Rebonds - Les comités locaux

Transcription

Rebonds - Les comités locaux
J E U D I
2 2
A V R I L
2 0 0 4 • P R E M I E R E
E D I T I O N
N °
7 1 3 7
• W W W . L I B E R A T I O N . F R
PA S C A L B A S T I E N
«Petit Bost», l’être d’amour de Simone de Beauvoir, cahier central
Sarkozy
teste la
Défense
de Chirac
Ces toxiques
dans le sang
Symboliquement, le WWF
a fait passer des tests à
39 eurodéputés. Résultat:
76 substances chimiques
trouvées dans leur sang. Page4
MONDE
Attentats meurtriers
dans le sud de l’Irak P. 6
TERRE
Inde : l’excès de Coca
nuit à l’agriculture P. 10
SOCIÉTÉ
Interrogations autour
de l’imam expulsé P. 14
En demandant
à Alliot-Marie
de mettre
1 milliard
«en réserve»,
le ministre
des Finances
s’attaque
au pré carré
présidentiel.
Page 2
:HIKKLD=ZUVWUW:?k@o@c@c@a
WILLEM
C U LT U R E
Pour Cannes 2004,
les nominés sont… P. 29
Rebonds
Sécurité, la
poudre aux yeux
PAR DANIEL VAILLANT
es policiers commencent à ruer
dans les brancards, les délinquants
retrouvent assurance et arrogance,
les 20 000 détenus supplémentaires depuis l’arrivée [de Nicolas Sarkozy] vont
sortir des prisons et recommencer, les
liens de confiance instaurés peu à peu
entre la police et la population se distendent. Cela traduit l’orientation des gouvernements Raffarin successifs qui n’ont
jamais voulu s’attaquer aux causes de la
délinquance (…).»
Lire page 32
«
L
IMPRIMÉ EN FRANCE /PRINTED IN FRANCE Antilles, Réunion, Guyane 1,70 ¤, Allemagne 1,80 ¤, Autriche 2,30 ¤, Belgique 1,20 ¤, Cameroun 1200 CFA, Canada $ 3,25, Côte-d’Ivoire 1200 CFA, Danemark 17 Kr, Espagne 1,70 ¤, Finlande 2,30 ¤, Gabon 1200 CFA,
Grande-Bretagne 1,20 £, Grèce 1,70 ¤, Irlande 2 ¤, Israël 10 NIS, Italie 1,70 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 12 Dh, Norvège 22 Kr, Pays-Bas 1,80 ¤, Portugal continental 1,70 ¤, Sénégal 1200 CFA, Suède 22 Kr, Suisse 2,5 F, Tunisie 1,6 DT.
2 événement BUDGET
voté par le Parlement pour l’année 2004
prévoit une dépense totale de
283,7 milliards d’euros. Les premiers
postes de dépenses sont l’Education
nationale (70,8 milliards), la Défense
(41,56 milliards), le Travail et la Solidarité
(31,6 milliards) et l’Intérieur (20,8 milliards).
Le déficit de l’Etat
1999
- 35,3
2000
2001
2002
En milliards d’euros.
2003
2004*
- 34,8 - 34,4
*Prévision selon la loi
de finances initiale 2004.
- 57,5
- 61,8
- 55,5
Source: Insee.
Le budget de l’Etat
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
4,1%
C’est le montant du
déficit public de la
France (Etat, Sécurité
sociale, collectivités
locales) en 2003. La
France s’est engagée auprès de l’Union
européenne à le ramener à 3,6% du PIB
en 2004 et à 2,9% en 2005.
du PIB
LES CISEAUX DE SARKOZY
AU PAYS DU KAKI
’est la première dispute qui surgit au sein du
gouvernement Raffarin 3, en place depuis
trois semaines. Elle
oppose deux poids
lourds du gouvernement, Michèle Alliot-Marie, ministre
de la Défense, et Nicolas Sarkozy, ministre d’Etat chargé
des Finances. Enjeu: 1 milliard d’euros que Bercy demande à la Défense de mettre
«en réserve» en 2004. Soit la
plus grosse partie de l’effort de
7 milliards d’euros de la «réserve de précaution» que Bercy demande à l’ensemble des
ministères dépensiers (Libérationd’hier).
Contre-attaque. L’alerte sonne
dès jeudi soir lorsque la presse
fait état d’une lettre de Nicolas
C
Sarkozy et Dominique Bussereau (secrétaire d’Etat au Budget) annonçant la régulation
budgétaire à ses collègues. La
sanctuarisation de la Défense
n’y apparaît pas. En fait, une
lettre particulière a été envoyée à Michèle Alliot-Marie,
en déplacement de longue durée dans le Golfe. Elle ne parvient à son cabinet qu’en début
de soirée. Dès hier matin, la
contre-attaque s’organise.
L’entourage de la ministre de
la Défense fait savoir dans les
rédactions que la missive «dit,
de façon très claire, que “le dispositif de régulation budgétaire ne concerne pas la défense
nationale”. Il n’y a donc pas de
mesure de gel pour le ministère
de la Défense».Mais il omet de
préciser la suite (lire ci-
D’où la somme de 1 milliard
de mise en réserve pour faire
face aux «aléas». Mais chez
Michèle Alliot-Marie, on
considère que les opex ne
sont justement pas des
«aléas» et qu’il lui faut au
contraire une rallonge budgétaire. En décembre, elle
avait obtenu, au
«Ce n’est pas un quarteron de galonnés bout d’une bataille
de quinze jours, de
qui va le faire reculer.»
Un proche de Sarkozy ne prendre en
charge qu’un tiers
prenne enfin en charge le des opex 2003 sur son budcoût de ses «opérations exté- get. Encore avait-elle un peu
rieures» (opex), en Afghanis- triché et reporté 150 millions
tan, en Côte-d’Ivoire ou au sur l’année 2004. «On avait
Kosovo. Elles sont évaluées perdu», reconnaît un proche
par les militaires à seulement de Francis Mer. Aujourd’hui
531 millions d’euros. Mais les MAM ne veut toujours pas
Finances les estiment à au «rentrer dans une logique qui
moins 800 millions d’euros. prévoit le financement des
contre): il faudra bien que les
militaires se serrent aussi la
ceinture! Et Bercy de demander une somme qui représente le quart de l’effort de l’ensemble du gouvernement sur
les crédits de 2004.
En fait, Nicolas Sarkozy tente
d’obtenir que la Défense
Les incompressibles de l’armée
Hors rémunérations, manœuvres et équipement, où trouver 1 milliard?
éduire le budget de la Défense
d’un milliard d’euros, cela ne devrait pas être la mer à boire. En
théorie. Si l’on s’en tient aux
chiffres bruts, il ne s’agirait en effet que d’une simple baisse de 2,4% des
crédits militaires. Mais, dès que l’on pénètre un peu dans la mécanique budgétaire, les choses se compliquent. Les marges de manœuvre apparaissent très
étroites, sauf si le président de la République –qui reste l’autorité suprême en la
matière– voulait assumer de vrais choix
politiques. Forcément douloureux.
Schématiquement, le budget de la Défense (41,56 milliards en 2004) se divise en
trois grandes parties: les pensions, le
fonctionnement et les crédits d’équipement. Les pensions (9,16 milliards) sont
intouchables: ce sont les retraites que
perçoivent les 638000 anciens militaires,
fonctionnaires et ouvriers du ministère.
«Sanctuarisés». Les crédits de fonctionnement (17,5milliards) sont à 80% consacrés aux rémunérations et charges sociales des personnels civils et militaires.
«Nous n’allons quand même pas arrêter de
R
payer les soldes et les traitements», ironise-t-on au ministère. Restent les 20% qui
servent d’abord à financer l’entraînement
des forces: heures de vol, journées en mer,
manœuvres, tirs, etc. Ainsi, un pilote de
chasse vole en moyenne 180 heures par
an. Il s’agit d’un seuil minimal fixé par
l’Otan. A titre de comparaison, les pilotes
américains volent plus de 200 heures, les
Russes à peine une trentaine… «On pourra toujours économiser sur les gommes et
les crayons. Ou sur le chauffage des casernes»,fait remarquer un officier.
Dernier grand chapitre, les crédits d’équipement (14,90 milliards), c’est-à-dire les
achats d’armement. Personne à droite
– et guère plus à gauche – n’envisage d’y
toucher. Ces crédits ont été «sanctuarisés» par le président de la République, explique-t-on au ministère de la Défense. Ils
s’inscrivent dans la loi de programmation
militaire (2003-2008), votée par le Parlement en 2002. «Je veillerai à ce que ces engagements soient respectés»,réaffirmait
encore Jacques Chirac enjuillet dernier.
Un engagement qui semble ferme. Mardi, le délégué général pour l’armement
(DGA), François Lureau, se voulait à son
tour rassurant: «Les crédits d’équipement
ne seront pas affectés.»
Ces milliards sont pour l’essentiel destinés à passer des commandes à l’industrie
française, en particulier dans les secteurs
de pointe, comme l’aéronautique ou
l’électronique. Si globalement le secteur
se porte bien, des entreprises connaissent
déjà des difficultés, comme GIAT-Industries, le fabriquant du char Leclerc qui
supprime la moitié de ses emplois (3100),
ou Thales Air Defense, constructeur de
systèmes antiaériens, qui se prépare à réduire ses effectifs de 326 personnes.
Réponse politique. Sans choix drastiques,
difficile de faire des économies sérieuses.
Faut-il revoir à la baisse la force de frappe
nucléaire, comme le proposent une partie de la gauche et la plupart des militaires? Renoncer au second porte-avions
ou aux bases en Afrique? Ne plus s’engager dans toutes les opérations extérieures qui se présentent, comme récemment en Haïti? Des réponses très
politiques, qui dépassent largement
l’équation budgétaire.•
J.-D.M.
opex sur l’enveloppe actuelle»,
explique un de ses proches.
Et d’ajouter: «Il s’agit d’un
désaccord frontal.» Impossible, dit-on aussi, de trouver
1 milliard qualifié de «chiffre
politique», sauf à toucher à la
loi de programmation militaire, sanctuarisée par
Jacques Chirac.
«Proposition». Pour le moment, la lettre n’est qu’une
«proposition» faite à sa collègue. Celle-ci doit renvoyer
les siennes d’ici une dizaine de
jours. Ce n’est qu’ensuite que le
Premier ministre signera les
arrêtés gelant officiellement
les crédits. Un délai de négociation que MAM pourra utiliser pour se faire entendre auprès de Jacques Chirac, dont
elle se prévaut systématiquement de la protection. Selon
l’entourage du ministre des Finances, Nicolas Sarkozy aurait
pris la précaution d’obtenir
l’aval du président de la République, chef des armées. Et
Sarkozy semble prêt à la bataille: «Ce n’est pas un quarteron de galonnés qui va le faire
reculer», assure un de ses amis.
Pour le locataire de Bercy,
l’enjeu est de taille: le gel des
crédits qu’il demande est
considérable. 7 milliards
d’euros, c’est à peu près le
tiers des mesures nouvelles
du budget 2004, et la même
ampleur que la «réserve de
précaution» qu’avait constituée Alain Lambert en 2003,
année de croissance zéro,
contre +1,7 % cette année. Si
l’effort est si important, c’est
que le ministre doit maîtriser
les dépenses au maximum
pour compenser la dérive de
l’assurance maladie, dont le
déficit ne sera pas de 11 milliards, comme attendu, mais
de 12, selon Philippe DousteBlazy. Entre le social, priorité
nouvelle, et l’armée, priorité
ancienne, que choisir? •
JEAN-DOMINIQUE MERCHET
et HERVÉ NATHAN
S É B A S T I E N C A LV E T
La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, refuse de céder à Bercy,
qui réclame une réserve de 1 milliard d’euros sur les crédits militaires.
La lettre de Bercy
«[…] La sanctuarisation des
crédits militaires a […] un
corollaire naturel au regard
de l’engagement pour le
gouvernement de respecter
l’enveloppe globale de crédits
votés par le Parlement: celui
pour le ministère de la
Défense d’assumer la
responsabilité de financer
l’intégralité des dépenses
militaires dans la limite des
crédits ouverts en loi de
finances initiale. C’est dans
cet esprit qu’une réserve de
précaution de 1milliard
d’euros de crédits militaires
sera constituée.
Il vous appartient de répartir
cette enveloppe […]. Dans
l’attente de votre
proposition, le contrôleur
budgétaire procédera à une
répartition forfaitaire […].
3
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
7
le montant de gel de
Qu’on ne compte pas sur moi La Défense emploie 455177 personnes
milliards C’est
crédits demandé par
(civils et militaires). Le budget 2004 prévoit la
Sarkozy: 4 milliards pour mener une politique qui ne
d’euros Nicolas
création de 1900 gendarmes et auxiliaires,
sur les crédits votés pour
2004, et 3 milliards sur les 8,8 milliards
non consommés en 2003. Objectif:
respecter à la fin de l’année l’enveloppe
globale de 283,7 milliards.
conduirait le pays à rien d’autre
qu’au désastre financier.
Nicolas Sarkozy, le 6 avril, à l’Assemblée nationale
1000 engagés dans l’armée de terre,
45 emplois dans la DGSE et 179 médecins et
infirmiers. En outre, 80 millions sont consacrés
à l’«amélioration des carrières» des militaires.
PAR GÉRARD DUPUY
Coups de canif
A Bercy, le 13 avril.
Nicolas Sarkozy
a annoncé le gel
de 7 milliards
d’euros de crédits,
tous ministères
confondus.
Un pavé dans le sanctuaire chiraquien
En s’attaquant au domaine réservé du Président, Sarkozy le met face à ses contradictions.
icolas Sarkozy ne respecte vraiment rien. Et
surtout pas le «domaine réservé» du Président. En s’attaquant aux crédits de la Défense, couvés par Jacques Chirac qui les a placés
hors de portée des ciseaux de Bercy, le ministre des Finances pousse un peu plus loin encore les
limites de son territoire. Le boulimique numéro 2 du
gouvernement entend ainsi étrenner son statut officieux de vice-Premier ministre. Et lui qui, place Beauvau déjà, multipliait les «opex» politiques – ces fameuses «opérations extérieures»si chères à Michèle
Alliot-Marie –, jusqu’à empiéter allègrement sur les
plates-bandes de ses collègues ministres, au grand
dam de Dominique Perben et de bien d’autres, n’a pas
l’intention de réfréner son appétit. Au contraire,
puisque la tour de contrôle de Bercy lui fournit un
poste d’observation, et d’influence, susceptible d’accroître son empreinte sur le cours de l’ensemble de
l’action gouvernementale. Résultat, à peine installé
dans ses nouveaux meubles, voilà que Sarkozy, de «gel
N
de crédits»en «réserve de précaution», se hasarde jusqu’au cœur du sanctuaire chiraquien: le pays du kaki.
«C’est un testpour savoir s’il est un véritable ministre
d’Etat», veut croire l’un des proches de l’élu de Neuilly.
Mais c’est sans doute plus que cela. Certes, l’assaut
lancé par Sarkozy sur la rue Saint-Dominique est
d’abord symbolique, tant l’effort réclamé aux armées
demeure modeste par rapport aux faveurs budgétaires dont elles bénéficient. Mais le symbole est fort:
en visant MAM, Sarkozy cible bel et bien Chirac. Si la
vigueur de sa réaction montre que la ministre de la
Défense ne supporte pas d’être traitée de la sorte, elle n’est qu’une victime collatérale du duel en marche
au sommet de l’Etat.
Par-delà l’affirmation de son pouvoir, le ministre des
Finances adresse au chef de l’Etat un double message, d’efficacité et de crédibilité. Endossant, comme
toujours, le costume du bon élève, discipliné et ingénu, Sarkozy met le doigt sur l’angle mort du chiraquisme: la cohérence. Comment le Président pour-
rait-il à la fois lui assigner la mission de faire de substantielles économies pour revenir au plus vite sous
la barre des 3 % du PIB de déficit, l’inciter à poursuivre les baisses d’impôt et l’exhorter à desserrer les
cordons de la bourse pour apaiser certaines attentes
sociales (chercheurs, intermittents, allocation spécifique de solidarité), si certains domaines continuent d’être éhontément privilégiés? «Dans un
contexte si délicat, aucun secteur ne doit être tabou»,
résume un fidèle de Sarkozy. Outre une bouffée
d’oxygène pour se dégager d’un piège comptable qu’il
a lui-même euphémisé en «quadrature du cercle»,
Sarkozy espère sans doute, grâce au bas de laine des
militaires, échapper un instant au costume de «père
la Rigueur». Pour justifier cette petite provocation
supplémentaire à l’endroit de son supérieur, le ministre des Finances pourrait même prendre à témoin l’opinion: vouloir rogner sur les crédits militaires ne devrait pas nuire à sa popularité… •
RENAUD DÉLY
En acceptant le portefeuille
de l’Economie, Sarkozy
savait qu’il pouvait en tirer
profit pour sa carrière
future, en y acquérant une
envergure d’homme d’Etat
que ses inlassables visites de
commissariats ne lui ont pas
vraiment apportée. Il savait
aussi qu’on ne lui aurait pas
proposé le poste dans une
période plus riante pour
l’économie française et qu’il
devrait se charger du sale
travail – contenir les déficits
en taillant dans les crédits
des autres ministres. La
manière dont il interprétera
cette partition rabat-joie
décidera de son avenir. Il
aura besoin de toute son
agilité pour se faufiler entre
les deux écueils symétriques
du laxisme (son passage au
Budget n’a pas été sans
prêter le flanc à cette
critique) et de l’indifférence
technocratique (il n’a guère
la fibre sociale).
Le «gel» de 7 milliards de
crédits, tous ministères
confondus, reste cohérent
en amplitude avec ce
qu’avait déjà fait son
prédécesseur, sans pour
autant empêcher que le
déficit du budget de l’Etat
gonfle de manière
alarmante. Même avec de
telles économies, rien ne
prouve que les finances
publiques reviendront en
dessous des 3% de déficit
que la France s’est engagée à
respecter en 2005. La
signature Sarkozy sur ce
train de restrictions
budgétaires classiques
vient de ce qu’il n’en a pas
exempté la Défense
nationale, ce qui est une
façon d’aller taquiner
Chirac, ce qu’un Francis
Mer, par exemple, savait
s’interdire.
Au-delà de cette lèsemajesté, Sarkozy pose
d’ailleurs une bonne
question. Le programme
militaire omnivore voulu
par Chirac coûte cher sans
forcément produire les
moyens de défense les plus
souhaitables pour la
France. Hélas, l’occupant
de Bercy ne la posera pas.
L’heure est encore aux
coups de canif, pas au coup
d’Etat.
4 événement SANTÉ
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Le WWF a fait passer des analyses à 39 élus européens pour dénoncer
le refus des industriels de contrôler la toxicité de leurs produits.
Pesticides
organochlorés
Ce sont des produits
extrêmement toxiques
(dont le DDT est le plus
connu), ils peuvent être
fatals s’ils sont inhalés,
ingérés ou absorbés par
la peau. Interdits en
Europe et aux Etats-Unis
depuis les années 1970, ils
continuent d’être utilisés
dans de nombreux pays,
dans les zones touchées
par le paludisme.
LA CHIMIE RONGE
LE SANG DES DEPUTES
PCB
Echantillon de
sang «contaminé»
utilisé par le
WWF, lors de sa
conférence
de presse, hier
à Strasbourg.
Utilisés notamment
comme isolant
électrique, les
polychlorobiphényles ne
sont pas biodégradables
et s’accumulent dans
l’organisme. Lors
d’exposition aux
flammes, ils se
décomposent en créant
des composés très
toxiques. Dès 1985, ils ont
été interdits en Europe.
Ignifugeurs
Ces produits retardent
l’inflammation lors
d’incendies. Parmi eux, le
PBDE (diphényl-éther
polybromé), souvent
présent sur les meubles
ou les moquettes, a déjà
été retrouvé dans le lait
maternel. La Californie est
le premier Etat à avoir
décidé une interdiction
qui entrera en vigueur à
partir de 2008.
Phtalates
Elles se présentent sous
la forme d’un liquide
huileux et sont utilisées
pour assouplir les
plastiques et dans les
produits cosmétiques.
Elles peuvent provoquer,
entre autres, l’atrophie
testiculaire et la baisse
de fertilité. En 1999, l’UE
en a interdit l’emploi
dans les jouets pour
enfants.
PFO
On a trouvé la trace de
perfluorooctane
sulfonate dans de
nombreux organismes
vivants, comme les
dauphins de la
Méditerranée et les aigles
de la Baltique. L’Agence
américaine de protection
de l’environnement a
déclaré ces insecticides
cancérigènes pour les
animaux.
PA S C A L B A S T I E N
bromés
oi, je suis plutôt bien, sauf
pour
les
phtalates:
j’en ai le
double de la
norme», s’inquiète le premier.
«Et moi, je suis pleine de PCB»,
s’alarme la seconde. Il ne s’agit
pas d’un dialogue virtuel entre
employés de l’industrie chimique qui se découvriraient
soudain contaminés par les
produits toxiques mais du
constat dressé par deux parlementaires européens, hier, à
Strasbourg. En l’occurrence
les Français Harlem Désir
(PS) et Danielle Auroi (Verts).
Tous deux ont participé à une
étude de grande envergure sur
la contamination du corps humain par les substances chimiques, menée par le Fonds
mondial pour la nature
(WWF) dans le cadre de sa
campagne «DetoX». Les résultats de cette enquête, rendus
publics hier, sont édifiants.
WWF a prélevé un peu de sang
«M
à 47 volontaires de 17pays européens (39membres du Parlement européen, un ancien
député, 4 observateurs des
pays qui rejoindront l’Union le
1er mai et 3 membres de l’organisation écologiste). Les scientifiques ont ensuite analysé les
échantillons pour y quantifier
la présence de 101 produits
chimiques répartis en cinq familles: les pesticides organochlorés, les polychlorobiphényles, les retardateurs de
flammes au bromure, les phtalates et les composés perfluo-
rés. Au final, pas moins de 76
des 101 substances recherchées ont été identifiées dans
le sang des cobayes européens.
41 substances. Tous sont
contaminés par au moins un
produit de chaque grande famille. En moyenne, 41 sub-
stances ont été détectées par
individu, avec un «record» qui
s’établit à 54. Treize d’entre
elles ont été systématiquement identifiées dans les prélèvements sanguins, dont un
pesticide (le HCB) et un métabolite du DDT. «Le Deca-BDE,
Une cobaye verte et inquiète
Le test sanguin de Marie-Anne Isler-Béguin a révélé 51 substances toxiques.
n cocktail de molécules qui portent
un nom à coucher dehors. Marie-Anne Isler-Béguin, députée européenne verte, ne connaissait que de loin ces familles de produits chimiques. Jusqu’à ce
qu’elle découvre, mardi, lors d’une réunion à huis clos, la composition de son
propre sang. «Je ne sais pas si je détiens le
record, on ne me l’a pas dit, mais je suis dans
le peloton de tête des plus contaminés», explique-t-elle. Là où les volontaires affichent en moyenne 41 des 101substances
recherchées, le test pratiqué sur Marie
Anne Isler-Béguin en a repéré 51. Avec
des niveaux qui frisent, pour bon nombre
de substances, le double de ce qui a été
U
trouvé chez ses collègues, parfois même
huit fois plus. «C’est inquiétant. Je n’arrive pas à comprendre, s’interroge la députée. Je vis dans ce que je crois être un environnement sain, à la campagne, même si
c’est dans une région, la Lorraine, réputée
polluée par l’industrie. Les médecins qui
nous ont présenté l’étude penchent pour
une contamination alimentaire, ou par les
vêtements. Ils m’ont demandé si je mange
beaucoup de poisson, notamment d’élevage, pour expliquer mon taux de PCB. Ce
n’est pas le cas. Si je réchauffe mes plats avec
un film plastique au micro-ondes, pour mon
taux de phtalates, mais je n’ai pas eu de tel
four jusqu’à il y a quelques mois.»
Reste que personne ne peut dire si les niveaux chez les eurodéputés auront des incidences ou non sur leur santé. «Encore
faut-il chercher à le savoir, questionne
Marie Anne Isler-Béguin. C’est incroyable
que cela soit une ONG qui soit obligée de
faire ce type d’études pour qu’on puisse
avoir en quelque sorte des données de référence. C’est aux autorités, et notamment à
la Commission européenne, de lancer des
enquêtes.» En attendant, la députée entend demander aux présidents des régions Lorraine et Franche-Comté de
commanditer des études épidémiologiques sur leur population. •
DENIS DELBECQ
5
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
suspecté d’être un produit neurotoxine, est le retardateur de
flammes dont la concentration
est le plus élevée parmi tous
ceux testés (18,4 picogrammes/g de sérum). C’est à
notre connaissance la plus forte
concentration jamais détectée»,
indique le WWF. «Le plus alarmant est que ce niveau est environ dix fois plus élevé que les
plus fortes concentrations relevées chez des personnes exposées au Deca-BDE de par leur
travail.»Idem pour le TBBP-A,
un autre ignifugeur bromé,
tandis qu’un troisième produit
de cette famille, le HBCD, aurait été détecté pour la première fois dans du sang humain.
Cancers. Si l’étude montre que
le degré de contamination varie selon les pays, le WWF se
garde d’en tirer des conclusions. «Nous avons une bonne
idée de la contamination des
parlementaires européens,
mais nous ne pouvons pas dire
d’où viennent ces produits ni
quels sont leurs effets sur la
santé», explique Michaël Warhurst, un scientifique de l’organisation. «On manque d’informations
sur
ces
substances», poursuit Nik Van
Larebeke, cancérologue à
l’université de Gand et expert
indépendant : «On sait seulement que certains retardateurs
de flamme perturbent le système nerveux, le système endocrinien, notamment la thyroïde, et
que les produits perfluorés sont
suspectés d’induire les cancers
de la vessie et de la prostate.»
Son collègue britannique Malcolm Hooper, professeur de
chimie à l’université de Sunderland, pointe quant à lui la
hausse des allergies et des cas
de cancer du sein constatés ces
dernières années, ainsi que la
baisse de la fertilité masculine:
«Ces produits doivent absolument être examinés de plus
près, pour comprendre le lien
qu’ils entretiennent avec ces
maladies.» Le Parlement européen est l’objet de violents
affrontements sur le projet de
législation Reach, qui vise à
imposer aux industriels une
évaluation sur la santé et l’environnement des molécules
qu’ils mettent sur le marché.
Encore étonnée par la concentration de PCB trouvée dans
son sang, Danielle Auroi
cherche des explications dans
ses habitudes alimentaires:
«C’est sans doute parce que je
suis une grosse consommatrice
de produits laitiers et de poissons», dans lesquels les PCB
s’accumulent.Puis le propos se
fait plus politique: «Nous savons que certains représentants
de l’Etat, au plus haut niveau
puisqu’il s’agit du président
Chirac, sont montés au créneau
pour empêcher le Parlement européen d’interdire certains de
ces produits. Aujourd’hui, il va
falloir que la société civile s’empare de ce problème pour faire
réagir les exécutifs.» •
THOMAS CALINON
Jean-François Narbonne, toxicologue et expert de l’Afssa:
«Le problème, c’est que ces
produits sont indestructibles»
rofesseur de toxicologie à l’université Bordeaux-I, directeur d’un
laboratoire CNRS de toxicologie
environnementale, expert auprès
de l’Agence française de sécurité
sanitaire des aliments (Afssa), JeanFrançois Narbonne travaille sur le transfert des contaminants de l’environnement à l’homme via la chaîne alimentaire.
Que montrent ces analyses?
Ce sont de bons repères qui montrent à la
fois les améliorations liées à l’interdiction
de certains produits chimiques et les
contaminations par de nouveaux produits. Ce sont d’ailleurs des analyses de ce
type qui ont conduit à l’interdiction des
principaux polluants organiques persistants (POP). De telles analyses permettent aussi d’identifier les gens surexposés.
Pendant longtemps on a cru que seuls les
travailleurs de l’industrie étaient exposés
à la contamination; aujourd’hui, on sait
que tout consommateur l’est.
Comment se fait la contamination?
Soit par voie aérienne, pour les produits
qu’on utilise encore, surtout en milieu industriel. Soit par l’alimentation. C’est un
mécanisme qu’on a identifié dans les années 1960. On s’est aperçu que certaines
espèces animales disparaissaient, comme l’aigle américain ou le phoque. Des
espèces qui se trouvaient en bout de chaîne alimentaire. Responsables: les produits chimiques non biodégradables.
Vers 1850, les chimistes avaient en effet
imaginé de rajouter du chlore aux molécules chimiques pour les rendre non biodégradables. Ces produits «miraculeux»
ont eu d’énormes applications, dont le
P
DDT, utilisé comme insecticide contre le
paludisme, et les PCB. Mais ces produits
toxiques, parce qu’ils sont non dégradables, s’accumulent dans la graisse des
organismes. A chaque maillon de la chaîne alimentaire, le produit se concentre un
peu plus. En 2001, par la convention de
Stockholm, on a établi une liste prioritaire de 12 POP à interdire. Le DDT avait déjà été interdit dans les années 1970. Pour
limiter les dioxines, on a aussi adopté de
nouvelles normes plus sévères pour les
incinérateurs.
Quels sont les risques pour la santé
de cette contamination?
C’est tout le problème: on manque d’information et surtout d’études épidémiologiques sur l’impact des faibles doses de
ces produits sur la santé. On découvre
aussi aujourd’hui le polymorphisme génétique, c’est-à-dire ce qui fait que nous
ne métabolisons pas tous de la même façon ces produits chimiques, et que nous
sommes plus ou moins vulnérables aux
dommages qu’ils provoquent.
Ce qui est sûr, c’est que les doses journalières admissibles (DJA), sur lesquelles
on s’appuie pour autoriser ou interdire un
produit, cela n’a plus beaucoup de sens en
termes de santé publique: on découvre
tous les jours de nouveaux mécanismes
de toxicité qui obligent à réviser ces DJA.
Les produits recherchés par le WWF sont
des perturbateurs endocriniens qui peuvent favoriser des cancers de la thyroïde,
de la prostate, du sein ou des testicules.
Or, aujourd’hui, il y a un nombre croissant
de cancers non liés à l’âge qui touchent
des individus de plus en plus jeunes et
dont on n’a pas identifié les causes.
Peut-on mesurer, dans le sang, l’impact de l’interdiction des POP ou
d’autres produits chimiques?
Oui, les analyses ont montré une régression nette dans la charge corporelle des
POP, du DDT (90 % en moins), des PCB
(moins 4 à 5 %), des dioxines (moins 2 à
3 %). Le problème, c’est que même si on
cesse de diffuser ces produits, ils sont présents dans les sols contaminés, dans les
sédiments marins, car on les a utilisés par
millions de tonnes, et ils sont indestructibles. On estime ainsi qu’il y a
500000tonnes de PCB piégées dans les
sédiments marins dans l’hémisphère
Nord. Ces produits n’étant pas biodégradables, les doses dans l’organisme humain augmentent avec l’âge. On peut très
facilement évaluer l’âge d’un individu en
fonction de sa charge en dioxine.
D’autres produits sont apparus?
Oui, comme les produits bromés (des molécules auxquelles on rajoute du brome
pour les rendre non biodégradables) qui
ont par exemple remplacé l’amiante dans
les retardateurs de flamme. Leur importance dans la charge corporelle d’un individu double environ tous les deux ans.
Que pensez-vous du projet de
réforme de la législation européenne
Reach?
C’est un programme de santé publique indispensable! Mais il faut aussi que les
pouvoirs publics créent des laboratoires
d’évaluation de l’impact des produits chimiques (et de leur mélange) sur l’environnement et sur la santé. •
Recueilli par ÉLIANE PATRIARCA
Le lobby industriel opposé à la loi européenne
Le projet Reach, qui vise à imposer une évaluation des produits, a été repoussé.
’initiative spectaculaire du
Fonds mondial de la nature
(WWF) n’est évidemment
pas dénuée d’arrière-pensées.
Depuis 1998, écologistes et industriels s’affrontent à
Bruxelles à propos d’une proposition de réforme de la législation sur la commercialisation des produits chimiques.
Aujourd’hui, quelques milliers
de molécules seulement, sur
les 150000 qui sont en circulation, ont fait l’objet d’évaluations sanitaire et environnementale
poussées. D’où
l’initiative de la Commission
de remettre à plat tout le mécanisme juridique encadrant
les produits chimiques dans
l’UE.
L’objet du litige s’appelle
Reach, pour Registration, Evaluation and Authorization of
Chemicals (1). Un programme
qui vise à imposer à l’industrie
la réévaluation de 30000 substances chimiques sur une période de onze ans, soit moins
de 2 % des molécules com-
L
récemment Vyvyan Howard,
toxicologue à l’université de
Liverpool, qui s’interrogeait
sur ce que serait «le coût pour
la société si nous rendons toute
la population vulnérable à certaines maladies» (2).
Les arguments industriels ont
fait mouche chez les dirigeants des trois grands européens: en septembre 2003,
Jacques Chirac,
Tony Blair et GeChirac, Blair et Schröder ont adressé
rhard Schröder
une supplique à Romano Prodi,
adressent une supoù ils qualifient la procédure Reach
plique à Romano
d’«inutilement compliquée».
Prodi, président de
industriels français, 3,7 mil- la Commission, où ils qualiliards selon les écologistes de fient la procédure Reach de
Greenpeace. Sans doute au- «bureaucratique»et d’«inutitour de 11 milliards sur onze lement compliquée». Même le
ans, estime la Commission. gouvernement américain s’en
Une jolie somme tout de mê- mêle. Si bien que la Commisme, quand «les avantages de ce sion finit par proposer un
que nous faisons aujourd’hui compromis. Seraient exemppeuvent ne pas nous apparaître tés de tests les polymères synavant trente ans. D’où la posi- thétiques qu’on utilise dans le
tion délicate des hommes poli- textile, les plastiques, les adhétiques qui ont tendance à plani- sifs et les peintures. Exemptés
fier à court terme», expliquait aussi les produits qu’on famercialisées. Vu de l’industrie,
qui doit en supporter le coût, le
dispositif proposé par la Commission européenne n’est que
perte de chiffres d’affaires,
désindustrialisation et suppressions d’emploi massives.
Les chiffres les plus variés,
pour ne pas dire fantaisistes,
circulent: 29 à 54 milliards
d’euros de dépenses selon les
brique ou importe en quantité
inférieure à dix tonnes par an.
De quoi faire baisser la facture
à 2,3milliards d’euros, selon la
Commission.
Depuis, le texte attend de passer devant le Parlement européen. «Les conservateurs, qui
soutiennent le lobby industriel,
ont tout fait pour le retarder, espérant que la nouvelle assemblée qui sortira des élections de
juin leur soit plus favorable,
s’inquiète Marie-Anne IslerBéguin, eurodéputée verte,
«cobaye» du WWF et partisane d’un «Reach durci». «Liés
aux intérêts industriels, ils souhaitent une pause dans les directives environnementales.
Mais depuis les élections espagnoles et les régionales françaises, nous avons repris
espoir.» •
D.Dq
(1) Enregistrement, évaluation
et autorisation des substances
chimiques.
(2) Dans la revue de la Direction
générale environnement à
Bruxelles de février 2004.
PAR JEAN-MICHEL THÉNARD
Piqûre de rappel
39 députés européens
contaminés par 76 produits
chimiques toxiques, drôles
de chiffres. Dont on ne sait
s’il faut les considérer
comme explosifs ou poudre
de perlimpinpin, faute de
réelles connaissances sur
l’exacte toxicité des dits
produits sur l’être humain.
On pourra donc moquer
encore une fois les
angoisses d’une société de
consommation qui n’a
jamais compté autant
d’individus doués d’une
aussi longue espérance de
vie. On pourra encore
sourire des excès du
principe de précaution qui,
à force d’enfler, va bientôt
nous condamner à mourir
de faim. Sourions donc,
mais jaune. Car si l’excès de
précaution est à fuir, le
défaut est assurément
criminel. Et ce n’est pas
parce qu’on ne connaît pas
la nocivité à long terme de
tel ou tel produit qu’il faut le
considérer inoffensif et ne
rien faire. Forte de cette
évidence, la Commission
européenne tente depuis
des mois d’instaurer un
nouveau système
d’autorisation pour les
30000 produits chimiques
fabriqués ou importés dans
l’Union. En gros, il
reviendrait aux entreprises
de prouver que ce qu’elles
commercialisent est sûr.
Mais rarement projet de
bon sens pour le
consommateur a suscité
autant de pressions
critiques des industriels.
Qui ont mobilisé tous leurs
lobbyistes pour convaincre
que la transparence
sanitaire majorerait tant
leurs coûts que cela ferait
perdre, par exemple,
360000 emplois en dix ans
à la France. Une vision
tragique que réfutent les
défenseurs de
l’environnement. Mais qui
a convaincu Chirac,
Schröder et Blair d’exiger de
la Commission qu’elle
revoie son projet. Plutôt
garantir la rentabilité de
l’industrie chimique que la
santé du citoyen. Comme
quoi les analyses de sang des
députés européens peuvent
servir de piqûre de rappel.
Et remémorer à ceux qui
l’auraient oublié que la loi
du profit continue bien de
régenter le monde, même
quand le chef de l’Etat
français prétend en changer
la face en ajoutant à la
Constitution une charte de
l’environnement.
6
monde
LIBERATION
★ J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Près de 70 morts et une centaine de blessés dans des attentats à Bassora.
AT E F H A S S A N . R E U T E R S
La rébellion contre la coalition
s’étend au sud de l’Irak
A Bassora, hier, un enfant blessé est transporté dans une ambulance après l’une des trois explosions qui ont secoué la grande ville du Sud irakien, jusqu’alors relativement épargnée par les attentats.
irakiens pour bricoler un compromis entre les multiples
groupes rebelles et les généraux américains ne semble
aboutir.Tous s’attendent ou se
préparent à une seconde flambée de violence que paraît annoncer la vague d’attentats à la
voiture piégée qui a détruit
trois commissariats à Bassora ainsi
«Nous craignons que ces attentats ne
provoquent un soulèvement populaire que l’académie de
police dans la ville
dans le Sud, contre la coalition.»
Des religieux chiites voisine de Zoubeïr.
Un bilan provisoire
l’occupation. Nouvelle journée communiqué en fin de soirée
noire en Irak, hier, pour les par les services hospitaliers faiforces de la coalition qui pei- sait état de 68morts, dont cinq
nent à rétablir le calme après enfants, et de 98blessés.
plus de quinze jours de chaos. Foule hostile. Les déflagraAucune des médiations ten- tions ont secoué le centre de
tées par divers intermédiaires Bassora vers 7 heures, ● ● ●
Bagdad envoyé spécial
es bombes à Bassora,
dans le Grand Sud
chiite réputé conciliant. Des combats
qui reprennent à Fallouja, cœur du triangle sunnite, au nord-ouest,
le fief de la résistance radicale à
D
Retour mouvementé pour les otages du Japon
Les frais médicaux et de rapatriement pourraient être à la charge des familles.
Tokyo de notre correspondant
epuis le retour dans l’archipel, dimanche, des trois otages kidnappés
le 7 avril en Irak, une polémique
agite les milieux du pouvoir et des
médias à Tokyo. Les familles doiventelles payer les frais du retour et des visites
médicales suivies par leurs trois enfants à
Dubaï au terme de sept jours de captivité?
Doivent-elles aussi rembourser ce qui aurait été versé par le gouvernement pour
obtenir leur libération?
Réactions négatives. Très affaiblis, les
trois ex-captifs semblent les premiers
surpris par la tempête de réactions négatives que leur enlèvement et leur libération ont suscitée. Selon le ministre char-
D
gé de la Prévention des désastres, Kiichi
Inoué, «les familles doivent s’excuser pour
les problèmes causés».
Rançon. Le gouvernement, soumis à un
feu de critiques pour sa gestion de la «crise des otages», a contre-attaqué, hier.
Ichiro Aisawa, vice-ministre des Affaires
étrangères, a nié qu’une rançon ait été
versée aux médiateurs ou aux ravisseurs.
Une rançon estimée la veille par plusieurs
médias à 2milliards de yens (15,5millions
d’euros). «C’est absolument impossible»,a
réagi le diplomate. Contredisant un député du parti Minshuto (opposition) selon lequel «une somme considérable a été
versée pour faire libérer les otages».
Le Premier ministre s’en est pris, lui, aux
ex-otages. Libérés, ils auraient affirmé
vouloir rester en Irak pour poursuivre
leur mission. «Comment osent-ils dire des
choses pareilles? Ils devraient réfléchir»,a
déclaré Koizumi hors de lui. «Je n’ai jamais dit cela. J’ai clairement dit que je voulais rentrer à la maison»,a tempéré Jumpei Yasuda, l’un des ex-otages. Hier, les
députés ont de leur côté renoncé à légiférer sur «l’interdiction de voyager dans les
pays à risques».•
MICHEL TEMMAN
•L’homme d’affaires danois, enlevé il y a
une semaine en Irak, a été retrouvé mort.
Henrik Frandsen, 35 ans, avait été capturé à environ 15kilomètres au nord de Bagdad.
monde 7
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4 ★
alors que nombre
d’élèves se rendaient à l’école.
Une trentaine d’enfants se
trouvent parmi les blessés, un
bus scolaire qui passait devant
un commissariat a été soufflé
par l’explosion de l’une des
bombes. «D’après les informations dont nous disposons, trois
voitures ont été utilisées dans
ces attaques», a déclaré le ministre irakien de l’Intérieur,
Samir al-Soumaydaï, lors
d’une conférence de presse à
Bagdad. «La plupart des victimes sont des civils»,a précisé
le maire de la ville, Waïl AbdelHafiz. Mais quatre militaires
britanniques ont été blessés
dans l’attentat contre l’académie de policede Bassora. «Ces
opérations ont été commises
par des kamikazes», a confirmé un porte-parole de la coalition dans le Sud, une zone
placée sous commandement
du Royaume-Uni, et jusqu’alors relativement épargnée par la violence. Les soldats venus constater les
dégâts ont été accueillis par
des jets de pierres et ont dû
battre en retraite sous les cris
d’une foule hostile.
Craintes. «Nous craignons que
ces attentats ne provoquent un
soulèvement populaire dans le
Sud, contre la coalition»,
confient les religieux du bureau de représentation du
grand ayatollah Ali Sistani, à
Bagdad.
Ces notables chiites sont intervenus depuis plusieurs
jours pour éviter une confrontation entre partisans du jeune dirigeant radical Moqtada
al-Sadr et les troupes américaines qui entourent la ville
sainte de Najaf. Autorité morale extrêmement respectée
par les chiites, l’ayatollah Sistani semble toutefois penser
que sa capacité de médiation a
atteint des limites dangereuses pour son prestige.
Indignation. «Ceux qui ont décidé de ces attentats ne pouvaient
pas choisir un meilleur moment, explique l’un de ses
proches. La communauté chiite est un volcan en ébullition.
Depuis les incidents de Fallouja, et avec la menace d’intervention qui pèse sur Najaf, l’indignation des Irakiens contre les
forces de la coalition n’a jamais
été aussi forte. Leurs actions
sans retenue poussent les sentiments du peuple vers des dirigeants et des milices extrémistes. Le but de ces terroristes
était de renforcer l’anarchie
pour pousser les chiites à
prendre leur sécurité en main.
Ce qui mènera à des confrontations avec la coalition. C’est
également un moyen de soulager la pression militaire sur
Fallouja en exportant la violence vers le sud. Enfin, cela va accélérer la décision de certains
contingents de quitter l’Irak. A
mon avis, nous devrions voir
très bientôt de nouveaux attentats à Bagdad.»•
●●●
DIDIER FRANÇOIS
Guantanamo, zone de «non-droit»
La Cour suprême américaine examine la légalité de la détention des ex-talibans à Cuba.
Washington de notre correspondant
uantanamo est au
banc des accusés.
Mardi, la Cour suprême des Etats-Unis
examinait pour la première fois la légalité de la prison pour terroristes installée
sur une base militaire américaine à Cuba. Pendant ce
temps, aux Nations unies, Cuba tente de pousser une résolution devant la Commission
des droits de l’homme, exigeant plus de transparence sur
le traitement des prisonniers.
La Cour suprême doit juger s’il
était possible d’interdire aux
660 détenus de Guantanamo
de saisir des tribunaux américains pour protester contre
leur sort. Selon Washington,
les talibans ou les membres
d’Al-Qaeda sont des «combattants ennemis»qui ne peuvent
être considérés comme des
«prisonniers de guerre» relevant de la convention de Genève: ils peuvent donc être détenus pour de longues durées,
sans procès et sans accès à un
avocat.
Artifice. Au cours de l’audience
de mardi, le représentant de
l’administration Bush, Theodore Olson, a tenté de
convaincre les juges: le droit
américain, a-t-il expliqué, ne
peut s’appliquer à Guantanamo, qui ne fait pas partie du
territoire américain (la base
est une concession illimitée
accordée par Cuba depuis
1903). Pour l’avocat des détenus, John Gibbons, un ancien
juge fédéral, cet argument est
un artifice pour justifier la
création, par l’exécutif, d’une
zone de «non-droit».
Cinq des neuf juges avaient
G
l’air de sérieusement tiquer en
écoutant Olson. «L’idée que
l’exécutif puisse être libre de faire ce qu’il veut sans contre-pouvoir semble tout à fait contraire
à la Constitution», a ainsi déclaré le juge Stephen Breyer.
«Les Etats-Unis sont en guerre»,a justifié Olson, qui a perdu son épouse dans les attentats du 11septembre 2001. Le
juge Paul Stevens lui a demandé: «Supposons que la guerre
soit terminée. Auraient-ils
alors accès à des juridictions?»
Olson répondant par la négative, Stevens a conclu: «Dans ce
cas, la notion de “guerre” n’a
pas ici de pertinence juridique.» La Cour suprême se
déterminera avant fin juin.
L’affaire est très sensible. Audelà de Guantanamo, ce sont
les pouvoirs exorbitants que
s’est octroyés Bush, au nom de
la guerre contre le terrorisme,
qui sont jugés.
Motion cubaine. A Genève, Cuba se démène pour que la
Commission des droits de
l’homme examine la situation
de Guantanamo. Le régime de
Castro a déposé une motion la
semaine dernière, amendée
par la Suisse et la Russie. La
motion exige des éclaircissements sur les conditions et sur
le statut des prisonniers et demande à Washington d’autoriser la visite d’observateurs de
la Commission.
Mardi à LaHavane, le ministre
des Affaires étrangères cubain, Felipe Pérez Roque, a accusé les Etats-Unis d’exercer
des «pressions brutales»sur les
autres pays pour faire échouer
son initiative. L’Union européenne n’a toujours pas soutenu le texte, ce qui a provoqué
chez le ministre un commentaire ironique: «Nous ne pouvons pas concevoir que l’UE
n’approuve pas le texte.»La résolution cubaine, surtout
conçue comme une réponse
aux motions anticubaines
poussées par les Etats-Unis,
a peu de chances d’être adoptée.•
PASCAL RICHÉ
La liberté n’oublie personne
Le pack eXtense Wi-Fi
est à 49 € *
Les sept Français
bloqués
Alors que sept Russes, un
Danois, un Espagnol et cinq
des neuf prisonniers
britanniques ont été
récemment libérés de
Guantanamo, la situation des
sept prisonniers français
reste confuse. «Ils n’ont aucun
statut, pas plus qu’on ne leur
impute de charges précises»,
déplore Me Jacques Debray,
qui défend deux d’entre eux.
Les familles n’ont reçu
aucune lettre depuis six mois.
Bien sûr, l’entourage des
prisonniers spécule sur les
conséquences des relations
franco-américaines. Les
avocats souhaitent
rencontrer le procureur de
Paris, Yves Bot, qui vient de
s’entretenir de la situation
avec les autorités
américaines.
Accédez à l’Internet Haut Débit sans fil.
