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Transcription

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4 mars 2007 n° 3138 – 1,20 ¤
3-1 À SAINT-ÉTIENNE
Pour qui votent
les paysans Pages 2 et 3
Lyon en
démonstration Page 21
Autissier/Panoramic
Raymond Delalande/JDD
SONDAGE
Jacques Chirac au Salon de l’agriculture, hier.
www.lejournaldudimanche.fr
Tous contre Bayrou
Chamussy/Sipa
Présidentielle 2007
UMP et PS préparent
la contre-offensive
Ce qui se passerait en France
s’il allait au bout Page 4
En campagne cette semaine, le candidat centriste arrive à l’aéroport de Luxembourg, jeudi, pour rencontrer le Premier ministre Jean-Claude Juncker.
ÉDITORIAL par Jacques Espérandieu
Volatil...
■
« Volatil », oui, trop « volatil ».
« Surprenant », oui, très « surprenant ».
Du « jamais-vu », oui, vraiment du
« jamais-vu » : à moins de deux mois d’un
scrutin décidément insaisissable, experts,
politologues, sondeurs affichent une
perplexité grandissante face à la versatilité
supposée du corps électoral.
Aidons-les, donc, en isolant trois tendances
lourdes et, jusqu’à présent du moins,
incontestables. L’envol de François Bayrou,
d’abord. L’embellie du « et droite et gauche ».
Le triomphe de la « social-économie ». Le
nirvana du « rassemblement des compétences
et des idées ». Les six « e » (économie, Europe,
éducation, environnement, emploi,
endettement) dans le même panier. Solide?
Allez dire le contraire, quand les sondages,
pour une fois, s’accordent. Réalisable?
Moins évident, tant la montée de l’ex-rebelle
antimédias – désormais cajolé par les mêmes
qui vont jusqu’à le décréter vainqueur
d’un deuxième tour potentiel, après avoir
clairement indiqué qu’il ne franchirait pas le
premier – repose davantage sur les faiblesses
respectives des deux favoris que sur une
adhésion pleine et entière à un programme
encore flou. En attendant, le Béarnais plane,
annonce la création d’un parti démocrate,
prône le retour à la proportionnelle.
Et provoque l’ire – deuxième tendance
lourde – de ses adversaires. « Imposture
démocratique ! » hurle, entre autres,
Bernard Accoyer, le patron des députés UMP
à l’Assemblée. D’autant plus en colère que
son candidat traverse, lui, une petite zone
de turbulences. Oh, rien d’alarmant, quand
la totalité des sondages réalisés depuis
la mi-janvier le donnent vainqueur au second
tour. Mais des attaques (immobilières)
qui trouvent un certain écho. Sans compter
l’audacieux grand écart entre les appels
à l’électorat Front national et les envolées
sociales à destination de la gauche déçue
qui peut dérouter son électorat. Et, au final,
profiter à François Bayrou…
Comme lui profitent – troisième tendance
lourde – les étranges mouvements de yo-yo
de la candidate socialiste. On l’avait presque
enterrée après son démarrage poussif
et le peu d’impact relatif de son discours
de Villepinte. La voilà qui ressuscite,
au lendemain d’une émission de télé
« participative » à souhait. On la croyait
définitivement relancée à la suite
de la professionnalisation de son équipe
de campagne. La voilà qui pique à nouveau
du nez, victime de l’arrivée trop barrissante
à ses côtés des caciques du Parti socialiste,
jurent les sondeurs. Au moment même
où leurs enquêtes disent le contraire…
Vous avez dit « volatil » ?
La Suisse attaque
Les 34.600 citoyens de la
principauté du Liechtenstein, qui bénéficient d’un
des niveaux de vie les plus
importants de la planète,
vont-ils finir par se résoudre, de guerre lasse, à offrir
un GPS à tous les commandants d’infanterie de l’armée suisse ? Dans la nuit de
mercredi à jeudi, peu avant
minuit, une troupe de
170 soldats helvètes a franchi, sans s’en rendre
compte, la frontière avec cet
Etat lilliputien lové entre la
confédération et l’Autriche.
Les recrues, qui appartiennent à une école d’infanterie, se sont enfoncées de plusieurs kilomètres sur le territoire de la principauté
avant que leur chef ne remarque son erreur.
De quoi susciter les railleries des commentateurs,
prompts à évoquer « une invasion ». L’affaire est d’autant plus embar rassante
que l’armée de ce pays neutre s’interdit évidemment
toute mission of fensive à
l’étranger. Daniel Reist, le
porte-parole des forces terrestres helvétiques, a justi-
fié ce moment d’égarement
par « de mauvaises conditions climatiques ». Un soldat lui a appor té un bien
maigre renfort : « Il faisait
tellement sombre à ce moment-là ! » Reste que Daniel
Reist a reconnu que ce genre
de mésaventure survenait
une à deux fois par an…
Mais plutôt aux frontières
française ou allemande.
Bon prince, Markus Amman, porte-parole du ministère de l’Intérieur du Liechtenstein, pays sans armée
depuis 1868, a indiqué que
personne n’avait remarqué
l’intrusion des soldats : « Ce
n’ e s t p a s c o m m e s ’ i l s
avaient fait irruption avec
des hélicoptères de comb a t . » Ou comme si, lors
d’un exercice d’artillerie,
une pluie de roquettes suisses déviées par un violent
orage hivernal s’était abattue sur le pacifique petit
Etat. C’était en décembre 1989. Une forêt avait pris
feu et Berne avait dû s’acquitter de millions de francs
suisses pour dédommager
son voisin.
Soazig Quéméner
BORDEAUX
Un pataquès
dans le vignoble Page 7
COLOMBIE
« J’ai été otage des Farc »
Page 12
LILLE
Retrouvailles miraculeuses
pour Eric, SDF Page 8
ÉCONOMIE
Internet va révolutionner
la télévision Page 15
CINÉMA
La vengeance
de Jean Dujardin Page 30
T 00831 - 3138 - F: 1,20 E
France métropolitaine: 1.20 ¤/ DOM: ¤
1.80/BEL: ¤ 1.40/CH: 2 FS/ ALG: 60
DA/AND: ¤ 1.20/ D: ¤ 1.80/ ESP: ¤
1.80/GB: 1£/GRE: ¤ 2.20/ ITA: ¤ 1.80/LUX:
¤ 1.40/MAR: 12 DH/PORT cont ¤ 1.90
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L’événement
2/
4 mars 2007
Les agriculteurs inquiets
Parmi les candidats suivants à l’élection présidentielle, duquel
vous sentez-vous le plus proche ?
Ensemble
des agriculteurs
Parmi les deux candidats suivants à l’élection présidentielle, duquel
vous sentez-vous le plus proche ?
(%)
Rappel intention
de vote auprès
du grand public
(%)
Gérard Schivardi
0,5
-
Ségolène Royal
27
48
Arlette Laguiller
0,5
2
Nicolas Sarkozy
73
52
Olivier Besancenot
1,5
4
Ne se prononcent pas
8
7
Marie-George Buffet
1
2,5
José Bové
6
2
10
25,5
Ségolène Royal
Dominique Voynet
1
0,5
Corinne Lepage
1
0,5
Frédéric Nihous
1
0,5
François Bayrou
26
19
Nicolas Sarkozy
32
29
Nicolas Dupont-Aignan
0,5
0,5
Philippe de Villiers
6
2
Jean-Marie Le Pen
13
12
Ne se prononcent pas
8
5
rière avec 6 %. Quant à Ségolène
Royal, avec 10 %, pour l’heure, elle
est en recul dans le monde agricole
par rapport à Lionel Jospin au premier tour de 2002.
Plus étonnant, le score de José
Bové qui n’obtient que 6 % chez
l’ensemble des agriculteurs et
21 % chez ceux de sa chère Confédération paysanne alors que les
mêmes accordent 23 % à Ségolène
Royal! « José Bové a déçu en devenant un homme politique, les agriculteurs lui reprochent d’avoir
Ensemble
des agriculteurs
(%)
Rappel intention
de vote auprès
du grand public
(%)
Une directive européenne autorise le droit à la culture en plein champ
des OGM. Pensez-vous que le prochain président de la République
doive décréter un moratoire pour les interdire en France ?
Ensemble
(%)
Culture
Culture
légumes,
de céréales
Viticulture
industrielles maraîchage,
fruitières
(%)
(%)
(%)
Oui
62
51
74
74
Non
38
49
26
26
Sondage Ifop pour Fiducial et le JDD, réalisé les 27 et 28 février 2007, auprès d’un
échantillon de 503 personnes, représentatif des agriculteurs français (méthode des
quotas) après stratification par région. Les interviews ont eu lieu par téléphone, au
domicile des personnes interrogées.
franchi la ligne verte », constate
Nooruddine Muhammad. Candidat de Chasse, Pêche, Nature et
Tradition (CPNT), Frédéric Nihous ne recueille que 1 % tout
comme les écologistes Dominique
Voynet et Corinne Lepage, le premier du fait d’un déficit de notoriété et de l’abandon de Jean SaintJosse, les deux autres portant des
couleurs peu prisées chez les agriculteurs, même s’ils apparaissent
sensibilisés aux inquiétudes suscitées par la culture des OGM en
plein champ. 62 % estiment que le
prochain président de la République devra décréter un moratoire
pour les interdire en France alors
qu’une directive européenne autorise une telle culture, dès cette année. Ils sont même 84 % à affirmer
que si aucun moratoire n’était décidé, ils ne pratiqueraient pas pour
autant la culture OGM en 2007.
Faucheur patenté, José Bové ne
fait peut-être pas recette auprès
des agriculteurs mais il a marqué
les esprits par ses actions spectaculaires.
Florence Muracciole
Foncier. Les terres agricoles disparaissent à un rythme soutenu. Un problème pour
le développement des biocarburants
Quand la ville
grignote
la campagne
Les Français s’inquiètent de l’avenir
de la forêt amazonienne. Mais savent-ils
seulement que 100.000 hectares de prairies et de champs disparaissent chaque
année de leur horizon ? Soit sept fois la
surface de Paris. Tous les six ans, l’équivalent d’un département se transforme
en rocades, voies ferrées, pavillons, parkings et aéroports.
Inexorablement, les zones périurbaines, ces banlieues construites de plus en
plus loin des grandes villes, grignotent
les campagnes. Les citadins rêvent d’élever leur famille au vert, loin de la pollution et du stress. Qui le leur reprocherait ? Certainement pas les maires des
petites communes qui leur déroulent le
tapis rouge. Davantage d’administrés,
c’est l’assurance de pouvoir développer
des infrastructures, des services, des
écoles. Tous les ans, la région Languedoc-Roussillon accueille ainsi 30.000 habitants supplémentaires. Chaque nouvel
ar rivant « consomme » en moyenne
460 m 2 de terrain. Et le mouvement est
irréversible. On ne retransforme pas un
lotissement en vignoble.
Terres et fermes vendues au prix fort
Mais à ce rythme, l’univers agricole
se réduit comme peau de chagrin. En
2005, l’Insee recensait 1,1 million d’agriculteurs en France. Ils étaient 3,8 millions en 1979. Bien sûr, la baisse du revenu et les départs en retraite sont à
l’origine de cette évolution démographique. Mais, ces dernières années, la flambée des prix du foncier a fait le reste, incitant les paysans à céder terres et fer-
mes au prix fort. En Ile-de-France, dans
le Nord, en Bretagne ou autour du Bassin méditerranéen, l’hectare s’est négocié en moyenne à 4.740 € en 2005, soit une
hausse annuelle de 5,3 %.
« C’est un cercle vicieux, car les
transactions concernent des terres très
fertiles. Mais c’est regrettable à l’heure
où l’Etat veut développer les cultures
gourmandes en terrains pour produire
des biocarburants », s’inquiète André
Thévenot, président de la Fédération nationale des Safer. Ces sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural
réparties sur tout l’Hexagone ont pour
mission d’installer les jeunes agriculteurs. Or cela devient de plus en plus difficile. Le foncier coûte trop cher. Pareil
pour les bâtiments, souvent transformés
en résidences secondaires.
Le grignotage des villes a enfanté, toutefois, une nouvelle race d’exploitants
agricoles : les « agri-urbains ». Installés
aux abords des cités, ils développent le
tourisme, les visites pédagogiques ou la
vente directe de produits artisanaux. C’est
le cas de Carole et Carine Bonaut, dont les
serres horticoles se situent à proximité de
l’hôpital d’Antibes (Alpes-Maritimes).
Deux fois pas an, elles organisent des portes ouvertes pour les riverains. Et profitent de la proximité de la ville: « Je donne
des conseils de jardinage sur la radio
France Bleu à Nice. Et je déniche à l’Inra
d’Antibes des végétaux résistant à la sécheresse. En ce moment, j’expérimente un
haricot violet », explique Carole.
Mais dans l’ensemble, la cohabitation entre paysans et néoruraux est plu-
Les zones urbaines, comme Marne-la-Vallée, font disparaître 100.000 hectares de prairies et de champs chaque année.
tôt rugueuse. Les tracteurs et autres
moissonneuses-batteuses créent des embouteillages. Les odeurs de purin, la
poussière et même les mouches attirées
par le bétail fâchent le voisinage.
Pourtant, un arsenal juridique (plan
local d’urbanisme, schéma de cohérence
territoriale…), censé établir l’équilibre
ville-campagne, existe. Depuis 1999, les
préfets ou les conseils municipaux peuvent même classer en zones agricoles
protégées (ZAP) des territoires reconnus
pour la qualité de leur production. « Malheureusement, l’usage de cet outil a été
contrarié par la pression démographique et financière », constate Jérôme Bignon, député UMP de la Somme et prési-
dent de l’association Rivages de France.
A cela s’ajoute le fait que la question intéresse trois ministères à la fois : l’Agriculture, l’Ecologie et l’Aménagement du
territoire.
Un manifeste contre la fatalité
Alors, le mitage des campagnes est-il
une fatalité ? « Oui, tant que les Français
considéreront comme vierges des terres
en réalité cultivées. C’est une question
de mentalité », répond André Thévenot.
Pourtant, le pacte écologique de Nicolas Hulot propose notamment « de
contenir l’extension périurbaine », au
nom de la défense « des paysages et des
écosystèmes ». Longtemps adversaires,
écologistes et exploitants agricoles trouvent enfin un terrain d’entente. « La notion de paysage met tout le monde d’accord, constate Jérôme Bignon. Les agriculteurs ont changé. Ils comprennent
qu’il y a une convergence d’intérêts. »
Ce n’est donc pas un hasard si, le
8 février, les états généraux du paysage
ont réuni plus de 500 participants au
Conseil économique et social à Paris. A
cette occasion, syndicats a g ricoles
(FNSEA, jeunes agriculteurs), associations écolo (France Nature Environnement, Ligue pour la protection des oiseaux…) et collectivités territoriales ont
signé un manifeste commun.
Marie Nicot
149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex. Tél. 01 41 34 60 00. Fax 01 41 34 70 76. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40/ 69 30. Président d’honneur Daniel Filipacchi.
Directeur de la rédaction Jacques Espérandieu. Rédacteurs en chef Patrice Trapier, Guillaume Rebière, Eric Chodez.Rédacteur en chef photo Philippe Jarreau. Rédacteur en chef numérique Robert Melcher. Rédacteurs en chef adjoints
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syndiqués
Tél.: 0145367883. (Dom Tom/Etranger). Abonnements au journal en ligne www.lejournaldudimanche.fr. Numéro ISSN0242-3065.Tirage du 25 février 2007 : 353.941 exemplaires.
Sandrine Roudeix/JDD
Ils ne sont plus que 1,1 mil- culteurs, 32 % pour le premier,
lion encore en activité quand 26 % pour le second. « Le candidat
ils étaient trois fois plus en 1970. de l’UMP, s’il enregistre un joli
Mais les agriculteurs, qui repré- score n’est pas encore considéré
sentent 10 % de la population ru- par les agriculteurs comme le dirale, pèsent toujours lourd – au- gne successeur de Jacques Chirac,
tant que Titine, la reine des limou- observe Nooruddine Muhammad,
sines du Salon de l’agriculture – responsable du secteur agricole
dans le champ électoral. Et ils di- chez Fiducial. Ils attendent de voir
sent haut et fort, à 87 % selon no- si Nicolas Sarkozy défendra aussi
tre sondage, que l’agriculture bien leur secteur dans les instann’est pas suffisamment prise en ces européennes que ne le fit le
compte par les
président de la
candidats à
République. »
Diriez-vous que la thématique
l’Elysée. Et si,
La FNSEA lui
agricole est suffisamment prise
en février, aux
donne tout de
en compte par les candidats dans
élections des
même 43 %,
la campagne présidentielle ?
chambres
contre 34 % à
Ensemble
d’agriculture,
la Coordina(%)
les hommes et
tion rurale et
Oui
13
femmes de la
16 % à la Conféter re se sont
dération payNon
87
« droitisés », à
sanne. Et pour
l’approche de
le deuxième
l’élection présidentielle, ils confir- tour, il n’y a pas photo entre Nicoment cette tendance en accordant las Sarkozy et Ségolène Royal : le
leur soutien, pour plus de 77 % premier terrasse la seconde avec
d’entre eux, à des candidats de 73 % contre 27 %.
droite. Il y a quelques semaines, la
Avec une place de deuxième à
FNSEA, proche de Jacques Chi- François Bayrou, on observe une
rac, emportait la majorité absolue poussée vers le centre, mais sans
avec 57,31 %, faisant un bond de doute est-ce dû à l’image du candiprès de cinq points par rapport à dat UDF qui aime à s’afficher sur
2001, la Coordination rurale, pas son tracteur ou en train de murloin de l’extrême droite, progres- murer à l’oreille de ses chevaux.
sait encore plus en passant de Les agriculteurs semblent n’avoir
12,15 à 18,71 %. Soit au total, 76 % découvert sa proximité avec eux
à droite toute, tandis que la Confé- que cette année puisqu’en 2002, ils
dération paysanne, dont José Bové n’avaient placé le fermier du Béarn
fut le plus célèbre représentant, qu’en quatrième position, derrière
dégringolait de 26,82 à 19,74.
Jospin et Le Pen. A la troisième
Le sondage Ifop/Fiducial Agri- place, Jean-Marie Le Pen perd du
culture sur le vote des agriculteurs terrain avec 13 % alors qu’il avoisipour l’élection présidentielle nait les 20 % chez les agriculteurs
d’avril-mai 2002 désigne ainsi Sar- en 2002, mais il obtient 17 % chez
kozy et Bayrou comme ceux dont ceux de la Coordination rurale.
se sentent le plus proche les agri- Philippe de Villiers est loin der-
L’événement
4 mars 2007
/3
plébiscitent Chirac et la droite
Raymond Delalande/JDD
Inauguration.
Ultime tour
de piste pour
le Président,
enfant chéri
du monde
paysan
C’était le dernier Salon de
l’agriculture de son mandat. Et peut-être même son dernier comme président de la République. Alors Jacques Chirac
n’a pas boudé son plaisir : hier, il
a passé plus de quatre heures à
tapoter les vaches, à embrasser
les enfants et à goûter une multitude de produits du terroir. En
une trentaine d’années, il n’a jamais manqué ce rende z-vous.
Sauf une fois : en 1979, à cause
d’un accident de voiture.
Pour ce bain de foule comme
il les affectionne, le chef de l’Etat,
âgé de 74 ans, a même débarqué
en avance. En route pour quatre
heures de cohue, cerné de caméras. Quatre heures à signer des
autographes et des livres d’or. A
goûter de la tête de veau, des huîtres, du kiwi et autres. A descendre des verres de cidre, de laitfraise, de vin blanc et de bière.
Comme tous les ans.
Un message
politique fort
Dans la foule, Emilie, 22 ans,
a les joues en feu : « C’est son
der nier mandat, j’aimerais le
prendre en photo ! » « Les visites
de M. Chirac ont toujours été
Jacques Chirac n’a pas boudé son plaisir pour l’ouverture, hier, du Salon de l’agriculture.
« Alors, à l’année prochaine ? »
très chaleureuses. Mais cette année beaucoup plus, estime Christian Patria, le président du Salon. Je pense que beaucoup de
gens croient que le Président ne
se représentera pas. Alors, ils en
profitent pour lui dire au revoir
et un très grand merci pour tout
ce qu’il a fait pour l’agriculture
depuis trente-quatre ans. » Dans
les allées, le Président est en effet applaudi à plusieurs reprises. Certains scandent « Chirac !
Chirac ! »
De fait, depuis son passage
au ministère de l’Ag riculture
(1972-1973), Jacques Chirac n’a
eu de cesse de défendre le monde
paysan. Hier encore, il s’est fendu
d’un plaidoyer en faveur de la Politique ag ricole commune. Et
sur tout, il n’a pas hésité à se
montrer très offensif au sujet
des négociations à l’Organisat i o n m o n d i a l e d u c o m m e rc e
(OMC), prônant « une fermeté de
roc » de la part de l’Union européenne et se déclarant « profondément choqué par certaines des
attitudes qui sont prises par le
c o m m i s s a i re e u ro p é e n Pe t e r
Mandelson, qui ne cesse de voul o i r d o n n e r d ava n t a g e a l o r s
qu’en contrepartie, les Américains n’ont manifesté aucune intention de f aire les moindres
concessions sur le plan agricole
[…] ni les pays émergents sur
l’industrie et les services ». Un
message politique fort.
« J’aurais aimé le remercier pour
tout ce qu’il a fait pour nous »
Jacques Chirac – qui devrait
annoncer très prochainement sa
décision quant à la présidentielle – n’est peut-être pas en
campagne, mais il martèle son
nouveau credo : « Il nous faut une
ag riculture économiquement
forte et écologiquement responsable. » Et veille à avoir un mot
p o u r ch a c u n . I l s a l u e l e s
constructeurs automobiles et
leurs efforts en matière de biocarburant : « Toutes mes félicitations, c’est l’avenir ! »
C o m m e ch a q u e a n n é e, l a
foule se presse. « Il fait plus vieux
qu’à la télé », balance un cuistot
des Hauts-de-Seine. Une mère
serre, très fière, sa petite fille
dans ses bras : « Tu as eu un bisou du Président, c’est bien mon
chou ! » Super mamie FrancheComté, ballottée, garde le sou-
rire : elle a salué le Président. Et
certains essaient de passer un
message amical. Comme cet éleveur qui glisse au chef de l’Etat :
« Ne pensez-vous pas que l’agriculture sera orpheline ?… » Ou
cette groupie venue de BoulogneBillancourt, avec un autocollant
proclamant « J’aime mon Président » : « Je voudrais lui dire :
“Jamais deux sans trois.” J’espère qu’il va se représenter. C’est
le meilleur président qu’on ait
jamais eu ! »
Quelques-uns tentent bien
d’en savoir plus. Une blonde, en
tendant un plateau de fromages,
l’interroge : « Alors, à l’année
prochaine ? » Mais le chef de
l’Etat préfère piquer un bout de
mimolette. Au même stand, un
éleveur se désole de ne pas avoir
dit ce qu’il voulait à l’homme de
l’Elysée : « Trop d’émotion. D’habitude pour tant, ça sor t tout
seul. J’aurais aimé le remercier
pour tout ce qu’il a fait pour le
monde agricole. Il nous a toujours soutenus ! »
Au f i l d e l a v i s i t e, d e s c a deaux viennent remplir les sacs
à dos des gardes du corps de Chirac. Cette année, le Président re-
çoit, pêle-mêle, un jambon, de la
mâche avec assaisonnement, des
paniers gar nis de victuailles,
mais aussi l’histoire du sucre encadré, la maquette d’un four à
pain qui s’éclaire, deux cochons
chinois en bronz e… Cer tains
présents se veulent plus spirituels, comme ce livre sur les Préceptes de vie de la sagesse amérindienne. Ou chargés en souvenirs,
comme cet album de photos « Jacques Chirac au Salon de l’agri-
culture, de 1973 à 2007 », offert
par Christian Patria.
U n d e r n i e r cl i ch é ave c
l’équipe du Salon, un mot dans
son livre d’or – « Superbe Salon,
toujours nouveau et toujours
aussi sympathique » –, et le Président s’en va. Certains s’en moquent. Comme cet éleveur qui
hausse les épaules : « Cette visite
ne me fait rien du tout. C’est du
fo l k l o re ! » D ’ a u t re s ve u l e n t
croire à un au revoir : « Même s’il
n’est plus président, il reviendra.
Il ne peut pas s’en passer ! » Et
Dominique Bussereau, le ministre de l’Ag riculture, qui a arpenté le Salon avec le chef de
l’Etat, se félicite : « C’était une
très belle visite, un hommage au
Président. Il faudra que son successeur s’occupe aussi bien que
lui du monde agricole, en particulier à l’OMC… »
Marie Quenet
Le dernier Salon où l’on pose
■
C’est un rendez-vous presque incontournable.
A moins de deux mois du scrutin, la plupart
des candidats à la présidentielle défileront au Salon
de l’agriculture. Dès mardi, ils seront plusieurs à se
bousculer au portillon : François Bayrou (UDF) devrait débarquer à 9 heures, talonné de près par Philippe de Villiers (MPF) à 9 h 30, puis par Jean-Marie
Le Pen (FN) à 11 h 30, et par Corinne Lepage (Cap 21)
à 12 h 30. Cette dernière compte d’ailleurs – un record ! – se rendre trois fois au Salon : aujourd’hui,
pour participer à une émission de Public Sénat,
mardi et jeudi, pour une conférence sur le thème
« Les agricultrices sont-elles l’avenir du développement durable ? ».
Le lendemain, la journée s’annonce moins chargée.
Seul le candidat Chasse, pêche, nature et traditions
(CPNT), Frédéric Nihous, devrait caresser les croupes des vaches à partir de 15 heures. Jeudi enfin, Nicolas Sarkozy (UMP) arpentera les allées, suivi par
une meute de journalistes, entre 9 heures et 11 h 30.
Marie-George Buffet, sa rivale du PCF, n’est attendue
qu’à 15 heures.
Ségolène Royal, la candidate socialiste, n’a pas encore fixé de date. Dominique Voynet (Verts) devrait
venir, « a priori », mais la visite n’est pas calée. Pas
d’état d’âme par contre à l’extrême gauche : Arlette
Laguiller (LO) et Olivier Besancenot sécheront la
plus grande ferme de France. Tout comme José Bové,
le candidat de l’Alternative à gauche. L’ancien porteparole de la Confédération paysanne organise même
demain un « contre-Salon » dans sa ferme du Larzac.
M. Q.
Sandrine Roudeix/JDD
A l’ombre d’Eurodisney
Charline Corman, 34 ans, et son mari Benoît, 43 ans, gèrent
une exploitation de 200 hectares à Jossigny, en Seine-et-Marne.
« Nous ne sommes pas d’irréductibles Astérix menacés par le
méchant Mickey. » Chez les Corman, agriculteurs de père en fils
à Jossigny (Seine-et-Marne), on
ne se plaint pas, même si l’implantation du parc Disney dans
le secteur il y a quatorze ans a
changé la donne et le paysage.
On agit pour sauvegarder un métier auquel on croit, avec coura g e, sans une once de pessimisme. Benoît Cor man et son
grand frère Didier, aidés de leurs
épouses et d’un salarié, ont repris l’exploitation familiale de
200 hectares au tournant des années 1990. « A cinq, il ne faut pas
chômer pour s’en sortir », souligne le cadet.
Benoît, 43 ans, et sa femme
Charline, 34 ans, (responsable
cantonale FNSEA) affichent une
énergie débordante. « A partir du
moment où on se dit chef d’entre-
prise, qu’on a envie de créer des
choses, il faut assumer », affirme
la mère de famille. « Beaucoup
d’agriculteurs passent leur temps
à se dire les plus malheureux, ça
n’est pas vrai, appuie son mari.
Le mec qui tient une petite usine,
il a au moins autant de contraintes et de problèmes que nous. »
Producteurs de céréales, de
betteraves et surtout de pommes
de terre, les Corman ont vu leur
environnement immédiat se dégrader progressivement, à mesure que l’urbanisation gagnait
du terrain. « Quand j’étais gamin, je pouvais regarder à perte
de vue sur 360 degrés, se souvient
Benoît. Aujourd’hui, où que mon
œil se pose, il y a une construction ou un chantier. » Au fond des
champs, un énorme hangar sort
de terre, il abritera bientôt les
stocks des Galeries Lafayette.
Aucun Corman n’affiche pour
autant un discours d’anti-urbaniste primaire, conscient de la
nécessité de la taxe professionnelle. « Nous ne devons pas rester
figés mais il faut quand même
conserver certains équilibres,
soutient Benoît. On s’en rend
bien compte avec le problème des
banlieues : on a concentré du
monde à outrance dans des zones
plus ou moins hospitalières, sans
espaces verts. Au final, personne
ne s’y retrouve et ça explose. »
La famille mène le combat à
la communauté d’agglomération
ou sur le plan syndical pour préserver les terres agricoles. « Il
faut se battre pour faire accepter
l’idée qu’il peut y avoir de l’agriculture près d’une ville »,
confirme le frère aîné de 50 ans,
adjoint au maire de Jossigny. Lucide, son frère reconnaît que, face
à la création de plusieurs milliers d’emplois, le sort d’une ex-
ploitation ne pèse pas lourd. « Il
faut que le monde agricole s’ouvre, qu’il montre ce qu’il sait
f aire, notamment en matière
d’entretien et de préservation des
paysages », assure l’aîné.
Quand on aborde la création
d’un ministère de la ruralité, que
plusieurs candidats à la présidentielle appellent de leurs vœux, la
famille se gausse. « Si c’est pour
faire de nous les tondeuses à gazon du pays, c’est non ! », tranche
Didier. « Et ce ministère, il va
s’implanter où ?, interroge Charline. En plein Paris ou à la campagne ? » Les Corman croient en
leur étoile et surtout en leur passion. « Il y a quinze ans, la chambre d’ag riculture nous disait
déjà : “A Jossigny, vous êtes foutus !” Nous sommes toujours là,
on verra si c’est toujours le cas
dans dix ans. »
Jonathan Bouchet-Petersen
Politique
4/
4 mars 2007
Troisième homme. Les sondages font grandir l’inquiétude chez les adversaires du candidat UDF
Bayrou sous haute surveillance
de toutes les conversations, bref d’être
désormais incontournable. Si, la semaine
dernière, l’UMP annonçait la création
d’une cellule « d’observation et d’analyse
stratégique » sur François Bayrou, animée
par Claude Guéant, le directeur de campagne de Sarko, il semble qu’aujourd’hui,
cette mise sous surveillance ait été élargie
aux autres candidats. Sans doute par
crainte de victimiser un concurrent es-
timé sérieux, mais aussi par souci de ne
pas trop heurter un François Bayrou dont
les voix compteront au second tour. « Ce
n’est pas une cellule anti-Bayrou, rectifie
ainsi Dominique Paillé, ex-UDF, député
UMP des Deux-Sèvres. Il s’agit d’un petit
cercle de techniciens créé autour de
Claude Guéant et de moi-même, destiné à
mesurer l’évaluation des fluctuations de
l’électorat et des programmes de chacun
des quatre candidats, Nicolas compris. » Il
n’empêche, l’un des soutiens de Sarkozy,
Yves Jégo, qualifie la démarche de Bayrou
de « posture marquée de l’imposture politique », tandis que le ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, avertit son
ancien ami UDF, se référant aux chewinggums qui éclatent: « Attention à l’effet Malabar ! » Quant à Jean-Marie Le Pen, il
prend les paris : « M. Bayrou sera au-des-
sous de 10 %. » Côté Ségolène Royal, on ne
mésestime pas la montée en puissance du
candidat UDF, la candidate n’ayant de
cesse de le renvoyer à droite, avec Sarkozy,
et François Hollande, de nier l’existence
du centre: « Entre la gauche et la droite, il
n’y a rien », a-t-il osé, empruntant à Malraux. Ce n’est pas l’avis de Jean-Marie
Bockel, le centriste du PS. Il le dit au JDD.
Florence Muracciole
Gilles Bassignac/Gamma
C’est à celui qui tapera le plus fort :
« Ils font flèche de tout bois, ils tremblent, ils multiplient les accusations, ils
mettent des comités en place chargés de
me surveiller, de me cibler, de me pister et
vont dire n’importe quoi sur mon
compte ! » s’est offusqué celui qui est devenu, à la faveur des sondages, le troisième homme. Pas mécontent, toutefois,
de devenir l’objet de toutes les attentions,
S’il était
Président…
Pensez-vous que Bayrou va
poursuivre son envolée ?
Difficile à dire car les intentions de vote sont par nature extrêmement fragiles et volatiles. Et les
sondés utilisent-ils Bayrou comme
instrument contre l’offre SarkozyRoyal, qui ne leur plaît pas, ou le
choisissent-ils réellement ? Une
chose est sûre, comme Le Pen en
2002, comme Chirac en 1995, Bayrou est celui par qui les Français
transforment cette élection en une
compétition incertaine. N’ayant
pas envie de signer un scénario
écrit d’avance, ils ont décidé de le
faire exploser en redistribuant les
rôles. Le vote Bayrou, c’est un vote
protestataire modéré!
sur un projet de loi difficile, sur
une réforme compliquée ou un
conflit social, soit un gouvernement paralysé et contraint de ne
rien faire pour ne pas briser une
majorité fragile. Aujourd’hui, la
droite et la gauche s’accordent
déjà sur les valeurs fondamentales de la République, comme par
exemple la laïcité. Ironie du sort,
quand droite et gauche étaient
d’accord en 2004 pour voter la loi
sur les signes religieux, c’est Bayrou qui s’est abstenu !
Que pensez-vous de son idée de
créer un grand parti
démocrate ?
S’il est élu et que son gouvernement déçoit, si sa politique est
Que se passerait-il s’il était élu ? impopulaire, vers qui se retourPour accéder au second tour, neront les Français, sinon vers
il devra éliminer Ségolène Royal les extrêmes, le grand parti déou Nicolas Sarm o c r at e q u ’ i l
ko zy, sans exi m a g i n e aya n t
Par Dominique Reynié,
clure l’éventuaabsorbé la gaupolitologue,
professeur
lité d’un Le Pen
che et la droite
à Sciences-Po
au second tour.
modérées ? Le
Les législatives
schéma de Bayayant lieu un mois plus tard, il rou est asphyxiant. Il assemble
peut alors créer une étiquette pro- majorité et opposition, comme si
visoire, suggérons par exemple on pouvait les réunir dans un
l’UNMP… l’Union pour la nou- même bloc. Où serait alors l’opvelle majorité présidentielle, et position dans ce système ? ce seprésenter dans chacune des 577 rait l’empire du centre ! Or l’opcirconscriptions un candidat es- position entre la droite et la gautampillé UNMP. Et si les Français che est la condition de l’alterlui donnent une majorité, c’est à nance. Le partage droite-gauche
par tir de cette majorité qu’il n’est pas, comme il le pense, une
pourra créer le grand parti démo- opposition stérile entre deux facrate qu’il appelle de ses vœux. milles qui devraient s’embrasser.
Mais cela implique de la casse, et C’est aussi la nécessité d’avoir
à l’UMP et au PS. Il peut tout aussi un minimum de pluralité. Et la
bien ne pas avoir de majorité. Et p l u r a l i t é , q u e j e s a ch e, c o m là, deux cas de figure : soit une mence à deux ! Son gouver nemajorité se dégage, UMP ou PS, ment de rassemblement est la viqui n’est pas la sienne, et il faut sion la moins démocratique de
qu’il compose ou qu’il cohabite. toutes. F rançois Bayrou dit :
Soit l’Assemblée nationale se « Votez pour moi et vous aurez
casse en trois blocs, dont aucun un gouvernement de rassemblen’est majoritaire : le parti du pré- ment gauche-droite. » Un vrai
sident, le PS et l’UMP. Cela veut passeport pour une éternité pardire soit un gouvernement insta- lementaire !
Interview
ble, une majorité qui peut tomber
Florence Muracciole
Avec Françoise à Toulouse
■
Demain à Toulouse, de sa rencontre avec les syndicats d’Airbus
jusqu’à son meeting du soir, François Bayrou sera accompagné
par celle qui l’avait interpellé lors de J’ai une question à vous poser
sur TF1, lundi dernier. Françoise Lang avait pris le micro in extremis
pour demander au candidat de « passer une journée (avec elle) pour répondre à toutes ses questions. » Bayrou a accepté et tenu sa promesse.
« On m’a proposé le Salon de l’agriculture mais c’est trop proche de
mon quotidien : chez moi à Kleingoeft (Bas-Rhin), il y a plus de vaches
que d’habitants. Toulouse et Airbus, c’est plus intéressant. En plus,
mon frère montera de Pau », raconte Françoise, 53 ans, divorcée, deux
enfants. Ouvrière sanitaire dans une entreprise de robinetterie de
luxe où elle gagne « légèrement plus que le SMIC », elle a pris son
lundi et compte bien interroger le président de l’UDF sur les sujets qui
intéressent « les petits Français qui survivent avec un pouvoir d’achat
réduit depuis le passage à l’euro ». Le 22 avril, elle votera pour la première fois. Pour Bayrou ? « Je ne sais pas encore. Mais il me plaît
beaucoup, notamment parce qu’il semble plus accessible que les autres. J’espère qu’il le restera. »
Stéphane Joby
François Bayrou
visite une école
d’apprentissage
hôtelier à Caen,
hier, avant d’y
tenir meeting.
Jean-Marie Bockel. Situé sur « l’aile droite » du PS,
il ne minimise pas le danger. Et a des idées pour le réduire.
L’homme qui murmure
à l’oreille des centristes
Que vous inspire cette montée
de François Bayrou dans les
sondages ?
C’est une montée qu’il faut
prendre très au sérieux. Il ne faut
pas la traiter avec condescendance
ou, pour se rassurer à bon compte,
en faire l’équivalent du phénomène Chevènement de 2002, fondé
sur un électorat volatil. Elle traduit une campagne astucieuse de
Bayrou, mais correspond surtout à
un certain nombre d’aspirations
des citoyens.
Quelles aspirations ?
Les gens sont déçus par les discours classiques. Ils ne croient
plus aux promesses, d’où qu’elles
viennent, c’est pour cela que le ni
gauche ni droite leur plaît autant.
Ils sont demandeurs de discours
pragmatiques, de vérité.
leurs son « pacte présidentiel », et
plus encore ses discours, qui relèvent davantage de la gauche moderne. Je lui conseille de mieux
souligner cette dimension-là. Dans
la compétition interne au PS, elle
avait séduit par un discours et un
style moder nes. Ils sont aujourd’hui insuffisamment développés. Dans cette période charnière,
elle ne doit pas hésiter à affirmer
davantage, sans se renier, ce qu’il y
a en elle de moderne, pragmatique,
réformiste et, j’ose le mot, de social-libéral. Les électeurs qui actuellement vont vers Bayrou y sont
sensibles. Ce sont des électeurs qui
ont déjà voté à gauche, pourraient
le faire encore, mais ne se retrouvent pas dans les vieilles recettes.
Je suis de ceux qui peuvent aider
Ségolène à faire passer les messages d’une gauche moderne.
Vous trouvez que votre candidate tient un discours classique
de gauche ?
C’est toute la question. Il y a
d’un côté le projet socialiste, avec
ses qualités et ses défauts. Pour
rassembler, Ségolène Royal doit
faire avec, même si une partie des
gens n’y croient plus. Il y a par ail-
De votre point de vue, son rappel des « éléphants » est contreproductif ?
C’était un passage inévitable
pour rassembler sa famille. C’est
fait, passons à autre chose. Il est
évident qu’elle n’en sera pas prisonnière. C’est au centre gauche
qu’il faut placer notre campagne.
La polyphonie des sensibilités doit
jouer à plein. Tenons bon à gauche, tout en ouvrant au centre! Ségolène Royal a la capacité, si elle le
décide, de « tenir les deux bouts ».
Comment les socialistes doivent-ils combattre le danger
Bayrou ?
Ce fut le débat lors du dernier
conseil politique du PS. Certains
pensent que le phénomène n’est
pas un vrai danger et qu’on peut
l’ignorer, le centre n’étant qu’une
force d’appoint. Pour d’autres, plus
le PS sera à gauche, moins il y
aura de flottements de ce côté-là.
D’autres encore estiment qu’il faut
« cogner » contre Bayrou. Moi, je
pense que ce serait une erreur de
dire aux électeurs attirés par Bayrou: celui qui vous séduit n’est pas
quelqu’un de valable. Nous devons
leur dire : nous ne sommes pas
ceux que vous croyez, nous sommes des socialistes, efficaces, justes, pragmatiques, réformistes.
Personne ne m’a chargé de quoi
que ce soit, mais je m’investis totalement dans cette mission de parler aux électeurs de Bayrou. En
1988, François Mitterrand a été réélu aussi par les électeurs allant
du centre droit au centre gauche. Il
s’est adressé à eux par-dessus le
PS, qui, déjà, n’avait pas su se moderniser.
N’y a-t-il pas aussi une question
de crédibilité personnelle, Ségolène Royal ayant créé le doute
sur la sienne ?
Non, les trois candidats sont
crédibles. Ce qui est en cause, c’est
ce qu’ils incarnent par rapport
aux attentes des gens.
Bayrou fait des clins d’œil à
DSK, parle de créer un grand
« parti démocrate », qu’en pensez-vous ?
Mon objectif est de faire gagner Ségolène Royal. Ce sera donc
à elle de décider, le moment venu,
du degré d’ouverture à opérer.
Mais l’idée qu’il puisse y avoir,
pour un temps limité et sous une
forme à inventer, une union de toutes les énergies républicaines pardelà la droite et la gauche n’est pas
à jeter aux orties. J’ai déjà évoqué
cette idée lors de la crise des banlieues. François Bayrou n’a pas le
monopole de « l’union nationale ».
Interview
Pascale Amaudric
Politique
4 mars 2007
/5
Nicolas Sarkozy. La semaine tourmentée du ministre-candidat sur fond de polémique immobilière
« Je fais
toujours
la course
en tête »
Envoyée spéciale
Le pire, ce fut, jeudi, cette
une de Libé intitulée « Le
soupçon ». Un mot jugé « infamant », Place Beauvau. La veille
déjà, il avait fallu affronter celle
du Canard enchaîné : « La trop
belle affaire immobilière de Sarkozy ». Et les questions des journalistes. Incessantes, obstinées,
accusatrices. Ulcéré, et surtout
habitué à des rapports plus huilés avec les médias, le candidat
de l’UMP s’est d’abord braqué :
« Je ne suis pas devant un tribunal. » Avant de promettre de donner « tous les éléments » susceptibles de mettre un terme à des
accusations « outrancières et ridicules ».
Chose dite, chose faite. En
quelques heures, des attestations
se sont accumulées sur les bureaux des rédactions. « Je soussigné, Jean-Claude Laplanche, directeur général de la SEM 92… »,
« Je soussigné, Bruno Segond,
artisan menuisier… », « Moi, Denise Lasserre, je démens catégoriquement avoir consenti une
quelconque remise… Monsieur
Sarkozy a payé le juste prix. » Le
t o u t , e n t re u n d é p l a c e m e n t
(mardi) à Madrid, afin de rencontrer le président du gouver nement espagnol, José-Luis Zapatero, une conférence de presse
(mercredi) sur la politique internationale, présentée comme un
« temps fort » de la campagne, et
un meeting (jeudi) à Bordeaux,
entouré de quelques « figures »
du mouvement gaulliste : Maurice Dr uon, Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie. Dans les seconds rôles, Jean-Pierre Raffarin, Dominique Perben, JeanFrançois Copé… Des poids lourds
pour une campagne qui menaçait de vaciller ?
« Aucun mensonge, aucune
calomnie ne me fera hésiter »
Bordeaux justement. Temps
pluvieux. Humeur maussade.
L’équipe de Sarko est à cran. Le
candidat UMP, entre cortèges de
voitures, discours et serrements
de mains, est invisible. Fermé.
Silencieux. A peine quelques
mots concédés, dans un coin de
porte, aux caméras qui se pressent sur son passage. Les rois
maudits de Dr uon ? « Ma première émotion littéraire. » Tous
ces barons autour de lui, n’est-ce
pas un peu ségolénien ? Là, c’est
Juppé qui répond : « Ai-je l’air
d’un éléphant ? Je suis plutôt caribou. » Pour le reste, c’est « circulez, il n’y a rien à voir ». « Une
affaire ! Quelle affaire ? Il n’y a
p a s d ’ a f f a i re ! Vo u s ê t e s
obsédés ! », finit par lancer
Franck Louvrier, le pourtant très
affable responsable des relations
Jeudi, à l’occasion
d’un meeting
à Bordeaux,
Nicolas Sarkozy
était entouré
de « figures »
du mouvement
gaulliste.
De gauche à droite :
Jean-Pierre Raffarin,
l’écrivain Maurice
Druon, Dominique
Bussereau, Alain
Juppé et Michèle
Alliot-Marie.
avec la presse, à ceux qui insistent un peu trop à son goût. Le
soir, au Parc des expositions, devant plusieurs milliers de personnes (10.000 selon les organisateurs), Sarkozy tente une mise
au point qu’il espère, cette fois,
définitive. « Aucun mensonge,
aucune calomnie ne me fera hésiter. Encore moins reculer. Les
adeptes des basses manœuvres
en seront pour leurs frais. »
Visage impassible, comme
muré, Alain Juppé, assis au premier rang, bras croisés, ne laisse
rien paraître. Y compris lorsque
N i c o l a s S a rko z y l u i l a n c e :
« Alain, quelque chose me dit
qu’on n’a pas fini de travailler
ensemble. » Surtout pas de triomphalisme.
« Ils veulent me salir. » L’expression, déjà utilisée au temps
de l’affaire Clearstream, est revenue en force, ces dernières heures, dans la bouche du ministre
de l’Intérieur, qui devrait quitter
la Place Beauvau avant la fin
mars. Vendredi, alors qu’il prépare Le grand journal de Canal +
dont il est le rédacteur en chef
exceptionnel (jeudi prochain, ce
sera au tour de Ségolène Royal),
Nicolas Sarkozy accepte de se livrer quelques minutes avec le
JDD au petit jeu des questionsréponses. Un peu sonné par une
semaine difficile (« rude », dira-til un peu plus tard) qui a vu une
polémique « blessante » éclipser
ses propositions de « sortie de
crise » pour l’Europe ou ses engagements en faveur du développement durable, le candidat UMP
veut croire que sa « bonne foi » et
son « honnêteté » ont – momentanément ? – triomphé des accusations portées contre lui.
En attendant Chirac…
« Imaginez : être sommé de
produire en deux heures des factures vieilles de dix ans, devoir
retrouver un artisan, s’expliquer
sur ses prestations compensatoires ! » Parce qu’il estime avoir
« justifié », « prouvé » tout ce qui
« devait l’être », le candidat UMP
se sent aujourd’hui « libéré ».
Soulagé par la nouvelle salve de
sondages à venir qui le mettent,
« tous sans exception », en position de vainqueur (demain, dans
i > politique
Chaque dimanche, retrouvez sur i > TELE, i > POLITIQUE, la revue de l’actualité politique du week-end, présentée par Michel Dumoret, en partenariat avec Le Journal du Dimanche. Ce dimanche,
sur le plateau de i > TELE, Jacques Espérandieu, directeur de la
rédaction du JDD.
Diffusion ce soir à 20 h 40, 23 h 10, 0 h 10, 1 h 10, 2 h 10, 3 h 10, 4 h 10.
PARLONS-EN
Faut-il croire aux sondages ?
Aujourd’hui sur La Chaîne Parlementaire-Assemblée Nationale
(LCP-AN), débat animé par Florence Muracciole (JDD) et Frédéric
Haziza (LCP-AN) entre Manuel Aeschlimann, le « M. Sondages » de
Nicolas Sarkozy, par ailleurs député UMP des Hauts-de-Seine, Gérard Le Gall, son homologue chez Ségolène Royal, et Dominique
Reynié, politologue et professeur à Sciences-Po.
Diffusion aujourd’hui à 8 h 30, 16 h 30 et 22 h 30, demain à 20 h 15, mardi
à 13 h 30 et mercredi à 8 h 45.
