2016-01-21-22-compte rendu mission maroc - Sgen

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2016-01-21-22-compte rendu mission maroc - Sgen
Compte-rendu de la visite du Sgen-CFDT au Maroc
Alain Schneider et Julien Duruisseau – 21 et 22 janvier 2016
Alain Schneider, secrétaire général du Sgen-CFDT de l’étranger et Julien Duruisseau, secrétaire fédéral « Politique
éducative » et représentant Sgen-CFDT au Conseil supérieur de l’Éducation, sont venus deux journées au Maroc,
les 21 et 22 janvier 2016. L’objectif principal était une journée de formation au lycée Lyautey souhaitée par la
section.
La mission s’est déroulée en deux temps principaux : une journée à Rabat et une seconde à Casablanca.
Rencontre à l’ambassade
Lors de la première journée, le 21 janvier, la délégation s’est d’abord entretenue avec le conseiller culturel
adjoint en charge du réseau d’enseignement français au Maroc Michel Houdu, naguère inspecteur d’académie
directeur des services départementaux de l’Éducation nationale du Loir-et-Cher, assisté de Dominique
Deschaud.
1. Le réseau Maroc
M. Houdu évoque le fait que depuis le réchauffement des relations diplomatiques avec le Maroc, la mise en
œuvre de sections internationales dans le système marocain repart et peut laisser espérer une moindre
pression sur le réseau français, notamment AEFE. Les contrats des détachés du ministère de l'éducation
marocain au nombre de 200 (y compris dans les homologués) devraient être revus ; ils seraient probablement à
durée limitée, et renouvelables. De même pour faire face à la réforme du collège, les discussions avec les
autorités marocaines permettront de revoir la place de l’enseignement de l’arabe pour les élèves marocains.
Plus généralement, au sein du réseau, il faut continuer à travailler à faire évoluer les méthodes pédagogiques de
l’enseignement de la langue arabe. Mais l’adaptation des programmes en histoire géographie pour les sections
internationales ne sera probablement pas faite à la rentrée. En tout état de cause, il n’y aura pour la rentrée
aucun changement concernant l’enseignement des langues.
2. Formations des personnels en contrat local
Le Sgen demande que les personnels en contrat local, y compris les non enseignants, bénéficient de formations :
par exemple, des formations permettant aux surveillants d’améliorer leurs compétences dans leur métier mais
aussi en prévision d’une promotion ou sortie de cette fonction a priori temporaire ; et des formations aussi bien
pour les agents administratifs que pour les agents techniques, telles que « Gestes et Postures ». M. Houdu a été
sensible à ces propositions.
3. Réforme du collège
Le Sgen regrette l’absence de formation prévue cette année et trouve très nettement insuffisante la demijournée banalisée octroyée par le Scac. Il dénonce le retard de l’AEFE à prendre en main cette réforme. M.
Houdu affirme qu’il n’y a pas de blocage pour aller au-delà d’une demi-journée banalisée si dialogue il y a avec
les parents. Il reconnaît que pour des raisons de calendrier la réforme n’a pas été intégrée dans le plan de
formation. En revanche, le plan 2016-2017 en prévoira de nombreuses, dont il faudrait qu’elles développent les
approches interdisciplinaires. Il souhaiterait que la période qui suit le brevet soit utilisée en globalisant par
exemple à ce moment des EPI, ou pour assurer les parcours comme les parcours citoyen. La reconquête du mois
de juin est une préoccupation forte.
Le Sgen insiste sur la nécessité de privilégier le travail en équipe et d'éviter les formations descendantes souvent
déconnectées du terrain.
4. Carte des emplois pour le Maroc
Le Sgen s’inquiète de l’annonce de suppression de postes de résidents, malgré les promesses de statu quo et
l’augmentation des besoins du fait de la réforme et de l’accroissement des effectifs. Les conseils d'établissement
présenteront la carte des emplois. Ce serait moins de 10 postes supprimés pour l’ensemble du Maroc qui seront
annoncés. Quant à la possibilité de recruter des contrats locaux, M. Houdu n’est pas inquiet car le Maroc
compte de nombreuses personnes qualifiées à qui il faudra permettre d’améliorer les compétences
professionnelles.
