l`ère du temps
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www.asdecamediagroup.com L’ÈRE DU TEMPS Une publication de l’ASDECA Mensuel 1.500 Fcfa Décembre 2013 Magazine bilingue d’informations générales Le Cameroun envisage atteindre son émergence à l’Horizon 2035. Cependant, «Avancer et reculer », pourrait à juste titre être la devise du pays ; quels sont les maux qui seraient le frein à cette politique des « Grandes Réalisations » ? Pages 28-30 FORCES DE DEFENSE CAMEROUNAISES A l’heure de la modernité Pp. 9-13 DE KADHAFI À MANDELA 2ÈME PONT SUR LE WOURI L’Afrique meurt Le garant d’une compétitivité économique P. 21 P. 16 BOKO HARAM Pp. 16-17 Le contrepoids de l’occident ? Pp. 36 -37 L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 1 2 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 En guise de bonnes fêtes « Evariste ABESSOLO L’homme est comme le poivre, tu ne le connais pas avant de l’avoir mâché ». Voici un adage qui nous vient de Penja dans le Moungo profond et qui nous laisse entrevoir que depuis l’époque d’Alexandre le Grand jusqu’au début de la seconde moitié du 19ème siècle, l’homme se contentait uniquement de la vitesse du cheval qu’il chevauchait. Cela dit, de cette date à l’Ere de notre infini Temps, bien des montures ont surpassé cette allure naturelle. Pourtant, au Cameroun comme dans la quasi-totalité des Etats africains, il est des personnes, plus encore, hauts représentants de la nation, qui n’ont conscience de l’inéluctable saut de la connaissance et des découvertes scientifiques et technologiques vécues. Ramant à cet effet à contre-courant de la vision « développementiste » nécessaire à la survie des pays du Sud, ces « dépassés » de l’histoire contemporaine ont fortement contribué à repêcher les dramatiques « dix plaies de l’Egypte » pharaonique pour les transposer à l’Emergence à l’horizon 2035, en actualité. Situation infecte, mettant en mal l’unité nationale et la cohésion sociale, l’on s’est bien rendu compte que c’est plus à dessein que par ignorance que ces hommes au goût de « poivre », s’attèlent à ralentir la marche de la nation. Ainsi, depuis que ces derniers ont été « goûtés » par le Lion, des signes précurseurs du nouveau gouvernement, imminent à ce que l’on raconte, sont visibles. Le Président de la République S.E. Paul BIYA est allé à Douala. Avec lui, il aura amené ses collaborateurs les plus fiables et susceptibles de rentrer dans la composition de la nouvelle équipe. Or, après la publication de la liste de ceux convoqués pour l’accompagner à la Capitale économique, l’action gouvernementale est en perte de vitesse. Pourtant, le Premier des camerounais y était pour accomplir un acte fort déterminant dans la matérialisation de sa vision politique. Mais, ceux des crus « inamovibles du Gouvernement de la République », y compris ceux convaincus de quitter le navire des Ministres ont perdu toute motivation dans l’exercice de leurs hautes fonctions. Plus aucun dossier n’avance dans les départements ministériels. Tout le monde baisse les bras comme pour plomber la prise en main des affaires publiques par celui qui bénéficiera de la confiance de l’exécutif gouvernemental. Par ailleurs, les « vieux démons » subsistent. Croyant au déliquescent « équilibre régional », l’on pense encore avoir toutes les chances, peu importe les compétences. Cependant, mâcher du poivre pendant longtemps, n’est point de la compétence des vivants. Finie donc l’époque de la tolérance et du « nombrilisme patrimoniale ». La première pierre posée du deuxième pont sur le Wouri et l’inauguration de l’usine à gaz de Ndogpassi à Douala par le Chef de l’Etat, expriment sans équivoque l’amorce d’une nouvelle phase d’accélération des « Grandes Réalisations ». C’est une Ere particulière, celle des bâtisseurs de la nation, conscients du goût âcre du poivre et maitres de sa dose dans la « sauce nationale ». Une main en plus est désormais à prendre en considération, il s’agit de l’armée nationale dont le ministre en charge, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, assigne de nouvelles directives pour la construction et la défense de l’intégrité territoriale. Voici venue la période des fêtes de fin d’année, moments de rassemblement, d’introspection pour un bilan qui ouvrira les portes de 2014. Voici un mois au Cameroun, nous pensons déjà à l’Afrique dans le prochain. Bonnes fêtes ! L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 3 L’ÈRE DU TEMPS DECEMBRE 2013 Une publication de Mensuel l’ASDECA Magazine d’informations générales Directeur de Publication DESTINATION RIO Evariste ABESSOLO 34-35 Directrice Exécutive Gertrude ABESSOLO Conseil éditorial L’ASDECA S’OUVRE AU BRÉSIL Simon NTONGA, Valère OLINGA, Roland NTSA, Gertrude ABESSOLO, Fabrice BEYENE Equipe de rédaction 24 Flore EKOULLE, BALEBA BALEBA, Roland NTSA, Simon NTONGA, Gola Chin, Abraham Ndjana, Ester Assena, Christèle Avom 46-47 L’HISTOIRE DE BIYA ET DOUALA Division Marketing et Commerciale Sempa Photographie Pierre EBODE Caricature Cédric N. NJOYA Infographie ÉDITO 3 CLARISSE WOPSO 6-7 32 En guise de bonnes fêtes GÉNIE MILITAIRE Un 11 ème régiment à Sangmélima TENDANCE 26 Ces danses urbaines qui font fureur Georges BENGA Impression Sopecam CINEMA Distribution MEMOIRE MESSAPRESSE Les ‘’Yaoundéens’’ à l’origine Une publication de l’ASDECA située à l’Hôtel du plateau - Essos 27 Hollywood in Africa AFRICA 32 40-41 When regional integration stutters Tél : (+237) 22 23 49 27 22 80 02 87 - 22 80 02 35 LEUR AVIS COMPTE Fax : (+237) 22 21 67 34 Emergence 49 B.P. : 15691 Yaoundé - Cameroun Email : [email protected] DECOUVERTE Site web : En couverture LES 7 PLAIES DE L’EMERGENCE n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 50-51 31 LA GEOPOLITIQUE DU NUCLEAIRE Bienvenue au Brésil www.asdecamediagroup.com 4 FÊTES DE FIN D’ANNÉE 38-39 Actualités Comme le dernier coup de hache qui abat l’arbre, le décès du Père de la lutte anti-apartheid ce 05 décembre 2013, sonne le glas en faveur des « assassins intrépides » du continent des « esclaves ». © DR • Salut, le héros planéterre Evariste Abessolo & Simon Ntonga P remier président de l’Afrique du Sud démocratique, Nelson Mandela «s’est éteint», a déclaré Jacob Zuma, avant de rendre un long hommage à l’ancien président sud-africain. «L’exprésident Nelson Mandela nous a quittés (...) il est maintenant en paix. La Nation a perdu son fils le plus illustre», dixit le chef de l’Etat. «Il s’est éteint en paix (...). Notre peuple perd un père», a-t-il ajouté avant d’annoncer que les drapeaux seront mis en berne à partir de vendredi et jusqu’aux funérailles d’Etat dont il n’a pas annoncé la date. Il ne s’agit pas d’un événement malheureux qui concerne l’Afrique du Sud comme Etat. Il s’agit certainement d’une tragédie en trois parties (trilogie) digne d’une production d’Hollywood (USA) ou de Bollywood (Inde). Nollywood (Nigéria), étant incapable pour l’instant de comprendre tout l’intérêt et les enjeux futurs. La Trilogie dramatique en images Si des fils de l’Afrique ont un jour pu rire, jubiler, fêter et rêver d’un avenir radieux ou prospère, cela aura généralement été à la suite d’actes posés par d’autres fils, que l’on devrait qualifier de « dignes », « honorables », « vénérables » et il faut savoir s’arrêter pour ne pas dire « divins ». Ceux sont : Nelson Mandela, Mouammar Kadhafi et Patrice Lumumba. Patrice Lumumba Patrice Émery Lumumba (né le 2 juillet 1925 à Onalua, Congo belge et mort assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga) est le premier Premier ministre de la République Démocratique du Congo de juin à septembre 1960. Il sera l’une des principales figures de l’indépendance de son pays, ainsi que de la montée en puissance d’un discours nouveau en direction de l’Occident. Patrice Émery Lumumba est considéré au Congo comme le premier « héros national ». Il a en effet été assassiné par des responsables de l’État du Katanga, avec la complicité de la sûreté de l’État belge, puissance coloniale du Congo, et des services secrets des États-Unis(CIA). Il aura fallu l’assassiner pour empêcher que son idéologie ne contamine les populations de toute la région des Grands De Kadhafi à Mandela L’Afrique meurt Lacs, fortement pillées et ridiculisées par les puissances coloniales. Nelson Mandela, échappé et rattrapé par le temps Mouammar Kadhafi Voici une figure qui a montré l’exemple à suivre en traçant le chemin du courage et de la persévérance. Africain dans l’âme, la peau et le sang, il a durant 95 ans de son existence, voué sa vie à la cause de « son peuple », l’Afrique. Bastonné, humilié en privé et en public, tenté d’être corrompu pour lâcher la grappe, emprisonné et meurtri à des moments, « l’Homme » est resté « Entier ». Si l’idée de la construction d’un Etat continental a rejailli des entrailles du continent africain, laissant au repos ses pères géniteurs à l’instar de Kwame Nkrumah, le mérite revient à ce fils « illuminé » des ancêtres bédouins nomades du désert libyen. Courageux et visionnaire d’une Afrique puissante et dominatrice de la planète, c’est grâce à lui que le continent s’approprie sa communication, jadis contrôlée et facturée très chère par l’Occident. Ainsi, des projets de satellite sont financés par « Le Colonel ». Il met sur pied une organisation transafricaine, la CEN-SAD, qui accompagne pendant son temps plusieurs pays à réaliser des projets de développement importants. La vision étant d’aboutir à l’adhésion de tous les Etats du continent et créer « les Etats-Unis d’Afrique », un géant à l’énergie redoutable qui a effrayé l’Occident. Il sera froidement pourchassé sans honte et assassiné le 20 octobre 2011, près de Sirte par ceux que tous les Africains connaissent et, la peur au ventre et la gourmandise à la main tendue, continuent de vénérer. Tout ce qu’il y aura à mentionner, en gras, dans les livres de l’histoire africaine est que : Le 12 juillet 1963, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, puis condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l’égalité raciale et bénéficie d’un soutien international croissant. De son vivant, son image et sa présence faisait reculer certaines positions vis-à-vis de l’Afrique. Aujourd’hui décédé, il ne nous reste plus qu’à nous aligner sur les derniers propos du Président Zuma : « Exprimons la profonde gratitude pour une vie vécue au service des gens de ce pays et de la cause de l’humanité… C’est un moment de profond chagrin (...) Nous t’aimerons toujours Madiba ». l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 5 Actualités © DR • Synergie du gouvernement © Asdeca • GM au coeur du développement Le génie militaire au service de la construction nationale Un 11ème régiment à Sangmélima E n date du 29 novembre 2012, le Chef de l’Etat a signé le décret N° 2012/5072 portant création et organisation de trois régiments de génie militaire au Cameroun. Il s’agit de la première région interarmées Centre-SudEst avec le 11ème régiment du génie militaire ayant pour base Sangmélima, la deuxième région interarmées composée du Littoral, l’Ouest, le Nord-ouest et le Sud-ouest avec pour base Douala et enfin de la troisième région interarmées Extrême-nord, Nord et Adamaoua avec pour base la ville de Garoua. C’est le samedi 09 novembre dernier, que la cérémonie organisée pour la pose de la première pierre du quartier général de ce régiment, ainsi que de l’installation de son commandant, a eu lieu et reçu un grand écho. Etaient présents à cet important événement, le Secrétaire général des Services du Premier Ministre, le Secrétaire général du Sénat, le Secrétaire d’Etat en charge des Anciens Combattants, plusieurs généraux de l’armée camerounaise, des membres du Parlement et autres autorités administratives et traditionnelles. Le mot de bienvenue a été prononcé par le maire de la ville de Sangmélima, ensuite ont suivi, les allocutions des différentes personnalités dans un ordre bien établi. L’on a par la suite assisté à un défilé motorisé mettant en exergue les engins derniers cris du génie militaire. Ici et là, des cris de joie mettant en scène des populations admiratives de ce nouveau cadeau. Ainsi, que ce soit dans 6 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Simon Ntonga Par décret du Président de la République du Cameroun, les Régions du Centre-Sud-Est bénéficient désormais d’un régiment de génie militaire dont la base est installée à Sangmélima. les discours des autorités politico-administratives que dans les différents débats ou palabres tenus partout, le sentiment reste le même, celui d’une satisfaction totale. Si par ailleurs, les propos du ministre délégué à la Présidence de la République, chargé de la Défense Edgard Alain MEBE NGO’O, maitre de céans, variaient par l’intrusion de temps en temps d’autres vocables, à l’instar de « sécurité des populations », « intégrité du territoire », l’impact socio-économique semblait s’aligner sur l’ampleur du projet. On peut donc comprendre les différentes inscriptions sur les pancartes remerciant le Président de la République Son Excellence Paul BIYA pour le présent accordé au-delà des attentes. Le résultat d’une projection stratégique Cet acte pourrait bien conforter la thématique de la 41ème Edition de la célébration de l’unité nationale : « Armée et nation, ensemble pour relever les défis sécuritaires pour un Cameroun émergent ». Cela justifie sans nul doute la ferme détermination du Chef de l’Etat, de booster la croissance nationale par la contribution de toutes les composantes et améliorer les conditions de vie des populations. Si tant il est vrai que nombreux sont ceux qui crient la confiscation du pouvoir par l’exécutif, mettant en mal l’amorce du processus de décentralisation, voici un acte qui prouve tout le contraire, car il projette la délocalisation d’un certain nombre de services de l’Etat, des métropoles vers l’arrière pays en vue de provoquer son décollage socio-économique. A cet effet, pour garantir la réalisation des Grands chantiers structurants, le Président Biya semble avoir décidé de jouer la carte de l’armée en misant sur sa haute discipline et son respect des instructions de la hiérarchie. Si donc, de par le passé, certains acteurs désignés pour conduire la réalisation des grands chantiers de la nation les plombaient faute d’engagement ou par volonté de nuire, l’implication du génie militaire vient comme pour parer aux livraisons tardives des projets, jetant le doute sur la gouvernance du premier des camerounais. « Obéis d’abord, pense après », ce qualificatif du comportement dans l’armée, pourrait être la clé qui devra conduire le pays à l’émergence selon les délais et la planification contenus dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). En tout état de cause, nul ne peut nier le fait que la présence du régiment militaire du génie civil à Sangmélima aura des effets Actualités sur la structure socio-économique de la ville. Le projet étant répété sur l’étendue du territoire national, le pays sortirait assurément gagnant de cette croisade du développement. Pour exemple, l’on peut répertorier à l’actif du génie militaire un certain nombre de réalisations importantes entre autres : la construction à Yaoundé du tronçon de route Marché Mokolo – Nkolbisson, dite ancienne route Douala – Yaoundé, la digue construite au Nord Cameroun à la suite des graves inondations qui ont détruit la région toute entière, les parcours VITA de Douala ; Yaoundé et Bamenda, le bâtiment devant abriter les services du Secrétariat d’Etat à la Défense en charge des Anciens Combattants et des victimes de guerre, etc. Au seuil de la nouvelle économie A Sangmélima, si les discours sont un élément de persuasion sur l’aspect strictement économique dudit régiment, on se lance aussi dans des calculs quelque peu sibyllins pour s’en convaincre davantage. A titre d’illustration : le régiment apporte avec lui six cents hommes. A supposer que chacune des six cents personnes ait une famille composée de trois autres, c’est-àdire, une femme et au moins deux enfants, ce chiffre triplerait. On peut même aller plus loin dans ce genre de spéculation en prenant en compte la complexité de la famille africaine souvent composée de neveux, de cousins, de frères, etc. habitant chez un même parent. On serait alors en présence d’un véritable boom démographique. Cette augmentation de la population aurait pour conséquence heureuse, la dynamisation et la mise en place d’un circuit économique où les différentes variables joueraient de manière équilibrée leur rôle. Dans cette perspective, la consommation viendrait booster la production avec des conséquences directes sur l’investissement. Sous ce rapport, l’unanimité semble se dégager clairement autour du rôle économique du régiment du génie militaire à Sangmélima. Il faut ici dire que c’est une occasion pour les différentes populations de la zone, habituées à chercher des marchés lointains pour l’écoulement de leurs nombreux produits agricoles, d’imaginer la matérialisation d’un marché local plus important. Les consommateurs seront désormais présents, les bourses prêtes, ne demandant qu’à les vider auprès des détendeurs des structures commerciales. La préparation à l’ouverture Le Cameroun, comme tous les Etats de la Cemac, envisage ouvrir ses frontières afin de réaliser l’intégration sous régionale, gage d’un développement économique avéré. Toutefois, nombreuses sont les exactions observées sur l’étendue des frontières du pays, mettant en difficulté la sécurité et Composition du 11ème Régiment du Génie Militaire de Sangmélima 11ème Régiment de Génie Militaire de Sangmélima 11ème groupement de commandement et de services Groupements Fonctions 11ème Groupement des commandements des services - 111ème Compagnie de commandement et des services - 112ème Compagnie d’équipement et de transport - 113ème compagnie de forage et de traitement des eaux 11ème Groupement des travaux d’infrastructures 111ème, 112ème et 113ème compagnie des travaux 11ème Groupement du combat 111ème, 112ème et 113ème Compagnie de combat la sûreté nationale. A l’Est du pays, la République Centrafricaine dont la crise d’alternance à la tête de l’Etat ne cesse de mettre en jeu des factions militaires souvent à la recherche d’une base arrière au Cameroun, mérite d’attirer l’attention et justifier la mobilité et le dynamisme du nouveau régiment installé. En outre, l’on ne saurait faire fi des enlèvements répétés des ressortissants occidentaux dans les parties nord et ouest qui ne cessent de complexifier les rapports diplomatiques du Cameroun avec ses pairs. Dans le sud, le vaste marché sous régional qui pourrait connaitre la circulation intensive des Equato-guinéens, congolais