10 14
(appel gratuit de chez vous)
Boutiques France Télécom
positive generation
* Promotion du 15 au 30 avril 2004, soumise à conditions, notamment d’éligibilité, valable en France métropolitaine pour tout achat d’un Pack eXtense Wi - Fi
et pour toute nouvelle souscription à un forfait eXtense (hors forfaits 128k) d’une durée de 12 mois minimum (eXtense 512k 5 Go : 29,90 € T TC/mois - eXtense 512k illimité : 34,90 € TTC/mois - eXtense 1024k
illimité : 44,90 € TTC/mois) ou de 24 mois minimum au tarif en vigueur. Offre uniquement valable dans les réseaux participants à l’opération. Modalités détaillées sur wanadoo.fr.
L’utilisation de la technologie Wi - Fi avec la norme RLAN 802.11b sur la bande de fréquences 2.4GHz est limitée conformément aux recommandations de l’Autorité de Régulation des Télécommunications.
SA WANADOO France - 48 rue Camille Desmoulins - 92791 Issy Les Moulineaux Cedex 9 - RCS Nanterre B 403 088 867.
8 monde
Israël: «A ceux qui me disent
traître, je dis que je suis fier»
Attentatsuicide en
Arabie Saoudite
Quatre morts dans
l’explosion d’une voiture
piégée au cœur de Riyad.
Entre ovations et injures, Vanunu, l’«espion nucléaire», est sorti hier de prison.
A
C.A. (avec AFP, Reuters)
Jérusalem de notre correspondant
arlera-t-il? C’est fait.
Mordechaï Vanunu,
«l’espion nucléaire» israélien, a d’ores et déjà
enfreint les restrictions posées à la veille de sa libération. A peine sorti de prison, hier à 11 heures, le
matricule 100592, enfermé
pendant dix-huit ans, dont onze à l’isolement dans la section
des «traîtres» de la prison de
haute sécurité de Shikma
(Ashkelon, Sud), a tenu une
conférence de presse improvisée – et tumultueuse – devant
un parterre de médias, de sympathisants et d’adversaires.
«Traitement cruel». Revêtu
d’une chemise blanche, d’un
pantalon et d’une cravate
noirs, brandissant des deux
mains le «V» de la victoire, il
s’est expliqué devant une forêt
de micros. En anglais, et non
en hébreu, par refus désormais de tout lien avec l’Etat
P
sans avoir affirmé,
juif. Parlant le plus
au passage, que
souvent de lui«Cindy», l’espionmême à la troisiène qui l’avait cirme personne, il a
convenu afin de le
dénoncé le «traiteconduire à Rome
ment cruel et barpour y être enlevé
bare» subi en dépar des agents istention «parce que
raéliens, en sepchrétien». «A tous
tembre1989, n’était
ceux qui disent que
pas «membre du
je suis un traître, je
dis que je suis fier et Mordechaï Vanunu. Mossad mais du
FBI ou de la CIA».
heureux de ce que je
fais», a-t-il lancé. «Vous n’avez La foule de ses partisans, milipas réussi à me briser, à me tants antinucléaires ou opporendre fou»,a-t-il dit, ajoutant sants au gouvernement israéqu’Israël «n’a pas besoin lien, lui a fait une ovation alors
d’armes nucléaires maintenant qu’il franchissait les grilles de
que le Proche-Orient est dénu- la prison. Face à eux, des opposants, dont beaucoup de
cléarisé».
Revenant sur ses déclarations, membres de l’organisation
Vanunu a précisé: «Je n’ai pas d’extrême droite Kahana-Haï
dit qu’il n’y a pas besoin d’un («Kahana est vivant»), l’abreuEtat juif, mais que Mordechaï vaient d’insultes et assaillaient
Vanunu n’en a pas besoin!» son véhicule. «Il ne sortira pas
Converti au christianisme, il d’ici vivant», clamaient-ils.
voudrait étudier l’histoire et Mordechaï Vanunu n’a pas reémigrer aux Etats-Unis, non joint l’appartement retenu
O D E D B A L I LT Y. A P
l-Qaeda ou l’un de ses épigones ont porté un nouveau coup au régime
saoudien, hier, en faisant exploser une voiture piégée devant le QG de la police, en plein
cœur de Riyad, la capitale.
Quatre personnes, dont deux
policiers, ont été tuées, selon le
ministère de l’Intérieur et
148 blessées. «Vers 14 heures,
une voiture a tenté de pénétrer
dans le siège de la direction générale du trafic routier à Riyad.
Les gardes ont réagi en fonction
de ce que requiert la situation.
Le conducteur a alors fait exploser sa voiture à 30 mètres de
l’entrée», a expliqué un porteparole du ministère de l’Intérieur cité par l’agence officielle de presse SPA. L’explosion,
très violente, a creusé un cratère de 5 mètres de large et de
50 centimètres de profondeur,
dévastant la façade du bâtiment et soufflant toutes les
vitres dans un large périmètre.
La télévision saoudienne a diffusé des images très crues de la
scène de l’attentat, où l’on peut
voir des lambeaux de chair et
des membres épars.
Cet attentat-suicide intervient alors qu’il ne se passe
plus une semaine en Arabie
Saoudite sans que l’on apprenne la mort de policiers ou d’islamistes dans des accrochages
de plus en plus violents –ces
derniers utilisent désormais
des lance-roquettes RPG. Les
forces de sécurité ont annoncé
dernièrement avoir intercepté pas moins de cinq voitures
piégées en moins d’une semaine. Depuis bientôt un an, le régime saoudien est en guerre
ouverte contre la mouvance
d’Oussama ben Laden, qui appelle à «libérer les lieux saints».
Cet attentat est intervenu le
jour même de la visite du secrétaire d’Etat adjoint américain, Richard Armitage, qui a
été reçu par le prince héritier
Abdallah ben Abdel Aziz. Les
relations entre les Etats-Unis
et l’Arabie Saoudite sont tendues depuis les attentats du
11 septembre 2001, dans lesquels 16 Saoudiens ont pris
part. Malgré les mesures de sécurité draconiennes prises par
Riyad qui a intensifié sa traque
des islamistes, Washington a
demandé il y a une semaine au
personnel diplomatique américain non essentiel de quitter
le pays, en raison de craintes
sur la sécurité de leurs ressortissants. En mai et novembre
derniers, des attentats, imputés à Al-Qaeda, contre des résidences d’expatriés à Riyad
avaient fait 52morts.•
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
pour lui dans une luxueuse résidence de Jaffa, mais, directement à l’église Saint-Georges
de Jérusalem-Est, où il a reçu
la communion anglicane et
«remercié Dieu et ses amis».
Ses parents adoptifs, Nick et
Mary Eoloff, Américains du
Minnesota, l’accompagnaient
et il y a retrouvé Peter Hounam, le journaliste du Sunday
Timesauquel il avait révélé les
secrets nucléaires de Dimona,
où Vanunu était employé
comme technicien.
Sondage. Représente-t-il toujours un «danger sécuritaire»,
comme l’affirment les responsables israéliens? L’opinion
est mitigée à en croire un sondage du quotidien Haaretz
paru hier: 47% des interrogés
étaient contre sa libération,
44% pour. Mais nul doute qu’il
continuera de défendre ses
opinions, aiguisées par deux
décennies de solitude.•
JEAN-LUC ALLOUCHE
Raids meurtriers de Tsahal à Gaza
Voyages aériens: la
Cour européenne saisie
Le Parlement européen a
décidé, hier, de saisir la
Cour européenne de
justice afin de vérifier si le
projet d’accord
UE/Etats-Unis sur le
transfert des données
privées des passagers
respecte la législation
européenne. Depuis un
an, les services douaniers
américains exigent
d’avoir accès aux
systèmes de réservation
pour les vols vers les
Etats-Unis.
L’extrême droite belge
devant la justice
Le Vlaams Blok, parti
d’extrême droite belge,
«prône la
discrimination», a estimé
hier la cour d’appel de
Gand dans un jugement
qui pourrait priver ce
parti d’un financement
public annuel.
L’Amérique latine
aime les dictateurs
Un rapport du Programme
des Nations unies pour le
développement publié hier à
Lima –«Démocratie en
Amérique latine 2004»–
affirme que 54,7 %
d’habitants de la région
n’hésiteraient pas à confier
leur sort à un dictateur pour
sortir de la crise et que
44,9 % préfèrent vivre dans
un pays démocratique.
Burundi: négociations
Le dernier mouvement
rebelle encore en guerre
au Burundi, les Forces
nationales de libération,
a annoncé un «arrêt des
hostilités immédiat»
contre l’armée.
ONU: un expert
pour l’antiterrorisme
L’ONU a décidé, hier, de
nommer pour un an un
expert indépendant
chargé d’examiner la
conformité avec les
droits de l’homme des
mesures prises par les
gouvernements dans la
lutte contre le terrorisme.
SUHAIB SALEM. REUTERS
Une femme ministre
à Bahreïn
En deux jours, treize Palestiniens ont
été tués dans le nord de la bande de
Gaza au cours d’affrontements
sanglants. Hier, l’armée israélienne a
abattu neuf Palestiniens, dont certains
étaient armés, et blessé une
cinquantaine de personnes à Beit
Lahiya, au cours d’une incursion d’une
colonne de blindés et de bulldozers,
appuyés par des hélicoptères de
combat. Pendant le raid israélien, des
pierres, des cocktails Molotov, des
grenades et des roquettes antichars
ont été tirés sur les troupes de Tsahal.
La veille, mardi, de semblables
affrontements s’étaient déroulés, à Beit
Lahiya et à Beit Hanoun, au cours
desquels quatre Palestiniens ont trouvé
la mort. Au cours de ces deux journées,
des centaines de jeunes Palestiniens se
sont mêlés à coups de pierres aux
échanges de tirs entre Tsahal et des
membres du Hamas et du Jihad
islamique.
Selon un porte-parole de l’armée
israélienne, ces opérations sont une
riposte à des tirs de roquettes
artisanales Qassam, qui se sont
abattues, dimanche dernier, sur la
colonie juive de Nissanit, dans le nord
de la bande de Gaza, et sur Sdérot, en
territoire israélien.
J.-L. A. (à Jérusalem)
Nada Haffadh devient la
première femme ministre
de cette monarchie du
Golfe où les femmes ont
voté pour la première
fois en 2001.
Rectificatif. Dans notre
édition du 20 avril, nous
avons écrit que
509 Américains sont
morts en Irak «ces trois
dernières semaines». Il
s’agit en fait du nombre
de GI morts depuis le
début du conflit.
monde 9
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4 ★
Constitution européenne:
Tony Blair sème la confusion
Avis partagés au Parlement de Strasbourg sur sa proposition de référendum.
Strasbourg envoyé spécial
ony Blair a-t-il pris
l’Union en otage en décidant de soumettre
la future Constitution
européenne au référendum? «C’est un pari risqué
car il est rare que l’on réponde à
la question posée», estime le
député européen espagnol
Enrique Baron Crespo, président du groupe PSE (Parti des
socialistes européens). Or
«c’est une affaire qui concerne
l’ensemble des Européens et
pas seulement les Britanniques, souligne l’Allemande
Doris Pack (PPE-DE, conservateur). S’ils refusent la
Constitution, elle ne pourra
tout simplement pas entrer en
vigueur».Elle doit en effet être
ratifiée par les vingt-cinq
pays. «C’est cela l’enjeu du référendum et non l’appartenance
du Royaume-Uni à l’Union européenne», ajoute Doris Pack.
Autant dire que la décision
prise par le Premier ministre
britannique, sans aucune
concertation avec ses partenaires, inquiète la majorité du
Parlement européen tant le
résultat paraît incertain pour
ne pas dire perdu d’avance.
«C’est une mauvaise nouvelle
pour l’Europe. Le Premier ministre Tony Blair n’a pas le
courage de tenir ses engage-
T
ments: la tradition dans ce
pays est de ratifier par la voie
parlementaire», s’emporte Elmar Brock (Allemagne, PPEDE). «Ma première réaction a
été de dire: il se fout de l’Europe», reconnaît Daniel CohnBendit, président du groupe
Verts. «Cela me rend furieux,
renchérit l’UMP Alain Lamassoure (France, PPE-DE).
Il va se servir du référendum
consultation populaire.
«A partir du moment où les
Britanniques
montrent
l’exemple, la pression sera forte sur Jacques Chirac», analyse le socialiste Gilles Savary,
qui se réjouit que le peuple
soit appelé aux urnes. «Il ne
faut pas raisonner en termes
de risque. Si les peuples ne
peuvent l’accepter, c’est que la
Constitution est mauvaise.»
L’UDF Jean-Louis
Bourlanges pense
«Je suis ravi. Il va y avoir un effet
aussi que le réfédomino et tous les pays vont être
rendum, que son
obligés d’organiser un référendum.
Ce sera le deuxième tour de Maastricht.» parti réclame, est
William Abitbol, souverainiste désormais inévitable, tout comme
pour faire pression sur ses par- le Vert Gérard Onesta, vicetenaires afin d’obtenir de nou- président du Parlement, ou
velles concessions sur la Francis Wurtz, président du
Constitution européenne alors groupe de la Gauche unitaire
qu’il avait dit qu’il l’acceptait européenne (GUE). «Je suis
sans réserve.»
ravi. Il va y avoir un effet domi«Pression». Pour le libéral-dé- no et tous les pays vont être
mocrate britannique Gra- obligés d’organiser un référenham Watson, «si du point de dum, s’exclame le souveraivue de la politique interne sa niste William Abitbol. Ce sera
décision est très adroite, puis- le deuxième tour de Maasqu’il ôte un thème de cam- tricht (allusion au référenpagne à ses adversaires et divi- dum organisé en France en
se le Parti conservateur, son septembre 1992 et gagné de
action va rendre plus difficile justesse, ndlr).»
le processus de ratification». Beaucoup de députés estiComme la plupart des euro- ment que ce référendum bridéputés, il voit mal comment tannique va enfin permettre
la France, en particulier, va de clarifier la position de
éviter d’organiser une telle Londres en Europe. «Il faut
que cesse enfin le psychodrame
permanent du Royaume-Uni
vis-à-vis de l’Europe, estime
l’Espagnol Inigo Mendez de
Vigo (PPE-DE). Il faut que
Tony Blair pose enfin la vraie
question: “Voulez-vous être
dedans ou dehors?”» Graham
Watson fait part de son «soulagement»: «Vidons la querelle européenne une bonne fois
pour toutes. Ce ne sera pas un
vote mais bel et bien un exorcisme.»
Radical. Mais comment éviter
que l’Europe ne soit bloquée
par le seul Royaume-Uni? «Il
faut que des référendums
soient organisés le même jour
dans toute l’Europe», répond
Alain Lamassoure afin de
créer un rapport de force suffisant pour montrer la porte
de sortie à la Grande-Bretagne, une solution préconisée aussi par les Allemands.
Daniel Cohn-Bendit propose,
lui, que les Vingt-Cinq innovent: «Si la majorité des citoyens représentant les deux
tiers des Etats membres se prononcent pour, la Constitution
devrait être adoptée. Les pays
qui ont voté contre auront un
an soit pour l’adopter à leur
tour, soit pour préparer leur
sortie de l’Union.» Radical
mais efficace.•
JEAN QUATREMER
Turquie: les députés kurdes resteront en prison
Le verdict de 1994 est confirmé, alors que la Cour européenne l’avait jugé inéquitable.
e n’est pas une surprise. Nous avons travaillé pour rien pendant treize mois. La
Cour a confirmé un verdict qui
était déjà déclaré injuste par un
tribunal international. La Cour
a dès le début traité nos clients
comme des condamnés alors
qu’ils étaient de simples accusés. Je crois que la Cour de cassation et la Cour européenne
des droits de l’homme réviseront ce verdict», a déclaré
Me Yusuf Alatas, hier vers midi, à la fin de la dernière audience de la Cour de sûreté de
l’Etat (CSE) d’Ankara.
Les juges de la CSE ont confirmé à l’unanimité le verdict
rendu par le même tribunal
en 1994. Les quatre députés
kurdes Leyla Zana, Orhan Dogan, Selim Sadak et Hatip
Dicle étaient condamnés à
quinze ans de prison pour
avoir violé l’article168 du code
pénal turc, qui sanctionne
«l’appartenance à une organi-
«C
sation séparatiste
devant la Cour
terroriste».
La
pour manifester
Commission euroleur défiance à la
péenne, qui doit
CSE.
cet automne donCe verdict a déçu
ner son avis sur la
les Kurdes et la
candidature de la
grande majorité de
Turquie à l’Union
l’opinion publique
européenne, a «déturque qui désire
ploré avec vigueur
voir des améliorace verdict». Un ver- Leyla Zana,
tions dans le dodict qui, ajoute la députée kurde.
maine des droits
Commission, «crée
de l’homme pour
des préoccupations sérieuses renforcer les chances de la
dans le contexte des critères po- Turquie de rentrer dans
litiques [de l’UE] et jette une l’Union européenne. Le viceombre sur la mise en place des Premier ministre et ministre
réformes politiques en Tur- des Affaires étrangères turc
quie».
Abdullah Gul avait déclaré au
Déception. La Cour européen- mois de février que le gouverne des droits de l’homme avait nement aimerait bien voir
statué le 17 juillet2001 que les Leyla Zana sortir de prison
quatre accusés n’avaient pas mais que «la justice turque
eu droit à un jugement juste et était indépendante de l’exécuéquitable. La Turquie avait été tif».
également condamnée à ver- L’eurodéputé italien Luigi Vinser 140000 dollars de dom- ci, observateur au nom du Parmages et intérêts aux quatre lement européen, a déclaré
Kurdes. Les quatre accusés que le verdict de la CSE constiavaient refusé de comparaître tuait une insulte vis-à-vis de
B U R H A N OZ B I L I C I . A P
Istanbul de notre correspondant
l’Union et de la Cour européenne des droits de l’homme.
«La législation turque limite
encore la liberté d’expression.
Le cas de Zana n’est pas unique.
Il y a des centaines de victimes
qui sont actuellement dans les
prisons turques pour avoir
déclaré des opinions non
conformes à celles du pouvoir.
Ce verdict n’est pas conforme à
l’esprit même du droit et Ankara aura des difficultés dans ses
relations avec Bruxelles», a
commenté Umit Firat, spécialiste du problème kurde.
«Solution politique». «Ce verdict montre le poids des forces
qui s’opposent encore à l’UE et
essaient de retarder la solution
politique du problème kurde»,
estime Oral Calislar, chroniqueur du quotidien Cumhuriyet. Les quatre députés
kurdes, qui avaient été arrêtés dans l’enceinte du Parlement en 1994, devront rester
dans la prison centrale d’Ankara jusqu’à l’été 2005.•
RAGIP DURAN
Kerry publie son dossier militaire
Le candidat démocrate à la Maison Blanche, John
Kerry, s’est résigné à publier sur l’Internet son
dossier militaire. Il décrit Kerry comme «ayant
toutes les qualités désirées pour un officier dans un
environnement de combat» et ajoute qu’il est,
«selon un décompte non officiel, crédité de vingt
ennemis tués». Des médias conservateurs le
soupçonnaient de ne pas mériter ses trois
médailles pour blessures. A propos de la première,
un ancien supérieur de Kerry a évoqué une
«égratignure». L’équipe du candidat n’a pas trouvé
la partie du dossier concernant cette première
blessure, mais elle met à disposition un document
P.R. (à Washington)
médical privé de l’époque.
Une histoire
Les Basques perdent leur chêne
Le chêne de Guernica, symbole du peuple basque, est mort à
146 ans, mangé par les parasites et épuisé par la canicule.
Planté devant la «Casa de Juntas» (la maison du Conseil), ce
chêne de 12 mètres avait survécu au bombardement
allemand qui, immortalisé par Picasso, avait rasé la ville, un
jour d’avril 1937. C’est devant ce chêne, le troisième en un
demi-millénaire, que les rois d’Espagne venaient jurer de
respecter les «privilèges» basques et que, à l’époque
moderne, tout nouveau Lehendakari (président régional
basque) vient prêter serment «devant Dieu humilié». Le
premier chêne, surnommé «le Père», avait été planté au
XIVe siècle et avait vécu environ quatre siècles. Son
successeur avait tenu 150 ans (1742-1892). Un rejeton de
15 ans a déjà été préparé. Il sera planté en janvier. D’après AFP
Sénégal: le président Wade se
sépare de son Premier ministre
Le divorce est consommé entre Abdoulaye Wade
et son Premier ministre Idrissa Seck, naguère
considéré comme son homme de confiance. Le
Président a mis fin à ses fonctions hier et nommé à
sa place Macky Sall, ministre de l’Intérieur sortant.
Ce limogeage met fin à plusieurs mois de rumeurs
sur les frictions opposant le camp du Président et
celui de son ex-Premier ministre. La formation
annoncée d’un nouveau gouvernement pour
permettre, selon le vœu de Wade, l’entrée au
gouvernement d’un parti d’opposition, l’Union
pour le renouveau démocratique, de Djibo Kâ,
D’après AFP
aurait déclenché la crise.
«Pétrole contre nourriture»:
l’ONU étudie les détournements
Kofi Annan s’est engagé hier à «obtenir la vérité»
sur les détournements liés au programme «pétrole
contre nourriture» pour l’Irak et a nommé Paul
Volcker, ex-président de la Réserve fédérale
américaine, à la tête d’une commission d’enquête.
La chaîne ABC News a révélé mardi qu’au moins
trois fonctionnaires de l’ONU, dont le chef du
programme, Benon Sevan, seraient impliqués.
S’appuyant sur des documents irakiens, ABC
affirme que Sevan aurait reçu 3,5 millions de
dollars. 270 personnalités de 22 pays seraient
mises en cause. Introduit en 1996 pour réduire
l’impact de l’embargo sur la population, le
programme «pétrole contre nourriture» a brassé
plus de 40 milliards de dollars, dont dix auraient
été détournés, selon un audit américain. D’après AFP
Chypre: l’UE se sent «bernée»
A l’approche du double référendum du 24 avril sur
la réunification de Chypre, le commissaire
européen à l’Elargissement, Günter Verheugen, a
dit hier qu’il se sentait «berné» par le
gouvernement chypriote grec qui appelle à voter
non au plan de paix de Kofi Annan. De New York,
le secrétaire général de l’ONU a prévenu qu’en cas
de (probable) rejet par la partie grecque «le projet
D’après AFP
sera mort et [son] rôle terminé».
10
terre
1 % SEULEMENT DES OCÉANS DE LA PLANÈTE
sont des zones protégées, selon la revue Nature. En revanche, 11,5%
des terres sont classées sous forme de réserves ou de parcs préservés.
Environnement. Dans le Kerala, une usine est accusée d’assécher les nappes phréatiques.
En Inde, le Coca donne soif aux paysans
ISO 14001, Coca met aussi en
avant la mise en place d’un
important dispositif de récu’eau pure, l’air pur:
pération d’eau de pluie qui aunotre droit de naisrait déjà permis de renflouer
sance», dit le petit
les nappes de 12millions de liécriteau à l’entrée
tres. «Le système a été conçu
de l’usine Coca-Coaprès le début de la polémique,
la. Sous une hutte en paille,
sourit toutefois un journalisune quinzaine d’hommes et de
te qui suit le dossier depuis le
femmes, assommés par la chadébut. Ça ressemble surtout à
leur, montent la garde. «Nous
un exercice de relations puen sommes à notre 705e jour de
bliques.» Le groupe, lui, affirprotestation, explique l’un
me que le système faisait pard’entre eux. Nous nous retie des plans de l’usine dès son
layons pour être là en permaorigine… Mystère, mais le lanence. Nous ne quitterons pas
bel ISO 14001 ne date que
cette cabane tant que l’usine
d’avril2003.
n’aura pas définitivement fermé.»Bienvenue à Plachimada,
«Antiaméricanisme». Cataspetit hameau de l’Etat du Ketrophique pour l’image du
rala, dans le sud de l’Inde, où
géant mondial des boissons
une poignée de paysans lutgazeuses, la polémique de Platent avec acharnement contre
chimada a été aggravée, l’an
la plus connue des multinatiodernier, par la découverte de
nales, accusée de piller les
métaux lourds dans les déeaux souterraines en fabrichets de l’usine, que la direcquant ses célèbres boissons
tion distribuait gratuitement
gazeuses. Un «David contre
comme engrais aux paysans
Goliath» version écolo-alterdes alentours… Résultat: des
mondialiste, dans lequel le
taux élevés de plomb et de cadplus petit, pour l’instant, l’emmium dans les puits, dans les
porte. Mettant temporairechamps, et donc dans la chaîne
ment fin au bras de fer, la haualimentaire, avec des conséte cour du Kerala a en effet
quences inconnues sur la sanvalidé début mars la décision
té. A sa décharge, Coca a imdu gouvernement local de fermédiatement rapatrié les
mer le site jusqu’à l’arrivée de
«engrais» non utilisés, mais
la mousson, afin de laisser le
maintient pour autant que
temps aux nappes phréaceux-ci sont inoffensifs. Bizartiques de se remplir. Estimant
rement, les analyses diffèrent,
que les ressources aquifères
mais les soupçons sont néanétaient une «propriété pumoins lourds, d’autant qu’une
blique» à laquelle «tous les
autre usine sous-traitante a
êtres humains» pouvaient préconfirmé la présence de ces
tendre, ce tribunal avait déjà
substances toxiques. Les habiordonné à Coca, en décembre,
tants de Plachimada, en tout
de limiter sa consommation
cas, affirment tous souffrir de
d’eau au minimum, soit l’équidémangeaisons lorsqu’ils se
valent de ce que pomperait
lavent avec l’eau des puits.
une exploitation agricole de
Réfutant toutes les accusa15hectares, la taille du terrain
tions, Coke se dit victime de
qui abrite l’usine.
«règlements de comptes politiques et d’antiaméricanisme».
«Or bleu». Car, dans cette ré«Il est difficile de comprendre
gion autrefois connue comme Une usine Coca-Cola en Inde. La firme américaine en a construit une soixantaine dans le pays.
pourquoi nous sommes les
le «grenier à riz» du Kerala,
l’«or bleu» manque cruellement. A tel
INDE et les altermondialistes de tous bords, seuls à être pris pour cible alors qu’il y a dans la réCoca-Cola affirme n’être pour rien dans gion vingt-sept autres industries qui utilisent pour
point que les autorités sont obligées d’en1000 km
l’épuisement des nappes phréatiques, re- certaines plus d’eau que nous», argumente Sunil
voyer des camions-citernes pour approjetant la faute sur la sécheresse. De fait, Gupta, vice-président de Coca-Cola India. «C’est
visionner les villageois en eau potable.
les précipitations dans la région ont été vrai que la focalisation sur Coca est un peu injuste,
«Le camion ne vient au mieux que tous les
New
bien en dessous de la moyenne ces deux avoue un journaliste local, mais ils payent le prix de
deux jours, et quand il est là, la bagarre est
Delhi
dernières années. «Nous avons connu leur nom et leur implantation dans une zone agricotelle que nous n’avons jamais assez d’eau
d’autres sécheresses par le passé, mais la si- le alors que les autres usines sont regroupées dans
pour toute la famille», se lamente Kalipan
tuation n’a jamais été aussi dramatique, des sites industriels.»
en désignant une flopée d’enfants qui
nous avions au moins de quoi boire, ré- Grand seigneur, Coke affirme ne pas vouloir fermer
jouent dans la poussière. «Avant, je faisais
tourner ma pompe toute la nuit, ajoute Krishnaswa- torque Aruchami Krishnan, le président du conseil l’usine «car elle génère des revenus indispensables
mi, un agriculteur dont les terres jouxtent l’usine. des villages de Purumatty, dont Plachimada fait par- pour des milliers de locaux». Cinq cents familles, en
l’occurrence, qui sont éviAujourd’hui, il n’y a plus d’eau au bout de deux heures. tie. Et même si la mousson est
demment furieuses d’avoir
J’ai été obligé d’abandonner les rizières pour ne faire seule responsable, la présence «Nous avons connu d’autres
soudainement perdu leur gaque de la noix de coco. Mes revenus ont tellement chu- de l’usine ne peut de toute façon sécheresses par le passé, mais
gne-pain. Devant l’usine, la
té que j’ai dû me débarrasser de tous mes employés.» qu’aggraver les choses.»
nous avions au moins de quoi boire.»
«Avant, il y avait deux récoltes de riz par an, ce qui nous En vertu de l’accord signé avec
Le président du conseil de villages de Purumatty cabane du Comité de lutte
anti-Coca-Cola fait ainsi face
assurait six ou sept mois de travail, explique un sai- les autorités locales lors de
sonnier. Maintenant, nous avons de la chance si nous l’ouverture de l’usine, en 2000, Coca-Cola a le droit depuis un mois et demi à celle du Comité de protecarrivons à toucher trois mois de salaire. Cette usine de pomper 560000litres par jour. La compagnie af- tion des emplois Coca-Cola. «Les anti sont justes
firme être en dessous de ce seuil, déclaration invéri- frustrés de n’avoir pas été embauchés», affirment ces
nous a volé nos emplois.»
Devenue un symbole de la lutte contre l’exploitation fiable puisque les huit puits du site n’étaient pas, derniers. «Le droit à la vie est supérieur à la sécurité
commerciale de l’eau, la bataille de Plachimada dure jusqu’à peu, équipés de compteurs. Insistant sur le de l’emploi», rétorquent leurs adversaires.•
depuis deux ans. Montré du doigt par les écologistes fait que l’usine est dotée du label écologique
PIERRE PRAKASH
Plachimada (Kerala, Inde)
envoyé spécial
G E T T Y I M AG E S
«L
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
OCÉANS
La vie marine de plus
en plus mal en point
Les organismes marins
sont de plus en plus
malades, selon une étude
menée par le Centre
américain de l’analyse
écologique et publiée
dans la revue Plos
Biology. En cause,
la destruction de
l’habitat, le
réchauffement
climatique et
l’intensification de la
pêche. Les tortues et les
mammifères seraient les
plus touchés.
BIODIVERSITÉ
Une tempête, c’est
plus d’insectes
On trouve 30% d’insectes en
plus dans les forêts
françaises touchées par les
tempêtes de 1999.
Les trouées naturelles créées
par les chutes d’arbres
abritent en effet plus
d’insectes xylophages et
floricoles. Les chercheurs du
Cemagref (Institut de
recherche pour l’ingénierie
de l’agriculture et de
l’environnement) ont
comparé des parcelles
dévastées avec d’autres,
restées indemnes.
En 1999, 140millions de m3
de bois avaient été abattus.
ÉNERGIE
Hollywood s’engage
Quinze stars de
Hollywood, parmi
lesquelles Alec Baldwin
et Benicio del Toro,
ont demandé au maire
de Los Angeles de
déployer les énergies
renouvelables.
Ils souhaitent que la ville
produise 20% d’énergie
propre d’ici à 2017.
VIRUS
Le Sras passerait par
le système d’aération
Le Syndrome respiratoire
aigu sévère (Sras) peut
se transmettre par le
système d’aération
d’un immeuble, selon
une étude publiée
aujourd’hui aux EtatsUnis. Elle démontre
comment le virus a
contaminé les habitants
d’une résidence de
Hongkong, par voie
aérienne.
(Annonce légale)
AVIS DE CONSTITUTION
Dénomination : COM&CO ASSOCIÉS
Forme juridique : SARL. Capital social :
1 euro. Siège social : 4, rue de Domremy,
75013 Paris. Objet : Agence conseil en
communication et stratégie événementielle. Co-gérants : M. Éric FAUGERE, demeurant 44, rue de la Fosse Maucler,
95140 Garges, et M. Luc ROGER, demeurant 4, rue de Domremy, 75013 Paris.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de Paris. Pour avis.
12
politiques
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Les chiraquiens font tout pour empêcher Sarkozy d’accéder à la présidence du parti.
L’UMP en plein naufrage
lance son plan de sauvetage
es «morts» par centaines après les élections régionales. Des
anciens ministres en
déshérence plein les
bras. Des militants
écœurés. Une base électorale
qui ne comprend pas quel est
le cap… Depuis sa déroute
électorale de la fin mars,
l’UMP est à la dérive. L’onde
de choc est telle que la grogne
remonte de toutes les fédérations. «Les gens sont excédés
par le maintien de Raffarin et le
faux départ d’Alain Juppé. Ils
rêvaient d’un parti efficace et
ouvert, ils se retrouvent avec
une machine à perdre, verrouillée de surcroît. Si rien ne
change et que nous perdons les
élections européennes, ce ne sera plus une fronde mais une révolution», pronostique un
haut responsable du parti.
Casse-pipe. A ce jour, moins de
30% des militants auraient renouvelé leur adhésion, selon
des sources internes, alors que
le corps électoral qui votera au
congrès de novembre sera arrêté le 30juin. Pour tenter de
stopper cette descente aux enfers et éviter l’implosion du
parti, le toujours patron de
l’UMP, Alain Juppé, a relancé
l’idée d’instaurer des courants
entre les sensibilités libérales,
centristes, gaullistes…
Il a surtout confié les rênes du
parti à son nouveau secrétaire
général délégué, François Baroin, 38ans, député-maire de
Troyes (Aube) et filleul de
Jacques Chirac. Investi d’une
mission de six mois pour remettre l’UMP sur les rails, il
s’est fixé trois objectifs: préparer les élections européennes
de juin; assurer la relève après
le retrait de Juppé annoncé
pour début juillet; préparer le
congrès du parti en novembre,
S A M U E L B O L L E N D O R F F . L’ Œ I L P U B L I C
D
Présentation des têtes de liste UMP aux européennes, hier. Le parti est à la dérive: à ce jour, moins de 30% des militants auraient renouvelé leur adhésion.
en ait les moyens. Ni même
l’envie: «Je veux un parti qui
tire sans faux-semblant les leçons de sa défaite, organise sa
diversité mais pas contre quelqu’un, affiche un soutien loyal
et exigeant vis-à-vis du gouvernement», assure François Baroin. Pour l’heure, il préfère
s’en tenir à ces grands principes. «Il fait jeune communiant, mais n’a rien d’un enfant
de chœur. Attention, il a déjà pé«Donner l’impression d’un parti
ché», sourit un déqui respire pour éviter le toboggan.»
François Baroin, nouveau puté proche de
secrétaire général délégué de l’UMP Sarkozy.
En s’appuyant sur
qui prévoit l’élection d’une la direction renouvelée (lire
nouvelle équipe dirigeante par ci-contre), le nouvel homme
les militants. «Donner l’im- fort de l’UMP va également
pression d’un parti qui respire essayer d’instaurer un «vrai
pour éviter le toboggan», résu- partenariat» avec l’UDF de
François Bayrou. Mais Alain
me le maire de Troyes.
Plus implicitement, une autre Juppé, la Chiraquie et tous ses
tâche lui a été confiée par le relais n’ont qu’une idée en tête:
clan chiraquien: empêcher à trouver le (ou la) candidat(e)
tout prix que l’UMP tombe susceptible de dissuader Nicoentre les mains de Nicolas Sar- las Sarkozy de se présenter à la
kozy à l’automne. Pas sûr qu’il présidence de l’UMP.
François Baroin sera-t-il le
nouveau fils sacrifié de Jacques Chirac? L’idée de partir
au casse-pipe ne semble guère
l’emballer. Comme d’autres, il
sait que le nouveau ministre
de l’Economie est l’idole des
militants. Si François Baroin a
déjà su prouver par le passé
son indépendance vis-à-vis
d’Alain Juppé, et même du
chef de l’Etat, il lui faudra une
sérieuse capacité de résistance lorsque la pression montera pour le convaincre de figurer sur un «ticket» (président,
vice-président délégué, secrétaire général) destiné à intimider Sarkozy.
Marchandage. L’ancienne présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie, a d’ores et déjà été
«sollicitée en haut lieu pour se
porter candidate. Mais elle n’a
pas pris de décision», assure un
de ses amis. A la fois proche du
centre, des libéraux et surtout
de Jacques Chirac, le maire de
Marseille et actuel n°2 de
l’UMP, Jean-Claude Gaudin,
pourrait compléter le trio
anti-Sarko. Cela pourrait ne
pas suffire. Brice Hortefeux,
député européen et fidèle parmi les fidèles de Sarkozy, a rap-
pelé en début de semaine que
«les militants souhaitent, dans
leur immense majorité, que Nicolas Sarkozy s’implique davantage dans leur famille poli-
La «relève» de l’après-Juppé
L’UMP a présenté, hier, sa nouvelle équipe dirigeante destinée
à «organiser la relève» dans la perspective du départ de Juppé
en juillet. Elle comprend 13secrétaires généraux adjoints,
7conseillers auprès du président et 4 porte-parole thématiques.
Les nominations, comme conseillers, du libéral Hervé Novelli,
de la présidente du Forum des républicains sociaux, Christine
Boutin, et du président du Parti radical, André Rossinot, sont
censées refléter la meilleure prise en compte des sensibilités
qui coexistent dans l’UMP.
Le parti a aussi présenté ses 8chefs de file pour les européennes
du 13juin. Il s’agit de Roselyne Bachelot (Ouest), Tokia Saïfi
(Nord), secrétaire d’Etat au Développement durable, Brice
Hortefeux (Centre-Massif central), Patrick Gaubert (Ile-deFrance), président de la Licra, Alain Lamassoure (Sud-Ouest),
Françoise Grossetête (Sud-Est), Joseph Daul (Est) et Margie
Sudre (Outre-Mer). Nicole Fontaine, qui affirmait avoir été
«choisie»par Chirac pour conduire la liste en Ile-de-France,
a, pour l’heure, été tenue à l’écart. Condamné à dix ans
d’inéligibilité et dix-huit mois de prison avec sursis, le président
de l’UMP, Alain Juppé, s’est, lui, autoproclamé n°1 de la
A.G.
majorité pour conduire la campagne européenne.
tique». Tout en assurant que
son ami n’avait pas encore pris
la décision de se présenter, il
fait monter les enchères.
«Tout cela se réglera directement lors de conversations
entre Jacques Chirac et Nicolas
Sarkozy. Il y aura un grand
marchandage entre eux, et ce
moment arrive où tout sera mis
sur la table: Matignon, l’UMP,
le mode de désignation du candidat de la droite à la présidentielle», assure un proche de
Juppé. Pour l’heure, Chirac
cherche à gagner du temps et à
redéployer son dispositif. Il
carbonise Raffarin, fait monter de nouveaux ministres
pour banaliser Sarkozy, et se
prépare à abattre ses cartes
pour le faire renoncer à la présidence de l’UMP. La partie de
poker menteur entre eux dure
depuis deux ans. Elle pourrait
connaître un premier dénouement au lendemain des européennes. Mais sera sans doute
loin d’être terminée.•
ANTOINE GUIRAL
politiques 13
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
D’Aubert va renoncer
à la mairie de Laval
Le ministre délégué
à la Recherche, François
d’Aubert, a affirmé hier
qu’il se conformerait
à l’injonction du Premier
ministre sur le non-cumul
des mandats en
renonçant à sa mairie
de Laval. Il a précisé
que «cela va se faire dans
les prochaines semaines,
en tout cas avant
les vacances». Treize
ministres sont concernés
par la règle du noncumul entre un exécutif
local et un ministère,
dont Philippe DousteBlazy, maire de Toulouse,
qui assurait hier n’y voir
«aucun problème».
Raffarin cherche
son «chat»
Jean-Pierre Raffarin
a annoncé, hier,
qu’il s’adresserait
«prochainement»
et «fréquemment» aux
internautes via un «chat». Il
entend, par cette démarche,
«poursuivre ce dialogue sur
la société de l’information»,
a-t-il déclaré à l’issue d’un
déjeuner avec quelques-uns
des principaux acteurs
de l’économie numérique.
Son entourage n’était pas
en mesure, hier, de préciser
la date de sa première
intervention en ligne, ni le
site sur lequel il s’exprimerait.
Parité: Chirac prône
des «efforts»
Le président de la
République a jugé, hier
à Paris, dans un message
lu lors de la célébration
du 60e anniversaire de
l’octroi du droit de vote
aux femmes, que
«malgré les progrès
récents, nous avons
beaucoup à faire» en
matière de droits des
femmes. Jacques Chirac
a jugé que «le combat
pour la parité est
fondamental, car
le degré de civilisation
d’une société se mesure
à la place qui est faite
aux femmes».
Hollande en hôte zélé de Zapatero
Le patron du PS a pris conseil, hier, auprès du nouveau président du gouvernement espagnol.
Madrid intérim
ne leçon espagnole. Hier, François Hollande
s’est rendu chez Jose Luis Zapatero, le nouveau président du gouvernement espagnol,
histoire, pour le socialiste français, de comprendre les clés d’une victoire législative. Sur
le perron de la Moncloa, l’Elysée espagnol, les deux
hommes posent pour les photographes. Le premier
secrétaire du PS a le sourire qui va d’une oreille à
l’autre. Clairement, il aimerait bien rendre la pareille
à son hôte espagnol en 2007. Pour le moment, malgré «les honneurs qui [lui] sont faits», il se contente de
«parler au nom des socialistes français»en attendant
de pouvoir imiter son alter ego socialiste, qui a détrôné le Parti populaire.
Similitudes. Quelques minutes plus tard, les deux
hommes, hilares, posent à nouveau dans les salons
du Palais. De quoi rient-ils? Du surnom de Ségolène
Royal, baptisée la «Zapatera» après sa victoire aux
régionales dans le fief de Jean-Pierre Raffarin. «Il
était au courant pour la Zapatera, il m’en a parlé. Je
dois dire que M.Zapatero connaît assez bien la situation politique de la France et… du Poitou-Charentes,
s’amuse François Hollande. Je dois préciser que je
connais bien les deux, le Zapatero, depuis plus quatre
ans, et la Zapatera, depuis…»
François Hollande se retrouve dans la trajectoire de
Zapatero, souvent accusé, comme lui, de manquer
de charisme. «Si cela permet d’arriver aux responsabilités en peu de temps, il faut absolument camoufler
le plus longtemps possible notre charisme», plaisante Hollande, en soulignant que la campagne électorale du vainqueur «était pleine d’humilité, il a appuyé
U
la sagesse d’attendre, de reconstruire, de proposer une
alternative. Ce modèle doit nous inspirer, notamment
la gestion du temps.»
Alors, forcément, la question s’impose: quels
conseils Zapatero a-t-il donnés à Hollande pour gagner des élections? «Je dois préciser qu’on a déjà gagné des élections. La victoire aux régionales est un
succès, explique Hollande. Mais s’il y a une leçon
qu’on doit retenir des élections en Espagne, c’est la
transparence et la démocratie. Il nous faut être exemplaires, trouver des nouvelles formes de dialogue direct. Il faut en terminer avec les campagnes de promesses sans lendemain et les personnalités politiques
sans idées.» Et de citer quelques-unes des recettes
qui ont fait le succès de Zapatero: «Il faut
revenir aux valeurs sociales. Il faut rénover les structures, rassembler la gauche,
faire éclore de nouvelles structures. C’est
Match nul, un non-lieu partout. Deux de ses ex-salariées que
ce que nous essayons de faire en France.
Ségolène Royal poursuivait pour «dénonciation calomnieuse»
J’essaye de rassembler les courants. On ne
ont obtenu, hier, un non-lieu. L’élue PS avait déposé plainte
peut pas gagner si on n’a pas rassemblé sa
contre ses anciennes collaboratrices, qui l’avaient elles-mêmes
propre famille.»
attaquée pour «travail clandestin». Elles affirmaient avoir été
Baragouiner. Après son entrevue avec Zaemployées dans des conditions non conformes au code du
patero, Hollande a pris la direction dusiètravail pendant la campagne des législatives de 1997, et
ge du PSOE pour rejoindre José Blanco,
évoquaient notamment des rémunérations non versées et des
son porte-parole. Nouvelle pose pour les
non-déclarations auprès des organismes concernés. Ségolène
photographes, et Hollande de baragouiRoyal estimait que la plainte de ses anciennes collaboratrices
ner avec un fort accent français le peu
«portait gravement atteinte à son honneur et à sa considération».
d’espagnol qu’il maîtrise: «Vitoria. ElecciElle a elle-même bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire
ones.» Blanco précise «13 juin», date du
en mai2003, la justice estimant que les faits étaient bien établis
scrutin européen. Hollande, lui, pensait
mais qu’«aucune charge sérieuse»ne pesait contre la députée
probablement 2007.•
«de s’être intentionnellement soustraite à ses obligations».
sur la proximité à l’égard de la population. Etre reconnu comme un leader est nécessaire, mais il faut
surtout se faire aimer. Il vaut mieux être aimé qu’être
craint».
Les similitudes ne s’arrêtent pas là. Elu en 2000 à la
tête du PSOE laminé aux législatives, Zapatero a
émergé sur un scénario de ruines. «Son seul atout,
c’est qu’il est jeune et n’est donc pas mêlé à la gestion de
Felipe Gonzalez», dont la fin de règne en 1996 s’est
terminée dans des scandales de corruption, affirmait-on au PS avant la victoire.
Hollande, élu premier secrétaire en 1997, deux ans
après l’ère Mitterrand, s’identifie à ce cheminement
après le désastre du 21avril 2002. «M.Zapatero a eu
La plainte de la «Zapatera» échoue
PATRICK FORT
Le maire UMP de Châteauroux accusé de «racket syndical»
L’instauration d’une «contribution financière» obligatoire provoque l’ire des syndicats départementaux.
es Berrichons se gargarisent de l’exploit de leur
club de football, la Berrichonne de Châteauroux
(Indre), qualifiée pour la demifinale de la coupe de France.
Mais l’autre match qui se joue
au quotidien entre le maire de
Châteauroux, Jean-François
Mayet (UMP), et les syndicats
présents dans la ville semble
nettement moins glorieux.
Factures. La partie dure depuis
sept mois. De la CGT à la CGC,
l’ensemble des unions départementales –CFDT, CFTC,
FO, FSU et Unsa– dénoncent
l’attitude «antisyndicale» du
maire. Et reprochent à ce
concessionnaire de garages
Mercedes de gérer la ville sur
un mode «ultralibéral».
L
Le 12 septembre, Mayet
adresse un courrier aux syndicats: «J’ai décidé de mettre en
place, à compter de janvier 2004, une contribution financière significative à laquelle seront assujettis les
syndicats départementaux occupant des bâtiments municipaux.» Jusque-là, ceux-ci
étaient logés gratuitement
par la municipalité, comme la
loi de 1884 le prévoit. Un projet de «maison des syndicats»,
porté par l’ex-maire PS de
Châteauroux, Jean-Yves Gateaud, devait héberger à terme toutes les organisations,
éparpillées dans différents
bâtiments de la ville. A ce jour,
seules la CGT et la CFTC ont
pu s’y installer, les travaux
niste! Franchement, j’avais un
an en 1941… La vérité, c’est que
les syndicats mènent un combat
politique. Et moi, j’ai des rues à
réparer, des écoles à entretenir.
Une ville, c’est comme un ménage : quand il y a
moins d’argent, on
«Une ville, c’est comme un ménage:
fait des économies.»
quand il y a moins d’argent, on fait
L’intersyndicale a
des économies.»
Jean-François Mayet, maire de Châteauroux multiplié les pétitions et les maniimpôts locaux. Des sommes festations lors de conseils muqui représenteraient «deux nicipaux ou d’agglomérations.
millièmes du budget munici- Les forces de l’ordre sont interpal» d’après les syndicats, et venues plusieurs fois. Cour«plus de 100% de nos budgets roucé, le maire a assigné quatre
respectifs». Un «racket syndi- organisations en référé, le
cal», résume un proche de la 18février. Peine perdue. Le juge l’a débouté et condamné aux
FSU.
Le maire campe sur ses posi- dépens, rappelant que des mations: «On me traite de pétai- nifestants ont le droit de… mad’extension n’ayant jamais eu
lieu. Au nom d’une «égalité de
traitement», Mayet exige le regroupement des syndicats et
le paiement des loyers, des
factures de chauffage et des
nifester. L’avocat des syndicalistes, Jean-Paul Thibault, ironise: «Ce maire exècre les syndicats. Il a intenté cette procédure
à la hache et elle lui est revenue
en plein visage.»
