La commune de Seneffe joue la carte de la biodiversité

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La commune de Seneffe joue la carte de la biodiversité
La commune de Seneffe joue la carte de la biodiversité
Cécile Alphonse - Février 2007
Objectifs
Confrontée au milieu des années 1970 à la création d’un important zoning pétrochimique
sur son territoire, par ailleurs rural, la commune de Seneffe a développé, dès cette
époque, une politique active en matière d’environnement et d’aménagement du territoire.
Une Commission communale de l’Environnement, une Commission consultative de
l’aménagement du territoire (CCAT), une Commission sécurité environnement du
Zoning industriel de Feluy, un Service environnement structuré, un éco-conseiller
indépendant, des éco-cantonniers… existent à Seneffe depuis plus d’une décennie et sont
autant de preuves du dynamisme de la commune dans ces domaines.
La nature, en tant que telle, n’a pas été oubliée au cours de toutes ces années: plantations
importantes d’arbres de voirie et classement de nombreux bois et d’ouvrages d’art le
long de l’ancien canal pour les préserver. Il est néanmoins clair que ces actions étaient
ponctuelles et que personne, ou à peu près, n’était conscient de la richesse du patrimoine
naturel de l’entité… jusqu’en 1995, année au cours de laquelle la Région wallonne lance
les premiers Plans communaux de développement de la Nature (PCDN). La commune de
Seneffe rentre un dossier et est sélectionnée ainsi que 19 autres. A partir de ce moment,
l’objectif de la commune va être de veiller à maintenir, renforcer et développer
durablement le maillage écologique du territoire mais aussi de sensibiliser, éduquer et
informer au niveau local par un partenariat le plus large possible. Un des soucis majeurs
de la commune est depuis longtemps, de marier toujours avec plus d’harmonie nature,
industries et activités agricoles. Une autre volonté de la commune est de continuer à
impliquer les habitants à la gestion de l’environnement dans l’entité et donc d’accueillir
et d’encourager les suggestions, d’assurer une permanence d’écoute, d’aller à la
rencontre des associations et du public de terrain.
Descriptif
Le PCDN est un projet qui tente de mobiliser toutes les forces vives de l’entité dans des
actions de sensibilisation, de protection et de restauration du patrimoine naturel et
paysager de la commune.
Le PCDN est entre autre l’occasion pour la commune de prendre en compte la
biodiversité dans la mise en œuvre de ses politiques tout comme dans la gestion interne
de ses services. Les services Environnement, Urbanisme et Travaux (Espaces verts) sont
largement impliqués dans cette démarche.
Mise en œuvre – étapes
Les espaces publics sont aménagés de façon différenciée. Si une large place est réservée
aux espèces horticoles dans les centres des villages, les espèces indigènes sont
privilégiées partout ailleurs. Là où c’est possible des haies ainsi que des bandes boisées
sont plantées plutôt que de simples alignements d’arbres. Le broyat des tailles dans les
Espaces verts publics est utilisé comme mulch au pied des plantations. Plusieurs prairies
fleuries ont été créées ainsi qu’une mare, un verger d’anciennes variétés hautes-tiges, un
rucher didactique… L’ancienne voie de chemin de fer a été aménagée en pré-RAVeL
(7,2 km) en veillant à préserver le caractère naturel de l’endroit: élagage minimal,
protection des orchidées, maintien de zones humides, creusement de mares, création de
tas de bois… Un gros effort est fourni pour l’entretien et la signalisation des sentiers.
Pendant quelques années, l’équipe des ouvriers communaux a compté un cheval
cantonnier. Les ouvriers, communaux suivent régulièrement des formations continuées.
De façon générale, l’utilisation des pesticides est raisonnée. Des larves de coccinelles
sont utilisées comme auxiliaire dans la serre communale.
Des séances d’information sur la plantation et la taille des arbres fruitiers, sur les prairies
fleuries… sont organisées sur les sites communaux. Le responsable des Espaces verts
présente les aspects techniques et horticoles, l’éco-conseillères les intérêts pour la
biodiversité et les paysages.
