la fortune du prince saoudi

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la fortune du prince saoudi
REPORTAGE
POLITIQUES D’INVESTISSEMENTS
LA FORTUNE DU
PRINCE SAOUDI
Es entre les plus importantes world companies,
aux championnats de stock-options et autres
l
a mondialisation a
aussi du bon. C’est
vrai que l’on est habitué aux concours de
milliards entre les plus
importantes world
companies, aux championnats de stock-options et autres
bonus accumulés par les patrons les
plus gourmands. Mais la compétition et la concurrence peuvent aussi
se jouer sur le terrain de la générosité.
Le prince saoudien Al-Walid Ben Talal
a surpris tout le monde en annonçant,
mercredi 1er juillet, qu’il céderait l’intégralité de sa fortune à une fondation
philanthropique. Un acte fort qu’il
inscrit dans la voie ouverte par Bill et
Melinda Gates et leur compère Warren
Buffett. Le fondateur et ex-patron de
Microsoft et sa femme se consacrent
à la fondation caritative la plus richement dotée et la plus active de la planète, notamment dans les domaines
de la santé et de l’éducation.
Neveu des rois d’Arabie saoudite (Salman et son prédécesseur, Abdallah,
décédé en janvier), le patron fondateur du conglomérat Kingdom Holding estime sa fortune à 32 milliards
de dollars (28 milliards d’euros).
Le classement de Forbes, encore un
hit-parade de la mondialisation, lui
en accorde un peu moins (28 milliards de dollars) et le situe à la 21e
place des milliardaires, juste derrière
Sergeï Brin, cofondateur de Google.
A 60 ans, le prince Al-Walid choisit
N°0 // 15 JUILLET 2015
de laisser une trace d’une manière très
américaine. Il a beaucoup hérité de la
gestion décomplexée des hommes
d’affaires du Nouveau Monde, jusque
dans la volonté de se mesurer dans
toute sorte de concours d’ego. Il est
l’un des promoteurs de la Kingdom
Tower, la plus haute tour du monde
avec plus de 1 000 mètres, en cours
de construction à Djedda, en Arabie
saoudite, sur les rives de la mer Rouge.
Effet secondaire
Bill Gates et Warren Buffett, le deuxième Américain le plus riche, ont
lancé un défi aux milliardaires leur
enjoignant de consacrer au moins 50
% de leur fortune à des actions philanthropiques. Pour ce prince saoudien,
ce sera 100 % ! Un choix extrême qui
cache une vraie tendance du capitalisme à favoriser la multiplication des
fondations caritatives. Celle que M.
Al-Walid entend créer va se consacrer «
à jeter des ponts entre les cultures, promouvoir les droits de femmes, aider les
jeunes, apporter des secours en cas de
catastrophe naturelle », etc.
Comment cette fondation gérera-telle sa fortune ? Celle-ci est composée
de participations dans des sociétés du
monde entier, de Twitter au palace
Four Seasons George V, à Paris, en passant par Citigroup ou Euro Disney, et
de sociétés d’immobilier. Un conseil
d’administration, présidé après la mort
de l’homme d’affaires par son fils, le
prince Khaled, aura les clés.
Une chose est sûre, la politique d’investissement que mènera d’une main
la fondation ne pourra pas aller à l’en-
LE PRINCE
soudai
contre des valeurs exprimées dans la
stratégie caritative mise en œuvre de
l’autre main. C’est probablement un
excellent effet secondaire.
Le prince saoudien Al-Walid Ben
Talal a surpris tout le monde en
annonçant, mercredi 1er juillet, qu’il
céderait l’intégralité de sa fortune à
une fondation philanthropique.
Un acte fort qu’il inscrit dans la voie
ouverte par Bill et Melinda Gates et
leur compère Warren Buffett. Le fondateur et ex-patron de Microsoft et sa
femme se consacrent à la fondation
caritative la plus richement dotée et
la plus active de la planète, notamment dans les domaines de la santé
et de l’éducation. l
Jean-Baptiste Jacquin
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