Réponses de Nicolas Dupont-Aignan

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Réponses de Nicolas Dupont-Aignan
Présidentielle 2012 : Vos propositions pour l’industrie - Nicolas Dupont-Aignan
1. L’industrie est-elle une de vos priorités ? Pourquoi ?
La priorité de mon projet présidentiel est l’emploi. Or, seule la réindustrialisation de la France est
en mesure de créer des emplois nombreux, durables et bien rémunérés. Mon objectif principal
est de relocaliser en cinq ans le million d’emplois industriels que nous avons perdu au cours des
dix dernières années. Cela suppose aussi la reconstitution d'un tissu de PME / PMI fortes, la
renaissance de vocations entrepreneuriales qui ont fait et font encore la puissance industrielle
française, assises sur un capitalisme familial et des inventeurs, bref cela implique également la
pleine mobilisation des forces vives de la Nation, que l'on n'a cessé de décourager depuis des
décennies.
En outre, une nation ne peut vivre exclusivement de services. L’économie de l’avenir est
industrielle : 85% de la recherche et du développement sont issus des entreprises industrielles,
sans compter que de nombreuses activités répertoriées dans le secteur tertiaire ne sont en
réalité que des activités sous-traitantes de l'industrie, autrefois internalisées par cette dernière.
La France ne peut donc parler d’une voix forte et indépendante dans le monde d’aujourd’hui et
de demain que si elle dispose d’une industrie puissante et innovante.
2. Quels sont, selon vous, les atouts et les faiblesses de l’industrie en France ?
Depuis la 1945, la France s’est construit un réseau de champions industriels soutenus par l’Etat,
notamment sous la présidence du général de Gaulle. Les réussites technologiques et industrielles
de cette époque (EDF et le nucléaire, Airbus, Ariane Espace, TGV,…) nous permettent de
conserver aujourd’hui quelques filières d’excellence. De même, la qualité de nos écoles
d’ingénieurs et de nos laboratoires de recherche, bien que désertés par les étudiants et
dépourvus de moyens dignes de ce nom, soutient à bout de bras ce qu’il reste de notre industrie
en obtenant des Prix Nobel et des médailles Fields.
Mais ces atouts se réduisent chaque jour. Chaque délocalisation est une perte de savoir-faire
national. Chaque jour qui passe voit nos filières d’excellence concurrencées davantage par les
pays émergents et en particulier par la Chine (avions, trains à grande vitesse,…).
Et pour cause, les trois principales faiblesses de l’industrie française ont été négligées par les
gouvernements successifs : la perte de compétitivité à l’export en raison de la surévaluation
chronique de l’euro, l’ abandon de nos entreprises à la concurrence déloyale du reste du monde
et l’insuffisance de la politique de soutien à l’innovation. En s’abstenant de traiter ces trois
faiblesses, l’UMP et le PS ont donc rendu impossible l’émergence d’un tissu de petites et
moyennes industries innovantes et exportatrices, sans pour autant protéger nos champions
nationaux.
3. A votre avis, faut-il mettre en œuvre une politique spécifique pour les entreprises du
secteur industriel ? Si oui, pourquoi et quels en seraient les axes clés ?
Une politique industrielle volontariste est indispensable et doit même être placée au cœur de la
politique économique du gouvernement. Je propose d’articuler cette politique industrielle
autour de trois axes :

Le remplacement de l’euro par une monnaie commune. Le nouvel euro-franc que je
préconise ne sera plus surévalué de 20%, ce qui favorisera la compétitivité de nos industries
à l’export, notamment vis-à-vis des entreprises allemandes.

L’instauration d’un protectionnisme sélectif pour rétablir la loyauté de la concurrence avec
les pays émergents, dont les travailleurs sont les esclaves des temps modernes. Des droits de
douanes et des quotas compenseront les écarts salariaux et environnementaux. Sur le plan
intérieur, une grande loi sur la Patriotisme économique contraindra les administrations à
acheter des biens produits en France, divisera par deux l’impôt sur les sociétés des
entreprises réinvestissant leurs bénéfices en France et conditionnera les aides publiques aux
entreprises à leur maintien en France.