Elodie Grégoire/Gamma
Bordeaux (Gironde)
Le Figaro, il l’emporte au second
tour avec 54 %). « Que n’a-t-on
pas dit ? Que janvier serait catastrophique, février un écroulement. Mars est là : je fais toujours la course en tête », commente Sarkozy, qui se souvient
qu’en 1995, à cette même date,
Chirac devançait déjà Balladur.
Le soir, sur le plateau de Canal +, le candidat de l’UMP apparaîtra détendu aux côtés de
Tarek Mouadane, président de
l’association Bleu Blanc Rouge,
chargée de « déminer » le terrain en vue de son retour sur la
dalle d’Argenteuil. Riant de bon
cœur à cet extrait d’un jeu télév i s é re t e nu d a n s l e Z a p p i n g .
Question de l’animateur : « Dans
Bonne nuit les petits, c’est Pim-
prenelle ou Cécilia qui dort avec
Nicolas ? » Réponse de la candidate : « Cécilia. » L’émission fera
un tabac.
« Cela vaut toutes les démonstrations », commentait Nicolas
Sarkozy, qui sera demain matin à
Marseille puis à Toulouse, où,
dans l’après-midi, il rencontrera
les syndicats d’Airbus, mardi à
C o r m e i l l e s - e n - Pa r i s i s ( Va l d’Oise), jeudi au Salon de l’agriculture et vendredi à Caen. Le
même jour, s’achèvera à Bruxelles le Conseil européen. Le dernier pour Jacques Chirac, qui ne
devrait, dès lors, plus attendre
bien longtemps pour faire ses
adieux aux F rançais et, sans
doute, apporter son soutien à Nicolas Sarkozy.
Un suspense qui n’en est plus
tout à fait un, même si les termes
du soutien présidentiel restent
encore largement inconnus. « Je
ne demande rien », confiait, hier
soir au JDD, Nicolas Sarkozy.
« Le Président fera ce qu’il voudra et ce qu’il fera sera bien. »
Une mansuétude inhabituelle
chez celui qui, surnommé alors
le « petit Nicolas », a rencontré
Jacques Chirac il y a trente ans.
« A cette époque, j’étais le dernier spectateur, tout au fond de
la salle. Il a fallu se rapprocher
petit à petit de l’estrade. » Aujourd’hui, il est prêt à y monter.
Virginie Le Guay
Politique
6/
4 mars 2007
Ségolène Royal. La candidate a présenté, hier, ses orientations sur les questions militaires
« La défense
c’est l’affaire
de tous »
La dissuasion nucléaire,
« au cœur de notre dispositif »
A l’évocation des menaces de
prolifération nucléaire, la candidate a répété que la France devra faire preuve de « fer meté
sans faille » à l’égard de l’Iran,
signataire du traité de non-prolifération, si ce pays refuse les
contrôles de l’AIEA, l’autorité
reconnue par la communauté internationale. La dissuasion nucléaire française, « au cœur de
notre dispositif de défense »,
sera maintenue « à son seuil de
crédibilité ». Ségolène Royal qui
« n’ambitionne pas de rivaliser
avec 7.000 têtes américaines ou
russes » en ce domaine se limitera « à la stricte suffisance » ;
les programmes de simulation,
qui remplacent les essais nucléaires, seront poursuivis »,
tout comme « le renouvellement
des vecteurs aériens et sous-marins » et la livraison « du sousmarin lance-engins de nouvelle
génération ».
Le service civique pourrait
avoir « un volet militaire »
Rien de précis par ailleurs sur
le second porte-avions « qui pourrait être construit avec les Britanniques », mais dont la nécessité
n’est « pas clairement établie ».
Citant Thucydide, auteur fétiche de François Mitterrand,
qui privilégiait « la volonté des
citoyens sur la force des murailles », la candidate qui veut faire
de la défense « l’affaire de tous »
a proposé que le service civique
« ait un volet militaire » et assuré que le Parlement serait réellement associé non seulement
pour les opérations extérieures,
qu’elle « n’engagera qu’avec discernement », mais aussi pour le
renseignement ou l’intelligence
économique, dont elle « considérera les enjeux sans naïveté ».
Les PME porteuses d’intérêts
stratégiques devront notamment
être mieux protégées des convoitises extérieures.
Pascale Amaudric
Eric Dessons/JDD
Ségolène Royal, qui « veut
incar ner la continuité de
l’unité nationale », a plaidé hier
pour une défense – nationale et
européenne – « démocratique »,
appuyée sur un lien fortifié entre
l’armée et la nation, et surtout
« indépendante », notamment des
Etats-Unis.
Devant un parterre d’élus et
d’experts réunis à la Maison de
la chimie, au premier rang desquels étaient assis les anciens
ministres de la Défense ou des
Affaires étrangères Jean-Pierre
Chevènement, Paul Quilès, Alain
Richard, Hubert Védrine, la candidate socialiste a assuré qu’elle
maintiendrait l’effort de défense
au niveau actuel, soit 2 % du
PIB. Et ce après avoir proposé
« une vision claire des enjeux » à
partir des « menaces d’aujourd’hui » : ce sont les menaces
qui détermineront les moyens à
mettre en œuvre. Rapidement,
un nouveau livre blanc fera le
point.
Ségolène Royal, hier, entourée des anciens ministres, Hubert Védrine, Alain Richard, Jean-Pierre Masseret, Jean-Pierre Chevènement
et Paul Quilès (de gauche à droite).
Cambriolage : la conseillère porte plainte contre… France 2
■
Sophie Bouchet-Petersen, la conseillère
spéciale de Ségolène Royal, va porter
plainte, probablement en début de semaine,
contre France 2. Elle accuse la chaîne publique d’avoir diffusé des images de son appartement sans autorisation. Dans la nuit de lundi
à mardi, son domicile, situé rue du FaubourgSaint-Martin, dans le 10e arrondissement de
Paris, avait été visité. Les cambrioleurs
avaient dérobé son ordinateur personnel, sur
lequel figuraient des documents de travail
« non confidentiels ».
Mercredi, une équipe de France 2 se rend sur
place. La porte du domicile de Sophie Bouchet-Petersen est toujours fracturée et les
journalistes en profitent pour pénétrer à l’intérieur. Les images sont diffusées dans les éditions du 13 Heures et du 20 Heures. Ce qui
provoque l’indignation de la conseillère de Ségolène Royal.
« Elle a tout à fait le droit de porter plainte »,
a expliqué hier soir au JDD Arlette Chabot,
directrice de la rédaction de la chaîne. « Nous
avons d’ailleurs expliqué aux auteurs du reportage qu’on ne pouvait pas entrer chez les
gens sans autorisation. » Elle a toutefois re-
fusé de confirmer que des sanctions avaient
été prises à leur encontre.
Ce cambriolage a par ailleurs ému le PS qui
évoque une série d’« épisodes étranges » surve nu s « d e p u i s q u e l q u e s s e m a i n e s » . E n
août 2006, le domicile de Ségolène Royal et de
François Hollande, à Boulogne-Billancourt,
avait été lui aussi visité. Selon l’entourage de
la candidate, il y aurait eu, en moins d’un an,
trois autres tentatives d’effraction chez des
membres de son équipe : deux chez sa secrétaire et une chez un responsable de l’association Désirs d’avenir.
A.M.
Front national. Le candidat jure qu’il n’a
toujours pas ses signatures
Polémique. L’établissement de la banlieue
de Lyon ouvre demain ses premières classes
Le Pen
au bord
de la
crise
de maires
C’est la pré-rentrée
au lycée musulman
Le centre d’appel au siège du FN à Saint-Cloud.
une cellule téléphonique de relance des élus a été mise en place.
Et un point quotidien de « cette
campagne dans la campagne » est
effectué tous les jours autour de
Louis Aliot, le secrétaire général
du Front qui coordonne cette
chasse aux parrainages.
Villiers est accusé d’employer
des « procédés de petite frappe »
« Nous n’avons plus de promesses en réserve, affirme Louis
Aliot et je peux vous assurer que
si nous avions les 500 parrainages, je dormirai mieux la nuit ! »
Reste que cette situation n’entame
en rien, bien au contraire, la pugnacité du président du FN.
Comme nous l’annoncions la semaine dernière, le Front a ainsi
déposé 14 plaintes contre X concernant les pressions émanant de
« faux journalistes » dont les maires feraient l’objet, notamment en
Picardie. De même, le parti de
Jean-Marie Le Pen a saisi la jus-
tice « pour introduction [dans]
son système informatique », intrusion qui expliquerait, aux yeux
du Front, que des listes de maires
ayant promis de parrainer Le Pen
aient pu circuler. Au passage,
Jean-Marie Le Pen désigne le responsable de ses « malheurs » : Philippe de Villiers (MPF), qu’il a accusé d’employer des « procédés de
petite frappe » pour l’empêcher
d’avoir ses 500 parrainages.
Mais l’inquiétude n’est pas
seule à régner au Front. Il y a
aussi l’optimisme. « Certes, cette
collecte de signatures reste extrêmement difficile mais cette difficulté supplémentaire n’est pas insur montable », assure ainsi
Bruno Gollnisch, le numéro deux
du FN. Jean-Marie Le Pen affirmant pour sa part : « Je suis prêt
à prendre le pari que M. Bayrou
sera au-dessous de 10 % au premier tour, alors que je serai audessus de 20 %. »
Denis Boulard
C’est une rentrée scolaire symbolique. Demain matin, à Décines
(Rhône), le lycée privé musulman
Al-Kindi ouvrira ses portes après
huit mois de bataille administrative et juridique. Le CSE (Conseil
supérieur de l’éducation) a finalement donné mardi son feu vert,
contre l’avis du recteur d’académie de Lyon Alain Morvan, qui
avait multiplié les recours contre
cette ouverture. A l’origine, les
porteurs du projet, proches de
l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), avaient
l’ambition de faire de cet établissement de la banlieue est lyonnaise « le plus grand lycée privé
musulman de F rance » – et le
deuxième en date après celui de
Lille. De nombreuses familles
s’étaient pré-inscrites. Dont beaucoup de parents de filles voilées.
Une vingtaine d’élèves seront
présents demain
Al-Kindi aurait dû ouvrir en
se ptembre 2006 et accueillir
250 élèves, de la sixième à la terminale. Demain, jour d’ouverture
officielle, ils ne seront qu’une
vingtaine à venir s’asseoir sur les
bancs du collège. Uniquement des
sixièmes et des cinquièmes. « Ouvrir en milieu d’année pose énormément de problèmes. Nous
étions prêts en septembre. Nous
avions des demandes de familles
de toute la région. Nous avions
une équipe pédagogique au complet. Mais une partie des professeurs a dû s’engager ailleurs. Et
la plupart des familles, ce qui est
normal, ne veulent pas changer
leurs enfants d’établissement en
cours d’année scolaire », explique
Hakim Chergui, le président de
l’association Al-Kindi. Echaudés
par les longs mois de conflits juridiques, les responsables du lycée
Rolland Quadrini/KR Images Presse
Correspondance
Eric Dessons/JDD
Les a, les a pas ? Ira, ira pas ?
Jean-Marie Le Pen parviendra-til à collecter les fameux 500 parrainages d’élus afin de se présenter à la présidentielle ? Moins de
quinze jours avant la date butoir
du dépôt des signatures devant le
Conseil constitutionnel, le
16 mars à 18 heures, le président
du Front national laisse planer le
doute, focalisant ainsi l’attention
des médias sur ce « déni de démocratie » et cette « confiscation
d’élection pour des millions de
Français ». Officiellement, le candidat d’extrême droite disposerait aujourd’hui de 397 parrainages « acquis », c’est-à-dire d’ores
et déjà enregistrés auprès des sages de la rue de Montpensier ou
précieusement conservés dans le
coffre-fort du siège du Front à
Saint-Cloud. Manqueraient donc,
toujours, 103 par raina g es au
« Menhir », comme l’appellent
ses troupes avec affection.
Info ? Intox ? Impossible de le
savoir. Martial Bild, élu francilien en charge de la propagande
du Front, aligne les chif fres :
« Nous nous attendions à un taux
de défection de 20 % des élus
ayant promis de parrainer JeanMarie Le Pen et ne le faisant finalement pas. Mais ce taux est en
réalité de 25 % ! La soixantaine
de personnes travaillant au « Paquebot » [le siège du FN], y compris les gens de la comptabilité,
est sur le pont et nous avons
contacté 34.000 maires ruraux ».
Pour la dernière ligne droite de
cette collecte, qui a déjà coûté
près d’un million d’euros au FN,
Lyon
Journée portes ouvertes au lycée Al-Kindi, en octobre 2006.
ont fait de l’ouverture cette semaine une question de principe.
Même si la véritable rentrée doit
avoir lieu en septembre prochain.
Au dépar t, le lycée devait
s’installer dans une ancienne
mosquée de Décines. Le projet
avait été refusé car ces locaux ne
remplissaient pas les conditions
de sécurité et d’hygiène requises
pour un établissement scolaire.
L’association Al-Kindi avait alors
présenté un projet nettement
plus ambitieux (le projet actuel),
situé dans un bâtiment de bureaux réaménagé grâce à 750.000 €
de travaux financés, selon l’association, par des dons.
Mais la démission un peu
confuse de celui qui devait être
directeur de l’établissement à la
rentrée 2006 relance la méfiance
du recteur. Les rapports se tendent. Le recteur dénonce « une
direction de paille » pour justifier
son opposition, n’hésitant pas à
parler de « l’intégrisme » des défenseurs du lycée, qui viennent
manifester à plusieurs reprises
sous ses fenêtres. A cela s’ajoutent des problèmes de pollution
des sols sous le bâtiment, qui justifient un dernier recours, invalidé cette semaine. Depuis la rentrée ratée de septembre, les responsables régionaux du Conseil
français du culte musulman dénoncent « l’hostilité de principe
de la part de l’administration à
l’idée d’un lycée musulman ».
Enseignement de l’arabe, du
turc, du chinois ou du japonais
En attendant que le lycée obtienne un contrat avec l’Etat, le
coût de la scolarité est fixé à
1.200 € par enfant. Des cours de
culture islamique seront dispensés sur trois heures hebdomadaires. Ainsi que l’enseignement de
langues « rares », comme l’arabe,
le turc, le chinois ou le japonais.
« Nous voulons devenir un établissement privé sous contrat
comme les autres. A partir du
moment où nous remplissons les
conditions, il n’y a pas de raison
que nous soyons traités dif féremment de collèges ou de lycées
catholiques », insiste Hakim
Chergui.
Alice Géraud
Société
/7
4 mars 2007
Bordeaux. La multiplication des recours empêche la révision des sacro-saints classements
Les flacons de la discorde
Cette semaine, la justice
a annulé le classement 2003
des crus bourgeois du Médoc,
et un recours a été lancé
contre le classement 2006
de ceux de Saint-Emilion.
consommateur et les marchés
étrangers. « Si on n’est pas un
professionnel, on est perdu », dénonce Jean Gautreau, qui note,
par exemple, que le classement
des meilleurs crus de Saint-Emilion utilise des mentions pratiquement inverses à celui des
bourgognes.
« Certains crus classés
ne sont pas à leur place »
Florence Durand/Sipa
Son attaque en bouche
soyeuse, sa robe rubis intense et son nez subtil aux doux
arômes de fruits mûrs et d’épices
font du Château Sociando-Mallet,
de l’avis des amateurs, un cru exce ptionnel : pour cer tains, ce
haut-médoc pourrait rivaliser
sans crainte avec des deuxièmes
crus classés. Mais son producteur
n’a jamais rien fait pour figurer
dans les palmarès de l’aristocratie vinicole bordelaise. « Tout ça
est devenu un peu obsolète, pas
vraiment fiable et, surtout, trop
complexe », estime Jean Gautreau. « Le juge suprême, c’est le
consommateur », tranche cet iconoclaste qui, à 80 ans, jette un regard désabusé sur ceux qui se déchirent aujourd’hui pour sauver
leur place dans une hiérarchie
souvent dépassée.
Cette semaine, au ter me
d’une longue bataille juridique
menée par les « recalés », la justice a annulé le classement 2003
des crus bourgeois du Médoc, et
un recours a été lancé contre le
classement 2006 de ceux de SaintEmilion. Pour Thierry Gardinier,
le président de l’Alliance des
cr us bourg eois, la potion est
amère : « Dix ans de travail, de
réunions, d’investissements bénévoles des membres du jury,
tout ça est balayé. »
C’est de grand ménage qu’il
était en effet question : le classement des crus bourgeois (catégorie intermédiaire, en dessous des
grands crus classés, dans la hiérarchie des vins bordelais) date
de 1932. Mais cette distinction n’a
jamais été validée par les pouvoirs publics, ce qui a permis à
beaucoup de s’approprier sans
vergogne la noble étiquette. En
projet depuis des années et après
moult tractations, le principe
d’une révision est enfin adopté en
2000. Trois ans plus tard, c’est le
coup de torchon sur les chais bordelais : sur 490 vins candidats à la
nouvelle sélection, le jury n’en retient que 247, classés en trois nouvelles sous-catégories homologuées par le ministère de l’Agriculture (avec la mention « cru
bourgeois exceptionnel » pour les
meilleurs).
Cette louable entreprise de
dépoussiérage va pourtant être
remise en cause devant le tribunal administratif par quelque
80 perdants. Ces derniers dénoncent la partialité du jury, qui n’a
« même pas pris la peine de visiter les propriétés » ni pris « la mesure des efforts produits » sur les
domaines, dit l’un des recalés. La
cour administrative d’appel de
Bordeaux, sans remettre en question la volonté de faire émerger
les meilleurs, a ef fectivement
pointé « un manquement à l’obligation d’impartialité » en notant
que « plusieurs propriétaires
d’exploitations, concernés par le
classement des crus bourgeois du
Médoc, étaient membres du jury
de professionnels ».
Une décision de justice qui
crée « un véritable pataquès ! »
s’exclame Eric Agostini, avocat
de l’un des recalés : on revient à la
liste caduque de 1932, mais « qui
va empêcher ceux qui avaient obtenu la mention “cru bourgeois
exceptionnel”, en 2003, de l’apposer sur leurs bouteilles ? ». A la
tête des frondeurs, Denis Hecquet, le président de l’Union des
viticulteurs médocains, reconnaît
qu’il faudra « se remettre au travail pour redonner du lustre à la
mention “cru bourgeois” ».
« C’est comme en politique, tout
le monde voudrait être élu »
Même situation, ou presque,
pour le classement des crus de
Saint-Emilion, également mis en
cause cette semaine. Ce palmarès,
qui date de 1955, a au moins le
mérite d’être révisé tous les dix
ans. Non sans encombre. Sur
onze propriétés qui n’ont pas été
reconduites dans la mention
« grand cru classé » en 2006, parue au Journal officiel en janvier 2007, sept ont entamé un recours devant le tribunal administratif, en mettant en cause, là encore, la partialité du jury. « C’est
comme en politique, tout le monde
voudrait être élu », sourit Jean
Gautreau.
Ces deux cas montrent à quel
point il est difficile de toucher à
l’ordre établi dans le vignoble
bordelais. Les notables qui y règnent depuis des générations ont
mis au point, entre eux, pas
moins de cinq classements « privés » qui distinguent leurs châteaux, contrairement à d’autres
régions comme la Bourgogne et
l’Alsace, où les parcelles sont
classées par un organisme public, l’Inao (Institut national des
appellations d’origine). La multiplication des recours en justice
risque de miner un peu plus ce
Le banquier fraudait
à la Carte bleue
Télévision, ordinateur, meubles, vêtements de marque, parfums de luxe, voyages… Entre
juillet et novembre 2006, ce couple de Montreuil (Seine-Saint-Denis) ne s’est privé de rien. La première estimation des policiers de
la BFMP (Brig ade des f aux
moyens de paiement) se chiffre à
45.000 €. La combine a pris fin
cette semaine. Elle reposait sur
une « Yes Card », un bout de plastique imitant une vraie carte de
crédit mais muni d’une puce clonée qui répond positivement quel
que soit le code frappé, à condition de ne pas dépasser un certain seuil – généralement autour
de 100 €.
Plus que la méthode, ce sont
les profils des auteurs qui ont
sur pris les enquêteurs. Elle,
47 ans, travaille pour une société
d’assurance. Lui, 49 ans, est
comptable pour une banque d’affaires de la rue du FaubourgSaint-Honoré. Tous deux sont divorcés et n’avaient évidemment
jamais eu affaire à la justice. Selon leurs déclarations, ce serait
un « Africain » qui leur aurait
« donné » la carte providentielle
qui leur a permis de vivre très
confortablement sans avoir à toucher à leurs salaires.
En plus de ses achats divers
– opérés au travers de chèquescadeaux du grand magasin Le
Printemps mais dépensés dans
de nombreuses enseignes
comme la Fnac, Darty ou Conforama –, le couple avait pris l’habitude de faire ses courses alimentaires à la Grande Epicerie
du Bon Marché. C’est d’ailleurs
le service de sécurité du grand
magasin de la rive gauche qui a
mis la police sur la piste des
deux escrocs. Devant le volume
et la quantité des biens acquis
frauduleusement, les policiers
ont préféré placer l’appartement
du couple sous scellés plutôt que
de se lancer dans un déménagement encombrant.
S. J.
système déjà en partie déconsidéré. A l’Inao ou dans d’autres
institutions non bordelaises, la
critique est sévère, même si peu
acceptent de sortir de l’anonymat : on dénonce un produit hié-
rarchisé à l’extrême, avec des
couches s’empilant parfois sans
cohérence ; on regrette la « complexité » des classements et le
« manque de lisibilité » qui en découle, sur l’étiquette, pour le
Dans ce monde très feutré du
vin, beaucoup estiment aussi que
certains crus classés n’ont rien à
faire dans ces palmarès bordelais. Même la prestigieuse classification de 1855, qui concer ne
une soixantaine de vins du Médoc et de Sauter nes, avec des
« stars » comme Lafite, Latour ou
Yquem, aurait besoin d’être mise
à jour. « Une petite dizaine ne
sont pas à leur place », estime
Jean Gautreau, relayé de puis
longtemps par plusieurs sommités. Depuis un siècle et demi, les
propriétés ont parfois triplé de
surf ace et les techniques ont
considérablement évolué, mais
cet antique re gistre de la noblesse bordelaise n’accepte pas la
réforme en ses terres. Sauf une
fois : en 1973, pour faire passer le
mouton-rothschild de deuxième à
premier cru… Il avait alors fallu
le coup de pouce personnel d’un
président de la République, Georges Pompidou.
Pourra-t-on un jour réformer
ces classifications désuètes qui
n’éclairent guère le public ? Au
ministère de l’Agriculture, on
joue la prudence : « L’administration n’est pas un goûteur professionnel. Ces classements de bordeaux sont privés, c’est d’abord
un sujet professionnel. » Mais
quid des consommateurs ? De
cette volonté de transparence revendiquée haut et fort par les
pouvoirs publics ? « On ne fait pas
l’autruche, mais c’est un sujet difficile », finit-on par avouer.
Emmanuelle Chantepie
et Hugues Jeanneaud
(à Bordeaux)
Société
8/
4 mars 2007
Retrouvailles. Deux frères, l’un SDF, l’autre travailleur social, ne s’étaient pas vus depuis douze ans
Réunis grâce à l’Abbé Pierre
coordinatrice de Lille. Denis
n’oubliera jamais. « C’était le
samedi 27 janvier, vers 23 heures.
Elle m’a dit : “Votre frère est à
côté de moi.” » La coordinatrice
propose finalement d’amener
Eric chez son frère. « On a parlé
toute la nuit », disent-ils. Denis
tente de comprendre les raisons
qui ont poussé son frère dans la
rue. Le déclencheur semble être
le décès de leur mère, dont il était
très proche. Dépression, perte
d’emploi, divorce… « Je ne voulais pas demander d’aide. Je pensais que personne ne m’aimait »,
dit Eric.
Romeries (Nord)
Envoyée spéciale
Côte à côte, ils se ressemblent. Il y a celui qui n’arrête pas de sourire et celui qui a
l’air triste. Il y a celui qui
n’arrête pas de parler et celui qui
préfère le silence. Denis, 41 ans,
et Eric Bonnet, 40 ans, sont frères. Ils ne s’étaient pas vus
depuis douze ans. Fin janvier, ils
se sont retrouvés. Denis est travailleur social à Solesmes (Nord),
Eric vivait un peu plus au nord,
dans les rues de Lille. Caché sous
un pont, à quelques mètres du
campement des Don Quichotte.
« J’ai l’impression d’avoir
dormi pendant des années et de
me réveiller enfin », mur mure
Eric. L’ancien SDF ose à peine
formuler ce qu’il ressent, regarde
autour de lui tous ces meubles,
cette table en bois, ce canapé
confor table, la chaleur qui se
répand. « Je savais qu’il vivait
dans la rue, raconte l’aîné. Je l’ai
cherché pendant des années. »
Denis en faisait des cauchemars,
qui tour naient à l’obsession.
« Il partait la nuit pour aller le
chercher », confirme Christine,
sa femme. Des années à traquer
un indice. « Parfois j’avais une
info, je prenais ma voiture, puis,
quand j’arrivais, il était parti »,
se souvient-il. Eric vagabondait
de ville en ville. Parfois il était
tout près, comme ces quelques
mois passés à Cambrai, à une
vingtaine de kilomètres de la
maison d’Eric à Romeries.
Réapprendre
les gestes du quotidien
Depuis leurs retrouvailles, les
deux frères évoquent régulièrement les moments du passé, leur
enfance, leurs six frères et sœurs
dont ils n’ont aujourd’hui que très
peu de nouvelles, leur père vite
parti, leur mère, ouvrière, qui
cousait à l’usine des boutons sur
les pardessus… « Moi ? Il a fallu
que je travaille très tôt, à 14 ans,
explique Denis. Eric, lui, c’était
le petit dernier. Notre mère lui
mettait les pieds dans la ouate
quand il avait froid. » Eric, tant
bien que mal, raconte des bribes
de ses années de galère, les combines pour survivre, les journées au
pain et à l’eau, les nuits par – 20 °C,
les tentatives de suicide…
Le premier matin, Denis a
retrouvé son frère endormi sur la
chaise du salon. « Quand je suis
parti me coucher, il m’a dit : “Je
me débrouille.” Il n’avait même
pas enlevé ses chaussures. » Eric :
« Dans la rue, je les g ardais
toujours. Pour me défendre plus
facilement si quelque chose arrivait. » Ce matin-là, Eric n’est pas
resté. Il voulait dire au revoir aux
copains de la rue. « Il fallait
surtout que je réfléchisse », explique-t-il. Deux semaines plus tard,
à la mi-février, il est finalement retourné chez son frère. « J’ai pensé
à mes enfants. » Il en a cinq.
Dont trois nés pendant ses années
d’errance. « Ils sont placés. C’est
ma seule chance de les voir dans
des conditions normales. »
« Quand il est revenu, il nous
a fait une surprise, rigole encore
« Je ne voulais pas
demander d’aide »
Le 22 janvier, l’Abbé Pierre
meurt. Eric, la barbe longue, le
bonnet vissé sur le crâne, est
interviewé par une équipe de
télévision. « Un hasard total,
je ne connais pas les gens d’Emmaüs », précise-t-il. Devant son
poste, Denis pense le reconnaître.
Se frotte les yeux, repasse plusieurs fois l’enre gistrement.
« J’ai tout de suite envoyé
un message sur internet aux différentes associations d’entraide
sociale. » Les Don Quichotte
de Paris le rappellent, puis la
Denis. Il s’était rasé la barbe. »
Eric efface petit à petit les stigmates de la rue. « En revanche, il a
mis du temps à enlever son bonnet », souligne Christine. Au fil
des jours, il faut réapprendre les
gestes du quotidien. Eteindre la
lumière en quittant une pièce,
manger à heures fixes, faire la cuisine aussi. « Les pommes de terre
à la cocotte de ma mère », sourit
Eric. Mais toujours cette fichue
crainte : celle de déranger. « Je ne
veux pas m’imposer », insiste-t-il,
le regard toujours dans le vide, les
ongles fortement rongés et les
joues abîmées par les années de
froid. Denis lui a déniché une
caravane, qu’il a installée dans
son jardin. « Comme ça, il a son
coin à lui », commente-t-il, redoutant toujours un peu de voir son
frère repartir.
Eric ne savait pas qu’il avait
un frère travailleur social. « Après
avoir fait plein d’autres boulots,
j’ai commencé celui-ci en 2002,
Denis Bonnet
(à gauche),
travailleur
social, a
retrouvé son
frère Eric (à
droite), SDF,
grâce à un
reportage au
journal de 20
heures. Cela
faisait douze
ans qu’ils
s’étaient
perdus de
vue.
précise Denis. Sûrement pas pour
rien. » Dans le local de l’association Remous, à Solesmes,
il travaillait en pensant à ce frère
disparu. Aujourd’hui il peut
enfin l’aider, le voir s’adapter,
l’encourager à décrocher de
l’alcool – « A la fin du mois, je
rentre en cure », affirme Eric –, lui
proposer un travail. « S’il le souhaite, ajoute Denis, il pourra intégrer l’association et un de nos
chantiers d’insertion : nettoyage
de berges ou réparation de meubles… Il a envie d’avancer. Mais il
faut aussi lui laisser le temps de
s’adapter. » Pas facile d’effacer
douze années de rue. Eric a laissé
une partie de ses affaires sous le
pont où il dormait depuis cinq ans
à Lille. « C’était chez moi. » A l’intérieur de ses sacs: des vêtements,
des papiers et les photos de ses
enfants.
Elsa Guiol
Reportage photo
Eric Dessons / JDD
Premier repas
et première
nuit pour
Eric, dans la
famille de
son frère
Denis.
TELEX
Livre. Ses récits, d’abord livrés sur son blog, racontent le quotidien
des flics de terrain
Le tunnel du Mont-Blanc
est fermé
Bénédicte, policière et conteuse
recherche génétique. « Mais cela
l’emmerdait, c’est une écorchée
vive, elle voulait du concret »,
raconte l’un de ses proches, également policier. Dans la r ue,
la jeune femme avise un gardien
de la paix, lui demande comment
faire la même chose. « Je ne voulais pas d’un travail routinier,
et puis j’aime la loi pénale française, je la trouve rationnelle,
même si elle est souvent mal
appliquée. »
Sandrine Roudeix / JDD
Il y a ce flic de Police Secours
qui débarque, furibard, enroulé
dans une couver ture dégoulinante. Après une chute sur un
cadavre en décomposition qui
a explosé sous le choc, le malheureux a été contraint de se jeter
dans la Seine. Il y a aussi cette
dame qui proteste alors que les
forces de l’ordre s’apprêtent
à emporter le corps déjà froid de
son enfant : « La couverture, vous
prenez aussi ma couverture ? »
« Finalement, elle a préféré nous
donner un grand sac en plastique
Tati pour l’envelopper », soupire
Bénédicte Desforges. Des histoires comme celles-ci, ce lieutenant
de police, aujourd’hui en disponibilité après avoir été longtemps
en poste dans le 18 e arrondissement de Paris, en a regroupé plus
de 70 dans son livre Flic, chroniques de la police ordinaire*, qui
sort jeudi prochain. Inattendue,
savoureuse et parfois terrible anthologie du quotidien méconnu
des policiers. Des récits qui
ont d’abord été dévoilés sur internet, via un blo g nerveux
(police.etc.ov er-blog.net) qui
a connu un grand succès. Unique
en son genre, il a été très vite
référencé dans des for ums
de policiers. Ces écrits ont
ensuite retenu l’attention de
plusieurs maisons d’édition,
dont Michalon.
Dans la foulée, les internautes ont enfin découvert le visage
et le nom de celle qui signait
Ne pas vivre
dans le monde de Bambi
Bénédicte Desforges publie la semaine prochaine
un livre-témoignage, Flic, chroniques de la police ordinaire,
aux éditions Michalon.
invariablement « un flic » ses billets expurgés de toute date, nom
ou lieu précis, ce qui leur confère
une stupéfiante universalité.
Bénédicte Desforges est donc
cette femme blonde au re gard
d’acier et à la voix grave et enveloppante. « Pour l’âge, écrivez
simplement la quarantaine,
impose-t-elle. Je ne sais plus ce
que j’ai dit aux journalistes que
j’ai déjà rencontrés, j’ai peut-être
menti. » Elle renverse la tête
en arrière, part d’un grand rire
guttural, et allume une énième
Pink Elephant rose. De ces cigarettes colorées et parfumées que
l’industrie du tabac destine aux
très jeunes femmes.
Bénédicte Desforges n’était
pas f aite pour la police. Une
famille parisienne, un père employé chez Total, ce qui a conduit
ses trois enfants à g randir en
Australie, en Indonésie et au
Pérou, une mère expert-comptable. De retour à Paris, Bénédicte
s’embarque pour de longues études en biologie et physiologie
cellulaire qui mènent vers la
Ses parents lui parlent
« régression sociale », elle hausse
les épaules. Après un concours
et huit mois de formation, cette
motarde à qui l’on attribuait des
affinités trotskistes se retrouve
en unifor me, dans les rues des
Hauts-de-Seine. Expérience qui
conforte sa conviction de ne pas
« vivre dans le monde de Bambi »,
et dont elle tire une bonne part
de ses chroniques. Cet incroyable
moment suspendu, par exemple :
alors qu’elle poursuit deux toxicos dans une cité du 92, la fliquette perd le contrôle de sa voiture et se retrouve plantée contre
une palissade. Tandis que des applaudissements retentissent des
fenêtres des HLM, la voiture des
poursuivis revient élégamment
en ar rière. « Ils venaient vers
nous pour proposer leur aide »,
raconte-t-elle.
Au bout de quatre ans, Bénédicte passe le concours d’officier.
Elle sera désormais lieutenant de
police. Af fectée à sa demande
dans le 18 e ar rondissement de
Paris, elle y patrouille heureuse,
entre découverte de corps, chasse
aux trafics et gueuletons dans les
arrière-salles des petits restaurants. Au passage, elle s’initie
aussi au tir à coups de bouchons
de champagne sur des voleurs à
la tire repérés lors d’un repas arrosé. Appréciée de ses subordonnés, elle est vite décriée par sa
hiérarchie pour son intransigeance face à ce qu’elle appelle
pudiquement « des dysfonctionnements » dans les rangs de son
syndicat.
« Si vous êtes intelligente,
jolie et en plus of ficier, vous
suscitez des jalousies, poursuit
son ami policier. Surtout, elle
a un caractère très entier, on ne
fait pas d’elle ce que l’on veut. »
Mutée deux fois, dont la dernière
« au service de protection du
métro, en sous-sol », elle a fini
par se résoudre à demander une
disponibilité, et hésite tous les
jours à y mettre fin. « Après un
livre comme ça, elle risque d’être
révoquée », soupire son ex-collègue. Bénédicte répond par une pirouette : « C’est sûr, je vais avoir
des emmerdes, c’est pas grave.
Je suis diplômée d’Etat de karaté,
je pourrai donner des cours. »
Soazig Quéméner
* Michalon, 251 pages, 16 €.
■ Le tunnel du Mont-Blanc a été
fermé à la circulation hier matin.
Un important éboulement de boue
et de roche bloque totalement
la rampe d’accès, à trois kilomètres de l’entrée, côté français. Les
travaux de déblaiement pourraient durer plusieurs jours. Des
protections doivent être installées
pour éviter de nouveaux éboulements.
Guyane :
deux touristes disparus
■ Un hélicoptère participe depuis
hier aux recherches pour retrouver deux randonneurs français
disparus depuis le 13 février dans
la forêt de Guyane. Ar rivés
la veille de Paris, les touristes
étaient partis pour une randonnée
de plusieurs jours.
Arabie :
les familles rentrent en France
■ Les trois familles des victimes
de l’attentat de lundi en Arabie
saoudite ont décidé de quitter
Riyad pour rentrer définitivement
en France. Trois des quatre Français tués travaillaient sur place.
Le quatrième était un adolescent.
Ils faisaient une excursion dans
une région désertique du royaume
quand ils ont été attaqués par un
groupe d’hommes armés.
Marseille :
manifestation de Kurdes
■ Un millier de Kurdes ont manifesté hier à Marseille pour dénoncer l’empoisonnement supposé
du dirigeant séparatiste Abdullah
Öcalan. Selon ses avocats, le
leader kurde emprisonné serait
victime « d’un empoisonnement
progressif ».
4 mars 2007
Société
10/
4 mars 2007
Petit Poucet. L’épopée de son équipe amateur en Coupe de France galvanise la petite ville
C’est Montceau-le-Foot
Montceau-les-Mines
Martial Beaucaire,
32 ans, capitaine de
l’équipe, est
responsable
logistique dans la
société
d’électronique
Sipec. Ici à SaintVallier, avec sa
famille.
Yazid Deghache, 34 ans, gardien
remplaçant, est éboueur.
Envoyée spéciale
Il flotte comme un parfum
de Coupe du monde dans
cette ville-là. Toute une population
unie derrière les joueurs de son
petit club de football, tombeur de
Lens en quart de finale de la Coupe
de France mercredi. Les amateurs
de CFA (4e division), à 3 points des
relégables, contre les professionnels de Ligue 1, deuxièmes au classement ; nouveau Petit Poucet qui
se prend à rêver* de refaire le
coup de Calais, arrivé en finale de
la Coupe de France en 2000.
Farandole de ballons dans les
rues, écharpes et posters dans les
vitrines, Montceau-les-Mines
(Saône-et-Loire) s’est vêtue de
rouge et blanc, les couleurs du
maillot de ses héros. Hier, un bus a
amené les joueurs à la mairie.
Klaxons, discours au balcon, verres offerts aux habitants… « C’est
historique, on ne parle plus que de
ça », se réjouit Jean-Luc Cambiolo,
patron du bar La Bourgogne, où
joueurs, familles et amis ont terminé de fêter la victoire jeudi à
l’aube. « On est tous fiers d’habiter
Montceau. Cela donne une âme à
la ville. Tout le monde soutient
l’équipe, même ceux qui ne s’intéressaient pas particulièrement au
foot. » Il n’avait pas fallu deux
jours pour vendre les 10.500 tickets
réservés aux supporters du Football Club de Montceau Bourgogne.
Le stade de Gueugnon, qui a accueilli la rencontre, à 30 kilomètres de là, jouait à guichets fermés.
Presque la moitié des 20.000 habitants de Montceau était présente.
A gauche, Damien Bagrowski, 22 ans, est employé au McDonald’s. A droite, Romain Crétin, 21 ans,
est en deuxième année d’IUT au Creusot.
Les jeunes comme les vieux, les
femmes, et pas seulement les épouses et sœurs des joueurs…
Dans les rues de la ville, on se
sent exister. Il y a quelques jours
encore, beaucoup en France auraient situé Montceau-les-Mines
au fin fond du Nord, dans ces bassins miniers dévastés. Raté, c’est
le sud de la Bourgo gne. « Au
moins, aujourd’hui les gens savent où se trouve Montceau, s’enthousiasme Jérôme Zubko,
éboueur à la ville et ancien joueur
de l’équipe. Même le Tour de
France, qui est passé ici en juillet,
n’a pas eu cet impact. » « Ce n’est
pas parce qu’on habite une ville
au milieu de la France qu’on est
des bouseux », renchérit Romain
Crétin, g ardien de l’équipe,
21 ans, devenu star locale après
avoir arrêté deux penaltys bordelais en huitième de finale il y a un
mois.
Aujourd’hui, les habitants de
Montceau le félicitent dans la rue.
Lui, le plus jeune de l’équipe, ar-
rivé il y a seulement deux ans,
après avoir joué dans l’équipe réserve de Gueugnon en CFA2, est
étudiant en deuxième année
d’IUT de technique de commercialisation. Le jour du match,
120 personnes de son village de
Liergues, dans le Beaujolais, ont
fait le déplacement.
Sourire aux lèvres, Romain
Crétin a pourtant la gloire tranquille. Comme l’ancien, Martial
Beaucaire, 32 ans, capitaine emblématique de l’équipe et respon-
sable logistique dans une société
d’électrotechnique, qui tente
d’analyser l’exploit : « Le club a
fait deux montées de division en
quatre ans. Pas à coups d’argent
mais de façon progressive, grâce
au travail, en structurant le club.
On peut être fiers de nos sacrifices. » Martial a grandi les crampons aux pieds. Vingt ans qu’il est
au FCMB. Quand il avait 24 ans, il
a eu l’oppor tunité de quitter
Montceau. Il aurait peut-être pu
devenir joueur professionnel. Il
n’a pas voulu. « J’étais bien en famille », explique-t-il aujourd’hui,
assis dans le salon de son pavillon, à côté de sa femme et de ses
deux enfants. « Un des sponsors
du club m’a trouvé un travail. »
Si le FCMB emploie une majorité d’amateurs, le noyau dur de
l’équipe est passé par le centre de
for mation de Gueugnon. Employés ou étudiants, semi-professionnels et salariés du club sont
tous logés à la même enseigne :
cinq entraînements par semaine.
S’il le faut, les patrons des amateurs, qui sont aussi sponsors du
club, aménagent les horaires.
« On est sur une ter re de foot,
comme beaucoup de bassins miniers, à l’image de Lens ou Saint-
Etienne, précise Yannick Chandioux, joueur et coentraîneur du
club avec Lionel Large, et petitfils de mineurs. Les habitants ont
développé des valeurs de courage,
de solidarité. Parce qu’il fallait
être solidaire quand on travaillait
dans le noir et la poussière… Ces
valeurs se retrouvent aujourd’hui
dans l’équipe et la ville. »
Depuis le dynamitage du dernier puits, en 1992, la ville a
changé pourtant. Il est loin le
temps où 10.000 personnes descendaient chercher le minerai
noir, où l’immense lavoir en brique rouge posé le long du canal
du centre nettoyait le charbon. Le
lavoir est une friche en attente de
réhabilitation et les PME s’installent sur les anciens puits miniers.
A la mairie, on se réjouit de cette
publicité inattendue pour la ville :
« Elle vaut toutes les campagnes
de com », s’enthousiasme le maire
socialiste Didier Mathus.
Garance Le Caisne
Reportage photo
Sandrine Roudeix/JDD
* Le tirage au sort des
demi-finales de la Coupe de France,
a lieu aujourd’hui, à 17 h 50, lors
de l’émission Stade 2.
Travail au noir. Une Colombienne mariée en Alsace menacée d’expulsion
La nounou se rebiffe
Correspondance
Ils ont commis l’erreur de penser que la régularisation serait
plus facile après le mariage. Trois
ans après s’être rencontrés, Dominique Bader l’Alsacien et Luz Piedad Arias la Colombienne se sont
mariés à Duttlenheim (Bas-Rhin)
le 9 septembre 2006. Un mois plus
tard, un premier arrêté de reconduite à la frontière était notifié à
la jeune femme ; la préfecture du
Bas-Rhin a jugé nécessaire d’en
émettre un second jeudi dernier.
« On l’a ressenti comme une provocation », glisse Luz, écœurée.
Cette brune menue à l’accent sudaméricain prononcé s’accroche au
regard de son mari, redoutant les
policiers qui pourraient l’emmener au centre de rétention.
Elle voudrait « avoir le droit
de travailler ». Mais pas comme
une clandestine cette fois. Car Luz
a été nounou à Paris, « chez des
personnes très aisées ». « Dans
l’église que je fréquentais, j’ai appris que Vincent Pere z et sa
femme, qui allait accoucher de jumeaux, cherchaient quelqu’un
pour les aider. » Du baby-sitting,
elle glisse vers le ménage, pour finir par travailler une dizaine
d’heures par jour, payées
« 1.200 € ».
De mars 2003 à juillet 2005, « je
n’ai jamais été déclarée », assuret-elle. Chez les Perez, la version
diffère. On parle de quelques soirées d’appoint pour garder les enfants. « On la connaissait très
peu », assure Karine Sylla, la
femme de Vincent Perez, qui précise que Luz a travaillé pour eux
pendant « sept mois ».
D’une chemise cartonnée, Luz
extirpe des attestations d’assu-
rance et de carte de transport à
l’adresse parisienne du couple. Et
des photos : les jumeaux avec elle
en été, dans une mer transparente. « Nous sommes partis deux
étés de suite en Corse », expliquet-elle. Sur une autre photo, un
nourrisson sourit : le fils de Luc
Besson, beau-frère de « Fanfan »
et voisin immédiat des Pere z.
« J’ai ensuite travaillé de septembre 2005 à juin 2006 pour Luc, dont
la femme venait d’accoucher. »
C’est à cette époque que Dominique Bader, qui a déjà fait sa demande en mariage, caresse l’idée
que ces employeurs prestigieux
peuvent aider sa promise. « Luz
me racontait que Carla Bruni
avait fait régulariser ses employés. Dominique de Villepin est
venu dîner chez Luc Besson. Elle
était dans un milieu où c’était
plus facile d’obtenir des papiers »,
conclut-il.
Jean-Marc Loos pour le JDD
Strasbourg
Luz Bader, ici avec son mari,
espérait que ses prestigieux
employeurs faciliteraient sa
régularisation. Elle s’indigne
qu’on veuille à présent
la renvoyer dans son pays.
Mais Luz s’accroche violemment avec Luc Besson. Une page
se tourne : elle quitte Paris pour
l’Alsace, où elle se marie. La demande de régularisation qu’elle
dépose cinq jours après la célébration est rejetée. Personne ne
conteste la communauté de vie, et
surtout, les liens af fectifs qui
unissent Dominique et Luz. Cependant la préfecture estime que
« compte tenu du caractère récent
du mariage », le refus d’autoriser
le séjour « ne porterait pas une atteinte disproportionnée à son
droit au respect de sa vie privée et
familiale ». « Le jour où elle décide de sortir de la clandestinité,
s’étonne leur avocat, Me Raphaël
Nisand, alors qu’elle a de bonnes
raisons de rester, on se moque du
mariage et on prend la femme
dans le lit du mari ! » « Je suis
écœuré, s’emporte Dominique
Bader. J’estime avoir le droit de
me marier avec qui je veux ! »
La préfecture reproche aussi
à Luz d’être entrée irrégulièrement sur le territoire français.
Alors même que l’Espagne, son
point d’entrée en Europe, n’exige
pas de visa. Elle enjoint à la jeune
femme de retourner en Colombie
et de demander un visa longue durée à l’ambassade de France. « Sur
des sites de discussion consacrés
au sujet, raconte le couple, on a vu
que ça pouvait prendre jusqu’à
dix-huit mois ! » Luz ne comprend
pas bien pourquoi, alors qu’elle
ne dérangeait personne lorsqu’elle
était au service de célébrités, il est
aujourd’hui urgent de l’expulser.
Marine Jobert
Etranger
4 mars 2007
/11
Pakistan. L’un des chefs de la rébellion afghane a été arrêté à Quetta cette semaine
Quetta
Correspondance
Des dizaines de maisons
en pisé sont alignées à flanc
de colline. Des hommes aux yeux
maquillés et au regard sombre
discutent sur le seuil d’une boutique. Nous sommes à Pashtounabad, un quartier de Quetta, dans
le Baloutchistan, à moins d’une
heure de la frontière afghane.
Officiellement, ce lieu abrite des
réfugiés afghans. Officieusement,
c’est un foyer de recrutement de
fondamentalistes. Ces dernières
semaines, le gouver nement
pakistanais, agacé par les allégations de Kaboul, qui lui reproche
d’héberg er des talibans et de
déstabiliser la région, menace de
renvoyer les réfugiés dans leur
pays d’origine.
« La capitale du Baloutchistan constitue une porte d’entrée
prioritaire. C’est une voie royale
pour accéder au sud de l’Afghanistan : Kandahar, Zaboul et la région du Helmand », confirme un
expert à Islamabad. La frontière
qui sépare l’Afghanistan et le Pakistan est poreuse. C’est ce que
confirme Akbar, la tête enserrée
dans un long turban blanc : « Parfois le village reçoit la visite des
talibans, ils vont, ils viennent. »
Lundi à Islamabad, Dick Cheney,
le vice-président américain,
a vertement tancé le président
pakistanais Pervez Musharraf,
l’accusant de ne pas en f aire
assez pour réprimer les réseaux
islamistes. Le lendemain, en
visite sur la base aérienne
afghane de Bag ram, il était la
cible d’un attentat suicide, qui
a tué 18 personnes. Une attaque
revendiquée par les talibans.