Attaque. Depuis, c’est le statu
quo. Une nouvelle convention
est parvenue aux syndicats,
qu’ils refusent obstinément de
signer. «L’initiative du maire
ne relève pas d’une lubie, estime Denis Guignard pour la
CGT. Elle s’inscrit dans la logique gouvernementale d’attaque contre le droit de grève et
les droits syndicaux. Mayet apporte sa pierre à l’édifice.» Et
réclame encore 38euros d’astreinte quotidienne, en plus
des loyers impayés.•
MARIE-JOËLLE GROS
SEBASTIEN EROME . EDITING
14
société
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
La mosquée
où prêchait
l’imam Bouziane,
à Vénissieux.
Le religieux avait
affirmé que «battre
sa femme est autorisé
par le Coran».
Polémiques sur les modalités du renvoi d’Abdelkader Bouziane.
Vénissieux s’interroge sur
l’expulsion express de l’imam
H
Lyon correspondance
ier matin, le cheikh
Abdelkader Bouziane a été expulsé vers
l’Algérie. Son avion a
décollé à 9h20 de
l’aéroport LyonSaint-Exupéry. Arrêté la veille
et placé immédiatement en
centre de rétention administrative, il n’aura même pas eu
le temps de voir étudier ses recours devant les tribunaux.
L’imam de Vénissieux était
sous le coup d’un arrêt d’expulsion datant du 26février. L’arrêt avait été pris à la suite d’une
enquête des renseignements
généraux, mais n’avait pas été
appliqué.
Jusqu’à ce que, cette semaine,
le ministre de la Justice puis de
l’Intérieur, interpellés par le
maire communiste de Vénissieux, s’émeuvent subitement
du fanatisme de l’imam. Fanatisme illustré par une interview donnée ce mois-ci au
mensuel lyonnais Lyon Mag,
dans laquelle Bouziane explique entre autres, sur la base
du Coran, qu’il est permis de
battre sa femme. Moins de
24heures après la «découverte» de cette interview, le
cheikh était spectaculairement renvoyé en Algérie.
Le numéro de Lyon Mag
contenant la sulfureuse interview du cheikh trône pourtant
dans les kiosques lyonnais depuis le 3avril. Durant trois semaines, les propos de l’iman
de Vénissieux sur la lapidation
des femmes se sont vendus à
plusieurs milliers d’exemplaires sans susciter aucune
réaction, ni indignation publique.
Le parquet de Lyon dit s’être
«inquiété de la teneur de cette
interview» au moment de sa
parution. «Nous étions en train
de chercher à savoir s’il y avait
matière à des poursuites pénales, ce qui n’était pas évi-
dent»,explique le vice-procureur de la République.
André Gerin, le maire de Vénissieux, dit avoir eu connaissance de l’interview il y a seulement une semaine: «Je suis
tombé du placard en découvrant ces propos!»
Abdelkader Bouziane n’est
pourtant pas un inconnu dans
la région. Il avait successivement officié à Villefranche-
sur-Saône, puis dans le quartier de la Duchère, à Lyon,
avant de s’installer à la «mosquée de l’Urssaf», principale
salle de prière de Vénissieux.
Réputé pour sa radicalité,
Des propos unanimement condamnés
Jean-François Copé, porte-parole du
gouvernement : «Le gouvernement ne peut
tolérer qu’en public soient tenus des propos qui
soient contraires aux droits de l’homme.»
François Baroin (UMP): «La décision du
ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin,
est une décision juste, responsable et qui est
empreinte du courage légitime de l’application
de la loi républicaine sur le territoire
français.»
Laurent Fabius (PS):«Quand il s’agit de
comportements contradictoires avec la
République, il faut dire non !» «La République
doit faire respecter sa loi.»
Marie-George Buffet (PC): «Ces propos sont
inacceptables et il faut que la République
réagisse, c’est ce qu’elle a fait.»
Jean-Marie Le Pen (Front national): cette
mesure«relève du même processus que
l’interdiction du foulard à l’école», à savoir
«supprimer les symptômes pour ne pas voir la
maladie».
Dalil Boubakeur,président du Conseil
français du culte musulman: «Le CFCM doit
prendre à bras le corps le problème de la
formation […] des imams, mais les pouvoirs
publics doivent aussi nous aider pour avoir un
minimum de financement pour créer un institut
de formation».
Fadela Amara, présidente de Ni putes, ni
soumises:«Il faut que le CFCM se désolidarise
de façon ferme, mais aussi certains “droits-del’hommistes”, ces associations de défense des
droits de l’homme, qui nous ont accusés de
stigmatiser les cités et d’avoir un discours
antimusulman.»
Bouziane se revendiquait
comme salafiste, ce qui signifie, a-t-il expliqué mardi à Libérationjuste avant son arrestation, qu’il «pratique [sa]
religion comme à l’époque du
prophète et de ses compagnons». Courant rigoriste de
l’islam, le salafisme se fonde
sur une interprétation littérale, figée et totalement anhistorique du Coran. Outre l’orthodoxie doctrinale, les «salafs»
prônent l’application intégrale de la charia, dont une stricte
séparation entre les sexes, et
appellent à purifier l’islam de
toute influence étrangère. Si
les salafistes se situent le plus
souvent en marge de la vie sociale et politique des pays dans
lesquels ils vivent, certains, et
notamment les jeunes musulmans en rupture avec les sociétés occidentales, basculent
vers l’extrémisme politique.
Reste que l’intransigeance de
Bouziane gênait même ses fi-
société 15
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
dèles. Hier, quelques heures
après l’expulsion, certains reconnaissaient qu’il n’avait pas
à parler ainsi. «Tout le monde
savait ici depuis longtemps, et
bien avant cette interview, que
Bouziane était un intégriste
dangereux», rapporte un
membre du collectif d’associations Divercité. «Je ne suis pas
étonné qu’il ait pu dire de telles
horreurs», ajoute Azzedine
Gaci, secrétaire général du
Conseil français pour le culte
musulman en Rhône-Alpes.
Ce représentant de l’UOIF se
dit cependant «gêné de la rapidité d’une expulsion accélérée
sur la seule base d’une interview parue dans la presse».
Une gêne partagée par Lyon
Mag,qui publiait hier sur son
site un communiqué intitulé
«une expulsion imbécile».
Hier, à l’heure de la prière de la
mi-journée, devant la mosquée de l’Urssaf, seuls quelques fidèles étaient présents.
Dont plusieurs femmes entièrement voilées de noir. Un jeune homme s’en est pris aux
journalistes. «Vous êtes contents, vous l’avez fait expulser!
C’était ce que vous vouliez,
non?» •
ALICE GÉRAUD
Recours devant le
tribunal administratif
L’avocat de l’imam conteste «l’urgence absolue»
invoquée par le ministère de l’Intérieur.
n dossier bien doulou- familiale. Or l’imam Bouziane
a eu deux épouses –«successie
ves», insiste son avocat–, chame retrouve avec toutes ces pa- cune titulaire d’une carte de séperasses et 16 gosses, dont jour valable jusqu’en 2009
14 sont français et 11 mineurs, –comme la sienne–, et 14 de
sur les bras.» L’avocat de ses enfants, donc, sont français.
l’imam expulsé hier vers l’Al- Mauvais choix. Quant au disgérie contestera aujourd’hui cours tenu par l’imam: «Mon
devant les juges du tribunal client n’a fait qu’extraire du Coadministratif de Lyon la me- ran des éléments précis et exissure qui a frappé son client. tants, lui-même n’est pas vioPour lui, l’arrêté ministériel lent, souligne l’avocat, que
d’expulsion n’est pas fondé en fera-t-on le jour où un imam
droit. Trop vague, «sans élé- français tiendra des propos vioments concrets, précis, objec- lents, antisémites ou racistes?
tifs», se contentant de souli- On ne pourra pas l’expulser! Le
gner des propos «contraires choix du gouvernement franaux droits de l’homme et en par- çais est un très mauvais choix.
ticulier à la dignité des femmes, Nous sommes en France où
des appels à la haine ou à la vio- règne la liberté d’expression.»
lence»et de pointer l’apparte- Sur tous ces points, l’avocat denance d’Abdelkader Bouziane vra, pour que les juges annuà «des groupes terroristes n’hé- lent l’arrêté d’expulsion, désitant pas à utiliser la violence à montrer «l’erreur manifeste
l’échelle régionale et internatio- d’appréciation»du ministre de
nale».En l’espèce, les salafistes. l’Intérieur. Ainsi, l’imam Bou«Urgence absolue». Si la loi ziane a-t-il réellement troublé
protège l’étranger qui vit en l’ordre public? S’est-il comFrance depuis vingt ans porté en religieux parlant de
–vingt-trois ans en l’espèce– l’islam, sa religion? S’est-il
ou qui est parent d’enfants contenté de faire une lecture
français, elle permet aussi au du Coran qui autorise les châministre de l’Intérieur de timents corporels d’un mari
contourner cette protection sur sa femme? Et, ce faisant,
par le biais de l’«urgence abso- n’a-t-il fait que son travail
lue» ou de la «nécessité impé- d’imam? A-t-il ou non prêché
rieuse». Et ce, si le comporte- la haine? «De toute façon, assument est «lié à des activités re l’avocat, je gagnerai, si ce n’est
terroristes» ou constitue des pas devant le tribunal, ce sera
«actes de provocation à la dis- devant le Conseil d’Etat!»
crimination, à la haine ou à la En revanche, même si l’avocat
violence en raison de l’origine avance la totale virginité judiou de la religion».C’est ce qu’a ciaire de l’imam Bouziane
visé le ministre de l’Intérieur «qui, en vingt-trois ans, n’a jadans son arrêté d’expulsion. Et mais eu le moindre problème
c’est ce que discutera Me Hebia avec la justice», les juges admidevant les juges, tant sur le nistratifs lui répondront que
l’expulsion est un pouvoir défond que sur la forme.
D’abord, l’argument de l’urgen- tenu par le ministre de l’Intéce invoqué: «Pourquoi avoir rieur ou le préfet. Une mesure
exécuté en urgence absolue un de police totalement distincte
arrêté daté du 26février?»En- des décisions judiciaires. Il est
suite, l’article 8 de la Conven- fréquent, en effet, que des metion européenne des droits de sures d’expulsion frappent des
l’homme qui protège les at- personnes n’ayant jamais eu le
teintes insupportables et ma- moindre problème avec la jusnifestement disproportion- tice. •
nées au droit à une vie
DOMINIQUE SIMONNOT
madame, soupire
« U reux,
M Malmoud Hebia, je
Laïcité: une circulaire
impopulaire
Tollé contre le texte qui, distinguant signes religieux et
culturels, laisse les chefs d’établissement dans le flou.
n tollé. La circulaire Aujourd’hui, Philippe Guittet
d’application de la loi se dit «très mécontent». Comsur la laïcité dont une me les autres opposants au
première version a été texte, il relève une apparente
rendue publique mar- contradiction dans la circulaidi (Libération d’hier) suscite re. En effet: si elle interdit
une pluie de critiques. Hier, le explicitement «les signes et teSNPDEN (principal syndicat nues qui manifestent ostensides chefs d’établissement), la blement une appartenance reliFSU et l’Unsa-Education gieuse» (à savoir «le voile
(principales fédérations syndi- islamique, quel que soit le nom
cales dans l’éducation) et Mo- qu’on lui donne, la kippa ou une
hamed Béchari, vice-président croix de dimension manifestedu Conseil français du culte ment excessive»), elle «ne remet
musulman (CFCM), ont réagi pas en cause le droit des élèves
négativement à ce texte. Pour de porter des signes religieux
la FSU, qui s’est toujours pro- discrets», ni, et c’est là que le
noncée contre un
texte quel qu’il soit, «Ce texte appelle au respect
refusant qu’«on en- de principes et donne ensuite toutes
ferme le débat sur la les possibilités de les contourner.»
Patrick Gonthier, de l’Unsa-Education
laïcité en se limitant
à l’interdiction du
voile»,cette réaction n’est pas bât blesse, les «tenues tradiune surprise. Pas plus que cel- tionnelles qui marquent l’attale de Mohamed Béchari. Selon chement à une culture ou à une
lui, le port du voile est une pres- coutume vestimentaire».Pour
cription de l’islam, et son inter- Philippe Guittet, il s’agit là
diction risque d’être ressentie d’une échappatoire: «Chacun
par les musulmans comme un pourra s’en saisir, les organisasigne de «suspicion». L’opposi- tions islamistes disent déjà que
tion du SNPDEN est plus inat- le voile n’est pas d’ordre relitendue. Lorsque Jacques Chi- gieux, mais culturel.»
rac s’était prononcé, en Daniel Robin, de la FSU, soudécembre, pour une telle loi, ligne la difficulté pour les chefs
son président, Philippe Guit- d’établissement «de faire le
tet, s’en était félicité, expli- distinguo entre les tenues reliquant qu’«il est normal que les gieuses, qui sont interdites, et
enseignants n’aient pas à les tenues pouvant être considéconnaître la religion des élèves, rées comme culturelles ou traet les élèves, celle de leur ensei- ditionnelles, qui sont autorisées».Le secrétaire général de
gnant».
U
Patrick Henry au mitard
pour des draps et des tiges
La thèse de l’évasion est peu crédible.
arce qu’il possédait des
draps déchirés et des
tiges métalliques –trouvés dans sa cellule lors
d’une fouille–, Patrick Henry a
écopé de 30jours de mitard, au
quartier disciplinaire de la prison de Val-de-Reuil (Eure).
Cette très forte sanction (le
maximum est de 45 jours) n’a
pas été prononcée pour «tentative d’évasion» comme cela
a pu être raconté, mais pour
«détention d’objets interdits».
Il serait d’ailleurs absurde
d’imaginer une évasion depuis une prison aussi sécurisée juste avec des draps et des
tiges. Selon l’administration
pénitentiaire, «on découvre
tous les jours des choses dans
les cellules de détenus, comme
de la literie déchirée. Cela sert
P
à yoyoter, c’est-à-dire se passer
des choses de cellule à cellule».
Condamné à perpétuité en
1977 pour le meurtre d’un enfant, Patrick Henry purge
quatre ans de prison pour un
transport de drogue, commis
en Espagne, durant sa libération conditionnelle octroyée
en 2001. Il y a peu, il avait écrit
à son avocat Thierry Lévy:
«Le fisc lui reprochait d’avoir
omis sa déclaration annuelle
de revenu alors qu’il était incarcéré en Espagne! raconte
l’avocat. Il était taxé d’office
d’une énorme somme. Il semblait désespéré, ne se voyait
aucun avenir et n’était sûrement pas dans l’état d’esprit
d’un homme qui prépare son
évasion.» •
D.S.
l’Unsa-Education, Patrick
Gonthier, juge que «ce texte est
impraticable, pouvant mener à
toutes les interprétations. Il appelle au respect de principes et
donne ensuite toutes les possibilités de les contourner». «Ce
sont les proviseurs et les professeurs, et eux seuls, qui vont apprécier si les couvre-chefs portés par les “Fatima” répondent
à un engagement religieux ou
non», ironise Mohamed Béchari. Ce responsable du
CFCM regrette également
que le texte ne prévoie pas
d’associer les conseils régionaux du culte musulman au
dialogue qui devra intervenir
entre le chef d’établissement
et les élèves refusant d’enlever
leur foulard.
Depuis hier, le ministère de
l’Education nationale reçoit
les syndicats de l’enseignement et les représentants des
confessions ensuite. Les mécontents pourront donc lui faire part de leurs doléances.
Obtiendront-ils des modifications? «Si la suggestion est
conforme à l’esprit du texte, on
la prendra en compte, mais la
marge est limitée»,répondaiton hier au ministère. Le 6mai,
la circulaire sera soumise, pour
avis, au Conseil supérieur de
l’éducation. «En l’état actuel, je
voterai contre», menace le responsable du principal syndicat
des chefs d’établissement.•
CATHERINE COROLLER
Un postier picard
écroué
Le directeur de la Poste
de Saint-Léger-lèsDomart (Somme) a été
mis en examen et écroué
pour avoir détourné
environ 260000 euros
auprès de clients depuis
2001. Il détournait de
l’argent sur des
placements à long terme.
Explosion d’une
bombe artisanale
Six jeunes gens de 17
à 23 ans ont été mis en
examen hier à Niort (DeuxSèvres), après l’explosion
d’une bombe qu’ils venaient
de fabriquer. Deux d’entre
eux ont été blessés, dont une
jeune femme de 20 ans,
amputée d’une jambe.
Pendant les vacances de
février 2003, ils avaient déjà
détruit quatre abribus avec
des bombes.
Quarante-trois ans
de conduite illicite
Une institutrice à la
retraite de l’Hérault vient
de découvrir qu’elle
conduisait depuis
quarante-trois ans sans
permis. Malgré plusieurs
accidents et
contraventions,
personne n’avait
remarqué que le
document n’était pas
valide.
L’épée de Jeanne d’Arc
dérobée
Pour la deuxième fois
en deux ans, l’épée de la
statue de la Pucelle
située sur le parvis de la
cathédrale de Reims a
été sciée et volée. Elle n’a
cependant aucune valeur
archéologique.
16 société
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Un étudiant musulman interdit
de stage par la DST
Un étudiant libanais de 26 ans s’est vu refuser par
le CNRS un stage sur les radars et la transmission
d’images dans un institut spécialisé travaillant
pour le compte de la Défense. Pourtant, le jeune
homme inscrit à l’université de Rennes avait
brillamment achevé la partie théorique de son
DEA en télécommunications informatiques,
obtenant une mention «très bien». Le refus, qui n’a
pas été motivé par le CNRS, ferait suite à
l’intervention de la Direction de la surveillance du
territoire (DST), selon Ouest-France. Des sources
policières ont confirmé que les services de contreespionnage français avaient convoqué le jeune
homme, membre d’une association liée à l’Union
des organisations islamistes de France (UOIF) et
responsable de la salle de prière de l’université, où
il citait le fondateur des Frères musulmans dans
ses prêches.
Une histoire
Nominations à l’Institut du cancer
A l’occasion, aujourd’hui, de la visite d’un hôpital pédiatrique
à Paris, Philippe Douste-Blazy, nouveau ministre de la Santé,
va annoncer l’architecture du nouvel Institut national du
cancer, mesure phare du plan cancer voulu par Jacques
Chirac. En particulier, le ministre va rendre publiques les
nominations très attendues des responsables.
C’est le professeur David Khayat, cancérologue à l’hôpital la
Pitié, qui, à terme, devrait occuper le poste de président du
conseil d’administration de l’institut; le professeur
Dominique Maraninchi, directeur de l’Institut
Paolo-Calmettes à Marseille, prendra en charge la direction
scientifique. Et enfin, François Werner, ancien directeur de
cabinet de Pierre Bédier qui fut secrétaire d’Etat aux
Programmes immobiliers de la justice, aura la fonction
de directeur général. Tous trois seront formellement
nommés après le vote, par le Parlement, de la loi de santé
publique.
Trois meurtres et un suicide
pour en finir avec l’inceste
Un grand-père a tué sa fille et ses petits-enfants, victimes de ses viols.
ère et grand-père incestueux, Da- Depuis, le père de ses deux enfants l’a
niel Baillon, 56 ans, s’est tranché quittée et vit dans le Sud-Est. Elle a héla gorge jeudi 1er avril chez lui, bergé pendant des années son père
avenue de la Porte-de-Vanves à désœuvré, «sans profession». Sa mère viParis. Sa femme a découvert le votait de son côté«de petits boulots»à Pacadavre et les lettres. Quatre missives, ris. «Une famille un peu tuyau de poêle»,
émaillées de fautes d’orthographe, pour selon la police. Laure n’a pas refusé que
s’accuser du triple assassinat des siens, la son violeur garde ses petits à elle, penveille: «J’ai tué ma fille et mes deux petits- dant ses heures de travail. Et puis, les
enfants. Je me sens pas bien du tout dans pulsions du grand-père ont repris. Il a réma peau et dans ma tête.»Alertée, la poli- pété les mêmes crimes sur son petit-fils,
ce judiciaire des Hauts-de-Seine a foncé Anthony. Selon un enquêteur, «il a violé
à l’adresse de sa fille, dans un immeuble le petit garçon à plusieurs reprises».
de briques, à Rueil-Malmaison. Dans Contrairement à sa mère, éminemment
l’entrée, le corps de Laure
Baillon, 30 ans. Et puis ceux «J’ai tué ma fille et mes deux petits-enfants.
d’Anthony, 11 ans, et de Mae- Je me sens pas bien du tout dans ma peau et dans
va, 7ans. Tous égorgés avec un ma tête.»
Daniel Baillon, dans une lettre écrite avant son suicide
cutter et un couteau de cuisine. Le patriarche a utilisé les
passive, la fille n’a pas fermé les yeux. Un
mêmes lames pour se tuer.
Dans ses écrits, le meurtrier rejette la jour, Anthony lui a parlé de ce que lui faifaute sur la première de ses victimes, sait son papi. Laure a aussitôt expulsé
Laure. C’est elle qui l’a dénoncé en 1990 son père, l’a «interdit de séjour dans sa
pour ses viols à répétition sur toute la maison». Plus le droit de voir ses petitsfratrie, les deux sœurs et les deux frères. enfants, plus de contact. Mais elle n’a pas
Daniel Baillon a donc été interpellé, em- osé déposer plainte pour les viols de son
prisonné, et jugé. En 1992, la cour d’as- enfant. Elle a décidé de pas ébruiter cetsises de Paris l’a condamné à huit ans de te sale affaire de famille qui se perpétuait.
prison pour «viols sur mineurs par as- Elle a coupé les ponts.
cendant». Libéré en septembre 1997, le Daniel Baillon déménage alors de Rueil,
père incestueux s’est réfugié chez sa fille rejoint sa femme à Paris. Il ne supporte
pas la rupture et rejette la faute sur LauLaure.
Maître d’hôtel par intérim dans des res- re: «Ils m’ont anéanti», écrit-il. Il rumine
taurants, Laure avait fondé une famille. pendant un mois sa vengeance contre sa
P
fille et sa progéniture: «Je me suis lesais
(laissé, ndlr) aller avec Anthony et je regrette. Je voudrais que ça se calme.» Le
31 mars, il sonne chez sa fille, l’égorge
dans le vestibule, empêche Anthony de
crier, puis tue Maeva dans son sommeil.
Il a mis fin à ses jours: «Je me suicide pour
ne pas retourner en prison, pour que ma
femme n’aille pas une deuxième fois au
procès, et je ne veux pas recommencer de
plus belle.»
L’action judiciaire s’est éteinte avec lui.
Elle s’est réveillée à cause de retraits d’argent, la nuit du triple meurtre, avec la
carte bancaire de Laure. Les enquêteurs
de la PJ ont d’abord pensé à un coup du
père. Ils ont ensuite trouvé la trace d’un
frère, Mickaël, 31ans, «connu des services
de police pour des petits vols», qui aurait
«assisté à la scène puis subtilisé et utiliséla
CB» de sa sœur. Ils se demandent si le fils
aîné de Daniel Baillon l’a épaulé ou non
dans sa sale besogne. Pour l’instant, Mickaël a été mis en examen et écroué pour
«vol», «escroquerie», «non-assistance à
personnes en danger» et «non-dénonciation de crimes». Le lendemain du carnage, Mickaël a indiqué à la police qu’il avait
eu «trop peur deson père»pour le dénoncer. S’il a pris la carte de sa sœur défunte
et retiré un peu d’argent, c’est «pour acheter des fleurs à son neveu et à sa nièce».
Mais les enfants ont été enterrés, sans
fleur ni couronne.•
PATRICIA TOURANCHEAU
E.F.
Une centaine de militants de l’association
Droit au logement (DAL) ont occupé durant deux
heures, hier, le hall du secrétariat d’Etat au
Logement, au pied de la Grande Arche du quartier
d’affaires de La Défense. Les manifestants, qui
souhaitaient être reçus par le ministre MarcPhilippe Daubresse, protestent contre un
amendement au projet de loi de décentralisation
qui prévoit, selon eux, la fin du contingent
préfectoral de logements sociaux. D’après
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, ces
logements devraient être gérés à terme par les
communes, «ce qui va favoriser une forme de
clientélisme». Les militants du DAL ont été
expulsés «par la force mais sans brutalité» en fin
d’après-midi.
Paralysée et aveugle après une
opération: le CHU condamné
Le centre hospitalier universitaire de Nancy a été
condamné mardi par le tribunal administratif à
verser 400000 euros de dommages et intérêts à
une femme restée paralysée et aveugle après une
opération de la thyroïde qui avait entraîné des
complications. Un hématome dû à un important
saignement s’était formé au niveau du cou de la
patiente, provoquant une asphyxie et un coma.
L’avocat de la victime, qui accusait l’équipe
médicale de «lenteur» et «négligence», envisage
de faire appel du jugement, estimant
l’indemnisation «insuffisante au regard des
besoins de sa cliente».
Le footballeur niçois revient dans le jeu
Donné pour disparu il y a un mois, Malek Cherrad a téléphoné à sa famille.
ous allons bien, je
vous rappellerai, je
ne peux rien dire de
plus pour le moment.
Je suis désolé.» Un message
bref, attendu depuis maintenant un mois. Disparu le
24 mars avec sa compagne,
Elodie, et son bébé de 12mois,
Adam (Libération du 8 avril),
le footballeur professionnel
niçois Malek Cherrad a enfin
donné de ses nouvelles.
«Il a téléphoné à un proche de
la famille, explique Kamar,
frère aîné du joueur. La
conversation a été très rapide, mais elle a suffi à nous
soulager. Malek est quelque
part en France, vraisemblablement à la campagne. Il
n’aurait jamais été à l’étranger en tout cas.» Fin du mystère Cherrad? Depuis que les
enquêteurs de la PJ avaient
perdu sa trace dans le SudOuest, quelques jours à peine
après sa disparition, les spéculations les plus diverses entouraient la famille en fuite.
Un jour, elle a été aperçue en
Espagne, le lendemain en
Thaïlande, une autre fois en
Algérie où le quotidien fran-
«N
réclamé avec incophone Liberté
sistance à son club
prétend que le
de pouvoir toucher
jeune homme de
directement par
23 ans se serait
chèque le salaire
mis au vert dans
de 16000euros hala région de Sétif
bituellement vidont sa famille est
ré sur un compte
originaire. Pour un
bancaire qu’il parautre journal algétageait avec son
rois, il aurait pris
frère. «Malek avait
quelques jours de Cherrad aurait
régulièrement des
repos dans un pe- des problèmes
problèmes d’argent,
tit village azuréen. d’argent.
corrige Kamar,
Dernière rumeur:
Malek Cherrad serait en Tu- 30 ans, élevé avec ses quinze
nisie à la recherche d’un nou- frères et sœurs dans la banlieue grenobloise. Pour l’aider
veau club.
«Nous n’avions jamais vrai- à s’en sortir, je cogérais un
ment considéré qu’il s’agissait compte joint avec son accord,
d’une disparition, c’était plutôt comme un bon père l’aurait
un départ, confirme le parquet fait.» Depuis quelques mois,
de Nice après le bref coup de Malek aurait cédé à la passion
fil. Comme nous le pensions, la du jeu, devenant même un hapiste criminelle n’était pas la bitué des casinos de la Côte
bonne. Nous allons voir s’il d’Azur. Ce qui l’aurait obligé à
convient de poursuivre les re- demander des avances sur sacherches.» Selon les premiers laire à ses employeurs pour
éléments de l’enquête, Malek faire face à des dettes de plus
Cherrad serait parti car il vou- en plus prononcées. Au club,
lait se soustraire à l’autorité de ce cas ne serait pas isolé. «A
ses frères qui exerceraient sur l’OGC Nice, il y a un vrai prolui un véritable racket. Avant blème lié au jeu, affirme Kade s’évanouir dans la nature, mar qui suit le parcours de son
l’international algérien avait frère depuis son entrée au
S I PA
Le DAL envahit le secrétariat
d’Etat au Logement
centre de formation niçois, il y
a huit ans. Malek n’était pas le
premier à demander une avance sur salaire, d’autres étaient
dans le même cas. Vous savez,
quand vous êtes footballeur,
que vous avez 20 ans et que
vous habitez près de SaintTrop ou Monaco, les tentations
sont faciles.» •
FRÉDÉRIC BRENON
archives
sur le web
Consultez
en ligne
les archives
payantes
du journal.
Jusqu’à 75%
de réduction
avec le «Carnet
d’archives».
Sur liberation.fr
économie
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Dans un parc
de Pudong, près
de Shanghai (Chine).
C H R I S S TOW E R S . PA N O S P I C T U R E S . E D I T I N G S E R V E R
Un fonds
créé en 1944
Le FMI publie ses prévisions semestrielles sur le climat économique mondial.
Croissance ensoleillée
partout… sauf en Europe
M
ieux que prévu. A la veille des
réunions de printemps du
Fonds monétaire international et de la Banque mondiale,
ce week-end à Washington, le
FMI (lire ci-contre) a livré hier
ses prévisions semestrielles sur le climat
économique mondial. Eclaircie attendue:
la croissance mondiale repart. Mais risques d’intempéries liées aux tensions
géopolitiques, aux taux d’intérêt à la hausse ou à la bulle immobilière.
2003, contre 21 % pour les Etats-Unis.
L’Amérique latine, elle, connaîtra une embellie (3,9 % en 2004, plus du double de
l’an passé). Même l’Afrique, souvent oubliée de la croissance, est concernée. Elle
pourrait connaître sa meilleure «perf» depuis près de trenteans: soit près 4,2% en
2004 et même 5,7% en 2005. C’est encore
loin des 7 % jugés «indispensables» à un
développement et à une lutte contre les
pandémies comme le sida.
Un PIB mondial revigoré
Le FMI l’avait prévu, Alan Greenspan, le
président de la Réserve fédérale (Fed), est
sur le point de le faire. Car le PIB florissant
des Etats-Unis l’est… un peu trop. A tel
point que le FMI et Greenspan plaident
pour une remontée des taux américains.
Histoire de contenir une hausse de l’inflation dont la probabilité n’est pas nulle. «La
Banque centrale devra un jour remonter ses
taux pour empêcher l’émergence de pressions inflationnistes»,a rappelé Greenspan
hier dans son discours devant la Commission économique du Congrès.La Fed, qui
a ramené les taux d’intérêt des fonds fédéraux à 1% (au plus bas depuis 1958), peut
encore se donner du temps: l’inflation reste prévue à 2,3% cette année et le taux de
chômage (5,5% anticipés) dans les cordes
d’une économie dynamique.Les experts
du Fonds ont préféré concentrer leurs
piques sur la politique budgétaire améri-
La croissance mondiale devrait être de
4,6% en 2004 (4,4% en 2004) contre 4%
prévus en septembre par le FMI. «Le monde est sorti de l’hiver de la récession», s’emballe l’économiste en chef Raghuram Rajan. Le dynamisme des Etats-Unis est au
diapason (4,6%). C’est beaucoup plus que
la moyenne (3,5%) des sept pays les plus
industrialisés (G7). Dépressif chronique il
y a un an, le Japon pourrait afficher un
bond de 3,4%, soit plus du double des précédentes prévisions du FMI! Un retour en
forme dû en partie aux deux nouveaux
tigres asiatiques, l’Inde (6,8%) et la Chine
(8,5 %). Pékin est «en train de devenir un
important consommateur de biens manufacturés, contribuant à la croissance du reste du monde, et surtout du Japon», note le
rapport. La part de l’Asie dans le PIB mondial est passée de 9 % en 1970 à 25 % en
17
Un moteur américain surchauffé
caine, marquée par une augmentation des
déficits publics. Visiblement, l’engagement de l’administration Bush de réduire
le déficit par deux dans les cinq ans à venir
semble de plus en plus hypothétique. «Une
consolidation plus ambitieuse est nécessaire», euphémise le FMI. Qui ajoute que cela doit aller de pair avec une contraction du
niveau record des déficits extérieurs, parti
pour atteindre les 5% du PIB!
Une Europe poussive
La zone euro est à la traîne du monde.
Avec un très timide 1,75% cette année et
2,25% l’an prochain, l’Europe peine. Pire:
«Les récents indicateurs ne montrant pas
d’amélioration, la vigueur de la reprise est
incertaine», relève le rapport. Même si
«l’Europe n’est pas pour l’éternité dans des
conditions hivernales, relativise Raghuram Rajan, du FMI. Elle finira par s’en sortir».Pourtant, les entreprises affichent de
jolis profits, les patrons des revenus parfois indécents; les échanges commerciaux sont au beau fixe, l’inflation bien
contenue. Mais voilà: la consommation
des ménages reste faiblarde. Il n’en faut
pas plus au FMI pour plaider pour «un
changement de la politique monétaire allant dans le sens d’un biais accommodant».
Autrement dit: une réduction des taux
d’intérêt de la Banque centrale européenne. Dans son sillage, le FMI, fidèle à
son orthodoxie monétaire, appelle en sus
à des «réformes structurelles». Comme la
réduction de la dette publique. La France
appréciera… Comme elle devrait apprécier la révision à la baisse de 0,2 % de ces
prévisions de croissance pour 2004
(1,8 %), loin des 3,5 % annoncés pour la
Grande-Bretagne, par exemple.
Un environnement vulnérable
Il y a d’abord l’instabilité géopolitique et
la montée du terrorisme, sur lesquelles le
FMI ne s’attarde pas.Il y a aussi le prix des
matières premières, qui, hors énergie, devrait afficher une hausse «assez importante», sous l’impulsion de la reprise aux
Etats-Unis et, surtout, de l’appétit dévorant de la Chine. Il y a enfin l’inquiétude
de la formation d’une bulle immobilière
qui, conjuguée avec la spéculation et la
hausse des taux d’intérêt annoncée, pourrait bien exploser et fissurer la croissance
mondiale. «La hausse des prix immobiliers ces dernières années, notamment en
Australie, en Irlande, aux Pays-Bas, en Espagne et en Grande-Bretagne, a aiguisé les
craintes d’une bulle immobilière et donc
d’une éventuelle correction des prix»,note
le rapport.Le spectre de la fameuse bulle
japonaise des années 90 n’est pas totalement effacé. D’autant que la menace vise,
cette fois, la plupart des pays riches qui
verraient leur reprise tomber à l’eau. Bonjour la décroissance insoutenable… •
VITTORIO DE FILIPPIS et CHRISTIAN LOSSON
Rôle. Le FMI a pour
mission d’assurer la
stabilité financière à
l’échelle mondiale.
Créé par les
accords de Bretton
Woods en
juillet 1944, il est
notamment chargé
de prévenir les
crises et de les
régler. Son action
s’est concentrée sur
l’aide aux pays en
difficulté (Mexique,
Russie, Argentine,
etc.), en échange
de politiques
économiques
orthodoxes. Les
versements de ses
183 Etats membres,
servant à financer
ses interventions,
atteignent
316 milliards de
dollars (au
31décembre 2003).
Critiques. Le FMI
concentre les
attaques des
militants
altermondialistes et
d’économistes qui
l’accusent de
mettre en œuvre
une vision libérale
de l’économie
mondiale et de
pousser certains
pays – l’Argentine,
par exemple – à la
ruine par la
violence de ses
plans d’ajustement.
Etudes. Pour
asseoir son action,
le FMI évalue tous
les ans la situation
économique de
chaque pays. Tous
les six mois, il
publie, comme hier,
son rapport sur ses
perspectives
économiques
mondiales.
Siège. Installé à
Washington, le FMI
emploie près de
2700 employés
(économistes,
statisticiens, etc.).
Tous les ans, il
envoie des
missions dans les
pays étudiés.
Directeur. Après la
démission, début
mars, de l’Allemand
Horst Köhler, la
nomination d’un
nouveau directeur
doit être
officialisée à la fin
de la semaine. Le
favori est Rodrigo
Rato, ancien
ministre espagnol
de l’Economie
dans le
gouvernement de
José Maria Aznar.
18 économie
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
La Bundesbank
s’offre un professeur
Berlin de notre correspondante
in du thriller politico-financier allemand. Le
gouvernement allemand
vient de créer la surprise
en proposant de nommer à la
tête de la Bundesbank, la
Banque centrale allemande,
Axel Weber, professeur d’économie internationale à l’université de Cologne. Respecté
pour ses compétences monétaires, l’homme de 47ans n’est
pas vraiment du sérail.
Membre du conseil scientifique de la Bundesbank, il n’a
pas exercé de mandat effectif
dans une institution financière.S’il fait parti des cinq «sages»
qui conseillent le gouvernement en matière économique,
il n’est par pour autant
membre du Parti social-démocrate (SPD). «C’est un choix très
habile, estime Rüdiger Pohl, directeur de l’Institut de recherche économique de Halle.
Car, en nommant une personnalité neutre politiquement, le
gouvernement préserve l’indépendance de la Bundesbank.»
Dont l’image a été largement
ternie depuis quinzejours par
l’affaire Welteke.
Vendredi dernier, Ernst Welteke avait été contraint de démissionner de la présidence de
la «Buba» à la suite du scandale provoqué par son séjour à
Berlin pour le nouvel an 2002.
Invité par la Dresdner Bank
pour fêter le passage à l’euro,
Ernst Welteke s’était fait payer
quatre nuits à l’hôtel Adlon, situé près de la porte de Brandebourg, avec femme et enfants,
F
pour 7661euros. Après une semaine de polémique, le banquier central a admis qu’il
avait, à tort, considéré cette invitation comme une forme de
rétribution. La presse a par
ailleurs révélé qu’il avait accepté d’autres «cadeaux» du même type.Une procédure judiciaire pour «prise d’intérêt
illégal» a été ouverte, plongeant le gouvernement Schröder dans l’embarras. Laisser
Welteke en place revenait à accréditer l’idée que le président
de la Buba peut, en toute impunité, se laisser corrompre par
des banques dont il est censé
surveiller les activités!
L’affaire tombe d’autant plus
mal que la Buba, qui fut la
Banque centrale la plus puissante d’Europe, traverse une
crise d’identité. La Banque
centrale européenne (BCE) et
l’euro lui ont ravi la vedette,
même si le président de la Bundesbank occupe l’un des dixhuit sièges du Conseil des gouverneurs de la BCE. «La
nomination d’Axel Weber devrait permettre de recentrer le
rôle de la Buba sur la défense
des intérêts de l’économie allemande», estime Pohl. Jusqu’à
faire pression pour une baisse
des taux d’intérêt quand le
gouvernement allemand le lui
demandera? «Sûrement pas,
s’exclame Pohl. L’indépendance de la Buba s’exerce également
à l’égard des politiques. Je suis
certain que le professeur Weber
s’inscrira dans la droite ligne de
la BCE.»•
J E A N - M I C H E L S I C OT
Axel Weber, de l’université de Cologne, placé
à la tête de la Banque centrale allemande.
La CGT a manifesté contre les discriminations syndicales chez EADS
Environ 200 militants CGT du groupe
EADS France ont manifesté hier,
devant le siège parisien du consortium
européen d’aéronautique et de
défense, pour demander le règlement
définitif de 321 dossiers de
discrimination syndicale actuellement
en instance.
Venus des principales filiales du
groupe, les militants ont multiplié les
témoignages: «Un système de
discrimination hors du commun a été
mis en place dès les années 70 dans
l’ex-Aérospatiale à partir de
conceptions initiées par Maurice Papon
(alors PDG de Sud Aviation, ndlr)», a
déclaré Christian Marty, délégué
syndical CGT d’Airbus.
Selon la CGT, pendant plus de trente
ans, les syndiqués ont été «mis à l’écart
de tous les postes de décision et de
commandement, placés dans des lieux
isolés ou privés d’augmentations de
salaires». La CGT a «obtenu, dès 2001,
plusieurs décisions favorables,
la dernière en date étant un arrêt du
9 mars de la cour d’appel de Paris
(Libération du 26 janvier),
qui condamne Airbus à verser
437000 euros de dommages et
intérêts pour discrimination syndicale à
quatre salariés CGT.»
M.Gr. (avec AFP)
Sarkozy agace les nerfs
d’acier de Bruxelles
Les préconisations du ministre de l’Economie pour lutter contre la
hausse mondiale du prix du métal ont irrité les instances européennes.
ODILE BENYAHIA-KOUIDER
utant Francis Mer
était avare en communiqués de presse,
autant son successeur, Nicolas Sarkozy,
saute, comme un affamé, sur le
moindre sujet susceptible de
faire un peu de mousse médiatique. Comme un joli pied de
nez à son prédécesseur, le nouveau ministre de l’Economie
s’est trouvé un nouvel os à ronger: la hausse mondiale du
prix de l’acier. Sujet de prédilection de l’ancien patron
d’Usinor qui, avant de prendre
la tête de Bercy, avait fait toute
sa carrière dans… le secteur de
l’acier.
Menaces. Mardi, donc, Sarkozy décide de rendre publique
une lettre de réponse à un député UMP, Jean-Claude Lenoir, qui s’inquiétait des menaces que font peser l’envolée
des prix de l’acier sur la santé
des petites et moyennes industries françaises consommatrices de cette matière première (Libérationdu 11mars).
«J’ai saisi formellement le com-
A
cher sur des solutions
concrètes et crédibles.
Dysfonctionnement. Chez Eurofer, association professionnelle regroupant les sidérurgistes européens, on doute de
la pertinence de la missive
française: «On ne voit pas très
bien ce que les mesures commerciales peuvent changer à
une hausse de prix, principalement due à l’explosion de la demande
«Sarkozy est trop intelligent pour ne
pas savoir que cette question du prix de chinoise.» A enl’acier ne se règle pas avec une lettre.» tendre les sidérurUn industriel français gistes, Sarkozy se
serait même tromMais, hier, cette publicité a pé de guichet de réclamations.
provoqué un début d’agace- «Le vrai problème, c’est que
ment à Bruxelles. La porte- certaines PMI sont coincées
parole de Pascal Lamy a ren- entre des hausses de prix de
voyé super-Sarkozy dans les matière première et des clients,
cordes en déclarant: «Si les comme les constructeurs autoservices de Sarkozy ont des mobiles qui refusent de revoir
idées sur l’utilisation de me- leurs prix d’achat. Mais ces
sures commerciales, elles se- dysfonctionnements n’ont rien
ront les bienvenues et nous se- à voir avec les attributions de
rons prêts à les examiner.» En Lamy», explique un profesclair, au lieu de faire le fanfa- sionnel.
ron, le numéro 2 du gouver- D’ailleurs, Bercy semble un
nement ferait mieux de plan- peu gêné aux entournures
missaire européen chargé du
Commerce extérieur de cette
question, en lui signalant toute
l’importance que la France y
portait et en lui demandant
d’examiner dans les meilleurs
délais les instruments de politiques commerciales, dans le
respect de nos obligations internationales», écrit le ministre au député.
quand il s’agit de détailler
l’éventail de mesures commerciales de Sarkozy. Deux
pistes sont malgré tout évoquées. Un: aider la Chine à
produire plus d’acier avec
moins de matière première
pour faire baisser la pression
sur les cours. Deux: tenter de
lever les quotas et baisser les
prix pratiqués, notamment en
Russie et en Ukraine, sur les
matières premières indispensables à la production d’acier.
Rien en tout cas qui puisse
avoir des effets immédiats.
Le calendrier faisant bien les
choses, une délégation de
l’UE, emmenée par Pascal Lamy, a débarqué hier en Russie
pour évoquer, entre autres, le
prix de l’énergie, jugé dissuasif pour les industriels européens. «Toute cette agitation,
c’est pour amuser la galerie.
Sarkozy est trop intelligent
pour ne pas savoir que cette
question du prix de l’acier ne se
règle pas avec une lettre»,
lâche un industriel.•
GRÉGOIRE BISEAU
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4 ★
Statut EDF-GDF:
le gouvernement ralentit le pas
Nouveau report de l’examen du projet de loi sur le
changement de statut d’EDF-GDF par le Conseil
d’Etat. Initialement prévu demain, cet examen est
repoussé «fin avril-début mai», a confirmé hier le
ministère de l’Industrie. C’est la deuxième fois que
cette étape, préalable indispensable à la
présentation du texte en Conseil des ministres, est
reportée. Parallèlement, le ministre des Finances,
Nicolas Sarkozy, multiplie les consultations. Hier, il
a reçu la CGT puis la CFTC, qui réclament toutes
deux des garanties supplémentaires sur les
missions de service public. Il avait reçu la CGC la
D’après AFP
veille.
Les gens
Le chiffre du jour
La baisse du nombre d’apprentis sous contrat
en un an, selon le ministère de l’Emploi
-1,2%
d’ingénieurs, ne cesse de progresser.
De 27% en 2000, ils sont passés à 31% en
2002. Enfin, selon le ministère de
l’Emploi, les dépenses de formation
professionnelle (dont l’apprentissage)
ont augmenté: elles atteignent en 2001
22milliards d’euros, et progressent ainsi
de 1,8%. Et un quart de ces dépenses
vont aux jeunes (+2,7%). En revanche,
les sommes allouées aux chômeurs
reculent.
D’après AFP
l’hôtellerie-restauration (-3%),
domaines favoris de l’apprentissage, ont
subi les plus fortes baisses. La Direction
de l’animation de la recherche, des
études et des statistiques (Dares) met en
parallèle d’autres chiffres pour éclairer
le moindre succès des formations
courtes en entreprise. En effet, la part
des jeunes s’engageant dans des filières
professionnelles plus longues, allant du
brevet ou du bac pro à l’école
En 2002, pour la première fois depuis
1992, le nombre d’apprentis –le chiffre a
été publié hier par le ministère de
l’Emploi– a reculé. Quelque 237000
jeunes avaient été ainsi embauchés en
contrat d’apprentissage, soit 1,2% de
moins que l’année précédente. Même
désaffection pour les contrats de
qualification. Leur nombre (125000 en
2002) a également diminué de 5%.
L’artisanat-alimentaire (-6%),
Bourse de Paris Séance du mercredi 21 avril 2004
De l’esquimau à la griffe de luxe
STÉPHANE FEUGÈRE . AFP
économie 19
Tous les cours
de la Bourse de Paris
sont sur liberation.fr
LIBERATION
Le nouveau PDG du groupe Gucci
s’appelle Robert Polet. Il a 48 ans et ne
vient pas de l’univers du luxe ou de la
mode, mais des glaces et des surgelés. Il
en supervisait en effet la branche
mondiale chez Unilever, le géant de la
grande consommation. Sa nomination,
annoncée hier à Amsterdam, par Serge
Weinberg, le président de PPR (PinaultPrintemps-Redoute), en a surpris plus d’un. Parce que Robert
Polet remplace Domenico de Sole, l’Américain flamboyant
d’origine italienne considéré – en tandem avec le styliste
vedette Tom Ford – comme l’un des artisans du redressement
de Gucci. Après vingt-six ans passés chez Unilever (Lipton,
Magnum, Dove, Findus, Omo…), Robert Polet a certainement
pour mission de faire de Gucci une marque de «luxe de
D’après AFP
grande consommation».
Toujours la grève chez Brink’s
La grève des agents de la Brink’s, chargés du
filtrage des passagers à Orly-Ouest, s’est
poursuivie hier. En dépit des convocations reçues
la veille par 113 agents en vue de sanctions
pouvant aller jusqu’au licenciement, le taux de
grévistes demeurait très élevé au sein de la
société de sûreté. Les salariés sont en grève
depuis jeudi pour leurs conditions de travail, le
rétablissement de certaines primes supprimées et
l’embauche d’effectifs permettant de «mener leur
C.Mt.
mission à bien».
Les plus fortes hausses
Spir Communic.
Maurel et Prom
Oxyg.Ext-Orient
Carbone-Lorraine
Elior SCA
Trader Class. Med.