et gabonais, nécessite une grande opération d’aménagement des voies de circulation, ainsi que la construction d’infrastructures à même de contenir la demande. Préparer au changement Jusqu’ici, les populations camerounaises et leur armée se sont toujours regardées en chiens de faïence. Les premiers, considérant les seconds comme des ennemis, des bourreaux qui sautent sur la première occasion pour les passer à la potence après la torture. Les seconds, eux, n’ont jamais senti l’assistance ou l’accompagnement des populations à l’exercice de la périlleuse et difficile mission de sécurité du pays. Parfois appelés à passer des jours, des semaines, voire des mois sous tension pour veiller sur les citoyens, il pourrait bien se dégager un sentiment d’ingratitude des populations chez l’homme militaire. Or, une synergie entre les deux parties, comme c’est le cas aux USA ou au Royaume Uni, serait la bienvenue. C’est dans cette logique de consolidation accélérée de la cohésion nationale que le Président Paul Biya, par l’entremise de son Ministre en Charge de la défense a pensé à changer le visage de cette armée désormais plus républicaine au service des citoyens, proche de ces derniers, afin de créer une émulation devant servir à les rapprocher. Le but de cette démarche est de pousser tous les citoyens à s’approprier les missions de sécurité et de sûreté du pays. En fin de compte, s’il est vrai que le projet de mise en place du génie militaire dans la localité de Sangmélima est une action dont les avantages sont forts importants, il va sans dire que cela nécessite des aménagements de plusieurs ordres. En effet, avec une installation immédiate de plus d’un millier de personnes, dans une localité en recherche d’un meilleur-vivre pour celles déjà présentes, la commune doit pouvoir se préparer à faire face aux charges y afférentes : Augmentation de l’offre en eau potable, électricité, services sanitaires, infrastructures scolaires, etc. ; il s’agit de ce fait, pour le Gouvernement, d’accompagner la municipalité à s’adapter au changement. Ceci pourrait passer par la dotation d’une subvention spéciale étalée sur une période bien déterminée. Par ailleurs, il serait conseillé d’imaginer le développement de projets connexes à l’instar de la mise sur pied des camps d’habitations communs promus par la SIC, etc. Le nouveau régiment du génie militaire est enfin à Sangmélima. Et depuis lors, le soleil se lève toujours tous les matins et se couche tous les soirs, au rythme des activités habituelles des habitants qui semblent plus épanouis. l © Asdeca • A pied d’oeuvre L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 7 8 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Actualités © Asdeca • Arsenal de feu Forces de Défense Camerounaises Entre défis sécuritaires et enjeux de développement Les 6 et 7 décembre 2013, le Ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense, Edgard Alain MEBE NGO’O a procédé à la réception d’un important parc de matériels militaires dernier cri. Si les enjeux d’une partie de ce matériel répondent aux défis sécuritaires auxquels le Cameroun fait face ces derniers temps, l’autre en revanche contribuera à impliquer le génie militaire dans le processus de développement du Cameroun. © Asdeca• Le Mindef aux commandes L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 9 Actualités © Asdeca • USA- MINDEF pour un partenariat Une solennité d’exception pour une cérémonie de haute importance Les enjeux pour l’implication d’une armée au cœur du développement de la nation Roland Ntsa L’image séculaire et vétuste d’une armée camerounaise épouvantail de la population est à présent révolue. Sont également révolus, les clichés et les stéréotypes d’une armée exclusivement acquise au devoir de défense de l’intégrité territoriale, complètement en dehors du processus d’implémentation des grands travaux de l’émergence édités par le Chef de l’Etat, S.E Paul BIYA. L’armée Camerounaise, suivant le cours de ses reformes amorcées par son illustre Chef, entend désormais se repositionner à l’avant-garde de l’exécution sans faille des grands chantiers. De cette manière, elle établira par la même occasion, un lien de confiance et de convivialité entre elle et le peuple dont elle a la délicate charge de protection. C’est cette mission plurielle qui est désormais assignée aux trois régiments du génie militaire récemment créés par le Chef de l’Etat. «… La cérémonie qui nous rassemble aujourd’hui participe de la volonté et de la détermination résolue et sans cesse réaffirmée du Chef de l’Etat, Chef des armées, S.E Paul BIYA de moderniser notre appareil de défense à la fois pour le rendre plus apte à garantir l’intégrité du territoire et la paix sociale et pour lui permettre de L e 6 décembre 2013, l’armée camerounaise recevait un important parc d’engins flambants neufs dernière technologie. Comme à l’accoutumée, la solennité propre aux forces de défense en de telles circonstances sera au rendez-vous. De fait, la 2ème Région Interarmées s’est parée de ses plus beaux atouts. L’accueil au site hôte de l’événement était assuré par des carrés de l’armée de l’air, de la marine, des sapeurs pompiers, de l’armée de terre et de la gendarmerie. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement, puisque qu’il s’agit ici d’une Région Interarmées. Ont pris part à cette cérémonie outre les hauts cadres de l’armée, le Gouverneur de la Région du Littoral, le Délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala, entre autres. L’arrivée des personnalités s’est faite dans un ordre bien établi, avec en dernier ressort, celle du ministre délégué à la présidence de la République ,chargé de la Défense, Edgard 10 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Alain MEBE NGO’O, précédé quelques temps plus tôt par le Général Sali Mohamadou, Général de la REMIA 2 et René Claude MEKA, Général des corps d’armées, Chef d’Etat Major des armées, respectivement. Vont ensuite suivre, l’exécution de l’hymne national par la fanfare de circonstance et la revue des troupes par le Mindef. Après avoir invité l’assistance à observer une minute de silence en la mémoire du Président Nelson Mandela, le Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala a souhaité la bienvenue à monsieur le Ministre, tout en transmettant avec la plus grande liesse, la satisfaction des populations de la ville de Douala pour les attentions particulières dont elles font l’objet de la part du gouvernement ces derniers temps. A sa suite, la parole sera donnée au représentant de l’entreprise partenaire ayant livré le matériel (Hoffman International), à Monsieur le Consul de l’Ambassade des USA à Douala représentant l’Ambassadeur empêché, au Directeur du génie militaire, le Colonel Jackson Kamgain et enfin au Mindef. Actualités s’impliquer efficacement dans le processus du développement de la nation… », l’a bien martelé le ministre MEBE NGO’O. C’est donc pour assurer au génie militaire une efficacité maximale dans un contexte d’extrême sollicitation que le gouvernement camerounais, par l’intermédiation du ministère de l’économie, a initié en 2010 un processus qui a abouti le 12 juillet 2012 à la signature d’une convention de financement entre la Cameroun, le Consortium bancaire Société Général de New-York, Eximbank of USA et le concessionnaire américain Hoffman International. Au cœur du contrat, l’acquisition par le Cameroun d’un important parc d’engins dont 105 lors de la cérémonie du 6 décembre 2013 à Douala. Au demeurant, les enjeux d’une telle attention du Président de la République réside sommes toutes dans sa volonté de « renforce de manière substantielle, les capacités opérationnelles du génie militaire qui va s’impliquer dans le projet du développement du pays », dixit le Mindef. Qu’il soit au passage rappelé que depuis sa création en 1962, le génie militaire a à son actif plus de 600 réalisations diverses sur l’étendue du territoire, rentrant dans la construction ou l’amélioration des infrastructures d’intérêt national. De l’important parc d’engins pour un usage rationnel et maximal D’un nombre total de 105 sur la quantité totale de la convention, les engins reçus à Douala sont tous flambants neufs et de technologie de dernière génération en la matière. Doit-on encore rappeler qu’en matière de matériels de travaux publics, les USA ont une longueur d’avance sur les autres puissances économiques ? Dans le lot des engins acquis, on peut reconnaitre entre autres des : pelles chargeuses, camions citernes, camions-groupes électrogènes, concasseurs, niveleuses, compacteurs, grues, pick-up, bulldozers, balaies mécaniques, camions ateliers, citernes à carburants. Il s’agit donc d’une acquisition à la dimension du génie militaire à l’aune des grands chantiers de l’émergence. Il est surtout question de savoir capitaliser l’investissement dans une démarche de responsabilité et de rationalité patriotique de la part des responsables du génie militaire, pour un usage juste des engins : « j’en appelle à présent au commandement et au personnel du génie militaire, qui sont les bénéficiaires de cette dotation sans précédent. Il s’agit là d’un important sacrifice consenti par la nation entière, qui ne pourrait se renouveler tous les jours. Ces engins que nous recevons aujourd’hui doivent par conséquent faire l’objet d’un entretien minutieux, à l’usage exclusif des missions définies par le haut commandement. À présent que le génie © Asdeca • Premier quart de tour militaire dispose de plus de moyens conséquents pour accomplir aisément ses missions, la nation est en droit d’en attendre un meilleur rendement » a rappelé le Mindef avec la plus grande gravité. Il a par ailleurs promis que le gouvernement continuera à s’investir dans le relèvement du potentiel logistique, opérationnel et humain du génie militaire. Le génie militaire : concurrent ? Les inquiétudes pouvant naitre sur l’angle de l’opérationnalisation des travaux du génie militaire, il était urgent de lever un pant de voile sur son positionnement dans l’exécution des travaux publics au Cameroun. Le danger d’une mauvaise interprétation est d’autant plus probant qu’il existe à ce jour, à côté du MATGENIE, des prestataires privés qui se sont lancés dans la réalisation des travaux de construction et d’aménagement des infrastructures. A défaut d’être donc taxé d’initiative de trop, le génie militaire pourrait courir le risque de se voir traiter de rival ou de concurrent dans le vaste champ du Cameroun en chantier. C’est pour dissiper des éventuelles mauvaises appréhensions du positionnement du génie militaire dans le sillage des grands travaux que son Directeur, le Colonel Jackson Kamgain s’est confié à L’ERE DU TEMPS : « je crois d’abord que la montée en puissance du génie militaire ne crée aucun problème aux autres prestataires. Il s’agit simplement d’une structure d’Etat. Donc nous ne pouvons pas gagner des marchés, nous ne pouvons pas participer aux appels d’offres. Nous participons aux missions du gouvernement. Et en deuxième lieu, il faut comprendre une chose, il y a tellement d’infrastructures à réaliser dans ce pays qu’il y a de la place pour tout le monde, et encore qu’on peut appuyer les entreprises privées, comme vous avez entendu le ministre le dire ». Le MATGENIE étant par ailleurs une initiative étatique, il était aussi urgent d’éclairer les spécificités entre ces deux structures toutes deux tournées vers les travaux publics : « le MATGENIE a une autre mission. Il a une mission civile qui consiste à louer des engins, ce qui est différent du génie militaire qui a une mission de réalisation et de construction. » À côté de ces inquiétudes sur le positionnement du génie militaire par rapport aux autres initiatives étatiques ou privées de même nature, il ya la question des ressources humaines. De fait, acquérir des engins flambants neufs pour ce corps ne suffit pas. Il faut aussi avoir de l’expertise pouvant se servir sans dommage et sans ambages des acquisitions, de manière à capitaliser efficacement les acquis. Car, l’on court le risque ici de tomber dans le piège de certains grands travaux de l’émergence, qui se sont vus accaparés par des étrangers qui en sont devenus des maitres exclusifs. Face à cette inquiétude, le Directeur répond : «il y a 500 personnels qui sont en train d’être recrutés dans ce sens. Ils ont déjà été formés sur les engins et iront à la formation militaire dans les prochains jours ». l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 11 Actualités © Asdeca • Génie militaire invité aux grands travaux La défense de l’intégrité territoriale au-delà de la construction Les ambitions de l’armée camerounaise dans la construction de son émergence ne se dissocient pas de ses intentions de préserver son intégrité territoriale. C’est la matérialisation de cette mission duelle qui a prévalu le 07 décembre lors de la réception par le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense, de la première vague du matériel flambant neuf destinés à l’armée. 12 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Contexte et enjeux Le Cameroun au sein de la Communauté Economiques des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est le seul Etat qui partage ses frontières avec les cinq autres Etats de la sous région plus le Nigéria. Cette situation de « centralité de l’Afrique centrale » met le pays dans une délicate posture de vigilance permanente, seule gage de la préservation de son intégrité territoriale. Les enjeux sécuritaires pour le Cameroun sont d’autant plus prégnants ces derniers mois que le pays fait l’objet des assauts à répétition à sa frontière Est du fait de l’Instabilité en RCA et à sa frontière Ouest par les intrusions à répétition de la secte BOKO HARAM venue du Nigéria voisin. Les exactions perpétrées dans ces deux flancs des frontières camerounaises sont sommes toutes de natures à rompre la sérénité et la cohésion sociales au sein du territoire. Pis encore, elles vont jusqu’à ternir l’image du pays sur la scène internationale, du fait de l’enlèvement sur le sol camerounais des ressortissants étrangers. Cette lugubre situation pourrait à long terme conduire à des graves incidents diplomatiques entre la Cameroun et les pays d’origine de ces différents pèlerins. Bien plus, l’enlèvement par BOKO HARAM des ressortissants français sur le territoire camerounais, a amené une certaine opinion française à qualifier le pays de « destination à risques ». Au demeurant, la criminalité transfrontalière est devenue un danger permanent pour le Cameroun et dont source potentielle de déstabilisation du territoire et de découragement des Investissements Directs Etrangers. Vu sous un autre angle, le Cameroun se situe dans le Golf de Guinée et de ce fait possède une large côte. Cette situation géographique à la fois prisée et délicate place le pays dans une situation d’alerte permanente, lorsqu’on sait que la sous région est sans cesse le théâtre des assauts des pirates. Au moment où la force Africaine en attente en gestation et consécutives aux sommets sur la sureté et la sécurité dans le golf de Guinée, tenue à Yaoundé du 24 au 25 juin 2013, et celui sur l’Afrique toute entière à Paris 6 et 7 décembre demeurent encore dans leur phase constitutive, le Cameroun a pris le pas de la dissuasion. Même si le Président Paul BIYA a tenu à être présent au sommet de Paris sur la sécurité en Afrique, l’homme lion n’a pas mis « tous ses œufs Actualités Un atout pour la terreur Le matériel logistique de dernière technologie acquis par le Cameroun obéit aux exigences modernes du combat. Il allie performances, précisions et pro-action. Le Colonel Fouda Jean Jacques, Directeur des Matériels interarmées explique : « Nous avons devant nous deux escadrons, l’escadron porté de 30 mm qui a des missions très simples, celles de reconnaissance et de harcèlement sur l’ennemie. Et ce que vous pouvez voir derrière moi, c’est l’escadron blindé. Lui, il a un canon de 105 mm et a pour mission principale la destruction. Avec cet engin à roue propulseur, on ne négocie pas ». Outre ces deux escadrons, un important parc d’autres engins est aussi déjà parvenu sur le sol camerounais. L’armée étant un domaine très sensible pour la sécurité du territoire, il serait mieux de se contenter des images. l Réaction Edgard Alain MEBE NGO’O Ministre Délégué à la Présidence Chargé de la Défense « Ce que je tiens d’abord à dire c’est que l’importance de ce parc doit être mesurée à l’aune de la volonté politique et la détermination qu’affiche le chef de l’Etat pour que l’armée camerounaise se développe. Il est question que les forces de défenses aillent au-delà de leurs missions habituelles, celles de la sécurité et de la défense, pour devenir un acteur majeur du développement. Bien évidemment à ce jour, il se trouve que la CUD a signé un partenariat avec le génie militaire. Je voudrais rappeler que le génie militaire a vocation à travailler sur l’ensemble du territoire national. Il y a une grande cohésion entre la réforme précédemment décidée par le chef de l’Etat et au terme de laquelle des régiments du génie militaire ont été crées au niveau de chaque Région Interarmées. Le but est de renforcer le potentiel logistique de la demande en infrastructures. En revanche, les administrations, les départements ministériels, les collectivités locales décentralisées et même les entreprises privées peuvent exprimer leurs besoins qui vont faire l’objet d’une étude au niveau du génie militaire. La faisabilité de l’exécution sera étudiée, et en denier ressort, c’est le chef de l’Etat, Chef des Armées qui prendra la décision. Voilà un peu ce qui va se passer ». © Asdeca • Col Fouda Jean Jacques DMIA © Asdeca • Col Jackson Kamgain DGM © Asdeca • Armée camerounaise : Logistiques dernier cri L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 13 © Asdeca dans un même panier ». C’est pourquoi le gouvernement camerounais s’est plus que jamais résolu de se doter d’une logistique militaire de pointe, symbole de la dissuasion pour ses « ennemis » de la sous région. C’est ce qui justifie la descente à la base aérienne de Douala du Mindef, pour réceptionner un arsenal militaire de pointe destiné à l’armée camerounaise. Cette vague n’est que la première dans le plan du Cameroun de dresser une armée forte au Golf de Guinée, à même de refouler, voire d’anéantir l’ennemi aux portes de ses frontières. Car, la géopolitique de l’espace est de plus en plus déclaratoire et logistique que juridique. Actualités 14 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Actualités L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 15 Actualités © DR • Pauvres chrétiens Transfrontier