La ville est
une véritable poudrière
Le gouvernement pakistanais
voudrait pouvoir démontrer que
tout cela n’est que pure spéculation. « La ville est entièrement
sécurisée et les talibans ont été
éradiqués », assure un membre
des services secrets pakistanais.
Pourtant, en début de semaine,
le mollah Obaidullah Akhund,
ancien ministre taliban de la
Défense, aujourd’hui considéré
comme l’un des principaux chefs
de la rébellion en Afghanistan,
était arrêté dans un hôtel de la
Fayyaz Ahmed /EPA / SIPA
Dans la ville refuge des talibans
Neuf Afghans, liés au mollah Akhund, ont été également
interpellés à Quetta.
ville. Et sur les marchés, il n’est
pas difficile de se procurer la propagande des combattants fondamentalistes.
D a n s l e c e n t re d e Q u e t t a ,
plusieurs échoppes sont réunies
e n u n l i e u u n i q u e. L’ e n d ro i t
a une réputation sulfureuse
parce qu’on y trouve des films
érotiques. Et pourtant, la propagande talibane est montrée avec
fierté. Le vendeur Afzal explique que les combattants fondamentalistes demandent aux commerçants d’en faire des copies
et de les vendre. « Regardez »,
ajoute-t-il. Sur les images, un
homme masqué lit un texte en
arabe. Impossible de distinguer
s’il parle de l’Irak ou de l’Afghanistan. « C’est de la propagande », assène fièrement Afzal.
Sur la copie, justement, l’homme
vient de ter miner sa lecture.
Soudain, on distingue d’autres
personnes masquées et, devant
elles, agenouillé, un prisonnier
américain mal en point. La scène
qui suit témoigne de toute l’horreur du djihad mis en place par
les réseaux Al-Qaida ; le prisonnier est égorgé. « Des vidéos
comme celle-là, on en reçoit
presque chaque jour. Et nous les
vendons plutôt bien », continue
Afzal. Les acheteurs ? « Des gens
de la rue, n’importe qui. Nous
avons même des étudiants. »
S’il y a eu par le passé des
descentes de police pour supprimer tout matériel relatif à la
guerre sainte – posters d’Oussama ben Laden, magazines de
groupes religieux, cassettes et
DVD –, depuis quelque temps les
autorités semblent se concent re r s u r a u t re ch o s e. N o t a m m e n t s u r l e s bu re a u x d ’ O N G
islamistes comme Al Rasheed
T r u s t o u A l A k h t a r, q u i o n t
récemment été fermées et dont
les comptes ont été gelés. « Nous
savons que ces org anisations
financent Al-Qaida et envoient
des combattants en Afghanistan », explique, sous couver t
d’anonymat, l’expert en poste à
Islamabad, qui ajoute : « Quetta,
pour elles, c’est du pain bénit.
Entre les activistes balouches,
les centaines de milliers de réfugiés afghans et les responsables
talibans, la ville est une véritable poudrière. Sans compter les
problèmes récurrents entre chiites et sunnites. »
Des liens réels existent entre
les talibans implantés à Quetta
et les combattants des zones tribales. « C’est ce cordon que les
autorités pakistanaises doivent
à tout prix couper afin de les déstabiliser », précise-t-il encore.
Pour l’heure, les dossiers des
personnes à surveiller à Quetta
s’accumulent sur le bureau des
membres de l’ISI, les services
secrets pakistanais. La vague
d’attentats qui touche le pays depuis quelques semaines montre,
une fois encore, que le problème
afghan déborde sur le Pakistan.
Eric de Lavarène
et Nadia Blètry
Ethiopie.
Soulagement du côté
français. Les sept Français
dont on était sans nouvelles dans le nord-est
de l’Ethiopie sont sains
et saufs. Leur accompagnateur a enfin pris contact
hier avec l’agence locale
Origins Ethiopia, située
à Addis-Abeba, expliquant
qu’un problème de téléphone satellite les avaient
empêchés de donner des
nouvelles.
Aucune information
sur les ravisseurs
Du côté britannique, en revanche, les nouvelles sont
moins
bonnes.
Le
Foreign Office a confirmé
l’enlèvement de cinq de
leurs ressortissants ainsi
que de huit Ethiopiens.
Ce groupe a été kidnappé
dans la nuit de mercredi à
jeudi à Hamed Ela, une
région désertique qui longe
le sud de l’Erythrée et se
trouve à une cinquantaine
de kilomètres de la frontière. Les véhicules dans
lesquels ces cinq Européens voyageaient ont été
retrouvés hier à Hamed
Ela. Selon le président de la
région Afar (nord-est),
Ismaïl Ali Sero, les 4 × 4 auraient été détruits par des
soldats érythréens à l’aide
de roquettes de RPG-7.
Ismaïl Ali Sero af fir me
tenir ces informations de
trois Ethiopiens libérés
pour des raisons inconnues
par les soldats érythréens.
Le voyagiste qui a organisé l’expédition des touristes a aussi raconté que les
véhicules avaient été
retrouvés détruits. Il n’a
pas fait état de corps retrouvés. Selon lui, les passagers ont été enlevés et
emmenés à pied vers la
frontière avec l’Erythrée.
Une autre source soutient
que, selon un berger de la
région des Afar, le groupe
aurait été vu dans le camp
d’Arata.
« C’est fou, a rétorqué
le directeur de cabinet du
président
érythréen,
Issaias Afeworki. Personne
n’est impliqué dans un
quelconque enlèvement.
Il y a des observateurs de
l’ONU dans la région, comment des soldats érythréens pourraient-ils traverser la frontière ? »
A l’ambassade britannique
à Addis-Abeba, le porte-parole a affirmé hier n’avoir
aucune information sur les
ravisseurs et se refusait à
toute « spéculation ».
Des relations
très tendues
L’Ethiopie a toujours
accusé son voisin, ancienne
province éthiopienne qui a
accedé à l’indépendance en
1993, d’être un élément déstabilisateur dans la Corne
de l’Afrique, notamment en
soutenant les islamistes en
Somalie. Ce qu’Asmara, la
capitale érythréenne, a toujours démenti. Les deux
pays entretiennent des relations très tendues depuis
la guerre frontalière qui les
a opposées de 1998 à 2000 et
a fait 80.000 morts.
Karen Lajon
Jason Reed/Reuters
Le mystère
des touristes
britanniques
« Le cœur lourd » de George Bush
C’est un George Bush compatissant qui s’est rendu hier
en Alabama et en Géorgie, deux
Etats du sud des Etats-Unis
qui ont été particulièrement
touchés par des tor nades
au cours de la semaine.
Le président américain a notamment réconfor té le personnel
d’un collège d’Enterprise
(Alabama), où huit adolescents
sont morts jeudi dans l’effondrement du toit de l’école. « Je suis
venu ici avec le cœur lourd et
je vais faire de mon mieux pour
réconforter ceux qui ont perdu
des proches ou des biens », a-t-il
déclaré.
Il a également lancé un appel
aux Américains pour qu’ils
contribuent à aider les victimes
en versant des fonds à des organisations comme la Croix-Rouge.
Pas moins de 31 tor nades
se sont abattues, dans la journée
de jeudi essentiellement, sur
l’Alabama, le Missouri (Centre)
et la Géorgie (Sud), déracinant
les arbres, emportant voitures et
pylônes électriques et détruisant
les habitations. Avec cette visite,
l’administration américaine
s o u h a i t e e f f a c e r l e s o u ve n i r
désastreux de l’ouragan Katrina
qui avait dévasté la Louisiane
et le Mississippi, en août 2005.
Le président américain avait été
alors vivement critiqué pour la
lenteur de sa réaction.
A.M.
TELEX
Cote d’Ivoire : vers un accord de paix ?
Kosovo : manif pour l’indépendance
Ahmadinejad en Arabie
■ Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le chef
des Forces rebelles, Guillaume Soro, devraient signer
aujourd’hui à Ouagadougou, au Burkina-Faso, un
nouveau plan de paix pour mettre fin à la partition
du pays, divisé depuis 2002, et organiser des élections.
■ Plus de 3.000 albanophones ont manifesté dans
le calme hier à Pristina pour réclamer l’indépendance immédiate du Kosovo et protester contre le
plan de l’ONU, jugé insuffisant, sur un nouveau
statut de la province.
■ Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est
arrivé hier à Riyad pour s’entretenir avec le roi
Abdallah sur la violence confessionnelle en Irak,
la crise politique au Liban et le pro g ramme
nucléaire controversé de Téhéran.
Pleine page
12/
4 mars 2007
Scott Dalton/WPN pour le JDD
Natalia Rodriguez,
jeudi, sur la place
Simon-Bolivar dans
le centre de Bogota,
où elle étudie
les relations
internationales.
« J’ai été otage des Farc »
Natalia Rodriguez a été enlevée en 2001 par la guérilla colombienne. Récit de trois années
de captivité dont la jeune fille ne réussit pas à se libérer
Bogota
Envoyé spécial
Natalia Rodriguez est une
miraculée. En bonne
croyante, la jeune étudiante n’en finit pas de remercier Dieu de lui
avoir offert une seconde chance.
Dans le petit salon de l’appartement de Bogota qu’elle partage
avec ses deux frères, elle a tapissé
les murs d’images pieuses. « Je
veux profiter de chaque seconde de
mon existence », assure-t-elle en se
tortillant dans son fauteuil. Pourtant, la jolie brune se réveille souvent la nuit, poursuivie par le
même cauchemar. Les Farc (Forces
armées révolutionnaires de Colombie) viennent à nouveau la chercher, l’obligent à quitter son appartement pour partir avec eux dans
la jungle. On ne guérit pas rapidement de trois années de captivité.
Natalia se souvient encore parfaitement de cette nuit de juin 2001
où tout a basculé. Elle avait tout
juste 15 ans et marchait dans la forêt, pieds nus, en pyjama. A ses côtés, son père et son oncle, tête baissée. Autour d’eux, 30 guérilleros
des Farc, arme au poing et bouche
cousue. Quelques heures auparavant, ceux-ci avaient déboulé en tenue de policier dans l’appartement
familial de Neiva, une préfecture
de 500.000 habitants à 350 kilomètres au sud de Bogota.
L’immeuble n’avait pas été
choisi au hasard. « Les Farc
avaient un papier sur lequel
étaient inscrits les noms d’une
quinzaine d’habitants du bâtiment. » Les parents Rodriguez, riches entrepreneurs de la région,
faisaient partie de la rafle. Natalia
et ses deux petits frères aussi.
Sans ménagements, les guérilleros tirèrent les enfants du lit puis
les traînèrent dans la cage d’escalier. Des voisins étaient déjà là. A
l’extérieur, un camion les attendait. Après six heures de route,
les Farc ont fini par relâcher la
mère de Natalia, ses frères et trois
autres otages. « Il m’a fallu plusieurs jours pour réaliser ce qui
m’arrivait, que c’était bien la vie
réelle. »
Cette vie-là va durer trois ans,
trois mois et trois jours. Natalia
devient l’otage d’un conflit qui la
dépasse et qui oppose depuis plus
de quarante ans la guérilla d’extrême gauche et l’Etat colombien.
L’organisation marxiste n’a pas
bougé d’un iota depuis sa création
en 1964. Ni son idéologie ni sa
structure. Son chef, Manuel Marulanda Vélez, aujourd’hui 76 ans,
se cache toujours dans les montagnes colombiennes, fustigeant le
suit Alfredo Rangel. Car, tout en
étant une organisation criminelle,
ils n’ont pas perdu leurs objectifs
politiques. »
L’idéal des Farc, Natalia le
connaît. Mais ce qui la hante encore aujourd’hui, c’est sa vie quotidienne en leur compagnie : « Nous
avons passé les trois premiers
mois dans le même camp, au milieu de la forêt. Nous étions neuf
otages, entassés dans une cabane
d’à peine 15 m². » Très vite, les guérilleros leur apprennent les règles
à respecter à l’intérieur du camp.
Défense absolue de parler ou
d’écouter la radio après
Nourriture infecte. Vie précaire.
20 heures, interdiction totale
Hygiène épouvantable. Plus
d’allumer une lumière le soir.
aucune intimité. Et la peur, à
Les guérilleros leur dischaque fois, que les hélicoptères tribuent un savon et du dentide l’armée bombardent la jungle frice pour un mois. Surtout,
ils expliquent qu’ils seront
surveillés 24 heures sur 24
« fascisme » du gouvernement et par deux gardes qui se relaient
« sa collaboration » avec les Etats- toutes les deux heures. La douche
Unis. Seuls ses moyens d’exis- se prend sous le re gard d’un
tence évoluent avec le temps. « Le homme en treillis, dans la rivière
mouvement n’a pas bénéficié d’ai- en contrebas. Les besoins se font
des de pays étrangers comme les dans un trou creusé dans la terre.
autres guérillas d’Amérique du Là aussi sous surveillance. Natalia
Sud, explique Alfredo Rangel, spé- n’en dit pas plus mais on devine
cialiste des Farc. Il a donc trouvé l’humiliation. « Cette perte d’intises propres sources de finance- mité est l’un des plus gros traumament avec les enlèvements, le tra- tismes dont souffrent les otages »,
fic de drogue et le racket. »
racontent Adriana Gordillo et JaAu début des années 2000, l’en- neth Santiago, psychologues à Fonlèvement était l’une des marques delibertad, un organisme dépende fabrique des Farc. Aujourd’hui, dant du ministère de la Défense
le narcotrafic a pris le pas sur les qui vient en aide aux séquestrés et
kidnappings, le nombre d’enlève- à leur famille. « C’est très dégraments en Colombie a baissé de dant, surtout quand les geôliers se
83 % en quatre ans. Mais 2.000 à moquent de l’otage. » Ceux de Na3.000 personnes restent encore en- talia n’étaient pas comme ça. « Nos
tre les mains de la guérilla. Ingrid relations étaient très limitées mais
Betancourt, qui a entamé la se- cordiales. »
maine dernière sa sixième année
La jeune fille n’a donc pas subi
de captivité, est l’une d’elles. Elle de maltraitance ni d’agression
fait partie des 57 otages politiques sexuelle, « une question que l’on
« échangeables » contre 500 pri- me pose tout le temps », soupire-tsonniers des Farc détenus dans elle. Une fois seulement, elle s’est
les prisons colombiennes. Mais retrouvée attachée quelques heul’immense majorité des séques- res à un arbre. « J’avais mal parlé
trés sont des civils, plus ou moins à un garde », confesse-t-elle.
fortunés, que les Farc enlèvent
La nourriture, elle, est infecte.
pour de l’argent. « Ils utilisent ces Du riz, mal cuit, tous les jours. Des
rançons pour renforcer leur ar- légumes quelquefois, mais alors
mée et acheter du matériel, pour- recouverts de fourmis, qu’après
plusieurs semaines les otages ne
prennent plus la peine d’enlever.
De la viande, rarement et le plus
souvent en état de décomposition.
Pendant la première semaine, Natalia tombe gravement malade.
Elle vomit, a de la fièvre. Un médecin guérillero, qui sera présent
pendant trois ans sur le camp, la
soigne. « Les Farc tenaient à garder la marchandise en bon état »,
ironise-t-elle.
Durant les premiers mois, la
vie demeure, de son propre aveu,
« assez tranquille ». Les otages
sont alors gardés dans une zone
démilitarisée. Le Président de
l’époque, Javier Pastrana, négocie
avec les Farc. Mais, en février 2002,
la guérilla détourne un avion et
prend en otage deux politiques venus négocier la paix. L’armée colombienne lance une offensive.
« Le pire a alors commencé », explique la jeune étudiante. La première nuit est un véritable cauchemar. « Nous avons d’abord entendu
des explosions au loin. Puis, peu à
peu, elles se sont rapprochées. Les
hélicoptères bombardaient comme
des fous, juste à côté du camp. Le
bruit était infernal. » Enfermés
dans leur cabane, les otages paniquent. Plusieurs de leurs gardiens
débarquent en catastrophe, leur
expliquent qu’il faudra fuir si le
camp est attaqué. Terrorisée, Natalia ne ferme pas l’œil de la nuit.
Les soirées suivantes sont aussi
terrifiantes: « Nous dormions tout
habillés, avec nos bottes aux pieds
pour fuir en cas d’urgence. Puis
nous avons commencé à changer
constamment de camp. »
Au total, les 30 guérilleros et
leurs neuf otages vivront dans une
vingtaine d’endroits. Les Farc sont
régulièrement ravitaillés en nourriture et vêtements par d’autres
guérilleros ou des villageois acquis à leur cause. Ils disposent
aussi de multiples caches de provisions en plein milieu de la forêt.
Quand l’armée colombienne
leur accorde un répit, une certaine
routine s’installe. Natalia apprend
à tricoter, discute des heures avec
les autres otages, sa « nouvelle fa-
mille ». Elle lit aussi. Toujours les
mêmes bouquins. Natalia apprend
presque par cœur Cent ans de solitude, le chef-d’œuvre de Garcia
Marquez. Son père, lui, lit la Bible
plusieurs fois. « Ils ont bien essayé
de nous donner des livres sur le
communisme et de nous convaincre que leur cause était la bonne,
mais ils ont vu qu’avec nous ce
n’était pas la peine. »
L’adolescente écoute aussi la
radio. Un jour, elle entend un message de ses copines dans une émission destinée aux otages. « Elles
expliquaient qu’elles allaient passer leur bac. Ça m’a fait tellement
mal d’entendre ça, de voir que ma
vie à moi s’était arrêtée. » Mais
Natalia attend toujours la nuit
pour pleurer. « Je ne voulais pas
paraître vulnérable devant les autres, ça les aurait affaiblis à leur
tour. Il existait une grande solidarité entre nous. » Elle a notamment tissé des liens très forts avec
une femme, capturée en 2003 avec
ses deux enfants. « C’était ma
mère de substitution, elle était
très tendre avec moi, me peignait,
écoutait mes chagrins. » Elle est
toujours aux mains des Farc. « J’y
pense très souvent. »
Fin septembre 2004, le cauche-
mille s’avèrent compliquées. « Tout
le monde avait changé. Il a fallu se
réhabituer. » La jeune fille reprend
le lycée là où elle s’était arrêtée, en
première. « Ce fut dur de tout recommencer. J’avais trois ans de
plus que mes copines de classe.
Même mes petits frères avaient de
l’avance sur moi. » Elle travaille
d’arrache-pied; aidée par ses profs.
« Je ne voulais qu’une chose : partir de cet endroit, de cette ville. »
D’autant que la famille habite toujours le même appartement. Elle
dévide aussi son angoisse chez une
psy. Les trois premiers mois, elle
pleure tous les jours. « Pendant la
captivité, j’avais gardé trop de choses pour moi », explique-t-elle.
Il y a un quelques mois, son
bac en poche, Natalia a fui à Bogota. Aujourd’hui, elle étudie les
relations internationales, lit énormément, s’occupe d’elle, soigne
son look. Elle prétend ne pas en
vouloir à ses ravisseurs. « Bien
sûr, ils ont volé mon adolescence,
mais je leur pardonne. Lorsqu’ils
passeront devant Dieu, ils devront
rendre des comptes. »
Reste qu’elle s’avoue « marquée à vie ». « Tous les jours, je revois des images de ma captivité. »
Elle est encore sujette à des crises
de panique quand un hélicoptère passe au loin. Un
Les Farc détiennent encore 2.000
symptôme classique selon
à 3.000 prisonniers. Dont Ingrid
les psychologues de FonBetancourt. Aujourd’hui, le
delibertad : « Les anciens
mouvement se finance par le trafic séquestrés perdent totalede drogue plus que par les rançons ment confiance et, pour la
plupart, ils souffrent de
stress post-traumatique.
mar de Natalia prend fin. Les Farc Un cer tain nombre s’obligent
lui annoncent qu’ils vont la libérer aussi à se lever à 4 heures du maavec son père et son oncle. La fa- tin, comme en captivité, refusent
mille a vendu des propriétés et de manger avec une fourchette ou
versé la rançon. « Un prêtre est un couteau et utilisent seulement
venu nous chercher et nous a une cuillère. » Natalia, elle, ne supconduits dans un village, poursuit por te plus la campagne, « les
Natalia. Tout ce que l’on n’avait g rands espaces, merci, j’ai
pas vu depuis trois ans nous a donné ! » Elle a blindé sa vie,
semblé si bizarre. Les maisons, le n’aime pas être trop entourée. Elle
ciel qui enfin n’était pas caché par a aussi plongé ses angoisses dans
les arbres, les enfants qui cou- le formol. Espérant qu’un jour, des
raient, les vieux, les chiens. En hommes en ar mes ar rêtent de
fait, ça faisait vraiment peur. »
hanter ses nuits.
Les retrouvailles avec la faAntoine Malo
Etranger
4 mars 2007
/13
Sud-Liban. Incidents entre la population chiite et les troupes de la Finul
Beyrouth
Correspondance
« Aujourd’hui, pour les Libanais
du Sud, les Français sont les ennemis. » Le constat dressé par Amine
Hoteit, général libanais à la retraite,
est sans appel. De fait, les habitants de
Bint Jbeil, bastion du Hezbollah au
Sud-Liban, ne portent pas les soldats
français de la Finul (Force intérimaire
des Nations unies au Liban-Sud) dans
leur cœur. « Quelle est la différence
aujourd’hui entre les troupes françaises et les troupes israéliennes ? », s’interroge Ahmad, propriétaire d’une librairie située dans une rue largement
détruite par les bombardements israéliens l’été dernier. « Quand les Français patrouillent avec leurs chars Leclerc, les enfants pensent que les Israéliens sont de retour et se mettent à
pleurer », s’exclame cet homme de
46 ans, sous un portrait du leader du
Hezbollah, Hassan Nasrallah.
« On ne va certainement pas inviter
les Français à prendre le thé ! »
Sur le terrain, les incidents se
sont multipliés ces dernières semaines entre les troupes françaises et les
habitants de la région. Le dernier en
date, qui suivait de peu un accrochage
entre les soldats espagnols et des villageois du Sud, remonte au 18 février.
Ce jour-là, les habitants de Maroun elRas, un petit village situé à la frontière avec Israël, ont renvoyé à coups
de pierres un convoi médical de l’armée française. « Nous ne voulons pas
de leurs chars ici car ils détruisent les
routes », explique Issam, un jeune
homme du village. Des incidents sur
lesquels les représentants français de
la Finul ne veulent pas communiquer.
Dans ce contexte, les relations sociales ont été coupées entre les municipalités chiites et les Français. « On
ne va certainement pas les inviter à
prendre le thé ! », s’exclame Chawki,
un épicier de 50 ans de Bint Jbeil qui
se souvient pourtant de l’époque où
les F rançais étaient considérés
comme des héros : « Lors de l’invasion
israélienne de 1982, un sergent français avait expliqué à un tankiste israélien qu’il ne pouvait traverser une
zone sous contrôle de la Finul. Ce dernier lui avait gentiment expliqué que
150 chars attendaient derrière lui »,
précise Timur Goksel, ancien porteparole de la Finul. L’image des forces
a aujourd’hui bien changé.
Les lourds chars Leclerc ne sont
toutefois pas la raison principale de la
colère des habitants du Sud. « Sincèrement, si les Italiens passaient avec
les mêmes chars, les réactions seraient différentes, assure Jaffar, propriétaire d’un magasin de téléphones
portables. Tout ceci est politique. » De
fait, selon un notable de la région souhaitant garder l’anonymat, le maire
de Maroun el-Ras, un partisan du Hezbollah, aurait été pris d’une montée
de zèle envers le Parti de Dieu. « Il
existe aujourd’hui un lien direct entre
le centre-ville de Beyrouth [où l’opposition tient un sit-in depuis trois mois
pour faire tomber le gouvernement] et
le Sud-Liban », explique-t-il. L’opposition est dirigée par le Hezbollah, parti
chiite ultrapopulaire au Sud-Liban.
Face à elle, la majorité, dirigée par le
sunnite Saad Hariri et le druze Walid
Joumblatt, est soutenue par les puissances occidentales, au premier rang
desquelles la France.
« Du temps de la première Finul,
[créée en 1978, la Finul a été renforcée
après la guerre de l’été dernier], nous
avions de très bonnes relations avec
les Français. Chirac a détruit cela »,
explique le général Hoteit. « En soutenant la majorité au pouvoir, la France
s’est aliéné les chiites, un tiers de la
population libanaise présente majoritairement au Sud. »
Publiquement, le He zbollah se
garde bien d’attaquer directement la
Finul. « Nous n’avons pas de problè-
Georges Bartoli
Les Français indésirables
A Attiri, un char Leclerc devant le portrait de l’ayatollah Khomeyni.
mes avec elle », a récemment déclaré
Hassan Nasrallah. « Je pense que le
Hezbollah joue un jeu plus insidieux,
estime toutefois Timur Goksel. En lâchant des commentaires du type
“nous espérons qu’ils ne sont pas là
pour nous espionner”, ce parti a instillé la suspicion dans les esprits. »
Et la situation pour rait facile-
ment dégénérer : « Le Hezbollah n’attaquerait jamais directement la Finul.
Mais aujourd’hui, sur un simple claquement de doigts, il pourrait, si nécessaire, faire réagir n’importe qui au
Sud », poursuit Timur Goksel. Etant
donné le contexte, les Français pourraient être les premiers visés.
Elise Siegel
Karen Lajon
Irak : l’avancée
de la conférence
internationale
■
L’initiative vient de Bagdad. Elle plaît à la
France. Samedi prochain, une conférence
internationale exceptionnelle aura lieu dans la
capitale irakienne, à la demande du Premier
ministre, Nouri al-Maliki. Invitation surprise pour
des invités non moins surprenants. En effet, parmi
les convives, figurent les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, les six
pays voisins de l’Irak, notamment la Syrie et l’Iran,
ainsi que la Ligue arabe et enfin l’Organisation de
la conférence islamique.
Le but avoué de cette conférence est de faire
avancer le processus politique et de favoriser une
« réconciliation nationale » sur fond de chaos
quotidien et spectaculaire. L’objectif non dit est de
briser la glace entre les Etats-Unis d’un côté, l’Iran
et la Syrie de l’autre. La France, favorable aux
initiatives régionales, se félicite de cette décision
irakienne et veut voir dans cette démarche une
certaine inflexion de la politique américaine à
l’égard de l’Irak. Paris sera représenté par
l’ambassadeur français en poste à Bagdad. Si les
discussions de cette réunion préparatoire se
concrétisent, elles devraient conduire à une autre
conférence qui aurait lieu aux alentours du
15 avril, cette fois à un niveau ministériel.
Du côté américain, cette initiative
diplomatique intervient moins de trois mois après
la remise au président américain, George W. Bush,
du rapport de la commission Baker sur l’Irak, dont
l’une des recommandations était de « construire un
consensus international en faveur de la stabilité en
Irak et dans la région ». En ce qui concerne la Syrie
et l’Iran, cette invitation pourrait leur permettre de
s’imposer comme puissances incontournables dans
la région. Une conférence qui ressemble à un appel
au secours et à laquelle les grandes puissances ont
répondu présent. La France a néanmoins tenu à
rappeler, par le biais de son ministre des Affaires
étrangères, Philippe Douste-Blazy, que « les voisins
peuvent aider et peuvent ne pas aider, mais les
Irakiens doivent compter avant tout sur euxmêmes… »
Chroniques
14/
4 mars 2007
WOLINSKI
Michèle Stouvenot
Bayrou, la vache
et « l’effet Malabar »
Depuis que le centriste mou
a sorti son disque dur, il est
invité sur tous les plateaux
capable de traire une vache ! »
Mais nom d’un chien, bien
sûr ! Au moment où s’ouvre le Salon de l’agriculture et où le toutpolitique se doit de caresser la
croupe des Blondes d’Aquitaine,
le candidat capable de traire une
vache n’est pas un pis-aller, il
rassure. Dans un monde qui
s’écroule, le pis à lait est une valeur refuge. François Bayrou l’a
parfaitement compris. Qu’a-t-il
fait quand il était ministre de
l’Education nationale ? Rien !
C’est très reposant. L’autre soir,
dans Envoyé spécial, où l’ont
filmé, à sa demande expresse, les
cameramen ? Au côté d’un tracteur ! D’abord le coude négligemment posé sur l’engin, ensuite
carrément juché dessus. Ce tracteur, avec la vache, l’autre mamelle nourricière de sa campagne, a remplacé le cheval blanc
sur lequel il galopait autrefois,
pour Paris Match et le bus à
colza. Des erreurs de bleusaille !
Conduire un tracteur, labourer
les sillons, a peut-être moins de
panache, esthétiquement parlant,
mais en campagne, c’est infiniment plus valorisant.
Une image d’Epinal dont il
faut quand même se méfier. Selon l’historien Jean-Pierre Roux,
traiter François Bayrou de « roquet qui doit rentrer dans sa niche » ou accuser les électeurs potentiels du « très petit Béarnais »
d’être des « inconséquents adeptes du vote de confort », des
« beaufs sirotant leur p’tit rosé
qui va avec tout », ou même des
« benêts qui se mettent les doigts
dans le nez » (Jack Lang) serait
une grossière erreur. Les benêts
sont capables de rébellion et « les
roquets aussi savent mordre ».
Nos bobos sont prévenus : voter
Bayrou, c’est prendre le risque
d’avoir bobo.
FRANC-PARLER
Mais que veulent donc les femmes ?
Professeur de droit et de sciences politiques, romancière, elle publie Le droit des
femmes che z Dalloz à l’occasion de la
Jour née inter nationale de la femme,
jeudi.
Par Evelyne Pisier
En France aujourd’hui, le partage des
tâches familiales reste l’un des plus fins
révélateurs des obstacles à l’égalité entre les
sexes. C’est encore aux femmes que l’on demande de concilier vie professionnelle et vie
familiale, sinon « qui garderait les enfants ? ».
Les plus pessimistes en concluent que l’inégalité se recycle et perdure inéluctablement. Un
point de vue contestable : en France, les femmes ont remporté des victoires décisives.
Mais depuis si peu de temps !
En 1789, les hommes sont enfin censés
naître libres et égaux en droits. Pas les femmes, beaucoup moins humaines qu’eux. Avec
le Code civil, conforté par le Code pénal, et
pendant plus d’un siècle, le droit français n’a
pas donné de droits aux femmes, il les en a
privées. A l’aide de preuves par l’utérus et le
cerveau, théoriciens et politiques ont sanctionné une incapacité féminine aussi évidente que « naturelle ». A gauche comme à
droite, le fantasme de l’indifférenciation des
sexes servait d’alibi à l’injonction d’inégalité.
L’ignorance était un gage de beauté et d’érotisme, de fidélité et de dévouement à l’homme.
A l’incapacité naturelle s’ajoutait une assignation sociale : leur rôle de génitrices et de
gardiennes de la famille imposait de les protéger. Instruite, une femme serait devenue
monstrueuse : laide, visible, impudique, mauvaise mère et mauvaise épouse. Une rivale potentielle ?
Dans la seconde partie du XXe siècle, elles
sortent enfin des carcans qui les entravent.
Confortées par la contraception et l’IVG, voici
qu’elles se débarrassent de la punition pour
adultère, que leur « obéissance » au chef de
famille se transforme en respect réciproque
et autorité parentale, qu’elles peuvent transmettre leur nom à leurs enfants ou divorcer
par consentement mutuel… Et voici qu’elles
peuvent choisir leur profession sans l’autorisation de leur mari et qu’après avoir bravé
l’interdit de savoir et déjoué les stratagèmes
de la non-mixité, elles accèdent aux mêmes
écoles que les hommes. Certaines, à coups de
petits trous dans les plafonds de verre, s’emparent de l’excellence académique ou réussissent des carrières fulgurantes. Les médias
leur réservent alors un écho stupéfait : une
femme qui « réussit » est-elle normale ?
Mais que veulent donc les femmes ?
Lorsqu’elles répondent : « Liberté, égalité »,
les hommes entendent : « Pouvoir ». Pour chaque droit concédé, pour chaque mesure de
rattrapage, l’enjeu est le même : c’est le pouvoir que ne veulent pas perdre les hommes.
Lorsqu’ils reconnaissent aux femmes les aptitudes à partager le même savoir, ils n’en supportent pas les effets de pouvoir. En témoigne
en 1945 le débat ahurissant autour de la création de l’ENA : on leur en autorise l’accès
mais on s’affole à les imaginer au Conseil
d’Etat, à la Cour des comptes ou à l’Inspection des finances, dans les préfectures ou les
ambassades !
D’où leur effroi lorsqu’elles s’avancent
vers le pouvoir politique, sans même se
contenter de l’octroi condescendant de quelque « ministère du tricot ». Et leur consternation lorsque, dans notre vieux pays salique et
phallique, une femme brigue la présidence de
la République. Au sein de la classe politique
la plus sexiste d’Europe, gauche et droite
confondues, s’élève un concert de barrissements : si l’élection présidentielle devient un
« concours de beauté », mais qui donc « va
garder les enfants ? ».
INDISCRETS
cente, incompatible avec le plein
exercice de son métier. Ronaldinho est déjà le sujet d’un dessin animé de deux heures en préparation aux Etats-Unis.
Ségolène dans le mille
Niko Rivière/
Lorenvu/Sipa
Ronaldinho acteur
pour Woody Allen
■ L’attaquant vedette du FC Barcelone tiendra un petit rôle dans
le prochain film de Woody Allen,
dont le tournage débutera dans
la ville catalane au second semestre de cette année. Le Brésilien y tiendra le rôle d’un sexsymbol, une seconde nature pour
celui à qui sont prêtées d’innombrables conquêtes féminines…
mais aussi une prise de poids ré-
■ A l’initiative de Fabienne Servan-Schreiber, productrice, de
Jean-Pierre Mignard, avocat ami
du couple Hollande-Royal, et de
Jack Lang, conseiller spécial de
la candidate socialiste, mille
personnalités se réuniront le
12 mars au gymnase Japy à Paris pour apporter leur soutien à
Ségolène Royal. Pas une réunion
paillettes, prévient-on, mais une
rencontre amicale, où se retrouveront pêle-mêle syndicalistes,
associatifs, sportifs, intellectuels
et « cultureux ». Histoire de
montrer qu’ils ne sont pas tous
partis chez Sarkozy ou Bayrou !
Le dîner de Delors
■ Jacques Delors et Ségolène Royal ont
dîné mardi soir ensemble. Malgré la
sympathie qu’il éprouve pour François
Bayrou, l’ancien ministre de François
Mitterrand, ancien président de la
Commission européenne, « a rappelé
son attachement aux valeurs que défend Ségolène Royal ». Il est vrai
qu’avec François Hollande, Ségolène
Royal a été membre du Club Témoin, le
club de réflexion de Jacques Delors.
La femme du ministre
■ Un juge ordinaire, dragueur
et bon danseur, se trouve
confronté au meurtre d’une
journaliste. La jeune femme devait écrire une bio flatteuse du
ministre de l’Intérieur avant la
présidentielle. Mais la médiatisation de la fugue amoureuse de
La femme du ministre fait capo-
Sarkozy évite Argenteuil
■ Créée après les émeutes des banlieues, à l’initiative de Rachida Dati, porte-parole de Sarkozy, l’association Bleu Blanc Rouge a déjà reçu quelque 40.000 € de
subventions, quand les autres associations ayant plus de quinze années d’ancienneté ne reçoivent qu’entre 300 et 1.000 €. Bleu Blanc Rouge devait faciliter le
retour du ministre de l’Intérieur-candidat sur la dalle d’Argenteuil, mais sa venue semble toujours aussi peu désirée. A défaut d’Argenteuil, c’est non loin, à
Cormeilles-en-Parisis, que Nicolas Sarkozy devrait se rendre mardi.
Souloy Frédéric/Gamma
recroquevillés dans leur coquille.
L’un des serveurs du Flore, frotté
pourtant à l’élite
germanopratine – il a servi
Sartre et le « Castor » –, en a
convenu : cette fois, il votera
Bayrou.
Jean-Pierre Raffarin a bien
essayé de contrer cette
concurrence déloyale : – « On
pouvait espérer, avec le retour
des Eléphants, ne plus voir Jack
Lang tous les soirs à la
télévision, mais dans le carrosse
Royal, c’est toujours la plus
mauvaise roue qui fait le plus de
bruit » –, la raffarinade, pourtant
d’excellente tenue, n’a suscité
qu’un sourire poli. Il faut se
rendre à l’évidence : aujourd’hui,
c’est François Bayrou qui est
furieusement tendance. Patrick
Sébastien lui apporte son
soutien. Les sondages le
créditent de 19 % d’intentions de
vote. 58 % des Français
souhaitent le voir figurer au
second tour. S’il y parvient, il
battrait Nicolas Sarkozy et
Ségolène Royal.
Déjà fascinée par l’événement le plus marquant de la campagne présidentielle – la veste
rouge que portait Ségolène à Villepinte –, la « bayroumania » gagne la presse étrangère. Surnommé successivement « le Béarnais », « l’ovni », « l’invité surprise », « le funambule » et enfin,
ayant pris ses galons de star,
« l’homme à abattre », le Guardian, quotidien britannique de
gauche, prévient ses lecteurs :
« Courez dare-dare chez le bookmaker le plus proche et pariez
tout ce que vous pouvez sur
François Bayrou : il sera le prochain président de la République
française. »
Le phénomène est d’autant
plus étrange qu’hier encore Bayrou passait pour le dernier des
ploucs, le crétin des Pyrénées, le
neuneu des ni-ni – ni droite ni
gauche –, le nanar des et-et – et la
droite et la gauche –, le culbuto
du centre. Le Guardian en
convient : avec François Bayrou
Président, c’est « Monsieur n’importe qui à l’Elysée » : « Il s’agit
d’un homme dont vous ne savez
pas grand-chose. Le pire, c’est
que les bookmakers n’en savent
pas davantage et refuseront probablement de prendre vos
paris. » Une lacune regrettable
mais compréhensible : « Il est encore moins charismatique que
Gordon Brown, le prochain Premier ministre britannique », admet le Guardian.
Juste mais hâtif. N’en déplaise au Guardian, un homme
qui ose s’attaquer à Claire Chazal, deux fois de suite, et réussit
à amener une ride soucieuse sur
ce front lisse ne saurait être
n’importe qui ! Claire n’était
qu’une brebis expiatoire – Bayrou reprochait à TF1 de privilégier le duo stéréo Ségo-Sarko –,
mais le résultat est là. Depuis
que notre centriste mou a sorti
son disque dur, il est invité sur
tous les plateaux. A Canal +, où
Michel Denisot lui a demandé :
Grégoir Elodie/Gamma
« Courez chez le bookmaker
le plus proche et pariez tout
ce que vous pouvez sur lui »
« Vous vous souvenez comme on
s’est moqué de vous ? » Sur TF1,
où un Français lui a posé la question : « Pourquoi s’est-on moqué
autant de vous ? » Jusqu’à cet
ami qui dans Le Monde s’attendrit : « Tu te souviens comme on
se foutait de ta gueule ? »
Son irrésistible ascension
agace d’autant plus nos candidats qu’elle est inattendue. A
quoi sert, on vous le demande,
que ceux-ci se décarcassent pour
se voir voler la vedette par un
homme qu’un tabloïd américain
appelle « François qui ? ». « Il
faut démystifier cette légende »,
clame Laurent Fabius. « Attention à l’effet Malabar », prévient
Dominique Bussereau, ministre
de l’Agriculture, qui rappelle le
temps où, enfant, il mâchait des
chewing-gums. « Nous les sucions pour faire un ballon, et
quand ce ballon devenait trop
gros, il éclatait ! » Bouté de sa
troisième place par la nouvelle
Jeanne d’Arc du PAF, Jean-Marie
Le Pen en est à nous resservir
ses vieilles vannes bourre-pifs,
dont la dernière, « Dans le Marais, on chasse le chapon sans limitation de date », une délicate
allusion aux gays qui n’a même
pas fait rire ses hôtes, les chasseurs, pourtant bon public.
Reste cet épineux problème :
« Comment les Français pourraient-ils élire quelqu’un qu’ils
jugent terne depuis si
longtemps ? » Le Guardian pose
la question, dont il a la solution :
« La moitié du pays déteste
Sarko, l’autre ne peut pas encadrer Ségo. » Simple. Pour ne pas
dire simpliste. « Les centristes
sont en général ronds, François
Bayrou a l’avantage d’être un
centriste carré », analyse un de
nos éditorialistes. El Pais, le quotidien espagnol, croit avoir
trouvé la clé de l’énigme : « François Bayrou est le seul candidat
Images forum
Les bobos, paraît-il,
raffolent aujourd’hui de
François Bayrou. Envoyée par Le
Figaro sur le terrain des conflits
politico-littéraires – le Flore –,
Anne Fulda est catégorique : le
boulevard Saint-Germain adore
François, son accent, ce léger
bégaiement attendrissant qu’il a
su maîtriser, ses proverbes
béarnais – « Le renard peut se
couvrir de plumes, on ne le
prendra jamais pour une
poule » –, jusqu’à ses lobes
avantageux qui font passer les
grandes oreilles du prince
Charles pour des bulots
Alain Mounic
■
ter le projet. Le corps carbonisé
de la journaliste est retrouvé
dans le parc des Buttes-Chaumont… Rôle trouble des officines. Renseignements généraux
et presse people en embuscade.
Guerre des clans au sein de l’appareil d’Etat. Gérard Delteil, qui
ne cache pas un engagement
« très à gauche », évite pourtant
la caricature pour servir un
vrai roman à suspense librement inspiré des mésaventures
conjugales de Nicolas Sarkozy.
En vente le 14 mars, le nouvel
opus de Delteil, publié aux éditions de l’Archipel, devrait faire
grincer des dents Place Beauvau et Rue d’Enghien.
15/
4 mars 2007
DR
ECONOMIE
Gastronomie. Les
grands chefs saisis
de nipponmania.
Page 19
Hiroyuki Hiramatsu et Paul Bocuse
Audiovisuel. Chaînes de télé et producteurs de films sont menacés par la vidéo à la demande
Internet bouleverse la télé
C’est l’événement qui agite
le petit monde du cinéma et
de la télévision. En avril ou mai
prochain, Apple va lancer en Europe son vidéoclub virtuel, l’iTunes Video Store, qui fait un malheur aux Etats-Unis. Et selon une
rumeur persistante, le patron
d’Apple, Steve Jobs, s’apprêterait
à dynamiter le marché. Fort de
ses liens avec Disney, dont il est
le premier actionnaire, Jobs aurait obtenu le droit de commercialiser des films via inter net
trois mois après leur sortie en
salles, soit trois mois avant leur
sortie en DVD ! Apple envisagerait aussi de vendre des séries
cultes (Lost, Desperate housewives) avant leur passage sur les petits écrans français, moyennant
1,99 € par épisode. « Je pense que
la rumeur est fausse. Mais s’ils
arrivaient à faire cela, ce serait
très inquiétant », confie un cadre
d’une grande chaîne de télé.
Après la musique, le web est
en train de révolutionner l’audiovisuel. Selon le cabinet NPA
Conseil, 9 % des inter nautes
français, soit près de trois millions de personnes, regardent
déjà la télé… devant leur ordinateur. Les jeunes plébiscitent les
sites de vidéo YouTube ou Dailymotion, et piratent films et séries
à volonté sur eMule ou BitTorrent. « Cette génération veut
consommer les programmes à la
carte et sans contrainte. La télévision traditionnelle qui fédère
des millions de personnes au
même moment va progressivement décliner », pronostique
Jean-Louis Missika, administrateur d’Iliad (la maison mère de
Free) et auteur du livre La fin de
la télévision.
L’évolution devrait s’accélérer avec le développement de la
vidéo à la demande (VOD). Outils
de résistance au piratage et aux
vidéos amateurs, les sites de VOD
légaux se multiplient. On en dénombre plus de 25 en F rance
(Fnac, Virgin, Glowria, Vodeo…).
Ils proposent de visionner via
l’ordinateur des films, séries, documentaires ou concerts, moyennant 1 à 5 € la séance. Surfant sur
cette tendance, les fournisseurs
d’accès à inter net (Orang eFrance Télécom, Free, Neuf) ont
mis au point une formule encore
plus conviviale : leurs abonnés
dotés d’une « box » peuvent profiter de la VOD directement sur la
télé du salon, d’une simple pression sur leur télécommande.
Mais il y a un hic : le choix de
programmes reste pauvre, et les
prix souvent élevés (5 € pour un
film récent qu’on peut louer 2,50 €
au vidéoclub). « Nous avons besoin d’encore un peu de temps
pour enrichir notre offre et trouver le bon modèle économique »,
explique Pascal Lechevallier, directeur de TF1 Vision. En réalité,
les chaînes de télé sont confrontées à un dilemme. D’un côté, elles ont créé leurs services de
VOD (CanalPlay, TF1 Vision, M6
Vidéo…) et raflé la plus grosse
part de ce nouveau marché. De
l’autre, elles protègent leurs programmes, de peur que l’internet
ne les tue à petit feu. « S’il y a
trop de contenus exclusifs en
VOD, cela mettrait en péril l’économie du DVD, mais aussi les
abonnements à Canal +. On assiste donc à un affrontement entre chaînes de télé, producteurs
et opérateurs télécoms sur l’accès
aux programmes », analyse Samir Ouachiti, consultant chez
NPA Conseil.
La bataille la plus r ude
concerne le cinéma. Pour l’instant, les films sont disponibles en
VOD sept mois et demi après leur
sortie en salles, soit un mois et
demi après leur sortie en DVD.
Mais cet accord conclu fin 2005 a
expiré en décembre dernier, et
les négociations sont toujours au
point mort. Les opérateurs télécoms veulent exploiter les films
dès leur sortie DVD et proposer
des forfaits (par exemple, cinq
films par mois en échange d’un
abonnement mensuel). Un marché inacceptable pour la majorité
des producteurs français et les
éditeurs de DVD, qui réclament
au contraire le droit de vendre
plus tôt. Même refus des chaînes,
qui exigent que les films soient
retirés du net lorsqu’ils sont diffusés sur leur antenne.
« La VOD ne doit pas nuire
aux modes d’exploitation traditionnels. N’oublions pas qu’elle
n’a rapporté que 15 millions d’euros l’an dernier, alors que les recettes cumulées des salles, des
DVD et des droits télé dépassent
les 3 milliards », plaide Pascal Lechevallier, de TF1 Vision. Pour
Hervé Payan, responsable des
achats de pro g rammes che z
France Télécom, il s’agit d’un
combat d’arrière-garde. « Les studios américains ont tendance à
aligner la VOD sur le DVD, explique-t-il. Et rien n’empêche de
nouveaux acteurs comme Apple
de contour ner les règles en vigueur en France. »
Le prochain round se jouera
sur les séries, l’autre vache à lait
des chaînes. Aujourd’hui, seuls
une poignée de succès (Lost, Desperate housewives, Prison break)
sont disponibles, et uniquement
sur les sites des chaînes où ils
sont diffusés. TF1 et France Télécom veulent tous deux booster ce
marché en proposant des formules d’abonnement donnant accès
à toute une saison. Les chaînes
parviendront-elles à conserver
leur exclusivité ? « Je pense que
nous allons essayer, mais ce sont
les ayants droit qui décideront »,
explique Pascal Lechevallier.
Pour l’instant, les champions
français de l’audiovisuel sont en
position de force : ils dépensent
plus de 3 milliards d’euros par an
pour acheter des programmes.
Les petits opérateurs sont incapables de rivaliser : Free a choisi de
commercialiser l’offre VOD de
Canal +, TF1 et M6, tandis que
Neuf s’appuie sur TF1 et le loueur
de DVD Glowria.
Mais la concurrence arrive.
France Télécom a monté son propre service de VOD, et créé un
pôle « contenus » de quarante
personnes recrutées chez Warner Music ou Canal +. Fort de sa
puissance financière (il est quatorze fois plus gros que Canal +),
il a de sérieux arguments à faire
valoir. « Lorsque Apple arrivera
en France au printemps avec des
séries cultes américaines, nous
les aurons aussi », assure l’opérateur. France Télécom va également coproduire des films, et
s’est porté candidat pour acquérir une partie des droits du rugby.
D’autres mastodontes aux poches bien remplies, comme Google, Yahoo ! et Apple, se lancent
eux aussi dans l’achat de prog rammes. Pour le plus g rand
bonheur des producteurs américains, qui devraient se faire un
malin plaisir de faire monter les
enchères.