L’investissement massif dans la recherche et le développement. Je m’engage à atteindre en 5
ans l’objectif de 3% du PIB consacré à la R&D. Pour ce faire, je propose de recréer un
Commissariat au Plan qui définira les filières technologiques à développer en priorité et
concentrera les moyens humains et financiers, avec l’aide la Caisse des dépôts et
consignations, sur des pôles de compétitivité identifiés. Sur ces pôles, la condition des
chercheurs sera sensiblement revalorisée et l’Etat veillera à l'association étroite des
différents acteurs de la chaîne d’innovation (laboratoires publics et privés, producteurs et
commerciaux).
4. Parmi les dispositifs suivants, existants en France ou à créer, quels sont ceux que vous
souhaitez préserver ou développer ? (précisions bienvenues en commentaire)
[ ] Allègement du coût du travail
[ ] Conférence nationale de l’industrie
[ ] Construction de champions nationaux d’envergure mondiale
[ ] Crédit impôt recherche
[ ] Fonds stratégique d’investissement
[ ] Investissements d’avenir
[ ] Pôles de compétitivité
[ ] Quotas d’achat réservés aux petites et moyennes entreprises dans les commandes publiques
[ ] Réduction d’impôts (ISF, IR, IS ou droits de succession) pour l’investissement dans des
entreprises (jeunes, innovantes, en croissance, non cotées, etc.)
[ ] Soutien à la croissance des entreprises petites et moyennes (OSEO, …)
[ ] Soutien aux filières émergentes
[ ] Autre :
[ ] Autre :
[ ] Autre :
Commentaires :
Parmi vos propositions, deux catégories n’ont pas été évoquées dans mon développement
précédent : les mesures fiscales et le soutien aux PMI.
En ce qui concerne la fiscalité, il est nécessaire de réduire les charges sociales des entreprises en
faisant davantage contribuer les importations et le capital improductif à la protection sociale. En
outre, je diviserai par deux l’impôt sur les sociétés des entreprises réinvestissant leurs bénéfices
en France.
En ce qui concerne les PMI, le Fonds stratégique d’investissement – que je maintiendrai et, au
besoin, développerai – sera réorienté en priorité vers le financement des structures innovantes
et à haute valeur ajoutée. Je ferai également voter une loi de Promotion des Petites Entreprises
qui simplifiera leurs démarches administratives, leur réservera une part des marchés publics et
orientera l’épargne vers leur financement par le biais d’avantages fiscaux.
Parmi ces mêmes dispositifs, quels sont, selon vous, ceux qui devraient être réduits,
reconfigurés ou supprimés? (précisions bienvenues en commentaire)
[ ]l Allègement du coût du travail
[ ]l Conférence nationale de l’industrie
[ ]l Construction de champions nationaux d’envergure mondiale
[ ]l Crédit impôt recherche
[ ]l Fonds stratégique d’investissement
[ ]l Investissements d’avenir
[ ]l Pôles de compétitivité
[ ]l Quotas d’achat réservés aux petites et moyennes entreprises dans les commandes publiques
[ ]l Réduction d’impôts (ISF, IR, IS ou droits de succession) pour l’investissement dans des
entreprises (jeunes, innovantes, en croissance, non cotées, etc.)
[ ]l Soutien à la croissance des entreprises petites et moyennes (OSEO, …)
[ ]l Soutien aux filières émergentes
[ ]l Autre :
[ ]l Autre :
[ ]l Autre :
Commentaire :
Le crédit impôt recherche se révèle être une mesure efficace et plébiscitée par les entreprises.
Toutefois, il convient de veiller à éviter tout effet d’aubaine qui pénaliserait durablement les
finances publiques – le CIR coûte déjà plus de 5 milliards d’euros – notamment en s’assurant qu’il
bénéficie bien directement aux investissements innovants et n’est pas détourné à des fins
d’optimisation fiscale.
5. Quel est pour vous le « mix énergétique » vers lequel doit tendre la France, à court et long
terme ? Comment voyez-vous l’impact de ces choix sur l’industrie et sur l’emploi ?
A court terme, l’énergie nucléaire et irremplaçable. S’il est nécessaire de fermer les centrales
vétustes ou situées en zone sismique (ex. Fessenheim), il est tout aussi indispensable de
développer les réacteurs de troisième génération et de renouveler le soutien de l’Etat au projet
ITER (fusion). Le nucléaire garantit en effet à la fois notre indépendance énergétique et des prix
abordables pour l’ensemble des Français, ménages et entreprises.
Il est d’autant plus nécessaire de préserver cette source d’énergie qui produit 80% de l’électricité
consommée en France que la relocalisation massive d’activités industrielles que je propose
nécessitera un important approvisionnement.
A long terme, un rééquilibrage des sources d’énergie doit toutefois être envisagé, notamment
afin de faire face à l’épuisement des réserves d’uranium. La politique industrielle que je propose
d’alimenter initialement à l’énergie nucléaire permettra une valorisation et une production
accélérée des technologies propres. Elle contribuera dès lors par elle-même à la diversification
des sources d’énergie par le biais des diverses énergies renouvelables (solaire, éolien,
biomasse,…).
6. Au regard de la compétitivité de l’industrie, vous paraît-il nécessaire de baisser le coût du
travail en France ? Si oui, que proposez-vous pour obtenir ce résultat ?
Le financement de la protection sociale repose trop sur les cotisations sociales qui pénalisent la
compétitivité de notre industrie. Je propose donc de réduire la charge fiscale qui pèse sur le
travail :