+ 16,02 %
+ 3,41 %
+ 3,25 %
+ 3,13 %
+ 3,11 %
+ 2,37 %
+ 2,15 %
Rhodia
Alstom
Eurotunnel
Alcatel A
Dassault Systemes
Rodamco Europe
Business Objects
- 4,41 %
- 4,30 %
- 4,26 %
- 4,08 %
- 4,05 %
- 3,88 %
- 3,69 %
Les plus fortes baisses
Les cours à la fermeture CAC40: - 0,80 % à 3743,15 points
valeurs
Accor
AGF
Air Liquide
Alcatel A
Arcelor
Aventis
Axa
BNP Paribas
Bouygues
Cap Gemini
Carrefour
Casino Guichard
Credit Agricole
Danone
Dexia
EADS
France Telecom
Lafarge
Lagardere
L’Oreal
Cours
jour
Var %
veille
Var %
31/12
Capitalisation
(milliards ¤)
34,49
52,10
149,00
12,69
14,18
62,75
18,29
51,55
28,91
28,91
38,90
74,70
20,85
140,50
14,10
19,57
20,63
68,70
50,60
64,45
- 1,37
+ 0,19
+ 1,15
- 4,08
- 2,34
+ 0,72
- 0,81
- 1,62
- 0,69
- 2,99
- 0,08
+ 0,20
- 1,42
- 0,21
- 0,42
- 0,61
- 2,23
- 0,94
- 0,69
- 0,46
- 3,93
+ 20,99
+ 6,43
+ 24,29
+ 2,60
+ 19,75
+ 7,78
+ 3,27
+ 4,29
- 17,89
- 10,62
- 3,11
+ 10,14
+ 8,58
+ 3,45
+ 3,82
- 8,96
- 2,69
+ 10,55
- 0,85
6,87
9,81
14,74
16,30
7,24
50,34
32,52
46,58
9,62
3,80
27,86
6,98
30,72
18,78
16,57
15,91
49,56
11,49
7,08
43,57
valeurs
LVMH Moet Hen.
Michelin
Pernod-Ricard
Peugeot
Pinault-Print.Red.
Renault
Saint-Gobain
Sanofi Synthelabo
Schneider Electric
Societe Generale
Sodexho Alliance
STmicroelectronics
Suez
TF1
Thales
Thomson
Total
Veolia Environ.
Vinci
Vivendi Universal
Cours
jour
Var %
veille
Var %
31/12
Capitalisation
(milliards ¤)
60,25
38,49
105,50
44,42
85,70
61,50
42,55
54,25
57,05
73,00
23,40
18,88
17,31
27,05
31,55
16,70
159,60
22,74
82,20
21,40
- 1,79
- 1,46
- 0,47
- 1,27
- 1,27
+ 1,23
- 1,09
+ 0,46
+ 0,09
- 0,68
- 0,89
- 1,92
- 1,37
- 1,24
- 0,25
+ 0,97
- 0,87
- 1,77
- 0,60
- 0,83
+ 4,42
+ 5,80
+ 19,68
+ 9,95
+ 11,81
+ 12,43
+ 9,64
- 9,13
+ 9,92
+ 4,29
- 2,13
- 12,19
+ 8,66
- 2,28
+ 18,39
- 1,01
+ 8,28
+ 6,76
+ 25,21
+ 11,05
29,52
5,52
7,44
10,80
10,49
17,52
14,51
39,76
13,23
32,01
3,72
17,01
17,39
5,82
5,42
4,69
103,60
9,21
6,92
22,93
+3,59 %
CAC 40 / 1 mois
3800
3750
3700
3650
3600
3550
3500
3450
22/03 25/03 31/03 06/04 09/04 12/04 15/04 21/04
CAC 40 / 1 an
+30,20 %
4000
3750
3500
3250
3000
2750
2500
2250
A M J J A S O N D J F M A
Marchés internationaux
EuroStoxx
Moscou
CLOTURE
CLOTURE
FOOTSIE 100
DAX 30
EXX50
RTSI
10317,27
1995,63
4539,9
4026,15
2855,46
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
+ 0,03 %
+ 0,86 %
- 0,64 % PRÉCÉDENT
+ 1,41 % (31/12)
- 0,86 % PRÉCÉDENT
+ 1,54 % (31/12)
- 0,81 % PRÉCÉDENT
+ 3,43 % (31/12)
Dow Jones
Londres
Nasdaq
Francfort
L’industrie allemande menace Marché des changes (cours de l’euro)
Etats-Unis
Japon
Royaume-Uni
Suisse
d’intensifier ses délocalisations 1,1836
USD 129,79 JPY 0,6682 GBP 1,5551 CHF
Coup sur coup, deux géants de l’automobile
allemande font le chantage à la délocalisation.
D’abord Man, un gros fabricant de camions et de
bus. Rudolf Rupprecht, son patron, a annoncé hier
qu’il voulait augmenter le temps de travail mais
sans relever les salaires, et si les syndicats refusent
la firme pourrait licencier puis délocaliser. De son
côté, le patron de Contitech, filiale de
l’équipementier Continental, a annoncé qu’il allait
lui aussi amplifier le transfert d’emplois à
l’étranger en raison de «l’énorme pression» qu’il
subit sur les prix.
CFF Recycling
Hongkong
- % PRÉCÉDENT
- % (31/12)
Tokyo
Sydney
São Paulo
HANG SENG
NIKKEI 125
ASX 100
BOVESPA
12227,3
11944,3
3444,7
21077,59
- 1,35 % PRÉCÉDENT
- 2,77 % (31/12)
- 0,07 % PRÉCÉDENT
+ 11,87 % (31/12)
- 0,36 % PRÉCÉDENT
+ 4,20 % (31/12)
- 2,54 % PRÉCÉDENT
- 5,21 % (31/12)
Euro - Dollar / 1 an +8,70 %
1,30
1,25
1,20
Suède
Russie
Brésil
9,1585 SEK 34,9266 RUB 3,5619 BRL
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
PRÉCÉDENT
1,1926 USD
128,61 JPY
0,66425 GBP
1,5548 CHF
9,1688 SEK
35,2997 RUB
3,6241 BRL
Or et matières premières
1,15
1,10
1,05
1,00
A M J J A S O N D J F M A
Taux d’intérêt
Or
Pétrole
Cacao
Café robusta
Blé
Palladium
(LONDRES) ONCE
(LONDRES) BARIL
(LONDRES) TONNE
(LONDRES) TONNE
(CHICAGO) BOISSEAU
ONCE
392,75 $
33,23 $
1327 $
714 $
391,5 $
296 $
-1,03 % PRÉCÉDENT
+14,59 % (31/12)
-1,74 % PRÉCÉDENT
+22,57 % (31/12)
-0,38 % PRÉCÉDENT
+1,14 % (31/12)
-1,79 % PRÉCÉDENT
-11,08 % (31/12)
-3,57 % PRÉCÉDENT
+20,46 % (31/12)
-6,43 % PRÉCÉDENT
+27,04 % (31/12)
Banques centrales
Marché monétaire zone euro
BCE
Fed (USA)
3 mois
1 an
10 ans
2,00 %
0,75 %
2,07 %
2,20 %
4,23 %
(TAUX REFI)
(TAUX D’ESCOMPTE)
Les chiffres clés
D’après AFP
• Les décrets attendus du Perp (plan d’épargne
retraite populaire), le dernier-né des instruments
d’épargne, ont enfin été signés hier.
• Eurazeo, holding du groupe Lazard, a déclaré
sa candidature au rachat d’Editis. Dans le Nouvel
Observateur qui paraît aujourd’hui, Lazard
affirme: «Nous avons, avec 1,4 milliard de
liquidités, la capacité d’acheter Editis.»
• Aventis a précisé hier que son projet relatif à
l’émission de bons de souscriptions d’actions
(BSA) serait caduc si une offre concurrente de
celle de Sanofi était déclarée recevable.
Emploi et salaires
SMIC
SALAIRES BRUTS
1215,11 ¤
MOYENS MENSUELS
(169 heures par mois)
CHÔMAGE (BIT)
9,6%
(février 2004)
janvier 2004: 9,6 %
Le moral
DES CONJONCTURISTES
(ISMOC-LIBÉRATION)
DES MÉNAGES
-22
2190 ¤ 10,5/20
2358 ¤ DES INDUSTRIELS
104
88,30
FRANÇAIS AU RMI
1 120 000
Privé
Public
(février 2004)
janvier 2004: 10,8
(janvier 2004)
Le monde
CROISSANCE 2004* CONSOMMATION
HABITANTS VIVANT
AVEC MOINS DE DEUX
DOLLARS PAR JOUR
+1,4% +0,00%
(mars 2004)
février 2004: -23
*Estimation
(février 2004)
DES CONSOMMATEURS
AMÉRICAINS
PRODUCTION
PRIX
MANUFACTURIÈRE
(en 2001)
(mars 2004)
fevrier 2004: 104
Les finances de la France
(mars 2004)
février 2004: 91,64
+0,30% 0,5%
(janvier 2004)
(février 2004)
sur 1 an: +1,8%
POPULATION
DÉTENANT 80%
DES RICHESSES
3 milliards 20%
SUBVENTIONS
AGRICOLES
DES PAYS RICHES
AIDE PUBLIQUE
AU DÉVELOPPEMENT
350 mds $ 57 mds $
Sources: Commission européenne, Conference Board, Cnuced, Insee
20 médias
La rédactrice en chef
de «USA Today» démissionne
Karen Jurgensen, rédactrice en chef du quotidien
le plus vendu aux Etats-Unis, USA Today, a
démissionné hier, un mois après la révélation d’un
scandale concernant l’un de ses grands reporters:
Jack Kelley. Ce dernier aurait «bidonné» au moins
huit reportages. USA Today est le deuxième grand
journal américain touché par une affaire de
journaliste fabulateur après le New York Times en
mai 2003.
Channel Four montre une IVG
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
TF1 en pleine fringale
de thématiques
Pour pallier la baisse d’audience de la Une et conserver ses annonceurs,
Patrick Le Lay mise sur les chaînes du câble et du satellite.
ongtemps, Patrick Le
Lay, PDG de TF1, a
considéré les chaînes
Après avoir retransmis une autopsie l’an dernier, la télé
du câble et du satellite
britannique Channel Four a brisé mardi soir un nouveau
comme du menu fretin.
tabou en montrant un avortement. Et ce alors qu’en 2001 les
Pas rentable. A propos de TV
chaînes du royaume avaient refusé de passer un spot
Breizh, sa danseuse bigoudèsanguinolent des anti-IVG. A ses détracteurs, Channel Four
ne à l’audience en dents de
répond vouloir contribuer à un débat de société. Selon la
scie, il déclarait même il y a
réalisatrice du film, Julia Black, on ne peut se contenter de
peu dans le Monde avoir
mots face aux images de fœtus à forme humaine du lobby
«adopté la stratégie du bigorPro-Life. Dans son film, diffusé à une heure tardive, le
neau qui se replie dans sa comédecin pratique l’avortement sur une femme enceinte de
quille et s’agrippe à son rocher
quatre semaines. Il présente ensuite le contenu de sa
seringue: des fragments d’embryons, loin des «bébés morts» quand une grosse vague arrive». Pourtant, le bigorneau Le
brandis par les anti-IVG. Une image contre une autre.
Ch.B. (à Londres) Lay vient de choisir une autre
stratégie, beaucoup plus offensive, celle du bernardl’hermitequi fait son nid chez
les autres crustacés. En l’espèce, TF1 est actuellement à l’afAprès douze ans de service, Gérard Klein,
fût de toutes les opportunités
plus connu sous le nom de l’Instit, alias Victor
sur le câble et le satellite.
Novak, va quitter la série de France 2 dont il était
Cibles. Mardi, Patrick Le Lay
le héros, a-t-il annoncé sur RTL.
annonçait ainsi la création
Motif: «Ça éloigne trop de la famille.»
prochaine d’une chaîne documentaire, Ushuaia TV, déclinée de l’émission de Nicolas
Hulot. La semaine dernière,
la Une mettait la main sur la
chaîne Histoire, délaissée par
le service public. Parallèle-
L
Gérard Klein: «l’instit» retraité
ment, Le Lay s’intéresse fortement à TMC (Télé Monte Carlo, détenue par Pathé), l’une
des chaînes thématiques les
plus connues, qui présente
l’avantage d’être aussi diffusée
en hertzien dans le sud de la
France. Ultime cible: Match
TV (groupe Lagardère), que
Le Lay verrait bien fusionner
avec TV Breizh.
Pourquoi une telle faim de
thématiques? Simple: alors
que la part d’audience des
chaînes du câble et du satellite
augmente sans cesse, celle de
TF1 décline depuis plusieurs
années: 31,5% en 2003 contre
32,7 % en 2002, la plus forte
baisse des grandes chaînes
hertziennes. Certes, la Une
reste largement en tête de
l’Audimat, suivie de très loin
par France 2 à 20,5%. Mais les
publicitaires vont finir par
s’apercevoir que la chaîne
dans laquelle ils engouffrent
plus de la moitié de leurs budgets (54,7%) est regardée par
moins d’un tiers des téléspectateurs. Un phénomène que
Le Lay anticipait récemment
dans le Film français: «Pour juger de l’évolution réelle des
parts de marché, il faudrait intégrer LCI et Eurosport. Ceci
est un correcteur optimiste,
mais bien réel». En clair, pour
apprécier l’audience de TF1,
Le Lay y additionne celles de
ses chaînes thématiques: LCI,
Eurosport, TV Breizh, Odyssée mais aussi TF6 et Série
Club (détenues à 50-50 avec
M6), ainsi qu’une douzaine
de chaînes éditées par TPS
(contrôlé à 66 % par TF1). Au
total, 6,9% d’audience.
«Glissements». Mais ce n’est
pas suffisant. Le Lay juge que,
dans dix ans, tous les foyers
–contre 22,6 % aujourd’hui–
recevront une offre «élargie»
de télévision, c’est-à-dire plus
de quinze chaînes. Ce qui entraînera une baisse mécanique de l’audience de TF1.
«Lorsque ces glissements d’audience interviendront, a promis
Le Lay mardi aux actionnaires
de TF1, nous serons là avec des
chaînes puissantes pour accueillir cette audience et cette
pub». Ce qu’il perd sur TF1, il
entend bien le regagner en rachetant des chaînes à tout-va.
Et elles devront faire de l’audience: ainsi Histoire, chaîne
très estimée pour la qualité de
ses documentaires sérieux
mais peu regardés, pourrait
bien devenir la spécialiste du
docu-fiction, genre en vogue et
beaucoup plus grand public.
Mais Le Lay poursuit une
autre stratégie: rouler des mécaniques face au concurrent
CanalSatellite. Si jamais survient un jour la fusion maintes
fois évoquée entre le bouquet
satellite de Canal + et TPS, il
faudra bien déterminer quiest
le patron. Pour l’heure, avec
5,9 millions d’abonnés (3,4
pour le bouquet de TF1) et des
chaînes très connues (Jimmy,
Planète, Canal J, 13e Rue, etc.),
il n’y a pas photo: CanalSatellite prend le pas sur TPS. Si, en
revanche, à l’heure de la fusion, Le Lay arrive lesté de
cinq des dix chaînes les plus
regardées sur le câble et le satellite, il pourra prétendre
diriger le tout. •
RAPHAËL GARRIGOS
Ces espions venus du Web
Les ordinateurs américains sont infestés de logiciels mouchards à but mercantile.
Washington de notre correspondant
e sont des nouveaux venus dans le bestiaire des
saletés qui circulent sur
l’Internet et viennent
infecter votre ordinateur.
Après les virus, les vers et les
spams, voici les spywares(programmes espions), qui s’installent sur les ordinateurs à
l’insu des utilisateurs. Ils sont
discrets – ils ne détruisent
rien, en principe– et leur propagation est plus rapide encore que celle des virus. Aux
Etats-Unis, ils commencent à
être pris très au sérieux. Lundi
dernier, la Federal Trade
Commission (FTC) a ainsi organisé une grande discussion
sur le sujet, en compagnie de
représentants de l’industrie et
des consommateurs, d’experts
et de législateurs.
Variantes. Conçus par des
firmes peu scrupuleuses, ces
spywares peuvent espionner
les mouvements des internautes: leurs visites de sites,
leurs commandes… Les informations collectées sont ensuite exploitées, pour des études
de marché ou des publicités ciblées. Certains de ces programmes pourraient même
C
Lors de la réunion à la FTC, les
participants ont convenu que
le profit était ce qui différenciait les spywares des nuisances traditionnelles. «Les virus sont créés par des types qui
finissent par grandir, trouver un
emploi ou une petite amie, et arrêter», selon l’un d’entre eux.
Mais les spywares, eux, sont
produits par des sociétés à but
lucratif, qui n’ont aucune raison de laisser tomber. Selon une étuCes spywares peuvent espionner
les mouvements des internautes: leurs de du fournisseur
d’accès à l’Internet
visites de sites, leurs commandes…
Earthlink qui a insqu’ils visitent. En réalité, l’en- pecté plus d’un million d’ordinemi vient de l’intérieur. Ces nateurs: en moyenne, sur
adwarespeuvent être très so- chaque PC, vingt-huit spyphistiqués: si un utilisateur waresont été trouvés. Si la mas’apprête à commander un vol jorité d’entre eux étaient d’inWashington-Las Vegas chez la offensifs cookies, de nombreux
compagnie X, l’adware ca- programmes étaient beaumouflé peut afficher une pub coup plus inquiétants.
vantant les prix du Washing- Amendes. Le législateur comton-Vegas du concurrent di- mence tout juste à s’intéresser
rect de X… Il existe bien à la question. «C’est un phénod’autres espèces de «para- mène encore nouveau, et rares
sites». Exemple: un program- sont les gens qui le comprennent
me qui altère le fonctionne- vraiment, commente Jim Halment du PC, et propose pert, spécialiste des questions
ensuite à l’utilisateur, par une de l’Internet au cabinet d’avoinnocente publicité, le remède cats Piper Rudnick. A mon sens,
(moyennant paiement).
il faudra attendre un an ou deux
être capables de «lire» les
touches que tape l’utilisateur
sur son clavier, pour repérer
ses mots de passe. Variante la
plus courante: les adwares
clandestins (1).
Ce type de programmes fait
jaillir des publicités lors des
promenades des utilisateurs
sur l’Internet. Ces derniers
ont l’impression que ces pubs
sont fournies par les sites
avant que le Congrès forge des
projets élaborés.»Une proposition de loi sur les spywaresa
été déposée au Congrès, mais
elle n’intéresse pas encore
grand monde. Quelques Etats,
pourtant, ouvrent la voie.
L’Utah a été le premier à interdire les spywares: à compter
du mois de mai, les contrevenants risquent une amende de
10000dollars par incident. La
Californie s’apprête à suivre.
Ces initiatives législatives font
couiner les entreprises: «Nous
sommes contre les spywares.
Mais les lois existantes suffisent
pour les interdire. De nouvelles
lois risquent de frapper des adwareslégitimes», estime Emily Hackett, directrice d’Internet Alliance, le lobby des
sociétés de l’Internet. Selon
elle, un produit est légitime «à
partir du moment où l’utilisateur a été clairement prévenu»
de son installation. Ce n’est
pas forcément l’avis des
consommateurs. •
PASCAL RICHÉ
(1) Certains adwares peuvent
être légitimes. Par exemple,
lorsque l’utilisateur demande
un programme gratuit, en
acceptant en échange des
publicités supplémentaires.
sports 21
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4 ★
VOILE
Lorient-Saint-Barth, c’est parti
Le départ de la 7e transat à la voile Lorient-SaintBarth, course en double avec escale, a été donné
hier à Lorient à 14 heures. Les 31 bateaux – des
Figaro-Bénéteau II– se sont élancés dans une mer
creusée, avec un vent d’ouest de 15 nœuds, pour
3800 milles. A la suite du départ retardé, l’escale à
Madère ne sera qu’un simple pointage. Bertrand de
Broc, Florence Arthaud, Armel Le Cléac’h et Erwan
Tabarly figurent parmi les 62 navigateurs en
course. Charente-Maritime de Gérald Véniard et
Yannick Bestaven a dû faire demi-tour après avoir
heurté un rocher. Safran cassé et quille abîmée, il
était en réparation en fin d’après-midi.
CYCLISME
B O R I S H O R VAT . A F P
Commission de discipline pour
Museeuw, Planckaert et Peers
Au Stade Vélodrome, lors du huitième de finale de Coupe de l’UEFA que Marseille avait remporté 2-1 face à Liverpool.
Foot. Marseille en Angleterre en demi-finale aller de la Coupe de l’UEFA.
Les cyclistes belges, Johan Museeuw,
Jo Planckaert et Chris Peers, soupçonnés de
dopage, pourraient comparaître prochainement
devant la Ligue vélocipédique belge (LVB).
L’enquête du parquet de Courtrai, entamée en
septembre dans le dossier à charge du vétérinaire
José Landuyt et du soigneur Herman Versele, est
achevée. Les cyclistes avaient été entendus en
tant que témoins dans cette affaire. Des produits
interdits avaient en effet été retrouvés à leur
domicile. Le parquet de Courtrai a remis les
dossiers des trois coureurs à la commission
disciplinaire de la LVB qui dispose désormais de
trente jours pour organiser leur première audition.
A Newcastle, comme un seul OM
L
Une histoire
Marseille correspondance
es Marseillais ont la
niaque. Requinqués par
leurs récentes performances européennes (élimination de Liverpool en huitièmes de finale puis de l’Inter
Milan en quarts), les joueurs
de l’OM veulent maintenant
«aller au bout» de leur étonnant parcours en Coupe de
l’UEFA, cinq ans après la finale perdue contre Parme, point
culminant de l’ère Courbis.
Pour y parvenir, il leur faudra,
ce soir, empêcher les Magpies
de Newcastle de déployer
leurs ailes, et neutraliser leurs
deux buteurs: le vétéran Alan
Shearer, 33ans, et le frenchy
Laurent Robert, transféré du
PSG à la fin de l’été 2001 et
qui compte bien se rappeler
au bon souvenir de Jacques
Santini, le sélectionneur des
Bleus, à quelques semaines de
l’Euro.
Solidité défensive. José Anigo,
l’entraîneur marseillais, le
martèle à ses joueurs depuis
dimanche: «L’objectif, c’est de
ne pas prendre de but. Si on
marque, c’est parfait, mais si on
n’en prend pas, c’est encore
mieux.» Depuis Liverpool,
l’équipe phocéenne semble
d’ailleurs avoir retrouvé la solidité défensive qui lui faisait
défaut depuis le début de l’hiver. Pour autant, l’OM ne rêve
pas. «Nous sommes un grand
club, mais une petite équipe»,
estime l’entraîneur, qui répugne à jouer les caïds. «Pour
pouvoir dire que nous sommes
une grande équipe,observe-til, il faudrait être plus réguliers.» Ça tombe bien, son
équipe vient d’aligner quatre
victoires consécutives contre
des clubs de premier ordre.
Mais face à Newcastle, actuellement cinquième de la Premier League, l’OM devra toutefois se méfier. Les Magpies
n’ont certes pas le même effectif que Liverpool ou Milan,
mais en Coupe d’Europe, sur-
alors que l’OM alignera son
équipe type des dernières semaines, moins l’Egyptien Mido, au repos pour dix jours en
raison d’une lésion au ménisque. L’OM devra peut-être
se passer également des
services de Steve
Marlet, qui souffre
«Nous sommes un grand club
d’une sale douleur
mais une petite équipe.»
José Anigo, entraîneur de l’Olympique de Marseille dans le bas du dos
consécutive à un
tout dans la dernière ligne coup de genou reçu dimanche
droite, le fighting spiritanglais contre Lille. Avec Fabien Bara souvent fait la différence.
thez, qui arrive de Manchester
Equipe type. Cependant, à United, l’ancien joueur de FulSaint James’s Park, c’est une ham est l’olympien qui connaît
équipe amputée de trois titu- le mieux le foot anglais. Les
laires indiscutables –Kieron deux autres, David Sommeil
Dyer, Craig Bellamy et Jer- (ex-Manchester City) et Sémaine Jenas, tous blessés– qui bastien Pérez, (bref passage à
se présentera sur la pelouse, Blackburn en 1998-99), ne se-
ront pas de la partie ce soir. Le
premier n’est pas qualifié, le
second est blessé.
Largués. Pour les deux équipes, cette demi-finale entretient l’espoir d’accrocher au
moins un titre cette saison.
Les Britanniques peuvent encore espérer se qualifier pour
le tour préliminaire de la Ligue
des champions, mais le titre et
la Coupe ne sont plus à leur
portée. Les Marseillais, eux,
largués en championnat, ne
sont même pas encore sûrs de
finir à une place qualificative
pour la Coupe de l’UEFA. Et,
pour l’OM, un titre européen
serait indéniablement un
atout. Psychologique, mais
aussi financier.•
HERVÉ VAUDOIT
Desailly dépassé face à un Monaco galvanisé
L’équipe de foot de Pérouse
menace de ne plus jouer
Le président de Pérouse (1re division italienne), Luciano
Gaucci, a bien l’intention de ne pas aligner son équipe pour
les quatre derniers matches du championnat d’Italie. Gaucci,
depuis toujours en lutte contre la domination des grandes
équipes, conteste un penalty non sifflé pour une faute de
main d’un défenseur de la Sampdoria, dimanche lors du
match perdu (2-3) à Gênes. «Cela suffit maintenant. En
30 matchs, nous avons subi 28 erreurs de la part des arbitres.
Nous parlerons aux tifosi et nous leur expliquerons les
raisons de notre décision», avait-il martelé. Hier, face à la
ligue professionnelle, il a déclaré: «Nous ne changerons pas
d’avis, à moins que le président de la fédération ne
démissionne.» Pérouse, 17e du Calcio, s’était notamment fait
remarquer par le recrutement du fils Kadhafi.
Le joueur de Chelsea cité par l’UEFA pour son mauvais geste en Ligue des champions.
ela va être le feu à Stamford Bridge», af- rencontre a été disséqué, et peu apprécié, par
les observateurs de l’UEFA. Si le Français a
échappé à une sanction immédiate, il y a peu de
pions contre Monaco, le 5 mai, mais ce sera chances qu’il ne soit pas puni par la commispeut-être sans lui. Au cours de la rencontre de sion de discipline qui statuera sur son sort, demardi, qui s’est jouée à un rythme soutenu et main en fin d’après-midi. L’UEFA a entamé
que Chelsea a perdue3-1, le vieux défenseur de une procédure disciplinaire pour «comportel’équipe londonienne –et toujours capitaine de ment antisportif», ce qui n’est pas bon signe
l’équipe de France– a montré ses limites phy- pour le grand Marcel. Un mauvais geste qui a
siques et mentales. Dépassé en vitesse d’exécu- dû décevoir son copain Deschamps, mais que
l’entraîneur monégasque
tion, Desailly a eu rea très vite oublié pour sacours aux coups les plus Ligue des champions
vourer la joie d’être aux
tordus que lui offre sa Demi-finales
Finale
portes d’une finale très
longue expérience des
Match
joué
mardi
soir
prestigieuse.•
terrains pour se sortir de
Match retour 5 mai
certains mauvais pas.
L.F.
Monaco
(France)
3
Le problème, c’est que
désormais de nombreu- Chelsea (Angleterre) 1
• Dans l’autre demi-finases caméras sont d’inle aller, les Espagnols
contournables témoins. Match joué hier soir
du Deportivo La CoEt le coup de coude à la Match retour 4 mai
rogne et le FC Porto ont
Le 26 mai à
face de Morientes qui FC Porto (Portugal)
fait match nul (0-0)
Gelsenkirchen
0
en Allemagne
avait échappé à la vigi- La Corogne (Espagne) 0
hier soir sur le terrain
lance de l’arbitre de la
des Portugais.
Marcel Desailly en évoquant la de« C firme
mi-finale retour de la Ligue des cham-
TENNIS
Roland-Garros: Nadal forfait
Le jeune Espagnol Rafael Nadal, annoncé comme
l’une des futures étoiles du circuit, ne sera ni à
Roland-Garros ni aux Jeux en raison d’une fracture
au pied gauche. Il ratera également la Coupe Davis.
TENNIS
Santoro passe, Grosjean
et Escudé quittent Monte-Carlo
Sébastien Grosjean n’est jamais entré dans le match,
battu 6-4, 6-2 par l’Espagnol Alberto Martin. Nicolas
Escudé a été écrasé par l’Argentin Agustin Calleri
6-2, 6-3. Fabrice Santoro, invité par les
organisateurs, reste le seul Français en lice après sa
victoire sur l’Américain Taylor Dent, 6-3, 6-2.
• Maradona toujours à l’hôpital sous assistance
respiratoire. «Pour l’instant, le pronostic reste
réservé», selon la clinique qui soigne l’ancien joueur
de football argentin.
Tous les jeudis
22 annonces
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Contact ➜ Jean-Luc Deschamps (01 44 78 30 44)
voyages
Chaque jeudi des vols secs
des séjours, des week-ends,
des promotions
EXCEPTIONNEL
Détente et soleil sur
L'ILE DE RHODES
Au Sud de la Grèce, l'une des plus belles cités médiévales
d'Europe, des sites archéologiques, des plages magnifiques...
Une semaine du 24 avril au 1er mai 2004
Avion + hôtel 2* : 365 €
Avion + hôtel 3* : 425 €
— HYPERVACANCES —
1, avenue de la République 75011 Paris
[email protected] - Tél. : 01 55 28 31 00
www.asia.fr
Vols A/R sur Cathay Pacific + Trfs
Du 6 mai au 17 juin 2004 départs les jeudis
Lic. LI 075 95 0120
ESCAPADE
HONG KONG 690 €*
4 nuits Hôtel 3 * STANFORD HILLVIEW
LI 075 95 0076
Taxes aériennes/sécurité non incluses : 48.19 €
*prix à partir de, sous réserve de disponibilités
T O U T E L’ A S I E A U X M E I L L E U R S P R I X
Paris 01 56 88 66 75 - Nice 04 93 82 41 41 - Marseille 04 91 16 72 32 - Lyon 04 78 38 30 40
et dans toutes les agences de voyages
SUPERCITY EN ASIE
Pékin ou Shanghai 4n
Hong Kong ou Canton 4n
Hanoi, Saigon ou Phnom Penh
5n
Taipei
560€
650€
690€
750€
A partir de : prix HT.
Lic. 075 95 0211
Possibilité vol seul, direct au départ de Paris,
tous les samedis : 240€. Taxes aéroport : 54€
www
Licence 075970036
9 j + Vols + transferts + hôtel 4* en TC
RIVIERA TURQUE
MAGIE D'ISTANBUL
01 40 03 98 45
PLAGE AUX BALEARES
New York Bed & Breakfast.
Près Central Park. 65$/2 pers.
- 45$/1 p. - 75$/3 p. - Hostel 17$.
Gisele : 001.212.666.0559.
Fax : 001.212.663.5000.
Découvrez la Bresse
bourguignonne. Chambres et
table d'hôtes dans ancien moulin.
Cuisine bio. Moulin de Glairans
Tél.: 03.85.76.94.76.
Fax : 03.85.76.94.77.
www.moulin-de-glairans.fr
IRLANDE - CONNEMARA
Chambres d'hôtes dans cottage
bord mer, cœur nature sauvage.
Découverte, marche, pêche.
Tél.: 04.90.30.83.09.
Email : [email protected]
www.buninvhir.com
> 195€
4 j + vols + transferts + hôtel 3* en PD + visites
> 250€
8 j + vols + transferts + hôtel 3* en DP
AGADIR MAGIQUE
chambres
d’hôtes
> 189€
8 j + Vols + transferts + hôtel 3* en DP
vols non stop A/R + Hôtel 3* avec petit déjeuner,
transferts et city tour inclus selon destinations
www.cfavoyages.fr
.com
PLAGE EN REP. DOMINICAINE > 459€
> 264€
8j + vols + transferts + super club en DP
TRESORS DU NIL
> 457€
8 j + vols + transferts + croisière 5* en PC + visites
TUNISIE AMIE
> 199€
8 j + Vol + transferts + hôtel 3* en DP
SOLEIL ILES GRECQUES
> 259€
8j + Vols + tranferts + hôtel 3*sup en DP
Tél. 01 40 61 24 60
Agence au 7, rue de Presles, 75015 Paris,
agence ouverte le samedi
séjours
Piriac s/Mer - Bretagne sud
Village de vacances
"LE MOULIN DE PRAILLANE"
Avril 2004 : Chalet 4 pers. 326€/sem.
Gîte 5/6 pers. 413€/sem.
Animation / club enfants compris
Tél.: 02.40.23.36.86.
Email : [email protected]
www.moulindepraillane.com
Des bons plans, de
bonnes adresses internet,
le rendez-vous Voyages
vous attend
prochains départs
pour être présent dans la page
voyages
contactez-nous : 01 44 78 30 44
jeudi 29 mai
tél. : 01 44 78 30 44
annonces 23
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Contact ➜ Christian Muller (01 44 78 30 45)
répertoire immobilier
Contact ➜ Bertrand Guitton (01 44 78 30 40)
Steph' Transports Urgents
média
Déménagements 7j/7. Rapide.
Prix imbattables, devis gratuit.
Tél.: 01.73.58.97.07.
CONTACT TV
[email protected]
locations
STUDIOS
DEMEBEST
Travail soigné à prix imbattables.
Tél. : 01.48.21.12.22.
Vous êtes une jeune femme,
vous avez beaucoup d'humour,
vous aimez rire et faire rire les
autres... Inscrivez-vous aux
sélections d'un nouveau jeu TV
au 01.55.26.61.77 (+ de 18 ans)
achat
OBJETS
services
Cherchons peintures à l'huile de
Jean-Paul RIOPELLE.
DEMENAGEURS
Arc Trans Déménagement
Des professionnels à votre service.
Prix compétitifs - Garde-meubles.
www.arctrans.fr - 01.40.24.09.09.
Nous serons à Paris pour acheter
des peintures de Riopelle et
autres peintres canadiens du
15 au 30 avril. Envoyez SVP un
email à [email protected]
pour convenir d'un rendez-vous.
Vends matériels son
AVS 20 ans déjà, prix Libé
Preneur de son marre d'être
intermittent, vend mixette, micro,
perches, bonnettes etc...
06.08.48.23.11. - 01.69.05.54.99.
Paris - Paris/Prov. Garde-meubles
Tél.: 01.42.23.23.24.
Fax: 01.42.23.10.08.
Michel Transports
Déménagements. Urgent. 7/7.
Devis gratuit Prix très intéressants
Tél: 01.47.99.00.20.
Pour passer une
annonce Répertoire
D 01 44 78 30 40
formation
Contact ➜ Julie Le Bihan (01 44 78 30 00)
URGENT Bastille, 22m2 loi Carrez,
6è ét., cuis. sép., clair : 620€.
Sur RDV le 24/04 - 06.81.17.78 84.
3 PIÈCES
OPERA - 2è. ét. asc. 115 M2
2 chambres, volume, calme. Très
bon état, 2 bains, 2.270€ ch. comp
Tél. : 06.63.11.66.05.
RECHERCHES
JF, formatrice, ch. studio ou 2P.,
calme et lumineux, min. 30m2,
700€ cc maxi. (préf. 5e, 11e, 20e).
Tél. : 06.22.92.84.90.
Fonctionnaire Education nationale
et journaliste Libération, très
sérieuses garanties, recherchent
3 P. lumineux à Paris (1er, 2e, 3e,
4e, 9e, 10e), 50m2 mini., 1.250€
max. Pour début juin ou juillet.
06.13.58.71.26. - 06.15.19.50.01.
Urgent fonctionnaire ministère de
la culture cherche chbre à louer
s/Paris 400€ max 01.40.15.74.73.
ventes
2 PIÈCES
CADET 2 P. 30m2
158.000€ - 01.42.81.06.77
audiovisuel
ENTREZ DANS LA LUMIERE
Ecole du soir de réalisation :
écriture/découpage/direction
d'acteurs devant la caméra
Rens : 01.47.07.67.44.
www.studioadebock.com
l'ESCM
L'Ecole Supérieure
de Comédie Musicale
Organise sa session Printemps-Eté
Sous parrainage de Patrick FIORI
Rens./ Doc.: 01.44.88.25.05.
écriture
bureautique
ATELIERS D'ECRITURE 0231260206
baz-art.com nouvelle mai + juillet
carnet de route juin et août
amour toujours ! 22-24 juillet
atelier enfants 6-7-8 juillet.
ACCESS SOUS WINDOWS
4 h par jour 2 semaines 288 €
Du 26 avril au 07 mai
www.europa-formation.com
Depuis 1989 - 01.48.00.02.00.
langues
ANGLAIS INTENSIF
Niels ARESTRUP
du 10 mai au 18 juin 2004.
Tél. : 01.43.79.44.27.
3 PIÈCES
Suite départ province, vends,
20ème CAMPAGNE A PARIS,
2/3 P. dans très bel imm. PdT
URGENT - 01.43.67.03.03.
4 PIÈCES
18è. PIED BUTTE A saisir !
1/5 P. 110m2 2è ét. dble expo
tt parquet Imm. ravalé
390.000€ - 01.53.09.23.53
12è BASTILLE dans cour 17è., 3è
dernier étg, 112m2 double séjour
2 chambres. Sud, très calme
650.000€ Part. : 06.21.50.20.00.
9è. CADET - Appat. de réception
225 M2 - 3.500€/ M2 - Travaux
FONCIA : 01.44.53.43.63.
PROVINCE
BATZ SUR MER
PROX LA BAULE
50m plages et côte sauvage
Maison 110m2 sur jardin 300m2
4 chbres, 2 bains, grande véranda
300.000€ - 06.07.57.83.07.
2 semaines 144€. Tous niveaux
Du 26 avril au 07 mai
www.europa-formation.com
Depuis 1989 - 01.48.00.02.00.
NOTAIRE 01.42.07.51.26
4 P. 96,30m2 1er ét. asc.
Vue jardin + park. et cave
66/68 rue d'ALLERAY (15è)
mise à prix : 308.000€
visites 26 & 30/04 de 14h à 16h
et 4 mai de 11h à 13h
COTE d'ARMOR - TREBEURDEN
Gd appart. tt. cft. 4 chambres +
mezzanine, 8 pers. 4 sanitaires,
dble-living, gd baie et balcon plein
sud, vue magnifique pieds ds l'eau
s/plage de sable fin - 3.000€/mois
possible quinzaine 1.700€
01.42.74.66.71. - 06.12.23.83.76.
Location saisonnière Août 2004
Maison de village 90m2 calme
ensoleillée. 10 mn plages et
centre Cannes. Proche bus
commerces. 3 chambres, 1 SdB
1 sdd - 2 wc, 1 cuisine - 1 grand
séjour. 900€/sem - 06.86.77.68.35.
VILLE
immobilier
d’entreprise
ventes
LOCAUX
COMMERCIAUX
MONTREUIL - Rue Voltaire
M° ROBESPIERRE
à vendre LIBRES
Différents locaux
1er étg - 243m2 - 300.300€
1er étg - 110m2 - 135.600€
R.d.C. - 288m2 - 345.000€
R.d.C. - 406m2 - 518.000€
s/sol - 226m2 198.000€
- 06.09.14.08.44. -
3è. N.D de NAZARETH
ATYPIQUE
PALAIS ROYAL - TRIPLEX 100m2
Vue sur tout Paris 5è. sans asc.
3 chbres, 2 SdB., cuisine, séjour
35m2, balcon-terrasse, charme,
725.000€ - 06.11.42.56.24.
villégiatures
CAMPAGNE
CEVENNES - Gites 2/7 pers. tout
confort, piscine, kaïak à partir de
300€/sem. charme
04.66.24.23.83.
www.lemasroyal.com
Dordogne, superbe maison en
pierre 200 ans près Sarlat, belles
vues, tout confort, calme dans
village, jardin, jacuzzi, 4 ch/2 SbB
790€/semaine: 06.86.41.80.69.
Maison 2* à Montignac
(Dordogne), cité de la grotte de
Lascaux, sur un terrain paysagé de
1.000m2 clos.Ts com, commodités
à 500m. Maison, Salon /SàM, cuis
équipée, 2 chbres à grand lit, SdB
WC, garage fermé 1 voiture, dche
au s/sol. Lave-linge, frigo/cong,
barbecue, meubles de jardin.
Animal admis. du 8 au 29 mai et
du 5 au 26 juin et 28 août au 18
sept Tarif: 340€/sem + Taxe séjour
0.70 € p/j . Poss.location linge.
06.63.32.49.29. [email protected]
LARZAC - Vallée de la Dourbie,
CHALET 5 pers., juillet-août
495€/semaine, club enfants inclus
Tél.: 05.65.58.46.01.
ÉTRANGER
MARRAKECH RIAD DE CHARME
2/6 pers., 120€/n. - 06.72.07.19.49
[email protected]
ENCHERE
théâtre
STAGE DE THEATRE ANIME PAR
19è. Rue de ROMAINVILLE
M° TELEGRAPHE 5è. ét. asc. cave,
parking, 2 P. refait neuf, parquet,
gd placards 36m2, séjour, chambre
cuisine équipée, s. d'eau, clair,
calme, vue dégagée, balconnet.
160.000€ Tél. : 06.03.31.76.62.
5 PIÈCES
ET PLUS
ST-MALO Intra-muros Mai & Juin
studio 19m2, 2 pers. tt. cft., wc
s/pallier 250€/mois
06.61.85.77.54
MER
Marseille, à 150m plage : part loue
07 et 08 villa 120m2. 5/6 pers,
piscine, confort et déco d'archi.
1.300€/sem. - 06.03.15.43.00.
Festival de Cannes - 12 au 24 mai
Appart' en duplex, 5 min. croisette.
5/8 pers. tél.: 06.18.04.30.56
local commercial à aménager
R.d.C. + 1er - Clair, 123m2 s/cour
450.000€ - 01.47.20.47.00.
entre nous
Contact ➜ (01 44 78 30 40) - [email protected]
jour de fête
24 ans ! Ma princesse des koalas
je ne pense qu'à toi et te veux
pour la vie p'tit bonobo.
messages
personnels
Bonjour mes amours ! Vous envoie
de gros bisous tout frais
de là-haut. scoubidou-nounours.
Gros câlin fait son effet.
Je toune en rond à vous attendre.
Comment mieux vous revoir ?
Tu nous as fait un programme
génial pour cette journée !
Adresse trouvée au 10 rue R,18è,
ok? Il me tarde de te voir." XXXB
Sylvie, 3/04 à "l'entracte" avec une
copine, Sandrine. Mon prénom :
Mél.....e au 01.44.53.07.97.
Théâtre de l'Atelier hiver sous la
table, dim 22 fév, nous brun et
blonde, place108/106 vous 104,
JF en Gucci, regrets, souhaitons
contact : 06.22.81.27.44.
Le 5 mai à midi 35 au Soleil
gourmand. J'aurai réservé.
Cinéma l'après-midi ? Sinoué.
transport
amoureux
Black bonnet, imper de peau noir,
RER B 17/04 21h15. Chanteur
spécial pendant notre voyage,
que petite puce yeux bleus, sortie
à B-la-Reine, a trouvé trop court.
[email protected]
14/04 TGV Paris Aix Mars 16h
Moi : 2 enfants, Zurban, mes
bagages. Vous, Libé, vos yeux,
coup de main à Aix :
[email protected]
TGV de 16h20 Paris/Marseille le
10/04 côte à côte pour le plaisir
des autres, et pour le mien pas
osé vous parler, aimerais vous
revoir [email protected]
16/04. Ligne 3. Vous reprenez des
cours de néerlandais. Je descends
à Parmentier. Comment dit-on
pommes de terres en flamand ?
[email protected]
animaux
A adopter chat(te) roux
et blanc de 8 mois
tél.: 01.43.76.67.07
vie pratique
RECHERCHE
Isabelle B. était en érrance le 6/04
vers Draguignan, 3 semaines sans
nouvelles, si elle se reconnaît ou si
vous la voyez, un signe vers ses
enfants svp au 06.80.25.54.04 !
URGENT - Cherche MECENE.
J'ai prié Saint Padre Pio pour avoir
cet appartement (85 000 €). J'ai
eu le coup de cœur. Je souhaite y
travailler et réaliser beaucoup de
projets pros et m'y retirer pour
être au calme. Pas sérieux
s'abstenir. Env. réponse ss réf.
31730 au journal qui transmettra.
mercredi rubrique immobilier : spécial villégiatures
12 mai
contact : 01 44 78 30 45 / [email protected]
vous
24
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
BOUT
FINANCES
Succès des déclarations
de revenus sur le Net
D’ESSAI
Les déclarations de
revenus faites sur
l’Internet ont été deux
fois plus nombreuses en
2004 qu’en 2003. Elles
se chiffrent à 1252319
(601025 l’année
dernière), alors que
Bercy s’était fixé un
objectif d’un million. Ce
sont donc 18 % des
Français disposant de
l’Internet qui ont utilisé le
portail fiscal
www.impôts.gouv.fr qui
a enregistré 15 millions
de connexions depuis le
1er mars.
DR
Un produit testé
par nos soins
Des roulettes
dans les baskets
omme dans un James
Bond, les petites roues
sortent de la chaussure en
un «clic». Et la vulgaire basket
se transforme en roller
urbain. Dans le sens inverse,
avant d’entrer dans le métro,
dans un magasin ou au
cinéma, une pression de la
main sur le talon permet de
rentrer les roues à l’intérieur
de la semelle. Et de marcher
comme si de rien n’était.
Alors roulez, jeunesse! Puis
marchez, roulez à nouveau,
marchez… Un rêve de citadin
roulant qui vient de Taiwan.
Le hic, c’est l’esthétique:
l’engin se présente sous la
forme d’une grosse basket à
semelle (très) compensée,
puisqu’il faut y loger les
quatre roues. Si l’on ajoute à
ce look orthopédique une
platine en acier trempé,
support indispensable des
roues, la marche à pied s’avère
un peu raide, comme avec des
chaussures de ski.
Pour le reste, une fois les
roues sorties, la glisse est
plutôt facile. Les nombreux
adeptes du roller-blade
(roues en ligne) y mettront
tout de même un gros bémol:
le Kick Roller –c’est son
nom– n’absorbe pas les
vibrations et nécessite de
rouler sur des surfaces
parfaitement lisses pour ne
pas finir avec les jambes en
compote. Moins rapide et
moins confortable que les
rollers classiques, il est aussi
plus fatigant. Les longues
balades sont donc
déconseillées. En revanche,
l’engin est idéal pour les
petites courses, pour aller au
travail (si les collègues ne
vous charrient pas sur le look
des chaussures) ou pour
prendre le métro.
La rencontre d’un escalier,
cauchemar de tous les
amateurs de rollers, devient
une rigolade. Plus besoin de
déchausser, suffit d’appuyer
sur le bouton.•
C
THOMAS LEBÈGUE
Kick Roller, 99 ¤, 9 modèles
du 32 au 44. Points de vente sur
www.streetrollershoes.com
MÉTÉO
L U C A S R AC A S S E
Météo France va
scruter la canicule
Expériences. Inspirés par les pratiques chamaniques, de plus en plus
d’Occidentaux goûtent à des drogues naturelles ancestrales.
Des plantes qui dépotent
es plantes, Max (1), qui a
grandi en forêt de Fontainebleau, les connaît
depuis toujours. Toutes
les plantes: «A 14ans, j’ai
semé mon premier pavot à
opium… La police a fait une
descente et mes parents m’ont
mis à la porte.» Loin de se décourager, l’apprenti sorcier
saute sur l’occasion lorsque,
quelques années plus tard, il se
voit proposer par un ami hollandais une plante alors en
vogue: la Salvia divinorum,
«sauge des devins». «Au début,
je n’ai rien senti,se souvient-il.
Mais j’ai réessayé. Sous toutes
ses formes. Jusqu’à ce qu’un
soir je finisse par sortir de mon
corps. C’était très impressionnant. La Salvia n’est pas vraiment une drogue, plutôt une
grille de compréhension. Tu as
l’impression d’atteindre une
forme d’harmonie.»Max a aujourd’hui 35 ans. Travaille
dans l’informatique. Grâce à la
Salvia, il a quasi abandonné
l’alcool et le cannabis, qu’il
consommait sans modération, mais fait pousser et goûte, avec prudence, toute sorte
de plantes et décoctions aux
noms et aux effets plus exotiques les uns que les autres:
peyotl, iboga, Hawaïan Baby
Woodrose, wild dagga, kava…
«En ce moment, je cultive un
ginseng à force de cheval.»