Yann Philippin
Innovation. Les créateurs de Skype et Kazaa inventent Joost, la TV interactive à la carte
Eric Dessons/JDD
J’ai testé la web-télé du futur
Gratuit pour l’utilisateur, Joost sera
financé par la publicité.
Attention, Niklas Zennström et Janus
Friis vont encore frapper. Ces deux génies scandinaves de l’internet ont mis à
genoux les maisons de disques avec Kazaa, leur système d’échanges de fichiers
musicaux. Ils ont ensuite fait trembler
les opérateurs télécoms avec le logiciel
de téléphonie gratuite Skype, revendu à
eBay pour la bagatelle de 2,6 milliards de
dollars. Du coup, lorsque les deux compères promettent aujourd’hui de « révolutionner la télévision », on les prend très
au sérieux.
Leur nouveau bébé, baptisé Joost,
doit être lancé dans le monde entier à la
fin du mois. Le JDD fait partie des 60.000
privilégiés qui testent le système en
avant-première. Il s’agit d’un logiciel qui
permet de regarder la télé à la carte sur
son ordinateur. Sur Joost, il n’y a ni chaînes ni horaires de diffusion, mais des listes de programmes, accessibles gratuitement 24 heures sur 24. Il suffit d’un clic
de souris pour visionner à sa guise ses
émissions préférées.
Contrairement aux sites vidéo actuels, l’image s’affiche en plein écran,
avec une définition tout à fait correcte
(inférieure toutefois à celle d’un DVD).
Autre avantage : les web-téléspectateurs
peuvent dialoguer en direct avec leurs
amis pendant le visionnage. Ils peuvent
également noter et commenter les programmes proposés. « Nous avons voulu
marier le meilleur des deux mondes : la
qualité de la télévision et l’interactivité
d’internet », explique Eric Clémenceau,
directeur commercial Europe de Joost.
A l’inverse des sites de vidéos amateurs comme YouTube, les programmes
seront exclusivement four nis par des
producteurs ou des chaînes de télé. Et
alors que Kazaa était un outil de piratage
massif, les contenus de Joost sont entièrement verrouillés afin de protéger les
ayants droit. Côté technique, Joost
squatte les connexions à haut débit des
internautes. Ce sont les web-spectateurs
eux-mêmes qui émettent les programmes
vers les autres utilisateurs. Résultat : un
coût de diffusion quasiment nul. De quoi
permettre d’offrir des programmes qui
ne sont pas assez rentables pour la télé,
comme des chaînes sportives entièrement consacrées au tennis ou à la voile.
Reste à séduire les producteurs.
Joost a frappé un grand coup en signant
un accord la semaine dernière avec le
géant américain Viacom, propriétaire de
130 chaînes dans le monde (MTV, Nickelodeon) et des studios de cinéma Paramount et Dreamworks. La société affir me également avoir conclu des accords avec « des producteurs et des chaînes de télé français ». TF1, M6 ou Canal + sont-elles vraiment prêtes à céder
leurs séries et films à succès à ce nouveau concurrent ? « Elles y ont intérêt,
car ces programmes sont déjà disponi-
bles illégalement sur internet, répond
Eric Clémenceau. Nous leur offrons un
mode de diffusion et une rémunération
complémentaire. »
Joost sera financée par la publicité,
dont les recettes seront partagées avec
les producteurs. Il y en aura peu (une minute par heure maximum), mais elle
sera personnalisée et interactive. Chaque web-spectateur visionnera des spots
qui correspondent à son profil ou aux
programmes qu’il regarde. Les annonceurs pourront également proposer des
liens vers leur site internet. Joost a déjà
convaincu IBM, les Caisses d’épargne,
Perrier, Dove ou les hôtels Kyriad.
Bref, Joost croit très fort en sa formule. L’entreprise n’aurait investi que
quelques dizaines de millions d’euros et
n’emploie que 150 personnes. Elle souhaite parvenir à l’équilibre dès 2008 et
s’imposer comme un média de masse.
Y.P.
Economie
16/
Carrefour veut
l’union sacrée
Trop, c’est trop. Depuis presque un an, Carrefour
subit le même scénario. Son concur rent MichelEdouard Leclerc joue à guichets fermés le rôle du
chevalier anti-vie chère. Son ar me : quiestlemoinscher. com, un site qui compare les prix pratiqués en
grande surface. Cette idée novatrice lui garantit une
publicité illimitée, qui agace le camp d’en face. Guy
Yraeta, directeur général des hypers Carrefour, propose d’élaborer un site arbitre pour que Leclerc, Carrefour, Auchan, Casino ou Système U soient logés à
la même enseigne.
« Un comparateur maison créé par un seul acteur n’est pas crédible et revient à se moquer du
client. Le comparateur de Leclerc ne considère que
2.000 produits sur 70.000 vendus dans un hyper. Les
relevés ne sont pas quotidiens, alors que les étiquettes changent régulièrement en rayon. Si on veut disposer d’un comparateur, il faut qu’il soit global. Ce
serait très complexe et, le cas échéant, ce serait à la
profession, aux pouvoirs publics, aux associations
de consommateurs… de l’imaginer ensemble », argumente Guy Yraeta.
Un appel saisi au vol par Auchan qui souhaite
« des chiffres garantis par les pouvoirs publics ».
Prudent, Bercy songerait à exploiter les relevés de
prix utilisés pour son chariot-type, indice composé
de 130 références. Le ministère du Commerce botte
aussi en touche : « Un tel comparateur coûterait trop
cher à construire. Les distributeurs devraient s’entendre pour divulguer de concert leurs tarifs. »
C’est également l’avis de Michel-Edouard Leclerc : « Toute la profession achète des données à
prix d’or. Paradoxalement, les seuls qui n’en profitent pas sont les consommateurs. » Pour que cesse
cette « injustice », il accepterait de publier les panels
avec ses concurrents… tout en maintenant son site
actif. En attendant que l’union sacrée du grand commerce se réalise, Carrefour entame aujourd’hui une
nouvelle campagne de pub en presse et radio. L’enseigne assure comparer 50.000 produits tous les mois
pour rester compétitive. « Si malgré notre vigilance,
un consommateur trouve moins cher ailleurs, il dispose d’une ligne gratuite pour nous alerter. Nous
nous engageons à ajuster nos étiquettes sous 24 heures. Nous ne lâcherons rien sur les prix », jure Guy
Yraeta.
Marie Nicot
Aéronautique. Les salariés français en grève contre la restructuration
Un plan B est-il possible
pour Airbus ?
Le « feu d’artifice » promis par les syndicats
d’Airbus s’est produit. Après la colère des salariés, les politiques se sont emparés du dossier. La
crise de l’avionneur est devenue un des enjeux
brûlants des élections. Avec ses 10.000 emplois supprimés (dont 4.300 dans l’Hexagone) et ses usines
en voie de cession (Méaulte et Saint-Nazaire en
France), le plan Power 8 présenté par le PDG Louis
Gallois tombe au plus mauvais moment.
Les syndicats français, allemands, espagnols et
britanniques préparent une journée d’action commune pour la mi-mars. En France, les cinq syndicats organisent dès mardi des manifestations et
une demi-journée de grève dans les quatre villes
où l’avionneur est présent. Ils sont d’autant plus
remontés qu’ils se sentent dépouillés par les Allemands. « Power 8 est complètement inéquitable.
Nous n’avons pas été soutenus par les politiques et
les actionnaires français, ce qui a forcé Louis Gallois à céder aux pressions allemandes », dénonce
Jean-François Knepper, délégué central FO (majoritaire). Louis Gallois et Dominique de Villepin jurent, eux, que Power 8 était « équitable ». Ils ont
d’autant plus de mal à convaincre que le gouvernement allemand a crié victoire.
Le plan de restructuration qui sera présenté
demain à Toulouse aux représentants syndicaux
d’Eads lors d’un comité d’entreprise européen extraordinaire prévoit plus de suppressions d’emplois en France qu’en Allemagne. Une partie de la
production des A320 va être transférée de Toulouse
à Hambourg, avec à la clé des pertes d’emplois supplémentaires en France et des embauches outreRhin. Le successeur de l’A320 sera intégralement
fabriqué en Allemagne, sans compensation pour
Toulouse. Enfin, le fuselage et le câblage électrique
d’Airbus vont passer sous contrôle allemand.
« Mon job est de sauver Airbus et de lui donner
un futur », déclarait hier Louis Gallois dans les colonnes du Financial Times en se disant surpris de
voir les gouvernements des pays concernés se
« disputer la meilleure part du gâteau », et s’immiscer dans la vie de l’entreprise. Si les petits actionnaires d’EADS regroupés au sein de l’Appac
ont apporté leur soutien aux propos de Gallois, les
syndicats ont, eux, pris à témoin les politiques.
« Nous voulons renégocier. Si les politiques nous
soutiennent, un plan B est possible pour Airbus »,
estime, Jean-François Knepper. L’intersyndicale a
J.-S. Evrard/Sipa
Exclusif. Offensive
contre le comparateur
de prix de Leclerc
4 mars 2007
Les salariés d’Airbus, le 28 février,
sur le site de Saint-Nazaire.
rencontré Ségolène Royal en visite à Pau vendredi
soir, et sera reçue par Nicolas Sarkozy et François
Bayrou demain.
Les politiques français dénoncent la gestion
désastreuse d’EADS et souhaitent la réforme de
son actionnariat. Cette question est d’autant plus
urgente qu’EADS va sans doute devoir procéder à
une augmentation de capital pour lever des fonds.
Or, les deux actionnaires privés, Lagardère (propriétaire du JDD) et le groupe automobile allemand Daimler, sont en train de se désengager
d’EADS et ne veulent plus mettre au pot.
« Une initiative pour sauver l’aéronautique »
Ségolène Royal a accusé le « gouvernement de
droite » et Lagardère d’être responsables de « ce
désastre ». Elle propose « une initiative » pour
« sauver l’aéronautique », estimant que c’est aux
Etats européens de recapitaliser l’entreprise. Une
position partagée par les syndicats. Et elle soutient
le projet exprimé par huit régions françaises (dont
la sienne) d’entrer au capital d’EADS, afin de faire
contrepoids au rachat d’actions par les Länder allemands. La candidate socialiste évoquera ces
questions mardi, à Berlin, lors de sa rencontre
avec la chancelière Angela Merkel.
S’il est bien décidé à « ne pas laisser tomber »
Airbus, Nicolas Sarkozy a plaidé au contraire pour
un désengagement de l’Etat français (qui détient
15 %), jugeant que celui-ci « n’est pas l’actionnaire
le plus avisé ». « Tout cela souffre d’un manque de
leadership d’un opérateur industriel qui serait actionnaire de l’ensemble », a-t-il précisé.
Ces projets se heurtent au système de gouvernance d’EADS. Même s’ils ont réduit leurs parts,
Daimler et Lagardère conservent la majorité des
droits de vote, l’Etat français n’ayant théoriquement aucun pouvoir opérationnel. Une réforme
d’envergure suppose la révision du pacte d’actionnaires franco-allemand conclu lors de la naissance
d’EADS. Un chantier ultrasensible, que seul le
nouveau président de la République pourrait négocier avec Berlin.
Yann Philippin
Grands magasins. La mode masculine
au secours de l’enseigne de la rue de Rivoli
Et le BHV
créa
l’homme
Le rugbyman Fabien Galthié,
ancien capitaine du XV de
F rance, entraîneur du Stade
Français, est attendu en guest
star. Le maire de Paris Bertrand
Delanoë devrait débarquer en
voisin. Tout comme le styliste
Jean Paul Gaultier, qui dévoilera
pour l’occasion Fleur du Mâle,
son der nier parfum. En tout,
3.000 VIP sont conviés à l’inauguration mercredi soir du nouveau
BHV Homme, rue de la Verrerie
à Paris, tout près du magasin historique de l’enseigne.
Le BHV a investi 15 millions
d’euros pour transformer ses réserves en un espace de 4.000 m²
mi-loft, mi-jardin, doté d’une façade végétale signé du botaniste
Patrick Blanc. Cent cinquante
marques (Adidas, Burber ry,
Paraboot…), un barbier, un opticien et un institut de soins attendent les hommes adeptes du « chic
sans tapage ». Le magasin inaugure aussi à proximité un BHV
Moto, pour les fans de deux-roues,
et un BHV La Niche, spécialisé
en accessoires pour animaux de
compagnie. Campagne d’af fichage en Ile-de-France et distribution de 360.000 catalogues : l’enseigne veut frapper fort.
« Grâce au bricolage, notre
clientèle est déjà constituée pour
moitié d’hommes. Nous allons
leur simplifier la mode. Ils trouveront tout sous un même toit, de
la chaussette noire à la chemise
blanche », explique Paul Delaoutre, président du BHV. Et puis la
clientèle masculine du Marais est
si proche…
Le BHV Homme se donne
deux ans pour atteindre 30 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Un pari audacieux, car la
concurrence sur le prêt-à-porter
homme est vive dans le quartier.
Avec ses 4.000 m2 mi-loft, mi-jardin, le nouveau BHV Homme,
sera inauguré mercredi soir.
En plus, contrairement aux Galeries Lafayette, sa maison mère, le
BHV n’attire guère les touristes », commente Jean Piquet,
consultant au sein du cabinet
Mercer Management.
L’enseigne peut-elle se permettre un flop ? Sûrement pas.
Paul Delaoutre a déjà investi
30 millions d’euros pour moderniser une chaîne en pleine déconfiture. Au printemps dernier, il
inventait à Bordeaux le BHV
Déco pour sortir du ghetto du bricolage. Les Français bichonnent
leur maison, c’est effectivement
le moment de leur proposer à la
fois des idées et du design.
Le lancement d’une seconde
marque propre Le BHV Déco
Pourtant, le bilan du BHV
Déco est contrasté. Paul Delaoutre confirme détenir « une idée
d’avenir, même si les résultats
sont en dessous de l’objectif ».
Les ventes devraient être dynamisées début avril par le lancement des Essentiels du BHV (vaisselle, mar teaux, peinture…),
commercialisés à prix doux. Puis
par le lancement d’une seconde
marque propre Le BHV Déco
(lampes, coussins…) à partir du
second semestre. En cas de succès, Paul Delaoutre décidera de
transformer la dizaine de BHV de
province en BHV Déco.
Ce ne sera toutefois pas le cas
de Caen et de Strasbourg, qui ont
mis la clé sous la porte l’an dernier. Il reste à céder les murs du
magasin de Caen. « Et à reclasser
ou à former une trentaine de salariés de ces deux magasins », affirme Jean-Louis Dauvet, secrétaire CGT du comité d’entreprise
du BHV.
L’année 2007 sera donc cruciale, car l’enseigne prévoit de revenir à l’équilibre, alors qu’elle
est chroniquement déficitaire. Les
résultats pour 2006 seront dévoilés le 22 mars, en même temps que
ceux du groupe Galeries Lafayette.
Paul Delaoutre devra aussi
négocier une nouvelle enveloppe
financière. A la fin de cette année, il aura dépensé les 30 millions d’euros consacrés à ce premier coup de fouet. « Le groupe a
de l’avenir. Nous modernisons le
sous-sol mythique du magasin de
Rivoli, qui est réservé au bricolage. Et il reste 3.000 m² au cœur
de Paris susceptibles d’être aménagés. » Pour les filles peut-être ?
M. N.
Tendances
4 mars 2007
/17
Services. Après la cantine et les salles de sport, des haltes-garderies pour les salariés
Les bambins crèchent au bureau
La crèche de
l’aéroport de
Lyon-SaintExupéry
a ouvert le mois
dernier.
Jean-François Marin
Avec ses berceaux, ses portemanteaux à hauteur d’enfant et ses
jouets disséminés sur le sol, elle ressemble à n’importe quelle crèche. Mais aux
Lavandières, à Issy-les-Moulineaux
(Hauts-de-Seine), tous les pensionnaires
ont un point commun : leurs parents font
partie du personnel du roi du soda CocaCola, du géant de l’ag roalimentaire
Nestlé ou encore de la Direction générale de l’aviation civile. Travailler à
moins de dix minutes à pied des Lavandières, tel est le critère que les parents
doivent remplir pour pouvoir inscrire
leur progéniture dans cet établissement.
Une bonne façon pour leurs employeurs
de fidéliser leurs troupes et de lutter
contre l’absentéisme. En 2003, selon une
étude réalisée par Bupa, une société anglaise spécialisée, 85 % des parents déclaraient que l’existence d’un tel dispositif au sein de leur entreprise les inciterait à y rester.
En France, depuis trois ans, une quarantaine de ces crèches ont vu le jour,
principalement en région parisienne.
Près de 150 entreprises proposent ce
genre de service, contre à peine une dizaine il y a deux ans. En déplacement
dans un hyper avant Noël, le Premier
ministre, Dominique de Villepin, s’était
déclaré favorable à l’installation de crèches réservées aux employés des supermarchés pour « répondre aux problèmes
posés par les horaires souvent décalés de
ceux et celles qui travaillent à temps partiel ». A la Défense, une soixantaine de
« bébés Total » sont accueillis depuis un
an aux Petits Bonheurs. Ouverte jusqu’à
20 heures, contre 18 h 30 dans les établis-
Luxe. Parfums d’élite
Les mousquetaires
des grands jus
fre est abondante et inégale. Surtout, elle les fait à nouveau rêver », décrypte Gérard Delcour,
président du Comité français du
parfum. Une analyse que partage
le président de Dior Parfums,
Claude Martinez. Imaginée par le
créateur John Galliano et le nez
François Demachy (ex-Chanel),
une collection très particulière
de trois fragrances Dior sera présentée à l’occasion des défilés
haute couture de juillet et commercialisée en septembre. « Elles
porteront des noms liés à la couture et ne seront vendues que
dans nos boutiques. Nous avons
DR
On n’en trouvera ni chez Sephora, ni chez Marionnaud, ni
dans les Grands Magasins. Mais
un parfum de qualité vaut bien
un jeu de piste. C’est la dernière
trouvaille des parfumeurs pour
recréer du désir et du chif fre
d’affaires autour d’un produit
qui n’a cessé de se banaliser.
Comment, en effet, émerger devant le raz de marée de nouveaux
jus qui s’abat mois après mois
sur un marché, qui plus est, submergé de marques ? Pour l’instant, ils sont quatre à avoir fait le
pari de la rareté : Jacques Polge
chez Chanel, John Galliano pour
Dior, Tom Ford, feu monsieur
Gucci aujourd’hui dans le giron
de l’américain Estée Lauder, et
Creed, l’ancien fournisseur attitré de la reine Victoria.
Chanel a enclenché le mouvement le 12 février avec le lancement mondial de ses « Exclusifs ». Soit douze fragrances hautement concentrées. Pour en
acheter, il faut se rendre dans
l’une des 75 boutiques au double C
sur les 230 que compte l’enseigne.
Chaque parfum coûte 180 ¤ (pour
un spray de 200 ml). « C’est une
vraie collection. Elle démarre
Jacques Polge, créateur des parfums Chanel.
dans les années 1920 avec quatre
parfums et notre nez, Jacques
Polge, vient de la compléter en
composant une colo gne et six
eaux de toilette qui ressuscitent
les lieux et les adresses emblématiques de la vie de Gabrielle », résume Sophie Vergès, directrice
du service de presse parfums et
beauté pour Chanel France.
Cette bio olfactive a aussitôt
emballé les médias. Enfin des histoires à raconter autour d’un produit. De Bel Respiro (le jardin de
sa maison de Garches), à 28 la
Pausa (sa résidence sur la Riviera) en passant par Coromandel (les paravents chinois de son
appar tement), on a vite f ait
d’exhumer un demi-siècle d’histoire et d’étourdir le lecteur de
senteurs : iris de Florence, néroli,
graine d’ambrette…
« La démarche de l’hyperséléctif et de la collection devrait
permettre de fidéliser des clientes actuellement noyées tant l’of-
imaginé une thématique olfactive
puissante pour chacune et de très
beaux flacons », dévoile Claude
Martinez.
Ve n d u s e n t r e 2 5 0 e t 3 0 0 ¤
l’unité, les nouveaux jus de Dior
seront mis sur le marché après
la collection Private Label de
Tom Ford. Ses douze parfums
sont attendus pour avril, à l’occasion de l’ouverture de sa prem i è re b o u t i q u e s u r M a d i s o n
Avenue, à New York. Le créateur
veut limiter leur distribution à
une dizaine de points de vente
haut de gamme dans le monde et
insiste sur le caractère volontairement élitiste et statutaire de
ses jus unisexes et mélangeables. En fin d’année, le parfumeur anglais Creed fermera la
boucle avec un coffret en cuir
contenant trois parfums. Il en
coûtera, toutefois, plus de 1.000 ¤.
Cher pour un sent-bon, même
très bon.
Bruna Basini
sement publics classiques, la crèche maison est un plus pour les parents qui l’utilisent. « C’est simple, ça m’a changé la
vie, explique une cadre che z Total.
Quand j’ai une réunion qui commence à
18 heures, je ne panique plus ! »
Mais pourquoi
donc un tel eng o u e m e n t ?
D’abord parce que
cet avanta g e social très apprécié
ne coûte pas si
cher aux entreprises. Le coût d’un
enfant gardé dans
le circuit habituel
dépasse allèg rement les 15.000 €
annuels. Or l’employeur peut réduire cette enveloppe à moins de
5.000 € en cumulant les différentes aides disponibles, soit l’équivalent de sa contribution
annuelle pour un restaurant d’entreprise. Car pour inciter les sociétés à
franchir le pas, la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) subventionne
depuis 2003 les dépenses d’aménagement
à hauteur de 80 % (le plus gros investissement) et une partie des frais de fonctionnement.
Depuis, le succès est au rendez-vous.
A Lyon, l’aéroport Saint-Exupéry a ainsi
franchi le pas le mois dernier et Renault
Trucks, Sanofi ou PSA (crèche les Petits
Pilotes) sont dans les starting-blocks.
« L’entreprise de demain est celle qui optimise la qualité de vie de ses salariés »,
avance Bernard Chaffange, directeur des
Aéroports de Lyon. Devant l’afflux des
demandes de financement, la Cnaf a
d’ailleurs resserré les boulons depuis
l’an dernier. Désormais, elle soumet ses
généreuses subventions à des critères
géographiques ou de taux d’équipement.
Les entreprises que la mise en place
d’un tel projet fait hésiter peuvent recourir à des prestataires spécialisés comme
BébéBiz’, Crèche Attitude ou People &
Baby. Ils vont jusqu’à proposer de créer
des établissements interentreprises
« quand aucune de celles qui sont intéressées n’a assez de bébés pour que le
projet soit tenable », explique Alexandre
Henry, patron de Crèche Attitude. A
Lyon, au centre médical Léon-Bérard,
une structure a récemment vu le jour en
face de l’établissement de lutte contre le
cancer. Et pour répondre aux contraintes du personnel médical, elle est ouverte 24 heures sur 24.
Jonathan Bouchet-Petersen
Marchés
18/
4 mars 2007
Liu Jianmin/Imagine China/Abacapress
Marché. Partie de Shanghai et entretenue par Wall Street,
la décrue des actions à marqué la semaine
LE CHIFFRE
Le temps des hausses rapides de loyers
est-il terminé ? C’est ce qu’affirme l’association Clameur qui suit l’évolution
des loyers du marché locatif en France. Après une hausse de 5,1 %
en 2005, puis de 3,5 % en 2006, les loyers ne devraient progresser
que de 2,5 % cette année. « En ces temps moroses, les locataires hésitent à bouger », explique le professeur d’économie Michel Mouillart, rédacteur du rapport qui recense plus de 600 villes. Or, les
propriétaires profitent généralement d’un changement de locataire pour remonter les loyers. Certes, comparées à l’augmentation des prix à l’achat (+ de 100 % depuis 1998), ces hausses peuvent paraître modestes. Actuellement, le prix moyen à la location
est de 11,30 € le mètre carré en France. Avec, toutefois, de belles
disparités. Cela va de 24 € dans le Marais et à Saint Germain des
Prés, à Paris, à 7 € en Franche Comté pour tomber à 5,80 € à Douai.
A.d.T.
+ 2,5 %
LA BOURSE
Vendredi,
la Bourse
de Shangai
avait repris
des couleurs
Les Bourses broient du noir
Les marchés mondiaux ont
connu cette semaine leur
plus forte baisse depuis 5 ans. La
Bourse de Paris a, elle, dégringolé de 5,9 % sur les quatre dernières séances à 5.424 points, effaçant la totalité des gains enregistrés depuis le début de l’année.
En tout, quelque 1500 milliards
de dollars de valeur boursière se
sont ainsi volatilisés en quelques
jours. C’est presque autant que le
PNB de l’Italie ! Même s’il ne
s’agit encore que d’une perte virtuelle.
L’épicentre de cette débâcle
généralisée se situe à Shanghai
où la Bourse a chuté de 8,8 %
mardi. Puis, comme des dominos,
les places de Moscou, Francfort,
Paris, Mexico et même New
York… ont suivi, perdant toutes
plus de 3 % à la clôture. Wall
Street a même enregistré mardi
sa plus forte baisse, en point, depuis les attentats du 11-Septembre. Presqu’un titre de gloire
pour la petite Bourse chinoise,
qui était jusqu’à mardi dernier,
considérée comme une Bourse «
exotique », donc sans influence…
Shanghai a été pénalisée par la
volonté des autorités chinoises
de contenir la spéculation boursière. L’an dernier, elle a flambé
de 130 % et elle affichait une progression de 14 % depuis le début
de l’année.
Néanmoins, il ne faudrait pas
LES VALEURS
surestimer l’influence du marché
chinois qui affiche une valorisation boursière de 1.500 milliards
de dollars, à comparer avec 2.000
milliards pour Paris et 17.000 milliards pour Wall Street, dix fois
plus ! Ce « mardi noir » n’a été
rendu possible que du fait des inquiétudes qui planent sur l’économie américaine. Lundi soir, depuis Hong-Kong, Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed,
a déclaré qu’une récession était
possible d’ici la fin de l’année
aux Etats-Unis.
Les ventes de logements neufs
ont dévissé de 16,6 % en janvier
Plusieurs statistiques négatives abondent dans son sens. Mercredi, la croissance américaine a
été révisée à la baisse au quatrième trimestre, de 3,5 % à 2,2 %.
Les ventes de logements neufs
ont dévissé de 16,6 % en janvier,
le plus mauvais chiffre depuis
treize ans. Et le marché immobi-
lier tourne au ralenti entraînant
plusieurs faillites d’organismes
de crédit immobilier dit » subprime » (ceux qui prêtaient sans
garantie).
Autant de signaux négatifs
qui ont incité les investisseurs à
prendre quelques bénéfices après
quatre années de hausse ininterrompue. Depuis le point bas de la
Bourse de Paris, le 12 mars 2003,
juste avant le début de la guerre
en Irak, quand le CAC 40 était à
2.403 points, le CAC 40 avait plus
que doublé. A 5.762 points lundi
soir, la Bourse avait retrouvé son
meilleur niveau depuis 6 ans. De
son coté, Wall Street enchainait
les records historiques.
Mais, la poisse semblait s’être
emparée des marchés cette semaine. Outre la chute contagieuse de Shanghai, Paris et New
York ont été confrontés à de sérieux problèmes techniques.
Mardi, l’afflux d’ordres de ventes
a per turbé les ordinateurs de
Wall Street pendant plus d’une
heure. De même, le lendemain à
Paris, les ordinateurs sont tombés en panne, peu de temps avant
la clôture. Il faut dire que les
jour nées de mardi et mercredi
ont été marquées par une activité
record, avec 12 milliards d’euros
échangés à Paris, deux fois plus
que d’habitude. Preuve de cette
agitation, jeudi, les actions Lagardère et Arcelor se sont mystérieusement envolées de près de
7 %, et ce, semble-t-il, suite à une
erreur de manipulation d’un trader. Enfin, pour couronner le
tout, Wall Street a été rattrapé en
fin de semaine par ses vieux démons : la triche. La SEC, le gendarme de la Bourse américaine, a
inculpé quatorze responsables de
grandes banques, accusés de délit
d’initié. Ils auraient illégalement
gagné 15 millions de dollars en
profitant d’informations confidentielles.
Axel de Tarlé
Patrick Bonazza. Il publie Les goinfres, livre-enquête
sur ces hauts dirigeants salariés aux revenus mirifiques
Vous vous attaquez à un sujet
tabou, l’argent des grands
patrons français.
Lorsqu’on épluche les rappor ts annuels des sociétés du
CAC 40 ou de Wall Street, on découvre qu’en effet les grands patrons français sont aussi accros à
l’argent qu’au pouvoir. On a cru
un temps qu’après les excès d’un
Jean-Marie Messier [l’ancien président de Vivendi] ou d’un Philippe Jaffré [à la tête du pétrolier
Elf], les dirigeants de nos grands
groupes s’étaient assagis. Un peu
comme si le krach boursier des
années 2000 avait fait un sort aux
p at ro n s
m e rc e n a i re s.
Or
l’année 2006 nous a prouvé qu’il
n’en était rien. Coup sur coup, on
a eu l’affaire Antoine Zacharias
chez Vinci ; sa démission forcée
a révélé au grand jour ses millions de stock-options, un salaire
mirifique et une retraite dorée
sur tranche. Un mois plus tard,
les plus-values de 3,7 millions
d’euros empochées par Noël Forgeard, coprésident d’EADS (la
m a i s o n m è re d ’ A i r bu s ) , d é f r aya i e n t l a ch ro n i q u e. E t l e
mois dernier, on apprenait que
Laurence Danon, l’ancienne patronne du Printemps, aurait touché 2,5 millions d’euros d’indemnités de départ et prime de cession pour avoir facilité la vente
de l’entreprise.
Pour vous, c’est une caste
qui fixe ses lois sans rendre
de comptes à personne,
et c’est cela qui la rend
socialement inacceptable.
Qu’il s’agisse du calcul des
rémunérations, des bonus, de
l’attribution de stock-options,
du versement d’indemnités de
départ ou d’une retraite, voilà
des salariés qui se retranchent
derrière leur conseil d’admnistration pour justifier de rémunérations d’exception en toutes
circonstances. Même lorsqu’ils
n’ont pas été perfor mants. Or,
on sait qu’en pratique les administrateurs décident rarement
de ces questions. Dans le même
temps, leurs salariés sont soumis à un environnement de plus
en plus dur. Ils vivent à l’heure
des licenciements, des délocalisations, des gels de salaires, et
sont soumis à des objectifs de ré-
Arnaud Février
« Reconnecter gains
et performances »
Patrick Bonazza
sultats alors que le premier d’entre eux est incapable de montrer
l’exemple. Comment, dans ces
conditions, éviter le divorce entre ces deux univers ? Même s’ils
font du bon travail, même s’ils
sont compétents et ont de bonnes idées, ils sont devenu inaudibles pour l’opinion publique.
Dans un pays où les questions
d’argent restent taboues,
est-ce qu’on ne diabolise
pas à outrance les mœurs
patronales françaises ?
Sans doute. Mais il y a de
vraies dérives. Même nos voisins
britanniques n’ont pas hésité à
dénoncer leurs patrons mercenaires, les fameux fat cats. Et aux
Etats-Unis, le salaire des patrons
est un sujet de polémique récurrent.
Que préconisez-vous pour
corriger ces excès ?
Une nuit du 4-Août des privilèges patronaux. On ne doit plus
récompenser l’échec. Dans ces
cas-là, les golden parachutes, l’attribution de stock-options, d’actions gratuites ou de bonus sont
des aberrations. On ne doit pas
déconnecter les gains des dirigeants de leur travail. C’est particulièrement vrai pour les retraites que certains se font attribuer
en quittant leur entreprise. Pourquoi ne pas se constituer un pécule sur la base de leur salaire et
des cotisations qu’ils ont acquittées durant leur car rière ? De
même qu’il ne faut pas surpayer
le succès. Et pourquoi ne supprimerait-on pas les stock-options
au profit d’un droit réservé sur
les bénéfices ? Mais je demeure
réaliste. Même si on élabore un
nouveau code de bonne conduite,
il n’y aura jamais de police des
salaires pour les grands patrons.
Interview
Bruna Basini
Les goinfres, Flammarion,
300 pages, 19,90 €. En librairie
le 9 mars.
LES INDICATEURS
€
Economie
4 mars 2007
/19
Gastronomie. Les Japonais craquent pour la cuisine française, et vice versa
CONFIDENTIEL
Les grands chefs saisis de nipponmania
Le viaduc de Millau contourné
par les camions
Pierre Gagnaire, lors de
l’inauguration de son
restaurant à Tokyo,
le 29 novembre 2005.
Une gastronomie haut
de gamme à environ 160 ¤
par personne.
Tokyo
Dans l’immense hall du
Design Center Museum,
tout juste inauguré à Roppongi,
le quartier branché de Tokyo, les
visiteurs contemplent une pyramide conique inversée. L’ovni
abrite le dernier restaurant de
Paul Bocuse, une brasserie accessible par une passerelle et fruit
d’un partenariat entre le chef
français et Hiroyuki Hiramatsu,
propriétaire d’une vingtaine
d’établissements au Japon et à
Paris. Et ce n’est qu’un début. En
2007, ils ont prévu d’ouvrir au
moins quatre brasseries, et huit
d’ici fin 2008. Elles s’ajouteront
aux quatorze boulangeries et aux
comptoirs de vente labellisés Bocuse qui y prospèrent depuis des
années. « Ils veulent faire du chiffre avec un maximum de couverts. Ils ne sont pas là pour plaisanter », commente un g rand
chef français qui vient, lui aussi,
de s’installer à Tokyo.
On est bien loin du Château
Taillevent de Joël Robuchon posé
sur une dalle de type la Défense à
Ebisu, en 1994. Robuchon faisait
alors figure de pionnier parmi
les Frenchies. Aujourd’hui, la déferlante des toques tricolores bat
son plein. Certains sont encore
discrets comme Alain Passard,
qui investit deux semaines par
an les cuisines du Brise verte,
l’un des restaurants du Tokyo
Prince Hotel. Mais la plupart des
grands chefs français s’installent
sur la durée.
Il y a quelques semaines, le
triple-étoilé de Roanne Michel
Troisgros prenait ses quartiers
au re z-de-chaussée de l’Hôtel
Century Hyatt à Shinjuku. L’an
dernier, Thierry Voisin, l’ancien
chef des Crayères (trois étoiles à
Reims), posait ses valises à l’Hô-
Toru Yamanaka/Image Forum
Envoyé spécial
tel New Otani pour ne plus en
partir. Le chocolatier Jean-Paul
Hévin vient d’ouvrir une boutique, sa sixième au Japon, à Omotesando Hills, un centre commercial du dernier chic où sa petite
échoppe bleu et or ne désemplit
pas. Non loin de là, le pâtissier
Pierre Hermé, considéré comme
une star avec ses macarons, a installé l’un de ses quatre comptoirs.
Le dernier a ouvert en décembre
au sein du grand magasin Isetan
Shinjuku. Véritable écrin de gastronomie haut de gamme (environ 160 € par personne),
le « Pierre Gagnaire à Tokyo » se
veut la réplique de sa table parisienne. Et Beige, le restaurant
gastro d’Alain Ducasse, crèche
au dernier étage de l’immeuble
Chanel à Ginza, l’une des rues les
plus chères du monde. Mais
qu’est-ce qu’ils ont tous avec le
Japon ? « La cuisine française
traditionnelle a toujours été prisée à Tokyo », explique Michel
Troisgros, qui entretient une longue histoire avec ce pays. « Ces
der nières années, les Italiens
avaient pris le dessus, mais les
Japonais ont repris goût à notre
cuisine dans une version plus
contemporaine et allégée. »
« Ici, il y a de la place
pour tous les goûts »
Sa brasserie tokyoïte marie
les styles et les saveurs : portes
anciennes, fer forgé, murs en
terre à la japonaise, granit, moquette et parquet au sol. Dans les
assiettes, les produits du cru apportent une touche fusion aux
plats maison. Le matcha (thé vert
en poudre) s’invite par touches
tandis que le yuzu, un agrume local, aromatise certaines pâtisseries de Pierre Hermé. « Ici, il y a
de la place pour tous les goûts,
ceux qui veulent de la cuisine
traditionnelle pur sucre, les amateurs de plats de brasserie ou
d’of fres fusion », souligne
Thierry Voisin.
La ruée des toques vers l’Empire du Soleil-Levant traduit
aussi une rivalité de plus en plus
marquée entre g rands chefs.
« Notre ambition est d’être le numéro quatre du groupe derrière
Paris, Monaco et New York », explique Fabrice Renaud, le directeur général du Groupe Alain Ducasse au Japon. Insatiable, le chef
a ouvert une seconde table dans
la capitale nippone : Benoît. Au
dixième étage d’un immeuble de
verre et acier, en plein Shibuya,
un quartier jeune et très animé,
le restaurant est une version
contemporaine du bistrot parisien du même nom. Comptoir en
zinc, escalier en fonte parisien,
parquet Versailles… on s’y croirait. On prête aussi à Ducasse le
projet de racheter un ryokan, un
hôtel traditionnel.
Et l’eldorado japonais n’a visiblement pas fini d’attirer les
ch a m p i o n s d e s fo u r n e a u x .
« Nous comptons nous développer avec Be, notre Boulangépicerie, qui rencontre un grand succès », confirme Fabrice Renaud,
qui ouvre une seconde boutique
dans la capitale. En mars aussi,
Gagnaire inaugurera un premier
café-snack puis une pâtisserie.
Ta n d i s q u e G u y M a r t i n , d u
Grand Véfour, poursuit son repérage, tout comme les frères Delacourcelle (le Pré Verre). Le pouvoir d’achat des Japonais, dopé
par la croissance, n’y est pas
pour rien. Les déjeuners de copin e s, e n t re d e u x m a g a s i n s d e
luxe, non plus. A Tokyo, les salles à manger privées et les cartes
des vins avec des références à
10.000 € abondent. « Un de mes
clients vient seul et commande
t o u j o u r s u n e ro m a n é e - c o n t i ,
qu’il boit à chaque fois dans un
verre dédié créé par Baccarat,
raconte, amusé, Thierry Voisin.
Lorsqu’il a terminé, il l’offre toujours au sommelier qui l’a servi.
Aux Crayères, je n’avais jamais
vu ça. »
Aymeric Mantoux
■ Jacques Godfrain ne décolère
pas : sa ville est envahie par des
poids lourds qui préfèrent la traverser plutôt que d’acquitter le
péage du viaduc de Millau (20,30 €
été comme hiver). Ce pont avait
pourtant été prévu pour désengorger la ville. En outre, celle-ci serait fréquentée tous les jours par
un grand nombre de camions-citernes ravitaillant les stations-service de l’Aveyron.
François Pinault de plus
en plus vénitien
■ Presque un an après avoir ouvert son Palazzo Grassi à Venise,
l’homme d’affaires François Pinault est au coude-à-coude avec la
collection Pe gg y Guggenheim
pour décrocher la concession de la
Punta della Dogana. Mais un récent courrier de la municipalité
précisant les critères de sélection
joue en sa faveur. La mairie tiendra compte du montant total du
budget alloué à ce nouvel espace
et du nombre d’œuvres laissées en
dépôt permanent dans le bâtiment
des douanes. Or Pinault ne manque ni de moyens ni d’œuvres. Il
vient d’investir dans un hôtel ultramoderne d’une quinzaine de
chambres, le Palazzino Grassi, situé à deux pas de sa fondation et
dont l’ouverture est imminente.
Trop de PV chez les livreurs
■ Volkswagen, Peugeot, Citroën,
Renault et les autres constructeurs de véhicules utilitaires dressent le même constat: leurs clients
commandent désormais des fourgonnettes moins puissantes. Leur
raison n’est pas uniquement dictée par une recherche d’économies. En fait, beaucoup de patrons
se plaignent de payer les PV pour
excès de vitesse que leurs salariés,
pourtant prudents avec leur voiture personnelle, feraient passer
en frais.
Météo/Jeux
20/
La journée s’annonce très ensoleillée et douce au sud
de Bordeaux-Nancy. Les températures s’affolent à Cognac, Auch et Biarritz : entre 22 et 24°. Le printemps
aussi à Lyon (18°), Toulouse (19°) et Marseille (20°). La
Franche-Comté gagne 6° en 24 heures avec 16° cet
après-midi à Besançon. Soleil voilé, mais douceur à
La Rochelle, Paris et Reims: entre 14 et 18°. Pluie de la
Vendée au Cotentin. Vent violent sur le Finistère :
100 km/h.
Demain: baisse générale des températures. Une perte
de 3 à 6° sur l’ensemble des régions où les giboulées seront fréquentes. Neige sur les Alpes et le Jura vers
1.400 m. Mardi : pluies et vent fort au nord de la Loire
et sur la moitié ouest. Soleil voilé dans le Sud et l’Est.
Températures stationnaires.
Thierry Fréret
L’HOMMAGE À MAX
1
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17
guerre. – 51. En groupe, oblige à prendre la tête. – 52. Donne un coup de fer. –
54. Proche d’une région de Saintes. –
57. Ses chants exaltent-ils une partie de
la jeunesse ? – 60. Le temps les amenuise. – 61. On ne peut lui confier de
trop lourdes charges. – 63. A de quoi
vous faire pleurer. – 65. On ne le trouve
plus sous les balcons. – 67. Garnit souvent une vitrine. – 69. Un trou où l’on
peut finir ses jours. – 70. Pronom. – 71.
Un nomme du Levant. – 72. Sans bavures. – 73. En voilà qui font sans cesse
des boulettes !
VERTICALEMENT. – 1. Ne peut se
faire au ralenti. – 2. Est transporté sur
place. – 3. Satisfont leur indiscrétion. –
4. Un jeton qu’on se payait quand on allait au théâtre. – 5. Changea dans la
mauvais sens. – 6. Peut vous éviter
bien des faux pas. – 7. Permet à de nombreux Espagnols de s’élever. – 8. Pronom. – 9. Exprimé avec moins de ferveur à soixante ans qu’à vingt. – 10.
Abonde dans le domaine des sportifs. –
11. Fermé pour cause de clôture. – 12.
21
SUDOKU
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pensons, ainsi, être maître
de notre destin. Cela est,
en partie, vrai mais ces
mains recèlent un piège, il
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Solution des jeux
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DANS L’ÉDUCATION SENTIMENTALE OU LA VIE
CONJUGALE
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NE FILERAIENT PAS
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LÀ
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BAT EN
RETRAITE
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LA DÉBÂCLE
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EN TÊTE
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INVARIABLE
ÉTAT
D’UN SUJET
A
ÉCOLE OU
CONTRAT
TRAITS
DE PLUME
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L’ENNEMI Y
EST TAILLÉ
EN PIÈCES
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POINT SEC
ACCORDÉ
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RÉPARATION
APPAREIL
NÉCESSITANT
DU COURANT
UNITÉ
COMMUN,
BELGE,
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AFRICAIN
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EFFAÇAIT
L’ARDOISE
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CORNE
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L’ÉCRITURE
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ENVOYÉ
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GROSSE BISE
ENTRE 2
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SAUVÉ
DES EAUX,
SAUF À Y
INSÉRER UN Y
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FAISANS
ET MALFAISANTS
DESSERT
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UNE
FACULTÉ
QU’ON
LES BELGES
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GRAND
DU SOUDAN
GRAND DU
CYCLISME
POUR SE
RASER ET
AVOIR MEILLEURE MINE
JOLI LOT
GUÈRE
ENRUBANNÉ À SON AISE
COUPURES
DU FIGARO
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PÉPIN
EN BREF
DONNANT
LIEU
POISON
INFILTRANT
LE CERVEAU
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DOTÉ
RÉGIME BIEN
D’APPÂTS
PLUS
POUR
ANGLAIS
PÉCHER QUE CRÉTOIS
A
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UNE
HISTOIRE
SANS QUEUE
NI TÊTE
SUBSISTE
DE LA
PREMIÈRE
IMPRESSION
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64
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SOUVENT LA ROUTE
FONT
DU
ROUTE VAINQUEUR
ENSEMBLE AU 1ER TOUR RETOUR
POUR
NE PAS
PARLER
CHIFFON
53
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43
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58
70
36
46
62
69
Les mots
croisés
de Max
Favalelli
font l’objet
d’un concours
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entre tous
nos lecteurs.
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auteurs de
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exactes,
dix tirés au
sort le jeudi
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Les solutions
doivent
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prochain
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(mots croisés),
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LevalloisPerret Cedex.
27
35
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57
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12
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11
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10
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MOTS FLÉCHÉS
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9
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4
14
E
HORIZONTALEMENT. – 1. Accorde le
couvert, mais pas le gîte. – 10. Certain
y va volontiers de sa larme. – 13. Fut
neuf, il y a longtemps déjà. – 14. Suffisait à Diogène. – 15. Assombrit quand
elle s’incruste. – 17. Essuie bien des revers. – 20. Observées par ceux qui donnent le change. – 21. N’encourage pas à
prendre la pilule. – 22. Résultat d’un rejet. – 24. Peut se lire dans les cartes. –
26. Le dix mais pas le trente. – 28.
Cherchez-la plutôt du côté des pairs. –
29. Contraint à l’attente. – 31. Fréquent
chez Sacha aux dires de certains. – 32.
Peut porter des voiles. – 34. Une mesure prise en dépit du bon sens – 36.
Pronom. – 37. C’est au moment où il
faisait le pont qu’il eut le plus de travail. – 40. Revint de Babylone avec une
paire de moustaches. – 42. Spécialité de
Lenôtre et de Boissier. – 44. Ce n’est pas
sans nostalgie qu’on le ferme. – 45. Et
rarement élégante. – 48. Fait référence.
– 49. N’est pas irréversible en cas de
Pour un enfant d’une extraction hors
du commun. – 16. Buveur régulier. –
18. Petit frère. – 19. Connu de tous les
amateurs de clichés. – 23. Ne garde pas
toutes les recettes pour lui. – 25. Sans
le savoir, M. Jourdain n’avait pas à s’en
soucier. – 27. Il n’y a pas de quoi en
faire un plat. – 30. Peut, à l’occasion,
servir de poêle. – 33. Article. – 35. Cadichon. – 38. Pas toujours quotidienne. –
39. Atteinte à coups de canons. – 41.
Fleuve. – 43. Il y manque une île pour
aller jusqu’à terre. – 46. En les poursuivant, on est littéralement sur les genoux. – 47. On le trouve en maths’spé. –
50. On aurait pu l’ignorer si on avait
su. – 53. A eu souvent l’occasion de sortir, cet hiver. – 55. Ne date probabalement pas d’aujourd’hui. – 56. Quelque
chose de postérieur. – 58. Sortie. – 59. A
tout pour plaire à l’écologiste. – 62.
Gardez-la à droite, c’est préférable. –
64. Pour ceux qui n’ont pas pu se libérer. – 66. Facteur de multiplication. –
68. On voudrait s’arrêter quand ils passent. – 71. Préfixe.
3
E E
Grille n° 895 (mars 1979)
2
E
Le thermomètre grimpe
4 mars 2007
AE
A
/21
4 mars 2007
SPORT
Boxe. Le nouveau
pari de Mormeck.
Page 27
Violences. Match interrompu à Saint-Etienne, affrontements entre supporters à Sedan
Le foot français n’est pas guéri
Jean-Baptiste Autissier/Panoramic
SAINT-ETIENNE - LYON 1-3
Gomis (80e) pour Saint-Etienne
Källström (28e), Tiago (37e), Fred (47e) pour Lyon
Saint-Etienne
Envoyé spécial
Il n’aura donc pas été possible d’empêcher totalement la
violence et la stupidité de s’inviter
au derby. Une mi-temps durant, le
match s’est déroulé sans incident
majeur, même si les forces de sécurité avaient dû faire usage de lacrymogènes pour faciliter l’entrée
du stade au bus lyonnais. Mis sur
orbite par deux erreurs défensives
(relances dans l’axe de Janot et
Hognon sur Källström, laxisme
général exploité par un lob de
Tiago), les Lyonnais ont scellé le
match sur un coup franc sublime
de Fred. A noter que le carton
jaune de Malouda lui vaut une
suspension pour la réception de
Nancy – et l’assure donc de disputer la finale de la Coupe de la Ligue la semaine suivante. « Ce carton, c’était un des objectifs de la
soirée », a-t-il reconnu.
