les choses - Nadja Cohen

Transcription

les choses - Nadja Cohen
PARIS, OCT.61
Paris sous Paris
Paris sous la pluie
Trempé comm’un’soupe
Saoul comm’un’barrique
Notre-Dame est vierge
Mêm’si elle est à tout l’monde
Et malgré son penchant
Pour les cierges
A l’heure où les gargouilles baillent
Le bossu du parvis
S’en va pisser sa nuit
Dans les gogues du diable
Alors bavent les gargouilles
Sur les premières grenouilles
S’entend de bénitier
Bien plus bêtes que leur pied
Qui ne fut jamais pris
O pas de mauvais plis
Dans leur lit refroidi
Tombeau des vieilles filles
Cachot de la vertu
Pourtant pas d’ciel en vue
Surtout pas de septième
Pour ces corps en carême
Au coeur empaillé
Au cul embastillé
A l’abri des bascules
Et à leur grand dam
Qui est tou’minuscule
Ne connaîtront jamAis ni la grâce ni les
Grasses matinées
C’pendant que Paris
Paris sous Paris
Paris Paris saoul
En dessous de tout
Dessaoule par d’ssus les ponts
Que la Seine est jolie
Ne s’raient ces moribonds
Qui déshonorent son lit
Mais qu’elle traîne par le fond
Inhumant dans l’oubli
Une saine tuerie
C’est paraît-il légal
Les ordres sont les ordres
c’est Paris qui régale
Braves policières hordes
De coups et de sang ivres
Qui eurent carte et nuit blanches
Pour leur apprendre à vivre
A ces rats d’souche pas franche
Qu’un sang impur et noir
Abreuve nos caniveaux
Et on leur fit la peau
Avant d’perdre la mémoire.....
Des pandores enragés
Aux fenêtres consentantes
et en passant soit dit
Qui ne dit mot acquiesce
Durent pourtant résonner
De la chaussée sanglante
Jusque dans les Aurès
Leurs cris ensevelis
Sous la froide chaux-vive
D’une pire indifférence
Accompagnée de “vivent
les boules Quiès et la France!”
Croissez chères grenouilles
Que l’histoire ne chatouille
Pas t’jours au bon endroit
O bon peuple françois
Dort sur tes deux oreilles
Mais je n’jurerai pas
Loin s’en faut aujourd’hui
Que l’histoire ne s’enraye
Sous le ciel de Paris.
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
LES MOTS
Y’a des mots des masses de mots
Y’a des mots demasiado
Y’a des mots comm’s’il en pleuvait
Y’a des mots comm’te quiero
y’a des mots c’est des couteaux
Que te matan en silencio
Mais pour c’qu’y’a entre sa peau et ma peau
Y’a pas d’mots y’a pas d’mots
Qui tiennent ni même celui-là
.....
Et je bois las estrellas
Qui courent sur les bords de ta peau
C’est du silence à pleuvoir des couteaux
Y’a des mots des masses de mots
Y’a des mots demasiado
Y’a des mots comm’s’il en pleuvait
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
LES CHOSES DE RIEN (1995)
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LA POLKA
O.K.Bill, O.K.Joe,O.K.Jack
So we go tomorrow
From here to
a land called Joke (x2)
On y va
D’ici à là
Y’a qu’un pas
De là-bas
A l’immense blague
De la gueuse
Qui nous nargue
On pourrait prendre le dernier bateau
On pourrait prendre un narcotique
On pourrait s’noyer dans la nuit
On pourrait prendre un dernier verre, ouais!
s’emmurer dans un mur de briques
Aller jusqu’au bout de la terre
Là où le monde se termine
là dans l’vide danser la polka
....
Mais pas cette fois
Nous aura pas
‘va pas y aller
Non pas cette fois
‘Nous la fait pas
‘va just’aller Faire un p’tit tour
Au bois d’amour
Et s’y coucher avec le jour
Faire un p’tit tour
Au bois d’amour
Et se coucher avec le jour
Et comm’on connaît bien l’gardien
I’nous dira rien
Nous dira rien
Alors on s’en ira
Et puis voilà....
Et puis voilà.
