article introductif : qui sont les bahunde

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article introductif : qui sont les bahunde
ARTICLE INTRODUCTIF : QUI SONT LES BAHUNDE ?
par l’Ambassadeur Jean-B. Murairi Mitima1
Les Bahunde sont un peuple bantou, locuteur d’une langue bantoue appelée kihunde.
Le nom Bahunde ou Hunde signifierait, dit-on: ‘Les gens des montagnes aux rivières
torrentueuses’. Ceci aurait-t-il un lien avec la rivière Hunde, laquelle, issue de l’ouest de
Lubero, serpente plutôt nonchalamment dans la plaine forestière au nord de Pinga avant
de se jeter dans la grande rivière Oso ? Mystère.
Quant à la langue kihunde, selon le professeur K. Mateene (1974, in : Trois poèmes
hunde chantés par Fatuma wa Bachira), citant ses collègues spécialistes en la matière,
« elle est située dans le groupe Shi-Hunde ; et un des 83 groupes du domaine bantou… Le
Kihunde est cité dans “les Recherches linguistiques du Congo Belge” de Van Bulck
(1948) comme formant le 7è sous-groupe du lac Kivu, dans le 2è groupe faisant partie des
Bantous du Nord-Est »
Durant la période précoloniale, comme on le verra ailleurs, le pays des Bahunde, à
l’Est de l’actuel Congo-Kinshasa, était constitué du Royaume confédéral des Bahunde,
composé de trois branches : Bwito (ou Buhunde oriental), Bunyungu (Buhunde
occidental) et Kishali (région centrale). Il avait comme voisins, au nord, le Royaume
confédéral des Bayira (Banande) composé, lui, de sept sous-groupes ; à l’ouest le
Royaume des Banyanga, à l’Est au-delà du lac Kivu, le Royaume du Rwanda ; au Sudouest le Royaume des Balegha, et au Sud les Royaumes des Bahavu et des Bashi.
Actuellement les Bahunde vivent majoritairement au Nord-Kivu, dans le Territoire de
Masisi, dans la moitié nord de celui de Rutshuru (chefferie de Bwito), et clairsemés dans
le reste de Rutshuru et du Nyiragongo (ex-Territoire de Goma), et partiellement dans celui
de Walikale et sur la frange méridionale de celui de Lubero. Au Sud-Kivu, on en trouve
en Territoire de Kalehe (cf. Monographie de la Province du Sud-Kivu, 1998, page 9) ;
tandis que, dans l’île d’Idjwi, certaines familles se reconnaissent être de souche hunde.
En dehors du Congo-Kinshasa, la région rwandaise du Bugoyi (Gisenyi {Kisenyi},
Nyundo {Nyondo}, Ruhengeri, etc.) compte une appréciable population d’origine hunde,
comme l’attestent plusieurs écrits : Rapports de Masisi, Père Pagès ayant travaillé au
Rwanda, etc. En effet, il y a des Bahunde absorbés dans des tribus voisines ou dans des
pays limitrophes. Le cas le plus typique est celui de nombreux habitants de Kibumba /
Rugari (au nord de Goma) et de la région du Bugoyi, dans le nord-ouest du Rwanda
actuel, comme le confirme l’auteur rwandophone Semadwinga Ntare (1970, p. 55) : « Ils
(ceux qui ont été assimilés) usent de leur langue kihunde dans leurs relations intragroupes
uniquement. Dans leur conversation avec des groupes étrangers, ils parlent un
kinyarwanda apparenté à celui du Bugoyi voisin (à population de même origine hunde),
tout en mettant un point d’honneur à faire ressortir leur origine hunde.».
On le sait, le Bugoyi était, autrefois, une province du Royaume du Buhunde, et
administré, au début, par les gouverneurs Balembe (ou Bulembe), Shabukuku, Mukenge
et Mbumbirwa, lieutenants et/ou hommes de confiance du Roi des Bahunde. Par ailleurs,
des historiens belges, décrivant la guerre de 1914-1918 dans la région, utilisent le terme
1
Pour plus de détails, voir dans mes livres : ‘A l’ombre des Volcans Virunga’ (1996), ‘Les Bahunde aux
pieds des Volcans Virunga (2005), et ‘Parlons kihunde, langue et culture des Bahunde’ (2008).