terrorirsm Cameroon cushioning bullets with diplomacy Gola Chin T rue to his policy of encouraging sub- regional integration, President Paul Biya has been advocating free movements within the CEMAC zone and beyond. Apparently, this gives a clue as to why our border corridors from North to south are permeable, even if some observers think that it is a security vacuum. Unfortunately, the very people who have all along benefitted from this laisser-faire have turned out to abuse it. This leaves Cameroon with no other choice than closing the borders, a situation that punishes the innocent starving citizens in neigbouring countries like Central Africa Republic and Chad. 16 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 In the past five years, the country has recorded over twenty attacks in Douala and Limbe alone. Yet, what is threatening the integrity of the state is the Nigerian sect, Boko Haram and the Séléka rebels. How far can Paul Biya’s weapon of diplomacy go? Coastal invasions Unlike Nigeria that has got its fair share of maritime attacks in the Gulf of Guinea, Cameroonians came face-to-face with the odd side of the sea on September 27 -28, 2008 when over a hundred pirates with automatic weapons and grenades attacked the SGBC and Amity banks in Douala. Even before these attacks on armless civilians, some 21 elements of the Rapid Intervention Battalion (BIR) had already been swallowed during one of an open shootout with the Nigerian Joint Task Force in Rio Del Rey in one of its offensives to grab the disputed oil-rich Bakassi Peninsular. This was perhaps one of the earliest signs of an impending security challenge in Cameroon. The December 19, 2009 incident whereby pirates killed a Gendarme officer in Bakassi was no longer a surprise. But the fact that the following year, Ecobank was raided in Bonaberi and quartier Congo and hundreds of millions looted in broad day light was no longer tolerated by security analysts. Attacks in the Grand North Attacks and incessant killings is not a new © DR • Boko Haram : sadiques, sans scrupule Actualités are already causing havoc in Cameroon. Many indigenes of this region can no longer sleep with all their eyes closed. On February 19, 2013 the Islamists kidnapped a French family at the Waza National Park. A situation that posed a serious security challenge for Cameroon, Nigeria and France. Whatever must have transpired before Moulin-Fournier and his family were released is considered by many security analysts as a diplomatic victory for President Paul Biya. For one thing, no soul was wasted even if allegations of ransom payment continue to emerge. The latest kidnapping of another French citizen on November 13, 2013 in the Far North may be used by this school of thought to prove that kidnapping of aliens have suddenly become a bankable project for Boko Haram. Yet, there is more in the Kidnapping of the French Priest. According to Agence FrancePresse, AFP, the attack on the clergy was a joint effort of Boko Haram and its splinter, ANSARU. The two have not been involved in any joint mission since ANSARU declared independence on January 2012. If AFP allegations are anything to go by, then, terrorism in Africa is going to blossom, given that ANSARU unlike Boko Haram targets aliens. phenomenon in what has come to be known today as the Grand North. Armed robbers had for long rendered the zone a-no- go area for businessmen. This was compounded by the Muslim tradition of travelling with money, instead of using banks. Yet, things remained under control, especially with the creation of the BIR. Trustworthy information from security formations indicate that the bandits who were later to encounter the wrath of the Rapid Intervention Battalion were Chadians and Central African ex-militias. When in 1998 the rebels turned armed robbers attacked the Gendarmerie Brigade in Mandingring, 130 km from Touboro, making away with some weaponry, it became clear that trouble has just begun in the North. However, insecurity only became a cause for concern in the Grand North, at least as far as the international community is concerned when the Nigerian Islamists, Boko Haram emerged. A lot of researchers have tried to trace the origin of some Boko Haram’s members to the Grand North. But this is not the interest of this missive. Whether some key members of Boko Haram are Cameroonians or not, the truth is that the fundamentalists The presence of Boko Haram in the North is already a fact. A top French security official who begged for anonymity says that Boko Haram members are hiding in curves located in the Mandara mountains with ammunitions. This perhaps explains why French citizens in the Grand North have finally heeded to their Government call to evacuate the region even before the Priest was abducted. The fear of losing investors or tourists in this part of the country is not our only worry. Presently, the Far North is inundated by ten thousand Nigerians whose real statuses as refugees remain questionable because through them, many Boko Haram members have infiltrated the community. Trade has equally reduced between Nigeria and Cameroon, a situation that has compounded the famine that is characteristic of the region. Séléka oozing from the East From every indications, the killing of the Police superintendant, Felix Ndalle Ngando was just a signal of greater trouble from the land of the rising sun. A repeat of the same scenario a month ago whereby a couple of people died in the very Region in the hands of the same group of rebels gives us reason to question what our security formation is Whether some key members of Boko Haram are Cameroonians or not, the truth is that the fundamentalists are up to. A powerful French delegation arrived early last month to discuss diplomatic procedures that could release the French Priest, Georges Vandenbeusch. Much of their discussions centered on how to contain Séléka insurgence in the East Region. Question: Do we really need French soldiers to watch over us during peace time? Security vacuum and diplomatic flaws Even with the swift successes so far recorded by the fundamentalists in the Grand North, it will still be unfair dismissing the efforts of our security operatives. The BIR has been putting up a lot of resistance during their routine patrols along the borders. But as it stands, covering the 1690 km border line that separates Cameroon and Nigeria along the Atlantic Ocean is still far-fetched. Besides, there is every reason to believe that the various reports from our intelligence services are being thrown into the rubbish can: for instance, it came out that after the 2008 pirate attack that led to some three people dead and several wounded, the then Minister Delegate in Charge of Defence, Rémy Zé Meka declared that the security operatives were aware of the attack. After the abduction of Georges Vandenbeusch on November 13, 2013, a dependable security source confided to pressmen that they were aware of an imminent attack by the fundamentalists, but quickly added that they weren’t sure of their target. Does anybody need to be a security expert to be able to decipher the fact that the fundamentalists have no business kidnapping natives who have nothing to offer! Besides looking for money, one of the primary objectives of the Islamists is to cause terror, so as to attract international opinion. We do not need to overstate the fact that Boko Haram might just have discovered a reliable business partner in Cameroon. President Paul Biya’s diplomatic prowess cannot be under-rated, though. At least, he came out a hero in 2002 after the ICJ ruled in favour of Cameroon in the Bakassi peninsular dispute. The same diplomacy brought back the French hostages from the lion’s den alive. But a bit of vigilance and astuteness on the part of our security services could cut down the lengthy diplomatic procedure when terror strikes. l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 17 18 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Dossier ECONOMIE © Asdeca • 2ème pont sur le Wouri vu sur maquette Dossier réalisé par Abraham Ndjana M. © Crédit photos • Droits réservés Cameroun Projets structurants : l’émergence en marche A l’aube de l’année 2014, le Cameroun entre résolument dans une nouvelle étape de la bataille pour la modernité. Avec pour chef de file, Paul Biya, plus que jamais déterminé à impulser une nouvelle dynamique dans l’appareil productif de son pays. L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 19 Dossier ECONOMIE I l y a deux ans, le président Paul Biya annonçait au cours du Congrès de son parti le Rdpc, que le Cameroun sera désormais un vaste chantier de construction. Loin d’apparaitre comme une simple déclaration d’usage ou un slogan politique, il s’agissait véritablement de la nouvelle vision d’un homme dont la détermination pour l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes ne souffre d’aucun doute. Et c’est avec cette méthode, jamais démentie qui le caractérise, que l’homme conduit le train de l’émergence du Cameroun. Au demeurant, comment ne pas retenir par ce détour qui rappelle tous les projets structurants en cours sur l’étendue du territoire national, qu’il y a un regain de confiance nettement perceptible. La dynamique que représente la ville de Douala, ville aux multiples aspects, donne l’image d’un Cameroun tourné vers la modernité. A côté du nouveau pont sur le fleuve Wouri, dont les travaux sont à présent une réalité et l’important investissement de production de gaz naturel de Ndogpassi, la métropole de Douala assume fièrement et avec efficacité dans d’autres secteurs, sa dénomination de capitale économique du Cameroun. On en veut pour preuve, le flux d’investissements privés étrangers qui se bousculent à son portillon. C’est ainsi que la cimenterie du riche homme d’affaires nigérian, Aliko Dangote, s’y installe avec une capacité de production évaluée à 1,5 million de tonnes par an, pour un investissement colossal de 68 milliards de FCFA. Il en est de même du groupe marocain CIMAT qui va également renforcer cette offre en ciment, avec une production se situant à 500 000 tonnes, pour un investissement global de 20 milliards de FCFA. Embellie économique Dans cet environnement d’embellie économique, marqué par la mise en œuvre de la deuxième génération des projets découlant du Programme Contrat-DésendettementDéveloppement (C2D), plusieurs infrastructures sont annoncées. Grâce au partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), le projet du deuxième pont sur le Wouri est en cours. Avec l’appui des Chinois, la construction de la route reliant Yassa à Nyalla a considérablement contribué à rendre fluide la circulation des hommes et des biens dans cette partie de la ville. Pour arriver à ce stade de performances et en dépit des classements plus ou moins compréhensibles du Doing Business, il apparait clairement que l’amélioration du climat des affaires est une priorité des pouvoirs publics camerounais. Et c’est avec 20 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © Asdeca • Kribi en phase terminale satisfaction que l’on s’aperçoit ainsi que les investisseurs reviennent, à la grande satisfaction des demandeurs d’emplois. Jadis tributaire de toutes les lourdeurs, le climat des affaires tend vers un assainissement, dès lors que certains goulots d’étranglement ont disparu du processus. La confiance renait et l’espoir est permis dans l’optique d’une politique des « Grandes Réalisations » devant conduire le Cameroun vers l’émergence à l’horizon 2035. Les cadres de concertation public/privé, élargis à la société civile se sont multipliés dans ce nouvel environnement. Kribi : poumon d’échanges en gestation Les projets hydroélectriques de Memve’ele, Lom-Pangar et Mekin avancent, alors que la centrale à gaz de Kribi (d’une capacité de 216W) et l’usine de production de gaz naturel de Ndogpassi sont désormais opérationnelles… Dans cette panoplie de projets, la construction annoncée du barrage hydro-électrique de Nachtigal va à terme, dissiper le paradoxe énergétique du Cameroun, de surcroit deuxième potentiel hydraulique d’Afrique après la République Démocratique du Congo. Pour la réalisation de ce mégaprojet, il a été signé le 2 novembre 2013, un accord entre le ministre Jadis tributaire de toutes les lourdeurs, le climat des affaires tend vers un assainissement, dès lors que certains goulots d’étranglement ont disparu du processus de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna, représentant le Gouvernement camerounais et le groupe de partenaires constitués d’Electricité de France (EDF), de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), et de la société Rio Tinto Alcan. Dans les prochains mois, le premier bateau va accoster au large de Kribi, événement consacrant ainsi la matérialisation des différentes facettes d’un complexe industrialo-portuaire, véritable poumon d’échanges en gestation dans la zone Cemac. Cette première phase de construction du nouveau port en eau profonde de Kribi s’achèvera en 2014, avec la mise en exploitation de 350 mètres de quai en ce qui concerne le terminal conteneurs et de 265 mètres pour le terminal polyvalent (navires, vraquiers…). Dossier ECONOMIE 2ème pont sur le Wouri Le garant d’une compétitivité économique Les opérateurs économiques attendent de la plus grande fluidité de la circulation qu’il occasionnera, un impact positif sur la croissance nationale. A sa finition au bout de 44 mois de travaux dont 8 déjà consommés d’études de laboratoire, d’élaborations techniques, géotechniques et paysagères, le deuxième pont sur le Wouri dont la cérémonie de pose de la première pierre s’est déroulée le 14 novembre 2013, sous la présidence du président de la République Paul Biya, se présentera sous la forme de deux ponts (routier et ferroviaire) réalisés par des encorbellements successifs en béton précontraint. La consonance barbare des termes de cet ouvrage se complexifie davantage avec d’autres, à l’instar de ces « grandes travées en forme d’arc de 135 mètres de longueur », appelées à compléter cette armature tout en donnant l’illusion visuelle de « ricocher sur la surface de l’eau ». On peut se permettre de l’affirmer : le caractère futuriste de l’ouvrage en sort conforté. Tablier roulant Au-delà de toutes ces considérations techniques, esthétiques ou même financières, c’est l’influence positive qu’exercera ce nouvel ouvrage pour l’environnement spécifique de la capitale économique, voire de l’ensemble du pays et de la sous-région, qui a été unanimement saluée par tous les acteurs. La réalisation de ce pont se veut déjà un point positif avec le recrutement annoncé d’une main d’œuvre nationale estimée par les spécialistes à près d’un demi-millier de Camerounais au-delà d’un personnel d’encadrement « majoritairement africain », comme cela a été confirmé. Au-delà de toutes ces considérations techniques, esthétiques ou même financières, c’est l’influence positive qu’exercera ce nouvel ouvrage pour l’environnement spécifique de la capitale économique, voire de l’ensemble du pays et de la sous-région Fluidité des échanges Deux voix portent parmi tant d’autres entendues, dans la perspective de l’espoir placé dans cet ouvrage futuriste. « Ce pont va faciliter le transport de marchandises à travers Douala, entre la ville et le reste du pays et enfin vers les pays de la sous-région. Il constitue une pièce importante pour la compétitivité de nos entreprises et de notre économie », dixit André Fotso, président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). On en apprécie davantage le bien-fondé de l’initiative lorsqu’on sait que des milliers de véhicules, d’engins ayant à leur bord tout autant de milliers de passagers, des produits divers, franchissent quotidiennement le pont sur le Wouri dans les deux sens. L’on n’oublie pas l’ouverture vers le Nigeria voisin, le plus grand marché d’Afrique au Sud du Sahara et porte d’entrée de l’espace CEDEAO. « …Le pont permettra de fluidifier les échanges entre la capitale économique et les régions situées à l’Ouest. Lorsqu’on sait que 80% des produits alimentaires destinés à Douala traversent le Wouri, d’Ouest en Est, on perçoit la nécessité d’assurer ce transit, sans compter les échanges d’autres dans les deux sens naturellement… », a déclaré Paul Biya. C’est dit et, vivement que commencent effectivement et s’achèvent les travaux relatifs à la construction du deuxième pont sur le Wouri qui fait couler beaucoup d’eau sous… le pont. © Asdeca • Monsieur le bâtisseur Et c’est le groupement d’entreprises Sogea Satom/Eiffel/Soletantche-Bachy/LavigneCheron-Geisch, adjudicataire officiellement déclaré depuis le mois de mars 2013, qui est appelé à conduire à terme les différentes opérations sur le terrain ; à étaler sur 760 mètres à côté du premier pont dont les deux voies à l’issue des travaux en cours, seront réservées au trafic Deido vers Bonabéri, un tablier roulant dont deux de Douala vers Bonabéri et trois de Bonabéri vers Douala. Un autre tablier, ferroviaire celui-là à deux voies, complètera le dispositif. L’addition de tous ces paramètres techniques confèrera au final une largeur totale de 34,10 mètres à l’ensemble de l’ouvrage. D’un coût total de plus de 110 milliards de FCFA, soit 108,87 milliards pour la conception et la réalisation, 1,79 milliard pour les expropriations et le déplacement des réseaux et 6,5 milliards pour l’assistance dans le management du projet, il est collégialement financé par l’Agence française de développement (Afd), le deuxième Contrat désendettement-développement (C2D) et le budget de l’Etat camerounais à hauteur de 23,16 milliards de FCFA. L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 21 Dossier ECONOMIE Gaz de Ndogpassi Une première en Afrique subsaharienne Avec la construction d’une usine de gaz naturel à Douala, le gouvernement réaffirme sa volonté de mettre l’énergie au centre de ses préoccupations. E n inaugurant l’usine à gaz de Ndogpassi dans la banlieue Est de Douala, le Chef de l’Etat Paul Biya n’a pas manqué de rappeler que « l’énergie se situe au cœur de tout processus de développement. Sans elle, il ne peut y avoir d’industrie, ni de transformation de matières premières, et donc, pas d’économie moderne ». C’est ainsi que depuis quelques mois, l’énergie produite à Ndogpassi permet la substitution du fuel et autres huiles régénérées, naguère utilisés par le gaz naturel. Aujourd’hui, environ 18 sociétés en sont désormais bénéficiaires, parmi lesquelles, UCB, Sabc, Cicam, Guinness Cameroon, Plasticam, Chococam, Cimencam, Sonara, Camlait. Les énormes potentialités énergétiques dont regorge le Cameroun