LA LOI « SAVARY » RELATIVE A LA SURETE DANS LES
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LA LOI « SAVARY » RELATIVE A LA SURETE DANS LES
LA LOI « SAVARY » RELATIVE A LA SURETE DANS LES TRANSPORTS Initialement focalisée sur la lutte contre la fraude, cette loi a été enrichie d’un volet « prévention des actes terroristes » à la suite de l’attentat avorté du Thalys en août dernier. Composée 15 articles, la loi relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs a été adoptée à l’unanimité par le Parlement le 9 mars 2016, soit moins de 6 mois après son dépôt à l’Assemblée Nationale L’ESPRIT GENERAL DE LA LOI CHIFFRES CLES Agents de sûreté et forces de l’ordre mobilisés : Forces de l’ordre : 2600 SUGE (SNCF) : 2800 GPSR (RATP) : 1800 Fraude : ampleur et coût Infractions : 1,2 millions en 2008/ 2,5 millions en 2013 pour la SNCF Entre 5% et 20% des recettes commerciales de l’opérateur de transport Coût annuel : 500 millions € pour les entreprises de transport publics, dont 300 millions pour la SNCF Taux de recouvrement : environ 10% (contre 35% chez nos voisins européens) Vandalisme et agressions Consolidation juridique des capacités d’action des services de sûreté des opérateurs de transport pour leur permettre à la fois de prévenir des risques d’atteinte grave à l’ordre public et à la sécurité des usagers, et de mieux lutter contre la fraude ; Respect des garanties essentielles de protection de la vie privée et des libertés publiques ; Souci scrupuleux de ne pas introduire de confusion juridique entre les agents de sûreté et les forces de l’ordre placées sous le contrôle de la police judiciaire ; Conscience que le renforcement de l’arsenal juridique ne dispense pas d’investissements matériels et humains ; Affirmation qu’il n’y a pas de « risque zéro » ; Constat que le coût de la sûreté ne doit pas être uniquement supporté par ceux qui consentent à ne pas frauder. L’ESSENTIEL DES MESURES ADOPTEES 1. De nouvelles prérogatives et des moyens d’action accrus pour les agents de sûreté dont l’exercice est en contrepartie mieux encadré : Des missions et des outils adaptés : Faculté de procéder à des fouilles de bagages, inspections visuelles et palpations de sécurité sous l’autorité du Préfet dans des lieux désignés par lui et avec consentement de l’usager contrôlé. Si ce dernier refuse, l’accès à bord peut lui être interdit, même s’il a acquitté son billet. Contrôles en civil et armés désormais autorisés dans les rames et les gares. Sentiment d’insécurité : 50% des usagers (60% pour ceux des RER) Possibilité de « maintenir » un usager qui refuse un relevé d’identité, afin de le confier à un officier de police judiciaire pour un contrôle ou une vérification d’identité. 100% des femmes interrogées ont déjà été harcelées dans les transports en Seine-Saint-Denis et en Essonne Création d’un centre d’interrogation, indépendant et assermenté, placé sous le contrôle de la CNIL, habilité à transmettre aux agents de recouvrement d’un exploitant de transport les coordonnées du fraudeur, après consultation de fichiers qui leur resteront inaccessibles directement. Moyens de prévention 83% des véhicules équipés en vidéo protection Possibilité de constater les infractions de vente à la sauvette. Sur 10 ans, le coût du vandalisme représente 130,6 millions € pour les entreprises de transport public Agressions de voyageurs : +1,1% en 2014, après +12,2% en 2013 200 contrats signés de sécurité Sources : UTP, SNCF, RATP, Cour des comptes, GART, Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, IPSOS. Un haut niveau de sûreté sur l’ensemble du territoire : avec la possibilité pour les réseaux locaux de transport public de se doter de services de sécurité : soit par création de services internes (sous le contrôle du CNAPS), soit par recours à des agents de sûreté privés, soit en mobilisant les policiers municipaux. Possibilité pour le Préfet de mettre en place avec les AOT et les exploitants un contrat d’objectif départemental de sûreté dans les transports. Un encadrement plus strict de ces services : Le GPSR et la SUGE sont placés sous le contrôle des forces de l’ordre. De plus, la SNCF et la RATP pourront solliciter des enquêtes administratives sur des personnes affectées à des postes sensibles (aiguillage, conduite, systèmes d’information). 