«Rude expérience». Surfant
sur l’Internet et sur un intérêt
croissant pour la spiritualité et
les savoirs traditionnels, les
«techniques archaïques de l’ex-
L
manes urbains» initient même désormais à l’ayahuasca et
à d’autres plantes enthéogènes (qui donnent le sentiment du divin) en Europe ou
aux Etats-Unis.
Sursis. Mais les psychonautes,
ces voyageurs immobiles, restent discrets et apprécient
peu qu’on s’intéresse à leur
passion. Pour «voyager» heureux, voyageons cachés. Car,
bien que leur statut soit des
plus flous, la plupart de ces
plantes sont légales en France… Mais en sursis:
«On n’arrête pas le progrès, on a même «L’absence de classement se justifie
entendu parler de consommation
tout à fait pour ces
de fleurs de pensée…»
A la Mission de lutte antidrogue substances qui font
l’objet d’une contechno)… les chamanes font sommation locale ritualisée ne
un malheur. «Il suffit d’écrire donnant pas lieu à des abus,
ce mot sur une affiche pour être explique Yann Bisiou, professûr de faire salle comble», seur de droit et coauteur du
constatent Frédérick Bois- Droit de la drogue. On peut
Mariage et Annick Darley, qui craindre toutefois que le déverédigent une thèse sur l’aya- loppement du Web ne favorise
huasca, décoction utilisée par le commerce de ces plantes et
des guérisseurs amazoniens. l’apparition de consomma«En Occident, ça ne coïncide tions hédonistes.» Un rapide
pas du tout avec les populations tour sur le Net suffit à se faire
habituellement décrites comme une idée de l’intérêt suscité:
“toxicomanes”. Car, si elle peut forums, sites marchands et
s’avérer enrichissante, l’expé- d’information s’y multiplient.
rience est rude, il y a des inter- Même si les psychonautes
dits stricts, des prescriptions à restent aujourd’hui une toute
respecter. C’est tout le contraire petite minorité. «Et interdire,
de l’éclate.» Pour découvrir ces estime Yann Bisiou, c’est
pratiques, des Occidentaux en prendre le risque de faire
quête de développement per- connaître ces pratiques margisonnel ou d’un supplément de nales. Il n’y a pas pour autant
sacré, des scientifiques et des de “vide juridique”. Si l’usage
thérapeutes se rendent dans la de ces substances peut difficileforêt amazonienne. Des «cha- ment être poursuivi pénaletase», selon l’expression de
Mircea Eliade, reviennent à la
mode en Occident. Depuis
quelques années, la plupart
des plantes «visionnaires»,
servant aux chamanes de Sibérie ou d’ailleurs, sont en vente sur des sites anglais, néerlandais ou même français.
Livrées à domicile. Au cinéma
(le Blueberryde Jan Kounen),
dans les livres (Ngenza, cérémonie de la connaissance, de
Vincent Ravalec), la musique
(récit initiatique sur fond
ment, en promouvoir l’usage
récréatif peut parfaitement
être sanctionné.»
Pas si simple. Difficile en effet
d’interdire à ce seul motif le
commerce de la noix muscade,
hallucinogène et très dangereuse à forte dose. Car les espèces concernées sont innombrables. «On n’arrête pas le
progrès,s’amuse-t-on à la Milad (Mission de lutte antidrogue), on a même entendu
parler de consommation de
fleurs de pensée…»Le Datura,
apprend-on également sur un
site de jardinage qui en vend,
«est une très belle plante qui se
cultive comme une annuelle ornementale, très efficace contre
le doryphore de la pomme de
terre». Puis, plus bas: «Toutes
les parties du Datura sont
toxiques.» Chez les amateurs
de sensations fortes, il est en
effet réputé. Et redouté. Hallucinations et trou noir garanti. Accidents fréquents. Et parfois des morts.
«Comprendre». «Certaines de
ces plantes ont des effets puissants. Il faut connaître et comprendre certaines choses avant
de les utiliser»,avertit l’écrivaine Michka, du musée du Fumeur. Et de rappeler que le tabac, plante enthéogène par
excellence, utilisée comme remède par les Indiens, est devenu un poison violent en combinant cigarette industrielle et
mode de vie occidental.•
ARNAUD AUBRON
(1) Le prénom a été modifié.
Dès le 1er juin, les services de
Météo France vont publier
des alertes pour prévenir des
risques de canicule telle que
celle qui a coûté la vie à
15000 personnes l’été
dernier. A l’automne, Météo
France émettra des alertes,
mais cette fois en cas de
risques de grand froid.
Ces innovations se traduiront
par la publication de
nouvelles cartes.
SOCIAL
L’aide aux personnes
âgées explose
Une campagne de
promotion des métiers
de prise en charge des
personnes âgées va être
bientôt lancée, afin de
combler le déficit
d’image lié à la pénibilité
du travail et au manque
de reconnaissance.
Le ministère délégué
aux Personnes âgées
prévoit la création de
25000 emplois
d’ici à 2007.
Un accord de branche
a déjà prévu une
augmentation
de la masse salariale
de 24% d’ici à 2006.
l’actu
sur le web
News,
photos,
analyses,
repères,
dépêches…
L’actualité
continue sur
liberation.fr
météo jeux 25
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
LES MOTS D’OISEAU N° 2248
1
2
3
4
5
6
7 8
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
Marées (à Brest)
Coefficients 82/79
PARIS
Bonne
LYON
Moyenne
MARSEILLE
Moyenne
F
G
voilé
Toulouse
10/13 Montpellier
11/18
Hier
Bonne
4 28 36 41 42 47 ( 20 )
Bastia
10/20
Ajaccio
8/20
-2/9
7/10
Tallinn
Stockholm
2/11
3/10
0/11
Riga
6/16
9/15
Vilnius
13/22
Edimbourg
5/14
Copenhague
20/25
7/15
Lille
Bruxelles
6/17
-4/6
Brest
8/16
8/19
Munich
Strasbourg
La Rochelle
Lyon
9/16
12/21
7/21
21/28
Bratislava
10/22
12/19
Budapest
Zagreb Belgrade
10/24
Barcelone
Sarajevo
7/18
Nice
Skopje
Ajaccio
Tirana
Rome
11/19
14/20
16/25
11/19
12/18
80 km/h
12/25
12/20
9/22
Milan
11/19
Montpellier
9/21
Ljubljana
8/15
ClermontFerrand
Vienne
7/21
Berne
8/17
8/15
11/22
Prague
11/19
Toulouse
13/16
9/20
Paris
5/16
21/26
Lisbonne
2/10
7/17
23/28
Madrid
12/25
5/18
9/20
7/15
Londres
Varsovie
Berlin
Amsterdam
27/32
25/27
25/27
Dublin
24/29
26/31
6/15
5/9
25/30
7
6
5 4 3 2 1 LOTO TIRAGES DU 21 AVRIL 2004
Nice
11/19
Marseille
11/20 voilé
Oslo
8
6 15 25 33 39 45 ( 9 )
Bordeaux
10/15
Helsinki
H
Blancs: Maze
Noirs: Laval
Championnat de France junior 2004
Les Blancs jouent et gagnent
Niveau **
Championnat de France des jeunes à Reims
Chez les juniors, certains des favoris ont dégusté
dans la 4e ronde sur les 9 prévues : Vachier-Lagrave,
qui joue deux catégories au-dessus de son âge, envoie
Fabien Libiszewski (maître international, 2441 élo)
provisoirement dans les oubliettes. L’autre maître,
Sébastien Maze, vient à bout de Mathieu Cornette
(2409). Classement : 1-2e Maze et Vachier-Lagrave
4 pts ; 3e Debray 3,5 pts. Classement provisoire des
autres catégories : Cadettes : 1-3e Adeline Chaumont, Sandra Swiercz et Stéphanie Bermond 3,5 pts.
Cadets :1-3e Samy Shoker, ThibaultMeynard et Jean
Netzer 4 pts. Minimes filles :1-2e Caroline Cochet et
Natacha Benmesbah 4 pts. Minimes : 1er Christophe
Mérieux 4 pts. Benjamines : 1-3e Marie Cheype, Clara Le Bail et Ferry Justine 4 pts. Benjamins : 1-2e Mathieu Rigolot et Adrien Boukobza 4 pts. Pupillettes :
1ère Iris Fajolle 5 pts sur 5 ; 2e Camilla Kohi 4,5 pts.
Pupilles : 1-2e Yann Nahed et Raphaël Delivre 5 pts
sur 5. Coup de chapeau au serveur de la FFE
(www.echecs.asso.fr) qui propose chaque jour classement et performance de chaque participant
Papy Kortchnoi toujours en pleine forme. 73
ans et une énergie de vaincre intacte : Viktor le terrible mène le tournoi rapide de grands maîtres de
Beer Sheva (Israël) avec 7 pts sur 9 possibles.
Solution du n° 5003: La
tour noire se croit déjà sur la
Croisette et s’exerce à des cendre majestueusement les
escaliers: 1... Dxf3+ 2.Dxf3
Txf3+ 3.Rg2 Tg3+! 4.Rh2 Tg2+
5.Rh1 Th2+ 6.Rg1 Th1 mat.
voilé
Hier
Bonne
23/29
E
Besançon
8/23
Lyon
11/23
> 1500 m
PAR JEAN-PIERRE MERCIER
D
voilé
Dijon
9/22
ClermontFerrand
9/16
Limoges
10/12
Hier
Bonne
LES ECHECS N° 5004
C
Strasbourg
7/25
Poitiers
10/15
QUALITE DE L’AIR
B
Metz
6/24
Orléans
10/16
Nantes
10/16
En baisse
voilé
Paris
12/15
Rennes
9/17
3 mn de soleil en plus
H:I. Arrive au bon moment. - II. Presque atteints. III. Trempes. - IV. Jolie petite pièce sur l’actualité
du Moyen-Age. Si vous passez dans le Pas-de-Calais,
ne manquez pas d’aller y admirer ce chef-d’œuvre de
l’orfèvrerie mosane qu’est le Pied de Croix de SaintBertin. - V. Eliminer les crudités. - VI. Ses graines
sont excellentes pour la santé des Bambaras. Une
compétition très ouverte, mais très mal engagée
aussi. - VII. Moins hautes de plafond. - VIII. Bien
utiles pour décortiquer la pensée du maître. Aligna.
Symbole. - IX. A perdu du diamètre par martelage
périphérique. - X. Bonne base pour des sanguines.
Libé ne fait pas partie de sa presse. - XI. Colle.
V:1. Se font beaucoup attendre. - 2. A gardé un petit
air pascal. Bref arrangement interieur. - 3. C’est une
version parmi d’autres. Mise en ordre. - 4. Déjà ouï.
S’emmêlent dans les chiffres. - 5. Pointe en salle
d’armes. Victime de flibustiers. - 6. Alexandrine, par
exemple. - 7. Bien introduite. Devient comme une
seconde mère à la répétition. - 8. Article. Ont entamé
le travail de réparation. - 9. A droite en sortant. Pure
oie blanche.
Solution du No 2247:H: I. Roublarde. II. Ebruitait. III.
Client. Da. IV. Tan. Giron. V. Itinérant. VI. Foret. VII.
Irénée. Do. VIII. Géra. Sain. IX. Nient. Non. X. En.
Tortue. XI. Sélec tifs. V:1. Rectilignes. 2. Oblat. Reine. 3.
Urinifère. 4. Bue. Nonante. 5. Lingère. Toc. 6. Attirées.
Rt. 7. Râ. Rat. Anti. 8. Didon. Diouf. 9. Etant donnés.
Rouen
9/12
Caen
10/12
Brest
7/15
Soleil (à Paris)
Lever 6h49 Coucher 20h48
A
Lille
10/14
Amiens
10/14
9
7/17
10/20
10/17
5/18
Palma
Athènes
10/17
12/20
Palerme
13/17
Tanger
Alger
Tunis
Malte
12/22
11/17
13/17
13/17
météo
Retrouvez la météo
dans 400 villes en France et dans le monde
www.liberation.fr
Abonnez-vous à «Libération»
❐ 3mois 77¤ (505,09F) ❐ 6mois152¤ (997,05F) ❐ 1an296¤ (1941,63F)
Livraison avant 7H30 sur Paris, IDF, Lille, Lyon, Toulouse, Nancy, Marseille, Metz, Aix-en-Prov., Toulon, Rennes et Nantes (y compris jours fériés). Abonnementpostalsurlerestedela France.
Tarifs hors métropole: nous consulter.
NOM:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ville:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code d’accès portage:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone:. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Joindre votre règlement (chèque à l’ordre de Libération), Libération, Service Abonnements B590-60732 Ste-Geneviève cedexTél. : 01 42 76 17 12
.
OURS
LIBERATION
11, rue Béranger 75154
Paris Cedex 03
Tél. : 01 42 76 17 89
Télex : 217 656 F
Site web:
www.liberation.fr
Edité par la SARL Libération
Sarl au capital de 8 726 182 ¤.
RCS Paris : 382.028.199
Durée : 50 ans à compter
du 3-06-91.
Associée unique:
SA Investissements Presse
au capital de 3033340 ¤
Associés:
- Soparic Participations
- Société Civile des
Personnels de Libération
- Communication et
Participation SA
P.D.G. Serge July.
Directeur Général
Evence-Charles Coppée.
SARL Libération:
Co-gérants
Serge July et
Evence-Charles Coppée.
Directeur de
la publication
Serge July.
Directeur
de la rédaction
Antoine de Gaudemar.
Directeurs-adjoints
de la rédaction
Jean-Michel Helvig,
Patrick Sabatier,
Jean-Michel Thénard.
Rédacteurs en chef
Claire Carrard (édition),
Marie Guichoux,
Quintin Leeds (maquette),
Nicole Pénicaut,
Béatrice Vallaeys.
Rédacteurs en chef
adjoints
Antoine de Baecque,
Alain Blaise (maquette),
Renaud Dely,
Gérard Dupuy,
Johan Hufnagel
(éd. électroniques),
Laurent Mauriac,
François Sergent,
Dan Torres (photo),
Sibylle Vincendon,
Olivier Wicker (guide),
Gilles Wullus (édition).
Directeur général adjoint
Louis Dreyfus.
Directeur des ressources
humaines
Solange Bonnet.
Directeur commercial
Bertrand Houlé.
Directeur des études
André Gattolin.
PORTAGE À DOMICILE
(Paris, 92)
PAP, 13, rue Béranger
75003 Paris.
Polyvios Anémoyannis,
directeur.
Tél. : 01.42.76.16.01.
ABONNEMENTS
Rens. par lettre ou
téléphone (01.42.76.17.12),
ou 3615 Libé.
USA: permis USPS
n°003-963
REGIE TÉLÉMATIQUE ET
AUDIOTEL
Ourouk
Tél: 01.44.82.09.20
Fax: 01.44.82.72.70
E-mail: [email protected]
PUBLICITÉ
Directrice générale
d’Espaces Libération
Brigitte Bizalion.
Espaces Libération
11, rue Béranger
75003 Paris.
Tél. : 01.44.78.30.60.
Publicité commerciale,
littéraire, financière,
arts et spectacles. Publicité
locale et parisienne. PA.
IMPRESSION
CIPP (Saint-Denis),
Mop (Vitrolles),
ROP (Irigny), TOP
(Toulouse), Loirefax
(Saint-Herblain),
Lorrainefax
(Nancy-Jarville).
Imprimé en France
Tirage du 21 avril 2004:
198 115 exemplaires.
Membre de OJD-Diffusion
Contrôle. CPPP : C 80064.
ISSN 0335-1793.
CCP 2240185 Paris.W
Nous informons nos lecteurs
que la responsabilité du
journal ne saurait être
engagée en cas de non
restitution de documents dont
il est le destinataire.
26 télévision
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
APRÈS COUP
LE FILM
PAR SORJ CHALANDON
PAR LOUIS SKORECKI
L’idole
Femmes caméléons
uel type de polars vous aimez?»
«Les thrillers», répond Johnny.
Il porte une chemise noire, une
veste en cuir noir, des lunettes noires.
Pour les caméras, il pointe son majeur
et son index accolés, le pouce levé en
chien de pistolet. Il prend sa voix de
scène. «Si vous ne venez pas à Cognac,
vous êtes mort.»Nous sommes à
Cognac, il y a quelques jours, au
Festival du film policier. Johnny
Hallyday est membre du jury. Avec lui,
l’actrice Marina Foïs, la comédienne
Chantal Lauby, les acteurs JeanHughes Anglade, Jean-Paul Rouve
ou le réalisateur Roger Spottiswoode.
Ils sortent de projection (1).
«Johnny! Johnny! Johnny, s’il vous
plaît!»Trois jeunes filles sont
couchées sur la barrière de sécurité,
le cahier à la main et le stylo tendu.
«Johnny! Johnny!»Une dame brune
lui donne son prénom à écrire.
«Johnny! Johnny! Johnny!»Des voix
de femmes, d’hommes, d’enfants. Il
signe un peu. Il ne fait que passer. Il
s’en va. Il remet sa cigarette en bouche.
«Johnny!»Nous sommes ailleurs dans
la ville. «Johnny!»appelle une femme,
son stylo vert en main. «Il est super,
Johnny», dit-elle. «C’est un crack, c’est
une idole.» «Johnny! Johnny!» «Ses
chansons?»,rit une autre. Elle est
énervée par la proximité du chanteur.
Elle cherche. «Ben, il y en a plein!
Allumer le feu… Heu… Bon… Ben ça
vient pas, mais il y en a plus.» «Johnny!
Johnny!»Il arrive. Il signe mollement
ici et là. «Johnny! S’il vous plaît!»Les
barrières sont combles. Il marche
fauve, félin, ample des bras, comme
remontant la grand-rue juste avant le
duel. «Hoho! Johnny!»Des dizaines de
crayons tendus, des mains, des
regards. Il entre dans la salle des fêtes
pour un cocktail. «Johnny!»Des
enfants muets restent à distance. Il
goûte quelque chose. Sourit. «Très
bon!», dit-il en levant le pouce.
«Johnny! Johnny! Aaah! Il mange une
huître!»,crie une femme en battant
des mains. C’est l’heure de la séance
photo avec le maire de la ville.
Hallyday signe pour un policier
municipal. «A Florine», «à Jessica».
«C’est un mythe. On vit en parallèle»,
dit le fonctionnaire. «Johnny! Johnny,
par ici!»Des dizaines de photographes
derrière les barrières. L’acteur est
debout au milieu du jury. «Johnny!»
Ils sont en ligne pour la photo. Devant
eux, une Harley-Davidson. «JeanHughes!»lance soudain une voix
d’homme. Silence. Flottement.
Jean-Paul Rouve sourit. «Ah? Tiens?
Qu’est-ce qui se passe?»Les membres
du jury éclatent de rire. Rouve se
tourne vers Jean-Hughes Anglade
et lui dit: «Tu as de la famille?»•
CINÉCINÉMA FRISSON, 1H10.
«Q
(1) C’était mardi à 20h, C du cinéma
sur Canal + Cinéma.
chat
sur le web
De 12h à 12h30,
rendez-vous
tous les lundis
avec la direction
de la rédaction.
a nouvelle expression à la mode,
c’est «cinéphile de trottoir».
Ils font le trottoir comme des
putes, en attendant de répondre au
premier micro-trottoir venu pour
l’une de ces émissions qui poussent
comme des champignons.
– Si ça continue, il va y avoir autant
de ciné-trottoirs que de trottoirs.
– C’est pourquoi j’ai choisi un porno.
Un truc américain signé du grand
John Leslie.
– Avec du sperme et tout?
– Ah oui, pas du lait concentré. C’est
l’histoire de quelques obsédés du cul
qui se vampirisent les uns les autres.
– Les filles sont jeunes?
– Tu ne veux pas que je te raconte
le scénario, en plus?
– Si tu insistes.
– Ils se livrent à de drôles de duels
échangistes. Le premier qui vole le
corps de l’autre, à coups de morphing
accéléré, a gagné. C’est entre John
Woo et Sergio Leone.
DR
L
Alexandre Iotopoulos (au centre) clame son innocence depuis la fin de son procès, en décembre dernier.
Enquête. Retour sur le procès controversé des terroristes
grecs du 17-N, avec les Jeux olympiques en toile de fond.
ODYSSÉE, 22h40. «Grèce: 17-N, le terrorisme en question»,
documentaire de Chantal Lesbats et Angélique Kourounis.
n réalisant, en 2002, son coup de filet à l’encontre des membres du groupe d’extrême
gauche «17Novembre», la police grecque fait
coup double. Elle met un terme à plus de vingtcinq ans d’actions terroristes dans la péninsule et elle sauve probablement les Jeux olympiques
qui auront lieu en août prochain. La Grande-Bretagne et surtout les Etats-Unis avaient clairement
brandi la menace d’un boycott si 17-N n’était pas mis
hors d’état de nuire.
L’acte de naissance, en 1975, de ce groupe marxisteléniniste est l’exécution de Richard Welsh, chef de
l’antenne de la CIA en Grèce et symbole du soutien
américain à la dictature. L’attentat avait été revendiqué dans Libération. A cette époque, le groupe bénéficie du soutien d’une majorité de Grecs qui voient à
travers ces actions la continuité du combat contre les
responsables impunis du régime des Colonels. Au
cours des vingt-sept années qui suivent, 17-N est tenu responsable d’une bonne cinquantaine d’attentats et de la mort de vingt-trois personnalités de la finance, de la diplomatie et de la politique. Jusqu’en
juin2002, lorsqu’un des membres du groupe se blesse grièvement, au Pirée, avec un engin explosif artisanal. Dans les jours suivants, de manière providentielle, les arrestations se multiplient et la police finit
par désigner un chef: Alexandre Iotopoulos, Grec né
en France, fiché depuis les années70 par la DST. Le
procès, tenu par un tribunal spécial, s’est achevé en
décembre2003.
Après près de deux années d’enquête, le documentaire de Chantal Lesbats et Angélique Kourounis
E
s’est principalement attaché à montrer les innombrables approximations de l’enquête et le caractère
bâclé du procès. «Un nombre considérable de
témoignages à charge sont effectivement très douteux», affirme Angélique Kourounis, dont l’un des
parents, Yiannis Paleocrassas, a été blessé dans un
attentat de 17-N. «Mais c’est bien davantage le
procès, qui n’apporte jamais la preuve irréfutable de
la culpabilité d’Alexandre Iotopoulos, qui a été
condamné à vingt et une fois la perpétuité. Le simple
fait que ce procès ait été mené par un tribunal spécial,
composé de juges nommés par le gouvernement et
qu’il ait eu lieu dans une prison sans présence de caméras de télévision, jette un trouble sur sa véritable
vocation. Enfin, l’absence de preuves convaincantes,
la rétractation de plusieurs accusés, ou encore l’absence à l’audience de toutes les pièces à conviction
sont autant d’éléments qui ont fait dire à tous les avocats de la défense qu’ils n’avaient pas pu faire leur
travail normalement.»
En marge de ce travail impressionnant apparaît ainsi l’hypothèse dérangeante que certains coupables
sont encore en liberté tandis que des boucs émissaires moisissent en prison. Sans oublier que certains aspects du problème n’ont même pas été abordés. Ainsi, comme le souligne l’historien Christophe
Chiclet, sous les revendications signées 17-N, plusieurs assassinats auraient pu être le fait d’organisations mafieuses. Toujours est-il que le démantèlement spectaculaire et providentiel de 17-N a
effectivement calmé les Américains et permis la lucrative tenue des Jeux olympiques. Mais ce procès
n’a pas clos le dossier du terrorisme en Grèce.•
BRUNO ICHER
FFCM. CINÉCINÉMA
Les Jeux à tout prix
Seins opulents, bouche vicieuse.
– Tu te fous de ma gueule?
– Non. Ça vaut bien Face/Off, cette
histoire à la con où Cage et Travolta
échangent leurs identités à grands
coups de montage et de trucages
digitaux. Disons que c’est de l’hypnose
postcinéma, le contraire de ce que
José Ferrer faisait à Gene Tierney
dans le Mystérieux Docteur Korvo.
– Et les filles?
– Rien à voir avec Gene Tierney, c’est
sûr. Mais Leslie connaît Preminger,
frontalité méchante et tout.
– Et les filles?
– Bouches vicieuses, seins opulents,
regards lourds.
– Ça me fait envie.
– Si elle avait été plus grosse, j’aurais
bien goûté à ta sucette.
– Mais ça va pas!
– C’est une phrase du dialogue,
couillon.
– Et les filles, elles sucent bien?
– Ah oui. Mais celle qui suce Rocco
Siffredi, tu vois, elle a beau dire qu’elle
la veut tout entière dans sa bouche,
elle n’y arrive pas.
– Elle est si grosse?
– Ah oui.•
télévision 27
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
•FILM
Italique : en clair
F5
ARTE
TF1
F2
F3
C+
8.30 Téléshopping. 9.05 TF !
Jeunesse. 11.15 La Ferme
Célébrités. 12.05 Attention à
la marche ! 13.00 Journal. 13.55
Les feux de l'amour. 14.45
Le choix d'un père. 16.20
Le protecteur. Série. 17.10
7 à la maison. Série. 18.00
Le bigdil. 19.00 La Ferme
Célébrités. 20.00 Journal.
13.00 Journal. 13.50 Inspecteur
Derrick. 14.50 Un cas pour
deux. 15.55 Nash Bridges.
16.45 Des chiffres et des
lettres. 17.15 Tout vu, tout lu.
18.00 Urgences. 18.55 On a tout
essayé. 19.50 Un gars, une
fille. Série. 20.00 Journal.
20.35 Question ouverte.
Invitée: Ségolène Royal.
11.35 Bon appétit, bien sûr.
Invité: le chef Jacques
Faussat. 12.00 12/14.
13.55 C'est mon choix.
15.00 Inspecteur Frost.
16.35 TO3. 17.30 C'est pas
sorcier. 18.05 Questionspour
unchampion. 18.35 19/20.
20.05 Le fabuleux destin de...
20.35 Tout le sport.
10.50 Surprises. • 11.10
Le gâteau magique. 12.30
La vie en clair. 13.30 Best of
Les Guignols. 13.40 La grande
course. • 14.00 Pas si grave.
15.45 Dominique Besnehard,
un agent particulier. • 17.00
Orky. 18.40 Merci pour l'info.
19.55 Best of Les Guignols.
20.05 20h10 pétantes.
20.55
Navarro
20.55
Envoyé spécial
21.00
20.55
• Dina
• Le château de ma mère
Téléfilm policier de Jean
Sagols. Fr. 2004. Avec Roger
Hanin, Pierre Santini,
Jean-Claude Caron.
Magazineprésentépar
FrançoiseJoly.Ausommaire:
«Lesrandonnées».-«L'Etoile
etleCroissantrouge».
22.45
23.00
La méthode Cauet
Invités : Serena, Philippe
Gildas, Maryse Gildas,
Natacha Amal, Pascal
Sellem, Morganne Matis,
Stéphanie, Premix,
Tragédie, Ozone.
1.05 La Ferme Célébrités.
1.50 Les coulisses
de l'économie.
Campus,
le magazine de l'écrit
Magazine. Invités : Daniel
Cohn-Bendit, Bernard
Kouchner...
Au sommaire : «L'Irak, un
an après» - «Entretien» «Musique».
0.35 Journal de la nuit.
1.01 Millennium. Série.
8.48 La santé d'abord. 8.50
Les maternelles. 10.25
Femme & Co. 10.40 L'œil
et la main. 11.10 Les babouins
du rocher Blanc. 12.05 Midi
les zouzous. 13.55 Le journal
de la santé. 14.15 100 %
Question. 14.50 Camarades,
il était une fois les
communistes français.
Docu. 15.50 Chicago O'Hare.
Docu. 16.45 L'âge glaciaire,
menace sur le climat. Docu.
17.50 C dans l'air. 19.00
Le mystère de la voix. Docu.
19.45 Arte info. 20.00
Le journal de la culture.
20.15 Les infirmières. Docu.
20.40
Comédie dramatique
d’Yves Robert. Fr. 1990.
Avec Philippe Caubère,
George Wilson,
Nathalie Roussel.
22.45 Soir 3.
Drame d’Ole Bornedal.
Fr/Dan/Norv. 2003.
Multilingue. Avec Maria
Bonnevie, Gérard
Depardieu.
23.00 C du cinéma.
• 23.10
• 23.45
Flic Story
Un homme sans l'Occident
Film policier de Jacques
Deray. Fr. 1976.
Avec Alain Delon,
Jean-Louis Trintignant.
1.00 Ombre et lumière.
Invitée: Sandrine Kiberlain.
Présenté par Philippe Labro.
Drame de Raymond
Depardon. Fr. 2002. NB.
Avec Ali Hamit, Brahim
Jiddi, Wodji Ouardougou.
• 1.25 La Belle et la Bête.
Conte fantastique de Jean
Cocteau. Fr. 1946. NB.
PARIS
PREMIÈRE
M6
• Le baiser de la femme
araignée
Drame de Hector Babenco.
E-U/Br. 1985. v.o. Avec
William Hurt, Raul Julia,
Milton Gonçales.
22.40
Pureté
Documentaire réalisé par
Anat Zuria.Au sommaire :
«Lille Blade Runner» «Arch Ennemy» - «Battle
Video». 0.30 Arte info. • 0.50
L'œil. Thriller avec Lena
Endre. • 2.40 Coup franc.
Court métrage.
13.35 Les dédales de l'amour.
15.15 Le monde perdu de Sir
Arthur Conan Doyle. Deux
épisodes. 16.55 70 à l'heure.
17.55 Les Colocataires. 18.50
Charmed. Série. 19.50 Six' /
Météo. 20.05 Une nounou
d'enfer. Série. 20.40
Les Colocataires /
Décrochages info.
13.15 La bande originale de
ma vie. 13.45 Quand épousezvous ma femme ? Piece
de théatre. 15.45 Le policier
de Tanger. 17.15 Paroles et
musique. Docu.
17.45 Les mystères de l'Ouest.
Série. 18.45 La speakerine
du jour. 19.00 Hollywood
Stories. «Dorothy Stratten»
20.50
Nouvelle Star
20.50
• Le juge et l'assassin
Divertissement. Présenté
par Benjamin Castaldi.
Avec Steeve. En direct.
Drame policier de
Bertrand Tavernier. Fr.
1975. Avec Michel Galabru,
Cécile Vassort.
• 23.10
Carrie 2, la haine
22.45
Film fantastique
de Katt Shea. E-U. 1999.
Avec Emily Bergl,
Jason London,
Dylan Bruno, SmithCameron, Amy Irving,
Zachery Ty Bryan.
1.05 Les Colocataires.
1.50 M6 Music /
Les nuits de M6.
Magazine présenté
par Paul Amar.
Invité : Dany Boon
23.45 L'Actors Studio.
Invité: Ben Stiller.
Présenté par James Lipton.
0.35 Le film du jour.
0.45 Les mystères de l'Ouest.
Série western américaine.
FILMS
20H35
Once Bitten
Ciné Comic
De Howard Storm
(1985, E-U) 95 mn.
20H45
FRANCE CULTURE
Thérèse Raquin
Jeff
Le bûcher des vanités Snowboarder
cinecinema Classic
Ciné Polar
Ciné Box
Canal+ confort
Une équipe
hors du commun
Le comte
de Monte-Cristo
De Marcel Carné
(1953) 105 mn.
De Jean Herman
(1968, Fr) 90 mn.
De Brian De Palma
(1990, E-U)
125 mn.
D’ Olias Barco
et Didier Lafond
(2003, Fr)
105 mn.
TPS Cinefamily
TPS Cinétoile
De Penny Marshall
(1992, E-U)
Multilingue. 125 mn.
De Robert Vernay
(1954) 85 mn.
Les envahisseurs
de la planète rouge
Coup double
TvBreizh
Canal+ sport
De Jeff Kanew
(1986, E-U)
Multilingue. 105 mn.
Cupidon mène
la danse
De Mike Leigh
(1996, G-B) 140 mn.
24 heures de la vie
d’une femme
TPS Star
De Robert Aldrich
(1963, E-U) 115 mn.
Fureur apache
Karaté Kid 2
De Robert Aldrich
(1972, E-U) 100 mn.
RTL 9
De John G. Avildsen
(1986, E-U) 120 mn.
Meurs un autre jour
Fantômes en fête
De Lee Tamahori
(2002, E-U)
Multilingue. 130 mn.
De Richard Donner
(1987, E-U)
Multilingue.
100 mn.
L’addition
TMC
(1948, E-U)
Multilingue. 115 mn.
De Laurent Bouhnik
(2002, Fr) 105 mn.
TPS Cinefamily
Les quatre du Texas
TCM
Secrets et mensonges De Fred M. Wilcox
Jimmy
TPS Home Cinéma
La conquête
de la planète
des singes
TPS Ciné Culte
cinecinema Succès
20H50
French Connection
TvBreizh
De Tom Hanks
(1997, E-U)
Multilingue. 110 mn.
21H00
Effroyables jardins
Canal+ cinéma
De Jean Becker
(2002, Fr) 95 mn.
Mischka
cinecinema Auteur
De Jean-François
Stévenin (2002, Fr)
115 mn.
De William Friedkin
(1971, E-U) 105 mn.
Un juge en danger
Les vestiges du jour
De Damiano Damiani
(1977, It) 115 mn.
Téva
De James Ivory
(1993, E-U)
135 mn.
Tout ce que vous
cinecinema Frisson
De Jack LeeDe Denis Amar
Thompson (1972, E-U) avez toujours voulu
savoir sur le sexe
(1984, Fr) 85 mn.
Multilingue. 85 mn.
sans jamais oser
La maison assassinée That Thing You Do !
cinecinema Premier cinecinema Emotion le demander
De Georges Lautner
(1987, Fr)
110 mn.
Comédie
De Woody Allen
(1972, E-U) 95 mn.
SÉRIES
TPS Cinextreme
Cartes sur table
Ciné FX
De William Cameron
Menzies (1953, E-U)
Multilingue. 85 mn.
Le comte
de Monte-Cristo
TPS Cinétoile
De Robert Vernay
(1954) 95 mn.
22H10
Les princes
de la ville
cinecinema Frisson
cinecinema Succès
22H30
Hudson Hawk,
gentleman
et cambrioleur
TPS Star
De Michael Lehmann
(1991, E-U)
Multilingue. 100 mn.
L’incroyable
homme-puma
Canal+ sport
De Brett Ratner
(2001, E-U)
Multilingue. 90 mn.
De Chantal Lauby
(2003, Fr) 105 mn.
Snooker
Eurosport
Jimmy
Championnats
d’Europe.
69 kg dames.
En direct.
Championnats
du monde. 6e jour.
En direct.
Championnats
du monde. 6e jour.
En direct.
13H20
Haltérophilie
Keen Eddie
0H05
Comédie
Son of the Beach
(saison 1, 8/13)
Incitation à la
vengeance.
Série club
Golf
(saison 1, 1/13)
With Sex you Get
Eggroll. v.o.
Canal+ sport
Jimmy
Comédie
(saison 9, 9/23)
Et le fils arriva. v.o.
(saison 4, 2/25)
Chacun sa croix.
23H30
0H20
Mes pires potes
Soyez prudents...
Comédie
13e Rue
13e Rue
(saison 1, 8/24)
Comment lui dire.
Une araignée
dans le plafond.
20H50
23H35
0H30
Homicide
New York District
L’immortelle
13e Rue
13e Rue
Série club
(saison 5, 10/22)
Le marié était en noir.
(saison 7, 16/23)
Volte-face.
(saison 1, 7/22)
Crime et châtiment.
(saison 8, 7/24)
Celui qui voulait
garder Rachel.
20H30
Les Deschiens
Jimmy
20H45
Soyez prudents...
Roseanne
Circuit européen.
Open de Séville
(Espagne).
Les meilleurs
moments.
15H00
Snooker
Eurosport
Championnats
du monde.
6e jour.
En direct.
15H30
Haltérophilie
Bully
22H40
Chicanos,
chasseurs de têtes
Ciné Polar
De Jerrold Freedman
(1980, E-U)
100 mn.
Perdita Durango
TPS Cinextreme
D’ Alex De La Iglesia
(1997) Multilingue.
125 mn.
23H00
17H00
18H00
Eurosport
Championnats
d’Europe. 69 kg
messieurs. En direct.
cinecinema Classic
21.00
De Vincent Sherman
(1947, E-U) v.o.
115 mn.
De Bryan Forbes
(1961, G-B)v.o.
100 mn.
A nouveau la musique:
22H45
23H45
Dina
Tortilla y cinema
Canal+ confort
TPS Ciné Culte
D’ Ole Bornedal (2003) De Martin Provost
(1996, Fr) 85 mn.
Multilingue.
120 mn.
0H00
22H55
Jalla ! Jalla !
cinecinema Auteur
De Josef Fares
(2000, Suè)
Multilingue.
90 mn.
Caddyshack
Ciné Box
De Harold Ramis
(1980, E-U) 100 mn.
La rupture
TPS Cinétoile
De Claude Chabrol
(1970)
120 mn.
0H05
La Rolls-Royce jaune
Ciné Comic
D’ Anthony Asquith
(1965, G-B)
v.o. 120 mn.
18H50
Football
Canal+ sport
Ligue des champions.
Demi-finale.
Match aller.
FC Porto (Por) /
Deportivo
La Corogne (Esp).
19H15
Rugby
Sport+
Championnat
Eurosport
d’Angleterre.
Championnats
20e journée.
d’Europe. 75 kg dames. Gloucester /
En direct.
London Irish.
20H00
20H35
22H25
Tueurs nés
Des hommes
dans la tourmente
Paroles de flic
National
Geographic
Histoire
«La tuerie
de Nanterre».
Tennis Sport+
Masters Series.
Tournoi messieurs de
Monte-Carlo. 4e jour.
23H00
Football Eurosport
Coupe de l’UEFA.
Demi-finales.
Matchs aller.
0H00
Football Eurosport
Ligue des champions.
Demi-finale aller à
déterminer.
Golf Sport+ Circuit
européen. Open
d’Espagne. 1er jour.
avec la compositrice
Pascale Jakubowski.
22.30
Surpris par la nuit: «Le
Louvre revisité», avec
François Rouan à propos
de l’exposition «Primatice»,
Sarkis pour son exposition
au musée Delacroix,
Miquel Barelo pour son
exposition d’aquarelles.
0.00
Du jour au lendemain:
avec Eric Laurent pour
A la fin(Veinstein).
AUTRES RADIOS
Eurosport
22H00
«L’impardonnable»,
avec Jacques Ricot pour
Peut-on tout pardonner?
(Pleins Feux).
Whistle Down
the Wind
Snooker
Championnats de
France Open. 5e jour.
La vie comme elle va:
TCM
21H00
Natation Sport+
15.00
L’infidèle
DOCUMENTAIRES
Eurosport
0H10
De Michael Davis
(2000, E-U)
Multilingue.
95 mn.
De Larry Clark
(2001, E-U)
Multilingue.
110 mn.
Haltérophilie
New York
Police Blues
TPS Cinéstar
Canal+ cinéma
13H00
RTL 9
100 Girls
cinecinema Premier
New York
Police Blues
23H05
De Penny Marshall
(1988, E-U)
Multilingue. 100 mn.
Rush Hour 2
23H50
Friends
cinecinema Emotion
22H35
13e Rue
(saison 3, 19/25)
Le cancre et
Shakespeare.
Big
Laisse tes mains
sur mes hanches
Homicide
Comédie
De Jean Boyer
(1952, Fr) 90 mn.
22H25
De Gregory
Marquette
(1999) Multilingue.
95 mn.
21H35
Cosby
Ciné Comic
TPS Cinéstar
(saison 1, 13/24)
Celui qui fait
des descentes
dans les douches.
(saison 9, 10/23)
Jalousie. v.o.
Femmes de Paris
Dark Summer
D’ Alberto De Martino
(1980, It) 95 mn.
Friends Jimmy
22H30
De David Fincher
(1991, E-U) 115 mn.
Ciné FX
SPORT
(saison 5, 11/22)
Le documentaire.
Alien 3
De Taylor Hackford
(1992, E-U)
Multilingue. 180 mn.
De Jesus Franco
(1965)
90 mn.
20H05
20H20
Recto Verso
FRANCE INTER 10.05
21H00
Les nouveaux
détectives
Le pouvoir
des fleurs
Les grands
fleuves
«Serments rompus».
Alter ego: «Les ONG
doivent-elles rester
neutres?», avec Rony
Brauman, auteur de
Humanitaire: le dilemme
(Textuel), et Marc-Olivier
Padis, auteur des
Multinationales du cœur.
Les ONG, la politique et le
marché(Seuil).
Odyssée
Histoire
22H40
RFI 13.10
«Dans la gueule
des prédateurs».
(6/32) «De Gaulle
versus Pétain».
20H05
20H45
Sous toutes
les coutures
Histoire
(25/26)
«Exotissimo».
13e Rue
22H30
Le saviez-vous ?
L’exception
camerounaise
Odyssée
Planète
22H35
13e Rue
(5/12) «Le pouvoir
«Le Niger».
de la fleur comestible».
Impressions
sauvages Planète
20H10
«Le delta
d’Okavango».
Aux frontières
de l’extrême
avec Ray Mears
Odyssée
21H55
Architectures
Histoire
«La villa Dall’Ava».
22H20
Grèce : 17-N,
le terrorisme en
question Odyssée
(Lire page 26).
De l’aube
au crépuscule
Sucre alors !
L’histoire
douce-amère
des gourmandises
Planète
Histoire
«Les chimpanzés
de Gombe».
«Inventions
et innovations».
(14/32) «Mitchell
contre la tradition
militaire».
«La NouvelleZélande».
23H10
Des hommes dans
la tourmente Histoire
Le monde change:
«Dernier voyage au pays
des mineurs», avec Jacques
Grison, photographe.
RFI 16.40
La Bande passante:
avec Jane Birkin
pour son nouvel album.
LE MOUV’ 21.00
Concert live: Franz Ferdinand.
28
culture
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
A M Y G I U N TA
Eleanor et Matt
Friedberger,
respectivement
27 et 31 ans.
La féerie
The Fiery Furnacesen concert
ce soir à la Cigale, 120, boulevard
Rochechouart, Paris XVIIIe (avec
Franz Ferdinand). Tél.: 0149258175.
CD: «Gallowsbird’s Bark»,
Pias/Rough Trade.
Furnaces
out bringuebale. Rien
de joué. Ou le contraire. Soit la brune plastique Eleanor, 27 ans,
le touffu Matthew (dit
Matt), 31, frère et
sœur Friedberger, leaders-au-
T
Premier album
fourre-tout furieux d’un
duo rock new-yorkais.
teurs-compositeurs-arrangeurs chanteuse et polyinstrumentiste de Fiery Furnaces.
Avec ce duo branché passablement disjoncté, on tient un
cas, un truc rock.
Inclassablement grouillant,
théâtral, le binaire à seize
coups proposé par l’album à la
clef, notablement expérimental, juvénile folk hors d’âge
manigancé par Matt et emme-
né par la voix acérée d’Eleanor,
est essentiellement nerveux.
Fantasque et pneumatique. Le
couple fraternel définit ce
brouet new-wave-cabaretworld-honky tonk-garagerhythm’n’blues-free-music
hall-punk lettriste: «Du
rock’n’roll avec des sons bizarres et des mots bruyants.»
Formation. Avant d’en être là,
ce duo chicagoan élargi (au
tiers batteur de paille Ryan
Sawyer) avait d’abord vécu et
glané chacun pour soi. Eleanor dans le sud de la France,
notamment avec maman, en
Grèce et Italie, occupée de
«cuisine, shopping, cinéma»,
voire de télémarketing pour le
Texas Republican Party, sur
fond de vagues études dans
cet Etat; et Matt adolescent,
outre-Rhin, où il se flatte de
n’avoir jamais appris un mot
d’allemand, puis à l’université
d’Urbana, Illinois, partagé
entre «parasitisme» revendiqué et fixation Who – le groupe de Pete Townshend.
A un certain stade de glandage
et fiasco respectifs, Matt et
Eleanor, dépassant une aversion affichée l’un pour l’autre,
joignent leurs efforts et vies
en jetant leur gourme rock ju-
melle à Brooklyn. Maquettes,
répètes, concerts et single:
Crystal Clear. Le tout fait associer les Fiery Furnaces aux
notoires White Stripes ou aux
érectiles Kills – sans compter
tels Walkmen invoqués, ou
Patti Smith, que l’intensité
scénique d’Eleanor évoque.
Couinements. Sur ce, voilà nos
Rita Mitsouko new-yorkais
anglicisés, le temps d’un stage
à Londres (où Calamity Friedberger vécut un an) pour les
besoins du manifeste fourretout bluffant Gallowsbird’s
Bark. «L’aboiement de l’oiseau
de potence»? Comprenne qui
pourra –comme le logo Fiery
Furnaces: «Fourneaux ardents».
L’ouverture aux «abois» du
CD, en une-deux bastringue,
est presque anxiogène. Virant
new-wave (Leaky Tunnel),
sautant de rupture rythmique en lubie mélodique
(Up In The North), via tel
sketch pop (Inca Rag/Name
Game), agrémentée de couinements, cordes, piano,
cuivres, distorsions et babils,
l’inspiration pousse le caractériel jusqu’au convenu délassant occasionnel.
D’Asthma Attack en Don’t
Dance Her Down,aux airs traditionnels (sens folklorique),
culture 29
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
les rock blues à la Too Fat Feet
(«deux pieds gras»?) ou la scie
de patinoire Bow Wow se retrouvent vite en butte aux dissonances et intrusions. Gale
Blow,techno trash folk de rue,
offre un type de ce mode effervescent.
En motif de pochette, un chien
loup considère une chèvre aux
yeux doux.D’autres bêtes passent, dont un volatile denté
préhistorique et deux lémurs.
La ligne graphique emprunte
aux enluminures des plafonds
astrologiques de la bibliothèque universitaire médiévale de Salamanque.
Au reste, avec ses breaks et
basses grasses relevés de traits
glitter, la chose peut évoquer
un Yeah Yeah Yeah’s érudit.
On sent que ces Bonnie and
Clyde de home-studio ont de-
puis longtemps tout avalé et
trié –jusqu’à la liberté d’allure
inquiétante qui les caractérise.
Les chansonnettes instables
des Fiery Furnaces qui sortent
de là font des capucines de
Saint-Guy, carrousels grinçants aux perversités électriques et au naïf savant.
Précautions. Assez tambourine-man vaudouïsant,ce florilège ébouriffé de lâchers de
vents et riffs pataphysiques ne
s’aborde ni ne se pénètre sans
précautions. L’écoute est déjouée plus que concertée par la
production. La voix pique d’un
titre à l’autre, le tempo hystérise, musique détonnant et planant ensemble.
De fil en aiguille, chant de répons (Worry Worry) ou
shuffle-opéra assourdi (Bright
Blue Tie), Gallowsbird’s Bark
culmine en triptyque seventies. Avec Tropical Ice Land,
qu’on entend glouglouter «tropic cool», en glissando d’iceberg dans un lagon, l’album
atteint sa quintessence kaléidoscopique, chatoiement de
madrépore sonique. Comme
si l’on remontait une Abbey
Road bordée de palmiers
bruissants, en Zeppelin (We
Got Back The Plague), pour se
réveiller dans un piano-bar
zonzonnant Rub Alcohol
Blues. Avant retour plage 1.
D’où le chahut reflue, l’album
gagnant à l’usure.
Le prière-d’insérer du duo
non aligné conclut en deux
points sur Matt Friedberger:
«Il n’a de talent que par rapport
à sa sœur» et «Ce pauvre mec
est mort, dieu ait son âme.»•
B.
Eleanor et Matt Friedberger, frère et sœur déjantés:
«Notre musique doit
être exagérée»
altérées, que tout se brouille un peu.
Enfants, vous jouiez déjà de la musique
ensemble?
Matt joue depuis qu’il a 5 ans, Eleanor n’a jamais joué.
Votre composition fétiche?
Matt: Leaky Tunnel ou Up In The North. Et
Eleanor: Leaky Tunnelidem ouI’m Gonna Run.
