La pédagogie institutionnelle - Université des Antilles et de la Guyane
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La pédagogie institutionnelle - Université des Antilles et de la Guyane
On fait comme si … … nous étions tous ministres de l’éducation ON SE RENCONTRE ? Que diriez-vous de discuter ensemble de pédagogie ? Nous organisons une conférence-débat à l’Université, le samedi 14 janvier à 9h30, dans l’Amphi de médecine (prendre à droite à l’entrée du campus de Fouillole, jusqu’au dernier bâtiment sur la droite, en face de la bibliothèque, côté mer). L’intervenante, Madame Sandye Gloria-Palermo, professeure de Sciences Economiques à l’université des Antilles et de la Guyane, vous propose sa réflexion sur le thème suivant : LEGITIMITE ET LIMITES DE L’AUTORITE A L’ECOLE Ce qui se fait dans l’éducation nationale n’est pas forcément la meilleure façon de procéder. Allons voir ailleurs ce qui se fait, allons voir ce que les grands pédagogues proposent, élargissons nos horizons et confrontons nos écoles avec des écoles alternatives, où l’autorité ne gère pas tout, où le pouvoir est partagé entre professeurs et élèves. LES FONDAMENTAUX PEDAGOGIQUES Aujourd’hui : la Pédagogie Institutionnelle (la P.I.) Fernand Oury (1920 – 1998), instituteur et chef de file du mouvement de la PI, part d’une critique sévère de l’organisation traditionnelle de l’école : il l’appelle ‘l’école –caserne’, avec sa discipline carcérale où éduquer signifie apprendre à l’enfant à obéir, où les règles s’imposent de façon anonyme, sans critique possible, en infantilisant des élèves dont l’apprentissage est passif, où les enseignants eux-mêmes sont peu valorisés et démotivés… La P.I. a pour objectif de permettre aux élèves et aux enseignants de remplacer les institutions qui leur sont imposées (règlements, modes de fonctionnement) par de nouvelles règles du jeu qu’ils auront discuté et choisi ensemble et qui seront plus adaptées aux besoins propres du groupe. Il s’agit de modifier la relation enseignants-enseignés qui traditionnellement confère une autorité indiscutable au maître afin de procéder à un véritable partage du pouvoir avec les élèves. Le rôle de l’enseignant est repensé. Il n’est plus un simple dispensateur de savoir mais le coordonnateur du groupe qu’il guide et dont il assure la sécurité ; il n’est pas privé de toute autorité puisqu’il détient le droit de véto dans la prise de décisions collectives, il est le garant de la loi commune et demeure le responsable en matière d’apprentissage et de pédagogie. La PI utilise pour l’apprentissage scolaire, les techniques Freinet (voir bulletin n° 1) ; le conseil de coopérative est la clé de voûte du système ; d’autres institutions spécifiques à la PI sont mises en place comme les ceintures de comportement et la monnaie intérieure. - les techniques Freinet La libre expression sous toutes ses formes est privilégiée (parole, écriture, peinture, musique, théâtre…). Proposer à un élève de trouver les moyens et la forme de sa libre expression est envisagé sous un angle thérapeutique (des mots contre les maux) ; le journal et l’imprimerie sont les catalyseurs de la vie coopérative du groupe (il faut choisir les thèmes ensemble, produire les textes, les sélectionner, les corriger…) ; l’école est ouverte sur le monde à travers les sorties-enquêtes et la correspondance avec d’autres classes ; les élèves progressent à leur rythme par l’usage individuel guidé par l’enseignant de fichiers qui synthétisent les apprentissages et permettent le travail libre et le contrôle personnel. - le conseil de coopérative C’est le cœur de la PI puisque c’est à travers le conseil que sont élaborées, expliquées, modifiées et votées les règles de fonctionnement collectif de l’école, règles qui s’imposent à tous, enfants et adultes et dont l’infraction donne lieu à réparation. Par l’activité du conseil, l’enseignant se présente sous un jour nouveau aux élèves, il partage une partie de son pouvoir d’action avec eux, les élèves ne subissent plus l’école mais agissent dessus et en acceptent d’autant mieux les contraintes que ce sont eux-mêmes qui les ont définies. - les institutions spécifiques Les ceintures de comportement s’inspirent des ceintures de judo. Elles indiquent à quel niveau se trouve l’élève, en termes d’apprentissage et de socialisation ; elles sont attribuées par le conseil. Les différentes couleurs donnent accès à différentes responsabilités ou droits (accès au matériel, prise en charge d’activités, tutorat à d’autres enfants…). Une monnaie intérieure circule dans l’école. L’enfant est payé pour ses travaux (que ce soit des travaux d’apprentissage scolaire ou des travaux réels pour l’entretien de l’école). Il utilise son argent pour payer ses amendes (les infractions donnent lieu à des amendes plutôt qu’à des punitions plus ou moins arbitraires ou à des discours moralisateurs) et pour échanger différents biens (biens personnels ou productions scolaires) lors du marché hebdomadaire. Bulletin d’information pédagogique - n°3, janvier 2006 Contact : Sandye Gloria-Palermo - parent d’élève de MS Houezel - [email protected] , tel :0590 82 30 39