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
LE BROUILLARD
Un bouquet de brouillard
posé sur la table
un peu d’oubli
et beaucoup d’retard
ça comble une vie
va-t’en sa voir
mais n’y r’viens pas
t’es pas d’ici
ça saute aux yeux
Un peu d’fumée
au-d’ssus des vies
un peu tassé
ça vit sa vie
t’es dans l’brouillard
j’te vois mêm’plus
c’est pas pour dire
mais il a plu
Pourquoi tu trembles ?
t’as des soucis
tu te fais vieux
va t’en savoir
c’que tu fais là j’te l’dirai pas
même si je veux
j’suis pas d’là-bas
oublie mes yeux
par dessus tout
même sous la table
sur l’bouquet d’roses
t’es pas d’ici
ça crève les yeux
t’as eu ta dose
et si tur’viens
ben ça s’arrose !
LES CHOSES DE RIEN (1995)
t’es pas d’ici
pars pas comme ça
t’oublies tes yeux
j’sais plu où j’suis
c’est qui la pluie ?
toi t’es là-bas
c’est qu’il a plu
les yeux noyés
t’es pas d’ici
d’puis qu’t’es parti
mes yeux en crèvent
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
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LES RATS
Si les rats parleraient
Ils nous raconteraient
L’histoire du rat crevé
Qu’est mort la s’main’dernière
En bouffant sa gran-mère
Et quand deux rats s’rencontrent
Savez-vous c’qui’s’racont’ ?
Des histoires de ratés (x2)
Vous rendez-vous bien compte
Qu’on peut pas compter d’ssus
on peut p’têt’compter d’ssous
Mais c’est pas bien facil’
Et ça rapport’que couic
Quand deux rats font les comptes
Savez-vous c’qui z’oublient ?
Y’z’oublient jamais rien (x2)
Tout ça mèn’pas loin
Mais ça mèn à penser
Que dans une passoire
Peut’y’avoir autant de trous
Qu’y’en a dans les mémoires
Et quand deux rats s’rappell’
Qu’est-c’est’y qui leur vient ?
Le maréchal Pétrin (x2)
Et pis pour faire le joint
On peut parler d’amour
Au moins ça mange pas d’pain
Et s’y’en a qu’ont l’coeur lourd
Y’pès’ra moins demain
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
Quand y’en a des qui sèment
Savez-vous qui récoltent ?
Ben c’est ceux d’la sacem (x2)
I.N.R.I
c’t’cause de toi tout ça
c’t’à cause de toi
tous ceux qui vont chez toi
n’en reviennent pas
c’est’d’toi qu’on cause mon gars
c’est’d’toi qu’on cause
te défile pas comme ça
te défile pom,pom,pom.....
ici pas d’faux départ
pas d’faux départ
trois jours plus tard et s’en revient
et s’en revient
on’meurt qu’un’fois nous aut’
on n’meurt qu’un’fois
pas d’cinéma mon pot’
pas d’cinéma
nous on s’endort
on n’dit plus rien
c’est ceux autour
qu’ont du chagrin
on fait dodo tout con
dans un lit d’pierre
pas d’relations oh non
chez monsieur Pierre
LES CHOSES DE RIEN (1995)
on descend sans office
vers ceux qui déjà
on est pas tous des fils
à ton papa
j’me tromp’de turne
si par malheur
je tombe chez toi
alors je t’en prie
un’dernière fois...
envoie-moi au diable
pom,pom,pom.....
rest’ sur ta croix j’t’l’dis
reste sur ta croix
le saint-esprit ici
ça ne prendra pas
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
qu’y’a-t’y d’mieux dans l’aut’monde
j’te l’demande comme ça
et quand bien même on monte
mieux vaut bien vivre ici-bas
si par malheur
j’arrive chez toi
si par malheur
si par erreur
j’me r’trouve dans l’bleu
par erreur si
alors j’ten prie
sacré bondieu
une seule fois
n’est pas coutume
si par erreur
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LES GRANDS BRAS
les grands bras des feux sur la mer
Le vent qui s’roule dans la poussière
La neige et l’oubli aussi
Tout aux tavernes et aux filles
Les fruits du hasard et le jour
Les gestes perdus les choses de rien
les lames aux aguets des bandits
Tout aux tavernes et aux filles
Les caresses du ciel à la dune
Le vin qui nous promet la lune
La longueur des mers en défi
Tout aux tavernes et aux filles
Les grands bras des feux sur la mer
Le vent qui s’saoule dans la poussière
les ailes des chiens et les îles
Tout aux tavernes et aux filles
(SUR UNE IDÉE DE FRANÇOIS VILLON)
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
BONDIEU !
