Chez Zizi, comme au bon vienx temps - Ville de Bourg-en

Transcription

Chez Zizi, comme au bon vienx temps - Ville de Bourg-en
N° 199 Septembre 10
© Laurence Seguin
PORTRAIT
NOM : Joachy
PRÉNOM : Gilbert dit “Zizi”
NÉE LE : 21 juillet 1925
à Bourg
PROFESSION : restaurateur
PASSION : service
VISION DE BOURG :
“Où la chèvre est attachée,
elle broute”.
Chez Zizi, comme au bon
vieux temps !
Au 4, avenue Alphonse Baudin à Bourg, le restaurant “Chez Zizi” n’a pas pris une ride.
Il est pourtant fermé depuis maintenant 20 ans. A l’occasion du 66e anniversaire
de la Libération le 4 septembre dernier, Denise, sa femme, a dressé quelques couverts.
Je n’ai jamais
quitté cette maison
et j’ai conservé le
bistrot en partie
pour mes deux
fils. ”
© DR
Zizi a accroché sur l’un
des murs du salon la
reproduction grand
format d’une carte
postale ancienne de
l'avenue Alphonse
Baudin où l’on aperçoit
le restaurant de ses
parents.
O
n se croirait revenus cinquante ans en arrière. Au
restaurant “Chez Zizi”,
4 avenue Baudin, rien – ou presque
– n’a changé. A l’heure où nous bouclons ce magazine, plusieurs anciens
du quartier s’apprêtent à pousser la
porte de l’établissement et à s’attabler. En ce jour anniversaire de
la Libération de Bourg-en-Bresse,
Denise, l’épouse de Zizi, a prévu
d’allumer la gazinière et de préparer
un bon repas. Zizi sera de la fête.
Voici 4 ou 5 ans qu’il n’a plus eu
l’occasion de descendre du premier
étage où il vit dorénavant, handicapé
par une sévère cécité. Pour lui, les
18 marches représentent un terrible
obstacle.
Inutile de compter combien de fois
Zizi a, dans sa vie, franchi ces
fameuses marches de bois. C’est
dans cette maison – mais au deuxième étage – que Gilbert Joachy
dit Zizi est né le 21 juillet 1925. Ses
parents venaient à peine d’acquérir
l’immeuble pour ouvrir un café. 85
années plus tard, la salle de restaurant a gardé toute son âme ! Pas
question de toucher un cheveu…
Zizi a tenu à garder intact le souvenir d’une vie entière. “Quand je ne
serai plus là, Denise fera ce qu’elle
veut…”.
BAISSER DE RIDEAU
Dans la salle, les tables rectangulaires en formica rouge sont assorties au comptoir et bordées de traditionnelles chaises de bistrot. Sur les
murs, de longs miroirs sont alignés
au-dessus des confortables banquettes sombres. “J’ai pris le service
en 1950” raconte volontiers Zizi,
“c’est ce qui me plaisait car on avait
le contact avec beaucoup de gens”.
Et de renchérir “il fallait avoir deux
qualités : de la mémoire et de bonnes
jambes”. Le fils unique a rendu son
tablier le 31 décembre 1990, jour
du baisser de rideau. “J’avais une
clientèle d’amis. Le soir, on jouait
aux cartes jusqu’à une heure du
matin, belote, tarot, poker, bridge…
Que des hommes…”.
“C’est pour ça que je n’y allais pas”
renchérit aussitôt Denise. Elle a
pourtant cédé quand, en 1985, la
mère de Zizi est décédée. Denise
a repris les fourneaux. “On faisait
40 couverts à midi” répartis dans
les deux salles du restaurant. Qu’y
avait-il au menu ? “Je changeais
tous les jours. Je faisais des gratins,
beaucoup de légumes. Mais il y a
une chose que je n’ai jamais aimé
cuisiner, c’est le poisson”.
“Je me plaisais bien” avoue Zizi,
nostalgique. “C’était un restaurant
connu, une sorte de pension de
famille”. Les souvenirs remontent
jusqu’aux temps anciens où l’avenue Baudin grouillait de voyageurs.
“L’avenue était la plus grosse de la
ville, à l’époque”.
Qui, aujourd’hui, imaginerait en
passant devant le 4 de l’avenue
Baudin qu’une salle de restaurant,
ouverte en 1925, est restée intacte !
“Je l’ai conservée en partie parce
que j’ai deux garçons” s’excuse Zizi,
“l’un a pris un restaurant, mais pas
à Bourg”.
w w w. b o u r g e n b r e s s e . f r I C ’e s t à B o u r g I p a g e 15