C’est à 0-3 que les incidents
ont débuté, provoquant l’interruption du match. Ils auraient pu
avoir des conséquences plus graves dans le public. On jouait la 50e
minute. Un fumigène part de la
tribune des 1.700 supporters lyonnais, dirigé vers le kop nord de
Saint-Etienne. Il provoque un
mouvement de foule, contenu par
les stadiers, et la réplique par
deux fumigènes, avant que les
Lyonnais n’en adressent un dernier en retour. Le match est interrompu dans la foulée (52e), la fumée des gaz lacrymogènes utilisés
par les forces de l’ordre obligeant
les joueurs à sortir du terrain.
« J’avais la gorge qui grattait, les
yeux qui piquaient. Je ne pouvais
pas continuer », témoigne Sébastien Squillaci. La partie reprendra vingt minutes plus tard.
Sans atteindre le niveau de
violence récemment déploré en
Italie et en Espagne (un policier
tué autour de Catane-Palerme ;
l’entraîneur Juande Ramos blessé
lors de Betis-FC Séville), ces incidents ont rappelé que la Ligue 1
n’est à l’abri de rien. Deux heures
plus tard, c’est le stade de Sedan
qui a été touché (voir par ailleurs).
En octobre der nier à Nice, un
pompier volontaire de 20 ans avait
eu deux doigts de la main arrachés par un pétard lancé des tribunes par un supporter marseillais. Et un supporter avait trouvé
la mort à la sortie de PSG-Tel Aviv
en novembre. « La violence bête et
gratuite s’est à nouveau invitée
dans un stade. Si elles ne sont pas
circonscrites le plus rapidement
possible, toutes ces exactions vont
finir par transformer les jeux du
stade en jeux du cirque », s’est inquiété le syndicat des joueurs
(UNFP), qui demande « aux
pousse-au-crime professionnels de
se regarder en face » et à la Ligue
de « prendre ses responsabilités »
pour protéger les joueurs. « Personne ne sait, aujourd’hui, où
cette escalade peut mener le foot
français. »
En attendant, les deux équipes devraient payer le prix de ces
incidents, notamment l’ASSE qui
a laissé entrer des fumigènes dans
le stade. « Ça aurait pu être très,
très grave. Je pense que les responsables de l’organisation seront
sanctionnés », prédit Jean-Michel
Aulas, le président lyonnais. Qui
ne doit pas éluder sa part de responsabilité dans l’atmosphère délétère qui règne entre les deux
équipes. Pas plus que son homologue stéphanois, Bernard Caïazzo.
Ces dernières semaines, les polémiques entre dirigeants avaient
contribué à raviver l’animosité
entre les deux clubs.
« Peut-être faudrait-il un peu
d’apaisement dans les déclarations d’avant match de part et
d’autre, estime Florent Malouda.
Les deux parties sont coupables.
Ça envenime les choses en contribuant à rendre l’atmosphère hostile. Nous, on a pu se réfugier au
vestiaire. Mais je pense au public,
aux gens qui viennent avec leurs
enfants. Il y aurait pu y avoir des
mouvements de panique. » « Je
n’avais jamais connu ça au Brésil. C’est désolant », re g rette
Fred. « Sur le terrain, on a essayé
de donner l’exemple, note Govou.
Mais on ne peut pas contrôler
tout le monde : les déclarations
des présidents, les articles de
presse, les échanges entre supporters… »
Les kops stéphanois ont rivalisé d’inventivité dans les bande-
Grosses bagarres à Sedan
Geoffroy-Guichard, 52e minute :
les acteurs du derby quittent
le terrain gagné par les gaz
lacrymogènes.
roles. « L’histoire du foot français
ne s’écrit pas en cinq ans », disait
l’une. A la mi-temps, le ton a
changé : un défilé d’animaux sauvages (girafe, singe, hippopotame, hyène…) géants en cartonpâte aux noms des Lyonnais accompa gnait le messa g e « La
chasse est ouverte… Tuez-les ! ».
Govou conclut : « Les animaux,
j’ai trouvé ça marrant. D’ailleurs,
on en a rigolé entre nous. En revanche “Tue z-les !”, c’était de
trop. Ce sont des choses comme
ça qui font dégénérer un match. »
Olivier Joly
Nouvelle chronique du hooliganisme,
hier, à Sedan. Des incidents entre supporteurs du PSG et d’Utrecht (Pays-Bas)
ont eu lieu avant le début du match victorieux des Ardennais (2-0) face aux Parisiens. Des échauffourées ont d’abord
éclaté en fin d’après-midi dans la ville,
puis dans le stade, vers 19 h 15. Aucun
blessé ne serait à déplorer. Les supporteurs d’Utrecht ont pris l’habitude d’assister aux « grandes » rencontres à Sedan depuis l’hommage rendu par le club
ardennais à son ancien joueur David Di
Tommaso, décédé d’une crise cardiaque
en novembre 2005, alors qu’il était sous
contrat avec le club batave. Trois-quarts
d’heure avant le début de la rencontre,
les supporteurs d’Utrecht se sont approchés de la
tribune réservée aux 500 visiteurs parisiens et
des coups ont été échangés à travers le grillage.
Certains supporteurs d’Utrecht étaient armés de
bâtons. Les incidents ont duré une vingtaine de
Olivier Andrivon/Icon Sport
(0-2). Temps doux. 35.201 spectateurs. Arbitre : M. Chapron.
Avertissements : Malouda (39e),
Cris (59e), Réveillère (63e), Toulalan (81e) à Lyon.
minutes, jusqu’à ce que les CRS interviennent,
provoquant la fuite des supporteurs d’Utrecht. Le
président sedanais, Pascal Urano, est lui-même
intervenu dans les tribunes pour tenter de mettre
fin à ce triste spectacle.
Gérard Houllier. L’entraîneur de l’OL est satisfait de son équipe avant la Ligue des champions
« On a retrouvé la sérénité »
Il intériorise sa satisfaction, comme à
son habitude. Cette belle victoire ne
donne pas un large sourire à Gérard Houllier. Juste des mots appuyés, pour saluer
la renaissance de son équipe, à trois jours
d’un match de Ligue des champions crucial face à l’AS Rome. Celle-ci (sans ses
principaux titulaires) a été tenue en échec
à Ascoli, bon dernier de la Série A, sur un
score (1-1) qui la qualifierait à Gerland.
Comment analysez-vous cette
victoire ?
Je regrette pour les Stéphanois et
pour ceux qui avaient affiché l’invitation
à la chasse, sinon pire… Ce ne sera pas
pour ce coup-ci. Je regrette ces banderoles. Notre victoire ne souffre d’aucune
contestation. On a été supérieurs, à la fois
dans le jeu et dans le sang-froid, la maîtrise. On a vu une bonne équipe de Lyon,
qui a marqué trois beaux buts et qui aurait même pu en marquer un ou deux de
plus. Je regrette juste qu’on ait encaissé
un but. Une petite inattention à la suite
d’un coup franc…
Comment avez-vous trouvé la prestation de votre équipe ?
On a produit du jeu, du spectacle, ce
qui n’était pas évident dans un contexte
aussi hostile. On ne s’est pas dégonflé. Paradoxalement, en dépit des quatre cartons, on a répondu dans le sang-froid et la
maîtrise. On a été collectif et efficace. On
avait trois axes dans ce match. 1 : On devait récupérer une forme de solidité physique. On a eu ce répondant, en particulier dans les duels puisqu’on en a gagné
plus qu’eux. 2 : Avoir une solidarité à
toute épreuve : quand l’un était en difficulté, les autres ne l’ont pas regardé avec
passivité, ils sont venus l’aider. 3. La rigueur et la discipline tactique. On a moins
dézoné que d’habitude. On a été plus rigoureux dans notre placement. Ma grosse
fierté, c’est d’avoir retrouvé la sérénité et
la maturité qui faisaient notre force.
Vous avez retrouvé votre équipe,
en somme…
C’est dans la continuité de notre
deuxième mi-temps face à Sochaux. D’un
seul coup, on était capable de répéter des
vagues d’attaques. On monte en puissance. L’équipe doit avoir une grande
confiance en ses moyens. On sait que les
Italiens sont très costauds. Mais nous
aussi, on est costaud.
Avec le recul, peut-on dire que votre
baisse de régime en début d’année
était programmée ?
Ce qui était programmé, c’est qu’on
travaille pour la suite de la saison. Je ne
paniquais pas. La seule chose, c’est qu’il y
a parfois eu de trop mauvais résultats par
rapport au jeu qu’on produisait. Pour
moi, les critiques étaient dérisoires tant
elles étaient excessives. On savait qu’on
n’était pas imbattables. Il n’y avait pas de
perte d’humilité. Ou peut-être une mitemps à Toulouse…
Comment avez-vous vécu l’interruption de ce match ?
Ça nous a coupé les jambes. On était à
3-0 et moi-même, je ne savais pas s’il fallait gérer le résultat ou continuer à attaquer. Ça devait être la même interrogation pour les joueurs. Ils n’étaient pas rassurés dans le vestiaire, ils craignaient que
ça recommence. Un ou deux avaient mis
de l’eau sur leurs yeux et c’était encore
pire.
Vous avez préparé au mieux votre
match retour contre la Roma…
Ce sera un autre match. On va s’en occuper à partir de maintenant. On a trois
jours pour récupérer. Mais il y a plein de
plus aujourd’hui, c’est vrai.
On entend parfois dire que ce 0-0 à
l’aller est surtout un bon résultat
pour les Romains…
Je vous dirai ça mardi. On l’entend
surtout du côté de Rome, puisqu’ils ont dit
qu’ils allaient passer. Mais sachant que la
Roma gagne presque tous ses matches à
domicile, qu’elle jouait devant 75.000 spectateurs dans une ambiance hostile, c’est
en tout cas un meilleur résultat que
d’avoir perdu.
Saviez-vous que Fred était, tout
comme Juninho, un excellent tireur
de coup francs ?
On le savait, oui. Mais ce n’est pas pareil. Lui, c’est plus en force. S’il y a un
coup franc à vingt mètres face à la Roma,
en principe il sera plutôt pour Juninho.
Mais c’est bien d’avoir deux tireurs
comme ça.
Interview
Olivier Joly
Football
22/
4 mars 2007
Ligue 1/27e journée
LILLE - TROYES 4-0
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3
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Keita (16e, 34e), Dumont (19e, 46e)
J
G
N
P
BP
BC Diff.
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42
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Dom.
Ext.
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28/11
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17/18
9/18
19/19
12/17
8/11
8/16
12/19
14/21
12/19
14/14
5/13
7/23
12/28
12/15
18/28
7/13
Série
PGGNG
NGGNN
NPPPG
PGGGN
NNPGN
PGPGN
PNPGP
PNPNP
NNGPP
GNPNN
PGPPN
PNNNG
GPPPN
GPNGN
GGGGN
GPGGP
PGPPN
NGGPP
GPNGG
PNPNN
Mansour Boutabout prend le meilleur sur Jérôme Rothen et Edouard Cissé. Il donnera un
avantage définitif à son équipe en marquant le deuxième but sedanais.
Paris en enfer
(1-0). Temps frais. 15.851spectateurs.
Arbitre : M. Poulat. Avertissements :
Abdou (54e), Boutabout (62e) à Sedan ;
E. Cissé (47e), Diané (64e) au PSG.
Relégable. L’adjectif martèle les tempes des
joueurs, du staff et des dirigeants parisiens
depuis hier soir et leur triste défaite dans
les Ardennes. Dix-huitième au classement,
le PSG a glissé vers la fameuse zone rouge,
cette grotte nauséabonde dont ils n’avaient
plus franchi l’entrée depuis septembre 2004.
Déjà battu sur le même score, dimanche
dernier, au Parc, face à Saint-Etienne (2-0),
le PSG se prépare à une fin de saison suffocante dans un exercice inhabituel pour lui.
« Ce soir (hier), la saison aurait pu se terminer, cela nous permet d’espérer » a pu
souffler José Pasqualetti, l’entraîneur sedanais, après la rencontre. Le club ardennais,
19e, revient à trois points de son adversaire
et se remet à croire au maintien, après cette
deuxième victoire consécutive sans prendre de but. Et Paris peut replonger dans
une énième « crise », même si, vu la situation et les événements ayant émaillé sa saison, le mot a fini par perdre son sens. Après
des débuts encourageants, Le Guen va devoir adapter ses méthodes à cette urgence.
Et ses joueurs, retrouver un mental et une
hargne absents sur le deuxième but. Après
28e journée
Vendredi 9 mars : Bastia-Amiens ;
Brest-Grenoble ; Dijon-Montpellier ; Gueugnon-Le Havre ; IstresCréteil ; Libourne/St-SeurinTours ; Metz-Niort ; Strasbourg-AC
Ajaccio (20h) ; Caen-Guingamp
( 2 0 h 3 0 , E u r o s p o r t ) . Lundi
12 mars : Reims-Châteauroux
(20 h 30, Eurosport).
56
52
51
46
44
41
39
39
38
37
35
34
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29
28
28
25
25
24
20
Stade Bonal (18h, Canal+ Sport)
un ballon perdu par Diané, Maurice-Belay
a également pu pénétrer et frapper dans la
surface devant quatre Parisiens, puis récupérer un ballon repoussé par Landreau
pour servir Boutabout. Les joueurs de Le
Guen avaient été surpris dès la 7è minute
par une tête décroisée de Pujol, légèrement
touchée et déviée sur le poteau par le gardien parisien… qui a vu le ballon lui rebondir sur l’extérieur du genou et rentrer dans
sa cage. « Prendre un but d’entrée, ça fait
mal, a commenté Rothen après la partie. Je
suis vraiment triste. Il faut qu’on mette les
couilles sur le terrain. On est en train de
jouer avec l’avenir d’un grand club. » Un
grand club au bord du gouffre, qui recevra
Auxerre dimanche prochain pour un nouveau compte-à-rebours dramatique. Mais
l’espoir, aussi, a horreur du vide : maintenant qu’il a si peur, le PSG va peut-être, enfin, trouver toutes les ressources et la fierté
nécessaires à sa survie.
Sedan : Trévisan -Ducourtioux (cap), Yahia,
Sartre, Belhadj -Amalfitano, Ouadah (Abdou 54e), Maurice-Belay (A. Cissé 77e) -Boutabout, Pujol (Jau 69e), Job
Paris SG : Landreau -Mendy, Rozehnal,
Traoré, Armand -E. Cissé (cap), Rothen Diané, Rodriguez (Kalou 27e) -Frau (Ngog
81e), Luyindula (Pauleta 65e).
National/26e journée
Ligue 2/27e journée
Metz
Strasbourg
Caen
Le Havre
Amiens
Dijon
Bastia
Châteauroux
Grenoble
Reims
Gueugnon
Ajaccio
Libourne/St-Seurin
Montpellier
Brest
Guingamp
Niort
Istres
Créteil
Tours
SOCHAUX - NANTES
Landreau (7e csc), Boutabout (74e)
(0-0). Temps doux. 7 863 spectateurs. Arbitre : M. Fautrel. Avertissements : Briand (29e), Faty (58e) à Rennes.
Peu de monde en gradins… Le Bourguignon a du flair. Le
temps a paru long pour les courageux de l’Abbé Deschamps. Benoît Cheyrou l’Auxerrois a fait la bise à Bruno
Cheyrou le Rennais pour le seul fait marquant de ce début
de match. Quelques frappes molles font patienter jusqu’à la
rentrée de Jelen. Le Polonais, lancé comme un missile par
Mignot, résiste aux défenseurs Bretons et trompe Pouplin
d’une frappe tendue. « Je pense que, si on n’avait pas pris
ce but, on aurait eu une ou deux occasions en fin de match.
Malheureusement, ce but a tout gâché », analyse Pierre
Dréossi, très ambitieux entraîneur rennais. « Ces trois
points sont importants pour la suite du championnat et le
maintien », s’est fendu de son côté Jean fernandez, digne
héritier au micro de Guy Roux. Avec un peu d’ambition, les
deux équipes peuvent encore espérer accrocher un bout
d’Europe. Mais il va falloir montrer autre chose que la
triste copie rendue hier.
Auxerre : Sorin -Sagna, Kaboul, Grichting, Mignot -Pedretti, Thomas, Be. Cheyrou (cap) -Kahlenberg (Jelen 46 e),
Niculae (Ba 66e), Akalé (Lejeune 76e).
Rennes : Pouplin -Faty, Mensah, Borne, Edman (Esteban
87e) -Br. Cheyrou (cap), Mbia, Sorlin -Danzé (Sow 71e), Thomert (Utaka 62e) -Briand.
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Temps doux. 12 461 spectateurs. Arbitre : M. Thual.
Avertissement : Ewolo (26e) à Lorient.
C’était un match difficile mais ils avaient à cœur de prendre
au moins un point. Merlus et Aiglons repartent dos à dos. Les
Bretons avaient pourtant enfilé le bleu de chauffe et faisaient
cavalier seul mais sans jamais faire mouche. Le verdict tombe
comme un couperet: on s’est bien ennuyé hier au Moustoir.
Lorient : Riou -Jallet, Marchal (cap), Ciani, Moullec -Namouchi, Ewolo, Abriel, Le Pen (Taïder 62e) -Gignac (Bourhani 70e),
Saïfi (Marlet 83e).
Nice : Lloris -Fanni, Abardonado (cap), Kanté, Varrault Koné (Vahirua 40e, Scotto 93e), Diakite, Echouafni, Rool, Veigneau (Ederson 63e) -Laslandes.
SEDAN - PSG 2-0
Jelen (65e) pour Auxerre
PTS
NANCY - LE MANS 1-1
LORIENT - NICE 0-0
AUXERRE - RENNES 1-0
Vendredi : AC Ajaccio-Grenoble
3-1 ; Amiens-Istres 2-1 ; Châteauroux-Libourne/St-Seurin 0-1 ;
Créteil-Brest 0-2 ; Dijon-Gueugnon 1-0 ; Guingamp-Reims 1-0 ;
Montpellier-Metz 1-1 ; Niort-Bastia 0-0 ; Le Havre-Strasbourg 0-1.
Demain : Tours-Caen (20 h 30,
Eurosport).
Temps doux. 13 721 spectateurs. Arbitre: M. Moulin.
Avertissement: Mathieu (90 e) à Toulouse. Expulsion:
Elmander (85e) à Toulouse.
Savigol d’un côté, Elmander de l’autre, sûrement les deux
meilleurs buteurs de L1 ces derniers temps. Ca va faire des
étincelles, c’est sûr. En fait, on n’a vu que Douchez, le gardien des Pitchouns qui grandit à chaque sortie. Un point, ça
va pour VA qui ressort de la zone rouge.
Valenciennes: Penneteau -Traoré (Dossévi 81 e), Flachez,
Ouaddou, Rippert -Mater, Doumeng (Haddad 73e), Paauwe,
Bezzaz -Dufresne (cap), Savidan.
Toulouse: Douchez -Ebondo, Arribagé (cap), Congré, Mathieu -Dieuze, Sirieix -Paulo Cesar (Batlles 81e), Emana, Mansaré (Bergougnoux 91e) -Elmander.
(1-0). Temps doux. 18 142 spectateurs. Arbitre : M. Duhamel. Avertissements : Hadji (62e), Curbelo (82e) à Nancy ;
Cerdan (23e), Romaric (62e), Basa (83e) au Mans.
Une entame de feu des Lorrains et une tête plongeante de
Macaluso pour récompenser la belle domination. Derrière,
la révolte mancelle. Il reste vingt minutes quand Grafite
rentre. Il n’en reste plus que dix-huit quand il égalise.
Nancy : Grégorini -Chrétien, Macaluso, Diakhaté (cap), Sauget -Nguemo, Gavanon (Bérenguer 89e), Brison (Hadji 46e) Fortuné (Andre Luiz Silva 68e), Curbelo, Dia.
Le Mans : Pelé -Calvé, Basa (cap), Cerdan, Camara -Coutadeur (Grafite 71e), Romaric, Bangoura, Sessègnon - Samassa
(Douillard 57e), De Melo.
MONACO - BORDEAUX 0-0
Temps : doux. 11456 spectateurs. Arbitre : M. Kalt.
Avertissement : Henrique (19e) pour Bordeaux.
Deux énormes cylindrées de notre si chère L1 se sont neutralisées avec une étonnante maestria. Ramé s’est presque
ennuyé. Roma et ses filets ont eux bien tremblé à la demiheure, mais le but de la tête de Chamakh est refusé pour
une obstruction. A Jussiê la balle de match (74e) : son plat
du pied à dix mètres trouve un panneau de pub. Choisissez
bien, choisissez Louis-II où les fans s’offrent un second
spectacle consécutif sans but. C’est mérité pour les locaux
qui n’ont visé que les crânes du Pimp Piquionne et du King
Koller qui se dirigent vers un bon gros ventre mou. Moins
pour le char en débardeur de Ricardo plus méritant, offensif, emballant. Les Girondins restent à portée de podium
mais reviennent logiquement déçus de la Principauté. « On
n’a pas à rougir de ce nul. Il ne faut pas rêver. La saison est
difficile depuis le début, et je ne me fais pas de film », a
conclu Laurent Banide, l’entraîneur monégasque.
Monaco : Roma -Modesto, Bolivar, Givet (cap), Dos Santos Perez, Monsoreau, Leko -Touré (Mériem 74e) -Piquionne, Koller (Plasil 74e).
Bordeaux : Ramé (cap) -Jemmali, Henrique, Planus, Wendel
(Marange 46e) -Fernando, Mavuba (Obertan 93e) -Alonso, Micoud, Jussiê -Chamakh (Perea 85e).
VALENCIENNES - TOULOUSE 0-0
Macaluso (37e) pour Nancy
Grafite (73e) pour Le Mans
Alain Julien
(3-0). Temps froid. 13 000 spectateurs. Arbitre :
M. Malige. Avertissements : Barbosa (41e), Danic (54e),
Faye (66e) à Troyes.
Deux buts et une passe décisive chacun, Kader Keita et Stéphane Dumont se sont bien régalés. On a vu même Claude
Puel exulter, lever un poing rageur comme pour exorciser
les récents malheurs de ses troupes. Les Dogues avaient
vraiment les crocs après trois défaites de rang. La solution ? Planter trois buts le plus rapidement possible et voir
venir : Keita s’y colle dans un angle fermé puis sert Dumont pour une belle reprise avant l’ouverture magique de
Makoun pour l’Ivoirien : contrôle, reprise sans toucher le
sol, et c’est gol. Dumont en ajoute un quatrième après la
pause et laisse Troyes bougonner sur sa 16 e place, deux
points devant Paris. Maintenant, c’est opération Manchester pour le LOSC. Au moins s’est-il rassuré sur ses capacités offensives. « Mes joueurs ont été récompensés, a estimé
Puel. Ils étaient à la recherche d’un match référence depuis
le début de l’année. Cela leur fait du bien de vivre une telle
soirée. Maintenant, à Manchester, ce sera complètement
différent. »
Lille : Sylva -Lichtsteiner (Youla 75 e), Franquart, Tavlaridis, Tafforeau (cap) -Keita (Debuchy 66e), Makoun, Dumont,
Bastos -Obraniak (Chalmé 66e) -Odemwingie.
Troyes : Le Crom -Berkak, Paisley, Faye, Enza Yamissi (Lachuer 46e) -Sanz, Barbosa, Nivet (cap), Matuidi, Bangoura
(Danic 46e) -Gigliotti (Jaziri 66e).
Lyon
Lens
Lille
Toulouse
Sochaux
Bordeaux
Saint-Etienne
Marseille
Rennes
Nancy
Le Mans
Auxerre
Lorient
Monaco
Nice
Troyes
Valenciennes
Paris SG
Sedan
Nantes
PTS
J
G
N
P
BP BC Diff.
26 16 8 2 40 13
27 14 10 3 33 20
26 14 9 3 46 24
27 12 10 5 40 22
27 13 5 9 35 32
27 11 8 8 27 30
27 10 9 8 33 29
27 11 6 10 30 32
27 9 11 7 38 32
27 10 7 10 34 31
27 10 5 12 31 35
27 9 7 11 32 34
26 8 7 11 32 36
27 7 8 12 28 33
27 5 13 9 29 32
27 6 10 11 28 32
27 5 10 12 23 37
27 6 7 14 22 41
27 5 9 13 19 37
26 5 5 16 22 40
27
13
22
18
3
-3
4
-2
6
3
-4
-2
-4
-5
-3
-4
-14
-19
-18
-18
Entente SSG-Romorantin 6-1;
Vannes-Yzeure 3-2; Raon-l'EtapeParis FC 1-2; Clermont-Pau 2-1;
Cannes-Martigues 0-0; Sète-Laval 1-0; Angers-Nîmes 4-2. Vendredi: Louhans-Cuiseaux-Cherbourg 4-4; Boulogne/MerChâtellerault 1-0; Toulon-Beauvais 1-3.
27e journée
Vendredi 9 mars: Yzeure-Cannes; Beauvais-Vannes; Chatellerault-Angers (20h). Samedi
10 mars: Paris FC-LouhansCuiseaux; Martigues-Raon
L ' E t a p e ( 17 h ) ; C h e r b o u r g Entente SSG; Romorantin-Clermont Foot; Pau-Boulogne; Laval-Toulon; Nîmes-Sète (20h).
PTS
1 Angers
2 Boulogne-mer
3 Clermont
4 Laval
5 Paris FC
6 Nîmes
7 Beauvais
8 Sète
9 Louhans
10 Cannes
11 Pau
12 Romorantin
13 Toulon
14 Entente SSG
15 Vannes
16 Cherbourg
17 Raon-l’Etape
18 Martigues
19 Châtellerault
20Yzeure
51
50
48
48
47
43
40
40
40
35
30
30
29
28
27
25
24
24
23
17
J Diff.
26
26
26
26
26
26
26
26
26
26
26
25
26
26
25
26
26
26
25
25
15
15
16
15
13
7
5
2
-1
-1
-5
-13
0
1
-13
-11
-6
-9
-11
-19
A l’heure du coup d’envoi et de Stade 2, Lorànt Deutsch dévissera quatre boules pour désigner les demi-finales de la Coupe
de France. « Si le tirage au sort nous attribue Nantes, ce sera
dans tous les cas un rendez-vous difficile » a très sobrement
commenté Alain Perrin, qui tentera de garder le secret dans
les vestiaires. A peine rassuré par la qualif ’face à Sedan,
Nantes, lanterne rouge depuis hier soir, sera privé de Zaïri,
Savinaud et Cubilier et, peut-être, de son Captain’Cetto. Un
bon vieux 0-0, comme lors des deux derniers déplacements,
serait presque inespéré pour des Canaris à deux doigts de
tomber du nid. Les Lionceaux, eux, ont de l’appétit. Luis Fernandez parle du « Barça de la L1 », la 607 du Prez’ rutile, l’infirmerie est presque vide. La belle semaine sochalienne (nul
homérique à Lyon, victoire en Coupe sur Paris) a confirmé
des envies d’Europe de plus en plus légitimes.
Meilleurs buteurs
13 buts: Savidan (Valenciennes). 10 buts: Dindane (Lens); Pauleta
(Paris SG). 9 buts: Fred+1 (Lyon); Piquionne (Saint-Etienne, 6, puis
Monaco, 3); Ilan (Saint-Etienne). 8 buts: Akalé (Auxerre); Bangoura
(Le Mans); Keita (Lens); Bodmer (Lille); Juninho (Lyon); Pagis (Marseille); Ziani (Sochaux); Gigliotti (Troyes).
28e journée
Samedi 10 mars : Toulouse-Monaco (17 h 10, Canal +); BordeauxSochaux ; Le Mans-Saint-Etienne ; Lorient-Lille ; Nantes-Nancy ; NiceRennes ; Troyes-Valenciennes (20h). Dimanche 11 mars : Paris SGAuxerre ; Lens-Sedan (18h, Canal + Sport) ; Lyon-Marseille (21h,
Canal +).
TELEX
Pauleta raccrochera en 2008
■ Dans un entretien paru hier dans le quotidien portugais Correio de Manha, Pauleta affirme vouloir arrêter sa
carrière au terme de son contrat avec le PSG, en juin 2008.
« J’ai un peu peur de voir arriver cette date car je prends
toujours autant de plaisir », a déclaré l’attaquant. Il a déjà
une idée de reconversion : « Je pourrais continuer à travailler à Paris, en tant qu’ambassadeur du club en Europe
par exemple. »
4 mars 2007
Football
24/
4 mars 2007
OM. « Je veux m’assurer que le football français reste propre », prévient Thiriez
Kachkar et Marseille sous pression
Stade Vélodrome (21h, Canal+)
« Je ne le sens pas bien. Si
j’étais Marseillais, je m’inquiéterais… » Voilà le sombre
pressentiment d’un dirigeant du
football français, devant le long
feuilleton de la vente de l’OM.
Plus le temps passe, plus les doutes s’accentuent sur la nature et
l’étendue des capacités financières de Jack Kachkar, le candidat à
la reprise, reparti hier pour les
Etats-Unis à bord de son jet privé.
Le prochain épisode de cette saga
aura lieu mercredi, devant la Direction nationale du contrôle de
gestion (DNCG). Le président
Pape Diouf, l’actionnaire Robert
Louis-Dreyfus et l’homme d’affaire canadien sont convoqués à
Paris pour délivrer des garanties
sur la pérennité financière du
club. Et répondre, aussi, aux ques-
tions que tout le monde se pose :
d’où vient l’argent dont Kachkar a
besoin pour racheter l’OM
(115 M€) et a-t-il véritablement les
moyens de ses ambitions pour le
club, qu’il veut installer en Ligue
des champions ?
Côté RLD, on estime que la
présence du milliardaire devant
la DNCG n’a pas lieu d’être,
puisqu’il a déjà apporté les garanties financières exigées jusqu’à la
fin de saison. D’autre part, il ne
s’est pas rendu devant l’instance
depuis qu’il a quitté la présidence
de l’OM, il y a six ans. Mais son
absence serait très mal perçue par
la commission. « Tout le monde a
intérêt à venir. L’intérêt de LouisDreyfus, c’est qu’il vende le club
dans des conditions convenables », appuie un responsable.
Alors que la cession aurait
dû intervenir lundi dernier, l’entourage de Jack Kachkar répète
aujourd’hui que « l’opération
sera finalisée dans les prochaines
semaines ». Certes, Louis-Dreyfus et le candidat à la reprise ont
signé, jeudi, un « accord définitif
de vente » mais l’argent de Kachkar se fait toujours attendre. Si
de tels reports font partie des
« aléas de la vie des affaires », selon la formule consacrée, ils aiguisent aussi les questions sur
les moyens dont dispose Kachkar.
Pour acheter l’OM, le Canadien
contracterait actuellement un
prêt sur ses actifs immobiliers
américains, une pratique courante aux Etats-Unis. Une hypothèse que son agence de communication ne pouvait commenter
hier.
« Il y a de la déstabilisation »
Face à ces interrogations, la
Ligue de football professionnel
(LFP) dit avoir pris les devants
Jack
Kachkar
Sipa Press
MARSEILLE - LENS
dès la mi-janvier. Son président,
Frédéric Thiriez, n’a rencontré
Kachkar qu’une seule fois mais
s’intéresse de très près à son profil et sa crédibilité, sans se laisser
éblouir par ses signes extérieurs
de richesse. Via le ministère des
Sports puis celui des Finances,
Thiriez est à l’origine de l’en-
Frédéric
Kanouté.
Meilleur
buteur
de Liga,
l’ancien
Lyonnais s’impose
avec humilité
Allemagne (24e journée)
Schalke 04-Hambourg . . . . . . . . . . . . . . . .0-2
Francfort-Hanovre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-0
Wolfsburg-Mönchengladbach . . . . . . . . .1-0
Berlin-Bayern Munich . . . . . . . . . . . . . . . .2-3
Bielefeld-Nuremberg . . . . . . . . . . . . . . . . .3-2
Werder Brême-Bochum . . . . . . . . . . . . . . .3-0
Bayer Leverkusen-Stuttgart . . . . . . . . . . .3-1
Aujourd’hui: Dortmund-Cottbus; Aix-laChapelle-Mayence. Classement: 1. Schalke
04 49 pts; 2. Werder Brême 46; 3. Stuttgart 45;
4. Bayern Munich 43; 5. Nuremberg 36; 6.
Bayer Leverkusen 35; 7. Berlin 34; 8. Hanovre
33; 9. Wolfsburg 28; 10. Dortmund 28; 11.
Hambourg 27; 12. Mayence 27; 13. Bielefeld
26; 14. Francfort 26; 15. Cottbus 25; 16. Aix-laChapelle 24; 17. Bochum 24; 18.
Mönchengladbach 21.
Angleterre (29e journée)
sonnelle qu’aux noms ou aux titres. Au cours de ma carrière, je me suis senti progresser, sportivement et humainement. On peut débuter à l’OM et finir à Louhans-Cuiseaux :
si on s’épanouit dans sa vie, où est le problème ? »
me sens bien, ça se termine en général par
un ou deux buts. Je ne joue pas forcément
mieux qu’il y a un an, mais j’ai appris à
mieux me placer et à finir les actions. Je fais un
travail sur moi-même. Je regarde comment je
joue : pourquoi j’ai loupé des actions, si je ne gaspille pas mes efforts dans des courses inutiles. »
■ Lyon et l’incompréhension
« J’ai démarré à Lyon, à l’époque où le club commençait juste à émerger. L’année après mon départ, ils se sont mis à gagner des titres et ne se
sont plus arrêtés. Il fallait que je parte pour
qu’ils se lâchent ! Je me souviens que personne,
en France, ne croyait vraiment au succès de
l’OL. De l’intérieur, on voyait pourtant qu’il
y avait un projet solide pour devenir un
grand club. Il faut au moins accorder ça à
Aulas. Quand je suis parti, beaucoup me prédisaient une carrière médiocre. Mais j’ai toujours cru en moi et ça s’est bien passé en Angleterre, puis en Espagne. Là encore, peu de personnes ont
compris ce choix. Même si je partais dans l’inconnu, je sentais le truc. J’accorde plus d’importance à la réussite per-
Largo/Paoramic
■ Rendez-vous raté avec les Bleus
« Les Bleus, ce n’est pas un regret. J’ai joué en équipe de
France Espoirs, mais quand j’ai eu vent du changement
de règle (depuis 2004, les joueurs n’ayant connu aucune
sélection en A peuvent représenter le pays de leur
choix), je n’ai pas hésité. Depuis tout petit, j’avais envie de jouer pour le Mali. Les gens qui, comme moi,
ont une double culture me comprennent. J’aurais
sans doute eu ma chance en Bleu, mais cela restait
incertain, alors qu’avec le Mali, je pouvais construire
dans la durée et m’impliquer vraiment. Il y a un potentiel incroyable. Il manquait juste des gens qui
s’investissent, qui amènent une meilleure organisation. J’ai aussi créé une association pour bâtir
des villages d’enfants (voir www.kanoute.com). On
a déjà acheté le terrain, la construction devrait
commencer bientôt. Le plus dur commence. La
dernière fois, j’ai rencontré Jean Tigana dans
l’avion. On y allait pour s’occuper de nos projets
respectifs. On a bien discuté. »
Déjà 18 buts
sous le
maillot du
FC Séville
pour
Frédéric
Kanouté.
■ Soir de violence à Séville
« Mercredi, on a senti que c’était tendu dès le début, on recevait plein d’objets lancés des tribunes. Mais sur le terrain, c’était bon esprit. Sur le moment, je n’ai pas vu que
Juande Ramos avait reçu une bouteille pleine sur la tête.
Je venais de marquer un but important pour la qualification (le match reprendra à la 57e sur terrain neutre le
20 mars, 1-0 pour le FC Séville). Je me souviendrai
de ce but puisqu’il a aussi envoyé mon entraîneur
à l’hôpital ! Heureusement, il s’en est sorti. Le
lendemain, il a déclaré que les suppor ters
n’étaient pas les seuls responsables de ce grave
incident. Je suis d’accord avec lui : tout le monde,
dirigeants et médias compris, a contribué à mettre de l’huile sur le feu avant le match. Après, il ne
faut pas s’étonner des débordements. Le derby sévillan, c’est vraiment le truc le plus chaud que j’ai
vécu. »
■ Pichichi devant Ronaldinho
« Je m’attendais à quelque chose de bien, mais pas à
me retrouver en tête du championnat un week-end sur
trois. En début de saison, j’avais juste dit qu’on devait se
classer le plus haut possible. Cela a été traduit par : “On
veut gagner la Liga.” Je n’ai pas démenti, il faut toujours
viser le top. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a rien à envier au
Real ou au Barça. On est en course dans toutes les compétitions : Liga, Coupe du Roi et l’UEFA, où on défend notre
titre… Il y en a pas mal qui doivent
se demander comment j’ai pu
marquer autant. L’efficacité, ce
n’est pas ma qualité première.
Mais dans le foot, il faut savoir
s’adapter. Séville avait besoin
d’un buteur, j’ai su jouer ce
rôle. Je me retrouve pichichi
sans y penser, ce n’est pas un objectif qui me motive. Mais quand je
grement » dont il ferait l’objet.
« Il ne s’est pas caché et il n’a pas
été avare d’interviews. Et à présent, il y a de la déstabilisation.
Alors à qui profite le crime ? » demande un de ses porte-parole.
Pour la Ligue, il s’agit de garantir la probité revendiquée du
business de son sport. Publiquement peu prolixe sur le sujet,
Thiriez souhaite cependant montrer sa détermination dans cette
affaire, qu’il considère comme un
exemple, au vu de la popularité,
de l’impact médiatique et de la
place de l’OM dans le paysage national. « Je n’ai rien contre Rober t Louis-Dreyfus, bien au
contraire, ou contre Jack Kachkar, nous explique-t-il. Mais je
veux m’assurer que le foot français reste propre et que la pérennité économique de l’OM soit préservée. Et nous utiliserons tous
les moyens légaux à notre disposition pour satisfaire ces deux
exigences. »
Alban Traquet
ETRANGER
« L’efficacité
n’est pas
ma qualité
première… »
La lecture du classement des buteurs de la Liga en
interpelle plus d’un en Angleterre. Assez discret au
cours de ses six années en Premier League (43 buts en 144
matches avec West Ham puis Tottenham), Frédéric Kanouté n’en finit plus de marquer avec le FC Séville cette
saison : 18 buts en 23 rencontres de Liga. A 29 ans, l’attaquant franco-malien prend une nouvelle dimension. Mercredi, dans le derby sévillan en Coupe du Roi, sa réussite
a eu des conséquences involontairement dramatiques :
c’est son but qui a provoqué la colère lamentable des supporters du Betis, qui s’en sont pris à l’entraîneur du FC
Séville, blessé à la tête par une bouteille lancée des tribunes. Hier soir, il disputait le choc au sommet contre le leader, Barcelone.
quête menée par Tracfin (traitement du renseignement et action
contre les circuits financiers
clandestins). La cellule antiblanchiment de Bercy devra plancher
de longues semaines sur un dossier dont les résultats dépendront
du bon vouloir de leurs différents
homologues. Les autorités russes, par exemple, se montrerontelles coopératives ?
Parmi les zones d’ombre qui
entourent le personnage et la
constitution de sa fortune, son
épouse russe, Viktoria, suscite
un intérêt certain. C’est elle qui a
permis au docteur Kachkar, il y a
une douzaine d’années, de « démarrer » dans les affaires, alors
que son ex-mari, Alexander Benkovitch, gravitait dans la galaxie
du « parrain » Semion Moguilevitch. Un mafieux qualifié, dans
les années 1990, de « gangster le
plus dangereux de la planète ».
Ces suspicions irritent les représentants français de Kachkar, qui
pointent la « campagne de déni-
■ Quiproquo
autour d’un logo
Par rapport à mes convictions (religieuses), je ne voulais pas faire de pub pour le
sponsor du FC Séville, un site de paris en ligne. J’étais décidé à cacher le logo toute la saison. C’était
symbolique. Mes dirigeants l’ont compris, mais je n’ai pas
voulu me marginaliser dans le groupe. Ça s’est donc arrêté là. Contrairement à ce qui a été écrit, on ne me donne
pas d’argent en échange. Je n’ai pas non plus demandé à
ce que le sponsor verse de l’argent à une œuvre caritative.
Au-delà de cette histoire, le fait que je sois musulman ne
me porte pas préjudice. Je n’ai jamais eu de remarques
désobligeantes. Il y a parfois de l’incompréhension. Mais
quand on explique, il n’y a aucun problème. Je n’ai pas
honte de ma religion. Je la pratique parfaitement depuis
l’âge de 21 ans, même en jouant au foot. Au contraire, ça
me donne une force supplémentaire. »
Solen Cherrier
TELEX
Liverpool-Manchester United . . . . . . . . . .0-1
Fulham-Aston Villa . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Newcastle-Middlesbrough . . . . . . . . . . . .0-0
Manchester City-Wigan . . . . . . . . . . . . . . .0-1
Watford-Charlton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-2
Arsenal-Reading . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1
Sheffield United-Everton . . . . . . . . . . . . . .1-1
Portsmouth-Chelsea . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2
Aujourd’hui: Bolton-Blackburn; West HamTottenham. Classement: 1. Manchester
United 72 pts; 2. Chelsea 63; 3. Liverpool 53; 4.
Arsenal 52; 5. Bolton 47; 6. Everton 43; 7.
Reading 43; 8. Portsmouth 41; 9. Tottenham
39; 10. Newcastle 37; 11. Blackburn 37; 12.
Middlesbrough 36; 13. Aston Villa 33; 14.
Fulham 33; 15. Wigan 32; 16. Sheffield United
31; 17. Manchester City 30; 18. Charlton 24;
19. Watford 20; 20. West Ham 20.
Belgique (24e journée)
Roulers-Zulte-Waregem . . . . . . . . . . . . . . .3-1
Beveren-RC Genk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .0-5
La Gantoise-Lierse . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4-0
CS Bruges-Standard Liège . . . . . . . . . . . .0-2
St-Trond-Mouscron . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Mons-Lokeren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0
Anderlecht-Charleroi . . . . . . . . . . . . . . . . .3-2
Westerlo-FC Brussels . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Aujourd’hui: GB Anvers-FC Bruges.
Classement: 1. RC Genk 56 pts; 2. Anderlecht
54; 3. Standard Liège 49; 4. La Gantoise 43; 5.
FC Bruges 39; 6. Charleroi 39; 7. Westerlo 36;
8. Roulers 34; 9. GB Anvers 31; ...
Ecosse (29e journée)
Celtic-Dunfermline . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-1
Falkirk-Aberdeen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2
Inverness CT-Dundee Utd . . . . . . . . . . . . .1-0
St Mirren-Kilmarnock . . . . . . . . . . . . . . . . .0-2
Aujourd’hui: Hibernian-Rangers. Demain:
Motherwell-Hearts. Classement: 1. Celtic 74
pts; 2. Rangers 52; 3. Aberdeen 48; 4. Hearts
45; 5. Hibernian 40; 6. Kilmarnock 40; ...
Espagne (25e journée)
Valence-Celta Vigo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-0
FC Séville-FC Barcelone . . . . . . . . . . . . . . .n.p
Auourd’hui: Espanyol Barcelone-Villarreal;
Majorque-Levante;
Saragosse-Real
Sociedad; La Corogne-Betis Séville; Athletic
Bilbao-Tarragone; Racing SantanderOsasuna Pampelune; Real Madrid-Getafe;
Recreativo
Huelva-Atletico
Madrid.
Classement: 1. FC Barcelone 49 pts; 2. FC
Séville 47; 3. Valence CF 46; 4. Real Madrid
43; 5. Atletico Madrid 40; 6. Real Saragosse
39; 7. Huelva 37; 8. Getafe 36; 9. Espanyol
Barcelone 35; 10. Santander 33; 11. Deportivo
La Corogne 33; 12. Villarreal 32; 13. Osasuna
30; 14. Betis Séville 27; 15. Levante 27; 16.
Celta Vigo 26; 17. Majorque 26; 18. Athletic
Bilbao 25; 19. Real Sociedad 14; 20.
Tarragone 14.
Italie (27e journée)
Ascoli-AS Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-1
Livourne-Inter Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-2
AC Milan-Chievo Vérone . . . . . . . . . . . . . .3-1
Aujourd’hui: Udinese-Empoli; Lazio RomeSampdoria Gênes; Catane-Sienne; Fiorentina-Torino; Cagliari-Bergame; MessinePalerme; Parme-Reggina. Classement: 1.
Inter Milan 70 pts; 2. AS Rome 54; 3. Palerme
45; 4. Lazio Rome 40; 5. AC Milan 40; 6. Empoli
38; 7. Sampdoria Gênes 33; 8. Fiorentina 32; 9.
Udinese 32; 10. Atalanta Bergame 31; 11.
Catane 31; 12. Livourne 28; 13. Sienne 26; 14.
Torino 25; 15. Chievo Vérone 23; 16. Cagliari
23; 17. Reggina 21; 18. Messine 20; 19. Parme
17; 20. Ascoli 16.
Pays Bas (27e journée)
Le rouge est mis
Cissé avec des mots
Très cher Euro
Vidéo sur la ligne
■ Ultra-dominé toute la partie et réduit à
dix lors des des ultimes minutes, Manchester a frappé un grand coup en battant (1-0)
Liverpool à Anfield. Un coup franc de Cristiano Ronaldo repoussé dans les pieds
d’O’Shea (91e), a permis aux Red Devils de
conserver leur avance de neuf points sur
Chelsea, vainqueur à Portsmouth (0-2).
■ « A Auxerre, c’était pire, et on n’en a jamais parlé. Arrêter de me faire chier. » Djibril Cissé a fait savoir sur Canal + qu’il n’y
avait pas, d’affaire qui vaille autour de son
comportement. Passes ratées, grande nervosité, coups de gueule, Cissé plaide noncoupable : « Pour l’instant, il n’y a pas eu
de plainte (de ses coéquipiers). »
■ Le journal suisse Blick dénonce une forte
hausse des prix des billets pour l’Euro 2008
(7-29 juin en Suisse et en Autriche) par rapport à la Coupe du monde, environ 25 % de
hausse. Position de monopole de l’UEFA,
sponsors largement favorisés, une association de consommateurs a envoyé une lettre
à l’UEFA, demandant du « fair pay ».
■ L’international board (Ifab) s’est dit hier
favorable à des tests permettant de juger si
le ballon à franchi la ligne de but, sans
fixer d’échéance, aucun système n’étant
fiable à 100 %. « Un pas très important
pour l’arbitrage de demain vient d’être
franchi », a commenté Frédéric thiriez, le
président de la LFP, promoteur de l’idée.
NEC Nimègue-FC Twente . . . . . . . . . . . . . .0-3
PSV Eindhoven-RKC Waalwijk . . . . . . . . .2-0
Willem II Tilburg-Sparta Rotterdam . . . . .0-0
FC Groningue-NAC Breda . . . . . . . . . . . . .3-1
Vitesse Arnhem-Excelsior Rotterdam . . .2-3
Aujourd’hui: Ajax Amsterdam-SC Heerenveen; Feyenoord Rotterdam-Roda JC ; FC
Utrecht-AZ Alkmaar; Heracles Almelo-ADO
La Haye. Classement: 1. PSV Eindhoven 66
pts; 2. FC Twente 57; 3. Ajax Amsterdam 56; 4.
AZ'67 Alkmaar 55; 5. Feyenoord 46; 6. NAC
Breda 41; 7. Roda JC 40; 8. SC Heerenveen
38; 9. FC Groningue 38; ...
Sport
4 mars 2007
/25
Rugby. Très convaincant face à l’Irlande et Galles, l’ailier toulousain se rapproche du Mondial
Maintenant, c’est Clerc
« Il n’est pas loin
de devenir le numéro un »
Première blessure dans une
trajectoire jusqu’alors sans rature. « Il avait surfé sur une vague
incroyable pendant dix-huit mois,
lui qui était encore un junior anonyme en 2001. Mais il était décon-
tracté, persuadé que le rêve allait
s’arrêter », se souvient Pinotti.
Anxieux malgré tout au moment
de changer de vie, quand Toulouse l’a contacté à l’été 2002.
