devant ces morts violentes : « Oradour je crie et hurle /Chaque fois qu’un cœur éclate/Sous les coups des assassins. » L’allitération en [k] ( répétition d’un son consonantique) traduit et met en valeur la violence développée dans le poème grâce au champ lexical : « sang, cri, blessures, ruines ». Il est obsédé par la vision des yeux épouvantés d’un enfant : « Deux yeux larges deux yeux rouges/ Deux yeux graves deux yeux grands »V. 21-22 1 2 1 2 (rythme binaire) Le poète montre que le désastre atteint l’indicible : « Oradour je n’ose plus /Lire ou prononcer ton nom » v.11-12 Le nom même de la ville est devenu terrifiant. La ville personnifiée devient symbole de honte et de haine : « Oradour honte éternelle » v. 29 « Haine et honte pour toujours » V. 32 (métaphores). Le poème engagé Le poète a écrit ce poème engagé pour : appeller à la résistance, à la vengeance. rendre hommage à toute une ville. que l’histoire d’Oradour gravée dans les cœurs et les esprits ne se reproduise plus jamais, lutter contre l’oubli. La litanie-plainte se fait alors litanie-prière du souvenir (devoir de mémoire).