Nous aimons ces chansons parce qu’elles ont
évolué conformément à nos intentions et que,
pour celles-là au moins, nos intentions étaient
bonnes.
Comment marche Fiery Furnaces? Qui
fait quoi? Par exemple Tropical Ice Land
ou We Got Back The Plague?
Pour Tropical, Eleanor a écrit les paroles et la
musique. Et Matt pour The Plague. Sur Gallowsbird’s,nous avons tout co-écrit et Matt a arrangé, fignolé.
De quoi vivez-vous?
Chômeurs. Matt était «assistant spécial de
conseiller d’éducation». Et Eleanor agent d’assurances.
Gallowsbird’s Bark est-il anglais ou
américain?
Très américain. Il présente quelques traits locaux, mais…
Et The Fiery Furnaces: féminin ou
masculin?
Garçon.
L’illustration de pochette: qui fait la
chèvre et qui le chien?
Notre amie Cynthia a cherché à suggérer
exactement ce que vous imaginez. Matt est le
chien, et Eleanor la chèvre. C’est une façon de
figurer sur la pochette sans y
paraître, comme vous vous en
doutiez.
L’inceste ne va-t-il pas
de soi entre frère et sœur,
ou parents et enfants?
Oui, à condition qu’il soit question d’inceste entre eux.
Je ne pourrais pas vivre si je croyais que je faisais du mal
Vos héros rock?
Les Who. Stevie Wonder, The
deux spectacles de l’emballage théâtre
Clash, Bo Diddley. Même si
Textes Eric Da Silva
Avec Eric Da Silva, Frédéric Fachéna,
nous aimons bien Captain
Véronique Prune, Mbembo, Tchili
Beefheart, Syd Barrett, le
du 23 avril au 19 mai en alternance
deuxième Brian Eno…
Et The Kills ou White
Stripes, dont tout le
théâtre de gennevilliers
monde vous rapproche?
centre dramatique national
Non.•
01 41 32 26 26
a pétroleuse Eleanor, à qui la rumeur prête une liaison avec le beau gosse du quartet pop Franz Ferdinand, et son chevalier
servant musico-familial Matt répondent
à nos questions déplacées sur leur œuvre
déphasante.
Vous pensez à la mort? Comment voyezvous ça?
Trés douloureux, et lent, à tous les coups.
Le prochain Fiery Furnaces s’appellera
donc Blueberry Boat?
Oui. Il proposera des histoires de sept minutes.
Notre référence est Rael, sur l’album The Who
Sell Out. Ce sera un disque aux sonorités plus
variées(qu’est-ce que ce sera!, ndlr)et, comment
dire, fantastiques à peu de frais. Avec plein de
musique pour parc d’attractions ou films imaginaires. Nous l’estimons, par comparaison,
plutôt bien.
Outre les qualités de votre premier
album, ses défauts selon vous?
Ah, là, là… Pas assez de morceaux réussis, textes
inconsistants, les parties de batterie… Nous
n’avons pas pris le temps de faire bien sonner
tout. Mais en rock’n’roll, pas d’excuses.
Ce Gallowsbird’s Bark est mutin mais
inquiétant…
Parce qu’il n’y a rien de plus inquiétant qu’un
petit sourire satisfait; ni rien de plus dérisoire que la menace. Comme c’est notre style, la
musique que nous faisons doit être exagérée,
autant que les conventions le permettent (ou
ne le permettent pas du tout); de peur d’ennuyer en retour, l’expression de nos traits ou
l’intonation de nos paroles doivent être assez
L
stalingrad
la demande en mariage
Recueilli par BAYON
Cannes: menu 2004
Agnès Jaoui, Olivier Assayas et Tony Gatlif
représenteront la France en compétition officielle.
près une année 2003
chahutée, la nouvelle édition du Festival
de Cannes (57e du
nom, avec jury présidé par Quentin Tarantino) est
chargée d’apaiser les esprits
et de troquer le baril d’acrimonie contre un jerrican tout
neuf d’enthousiasme communicatif. Le rang des mécontents donne d’emblée de
la voix. A commencer par les
intermittents, qui se sont invités hier matin à la réunion
du conseil d’administration
pour rappeler que leurs revendications courent toujours et qu’ils ont l’intention
d’occuper les différents lieux
du festival si le nouveau ministre, Donnedieu de Vabres,
refuse la remise en cause du
protocole en vigueur depuis
janvier. Dans un communiqué diplomate, la direction
du festival a exprimé son soutien à l’action des intermittents, affirmant que la diversité culturelle française
s’appuyait notamment sur le
régime spécifique d’assurance chômage, et qu’à ce titre, il
devait «être préservé».
Colère. Autre sujet de fâcherie:
Ma mère, nouveau film de
Christophe Honoré d’après
Georges Bataille avec Isabelle
Huppert. Paulo Branco, le
producteur, ne décolère pas;
on lui avait assuré que le film
serait projeté hors compétition, en séance de minuit le samedi 15mai. Il avait calé la date de sortie (le 19 mai) en
fonction de cette avant-première. L’argument avancé
pour le retrait (un quota de
films français déjà dépassé)
ne tient pas selon Branco, qui
estime avoir été mené en bateau et faire les frais d’un
conflit entre le délégué général, Thierry Frémaux, et le
président, Gilles Jacob, le premier voulant le film contre
l’avis du second. La dimension scandaleuse du film aurait aussi joué contre lui. Les
films français en compétition
sont, pour l’heure, Comme une
image d’Agnès Jaoui, Exils de
Tony Gatlif et Clean d’Olivier
Assayas.
Reste que cette cuvée 2004
(56 longs métrages) s’annonce sous un meilleur jour que
la précédente, avec un net accent porté sur les jeunes talents: l’Argentine Lucrecia
Martel (La Niña Santa après
l’excellent Cienaga), l’Italien
Paolo Sorrentino (La Conseguenze dell’Amore après le
mal fagoté mais attachant
l’Uomo in Piu), les Coréens
Hong Sang-soo (La femme est
l’avenir de l’homme après
A
l’éblouissantThe Turning Gate) et Park Chan-Wook (Old
Boy, film d’action d’après une
BD nippone), le Thaïlandais
Apichatpong Weerasethakul
(Tropical Malady après le
choc sensualiste Blissfully
Yours), les Japonais Mamoru
Oshii (Innocence, manga SF,
paraît-il fastueuse, faisant
suite au chef-d’œuvre Ghost
n’a toujours pas convaincu):
Wong Kar-wai avec le projetarlésienne 2046 qu’il a mis
quatre ans à tourner, Ethan et
Joel Coen (The Lady Killers
avec Tom Hanks, un remake
de la comédie noire d’Alexander Mackendrick de 1955),
Michael Moore (Fahrenheit
9/11), Walter Salles (Diarios
de Motocicleta,sur le Che traversant
l’Amérique du Sud dans
Les intermittents se sont invités hier
au conseil d’administration du festival, les années 50),
Emir Kusturica
rappelant leur intention de perturber
(La vie est un miCannes si le protocole est maintenu.
racle), Jean-Luc
in the Shell) et Kore-eda Hiro- Godard (Notre musique, hors
kazu (Nobody Knows après le compétition), Abbas Kiarosvaporeux Distance), ou l’Au- tami (Five, hors compétition,
trichien diplômé de neurolo- poème numérique du vide).
gie Hans Weingartner (Edu- Le palmarès sera donné pour
kators).
la première fois cette année la
Concert rock. Les habitués de veille de la clôture, le samedi
la Croisette sont au rendez- 22 mai avec feu d’artifice et
vous, à l’exception notable de concert rock dans la baie de
Hou Hsiao-hsien (son nou- Cannes. Ça va être énorveau film, le Temps, le Café, la me! •
Lumière, après remontage,
DIDIER PÉRON
Vi l l e n e u v e d ’ A s c q , To u r n a i ( B ) , L i l l e , M a r c q - e n - B a r œ u l , R o u b a i x , A r m e n t i è re s , C o u r t r a i ( B )
.04
Scènes étrangères
3 ➜ 1 9 mai
Festival international
03 20 61 96 96
Scène nationale Lille Métropole
FEDER
Villeneuve d’Ascq
la rose des vents
www.larosedesvents-scenenationale.com
30 culture
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Théâtre. A Paris, le Polonais Warlikowski met en scène un joyau de la littérature yiddish.
La flamme errante du «Dibbouk»
Le Dibbouk,de Sholem An-Ski, ainsi
qu’un extrait de «Preuves d’existence»
d’Hanna Krall, mise en scène de
Krzysztof Warlikowski, Théâtre des
Bouffes du Nord, 37 bis, boulevard de la
Chapelle, Paris Xe. Tél.: 01460734 50.
Du mardi au vendredi20h30, sam. à
15heures et 20h30.
ue le corps d’un
vivant, et sa psyché
aussi, soient envahis,
habités, hantés, encombrés, débordés
par l’âme d’un mort… Cela
existe dans le théâtre de Maeterlinck. Cela se trouve dans
Q
les récits des coutumes dévotieuses et magiques du Périgord et de Bretagne comme de
toute autre province européenne, voire indienne, voire
japonaise, sibérienne, africaine et autres. Le recours aux
services des exorcistes ou chamans de toujours et de partout
ne s’est jamais limité à combattre le diable, mais parfois
aussi à renvoyer à leur silence
immobile les mânes de ces défunts en quête d’éternel retour, ou au moins d’un tour de
piste supplémentaire. La littérature psychanalytique sur le
poids (cette fatalité) des héritages familiaux abonde.
Démons. Le lumineux et idoinement polonais Krzysztof
Warlikowski, mettant en scène
ce joyau de la littérature yiddish qu’est le Dibbouk, confie à
une femme –grande actrice israélienne de 79ans–, Orna Porat, le rôle d’un rabbin (tsadik)
extirpeur de démons. Ou plutôt de l’âme errante qui torture
la blonde Léa jusque pendant
le jour de ses noces. Efforts
vains: la cervelle de la promise,
sa carcasse en robe blanche,
son visage distordu surnageant d’un cauchemar de Francis Bacon ou Goya, ses mains
palpant le vide, ses yeux perdus
dans le vague, bref toutes ses
cellules sombrent, électrisées,
squattées, parasitées, par un
bernard-l’hermite du nom de
Hanan, feu son amoureux déçu, décédé subitement le jour
où il apprit que la jeune fille en
choisirait un autre.
Offre abonnés
600 BD
à gagner
Pour participer,
renvoyez ce coupon à :
Libération IRS
ORTIM
60508 Chantilly Cedex
Les BD seront expédiées
au plus tard le 30 juin 2004
Service Abonnements:
01 42 76 17 12
N° Abonné
Nom/Prénom
Adresse
CP/Ville
Date de naissance
Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression de ces informations
(art.27 de la loi informatique et libertés). Les
informations recueillies sont destinées exclusivement à «Libération» et ses partenaires
commerciaux sauf opposition de votre part
en cochant cette case
«Libération» vous offre
le tome 6 de la série IR$.
Larry B. MAX, agent du fisc
américain, traque la corruption…
C’est la pavane insensée d’une
créature dédoublée autant
qu’indomptable. Ronde entre
l’ici-bas et l’au-delà, dehors et
dedans, la raison et la folie,
l’avant-hier et l’aujourd’hui.
Il y a des cloisons de verre coulissant aux césures de ce montage des scènes imaginées par
le poète folkloriste ethnologue, militant révolutionnaire et connaisseur des contes
hassidiques, des légendes paysannes, des misères des pogroms, que fut le Russe Sholem An-Ski (de son vrai
patronyme Zainwill Rapaport,
1863-1920).
Lumières. Son Dibbouk, initialement intitulé Tsvishn Tsvey
Veltn («Entre deux mondes»),
donna lieu en 1938, en Pologne, à un film magique
(consultable au musée d’Art et
d’Histoire du judaïsme), mais
c’est une autre histoire. Warlikowski s’est nourri et démarqué du côté sépia chagallien et
chaplinesque de l’œuvre cinématographique. Sa scénographe inspirée Marlgorzata
Szczesniak, son trouveur de
lumières Felice Ross et l’efficace Pawel Mykietyn, compositeur d’espaces sonores, agenceur de ruptures, pourvoyeur
d’effrois en cavalcade et de
consolations-passacailles, ont
parié sur une simplicité digne
de Brook, comme de Lupa, les
deux maîtres de Warlikowski.
La troupe de treize comédiens
d’envergure (dont une petite
fille que Velasquez eût croquée)
peuple comme aux meilleurs
jours le plateau des Bouffes du
Nord. Habitants du schetl sur
quelques chaises. La mélancolie de nappes blanches recouvrant de petites tables très carrées. Au fond, telles peintures
en réminiscence d’antiques synagogues de bois aux murs décorés de licornes et de griffons.
Et voici que ces animaux mythiques viennent à s’animer un
peu en vidéos fugaces et merveilleuses. Un juif pieux considère son châle de prière, se souvenant de la couleur bleue du
ciel.
A cet univers onirique d’AnSki, teint d’humour grave,
Warlikowski a-t-il eu raison
d’accoler les visions, beaucoup
plus «matter of fact» et banales, d’Hanna Krall, en sa
nouvelle intitulée aussile Dibbouk? Cet épilogue, en forme
de retour plus convenu à la
question juive après l’Holocauste, toutefois, ne dissipe
rien du charme. C’est bien ça,
oui, les fantômes existent. Le
talent aussi.
Si Warlikowski enferme en
son cœur un dibbouk, c’en est
un de très costaud; et fin; un
qui sourit; et sait.•
MATHILDE LA BARDONNIE
Le squat du Palace
devant le tribunal
Le fameux Palace du
IXe arrondissement à
Paris, fermé depuis 1996,
est occupé depuis la mimars par des collectifs
d’artistes. Sur plainte de
la SCI Foncière Bergère,
propriétaire du théâtre,
les artistes étaient
attaqués hier en référé
au tribunal de Paris.
L’avocat des plaignants
a demandé l’expulsion
immédiate des
occupants, tandis que
les défenseurs des
artistes plaidaient un
délai. En invoquant
l’absence de projet à
moyen terme dans ce
lieu classé, resté
invendable car exigeant
des travaux onéreux,
notamment pour
l’insonoriser. Et qui risque
fort de retourner à son
abandon pendant
quelques années. Le
jugement a été mis en
délibéré au 28 avril.
John Lennon,
le prix de la
dernière signature
Le gribouillis ultime
du Beatle de Revolution,
tracé quinze minutes avant
son assassinat au Dakota
Hotel, vient de refaire
surface. Il s’agit d’un verso
d’autoportrait paraphé et
dessiné (avec griffe de Yoko)
pour un certain Rabiah
Seminole, 51 ans
(orthographié «Ribeah»).
Après avoir gardé ce trésor
punaisé dans un coin
de sa piaule pendant tout
le temps écoulé depuis,
Rabiah Seminole veut
désormais vendre
l’autographe pour nourrir
et soigner des chevaux.
Prix: 180000 livres
(269567 euros).
Kevin Spacey a déraillé,
pas dérouillé
Bizarre affaire que celle
dont l’acteur Kevin
Spacey se révèle le héros
minable. Un soir, au cours
d’une rencontre, il se
laisse voler son portable
par un jeune filou dans
un parc du sud de
Londres à 4h30 du
matin. Tombant par terre,
gêné par son chien,
en voulant poursuivre
son voleur, Spacey
se fait mal à la figure.
Honteux, saignant,
coléreux, frustré, il
dépose plainte pour
coups et blessures
imaginaires. Avant de
se livrer à un mea-culpa
public de 5 minutes en
direct de la BBC, pour
confesser et analyser
son faux témoignage.
guide 31
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Bourges
Printemps de Bourges
Palindrome, Enhancer,
Incubus (Le Palais
d’Auron. 17h. 22¤).
Laetitia Sheriff, Jeanne
Balibar (Le Théâtre
Jacques-Cœur. 18h. 21¤).
Sharko, Mardi Gras BB,
Calexico, M (Le Phenix,
19h30. 30,80¤).
Christ (live), The
Glimmer Twins (DJ),
Vitalic (live), Miss Kittin
(DJ), Atmosphere (live),
Buck 65 (live), Little
Brother (live), Toxic
Undercontrol feat. MC’s
Specta & Leeroy Aka
Explicit Samouraï & DJ’s
Eddy Kent & Fun (Le 22
Est/Ouest. 22h30. 15¤).
SROCK
Paris
Amen
Sans rien révolutionner,
ce quintet de Los Angeles
est bien plus excitant
que Sum 41 ou Blink 182
dans le genre revival
punk-rock.
La Boule Noire, 120 bd
de Rochechouart, 18e.
01 49 25 81 75. 17,60euros.
Ce soir 20h.
BJAZZ
Paris
Minino Garay & les
Tambours du Sud
Avec sa formation bâtie
autour des percussions
latines (bomboargentin,
cajonpéruvien…), le
puissant percussionniste
argentin entraîne dans
une ronde de tango
moderne, cante jondo,
jazz et blues métissés.
Sunside, 60 rue
des Lombards, 1er.
01402621 25. 20/18euros.
21h. Du 22 au 24/4.
Didier Labbé
En quartet, un jazz libre
et métissé. Dernier
album Tous au souk
(Mosaïc).
Guinguette Pirate, quai de
la Gare, 13e. 01 43 49 68 68.
8euros. Ce soir 20h30.
Grenoble
25e Europa Jazz
Rens. 02 43 24 81 78.
Festival jusqu’au 9/5.
Louis Sclavis/Aldo
Romano et Henri Texier,
Suite africaine(la FertéBernard,ce soir 20h30).
A
THÉÂTRE
Paris
Ivanov
Une pièce violente et drôle
de Tchekhov dans une
traduction décapante
d’André Markowicz et
Françoise Morvan, ms
Alain Françon.
Théâtre national de la
Colline. 0144625252.
Jusqu’au 30/4.
Le Dernier Chameau
Nouveau spectacle du
conteur algérien Fellag,
dont les gestes séduisent
autant que les mots.
MC93 de Bobigny, 01 41 60
72 72. Mer-sam 20h30, dim
15h30. Jusqu’au 30/4.
Inutile de tuer
son père, le monde
s’en charge
Texte et interprétation
Pierre Ascaride. Mise en
scène par sa sœur Ariane
Ascaride.
Théâtre71, Malakoff,
01 55 48 91 00. Mer, ven,
sam 20h30, jeu 19h30.
Jusqu’au 30/4.
Les Sacrifiées
F
DANSE
Paris
Jan Fabre
«Quando l’uomo
principale e una donna».
Solo créé à Bogota en
février 2004 pour la
danseuse Lisbeth Gruwez.
Théâtre des Abbesses, 18e.
01 42 74 22 77. 20h30.
Jusqu’au 23/4.
Théâtre équestre.
Sous chapiteau, Cour du
Maroc. 45, rue d’Aubervilliers, 18e. 06 32 47 13 68.
Mar-sam 20h, dim 17h.
Jusqu’au 15/5.
Spectacle conçu
et interprété par
Jean-Pierre Larroche,
ms Thierry Roisin.
Acb, salle Dumas,
03 29 79 42 78.
Ce soir et demain 20h30.
Avec Foi, Sidi Larbi Cherkaoui exprime ses combats contre toute forme de fanatisme.
Danse. Une création enlevée du chorégraphe belge.
Sidi
anime
sa
«Foi»
O
CIRQUE
Penthésilée,
suite fantasy
La saison des clowns
Une saison au Zèbre
dédiée aux petites formes
de l’art clownesque.
Félicien le magicien,
manipulateur de rires,
de et par Alain Miès.
63 bd de Belleville, 11e.
Rés. 01 43 55 55 55. Marsam 21h. Jusqu’au 29/4.
Le fil du Ciné
08 92 68 03 03*
TOUT LE CINÉ, RIEN QUE LE CINÉ
*Editeur Camérapress
(0,34¤ quelle que soit la distance)
hys Chatam fait partie de
la génération no wave
new-yorkaise. Un «nonmouvement» météorique de
la fin des années70, réunissant
sur les mêmes scènes alternatives des musiciens venus aussi bien du jazz d’avant-garde,
du punk-rock que de la musique contemporaine ou du
disco et du hip-hop balbutiant.
Rhys Chatam ne fait pas de différences entre le compositeur
minimaliste La Monte Young,
avec lequel il travailla, et les
Ramones qui lui donnèrent le
goût des guitares hurlantes.
C’est d’ailleurs avec une création réunissant cent de ces instruments électriques que ce
grand copain d’Arthur Russell
investit pour deux soirs la scène du Lieu Unique.
Créée en 1989 en Amérique, la
symphonie An Angel Moves
Too Fast réunit professionnels
et amateurs de la six cordes
classique, blues, pop ou jazz,
sachant lire ou non la musique
sur partition, au sein de ce qui
est présenté comme le plus
grand groupe électrique du
monde. Au-delà de la performance spectaculaire, cette
création s’inscrit dans la continuité des compositions de
Glenn Branca dont Rhys Chatam est un proche.
Pour cette reprise nantaise, en
préparation depuis plusieurs
mois, ce sont des musiciens de
la région qui entoureront
Rhys Chatam ainsi que deux
vieux briscards de l’underground, le batteur Jonathan
Kane (cofondateur des mythiques Swans) et le bassiste
des Modern Lovers, Ernie
Brooks.•
A.B.
R
Texte de Laurent Gaudé,
ms J.-Louis Martinelli.
Le destin de trois
générations de femmes
d’Alger à Nanterre, de la
guerre d’indépendance à
la montée de l’islamisme.
Comédie de Genève, 4122
320 50 01. Jusqu’au 2/5.
Un texte de Serge Valetti
sur un artiste américain,
joué par des acteurs
brésiliens. Création
française.
Bonlieu, 04 50 33 44 11.
Jusqu’au 24/4.
A Distances
Nantes (44). Le Lieu Unique,
quai Ferdinand-Fabre. Ce soir et
demain, 20h30. De 9,50 à 19euros.
Rens.: 0240121434.
Genève
Annecy
Bar-le-Duc
Rhys Chatam,
défi sonore
Variations sur des «Trois
Sœurs» de Tchekhov,
ms Chantal Morel.
Au (Petit 38), 38 rue SaintLaurent. Rés. au 04 76 54
12 30. Jusqu’au 28/5.
Paris
Santo Elvis
Performance
Macha s’est
absentée…
JEAN-PIERRE MAURIN
G
FESTIVAL
Le Mans
Théâtre de la Ville.2, place du Châtelet, 75004.
20h30, jusqu’au 29avril. Rens.: 0142742277.
idi Larbi Cherkaoui est de ceux qui éclairent la scène chorégraphique contemporaine. Fabuleux night-clubber belge,
il passe le concours du meilleur danseur
chez Alain Platel et gagne. De sa banlieue d’Anvers, il se rend tous les matins à l’école de danse d’Anne Teresa de Keersmaeker à
Bruxelles. A l’époque, il rêve de Broadway mais
la danse contemporaine va le détourner. C’est
tout bénéfice pour lui. Il réalise que c’est là qu’il
peut développer son propre style et user de ses
talents d’inventeur.
Interprète, il resplendit chez Platel. Puis viennent ses premières chorégraphies dans lesquelles il ne mâche pas ses mots, profondément du côté de ceux qui n’ont pas la parole.
C’est pourquoi ses spectacles vont chanter.
Dans D’avant, chorégraphié avec un quatuor de
troubadours-interprètes, baptisé «boys band
médiéval», il se moque de quelques stéréotypes
masculins dont il est le premier la victime.
Dans un solo chorégraphié pour lui par Wim
Vandekeybus, il fait l’oiseau fragile, juché sur un
S
promontoire, au bord du vide. Il dialogue avec
un âne et philosophe. Pour développer le travail entamé avec D’avant, il crée en 2002 Foi,
une sorte d’opéra avec musique live. Il a alors
23 ans. Il sait qu’il n’est pas encore au bout de
ses peines, trop marqué peut-être par les personnages décalés, dévoyés qui hantent la scène
flamande. Mais ce fils de père marocain et de
mère belge, fort bien élevé, a aussi ses propres
convictions et surtout la distance avec les étiquettes qu’on veut bien lui coller. Sa «foi» par
exemple n’est ni à relier avec un quelconque
précepte religieux, catholique ou musulman.
Foi de Sidi se bat contre tous les fanatismes.
Lui-même ne boit pas, ne fume pas, est végétarien et est teint en blond platine.
Avec Foi, on découvre à Paris, après Rien de rien
et D’avant, un chorégraphe qui avance sans entrer dans les mouvements de mode. Il aime le
spectacle et le montre. Il aime la danse et le
prouve tout en intégrant la musique dans la
scénographie même et dans son propos. Sidi
Larbi Cherkaoui, tout jeune encore, a su mobiliser le public, toutes générations confondues.
C’est rare et appréciable.•
M.-C.V.
World. Ba Cissoko, quatuor guinéen.
Mandingue en folie
New Morning.7-9, rue des PetitesEcuries, 75010. Ce soir, 21heures.
18,70euros. Rens.: 0145235141.
e groupe guinéen Ba Cissoko s’est fait remarquer
l’année dernière par son
interprétation survoltée
de la musique mandingue sur
diverses scènes de France. Des
accents hendrixiens que le
quatuor a depuis confirmés
par un disque séduisant, Sabolan. Ba Cissoko, c’est d’abord
l’aîné, Ba, qui donne son nom
au groupe, ses deux cousins
Sékou et Kourou Kouyaté, et
Ibrahim Bah. Ba Cissoko,
37ans, a commencé, à Kandara, dans le nord de la Guinée,
par taper dans un ballon de
foot en séchant l’école jusqu’à
ce que son père le confie à un
cousin réputé pour sa maîtrise
L
de la kora, M’Bady Kouyaté.
Le maître à poigne initie l’ado
apathique aux subtilités de la
harpe emblématique des
griots mandingues et le traîne
avec lui pour animer les fêtes
de tous les villages que compte
le pays. Deux lustres plus tard,
Ba Cissoko commence par formuler son propre jeu, une musique moderniste dans laquelle il intègre son cousin Sékou,
le fils de M’Bady Kouyaté,
alors âgé d’à peine 10ans. Aujourd’hui joueur de kora exceptionnel, Sékou expérimente sur son instrument fétiche
toutes sortes de musiques.
Ensemble, ils sont en train de
révolutionner la musique
mandingue, devenue, sous
leurs doigts fiévreux, un rock
sahélien inouï.•
B.D.
tauromachie 31
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Après son échec du
dimanche 11 à Madrid,
Morante de la Puebla a
décidé d’arrêter sa
saison et fait annuler ses
nombreux contrats. Une
semaine avant, il
déclarait au journal El
Mundo: «Si ça marche, en
avant. Si je rate, je rentre
à la Puebla», où il fait de
la riziculture.
Feria de Séville
Dimanche, les toros de
Pereda ne donnent
aucun jeu. Juan Diego, El
Fandi et Rivera-Ordoñez,
qui est allé attendre à
genoux son premier toro,
ne recueillent que des
ovations. Lundi, les toros
de Cebada Gago sont
mansos. Un tour de piste
pour Pepín Liria, quelques
applaudissements pour
Valderrama et Encabo.
Mardi, les toros de
Guardiola sont nuls, une
seule ovation pour
Sergio Aguilar
Un Espagnol
sur trois torophile
L’institut de sondages Gallup
a envoyé aux médias une
enquête de 2002 où il
apparaît que 31% des
Espagnols (12 millions de
personnes) aiment beaucoup
ou s’intéressent à la corrida.
68% de sondés disent ne pas
montrer d’intérêt pour les
toros. En 1971, 55% des
sondés se déclaraient
intéressés par la corrida.
Soutien en Catalogne
La Fédération des
sociétés taurines de
Catalogne va dans une
lettre ouverte demander
à José Tomás de venir
toréer à Barcelone pour
manifester son soutien à
la corrida en Catalogne.
D’autre part, un collectif
d’hommes politiques, de
peintres, d’écrivains,
d’acteurs et de chanteurs
catalans s’apprête à
rédiger un manifeste en
faveur de la corrida.
Programmes
Dimanche à Garlin,
novillada. Toros de
Fuente Ymbro pour
Fernando Cruz, Ismaël
Lopez, Eduardo Gallo.
Feria de Saint-Martin-deCrau: samedi, novillada.
Toros de Granier et
Jalabert Frères pour
Roberto Galan, João,
Antonio Ferrera et la
torera à cheval Julie
Clavier. Dimanche,
corrida concours. Toros
de Meynadier, Hubert
Yonnet, Tardieu, François
André, Gallon et Marget
pour Meca, Gomez
Escorial et J. Lescarret.
Toros et toreros parlent aussi catalan
Le vote anticorrida du conseil municipal de Barcelone tourne le dos à une vieille tradition.
ans les années 40 et
50, Mario Cabré baissait bien la main en
toréant à la cape et
couchait avec Ava
Gardner, et aussi Yvonne de
Carlo. Il était natif de Barcelone et de sa cape «mi-sucre mieau»,comme il l’a écrit dans un
poème dédié à Ava, s’écoulaient les veronicas parmi les
plus fines et les plus lentes. Il
jouait aussi au théâtre et faisait
du cinéma dans Pandorad’Albert Lewin (en 1951), par
exemple. Il sera également
présentateur de l’émission de
télévision Reine d’un jour,
conférencier, mannequin. Il
disait: «Je suis torero et catalan, ce qui équivaut à être deux
fois torero.» Catalan et même
catalaniste: Cabré a financé et
joué plus de vingt pièces d’auteurs catalans au théâtre Romea de Barcelone, et son
œuvre poétique rédigée en catalan couvre une quinzaine de
volumes. Il torée avec Manolete, Lalanda, Domingo Ortega,
et son plus grand triomphe, il
le connaîtra avec le Mexicain
Arruza, le 25 juillet 1944 à la Joselito, Belmonte et El Gallo à Barcelone, en 1919. Jusqu’à la fin des années 60, il y a plus de corridas à Barcelone qu’à Madrid.
Monumental de Barcelone.
Avec Arruza, il en sortira en triomphe et ses admira- diction par la Generalitat en 1989, les habitants de sont distribués dans la rue. Le gouverneur lui
teurs le promèneront sur leurs épaules de la Gran Carbona, avec le maire Gerbasi Arnaste à leur tête, conseille d’annuler sa corrida. Il refuse, se rend à pied
Via aux Ramblas. A sa mort, le 30juin 1990, ses amis passaient outre, célébraient le corre bouet faisaient aux arènes, traverse la foule qui l’insulte. Il coupe
ont déposé sa cape rose et jaune sur son cercueil.
leur novillada, à la fin de quoi le maire sera porté en oreilles et queue. Barcelone l’emporte sur ses
Sans être une figura de la tauromachie, Mario Ca- triomphe. Déclaration de Gerbasi Arnaste: «Le cor- épaules. Chamaco, dans les années 60, a été son idobré est l’un des nombreux toreros catalans qui ont re bouest une fête populaire, qui appartient donc au le. La bourgeoisie locale progressiste projetait sur sa
laissé leur nom dans l’histoire de la corrida, comme peuple et pas à ses gouvernants. Elle continuera tant tauromachie hétérodoxe et «existentialiste» son
aversion pour l’accablante dictature morale du franEnrique Patón, Eugenio Ventoldra, Ramón Arasa, que le peuple le voudra.»
Manolo Martín, José María Clavel, Paco Corpas, Même si un sondage réalisé en 1989 sur un échan- quisme. Ses apparitions à l’hôtel Comercio Plaza
qui débutera bizarrement à Saint-Chamas tillon de 800 personnes donnait 53% de la popula- Real, où il laissait traîner un livre de messe sur sa
(Bouches-du-Rhône) en 1948, ou Javier Batalla, fils tion favorable à la suppression du spectacle taurin, la table de nuit, provoquaient des émeutes. Son seul
d’un célèbre urologue de Barcelone. Le plus ancien Catalogne espagnole est une terre taurine avec des nom remplissait la Monumental et Las Arenas deux
est Aixela Peroy, né en 1824, qui aurait inventé la toreros, des arènes et même des élevages. En 1988, la fois par semaine. Puis il partait danser la rumba dans
pose de banderilles al quiebro, et le plus récent, le Monumental de Barcelone a même organisé une les dancings chics du quartier Pedralbes avec la bonjeune et prometteur Serafín Marín. Le plus célèbre corrida 100% catalane avec Manolo Porcel, Angel ne société et racontait sombrement aux journalistes
est Joaquín Bernado, fils d’un menuisier du Para- Leria et David Valenzuela, trois maestros aussi mo- qu’il aimerait qu’un toro le tue.
lelo de Barcelone, qui, dans les années 60 et 70, au- destes qu’indigènes, et des toros autochtones de Ro- Une programmation médiocre, l’absence de grandes
rait pu faire une carrière plus importante en tuant geli Narti i Albalat. De l’autre côté de la frontière, les figuraset la fuite des Barcelonais, le week-end, dans
Catalans de Céret intègrent le catalanisme à la corri- les stations balnéaires de la Costa Brava, grâce au
mieux les toros.
Mérite artistique. Le 5septembre 1988, Bernado, qui da en faisant, lors de leurs corridas de juillet, jouer la boom de la petite bagnole Seat 500, feront perdre à
a toréé 243 fois à Barcelone, recevait des mains de sardane la Santa Espinaà la mort du cinquième toro. Barcelone de son prestige taurin. Elle l’a retrouvé en
partie à partir des années 90. L’hostilité de certains
Pasqual Maragall, maire de la ville et auCatalans envers la corrida n’a, elle, jamais disparu.
jourd’hui président de la Generalitat «S’il est mauvais de ne pas couper d’oreilles,
Maria Aurelia Capmany a raconté que son père
(gouvernement régional) de Catalogne, c’est pire d’en couper à Barcelone.»
Le torero Joselito (1895-1920) n’osait pas dire à sa femme qu’il était aficionado «parla médaille d’or du mérite artistique grâce
ce que peut-être elle ne l’aurait pas épousé».
à l’intervention de l’écrivain et conseillère à la culture María Aurelia Capmany. Maragall di- Comme place taurine, Barcelone a d’abord eu mau- Le vote municipal contre la corrida n’a pas force de
ra au torero, actuel professeur à l’Ecole de tauroma- vaise réputation. Joselito disait: «S’il est mauvais de loi. Il faut une décision de la Generalitat. Cela dit,
chie de Madrid: «Avec vous, nous sommes bien ne pas couper d’oreilles, c’est pire d’en couper à Barce- Joan Clos, maire de la ville, a précisé qu’il fallait «resreprésentés parce que vous représentez quelque chose lone.» Mais à partir de 1927, sous l’impulsion de Pe- pecter les minorités»,pendant que son conseiller à la
de la tradition taurine de Barcelone.»Une des plus en- dro Balaña, la ville devient, avec ses trois arènes, la culture affirmait: «Il ne serait pas bon d’interdire abracinées d’Espagne, quoi qu’en pensent les catala- ville taurine la plus importante d’Espagne. Jusqu’à solument la corrida de toros et de stigmatiser ceuxqui
nistes qui viennent de provoquer un vote municipal la fin des années 60, Barcelone est plus active que défendent ce spectacle.» Quant à ceux qui veulent
Madrid pour le nombre de corridas et beaucoup de abolir la corrida en Catalogne au nom d’une «pureté
déclarant Barcelone ville antitaurine.
La thèse catalaniste qui affirme que la corrida a été toreros, de Domingo Ortega à Paquirri en passant catalane», on pourrait fielleusement leur rappeler
imposée par le centralisme espagnol et qu’elle est par Dominguin, Ordoñez, Aparicio, Manolo Gonza- que le Barça, étendard sportif de la catalanité, joue
une séquelle de l’immigration des populations ve- lez (qui s’y produira vingt-quatre fois en une saison), avec une majorité d’étrangers dans son équipe à un
nues d’Andalousie, d’Estrémadure ou de Murcie, est César Giron, Puerta ou El Viti, ont été lancés après jeu, le football, d’origine anglaise. Dimanche, il y avait
corrida à Barcelone. 10000personnes y assistaient.
mise à mal par les archives. Les corre bous, ces fêtes un triomphe à la Monumental.
populaires avec des taureaux, sont mentionnées en Menacé de mort. Avec Cagancho, Manolete, Arruza, El Juli, trois oreilles, et Finito, deux, sont sortis en
Catalogne dès le XVe siècle, dans le roman de cheva- Chamaco et récemment José Tomás, Barcelone a vé- triomphe. Serafín Marín, le régional de l’étape, a,
lerie Tirant lo Blancde Joannot Mardorell. Un com- cu la corrida sur le mode de la passion, y compris la pour protester contre le vote, fait le paseo coiffé d’une
bat de toros a été organisé à Barcelone, place Del plus enragée. Luis Miguel Dominguín y torée un barretina, le bonnet traditionnel catalan. Cela ne lui
Born en 1554, et, chaque deuxième dimanche de sep- mois et demi après la mort de Manolete, dont on le a pas porté chance. Il est tombé sur les deux plus
tembre depuis plus de cinq cents ans, la ville de Car- rend responsable. On manifeste sous les fenêtres de mauvais toros.•
dona donne des courses de toros. Malgré leur inter- son hôtel, l’Oriente, des tracts le menaçant de mort
JACQUES DURAND
D
M AT E O
Morante jette l’éponge
32
Rebonds
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Les résultats obtenus par Sarkozy sont bien en deçà de ce qu’on a voulu faire croire à l’opinion.
Sécurité, la poudre aux yeux
S
sur voie publique. M.Sarkozy les a commentés avec délectation, omettant un
autre chiffre: 7% d’augmentation des faits
avec violence sur voie publique. Autre
exemple, en juin 2003, le ministère n’a
pas présenté les mauvaises statistiques
du mois pour les fondre dans celles du
premier semestre. Mais laissons là cette
querelle stérile: la vérité éclatera quand
l’Observatoire de la délinquance que j’ai
initié publiera ses propres analyses…
Autre déviation à cette course éperdue
aux «bons» chiffres: les citoyens souhaitant porter plainte pour des faits mineurs
sont fortement incités à ne déposer que
des «mains courantes» qui ne sont pas
comptabilisées dans les chiffres officiels
du ministère. Apparaît là un paradoxe:
moins les policiers en font, plus les
chiffres baissent; plus ils sont présents,
plus le nombre des faits constatés augmente. Enfin, la «culture du résultat»
poussée à l’excès a des effets néfastes sur
le moral de la police. La promotion
marque le pas: qui irait s’exposer aux réprimandes infantilisantes de son ministre en prenant des responsabilités? La
conséquence de tout cela est que bon
nombre de policiers ont le sentiment que
l’on voulait faire d’eux des agents électoraux. M.Sarkozy a donné l’impression de
mettre la police au service de ses ambitions politiques.
Son bilan doit être appréhendé avec objectivité. Il est
Entraîné par son goût du faire-savoir,
contrasté. Les Français ne
M. Sarkozy n’a pu s’empêcher
s’y sont pas trompés les 21 et
28 mars dernier. Les polide se laisser aller à la démagogie.
ciers commencent à ruer
renforcement de la police judiciaire. dans les brancards, les délinquants reMais, entraîné par son goût frénétique du trouvent assurance et arrogance, les
faire-savoir, M. Sarkozy n’a pu s’empê- 20000détenus supplémentaires depuis
cher de se laisser aller à la démagogie, ou à son arrivée vont sortir des prisons et rel’adoption de dispositions aussi spectacu- commencer, les liens de confiance instaurés peu à peu entre la police et la populaires qu’inopérantes.
De surcroît, sur bon nombre de sujets, la lation se distendent. Cela traduit
réalité fut bien en deçà des annonces. Le l’orientation des gouvernements Raffarin
budget actuel de la police est moins bon successifs qui n’ont jamais voulu s’attaqu’il n’y paraît, les rémunérations des po- quer aux causes de la délinquance.
liciers n’ont pas augmenté depuis 2002, le C’est pourtant cette approche qui perrecrutement a cessé (1700 fonction- mettrait de réduire durablement l’insénaires en moins en 2004 par rapport à curité. La répression est nécessaire. J’ai
2003), les départs à la retraite ne sont pas veillé, dans le respect du droit, à donner
intégralement compensés, les écoles ne des moyens d’action supplémentaires
sont plus pleines et les effectifs des ad- aux policiers par la loi sur la sécurité quotidienne. Je suis favorable à laisser intact
joints de sécurité fondent.
Les policiers le savent: le seul moment où l’arsenal législatif actuel, à l’exception des
le nombre de fonctionnaires a significati- dispositions législatives contestables et
vement augmenté se situe début 2002, parfois inapplicables comme le racolage
après les accords du 29novembre 2001 si- passif ou encore la mendicité agressive.
gnés par les syndicats et moi-même et le Mais c’est d’abord en réduisant l’insécurité sociale par l’éducation, en favorisant
vote du budget 2002.
Plus grave, la volonté acharnée de l’ex- l’accès à l’emploi, en renforçant les serministre de l’Intérieur de faire baisser les vices publics et l’équilibre entre les terrichiffres l’a conduit à les présenter de fa- toires, en luttant contre les discriminaçon contestable. Dernièrement, ses ser- tions et donc en améliorant l’intégration
vices publiaient des statistiques ron- que nous ferons baisser vraiment et duraflantes: -7% de faits délictueux constatés blement la délinquance. Je le répète soui effet Sarkozy il y eut, le moins
que l’on puisse dire c’est qu’il ne
s’est pas fait sentir lors des dernières élections. Ministre de l’Intérieur, il pensait résoudre à lui
seul le problème de l’insécurité.
Le voici réfugié à Bercy alors que les
nuages s’amoncellent place Beauvau.
Il est temps de tirer un bilan de son action
à l’Intérieur: au-delà de la communication, quels sont les résultats obtenus?
Sa première habileté, facilitée par la campagne démagogique du candidat Chirac:
faire passer pour des réussites personnelles les résultats obtenus grâce au travail de ses prédécesseurs et des policiers.
Arrivant place Beauvau, il a trouvé un
budget en forte augmentation. Les effectifs de police étaient en hausse, les écoles
de police pleines, les commissariats ouvraient en nombre. La «démarche stratégique pour la police nationale de 2002 à
2006» que j’avais élaborée fut à la source
d’une grande partie des mesures utiles
des lois Sarkozy.
Ces instruments à sa disposition, il a pu
lancer des réformes que nous nous étions
engagés à conduire: rapprochement police-gendarmerie, redéploiement des effectifs que nous avions enclenché, réforme des CRS ou de la police aux frontières,
mise en place des «opérations ciblées répressives» rebaptisées GIR, ou encore
vent: l’éducation d’aujourd’hui, c’est la sécurité de demain.
La sécurité fut une priorité du gouvernement Jospin. Nous avons obtenu des réancien ministre, sultats par définition insuffisants –et trop
député
discrètement défendus – mais nous allions dans la bonne direction.
de Paris,
maire du XVIIIe La police de proximité est un exemple.
arrondissement M. Sarkozy l’a vidée de son contenu et
peu à peu détournée de ses vrais objectifs. Elle était pourtant plébiscitée par la
population et ses résultats étaient bons.
On le constate à Paris, où la municipalité fut à l’origine du plan 1000 (le recrutement de 1000 agents de surveillance
de Paris [ASP], financés par la mairie,
permettant le redéploiement des policiers dans les quartiers difficiles). A l’inverse de ce qui se passe en province, cette police perdure dans ses missions:
grâce à elle notamment, la délinquance
a baissé de 30% dans la capitale
entre 2001 et 2004. Elle permet de réduire en profondeur la délinquance.
Sans doute n’était-ce pas assez rapide et
Par
DANIEL
VAILLANT,
L’ŒIL DE WILLEM
impressionnant pour M. Sarkozy…
Certains, à gauche, nous ont reproché
notre sincérité sur les chiffres. L’«opération vérité» aurait nui à la campagne de
Jospin. Si le thème de l’insécurité a joué
un rôle dans le séisme du 21 avril 2002,
c’est parce que la campagne démagogique et dangereuse du candidat Chirac a
favorisé le FN. D’autant que cette campagne fut accompagnée par des médias
qui ont outrepassé leur devoir d’information. Une seule statistique: de janvier
à mai 2002, TF1 consacrait 284 sujets à
l’insécurité, plus d’un par jour! Dans les
six mois suivant l’élection présidentielle,
cette chaîne n’en programmait plus que
66…
Aujourd’hui, les Français constatent un
décalage entre l’affichage de réussite et la
réalité de leur vie quotidienne en matière de sécurité et de tranquillité. Les plus
modestes en payent le prix.
M. Sarkozy aura eu l’habileté de quitter le
navire avant qu’il ne tangue trop. Bon
courage, M.de Villepin.•
Rebonds 33
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
QUOTIDIENNE
PAR PIERRE MARCELLE
Salafiste,
ça le fait…
uand c’est fini… Mais
ce n’est jamais fini. Je
parle de la polémique
relative au port du voile dit
«islamique». La plaisante
dissertation que constitue
la circulaire d’application
(Libérationdu 21avril) de la
mal nommée «loi sur la
laïcité» établit que, comme
prévisible, la République
retourne résolument vers
la case départ, où elle se
retrouvera bientôt Gros
Jean comme devant.
A moins qu’encore un peu
plus démunie dans la
gestion de ses rapports avec
l’islam. La très médiatique
expulsion hier, de l’imam
salafiste de Vénissieux
Abdelkader Bouziane, pour
délit d’opinion exprimée
dans le mensuel Lyon mag,
l’illustre abondamment…
Il ne nous échappe pas que
parler en l’occurrence de
«délit d’opinion»nous
expose à être à nouveau
cloué au pilori des suspects
habituels – propagandistes
de la lapidation des femmes
adultères et autres agents
terroristes infiltrés. Reste
que la bruyante exposition
du barbu exhibé à la télé
dans la perfection de sa
caricature nous semble
trop bienvenue pour être
honnête. Avec une louche
opportunité, elle fait écho
et se superpose aux propos
et affiches pesamment
anti-Turcs (car ce sont des
musulmans…) de
MM.Pasqua et de Villiers
–et, dans une moindre
mesure, du néo-ministre
des Affaires étrangères,
Michel Barnier– qui
augurent tristement de ce
que sera leur campagne
pour les Européennes de
juin prochain: elle sera
chrétienne, à l’instar de la
«culture européenne»que
prétendit promouvoir
constitutionnellement
Valéry Giscard d’Estaing
(de l’Académie française).
Last, but not least, comme
disent nos amis anglais, qui
en ont vu d’autres du côté de
Hyde Park Corner, elle en
dit long sur l’intérêt de
M.de Villepin pour
l’aviation civile –version
charters… Qui s’étonnera
que, dans ce vacarme, Dalil
Boubakeur, président du
CFCM, ait été quasiment
inaudible? Pourtant, en
demandant aux médias de
cesser de ne représenter
l’islam que sous la forme de
leurs fantasmes terrifiants,
il ne disait (pour une fois)
pas que des conneries.•
Q
Turquie, le bal des hypocrites
’histoire de la candidature de la Turquie à
l’Union européenne, qui va dominer la
campagne pour les élections
européennes du mois de juin (de concert
avec la ratification par référendum d’un
projet de Constitution européenne qui n’existe
encore que virtuellement), peut se résumer de
la part des pays fondateurs à une suite de
déclarations aussi désinvoltes que
démagogiques, de promesses faites à la légère,
voire de demi-mensonges, sur lesquels
nombre de responsables politiques tentent de
revenir aujourd’hui par tous les moyens, y
compris les moins avouables. Les fautes et les
lâchetés diplomatiques de naguère, la
xénophobie peinturlurée en défense de la
chrétienté dont font preuve les revanchards
souverainistes dont Philippe de Villiers est le
porte-drapeau, les prudences jésuitiques de la
direction du Parti socialiste qui n’ont d’égales
que les déclarations elliptiques de l’Elysée
après la volte-face de l’UMP sur la question, ne
suffisent cependant pas à faire du dossier turc
une bonne cause. Au moins pour une
génération. Et malgré la fameuse déclaration
commune de Gaulle-Adenauer de 1963 sur la
«vocation européenne»de la Turquie,
rituellement et abusivement citée par les
partisans d’une adhésion d’Ankara.