« J’ai mis deux mois et quatre rencontres à me décider. J’ai une petite peur des changements, un
Quels enseignements Bernard
Laporte a-t-il bien pu tirer du
très officieux sixième match du
Tournoi? Sans surprise, l’Argentine a imposé sa loi (28-14) à une
équipe de Barbarians français
aux vrais airs de XV de France
bis sur le papier. Sur la pelouse
d’Aguiléra, ça ne ressemblait en
revanche pas à grand-chose. Surtout lors d’une première demiheure où le travail fourni depuis
cinq semaines à Marcoussis a
pesé très lourd dans des jambes
en manque de compétition. « Tu
peux faire tout le physique que
tu veux, ça ne remplace jamais le
match », confirme Elvis Vermeulen, l’homme de la révolte des
« Babaas ».
Le Clermontois n’était pas le
plus exposé des pensionnaires de
Marcoussis. Il en a profité pour
montrer plus de punch que face
au Pays de Galles, marquer un
essai (39e) et quasiment valider
son billet pour le wagon mondialiste. Il fait partie des satisfac-
g rand besoin de réflexion. Je
n’avais pas envie de trahir mes
formateurs », explique-t-il. Son
manager à Toulouse, Guy Novès,
y voit une qualité : « Ses attaches,
ce sont des valeurs for tes. La
preuve d’un individu équilibré.
La suite nous a donné raison. Il
Les Barbarians trop justes
tions du jour avec, à un moindre niveau, les
arrières Floch, Traille ou Messina, voire
Beauxis en seconde période. Devant, la mêlée
a souffert comme jamais. Même à 15 contre
13, le pack n’est jamais parvenu à vraiment
déstabiliser son rival argentin.
D’autres vont ressassant leurs erreurs
personnelles, puisqu’on ne saurait vraiment
parler de collectif. Elissalde a été le baromètre
malheureux de la catastrophique entame (025, 24e), Dusautoir a enchaîné les fautes de
main, Lamboley regrettera sans doute ses
mauvais gestes. En fait, les plus en vue
n’étaient pas en stage ce dernier mois: Pepito
Elhorga ou Thomas Lièvremont ont été les
meneurs d’une seconde période plus convain-
« On m’a déjà proposé
de me doper »
Les temps changent, dans les
cercles de lancer de poids.
Hier encore, posséder un passeport d’Allemagne ou d’Europe de
l’est assurait presque à coup sûr
une place sous la lumière. Les
Français observaient de loin, mienvieux mi-vexés. Ils bossaient
dur, mais en pure perte. Au risque,
parfois, de se laisser gagner par le
dégoût et le découragement. A Birmingham, trois d’entre eux
avaient transporté leur boule de
plomb dans l’enceinte des championnats d’Europe en salle. Et, miracle, tous en repartiront lestés
d’un diplôme de finaliste. Gaëtan
Bucki a poussé la porte le premier,
vendredi 2 mars. Huitième. Laurence Manfredi et Jessica Cerival
s’y glisseront aujourd’hui. Trois
sur trois. Du jamais vu.
Pour la plus âgée des deux lanceuses, ce tour de force ne cache
aucune forme d’exploit. « Le niveau baisse », lâche Laurence
Manfredi, sans un sourire, comme
on énonce le cours d’une action à
la fermeture du marché. « Les Allemandes ne sont pas venues. Les
Russes sombrent. A croire que le
comité d’accueil préparé par les
Anglais (une série de contrôles antidopage dès l’arrivée à l’hôtel, avant
même la remise des clefs de chambre) en a effrayé quelques-unes. »
Pour gagner sa place en finale,
il lui a suffi d’un jet à 17,63 m. Jessica Cerival, elle, n’a fait trembler
aucun record, pas même le sien,
pour se glisser à la huitième place
des qualifs. 16,78 m. Modeste, presque anecdotique. « Quelques années plus tôt, je serais rentrée
chez moi tout de suite avec une
telle perfor mance, assure Laurence Manfredi. Aujourd’hui, je
suis en finale. Aux derniers Jeux,
à Athènes, la gagnante a été déclarée positive dès le lendemain. Moi,
avec ma quinzième
place, je suis restée
dans mon coin, à écouter les gens dire que
j’étais une nouvelle fois
passée à côté. » Au bilan des dix meilleures
lanceuses européennes
de tous les temps, la
dixième a dépassé 21 m.
Cet hiver, la meilleure
n’a pas atteint 20 m.
La fin d’une époque ? La mort des années dopage ? Manfredi
en doute. « Je suis ravie de la tournure que prennent les événements,
glisse-t-elle d’abord. C’est plus motivant de savoir qu’on ne se bat
plus contre des moulins. Mais je
ne me fais guère d’illusions. Tant
qu’il y aura un marché pour les
produits dopants, on trouvera toujours des gens pour faire du trafic.
Et ce marché, je peux vous assurer
qu’il existe. Les prix ont baissé,
Tahri déçu par l’argent
■ Avec sa deuxième place sur le 3000 m steeple (8’02’’85), il a apporté
sa première médaille à la France aux championnats d’Europe indoor.
Mais Bob Tahri est loin de s’en satisfaire. «Je suis déçu. Mon objectif,
c’était d’attaquer à 500m. Ils sont partis à 600. J’étais bien mais je suis
pris dans une bousculade à 200 m de l’arrivée», a raconté, amer, le médaillé de bronze à l’Euro de Göteborg. Il n’a rien fait pour accélérer
une course lente, remportée par l’outsider italien Cosimo Caliandro
en 8’02’’44.
faire une cure devient abordable.
Je suis sûre que certains athlètes
empruntent à la banque pour s’en
payer. Aujourd’hui, vendre des
produits rapporte autant d’argent
que dealer de la drogue, avec nettement moins de risques de finir
en prison. Quant aux conséquences physiques, aux dangers pour
la santé, ils comptent peu en comparaison des retombées d’une médaille. En 1999, j’ai raté la finale
des Mondiaux pour quelques centimètres. Ma vie aurait beaucoup
changé si je l’avais atteint. »
A 32 ans, Laurence
Manfredi parle plus
souvent au passé qu’au
présent. Et elle n’emploie guère le futur, sinon pour évoquer sa
deuxième car rière,
dans le bobsleigh, où
elle caresse le projet de
piloter pour la France
aux Jeux de Vancouver,
en 2010. Plus jeune de
sept ans, Jessica Cerival s’y risque avec moins de retenue. « Pour moi, il n’est pas question de risquer ma santé, lâche-telle. L’athlétisme n’est pas tout
dans ma vie. Je veux être attachée
de presse. Et avoir des enfants.
Mais, jusque-là, personne ne m’a
proposé de me doper. » Laurence
Manfredi ne peut en dire autant. «
Moi si, j’ai déjà eu des propositions, avoue-t-elle. Plusieurs fois,
notamment de la part d’athlètes
français ». Elle jure avoir toujours
refusé. Par principe. En s’accrochant à l’espoir, longtemps très
mince, qu’il lui serait un jour possible de s’inviter dans une finale
européenne sans peser le quintal,
ni vider l’armoire à pharmacie.
Alain Mercier
Abaca
Correspondance
avait défié Jonah Lomu en un
contre un, sur son premier ballon. » Aux reproches sur son manque de collectif et de jeu au pied,
celui qui est naturellement un excellent finisseur a répondu par le
travail. Ses progrès sautent aux
yeux. Efficace en sélection (10 es-
Jean-Baptiste Elissalde
cède sous les assauts
des Pumas.
Athlétisme. Finaliste du poids à l’Euro,
Laurence Manfredi est sans illusions
Birmingham
s’asseyait à côté des internationaux avec les yeux écarquillés.
C’est un garçon très solide qu’il a
fallu apprivoiser. »
Entraîneur des lignes arrière
du XV de France, Bernard Viviès
l’a toujours connu téméraire :
« Pour sa deuxième sélection, il
Reuter
A son poignet droit, un bracelet gris fuchsia aux allures
de menottes, offert par sa belle.
« Oui, je me suis fait cadenasser
on dirait… » rigole-t-il. A 25 ans,
Vincent Clerc n’a plus ce souci
sur le terrain. Sa vie a basculé depuis sa saillie solitaire à Dublin :
un essai de dernière minute, tout
en vista et en vélocité, qui envoyait l’Irlande au sol sur une série de crochets (20-17). Avec ses
yeux pastel, du muscle aux épaules et la voix douce, il tient le cocktail de la nouvelle star… sans en
prendre l’attitude. « On est dans
notre bulle à Marcoussis, alors pas
d’emballement. Je suis vite passé
à autre chose. L’objectif reste la
Coupe du monde! » jure-t-il.
Il a manqué la der nière, en
2003. Victime de la préférence accordée à Rougerie et Dominici, de
la polyvalence de Garbajosa et
d’Elhorga. Il n’a pas apprécié, lui
qui avait disputé sept matches
dans l’année avant le départ pour
l’Australie. Même s’il prétend le
contraire : « La Coupe du monde
était arrivée à deux mille à l’heure
après une saison folle, ma première au plus haut niveau. Ce
n’était pas un objectif. » Yves Pinotti, son formateur à Grenoble,
assure du contraire : « Ce fut un
vrai coup d’arrêt. Il était au fond
du gouffre : l’impression d’avoir
été trahi avec des arguments qui
ne tenaient pas la route. Il a eu du
mal à rebondir. La saison suivante, il était redevenu un bon petit ailier de première division. »
cante. « Cela va nous permettre de prendre les
bonnes décisions pour les deux derniers matches du Tournoi », a jugé Bernard Laporte. Jo
maso renchérit : « Personne n’a perdu de
point sur ce match L’équipe de France n’est
pas figée pour la Coupe du monde et les quarante joueurs de Marcoussis ne sont pas sûrs
d’être dans la sélection. »
R.M.
sais en 18 matches), il peut désormais rêver de s’installer après
avoir déjà scoré deux fois lors de
la victoire (36-26) en Afrique du
Sud, en juin 2006… et avoir disparu de la sélection pour les tests
de l’automne suivant. « Au Cap, il
s’était mis au diapason de
l’équipe. A Dublin, il nous a tirés
vers le haut, c’est différent », estime Viviès. « On médiatise un
exploit de Dominici en oubliant
de regarder son éventuel déchet.
Vincent rend toujours une copie
très propre, avec peu d’exploits et
peu de déchets. Contre l’Irlande,
je veux aussi retenir sa touche
rapide et sa passe pour Ibanez,
qui amènent le premier essai »,
rappelle Novès, qui garde son ailier sous contrat pour encore
trois saisons.
En attendant de connaître
son sort à Twickenham dimanche prochain, Vincent se balade
avec son iPod et un bouquin,
« pour éviter de [m]’abrutir devant la télé ». Il garde en tête que,
des quatre ailiers du Tour noi
(Rougerie, Dominici, Heymans et
lui), trois seulement pourraient
partir à la conquête du trophée
William Webb Ellis. Les choses
vont si vite… Christophe Dominici l’avait adoubé après l’Irlande
– « On disait que Vincent était
quatrième dans la hiérarchie. Il
est peut-être numéro un maintenant » –, avant de devenir luimême le héros face au pays de
Galles. Ber nard Viviès, qui a
l’oreille de Ber nard Lapor te,
confirme à sa façon : « Vincent
n’est pas loin de devenir rapidement numéro un. Il a encore été
très bon contre Galles, à la fois
sécurisant et tranchant quand il
avait le ballon. Ce tournoi l’a fait
changer de statut. Il a fait un
grand pas vers le mondial. »
Philippe Chassepot
Courses
26/
Hier à Vincennes
1. Prix d'Alençon
1. (8) Onyx Du Relais 8 (Bezier M.) G. 8.10, P. 2.60 2. (7) Osiris De L'iton 7 (Abrivard M.)P. 2.00 - 3. (9) Otto
Delta 9 (Prat G.)P. 1.50 - 4. (6) Ocean Indien 6 (Raffin
E.) - 5. (5) Oro Barneuve 5 (Verva P. Y.) Tous Couru
Temps : 3'24"01 - 3'24"05 - 3'24"75
Couple (8 - 7) G. 30.70 Pl. 8.60 (8 - 9) Pl. 5.80 (7 - 9) Pl. 4.10
2. Prix de Lorient
1. (8) Ocaprio 8 (Levesque P.) G. 1.70, P. 1.20 - 2. (16)
Ouragan D'anjou 16 (Bezier M.)P. 5.80 - 3. (4) Only
Boys 4 (Houel G.)P. 1.90 - 4. (17) Origan Du Bois 17
(David L. M.) - 5. (12) Othello De La Noe 12 (Vercruysse
P.) Tous Couru Temps : 3'19"31 - 3'19"90 - 3'19"91
Couple (8 - 16) G. 47.60 Pl. 16.40 (8 - 4) Pl. 3.70 (16 - 4)
Pl. 42.00
3. Prix de Montsoreau
1. (15) Medicis 15 (Levesque P.) G. 3.70, P. 1.80 - 2.
(11) Regent Royal 11 (Bazire J. M.)P. 1.40 - 3. (7) Modjo
Barbes 7 (Bigeon Ch.)P. 2.60 - 4. (8) My Winner 8
(Abrivard L. Cl.) - 5. (16) My Love Jet 16 (Vercruysse P.)
Tous Couru Temps : 3'20"43 - 3'20"49 - 3'20"73
TIERCE :
15 - 11 - 7
(pour 1 ¤)
Ordre : 57.00 ¤
Désordre : 11.40 ¤
QUARTE+ :
15 - 11 - 7 - 8
(pour 1,30 ¤)
Ordre : 95,94 ¤
Désordre : 10,40 ¤
Bonus : 2,60 ¤
QUINTE+ :
15 - 11 - 7 - 8 - 16
(pour 2 ¤)
Ordre : 570,00 ¤
Désordre : 11,40 ¤
Bonus 4/5 : 3,00 ¤
Bonus 4 : 3,00 ¤
Bonus 3 : 3,00 ¤
Numéro + : 0115 ¤
2 sur 4 (pour 3 ¤) : 4,80 ¤
Multi : 15 - 11 - 7 - 8
(pour 3 ¤)
en 4 : 63,00 ¤
en 5 : 12,60 ¤
en 6 : 4,20 ¤
en 7 : 3,15 ¤
4. Prix Henri Desmontils
1. (3) Lynx De Bellouet 3 (Mollard L.) G. 8.30, P. 3.10 2. (1) Klassique D'oudon 1 (Raffin E.)P. 6.80 - 3. (6) King
Prestige 6 (Abrivard L. Cl.)P. 4.00 - 4. (4) Litya De Bosens
4 (Abrivard M.) - 5. (9) Ludo De Castelle 9 (Gillot G.)
Tous Couru Temps : 3'30"57 - 3'31"02 - 3'31"08
Couple (3 - 1) G. 86.40 Pl. 16.30 (3 - 6) Pl. 6.50 (1 - 6) Pl.
22.70
5. Prix de Sélection
1. (8) Pearl Queen 8 (Duvaldestin Th.) G. 1.60, P. 1.10
- 2. (4) Pirogue Jenilou 4 (Piton B.)P. 1.60 - 3. (6) Popinee De Timbia 6 (Delacour G.)P. 1.30 - 4. (7) Prince
D'espace 7 (Bazire J. M.) - 5. (3) Phlegyas 3 (Baudron
L.) Tous Couru Temps : 2'35"83 - 2'35"92 - 2'36"61
Couple (8 - 4) G. 13.20 Pl. 4.30 (8 - 6) Pl. 2.00 (4 - 6) Pl. 5.20
6. Prix du Bois de Vincennes
1. (11) Meaulnes Du Corta 11 (Vercruysse P.) G.
2.20, P. 1.50 - 2. (6) Lhassa 6 (Levesque P.)P. 1.70 - 3. (7)
Nijinski Blue 7 (Dreux Y.)P. 3.00 - 4. (5) My Love Lady 5
(Nivard F.) - 5. (3) L'etoile Dry 3 (Bazire J. M.) Tous
Couru Temps : 3'22"38 - 3'22"58 - 3'22"63
Couple (11 - 6) G. 5.90 Pl. 3.20 (11 - 7) Pl. 8.00 (6 - 7) Pl.
11.40
4 mars 2007
Reprenez Tiger Blitz!
8. Prix de Bourges
1. (6) Negre Du Digeon 6 (Abrivard M.) G. 5.10, P.
2.40 - 2. (14) Oregon Fromentro 14 (Gillot G.)P. 2.00 - 3.
(11) Norma De La Frette 11 (Nivard F.)P. 2.60 - 4. (12)
Noble De France 12 (Abrivard L. Cl.) - 5. (7) Origan De
Godrel 7 (Gougeon R.) Tous Couru Temps : 3'20"70 3'21"49 - 3'21"71
Couple (6 - 14) G. 31.10 Pl. 13.20 (6 - 11) Pl. 8.20 (14 11) Pl. 8.80
9. Prix de Carhaix
1. (2) Quea Josselyn 2 (Vercruysse P.) G. 3.80, P. 1.60
- 2. (10) Queensbury 10 (Denechere R. W.)P. 1.60 - 3. (6)
Quijong Jet 6 (Dubois J. Et.)P. 1.70 - 4. (11) Quita De La
Cote 11 (Thevenet X.) - 5. (5) Quarina 5 (Piton B.)
Tous Couru Temps : 2'43"07 - 2'43"27 - 2'43"32
Couple (2 - 10) G. 4.90 Pl. 3.00 (2 - 6) Pl. 3.80 (10 - 6) Pl
4.10
Hier à Marseille Vivaux
1. Prix d'Ouverture
1. (1) Rislew 1 (Blondel F.) G. 3.70, P. 1.90 - 2. (3) Howard Le Canard 3 (Benoist G.)P. 1.60 - 3. (5) Solo Tango
5 (Lemius G.) - 4. (2) Highest Ridge 2 (Foresi F.) - 5. (4)
Good Luck Baby 4 (Richardot S.) Tous Couru Distance
: CTE TETE - 1 L
Couple (1 - 3) G. 10.30
2. Prix des Narcisses
1. (5) Mia Bionda 5 (Millet G.) G. 4.50, P. 1.80 - 2. (8)
L'artaisienne 8 (Richardot S.)P. 5.00 - 3. (3) Tsitsio 3
(Blondel F.)P. 2.00 - 4. (1) Sagadou 1 (Benhamou M.) 5. (7) Rose Lou 7 (Caldero J.) Tous Couru Distance : 4
L - 1 L 1/2
Couple (5 - 8) G. 75.50 Pl. 19.80 (5 - 3) Pl. 4.90 (8 - 3) Pl.
15.40
3. Prix Lucien et Marcel Crémieux
1. (9) Belle Et Polie 9 (Blondel F.) G. 9.80, P. 2.80 - 2.
(1) Auricamp 1 (Champier G.)P. 1.90 - 3. (4) Prospect
Story 4 (Benoist G.)P. 2.80 - 4. (2) I Don't Care 2 (Pardon F.) - 5. (8) Rose De Tahiti 8 (Lefebvre F.) Non partant : 5 Distance : 1/2 L - 1/2 L
Couple (9 - 1) G. 23.70 Pl. 8.00 (9 - 4) Pl. 11.50 (1 - 4) Pl. 6.20
4. Prix des Jonquilles
1. (1) Greenvador 1 (Lefebvre F.) G. 3.00, P. 1.50 - 2.
(6) Prinsycios 6 (Mr Fonzo J.)P. 1.60 - 3. (3) Oncle Ka 3
(Ruis S.)P. 2.30 - 4. (2) Gaelic Tree 2 (Richardot S.) - 5.
(4) Bois Maury 4 (Millet G.) Tous Couru Distance : ENCOLURE - 1/2 L
Couple (1 - 6) G. 6.50 Pl. 3.20 (1 - 3) Pl. 6.70 (6 - 3) Pl. 8.50
5. Prix de l'Etoile Polaire
1. (3) Le Boss 3 (Benoist G.) G. 5.00, P. 2.50 - 2. (6) Sarito
6 (Millet G.)P. 3.80 - 3. (1) Saline D'orezza 1 (Tavignot
G.)P. 5.80 - 4. (8) King Lionel 8 (Foresi F.) - 5. (10) High Zap
10 (Pardon F.) Tous Couru Distance : 1 L - 3/4 L
Couple (3 - 6) G. 37.80 Pl. 11.60 (3 - 1) Pl. 16.60 (6 - 1)
Pl. 27.10
6. Prix Manfred
1. (1) King's Mat 1 (Fradet R.) G. 4.90, P. 2.00 - 2. (8)
Bullish 8 (Richardot S.)P. 4.20 - 3. (6) Grika 6 (Marion
P.)P. 3.10 - 4. (10) Pussigny 10 (Lefebvre F.) - 5. (2) As My
Guest 2 (Foresi F.) Tous Couru Distance : 1 L 1/2 - TETE
Couple (1 - 8) G. 33.60 Pl. 12.00 (1 - 6) Pl. 9.80 (8 - 6) Pl.
18.50
7. Prix de Saint-Symphorien
1. (3) Russian Gold 3 (Blondel F.) G. 3.20, P. 1.60 - 2. (2)
Mister Roque 2 (Pardon F.)P. 3.30 - 3. (5) Lunar Again 5
(Lemius G.)P. 3.80 - 4. (1) Lino Mio 1 (Benoist G.) - 5. (8)
Oh Oui 8 (Richardot S.) Tous Couru Distance : 1 L - 1/2 L
Couple (3 - 2) G. 24.90 Pl. 9.60 (3 - 5) Pl. 8.30 (2 - 5) Pl.
22.30
Bridge
♠ 543
♥ 653
♦ R98
♣ 5432
AUTEUIL - 2e course - Prix du Cheval de l'Année - Courses et Elevage (Prix Beugnot) (Listed - Handicap divisé - Première épreuve - 5 ans et plus - Réf. : +1 ; +3 - 100.000 ¤ - 3.600 m)
N°
TIERCÉ
SEXE
AGE
CHEVAUX
1 BERINGNEYEV (IRE)
JOCKEYS
H10 B. Chameraud
POIDS
GAINS
72
224.130 ¤
PROPRIÉTAIRES
Jp. Raymond
ENTRAINEURS
J. Bertran De Balanda
PERFORMANCES
(06) To 5o 9o 7o 7p 2o 1o
NOS
ÉTOILES
★★
2 KORRIGAN DE HOERDT H9 C. Santerne
71
100.985 ¤
P. Briard
P. Briard
(06) 0o 1o 5o 3o 7o 0o 2o
3 FOU DU ROY
H10 C. Provot
70
143.335 ¤
Marc. Boudot
Marc. Boudot
5o (06) 3o 1o 3o 1o 1o 2o
★★
4 GOUIDAL BIHAN
H7
Jl. Beaunez
69
125.710 ¤
F. Pereira
P. Rago
6p (06) 1o 5o 7o 3o 0o 5p
★★
5 MENEUR
H5
C. Pieux
66
90.800 ¤
M. Denisot
J. Bertran De Balanda
(06) 2o 3o 1o 5o 2o 0o 5o
★
6 MONTECATINI (AC)
H7
J. Ricou
66
15.960 ¤
E. Soderberg
B. Secly
(06) 7o 4o 3o 8o 1o 2o 0o
★
7 MAYEV
H7
B. Delo
66
106.485 ¤
P. Cathelin
C. Cardenne
2o 2o (06) Ao To 0o Ao 9o
★
8 DOM FONTENAIL
H8
Pa. Carberry
66
223.450 ¤
Ag. Kavanagh
Fm. Cottin
5o 3o (06) 9o (05) Ao 3o Ao
★★★
Mwj. Smurfit
F. Doumen
(06) Ao 4o 2o 2p 3o 3o 3o
★★★
P. Lorain
B. Barbier
(06) 0o 2o 1o 7o 0o (05) 4o
★★★
9 ONNIX (SF)
H5
A. Duchene
65
40.662 ¤
10 TIGER BLITZ
H7
C. Gombeau
65
105.275 ¤
11 ESPRIT D'ORTHE
H8
M. Benhennou
63
65.975 ¤
Jm. Mortier
Ml. Mortier
7o 6o (06) 1o 8o 3o 3o 3o
12 HOUSE MUSIC
H8
J. Guiheneuf
63
11.850 ¤
W. Trichter
Rob. Collet
4o 4o (06) 2o 0p (05) 0p 6p
13 BLUE SAX
H7
R. Delozier
62.5
51.420 ¤
F. Mingat
P. Boisgontier
2o 3o (06) 6o 0o To 3o 7o
14 LOLA DES ONGRAIS
F8
D. Berra
62.5
17.785 ¤
P. Chemin
P. Chemin
(06) 5o 3o To 0o (05) 4o 5o
15 GOLD CAMILLO
H6
S. Massinot
62.5
26.070 ¤
M. Bryant
I. Pacault
6o (05) 1o (04) 8o 4o 0o 0o
Le Prono JDD
10
9
8
3
4
1
5
7
TIGER BLITZ
ONNIX
DOM FONTENAIL
FOU DU ROY
GOUIDAL BIHAN
BERINGNEYEV
MENEUR
MAYEV
Probant deuxième d’un
Quinté début décembre,
malgré un lourd fardeau, Tiger
Blitz mérite un très large crédit.
Certes, ce hongre âgé de 7 ans a
ensuite enregistré un faux pas
mais c’était sur l’hippodrome de
Cagnes-sur-Mer où il n’a pas le
même rendement. Nettement
plus à son affaire à Auteuil, il
faudra compter avec lui pour la
plus haute marche du podium.
Notez qu’il est toujours à la recherche d’un premier succès
dans les événements, où il compte
cinq accessits.
L’opposition directe est formée par Onnix, un sujet ménagé
par son entraîneur. Celui-ci a
d’ailleurs échoué de peu pour les
lauriers dans un Quinté durant
l’automne. Il a déçu ensuite mais
cette tentative ne reflète pas sa
valeur.
Dom Fontenail n’a plus à
faire ses preuves dans les gros
handicaps. Absent des pistes durant un an, il a rapidement retrouvé le bon tempo et a conclu
cinquième de la Grande Course
de Haies de Pau. Il dispose d’une
belle carte à jouer, d’autant que
cette distance lui convient à merveille. En effet, il a été vu à l’arrivée de ses six dernières tentatives sur le parcours.
Fou du Roy est un « dur à
cuire ». Toujours redoutable lors
de ses déplacements sur la butte
Mortemart, il faudra compter
avec lui.
Gouidal Bihan a conclu l’année 2006 par un plaisant succès
sur les gros obstacles. Egalement
à son affaire sur les haies, il mérite crédit. En outre, une piste
alourdie ne peut que l’avantager.
Beringneyev court toujours
bien à cette époque de l’année.
Porter 72 kg n’est jamais une si-
L’info turf
A égalité
204 – Gouidal Bihan
■
Ce rejeton de Goldneyev a fait
ses preuves à ce niveau. Il a
notamment remporté un
Quinté à pareille époque l’an
dernier et a prouvé depuis
qu’il demeurait compétitif
malgré la pénalité pondérale
infligée par le handicapeur.
Très affûté pour cette rentrée,
selon les dires de son
entourage, mieux vaut ne pas
le sous-estimer, d’autant que
le terrain lourd va jouer en sa
faveur.
nécure, mais une place demeure
dans ses cordes.
M e n e u r reste sur une kyrielle de bonnes performances.
Seul bémol, il va effectuer sa rentrée et peut manquer d’une
course.
Comme il aime le f aire,
Mayev va probablement prendre
la tête et tenter d’user ses adversaires au train. Il peut aller loin.
Stéphane Lévêque
7. Prix de Monpazier
1. (9) Palanquin Du Vey 9 (Baudron L.) G. 8.10, P.
2.60 - 2. (1) Power Jiel 1 (Levesque P.)P. 2.80 - 3. (12)
Palinois 12 (Nivard F.)P. 3.00 - 4. (3) Produit Fier 3 (Fribault M.) - 5. (6) Pralin Asa 6 (Bazire J. M.) Tous Couru
Temps : 3'24"97 - 3'25"13 - 3'25"69
Couple (9 - 1) G. 23.10 Pl. 11.00 (9 - 12) Pl. 10.70 (1 - 12)
Pl. 21.50
SOLUTIONS DES JEUX
Les autres courses à Auteuil
à Agen
1. Prix Rohan
1. Prix France Bleu Perigord
5 Princesse D'Anjou,
10 Malikhan, 3 Cybergenic.
(Haies - 58.000 ¤ - 3.600 m)
Notre choix : 6 Vert Helice,
9 Petit Tracy, 2 Saint Medard,
7 Belcantista, 5 Ouest.
5. Prix Robert de Clermont-Tonnerre
2. Prix du Cheval de l'Année Courses et Elevage (prix Beugnot)
(Haies - 100.000 ¤ - 3.600 m)
Voir le tableau du Quinté
(Steeple-Chase - 150.000 ¤ - 4.300 m)
Notre choix : 5 Or Noir De Somoza,
6 Moka De L'isle, 13 Sleeping Jack,
8 Kario De Sormain,
7 Doumaja.
6. Prix du Pont D'Iéna
3. Prix Oiseleur
(Steeple-Chase - 21.000 ¤ - 3.500 m)
Notre choix : 3 Pavillon Bleu,
2 Calistas, 5 Phantomas Turgot,
7 Pep's.
4. Prix Juigne
(Haies - 130.000 ¤ - 3.600 m)
Notre choix : 1 Zaiyad, 2 Le Plessis,
(Steeple-Chase - 21.000 ¤ - 3.700 m)
Notre choix : 7 Frere Lumiere,
4 Miss Steel, 1 Kadissou,
3 Jau Lee, 9 Sun Tour.
7. Prix Bougie
(Haies - 40.000 ¤ - 3.600 m)
Notre choix : 7 Boy, 4 Dolpo,
2 Free Montfort, 16 Astrakan,
1 Real Music.
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.050 m)
Notre choix : 6 Question Grave,
7 Querido Peneme,
2 Quetzal De Narmont,
8 Quater Marjea, 5 Quick Decision.
2. Prix du Sifel
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 14 Prince Charmant,
4 Previsto, 6 Pilar,
8 Poker De Banville,
12 Pauliano Bello.
3. Prix du conseil régional
d'Aquitaine
(Attelé - 19.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 12 N'est Ce Pas,
3 Nigouden, 8 Nougat De Bussy,
13 Niack Du Ravary, 4 Nuit De Plainville.
4. Prix communauté d'agglomération
d'Agen
08 92 02 03 24
L’audiotel hippique du JDD
Retrouvez, tous les jours de la semaine, sur notre service
Audiotel (0,34 €/min), les pronostics détaillés et expliqués du
Quinté + ; les informations de dernière minute de nos journalistes en direct des champs de course ; les cotes, les résultats et
les rapports de toutes les courses PMU, en temps réel. L’audiotel du Journal du Dimanche est une mine de renseignements
pour gagner aux courses !
(Monté - 18.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 7 Mathias Du Ravary,
6 Mon Favori, 4 Mourot,
13 Nurmi De Mael,
8 Loup De La Brume.
5. Prix d'hiver
(Attelé - 21.000 ¤ - 2.575 m)
Notre choix : 5 Negresco Turgot,
2 Major De Berniere, 8 Jostovisso,
14 Kifill De Moitot,
4 Lister Kin.
6. Grand Prix Midi-Pyrénées Aquitaine
(Attelé - 38.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 10 Leo Josselyn,
4 Atoll Plage,
11 Kaprice D'Ecajeul, 1 Orage Du Noyer,
6 L'epi D'Or.
7. Prix conseil général De Lot-etGaronne
(Attelé - 22.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 6 Original Charm,
15 Oubara, 13 Original,
8 Ouragan Du Boscail,
5 Osaka Du Bocage.
8. Prix du Restaurant de l'Hippodrome
(Attelé - 6.000 ¤ - 2.650 m)
Notre choix : 13 Morpion De Garonne,
16 Kefenia De Morvil,
14 Kola Tonic, 12 Krac De Perran,
6 Moteur Nay.
★
A Hong Kong, tout
récemment, un jockey de
galop vient d’écoper de trente
mois de prison pour avoir donné
des informations sur ses
chevaux, moyennant finances.
Vedette des pelotons
britanniques et suspecté d’avoir
eu les mêmes agissements,
Kieren Fallon s’est vu interdire
d’exercer son métier en Grande
Bretagne.
Au Japon, où quelques-uns
des meilleurs « pilotes » français
s’expatrient durant chaque hiver,
à la condition qu’ils aient obtenu
une « wild card », les jockeys sont
carrément mis en quarantaine,
l’avant-veille des courses, et
privés de tout contact avec qui
que ce soit. En Angleterre, les
sites internet de paris en ligne
sont surveillés et leurs flux
financiers analysés avec minutie.
Dans de nombreux pays au
monde, les jockeys ou drivers
empruntent d’ailleurs, les jours
de courses, des circuits très
balisés. Là encore, l’objectif est
d’éviter d’éventuelles dérives,
corruption ou tuyautages en tout
genre, afin de mettre tous les
turfistes sur un même pied
d’égalité.
En effet, avec l’apparition de
sites d’échanges de paris, on peut
tout autant miser sur les
gagnants que sur les perdants, et
ce, à presque tout moment de la
course. Dès lors, c’est la porte
ouverte à tous les dérives et
délits d’initiés possibles. Il est en
effet plus facile de perdre une
course que de la gagner.
En France, nous n’en
sommes pas encore là, les sites
de paris sur les courses de
chevaux, ou d’échanges, étant
interdits jusqu’à nouvel ordre, à
l’exception des paris proposés
par le PMU. Les dirigeants de
l’institution n’hésitent pas,
d’ailleurs, à utiliser cet
argument dans leur croisade
pour le maintien du monopole,
avec aussi la lutte contre le
blanchiment et surtout le
financement original d’une
filière cheval, générant plus de
50.000 emplois directs.
En attendant, les turfistes
français, sur la réserve en ce
début d’année (le PMU affiche
une baisse de 1,3 % de son
chiffre d’affaires sur les deux
premiers mois), sont conviés,
aujourd’hui, à la réouverture
dominicale d’un Auteuil en
chantier. Une réunion du
« tonnerre » leur est proposée.
François Hallopé
♠ 62
♥ V9
♦ V1075
♣ V9876
N
O
E
S
♠ ARDV10
♥ AD42
♦ AD
♣ AR
♠ 987
♥ R1087
♦ 6432
♣ D10
Certes, l’ouverture forcing
de manche telle que nous la pratiquons en France a des avantages. Ainsi, connaît-on le nombre d’as détenus dans la ligne
très rapidement. Ici, le renseignement est sans valeur pour
Sud, mais par ce choix d’ouverture, il peut enchérir lentement,
assuré que son partenaire ne
rompra pas le dialogue intempestivement. D’autre part, si le
partenaire possède deux rois –
pas nécessaire de détenir huit
points d’honneur – il répondra
deux sans-atout et Sud comptera 13 levées. Dans le cas présent, la réponse est négative
deux cœurs puis sur deux piques, Nord opte pour deux sansatout avant de déclarer quatre
piques sur trois cœurs. Sud insiste à 4 sans-atout, apprend
que Nord possède un roi et espère qu’il s’agit du roi de cœur.
Contre six piques, Ouest entame carreau et Sud prend la
précaution de réaliser la levée
de l’as. Il joue un tour d’atout et
un petit cœur de la main. L’adversaire rejoue carreau pour la
dame prise du roi.
Au mort, le déclarant tente
l’indispensable impasse au roi
de cœur, elle réussit mais il y a
encore un cœur perdant si la
couleur n’est pas partagée 3-3.
Sud joue un deuxième tour
d’atout avant d’encaisser l’as de
cœur. Si les deux camps avaient
fourni : c’était gagné. Si l’as de
cœur était coupé : c’était perdu.
Sur notre diagramme, Ouest
ne four nit pas mais n’a plus
d’atout il suffit donc de couper
au mort le cœur perdant. La ligne de jeu du déclarant porte le
nom de manœuvre du docteur
Guillemard.
Perte du Nord !
Nous avions perdu le sens de
l’orientation la semaine dernière
et omis de préciser que Sud ne
prenait que le troisième tour de
pique.
Avec nos plus plates excuses.
[email protected]
Sudoku
Mots fléchés
C A
B
S
T
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A N
T
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B I C
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Boxe
4 mars 2007
/27
Jean-Marc Mormeck. Il veut redevenir champion du monde des lourds-légers face à Bell
« Je suis plus serein »
C’est une belle revanche. Una an
après sa défaite, le 7 janvier 2006 à
New York, Jean-Marc Mormeck tentera
de reprendre ses ceintures WBA et WBC
des lourds-légers au Jamaïcain O’Neil
Bell, le 17 mars à Levallois-Perret. Le Guadeloupéen, qui retrouve les faveurs de Canal+, n’avait pas boxé en France depuis
près de cinq ans. Quant à Bell (26 victoires, 1 défaite, 1 nul), il n’est plus remonté
sur un ring depuis ce combat de réunification et il a été destitué de sa ceinture IBF.
Le mois dernier, il a menacé avec une hache l’un de ses partenaires d’entraînement, lequel aurait accepté de retirer sa
plainte pour permettre à Raging Bell de
venir combattre en France. Pas de quoi
impressionner Mormeck (32 victoires, 3
défaites).
ne me faisait pas plaisir.
Je rêvais d’autre chose.
Pour moi, un champion
va défendre ses ceintures à travers le monde.
Jean-Marc Mormeck,
boxeur et citoyen.
« Cette fois, je vais
voter. J’ai pris
conscience de
certaines choses. »
C’est important de
vous faire respecter ?
Ce n’est pas parce
que je sors d’une cité
que je vais mettre ma
dignité de côté pour une
poignée de pièces. Je me
suis fait respecter par
mes actes. Mon parcours, c’est ce qui fait ce
que je suis. Je le revendique. Je ne suis pas
venu à la boxe pour subir. Aujourd’hui encore,
il m’arrive de me prendre la tête avec mon entraîneur américain, Richie Giachetti. Je lui
dis : “Ne crois pas que je
suis là grâce à toi.” On
travaille simplement
ensemble, c’est une collaboration. Les entraîneurs aiment bien dire :
“Le patron, c’est moi.”
Non : le patron, c’est celui qui paie.
Eric Dessons/JDD
Comment appréhendez-vous
ces retrouvailles ?
Je me sens bien. Je voulais cette revanche. J’ai beaucoup travaillé pour cela.
J’ai embêté Don King constamment. J’ai
aussi sollicité Charles Biétry : il est intervenu auprès de Levallois en leur proposant d’organiser ce combat en partenariat
avec Canal +. Tout est réuni pour que je
puisse reprendre mes titres. Un an s’est
écoulé. Mais c’est comme si c’était hier et
que le temps s’était arrêté.
Un combat en France retransmis
par Canal+. C’est aussi une revanche ?
Non, c’est du passé. Cette défaite m’a
fait mal, mais elle m’a aussi fait du bien.
Avant, je pensais qu’il fallait absolument
que je gagne pour prouver que j’avais raison. Cela a sans doute joué contre moi. Je
me disais : j’ai réussi parce qu’on était
parvenu à organiser la réunification
contre Bell. Je pensais réaliser un truc
énorme. Boxer au Madison Square Garden, j’en rêvais. En fin de compte, cela a
tourné au cauchemar. J’ai tout perdu en
un seul soir. La boxe est en cela terrible.
Au moment où je suis descendu du ring,
j’ai vu le regard des gens, déjà différent: je
n’étais plus le champion. Il ne peut rien
m’arriver de pire.
Et aujourd’hui ?
Je me dis que ces promoteurs (les Acariès) qui ont beaucoup parlé n’ont pas réalisé ce que j’ai réussi à obtenir tout seul :
unifier les titres WBA et WBC. J’ai eu des
hauts et des bas. Négocier avec Don King,
ce n’est pas facile. Mais j’ai réussi à m’en
sortir. J’ai le sentiment d’avoir ouvert la
voie. D’autres boxeurs se sont pris en
mains. C’est pourquoi je suis plus serein
malgré ces cinq années d’exil. Maintenant, je vais combattre de manière plus
personnelle. Je veux bien terminer ma
carrière. Il me reste encore trois ou qua-
tre années. Elles sont pour moi, pour personne d’autre.
Vous restez le premier Français à
avoir unifié deux ceintures mondiales
depuis Alphone Halimi en 1958…
Les records sont faits pour tomber. Si
Jesse Owens détenait encore celui du saut
en longueur, on se dirait que quelque
chose ne tourne pas rond. Nous, on parle
encore d’Halimi. On a pourtant eu beaucoup de champions depuis. Mais rester en
France pour défendre un titre contre des
adversaires largement à ma portée, cela
Vous êtes dur…
Les promoteurs et
les entraîneurs sont là
pour gagner leur argent. Je fais comme
eux. Giachetti, je le garde tant que j’ai
besoin de lui. Comme il dit: “Il n’y a rien
de personnel, c’est du business !” Don
King a beau dire “je t’aime bien” ou
crier “vive la France”, il n’oublie pas de
prendre son argent. Personne ne travaille simplement pour la gloire et l’estime des autres. Le but, c’est d’être le
moins lésé possible pour avoir un petit
capital. Je n’ai pas envie de finir dans
une mairie à raconter de vieilles histoires : “Tu te rappelles quand j’étais champion du monde ?”.
Avant la présidentielle 2002, vous
aviez reçu des petits mots de Jospin
et de Chirac. Et cette année ?
Nicolas Sarkozy m’a gentiment proposé de l’accompagner dans un de ses déplacements. Je lui ai expliqué que je préférais rester en dehors de la politique. Il l’a
très bien compris. Cela ne l’a pas empêché
de m’adresser ses encouragements et ses
félicitations pour mon dernier combat. Il
m’a dit que je portais haut les couleurs de
la France.
Pourquoi l’avoir rencontré ?
Pourquoi pas? Il n’a pas la lèpre. De la
même manière, si Ségolène m’appelait demain, j’accepterais de la voir. Mais je ne
me prononcerai par pour un candidat.
Chacun a des arguments. Sarkozy parle
très bien, il a envie de faire des choses. Ségolène se défend aussi. En revanche, Le
Pen, je refuserais de le rencontrer parce
que je ne partage pas du tout ses idées.
Vous avez votre carte d’électeur ?
Oui. Et, contrairement aux années
précédentes, je vais voter. Cette fois, je
pense que c’est impor tant. J’ai pris
conscience de certaines choses. On ne
peut pas encourager les jeunes à aller voter et ne pas le faire soi-même.
Quel sera selon vous le grand enjeu
de la campagne ?
A chaque élection, on ressort tout ce
qui peut toucher les gens. On parle beaucoup du réchauffement de la planète. C’est
comme un message subliminal. On nous
fait voir des images en nous demandant
de penser à ce qu’on n’aura plus demain.
On parle aussi de détruire les cités. Effectivement, il faudrait que les gens aient un
autre cadre de vie que ces grands bâtiments délabrés. Mais après?…. Une cité a
une âme. Ce n’est pas parce qu’on va
changer l’environnement d’une personne
que sa vie va changer. Ce que les jeunes
demandent, c’est de l’emploi. Il est là le
vrai boulot.
Interview
Christel De Taddeo
Sport
28/
Poirée termine à fond
■ BIATHLON. Raphaël Poirée a
remporté hier le sprint 10 km de
Lahti, deux jours après un premier succès en Finlande, sur
20 km. Le Français signe son 42e
succès et 99e podium. Il vise la
bar re mythique des 100 et un
globe de cristal en 20 km la semaine prochaine à Oslo, où il tirera sa révérence.
Le magicien des airs
■ SAUT A SKIS. Adam Malysz a
rempor té un quatrième titre
mondial en rempor tant le
concours sur le petit tremplin à
Sapporo. Discret depuis trois ans,
le Polonais revient en force, à
l’image de son dauphin suisse Simon Amman, sacré sur g rand
tremplin mais absent des podiums depuis ses titres olympiques à Salt Lake City en 2002.
Wilkinson (encore) blessé
■ RUGBY. Le demi d’ouverture
de l’équipe d’Angleterre Jonny
Wilkinson, est incertain pour le
match contre la France dimanche
prochain. Une douleur musculaire derrière une cuisse l’a obligé
à sortir prématurément lors de la
défaite de Newcastle aux London
Irish (12-38).
Pozzatto comme une flèche
■ CYCLISME. Après le Tour du
Haut-Var la semaine dernière, Filippo Po zzato a confir mé sa
grande forme en remportant le
Het Volk, épreuve d’ouverture de
la saison belge. Le coureur de Liquigas a surpris Juan-Antonio
Flecha, usé par son échappée, à
deux cents mètres de l’arrivée, et
Tom Bonnen, victime de crampes.
Pat McQuaid. Avant la réunion pour sauver Paris-Nice, le patron
de l’UCI met la pression
Pat McQuaid.
« Aux équipes
de décider »
Demain, ils se retrouveront
à Bruxelles pour la réunion
de la dernière chance. L’Association des équipes du ProTour a
convoqué les organisateurs des
grands tours et la fédération internationale (UCI) pour trouver
enfin une solution au conflit qui
les oppose. A une semaine du
départ de Paris-Nice, chacun est
campé sur ses positions : ASO
refuse
d’inviter
l’équipe
Unibet.com, site de paris en ligne, interdit en France à cause
du monopole de la Française des
Jeux ; casus belli pour l’UCI et
son président Pat McQuaid, qui
interdisent aux autres for mations du ProTour de prendre part
à la course au soleil.
Trouverez-vous un terrain
d’entente demain ?
Je l’espère sincèrement. Cela
dépendra de la flexibilité des personnes qui se retrouveront autour de la table et de leur réelle
volonté pour trouver un accord.
J’ai bon espoir puisque les équipes seront représentées. En ce
qui nous concerne, on peut être
plus souple sur dif férents aspects : le calendrier du ProTour,
les courses, le nombre d’équipes… La seule chose sur laquelle
on ne peut pas fléchir, ce sont les
règlements. ASO refuse de se soumettre au règlement.
Mais en s’appuyant sur l’illégalité de Unibet en France…
Il faut être honnête. Ce n’est
pas le problème. L’an der nier,
Unibet a couru en France sans
position dans la hiérarchie mondiale. J’ai beaucoup de soutien
par ailleurs. En ce qui concerne
les coureurs et les sponsors je
peux comprendre leur volonté de
faire cette course. Cependant, ils
doivent aussi comprendre que
c’est leur ProTour. Pas le mien ou
celui de l’UCI. Le Pro Tour a été
pensé pour offrir stabilité et sécurité aux équipes et aux sponsors. Ils ne les auront plus s’ils
choisissent une voie qui amène
automatiquement à la destruction du ProTour.
être inquiété. Auparavant, ils ont
couru sous le nom de Mr Bookmaker. Sans souci. Et en début de
saison, l’équipe a cour u en
France (au GP La Marseillaise)
avec un maillot neutre…
C’est le but des organisateurs
des grands Tours ?
Il suffit de considérer leurs
actions depuis deux ans… Ils ont
sans doute peur que d’autres
courses prennent de l’importance
et remettent en cause leur hégémonie commerciale et économique.
Avez-vous demandé une
intervention du ministre
des sports ?
Je suis en contact avec M. Lamour. Nous avons échangé des
courriers au cours des deux dernières semaines. J’espérais qu’il
interviendrait de manière
constructive. Maintenant, la situation est un peu différente. Je
veux croire que tout le monde va
se présenter à cette assemblée de
Bruxelles dans les meilleures dispositions pour trouver une solution.
Envisagez-vous de prendre des
sanctions contre la Fédération
française, sous l’égide de
laquelle pourrait se disputer
Paris-Nice ?
Oui. La FFC a agi en toute
mauvaise foi et en désaccord avec
le règlement. Et en ce qui
concerne l’organisation d’épreuves telles que des championnats
du monde, il faut comprendre
que nous préférons les attribuer
à des fédérations qui ne bafouent
pas l’intérêt et les règles de
l’UCI…
Et si aucun accord n’est
trouvé et que les équipes
s’alignent sur Paris-Nice ?
J’espère sincèrement que
nous trouverons un terrain d’entente et que Paris-Nice aura lieu
normalement, parce que tout ceci
n’est pas bon pour notre sport.
Dans le cas contraire et si des
équipes disputent la course malgré notre interdiction, des sanctions seront prises.
Il paraît inconcevable de sanctionner toutes les équipes si
elles prenaient le départ…
C’est difficile à imaginer en
effet. Mais si cela devait arriver,
alors ce serait la fin du Pro Tour.
C’est aux équipes de décider.
