Un pays, un peuple... - Aide et Action en Isère
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Un pays, un peuple... - Aide et Action en Isère
Un pays, un peuple... La République d’Haïti ("Ayiti" en créole) Nom officiel : République d’Haïti Capitale : Port-au-Prince Superficie : 27 750 km² Population 10 413 000 en 2012 ; prévision 2020 : 12.5 millions (densité : 375 hab./ km2) Age médian : 21.5 ans Langues officielles : créole haïtien et français Président de la République : Michel Joseph Martelly (depuis le 14 mai 2011) Devise nationale : liberté, égalité, fraternité Religion : catholicisme religion officielle (concordat 1860), vaudou pratiqué par 80 % de la population Indice de perception de la corruption : 19 - 163ème rang (sur 177) Idh : 161ème /184 (0.456) Espérance de vie : 62.4 ans Indice de fécondité : 3.2 Mortalité enfants de moins de 5 ans : 165 ‰ Taux d’alphabétisation : 48.7 % Taux net d’inscription école primaire : 68 % (20 % dans le secteur public). 16,6% atteignent la 5ème année et moins de 2% achèvent le secondaire (source Unicef) Travail enfants de – 14 ans : 36 % Population urbaine 55 % PIB : 7.8 milliards $ (France 2 032) en 2012 - agriculture 27 %, industrie 17 %, tertiaire 58 % (2010) PIB par habitant : 771 $ (France 39 772) période 2009/2013 (source Banque mondiale) APD : 45.5 % du PIB Population en extrême pauvreté : 32.3 % (moins d’1,25 $ par jour) Population privée d’un point d’eau aménagé : 54 % Un peu d’histoire Christophe Colomb débarque sur l’île le 5 décembre 1492 qu’il dénomme Hispaniola, (nommée Ayiti par les Indigènes), peuplée d’environ 1,5 millions d’habitants. Quinze années plus tard, elle ne compte plus que 60 000 indigènes, réduits à l’esclavage. En 1517, Charles Quint autorise la traite négrière. Le code noir réglementant l’esclavage est promulgué en 1685. La révolte des Noirs en 1791 sous la conduite de Toussaint Louverture se transforme en combat de libération ; il est nommé gouverneur de l’île en 1796 après l’abolition de l’esclavage. Après une intervention militaire des troupes françaises, la déportation de Toussaint Louverture, de rudes combats, la république est proclamée le 1er janvier 1804 sous le nom d’Ayiti, première république au monde née d'une révolte d'esclaves. En 1825, Charles X reconnaît l’indépendance contre une indemnité de 150 millions de francs-or (21 milliards de dollars actuels). En 1844, la partie orientale de l’île fait sécession sous le nom de République Dominicaine. Le 19e siècle et la première moitié du 20e sont marqués par des politiques sous pressions extérieures (française et étatsunienne notamment), une instabilité politique chronique, une occupation par l’armée américaine… Comme il est dit : après le temps de l’esclavage, vient celui des occupations et des dictatures ! L’histoire récente En 1957, François Duvalier, élu président avec 69 % des voix, alias "Papa Doc", assied son pouvoir sur la délation et alimente la terreur à l’aide des tontons macoutes. Les richesses du pays sont centralisées autour du clan présidentiel et de nombreux Haïtiens s’exilent. A sa mort en 1971, son fils JeanClaude (alias "Baby Doc"), âgé de 19 ans, lui succède. Régime d’incompétence et de corruption ; lâché par les Américains, il s’exile en France en 1986 (l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime évalue la fourchette des fonds détournés par Jean-Claude Duvalier entre 500 millions et 2 milliards de dollars). Les élections de décembre 1990 portent l’ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide, au pouvoir. Début de démocratie… mais il est renversé huit mois plus tard par le général Cédras, avec le concours américain. Rétabli par l’administration de Bill Clinton, il revient au pouvoir en 1994 et dû se plier aux injonctions américaines (plan surnommé "plan de la mort" » par les Haïtiens). Il dissout l’armée, [corrompue et vecteur d'instabilité politique. Ne pouvant se représenter (mandat unique) René Préval qui lui succède en 1996 applique le plan américain ce qui provoque de nombreux troubles. Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l’ONU. Sous pressions de la communauté internationale (France et Etats-Unis principalement), en 2004, il est contraint de quitter le pays. La Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) est déployée, surnommée "la tourista" elle compte aujourd’hui près de 13 000 hommes. En février 2006, René Préval est réélu président. Le séisme du 12 janvier 2010 fait plus de 200 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 millions de sans-abri. La solidarité internationale, indispensable à la reconstruction du pays, créée une tutelle supplémentaire. En mai 2011, Michel Martelly, célèbre chanteur populaire (plus connu sous son nom de scène Sweet Micky) est élu président de la République. Populisme, instabilité, corruption gangrènent le pays… INTER-PEUPLES n°226 Avril 2014 Voyager autrement Haïti des lendemains qui tremblent1 On ne parle pas d’avoir faim parce qu’on n’a pas mangé depuis un moment. On parle de quelqu’un qui n’a jamais mangé à sa faim de tout temps, ou juste assez pour survivre et en être obsédé. (Dany Laferrière, académicien) V oyager permet la rencontre, la découverte, découvrir une partie de soi-même à travers l’Autre, de faire naître de nouvelles interrogations. Mais il est des lieux d’où l’on ne revient pas "indemne", tant la confrontation aux Personnes, aux réalités, à la responsabilité collective touche au plus profond de soi. Je dois dire qu’il en est ainsi de ce séjour à Haïti, peuple attachant mais dont les initiatives se heurtent à un carcan international et ses "marionnettes" muselant la richesse locale. L’effet "tremblement de terre" ne faisant qu’amplifier ce mal…2 Michèle Pierre-Louis, présidente de la Fondation Connaissance et Liberté (et Premier ministre en 2008), rencontrée au début du séjour, précise avec clarté la réalité haïtienne. "On a fait payer très cher à notre pays et à sa population son indépendance après avoir subi l’esclavagisme, le colonialisme, comme ce fut le cas nulle part ailleurs dans le monde. On ne s’est jamais remis du coût que l’on nous a fait payer. Quand j’étais Premier ministre le plus dur était le budget, il nous renvoyait une réalité très violente. Il s’agissait d’un budget "peau de chagrin" et l’on n’avait même pas de quoi payer les agents de l’Etat. On nous poussait à réduire leur nombre, mais avec moins de personnel, nous réduisions notre capacité à assurer les fonctions essentielles. Nous n’avions pas un centime pour les investissements. Alors l’étranger (qu’il s’agisse de pays ou d’organismes internationaux) proposait de nous en prêter ou donner mais avec des conditionnalités, extrêmement précises qui annihilaient tout choix de notre part. En 2003, la Banque Mondiale a écrit "Haïti est un cimetière de projets". Normal, car elle intervient comme Milot, télévision dans la rue les ONG et les Etats : elle décide de mettre en œuvre un projet, le réalise et puis s’en va, sans chercher à éduquer la population, démarche qui prend du temps et n’est pas dans le champ du visible." Un pays inégalitaire et gangréné… Le pays, une fois libéré de la dictature des Duvalier, voit un nouvel horizon, une liberté retrouvée et une dynamique de projets. C’est ainsi qu’est vécue l’élection de Jean-Bertrand Aristide en 1990, renversé quelques mois plus tard par un coup d’Etat. Depuis se noue le cycle infernal de la corruption, de l’instabilité politique, des crises humanitaires. "J.B. Aristide a décrédibilisé, délégitimé le mouvement politique alors qu’une dynamique exceptionnelle l’a amené au pouvoir. Cet impact se retrouve aussi bien au niveau de l’action que du discours politique. Martelly a inventé un nouveau discours, une nouvelle pratique avec une démarche populiste avec une négation de tout ce qui est progressiste. Les ficelles sont tirées par les USA, il faut donc reconstruire, recréer un nouveau discours. » (Gérald Mathurin, ancien ministre de l’agriculture). Dans ce pays inégalitaire, où 1 % de la population possède plus de 40 % de la richesse nationale3, le pays se "divise" entre "La République de Port-auPrince" car tout le système politique, économique converge vers la capitale et "le Pays en dehors" où prédomine l’agriculture, parent pauvre. Les choix économiques ultralibéraux et sans nuances adoptés depuis