Ils en oublient –avant sans doute de s’emparer
demain de la non moins fumeuse formule
gaullienne concernant une Europe allant «de
l’Atlantique à l’Oural»pour réclamer
l’intégration de la Russie à l’Union– que le
propre de certaines vocations est d’être…
tardives. La première question qui vaille dans
cette affaire est celle de la nature du régime
turc et de ses ambitions à long terme. Par la
promesse d’adhésion, disent les partisans
d’une telle démarche, il faut encourager, voire
récompenser les efforts réformistes mis en
œuvre par le gouvernement «de sensibilité
L
islamique» de Recep Tayyip Erdogan:
suppression du recours à la peine de mort,
autorisation encore symbolique de l’usage du
kurde dans l’audiovisuel et dans
l’enseignement, réduction elle aussi encore
symbolique du rôle institutionnel de l’armée.
On peut ajouter à cette liste d’éléments
positifs la modération dont a fait preuve
récemment Ankara dans la question
chypriote. Beaux débuts, assurément, mais qui
ne suffisent pas à garantir la réalisation
démocratique du rêve laïque kémaliste que le
parti de Recep Erdogan n’appelle pas,
On ne doit pas non plus et à ce stade éviter de
s’interroger sur les intérêts nationaux à long
terme de la Turquie pour voir s’ils sont solubles
dans le projet européen. On peut en douter,
même si ce pays, tout à sa volonté de
convaincre l’Europe, adopte aujourd’hui un
profil bas. Proche des Etats-Unis (même si elle
leur a refusé un droit de passage pour envahir
l’Irak), rivale traditionnelle de l’Iran et de la
Russie, nostalgique de l’Asie centrale
(turcophonie oblige), la Turquie se veut une
puissance régionale d’importance dont les
intérêts stratégiques ne sont pas européens.
On pourrait en avoir la confirmation sous peu,
si les Kurdes irakiens, soucieux de préserver,
voire de renforcer l’autonomie dont ils
bénéficient depuis 1991, n’acceptent pas une
PAR JACQUES AMALRIC prédominance chiite dans l’Irak de demain.
Explosion démographique, explosion
budgétaire, paralysie du processus décisionnel
d’ailleurs, de ses vœux. Il y faudra du temps,
européen, fin définitive de tout espoir de voir
beaucoup de temps, pour être à l’abri de
apparaître un jour une «Europe puissance», tel
dérives que l’armée ne manquerait pas de
serait, en définitive, le prix à payer pour une
sanctionner. Car la démocratie turque reste
adhésion de la Turquie. Ne serait-il pas
bel et bien une démocratie sous surveillance
militaire. Ce n’est pas par hasard, après tout, si prohibitif même en échange d’une
hypothétique expérience de «cohabitation
les généraux algériens ont fait du régime turc
culturelle»? Poser la question, c’est y répondre
leur modèle. L’autre interrogation principale
même s’il est bien tard pour le faire.
porte sur les conséquences qu’aurait
Certains beaux esprits soudain à demi-lucides
l’adhésion de la Turquie pour la construction
européenne. Avec, dans quelques années, une proposent la pire des solutions au piège qu’ils
population proche des 80millions, la Turquie se sont tendu à eux-mêmes: prendre acte, en
octobre prochain, de l’avis de la Commission
deviendrait à la fois le plus peuplé et le plus
européenne qu’ils prédisent favorable à
pauvre des pays de l’Union (le revenu moyen
l’ouverture de négociations d’adhésion et faire
atteint le quart de la moyenne européenne).
Ce qui lui accorderait un redoutable privilège à traîner pendant dix ou quinze ans ces
négociations. Autrement dit, gagner du temps
l’égard de ses partenaires, lesquels
en prolongeant les fausses illusions. Ils ont tout
hériteraient en revanche d’un très lourd
devoir financier de solidarité. Sans doute bien faux une fois de plus. L’urgence est
d’interrompre ce bal des hypocrites, de lui
plus élevé encore que ne coûtera aux Quinze
l’adhésion, le 1er mai prochain, de dix nouveaux préférer le parler vrai et de s’atteler
membres à supposer que le système des fonds promptement à l’élaboration d’un traité
d’association aussi généreux que réaliste.•
structurels n’ait pas volé en éclats d’ici là.
DIPLOMATIQUES
Les gynécologues obstétriciens refusent d’être contraints d’accepter les pratiques religieuses de leurs patientes.
Laïques et fiers de l’être
l’heure de la loi sur la laïcité où
tout tourne autour du foulard islamique, permettez aux gynécologues obstétriciens qui écoutent
et soignent les femmes de dire que le problème n’est pas dans les dimensions du
voile ou du bandana! Il est dans la liberté
des femmes à décider de leur vie, à décider de leur corps. Là, toutes les religions
s’y mettent: l’Eglise catholique leur refuse les méthodes de contraception moderne, pilule ou stérilet, et bien sûr l’avortement, à tel point que des groupes
intégristes se sont introduits dans les
hôpitaux pour empêcher le fonctionnement des services. Les gynécologues obstétriciens ont dû appeler la police dans
l’enceinte de nos hôpitaux pour protéger
les femmes et les personnels hospitaliers
contre ces agressions violentes. C’est
l’Eglise catholique encore qui condamne
les procréations médicalement assistées,
même intraconjugales, qui permettent
pourtant à des couples frappés d’infertilité d’avoir la joie d’être parents. Une unité de procréation médicalement assistée
a fermé ses portes à l’hôpital du Bon-Secours à la demande de l’évêché de Paris
en 1986…
Les témoins de Jéhovah veulent nous faire signer des documents nous obligeant à
ne pas faire de transfusions aux femmes
A
que nous accouchons, césarisons ou
opérons. Il faut pourtant redire que l’hémorragie lors de l’accouchement est la
première cause de mortalité maternelle
en France et qu’une étude américaine
publiée en 2001 a montré que, chez les
témoins de Jéhovah, la mortalité des
femmes qui accouchent est quarante fois
supérieure à celle des femmes qui n’appartiennent pas à ce groupe. Sachant cela, allons-nous laisser mourir une maman qui vient de donner la vie et laisser
un ou plusieurs enfants orphelins pour
respecter les convictions religieuses de
ces patientes?
L’islam ne se contente pas de réclamer un
professeurs
examen des patientes par des médecins
de gynécologie ou des sages-femmes du même sexe. Cerobstétrique,
tains maris poussent leur femme à refumembres
ser une césarienne au motif que cela
risque de diminuer le nombre des grosdu Collège
sesses. Les gynécologues obstétriciens las
national de
gynécologues de discuter à 3heures du matin et vu l’urgence doivent demander au procureur de
et obstétriciens la République l’autorisation de faire une
français
césarienne contre l’avis de la femme et/ou
de son mari dans l’intérêt de l’enfant à
naître. Ce sont ces mêmes maris qui refusent une ligature des trompes demandée
par une femme épuisée par de multiples
grossesses et ne pouvant recourir à
d’autres méthodes de contraception. Ce
Par
JACQUES
LANSAC,
BERNARD
BLANC,
JOËLLE
BÉLAÏSCHALLART,
BRUNO
CARBONNE,
PATRICIA
MONNIERBARBARINO,
sont les gynécologues obstétriciens qui
sont aussi régulièrement sollicités pour
faire des certificats de virginité à des
jeunes filles traînées à l’hôpital par leur
père ou leur mère qui veulent les marier
souvent contre leur gré. Notre devoir est,
avec le soutien du Conseil national de
l’ordre des médecins, de refuser de produire ces documents au nom de la dignité
de ces jeunes femmes. De même, nous devons refuser les interventions pour demande de réfection de l’hymen. Faut-il
faire prendre les risques même minimes
d’une intervention chirurgicale pour le
simple désir de respecter la coutume du
drap sanglant exposé au lendemain d’une
nuit de noce?
Alors, à l’heure où la société, majoritairement sans pratique religieuse, nous demande une médecine scientifique basée
sur les preuves avec un risque thérapeutique voisin de zéro, ou le moindre défaut
de l’enfant né nous est reproché, il faudrait que nous acceptions toutes les
contraintes religieuses et supprimions
planning familial, diagnostic prénatal,
procréation médicalement assistée, pour
nous consacrer à la réfection d’hymens et
pourquoi pas demain à l’excision!!
En ce début de XXIe siècle, c’est à la déesse Raison qu’il faut d’urgence consacrer
un jour chômé.•
Grand angle
lestrois
Maria
Lisbonne envoyée spéciale
a photo date de 1973. Maria Isabel Barreno, Maria Teresa Horta et Maria Velho da
Costa posent à la sortie du tribunal. Elles
ont une trentaine d’années, les cheveux
longs, des jeans. Elles sont modernes et
pleines de vie dans ce Portugal isolé et exsangue, privé d’une partie de sa jeunesse
partie combattre aux colonies, travailler
à l’étranger ou vivre en exil pour échapper à la Pide, la police politique du régime
fasciste. Voilà cinq ans que Marcello Caetano a succédéà un Antonio Salazar moribond. La dictature a changé de tête, pas
d’esprit.
Sur la photo, elles sourient bravement.
Inculpées d’outrage aux bonnes mœurs
et d’abus de la liberté de la presse, pour
avoir publié un ouvrage collectif, les Nouvelles Lettres portugaises, que le régime juge scandaleux, elles risquent jusqu’à
deux ans de prison. Les trois Maria sont courageuses,
elles n’ont rien de particulièrement héroïque. Elles
font partie de l’opposition intellectuelle, sans être
engagées dans les actions clandestines. Elles appartiennent à un milieu plutôt aisé, ont déjà des enfants,
deux d’entre elles vivent séparées de leur mari. Et
toutes les trois écrivent.
«C’était une pleurnicharde»
L’année précédant la parution des Nouvelles Lettres,
Maria Teresa la journaliste a publié des poésies
d’amour érotique, immédiatement interdites par la
Pide. «Nous recevions des coups de fil anonymes à la
maison. “Ils” disaient à mon fils et à mon mari que
j’étais une putain. Cette histoire me déprimait. Alors
Maria Velho da Costa m’a dit: “Si une seule femme fait
autant de bruit, à trois, ça va être terrible, et au moins
on s’amusera.”»Cette Maria-là venaitde publier son
premier roman, et travaillait avec la troisième, Maria Isabel, à l’Institut national pour la recherche industrielle, faute de mieux.
LUISA FERREIRA.AP
On les
appelait
En 1973, trois amies
publient «les
Nouvelles Lettres
portugaises», un
brûlot politique et
littéraire. Maria
Isabel Barreno,
Maria Teresa Horta
et Maria Velho da
Costa témoignent
aujourd’hui
des avancées
et des archaïsmes
de leur pays.
Maria Isabel Barreno.
LUISA FERREIRA.AP
Il y a trente ans, la fin de
la dictature au Portugal.
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Les trois amies déjeunent de temps
vence entre des structures familiales
en temps ensemble. Elles veulent
malsaines et un pouvoir politique qui
parler de l’enfermement, de l’isole- Maria Teresa Horta.
l’était tout autant.»
ment. Le leur, celui du Portugal
Rencontres du vendredi soir
d’alors. Et de la passion, «parce que
les femmes portugaises sont pasLes trois Maria se donnent des
sionnées», dit aujourd’hui Maria Terègles. Chacune rédige un texte sans
resa, qui prend une mine de jeune
forme littéraire préétablie. Des
fille pour dire qu’elle aime toujours
lettres, des poèmes, de courtes nouautant l’homme avec lequel elle vit
velles, des analyses. Puis elles se rendepuis quarante ans. Maria da Coscontrent le mardi dans un restauta propose alors de prendre comme
rant et remettent un double du texte
modèle un ouvrage du XVIIe siècle,
aux autres. La conversation peut
alors porter sur tout sauf sur le livre
attribué à une jeune Portugaise,
et les nouveaux textes échangés.
Mariana Alcoforado, placée dans un
Ceux-ci sont à l’ordre du jour de
couvent par sa famille, séduite et Maria Velho da Costa.
leurs rencontres du vendredi soir.
abandonnée par un officier français: les Lettres portugaises (1). «Ma première réac- Les textes ne sont pas modifiés, ils appellent des rétion a été de dire que cette femme n’avait aucun intérêt, ponses. Ce travail durera neuf mois. L’ensemble est
que c’était une pleurnicharde», se souvient Maria Isa- une mise en cause générale de la société dans laquelbel. «La semaine suivante, elle nous apportait la pre- le elles vivent, de la question de la sexualité féminine
mière lettre du volume», sourit Maria Teresa. à celle de la décolonisation. L’une interroge: «Si la reQuelque chose s’était déclenché. «Etre une jeune ligieuse et le couvent se portent mal, il faut changer la
femme sous la dictature, c’était quelque chose d’hor- religieuse ou bien le couvent?»L’autre, ou peut-être la
rible, raconte Maria Isabel, tout ce puritanisme… même, tient la plume d’Antonio le soldat qui dit: «La
J’avais une sensation permanente d’oppression, de vérité, mademoiselle Maria, c’est qu’on est saisi par la
tristesse.» Une femme ne pouvait
pas sortir du pays sans l’autorisation de son père ou de son mari, son
mari devait signer son contrat de 1926. Un coup d’Etat militaire met fin à la République.
travail, le divorce était interdit et la 1932. Antonio de Oliveira Salazar devient Premier ministre.
mère n’avait pas de droit légal sur 1968. Marcelo Caetano remplace Salazar qui meurt en 1970.
ses enfants… Maria da Costa (2) fai- 1973. Naissance du Mouvement des capitaines, futur mouvement
sait à l’époque une enquête sociolo- des forces armées.
gique dans un hôpital psychia- 1974. Révolution des Œillets. Les militaires renversent la dictature.
trique: «Ça a été l’expérience la plus Le général Spinola annonce la formation d’une junte nationale,
déchirante de ma vie. Je me souviens propose de rendre le pouvoir aux civils après des élections et de
d’une femme, enfermée à 18 ans par mener la politique des 3D: démocratiser, décoloniser, développer.
sa famille. La demande avait été dé- 1976. Constitution. Le général Eanes est le premier président élu
posée directement au cabinet de Sa- au suffrage universel.
lazar. Je l’ai connue à 33 ans, défini- 1986. Le socialiste Mario Soares devient le premier président civil
tivement brisée. C’était une histoire du pays. Jorge Sampaio lui succède en 1996.
du XIXe siècle, un exemple de conni- 1986. Le Portugal devient membre de l’Union européenne.
LUISA FERREIRA.AP
34
Un demi-siècle de dictature
35
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
peur quand on arrive ici et elle ne vous
lâche plus, elle vous use le cœur.»Ailleurs,
encore: «Si aucune autre alternative ne
nous est donnée que la guerre ouverte
contre tout un système social (…), reculerons-nous (3)?»
Aucun texte n’est signé. Malgré les interrogatoires incessants qui chercheront à les diviser, les trois Maria refuseront toujours de dire qui a écrit quoi.
Cinq jours après sa sortie, le livre était
saisi par la police.
Malgré la censure, le livre circule au Portugal. Elles ont réussi à faire passer un
exemplaire en France, où, avec le soutien
de Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et Christiane Rochefort, l’ouvrage
connaît une seconde vie aux éditions des
Femmes. A Paris, La Haye ou Londres,
des femmes manifestent leur solidarité.
Les trois Maria en sont les premières surprises. Cette mobilisation et le soutien
d’intellectuels portugais qui se portent témoins à leur procès révèlent la nature politique d’une affaire que le régime voudrait réduire à une question de mœurs.
Le procès ne se terminera que le 7 mai
1974, quelques jours après la révolution
des Œillets. Cette journée-là, les trois Maria sont acquittées, ovationnées par une
salle d’audience désormais libre de s’exprimer. «C’est pour moi, encore aujourd’hui, un texte de référence,dit Ana Benavente, militante d’extrême gauche en exil
sous la dictature, aujourd’hui députée socialiste, un livre qui s’ancre au plus profond
de la société portugaise.»
«Elles annonçaient le 25 avril»
M I G U E L R I O PA . A F P
Elles n’ont pas reculé, l’Histoire a avancé.
L’image est de Maria da Costa. Elle reçoit
aujourd’hui dans son bureau de l’institut
Camoès, l’institution de la culture portugaise, et dit que c’est heureux, car elle se
sentait «trop différente»pour vivre dans le
moule qui lui était imposé. Les Maria
n’ont pas assez de mots pour décrire ce
petit matin du 25 avril 1974, lorsqu’une
voix à la radio, se réclamant d’un mystérieux «commandement du Mouvement
des forces armées», a exhorté la population à rester calme. Puis ce fut la liesse, les
œillets aux fusils des capitaines, l’espoir
d’un Portugal nouveau. Les femmes donnaient de la voix, manifestaient pour demander des lois sur le divorce et l’avortement. «LesNouvelles Lettres portugaises
exprimaient un désir de changement, elles
annonçaient le 25avril,juge Ana Vicente,
chercheuse engagée dans le travail sur
l’égalité des sexes. Salazar était mort mais
on avait le sentiment que le salazarisme
n’en finissait pas de mourir.»
Trente ans ont passé. Le livre a été abondamment traduit. Il a été réédité pour la
huitième fois au Portugal en 2001 (éditions Dom Quixote). Le Portugal s’est doté d’une Constitution exemplaire et vit à l’heure européenne. Mais «les mentalités n’ont pas totalement
changé, observe Ana Benavente; l’organisation sociale porte encore les marques de l’ancien régime».
Son Président est socialiste et son Premier ministre
de centre droit gouverne en coalition avec l’extrême
droite. Pour Alvaro de Vasconcelos, directeur de
l’Institut d’études stratégiques et internationales,
«toutes les valeurs du salazarisme n’ont pas été éradiquées», et deux Portugal coexistent encore aujourd’hui: un moderne où les femmes sont majoritaires
dans les universités, un autre, ancré dans les traditions, où les femmes avortent dans la clandestinité
quand elles n’ont pas les moyens d’aller en Espagne.
Après le 25avril, Maria Teresa et Maria da Costa ont
accompagné le Parti communiste, la première plus
longtemps que la seconde, puis l’ont quitté, en douceur. Maria Isabel, qui n’a jamais cru que l’engagement politique faisait le bonheur, est revenue en septembre 2003 de Paris, où elle a travaillé plus de six ans
comme conseillère culturelle. Elles écrivent toujours.
Les Nouvelles Lettres,qui leur ont fait frôler l’infortune, n’ont pas assuré leur prospérité. Maria da Costa
travaille en ce moment sur un texte comparant les
œuvres de Pessoa et Joyce, et écrit un scénario avec la
réalisatrice Margarida Gil. Toutes les trois ont publié
de nombreux livres, des romans, des essais, des
poèmes. Elles sont régulièrement primées. «Nous
sommes connues, mais pour d’autres ouvrages que les
Nouvelles Lettres portugaises. C’est un livre mal-aimé, qui a été plus lu à l’étranger qu’au Portugal», regrette Maria Teresa, qui dirige aujourd’hui le supplément littéraire du quotidien Diário de Notícias.
Grands-mères et féministes
La vie privée a repris ses droits ou porté ses coups.
«Les temps ont changé, nous ne sommes plus sous la
menace de ce fascisme mou. Je ne suis plus engagée,
sauf littérairement»,dit Maria da Costa. Maria Isabel
vit dans le même appartement qu’il y a trente ans, un
paquet de cigarettes à portée de main. Il y a peu de
temps, elle a été tentée de vérifier si le restaurant où
elles se retrouvaient existait toujours. Mais elle n’a
plus envie de sortir de chez elle.
Les trois Maria sont devenues grands-mères, elles
sont restées féministes. Elles se revoient, de temps
en temps, et plutôt à deux qu’à trois. Aventure politique et littéraire, le livre, disent-elles, a conservé une
actualité. Parfois, Maria Teresa reprend les Nouvelles Lettres portugaises: «Cela dit des choses qui sont
encore enracinées très profondément au Portugal.»
Elle serre ses doigts bagués contre son cœur.
«Quelque chose qui reste et qui attend.»•
MARIE-LAURE COLSON
(1) Parfois édité en français sous
le titre Lettres de la religieuse portugaise.
(2) Que Maria Velho da Costa nous excuse
d’écourter son nom…
(3) Extraits de la traduction des NLP éditée
au Seuil en 1974.
Manifestation
proavortement,
le 17 février 2004,
à Aveiro. Trente après
la révolution, l’IVG
est toujours interdite
au Portugal.
Portrait
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Hans Joachim Klein, 56 ans, ex-terroriste allemand complice de Carlos, repenti,
gracié il y a cinq mois. Découvre la vie hors de la clandestinité en France.
l a glissé dans son
portefeuille ses papiers
d’identité.
Ceux d’Hans Joachim Klein, que des
années de clandestinité ont à jamais rebaptisé «Dirk». Il y a
plié en quatre l’acte de
naissance de ses enfants.
Il n’y figure que depuis
janvier, père ajouté à la
main sur le côté, vingtdeux ans après la
naissance du premier, qu’il
eut le temps de voir grandir. Il y
garde, petit format perdu parmi les grands, une photo de sa
mère, cheveux blonds sur un
col blanc. Il ne sait rien d’elle
qui se suicida d’une balle dans
la bouche quelques mois après
sa naissance. Cet étui de cuir
coincé dans la poche arrière du
jean est son bagage. Son sésame pour le grand jour, plein
d’un passé à reconquérir. Depuis quatre mois, l’ex-terroriste des cellules d’une révolution
qui se voulait marxiste, repenti, caché, condamné puis gracié, est libre. Il vient de mettre
pied à terre.
Il est d’usage de commencer
son histoire le 21 décembre
1975, à Vienne. Un commando
dirigé par Carlos lance une attaque contre une réunion de
l’Opep, les pays exportateurs
de pétrole. Trois morts. Trente
otages emmenés dans un
avion puis libérés à Alger,
contre rançon. Le tout au nom
de la cause palestinienne. Hans
Joachim Klein, petit mécano
révolté de Francfort, a basculé
dans la lutte armée et pris une balle dans
l’abdomen. «J’étais une tête brûlée. Je réfléchissais avec le ventre, pas avec la tête. Je
n’avais pas l’intelligence des intellectuels
pour faire demi-tour à temps.» Suivent
deux années de cavale au côté de Carlos,
qui pue le parfum et passe chaque matin
une heure dans la salle de bains, se repose
en Libye chez Kadhafi, dîne avec ses
hommes chez Bouteflika, alors ministre
algérien des Affaires étrangères, et l’envoie
repérer les lieux d’éventuels attentats qu’il
veut sanglants.
En mai 1977, Klein échappe à sa bande,
envoie au journal Der Spiegel son arme
accompagnée d’une lettre où il déclare
rompre avec le terrorisme. Ce renoncement public secoue la gauche dont l’extrémité dérive. Libérationlui donne la parole. Cela lui vaut aussi la protection de
ses amis de Francfort (Cohn-Bendit) et
d’un réseau d’intellectuels (Régis Debray,
André Glucksmann). Tous l’aident financièrement. Et sitôtla gauche au pouvoir,
en 1981, l’Etat français est informé de sa
présence, mais lui refuse des papiers qu’il
accorde aux terroristes italiens, comme
Cesare Battisti. «La France n’a pas assumé
le fait d’être un sanctuaire pour lui», explique Cohn-Bendit. Il vivra en prolo du ter-
Cache d’âme
rorisme, caché, pendant vingt et un ans.
D’abord dans le Nord avec sa compagne,
une institutrice qui sait son histoire, fait
vivre la maison, et leurs deux enfants. Et
puis seul en Normandie, parce que la
clandestinité est venue à bout du couple.
Cet homme à l’accent germanique, rejeton perdu du gauchisme, qui vieillit en
s’émaciant comme Mick Jagger, dont il aima tant la chanson Angie qu’il en fit son
nom de code chez Carlos, a aujourd’hui
des accointances avec la France profonde.
Comme elle, à la question préférée des
sondages, il répondrait l’abbé Pierre et
Kouchner l’humanitaire. Comme elle, il
n’aime pas les politiques, les bourgeois et
les Allemands. Il a mélangé son histoire et
la sienne, ses raisons à lui et ses réflexes à
elle, plongeant ses brûlantes racines dans
sa terre d’adoption. Il dit les Spuntz comme on dit les Boches. Ajoute même qu’«il
y a une certaine arrogance allemande».Ses
vieux amis de Francfort sont devenus avocats, médecins ou font de la politique.
«Tout le monde a fait carrière. Ils mangent
dans des restaurants hors de prix.»Alors à
sa sortie de prison, après être passé par la
mairie de Roubaix pour reconnaître ses
deux enfants, il est retournéà Sainte-Honorine-la-Guillaume, comme on rentre
Hans Joachim
Klein
en 10dates
Décembre 1947
Naissance à Francfort.
Avril 1948
Suicide de sa mère.
1975
Prise d’otages à Vienne.
1977
Condamne
le terrorisme.
1982
Naissance de sa fille.
1986
Naissance de son fils.
1993
Se sépare de sa
compagne, s’installe
à Sainte-Honorinela-Guillaume.
1998
Arrêté et livré
à la justice allemande.
2001
Condamné
à neuf ans de prison.
2003
Il est gracié.
se pour Vienne mais pas pour le
reste. Je combattais l’Espagne
de Franco, le Vietnam… Jamais
je ne m’excuserai pour ça.» Il a
pris neuf ans, il lui en restait
cinq et demi à tirer. CohnBendit: «Je lui ai dit: “Tu t’en
sors bien, n’oublie pas qu’il y a
eu trois morts.” Je le lui ai rappelé parce qu’au fil du temps il
oublie, il n’est plus que victime.»
Et puis l’Allemagne a purgé
son passé, l’a gracié en décembre avec quelques autres figures des années 1970. Klein
est à son estuaire. Devant, la
vie. Le clandestin n’est pas sûr
d’avoir jamais su nager.
Il écoute de l’opéra. A refait le
tour des amis pour subvenir
aux besoins des enfants. Le
permis de conduire pour sa
fille, 22ans, qui fait des études
de journalisme. Un scooter
pour son fils, 18ans, qui jeta ses
armes en plastique quand son
père lui révéla son histoire et
qui penche aujourd’hui vers la
photo. Lui chevauche une moto, dans ses rêves. Continue de
regretter sa ceinture noire de
karaté, qu’il n’a pu passer faute
de papiers. Ecoute l’écho des
attentats aux informations.
«Faut les choper, les liquider,
faut plus parler.»Et veut revoir
sa Normandie.
Derrière, il y a toujours ses mythes, ses mondes imaginaires.
Klein se croit encore en danger,
détenteur de secrets. «Je suis
unique. J’ai dénoncé beaucoup
de choses sans dénoncer personne.» Il a noirci 4000 pages en
prison. Toutefois, l’histoire
commence bien avant 1975.
Longtemps, Klein s’est cru le fils d’un Waffen SS et d’une juive, un concentré à lui
seul de la culpabilité allemande, un croisement du bourreau et de la victime. C’est
son père qui lui avait raconté ces «salades». Il était policier, se vantait de son
passé nazi. C’est avec son arme de service
que sa mère s’est tiré une balle dans la
bouche. Klein en avait conclu que son père avait tué sa mère, comme il l’avait battu
chez soi. C’était le 17 janvier. «Des gens
pleuraient de joie. Toute la soirée, j’ai picolé, offert des tournées que je n’ai pas pu
payer.»Sainte-Honorine, 268habitants.
«Ils votent tous Chirac, sauf dix-sept qui votent FN.» C’est là qu’il est allé se cacher en
1993, lorsqu’il s’est séparé de sa compagne,
dans une petite maison dont Régis Debray
payait le loyer. Là, au bistrot, que la police
est venue le cueillir alors qu’il envisageait
de se rendre. Le village apprit
alors toute la vérité sur ce Dirk «Je n’avais pas l’intelligence des intellectuels
qui aidait dans les fermes, li- pour faire demi-tour à temps.»
vrait les yaourts à la gendarmerie, montait chaque année le stand de lui. «Elle était traductrice, c’est la seule choball-trap tout en refusant obstinément de se que je sais.»Et puis, alors qu’il se cachait,
tirer une seule balle. Le comité des fêtes s’essayait parfois au suicide, les amis ont
vota à l’unanimité l’envoi de 500francs à fait des recherches. Oui, sa mère fut bien
l’ex-terroriste mis en prison. C’est donc là déportée à Ravensbrück, mais non, elle
qu’il est retourné, installé pour l’instant n’était pas juive. Pas plus que le père un SS.
chez des amis paysans. Là qu’il cherche du Il insiste pourtant: «Sur mon acte de naissance, il est dit que ma mère était cathotravail. «J’en ai marre d’être assisté.»
Le revoilà prolo, comme à ses 20ans. Sans lique, mais il est possible qu’elle se soit
métier. Toujours fragile, veillé par un ré- convertie.»Hans Joachim voudrait être le
seau d’amis qu’il disait traîtres aux heures fils d’une juive, être un juif. En prison, en
de la révolution, et qu’il trouve toujours Allemagne, il s’est fait apporter une étoile
aussi compromis en politique. A son pro- de David. Aujourd’hui, il dit: «Je veux aller
cès, Joschka Fischer est venu témoigner voir dans les archives à Ravensbrück.»•
de leur époque et de sa violence. «Joschka
JUDITH PERRIGNON
s’est excusé. C’est une connerie. Je m’excuphoto OLIVIER ROLLER
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
Corps de chien :
«Le bizarre incident...»
deMark Haddon. Page IV.
Le cerveau en tête :
la flexibilité par Catherine Malabou. Page VI
Enfants :
les Contes de Grimm parNikolaus
Heidelbach. Page VIII
Elle a 30 ans et
il en a 22. Simone
de Beauvoir s’éprend
du «Petit Bost»
bientôt appelé sous
les drapeaux.
Sa troisième
correspondance
amoureuse.
S I M O N E D E B E A U VO I R
ET JA C Q U E S - L A U R E N T B O S T
Correspondance croisée 1937-1940
Edition établie, présentée et annotée par Sylvie
Le Bon de Beauvoir. Gallimard, 984 pp., 35 ¤.
DR
Envoyée
le 23octobre 1939.
Bost: «Je vous aime
extrêmement bien et
cette photo m’a rappelé
que vous étiez comique,
ce que les circonstances
m’avaient un peu fait
oublier.»
A
près avoir été l’incarnation du bas-bleu,
Simone de Beauvoir
passera-t-elle à la postérité en modèle de
grande amoureuse? Il
y a quatorze ans paraissaient, outre son Journal de guerre, deux volumes de Lettres à Sartre, somme toute
conjugales. Il y a septans, c’étaient les
tendres Lettres à Nelson Algren, l’amant
américain. Coïncidant presque avec l’anniversaire de sa mort, le 14 avril 1986, à
78 ans, voici sa Correspondance avec
Jacques-Laurent Bost, le «petit Bost».
Une correspondance croisée. Les lettres de
Sartre ont été publiées séparément, ● ● ●
Il fait Beauvoir
I
II
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
I l
f a i t
B e a u v o i r
Pas facile d’entretenir la vivacité du lien avec Bost. Elle est
celles d’Algren sont restées inédites
faute d’autorisation des héritiers. Bost,
mort le 21septembre 1990, à 74 ans, avait
gardé les lettres de Simone de Beauvoir
avant et pendant la guerre, du moins celles
qui n’ont pas disparu en mai1940: il les a
remises à Sylvie Le Bon de Beauvoir, la fille
adoptive de l’écrivain. C’est à elle qu’on doit
ces visages renouvelés du Castor, plus ouverts, plus expressifs, plus sentimentaux,
bref, plus sympathiques, diront certains.
En tout cas, plus romanesques.
Elle enseigne la philosophie au lycée, il est
étudiant. «Beaucoup plus jeune que moi, il
avait été l’élève de Sartre, qui l’aimait énormément.»Beauvoir devait plus tard, à Algren, présenter Bost en ces termes. Elle a
30 ans, il en a 22, lorsque, une nuit de
juillet1938, dans une grange, à Tignes, elle couche avec lui, ainsi qu’elle l’écrit aussitôt à Sartre – «naturellement, c’est moi
qui le lui ai proposé.»C’est du vrai, du bel
amour, elle le dit à Bost dès qu’elle le quitte, quinze jours après, pour un séjour marocain en compagnie de Sartre: «Je vous
aime – pas d’un amour de vacances, d’un
amour d’un instant, d’un grand amour
dont je veux les tristesses comme les joies,
d’un amour où je suis engagée corps et âme,
si lourd, si précieux que parfois j’en ai le
souffle coupé.» Le «tout cher petit Bost» râle parce qu’il peine à la lire (réputation
justifiée d’illisibilité), mais les cris du
cœur se décryptent sans effort. Elle est,
pour la vie, son «cher Castor».
Sartre n’est pas étonné. Simplement, «il
●●●
m’a demandé où diable j’espérais trouver le
temps pour vous voir». Les journées de Simone de Beauvoir, on le sait, sont en
tranches. Le petit déjeuner avenue du
Maine, avec Sartre, trois heures de cours,
le déjeuner au Dôme ou près de la Porte
Maillot selon l’emploi du temps de Sartre,
les travaux d’écriture (les cours ne se préparent pas), le thé, telle élève vue de 4 à 6,
le dîner, le théâtre ou les bars, retour à
l’hôtel à minuit. Où caser Bost? D’autant
que leur amour restera clandestin jusqu’à
la mort de tous les personnages concernés. Bost est lié à Olga Kosakiewicz, qui
avait naguère vécu en trio avec Sartre et
Beauvoir (celle-ci était d’ailleurs en train
d’écrire l’Invitée). Ils ne veulent pas lui faire de mal, ils ne lui disent rien, c’est coton.
De son côté, Sartre a une liaison avec
Wanda, la sœur d’Olga. Il reviendra bientôt au Castor d’organiser la vie des
femmes à l’arrière, pendant que les
hommes sont à la guerre.
En réalité, Beauvoir et le petit Bost n’ont
jamais vécu ensemble. Très vite, ils n’ont
plus à cacher que leurs rendez-vous épistolaires. Pas question de se voir, ou à peine, pendant les permissions, ces provisions de temps de famine. Bost est parti
pour deux ans de service militaire en novembre 1938, juste après Munich. Le
3septembre 1939, le voilà soldat pour de
bon. Sartre a pris lui aussi sa musette, voir
le Journal de guerrede Beauvoir, les Carnetsde Sartre et leurs lettres: la manière
dont ils vivent cette période est bien
Avec une
pudeur
réduite aux
baisers, et
une audace
qui s’arrête
à «ce petit
coin de votre
cou», ils
s’emploient
à rivaliser
d’élégance.
connue. Le récit détaillé fourni par Beauvoir à Bost en 1939-1940 est celui que
nous avons lu dans les publications antérieures. Elle écrit tout en trois exemplaires, faut-il que sa plume file vite.
Il y a bien sûr des variantes, c’est là l’intérêt. Le lien avec Sartre ne peut être le même que celui qu’elle cultive avec Bost. Elle le résume dans son journal le jour de la
déclaration de la guerre: «Enorme secousse malgré tout – de nouveau un éclair «ils
vont tuer Bost»; je rentre chez moi en
larmes et je me mets à ranger maniaquement. La pipe de Sartre, ses vêtements. J’ai
l’évidence que je ne vivrai pas s’il meurt; ça
me donne presque une tranquillité tandis
que pour B.c’est intolérable et mêlé comme
d’un remords de lui survivre.»
Avec Sartre, l’absence est gommée par la
solidité de leur long compagnonnage. En
revanche, il n’est pas facile d’entretenir la
vivacité de l’amour envers Bost. Elle est
restée confortablement parisienne, il est
exposé au froid, à l’ennui, à l’absurdité
(voir ci-dessous). Le génie du Castor est
alors de s’emparer de la séparation pour
en faire un terrain d’entente.
Sans effusion autre qu’affective, avec une
pudeur réduite aux baisers, et une audace
qui s’arrête à «ce petit coinde votre cou», ils
s’emploient à rivaliser d’élégance. Une estime réciproque, croissante, vient renforcer la tendresse. Il lui apprend à ne pas
avoir de compassion pour son sort de fantassin, et à en avoir pour ces jeunes filles
dont elle lui décrit les «étreintes passion-
nées» bien qu’elle ne soit «pas bien piège»
(leur mot pour l’homosexualité). Elle se
plaint des exigences sentimentales et
sexuelles (seul la «sensualité» apparaît
sur le papier) de Bienenfeld (1), de Sorokine, comme quoi ce n’est pas Sartre
quiencourageait ces confidences, plutôt
Beauvoir qui se plaisait à les faire.
Mais Sartre n’y allait pas par quatre chemins, disant à Beauvoir de laisser tomber
ces petites créatures comme elle savait si
bien le faire, «comme des crachats», ou de
les «garder»si tel était son plaisir. Bost est
parfois choqué par les élans saphiques de
sa correspondante. Quand il est indigné,
il le dit. Beauvoir en a assez de Bienenfeld,
qui veut leur imposer un trio, à Sartre et
elle. Ferme engueulade du jeune Bost:
«Je trouve que dans ces histoires (Sartre et
vous), vous manquez toujours de prévoyance et que vous donnez tant aux gens et
leur laissez tant espérer que l’attitude qu’ils
finissent presque toujours par avoir avec
vous, c’est vous qui l’avez provoquée.»
Beauvoir plaide l’honnêteté. Elle est, pour
une fois, désarçonnée par son propre cas,
d’être à la fois «la proie et le séducteur».
De son côté, qu’aura-elle appris à Bost? A
écrire. On tient son journal comme on
écrit une lettre, on écrit des lettres comme on tient une conversation.
CL.D.
(1) Bianca Bienenfeld-Lamblin a donné sa
version en 1993 dans «Mémoires d’une
jeune fille dérangée» (Balland): «Ils ne
m’ont fait que du mal.»
Bost, le bon type
J
Elève de Sartre, amour du Castor, soldat et auteur
d’un livre unique. Le parcours d’un fils de pasteur.
si on peut dire, puisqu’il est blessé pendant la débâcle). Et, lorsque «c’est vraiment la guerre», plutôt
le froid et la boue en première ligne, les nuits de garde dans des trous glacés, que le supplice de la vie de
cantonnement. «J’aime mille fois mieux le gros emmerdement pénible que les petites corvées et les petits
énervements en foule.» Il dit que tout le monde appréhende ce qui ressemble à un retour à la caserne.
Que les officiers se comportent mal (il a refusé de
prendre du galon mais passe quand même première
classe). Que les simples soldats sont au contraire,
dans l’ensemble, impressionnants de sérieux et de
dignité.
Il parle très bien du moral des troupes. Encouragé par
Beauvoir, il tient son journal, se prend au jeu, brosse
sobrement des tableaux «fameux»(leur adjectif préféré) de beuveries et de saccages, et développe en lui
la matière de fortes images. Ainsi prépare-t-il le Dernier des métiers, le livre qu’il publie en 1946 dans la collection d’Albert Camus chez Gallimard, le seul qu’il
écrivît jamais.
Camus, toujours prompt à rendre service, relate Beauvoir dans la Force des choses, engage Jacques-Laurent
Bost à Combat. Bombardé correspondant de guerre, il
entre à Dachau quelques heures après les Américains.
Il devient grand reporter, puis il cesse les voyages. Il
entre à l’Express, en part en 1964 fonder l’Observateur
avec Jean Daniel. Il relit la copie, trouve les titres, le
voilà chef. Bost, sans compter sa participation aux
Temps modernes, est resté l’ami le plus sûr
et le plus fidèle du couple Sartre-Beauvoir.
Quand il est mort, les articles ont été émus,
chaleureux et drôles. Une tonalité qui colle à ce que le lecteur perçoit du «petit Bost»
à travers ses lettres.
Famille
nombreuse,
nombreux
colis.
CL.D.
Bost au service
miltaire.
Amiens, 1938
DR
acques-Laurent Bost est le dernier enfant
d’une famille de dix. On dit «le petit Bost» à
cause son frère aîné, Pierre, qui est journaliste, romancier ayant ses entrées chez Gallimard, et deviendra un scénariste réputé. Le
père est pasteur, son fils l’appelle comme ça, «le pasteur», et prétend lui adresser des lettres incendiaires.
Il préfère de loin «la pastoresse». D’avoir connu la
grande maison familiale, avec une seule pièce chauffée où tous se rassemblent, donne au soldat Bost un
avantage quand il est condamné à la promiscuité militaire: il n’est pas dépaysé. Sa nombreuse famille
fournit un autre atout à quoi il n’aurait jamais pensé,
elle lui envoie beaucoup de colis.
Son origine sociale, son statut d’étudiant, son habitude de recevoir des livres, et de les lire, ses intenses
échanges épistolaires, tout devrait concourir à isoler
Bost dès son arrivée à l’armée. Il commence par souffrir des aberrations du règlement, ou de la vaisselle
crasseuse. Mais une fois l’étonnement passé d’être
condamné à vivre auprès d’abrutis qui ne sont pas de
son monde, Bost s’applique à être un bon camarade.
En cela, il est très proche du Sartre des Carnets de la
drôle de guerre. Il n’y a pas meilleurs types.
Qu’il s’agit d’une «drôle de guerre», Bost le dit d’emblée à Simone de Beauvoir. Leur Correspondance, qui
a une valeur de document historique indéniable, est
partagée en deux: la drôle de paix à laquelle chacun
s’arc-boute, et cette guerre tellement étrange qu’elle
ne commence pas. Sartre, dit Beauvoir, a,
comme il se doit, des tas de théorie sur ce
conflit moderne: «Ce sera une espèce de
guerre fantôme sans dépense de matériel
humain.»Une guerre «diplomatique».
Bost préférerait cent fois se battre plutôt
que d’attendre indéfiniment (il sera servi,
III
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
I l
f a i t
B e a u v o i r
restée parisienne, il est exposé au froid, à l’ennui, à l’absurdité.
Le Castor avant la lettre
Elle assure désormais la transmission. Entretien avec Sylvie Le Bon de Beauvoir,
fille adoptive de l’écrivain, qui est l’éditrice de la correspondance avec Bost.
F
OLIVIER ROLLER
aire mieux connaître Simone de Beauvoir au grand
public, rendre justice à Bost,
donner à ressentir l’arrivée
de la guerre. Ce sont les trois
objectifs que Sylvie Le Bon
de Beauvoir, fille adoptive de
l’écrivain, dit avoir poursuivis en éditant
cette correspondance.
Comment se présentaient
les papiers de Simone de Beauvoir,
étaient-ils classés?
Où les rangeaient-elles?
Elle gardait, peut-être pas tout, mais
énormément de choses. Ce n’était
absolument pas rangé. C’était entassé par
la force des choses, quelquefois c’est par
époque, mais on ne peut pas dire que ce
soit classé. C’était resté dans les enveloppes, quand il y en avait, ou plié, dans
des sacs en papier, elle avait noté simplement dessus «lettres de Bost», par
exemple.
J’avais beau savoir qu’il y avait beaucoup
de choses, je ne savais pas exactement
quoi. C’était dans son appartement, tassé
dans les placards autour de son bureau, si
bien que cela fait un trésor que petit à
petit je déplie. Je n’ai pas fini, loin de là.
C’est peut-être parce que, aussi, je me
réserve du bonheur pour l’avenir. J’y vais
assez doucement, ce n’est pas délibéré, je
ne peux pas, pour moi ce n’est pas du
passé, ce n’est pas froid, c’est vivant, c’est
présent, cela m’émeut. Et puis aussi,
quand je suis lancée dans une entreprise
comme celle des lettres à Nelson Algren,
pour la terminer, cela me prend déjà
plusieurs années, ensuite je passe à autre
chose, cela ne va pas vite.
Reste-t-il des inédits?
Des inédits, je ne crois pas. Ou alors, oui, mais de jeunesse, ce qui pourrait être intéressant à publier. J’ai
déjà commencé à travailler sur des cahiers qu’elle a
tenus entre 16 ans et 21 ans, jusqu’à l’agrégation. Il y
a aussi beaucoup de documents, de lettres reçues de
gens connus, je ne sais pas ce qu’on pourra en faire. Il
y a ainsi beaucoup de lettres de Merleau-Ponty.
Avez-vous à un moment ou à un autre douté
de l’utilité de publier ces correspondances?
Non, au contraire. Plus le temps passe, plus j’en vois
l’intérêt. Les réactions que je reçois sont vraiment
formidables, elles m’ont donné de la force. Ça se
traduit quasi dans le monde entier, les lettres à
Algren, c’est même incroyable, jusqu’en Corée.
Personnellement, au début, j’étais détruite par la
disparition de Simone de Beauvoir. Je manquais
d’assurance: je commençais, c’était difficile. Déjà
avec Algren, ça allait beaucoup mieux, et ça m’a
encouragée pour cette publication et pour l’avenir.
Maintenant je continuerai envers et contre tout.
Simone de Beauvoir vous apparaît-elle chaque
fois sous un jour nouveau?
C’est un des intérêts de la correspondance avec Bost
que de présenter Simone de Beauvoir avant Simone
de Beauvoir. Elle n’a pas encore vraiment accompli
la fameuse prise de conscience historique et
politique, elle n’a pas senti encore la solidarité avec le
monde, elle croit vivre une aventure individuelle.
C’est très différent de ce que seront ses réactions
dans les années 1960. C’est presque une autre
personne.
Mais ce qui est intéressant aussi, c’est de voir
justement ce qu’il y avait déjà de tellement
fondamental chez Simone de Beauvoir que, à 29 ans,
c’est déjà là, bien installé. On verra ainsi, en
remontant dix ans en arrière, dans sa prime jeunesse, à quel point elle était constituée pour devenir
Simone de Beauvoir. Il y avait des piliers dans sa
personnalité, des choses sur lesquelles elle n’a
jamais varié.
Quels sont ces piliers?
Par exemple, sa conception des rapports à autrui.
Qui est illustrée dans cet amour pour Bost. L’idée
qu’elle développera plus tard dans les Mémoiresest
que dans les relations à autrui, il n’y a pas de donnée,
elles sont à inventer. Tout est a priori possible, il n’y
a ni institution, ni nature, ni quoi que ce soit qui vous
impose un mode de relation. Ce n’est pas une idée au
sens abstrait, c’était très profond: on la voit vivre
cette idée, on peut dire qu’elle invente un genre de
rapports qui n’est pas très facile avec Bost. Il y a, des
deux côtés, deux autres personnes, ce n’est pas le
schéma classique du trio, et surtout pas du ménage à
trois, c’est plutôt un ménage à quatre, ce n’est pas un
stéréotype dans lequel on entre, c’était risqué
également. C’est une des convictions qui sont en
elles depuis toujours, depuis la jeunesse jusqu’à la
fin: il faut vivre sa pensée, il faut penser sa vie.
Pourquoi raconte-t-elle dans le détail, à Bost
comme à Sartre, ses démêlés amoureux
avec son ancienne élève Bianca Bienenfeld?
Pourquoi des cachotteries? D’autant plus qu’au
début, c’était une amitié, une relation agréable avec
une fille qui avait été son élève l’année d’avant, qu’elle
Sylvie Le Bon
de Beauvoir,
rue Sébastien- Bottin,
le 19 avril 2004.
«C’est une
des convictions
qui sont en elle
depuis toujours,
depuis
la jeunesse
jusqu’à la fin:
il faut vivre
sa pensée,
il faut penser
sa vie.»
poussait dans les études, qu’elle aimait
bien. Il y en avait d’autres. Elle ne voyait
pas pourquoi elle allait fuir ce genre de
relation. Il se trouve que toutes ces jeunes
personnes étaient demandantes pour
plus. Ça n’existe plus aujourd’hui, étant
donné ce que sont les lycées, ce n’est pas
du tout concevable. Autrefois, c’était très
connu, les «flammes» pour les professeurs.
Ce n’étaient pas des élèves de quatrième,
quand même. Elles étaient tout de suite
en faculté l’année d’après, alors elle les
aidait, elle va jusqu’à leur donner des
cours, j’admire.
Avec les lettres, vous connaissez
à présent sa vie jour par jour?