D’autre part, systématiquement, les dossiers de permis d’urbanisme susceptibles d’avoir
un impact sur le patrimoine naturel (ex.: demande d’abattage d’arbres, de remblais, de
drainage, de voûtement de cours d’eau…) sont soumis à l’avis de l’éco-conseillère. La
carte du réseau écologique est consultée pour chaque dossier. Pour les grands projets
carte du réseau écologique est consultée pour chaque dossier. Pour les grands projets
urbanistiques (création d’un nouveau zoning, construction de bâtiments industriels ou
agricoles), des plantations – souvent des haies - en espèces indigènes sont imposées aux
demandeurs. Le choix des plantations est étudié au cas par cas par l’éco-conseillère qui
informe les demandeurs de l’intérêt de ces aménagements pour le maillage écologique et
leur propose une aide personnalisée.
Des aides concrètes sont aussi proposées aux habitants. Chaque année, l’opération
"Coups de pouce pour la plantation de haies d’espèces indigènes" permet à chaque
habitant ou agriculteur qui souhaite y participer de planter une haie d’au moins 50
mètres. La commune incite aussi à l’abattage des haies de résineux (au moins 10 mètres)
pour les remplacer par des haies d’espèces indigènes. Chaque projet fait l’objet d’une
visite par l’éco-conseillère et le responsable des Espaces verts afin de définir quelle haie
(taillée, libre, mélangée ou non…) sera la plus adaptée. Dans les deux types de projet, les
arbustes sont offerts par la commune. Les déchets de coupe des résineux sont broyés,
laissés sur place ou éventuellement évacués, gratuitement par les services communaux.
A charge des Seneffois de planter les arbustes et de les entretenir en bons jardiniers.
Deux ans après la plantation, l’équipe d’agents communaux se rend à nouveau chez les
particuliers, ayant bénéficié de l’aide, pour vérifier l’état des plantations. Des conseils
personnalisés (taille, désherbage…) sont donnés. En cas d’absence de l’habitant, un
courrier faisant état du bilan et donnant des conseils leur est déposé. La distribution des
arbustes pour l’opération "Coups de pouce" se fait en même temps que la traditionnelle
journée de l’arbre à la Sainte-Catherine. Cette journée voit aussi la tenue d’un stand des
guides-composteurs et d’une bourse d’échanges de semences et plantules indigènes
organisée par les bénévoles du PCDN.
L’information et la sensibilisation à notre patrimoine naturel constituent une part
importante du travail du service environnement. Des documents d’informations sont
distribués en toute boîte: le journal du PCDN à raison de 4x/an (téléchargeable sur
www.seneffe.be) et les informations communales hebdomadaires via l’Essor de Seneffe.
Des balades "nature", rallyes pédestres, des journées "Agriculture Nature", des visites de
jardins naturels, des conférences, des inventaires réalisés par les citoyens (notamment
celui des arbres et haies remarquables)… sont autant d’occasion de sensibiliser le citoyen.
Bilan et perspectives
Par le biais de l’ensemble de ces actions, le partenariat du PCDN quitte résolument le
cadre étroit de la nature extraordinaire, liée à des sites parfaitement délimités pour entrer
de plain-pied dans la prise en compte de la nature de tous les jours, de la nature ordinaire.
Cette évolution de la conception et de la gestion des Espaces verts publics n’a pas eu
d’impacts négatifs sur le travail des équipes "Espaces verts".
Grâce à l’aménagement différencié des espaces publics, l’opération "Coups de pouce", la
bourse d’échange et les séances d’information, il semble qu’un certain intérêt soit né
auprès de la population pour planter des haies indigènes, semer des prairies fleuries…
dans les jardins privés. En neuf ans: plus de 75.000 arbres distribués et plus de 22 km de
haies plantées. Sans compter que certaines personnes motivées par ce coup de pouce de
la Commune ont complété leur plantation. En 6 ans, plus de 1 km 300 de haies de
résineux ont été remplacées par des espèces indigènes.
