Psychologue scolaire

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Psychologue scolaire
Psychologue scolaire
Psychologue scolaire
Fiche technique
Le
psychologue
scolaire
couvre
généralement plusieurs établissements
scolaires de niveau maternelle et
élémentaire, soit un secteur comptant en
moyenne 1.800 élèves.
Sa mission : prévenir l’échec scolaire.
Cette mission se traduit par :
x l’accompagnement individuel des
élèves qui présentent des difficultés en
termes de résultats et/ou de
comportement,
x la participation à des actions
collectives.
© shutterstock
Dans l’enseignement public, il agit principalement aux côtés des enseignants spécialisés des
Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED) lorsque les actions pédagogiques
des enseignants se révèlent insuffisantes.
Le psychologue scolaire intervient également dans l’intégration des élèves handicapés dans
l’enseignement ordinaire et dans l’orientation vers les classes et établissements spécialisés des
élèves en grave difficulté.
La prévention des inadaptations reste une priorité pour les psychologues scolaires qui exercent
un suivi psychologique aussi bien auprès des enfants que des parents et des enseignants dans
une perspective de changement des attitudes éducatives. Cette action sur l’environnement
scolaire est encore soulignée par la participation au projet d’école.
La plupart de ces missions s’effectue en équipes pluridisciplinaires et la capacité de travailler
collectivement est une qualité majeure exigée du psychologue scolaire
Comment devient-on psychologue scolaire ?
Dans l’enseignement public, un concours spécifique est ouvert aux professeurs des écoles ayant
au moins 3 ans d’expérience professionnelle et titulaires a minima d’une licence de psychologie.
Une formation d’une durée d’un an est dispensée dans 6 centres rattachés aux départements de
psychologie de l’université de rattachement : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Lille et
Paris. Elle permet d’obtenir le Diplôme d’Etat de Psychologue Scolaire (DEPS). Actuellement, la
plupart des psychologues scolaires possèdent en plus du DEPS un niveau universitaire DESS (ou
DEA plus stage) ou Master II.
En savoir plus
Association française des psychologues de l’Education nationale
Les acteurs de l’enseignement scolaire – ONISEP
Comment devenir psychologue scolaire – Blog des métiers
2014
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Psychologue scolaire
Interview de Virginie Martin-Lavaud
Face à certains troubles, enseignants et parents ont parfois du
mal à trouver des solutions. Tout au long de la scolarité, il
existe des professionnels pour accompagner les élèves en
difficulté. Virginie Martin-Lavaud est l'un d'entre eux.
Passionnée, elle nous livre un témoignage sur l'intérêt de la
psychologie à l'école.
Comme beaucoup de vos confrères, votre parcours est atypique…
En effet, je me suis intéressé très tôt à la psychanalyse, à la dimension liée à l'inconscient. J'ai
donc mené un cursus universitaire pour exercer cette profession. Mais en cours de route, j'ai
décidé de passer les concours de l'Éducation nationale, et je suis devenue enseignante pour
payer mes études. J'ai donc différentes casquettes aujourd'hui : docteur en psychopathologie,
psychologue clinicienne en titre et psychologue de l'éducation.
Justement, lorsque l'on exerce ce métier, se sent-on d'avantage « psy » ou
« scolaire » ?
Pour ma part, je me sens 100 % psy. Nous sommes une aide dont les enseignants sont
demandeurs : une classe déroutante, un échec scolaire, un enfant qui se bat, un autre qui refuse
d'aller à l'école… l'enseignant nous sollicite. Il en parle à la famille, qui nous contacte. Nous la
rencontrons systématiquement avant d'intervenir auprès de l'enfant. Les premiers responsables
d'un petit sont ses parents. Il arrive que ces derniers refusent de rencontrer le psychologue.
Dans ce cas de figure, on organise des réunions éducatives en présence de la famille, auxquelles
nous participons avec d'autres interlocuteurs, tels que le médecin scolaire. Nous coopérons
également à la scolarisation des enfants handicapés. Beaucoup plus « psy » que scolaire donc,
puisque nous constituons une aide bien spécifique.
À quel moment êtes-vous sollicitée ?