J’en connais des morceaux. Je l’ai connue
dans les années 1960 (1). Bien sûr, j’avais
lu et j’allais lire tous ses livres, mais c’est
très différent. Chaque fois que je travaille
sur une correspondance, c’est comme
une découverte absolue, parce que c’est
palpable, le quotidien. C’est lié au genre,
quand on lit les correspondances du
passé, de Madame de Sévigné, de Diderot,
c’est pareil, on entre dans l’intimité de ces
gens-là, moi je trouve ça formidable. Bien
sûr, c’est la Simone de Beauvoir que j’ai
connue, mais c’est aussi quelqu’un d’autre, parce qu’au fond, c’est très loin pour
moi, tout ça. C’est comme reconstituer un
puzzle ou être un archéologue, mais qui
aurait toutes les pièces de la statue. C’est
passionnant et je ne m’en lasse pas.
Vous êtes la fille adoptive de Simone
de Beauvoir. Est-elle pour autant
votre mère?
Absolument pas. Nous n’avons jamais eu
de rapport de mère à fille, ou de fille à mère, moi j’en
avais horreur, j’avais des rapports exécrables avec ma
mère, ce n’était pas pour en chercher ailleurs. Avec
elle, on ne pensait pas à son âge, on était de plainpied. Nous avions trente ans de différence, ça existait
mais ça n’intervenait pas.
Elle n’avait aucun fantasme filial ou maternel, je n’en
avais pas non plus, elle ne voulait pas de fille et je ne
voulais pas de mère. C’était clair. A l’époque, il n’y
avait pas d’autre moyen de me donner des droits
légaux que de m’adopter. Ça a donc été l’adoption. Ça
me fait toujours sourire quand on me dit «votre
mère…».C’est l’immense abîme entre l’institution et
le réel, le vécu. Il n’y avait pas de Pacs, et, de toute
façon, ça n’aurait pas correspondu à grand-chose
non plus.
C’est dangereux de fréquenter des écrivains?
Je ne crois pas. Ce n’est pas seulement que Simone de
Beauvoir et Sartre étaient des écrivains, mais les
écrivains qu’ils étaient, reliés au monde. Avec eux, à
25ans, je marchais à 20 centimètres au-dessus du
sol. C’était inspirant. C’étaient des gens extrêmement gais. Ils avaient horreur de s’ennuyer, pour
eux c’était le péché capital, perdre son temps à des
corvées, ils avaient décanté au maximum tout ça. Ce
qui est dur, c’est après.
RECUEILLI PAR
CL.D.
(1) Sylvie Le Bon, élève d’hypokhâgne, avait écrit à
Simone de Beauvoir. Celle-ci raconte leur amitié dans
«Tout compte fait» (Gallimard, 1972): «J’avais tort de
penser en 1962 qu’il ne pouvait plus rien m’arriver
d’important, sinon des malheurs: une grande chance
m’a de nouveau été donnée.»
IV
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
L i t t é r a t u r e
é t r a n g è r e
fisait pas. Christopher dresse
le constat. Il en souffre aussi. Il
remarque, par exemple: «Je
pense que les gens croient au paradis parce qu’ils n’ont pas envie
SVEN REGENER
de mourir, parce qu’ils veulent
Herr Lehmann
continuer à vivre et qu’ils n’ont
Traduit de l’allemand
pas envie que d’autres gens
par Colette Kowalski.
s’installent dans leurs maisons
Seuil, 288 pp., 19 ¤.
et jettent leurs affaires dans la
Etats d’âme et
poubelle.»
ruminations d’un presque
Au fond, c’est un type d’écritrentenaire dans
vain idéal: il voit et se souvient
le Berlin des années80.
de tout dans le moindre détail.
Le (plus tout) jeune
Mark Haddon aimerait peut«Herr Lehmann» est
être lui ressembler. Mais comessentiellement
me il ne peut pas tout voir, il
préoccupé par son
fait comme nous autres: il inapprovisionnement
vente, invente une histoire; et
enalcool, ses phobies
au moins, il la réussit. Christoalimentaires (le flan
pher voit tout au point qu’il
auchocolat) et
n’invente jamais rien. Poursespetitsbobos. Le
quoi inventer, quand le mon9novembre 1989,
de est déjà saturé? Au cours de
jourdeson anniversaire,
son enquête, il n’imagine pas,
il noie sonblues dans
n’interprète pas, n’extrapole
labière. Toutle reste de la
pas, ne métaphorise pas. Il déville assiste à la chute
crit avec une précision presduMur. L’auteur est aussi
que absolue, puis il compare,
chanteur et parolier du
analyse et déduit. A bout du
groupe de rock Element
livre, il ne se trompe pas. Car
of crime.
la vie est logique jusque dans
sa folie.
Z . Z . PA C K E R
Chemin faisant, Christopher
La vie ailleurs
affronte aussi l’incohérence et
Traduit de l’anglais par
les non-dits permanents des
Hélène Collon.
hommes. Les blagues et les
Stock, 318 pp., 20 ¤.
métaphores, il ne les comDésillusions d’une
prend pas. Par exemple, «il
infirmière très
fait un temps de chien» ou
bigote,rapports de
«avoir un squelette dans le plaforcedansungroupe
card»: «Je trouve qu’on ferait
d’adolescentes en
mieux d’appeler ça un mensonvacances. Subtiles et
ge, parce qu’un chien n’a rien à
ironiques, lesnouvelles
voir avec le temps et que perde la jeune Z.Z. Packer
sonne n’a de squelette dans son
sepassent toutes dans la
placard.» Les lieux communs
société noire américaine.
sont de gros mensonges et
Elles ont eu un immense
certains auteurs devraient
succès dans son pays.
s’inspirer de Christopher. Les
hommes sont si bizarres avec
UZMA ASLAM KHAN
les mots. D’un côté, ils les utiTransgression
lisent pour décrire des choses
Traduit de l’anglais par
vagues qui n’existent pas. De
Marie-Odile Probst,
l’autre, «ils parlent beaucoup
Picquier, 542 pp., 21 ¤.
sans se servir de mots». Par
Le père de Dia a été
exemple, quand ils lèvent un
torturé et assassiné,
sourcil, la maîtresse de Chriscelui de Daanish est
Un adolescent enquête sur le meurtre d’un chien dans un
topher lui explique que ça
d’autant plus impossible
à satisfaire qu’il est
jardin anglais avec la perspicacité et la force du psychotique. peut signifier des choses différentes: «J’ai envie d’avoir des
mort.Les mères essaient
mène jusqu’à une fuite solitaire à Londres. On suit relations sexuelles avec toi», mais aussi «Je trouve
de survivre dans
MARK HADDON
Le
bizarre
incident
du
chien
pendant
la
nuit
unesociété pakistanaise Traduit de l’anglais par Odile Demange. Nil éditions, 293 pp., 19 ¤. l’enfant fou dans un monde qui l’est bien davantage. que ce que tu dis est complètement idiot.» Pour l’enChristopher appartient à Dickens, mais aussi à la fant, ce qui est idiot, c’est de ne pas dire ça avec les
qui ne leurfacilite
paslavie. Unroman
e mieux est de commencer par le dé- psychiatrie: il a le syndrome d’Asperger – autiste, mots adéquats.
écritpar une variété
but. «Il était 0h07. Le chien était allon- avec des tendances psychotiques. Lui et ses sem- La réalité, c’est mieux que l’esprit des hommes, parrared’écrivain, une
gé dans l’herbe au milieu de la pelouse, blables, écrit-il, sont au milieu des hommes «comme ce que c’est là. Toutefois, elle a un inconvénient:
femme pakistanaise, qui
devant chez Mme Shears. Il avait les des okapis dans la jungle du Congo, qui sont une sorte quand le désordre ou trop de monde envahit le lieu
est revenue dans son
yeux fermés. On aurait dit qu’il courait d’antilope très farouche et très rare». Mais réduire ce où il se trouve, Christopher panique. A l’inverse des
surréalistes, il est victime du trop de réapaysaprès avoir vécu au
couché sur le flanc, comme font les livre à un cas de psychologie ne rend pas
lité. Tantôt il grogne et se roule par terre,
Maroc et aux Etats-Unis.
chiens quand ils rêvent qu’ils poursui- justice au plaisir qu’il donne: en devenant
tantôt il effectue des calculs déments de
vent un chat. Mais le chien ne courait Christopher, Mark Haddon, dessinateur
carré ou de cube; car il a une intelligence
R O H I N T O N M I S T RY pas. Il ne dormait pas non plus. Il était mort. Il avait et scénariste anglais de 42 ans, fait acte litlogique et mathématique d’exception. Il
téraire et non médical. Il utilise les perune fourche plantée dans le ventre.»
Une simple affaire
n’aime ni le jaune, ni le brun, ni les aliL’histoire est écrite par Christopher. Ce n’est pas une ceptions de l’enfant pour décrire avec un
de famille
ments qui se touchent, ni les gens qui le
histoire, car Christopher ne ment jamais: c’est une œil sauvage le monde, les lieux, les gens.
Traduit de l’anglais par
touchent. Son livre préféré est le Chien des
enquête, la sienne. Il a quinze ans et vit avec son père C’est efficace: on est à la fois derrière la
Françoise Adelstain.
Baskerville. La manière dont il l’analyse,
Albin Michel, 487 pp., 22 ¤. dans une petite ville emmerdante, entre gazons loupe et sous elle, dans la brindille, prêt à
juste et simple, ferait honte au métier de
taillés et voisins drogués, à l’ouest de Londres. Sa mè- brûler de l’intérieur des nerfs.
Le père a un Parkinson,
critique littéraire, si c’était un métier. Il a
sa belle-fille l’infantilise, re est morte d’un cancer il y a deux ans. C’est lui qui Christopher constate – et éprouve – que
tout lu et noté que Holmes ne porte pas de
sa fille le recueille bon gré découvre le chien Wellington dans le jardin de sa les adultes mentent, se paient de mots, ne
casquette et ne dit jamais: «Elémentaire,
propriétaire, une voisine. Comme Sherlock Holmes, cessent de se raconter des histoires inumalgré.Histoires de
mon cher Watson!»Cela, c’est une invenson détective préféré, il décide de trouver qui l’a tué tiles ou absurdes, en tout cas sans logique.
familles moyennement
tion du cinéma et de la télé. Christopher
et de rédiger peu à peu son investigation. Son rat ap- Ils fantasment, croient bêtement en Dieu
glauques et assez
déteste les inventions, mais on aime
privoisé en poche, il va découvrir l’assassin, mais sur- ou qu’ils peuvent parler avec les morts. Ils
réjouissantes dans la
l’écrivain qui a su l’inventer.
tout les relations entre voisins, les mensonges de son veulent voyager et voir des choses noumoyenne bourgeoisie
père et la véritable histoire de sa mère. Tout cela le velles, comme si ce qui les entoure ne sufparsie de Bombay.
PHILIPPE LANÇON
S Y LV I E S E R P R I X
Vient de
paraître
Entre chien
et fou
L
Christopher
est comme
un okapi
dans
la jungle
du Congo,
qui est
«une sorte
d’antilope
très farouche
et très rare.»
V
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
L i t t é r a t u r e
é t r a n g è r e
Comment ça s’écrit
Déviances
textuelles
PA R M AT H I E U L I N D O N
Boulgakov,
M I K H A Ï L B O U L G A KOV
Œuvres, tomeII (Le Maître et Marguerite et
autres romans, Théâtre)Edition publiée sous
ladirection de Françoise Flamant et Jean-Louis
Chavarot, avec la collaboration de Christiane
Rouquet et d’Edith Scherrer. Gallimard, «la Pléiade»,
2064 pp., 69 ¤ jusqu’au 30juin, 76 ¤ ensuite.
N
é en 1891 et mort en
1940, Mikhaïl Boulgakov n’a pas été, comme
tant d’autres, un déçu
du communisme: du
premier instant, il s’est
opposé aux bolcheviks
et n’a jamais changé de
position. Son père était maître de conférences d’histoire des religions occidentales dans l’académie de Kiev, et le futur
écrivain est d’abord médecin avant d’y renoncer pour se consacrer uniquement à
l’écriture en 1920. Sur son expérience de
la révolution, vue du côté des Blancs, il
écrit en particulier les nouvelles de Carnets d’un jeune médecin et le roman la
Garde blanche, publiés dans le premier
volume de cette édition. En vérité, seules
les deux premières parties de la Garde
blancheparaissent en revue de son vivant,
se voyant parfois agrémenter en volume
d’une troisième partie apocryphe. Il en
tire une pièce, les Jours de Tourbine
(Tourbine est le nom de jeune fille de sa
grand-mère maternelle), qui lui vaut aussi des tourments mais également des satisfactions, puisqu’elle connaît, avant diverses vicissitudes, un énorme succès. On
la trouve avec neuf autres pièces dans ce
second volume Pléiade qui offre également une nouvelle traduction du chefd’œuvre de Boulgakov, son roman le
Maître et Marguerite. C’est une œuvre extrêmement particulière, roman d’amour
et de politique, contemporain et antique,
réaliste et insensé, parfois sinistre mais
toujours fantaisiste et drôle, où interviennent le diable, Jésus et Pilate, ainsi
qu’un écrivain moscovite et son amoureuse comme personnages-titre.
«L’œuvre de Boulgakov […] est remarquablement récréative», note Françoise Flamant dans son introduction à l’édition. Il
en fut tout autrement de sa vie. On trouve
dans ce deuxième volume des extraits de
la correspondance des années 1927-1940:
ils montrent Boulgakov au bout du rouleau, dans une situation concrètement
impossible. Ses livres ne sont plus en
vente, ses pièces plus jouées, il n’a aucune
source de revenus. 1929-1930 est le summum de l’insupportable. L’écrivain
s’adresse à diverses instances officielles
pour tenter d’obtenir, pour lui et sa femme, une expulsion d’URSS. Au comité
exécutif central, il écrit le 3 septembre
1929, comme une supplique: «Du fait que
le caractère absolument irrecevable de mes
œuvres est pour l’opinion publique soviétique une évidence;/ du fait que l’interdiction totale de mes œuvres intervenue en
URSS me condamne à périr;/ du fait que
l’anéantissement de ma personne en tant
qu’écrivain a d’ores et déjà abouti à un désastre sur le plan matériel […];/ considérant ma lassitude extrême,/ la vanité de
toute tentative […]», Boulgakov demande
le droit d’aller à l’étranger «pour une durée
que le gouvernement de l’Union estimera
approprié de me fixer». Il ne partira pas.
Le 28mars 1930, c’est une longue lettre au
gouvernement de l’URSS. Il explique
qu’on lui a conseillé d'«écrire une “pièce
communiste”», ce qui lui semble «une
contorsion politique douteuse et, de surcroît, naïve», surtout en «sachant pertinemment que je n’y réussirais pas». Boulgakov en est alors réduit à citer les injures
publiées contre lui («balayeur de la littérature», «engeance néobourgeoise qui éclabousse de sa bave, empoisonnée mais impuissante, la classe ouvrière et ses idéaux
communistes») pour dire que cette presse
«a raison» et que, puisqu’il n’y a pas de place pour lui en URSS, il faut le laisser en sortir. «J’en appelle à l’humanité du pouvoir
des soviets et je sollicite un acte magnanime: qu’un écrivain qui ne peut avoir d’utilité dans sa patrie soit mis en liberté.»(JeanLouis Chavarot note dans
l’édition critique qu’il était
alors «impératif d’écrire “le
pouvoir des Soviets” avec une
capitale. Il est symptomatique
que Boulgakov ait oublié cette
règle applicable à une expression qui était étrangère à son
langage».) A défaut d’étranger,
l’écrivain demande une «affectation ferme»en URSS. La police politique accepte qu’on lui
donne «la possibilité de travailler où il veut», et ce sera au
théâtre, avec Stanislavski (ils
auront d’excellents rapports
qui dégénéreront quand le
metteur en scène se mêlera
d’un peu trop près des pièces de l’écrivain).
Mais l’effet principal de cette lettre fut que
Boulgakov reçut le 18avril 1930 un coup
de fil de Staline lui-même. L’édition cite
en note «le témoignage d’Elena Boulgakova, consigné seulement le 4 janvier
1956» et selon lequel Staline aurait demandé: «Mais peut-être est-il vrai que
vous demandez à partir pour l’étranger?
Que nous vous avons mené à bout?» «M.A.
(Boulgakov, ndlr) nous a dit que cette question était pour lui si inattendue (et l’appel
lui-même, d’ailleurs, il ne s’y attendait pas)
qu’il perdit contenance et qu’il lui fallut un
moment pour répondre: “J’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps en me demandant
si un écrivain russe pouvait vivre hors de
son pays. Et il me semble que ce n’est pas
possible.”» Boulgakov ne sortira plus
d’URSS et attendra semble-t-il jusqu’à sa
mort un nouveau coup de fil de Staline
pour pouvoir donner d’autres explications, mais l’occasion ne se présentera
plus.
«Je sollicite
un acte
magnanime:
qu’un
écrivain qui
ne peut avoir
d’utilité dans
sa patrie
soit mis
en liberté.»
COLIN WILSON
Le Dieu du labyrinthe Traduit de l’anglais par François
Truchaud. Les Belles Lettres, 313 pp., 19 ¤.
H
éritier laïque de Chesterton, Colin
Wilson demeure l’un des écrivains
anglais les plus inclassables de sa génération, celle des «jeunes gens en
colère», club informel dont il fit partie aux côtés notamment de Kingsley Amis. En
1956, âgé seulement de 25 ans, il publie son premier essai, l’Homme en dehors, dans lequel ce
prolétaire autodidacte définit avec arrogance
une sorte de nouvel existentialisme, prenant
appui sur l’amer constat que notre esprit, au
lieu de s’épanouir au fil des années de formation, a la fâcheuse tendance à s’appauvrir. Les
portes de la connaissance se sont ouvertes à ce
polygraphe impénitent qui, au mépris des
modes et des courants, n’a cessé d’œuvrer de la
manière la plus éclectique. Aux romans de forme policière – la Cage de verre, le Tueur, l’Assassin aux deux visages – ont succédé plusieurs
variations sur la mythologie lovecraftienne, et
des romans de science-fiction – les Vampires de
l’espace.
Mais Wilson s’est surtout fait connaître d’un
large public par une série d’ouvrages encyclopédiques relatifs à l’étude du crime, des phénomènes paranormaux ou des déviances
sexuelles. En 1960, il fait paraître le premier roman ducycle des aventures paralittéraires de
Gerard Sorme, sorte de double de lui-même, le
Sacre de la nuit. Paru dix ans plus tard, Le Dieu
du labyrinthemet en scène un Sorme lancé cette fois à la recherche d’un libertin irlandais du
XVIIIe, Esmond Donelly, dont un éditeur newyorkais lui a demandé de préfacer les Mémoires. Comme souvent dans l’œuvre romanesque de Wilson, l’histoire littéraire se mêle
inextricablement au contenu imaginaire, plongeant le lecteur dans un flou délectable ponctué de coups de théâtre relevant du plus pur
fantastique. Gerard Sorme est un universitaire solidement ancré dans le réel, mais qui ne
pourra pas échapper aux sortilèges que sa quête lui impose. D’une part, il se voit confronté à
des personnages qui semblent tout droit sortis
d’un autre ouvrage de l’auteur, The Misfits.
C’est ainsi qu’il rencontre dans le sud américain
un descendant de Donelly, adepte du fouet et
pyromane, avant de regagner l’Irlande où il
éveille l’intérêt d’un couple de vieilles filles dépositaires de textes révélateurs. Il découvre
alors ce qui se dissimule derrière le contenu
érotique des écrits de Donelly, dont quelques
extraits choisis nous ont déjà savamment et
malicieusement titillés, à savoir l’existence
d’une “néfaste Société du Phénix”, secte mystérieuse à souhait. Peu à peu, aussi, l’enquête de
Sorme s’est muée en expérience humaine.
La personnalité du libertin a pris possession de
lui-même, imposant sa philosophie, celle d’un
«homme obsédé par le problème du sens», que
Sorme associe aussitôt à son «obsession cryptoreligieuse». De nouvelles rencontres mèneront
le héros jusqu’au cœur du labyrinthe pour lui
faire vivre l’ultime expérience décidée, deux
siècles plus tôt, par une confrérie aux agissements textuels soigneusement cryptés.
FRANÇOIS RIVIÈRE
Paris-Cuba
19€
Je ne sais pas écrire
et je suis un innocent
par Gabriel Lindero
Voici le premier livre
de Gabriel Lindero.
Un roman d’apprentissage où
les rêves finissent dans des fruits
ou dans des ventres de requins.
3AILES
marche ou Kiev
Colin Wilson, période paralittéraire. Il attire
son héros au cœur d’une secte du XVIIIe siècle.
www.calmann-levy.fr
VI
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
P h i l o s o p h i e
Pensée d’argile
Vient de
paraître
YVES LEMOINE
Crimes à Paris. Archives
de la cour d’assises
de la Seine
Michel de Maule,
250 pp., 22 ¤.
Une suite sans cesse
recommencée de
meurtres, de viols, de vols
et d’entôlages qui
exhume le terreau même
du Paris criminel du
XIXe siècle, tel que l’ont
conservé les archives de
justice. L’auteur est
magistrat et historien.
Pour Catherine Malabou, plasticité n’est pas flexibilité.
De Heidegger aux neurosciences.
R O B E RT M I S R A H I
100 mots pour construire
son bonheur
Les Empêcheurs de penser
en rond, 444 pp., 18 ¤.
D’Accomplissement à
Voyage, en passant
parDésir, Schopenhauer,
Fête, Spinoza ou
Jouissance: un lexique
qui permet à Robert
Misrahi d’explorer
encore d’autres facettes
du bonheur, son thème
de prédilection, l’art
parlequel chacun peut
arriver à s’inventer
lui-même, «se réjouir
d’exister et d’être libre».
FREDERIC STUCIN
MARIEGENEVIÈVE
P I N S A RT
Jonas et la liberté
Vrin, 334 pp., 32 ¤.
La pensée de Hans Jonas
(1903-1993) est en
général étudiée selon les
étapes de son élaboration
(religion gnostique,
philosophie de la vie,
bioéthique). Ici, MarieGeneviève Pinsart tente
de la saisir «entière»,
dans sa fondamentale
unité, en en tissant toutes
les dimensions,
théologiques,
ontologiques, éthiques et
politiques. L’auteur vient
aussi de diriger Genre et
bioéthique(Vrin, 188 pp.,
14,50 ¤).
Catherine Malabou à Paris, avril 2004.
CAT H E R I N E M A L A B O U
Que faire de notre cerveau?Bayard, 170 pp., 13 ¤.
Le Change Heidegger, Léo Scheer, 426 pp., 17 ¤.
S
i on l’a aperçue, la première fois, c’était
dans une contre-allée. Elle suivait, ou
précédait, Jacques Derrida, esquissant
avec lui une métaphysique du voyage.
C’était en 1999 (1). Elle avait déjà arpenté d’autres terres, notamment le
pays de Hegel (2), que Derrida n’a jamais déserté. Depuis, Catherine Malabou, sans couper l’amarre avec celui qui a été son diLIONEL
recteur de thèse, est allée son chemin, et il n’est pas
F R O I S S A RT
malaisé de prévoir – même si en philosophie la vaAyrton Senna,
leur attend patiemment le nombre des années – qu’il
croisements d’une vie
Anne Carrière, 470 pp., 20 ¤. la conduira loin. Après le Change Heidegger, elle publie aujourd’hui Que faire de notre cerveau?
Magique, mystique,
Le premier est d’artillerie lourde, ou de guerre de poprofessionnel, rêveur,
sition. Le second d’arme légère, ou de guerre éclair.
calculateur, doux, dur,
Que faire de notre cerveau? thésaurise en effet des
artiste: les adjectifs
connaissances acquises dans le domaine des neules plus contradictoires
rosciences, par Jean-Pierre Changeux ou Marc
ont servi à cerner
Jeannerod, par exemple, pour montrer comment la
les multiples parts de
notion de plasticité, essentielle à l’étude du foncvérité du légendaire
tionnement cérébral, peut être idéologipilote brésilien, mort
quement utilisée pour justifier celle, plus
tragiquement il y a juste
vague mais plus facilement exploitable du
dix ans. Journaliste à
Libération, spécialiste de point de vue politique et social, de flexibilité, et, par là, surdéterminer «les noula Formule 1, Lionel
velles modalités de façonnement de soi».
Froissart croise ici les
Le concept de plasticité qu’exploite Catémoignages pour faire
un dernier tour fascinant therine Malabou(3), et qui est déjà comme le «label» de sa pensée, est ici essend’Ayrton Senna.
tiel. Il désigne «à la fois la capacité de recevoir la forme (l’argile, la terre glaise, par exemple, sont dites
“plastiques”) et la capacité de donner la forme (comme dans les arts ou la chirurgie plastiques)», sinon,
comme l’indiquent «plastiquage» ou «plastiquer»,
une force explosive, «la capacité d’anéantir la forme
qu’elle est susceptible de recevoir ou de créer» – alors
que la flexibilité n’est que passive, ne fait que recevoir
la forme ou le pli, s’adapte docilement aux mutations.
Nul doute que le cerveau soit flexible, et qu’il s’ajuste, supporte ce qui lui arrive. D’une certaine façon,
l’adaptation est la vertu même de l’être vivant, qui
s’autotransforme pour s’accommoder aux transformations de son milieu ou aux événements qui le
«blessent». Mais il est capital de valoriser aussi sa
plasticité (plasticité nerveuse, plasticité neuronale,
plasticité des synapses…), car c’est elle qui fait du cerveau, certes «informé», un «formateur», un ouvrier
actif, une œuvre, une histoire, une liberté gagnée sur
le déterminisme biologique, une chirurgie plastique
ou une sculpture de soi, une forme de «résilience»
comme dirait Boris Cyrulnik, une formation d’identité, non «pacifique», mais contradictoire, «synthèse
de mémoire et d’oubli, de constitution et d’effacement
des formes».
Il suffit de traduire en termes politiques
ce qu’autorise l’usage fréquent en ce domaine de la métaphore du «cerveau» –
pour saisir le sens de la critique de Malabou. Substituer de façon plus ou moins
consciente la flexibilité à la plasticité,
comme le fait une certaine «idéologie neuronale», c’est donner du cerveau humain
Le «change
Heidegger»,
comme on dit
le «compteur
Geiger»?
une image parfaitement adéquate aux réquisits du capitalisme, lequel célèbre en effet le
«triomphe de la flexibilité», parce qu’il voudrait que fût sacré «le règne d’individus obéissants qui n’ont de mérite qu’à savoir baisser la
tête avec le sourire». Que faire de notre cerveau? Eh bien, aller vers un «altermondialisme biologique», «refuser d’être les individus
flexibles qui conjuguent contrôle de soi permanent et capacité de se modifier au gré des
flux, des transferts, des échanges par peur de
l’explosion».
Le Change Heidegger, paru précédemment,
est de plus longue haleine, strictement et
techniquement philosophique. De prime
abord, on ne le dirait pas écrit par la même
personne, qui ici parle allemand et lit les
textes avec une minutie toute derridienne.
Le titre est génial, parce que, retourné mille
fois, il reste indécidable. Le «change Heidegger», comme on dit le «compteur Geiger»?
Ce qui change, ce que change Heidegger? Ce
à quoi Heidegger donne le change? Ce qui
change avec, après Heidegger? Quel est le
statut du «change (ment)» chez Heidegger?
Ou ce qu’il faut changer pour saisir ce que
changer veut dire? Il est évidemment dans la
pensée du philosophe allemand des concepts
techniques qui disent le changement comme
devenir (Änderung, Veränderung, Werden)
ou passage à une «autre pensée» («tournant», Kehre, relais, saut). Heidegger utilise
aussi les notions voisines de changement
(Wandlungen), de transformation (Wandlungen) et de métamorphose (Verwandlungen), mais, pourrait-on dire, sans en faire cas.
Or, pour Catherine Malabou, cette «triade»,
qu’elle abrège en WWV, et dont nul n’avait encore remarqué la puissance heuristique, est
d’une importance décisive, constitue une
«machine de change», par quoi on peut travailler aussi bien «la métamorphose de l’homme en son Dasein», que «la mutation du rapport à l’être», «la destruction de la métaphysique et la
métamorphose de la philosophie», «la transformation
de la parole» ou «la métamorphose des dieux», et donc
se révèle être «l’agent secret de la philosophie heideggerienne, qui soutient et guide clandestinement le destin de l’essentiel».
On laissera évidemment découvrir «toutes les surprises que réserve la pensée heideggerienne lorsqu’elle est lue comme une pensée de la mutation». Mais l’enjeu, ce n’est pas seulement Heidegger, qu’on risque
d’ailleurs de ne plus reconnaître. Le change Heideggerest d’une audace inouïe, précisément parce qu’en
se demandant ce que «changer» veut dire – qu’on
tente de l’imaginer, s’il s’agit du «dépassement de la
métaphysique», de la dialectique, de l’identité et de
la différence, de la «déconstruction», de la révolution, de la «fin de l’histoire», etc. – Catherine Malabou donne un autre sens à l’ontologie, dans laquelle
l’être n’est ni l’Un ni l’Autre, ni Mêmeté ni Différence, mais pure transformabilité, pure «puissance métaphorique et migratoire», plasticité donc, par quoi,
entre propriété et désappropriation, réception et
création de formes, «chaque chose, à commencer par
l’être lui-même, s’échange constamment avec soi». Finalement, les deux livres sont du même auteur.
ROBERT MAGGIORI
(1) «La Contre-Allée», par Jacques Derrida et
Catherine Malabou, La Quinzaine littéraire/Louis
Vuitton.
(2) «L’Avenir de Hegel – Plasticité, temporalité,
dialectique», Vrin 1995.
(3) Cf. «Plasticité», ouvrage collectif publié sous sa
direction chez Léo Scheer (2004).
VII
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
H i s t o i r e
/
E d i t i o n
G. DA G L I O RT I
plus puissants et plus riches
que les châteaux voisins, censés les protéger. Il arrive donc
couramment que des châtelains lorgnent sur des terres
ayant appartenu à leurs ancêtres, ou que les monastères
veuillent s’approprier celles
qu’un seigneur a du mal à garder dans le giron de sa famille,
à la suite de mariages, donations ou héritages. Anathèmes, jugement de Dieu,
miracles, mobilisation des reliques, affrontements entre
milices des uns et des autres
s’ensuivent, jusqu’à ce que les
parties trouvent un arrangement mettant un terme, pour
un temps, à l’inimitié.
On se tue peu au cours des
faides, rappelle Barthélemy,
car «dans cette société de vengeance, les hommes deviennent
vite des experts en l’art de ne pas
se venger et de ne pas perdre la
e
face». Beaucoup d’éléments
Duel de chevaliers. Fresque du XIII à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse).
poussent dans ce sens. D’un
côté, le fait que tous se
connaissent dans cette société
de voisins où les nobles n’appartiennent pas seulement au
même monde mais souvent à
la même famille. De l’autre, la
nature même de la faide qui
est à penser comme le début
d’une procédure aboutissant à
des arrangements et des dédommagements. Enfin, le
sang ne coule pas à flots parce
que tous en connaissent le
prix, et que le but de la faide est
Le sang coule peu et la vengeance confirme
justement de revenir à la paix
l’ordre social : le Moyen Age n’est pas
et non de déclencher une hostilité inexpiable. Ainsi, normala société violente que l’on croit.
lement, la faide va déboucher
nière très codée à la modération des ten- sur un duel, parfois même une ordalie, qui
D O M I N I Q U E B A RT H É L E M Y
Chevaliers et miracles. La violence et le sacré
tiendra lieu de jugement. Les parties désions et à la résolution de ses conflits.
dans la société féodale
Autant que féodale, la société médiévale a signent alors deux champions qui vont se
Armand Colin, 296 pp., 24 ¤.
été «faidale», selon Dominique Barthéle- battre au bâton, mains nues, rarement à
u’il n’y ait rien eu de parti- my, au sens où tout une série d’affronte- l’épée. On cherche rarement à gagner,
culier à signaler en l’an mil ments et de conflits qui caractérisent les mais on vise plutôt le match nul qui, ne
et même dans ses proches «guerres du dedans» de cette période peu- faisant perdre la face à personne, donne la
alentours, on commence vent grandement s’éclaircir si on intro- possibilité aux médiateurs qui suivront
juste à l’admettre avec duit dans l’histoire la notion, courante en de faire preuve de tous leurs talents.
Dominique Barthélemy, anthropologie, de faide. La faide n’est Le déroulement de l’ordalie judiciaire
contre l’avis non seule- autre que la vendetta, mais une vendetta n’est pas sans rappeler celui du duel, avec
ment de l’ancienne vulga- dont la fin n’est pas seulement de venger les représentants des deux camps qui
te millénariste mais même d’un auteur une offense, mais de porter atteinte aux vont subir l’épreuve du fer rouge ou de
important comme Georges Duby. Or de biens et terres d’autrui avec l’aide l’eau bouillante. Ici aussi le but n’est pas
Duby, Barthélemy a été le disciple et, un d’hommes de sa propre famille ou d’alliés de tenter Dieu ou le diable, mais de dégapeu comme lui, il n’hésite pas à bousculer qui seront rétribués avec une partie des ger l’espace des arrangements. Dès lors,
les acquis les mieux établis, fût-ce par ses terres et des biens récupérés. Si la ven- le fer et l’eau peuvent être plus ou moins
maîtres. Cela donne une histoire peu di- geance de sang est, disons, le cadre juri- chauds, et on se méfie des champions
plomatique et pleine d’entrain, qui avan- dique à l’intérieur duquel s’effectue ce trop endurants. Si l’ordalie, comme le
ce à visage découvert, prête à donner au- genre d’actions, elle n’est pas très meur- veut Peter Brown, apaise la communautant qu’à prendre des coups, pour le trière pour autant. La vengeance y est en té et la ressoude, elle ne va pas sans une
bénéfice d’une discipline parfois anémiée effet indirecte, et frappe plutôt les pay- montée des tensions, selon les procépar trop des démarches feutrées et le plus sans qui auront à supporter déprédations dures du «système faidal» que Barthélegrand bonheur du lecteur, captif d’un sty- et pillages théoriquement dirigés contre my met à jour. Prise entre des codes qui
l’excitent autant qu’ils la réduisent, la viole énergique et parlant. D’ailleurs, tous les leurs seigneurs.
médiévistes travaillent sur les mêmes La faide chevaleresque n’est en rien ex- lence est socialement maîtrisée, beausources, documents, témoignages, et si on ceptionnelle, mais une pratique sociale coup plus que ne le prétendent les histoveut leur faire dire quelque chose d’inédit, régulière, qui, loin de mettre en cause riens travaillant à justifier le rôle
c’est souvent contre leurs propres col- l’ordre social, le confirme. L’Eglise tente pacificateur de la royauté, de l’Etat molègues. Aussi Barthélemy, dans les essais d’en condamner les excès mais pour derne naissant ou de la religion. Néanqui composent Chevaliers et miracles, mieux la légitimer, revendiquant en pas- moins, il est vrai que le XIIe siècle voit approlonge-t-il la Mutation de l’an mil a-t-el- sant un rôle d’arbitre. Toutefois, il n’est paraître le tournoi comme substitut et
le eu lieu? (1997) et l’An mil et la paix de pas simple de rester neutre,
prolongement de la faide cheDieu (1999), deux ouvrages de référence parce qu’évêques et abbés isvaleresque. Dès lors la violenparus chez Fayard. Il s’agit encore de sus de cette même noblesse en
ce des nobles s’exercera plutôt
montrer non seulement que la société partagent la vision du monde,
dans les guerres du dehorsque
féodale a été beaucoup moins violente et surtout parce qu’euxdans les vengeances du deque ce que l’on a dit mais que certaines mêmes initient ou subissent
dans, sans que la condition des
pratiques comme la vengeance, le duel ou des faides au nom et pour le
faibles ne s’améliore.
l’ordalie, loin d’exprimer les désordres et compte de l’Eglise. NotamJEAN-BAPTISTE
le chaos d’une société, participent de ma- ment les monastères, parfois
MARONGIU
D’épée
et de paix
Vargas au secours de Battisti
xcédée par l’animosité des débats et pour rétablir quelques
faits, Fred Vargas vient d’achever la Vérité sur Cesare
Battisti, un livre de documents et de textes (150 pages,
Viviane Hamy), dont la mise en vente est prévue le 21mai. La
séance de la chambre d’accusation qui devra statuer sur la
demande d’extradition présentée par l’Italie à l’encontre de
l’ancien militant de la lutte armée se tient le 12mai. Prêt le 6mai,
l’ouvrage pourra être distribué aux journalistes, politiques,
avocats, etc., avantcette date. Fred Vargas, dont Sous les Vents de
Neptuneconnaît un franc succès, souhaite que la Vérité sur
Cesare Battistisoit largement distribuée et en appelle aux
bonnes volontés des libraires, lecteurs, bibliothécaires.
E
[email protected]
Les plumes et le Serpent
acheté par les éditions du Rocher, le Serpent à plumes a
changé d’équipe: Nathalie Kovacevicz s’occupe
del’administration et Christian Seranot est directeur
littéraire. «D’origine antillaise, Christian Seranot, qui
participeà l’émission Prismes sur RFO, connaît bien les
auteurs du Serpent à plumes», assure Jean-Paul Bertrand, le
patron du Rocher, responsable de ces nominations. Il affirme
que «seuls quelques-uns des auteurs se sont inquiétés de la
cession, alors qu’on les prétend tous mobilisés contre. Nous les
avons rassurés». Pour ce qui est de Pierre Astier (exdirecteur/fondateur duSerpent) et de Pierre Bisiou (exdirecteur de la collection «Motifs»), «je devais les reprendre,
mais ils n’ont pasvoulu venirtravailler et, au bout de 20 jours,
j’ai donc dû les licencier», dit Jean-Paul Bertrand.Les
intéressés soutiennent quesespropositions de contrats les
déclassaient et ontsaisi lesprud’hommes. L’équipe sortante
s’est aussi retournée contre Nicolas Philippe, le précédent
propriétaire (qui devait recaser les autres salariés). Enfin,
forts du soutien de «leurs» auteurs etd’une liste de
1400 signatures, ils ont créé une association, Les amis du
Serpent à plumes. Le bureau est constitué de Abdourahman
Waberi, Eloise Brésault et Sabine Euverte. Un lien est en
cours de création sur le Net(1). Jean-Paul Bertrand se dit
déterminé à les attaquer pour plagiat.
A.-D. B
R
(1) http://lesplumesduserpent.free.fr
Graham
Swift
Q
roman
traduit de l’anglais par Robert Davreu
© Photo : J. Sassier - Editions Gallimard - 572 206 753 RCS Paris B.
On cherche
rarement
à gagner, mais
on vise plutôt
le match nul.
La lumière
du jour
Graham Swift parvient à donner à une langue simple
et dépouillée une puissance incantatoire qui explore
la mémoire, le deuil, l’amour et la perte.
GALLIMARD
VIII
LIBERATION
J E U D I 2 2 AV R I L 2 0 0 4
E n f a n t s
Les Grimm
parfaits
Contes de Grimm, volumeII. Illustré par
N I KO L A U S H E I D E L B A C H
Seuil, 336 pp., 30 ¤.
L
’éclectique collection de contes
des éditions du Seuil voyageait
déjà de l’Asie au Mississippi, d’Italo Calvino à Henri Gougaud.
Avec ce double volume (dont la
première partie est parue en octobre), elle nous emmène en Allemagne retrouver deux frères
que nous croyons connaître sur le bout des
doigts, et un auteur-illustrateur pour les enfants
qui nous avait enchanté avec Que font les petits
garçons? Un album ovni, hors des modes et du
temps (paru en 2000 chez le même éditeur).
«Au départ je ne voulais pas illustrer Grimm,
c’est très comique, raconte Nikolaus
Heidelbach, rencontré à Paris, dans un français
courant rythmé de silences. Mais, dans le cadre
d’un travail collectif, mon éditeur m’a demandé
deux ou trois images que j’ai réalisées avec beaucoup de plaisir. Ensuite, il m’a annoncé que tous
les autres, très occupés, se retiraient du projet et
qu’il ne restait que moi pour le mener à bien.»
Deux ans plus tard (dont trois mois consacrés à
la lecture des textes dans leurs différentes versions), paraissait, il y a neuf ans, en Allemagne
ce recueil de 220 contes choisis par l’illustrateur. Soit le Petit Poucet et autres Chaperon rouge, «vous savez bien qu’on ne pouvait pas les éviter», et d’autres moins connus comme l’Argent
du ciel ou la Clef d’orqu’il s’est plu à dénicher.
Pour les premiers, si souvent et depuis si longtemps représentés, il a rusé, comme les héros
des contes, les dessinant souvent de dos. Sa façon à lui de déjouer une imagination collective
imbibée de Disney. Pour les deuxièmes, il a
cherché à créer des images, bien sûr nouvelles,
mais dans les deux cas, au plus près de l’univers
évoqué. Heidelbach n’a pas souhaité greffer des
éléments modernistes, ni recherché la radicalité. Quand nécessaire, il a emprunté à Vermeer, Maurice Sendack ou Tomi Ungerer, mais
l’objectif était de correspondre aux Grimm.
«C’est prétentieux et je ne sais pas si j’ai réussi
mais c’est ce que j’ai essayé de faire.»
Les contes ne sont donc pas traités séparément. L’illustration a pour rôle de restituer un
tout. Ainsi, durant ces deux années éreintantes,
le dessinateur, immergé dans les couches profondes du monde grimmesque, a-t-il fait surgir
avec parcimonie de son chapeau géants, nains,
princes, princesses, sorcières et vilains… de rigueur. «Un ou deux par type, pas plus. J’espère
que le lecteur mémorisera le géant précédent, et
je me consacre alors à un autre personnage et
ainsi de suite…»
Les cheveux, les poils, les tissus sont travaillés
à l’extrême: le réalisme était-il obligatoire?
«Dessiner des costumes ou des intérieurs
d’époque m’ennuie terriblement. Mes compositions sont de bric et de broc, un chapeau d’infirmière anglaise par-ci, un tablier de bonne danoise par-là, un poêle de Berlin, un fauteuil
contemporain et le décor est posé. Il y a en allemand un terme qui signifie quelque chose comme “l’objet déplacé”, je crois que cette notion est
très présente dans l’art du XXe siècle. On utilise
des éléments réalistes que l’on transforme, comme le journal dans les images de Picasso, et l’on
crée son réalisme à soi.»
Ses dessins accrochés au mur, chez lui, il vérifie
auprès de ses proches, notamment de son fils
de six ans à l’époque. Si celui-ci reconnaît une
grenouille, un lit, la princesse qui est dedans, les
images sont alors validées.
Si le monde d’Andersen qu’il illustre en ce moment est satirique, celui des Grimm est souvent
inquiétant et cruel. Comment en rendre comp-
N I KO L A AU S H E I D E L B A C H . S E U I L
Nikolaus Heidelbach ne tenait à pas illustrer
les Contes. Et pourtant...
te dans ce registre figuratif auprès des jeunes
lecteurs? «Mon éditeur qui connaît bien les
contes et me connaît également craignait que je
fasse des massacres toutes les deux pages.»En
fait, les images inquiètent parce qu’elles en savent plus long que nous. Le dessin sous-traite
l’information. L’horreur, le macabre, les bouts
de corps ou les crânes de mort, attendent hors
cadre ou cachés dans un placard sous notre nez.
Lisse comme une eau trop tranquille, l’illustra-
tion renvoie à l’inquiétude qui plane dans de
nombreux récits. Le manque de résolution de
l’une renvoyant aux fins ouvertes des autres, et
donc à nos tourments. «Dans l’Homme-de-fer,
je montre un chien assez tranquille mais, si on a
lu le conte, on sait que ç’en est fini de lui la seconde d’après, il sera englouti dans l’étang à jamais.
J’ai choisi l’illustration d’avant la virgule; j’aime
travailler comme ça.»
CORINNE JULVE
Etre transparent
Objets vivants
Un amour de Japon
euille de Verre raconte l’histoire
d’un garçon si maigre qu’on peut
voir à travers son corps.
Arrivé clandestinement à Tanger, «la
ville blanche qui n’a rien de blanc»,
il parvient à se débrouiller dans toutes
les situations, sauf quand il doit
exprimer ses pensées ou ses émotions
les plus fortes. Il ne sait ni lire ni écrire.
Recueilli par une vieille Espagnole
qui se fait assassiner, il est soupçonné,
arrêté, puis relâché, il devient presseur d’oranges, vendeur
de journaux, docker, marchand de cigarettes et garçon à tout
faire sur le tournage d’un film, et rencontre une série
de personnages aux noms étranges: le Monstre Bicéphale,
gardien du Club Med qui a vraiment deux têtes, ou encore
le Bègue, jusqu’à ce qu’un journaliste arrive et lui propose
d’écrire l’histoire de sa vie.
Dans ce récit aussi dépaysant qu’émouvant, l’écrivain
marocain Kebir M.Ammi, qui écrit aussi pour
le théâtre, développe les thèmes de la solitude et de la pauvreté
dans une écriture à la fois humoristique et poétique.
n nous parle d’un tabouret
amoureux d’une chaise qui elle
préférait l’escabeau, lequel
n’étaitpas insensible au charme d’une
échelle qui de son côté en pinçait
pourun ascenseur. Des amours un brin
décalées comme il en arrive parfois.
Onnous parle aussi de boîtes aux lettres
lettrivores, au bord de la crise de foie,
trop de factures, pas assez de mots
doux. Ou de Monsieur Lucien, si fier d’arborer sa décoration
de «Salsifis émancipé»qu’il en oublie d’enfiler son pantalon
lorsqu’il sort, dès l’aurore, parader dans les rues. Ou encore
d’une très laide dame derrière un très bel éventail; d’une
coccinelle si volage qu’elle en perd ses points noirs; d’un chat
végétarien… Prévert, Desnos, Queneau ne sont pas loin mais
nous sommes chez Pierre Louki. Sa musique particulière se
note en hirondelles posées sur fils électrifiés. Une partition de
saison. Pour accompagner ses textes, les sobres images à
l’encre de Yak Rivais. En cas de morosité, prescrire ces poèmes
et d’autres de la collection sur papier ivoire à raison de deux ou
trois, une demi-heure avant chaque repas.
errière son paravent, Sei Shonagon
écoute les confidences de riches
Japonais. Ils ne la connaissent que
par sa voix et par son parfum. Ces
confessions font revivre en elle un passé
déchiré entre deux cultures, occidentale
et orientale. Rapatriée au Japon après
lamort de son père d’origine américaine
et ramenée chez son oncle, un
conservateur qui veut faire d’elle une
enfant de la bonne société japonaise,
elletrouvera recours dans le dessin et les légendes orientales.
Ses souvenirs sont mêlés aux récits de ses clients qui voient
l’archipel sous des angles différents. Le véritable Japon est dans
le quotidien, le passé de cette femme, et l’histoire d’amour
qu’elleconnaît alors. Elle lui donne ce qui lui a manqué pendant
toute son enfance: «Il vint d’abord à moi comme au sortir
d’unjardin. C’est ce dont nous parlions, au début. Le mystère de
leur influence (les jardins), le fait d’en emporter avec soi
lorsqu’on voyage sans cesse, jusqu’à ce qu’on puisse de nouveau
mettre à plat ses idées et son désir d’espace, ici ou ailleurs, y
pénétrer et s’y retrouver, dans un calme parfait.»
P I E R R E L O U K I , YA K R I VA I S
Les Boîtes aux lettres
Editions du Rocher «Lo Païs d’enfance», non paginé, 9,95 ¤ (à partir de 6 ans).
DR
LAURIE FOURCADE
O
DR
F
JA N B L E N S D O R F
On m’appelle Sei Shonagone
Traduit de l’anglais par Marie Boudewyn. Calmann-Lévy, 226 pp., 13 ¤.
C.J.
D
DR
KEBIR M. AMMI
Feuille de verre
Gallimard Jeunesse, 115 pp., 8 ¤.
SOPHIE MEURET

Documents pareils