Implication des parents dans l`élaboration de projet de territoire
Transcription
Implication des parents dans l`élaboration de projet de territoire
Extrait du dossier : « LES PARENTS DANS L’ACTION ÉDUCATIVE » © Fédération nationale des Francas. Mai 2005 L’implication des parents, des habitants dans l’élaboration des projets éducatifs de territoire Les deux expériences présentées se déroulent dans un rapport aux parents en tant qu’habitants d’un territoire. Première expérience : la participation des familles sur un territoire rural, à Mur Es Allier (63) Un projet éducatif local n’est pas qu’un projet pour et par les acteurs de l’éducation. Il s’agit avant tout d’un projet de développement local, qui vise à améliorer les conditions de vie des habitants et à valoriser les atouts du territoire. Ainsi, compte tenu de ces objectifs, un projet éducatif local intéresse l’ensemble de la population, directement ou indirectement. Dans ce contexte, l’implication des habitants dans les différentes phases de l’élaboration d’un projet éducatif local ainsi que dans son évaluation, revêt une importance primordiale. Par là, l’éducation sort du « cercle des initiés » pour être appropriée par l’ensemble du territoire. Premier exemple de cette construction partagée, la Communauté de Communes de Mur es Allier, dans le Puy de Dôme. La conduite de ce travail a été assurée par l’Institut pour l’action éducative et sociale, qui regroupe la fédération des Francas, l’association départementale des Francas du Puy de Dôme, et le cabinet FR Consultants. La Communauté de communes de Mur es Allier (Puy de Dôme) a engagé dès 2001 un important travail de concertation en vue de construire un projet éducatif à l’intention des enfants et des jeunes du territoire. La démarche repose sur trois étapes principales : réaliser un diagnostic de l’existant, qui a fait ressortir les besoins des enfants, des adolescents et de leurs familles en matière de temps de loisir, 1 débattre, dans le cadre d’ateliers associant les habitants, des actions à mettre en œuvre sur les années à venir, élaborer en concertation un schéma de développement pluriannuel des actions concernant les enfants et les jeunes du territoire. Pour ce territoire rural, le projet éducatif local est l’occasion de dynamiser la vie sociale et associative du territoire et de renforcer le sentiment d’identité des habitants au sein de la Communauté de communes. De manière classique, une analyse des besoins des habitants a été réalisée, afin de servir de base à la réflexion d’un schéma de développement d’une politique enfance - jeunesse. Cette analyse des besoins concerne quatre champs d’investigation : Quels sont les modes de garde utilisés par les parents ayant des enfants en maternelle et élémentaire ? Quelles sont les pratiques de loisirs des enfants et des adolescents résidant sur le territoire de Mur es Allier ? Quelles relations les enfants et les familles entretiennent-elles avec leur territoire de vie ? Quel est l’avis des publics sur l’offre éducative existante et quelles sont les attentes en la matière ? Cette phase d’analyse des besoins de la population s’appuie sur la diffusion d’un questionnaire auprès de parents et des jeunes (12-18 ans). Dès cette étape, la mobilisation des habitants est forte. Ainsi, sur la base de 250 questionnaires aux parents ayant un enfant en maternelle, un taux de retour de 73% est atteint. Ce taux dépasse 80% pour les parents avec des enfants en primaire. Pour les jeunes, plus de 200 questionnaires ont été retournés. L’analyse des besoins a permis de dégager plusieurs enjeux : une meilleure intégration des enfants, des adolescents et de leurs familles à la vie du territoire et la nécessité de mieux prendre en compte les attentes des populations nouvellement arrivées, une accessibilité renforcée à l’existant sur le territoire communautaire, et plus largement en direction de l’offre sur les territoires avoisinants, la mise en œuvre de démarches participatives pour une meilleure implication des enfants, des jeunes et des familles dans la vie locale. Ce travail d’analyse, validé par le comité de pilotage de l’étude, a débouché sur l’organisation d’une journée de réflexion collective (30 novembre 2002) sur un ensemble de thématiques. L’idée de cette journée est de rassembler à la fois les professionnels de l’éducation (élus, CAF, DDJS, enseignants, associations) et les habitants, dans toutes leurs composantes (parents, jeunes notamment). Pour la Communauté de communes, ce type de construction d’un projet avec les habitants constitue un facteur déterminant pour ancrer l’identité du territoire intercommunal au sein de la population, qui doit percevoir à la fois la richesse de l’offre existante (pas seulement éducative) mais également la pertinence d’une approche intercommunale sur ces questions de dynamique de la vie locale et associative. Cette journée a rassemblé près de cent personnes (un samedi !), ce qui renforce pleinement la pertinence d’une démarche fondée sur la participation du plus grand nombre. Trois ateliers ont permis aux différents participants d’approfondir les axes de développement possibles : Quelle implication des enfants et des adolescents dans la vie locale ? Quelles complémentarités entre les différents temps de vie de l’enfant ? 