En alignant la fiscalité sur le capital et la fiscalité sur le travail.

En mettant à contribution les importations.
En ce qui concerne les petites industries naissantes, je propose d’exonérer de charges pendant
cinq ans toutes les TPE qui embaucheront un chômeur de longue durée.
Toutefois, la baisse du coût du travail ne saurait se substituer à la baisse du cours de la monnaie
et à l’instauration d’un protectionnisme sélectif. Il est en effet inenvisageable d’aligner le coût du
travailleur français sur celui du travailleur roumain ou chinois. La reconfiguration du financement
de la protection sociale que je propose a pour seule vocation d’améliorer notre compétitivité par
rapport aux autres pays développés.
7. Faut-il sanctionner les entreprises qui délocalisent dans des pays étrangers? Si oui,
comment ?
Je propose non pas de sanctionner les entreprises qui délocalisent mais de faire en sorte que la
délocalisation coûte plus cher que la production en France. Pour ce faire, cinq mesures
m’apparaissent principalement nécessaires :

La sortie de l’euro qui fera baisser la parité de notre monnaie et améliorera les termes de
l’échange pour les entreprises produisant en France.

L’instauration d’un protectionnisme sélectif qui rétablira la loyauté de la concurrence avec
les pays émergents.

La réduction de moitié de l’impôt sur les sociétés des entreprises réinvestissant leurs
bénéfices en France.

La suppression des avantages fiscaux des grandes entreprises qui, pour la plupart, réduisent
leur production en France.