1
NORD-KIVU, dont
les BAHUNDE, R.D.CONGO
Bahunde
MANIEMA
MANIEMA
2
"le Bugoyi belge" à propos de cette même entité. Ce qui démontre bien que, avant le
partage germano-belge, cette région n’appartenait pas encore aux Allemands, alors
maîtres du Rwanda ; et donc pas au Rwanda. En d’autres termes, ils reconnaissaient
qu’elle avait fait partie des entités du Congo précolonial. Ainsi des Bahunde y perdirent
corps et biens, possessions et territoires. Exactement comme des Bashi et des Bahavu de
la région du Busozo et du Bukunzi du prince mushi Ndagano, dans le Kinyaga, et à qui le
Pouvoir colonial belge interdit, à partir de 1930, l’usage de leur langue au profit du
kinyarwanda dont le pays venait d’annexer leur région.
Les historiens et ethnologues les plus sérieux affirment que les Bahunde sont venus de
l’Empire ou Royaume du Kitara précwezi (c.-à-d. antérieur au règne de type Hima), où ils
vivaient sous la dynastie des Batembuzi (Batembutsi), monarques bantous et sédentaires
d’une période s’étendant approximativement du milieu du premier millénaire jusque vers
le XIV è siècle. Ces monarques étaient « (issus) d’un clan prébachwezi qui a sans doute
émigré de la vallée de Semliki » (Kivu actuel) (UNESCO, T. IV, p.547). Riche de 22 règnes
connus, dont 20 cités explicitement par E. Mworoha2, cette dynastie a précédé celle des
Bacwezi, à laquelle succéda celle des Babito du Bunyoro.
Si on n’a pas encore réussi à établir avec précision la période de leur arrivée et de
leur établissement dans leur habitat actuel, on peut, cependant, se référer aux meilleurs
écrits qui affirment que :
Les Bahunde étaient déjà là autour du IX è (neuvième) siècle, organisés en quatre
petits royaumes (C. Bashizi) ou au XI è (onzième) siècle (Rapports de Masisi)
Ils constituaient une province méridionale de l’empire du Kitara (précwezi), autour
des XI è -XIII è siècles (Rapports de Masisi)
Un groupe de Bantous, venant du centre du Congo (Kasaï et Katanga) vers le VIII
è
siècle, avait franchi le fleuve Lualaba (fleuve Congo), dans le sud du Maniema, et s’était
installé sur les rives des lacs de la région du Kivu (Grand Atlas du Continent africain,
Paris 1973)
Le royaume du Buhunde était une importante et vaste entité à l’ouest des volcans
et au nord-ouest du lac Kivu. Le Rwanda précolonial traitait avec lui dans des rapports de
respect et de bon voisinage (Emile Mworoha (1977).
« La limite entre les Bahunde et les Bashi du temps du roi Nnashi, qui avait alors
sa capitale à Chanya (actuel Kabare), près de la Murhundu, était, précisément, cette
rivière. Ceci avant le règne de la dynastie des Banyamwocha » (C. Bashizi)
Ceci se situe logiquement, à des décennies avant la bataille de la même Murhundu,
que les Bahunde perdirent contre les Bashi. Cet épisode, dit de la lance "chirhwaBahunde" (l’arme tueuse des Bahunde), est généralement situé au début du XVI è siècle.
Il est important de rapporter ici un exploit inédit dans leur stratégie militaire. Dans
leur progression vers le sud et le sud-ouest du lac Kivu, les Bahunde auraient décidé d’éviter
les escarpements des Monts Makengere qui donnent accès à (l’actuel) Kalehe. Pour ce faire,
ils s’embarquèrent sur des radeaux de troncs de bananiers à partir de l’île Kwichwi (île Idjwi)
pour débarquer à Kachuchu entre Kalehe et Katana actuels. Cet exploit inédit s’appelle le
″Débarquement de Kachuchu″. Fait évoqué aussi par A. Moeller (1936) et Defrancq (1953).
