De Morgen 30.05.15

Transcription

De Morgen 30.05.15
 De Morgen 30.05.15
Le chorégraphe Wim Vandekeybus à propos de son nouveau spectacle Speak Low If
You Speak Love …
MATTHIAS DECLERCQ
Vingt-neuf ans, c’est l’âge de la compagnie-performance autour de Vandekeybus.
L’année prochaine, c’est le jubilé de perle. L’été prochain, le Campinois retourne au
berceau de cette histoire en constante évolution. What the Body Does not
Remember, le spectacle de 1987 à l’origine de tout ce qui a suivi, « est par essence
axé sur l’amour, sur la forme physique », selon Vandekeybus. « Aujourd’hui, presque
trente ans plus tard, nous faisons la même chose avec Speak Low If You Speak Love,
mais nous choisissons le côté émotionnel, la passion, le sentiment, le mystère, le
dégoûtant aussi. » Le titre de la pièce est né sous la plume de Shakespeare, plus tard
Kurt Weill l’a repris et il a été chanté notamment par les légendes du jazz Billie Holiday
et Ella Fitzgerald. Avec ce nouveau spectacle, Ultima Vez ne veut pas nous donner
un cadre englobant pour comprendre l’amour. « Non », explique Vandekeybus, « car
en soi, il est impossible de saisir l’amour : l’apesanteur n’est pas tangible. C’est
l’homme qui donne à l’amour un sens et une charge. C’est une affaire de
reconnaissance et d’émotivité. »
Tout feu tout flamme
L’approche actuelle, commerciale de l’amour est aux yeux de Vandekeybus
unidimensionnelle, comme un jet de flamme. « Cet amour-là est privé de son
authenticité, il est trop sucré, trop exigeant. Excite me, excite me, sexuellement aussi.
Nous loupons le sens large du terme. Les anciens Grecs avaient six mots différents
pour six amours différents. Ce n’est plus notre cas. Hélas. Speak Low essaie de voir
plus large, d’où les allures d’une tragédie grecque. » Après Talk to the Demon, le
spectacle précédent, où de longs fragments de texte venaient renforcer la
performance, Speak Low choisit la musique comme amplificateur des sentiments.
« C’est merveilleux de pouvoir demander tout simplement à la chanteuse sudafricaine Tutu Puoane et au héros du rock-'n-roll flamand Mauro Pawlowski : ‘Vous
chantez une chanson ?’. Mauro qui écrit un numéro pour une voix de femme et qui
réussit, d’une légère touche musicale, à mettre la pièce en mouvement, c’est
purement fantastique. L’amour ne se laisse pas saisir par les mots, la musique, elle,
réussit à éveiller le sentiment et à transmettre cette force insensée que connaît
l’amour. « Bah, ça a du bon pour un artiste de se jeter toutes les x années sur ce
genre de thème universel. L’amour est une force cachée, il est dans toutes les
fissures, il est présent partout, mais on ne lui échappe pas si facilement. C’est pour
ça: Speak Low. »