À partir du moment où l'enseignant perçoit de la souffrance chez un de ses élèves, il va faire
appel à nous. Notre avantage est de travailler en tenant compte à la fois du cadre scolaire et du
cadre familial dans lequel l'enfant évolue. Prenons l'exemple de l'hyperactivité. Elle a été
décrétée comme symptôme à part entière par la DSM1 sorte de bible anglo-saxonne qui
nomenclature les maladies. L'hyperactivité est donc devenue un mal que l'on peut
théoriquement traiter avec des médicaments. Or, c'est une aberration de laisser croire aux
parents que les médicaments vont tout régler. Notre mission ne se cantonne pas à définir une
cause puis à médicaliser les élèves. Nous réfléchissons à l'aide la plus judicieuse à apporter, en
tenant compte des angoisses de l'enfant, du stress de l'école, de son environnement… le tout
toujours en lien direct avec les parents.
Le système d'intervention est-il le même partout en France ?
Absolument pas. Il existe autant de pratiques cliniques que de psy. Les interventions sont aussi
variées que les parcours de chacun.
En parlant de parcours, pourriez-vous donner un petit coup de pouce aux jeunes
lecteurs qui se destinent au même métier que vous ?
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Diagnostic and Statistical of Mental disorders
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Psychologue scolaire
Il est capital de finir son cursus universitaire, à savoir licence, Master 1 et 2 en psychologie. À la
suite de quoi je vous recommande de présenter le concours de l'Éducation nationale. Car
aujourd'hui – on ne peut que le déplorer – l'État exige qu'un psychologue en milieu scolaire ait
enseigné trois ans minimum. Nos députés estiment que la création d'un corps de psy en milieu
scolaire n'est pas nécessaire… Il faut donc accepter d'être enseignant. Autant prévenir les
candidats : il faut être très stimulé par l'objectif. Mais après, cela devient très intéressant. En plus
du contact avec les élèves, je suis en lien avec énormément de professionnels : confrère, médecin
scolaire, assistant social scolaire, orthophoniste, pédiatre, psychologue en milieu hospitalier,
psychiatre, services sociaux… sur le plan des rencontres ce métier est très riche.
Quelles sont selon vous les bonnes aptitudes pour faire ce métier ?
Il est impératif d'aimer rencontrer les gens. Il faut ne pas être angoissé par la souffrance
psychique. Notre profession nous confronte beaucoup à la désolation. Il ne faut pas se croire audessus des situations douloureuses. Lors du cursus universitaire, on conseille aux étudiants
d'entreprendre une thérapie. Je ne saurais que recommander vivement d'y prendre part, et de
commencer un travail sur soi.
Quid des concours ?
Ah ! Vaste sujet. L'incertitude totale règne. En théorie, les psychologues de l'Éducation nationale
ont un statut de fonctionnaire d'État. Comme je l'ai précisé, pour exercer, il faut avoir enseigné
trois ans dans une classe. Aujourd'hui il est impératif d'être titulaire de la licence de psychologie,
et d'effectuer un stage d'un an de préparation au DEPS2. Ceci concerne le premier degré, à savoir
les classes de petite section au CM2. Cependant la réforme des enseignants au niveau Master
compromet ce type de recrutement. Pour le second degré – comprenez les adolescents – il était
jusqu'alors impératif d'être titulaire de la licence de psychologie et de réussir le concours du
DECOP3. Après cela, on demandait aux candidats d'effectuer deux ans de formation en tant que
fonctionnaire stagiaire. Tout ceci ne fonctionne hélas pas de cette manière dans la vie de tous les
jours. On assiste à un véritable vide dans le recrutement. Aujourd'hui, les enseignants attendent
les réponses du Ministère. Est-ce que la France est prête à se doter d'un service public de
psychologie de l'éducation comme cela existe chez nos voisins européens ou au Canada ?
Un mot de fin ?
Les syndicats et les associations professionnelles demandent au Ministère de l'Éducation
nationale d'apporter des réponses au flou du recrutement. Certains de mes confrères ont
actuellement un surcroît de travail. Pire encore, certaines écoles sont dépourvues de cette aide.
Lorsque c'est le cas, on oriente les familles vers les CMPP4, les CMP5, qui dépendent de l'hôpital
psychiatrique. Pour les deux, les listes d'attente sont énormes. Il arrive aussi que l'on dirige les
tuteurs vers le libéral qui pose le problème financier, car comme les psychologues ne sont pas
médecins, tout se fait à la charge des parents. Est-ce bien normal ?
Dossier réalisé par la MAIF, décembre 2010.
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Diplôme d'État de psychologie scolaire
Diplôme d'État de conseiller d'orientation-psychologue
4
Centres Médico-Psycho-Pédagogiques
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Consultations Médico-Psychologiques
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