On ignore à ce jour le rapport entre les Bahunde et l’épisode de la ‘pulpeuse’ princesse
Nyibunga, fille du roi shi Nnabushi Kamome, laquelle, chassée par lui et recueillie à la
cour du roi des Bahavu Mbeba-eri-Maza de la dynastie des Bahande, sera la mère du roi
2
Mworoha E. : Peuples et Rois de l’Afrique des Lacs, N.E.A, Dakar-Abidjan 1977, p. 67-68
3
Nsibula, fondateur de la dynastie des Basibula. Mais ceci représente un intérêt de
détermination de quatre importantes périodes ou dates :
1.- Primo : on sait que les Rois bahunde ont été témoins de la création de la dynastie
havu des Bahande, par le roi Muhande Kanyetambi.
2.- C’est le roi shi Nnabushi Kamome qui gagna la guerre d’agression rwandaise de
1388-1390, lancée par le roi Nsoro Ier Samukondo du Rwanda3.
3.- Le roi havu Nsibula, premier des monarques Basibula, va mener au XVè s., des
guerres d’usure contre le Rwanda, notamment contre Ruganzu qui mourut en cherchant à
venger les échecs de ses prédécesseurs rwandais.
4.- Enfin, les Basibula, à leur arrivée dans la région de Ziralo, de Ndalemwa, de
Musikami, et de Mwendula, y trouvèrent les Bahunde du clan des Babale. Fait confirmé
par A. Moeller (p. 124 et 132).
Ces éléments et tant d’autres battent en brèche les affirmations hâtives des écrivains
du temps colonial selon lesquelles les Bahunde et autres autochtones de la région seraient
arrivés au Kivu entre les XVIIè et XVIIIè s. Même A. Moeller, le célèbre vice-Gouverneur
Général et grand écrivain, qui s’accroche à cette période du XVII è siècle, reconnaît que
les Banande ont fait partie de l’ancien royaume du Kitara (p. 93) et situe l’arrivée des
Bahunde avant celle des Banande du sud (Batangi et Bamate) (p. 112 et 114)
Dans la hâte de terminer vite leur travail de fin de graduat ou de Mémoire, nos jeunes
frères et sœurs finalistes se contentent de recopier, machinalement et servilement, ces
données erronées (arrivée aux XVII è et XVIII è s.), se mettant ainsi dans l’impossibilité
d’expliquer les affirmations des auteurs sérieux de la nouvelle génération, cités plus haut,
qui remontent, eux, jusqu’au XIè et même IX è siècle.
Pour la période intermédiaire, deux épisodes précis, souvent commentés en sens divers,
servent de dates et permettent de voir le rôle pivot des Rois dans l’Histoire des Bahunde.
● A la fin du 18è siècle, un roi rwandais Yuhi IV Gahindiro ayant tenté vainement
d’occuper le royaume des Bahunde, tendit une embuscade humaine (une belle fille) au Roi
Kalinda (Shabarondo). Celui-ci capturé, fut amené au Rwanda où il fut décapité. Ceci, en
1788 (+/-1). Son vainqueur fit introduire son crâne dans le tambour royal. Cette
profanation causa la malédiction du monarque qui l’en fit extraire et le jeta dans le lac
Kivu. Poussé par les vagues le crâne se serait échoué à Kitupfa près de l’actuelle Mission
protestante de Kihindo. En guise de sépulture, on y planta un ‘Kipfumu’ (ficus natalensis)
encore visible de nos jours. Cet événement donna des ailes à ses guerriers qui adoptèrent
une autre stratégie de combat : les troupes spécialisées Babale et Bambali aménagèrent des
fosses profondes hérissées de pieux pointus dans lesquelles plusieurs envahisseurs
tombèrent. Leurs cris d’épouvante poussèrent les survivants à prendre précipitamment le
chemin du Rwanda. C’est la victoire de Nyabyunyu, près du Lac Vert. La malédiction
allait poursuivre le roi du Rwanda qui mourut à son tour en 1789.