plus 20 ans ont amené à la diminution progressive des capacités de production du pays, au renforcement de la dépendance, de l’assistanat ainsi qu’à l’accroissement de la pauvreté. En 2011 Michel Martelly, chanteur populaire est élu Président de la République avec 67 % des suffrages. Ses orientations sont rapidement contestées au cœur d’une corruption omniprésente "entre menaces et intérêts personnels". Elle gangrène le pays et est considérée comme "normale", faisant partie de l’exercice du pouvoir, de la fonction. Dernièrement, l’invitation officielle de Jean-Claude Duvalier lors de la cérémonie anniversaire du séisme de janvier 2010 a choqué nombre d’Haïtiens qui y voient une banalisation de la dictature. Afin d’étendre son pouvoir, il refuse d’organiser les élections municipa- INTER-PEUPLES n°226 Avril 2014 Voyager autrement HAÏTI …/… les (prévues constitutionnellement en 2011) et nomme des maires de transition. Ses réalisations cherchent avant tout à marquer les esprits par leur impact visuel, sans pour autant correspondre aux aspirations de la population dont 70 % vit dans l’insécurité alimentaire, 1,5 million dans l’extrême pauvreté, le chômage et le sousemploi qui affectent 70 % de la population. (AlterPresse). Il en est ainsi, par exemple de la construction du village Lumane Casimir de 1 300 logements à une quinzaine de kilomètres de la capitale, sans aucune activité possible, sans commodités, ou d’une partie du quartier/ bidonville de Jalousie dans la capitale, dont les façades sont peintes en couleurs vives durant l’été 2013, etc. Ci-dessus, le village de Casimir Lumane et le quartier/bidonville de Jalousie à Port-au-Prince ci-dessous L’armée fut dissoute en 1995. C’est aujourd’hui la Minustah (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti) qui est chargée de maintenir l’ordre, déployée suite au second coup d’Etat contre Aristide en 2004 avec un effectif actuel de 13 000 hommes... Suréquipée et arrogante, surnommée la "tourista", elle a usé de violence contre les mouvements sociaux et est responsable de l’épidémie de choléra4. On ne peut pas parler d’Haïti, sans évoquer le vaudou omniprésent à tous les niveaux de la société (un candidat à une élection perdrait de nombreuses voix s’il n’y mentionnait pas son attachement) pratiqué par 80 % de la population, même si le catholicisme est la religion officielle d’Haïti. D’ailleurs, ne dit-on pas que le vaudou est la croyance unificatrice des Haïtiens, celle qui leur a permis d’obtenir l’indépendance suite à la cérémonie du Bois caïman ? Les esprits des forêts africaines combattus par les colons se transformèrent, sous l’influence de la Bible en anges rebelles pour les esclaves ! La république des ONG Tout le monde a en triste mémoire ce séisme du 12 janvier 2010, où l’on dénombra plus de 220 000 morts, 1,3 million de déplacés, la création de 1 300 camps de réfugiés "la partie la plus visible du désastre humain"… En ce début d’année 2014 des plaies béantes demeurent ; l’ONU dénombre encore 145 000 personnes dans les camps, en majorité des femmes et des enfants, pour lesquels il n’existe aucune solution de rechange, et évalue à 817 000 le nombre d’Haïtiens ayant besoin d’une aide hu- manitaire d’urgence. Une situation qui a aggravé l’épidémie de choléra, non encore éradiquée, qui a déjà touché quelque 700 000 personnes et en a tué 8 500 (AlterPresse). Des fonds conséquents (moins que ceux annoncés) sont parvenus du monde entier, mais dans une cacophonie où les autorités haïtiennes, les entreprises et les ONG locales n’ont reçu qu’une part minime : "l’aide est bien trop importante, bien trop politique, bien trop convoitée pour la laisser aux Haïtiens… La ligne entre ingérence, appui et support est très fine". (Bellerive, Premier Ministre à l’époque) Certains habitants appelaient leur pays "la république des ONG", avant même le séisme, et vivent cette présence étrangère massive comme une occupation. Une banderole à Port-au-Prince annonce un débat : "le départ des ONG" ! Depuis longtemps pour la majorité des Haïtiens, le service public ce n’est pas l’Etat, ce sont les ONG5. Le tremblement de terre n’a fait qu’accentuer cette dérive où l’on