Enfin, pour combattre l’évasion fiscale, l’instauration d’un impôt sur la nationalité comme il
en existe aux Etats-Unis. Tout citoyen français, où qu’il réside, devra s’acquitter d’un impôt et
ne pourra accéder au territoire national s’il s’y refuse.
8. Faut-il inciter les entreprises à localiser leur outil de production en France ? Si oui,
comment ?
L’incitation à la relocalisation de l’outil de protection doit être au cœur de la politique
industrielle. Tout mon projet économique est mu par cette conviction, ainsi que je l’ai développé
plus haut. Deux mesures sont peut-être particulièrement emblématiques de ce point de vue :
l’instauration d’un protectionnisme sélectif afin de rétablir la loyauté de la concurrence mondiale
et la réduction de moitié de l’impôt sur les sociétés des entreprises qui réinvestissent leurs
bénéfices en France.
9. Un certain protectionnisme est-il souhaitable face à la concurrence des pays émergents ? Si
oui, à quelle échelle (française / européenne) et sous quelle forme? Serait-il compatible
avec nos engagements internationaux (Union européenne, OMC) ?
Un protectionnisme sélectif, fondé sur des quotas et des droits de douanes déterminés sur des
critères sociaux et environnementaux, est indispensable pour rétablir la loyauté de la
concurrence avec les pays émergents. Maurice Allais, seul prix Nobel d’économie français et
grand théoricien de l’efficacité des marchés, a montré que les déséquilibres du marché mondial
provenaient en partie de l’absence de protectionnisme dans les pays développés !
Si le protectionnisme sélectif constituerait une belle opportunité de relance de l’Europe des
nations et des projets, que je ne manquerai pas de proposer à nos partenaires, je suis tout à fait
disposé, en l’absence d’accord, à instaurer un protectionnisme national ciblé.
Le protectionnisme sélectif, européen comme national, risque de contrevenir aux règles de
l’Union européenne et de l’OMC. Néanmoins, cela ne constitue aucunement un obstacle car je
propose la suppression des institutions européennes supranationales et antidémocratiques
(Commission, Cour de justice) dont le zèle dans la libéralisation de l’industrie européenne a
conduit celle-ci à sa perte. En outre, les règles de l’OMC prévoient la possibilité d’instaurer un
protectionnisme national sélectif dans certains cas dérogatoires. Les Etats-Unis, la Chine, le Brésil
et l’Argentine y ont par exemple recours sans être pour autant sanctionnés.
10. Souhaitez-vous promouvoir une politique industrielle commune au niveau de l’Union
européenne ? Si oui, comment ?
L’échelle européenne est pertinente pour lancer des projets de coopération industrielle à la
carte, entre les nations. Airbus et Ariane Espace en sont les meilleurs exemples. On peut donc
envisager la création d'agences européennes de coopération, projet par projet, pour faciliter le
développement de ces chantiers inter-étatiques.
Car seule la volonté de nations souveraines de coopérer au niveau intergouvernemental peut
assurer la réussite des projets scientifiques et industriels. En outre, les différences de structures
économiques entre les différents Etats-membres de l’Union européenne, y compris entre la
France et l’Allemagne, ôtent toute pertinence à une politique industrielle unique au niveau
européen : chaque nation doit aider en priorité les secteurs industriels dans lesquels elle dispose
du meilleurs savoir-faire et des avantages les plus compétitifs.
11. Quelles mesures proposez-vous, éventuellement, pour inciter les jeunes à travailler dans
l’industrie ?
Les jeunes Français peu qualifiés ne fuient pas l’industrie ; c’est l’industrie qui fuit la France. La
relocalisation massive d’activités industrielles sur notre territoire, induite par la politique
industrielle que je propose de mettre en œuvre, attirera nombre de jeunes chômeurs, qui
trouveront ainsi des emplois stables et correctement payés, et revalorisera mécaniquement les
filières professionnelles et l’alternance, que je propose de rendre accessibles dès la classe de
4ème.
En ce qui concerne les jeunes ingénieurs, dont beaucoup sont aujourd’hui plus attirés par les
profits de la finance que par de l’aventure l’industrie, ils réviseront assurément leur jugement
lorsque mon gouvernement aura, d’une part, strictement encadré les activités financières et,
d’autre part, considérablement redynamisé les activités industrielles.
12. En conclusion, si vous deviez résumer votre vision de l’industrie en France à l’horizon 2017,
quelles seraient ses caractéristiques ?
A l’horizon 2017, l’industrie sera redevenue le secteur le plus dynamique de l’économie
française. Soutenue par l’Etat sans en être dépendante, elle concentrera l’essentiel des créations
d’emplois et des innovations.
Elle se développera à partir de pôles identifiés et bénéficiant d’une concentration des moyens
publics et privés, qui constitueront une pépinière de PME investissant dans les filières
technologiques d’avenir (économie verte, nanotechnologies,…). Celles-ci sont une occasion
idéale pour enrichir le tissu industriel français en structures de taille intermédiaire.
Dès lors, l’industrie retrouvera une attractivité qui incitera les lycéens professionnels et
techniques ainsi que les étudiants à réinvestir les filières scientifiques, modifiant ainsi le visage
de l’enseignement français.
De manière générale, la politique industrielle prioritaire et volontariste conduite par mon
gouvernement instillera dans la société le sens de l’entreprise et de l’innovation, condition
nécessaire à la soumission de la finance aux besoins de l’économie réelle, au redressement
national et au rayonnement de la France dans le monde.