● La mémorable année 1895. Depuis 18734, soit 22 ans plus tôt, le plus terrible des rois
guerriers du Rwanda nommé Kigeri IV Rwabugiri (règne 1865-1895), tenait à venger ses
3
Selon Mugaruka bin-Mubibi et Rubwindi Obwinja-Bube : Notes sur les conflits armés entre le
Rwanda et le Bushi pendant la période précoloniale, Cahiers du CERP, n°2, Lubumbashi et
Bukavu, 1985. Ce travail est d’une importance capitale car en confrontant les différentes sources, il
permet de réajuster les dates.
4
Idem. C’est cette même étude qui situe le règne de Yuhi IV Gahindiro en 1785-1789 alors que
d’autres, comme E. Mworoha situent (erronément) sa mort en 1830 (+/-10).
4
prédécesseurs et à occuper définitivement les royaumes de l’ouest du lac Kivu, à savoir le
Bunyabungo (Bushi), le Buhavu et le Buhunde. Devant des échecs partiels, il décida de
porter un coup final en allant implanter ses camps en pleins pays shi, à Mbiza (près de
Kabare), havu et hunde, dont l’un à Minova aux ordres de ses fidèles Sebitekete et
Munyaninzi. Le roi Mupfunyi des Bahunde, prudent, fit consigner ses troupes dans les
Monts Mashaki (que les guerriers de Rwabugiri appelaient le Butembo), laissant un
détachement aux ordres de son neveu le prince Muhabura. Ce dernier culbuta les
envahisseurs et les vainquit dans la bataille de Bugulube. Hélas, Rwabugiri ne pouvant
tolérer un tel affront, allait organiser une capture du prince qu’il amena au Rwanda avant
de l’y exécuter. Mais les Bashi et les Bahavu ne se laissaient pas faire non plus. "Au cours
de la mémorable bataille de Kidogoro, c.-à-d. CIRHOGOLE, près de Murhesa actuel,
Rwabugiri aurait été blessé par une flèche empoisonnée (selon une autre source, il aurait
plutôt été empoisonné dans l’île Ibinja où il venait de se replier après cette même
bataille)", selon Mugaruka b-M.5. Il mourut dans la pirogue qui le ramenait sur la rive
rwandaise. Les troupes du roi Mupfunyi en profitèrent pour fondre sur les régiments de
l’envahisseur qui se trouvaient encore chez les Bahunde. C’était en 1895. Les Belges
n’avaient pas encore occupé la région. Mais le R. P. Gillès de Pélichy, fondateur et
premier Supérieur de la Mission de Bobandana (en 1912) raconte cet épisode comme ayant
été déterminant dans le respect que les Bahunde imposèrent aux Rwandais. C’est le même
Roi Mupfunyi qui en 1899, vaincra le néo-esclavagiste Lukundula et le chassera
définitivement de la région. C’est l’époque de la guerre patriotique du célèbre prince
Ngyiko (1880-1912) avec son armée des Balyoko :‘mangeurs des cœurs des ennemis’ ?,
qui terrorisa guerriers rwandais puis officiers belges et autres blancs.