vont connaitre une valorisation, dans le but de rendre l’économie plus compétitive, à travers la réduction des coûts de facteurs de production de production en « on shore » que le chef de l’Etat a inaugurée le 15 novembre 2013, est un gros investissement de 50 milliards de FCFA. C’est le fruit d’une excellente coopération entre l’Etat, représenté par la Société nationale des hydrocarbures (Snh), intervenant dans le secteur amont, et la société Rodeo Development LTD, une filiale de la britannique Victoria Oil and Gas PLC. Première usine de gaz du genre en Afrique subsaharienne, l’unité de production de Ndogpassi va générer 1 415 000 mètres cubes de gaz par jour. Par ailleurs, la mise en production de ce champ gazier permettra l’extraction de condensats. C’est un mélange liquide d’hydrocarbures présent dans le gisement et acheminé vers la Société nationale de raffinage (Sonara) à Limbe, par camions citernes. Dans cette bataille pour le développement et le progrès dans laquelle s’implique avec succès la politique des « Grandes Réalisations », les prochaines années seront marquées par l’exploitation des puits supplémentaires sur le champ gazier de Ndogpassi dont les réserves sont bien importantes. A terme, il s’agira alors d’approvisionner une nouvelle clientèle et de développer la production en énergie électrique. Ainsi donc, avec le président Paul Biya, le rôle prépondérant de l’énergie dans la stratégie de développement devient une réalité palpable. L’air du temps est désormais à l’action ! Dans le cadre de la politique des « Grandes Réalisations », le plan de développement du secteur énergie a pour ambition, un accroissement substantiel de la production énergétique, l’extension des réseaux de distribution et le développement des énergies renouvelables. C’est d’ailleurs dans cette optique que se situe la construction des barrages de Lom-Pangar, Memve’ele, Mekin et autres. Plus que jamais, il s’agit pour le gouvernement camerounais de booster l’industrialisation, tout en réduisant le déficit énergétique qui, au cours de la dernière décennie, a porté un important manque à gagner à l’économie nationale, avec en prime, les désagréments occasionnés au sein des entreprises et des ménages. Toutefois, les énormes potentialités énergétiques dont regorge le Cameroun vont connaitre une valorisation, dans le but de rendre l’économie plus compétitive, à travers la réduction des coûts des facteurs de production. Une source d’énergie propre Le gaz produit à Ndogpassi est une source d’énergie, non seulement propre, mais aussi économique pour les industries. Bien plus, ce gaz naturel allie bien, efficience et respect de l’environnement. Cette usine 22 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © PRC • Première ouverture des vannes de l’émergence Dossier ECONOMIE © Asdeca • Présent des dignitaires sawa © Asdeca • Le patron de la CUD © Asdeca • Le port de Kribi : bientôt opérationnel © Asdeca • En communion avec les littoraux © Asdeca • Accueil sur tapis rouge © Asdeca • Propos d’un natif © Asdeca • Propos de M. le Gouverneur Beti Assomo L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 23 Dossier ECONOMIE L’histoire de Biya et Douala Au-delà de la mémorable boutade Dans une quiétude apparente, les populations laborieuses de la capitale économique prennent acte, à travers les cérémonies des 14 et 15 novembre derniers, des petites attentions des « Grandes Réalisations » à leur égard. C’ est bien connu de tous : difficile aura été pour le Cameroun, tout comme d’ailleurs, pour la plupart des pays africains, la gestion des lendemains de « la libéralisation de la parole », engendrée, par ce que d’aucuns ont appelé « le vent de l’Est », au début des années 90. Au pays du président Paul Biya, l’avènement de la démocratie s’est en effet abondamment nourri des excès de l’expression consacrée à l’époque : « les années de braise ». Dans les manifestations multiformes des nombreuses agitations sociales qui ont secoué le pays, Douala, « lieu de brassage des civilisations d’ici et d’ailleurs », « porte d’entrée et poumon économique du pays », s’est particulièrement mise en évidence. Au point de s’accommoder de ces petits noms, du reste peu valorisants, dont on continue de l’affubler jusqu’aujourd’hui : « la frondeuse », le « chaudron ». Suffisamment dissuasif, de l’avis de certains extrémistes, pour que Paul Biya ose y mettre les pieds dans le cadre de la tournée nationale de concertation et de dialogue qu’il se proposait alors d’entreprendre. Sans courir le risque dans un contexte aussi incendiaire de se faire proprement « griller ». Combat pour son développement Mais il aura fallu davantage pour décourager le président de la République. Douala qui l’a accueilli ce jour-là, et l’ensemble du Cameroun avec, ont été les témoins au cours de son allocution de circonstance de cette boutade demeurée mémorable qu’il n’a pas manqué de remettre, avec un brin d’humour, le 17 novembre dernier : « Me voici à Douala…, me voici donc à Douala… ». En réalité, moins qu’un défi, la boutade, au-delà du contexte, se veut davantage l’expression d’une pensée, d’une volonté que le chef de l’Etat s’est faite fort de développer en d’autres circonstances : le rêve de grandeur qu’il nourrit pour cette ville appelée à jouer un rôle de premier plan dans le combat du Cameroun pour 24 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 La boutade présidentielle, au-delà du contexte, se voulait davantage l’expression d’une pensée, d’une volonté que le chef de l’Etat s’est fait fort de développer en d’autres circonstances : le rêve de grandeur qu’il nourrit pour la ville de Douala, appelée à jouer un rôle de premier plan son développement économique. Et à l’évidence, rien, alors rien, et encore moins des contestations, des provocations bruyantes, violentes et gratuites ne sauraient s’opposer à cette vision des choses. Car, en réalité, entre Paul Biya, le Chef de l’Etat du Cameroun et Douala, « le modèle vivant du Cameroun en devenir », selon ses propres termes, c’est une histoire de cœur qui, à bien des égards, fonde sa spécificité sur les bouderies permanentes de la dulcinée, face aux insistances assidues de l’amant. Et pour cause : « …Douala préfigure aujourd’hui ce que sera dans quelques années, la grande métropole africaine… la capitale économique régionale qu’elle est appelée à devenir,… ordonnée… généreuse, débordante d’activités et source d’expression de talents ». Jeu de face De prime abord, les cadeaux offerts au président de la République par les chefs traditionnels apparaissent comme le signe d’une sincérité historique. Dans son prolixe propos de circonstance, Laurent Esso, porte-parole des populations du Littoral et élite Sawa, n’a pas manqué l’occasion de faire un rappel ; sa communauté garde toujours Paul Biya comme l’un des leurs, lui qui a été trempé dans les eaux du Wouri, pour un rite qui constitue en réalité un pacte d’attachement. «Nous souhaitons que, plus que jamais, le débat politique ne s’exprime pas par la violence. Nous voulons que Douala, avec le concours de tous les partis politiques, reste dans la paix, le dialogue et la dignité, le porte-flambeau et la référence de la démocratisation de notre pays », prône-t-il là la non-violence pour la cohésion sociale ? A la suite, le président répliquera, « Je n’oublierai pas de remercier le ministre d’Etat Esso qui a su trouver des mots justes pour peindre les moments émouvants que j’ai vécus il y a quelques décennies avec les notables de cette région. Je l’en remercie sincèrement. Tout comme je remercie les chefs traditionnels du Littoral pour le cérémonial, qui paraît anodin mais qui est initiatique, et pour les cadeaux qu’ils ont bien voulu me remettre». Le pacte est-il à jamais scellé ? Seul l’avenir nous le dira…. Par ailleurs, alors que le président était pressenti pour visiter deux unités de production de ciment à capitaux étrangers privés, des lobbies (Sawa, dit-on), se seraient farouchement opposés à cette démarche qui n’a point prospéré. Car, selon certains, cela aurait été un moyen de ravir la vedette aux autochtones de la ville. En plus, le site d’implantation de cette unité de production annoncée en bordure du fleuve, avait fait l’objet d’un litige foncier mettant en scène les chefs traditionnels Sawa, qui estimaient que le terrain en question est une propriété du Ngondo. Et pour trancher l’affaire et calmer les esprits, il aura fallu…, l’intervention diligente du président Paul Biya. Dans tous les cas, Paul Biya et les populations de Douala se tiennent. Ce qui ne manquent pas de susciter une jalousie de la part des autres entités qui n’ont, ni port, encore moins d’industries. Mais dans ce contexte, plusieurs questionnements viennent à l’esprit. Les comportements à plusieurs visages de la dulcinée (Douala) à l’endroit de l’amant (Paul Biya), cachentils une idée sous-tendue, ou alors, elles s’inscrivent simplement dans une logique de sincérité de l’adhésion massive à un homme politique ? l © DR• Douala : la cité des amours de Paul Biya B.P: 14914 - Ahala, lieu dit «Barrière GMI» Cameroun Tél. : (+237) 22 10 68 06 / 72 72 40 16 E-mail : [email protected] Site web : www.lp-services.cm Nos Prestations Des voitures soigneusement préparées Notre parc est composé de voitures haut de gamme, vivement sollicitées sur le marché. 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Même pour les plus casaniers, ce sera l’occasion de se lâcher un peu. Mais pour ne pas être décalé lors d’une soirée, il faut connaître les pas de danse qui font fureur en ce moment au Cameroun. Petit tour d’horizon. C’ est bien connu, le public camerounais est particulièrement friand des rythmes et sons venus d’ailleurs. Qu’elle soit congolaise, ivoirienne ou nigériane, la musique étrangère a toujours trouvé un terrain fertile au Cameroun. Ces 30 dernières années, la Rumba, le Soukouss, le Ndombolo, le Coupé décalé ou le Zouk sont autant de rythmes qui ont été adoptés par les Camerounais. Les danses venues de l’étranger sont tellement nombreuses que, même les plus branchés ont du mal à se retrouver, d’autant qu’elles ne sont pas fondamentalement différentes. La plus connue est sûrement l’Azonto. Popularisée par les artistes nigérians, cette danse est née au Ghana au début des années 2000. Mais c’est vers la fin de la décennie qu’elle s’est internationalisée grâce au footballeur ghanéen Asamoah Gyan qui exécutait quelques pas d’Azonto à chaque fois qu’il inscrivait un but. Récupérée ensuite par les artistes nigérians qui ont trouvé là un parfait complément à leur musique, l’Azonto fait désormais partie de la culture urbaine. Des battles sont même régulièrement organisées dans les villes camerounaises. Sur le plan visuel, l’Azonto consiste à mouliner les bras en mimant des gestes de la vie quotidienne, tout en faisant glisser frénétiquement la jambe droite. Un conseil, il vaut mieux être physiquement en forme pour exécuter des pas d’Azonto. Le Zoropoto, venu de Côte d’Ivoire, est une sorte d’excroissance du Coupé décalé et du Mapouka. Vulgarisé par l’artiste DJ Arafat, il consiste à remuer les jambes dans tous les sens. Ici, le haut du corps n’est pas très sollicité. Comme avec l’Azonto, il faut posséder une bonne condition physique pour s’y aventurer, sinon bonjour les ennuis. 26 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © DR • Au pas de l’Azonto L’Azonto a été popularisée par le footballeur ghanéen Asamoah Gyan « C’est une danse très physique qui permet d’éliminer les calories », confie Armelle, une adepte de ce style. Le Kpankata vient également de Côte d’Ivoire. Contrairement au Zoropoto, ce sont les bras et les épaules qui sont mis en exergue. Il s’agit ici d’agiter le bras droit du haut vers le bas, tout en remuant l’épaule gauche. Moins agressive que le Zoropoto, le Kpankata est à la portée de tout le monde, puisqu’il est relativement lent dans son exécution. De la Côte d’Ivoire vient également le Glissement. Il s’agit d’un pas qui, comme son nom l’indique, consiste à glisser de droite à gauche au rythme de DJ Ronaldo. Le Loko Loko est l’une des danses préférées des jeunes. Lancée par le chanteur ivoirien Serges Beynaud, elle a immédiatement été adoptée par les ados. A chacun de ses concerts au Cameroun, l’artiste fait salle comble. Il faut dire que le Loko Loko est particulièrement spectaculaire. Très physique, il sollicite tout le corps. Il faut remuer en même temps les hanches, les bras et les jambes. L’Alingo, est originaire du Nigeria. Même s’ils s’en défendent, ses créateurs se sont fortement inspirés de l’Azonto ghanéen. C’est qu’il n’y a pas beaucoup de différences entre les deux. La gestuelle est identique, même si avec l’Alingo, les deux bras et les deux jambes sont simultanément utilisés. Et puis les mouvements sont plus frénétiques, ce qui la rend plus physique. A côté de cette déferlante, les danses camerounaises ont du mal à exister. Le Makossa, le Bikutsi ou le Bend-Skin ont été relégués au second rang par une jeunesse qui ne jure que par l’étranger. Quand bien même elles sont exécutées, on y remarque une influence des pas propres aux rythmes venus d’ailleurs : « Ces danses font plus bouger que ce que nous avons chez nous. Mais il y a également un effet de mode. Les clips vidéo de ces artistes passent en boucle sur les chaînes de télévision. C’est sans doute ce qui explique l’engouement des jeunes », explique Séraphin, un danseur professionnel. En tout cas, pour les adultes et les parents qui veulent éviter de passer pour des dinosaures nostalgiques d’une certaine époque, ils doivent se mettre à jour et faire semblant de savoir de quoi parlent leurs enfants quand ils prononcent ces noms en leur présence. l Le Loko Loko a été immédiatement adopté par les ados Culture © DR• En tête d’affiche Cinéma Hollywood in Africa B.B. En cette fin d’année 2013, plusieurs films hollywoodiens ont pour cadre le continent africain. L’Afrique du Sud, le Nigeria et la Somalie sont les pays qui servent de décor à de grandes productions cinématographiques. C’ est l’un des films les plus attendus de cette année 2013. Réalisé par l’Anglais Justin Chadwick, « Mandela, The Long Walk to Freedom » est tiré de l’autobiographie de Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain. Pour incarner le leader de la lutte contre l’apartheid, le réalisateur a choisi Idris Elba, un acteur britannique d’origine ghanéenne et sierra-léonaise. D’après les critiques américains, ce long métrage vaut le détour. Si plusieurs films ont déjà été consacrés à l’œuvre de « Madiba », « Mandela, The Long Walk to Freedom » est le premier vrai biopic sur Mandela, car il retrace tout le parcours de l’homme. De son enfance dans son village à ses années d’études, en passant par son travail d’avocat et ses péripéties familiales. Bien entendu, son combat politique occupe la plus grande partie du film. Salué pour sa performance, Idris Elba est d’ores et déjà pressenti pour Mandela, The Long Walk to Freedom » est le premier vrai biopic sur Mandela remporter l’Oscar du meilleur acteur. La famille Mandela est également à l’affiche d’un autre film. Cette fois, il s’agit de son exfemme Winnie Mandela. Sobrement intitulé « Winnie Mandela », ce long métrage réalisé par Darell Roodt est une adaptation de la biographie (non-autorisée) de l’ex première dame sud-africaine, telle que rédigée et publiée par Anne Marie du Preez. Pour camper Winnie Mandela, les producteurs ont confié le rôle à la chanteuse et actrice afro-américaine Jennifer Hudson, Terrence Howard incarnant Nelson Mandela. Ce film se donne pour ambition de raconter le parcours tumultueux de la combattante de l’apartheid. Mais contrairement au film consacré à Nelson Mandela dont le scénario a été approuvé par la famille, Winnie Mandela n’a pas été consultée par les producteurs. Ce qui pour elle, est un manque de respect. Décidément très sollicitée en cette année 2013, l’Afrique du Sud est le décor de « Zulu », un film policier dont l’action se déroule dans la ville du Cap. Une cité infestée de gangs de toutes sortes qui s’adonnent au trafic de drogue, au trafic humain et aux meurtres, jusqu’à ce que deux policiers (Brian Epkeen et Ali Sokheela) décident de mettre un terme à leurs activités meurtrières. Dans le rôle des policiers incorruptibles, deux acteurs américains, Forrest Whitaker (Ali Sokheela) et Orlando Bloom (Brian Epken). « Zulu » qui sort en décembre aux Etats-Unis, est réalisé par Eric Salle. Le Nigeria et notamment la région du Biafra servent de décor à « Half Of A Yallow Sun ». Si la production cinématographique nigériane est déjà mondialement reconnue (on parle maintenant de Nollywood), ce film réalisé par le Nigérian Biyi Bandele est une coproduction anglo-américaine. Sorti en septembre au Canada et aux Etats-Unis, « Half Of A Yellow Sun » qui met en vedette les acteurs Chiwetel Ejiofor (Anglo-nigérian), Thandiwe Newton (Anglo-zimbabwéenne) et Anika Noni Rose (Afro-Américaine), a été salué par la critique américaine qui a apprécié la technique toute subtile de Biyi Bandele. La Somalie quant à elle est le théâtre de l’un des blockbusters de l’année. Réalisé par Paul Greengrass, « Capitaine Phillips » qui met en vedette Tom Hanks, revient sur la prise d’un navire américain aux larges des côtes somaliennes en 2009. Attaqué par des pirates somaliens, le navire (Maerks Alabama) que commandait le capitaine Richard Phillips, était tombé entre les mains des malfaiteurs. Pour incarner les méchants somaliens et rendre l’histoire le plus réaliste possible, les producteurs ont fait les choses différemment. Au lieu de recruter les Afro-américains pour jouer les Africains comme ils le font d’habitude, ils ont engagé des somaliens installés aux Etats-Unis. Des jeunes gens qui n’avaient jamais joué la comédie avant, mais qui ont réussi à être de très convaincants pirates. Au final, « Capitaine Phillips» sorti aux EtatsUnis le 11 octobre 2013, a déjà rapporté la somme de 164 millions de dollars. l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 27 Société Projets structurants Les 7 plaies de l’Emergence Evariste Abessolo & Simon Ntonga Le Cameroun envisage atteindre son émergence à l’Horizon 2035. Cependant, «Avancer et reculer », pourrait à juste titre être la devise du pays ; quels sont les maux qui seraient le frein à cette politique des « Grandes Réalisations » ? V oici la liste des péchés capitaux telle que l’a fixée le pape Grégoire le Grand, à la fin du VIe siècle, et telle que nos catéchismes n’ont cessé, depuis, de la rappeler : l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère, la paresse. Il faut reconnaître que cette liste a vieilli : il y a belle lurette que nous n’y reconnaissons plus nos fautes les plus graves, ni nos dégoûts les plus résolus ! Comme nous le disait plaisamment notre conscience de journaliste lors de la construction du présent sujet, « il y a dans ces péchés capitaux, un côté doigts dans le pot de confiture, qui les rend comme enfantins et presque ridicules ». Oui : nous avons désormais d’autres diables à fouetter. Ceux-ci sont les adversaires résolus de la politique d’émergence édictée par le Président camerounais Paul Biya, dans son élan d’amélioration de la condition globale de son pays. C’est d’ailleurs ce qui les contraste d’avec les péchés capitaux pour mieux s’assimiler aux rudes plaies que le Dieu biblique, par la main de Moïse son prophète, infligea à l’Egypte de Ramsès II alors Pharaon, pour nuire à son programme et laisser partir son peuple. Faisons droitement une esquive à l’égyptologie pour garder intacte notre attention sur ces « tâches » qui ralentissent (pouvant même faire échec et mat) les « Grandes Réalisations » en dépit de la détermination démontrée et éprouvée de leur « géniteur ». Loin des moustiques, des grenouilles, de la grêle ou des mouches, le Cameroun est infesté par des germes complexes ayant trouvé asile dans son plasma. Sans avoir la prétention de passer pour le Pape Grégoire le Grand, citons-les dans ce sens : l’équilibre régional, l’inertie, la gabegie, la corruption, le cumul de postes, le « jeunicide », le mondialisme et le nombrilisme économique. 