Une excellente collaboration entre l’intercommunale IDEA et la commune de Seneffe a
permis à Tyberchamps la création d’un parc paysager industriel où de vielles haies, des
arbres têtards, une prairie humide ont pu être préservés, où une mare a pu être adaptée en
bassin d’orage naturel, où des fossés ont été préférés aux canalisations, où de très
nombreuses plantations d’espèces indigènes ont été réalisées…
Quant à lui, le zoning de Seneffe-Manage voit progressivement son maillage écologique
se renforcer, notamment grâce à l’engagement volontaire d’une multinationale en tant
qu’acteur du PCDN. Cette société a planté plusieurs centaines de mètres de haies,
préservé et entretenu une quinzaine d’arbres têtards, créé plus d’un hectare de prairie
fleurie… Cette action-pilote mais aussi les obligations de plantations et les conseils
personnalisés ont suscité une certaine émulation entre industriels, déjà installés, dans le
zoning.
Il s’agit d’un travail de longue haleine. Les effets sont néanmoins perceptibles au fil des
années. La volonté tant des élus que des fonctionnaires mais aussi des associations et de
la population est de poursuivre ce travail. 2007 devrait voir entre autres l’acquisition
d’un bois de 5 ha par la commune, la création d’un verger d’anciennes variétés d’un
hectare, une étude sur les hirondelles… et bien sûr la poursuite des initiatives et projets
récurrents. Dans les mesures de ses moyens, le PCDN tente de diversifier et de renforcer
encore ses interventions vers tous les acteurs, et notamment vers le monde agricole et le
monde industriel.
Opérateurs et partenaires
Inévitablement, les services Environnement, Travaux (Espaces verts) et Urbanisme
prennent une large part à toutes ces réalisations. Les associations, les habitants, les
industriels, les agriculteurs… participent eux aussi. Un réseau écologique ne peut
s’envisager sans réseau humain!
Astuces, conseils et difficultés
Transversalité, écoute, dialogue, enthousiasme, patience, optimisme, convivialité… sont
les maîtres-mots de ce type de projet!
Un des plus grands problèmes rencontrés actuellement est la forte pression que font subir
les agriculteurs à notre patrimoine naturel et paysager… labour de prairie, drainage,
voûtement de cours d’eau, remblai de zones humides, abattage de haies, d’arbres, de
têtards, parfois remarquables, suppression de sentiers, pulvérisation d’herbicides sur les
talus communaux…
Financement et moyens
Le financement se fait essentiellement sur fonds propres.
La commune sollicite chaque année des subsides et des arbustes (au total, valeur environ
de 2.500€/an) dans le cadre de la Semaine de l’Arbre ce qui a permis au fil des ans la
création des prairies fleuries, du verger, de la mare, de talus boisés et d’autres
aménagements naturels dans les espaces publics.
La commune sollicite parfois la Région wallonne pour un soutien aux "PCDN". Une
intervention importante (environ 10.000€) a été ainsi consentie pour le rucher didactique.
Le travail en partenariat avec la population et les associations permet des économies
d’échelle mais aussi une activité bénévole parfois conséquente, rendue possible par
l’écoute et le respect de chacun.
Certaines pratiques de gestion différenciée permettent de réduire les coûts: fauches (ou
tontes) ainsi qu’élagages moins fréquents, moins de produits phytosanitaires…
En savoir plus
www.seneffe.be
Contacts
Cécile ALPHONSE
Eco-conseillère
Coordinatrice du PCDN
Service Environnement
Commune de Seneffe
21, rue Lintermans
7180 Seneffe
064/52.17.28 - 26
Freddy HAUBECQ
Responsable des Espaces verts
Commune de Seneffe
17, rue des Canadiens
7180 Seneffe
0478/32.85.90
Ce document, imprimé le 10-02-2017, provient du site de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (www.uvcw.be).
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