Ceci amène à parler des premiers contacts entre les Bahunde et les premiers
Européens. En réalité, les premières rencontres entre les deux groupes vont se faire au
Bwito. En 1860, Speke et Grant vont signaler de loin l’existence de la rivière Lutshuro
(Rutshuru). En 1876 Stanley annonce l’existence d’un lac qu’il va appeler Albert-Edouard
mais qu’il ne visitera qu’en 1889 en compagnie du Dr Franz Stühlmann. Le Dr Stühlmann
reviendra en 1891 et installera son campement à Bitshumbi (Vitshumbi). En juin 1894, le
Comte Gustav von Götzen ″découvre″ le lac Kivu. Il va rester quelque temps à Sake, et
s’engagera dans le Masisi profond, le Walikale et Lubutu avant d’atteindre le fleuve
Lualaba (fleuve Congo), et de là à Boma et l’Europe. Ensuite un autre allemand, le Dr
Richard Kandt, en février 1899 à la cour du Roi Mupfunyi, puis sa rencontre avec le
nommé Luhunga, chef héréditaire du Kamuronza, ceci contrecarrant les prétentions de
certains rwandais sur cette région qu’ils appelaient erronément Kamuronsi. De là il visita
la région des Lacs Mukoto, le Kishali, le Mushali et le Bwito. Puis passèrent les deux
Britanniques Ewart Grogan et Arthur Sharpe en mi-1899 (lac Kivu, Kishali, Mushali et
Bwito). Puis fin 1899 et surtout 1900, les Belges, avec l’épisode de la création de la
″Redoute de Bobandana″. Puis la création des Postes : en 1901 celui de Walikale
dépendant de Lowa et de Ponthierville (Ubundu) ; en 1902, ceux de Bobandana et de
Rutshuru /Buhindangoma , enfin en 1907 celui de Kitopfu (Masisi) absorbant ceux de
Bobandana et de l’Est de Walikale.. En 1912, Kitopfu devient un Territoire à part entière.
En 1919 Kitopfu se voit agrandir des régions de Ikobo et Kisimba précédemment
5
Mugaruka bin-M. et R., op. cit.- Episode qui devrait être enseigné dans les Ecoles congolaises, notamment la stratégie ‘Emibibi’, celle de l’attaque en trois lignes qui encercle vite l’ennemi. Comme celle
dite de ‘la nasse’ du légendaire général carthaginois Hannibal (guerres 218-2002 av. J-C.) et du Roi
Chaka Zulu (1786-1828) qui ne laissaient aucune possibilité de fuite à l’ennemi.
5
rattachées au Territoire de Luofu. En contrepartie, il va perdre, en 1920, le Mushali et
Tongo au profit de Rutshuru, géographiquement plus proche.
A partir de 1918/1920, les points de repères sont plus précis : C’est l’arrivée des
Administrateurs civils, dont M. Dargent à Masisi et M. Dubuisson à Rutshuru. Sur le plan
militaire, c’est la création du Bataillon de Pinga en 1917. Et les Missions catholiques et
protestantes s’installent dans la région : Rugari (1911), Bobandana Saint-Joseph (1912)
avec création, par le même Père Gillès, de l’Ecole de Masisi (1917) ; Jomba Sainte-Sylvie
(puis N-D. du Rosaire) (1932), Mutongo Sainte-Savine (1935), Nyakariba Marie
Auxiliatrice (1947 en prélude à la fermeture temporaire de Mutongo). Et plus tard, Goma
Saint-André (1950, puis Cathédrale S. Joseph) ; Birambizo N-D. de l’Assomption, en plein
Mushali/Bwito (1954) ; Walikale Sacré-Coeur (1955), Rutshuru Saint Aloys (1957) ;
Masisi Mater Dei (1958) ; Matanda Christ-Roi (1959) et Mweso Saint Mathias Mulumba
(le 04/09/1960). En 1963 : Goma Saint Esprit ; en 1965 Karambi Saint Paul ; en 1966,
Bibwe Le Bon Pasteur ; en 1984 Binja (Binza) Saint François Caracciolo, près de
Nyamilima/Ishasha ; en 1986 Goma-Katindo, N-D- du Mont Carmel ; en 1990 Goma ND. d’Afrique ; en septembre 1990, Katwe Marie Mère de l’Eglise, à côté de Kikuku,
paroisse et accroissement de l’Ecole centrale au cœur du Bwito. En 2000, deux paroisses :
à Sake Miséricorde Divine et à Kitshanga S. Barthélemy. En 2003/2004, deux paroisses : à
Kabasha/Kanyabayonga-sud Saint Charles Lwanga, et à Goma-ouest S. François-Xavier.