28 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © PRC • Expert incontournable ... L’équilibre régional Si le Cameroun doit s’aligner derrière le gouvernement qui lui sera proposé dans les jours à venir, le choix de ces composantes doit se faire sur la base de l’efficacité et de la compétence. En effet, il faut dire que si les multiples groupes de pressions, constituant des lobbies pour le positionnement des acteurs politiques selon la logique de « quotas » régionaux, sont en forte progression sur le territoire camerounais, c’est une action qui aura été encouragée par l’Etat. Bafouant au passage l’idéologie des compétences professionnelles des nommés, la politique de l’implémentation de l’équilibre régional instituée dans le pays, a contribué à l’enfoncer dans la pauvreté et la corruption. Par ailleurs, elle a construit avec le temps, des frustrations et des rancœurs qui risquent de s’exprimer dans l’avenir, tout en mettant en danger la paix nationale. Ainsi, avec le poids démographique des régions, départements et des arrondissements, le gouvernement de la République ne peut indéfiniment se contorsionner ou s’agrandir juste pour le plaisir des protestataires. D’ailleurs, la région de l’Est a commencé à montrer ses couleurs. Jugée comme étant le réservoir de l’économie camerounaise future, trois ministres seulement sont estimés peu nombreux devant l’Extrême-nord qui en compte dix et le Centre vingt. Le Nord est Société Sans avoir la prétention de passer pour le Pape Grégoire le Grand, citonsles dans ce sens : l’équilibre régional, l’inertie, la gabegie, la corruption, le cumul de postes, le « jeunicide », le mondialisme et le nombrilisme économique administratifs. Ordinateurs sous-utilisés, chaises de bureaux échangées quasiment tous les deux mois, véhicules administratifs au service des caprices familiaux transportant cousins, tantes et grands-pères, climatisation et ampoules toujours en mode « On » , séminaires et conférences délocalisées à Kribi, missions fictives à Doubaï ou à Paris ; les exemples sont infinis et poussent à s’interroger sur la nature de l’esprit de certains fonctionnaires camerounais ainsi que les motivations qui suscitent toutes ses déviances. La gabegie administrative est en marche et semble n’avoir peur de personne. La corruption à une variation de vitesse. Dans le cas d’espèce, c’est la capacité naturelle de certains citoyens (élus et chefs de projets), à s’opposer à l’adoption des comportements nouveaux nécessaires à l’amorce d’un développement national durable et profitable à tous. Peut-être du fait de l’appartenance à un parti politique dont ils ont transformé la devise en gilets pare-balles, les protégeant de toutes les évictions. Mais depuis des années, le Président national de ce parti, Chef de l’exécutif, se bat comme il peut contre cette réalité macabre : « Pour dire les choses clairement, je crois que nous avons manqué de dynamisme. L’inertie que j’ai souvent dénoncée a repris le dessus ». Disait-il, le 3 juillet 2008 à son gouvernement réuni au complet en conseil des ministres au Palais de l’Unité, après avoir limogé le Premier Ministre. Le gouvernement pourrait à titre de parage s’enrichir des acteurs de la société civile et de la jeunesse afin de diluer cette inertie grimpante. La gabegie un cas d’école où sur ses cinq ministres et secrétaires d’Etat qui composent le gouvernement, quatre sont originaires de la Benoué et un du Faro. En outre, au niveau préprofessionnel, le malaise se fait davantage ressentir. L’Enam a souvent été aux couleurs des incompétents chargés de diriger le pays dans les années futures au nom de la « politique de quota ». Heureusement que le nouveau Directeur général a amorcé le changement. Restons juste sur cet exemple pour ne pas fâcher davantage. Pourtant c’est toute la vérité. L’inertie En physique, l’inertie d’un corps dans un référentiel galiléen est sa résistance Gestion financière défectueuse ou malhonnête ; gaspillage tout clairement. Bien que le Cameroun ait entamé la lutte contre la mauvaise gestion des institutions de la République, avec la mise sur pied du Tribunal Criminel Spécial qui vient renforcer l’action du Contrôle Supérieur de l’Etat, de l’ANIF et de la CONAC, la gabegie n’a pas totalement foutu le camp. En plus de ne pas laisser sauve la finance publique, elle s’est davantage incrustée dans les services Que faire lorsque les services en charge de lutte contre ce fléau se font complices des corrompus et corrupteurs en retournant par exemple des notes de dénonciation aux dénoncés ? Le 09 décembre, le Cameroun a célébré la journée internationale de lutte contre la corruption comme tous les autres Etats du monde. Et pourtant, si l’on continue de penser que la corruption « fait partie des mœurs », il faut néanmoins dire que chaque société, chaque secteur d’activité et chaque individu auraient tout à gagner en disant « Non » à ce crime. S’il reste toutefois réel que ce vocable a fini par faire son lit dans le pays, il va sans doute que les solutions à son éradication sont ce qui importe le plus. Le mal est profond. Ainsi, en s’appropriant la vision de l’ONU, il serait nécessaire de : • Informer le public de l’obligation qui incombe à l’État d’être exempt de corruption. Une justice égale et équitable pour tous est cruciale pour la stabilité et la croissance d’un pays. Elle contribue également à lutter efficacement contre la criminalité. • Attirer l’attention du public, des médias et des pouvoirs publics sur le coût de la corruption pour les services essentiels, telles que la santé et l’éducation. Lorsque les services de base fonctionnent, toute la société y gagne. • Apprendre aux jeunes de votre pays ce qu’est un comportement éthique, ce qu’est la corruption et comment la combattre, et les encourager à revendiquer le droit à l’éducation. Élever les futures générations de citoyens dans l’idée que les pays doivent être exempts de corruption est un des moyens les plus efficaces de leur garantir un avenir meilleur. • Signaler les cas de corruption. Il faut créer un environnement dans lequel prévaut l’État de droit. Au vu de ce qui précède, on se pose la question de savoir que faire lorsque les services en charge de la lutte contre ce fléau se font complices des corrompus et corrupteurs en retournant par exemple des notes /lettres de dénonciation aux dénoncés ? Cela justifie pourquoi le Cameroun continue de briller par son L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 29 Société faible rang au classement mondial de l’indice de corruption, en occupant la 144ème position sur 177 pays selon Transparency International. Le cumul de postes « Le cumul de postes n’est pas du tout une bonne chose à partir du moment où, en principe, tout travail doit se faire efficacement. Et quand on veut l’efficacité, c’est-à-dire le bon résultat, on ne peut pas voir la même personne appelée à diverses fonctions et espérer avoir un résultat identique partout. Il y aura forcément des pants qui seront marginalisés. Et de ce point de vue-là, surtout pour un pays comme le Cameroun, réputé pour la qualité de ses ressources humaines ; c’est ce que l’on dit, si l’on s’appuie sur le taux d’alphabétisation qui est l’un des meilleurs, du moins en Afrique noire subsaharienne, on peut raisonnablement comprendre pourquoi dans certains cas la loi a prévu des incompatibilités et proscrit le cumul…. Donc, le cumul ne peut pas se justifier dans une logique où l’on parle de « Grandes Réalisations ». Parce que la réalisation signifie qu’on a d’abord eu l’ambition ; il faut maintenant réaliser. Et pour réaliser, il faut que quelqu’un soit là. Sauf à nous dire que les Camerounais ont déjà le don d’ubiquité, c’est-à-dire être partout à la fois. Voilà mon idée qui est très claire et très simple d’ailleurs, à savoir que quand on veut l’efficacité il faut avoir la bonne personne. Mais est-ce que cette personne a les coudées franches ? Et si elle a des coudées franches, il faut qu’elle ne consacre son temps qu’à cela. Mais quand on a des gens qui sont éparpillés, ça vous ramène à un proverbe roumain qui dit que : ’’un esclave qui a plus d’un maître est un homme libre’’ »., Dixit le Professeur Pius Ottou, économiste Camerounais. Le « jeunicide » Doit-on encore s’étendre sur ce qui semble être un complot ourdi contre l’ensemble des populations jeunes ? Dans tous les secteurs à l’exception de l’informel, la jeunesse est marginalisée. Dans l’essentiel des politiques qui sont élaborées pour elle, celle-ci se plaint de ne pas être consultée, encore moins impliquée. Le Conseil National de la Jeunesse du Cameroun (CNJC), réponse gouvernementale aux revendications de la jeunesse, n’est plus qu’une « vielle loque humaine » en phase terminale d’un cancer du cerveau. Dans les administrations, ceux qui ont dépassé l’âge de la retraite font du « seatting ». Ils n’iront nulle part! Les jeunes qui les y retrouvent s’en vont aussitôt les pieds devant, à la Droite du Père. Le système éducatif dans son ensemble, bien qu’en mouvement, ne contribue pas beaucoup à la préparation des jeunes camerounais à l’autonomie. Dans les formations politiques, les jeunes expriment aujourd’hui, audiophones à la main, leurs frustrations. Ateba 30 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © Asdeca • dans tous les chantiers de l’émergence Eyéné Charles, Messanga Nyamding Pascal et bien d’autres sont des exemples à exposer. Le « jeunicide » est amorcé. Pourtant, la chanson très connue des Camerounais de la base au sommet dit : « La jeunesse, fer de lance de la nation ». Le mondialisme anthropomorphique et le nombrilisme économique Au pays de Paul BIYA, il s’entend généralement dire que certains hauts responsables y vivaient comme de passage pour leur « vrai pays ». Une image qui ôte le caractère nationaliste et patriotique à la presque majorité des citoyens. Personne n’est plus camerounais. D’ailleurs, la majorité a opté pour des multiples nationalités pour contourner la loi camerounaise. Ils ne se sentent donc plus la mission ou le mérite de défendre les couleurs du pays, au mépris et au sacrifice de la jeunesse. La nationalité n’est plus qu’un simple acte administratif qui donne le droit de piller et investir dans un autre pays. Il y a de cela quelques temps, Jean NKuete, en cette époque, vice Premier ministre chargé de l’agriculture, rentrait dans une guerre effroyable l’opposant aux députés de la nation. Ces derniers se plaignaient de ce que le ministre les mettait tour à tour à la porte lorsqu’il, soit disant, « venaient exposer les problèmes du peuple ». Pourtant, il est de vérité connue que plusieurs élus du peuple ont tourné le dos aux missions qui sont les leurs pour « chasser la fortune publique » par l’acquisition et l’exécution des marchés publics. Activités très souvent mal conduites subjuguées par la mystique de l’immunité parlementaire, le pays se retrouve à ‘‘avancer à reculons’’. De l’argent dilapidé au nom d’une gabegie sans aucune limite morale. De l’autre côté, le petit peuple qui pourrait se construire une activité visant à l’amélioration des conditions de vie, finit par faire face à une concurrence qui l’enferme dans le vase hideux et avilissant de la pauvreté. Voici donc des personnes qui ont décidé de lutter pour le peuple qui se retrouvent à lutter contre le peuple. l Société Fêtes de fin d’année Les préparatifs avancent timidement Ester Assena A quelques jours de la fête de la Nativité et du Nouvel An, il y a encore de l’espoir pour faire de bonnes affaires. L’heure est à l’aménagement des espaces et aux expositions des articles. De l’habillement, aux accessoires de décoration en passant par les jouets. Tout y passe. L e décor est planté depuis quelques semaines, avec comme souvent à l’avant-garde, les supermarchés et les prêts-à-porter. Ce n’est pas encore la grande affluence dans les magasins et marchés de la capitale, pourtant les vendeurs sont confiants. Après les soldes du mois dernier, les boutiques et les magasins ont fait le plein. Les clients n’ont que l’embarras du choix devant la diversité d’articles qui leur sont proposés. Dans les super marchés, en dépit du manque de clients, les vendeurs sont occupés à exposer les articles sur les rayons, l’air sérieux et préoccupé. Si certains magasins sont encore au niveau des installations, le supermarché Mahima quant à lui, fait déjà la joie des petits et des grands, avec comme chaque année, un méga shoping tombola qui permet aux clients d’avoir un ticket après un achat supérieur à 10.000 Fcfa. De même, des remises de 10% sur les jouets et les décorations sont proposées. L’innovation de cette année est l’installation d’une crèche qui attire de nombreux regards. Côté distraction, nous constatons une sortie vertigineuse des bars fantômes dans tous les quartiers, à la grande satisfaction des disciples de Bacchus. Par ailleurs, les cabarets et boîtes de nuit sont à pied d’œuvre pour donner à voir et à entendre. Selon le promoteur d’un de ces milieux huppés de la capitale, « un programme diversifié sera proposé dans quelques jours aux fêtards. Je vous promets qu’ils ne seront pas déçus. Pour l’instant, nous nous assurons bien du choix et de la disponibilité des différents artistes que nous avons sollicités ». Par contre, la plupart des hôtels ne sont pas encore à la page. Si les réservations ont commencé, les programmes des fêtes ne sont pas encore connus, à l’exception du Hilton hôtel de Yaoundé qui a déjà un programme bien défini de ses activités. Dans les marchés tel que celui de Mokolo, les commerçants sont aussi en plein dans les préparatifs. Ils vont et viennent chargés de marchandises diverses, le temps est court il faut faire vite. Après l’habillement et autres accessoires, il faut ensuite penser au volet nourriture. En novembre dernier, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a regroupé les représentants des différentes filières des produits de grande consommation pour évaluer la situation et s’assurer de leur disponibilité pendant et après les fêtes. Parmi ces dispositions prises par le MINCOMMERCE, une foire de l’association des femmes Bayam sellam du Cameroun a été lancée à l’esplanade du stade omnisport, meublée d’une série d’activités festives. Afin de protéger les consommateurs d’une inflation qu’entretiennent en cette période les commerçants véreux, le ministère du Commerce a dépêché sur le terrain, les éléments de la brigade nationale de contrôle de prix. Pour ce qui est du poulet de chair, l’Interprofession Avicole du Cameroun(IPAVIC), entend mettre sur le marché environ 4 millions de poulets dans les prochains jours, afin de satisfaire la demande comme il est de coutume depuis trois ans. Ces poulets seront vendus dans des marchés témoins créés à cet effet dans les grandes métropoles du pays en collaboration avec le Gouvernement. Le poulet de 2 kilogrammes sera vendu à 2500Fcfa, ceci malgré la hausse du prix de la provende et par ricochet celui du poussin d’un jour, qui passe de 350 à 450 FCFA. Pendant les fêtes de fin d’années, le tout n’est pas de s’habiller, manger et boire. Il faut aussi penser à Dieu car, la fête de la nativité renvoie à la naissance de l’enfant Jésus. La prière est donc de rigueur. C’est dans ce sens que, le père Gilbert Odi, vicaire de la paroisse notre Dame du lac, pour cette année, a instauré la messe de midi. Il en sera désormais ainsi même après les fêtes : « c’est Côté distraction, nous constatons une sortie vertigineuse des bars fantômes dans tous les quartiers, à la grande satisfaction des disciples de Bacchus. Par ailleurs, les cabarets et boîtes de nuit sont à pied d’œuvre pour donner à voir et à entendre bien de passer la pause de midi avec Dieu, mais il faut d’abord une préparation spirituelle avant d’accueillir l’Emmanuel qui signifie Dieu avec nous ». Pour les plus démunis de Messa village, une activité dénommée « noël solidaire » a été mise en place. Aussi, la paroisse célébrera le théâtre de la nativité afin de mettre en scène l’arrivée de Jésus avec les jeunes. La période des fêtes étant sujette à l’augmentation des agressions, les forces de l’ordre ont été déployées massivement sur le terrain afin de permettre aux populations de passer les fêtes de noël et de nouvel An en toute quiétude. L’accent a été particulièrement mis sur la voie publique ainsi que dans les agences de voyage. Le souhait du délégué général à la sûreté nationale est que tous les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes et passent de paisibles fêtes. Par conséquent, il exhorte la population à une collaboration avec la police en appelant au numéro vert qui est le 1500, ou encore l’équipe spéciale d’intervention rapide (ESSIR) au 117, ceci afin de neutraliser les éventuels malfaiteurs. Pour une urgence médicale ou d’incendie contacter le SAMU ou les sapeurs pompiers respectivement au 119 et 118. A titre de conseil, il est recommandé d’éviter de marcher avec des sommes importantes sur soi au risque de se faire agresser, aussi la surcharge dans les taxis est également déconseillée parce qu’elle est dans la plupart du temps à l’origine de vols. l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 31 Sport © Camfoot • Déjà au rythme de la samba Lions Indomptables Et maintenant ? Baléba Baléba Les Lions se sont qualifiés. Tout doit donc être mis en œuvre pour que les choses se passent bien au Brésil et que le Cameroun rompe avec ses contre-performances à répétition en coupe du monde. 