Si dieu était
U peu moins con
Ca s’aurait
Bouducon !
S’il est aussi
Bon qu’on le dit
Ca s’verrait
Hey pardi ! Hey !
Mais après tout
Il est comm’il est
Dieu est surtout
Comm’onl’a fait
Pas plus malin
Ou bêta qu’un autre
Ni plus ni moins
Mauvais apôtre
C’pendant c’qui m’gène
Chez ce quidam
Qu’est peut’êt’même
Qui sait une dame
Ce qui frise l’excès
D’élégance
C’est de n’briller
Qu’par son absence
T’as la combine
De la divine
Moins ont’voit plus
On t’imagine
Plus on fabuLe sur ta bobine
De l’au-delà
T’es la Garbo
D’tous les ballots
Qu’ont besoin d’un Zeus
Au dessus d’leur vie
En fait tous ceusses
Vieille branche éh oui !
A qui tu dois
D’être encore là
Je suis un homme
Et ça m’suffit
pas b’soin qu’un gouRou à la gomme
LES CHOSES DE RIEN (1995)
Qu’un boudha ou
Qu’un jésus-christ
Qu’un grand rabbin
Qu’un allah qu’un
Anachorète
Me prenne la main
Que sais-je encore
E’m’prennent la tête
surtout que si
neuf fois sur dix
Toutes ces bouches d’or
on ne choisit
pas sa famille
de toutes sectes
tel père tel fils
tel saint-esprit
De tous bords
C’est par manie
par atavisme
Tout ça c’est du
qu’on a jeté
son dévolu
Pareil au même
sur le premier
bon dieu venu
Se taper d’ssus
c’est pas la peine
Pour ces foutus
Energumènes
Et sans vouloir
Désobliger
La foule notoire
Des abonnés
A tel ou tel
Père éternel
J’voulais seulement
Dire en passant
A tous ces gens
Fans hermétiques
Parfois virant
Au fanatique
Qu’en sacrifiant
Conscience et âme
A un’croyance
A un programme
Vous fourbissez
Messieurs mesdames
Aussi des armes
D’intolérance
L’erreur étant
Somme toute humaine
Depuis tout c’temps
Qu’en barque on s’mène
Jetons l’frichti
par dessus bord
Basta suffit
D’rester en berne
Cessons d’encore
prendr’nos messies
pour des lanternes
envoi :
Vous comprendrez
Qu’j’préfère rester
Au fond d’mon lit
A méditer
Avec ma mie
Qu’est bonn’comm’du
Pain pas béni
Du pain perdu
A la myrtille
Qu’j’préfère visiTer quêques endroits
De paradis
Du bout des doigts
Dans des pays
Tout en dentelles
Et qui droit
Vous mènent au ciel.
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
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SUR LE PRESSOIR
Sous les étoiles de septembre
Notre cour a l’air d’une chambre
Et le pressoir d’un lit ancien;
Grisé par l’odeur des vendanges
je suis prisd’un désir étrange
Né du souvenir des païens.
Et dans ce cas tu peux m’en croire,
Nous aurons pleine tonne à boire
Lorsque viendra le petit jour !
TEXTE : GASTON COUTÉ
MUSIQUE : LA TORDUE
Couchons ce soir
Tous les deux , sur le pressoir !
Dis, faisons cette folie ?....
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Margot, Margot, ma jolie !
Parmi les grappes qui s’étalent
Comme une jonchée de pétales
O ma bacchante! roulons-nous.
J’aurai l’étreinte rude et franche
Et les tressauts de ta chair blanche
Ecraseront les raisins doux.
Sous les baisers et les morsures
Nos bouches et les grappes mûres
Mêleront leur sang généreux;
Et le vin nouveau de l’automne
Ruissellera jusqu’en la tonne;
D’autant plus qu’on s’aimera mieux!