Mais ce ne serait pas sans consé-
DPPI
TELEX
4 mars 2007
quences pour elles et leurs sponsors. Mieux vaut ne pas commettre d’erreur…
Les équipes veulent disputer
Paris-Nice, six fédérations
(France, Espagne, Italie, Belgique, Autriche, Luxembourg)
vous ont interpellé dans une
lettre ouverte. Vous sentezvous isolé ?
Non. Ce sont majoritairement les grandes nations de l’Europe de l’ouest qui refusent le développement du sport, sans doute
par peur que cela fragilise leur
Que reprochez-vous aux
Français ?
Je n’ai rien contre eux. La
France a toujours été par tradition une des nations majeures de
notre sport. Et le Tour de France
est la plus g rande épreuve du
monde. Mais les F rançais devraient prendre un peu plus en
considération le reste du monde.
Interview
Christel De Taddeo
RESULTATS
Athlétisme
Euro 2007 en salle (Birmingham)
Hommes
400 m: 1. Gillick (Irl) 45''52; 2. Swillims (All)
45''62; 3. Tobin (GB) 46''15.
3000 m: 1. Caliandro (Ita) 8'02''44; 2. Tahri
(Fra) 8'02''85; 3. Espana (Esp) 8'02''91.
Perche: 1. Ecker (All) 5,71 m; 2. Yurchenko
(Ukr) 5,71 m; 3. Otto (All) 5,71 m; ...; 6. Clavier
(Fra) 5,41 m.
Triple saut: 1. Idowu (GB) 17,56 m; 2. Douglas
(GB) 17,47 m; 3. Sergeyev (Rus) 17,15 m.
Dames
400 m: 1. Sanders (GB) 50''02; 2. Usovich (Blr)
51''00; 3. Zykina (Rus) 51''69.
1500 m: 1 Chojecka (Pol) 4'05''13; 2.
Pantelyeva (Rus) 4'06''04; 3. Chumakova
(Rus) 4'06''48.
Longueur: 1. Gomes (Por) 6,89 m; 2. Montaner
(Esp) 6,69 m; 3. Scerbova (Rtc) 6,64 m.
Hauteur: 1. Hellebaut (Bel) 2,05 m; 2. di
Martino (Ita) 1,96 m; 3. Veneva (Bul) 1,96 m;
...; 6. Skotnik (Fra) 1,92 m.
Basket
Pro A (23e journée)
83-109; Chicago-Nouvelle Orléans 104-93;
Miami-Detroit 85-82; Phoenix-Indiana 115-90;
LA Lakers-Sacramento 108-116; DenverHouston 97-108.
Biathlon
Lahti (Fin), coupe du monde
Sprint hommes (10 km): 1. Poirée (Fra)
24'39''0; 2. Os (Nor) à 5''3; 3. Gjedrem (Nor)
10''2; ...; 5. 5. Greis (All) 16’’9; ... Coupe du
monde générale: 1. Greis (All) 595 pts; 2.
Björndalen (Nor) 528; 3. Poirée (Fra) 517; ...
Cyclisme
Circuit Het Volk
Gand-Lokeren:1. Pozzato (Ita/Liquigas), les
210 km en 5h04'38''; 2. Flecha (Esp) à 2''; 3.
Boonen (Bel); 4. Nuyens (Bel); 5. O'Grady
(Aus) t.m.t; …; 28. Laurent (Fra) à 4'26''; …;
42. Guesdon (Fra) à 4'26''; …
Tour de la Communauté de Valence
5e et dernière étape: 1. Bennati (Ita/Lampre),
les 146,9 km en 3h15'49''; 2. Petacchi (Ita); 3.
Corioni (Ita); 4. Valverde (Esp) t.m.t.; …
Classement général final: 1. Vaverde
(Esp/Caisse d'Epargne) 18h07'02''; 2.
Valjavec (Slo) à 08''; 3. Schleck (Lux) 12''; …
Dijon-Gravelines . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88-83
Le Havre-Le Mans . . . . . . . . . . . . . . . . . .68-84
Chalon-sur-Saône-Clermont . . . . . . . . .68-65
Nancy-Bourg-en-Bresse . . . . . . . . . . . .76-60
Paris BR-Orléans . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66-76
Cholet-Strasbourg . . . . . . . . . . . . . . . . . .69-50
Besançon-Reims . . . . . . . . . . . . . . . . . .101-91
Roanne-Hyères-Toulon . . . . . . . . . . . . .104-83
Aujourd’hui: Pau-Orthez-Villeurbanne.
Classement: 1. Roanne 40 pts; 2. Chalon-surSaône 39; 3. Nancy 39; 4. Orléans 37; 5.
Strasbourg 37; 6. Cholet 36; 7. Le Mans 36; 8.
Dijon 35; 9. Gravelines 35; 10. Le Havre 35; 11.
Paris BR 34; 12. Pau-Orthez 34; 13.
Villeurbanne 34; 14. Besançon 31; 15.
Clermont 31; 16. Hyères-Toulon 30; 17. Bourgen-Bresse 29; 18. Reims 26.
Ski alpin
Kranjska Gora, Géant hommes
Classement: 1. Raich (Aut) 2'19''03; 2.
Bourque (Can) 2'19''58; 3. Blardone (Ita)
2'19''60; 4. Svindal (Nor) 2'19''65; …; 10.
Chenal (Fra) 2'20''63; …; 15. Fanara (Fra)
2'20''77; …
Coupe du monde de géant: 1. Raich (Aut) 319
pts; 2. Svindal (Nor) 316; 3. Blardone (Ita) 300;
…; 10. Chenal (Fra) 118; …
Coupe du monde générale: 1. Svindal (Nor)
868 pts; 2. Raich (Aut) 865; 3. Cuche (Sui) 788;
4. Miller (EU) 663; 5. Fill (Ita) 601; …; 30.
Dalcin (Fra) 253; …
Tarvisio (Ita), descente dames
Classement: 1. Mancuso (EU) 1'52''67; 2.
Goetschl (Aut) 1'52''84; 3. Brydon (Can)
1'52''88; …; 7. Schild (Aut) 1'53''19; …; 11.
Jacquemod (Fra) 1'53''71; …; 13. MarchandArvier (Fra) 1'53''85; …
Coupe du monde de descente: 1. Goetschl
(Aut) 605 pts (vainqueur du globe de descente); 2. Mancuso (EU) 491; 3. Kildow (EU)
390; …; 5. Jacquemod (Fra) 232; …
Coupe du monde générale: 1. Schild (Aut)
1148 pts; 2. Mancuso (EU) 1139; 3. Hosp (Aut)
1103; 4. Goetschl (Aut) 1099; 5.
Kildow (EU) 808; …; 10.
titre
Jacquemod (Fra) 480; …
41e
pour Federer
à Dubaï.
Ligue Féminine (22e journée)
Nice-Challes-les-Eaux . . . . . . . . . . . . . .81-90
Saint-Amand-Arras . . . . . . . . . . . . . . . . .50-72
Bourges-Valenciennes . . . . . . . . . . . . . .58-57
Aujourd’hui: Mourenx-Aix-Provence; Mondeville-Tarbes; Villeneuve-d'Ascq-Calais;
Clermont-Ferrand-Montpellier.
Classement: 1. Bourges 40 pts; 2. Valenciennes 40; 3. Villeneuve-d'Ascq 38; 4. Montpellier 35; 5. Challes-les-Eaux 34; 6. Aix-enProvence 33; 7. Mondeville 33; 8. Tarbes 32; 9.
Arras 30; 10. Clermont-Ferrand 29; 11. SaintAmand 29; 12. Mourenx 28; 13. Calais 26; 14.
Nice 23.
NBA
Toronto-Milwaukee 81-94; PhiladelphieMemphis 117-112 a.p; New York-Golden
State 106-97; San Antonio-Orlando 98-74;
Washington-Atlanta 93-92; Minnesota-Utah
Championnats du monde,
Sapporo (Jap)
Ski de fond, 30 km classique
dames: 1. Kuitunen (Fin)
1h29'47''1; 2. Steira (Nor) à 6''9;
3. Johaug (Nor) 1'22''8; ...
Combiné nordique: 1. Ackermann
(All) 38'35''6; 2. Demong (EU) à
8''5; 3. Koivuranta (Fin) 8''7; …;
15. Lamy-Chappuis (Fra) 2'59''4;
…; 19. Laheurte (Fra) 3'40''0; …
Saut, petit tremplin: 1. Malysz
(Pol) 277,0 pts; 2. Ammann (Sui)
255,5; 3. Morgenstern (Aut) 254,5;
...; 32. Lazzaroni (Fra) 108,0; ...; 45.
Descombes (Fra) 101,5; ...
Pro B (23e journée)
Nantes-Mulhouse . . . . . . . . . . . . . . . . . .81-75
Aix-Maurienne-Saint-Quentin . . . . . . . .76-60
Angers-Antibes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84-68
Saint-Étienne-Nanterre . . . . . . . . . . . . .94-73
Châlons-Champagne-Rouen . . . . . . . . .79-70
Levallois-Perret-Limoges . . . . . . . . . . . .78-74
Brest-Boulazac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79-71
Poitiers-Evreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64-75
Vichy-Quimper . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77-56
Classement: 1. Vichy 41 pts; 2. Nanterre 39; 3.
Levallois-Perret 38; 4. Châlons-enChampagne 37; 5. Saint-Quentin 37; 6.
Quimper 36; 7. Saint-Étienne 35; 8. AixMaurienne 34; 9. Boulazac 34; 10. Brest 34;
11. Evreux 34; 12. Limoges 34; 13. Rouen 33;
14. Nantes 32; 15. Antibes 31; 16. Mulhouse
31; 17. Poitiers 31; 18. Angers 30.
Ski Nordique
Handball
D1 (17 journée)
e
Tennis
Dubaï, ATP, finale
Federer (Sui) b. Youzhny (Rus) 6-4, 6-3.
Toulouse-Villeurbanne . . . . . . . . . . . . . .24-25
Tremblay-en-France-Sélestat . . . . . . . .41-27
Istres-Chambéry . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32-20
Saint-Marcel-Vernon-Créteil . . . . . . . . .28-28
Ivry-Montpellier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27-24
Mercredi: Dunkerque-Pontault-Combault;
Paris Handball-Nîmes.
Classement: 1. Ivry 43 pts; 2. Montpellier 43;
3. Chambéry 41; 4. Dunkerque 38; 5. Nîmes
38; 6. Tremblay-en-France 38; 7. Paris
Handball 34; 8. Créteil 33; 9. Istres 31; 10.
Sélestat 28; 11. Toulouse 26; 12. PontaultCombault 25; 13. Saint-Marcel-Vernon 25; 14.
Villeurbanne 25.
Las Vegas, ATP, 1/4 de finale
Rugby
Volley
Pro D2 (22e journée)
Pro A (19e journée)
Pau-Racing-Métro . . . . . . . . . . . . . . . . . .27-18
Oyonnax-Tarbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13-9
Mont-de-Marsan-Colomiers . . . . . . . . . .19-9
Toulon-Auch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17-9
La Rochelle-Lyon OU . . . . . . . . . . . . . . . . .15-9
Aujourd’hui: Bordeaux-Grenoble; GaillacLimoges; Béziers-Dax.
Classement: 1. Auch 82 pts; 2. Toulon 68; 3.
Dax 64; 4. La Rochelle 64; 5. Béziers 60; 6.
Lyon OU 60; 7. Oyonnax 56; 8. Racing-Métro
46; 9. Gaillac 44; 10. Pau 43; 11. Tarbes 42; 12.
Bordeaux 40; 13. Grenoble 40; 14. Mont-deMarsan 40; 15. Limoges 35; 16. Colomiers 24.
Korolev (Rus) b. Querrey (EU) 6-4, 6-4; Safin
(Rus) b. Verdasco (Esp) 6-1, 6-4; Melzer (Aut)
b. Hernych (Rtc) 6-3, 3-6, 6-3; Hewitt (Aus) b.
Lopez (Esp) 6-3, 6-2.
Acapulco, ATP, 1/2 finales
Moya (Esp) b. Ferrero (Esp) 6-2, 2-6, 6-3;
Chela (Arg) b. Calleri (Arg) 4-6, 5-5 ab.
Acapulco, WTA, 1/2 finales
Loit (Fra) b. Schruff (All) 0-6, 6-2, 6-1;
Pennetta (Ita) b. Errani (Ita) 6-2, 6-4.
Doha, WTA, finale
Hénin (Bel) b. Kuznetsova (Rus) 6-4, 6-2.
Tours-Asnières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2-3
Sète-Rennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-1
Tourcoing-Nice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-1
Saint-Brieuc-Montpellier . . . . . . . . . . . . . .3-2
Avignon-Beauvais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-1
Paris-Poitier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3-2
Aujourd’hui: Cannes-Toulouse.
Classement: 1. Paris 46 pts; 2. Cannes 44; 3.
Toulouse 36; 4. Poitiers 35; 5. Sète 31; 6.
Rennes 29; 7. Montpellier 29; 8. Tours 29; 9.
Tourcoing 27; 10. Beauvais 24; 11. Asnières
20; 12. Saint-Brieuc 19; 13. Avignon 16; 14.
Nice 11.
/29
4 mars 2007
Prod
CULTURE
Cinéma. L’autre
Jean Dujardin.
Page 30
Aérolite. Le duo électro versaillais est de retour avec un nouvel album entêtant
Air sort sa symphonie de poche
« Album fainéant », « mélodies chloroformées », « chants
éthérés »… Certaines critiques
sont d’ores et déjà tombées, pas
très bienveillantes. Pocket symphony, le nouvel Air, ne fait pourtant qu’ar river dans les bacs.
D’aucuns soupçonneraient JeanBenoît Dunckel et Nicolas Godin
d’avoir mis trop d’énergie sur le
séduisant 5:55, réalisé juste avant
pour et avec Charlotte Gainsbourg ? Et de n’avoir su, du coup,
faire surgir aucune audace capable de bluffer les fans et les mélomanes avec leur propre album ?
Des re proches de bonne
guerre. La cote dont jouissent les
deux sorciers de l’électro tendance planante – forts de 6 millions d’albums vendus dans le
monde depuis Premiers symptômes (1996) – peut sembler en effet
disproportionnée. La moindre de
leurs créations est systématiquement devancée par un marketing
savant, et aussitôt glorifiée par
une branchitude prête à tout pour
se rouler dans un chic artificiel.
Totalement imperméable aux doléances, le duo versaillais – autistes géniaux ou malins faiseurs ? –
s’af fiche placide, peu diser t,
content de lui. « On aime bien
s’entourer d’un certain mystère.
Mais question musique, on est
grave accros… »
Risque de pilotage automatique ? De sa petite voix nasale inimitable, flanqué d’un costume tiré
à quatre épingles, Jean-Benoît
Dunckel plaide non coupable.
« Notre côté musique ambient ou
dite “d’ambiance” n’est pas forcément péjoratif ou bon pour l’ascenseur. Nous revendiquons, nous
signons. Mais on admet aussi qu’à
un moment les gens aient besoin
de décrocher. C’est une musique
qui voyage, qui sert d’interface à
un certain état mental. Nous aimons cette sensation de trou d’air
agréable qu’on ressent en écoutant les œuvres qui nous ont inspirés ici, Furyo, de David Bowie,
ou Dreamworld, de Brian Eno. On
ne cherche pas à être ironiques ou
prétentieux, mais plutôt légers, rigolos, mignons… En même temps,
l’ambition symphonique est légitime ici, avec une intro, un corps,
une fin. On aime que la musique
soit tour à tour dense et légère,
traînante et rapide. On n’est pas
dans l’entertainment, du style “ce
soir, on va danser”. Il faut éveiller
d’autres curiosités. »
Pour ce faire, avec la compli-
Claude Gassian
« Trouvailles essentielles »
Pocket symphony est le dernier album du groupe Air formé par Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel. Parmi leurs précédents disques figurent Moon safari (1998),
10.000 Hertz legend (2001) ou Talkie Walkie (2004) qui s'est vendu à plus de 800.000 exemplaires. Ils ont également composé en partie les BO des films de Sofia
Coppola et participé à la réalisation de 5 : 55, le dernier album de Charlotte Gainsbourg.
cité de Nigel Godrich, fameux
producteur de Radiohead et de
Beck, Air a choisi ici d’ouvrir sa
palette sonique. Des instruments
« tangibles », échappés du classique (harpe, clavecin, flûtes) et du
Japon ancestral, confèrent au disque une dimension plus « organique » qu’à l’accoutumée. « Pendant six mois, explique Godin,
j’ai été initié à la cithare koto et
au luth shamisen par Shoko, une
instrumentiste géniale qui sera
sur scène avec nous sur les pro-
chains concerts. » Dunckel, lui,
reste fidèle aux claviers, au piano.
« Je ne cesse de faire le tour de cet
instrument mystérieux, impossible à dominer. » Il s’entraîne sur
des partitions de Rachmaninov,
Ravel, Messiaen. Il insiste sur
Liszt. « C’est un génie de l’arrangement, un cap. Il est difficile à
jouer, très expressif, rapide et
lent, exigeant dans les volumes,
les accents… » Deux voix invitées
complètent cette moisson de bonnes intentions : celles des chan-
teurs Neil Hannon et Jarvis
Cocker, rencontrés sur l’enregistrement de l’album de Charlotte
Gainsbourg. Ainsi, quelque part
entre la chanson zen anglaise et
des instrumentaux atemporels
pensés à la façon de noctur nes
électroniques, Air prend le goût
de l’exploration de contrées sonores plus neuves qu’il n’y paraît. A
l’image de deux voyageurs en suspens dans l’espace, motif qui fera
l’événement de leur prochain
spectacle, le bien nommé Aérolite,
préparé avec le plasticien Xavier
Veilhan.
S’il garde l’image d’un couple
collé et jaloux, Air ne s’est en fait
jamais si bien porté qu’entouré de
collaborateurs de tous horizons.
« Fonctionner comme des artistes
de commande pour Charlotte
Gainsbourg nous permet d’avancer. Quand on fait les choses pour
les autres, on est moins stressés,
on lâche la bride. On se livre plus
car on pense que ce sera moins
personnel. A l’arrivée, pourtant,
on aboutit parfois à des trouvailles essentielles. » De fait, passé les
premières critiques légitimes, la
Pocket symphony suscitera sans
aucun doute, dans les jours et
nuits à venir, de nouveaux engouements pour le moins symptomatiques, de nouvelles addictions…
Alexis Campion
Pocket symphony (sortie lundi
5 mars), en concert le 29 mars à la
Cigale, les 6 et 7 avril à Beaubourg
dans le cadre d’Aérolite.
David Lynch. Le réalisateur expose son œuvre picturale à la Fondation Cartier à Paris
« Un film terminé, je file dans mon atelier »
que ce genre de manifestation peut être source
d’inspiration : elle permet d’avoir une vue d’ensemble de son travail.
Raymond Delalande/JDD
Enfant, il se rêvait peintre, même s’il était persuadé que « ce n’était pas un métier pour adultes ».
Au lieu de cela, David Lynch est devenu l’un des plus
grands cinéastes contemporains dont les films
comme Elephant man, Sailor et Lula ou Mulholland
Drive sont des contributions majeures à l’histoire du
septième art. « Je suis venu au cinéma par hasard,
alors que j’étudiais à l’Académie des beaux-arts de
Pennsylvanie, confie le réalisateur. Un soir, alors que
je travaillais sur une toile, j’ai entendu le vent, j’ai
senti mon tableau bouger et l’image s’animer. C’est
comme ça que tout a commencé. »
Cela ne l’a pas empêché de continuer à peindre,
sculpter, photographier, graver, composer. En témoignent les centaines de dessins, tableaux, aquarelles
ou installations présentés à la Fondation Cartier
pour l’art contemporain à Paris, le temps d’une exposition intitulée The air is on fire. Un ensemble protéiforme porté par une mise en espace époustouflante
imaginée par Lynch : un monde sombre, apocalyptique, éclairé par quelques touches d’humour, mais
surtout une utilisation magistrale de la lumière.
Certains y verront l’influence de Francis Bacon, notamment dans les photos de nus distordus.
D’autres celle de Brassaï, lorsque le réalisateur
photographie ses hiéroglyphes semblables à des
graffitis. Mais le jeu des ressemblances s’épuise
David Lynch, jeudi dernier, devant une de ses
œuvres exposées à la Fondation Cartier à Paris.
vite. Car l’œuvre picturale de Lynch se révèle d’une
originalité et d’une complexité rares. Semblables à
celles de ses films.
C’est la première fois que vous dévoilez votre
production autre que cinématographique.
Certaines pièces ont déjà été montrées, mais
pas dans le cadre d’une exposition d’une telle ampleur. Les œuvres présentées ici, je les ai réalisées
sans aucun souci de les faire voir au public. Reste
Quand trouvez-vous le moment de peindre ?
Entre deux films. La réalisation demande beaucoup trop d’attention pour se concentrer sur autre
chose. Je ne photographie d’ailleurs pratiquement
pas les plateaux de tournage ou les décors. Mais une
fois un film terminé, je file dans mon atelier.
Y a-t-il une relation entre ces œuvres et vos films?
Aucune. Cette exposition n’aide pas à comprendre mes films, elle présente juste une autre facette de
mon travail. Tout ce que je fais naît d’une idée. Certaines se traduisent par un film, d’autres par un tableau, un morceau de musique ou un meuble. Disons
que le point commun entre mes productions cinématographique et picturale, c’est l’idée de l’idée. J’essaie de la retranscrire dans le genre qui convient le
mieux. Il m’arrive parfois d’utiliser une technique
que je connais très peu, comme la gravure. Mais plus
je l’approfondis, plus elle me parle.
La comédienne Laura Dern raconte que vous
avez travaillé au jour le jour sur votre dernier
film, Inland Empire. A la manière d’un peintre ?
Habituellement, je travaille à partir d’un script
et non de fragments. Cette fois, chaque scène naissait
d’une idée que je m’empressais de mettre sur papier
avant de la filmer. Et rebelote pour la scène suivante,
même si je ne savais pas vraiment en quoi elle était
reliée à la précédente. Jusqu’à ce qu’une histoire
commence à naître. Après avoir emmagasiné ces premières scènes, j’ai travaillé de manière beaucoup
plus traditionnelle.
On a l’impression que vous vous éloignez de
plus en plus de la narration.
Elle est pourtant très importante pour moi. Certes, Inland Empire est mon film le plus abstrait, mais
cela permet de multiples interprétations. Il en va de
même pour certains de mes tableaux ou de mes photos. S’il n’y a pour moi rien de narratif dans ces œuvres, quelqu’un peut se mettre à rêver en les regardant et y voir le début d’une histoire.
Propos recueillis par Yasmine Youssi
The air is on fire. Fondation Cartier pour l’art
contemporain, 261, bd Raspail, Paris 14e. 01 42 18 56 50.
Ouvert du mardi au dimanche de 12 à 20 h. Jusqu’au
27 mai. Catalogue : coédition Fondation Cartier pour
l’art contemporain, éditions Xavier Barral, Actes Sud,
452 pages, 50 euros.
Culture
30/
4 mars 2007
ÇA SORT AUSSI MERCREDI
Thriller. Il incarne un flic confronté au meurtre de sa fille dans Contre-enquête
En voiture, Laure !
L’autre visage de Jean Dujardin
Le 4e morceau de la femme
coupée en 3 ★★
De et avec Laure Marsac, Denis
Podalydès. 1 h 10.
Les trois moments choisis de la
vie de Louise tournent autour d’une
automobile. Apprentie conductrice,
elle tente d’abord d’apprivoiser son
véhicule. Mais la rétive, plus tard,
l’enferme « dehors », sur un parking
d’hypermarché. Louise se souvient
alors du cocon quasi fœtal que formait la voiture lorsqu’elle était enfant. « Il s’agit de mouvement et de
liberté de mouvement », confie Laure
Marsac à propos de ce film très graphique. Il esquisse aussi, à travers
ces zooms successifs, une approche
très subtile du réel. Les trois morceaux de vie de Louise ne sont nullement signifiants. Seul le quatrième,
celui qui reste lorsque l’action s’est
éteinte, comme un parfum dans le
sillage d’une passante, permet de la
deviner. « La réalité, c’est ce qu’on
ne voit jamais. »
J.-L. B.
Du travail faisons
table rase
Volem rien foutre al païs ★★
Nuits de Chine
Le voile des illusions ★
De John Curran, avec Edward Norton,
Naomi Watts et Liev Schreiber. 2 h 04.
Londres, 1920. Cédant à la pression familiale, Kitty épouse Walter,
un bactériologiste de renom épris
d’elle. Il l’emmène à Shanghai, où il
doit mener des recherches. Lorsqu’il
découvre qu’elle le trompe, Walter
oblige Kitty à le suivre dans une région ravagée par une épidémie de
choléra… Ce drame romantique étudie avec minutie la désagrégation
du couple suite à la trahison, le
poids de la culpabilité et l’apprentiss a g e d u p a rd o n , « l a p l u s b e l l e
preuve d’amour » selon Edward
Norton, interprète et producteur. Si
la photographie est sublime, la lenteur de la narration plombe l’exaltation que l’on éprouve à découvrir
des acteurs familiers dans un cadre
inhabituel. Ici, la passion cède la
place à la répression, un parti pris
qui se révèle rapidement frustrant.
Reste une vision réaliste de la Chine
de l’époque, s’élevant contre le colonialisme.
S. B.
L’acteur habitué aux
comédies a été séduit
par ce rôle tout en
sensibilité « d’un père
détruit et déterminé ».
Prod
De Pierres Carles, Christophe Coello,
Stéphane Goxe. 1 h 47.
Déserteurs et fiers de l’être : squatters à Barcelone, bricoleurs de toilettes sèches ou constructeurs de
murs en paille, ils se refusent à devenir des petits soldats de la guerre
économique, condamnés à produire
et consommer toujours plus pour
soutenir la croissance. Alors ils inventent des moyens de survie. Ils
travaillent à leur autonomie, s’évertuant aux combines non polluantes,
non monnayables… On est loin de
tout programme politique, comme
en témoignent leurs débats pagailleux et obscurs. Le documentaire,
volontairement, a pris le parti de refléter, y compris dans son montage,
ces confusions pour exprimer en
l’état cette contestation.
J.-L. B.
« Un contre-emploi dans ContreContre-enquête ★★
accepté Contre-enquête il y a deux ans.
e n q u ê t e , vo t r e Tc h a o p a n t i n à
« J’ai gagné en maturité, en confiance.
De Franck Mancuso, avec Jean Dujardin et Laurent Lucas. 1 h 25. Sortie mercredi.
vous… Je m’y attends, à toutes ces
■ Malinowski, capitaine à la brigade criminelle, est sans arrêt confronté aux faits divers
A cause du succès, de la paternité et de
conneries ! » S’il y a bien une chose
les plus sordides. Quand il apprend le meurtre de sa fille de 10 ans, sa vie bascule. Pour soul’âge [bientôt 35 ans]. » Jean Dujardin
que ne comprend pas Jean Dujardin,
lager sa peine, ses collègues ne tardent pas à épingler un suspect, puis à le faire condamner.
assume pleinement l’étiquette de coméc’est « la scission entre l’acteur comiMais, dans sa cellule, ce dernier clame son innocence. En proie au doute, Malinowski dédien « bankable ». « Pourtant, je suis
q u e e t l ’ a c t e u r d r a m a t i q u e. E l l e
cide de rouvrir le dossier… L’angoisse de la mauvaise rencontre, la pédophilie, les erreurs
incapable de planifier sur quatre ans.
n’existe pas. Un acteur doit pouvoir
judiciaires, la surmédiatisation du crime : ce thriller fait référence à des sujets d’actualité
Je laisse de la place pour une rencontout jouer. En réalité, les comiques
qui provoquent une empathie immédiate. Ce premier long-métrage, réalisé par l’un des scétre, une surprise. Mon luxe à présent,
sont jalousés par ceux qui ne savent
naristes de 36, quai des Orfèvres, mise moins sur le suspense que sur le parcours psychologic’est de pouvoir choisir, de développer
pas faire rire. Forcément, ça agace.
que du personnage principal incarné par Jean Dujardin, convaincant. Si l’identité du coumes idées. Je n’ai pas changé mon
J’ai la chance de vivre une vraie hispable est rapidement déflorée, le film tient néanmoins ses promesses grâce à la qualité de
mode de vie. Ce serait tellement plus
toire d’amour avec le public, qui n’est
son interprétation (Laurent Lucas, ambigu) et à son rebondissement final. Efficace.
S. B.
simple de dire : “Dujardin a pété les
ni calculateur ni cynique. Il suit un
plombs, il est malheureux, il a le nez
homme, pas des rôles ». Après avoir fait se gondoler la Mancuso, y a passé vingt ans. Il sait de quoi il parle. Je dans la coke.” Bah, non ! Je vis ma passion. Je ne sors
France entière avec Brice de Nice et OSS 117, Jean Du- l’ai écouté pendant des heures. On a une image carica- pas, je n’ai pas envie de faire de la figuration dans un
jardin s’essaie avec sobriété au thriller psychologique. turale du flic, en cuir, avec un brassard. Là, c’est le haut carré de singes à boire du champagne. Mon ego est réglé
« J’ai trouvé le scénario très bien ficelé, dense, nerveux, du panier, des gars en costume-cravate qui réussissent à depuis longtemps. Si j’ai le malheur de déraper, j’ai trois
brutal, sans concession. Surtout pas putassier, complai- laisser au bureau la souffrance qu’ils côtoient au quoti- frangins qui me tombent dessus et me dégonflent ilsant ni larmoyant, sans esbroufe ni pathos. C’était inté- dien. J’ai reniflé l’endroit, observé les habitudes, les au- lico. »
ressant de tout garder en soi, de ne pas en faire des ton- tomatismes. »
Jean Dujardin n’a d’ailleurs pas le temps de se repones. » Il a été troublé par la tragédie qui frappe Maliser sur ses lauriers. Bientôt à l’affiche de 99 francs de
nowski, son personnage, un policier qui réclame justice « Je n’ai pas envie de faire de la figuration
Jan Kounen d’après le roman de Beigbeder, il s’apprête à
suite à l’assassinat de sa petite fille. « J’ai des enfants dans un carré de singes à boire du champagne »
entamer le tournage d’OSS 2. « La sortie est prévue pour
moi-même, alors forcément, il y a de l’écho. Mais on esLe désir de vengeance et l’absence de moralité de décembre 2007. Et je réfléchis avec James Huth (Brice de
saie de ne pas trouver trop de correspondances, sinon Malinowski ne l’ont pas gêné outre mesure. « On ef- Nice) à une adaptation de la BD Lucky Luke. » Un petit
on devient fou. Je suis un papa vigilant, encore plus fleure les plus bas instincts de l’être humain. Il s’agit de regret quand même de n’avoir pas remporté le César
avec la notoriété. »
la sensibilité d’un père détruit et déterminé. La mise en pour OSS 117 ? « J’ai eu ma médaille en chocolat ! Pour
En guise de préparation, Jean Dujardin est allé visi- scène s’efface pour raconter les faits, au premier degré. François Cluzet, c’était le bon moment. Il l’a mérité. »
ter le 36, quai des Orfèvres. « Le réalisateur, Franck C’est cette vérité qui m’a plu. » Il n’aurait peut-être pas
Stéphanie Belpêche
Eté 1984. André Téchiné signe un conte émotionnel sur l’irruption
du virus du sida dans nos vies
Les témoins ★★★
D’André Téchiné, avec Sami Bouajila, Michel
Blanc, Emmanuelle Béart. 1 h 52. Sortie mercredi.
■ Eté 1984. Mauvais souvenir. L’apparition
« Avant que je n’oublie »
Un film qui évoque l’irruption du
sida est-il fatalement grave et noir ?
J’espère qu’il exprime le contraire,
je l’ai voulu lumineux et solaire. Il
commence par une naissance, c’est un
hymne à la vie. Bien sûr, j’ai choisi de
faire un devoir de mémoire sur cette
période effectivement noire, mais dans
le film il y a du rouge, du jaune, une fin
salutaire qui dit le miracle d’être vivant. J’espère avoir été documenté plutôt que documentaire. Je ne cherche
pas non plus à être subversif, ni théorique. Je reste instinctif, avec pour volonté de tout simplement transmettre.
Par ailleurs, je ne considère pas que le
sida est un sujet en soi. Le vrai sujet,
c’est le sexe et la morale. Et on touche
presque à la science-fiction car en 1984
on reliait ça à la culpabilité, à la honte,
comme une punition. C’était Mars attacks !
Vous avez écrit en pensant
aux acteurs…
Béart et Blanc étaient clairement
choisis. Bien sûr, je connais Emmanuelle, mais je ne me sers pas de ça. Je
pars à l’aventure. Car le problème, ce
n’est pas seulement quel acteur, mais
avec qui, comment et quelles interactions. Dans un film, on peut se tromper
sur les décors ou le découpage, mais
pas sur le casting, car il faut de la matière vivante, un tremblement dynamique, des courts-circuits.
Prod
« Ses films ont tous quelque chose
d’impalpable et de profondément juste.
Ses personnages portent une incertitude d’eux-mêmes qui fait que, quand
ils sont mis ensemble, tout devient électrique, dynamique… » Michel Blanc est
en verve pour chanter le cinéma d’André Téchiné. Il l’admire. Il y fait aujourd’hui son entrée remarquée avec
Adrien, le médecin homo des Témoins.
Il enchaînera bientôt, au côté de Catherine Deneuve, un autre rôle imaginé
par Téchiné, celui d’un marchand d’art.
Embarrassé par les compliments de
l’acteur avec qui il « désirait tourner
depuis fort longtemps », le metteur en
scène parle avec moins d’aplomb, mais
tout autant de détermination, pour dire
son engagement sur ce nouveau film,
sans doute l’un de ses plus importants
par sa dimension historique.
Sami Bouajila, Emmanuelle Béart, Johan Libéreau et Michel Blanc.
Pourquoi n’avez-vous pas réalisé
ce film plus tôt ?
J’aurais été incapable de le faire
avant, ou alors sur un mode funèbre.
Des proches sont partis, j’ai eu ce sentiment d’échapper à mon destin. Sans
faire dans le pathos, j’aimerais citer Michel Béna, cinéaste, assistant et ami, auteur du très beau film Le ciel de Paris,
mort en 1991. Le personnage qui disparaît dans le film lui doit beaucoup. Je
n’ai pu faire le deuil qu’à partir du moment où j’ai su arrêter de me complaire
dans le malheur pour transformer ça en
fiction. On aurait pu reprendre ce titre
américain, Before I forget, avant que je
n’oublie…
Propos recueillis par Alexis Campion
soudaine d’un mal inconnu, pas encore
nommé sida. Au bord d’un précipice dont il
ne sait rien, un petit groupe d’amis. Sarah
l’artiste et Mehdi le flic forment un couple
libre, pas enchaîné ni jaloux. Leur ami
Adrien en pince pour Manu, joli vaurien qui
préfère draguer dans les jardins… Habité
par une troupe hétéroclite de comédiens
beaux et entiers, balisé par des confrontations d’une densité admirable, ce film a
failli s’appeler La tempête. On ne s’en étonne
pas tant cette histoire, traversée par un
souffle fort et tenue par un tremblement
permanent, prend le spectateur à bras-lecorps. Cette fébrilité persistante reflète les
zigzags de la vie autant que le drame collectif. Les dialogues, frôlant l’effet ping-pong,
accentuent cette impression de vivacité.
Blanc se fait greffier de l’épidémie… Béart,
dérangeante, devient inoubliable face à ce
drôle de Sami Bouajila, immense acteur qui
rend tout possible. De ces excès Téchiné tire
profit : il offre les costumes du conte émotionnel à la grande Histoire, tisse les méandres du singulier et de l’universel dans un
seul récit. Avec une acuité qui force le respect, le réalisateur affirme la complexité de
la vie, la pureté des sentiments affolés, le
prodige d’un cinéma qui remue d’autant
plus qu’il témoigne.
Al. C.
Culture
4 mars 2007
Au nom de la liberté ★★
De Phillip Noyce, avec Tim Robbins,
Derek Luke et Bonnie Henna. 1 h 44.
■ A travers l’histoire vraie d’un
Noir qui rejoint les rangs de l’ANC
après avoir été torturé, ce film raconte la fin de l’apartheid avec émotion et dignité. En fidèle du régime,
Tim Robbins glace le sang.
S. B.
Africa paradis ★★★
De Sylvestre Amousssou. 1 h 26.
■ An 2033. L’Afrique est devenue
très riche. Rattrapés par la misère,
les Européens se bousculent pour y
aller, avec ou sans visa. Malgré une
réalisation bricolée et des situations
prévisibles, cette farce d’une audace
réjouissante jongle avec les clichés
pour mieux leur faire la peau. Al. C.
Entre adultes ★
De Stéphane Brizé. 1 h 20.
■ Suite de sketches déclinant tous
les motifs du couple qui se griffe et
qui se ment, tout en se racontant
qu’il s’aime. Portraitiste d’une certaine laideur, Stéphane Brizé semble
rattrapé par celle-ci dès lors que son
dispositif, façon théâtre filmé, devient avilissant pour les personnages, lassant pour le spectateur. Al. C.
Dreamgirls ★
De Bill Condon, avec Beyoncé Knowles,
Jennifer Hudson. 2 h 11.
■ Le destin fabuleux de Diana Ross
et des Supremes revu à la sauce hollywoodienne. Une succession de clips
à la gloire de Beyoncé, elle-même
sans grand talent.
B. T.
Michou d’Auber ★★
De Thomas Gilou, avec Nathalie Baye,
Gérard Depardieu. 2 h 04.
■ En pleine guerre d’Algérie, le petit
Messaoud est placé en famille d’accueil dans le Berry. Tirée d’une histoire vraie, cette chronique chaleureuse trouve son ton entre comédie
et drame, grâce notamment à un Depardieu excellent dans la délicatesse
comme dans le coup de poing. C. G.
▼ C’est tout vu ★ A vous de voir
★★ On peut voir ★★★ Bien vu
★★★★ Les yeux fermés
Choc. Nathalie Baye bouleversante dans le rôle d’une mère qui maltraite son enfant
Jamais sans mon fils
Alors qu’un soir tard, Martial Fougeron est vissé devant son petit
écran, il tombe par hasard sur un documentaire racontant les visites d’une
sœur à son frère en prison. L’adolescent
de 15 ans purge une peine pour avoir assassiné sa mère de 17 coups de couteau.
Le réalisateur est sous le choc. « Elle battait ses deux enfants depuis longtemps.
Mais le fait que l’on puisse tuer celle qui
vous a donné la vie me semblait inconcevable. » Qu’est-ce qui peut donc pousser
un enfant à commettre un tel geste ? La
question taraude tellement Martial Fougeron qu’il décide d’en faire un film. Plutôt que de se focaliser sur les conséquences, il choisit de s’intéresser aux causes.
Il rencontre des psychologues, des spécialistes de l’enfant, relit Dolto, qui explique
qu’« une mère est fascinée par son fils
car elle donne naissance à un bébé du
même sexe que l’homme qu’elle aime ».
« J’ai donc imaginé comment une maman, parce qu’elle ne supporte pas qu’à
l’adolescence son fils devienne un homme
et s’intéresse aux filles, en arrive à le
maltraiter. Physiquement et psychologiquement. »
La mère (Nathalie Baye)
face au fils qu’elle refuse de
voir grandir (Victor Sevaux)
« Chaque jour, elle rentrait épuisée »
Restait à trouver des producteurs qui
aient le courage de financer un sujet
aussi dur. « La plupart trouvaient le scénario fort et intéressant, mais sa mise en
images leur semblait trop violente pour
le spectateur. » Heureusement, Martial
Fougeron avait dans son camp Nathalie
Baye. « En écrivant le scénario, elle s’est
Prod
ACTUELLEMENT EN SALLES
/31
imposée à moi comme une évidence. Elle
dégage une grande douceur et je ne voulais pas d’une actrice ayant une image
glaçante et autoritaire pour jouer la
mère maltraitante, cela aurait été trop
Mon fils à moi ★★★
De Martial Fougeron, avec Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Victor Sevaux.1 h 30. Sortie mercredi.
■ Pour son premier long-métrage sobre et nerveux, Martial Fougeron frappe fort. Et
droit au cœur. Une mère au foyer ne supporte pas l’idée que son fils de 13 ans quitte
ses jupes. Cela commence par des réprimandes et des crises de jalousie, cela se transforme en gifles à l’école devant les copains. Avant d’aboutir au tabassage en règle. La
tension monte, le malaise s’installe. Car cette maman adore son fils et ne semble pas
réaliser le mal qu’elle lui fait. Et c’est parce qu’il aime sa mère que le garçon accepte
trop longtemps les coups. Nathalie Baye joue à merveille l’ambiguïté, mélange de
douceur et de cruauté. Ses affrontements avec le jeune Victor Sevaux sont d’une violence parfois difficilement soutenable. Un film qui laisse des marques.
B. T.
évident. Comme Mon fils à moi était mon
premier long-métrage, je n’imaginais pas
un instant qu’elle accepterait. » Mais
parce que le cinéma est une histoire de
magie et de hasards, le rêve de Martial
Fougeron est devenu réalité. « Elle a
adoré le scénario. Je crois qu’à cette époque, elle cherchait des partitions différentes à jouer. On l’a rarement vue dans
un rôle aussi sombre et aussi violent. Et
puis elle avait été, il y a quelques années,
représentante d’une association contre
la maltraitance. »
L’actrice n’a pas ménagé sa peine.
Maman abusive à l’écran, Nathalie Baye
a été une Mère Courage sur le plateau.
« Elle se montrait très protectrice avec le
jeune Victor Sevaux, qui incar ne son
fils. Comme pour se faire pardonner les
sévices qu’elle lui infligeait devant la caméra ! Ce n’est pas une chose facile à
jouer, quand on est mère dans la vraie
vie. Elle me racontait que chaque jour
elle rentrait épuisée chez elle. » Martial
Fougeron se souvient encore que, plus
d’une fois, elle n’a pas hésité à tourner
sept ou huit prises. « Elles étaient toutes
justes, chacune dans un registre différent. Je n’avais plus qu’à choisir, le rêve
pour un réalisateur. Elle m’a bluffé par
ses regards et ses intonations qui rendaient souvent les mots inutiles. Elle ne
dit jamais non, elle est entièrement dévouée au film. » Nathalie Baye, une battante. Dans le bon sens du terme.
Barbara Théate
Culture
32/
4 mars 2007
Tournage. Guillaume Canet et François Cluzet, le tandem
de Ne le dis à personne, de nouveau réunis
Théâtre de Chaillot. Il joue pour
la première fois en France un
texte longtemps interdit en Russie
Philippe Torreton,
acteur militant
« Il y a toute une vie à user pour
être populaire », dit Philippe Torreton. Simple, sûr de lui, gentil
par politesse, il crée l’événement
en revenant au théâtre. Car, à ses
yeux, être acteur, ce n’est pas « se
contenter de bien jouer, mais plutôt aller à la rencontre des gens ».
Comme Ségolène Royal, qu’il soutient ? Oui, il y a de cela. « On
pleure sur nos salles de théâtre
qui se vident, dit-il. Mais il faut
partir chercher le public en jouant
longtemps et en acce ptant les
tournées. C’est noble, pas putassier. » Voilà ce qu’est pour Torreton un acteur « populaire », à
l’image du Théâtre national de
Jean Vilar et de Gérard Philipe,
avec qui il aurait rêvé « de boire
un verre de bon vin ».
tés. » Griboïedov s’attaquait de
manière directe à des personnalités publiques existantes. « Aujourd’hui, le théâtre a perdu son
côté coup de poing, regrette Torreton. On ne voit plus de pièce
qui se moque d’un acteur connu
ou d’un homme politique en vogue. Ce sont les one-man-show ou
Les guignols de l’info qui font le
boulot. »
Comme son personnage, Philippe Torreton est un homme de
convictions qu’il défend à l’occa-
Les frères Papet,
flic et truand
Le cinéma français continue
d’explorer le monde du
grand banditisme. Si Jean-François Richet s’intéresse à Jacques
Mesrine dans L’ennemi public n° 1,
avec Vincent Cassel dans le rôletitre, le metteur en scène Jacques
Maillot tourne en ce moment, au
parc de Saint-Cloud, Les liens du
sang, un film consacré à Bruno et
Michel Papet, inspiré de leur autobiographie*. Les deux frères, fusionnels pendant l’enfance, ont
rompu tout lien à la fin des années 1970, quand ils ont embrassé
deux trajectoires diamétralement
opposées : Bruno est devenu inspecteur à la P.J. de Lyon, tandis
que Michel, l’aîné, s’est fait un
nom dans le milieu du crime. Ce
dernier a fini par passer dix ans
derrière les barreaux pour meurtre, proxénétisme, cambriolage,
fausse monnaie…
L’action débute à la sortie de
prison de Michel, rebaptisé Gabriel (François Cluzet). Les retrouvailles avec François (Guillaume Canet), son jeune frère, ne
sont pas évidentes. Mais chacun y
met du sien pour tirer un trait sur
le passé. Malgré sa volonté de se
réinsérer dans la société et ainsi
de regagner la confiance de François, Gabriel est bientôt rattrapé
par ses démons… « J’avais très
envie de raconter une histoire de
frangins, admet Jacques Maillot.
Un jour, je suis tombé sur le bouquin de Bruno et Michel au Virgin Megastore. Les droits étaient
libres, j’ai saisi l’opportunité. Je
les ai interviewés pendant des
heures. La première mouture du
scénario faisait 800 pages, je pensais d’abord à une série de téléfilms, une sorte de Il était une fois
en Amérique… à Lyon ! Mais je me
suis aperçu que cette idée n’était
pas réaliste. Le format du longmétrage s’est donc imposé. »
« Un signe favorable du destin »
Un choix qui n’est pas pour
déplaire aux principaux intéressés. « Ce n’est pas donné à tout le
monde de voir sa vie transposée
sur grand écran, confie Michel
Papet. Je suis bouleversé. » Bruno
renchérit : « C’est le prolongement
d’une thérapie libératrice entamée lors de la rédaction du livre.
La clairvoyance de Jacques Maillot nous a interpellés. Fin psychologue, il a inséré des éléments de
fiction, dont certains détails que
nous ne lui avions pas révélés ! Je
n’ai pas pu m’empêcher de vérifier le côté technique, le respect
des procédures, mais je n’ai trouvé
aucune faille. » Aujourd’hui paisible retraité de 65 ans, Michel se
consacre à l’écriture. Quant à
Bruno, commandant honoraire de
police, il partage son expérience
en donnant des cours.
Le tandem de Ne le dis à personne est encore sous le choc de la
cérémonie des César, qui a salué
Guillaume Canet pour sa réalisation et François Cluzet pour son
interprétation. « Déjà le succès
public était un cadeau immense,
affirme Guillaume Canet. Je suis
conscient de ma chance, à 33 ans,
d’avoir reçu une telle récompense,
alors que des gens comme Alain
Resnais figuraient dans la salle. »
« J’étais très ému pour lui, souligne François Cluzet. Il le méritait : c’est un cinéaste exigeant et
généreux. Moi, je n’y ai pas cru.
Ça fait trente ans que je fais ce
métier. C’est vrai que sur ce film
tout le monde voulait se surpasser. Mais, comme dit Jean-François Balmer, il n’y a pas de grands
acteurs, il n’y a que des grands rôles. »
Suite au désistement de Clovis Cornillac, Guillaume Canet a
rejoint le casting des Liens du
sang, dont les prises de vues ont
commencé il y a trois semaines.
« Avec François, notre complicité
A gauche au premier plan,
Guillaume Canet qui
incarne l’inspecteur de
police Bruno Papet
(debout derrière lui).
A droite, François Cluzet
joue, lui, le rôle du truand
Michel Papet (assis
devant lui).
est telle qu’on n’a pas à se forcer
pour jouer deux frères. Quand on
a rencontré Bruno et Michel Papet, ils ont commencé à se chamailler, Michel s’amusant à provoquer Bruno en disant qu’il avait
bien connu Mesrine ! Bruno a demandé sa mutation pour ne pas
avoir à arrêter Michel. Ce couple
atypique a mené une existence de
dingues. Bruno ressemble à mon
père et François, avec sa moustache, est le portrait craché de Michel jeune, c’est troublant. » « J’ai
quinze ans d’écar t avec Guillaume, poursuit François Cluzet.