estime à 10 000 le nombre d’institutions humanitaires qui sont intervenues à Haïti : "un magma humanitaire". Même si pour nombre d’Haïtiens, notamment à Port-au-Prince, les ONG représentent une condition de survie, l’aide asphyxie le pays, grève son autonomie par un assistanat financier et étouffe nombre d’initiatives privées. Le plus souvent, les Haïtiens sont cantonnés à un rôle d’exécutants de projets financés et pilotés par des organismes étrangers. INTER-PEUPLES n°226 Avril 2014 Voyager autrement HAÏTI …/… Et on pourrait aussi parler… L’agriculture La classe paysanne, parfois surnommée les "mis en dehors", représente 70 % de la population. Jusqu’au début des années 1980, la production alimentaire couvrait 80 % des besoins du pays, aujourd’hui l’agriculture contribue à 25 % du PIB et couvre 48 % de ces besoins (Abner Septembre). Dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel, signé avec le FMI en 1995, les droits de douane sur le riz passent de 35 à 3 %. Le "riz de Miami" inonde immédiatement le marché, autosuffisant jusque dans les années 80, ce qui détruit la production nationale… Bien que producteur, Haïti importe 80 % du riz consommé ! Aujourd’hui le pays vit une dépendance alimentaire totale et mobilise environ 70 % de ses ressources d’exportations pour l’importation de produits alimentaires. • De l’éducation, dont de 80 à 85 % est aux mains du secteur privé ; 38 % des enfants de 7 à 18 ans n’ont jamais été scolarisés. (Unicef) • Du rapport conflictuel avec la République Dominicaine… qui vient notamment de prendre la décision illégale de retirer la nationalité dominicaine à 200 000 Haïtiens d’origine… • La diaspora, le "onzième département" : un Haïtien sur cinq vit à l’étranger (dont 80 % des cadres haïtiens) et son transfert financier représente 52,7 % du PIB (AlterPresse). • La zone forestière qui ne couvre plus que 2 % du territoire (contre 60 % en 1923), ce qui rend le pays vulnérable aux catastrophes naturelles : "la misère fait de chaque arbre un sac de charbon de bois en puissance". Les compétences, la volonté, les initiatives ne manquent pas et d’aucuns cherchent pas à pas à mener des actions concrètes, sur le terrain, généralement avec le concours de financement extérieur, mais avec la ferme volonté d’affirmer le choix d’un développement endogène. Veterimed Rizières aux environs de Dessaline Gérald Mathurin responsable du CROSE (Comité Régional des Organisations du Sud-Est), nous précise lors d’une rencontre : Un peuple qui dépend de pays étrangers pour vivre n’est pas souverain. Le principe de la sécurité alimentaire fait venir des aides extérieures qui détruisent l’agriculture locale, tandis que la souveraineté alimentaire permettrait de protéger l’agriculture haïtienne en imposant des barrières douanières… mais on ne peut pas résoudre le problème de la souveraineté alimentaire sans résoudre celui de la souveraineté nationale… Depuis ces dernières années, les organisations paysannes parviennent à travailler ensemble, dépassent leurs clivages, pour faire peu à peu une unité nationale. Elles ont monté la plate-forme "4 Je Kontre" (quatre regards convergents), mené des luttes communes contre le don de semences de Monsanto après le séisme, contre la volonté de l’USAID de développer la culture du jatropha comme agrocarburant. Ce projet (en lien avec l’association Vétérinaires Sans Frontières) a débuté en 2004. Rosanie Moïse, sa directrice, en explique le fonctionnement : des gens (essentiellement des étrangers) financent, par prêt (taux 2%) ou par don, l’achat d’une vache. Veterimed choisit les zones d’interventions et l’association locale, porteuse du projet, fait l’attribution des bêtes, gracieusement, sur la base de critères tels que : la vulnérabilité de la famille, la femme chef de famille, l’espace pour laisser paître l’animal… L’attribution sur une zone s’effectue sur la base d’une dizaine de vaches à la fois. La personne, conserve les deux premiers veaux, le troisième servant "d’intérêt". Au bout de quatre ans, elle rend la vache à Veterimed (ou l’achète). Un fond de garantie est mis en place en cas de problèmes. Pour compléter cette action, Veterimed a mis en