Au petit jour dans la cour close
Nous boirons la part de vin rose
Oeuvrée de nuit par notre amour;
TON CUL
Ton cul n’est pas si loin d’ta têt’
Et dans tes mains tu mets ta têt’
Et sur la chaise tu pause ta couenne
Rien qu’dans tes mains il y a un monde
Et dans ma têt’il n’y ‘a rien
Ca n’m’empêche pas d’rêver le monde
Et de m’lever le matin en chantant des fredaines
D’mett’des tempêtes dans des bouteilles
D’tromper l’sommeil en f’sant la fête
D’fêter la veille le lendemain
Et d’veiller au grain et aux emplettes
Et d’envoyer certains
Aux p’lotes !
Et j’rest’le cul entre deux chaises
A voir le monde se défaire
Essayant d’rempailler l’malaise
Avec des bouts d’rêve et d’chimères
Cependant qu’le petit monde des affaires
Vend de la guerre à qui mieux mieux
Et plus il en a plus il en veut
Pis la chair à canon c’est pas cher
Rien qu’tes mains c’est un bout du monde
Fais-le tourner il te revient
Et suis bonhomme ton chemin
Sachant que la seul’bêt’au monde
Qui puisse être aussi incongrue
C’est l’homme qui péte plus haut que son cul.
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
V’là qu’dans ma tête passe une question :
Le préhisto s’est-y mis d’bout
Pour s’retrouver le cul par terrre?
Gavé d’inepties par les deux bouts
Posté d’vant sa télé-vie d’con
Gros-jean comme devant par derrière
La mort est l’menu ordinaire
Comm’le ronron qu’est la défonce
D’l’homo-sapiens qui d’vant l’poste pionce
LES CHOSES DE RIEN (1995)
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LA BÊTE
Les prendre de court
Les mettre K.O.
Les rendre caducs
Les affreux discours
Des s’meurs de chaos
Qui cherchent des poux
Dans la têt’ de turc
Que sont ceux dont l’tort
Aux yeux de ces fous
Est de n’avoir pas
Le teint réglementaire
Et qu’on veut fout’dehors
Ce d’ailleurs à quoi
Tranquillement s’affaire
Déjà monsieur Pasqua
La politique en toc
Lui servant d’piédestal
Le nationalisme
Vocifère et s’installe
Et perché comme un coq
Sur le dos du fascisme
La bête aux abois
Rêv’de mettre bas
De faire des petits
Et propos’la botte
A la vox populi
En mal de despote
Dans les démocraties
prêtes à se découdre
où la bêt’est là sur la brêch’
A qu’il ne manqu’plus qu’la mèch’
Pour mett’le feux aux poudres
La bête immonde qui monte qui
monte
Qui monte, qui monte, qui monte.....
A l’échelle de la honta
Où grimp’de sombres cons
Au front si étroit
Et tell’ment national
Qu’un peu plus de plomb
Dans le petit pois
Ne leur ferait pas d’mal
Dans c’t’époque amnésique’
Où certains hystériqu’
Sont encore là qui parlent
De solution finale
Où Adolphe Butogaz
Et ses affreux brûleurs
Repoint’ ses idées nases
Et fait des führers
De tous les gens marris
Aigris et sectaires
L’esprit à réaction
Qui font machine arrière
Et qu’on pas ‘cor compris
Que nous habitons tous le même
pays
Et qu’il s’appelle la terre.
PAROLES : B. MOREL
MUSIQUE : LA TORDUE
LA ROSE ET LE RESEDA
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
prisonnière des soldats
lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l’un fût de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grèle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Du haut de la citadelle
la sentinelle tira
Par deux fois et l’un chancelle
L’autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
LES CHOSES DE RIEN (1995)
Celuiqui n’y croyait pas
Ils sont en prison lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l’autre gèle
lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éc lat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Il coule il coule et se mêle
A la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle
mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
L’un court et l’autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dîtes flûte où vilonocelle
Le doubla amour qui brûla
l’alouette et l’hirondelle
la rose et le réséda.
TEXTE : LOUIS ARAGON
MUSIQUE : LA TORDUE
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