34 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 E tait-ce dû à la joie du moment ou était-ce le signe d’une réconciliation définitive ? En tout cas, à la fin du match face à la Tunisie, Samuel Eto’o et Alexandre Song, ennemis intimes d’hier, sont tombés dans les bras l’un de l’autre pour une longue accolade. Les victoires ont ceci de bien qu’elles peuvent effectivement résoudre les problèmes qui semblaient insolubles. Si Song et Eto’o font la paix, les Lions peuvent se frotter les mains et rêver à un avenir radieux. Les Camerounais se sont donc qualifiés pour la coupe du monde au terme du match le plus abouti de l’ère Finke. Une victoire sans bavure d’une équipe qui semble avoir retrouvé ses valeurs cardinales : le physique, l’abnégation et le fameux « Hémlè » rendu célèbre par Kana-Biyick et la génération de 1990. Face aux Tunisiens, les Lions ont livré une belle partie. Très sûrs d’eux, ils ont contrôlé le match et marqué presque à chaque fois qu’ils l’ont décidé. Cela faisait longtemps que les Camerounais n’avaient pas dégagé cette impression de puissance et de maitrise. Jusqu’ici très frileux, Volker Finke, avait accepté de délaisser son indigeste 4-4-2 pour un 4-3-3 plus équilibré, avec un avantcentre et deux joueurs sur les ailes, capables de déborder, de provoquer et de dribler. On a rapidement vu la différence avec ses équipes précédentes. Positionné devant la défense, Alexandre Song a livré un très bon match. Comme l’ont souvent demandé la plupart des observateurs, le milieu Culture Sport ille enfin © Camfoot • La fam talent comme Jean-Christophe Bahebeck, Paul Georges Ntep, Samuel Umtiti ou Alex Ngando. Il est difficile de résister à la coupe du monde. Les joueurs ont fait leur part, aux dirigeants de se montrer à la hauteur camerounais doit être composé de deux récupérateurs placés devant la défense. Cela a l’avantage de décongestionner ce secteur de jeu et d’accorder plus de liberté au Barcelonais. Il faut espérer que cette organisation n’était pas circonstancielle et que le sélectionneur continuera dans cette configuration qui a permis à son équipe de marquer 4 fois, elle qui avait du mal à scorer depuis son arrivée. Maintenant, il va falloir sérieusement se pencher sur certains secteurs de jeu. Notamment, le poste d’arrière droit qui n’a toujours pas trouvé preneur. Depuis le départ de Geremi Njitap il y a quatre ans, aucun joueur ne s’est imposé. Tous les sélectionneurs qui se sont succédés n’ont fait que rechercher des solutions intermédiaires. Il faudra effectuer un recensement mondial pour dégoter l’oiseau rare. Tout comme il faudra essayer d’attirer quelques jeunes binationaux de Mais le défi immédiat pour les autorités c’est de mettre en place un calendrier pour préparer cette coupe du monde. Déjà, il faudra commencer par exploiter toutes les périodes Fifa pour disputer les matches amicaux, ce que le Cameroun ne fait que trop rarement. Il s’agira ensuite de trouver des adversaires capables de le faire progresser. Au-delà de l’aspect sportif, c’est la partie administrative, trop souvent décriée par les joueurs eux-mêmes, qui doit se montrer à la hauteur. D’ailleurs l’ancien international Patrick Mboma ne cache pas ses craintes : « Cette qualification est peut-être l’arbre qui cache la forêt. Pendant des années, l’aura passée des Lions a permis de véhiculer une image obsolète, celle d’une nation phare et modèle du football africain. Mais le peuple est lassé, il n’est plus possible unie de le leurrer. Les gens en ont marre. Une surprise comme en 1990 ne sera pas possible. En Coupe du Monde, nous n’avons atteint les quarts de finale qu’à une seule reprise. Donc, quand j’entends qu’une Coupe du monde sans le Cameroun serait dommage, je réponds : Mais avec le Cameroun, qu’est-ce que ça apporte de plus ?». En mars 2014, la fédération se dotera d’une nouvelle équipe dirigeante. Le souhait de tous les Camerounais, c’est que ce soient des hommes et des femmes compétents. Le football camerounais est à la croisée des chemins. Soit il renaît comme au lendemain du fiasco de 1972, soit il coulera pour longtemps encore. De leur côté, les joueurs ont fait leur part. En se qualifiant, ils ont déjà rapporté plus de 4 milliards de FCFA dans les caisses de la Fecafoot. Aux dirigeants de faire leur job et d’éviter les scandales de 1994, 2002 et 2010. Et de rendre leur sourire à « Magic » Mboma et à tous les Camerounais. l Coupe du Monde 2014 Le Cameroun jouera le Brésil A l’issue du tirage au sort, les Lions Indomptables ont hérité du groupe A en compagnie du Brésil, de la Croatie et du Mexique. Les Camerounais joueront dans trois villes lors du premier tour : Natal, Manaus et Brasilia, la capitale du pays. Programme des Lions du premier tour 13 juin à Natal Mexique • Cameroun 18 juin à Manaus Cameroun • Croatie © Camfoot • Le sergent Makoun signe son come back 23 juin à Brasilia Cameroun • Brésil L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 35 International Poutine Le contrepoids de l’occident ? Roland Ntsa Certains leaders politiques internationaux ont marqué de façon significative la construction de l’histoire des Relations Internationales. L’on peut à tout hasard citer Gandhi, Nelson Mandela, De Gaulle, Lincoln, etc. Mais, la particularité de Vladimir Vladimirovitch Poutine est que son charisme lui permet de marcher sur l’Occident au moment où le monde entier prend l’Ouest pour hyperpuissance. Une ascension politique fulgurante Vladimir Vladimirovitch Poutine (Влади́мир Влади́мирович Пу́тин en russe), est né le 7 octobre 1952 à Leningrad. Issu d’une famille ouvrière à modestes revenus, il commence sa carrière politique à la Mairie de St Petersburg et devient ensuite la personnalité la plus proche du Président Boris Eltsine. Ce dernier fera de lui le Directeur de la Sécurité Publique (FSB) en 1998. En 1999, Poutine devient Président de la Fédération de Russie par intérim, après la démission de son « mentor », puis Président confirmé en 2000. En 2004, il est confortablement réélu avec 71,22% des suffrages. Sa particularité est qu’il instaure une concentration du pouvoir politique présidentiel, à l’image de l’ex URSS. Ce qu’il appelle la « verticale du pouvoir », et que les occidentaux considèrent comme un néo-tsarisme. De toutes les façons, Vladimir gouverne en vrai réaliste, avec les notions de rationalité et d’exclusivité de l’Etat sur la scène internationale. Parvenu au terme de son deuxième mandat en 2008, et alors que le monde entier le croyait en fin de carrière, Vladimir inventera ce qu’un historien camerounais a sagement nommé la «Technique du varan ». De même que ce reptile africain rentre en « hibernation » stratégique pour piéger ses proies, la langue pendante, il s’agissait pour Poutine de faire profil bas pendant quatre ans. C’est ainsi qu’il laisse Dmitri Medvedev effectuer un mandat à la magistrature suprême, se contentant provisoirement et stratégi36 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © DR •A la croisée des regards quement du poste de Premier ministre. En 2012, le nouveau « Tsar » ressurgit de plus belle. Il gagne les élections avec plus de 63% de suffrages, malgré la contestation d’une partie du peuple qu’il n’hésitera pas à mater sans état d’âme. Telle est son ascension aux cimes du pouvoir, pareil est aussi son charisme suprématiste sur les chantres de l’impérialisme occidental. Poutine ou l’épouvantail de l’Occident sur la scène internationale A l’image des combats de Sambo ou de Judo qu’il a toujours remportés sans ambages sur ses adversaires, Poutine s’est investi en véritable bourreau de l’Occident sur tous les fronts de la politique internationale. Meilleur allié de Bachar al-Assad, Vladimir Poutine reste un costaud soutien du Président syrien dont le pays est en guerre depuis 2011. La réélection de Poutine, option que n’avait pas prévue l’Europe, est venue conforter Bachar-al-Assad sur International Meilleur allié de Bachar al-Assad, Vladimir Poutine reste un costaud soutien du Président syrien dont le pays est en guerre depuis 2011 la mise sous contrôle de l’arsenal chimique syrien et ce au moment où les détracteurs de Bachar prédisaient déjà sa chute. Par ailleurs, la question d’Edouard SNOWDEN viendra davantage mettre à nu la capacité de Vladimir à contrarier les USA. Après la révélation en juillet de cet ancien agent de la NSA et de la CIA du programme d’espionnage des USA, Poutine a accepté de lui accorder l’asile et ce malgré la pluie de menaces de Washington. Une fois encore, l’espion de l’ex KGB n’a pas tremblé devant l’ « hyper-puissance » américaine. Aussi, lors des Championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulés du 10 au 18 août 2013 à Moscou, Poutine a réaffirmé, malgré les pressions de boycott des occidentaux, l’homophobie du peuple russe. Finalement, les jeux furent d’un éclatant succès. Le plus grand succès et d’ailleurs le plus récent de la Russie sur l’Occident, c’est son obstruction au sommet de Vilnius, ces 28 et 29 novembre. Ce sommet avait pour ambition de rapprocher six ex-Républiques Soviétiques de l’Europe. Après les pressions de la Russie, deux seulement vont y initier un Accord avec l’UE. En pleine reconquête de son influence diplomatique, la Russie n’entend pas laisser les ex-Républiques soviétiques s’amarrer à l’Europe. Ces derniers mois, Moscou a mis la pression sur trois des six Républiques du Partenariat oriental pour qu’elles n’initient pas un son trône, malgré les « aboiements » de l’Occident et de l’ONU. La Russie imposera son irréversible véto, soutenue par la Chine qui ne trouve aucune légitimité dans un envahissement de la Syrie. Après l’usage du gaz sarin, dont les responsabilités n’ont pas véritablement été établies, la Maison Blanche, de concert avec la France et l’Angleterre, envisagent une frappe en Syrie pour « punir » le régime de Damas. Mais Poutine sort la vraie carte du jeu et propose à la communauté internationale, Accord d’association avec l’UE. «La Russie s’estime trop petite économiquement pour peser à côté de la Chine ou de l’Europe. Créer un pôle puissant autour d’elle, dans le monde multipolaire émergent, c’est l’ambition de M. Poutine», explique Nicu Popescu, analyste à l’EU Institute for Security Studies (EUISS). La Russie utilise le bâton plutôt que la carotte pour convaincre les ex-Républiques sœurs de rester dans son giron. Le Premier ministre ukrainien vient de reconnaître que Moscou a dit : «Nous sommes prêts à examiner avec vous et l’UE tous les problèmes, mais vous reportez la signature de l’Accord, nous discutons, nous nous mettons d’accord et après vous signez». Malgré la descente dans la rue des milliers d’ukrainiens, le Kremlin reste serein, ravi d’avoir une fois de plus cloué en croix, la volonté d’hégémonie de l’Occident sur le monde. Il y a donc de quoi être d’accord avec le Magazine américain FORBES que Vladimir Poutine est l’homme fort de l’année 2013, car il l’a élu personnalité la plus puissante du monde. Fini l’Occident des donneurs de leçons, la Russie revient se positionner, tel le puissant vieux bloc soviétique, en véritable Léviathan de la scène internationale. l Ces derniers mois, Moscou a mis la pression sur trois des six Républiques du Partenariat oriental pour qu’elles n’initient pas un Accord d’association avec l’UE. «La Russie s’estime trop petite économiquement pour peser à côté de la Chine ou de l’Europe © DR • Un climat glacial L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 37 International La géopolitique internationale du nucléaire R. N. La science politique stipule que tous les Etats comptent sur la scène internationale, si non comme acteurs, du moins comme enjeu. Seulement, il faut reconnaitre que ce sont des instruments de dissuasion géostratégiques et logistiques qui confèrent à tel Etat le statut de puissance internationale au détriment d’un tel autre. © DR • Site nucléaire D e l’exclusivité de la terreur sur la scène internationale Selon le politologue américain Robert Gilping, acquérir le statut d’hégémon sur la scène internationale exige une mobilisation considérable des expertises scientifiques, mais aussi et surtout des allocations financières considérables. En un mot, l’entretien de ce statut sur la scène internationale est extrêmement coûteux. Et le plus dissuasif des instruments que brandit l’hégémon sur la scène internationale pour l’implémentation de la terreur, c’est le nucléaire. Le nucléaire dont il est question ici n’est pas celui commis pour des fins énergétiques civiles. Bien au contraire, il est question de celui alloué à des fins militaires. 38 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 De fait, depuis soixante-huit ans, l’arme nucléaire est le symbole suprême de la puissance des Etats (au premier rang desquels les deux empires de l’après-guerre que sont les USA et l’URSS) et l’instrument de leur domination sur l’ordre mondial. Autant dire que, faire l’histoire politique et militaire depuis 1945, c’est faire celle d’un « monde nucléaire». A la lecture d’un récit qui restait pourtant à écrire, on comprend comment, dès son invention, l’arme atomique s’est imposée comme un élément central et fortement structurant des relations internationales. Les images de la terreur et de l’horreur de la bombe atomique larguée le 6 août 1945 sur Hiroshima (100 mille victimes immédiates), et sur Nagasaki le 9 août 1945 (70 mille victimes immédiates), ont brisé plus d’un esprit. Aussi, l’arme atomique est alors utilisée par le président A la lecture d’un récit qui restait pourtant à écrire, on comprend comment, dès son invention, l’arme atomique s’est imposée comme un élément central et fortement structurant des relations internationales International américain Harry Truman pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale, en contraignant le Japon à la capitulation le 2 septembre 1945 dans le pacifique. Seulement, ces actes de l’Amérique vont davantage susciter une convoitise scientifique de l’URSS qui parvient à se doter de l’arme nucléaire en 1949. De même, les deux puissances se doteront la même année (1957) de fusées à moyenne portée, même si les Américains auront une longueur d’avance sur l’URSS en acquérant en premier les fusées intercontinentales et les fusées à têtes nucléaires multiples.A côté de cet arsenal volant, il a aussi été développé un arsenal militaire nucléaire marin, symbole d’une conquête atomique des espaces marins, atout stratégique d’attaque à distance. Sommes toutes, la course au nucléaire et aux autres armes de destruction massive par l’URSS et les USA, garant d’une dissuasion sur la scène internationale, a conduit à ce que l’on a nommé ’’équilibre de la terreur’’ ou ’’destruction mutuelle assurée’’ (DMA), Mutual Assured Destruction (MAD) en anglais. Cette stratégie est une forme d’ « équilibre de NASH », dans lequel chacune des parties ne peut rompre l’équilibre qu’en s’exposant à être détruite. entre autres de l’Agence Internationale de l’Energie atomique créée en 1957, dont l’influence reste sélective. On peut aussi citer les Strategic Arms Limitation Talk (SALT1 et 2) organisés par les deux Grands ou encore le Traité sur la Non Prolifération des Armes Nucléaires (NPN) datant du 1er juillet 1968. Initialement prévu pour une période de 25 ans, il a été revu en 1995 pour requérir une durée indéterminée. A l’élargissement du monopole L’Iran ou le rebelle de l’atome Si les deux super-puissances ont été les toutes premières à disposer exclusivement de l’arme atomique source d’effroi, le monopole de la terreur prend fin en 1952. Car, le Royaume Uni qui devient la première puissance militaire de l’Europe de l’Ouest, en lieu et place de l’Allemagne nazie vaincue en 1945, rend officiel l’aboutissement de son programme nucléaire. Ensuite, vont suivre respectivement la France (1960) et la Chine (1964). Il ne pouvait pas en être autrement. La bombe atomique ayant révélé au monde entier ses « vertus » de destruction massive, les trois Etats suscités étant par ailleurs membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, un relatif contrepoids était urgent pour la conduite de la politique internationale de ces Etats. A côté des cinq, d’autres Etats qui ont compris les enjeux de l’arme atomique dans le jeu des puissances, chacun selon son contexte historique et militaire, ont développé secrètement des centrifugeuses et ont obtenu l’arme atomique. Dans un contexte d’alerte permanente par rapport à ses voisins syriens, égyptiens, jordaniens et palestiniens, Israël s’est doté de l’arme atomique en 1960. Même si l’Etat hébreux n’a jamais voulu le reconnaitre officiellement, l’acquisition du nucléaire militaire lui permet d’asseoir son hégémonie au Proche- S’il est vrai que le nucléaire représente un danger pour l’humanité, comme cela a été le cas à Hiroshima et à Nagasaki, on ne peut tout de même pas lui ôter sa capacité à équilibrer les pouvoirs entre les puissances et donc, à garantir une paix durable. C’est cette logique qui guide les ambitions de l’Iran, que le Groupe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne veulent stopper à tout prix. Orient, soutenu par ses alliés occidentaux. L’Inde, quant à elle, entrera en possession de l’arme atomique en 1974. Cette nouvelle acquisition lui permettra de mettre davantage en situation de précarité, son voisin immédiat qu’est le Pakistan. En riposte, le Pakistan développera son programme pour obtenir la bombe en 1998. Enfin, la Corée du Nord, dans son isolationnisme séculaire, aurait réussi à développer l’arme atomique depuis des décennies, c’est seulement en 1993 que la communauté internationale s’en apercevra. Ainsi, jusque à ce jour, il est reconnu que seuls neuf Etats dans le monde disposent de l’argument logistique dissuasif de la scène internationale qu’est la bombe atomique. Pour assurer l’exclusivité du monopole, des textes ont été élaborés et des instances chargées d’y veiller ont été créées. Il s’agit De fait, l’Etat d’Israël est considéré par l’Iran, de par les exactions vis-à-vis du peuple palestinien, comme étant l’hégémon prédateur du Proche-Orient. A cet effet, l’Etat Hébreux est vu du mauvais œil que d’être la seule puissance nucléaire au ProcheOrient ; et qui plus est, il est soutenu par les occidentaux hostiles aux autres pays arabes de la sous région à l’exception de l’Egypte qui leur sert de balance. La psychose des alliés est moins liée à la cause humanitaire qu’à la crainte de voir une certaine