Compte-rendu de la visite du Sgen-CFDT au Maroc
21 et 22 janvier 2016
5. Dialogue social
Malgré sa lenteur et les incertitudes quant à la validation des propositions par l’Agence, le Sgen reconnaît sa
qualité… Un coup de pouce concernant l’avantage familial serait bienvenu car il montrerait une réelle
reconnaissance à l’endroit des agents. Le SCAC souligne que le travail sur les grilles irait dans le même sens. L’un
n’empêche pas l’autre et le Sgen y est pleinement favorable notamment pour revaloriser les plus petits salaires.
6. Hygiène, sécurité et conditions de travail dans les établissements du Maroc
Le Sgen informe que le secrétaire général de l’Agence, lors du CHSCT de l’AEFE du 14 décembre 2015, a jugé
intéressante la proposition faite d’un dispositif de coordination au niveau du pays. Nous insistons sur
l’importance de la prise en compte de la souffrance au travail. M. Houdu partage cet avis.
Au lycée Descartes
Puis la délégation augmentée du représentant Sgen du lycée Descartes a poursuivi sa mission à la rencontre des
personnels.
1. Entrevue avec le proviseur, Gilles Joseph
M. Joseph affirme que la mise en œuvre de la réforme du collège se passe très bien notamment grâce aux
nombreux inspecteurs généraux accueillis depuis la rentrée. Le conseil pédagogique sera réuni le 18 avril ;
d’ores et déjà des groupes de travail de collègues volontaires ont été constitués et, à leur initiative, des conseils
d’enseignement ont été réunis, qui rendront compte de leurs travaux le 15 février. Le proviseur présente un
corps professoral prêt aux changements, le lycée étant déjà engagé depuis 2013 dans un processus d’innovation
pédagogique : l’EIST étendu à quatre classes ; l’évaluation par compétences en 6e et en seconde et, depuis cette
année, une classe inversée dans toutes les disciplines en 4e « la seule classe inversée au monde » affirme-t-il !
« Collègues, parents et élèves sont satisfaits. »
Nous avons interrogé M. Joseph sur l’accompagnement des collègues dans la mise en œuvre de la réforme. Il
souligne le rôle des EEMCP2 qui à leur demande sont aussi coordonnateurs.
M. Joseph nous présente un lycée qui fonctionne très bien, à la pointe de l’innovation, à l’écoute des collègues.
Nous savons que tout n’est pas aussi idyllique notamment le respect du droit syndical sur lequel nous
l’interrogeons. Les deux syndicats SE-Unsa et Sgen-CFDT, au prétexte que la liste à laquelle ils ont participé est
sans étiquette, ont eu du mal à lui faire accepter la tenue d’heures syndicales.
Nous avions demandé à M. Joseph une heure syndicale à 11 h ou à 13 h 30. A peine deux jours avant, M. Joseph
a enfin répondu pour nous accorder une heure syndicale jeudi à 16 h 30 afin de ne pas désorganiser le service,
toutes les heures syndicales se déroulant en fin de journée. D’autre part, depuis le début de l’année, ni l’Unsa ni
le Sgen n’ont eu accès à un panneau syndical : tous étaient dévolus à la FSU. Comme par enchantement, nous
avons appris de M. Joseph que le panneau a trouvé sa place. Il informe que la salle des professeurs sera refaite
au cours des vacances de Pâques : le Sgen de Rabat a été étonné de n’avoir eu aucune information.
Au lycée Descartes, il y a une CHS qui n’a pas été réunie encore cette année. Le lycée aurait un registre hygiène
et sécurité. Mais les collègues en difficulté sont invités à rencontrer le proviseur qui ainsi a pu régler les rares
problèmes qui se posent aux 400 personnels sur le site tous les jours : il s’agit, selon lui, d’un épiphénomène
qu’il sait traiter au cas par cas.
Nous avons évoqué le sujet des surveillants employés ici à temps partiel ou à temps plein comme ils le
demandent. M. Joseph nous a invités à prendre garde à ne pas faire de comparaison en la matière avec le
modèle hexagonal. Le temps partiel permet d’avoir plus de personnes. Il n’y a aucun manque en matière de
formation puisque le pôle propose des stages aux surveillants et qu’un stage vie scolaire a rencontré un vif
succès. Il n’est pas du ressort du réseau de s’occuper de reconversion.
Lors de l’heure syndicale à 16h30, nous avons pu mesurer le hiatus entre le monde parfait décrit par le proviseur
et la réalité.
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2. Heure d’information syndicale à 16 h 30
Malgré les difficultés que nous avons eues pour organiser l’heure syndicale, quelques collègues étaient présents
et avaient beaucoup à dire.