2. Un durcissement des sanctions encourues par les fraudeurs Peines aggravées par la loi Nouveaux délits introduits par la loi Délit « d’habitude » : dès 5 infractions (contre 10 Délit de « soustraction à relevé d’identité » : auparavant). Même peine encourue : 6 mois de 2 mois d’emprisonnement et 7 500€ d’amende prison et 7 500€ d’amende Avertir de la présence de contrôleurs : 2 mois Déclaration intentionnelle de fausse identité ou de prison et 3 750€ d’amende. adresse : Avant : 3 750€ ; désormais également Mutuelle de fraudeurs : 6 mois de prison passible de 2 mois de prison. A noter : la non +45 000€ + montant de la fraude. justification d’identité en cas de contrôle est passible d’une amende de 11€ 3. Des dispositions en vue d’évolutions Rapport du Gouvernement sur le coût de la législatives ultérieures : sûreté et l’opportunité de créer une taxe Expérimentation, pendant 2 ans, des « caméras Rapport annuel sur les harcèlements sexuels piétons » transmis au Défenseur des droits, à l’Observatoire national de la violence faite aux femmes et au Les images captées par les opérateurs de transports Haut Conseil de l’Egalité entre les femmes et les seront transmises en temps réel aux forces de l’ordre. hommes. DESINTOX Cette loi met sur le même plan fraudeurs et terroristes ! FAUX. Bien que la loi traite à la fois de la lutte contre la fraude et de la prévention des actes terroristes, les fraudeurs n’encourent en aucun cas les mêmes peines que les terroristes. Eu égard à la nécessité d’adapter notre droit aux circonstances liées à la menace terroriste, cette loi, qui initialement ne concernait que la fraude, a constitué le « véhicule législatif » le plus adéquat pour que les mesures de prévention soient effectives le plus rapidement possible. C’est pour cette raison que la procédure d’urgence a été déclenchée et que le texte a été adopté en moins de 6 mois. Encore une loi qui s’attaque aux plus faibles ! FAUX. La fraude dans les transports n’est, que pour une part négligeable, une fraude dite «économique », étant donné qu’il existe sur l’ensemble des réseaux de transport public urbain une vaste gamme de tarifs sociaux pouvant aller jusqu’à la gratuité pour les personnes les plus démunies. Cette fraude comportementale devient un phénomène de société qui consiste à considérer que les services publics n’ont ni prix ni coût. Elle revient à transférer le prix du billet sur les usagers civiques ou sur les contribuables. Si j’informe un ami par SMS de la position d’un contrôleur, je risque d’aller en prison ! FAUX. La loi vise plus particulièrement les créateurs d’applications numériques qui incitent à la fraude en dépersonnalisant la sanction, soit en « assurant collectivement » les amendes, soit en permettant de se soustraire au contrôle. Concernant les mutuelles de fraudeurs, il s’agit de réprimer une modalité commerciale organisée d’encouragement à la fraude, c’est-à-dire qui fait ostensiblement commerce de la fraude aux services publics aux dépens des autres usagers et du contribuable. Les communications interpersonnelles, par quel que vecteur que ce soit, restent inviolables, a fortiori par des agents de sûreté. La loi sera inefficace contre la fraude ! FAUX. Elle s’attaque aux deux principales « ruses » utilisées par les fraudeurs pour ne jamais s’acquitter de leur PV : l’impossibilité pour l’agent de sûreté de retenir un contrevenant le temps de vérifier son identité, et la déclaration d’une fausse domiciliation. La création d’un centre d’information permettant de vérifier la véracité de ces données améliorera significativement le taux de recouvrement des amendes. A cela s’ajoutent les mesures relatives aux contrôles en civil, à l’abaissement à 5 occurrences du délit d’habitude, mais aussi l’interdiction des dispositifs d’incitation à la fraude. Bien évidemment, la loi ne fait que combler des failles juridiques et ne sera pleinement efficace qu’à condition que les moyens matériels, financiers et humains nécessaires à sa mise en œuvre soient concrètement déployés dans nos transports publics. Cette loi liberticide n’empêchera pas de nouveaux actes terroristes ! VRAI/FAUX En effet, si le risque zéro ne peut être garanti dans des modes de transport de masse comme le train qui transporte 2,5 milliards de voyageurs par an (contre 140 millions pour l’avion), il s’agit de le réduire le plus possible, notamment via les contrôles aléatoires et l’usage des nouvelles technologies, sans pour autant sacrifier nos libertés individuelles, dont celle fondamentale d’aller et venir. C’est précisément le souci de préserver cet équilibre fragile qui a présidé les travaux du législateur. Vous allez créer des cow-boys ! FAUX. Bien que la loi habilite les agents de sûreté à effectuer des contrôles en civil et au port d’arme, la loi ne leur donne pas la faculté de coercition, prérogative exclusive aux forces de l’ordre. Elles n’auront que celle de refuser l’accès aux transports aux personnes qui n’y consentent pas, au même titre que les stadiers ou les « vigiles » de certaines grandes enseignes commerciales. Par ailleurs, l’exercice de leur mission est placé sur le contrôle des forces de l’ordre.