incipits étape 3 / Le jouet CH 2

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incipits étape 3 / Le jouet CH 2
annec
incipits étape 3 / Le jouet
CH 2
Publié sur Scribay le 12/05/2016
incipits étape 3 / Le jouet CH 2
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En réponse au défi de Jonas incipit 3 ch 3 VOICI la présentation du père...
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COLIN
Pour Colin, un couple uni pour former une famille avait représenté durant toute son
enfance une image abstraite et idéalisée. Son père Edgar était parti vivre d’autres
amours avec Jeanne, alors que laisser la mère de Colin était enceinte de lui. Seule,
celle-ci soutenue par sa nombreuse fratrie avait dû élever ses deux enfants et
traverser les évènements d’Algérie pour revenir en France. Reparti de rien, Colin
avait misé sur son avenir avec des études en s’orientant vers celles de droit à la
faculté d’Aix en Provence.
L’étudiant Colin, fut séduit par l’enthousiasme et l’énergie débordante d’Adeline
alors pensionnaire au lycée. Les aléas de la vie ont vite converti leur amour de
jeunesse insouciante en responsabilité familiale à assumer. La première grossesse
d’Adeline, enceinte de Perrine a provoqué un mariage des deux jeunes gens, à peine
majeurs : n’oublions pas que l’époque admettait la majorité à vingt-et-un ans ! le
respect des convenances imposait ce mariage, tant pour la famille d’Adeline
imbriquée dans le jeu des apparences d’un mode sociétale lisse et rutilant de parfaite
conformité, que pour la mère de Colin, bigote forcenée épouvantée par le pêcher en
général même si elle avait elle-même rompu le sacrement du mariage. Un an plus
tard naissait une seconde petite fille Agathe.
Assurer un personnage qui n‘avait à ses yeux une image fantomatique, ce rôle de
père de famille, Colin avait la ferme volonté de l’assumer avec conviction : pour
subvenir aux besoins de la famille il allait suivre l’école des Impôts et de s’assurer un
revenu durant ses études et se garantir une profession pour faire vivre sa famille. Ce
n’était que la première pierre pour réaliser son projet ambitieux de monter son
propre cabinet de conseil par la suite. Adeline à ses côtés l’encourageait et ainsi la
famille évoluait tranquillement.
L’idée d’un troisième enfant était la suite logique d’une réussite familiale bien établie
confortée d’une bonne situation matérielle, et c’est ainsi que naquit Titi. Mais là, rien
ne se passa comme prévu : à l’âge de deux ans, Titi ne marchait toujours pas et son
développement moteur anormal ajoutait une raison d’inquiétude. Voilà pourquoi,
aujourd’hui Adeline et Colin se retrouvent face à ce médecin insensible au choc qu’il
peut provoquer à l’annonce monocorde de son diagnostic : avec une froideur
professionnelle et un jargon scientifique, Colin apprend que la petite est
« vraisemblablement » atteinte d’une maladie génétique grave probablement
transmise par les gènes de l’un deux voire les deux parents. Sa réussite matérielle et
familiale en partant de rien, assurée par sa seule volonté faisait pale figure face à
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l’avenir qui leur était présagé par le technicien médicale campé derrière son bureau.
A trop en « vouloir » il s’était brulé les ailes ; avait-il épuisé tout son capital
bonheur ?
Adeline et Colin avaient réussi leur vie, alors pourquoi en avoir voulu plus, pourquoi
un enfant supplémentaire quand tout leur souriait? et maintenant que faire ? Remplis
de chagrin et de culpabilité – à qui la faute ? à lui, à Adeline ? – une discussion entre
eux, baignée de larmes, de cris et de sanglots s’acheva sur une décision : ne rien
changer dans leur vie et considérer Titi comme avant tout leur enfant, une enfant
normale même si des rectifications et une grande attention seront nécessaires et
sans fin.
Les TATAS
Les deux sœurs de Titi, Perrine et Agathe, étaient des petites filles mignonnes, pas
particulièrement dociles ni obéissantes mais généreuses, et leur éducation
rigoureuse les a incitées à vite comprendre qu’elles n’auraient jamais raison face aux
colères de leur père et la ténacité de leur mère.
Espiègles et dégourdies, elles avaient des idées sans limite pour accéder à leurs
buts. Alors qu’elles passaient leurs vacances chez les parents d’Adeline, les deux
fillettes âgées de six- sept ans, avaient imaginé une manière bien ingénieuse pour se
procurer un peu plus d’argent de poche : elles avaient peint tout une après-midi des
boites allumettes qu’elles avaient remplies de coquillages ramassés à la plage. Et à la
sortie de la messe le dimanche suivant, à l’insu des grands-parents, elles vendaient
aux paroissiens qui achetaient de bon cœur, devant la naïveté des enfants et par
sympathie pour la famille. Gentiment grondées pour cette effronterie, il fallait
compter sur une autre invention pour gagner un peu d’argent.
L’arrivée de cette petite sœur arrivait comme une bouffée d’oxygène dans la famille ;
elles avaient espérer qu’avec un peu de chance le dernier né serait un petit frère qui
les remplacerait dans les loisirs de Colin, car adepte de pêche et de chasse, il fallait
le suivre dans ses fantaisies et ses promenades champêtres. Sauf, que
malheureusement Titi et sa difficulté à marcher a rendu les parents nerveux et la
tension marquée entre eux s’accentuait de mois en mois. L’ambiance dégradée
imposait aux « tatas », comme les appelait Titi, à se responsabiliser au-delà de ce qui
est demandé à des enfants de leur âge dans le but de soulager les parents déjà
sollicités et inquiets par la petite.
Jamais infantilisées par des parents soucieux de leur donner les meilleures chances
dans la vie, à l’instar de ce que leurs propres parents leur avaient transmis, les deux
fillettes ont muri rapidement par la force des choses. Leur maturité associée à un
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sens de la générosité était un atout pour aider au quotidien Adeline et Colin, même
s’ils désiraient malgré tout ne pas les impliquer à outrance au difficile avenir de Titi.
La serviabilité naturelle de Perrine et Agathe, les associait chaque jour au progrès et
au développement de leur petite sœur.
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