Nous apprenons que la FSU a souvent fait des réunions syndicales en fin de matinée les années précédentes. Les
collègues regrettent que l’information circule très peu, restant l’apanage du seul syndicat déjà représenté. Ils
ont été étonnés de voir si facilement résolu le problème du panneau d’affichage et d’apprendre que la salle des
professeurs va être refaite.
Les collègues reconnaissent les innovations pédagogiques mais regrettent que les énormes moyens affectés à la
classe inversée ne profitent pas à tout l’établissement contrairement aux promesses. Il s’agit d’une simple
vitrine.
Par ailleurs, les conditions de travail sont loin d’être satisfaisantes : le lycée n’a aucune salle dédiée aux langues ;
les enseignants se déplacent énormément de salle en salle. L’environnement est souvent bruyant...
Nous avons répondu aux questions des collègues sur les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Ceuxci nous ont informés que les conseils d’enseignement émanant des propositions du groupe de travail pour
préparer la réforme évoqués par le chef d'établissement se déroulent le mercredi après midi ; ils ignorent s’ils
sont obligatoires ou non. Les EEMCP2 n’ont pas du tout dans leur immense majorité demandé à être également
coordonnateurs de discipline !
Les surveillants sont trop peu nombreux. De plus, en réalité aucun surveillant n’a un temps complet ; les uns
font 32 heures, les autres 22 heures et ils ne choisissent pas. Soulignons que le proviseur ne nous a pas autorisés
à parler aux surveillants en dehors de l’heure syndicale.
Enfin les relations entre le proviseur et les personnels sont parfois médiocres : une collègue subit des attaques
de la part des élèves et n’est pas soutenue par la direction, au contraire. Le Sgen évoque la protection
fonctionnelle.
Au lycée Lyautey
La journée du 22 janvier 2016 se passe au lycée Lyautey.
La matinée de la journée de formation est consacrée au collège
Une bonne vingtaine d'enseignants représente pratiquement toutes les disciplines. Cette journée a pour objectif
d’étudier les problèmes que pose la réforme du collège, d’échanger avec les collègues sur les moyens de la
mettre en œuvre dans la mesure où nous pensons qu’il vaut mieux agir ensemble que de subir une réforme et
ses modalités, imposées d’en haut. Il en va de nos conditions de travail.
Julien Duruisseau explique que le Sgen a globalement soutenu cette réforme qui va dans le sens du collège pour
lequel il se bat depuis longtemps, mais qu’il n’est pas en accord sur tout et que surtout il est vigilant sur les
modalités d’application.
Le Sgen-CFDT met l’accent sur la notion de « partage » : le Sgen-CFDT a produit des outils, créés non par une
« technocratie syndicale parisienne » mais par des enseignants « de terrain ». Julien Duruisseau explique que le
ministère, pour construire cette réforme, s’est inspiré de pratiques développées et mises en œuvre notamment
dans l’éducation prioritaire. La réforme du collège peut être vue comme un décret d’application de la loi de
refondation de l’école. Les 4 h maximum consacrées à l’AP (accompagnement personnalisé) et aux EPI sont des
modalités pour acquérir les programmes et sont intégrées dans les horaires disciplinaires. Les EPI,
enseignements pratiques interdisciplinaires, ne sont ni des IDD, ni des TPE ; on n’invente pas de nouveaux
contenus ; ils sont une autre modalité pour « enseigner » des éléments des programmes ; ils sont « pratiques »,
car ils impliquent l’idée de production. L’AP pose plus problème car c’est la même appellation qu’au lycée, avec
les trois volets : remédiation ; approfondissement ; accompagnement. L’accompagnement est le plus mal
connu et le plus complexe : comment ne pas empiéter sur les autres personnels (CPE, orientation…) ? Il ne s’agit
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pas pour nous de remplacer l’infirmière, les CPE, les COP… mais pour l’enseignant d’accompagner l’élève dans
son travail d’élève. Ces nouvelles modalités impliquent un besoin de concertation : or le cadre statutaire avec
les nouveaux statuts enseignants n’a presque rien changé, même s’il clarifie les choses en reconnaissant que le
travail n’est pas que le face à face avec les élèves. Les IMP sont le principal changement. Cependant, il n’y a pas
de prise en compte du temps de concertation. Le Sgen aurait souhaité aller plus loin.
Les EPI doivent être évalués ; le système étant construit sur l’évaluation, cela peut les rendre plus légitimes aux
yeux des élèves et des familles.