De manière parallèle, les Missions protestantes y virent le jour : Machumbi
(1920/1923), Walikale (Eglise Baptiste de Shabunda, date ?), mission fermée en 1931,
puis reprise par les Pentecôtistes ; Katwa (Lubero) (1928) par les Baptistes qui vont fonder
Sake-Mahyutsa en 1930 ; en 1930 agréation de la MLS (Mission Libre Suédoise) qui va
créer la Mission de Pinga avec Hôpital (complète en 1936) ; en 1932 Rwanguba avec
Hôpital, près de Rutshuru, et Singa au cœur du Bwito (date ?) avec Hôpital. En 1938,
fermeture de Sake à cause des violentes éruptions volcaniques, et déménagement à
Kihindo, près de Kirotshe. En 1947, Mission protestante à Burungu. A signaler le grand
Centre protestant d’évangélisation (CEPAC) de Kashebere, proche de Masisi, avec
notamment la traduction du Nouveau Testament (Ndaane Nyihya) en kihunde.
Quelques Ecoles secondaires : Ecole secondaire des Frères Maristes de Bobandana
(1952) ; Ecole Artisanale de Mutongo (1952) ; Lycée des Ursulines de Goma (1955/56)
En guise de résumé, ci-après, d’importantes dates :
▪ Dès l’arrivée des Belges, la région des Bahunde (et de leurs voisins, sauf Walikale)
va, via les postes de Bobandana, de Kitopfu (après 1907) et de Rutshuru, faire, de 1900 à
1912, partie intégrante du Territoire militaire de Ruzizi-Kivu, chef-lieu Uvira, au sein du
District et future Province de Stanley Falls devenant plus tard province de Stanleyville.
▪ De 1912 à 1926, les postes puis Territoires de Kitopfu et de Rutshuru (avec 6 autres
Territoires : Semliki, Luofu, Kwijwi, Kivu, Tanganika et Kalembelembe) fonctionnent au
sein du District du Kivu, dont le chef-lieu vient de déménager à Rutshuru. Ces Territoires
sont aussitôt rebaptisés Territoire de Ubembe, de Bufulero, de Urega, de Unyabungo
(Bushi), de Buhavu, du Buhunde, de Rutshuru, de Lubero, de Semliki.
▪ En 1926, le chef-lieu déménagea à Nyalukemba débaptisée en Costermansville, en
l’honneur du Haut Commissaire Royal Paul Costermans, et actuelle Bukavu. En 1933, le
Kivu deviendra Province de Costermansville, débaptisée en Province du Kivu en 1953.
6
▪ Le Territoire de Masisi prendra les noms ci-après : en 1907, Poste de Kitopfu, en
1912 Territoire de Kitopfu ; en 1926 : Territoire du Buhunde ; en 1932 : Territoire des
Bahunde-Banyanga ; en 1935 : Territoire de Masisi.
▪ Walikale : 1901 : poste dépendant du Territoire de Lowa, partie de Ponthierville
(Ubundu) ; en 1907 Walikale scindé, sa partie des Banyanga rattachée à Kitopfu ; en
1923 : fusion Kitopfu-Walikale sous les noms successifs de Territoire du Buhunde puis
des Bahunde-Banyanga, puis de Masisi. Et en 1953/1954 : Territoire de Walikale.
▪ Cas de Rutshuru/Buhindangoma : de 1902 jusque 1933 : inchangé, à la différence des
autres qui prennent le nom des principales tribus gérées. Exception : de 1933 à 1935, on va
l’appeler durant 2 ans, Territoire des Bahutu, le Bwito ayant déjà été annexé par le Bwisha
depuis 1931. A partir de 1935, restauration du nom de Territoire de Rutshuru, mais le
Bwito ne recouvrera sa chefferie qu’en 1967 (voir autres documents).
►- Une pleine compréhension de l’Histoire et de la Culture des Bahunde requiert une
présentation des Autorités traditionnelles depuis l’époque des Rois et leur administration
du royaume, jusqu’à celle des Chefs actuels. (Voir Article : LES CHEFS
TRADITIONNELS ET LEGITIMES HUNDE). Ils sont, d’une part, les principales
références des étapes historiques ; et d’autre part, les détenteurs de la légitimité du
pouvoir, du droit foncier, et l’un des supports du Patrimoine culturel et historique des
Bahunde. Ceci fera l’objet d’un Document séparé et approprié. Cela jettera, par exemple,
une lumière sur le cas mal connu de la Chefferie hunde du Bukumu, au nord de Goma.