politique du « containment » entre l’Iran et Israël. Pourtant, l’histoire montre que les États qui accèdent à la bombe, se sentent constamment menacés et qu’ils deviennent extrêmement conscients du fait que leurs armes nucléaires pourraient les transformer, aux yeux d’autres puissances importantes, en cible potentielle. Cette conscience dissuade les États nucléaires des actions risquées et agressives. La Chine maoïste, par exemple, est devenue moins belliqueuse après avoir acquis la bombe atomique en 1964, de même que l’Inde et le Pakistan. Il y a peu de raisons de supposer que l’Iran briserait ce schéma. L’Iran devenu une puissance atomique, Israël et l’Iran se dissuaderaient mutuellement, comme toutes les puissances nucléaires l’ont toujours fait. Voilà à notre avis la seule issue crédible de la question du nucléaire iranien qui fait couler autant d’encre que de colère dans les rangs des alliés. L’Iran se sent constamment en danger au Proche-Orient, ses intérêts avec. C’est le moment de se rappeler avec Hans Morgenthau que le poteau indicateur des relations Internationales c’est « l’intérêt national défini en terme de puissance ». l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 39 International Africa When regional integration stutters R. N. Continent of more than a billion souls, succession of two instances at the head of the continent, 16 RECs, Overlapping of politics and programs, bowl of spaghetti, partitioning of frontiers, aggravated robbery insecurity, repeated “Coups d’Etat”… such is the macabre face of the African integration. A less lenient history for the black continent The impedimenta to the african continent’s unity come first and foremost from his its past. In fact, the fate suffered by this part of the world in the 19th century was not of the nature to favor the interconnection between her sons. The Berlin Conference initiated by Otto Von Bismarck from 1884 to 1885 has left indelible aftereffects on the African continent’s unity. As a reminder, the key word of this international meeting on Africa was “effective occupation”. It means, each power which had to take advantage of any space over the continent was to occupy it effectively for the purpose of a theoretical repartition on the card. The consequence of this gloomy situation has been the breakup of Africa with as many occupied territories that there were occupants. That is how these ancient lands of vast empires came into existence, with the notion of frontiers. The worst consequence of this partitioning dwelled in the arbitrary and hazardous character of the mapping. In reality, they were not taking into account the socioethnic and anthropological splitting on the field. Thus, clans and entire families saw themselves being divided and dispersed forever. Till date, the project of gathering all her sons launched by Africa under the banner of regional integration keeps on marking time. Endless political and institutional setbacks After the access to what could conventionally be called here independences, in the absence of a better appellation, Africa has always wanted to unite her sons. But the first dissidences around this project soon appeared. Between the Casablanca bloc led by Nkrumah and his disciples, standing for 40 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © DR • Bol de spaghettis de l’intégration the transformation of Africa into a large federal State, and the Monrovia bloc animated by Leopold Sedar Senghor and followers, advocating for a political progressism, the pace of the integration process was already being portrayed. The painless birth of the OAU in May 25, 1963 in Addis Abeba- Ethiopia was accompanied at that period by the first sub regional conflicts amongst which the majority has never been resolved. The somalo-ethiopian war, the one of ex-Congo Zaire, etc. were already drawing the shape of the post-OAU. Following a course raising mixed impressions, the OAU gives place to the AU at Durban in 2002. Yet, the hopes pinned on this institution remain dreary and morose, as the problems of Africa stayed unchanged. Even the passage from General Secretariat to Commission, has changed nothing to the fact that the conference of Heads of States still decides, in the midst of her interminable contradictions, of the fate of the continent’s unity. The two documents mandating the practical conduct of the African integration process still remained without great effect. The Lagos Plan of Action born in 1980 and enforced in 1983 provided for the division of Africa in five sub regions, following the principle of one institution per sub region as well as one state for one institution. The LPA will be replaced along the way by the Treaty of Abuja, signed in 1997 and enforced in 1993. It has as mission to bring forth the African Economic Community by the year 2000. However, there again could achievements not be perceived. Presently, beginning with 5 RECs desired by Africa for each of the 5 regions, Africa counts 16 RECs, with only 8, acknowledged by the AU. The consequence of such an institutional prostitution is the arrival at a “bowl of spaghetti”, meaning, multiple memberships. Whosoever speaks of multiple memberships talks of overlapping of policies and programs. Yet, most of those policies are either competitive or identical, leading to an inexorable standing around in the integration process. In a nutshell, the African integration process as stipulated by the Treaty of Abuja – and reaffirmed by the Constitutional Act of the AU, is articulated around a dynamics of convergence and progressive unification in the Regional Economic communities’ outline and spaces. This choice finds its legitimacy as well as its pertinence in the combination of several factors: - The objective difficulty to integrate a great number of States (50) at once - The diversity of political and economic International situations and ecosystems which justifies the regional approach, the operational and the judicial anteriority of many regional and sub regional institutions in relation to the continental economic union. The multi-membership emanates primarily from the expression of each State’s sovereignty, and of the perception of strategic interests. The actual configuration of REC/ SREC/IGO enables nevertheless, to pick out three explaining factors which underlay the creation of three categories of cooperation organizations: - - - A common colonial history which have handed down here and there, a common heritage of relative importance ( legal and judicial system, educational system, institutional and administrative structure, common currency, sub regional infrastructures): ECUCA/CAEMC, WAEC/WAEMU, CEPGL, SACU, EAC first formula; The shared ownership over geophysical, economic or climatic spaces, implying a common management of strategic resources (fluvial basins or lakeshores, forest clumps, ecosystems): Manu River Union, OMVS, COMIFAC, CICOS, CILSS, DLCO-EA, ABN, ALG, IGAD first formula, COI, CBLT …etc. ; and The social and economic development strategy defined in the early 80s in the context of the OAU, and to which all the African states adhered (Final Act and Lagos Plan of Action, Treaty of Abuja instituting the African Economic Community; creation of RECs: ECOWAS, ECCAS, SADC, AMU, COMESA, IGAD new formula). l Implications and effects of multimembership IGOs STATES ECCAS CAEMC The differences following from the elevated number of RECs/IGOs with organic bonds in between them are varied. One can particularly cite: • The overlapping of mandates, programs and projects between Economic communities among others; • The multiplication of norms conflicts in each region, and in each State belonging to two or more integration institutions, • The recurrent problem of coordination and of the necessary harmony between the multiple regional engagements and the national policies of States belonging to several institutions; • The weight of contributions on the States’ public finances and/or the multiplicity of taxes imposed on regional institutions; • The recourse to the same development partners for the financing of similar programs; • The difficulty for each State to effectuate a pertinent and global evaluation of the costs and advantages pertaining to the integration process; • The difficulty to put into practice the convergence strategy following from the Treaty of Abuja due to the multiplicity of actors; • Leadership or legitimacy squabbles; • The erosion of community spirit, foundation for a real integration of people1 Table of the multi-membership to RECs in Africa : CEPGL COMESA AEC SADC List of Abbreviations and Acronym : NBA : Niger Basin Autority AEC : African Economic Community AMU : Arab Maghreb Union AU : African Union CEMAC : Central African Economic and Monetary Community CAR : Central African Republic CLCB : Commission of the Lake Chad Basin CEN-SAD : Economic Community of SahelSaharan States CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands Lacs ICCUSB : International Commission for the Congo-Ubangi-Sangha Basin COMESA : Common Market for Eastern and Southern States COMIFAC : Central African Forests ‘Commission DRC : Democratic Republic of Congo EAC : East African Community ECCAS : Economic Community for Central African States ECOWAS : Economic Community for West African States ECUCA : Economic and Customary Union of Central Africa IGAD : Inter Governmental: IGO : Inter-Governmental Organisation LPA : Lagos Plan of Action OAU : Organization of African Unity REC : Regional Economic Community SACU : Southern African Custom Union SADC : Southern African Development Community SREC : Sub-Regional Economic Community CEN-SAD X Total RECs/SRECs Angola X Burundi X Cameroon X X CAR X X Congo X X 2 Gabon X X 2 Equatorial Guinea X X DRC X X Rwanda Tchad Sao-Tome Principe X et X X X 2 X 4 2 X X X X X 3 2 4 X X 3 X 3 1 L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 41 International redonnait au pays sa liberté. Une nouvelle chance d’unir le sud et le nord. Une opportunité pour céder l’exécutif enfin aux civils qui, « réellement » en étaient privés depuis 1968. Le travail du militaire est achevé. La main de l’Occident © DR • Sanogo Le général ventilé Le Général Sanogo Sacrifié pour plaire à l’occident Simon Ntonga L’Afrique a décidé de se prendre en main pour garantir un développement maitrisé et arrimé aux valeurs noires partagées. Pourtant, l’Occident lui dicte toujours ses lois. I nculpé de complicité d’enlèvements, Amadou Haya Sanogo a été placé en détention. Interpellé à son domicile de Bamako le 28 novembre dernier, le général malien restait jusque-là muet aux convocations de la justice. Selon un communiqué du gouvernement malien, il a été «inculpé d’enlèvements» et directement écroué. Une décision «indépendante et courageuse», a immédiatement salué l’organisation Human Rights Watch par le biais d’un communiqué de l’une de ses chercheuses, Corinne Dufka, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest. «Les poursuites contre Sanogo sont extrêmement importantes pour les victimes de ses crimes présumés, et repré42 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 sentent également un progrès tangible pour rompre le cycle de la violence, de la peur et de l’impunité qui a brisé la vie et les espoirs des Maliens depuis des années», a-t-elle ajouté. Heureusement qu’elle l’a ajouté, ce dernier bout. C’est confirmer sans aucun doute que le Mali est véritablement entré dans la démocratie. Avait-on vu cela auparavant ? Victime de sa vision Avant le « coup d’Etat » d’Haya Sanogo, le nord du pays croupissait déjà dans une anarchie sans qualificatif. Pourtant, le grand et tout puissant Toumani Touré, ex général, lui-même responsable d’un « push » était en poste. D’ailleurs, dans un élan de dictature, ce dernier n’avait jamais été interpellé par les instances judiciaires de son pays, de sa gouvernance. De plus le Mali, toujours en queue des bons derniers du monde en matière de développement économique, n’a jamais su dire à ses fils où allait tout son or. Pourtant, un seul des dignes fils de « l’empire peul du Macina » s’est levé pour stopper cette malheureuse décrépitude de la terre de ses ancêtres. En mars 2012, le cauchemar malien s’est estompé. Sanogo « …Sanogo, le Général quatre étoiles ; cet officier de l’armée malienne qui a gravit les marches de la pyramide de l’armée de son pays avec une vitesse fulgurante… », C’est ainsi que les médias, les hommes politiques et les acteurs des organisations internationales de défense des droits de l’homme dépeignent celui qui fait l’actualité de son pays. De courte mémoire ou de mémoire influencée par l’appât du gain, ces derniers ont bien oublié que le malien qui a osé le discours du changement politique est tout sauf un « sac au dos » de l’armée. D’ailleurs, ces actes avaient été salués par ses compatriotes. C’est dans cette logique que ce dernier avait été promu au rang de général en août 2013 par le Chef d’Etat de la transition et nommé à la tête du comité de réforme de l’armée malienne. Or, contre toutes attentes, le vent a tourné, faisant « mentir » le pays tout entier par la voix de son Président Ibrahim Boubacar Keita. L’Occident vient de faire pression par le truchement de sa diplomatie visible et invisible ; les médias étant des instances d’amplification de la « méchanceté de Sanogo ». Complot contre un « officier bien formé » Il est dit que dans les mois suivant le putsch du 22 mars 2012 qui avait précipité la prise du Nord-Mali par les groupes djihadistes, le quartier général de Sanogo et de ses hommes, situé dans une caserne près de Bamako, a été le lieu de nombreuses exactions commises contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé, Amadou Toumani Touré. Des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile ont également affirmé avoir été victimes de brutalités. Pourtant, dans l’histoire de toutes les révolutions, tous les stratèges s’accordent sur « les dégâts collatéraux ». Le Mali n’en a connu qu’à une moindre mesure, même si une vie n’est point à négliger. Pour ceux qui croient encore à l’étroitesse de l’esprit de Sanogo, il faut dire que c’est à Ségou qu’il passe ses premières années avant d’intégrer le Prytanée militaire de Kati. Il reçoit une formation militaire approfondie aux États-Unis entre 2004 et 2010, tout d’abord dans une base de l’Armée de l’air à Lackland au Texas, puis une formation d’officier du renseignement à Fort-Wachica en Arizona, enfin, d’août 2010 à décembre 2010 dans le cours de formation des officiers d’infanterie de l’Armée de terre à Fort Benning en Géorgie. l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 43 Santé - Environnement Télémédecine Ou un nouveau type de traitement © DR • Scanner tomo-graphique Christèle Avom La télémédecine est l’usage des technologies de télécommunication et d’information dans le but de pourvoir des soins médicaux à distance. Elle aide à éliminer les barrières de distance et peut améliorer l’accès aux services médicaux qui souvent, pourraient ne pas être disponibles dans les communautés rurales. Elle est également utilisée pour sauver des vies en état critique ou en situations d’urgence. B ien qu’il y eut des précurseurs éloignés de la télémédecine, c’est essentiellement un produit des technologies de communication et d’information du 20e siècle. Ces technologies permettent la communication entre le patient et le personnel médical avec aisance et fidélité, ainsi que la transmission des données informatiques médicales et d’images d’un site à un autre. « Les formes primitives de la télémédecine effectuées par téléphone et radio ont été complétées par la vidéo téléphonie, les méthodes avancées de diagnostic soutenues par des applications distribuées client/serveur, ainsi que par des outils télé médicaux pour les soins d’assistance à domicile. », argue le Docteur Eric Ndongo, interne à l’Hopital GynécoObstétrique de Yaoundé. D’autres expressions similaires à télémédecine sont les termes télésanté et e-Santé, qui sont fréquemment employés pour donner une définition plus large des soins de santé primitifs qui n’incluaient toujours pas les traitements cliniques actifs. « Télésanté » ou « e-Santé » sont souvent utilisés à tort à la place de télémédecine. Tout comme pour les termes « médecine » et « soins de santé », télémédecine ne fait parfois référence qu’aux prestations de services cliniques, alors que le terme « télésanté » peut renvoyer aux services cliniques et non-cliniques intégrant l’éducation médicale, l’administration et 44 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 la recherche. C’est un nouveau domaine au Cameroun et son usage a déjà fait ses preuves dans plusieurs cas. La télémédecine peut être avantageuse pour les patients qui vivent dans des communautés et régions isolées, car ils pourront recevoir des soins de médecins et spécialistes sans avoir besoin de se déplacer pour les visites. Au Cameroun, cela a plusieurs fois été expérimenté en chirurgie cardiaque ainsi qu’en ophtalmologie. Les développements récents dans la technologie de la communication mobile peuvent faciliter la réception et le partage d’informations entre les professionnels de la santé à partir de différentes localités, ainsi que la discussion des problèmes des patients comme s’ils se trouvaient au même endroit. Aussi, le suivi des patients éloignés à travers la technologie mobile peut réduire la nécessité des visites à domicile et permettre la vérification à distance des ordonnances et de l’administration des médicaments, conduisant à une potentielle réduction du coût des soins médicaux. La télémédecine peut en outre faciliter l’éducation médicale telle qu’elle est faite dans les Facultés de Sciences et de Médecine des différentes Universités du Cameroun, en permettant aux travailleurs d’observer les experts dans leur domaine, puis, de partager plus aisément les meilleures pratiques. Les désavantages de la télémédecine comprennent le coût de la télécommunication et des équipements de gestion de données et de formation technique pour le personnel médical qui l’emploie. Le traitement médical virtuel implique malheureusement une potentielle décroissance d’interactions humaines entre les professionnels de la médecine et les patients ; un risque croissant d’erreurs médicales, étant donné que les services médicaux sont délivrés en l’absence d’un professionnel enregistré ; un risque croissant que des informations protégées de santé soient compromises par la transmission et le stockage électroniques. Il y a également une préoccupation selon laquelle la télémédecine pourrait vraiment réduire l’efficience du temps à cause des difficultés à évaluer et à traiter les malades par le moyen des interactions virtuelles : par exemple, il a été estimé qu’une consultation de télé dermatologie peut prendre jusqu’à trente minutes pourtant, quinze minutes suffisent pour une consultation ordinaire. De même, une possibilité de transmission inefficace de données tels que les images ou les rapports de progrès des patients, ainsi que l’accès assez réduit aux informations cliniques utiles, sont de gros risques qui peuvent compromettre la qualité et la continuité des soins offerts aux patients par le médecin traitant. D’autres obstacles à l’implémentation de la télémédecine incluent une régulation légale ambiguë pour quelques pratiques télé médicales et même, la difficulté à réclamer un remboursement à des assureurs ou à des programmes gouvernementaux dans certains domaines. l Santé - Environnement Le plastique pollue la planète Simon Ntonga Le plastique de conditionnement des produits alimentaires ou d’emballage est responsable de la pollution accélérée de la planète. Cependant, des solutions pour la réduction de ses effets ou son remplacement tardent à démontrer leur efficacité. L orsque l’on fait un tour dans les grandes métropoles du Cameroun que sont Douala, Yaoundé ou Bafoussam, le spectacle est ahurissant. Dans les avenues, rues et ruelles, c’est un véritable ballet harmonique dicté par une matière excentrique, mais pourtant nécessaire à l’activité quotidienne des populations. Il s’agit du plastique dans toutes ses déclinaisons : sacs, bouteilles, ballons, etc. Ainsi, bien que participant à aider à des tâches multiples, les matières plastiques, obtenues en incorporant à une «résine» de bases diverses des dérivés du pétrole, sont des « démons d’un genre nouveau » qui polluent l’environnement au point d’étouffer la planète toute entière. Origines et Effets directs Les sacs plastiques, variante de la matière plastique la plus utilisée, sont une source de pollution considérable, durant tout leur cycle de vie. Leur production consomme des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie, et émet des gaz à effets de serre, responsables du réchauffement climatique. Pour ce qui est des effets directs, il s’agit en fait des conséquences de certaines caractéristiques physique et chimique de celles-ci. Les matières plastiques polluent parce qu’elles sont ni altérables, ni biodégradables. 