Sur Ne le dis à personne, c’était lui
le patron. Là, je suis content de récupérer le droit d’aînesse ! »
« Leurs César sont un bonus,
un signe favorable du destin, soupire Jacques Maillot. Je considère
Les liens du sang comme un vrai
polar sur la famille. L’enjeu, c’est
de faire exister à égalité les deux
personnages, de trouver un équilibre, d’alterner les points de vue
pour expliquer la complexité humaine. Chaque action de l’un a
des conséquences sur la vie de
l’autre. Leurs destins sont liés
jusqu’à la mort. »
Stéphanie Belpêche
* Deux frères, flic et truand.
Flammarion.
Starmag au Fouquet’s
avec
■ La seule émission quotidienne
de cinéma présentée par Sophie
Soulignac avec le concours de
Carlos Gomez (Le JDD), Mazarine
Pingeot, Thierry Chèze et Annabelle Milot, depuis le Fouquet’s,
tous les jours à 20 heures, en
clair sur TPS Star. Production :
T roisième œil. Cette semaine
dans Starmag. Lundi : Mathilda
May pour son livre Personne ne le
saura. M a rd i : Je a n D u j a rd i n
pour le film Contre-enquête. Mercredi : André Téchiné pour le film
Les témoins. Jeudi : Elodie Bouchez pour le film Ma place au soleil. Vendredi : Guy Bedos pour
son DVD En piste.
www. Gratuit sur lejdd. fr :
Bandes-annonces et extraits
de Contre-enquête,
Mon fils à moi, Les témoins.
Les brèves de palace
de Carlos Gomez avec
Thomas Gilou, Rufus,
Karl Zéro et Malik Zidi.
C’est justement dans leur ancien lieu de création et de combat, à Chaillot, que Philippe Torreton va jouer Tchatski dans Du
malheur d’avoir de l’esprit. Une
pièce riche à l’intrigue simple :
Tchatski quitte la femme qu’il
aime depuis trois ans pour faire
un tour du monde. Lorsqu’il revient, elle s’est entichée d’un autre, tout son contraire : aussi
veule, mou et plein de compromissions que lui est intransigeant. La confrontation de ces
deux personnages va vite être
prétexte à dénoncer le fonctionnement de la société moscovite
tsariste et de ses courtisans.
Le texte d’Alexandre Griboïedov est joué en France pour la
première fois. En Russie, il était
interdit et se passait sous le manteau. « Aujourd’hui, la pièce est
culte, précise Torreton. Etudiée
dans nombre de pays, elle est
l’œuvre unique d’un diplomate
révolutionnaire qui ne se pliait à
rien, et qui mourut assassiné à
Téhéran, en 1829, pour l’exemple :
on disposa des bouts de son cadavre dans la ville aux quatre points
cardinaux. Ce texte, c’est presque
son autoportrait. Son unique signature. Son personnage central
est à l’image de son entièreté et
de sa violence. Qui s’explique : il
faut se rappeler jusqu’où les gens
se ridiculisaient pour avoir de
hauts postes. Par exemple, on raconte qu’un homme, en tombant,
fit rire la Grande Catherine. Heureux d’avoir provoqué l’hilarité,
il recommença, exprès cette fois.
Et obtint un poste à responsabili-
Raymond Delalande/JDD
Raphaël Gaillarde/Gamma
« On ne voit plus de pièce qui se
moque d’un acteur connu »
Philippe Torreton en répétition,
jeudi, sur la scène de Chaillot
où il jouera le personnage de
Tchatski à partir du 9 mars.
sion de la campagne présidentielle. « Pour un acteur, s’impliquer politiquement est naturel. Il
ne fait que s’adresser au public et
partager ses opinions. Pour moi,
c’est la même chose de militer
via le théâtre ou la politique. » Et
comme son personnage, l’acteur
est toujours au bord de la colère :
« C’est affligeant d’avoir attaqué
Ségolène Royal de manière aussi
sexiste. Elle a un parcours des
plus éloquent, elle a déjà prouvé
ses compétences et on la ridiculise sur des faux pas que d’autres
commettent vingt fois par jour.
Peut-être que je m’exalte… Mais
je ne crois pas. »
Delphine de Malherbe
Du malheur d’avoir de l’esprit,
mise en scène Jean-Louis Benoît,
avec Philippe Torreton, Roland
Bertin, Ninon Brétécher, Jean-Paul
Farré. Théâtre national de
Chaillot, 1, place du Trocadéro,
Paris 16e. 01 53 65 30 00.
ON VOUS L’AURA DIT
Un Louvre à Abou Dhabi, signature mardi
■ Après-demain, le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres se rendra aux Emirats arabes unis pour signer l’accord intergouvernemental sur le projet d’un musée du Louvre à Abou Dhabi. Cet accord prévoit « la création d’un musée universel » où seront exposées
« des œuvres issues de tous les musées français ». Son nom ? Le Louvre-Abou Dhabi. Un projet qui a suscité une levée de boucliers en janvier dernier, ses détracteurs craignant un musée « Disneyland ». D’autres mettant en garde contre le risque de prêter des œuvres fragiles et
la tentation d’en faire commerce.
ECOUTER
Bravo et merci !
Un CD de Michel Fugain (EMI), 16 euros.
Un générique d’enfer, des collaborations tous azimuts… S’il a un
aspect marketing qui n’a pas échappé à sa maison de disques, cet album éclectique n’en reste pas moins un événement artistique.
Autour de l’ancien gourou du Big Bazar, qui fait mine ici de tirer sa
révérence, c’est toute une flopée de « confrères » célèbres qui viennent apporter leurs textes finement choisis.
Ouverture enjôleuse sur un galop lumineux
dont Aznavour a signé le bel écrit Je parlerai de toi (« Qui donne un peu de joie à mes
années d’automne »). Suivent des paroles de
Lama, Chedid, Nougaro, Hardy, Leprest,
Samson, Manset, Leforestier : que du très
bon. Mélodiste expert et interprète tout en
verve, Fugain honore ce bouquet de senteurs avec son style de toujours, juvénile et
vivant, souriant, presque dansant, un poil brésilien, influencé aussi
par les dérives manouches de Louis Winsberg et du groupe Jaléo. De
quoi pardonner quelques automatismes propres à la variété francoDrucker des années 1970-1980, quand parfois les batteries se font
lourdes et les chœurs dégoulinants, ou quelques fausses pistes,
moins heureuses, comme celle ici empruntée avec Sardou. Le bel antan n’est pas toujours talent. Un disque généreux quoi qu’il en soit,
plus inattendu qu’il n’y paraît, et qui pourrait bien relancer ce
grand monsieur sur les routes de France et de Navarre ?
A. C.
Lire
4 mars 2007
/33
Jean-Christophe Grangé. Le serment des limbes, un polar religieux
La frontière du Mal
Jean-Christophe Grangé chez lui mercredi.
cette différence-là. Le serment
des limbes possède, avec son style
cinématographique fait d’accélérations et de ralentissements, des
moments forts. L’enquête au sein
de la communauté africaine de
Paris ; la visite au Vatican ; la drogue gabonaise nommée l’iboga
noir ; les passages sur la NDE
(Near Death Expérience). L’auteur réussit à tenir sa trame policière jusqu’au bout sans verser
dans le g rand guignol comme
dans certains de ses précédents
romans.
Jean-Christophe Grangé, ancien reporter né en 1961, tente à
ch a q u e fo i s d e r é p o n d re à l a
même question : pourquoi est-on
fasciné par le Mal ? L’auteur de
L’empire des loups (Albin Michel,
2003) saisit le Mal comme une
Le bourreau de Paris
et le vampire
de Ropraz
jourd'hui au couple avec le
même juste et impitoyable regard. La phrase est toujours
courte, serrée, le dialogue, fréquent, ciselé au mot près. Si un
certain systématisme de l'aigreur corrompt parfois quelques textes, la plupar t sont
d'une grande force. J'effraie et
Train train sont à la fois drôles
et angoissants. Une araignée au
plafond est un petit chef-d'œuvre, parfaitement construit, exploitant à merveille une chute
stupéfiante, digne des meilleurs
textes de Fredric Brown. Ce recueil devait originellement s'appeler Infect. Il aurait pu. Ce qui
n'empêche pas de l'aimer.
Hubert Prolongeau
On n'empêche pas un petit
cœur d'aimer, de Claire
Castillon, Fayard, 161 pages,
14 €.
force originelle. « En matière de
Diable, il n’y a pas de modernité,
d’évolution. La Bête est à l’orig i n e, e t e l l e s e r a l à , à l a f i n ,
Un choix
JDD-France
Inter
Esprit critique,
du lundi au
vendredi, 9 h 10
croyez-moi. Nous tentons seulement de la faire reculer. » Le serment des limbes est bien sûr saturé de références religieuses. Il
se déroule entre monastères isolés, froids saisissants, corps torturés, questions eschatologiques,
histoire d’amour, duel entre Bien
e t M a l . L’ i d é e d u ro m a n e s t
claire : il arrive un moment où
les opposés, à force d’excès, risquent de se rejoindre. La singularité du Serment des limbes tient
au personnage de Mathieu Durey. Les hommes de sa brigade le
surnomment « l’aumônier ». Il se
nour rit exclusivement de riz
blanc et de thé vert. Il a fait vœu
d’obéissance, de chasteté, de pauvreté, de solitude. « Je porte cette
discipline comme une cotte de
mailles. » Elle se révélera de
moins en moins protectrice au fil
des jours. On peut d’ailleurs résumer ainsi Le serment des limbes : Mathieu Durey tente de se
maintenir du bon côté de la ligne.
Marie-Laure Delorme
Le serment des limbes, de JeanChristophe Grangé, Albin Michel,
660 pages, 23,90 €.
« Donner la mort » :
curieuse expression.
Fausse, hypocrite. A quelques
exceptions, la mort n’est pas un
cadeau. On inflige la mort, on
l’impose, elle est subie. Woody
Allen : « Ce n’est pas que j’aie
peur de la mort. Je veux
seulement ne pas être là quand
elle arrivera. »
Pour Emile Préfaille,
impossible de lui échapper. C’est
un soldat belge qui, ayant tué
deux femmes pour les voler, a été
condamné à mort. Mais il ne
bénéficie pas de la grâce
coutumière du roi parce que nous
sommes en 1918 et qu’il faut se
montrer impitoyable quand la
guerre fait rage. N’ayant plus de
guillotine, la Belgique demande à
la France de lui prêter la sienne,
ainsi que le bourreau de Paris,
Antoine Deibler. Celui-ci, taiseux,
sans travail depuis 1914 – les
condamnés sont envoyés se faire
massacrer en première ligne –,
n’aime guère « exercer son art »
hors de la capitale. Chez lui, il
prend les patins. Il a l’habitude
d’accomplir sa tâche en paix, dans
des conditions agréables, prévues
par la loi, et non dans
l’improvisation, dans le tumulte
des armes, au bout d’une aventure
risquée. Est-on sûr de revenir sain
et sauf? Et la machine? Mais
enfin, puisque la justice et
l’armée lui demandent d’y aller, il
y va. Où? A Furnes, ville des
Flandres, occupée par les
Allemands. Qui sont d’accord,
mais oui, pour délivrer des saufconduits à l’escorte d’une dizaine
de personnes chargées
d’accompagner et de protéger « la
veuve » et « l’exécuteur des hautes
œuvres ». Il y a deux officiers, l’un
au visage à moitié brûlé, l’autre
manchot, des soldats, les aides du
bourreau et les caisses qui
contiennent la guillotine. En
route, mauvaise troupe!
Pour écrire L’obéissance,
François Sureau s’est inspiré de
faits réels. Ainsi l’absurdité de
faire un voyage de plusieurs
centaines de kilomètres et de
franchir les lignes ennemies pour
tuer un seul homme, alors que
des milliers et des milliers
mouraient chaque jour dans des
mouchoirs de poche, a-t-elle
échappé à la justice militaire. Une
sinistre loufoquerie conduisait
ces hommes – mais tous n’étaient
pas dupes – à risquer leur vie
pour aller « donner la mort » au
seul soldat sur le front qui n’avait
plus de fusil !
Antoine Deibler et sa
guillotine ont-ils rempli leur
mission ? Ma tête dans la lunette,
je n’en dirai rien. Ce qui est sûr,
c’est que François Sureau a ciselé
avec la minutieuse élégance des
diamantaires d’Anvers un bijou
noir. Au raffinement d’une mort
concertée, dans une époque où
elle était soudaine, correspond
un livre subtilement construit et
écrit.
S’il faut trouver une
métaphore au roman encore plus
noir de l’écrivain suisse Jacques
Chessex, ce sera plutôt la truffe
enfouie, le tubercule sombre, la
tourbe. Nous sommes, en 1903,
dans le Haut-Jorat vaudois, pays
de loups, de superstition, de peur,
de misère matérielle et morale,
d’avarice, de violence. Jacques
Chessex sait en quelques pages
dresser un inventaire
impitoyable des lieux – même
s’ils sont très beaux – et des
hommes. On connaît son talent à
raconter le mal, à dire le péché, à
plonger dans l’humus des âmes,
à explorer l’ombre des notables,
à écouter les cris de plaisir et
d’effroi des assujettis de la chair
et du diable. Avec Le vampire de
François Sureau et Jacques
Chessex nous offrent
deux bijoux noirs
magnifiquement ciselés
Ropraz, il n’a peut-être jamais
été aussi cursif, vif, incisif.
Grâce au style de Chessex, que
de plaisir à lire le récit de toutes
ces horreurs dans le pays de
Vaud ! Car le vampire de Ropraz,
puis de Carrouge, puis de
Ferlens, exhume les cadavres de
jeunes filles enterrées la veille
pour les violer, les mutiler, les
découper, les manger. Horribles
banquets qui jetèrent la panique
et la suspicion dans ces
montagnes où « on est durement
protestants mais on se signe à
l’apparition des monstres que
dessine le brouillard ».
Le vampire, ce serait
Charles-Augustin Favez, yeux
rougis, dents anormalement
longues, masturbateur, agresseur
de veuves. Qu’est-ce que la
société a fait de ce pauvre
bougre ? Il a été condamné à la
prison à vie. En 1915, il s’est
évadé. Il est entré dans la Légion.
Il aurait pu être de l’escorte
militaire qui accompagna le
bourreau de Paris à Furnes,
Belgique. Jacques Chessex lui a
réservé une fin encore plus
romanesque, c’est dire !
L’obéissance, de François
Sureau, Gallimard, 156 pages,
11,90 € ; Le vampire de Ropraz,
de Jacques Chessex, Grasset,
108 pages, 11,90 €.
P.-S. Toujours avec la mort pour sujet, signalons la première publication en livre d’un scénario de
Louise de Vilmorin, Le violon de
Crémone (Le Promeneur, illustrations de Christian Lacroix, 101 pages, 16,90 €). Dans la grande tradition romantique allemande, une
histoire d’amours impossibles accompagnée d’un violon et de voix
sublimes. « Ne la laissez pas chanter. Le chant, pour cette jeune fille,
est un plaisir mortel… »
Françoise Chandernagor. La famille, le silence, l’agonie
Au chevet d’Olga
Françoise Chandernagor possède une étonnante aptitude à empoigner les sujets les plus
graves pour les traiter avec vigueur, et même
avec une certaine allégresse d’écriture. La
voyageuse de nuit – une expression empruntée
à Chateaubriand – dépeint avec précision mais
sans pathos les étapes de l’agonie d’une femme.
Celle-ci désormais se tait, soupire et ferme les
yeux. Et pendant ce temps, ceux de ses filles se
dessillent.
Depuis cinq ans, Katia, Vera, Sonia et Lisa rivalisent dans les soins incessants qu’elles prodiguent à leur mère au centre de soins palliatifs
Louis-Pasteur. Olga, la mourante, reste encore à
leurs yeux « un soleil dont elles redoutent la chaleur et craignent les brûlures ». Elle n’a pas été
juste avec sa progéniture, cette femme forte,
épouse du marin Yann le Gellec, qui ne voulait
que des garçons. Elle a classé ses filles par rang
de beauté, les a jugées, étiquetées. En outre, cette
ancienne infirmière a exigé d’elles stoïcisme et
mépris de la souffrance. Dans cette famille, on
parle un peu de tout mais on tait l’essentiel. Silence sur l’alcoolisme de Sonia, les amants de
Vera, les problèmes de Lisa, les escapades du
père. Maman ne l’aurait pas permis. Cependant,
à présent qu’elles sont devenues les mères de leur
mère, les membres de ce gynécée se dévoilent
tour à tour. Chacune d’elles découvre ces « lointaines proches » que sont ses sœurs, chacune réévalue sa place dans la famille et dévoile son histoire cachée. On suppose que l’auteur de L’allée
du roi et de La chambre a mis beaucoup d’elle
dans le personnage de Katia, l’aînée mal comprise, l’écrivain spécialiste des danses macabres.
On va de surprise en surprise au fil d’un livre qui manifeste aussi dans sa construction
élaborée la maîtrise d’une romancière à son
apogée. C’est pourquoi l’on peut dire de La
voyageuse de nuit que c’est un grand roman.
Livre sur les vérités et les mensonges familiaux, il est aussi un pamphlet contre l’hypo-
crisie de la société contemporaine f ace à
l ’ i n é l u c t a b l e.
L’écrivain moque le psychologisme qui prospère sur le terrain du palliatif
(« on meur t si
on se laisse aller »), raille l’attirail d’euphémismes qui entoure la mor t.
Faute de pouvoir totalement apprivoiser ce destin commun,
on peut au moins lui redonner son nom.
Claire Julliard
La voyageuse de nuit, de Françoise
Chandernagor, Gallimard, 324 pages, 19 €.
Stephan Gladieu/Opale
Des nouvelles du couple
Regardez bien la couverture
de ce livre : pour une fois, elle a
du sens. Une femme (c'est l'auteur, mais comme elle est de dos
et floue, on s’en moque), les
épaules nues, a la tête tirée en
avant par une main d'homme
qui semble la forcer. Semble
seulement. Peut-être est-ce là de
la tendresse, peut-être la
contrainte à un geste refusé,
peut-être le prélude à une violence… On ne sait. Mais il se
passe quelque chose. Ce quelque chose, à la fois trouble et
ambigu, sans doute cruel, les
vingt-trois nouvelles de ce recueil s'essaient à le cerner. On
ne saurait dire que le côté rose
prédomine.
Claire Castillon, qui l'an
dernier avait ausculté les relations mère-fille dans le bienvenu Insecte, s'intéresse au-
de l’académie Goncourt
■
Hélène Bamberger pour le JDD
La fin du monde. Mathieu
Durey marche dans les rues
de Catane, en Sicile, pour les besoins de son enquête criminelle.
L’état d’urgence a été actionné
car l’Etna s’est réveillé. Les ondes sismiques puis les explosions de lave puis les pluies de
cendres. On pensera à la fin du
monde lorsque tout sera recouve r t d ’ u n e é p a i s s e p o u s s i è re
noire. Jean-Christophe Grangé
retrouve, dans Le serment des
limbes, ses dif férentes obsessions. Paysages crépusculaires
balayés par la solitude. Exploration du mal sous toutes ses formes. Personnages atypiques et
ascétiques à la recherche d’euxmêmes. Un univers entre passé
et avenir toujours au bord de
l’implosion. On ne compare plus
Jean-Christophe Grangé, comme
à s e s d é bu t s, a u x m a î t re s d u
thriller américain. Il peut réussir (Les rivières pourpres, Albin
Michel, 1998) ou rater (Le concile
de pierre, Albin Michel, 2000) ses
romans. Il a su créer, même s’il
continue à diviser la critique,
son propre style visuel. Le cinéma adapte régulièrement ses
romans.
Mathieu Durey, commandant
à la brig ade du crime, décide
d’enquêter sur le suicide de son
meilleur ami : Luc Soubeyras,
commandant à la brigade des stupéfiants, a tenté de se noyer dans
une rivière. Il est aujourd’hui
dans un coma profond. Mathieu
Durey ne croit pas à la thèse du
suicide. Il va mettre ses pas dans
ceux de son ami. Mais « rien de
pire que de chasser un chasseur ».
Il se retrouve confronté à une série de meurtres ou de meurtriers.
Des crimes sont commis dans
toute l’Europe selon un même rituel satanique. Des morsures, des
insectes, du lichen, des langues
tranchées, des acides. Les victimes sont des hommes, des enfants, des femmes. Elles ont un
seul point commun. Elles ont
vécu une expérience de mort imminente. Elles sont tombées dans
un coma profond puis sont revenues à la vie contre toute attente.
Qu’est-ce qu’elles ont vu ? C’est
leur secret. Elles se meuvent dorénavant entre spirituel et matériel. Elles portent en elles le cœur
vivant de leur voyage intérieur.
C’est une histoire d’âme et de
corps. L’Eglise veut contrôler l’affaire et la police connaître la vérité.
Jean-Christophe Grangé
poursuit, après La ligne noire (Albin Michel, 2004), sa généalogie
du Mal. Le serment des limbes, roman policier à la fois ver tigineux, religieux, vénéneux, ambitieux, est construit sur un parallèle et un af frontement entre
deux amis d’enfance. Mathieu
Durey et Luc Soubeyras ont disséqué le problème du mal (études
religieuses) ; ont vu le mal à l’œuvre (missions à Vukovar et à Kigali) ; ont appris à combattre le
mal au quotidien (brig ade du
crime et brigade des stupéfiants).
Mais seul l’un des deux croit à la
réalité de Satan. Le noyau dur de
leur personnalité réside dans
Bernard Pivot
Médias
34/
4 mars 2007
Victoires de la musique. Drucker et Nagui se racontent à travers des chansons
Pour la troisième année
consécutive, Michel Drucker
et Nagui présentent les Victoires de la musique*. « Un
machin qui est à la fois une
cérémonie, un palmarès et le
plus grand concert de l’année
en direct, assure Gilles Bressand, président de l’association des Victoires. Nagui et
Dr ucker seront seuls sur
scène avec les artistes. Leur
duo a pris du volume. » Mais
s’y connaissent-ils vraiment
en musique ? Blind-test, sur
un air de...
■ L’award de Michel Sardou.
Nagui : Nana Mouskouri ?
Nougaro ?
M. D. : Sardou ! Mais les prix
(award en anglais), nada pour
moi jusqu’à ce que je rentre à la
télé. Mes seules récompenses, ce
sont MM. Mitterrand et Chirac
qui me les ont remises. [Il a été
fait chevalier puis officier dans
l’ordre de la Légion d’honneur].
Nagui : Sans cracher dans la
soupe, je dois avoir cinq 7 d’or.
Au début, ça me faisait rire mais
à chaque fois j’ai eu un pincement au cœur au moment de les
recevoir. Et puis, tous les matins,
découvrir les audiences du jeu
d e m i d i d e l a ve i l l e ( To u t l e
m o n d e v e u t p re n d re s a p l a c e ,
France 2), c’est aussi une belle
récompense du public.
■ Quelqu’un m’a dit de Carla
Bruni.
Nagui : Carla Bruni !
M.D. : Le dernier ragot du métier ? Que Nagui et
moi, nous étions
pacsés…
Nagui : [Eclats
de rire.] Je ne peux
rien dire ! Plus sérieusement, la reconversion de Carla
Bruni prouve que,
quels que soient
l’âge ou le genre, la
nouvelle génération
est faite d’artistes
qui ne sont pas de
simples interprètes
devant leur micro.
Abd Al Malik et
Grand Corps Malade ont aussi une
qualité de plume.
Photo Raymond Delalande/JDD
« Ne touchez pas au service
public! »
■ Come away with
me de Norah Jones.
N a g u i : Norah
Jones ! Nous pourrions traduire le titre de cette chanson
par Partons ensem- A 19 ans, Nagui invitait Michel Drucker pour inaugurer un casino cannois. Vingt-six ans après, l’animateurble.
producteur retrouve son aîné pour présenter avec lui leur troisième cérémonie des Victoires de la musique.
M.D. : A chaque
fois que je me suis retrouvé sur
M.D. : On a rarement vu un
M.D. : Mon héroïne à moi : la cle. C’est un personnage halluciscène avec Nagui, j’ai été heu- prompteur éternuer ou se mar- passion, l’amour, l’amitié, les nant. En ce moment, je ne fréreux. Je ne peux pas en dire au- rer ! Nagui est le plus légitime émotions.
quente que des jeunes… Henri,
tant de tous ceux avec qui j’ai des gens de télévision pour parNagui : Nous avons besoin Charles Aznavour, Roger Hanin,
travaillé.
ler de musique. Ce qui m’inté- de garder le contrôle de soi. Plus Guy Bedos, Alain Delon, tous
Nagui : Il n’y a aucune ar- resse, c’est de prendre un peu sa les choses sont simples, saines et des têtes d’affiche.
rière-pensée, aucun loup, aucune roue.
efficaces, meilleures elles sont.
Na gui : Etre toujours présuspicion. J’ai eu envie de faire
C’est un marathon que nous cou- sent, dans l’air du temps, c’est le
de la télé avec Michel. Mais ne ■ B row n s u ga r des Rolling rons, pas un 100 mètres.
travail et le talent. Une carrière
compte z pas sur nous samedi Stones.
M.D. : J’ai beaucoup appris ça se construit, qu’on aime ou
pour dire au mot près un texte
Nagui : Les Rolling Stones… d u v é l o. U n s p o r t o ù l ’ o n e s t pas. Leurs parcours m’inspirent
préparé par des auteurs.
Quoi ?… Brown sugar !
obligé de partir doucement. Le beaucoup plus de respect que la
candidat qui gagnera la prési- prétention et la suf fisance de
dentielle sera celui qui en aura ceux qui arrivent en deux mois
encore sous la pédale.
par les émissions de télé-réalité…
■ On ira tous au paradis de
■ Je hais les dimanches d’Edith
Michel Polnareff.
M.D. : Michel Polnareff, nous Piaf.
avons débuté ensemble. Quand
M.D. : Piaf… J’ai haï les dije ferme les yeux, je vois Michel, manches de mon enfance. Leurs
en janvier 1965, à Douai, il res- ciels gris, à regarder passer le
semble à Françoise Sagan avec train Granville-Paris. Depuis
sa coupe de cheveux. Il monte 4 0 a n s, c ’ e s t l e r ê ve. Je l i s l a
sur scène, chante La poupée qui presse, je fais du sport, je redéfait non. Dutronc chantait Et moi couvre mon émission enregiset moi et moi. Et Johnny se de- trée le mercredi. Malheureusemandait s’il allait refaire sur- ment, à 19 heures, je ne peux
face. A l’époque, nous nous de- plus m’entretenir avec ma mère
mandions ce que nous allions de- ni mon frère Jean, comme nous
venir. La Lettre à France de Pol- en avions l’habitude.
nareff, ça fait longtemps qu’on
Nagui : J’ai toujours aimé
l’a reçue. Le talent ne meurt ja- les dimanches. Enfant à Cannes,
mais.
plage, foot, volley-ball, pizzas sur
Nagui : Jamais vu, jamais le port, déjeuners de famille…
rencontré, et pourtant beaucoup
d’amis en commun. J’ai envie de ■ Tomorrow de Sean Lennon.
lui consacrer un Taratata. C’est
M.D. : …
u n m é l o m a n e, u n a r t i s t e. E t
Nagui : Sean Lennon !
question folie, il a tout apporté à
M.D. : Etre le fils de, c’est
Elton John.
très compliqué. [Il sourit.] La
nièce de..., aussi. Mais il aurait
■ Si j’étais un charpentier de fait carrière de toute façon.
Johnny Hallyday.
Nagui : Crosby, Stills, Nash ■ Message personnel de Franet Young…
çoise Hardy.
M.D. : Johnny ! Son paradis
Nagui : Françoise Hardy ! Un
n’ e s t p a s e n S u i s s e m a i s s u r message personnel ? Respectezscène. Si j’avais dû faire un au- vous, c’est le mot d’ordre dans la
tre métier ? Médecin généraliste vie.
ou sans frontières. J’aurais bien
M.D. : A tous les candidats à
voulu être Ber nard Kouchner. la présidentielle : ne touchez pas
Mon père disait que j’étais un au service public !
médecin des âmes et que mes ordonnances étaient mes émis- ■ Comment ça va ? de Patrick
sions.
Bruel.
Na gui : Mon père aurait
Nagui : Bruel !
adoré que je sois médecin. Je
M. D. : Ça va bien ! Je viens
n’ai pas eu le courage de courir de faire un check-up, j’ai les arderrière la longueur de ces étu- tères d’un mec de 40 ans.
des. Mais j’ai besoin d’échanger,
d’avoir le sentiment d’être utile Bruel a la passion du poker.
et d’apporter quelque chose.
Et vous ?
M.D. : Jacques Chirac m’a
■ La flûte enchantée de Mozart. dit l’autre jour qu’il y avait une
M.D. : Wolfgang ? Amadeus… vie en dehors de la politique. En
La der nière chose qui m’a en- ce qui me concerne, après plus
chanté : Valérie Lemercier aux de quarante ans de métier, je n’y
César. Les Oscars sont une petite crois pas du tout. Il n’y a pas de
fête de quartier à côté.
vie après la télé. Tous mes coN a g u i : L e s d é bu t s d e m a pains qui ont quitté ce métier
f i l l e d e 2 a n s e t d e m i s u r d e s sont morts.
skis.
Nagui : Sans la télé, je serais
extrêmement malheureux.
■ Chambre avec vue d’Henri
Interview
Salvador.
Alexandre Dinin
M.D. : Il était l’invité de Vive- * Les 22es Victoires de
ment dimanche la semaine der- la musique, samedi, 20 h 50.
nière. 89 ans, il a traversé le siè- France 2.
EN KIOSQUE
■ Première fait sa (r)évolution.
Trente ans après son lancement,
« le magazine du cinéma dans
tous ses états » de Lagardère Active Média (propriétaire du JDD)
se refait une beauté. « Première
rompt, et choisit de s’ouvrir aux
autres disciplines culturelles
– musique, littérature, expos,
théâtre, etc. – pourvu qu’elles entretiennent un lien solide avec le
cinéma », explique dans son édito
Sophie Grassin, rédactrice en
chef du journal.
« Le cinéma est aujourd’hui
partout, explique-t-elle. Pour que
Première [actuellement diffusé à
155.421 exemplaires] continue à
bien vivre, il nous a fallu revoir
notre offre. La promotion est un
rouleau compresseur auquel
nous devons de plus en plus résister. Nous offrirons davantage de
sujets d’investigation, de décryptages et de reportages. Nous renforcerons l’intimité et la proximité avec les vedettes. » A
l’image des « quelques jours
avec… » Guillaume Canet, du
« grand entretien » accordé par
Emmanuelle Béart, ou du « moi
par moi » de Jean-Pierre Darroussin.
Plus clair et lisible, « plus féminin et plus glamour » aussi,
Première promet d’être « plus impertinent
et polémique ». Histoire de séduire son
cœur de
cible, les
30-35 ans.
Cette relance ne
passe pas,
comme en
2005, par une baisse de prix. Bien
au contraire. Le magazine sera à
2,90 €. Et il investit la toile.
A compter de demain,
www.premiere.fr ambitionne de
mieux répondre aux attentes des
lecteurs et internautes. Il compte
sur un million de visiteurs d’ici à
la fin de l’année, pour 20 à 25 millions de pages vues. Côté papier,
Bruno Lesouef, DGA des publications de LAM, a pour objectif de
vendre 170.000 exemplaires. Cette
relance passe par une campagne
de promotion signée BETC-Euro
RSCG, pour laquelle 1,5 million
d’euros ont été investis. C’est à ce
prix que Première entend renforcer sa position de leadership, en
dévoilant « encore plus les dessous du cinéma ».
ÇA S’AFFICHE
■ Chanel, avec Mépris. Quarante-quatre ans après la sortie
en salles du film de Jean-Luc Godard, la
charmante
Suissesse
Julie Ordon
joue les
aguicheuses
sur un air
de Georges
Delerue.
Nue sur un
lit, elle demande à l’homme assis
à ses côtés : « Et ma bouche, tu
l’aimes ma bouche ? » De quoi
vous laisser bouche bée, comme
la réalisatrice Bettina Rheims
durant le tournage de ce film
pour un rouge à lèvres. Trois ans
après avoir confié à Baz Luhrmann la réalisation d’un spot imprégné de l’univers de Moulin
Rouge avec Nicole Kidman pour
N° 5, la marque revient aujourd’hui sur tous les écrans
hertziens avec un nouveau clin
d’œil au septième art. Et ça ne
manque pas d’allure.
■ EDF, Nicolas Hulot va adorer
sa pub. « Comme vous, nous nous
interrogeons sur l’avenir »,
convient à partir d’aujourd’hui
– et pendant trois semaines – la
voix off de la nouvelle campagne
de l’électricien conçue par
l’agence Euro RSCG C & O. EDF
entend s’afficher « comme un acteur responsable, qui assume ses
choix industriels en voulant les
faire comprendre et les faire partager par tous », explique-t-on du
côté de la filiale d’Havas. L’entreprise lance ce matin son manifeste
« E = moins de CO2 », une prise de
parole symbolique, avant une campagne d’affichage le 12 mars.
Télévision
4 mars 2007
Trio de
charme
pour M6
Alain Guizard/Angelli
NE RATEZ PAS
N’y voyez rien de suspect. Quel
mal y a-t-il à s’afficher dans la future minisérie de M6, deux ans après
avoir été l’héroïne de Dolmen, la saga
estivale de TF1 aux 12 millions de téléspectateurs ? Aucun. Tout cela peut-il
être pure coïncidence ? « Honnêtement,
nous n’aurions jamais pensé spontanément à Ingrid Chauvin, assure Roseline Brandford-Griffith, directrice de la
fiction de la Six. Elle est arrivée sur le
Elodie
projet par le biais des scénaristes. Et
nous avons eu un vrai coup de cœur. »
Depuis deux mois, l’ancienne Femme(s)
de loi tour ne au côté de la brune Karina
Lombard (Les 4 400) et de la blonde Elodie
Frenck (aperçue dans divers téléfilms). Elles forment le trio de charme de Suspectes,
un thriller glamour (de 8 × 52 minutes) actuellement en tournage à Bordeaux. Mardi,
la scène du jour permettait aux trois fem-
Frenck, Ingrid Chauvin et Karina Lombard, cette semaine. sur le tournage de Suspectes.
mes de se dévoiler un peu. « Je ne suis jamais restée plus de deux mois avec un mec,
confie Juliette (Elodie Frenck). Je suis une
vraie pompe à parasites ! » « Deux mois après
notre rencontre, j’étais à l’église en robe blanche », se souvient, énamourée, Marina (Ingrid Chauvin). « Gérer trois pur-sang comme
elles n’est jamais facile. Mais c’est dans la difficulté que les bonnes choses se font », sourit
le réalisateur Laurent Dussaux. Ces trois personnages, qui n’ont apparemment rien en
commun, se retrouvent mêlés à l’enquête sur
la mort mystérieuse d’une autre femme.
Leurs noms figurent sur une liste retrouvée
dans les mains de la victime. Quel (terrible)
secret cache leur vie sans histoires ? Réponse
cet été.
Jonathan Bouchet-Petersen
Gilles Gustine
En ter miner avec
l’innommable. C’est ce
qui a motivé Hervé
Chabalier, patron de
l’agence Capa, pour
proposer à France 2 Le
cancer sort de l’ombre*,
une grande émission coproduite avec Jean-Luc
Delarue, présentateur de cette soirée spéciale.
Pourquoi un prime sur le cancer ?
La médecine réalise de formidables progrès en la matière, mais on continue à jeter un
voile pudique sur cette maladie. Pour les gens,
le cancer signifie toujours la mort. Il faut libérer la parole, habituer la société à vivre avec.
En 2020, en raison de l’allongement de la vie,
un Français sur deux aura été touché, une
femme sur trois. Par son ampleur et par son
image, la maladie est un phénomène de société. Il est vital d’en parler.
Que va apporter le fait d’en discuter ?
D’abord éviter la double peine : malade et
honteux de l’être. En expliquant leurs démarches, en rapportant leur vécu, les gens font
un pas décisif dans la gestion de leur maladie
et de son image. Ensuite, puisque aujourd’hui
un malade sur deux atteint du cancer en guérit, il importe que les actes de prévention et le
dépistage deviennent naturels. Sur le plateau,
il y aura des anonymes et des personnalités
qui parleront de leur cancer. On espère le plus
de témoignages possible.
13.00 Journal. 13.20 Un dimanche
de campagne. 13.50 Vivement dimanche. Spéciale « années 80 ».
15.50 Le grand zapping de l’humour.
17.00 DOS. 17.45 Stade 2. 19.00 Vivement dimanche prochain. Spéciale
« années 80 ». 20.00 Journal.
20.50
20.50
Ah ! Si j'étais riche **
Ma meilleure ennemie *
Quel est l’apport spécifique de Capa
à l’émission ?
Des reportages de deux types, mais toujours autour de la parole. Il y a un sujet sur
la difficile annonce à un malade et à sa famille. Un autre sur une adolescente scolarisée en troisième conduite à faire un exposé
en classe sur son propre cas. Plus réjouissant, on fait la connaissance de deux malades qui se sont rencontrés sur internet en
parlant de leur cancer. Ils se sont mariés et
ils ont eu un enfant.
Interview
Jean-Luc Bertet
* Le cancer sort de l’ombre, demain,
20 h 50. France 2.
13.25 Inspecteur Barnaby. 15.15 Devenir un homme en Mélanésie. 16.15
Championnats d'Europe indoor.
17.55 Questions pour un super champion. 18.50 Le 19/20. 20.10 Tout le
sport. 20.20 Les nouvelles aventures
de Lucky Luke.
20.50
SOS 18
■ Mères porteuses, le marché clandestin. Demain, Lundi investigation (23 h 55, Canal +) consacre son enquête aux couples en mal de progéniture, prêts à défier la loi française pour « vivre la plus belle expérience » de leur vie. Un marché clandestin qui touche entre 100 et
200 couples par an. L’enquête suit des femmes en mal d’argent prêtes à
« louer » leur corps, mais aussi une mère altruiste au point de risquer
son existence pour porter l’enfant d’une autre. Ce sujet dénonce les
terribles conditions d’insémination à l’étranger, surtout dans les pays
de l’Est. Un chef de service du CHU de Strasbourg estime, lui, que
c’est son rôle d’« assister une femme qui ne peut obtenir en France de
l’aide ». Le principe français d’indisponibilité du corps humain (qui
ne peut ni se louer ni se vendre) risque de faire encore débat.
■ En deux mots décrypte les politiques. L'imitateur Didier Gustin
analyse avec gourmandise les rictus de
Nicolas Sarkozy. Il prend un malin
plaisir à parodier la façon dont le président de l’UMP rythme ses discours.
Des historiens, sociologues, politologues (comme Pascal Perrineau), psy et
autres invités d’En deux mots (aujourd’hui, 20 h 40, France 5) passent
avec lui au crible les thèmes, la rhétorique des candidats à la présidentielle.
Nicolas Sarkozy et Marie-George Buf- Pascal Perrineau, politologue.
fet sont ce soir leurs victimes. Ce multidécryptage permet de contourner les stratégies de communication pour mieux s'arrêter sur les idées,
leurs contradictions, les postures des présidentiables. Une émission aux
antipodes du jeu des petites phrases et de la politique spectacle. Dimanche prochain, deux mots sur Ségolène Royal et François Bayrou.
ÇA S’EST VU
Le cancer, ça se discute
12.05 Attention à la marche ! 13.00
Journal. 13.25 Walker, Texas Ranger. 14.15 Preuve à l'appui. 15.05
Close to Home. 1 6 . 0 0 N ew York
Unité spéciale. 1 6 . 5 0 Vidéo g ag.
17.50 Le maillon faible. 18.50 Sept à
huit. 20.00 Journal.
/35
14.15 Brother & Brother. 14.20 Zapping. 14.35 La grande course. 15.05
Max Havoc. 16.30 How I met your
mother. 16.50 Tex Avery. 17.00 Les
chemins du possible. 18.00 Fanfan la
Tulipe. 19.40 Ça Cartoon. 20.35 Le
grand match.
21.00
Marseille-Lens
■ Sarko chez Denisot. Vendredi, rédacteur en chef du Grand journal, le ministre de l’Intérieur et candidat à l’élection présidentielle a
permis à l’émission de Michel Denisot de battre « tous les records historiques » de Canal + sur cette tranche horaire. La seconde partie de
l’émission a rassemblé 2.242.400 téléspectateurs avec un pic d’audience à 3,6 millions de personnes. Un nouveau record après la performance de François Bayrou le 6 février. Jeudi, Ségolène Royal tiendra les manettes de ce « grand » journal.
■ La Caravane des Enfoirés. Le
concert des Enfoirés enregistré en janvier au Zénith de Nantes a rassemblé
vendredi soir 11.716.540 téléspectateurs
sur TF1. Avec des parts d’audience de
50,2 % sur les quatre ans et plus, de
56,6 % sur les femmes de moins de 50
ans, de 61,7 % sur les 15-24 ans, ce programme affiche ses meilleurs scores
depuis sa création en 1995 sur la Une.
15.00 Superstructures. 16.00 Colonisation et décolonisation, le cas français. 16.55 Madame Monsieur bonsoir. 1 7 . 5 5 Ripostes. 1 9 . 0 0 Piaf.
19.45 Arte info. 20.00 Karambolage. 20.15 Le seigneur du château.
20.40 Thema: La mer.
9.30 M6 Kid. 11.10 Grand écran.
11.40 Turbo. 12.30 Chef, la recette !
13.20 Kevin Hill. Sarah à tout prix.
(14.10) La fin d'un rêve. 15.10 E = M6.
16.35 66 minutes. 17.40 5 ans avec...
18.55 D & CO. 19.50 Six'/Météo.
20.10 E = M6. 20.40 Sport 6.
20.45
20.50
Les aventuriers **
Capital
H. Noguerra et J.-P. Darroussin
Julia Roberts et Susan Sarandon
Arnaud Bedouet
Djibril Cissé (OM)
L. Ventura, J. Shimkus et A. Delon
Le
L business des machines à café
Film français de Gérard Bitton,
Michel Munz (2002).
Le sujet. Aldo Bonnard est le
prototype du loser. Sa femme,
Alice, veut le quitter à cause de
son manque d’ambition. Elle plaît
beaucoup au patron de son mari
qui veut licencier dans son entreprise. Coup du sort, Aldo touche
un très gros Loto.
Avec Jean-Pierre Darroussin,
Valeria Bruni-Tedeschi, Richard Berry.
Opinion JDD. Malgré des ressorts classiques, cette comédie se
révèle bien sympathique. JeanPierre Darroussin en perdant-né y
fait sauter la banque.
Film américain de Chris Columbus (1998).
Le sujet. Luke a quitté Jackie, la
mère de ses deux enfants, pour
Isabel, une jeune photographe.
Malgré sa bonne volonté, elle doit
essuyer les critiques continuelles
de Jackie. Jusqu'au jour où cette
dernière apprend qu'elle est atteinte d'un cancer incurable.
Avec Ju l i a Ro b e r t s , S u s a n
Sarandon, Ed Harris.
Opinion JDD. Les ficelles de ce
mélo sont plutôt convenues. Heureusement, les interprétations de
Julia Roberts et Susan Sarandon,
tout en retenue, les font efficacement oublier.
Série française de Dominique
Baron.
Droit de mort. Un père en instance de divorce enlève son fils
de 9 ans, Benoît, l'entraîne sur la
passerelle d'un immeuble et menace de sauter dans le vide avec
l'enfant s'il n'obtient pas sa garde.
Psychodrame (21.45). Après un
incendie, deux pompiers consultent la psychologue. L'un d'eux en
sort bouleversé. Peu après, il est
agressé lors d'une fête qui réunit
la brigade.
Avec Arnaud Bedouet, Mohamed Hicham, Patrick Raynal,
France Zobda.
Fo o t b a l l . Championnat de
France Ligue 1. 27e journée.
Marseille, en chute libre au plan
comptable, joue une partie capitale. C'est un véritable fossé,
7 points, qui sépare les Marseillais
des Lensois. Les sang et or ne perdent quasiment plus en championnat, et n'ont plus quitté le trio de
tête depuis treize journées. Les
Phocéens n'ont picoré que 2 points
lors des cinq dernières journées,
pour plonger à la 8e place. Le défenseur Ronald Zubar a encore en
mémoire le penalty concédé au
match aller à ses adversaires, solides dauphins de Lyon.
Film français de Robert Enrico
(1967).
Le sujet. Manu et Roland, deux
amis de longue date, partent à la
recherche d’un fabuleux trésor
enfermé dans une épave engloutie au large du Congo. La jolie
Laetitia, de laquelle ils sont tous
deux secrètement amoureux, se
joint à l’aventure.
Avec Alain Delon, Lino Ventura, Joanna Shimkus.
Opinion JDD. Delon et Ventura
font merveille dans cette ode à
l’aventure et à l’amitié dépourvue
de toutes considérations adultes,
amour compris. Il s’en exhale la
nostalgie des rêves d’enfant.
Magazine présenté par Guy Lagache.
Thème : entreprises, espionnage,
discrimination et privilèges.
Vidéosurveillance, délations, filatures : quand votre patron
vous espionne. Dans certaines sociétés américaines, on peut dénoncer les collègues qui ne respectent
pas le code de conduite de l’entreprise. Handicapés : une entreprise sur deux hors la loi. Les
handicapés victimes de discrimination. Inde : des entreprises de
rêve ? Les efforts des entreprises
indiennes pour attirer les diplômés d'informatique. Machines
à café. Un business très chaud.
22.50 Soir 3.
23.22 Suivez l'artiste.
23.25 Tenue de soirée. Film français de Bertrand Blier (1986).
22.55 L'équipe du dimanche.
0.00 Garde rapprochée. Film américain de Stephen Herek (2005).
22.45 New York, section criminelle. Les blessures du passé (23.35).
Science mortelle (0.20). Echec et mat.
1.15 L'empreinte du crime.
23.00 Un jour, une heure.
0.35 Journal de la nuit.
22.35 La mer.
0.05 Au royaume de Nemo.
0.35 Cœurs brûlés.
SÉLECTION CÂBLE, SATELLITE ET TNT
Cinéma
20.45 Rocky III - L’œil du tigre **
de et avec Sylvester Stallone (1982),
avec Mister T. RTL 9
2 0 . 5 0 G r ey s t o ke , l a l é g e n d e
de Tarzan ***
de Hugh Hudson (1984), avec Christophe Lambert. TF6
20.50 Retour à Howards End ***
de James Ivory (1981), avec Anthony
Hopkins. Paris Première
20.50 Superman **
de Richard Donner (1978), avec Christopher Reeves. Téva
20.50 Sans motif apparent *
de Bob Rafelson (2002), avec Samuel
L. Jackson. 13e Rue
20.50 Mélodie pour un meurtre **
de Harold Becker (1989), avec Al
Pacino. TV Breizh
20.50 The matador **
de Richard Shepard (2005), avec Pierce
Brosnan. Canal + Décalé
20.45 L’ex-femme de ma vie *
de Josiane Balasko (2004), avec Thierry
Lhermitte. Ciné Cinéma Premier
20.45 Le plus beau des combats **
de Boaz Yakin (2000), avec Denzel
23.00 Enquête exclusive. Cayenne :
le nouveau « Far West » français.
0.15 66 minutes.
Retrouvez
Washington. Ciné Cinéma Emotion
20.55 Le dernier des Mohicans **
de Michael Mann (1991), avec Daniel
Day-Lewis. TPS Star
21.00 Saint-Jacques... La Mecque **
de Coline Serreau (2005), avec JeanPierre Darroussin. TPS Cinéstar
20.45 Vieilles canailles **
de Kirk Jones (1998), avec Ian Bannen.
TPS Cinéfamily
Documents
20.50 Mexique entre terre et ciel.
Voyage
Musique
20.00 Spécial Christina Aguilera.
Fun TV
20.45 Spécial hip-hop français.
MTV
Séries
20.45 H. Comédie!
20.45 Dead like me. Jimmy
Sport
20.30 Athlétisme. Eurosport
21.45 Basket. Phoenix Suns/Los
Angeles Lakers. Sport +
Elysée
République,
la première fiction
BD réaliste sur
la vie politique
française,
sur le site
www.lejdd.fr
4 mars 2007