►- Un Document sur le Patrimoine culturel dont la religion, les chants et danses, la
mémoire collective de ce peuple autrefois sans écriture, l’éducation des jeunes, etc.
● A ce niveau, on évoquera LA CALCULETTE D’ISHANGO, de plus en plus
considérée comme l’ancêtre des Mathématiques de l’Humanité. Le site d’Ishango n’est pas
chez les Bahunde, mais dans le Territoire administratif de Beni juste à côté du Bwito
(Bahunde). Cependant la Civilisation d’Ishango, (20.000 - 5.000 ans avant J-C.),
concernait et englobait toute la région avoisinante. Et, aujourd’hui ce problème concerne
au plus haut point la Nation congolaise et tout le Peuple congolais, à cause de son
inégalable valeur de Berceau des mathématiques de l’Humanité.
►- Un Document sur l’Economie viendra compléter cette présentation : ressources
potentielles et effectives de la région des Bahunde (minerais, agropastorales, pêcheries,
industries artisanales, monnaie, deux records mondiaux : la Busorite riche minerai de niobium
à Lueshe (Bwito), et les plus grandes défenses d’éléphants du monde), etc.
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Suite : photos .
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Le chef-lieu du Territoire de Masisi (Collection photos Mgr D. Kitsa)
Note d’auteur : Constater le paradoxe des modestes bureaux de ce lieu perché et exigu, de l’un des
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Territoires les plus fameux du Congo. Autrefois, vaste de +/-30.000 km , englobant le Walikale actuel
et le sud-Bwito ; plus vaste que certains pays, il faisait la fierté de ses Administrateurs dont certains
devinrent Commissaires de District ou Gouverneurs de province.
La Cité de Masisi, en pente est cachée derrière, vers la gauche.
►Les autres grandes cités de ce Territoire, parfois plus grandes que celle de Masisi-centre, sont situées
loin de ce chef-lieu : il s’agit de Sake, Kitshanga, Mweso, Kalembe, Nyabiondo, l’axe Kirotshe-ShashaBweremana.
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Masisi – Centre (Cité) (Collection photos Mgr Daniel Kitsa). 40.000 à 50.000 habitants.
Située vers le bas et à gauche du chef-lieu, elle entame la déclivité au nord, vers les plaines de Loashi,
Nyabiondo, Kilambo, Mashango, Lukweti, Mutongo, et au nord-ouest, Loashi direction Luberike
(Walikale)
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Paysage typique du haut Bwito
Agglomération de Nyanzale (photo Monuc 2008, reprise dans livre JBM : Le Bwito).
"Situé à +/- 140 km au nord, nord-ouest de Goma et à 8 km au sud du chef-lieu Kikuku et du Centre
scolaire de Katwe. Cité martyre, symbole du calvaire du Bwito. Autrefois, important centre de négoce
et l’un des principaux villages du Bwito. Tout au long de 2006-2008, Nyanzale est âprement disputée
entre FARDC (un des rares fronts que l’armée congolaise a défendu longtemps), les patriotes Maï-Maï
et les troupes nkundo-rwandaises qui la pilonnent rageusement. Les Casques bleus sont présents et
essaient, mais !…Et les ONG humanitaires se sont provisoirement mises à l’abri." (idem, même livre).
►Le Bwito (Nord-Rutshuru), bien que très peuplé (en 2007 = 246.289 hab pour 1.470 km2 autorisés
à l’habitation, à cause du Parc national, soit 168 hab/km2), reste typiquement rural, avec des cités et
agglomérations de taille moyenne : Kikuku/Katwe (chef-lieu), Vitshumbi, Kibirizi, Nyanzale,
Katsiru/Mweso rive droite, Kanyabayonga-sud/Kabasha, etc. -
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"La Redoute de Bobandana" vers 1904-1917, destinée à protéger le nord-ouest du lac Kivu
(cf. ‘A l’ombre des Volcans Virunga, Histoire et Culture des Bahunde’, p.341, cité plus haut).
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