80 % des sacs plastiques ne sont ni triés, ni recyclés dans la majorité des pays africains : entre 100 et 400 années sont nécessaires pour qu’ils puissent se dégrader. Comme ils sont légers, ils ont tendance à s’envoler et se retrouvent partout dans les milieux naturels : champs, rivières, montagnes et mers, où ils contribuent à la dégradation des paysages. Mécanisme secondaire La combustion des matières plastiques entraine la pollution de l’air en générant des produits toxiques. Du fait de leur imperméabilité, les matières plastiques mises en décharges favorisent la formation de poches de gaz (par exemple, le méthane), ce qui augmente le risque d’incendies et d’explosions dans les décharges non contrôlées. Celle de Nkolfoulou sur la route de Soa, dans la périphérie de Yaoundé peut, sans que cela se sache, constituer une bombe à retardement susceptible de causer des dommages importants aux populations riveraines non informées. Certains plastiques sont riches en métaux lourds qui peuvent être libérés dans l’environnement. Pollution secondaire La combustion des matières plastiques récoltées par les services de voirie, dans les centres urbains, n’est pas un acte anodin. Certains produits de combustion sont toxiques pour l’homme, d’autres peuvent jouer un rôle dans des pollutions de l’atmosphère comme les pluies acides. • La combustion du polyuréthane produit du cyanure d’hydrogène (HCN) poison très violent pour les hommes et les animaux. • La combustion du polychlorure de vinyle (PVC) produit du chlorure d’hydrogène (HCl), qui provoque des maladies des voies respiratoires (asthme, bronchites) et est impliqué dans le mécanisme des pluies acides (mis en solution dans l’eau, il dégage des ions hydrogène) • Le fluorure d’hydrogène (HF), s’il est ingéré ou inhalé peut provoquer des hémorragies internes, des troubles cardiaques, de l’ostéoporose. Dans le cas d’intoxication aiguë, on observe 50% de décès survenant dans les 24 heures. • Les oxydes d’azote (NOx), également produits de la combustion des matières plastiques, entrent dans de nombreux mécanismes de pollution (pluies acides, ozone). Solutions Il existe des solutions pour éviter les pollutions par les matières plastiques. • Le recyclage; • L’usage des plastiques biodégradables ; Des exemples que le Cameroun commence à intégrer. En effet, les ministres du Commerce et de l’Environnement et la Protection de la Nature et du Développement durable ont signé un arrêté conjoint N° 004 le 24 octobre 2012, portant réglementation de la fabrication, de l’importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables. Sauf que, le changement impose des coûts élevés. Des matières plastiques biodégradables, peut-être une solution? Il existe plusieurs procédés pour rendre les matières plastiques biodégradables. On peut par exemple incorporer dans le plastique de l’amidon de maïs qui peut être photo-dégradé (l’action du soleil engendre une réaction chimique qui mène à la destruction du plastique). Les plastiques biodégradables ont plusieurs inconvénients : ils sont moins résistants que les plastiques classiques; ils ne se dégradent pas complètement, la dégradation se limite à la fragmentation du produit (seul l’amidon de maïs se dégrade); ils peuvent ainsi conduire à des produits de décomposition eux-mêmes polluants; ils peuvent infecter les produits emballés avec des bactéries ou leur donner une odeur; leur prix de revient est trop élevé pour des usages courants. Utiliser d’autres matériaux que les matières plastiques? Selon une étude allemande, si on remplaçait toutes les matières plastiques par d’autres matériaux (bois, carton, papier, verre, métal), on constaterait les effets suivants : • la masse des déchets serait multipliée par 4; • le volume des déchets serait multiplié par 2; • le nombre de poubelles et de bennes nécessaires à la collecte des déchets serait multiplié par 2; • le prix de traitement des déchets serait multiplié par 2. En outre, la fabrication du papier et du carton nécessite l’abattage de nombreux arbres. Il en résulterait donc une déforestation accélérée et une pollution aggravée, puisque l’industrie papetière demeure elle aussi, très polluante. Reste alors pour le Cameroun, à continuer la recherche afin de trouver une méthode efficace pour contrer les plans de ce « tueur en série » qu’est la matière plastique d’emballage et de conditionnement des produits de consommation directe. l Peut-on se passer de matières plastiques? En France, les sacs plastiques représentaient, avant 2010, date de leur interdiction, environ 8% de la masse totale des déchets ménagers. Soit environ 1 500 000 tonnes de déchets plastiques par an. En Afrique du Sud, la législation a interdit leur utilisation bien avant la France. © DR • L’ennemi de l’environnement L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 45 Coopération L’Asdeca s’ouvre au Brésil Flore Ekoulle Après ses extensions en Afrique, en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, l’Association pour le Soutien à la Démocratie des Communautés Africaines va à la conquête de l’Amérique latine. A ssociation panafricaine, l’ASDECA a pour missions principales l’accompagnement des politiques gouvernementales en vue de l’amélioration des conditions de vie des populations. Ses missions se déclinent dans l’encadrement, l’éducation, la formation, la sensibilisation des jeunes pour leur insertion socioprofessionnelle et économique, à la préservation et à la consolidation de la paix. Pour y parvenir, l’Association s’est engagée dans une dynamique de coopération auprès de plusieurs pays d’Afrique et du reste du monde. Il s’agit de créer des partenariats et susciter divers échanges à la fois culturels, économiques et sociaux, visant tous à meubler de façon pertinente, la participation de la jeunesse au projet de l’émergence de l’Afrique en général (selon les orientations fixées par l’Union Africaine) et du Cameroun en particulier. Cette politique a amené diverses représentations diplomatiques accréditées au Cameroun à accompagner l’ASDECA dans l’organisation de certaines de ses activités (Projet de rapatriement des immigrés clandestins africains entre autres). De même, certains de ces Etats ont adressé des invitations à l’Association pour des séances de travail sur leurs territoires respectifs (Sénégal, Malaisie, Tunisie etc.). C’est dans cette lancée que, le jeudi 14 novembre 2013, l’Ambassadeur de la République Fédérative du Brésil au Cameroun, Neil Futuro Bitencourt, a été reçu par le Président de l’ASDECA Evariste Abessolo dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail. © Asdeca • Un tête à tête pour un partenariat imminent La visite C’est en fin d’après midi que, le véhicule ayant à son bord l’Ambassadeur et la Première Secrétaire de la République Fédérative du Brésil au Cameroun (Laïs Souza Garcia), a fait son entrée au siège 46 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 © Asdeca - Bem-vindo M. l’ambassadeur Coorpération de l’ASDECA. A sa descente de voiture, Neil Futuro Bitencourt et sa suite ont été accueillis par le Président international de l’ASDECA et tout le personnel. Le Chef de Mission Diplomatique brésilien dit avoir reçu un « accueil spécial en qualité et en quantité ». De la salle des actes en passant par la cellule cybernétique, le studio télé et le studio radio, l’Ambassadeur s’est dit satisfait de cette visite guidée. Il a été marqué par l’activité intense de cette association qu’il a encouragée et dont il a félicité le Président pour son initiative salutaire et valeureuse, surtout dans son volet d’intégration économique et socioprofessionnel des jeunes mis en exergue. Il ne pouvait en être autrement, ce d’autant plus que dans son pays, il n’existe pas d’initiative similaire, bien que connaissant les mêmes problèmes. © Asdeca • Présentation des proches collaborateurs du Président Inetrnational © Asdeca • Poignée de main avec le personnel © Asdeca• Signature du livre d’or de Asdeca © Asdeca • Sur les ondes de la 93.5 MHZ En déclarant « Nous devons dépasser le protocole et toucher les questions de fond... Sans quoi, on se limite au symbolisme. Cependant il faut respecter ce moment de protocole parce que l’intégration des jeunes, des marginalisés se fait par l’éducation aux valeurs. » Neil Futuro Bitencourt a tenu à résorber la distance entre la jeunesse de l’ASDECA et le gouvernement Brésilien. Pendant le huis-clos entre les deux hommes, l’Ambassadeur a engagé son gouvernement à accompagner et à appuyer l’action de l’ASDECA dans certains domaines notamment celui de ses médias. Il a réitéré l’engagement de son gouvernement à contribuer de manière efficiente à l’épanouissement du projet de société défendu par l’ASDECA. Cette visite s’est achevée sur une note d’espoir pour la collaboration entre l’ASDECA et le Brésil. l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 47 48 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 Le mardi 19 novembre 2013, la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) a signé, avec les ministres de la Communication, des Arts et de la Culture et de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, une lettre de sensibilisation des populations camerounaises pour un retour de la jeune fille aux bonnes mœurs. De fait, ces membres du gouvernement entendent s’insurger contre ce qu’il est convenu d’appeler la dépravation de l’éthique vestimentaire chez la jeune fille. Jugées trop indécentes pour les mœurs, ces membres du gouvernement pensent redonner des repères aux mises des jeunes camerounaises. Dans un souci d’avoir l’avis de l’opinion publique, L’ERE DU TEMPS a baladé sa plume à travers la ville de Yaoundé. Certains des intervenants n’ont pas souhaité diffuser leur image. Propos recueillis par Roland Ntsa M. ABESSOLO Evariste, Président International de l’ASDECA © Asdeca Je voudrais d’abord dire que la jeunesse ne devrait pas être un bétail pour les hommes politiques. Car assez régulièrement, lorsque ce ne sont pas certains leaders politiques qui les utilisent pour des marches, des casses et autres, ce seraient d’autres responsables qui les utiliseraient pour cacher la médiocrité de leur travail, ou la recherche des reconnaissances et nominations. Cette initiative aurait pu être félicitée, si elle avait touché toutes les tranches d’âges. Car, en parlant des mauvaises mœurs, nos parents occupent la première place avec des comportements allant du port des pantalons et jupes tailles basses exposant au passage leur nudité, à la consommation abusive des alcools pendant les 8 mars, à la merci des caniveaux et bars. C’est d’ailleurs ce que copient les jeunes filles. Comment donc traiter les fruits sans d’abord entretenir l’arbre? Et puis, nous attendons la résolution des problèmes plus importants mettant par exemple un accent sur le code de la famille, le droit foncier chez les femmes, la protection de l’enfant, les violences faites aux femmes, etc. Pour finir, pourquoi Madame la ministre ne soumettrait-elle pas un tel projet à l’appréciation du parlement qui représente le peuple ? Les jeunes chômeurs et sous employés doivent-ils débourser une somme quasiment équivalente au smic pour un problème d’habillement ? Ne serait-ce pas une provocation qui desservirait le Gouvernement au point de créer une crise sociale fatale à l’émergence amorcée par le Chef de l’Etat ? © Asdeca Mme Marie Louise MONI, Secrétaire de la PJBPO et mère d’enfant « Merci de me passer la parole. Bien évidemment, c’est en ce moment un véritable problème de société; nous constatons aujourd’hui que nos filles, nos enfants marchent presque nues. Mais je ne crois pas que ce soit là le véritable problème de la jeunesse en ce moment. Pour moi, le problème se situe un peu plus profondément dans la vie de nos jeunes. Je me dis que ces enfants sont abandonnés. Le gouvernement devrait commencer à regarder le problème du chômage de ces jeunes avant d’atterrir au niveau de la tenue vestimentaire. C’est vrai qu’on dit généralement que l’habit ne fait pas le moine ; mais dans une certaine mesure, l’habit fait le moine parce que lorsqu’on on a une fille qui arrive dans un milieu le ventre, les fesses ou les seins dehors, toi-même le parent tu es le premier à être mal à l’aise et à avoir honte. Les regards qui se posent sur toi semblent demander : « Mais est-ce qu’il ou elle a vu son enfant ou sa fille? Mais pour moi, le problème est plus grave, car ce sont des jeunes abandonnés à eux-mêmes. Je me demande même si on n’est pas en train de détourner l’attention de l’opinion publique du crucial problème du chômage des jeunes pour se verser dans des problèmes secondaires telle que la tenue vestimentaire ». Esther Gaëlle NYANGONO, Communicatrice Je pense que la décision de ramener les jeunes filles à l’ordre par rapport à leur habillement valait vraiment la peine d’être prise, parce que c’en était trop. Ce sont les filles qui s’habillent mal, car on ne peut pas trouver des garçons qui exposent leur nudité comme ça. Donc je pense que c’est très important et il faut vraiment qu’on mette les gens sur le terrain pour rendre la décision effective. On peut être belle sans exposer ses parties intimes. © Asdeca Bien que les garçons s’habillent mal, ils ne vont pas aussi loin que les filles qui exposent les fesses, les seins. Quand on regarde la télévision, les filles sont complètement nues, mais vous allez trouver les garçons le corps bien couvert. Je pense que l’on devrait commencer par les filles car comme je l’ai dit plus haut, on peut être belle tout en étant décemment habillée. © Asdeca Mme Georgette KIMBANG « Cette décision n’avait que trop tardé. Dans un pays où l’on est en plein dans l’émergence, cela suppose que l’on veut s’imposer dans la mondialisation. Alors, si nous y allons avec autant de dépravation de mœurs, on risque de perdre les repères et par conséquence rentrer dans un suivisme béant et aveugle. Les jeunes filles doivent pouvoir refléter l’image d’une société qui se veut noble et respectueuse sur la scène internationale. Et cela passe forcement par le respect d’une éthique vestimentaire qui donne tout son sens à la dignité de la jeune fille, qui plus est, la future mère ». l L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 49 Découverte Flore Ekoulle C inquième pays le plus grand du monde, le Brésil est aussi le pays le plus peuplé d’Amérique latine avec une population estimée à 201 millions d’habitants. Sixième puissance économique mondiale avec un PIB de 2 517 milliards de dollars en 2013, le Brésil s’étend sur 8 514 876 km2 et partage ses frontières avec tous les pays d’Amérique Latine à l’exception du Chili et de l’Equateur. Le pays regorge d’énormes richesses naturelles, sa diversité culturelle et climatique font de cette grande nation du football, l’une des destinations touristiques les plus prisées de son continent. De la forêt Amazonienne pratiquement vide d’êtres humains, en passant par les colossales chutes d’Iguaçu, jusqu’au quadrilatère de la sécheresse et le fameux territoire marécageux du Pantanal, au Brésil, la nature atteint les extrêmes de la © DR • Le carnaval de Rio 50 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 démesure. La civilisation du Brésil est un mélange de la culture occidentale apportée par les colons, des esclaves noirs venus d’Afrique et de la civilisation indienne propre aux autochtones. Un brassage culturel qui rend ce pays authentique, un melting pot racial à découvrir. Le charme du pays du Roi PELE réside dans ses plages, son soleil, sa musique, la folie unique au monde de ses carnavals, ses forêts tropicales et la jungle de ses villes. Partir au Brésil, c’est aussi faire corps avec le sport roi, le football qui est un véritable culte dans cet Etat qui accueille en juillet 2014, la 20e édition de la coupe du monde. Depuis 2004, le Cameroun à une représentation diplomatique à Rio de janeiro. pourtant les relations diplomatiques entre les deux états datent de 1960. Neil Futuro Bitencourt, l’Ambassadeur de la République Fédérative du Brésil nous convie à un voyage au cœur du Brésil. Bem-vindo ao Brasil ! l Découverte © DR • Foz de Iguacu © DR • Le Maracana © DR • Visoterra plage © DR • Sao Paulo L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013 n 51 52 n L’ÈRE DU TEMPS • DECEMBRE 2013