place "Lèt Agogo", laiteries réparties sur le territoire qui achètent une partie du lait aux éleveurs et l’attribuent aux écoles. Association des Paysans de Vallue (APV) Dans ce lieu accroché à flanc de montagne non loin de Petit-Goâve, l’APV s’est constituée en 1986, après le départ de Jean-Claude Duvalier, "dans une période emplie de liberté, de grande dynamique collective, sur le base du "PRISME" : Proximité, INTER-PEUPLES n°226 Avril 2014 Voyager autrement HAÏTI …/… Réalisme, Intégration, Solidarité, Mobilisation, Endogénéïté, avec comme mot d’ordre une économie forte afin de maîtriser son développement et apporter une réponse sociale adaptée". Les réalisations se sont multipliées au fil des ans : route d’accès, repeuplement porcin, atelier de transformation agroalimentaire, scolarisation (20 écoles primaires, un second cycle), la radio communautaire Clofa Pierre, création récente d’une chocolaterie artisanale et d’un musée végétal… sans oublier une laiterie en cours d’achèvement (qui s’inscrira dans l’action Veterimed), un projet informatique pour les jeunes, etc. Des panneaux tout au long de la piste informent les habitants des projets. Pour ses responsables "l’essentiel est de bâtir sur des valeurs, des principes, de ne pas se laisser dicter une ligne de conduite de l’extérieur, d’avoir une vue stratégique, de cerner ce qui sert les intérêts des habitants de la zone". (Abner Septembre) Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) Cette fondation créée en 1995 et reconnue d’utilité publique en 2000 est membre de "l‘Open Society Fondations" et cherche à véhiculer des valeurs démocratiques. Si elle intervient en direction de tous les publics, elle cherche à s’appuyer sur "les secteurs de la société porteurs de changement : les enfants, les jeunes, les associations de la société civile et les secteurs historiquement marginalisés comme la paysannerie et les femmes". Une classe à Vallue enfermer, il faut donc que nous aussi nous jouions avec le temps : on a tellement menti à la population, qu’il faut beaucoup de temps pour rétablir la confiance. Comme disait un paysan ‘c’est avec nos yeux qu’on entend’." (Michèle Pierre-Louis) Les actions concrètes sont multiples, comme la création d’un parc public dans le quartier Martissant, quartier pauvre avec des populations défavorisées, une action stimulant l’organisation paysanne à partir du financement de laiteries, un appui aux radios communautaires, des actions afin de créer des modèles de reconstruction durable innovants et conscients de l'environnement physique et humain, un travail de mémoire sur les années Duvalier, des bourses d’études sur des thématiques portant sur les droits humains, les femmes, l’agriculture, etc. Alors abandonner Haïti ? Non bien sûr, mais comme le précise Djakinston, actif dans le sud : "l’aide qui aide, c’est l’aide qui permet de sortir de l’aide, alors votre intervention doit avoir pour priorité le renforcement des organisations de base des femmes, des agriculteurs, des jeunes, de la société civile… l’avenir d’Haïti, nous appartient, à nous, Haïtiens !" Ses locaux, au cœur de la capitale sont un lieu de rencontres et de débats tourné vers la jeunesse, ouvert sur le pays et sur le monde et centré sur les arts et la culture. "Nous cherchons à favoriser l’esprit critique de la jeunesse, alors que trop souvent on cherche à les enfermer, comme dans un parti politique. Il s’agit à la fois d’un travail dans la proximité (par exemple les ordures ménagères dans un quartier) et de montrer qu’il y a un porte-àfaux entre le discours des politiques et les actions concrètes qu’ils mettent en œuvre. Cependant il faut jouer avec le temps. Les jeunes reçoivent au quotidien une multitude de messages qui cherchent à les Fresque à Port-au-Prince INTER-PEUPLES n°226 Avril 2014 Texte et photos : Philippe Savoye 1/ Titre d’un colloque qui s’est tenu à Genève 2/ Ce séjour est organisé via le Collectif Haïti de France et Lyon Haïti Partenariat par le réseau haïtien Renaprots. 3/ "Haïti entre colonisation dette et domination" de Sophie Perchellet 4/ Via les troupes népalaises 5/ "Haïti : de la perle au caillou" de S Barzasi & O. Vilain.