2 Quel rôle de la Communauté de communes dans la mise en œuvre d’un Projet éducatif local ? La dynamique ainsi enclenchée, renforcée par le travail de commissions sur ces différents sujets, a permis d’aboutir à un schéma de développement de l’action éducative, qui pourra déboucher sur une charte éducative et sociale de territoire. A nouveau, la pertinence de l’approche intercommunale sur la politique enfance – jeunesse réside d’abord sur la mise ne réseau de l’offre existante, riche mais éclatée sur le territoire, afin de la rendre accessible non seulement aux habitants de la commune concernée, mais de l’ensemble de la population intercommunale. On lit clairement, dans le schéma de développement, le nécessaire changement d’échelle des pratiques actuelles avec, par exemple, la constitution de commissions intercommunautaires « enfants et jeunes », la publication d’un bulletin jeunesse intercommunal, le développement du site Internet intercommunal avec une entrée « jeunes », mais également avec les projets communs écoles / centres de loisirs ou la saison culturelle intercommunale. Cette approche permet en outre de dynamiser les acteurs associatifs présents sur le territoire, en leur offrant la possibilité de développer leur activité au sein d’un territoire plus important, avec un public varié. Deuxième expérience : la participation des familles et des habitants sur le territoire du département de la Côte d’Or. L’Association départementale des Francas de la Côte d’Or accompagne de nombreux territoires pour élaborer et mettre en vie leur projet éducatif. Pour les Francas, la participation des habitants à ces projets est un enjeu central pour l’animation locale, notamment dans des contextes de territoires à dominante rurale1. Première situation autour de six communes, où, après de réelles difficultés à mobiliser sur « l’étude diagnostic » d’un projet éducatif, sa mise en œuvre en revanche a permis la création de deux commissions qui ont connu une forte participation des familles. Le travail de ces deux commissions a, en effet, réuni 40 personnes sur le thème de l’accueil périscolaire et 30 personnes sur celui de l’information aux familles. Cette mobilisation progressive prouve que, lorsque le projet devient plus concret, les familles font le choix de la participation. Deuxième situation sur un territoire organisé en Sivos. Sur ce territoire rural, la mise en place d’un « accueil jeunes » à l’été 2004 a été l’occasion d’une démarche participative intéressante. En effet, afin de préciser le projet pédagogique de cette structure, les adolescents et leurs familles étaient invités à répondre à un questionnaire sur l’état des lieux et les besoins identifiés, puis à discuter des options retenues dans le cadre d’une réunion publique. Dès l’étape des questionnaires remis aux familles, l’intérêt de celles-ci pour la démarche s’est concrétisé par un taux de retour de plus de 33%. Le bilan des questionnaires s’est déroulé sous forme d’une réunion publique à laquelle ont participé plus de 50 personnes, sur un territoire d’environ 2 000 habitants. Quant au travail sur le projet pédagogique de la structure, ce sont près de 40 personnes qui ont été mobilisées, avec des propositions des jeunes, de leurs familles, des associations, et des habitants. Désormais, la structure accueille autour de 30 jeunes, avec vocation à fonctionner durant toutes les petites vacances. Cette situation est exemplaire de la capacité à mobiliser les habitants autour d’un projet concret. 1 Le nom des communes a volontairement été retiré. 3 Troisième situation, un projet pour les adolescents et les jeunes adultes sur un territoire intercommunal. Dans le cadre de la démarche de formation – action « médiation sociale » programmée par le CPER, il s’agit d’accompagner les acteurs locaux à réaliser leur propre diagnostic et leur propre évaluation, en associant au delà des acteurs habituels. On a pu voir, sur ce territoire, l’intérêt des familles face à ce dispositif. En effet, la Conférence publique de mise en œuvre de cette action a suscité par exemple des vocations des parents pour participer au diagnostic, aux côtés des élus. Le même impact est illustré par un projet sur la petite enfance (0 – 6 ans) sur une intercommunalité du département. A partir d’entretiens avec les acteurs locaux et de questionnaires, il a été possible de restituer les résultats de cette enquête par une exposition itinérante dans les écoles. On constate ici la recherche d’un contact direct entre les décideurs et les habitants, notamment les familles en matière de projet éducatif. L’intérêt du travail d’enquête se retrouve également dans la possibilité de disposer d’une somme de contacts auprès des habitants, auxquels est ensuite possible d’adresser directement les éléments de poursuite du travail ainsi que les invitations aux différentes réunions publiques sur ce thème. Par la suite, après la phase de diagnostic par entretiens et questionnaires et après la phase de restitution de l’enquête par exposition dans les écoles, des ateliers thématiques ont pu être organisés avec les habitants. Ceux ci ont répondu présents, puisqu’au total, ce sont près de 80 personnes qui se sont mobilisées. En matière de petite enfance, le travail pour élaborer un relais d’assistantes maternelles a impliqué plus de 40 personnes, toujours plus nombreuses à chaque fois. Pour l’Association départementale des Francas de la Côte d’Or, ces différentes démarches permettent de dresser un bilan sur l’intérêt pour les habitants d’être acteurs des politiques éducatives sur leur territoire. 4