A priori, le plus simple serait de figer les choses sur une cohorte (prévoir sur 3 ans). C’est 11 % du temps de
travail des élèves. Il faut être raisonnable, modeste.
Un collègue informe qu’en avril à Lyautey tout devrait être prévu, a priori ce serait des thèmes de pôles par
année, avec probablement des associations disciplinaires imposées.
Julien Duruisseau a présenté l’architecture du nouveau DNB ; il est évalué sur 700 points, avec un contrôle final
écrit auquel s’ajoute une épreuve orale : la présentation d’un projet seul ou en groupe, issu des EPI ou d’un
parcours (350 pts) et 350 points dévolus au contrôle continu qui valide les compétences des 5 domaines du
socle selon 4 niveaux de maitrise. Certains regrettent comme en EPS que des disciplines ne soient plus évaluées
dans le contrôle final ; mais l’idée est qu’un élève doit être évalué globalement. Toutes les disciplines sans
exclusive participent aux compétences et à leur évaluation.
On débat sur l’évaluation en contrôle continu : le système reste hybride. A priori, ce serait fait en conseil de
classe.
Julien Duruisseau présente des outils qu’il met à la disposition des participants, notamment un tableur sur le
calcul des marges horaires, sur l’organisation des EPI, un listing des compétences du cycle 4 (tableau dynamique
qui croise les compétences) et des fiches pour organiser la réflexion pour le choix des EPI en fonction des
disciplines.
L’objectif de cette matinée, trop courte, a été de dédramatiser ; la réforme n’est pas une révolution ; les
approches disciplinaires changent dans la mesure où il faut raisonner par cycle et par compétences, ce que de
nombreuses disciplines pratiquaient déjà. La vision doit être curriculaire.
L’après midi nous avons réfléchi au bilan de la réforme du lycée notamment l’AP
Le bilan que le ministère mène en ce moment ne débouchera sur aucune modification sauf consensus entre les
acteurs ! Il y a quand même des choses à faire localement. En théorie, les enseignements d’exploration avaient
pour but de rééquilibrer les filières, de permettre aux élèves d’expérimenter une matière a priori hors de leur «
destin scolaire » mais en ce sens, c’est un échec : par exemple, la filière L reste toujours aussi peu attractive
notamment à Lyautey. La filière S continue à être vue comme la seule filière généraliste en termes de
débouchés.
Nous avons échangé sur l’orientation en fin de seconde où les élèves forcent le passage vers la 1e S.
L’AP de seconde agit sur l’orientation avec la venue de la COP, (identification par l'élève de ses capacités, travail
sur les représentations, venue d’anciens élèves, forum des métiers). On a parfois mené des entretiens
personnalisés des élèves : intéressants mais chronophages et posant des questionnements éthiques : quel est le
positionnement du prof ? Se pose le problème du repérage de besoins ; des activités marchent mais dans
l’ensemble notamment en première et en terminale, l’AP est difficilement lisible. Le projet
d’établissement devant être actualisé, demande est faire que soient mis en correspondance les priorités et les
moyens.
Entrevue avec le proviseur du lycée Lyautey, Claude Thoinet : 17 h – 17 h 50
Il est essentiellement question de la réforme du collège sur laquelle nous avons échangé à bâtons rompus. M.
Thoinet, nouvellement arrivé, explique qu’elle n’est pas simple techniquement à mettre en œuvre, qu’il y a des
contraintes de structure. Il note que l’information de l’AEFE indiquant qu’on gelait la question des langues pour
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la rentrée lui a été donnée par simple texto. Les EEMCP2 seront vus lundi après les réunions qu’ils ont menées
dans les équipes. Dans 15 jours, un conseil pédagogique collège sera convoqué.
Pour l’AP au lycée, il suggère de revoir l’organisation actuelle en tenant compte du sondage qu’il a effectué ; il
proposerait au conseil pédagogique que l’AP aille par étape de plus en plus vers le disciplinaire. Nous avons
indiqué qu’il faudrait que des groupes de travail en discutent en amont, qu’il serait souhaitable d’éviter en
terminale de ne faire que du bachotage ; car les élèves ont aussi besoin d’être préparés aux études post bac ; le
but étant d’acquérir de l’autonomie.
M. Thoinet souhaite que les langues anciennes soient toujours enseignées comme des langues mais il cherche
aussi les moyens de soutenir les nombreux élèves en difficulté avec des actions évaluables.
Nous parlons longuement de la question de l’arabe dans les établissements du pôle. Il montre sa volonté de
trouver des solutions d’amélioration.
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