Le Réseau Breton - Office de Tourisme de Carhaix et Huelgoat

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Le Réseau Breton - Office de Tourisme de Carhaix et Huelgoat
Projet Cantata : les mots clés du Poher
3. Le Réseau Breton
Gare de Carhaix – 25 octobre 2006
Quand le rail va... L'épopée du Réseau breton
La construction du Réseau ferroviaire breton à la fin du XIXe siècle est une véritable révolution pour la région.
Retour sur cette glorieuse page de l'histoire du Centre-Bretagne...
Le 28 septembre 1891 est inaugurée la première ligne du Réseau breton, reliant Carhaix à Morlaix. Cinq autres
suivront
:
Carhaix-Guingamp-Paimpol,
Carhaix-Rosporden,
Carhaix-Loudéac-La
Brohinière,
Carhaix-
Chateaulin... La mise en circulation d'une ligne reliant Chateaulin au Fret le 14 juin 1925 fait du Réseau
ferroviaire breton le plus grand réseau à voie métrique de France : 427 kilomètres de voies, 52 gares et haltes,
plus de 500 passages à niveaux ...
La rapidité des travaux s'explique par le choix de la voie métrique : un mètre seulement sépare les deux rails, au
lieu de 1,44 mètre sur les lignes à voie normale. Les travaux d'aménagement des lignes sont donc réduits, tout
comme les coûts de fabrication.
Coup de fouet pour l'économie locale
Dès la construction des lignes, le train stimule l’économie centre-bretonne par l’emploi de main-d’œuvre locale
et l’ouverture de carrières, en particulier dans la région de Gourin, pour la fourniture en matériaux de
construction.
Partout les villes grandissent autour de leur gare. A Carhaix, la population passe de 2000 à 4000 habitants entre
1861 et 1936. De nouvelles rues sont ouvertes, des cafés et des restaurants s’y installent. Le plus souvent, le
« bas de la gare » ou « bas de la ville » est cheminot et le « haut de la ville » est commerçant. La sirène des
ateliers de la gare rythme la vie de la ville, le sifflet de la locomotive celle des campagnes.
Le Réseau contribue aussi au désenclavement de la région. Des entrepôts sont ouverts près des gares par des
agriculteurs et des commerçants pour faciliter la réception et l’expédition de leurs produits. La gare de Guiscriff
dessert les carrières de kaolin, celle de Scaër la fabrique de papier à cigarettes Bolloré et les conserveries de
légumes, la coopérative de Lennon utilise le train pour recevoir les semences de pommes de terre et expédier les
récoltes, la demande urbaine ne cessant de croître. En 1960, 315 000 tonnes de marchandises transitent par la
gare de Carhaix.
Cette « ouverture » sur l’extérieur et l’arrivée sur le Réseau de personnel non breton est aussi un « choc »
culturel : abandon du breton au profit du français, adoption du costume de ville…
Le train des vacances...
Le train ouvre aussi la région au tourisme. Dès la fin du XIXe siècle, Huelgoat et la presqu'île de Crozon attirent la
clientèle anglaise. Les voitures « bain de mer », achetées en 1911, permettent surtout aux Centre-Bretons d'aller
« à la mer », notamment à Saint-Nic-Pentrez. Il s’agit de véritables équipées : prendre le train tôt le matin
chargés du pique-nique, de l’équipement nécessaire et… des enfants, puis descendre de la gare de Saint-Nic à
pied jusqu’à la plage, et le soir, à nouveau, remonter pour prendre le train. Avec les congés payés, octroyés par le
Front populaire en 1936, certains prennent l’habitude de passer leurs vacances sur les campings de Saint-NicPentrez.
L'essor du transport routier et du camionnage à partir des années 1920 met cependant à mal cette belle
aventure. Handicapé par ses lignes à voie métrique qui imposent des transbordements de marchandises et donc
des coûts supplémentaires, le Réseau breton n'est plus concurrentiel. Le démantèlement des lignes est décidé en
1966. Seule la ligne Carhaix-Guingamp, passée à voie normale, est encore en circulation aujourd'hui.
Une culture cheminote
L'épopée du Réseau breton est surtout celle de ses cheminots, au sein desquels s'est progressivement forgée une
culture ouvrière...
Roulants et non roulants...
Si un esprit général de camaraderie semble régner parmi les presque 500 salariés du RB dans les années 1920, le
cloisonnement est en fait assez fort entre le personnel administratif (« les culs de plomb »), les ouvriers des
ateliers et les cantonniers. Les « roulants », mécaniciens et chauffeurs, les « seigneurs du rail », les mieux payés,
forment une classe à part. Chaque catégorie du personnel a son café attitré, sa rue : le quartier « nègre » est celui
des « roulants », le quartier du Maroc et la rue du syndicat celui des chefs de train…
Une culture de la lutte
Ce cloisonnement, relatif, n'empêche pas les cheminots de s'unir dans la lutte pour de meilleurs conditions de
travail. En juillet 1919, une grève générale est lancée dans tous les réseaux ferrés de France, entre autres pour la
journée de 8 heures et un traitement de 2400 francs en début de carrière. Sur le RB, elle dure du 21 juillet au 11
août et est massivement suivie. Tous les salariés cessent le travail et obtiennent gain de cause.
Communauté et solidarité
Solidaire dans la lutte, les cheminots le sont aussi dans la vie quotidienne. Avec leurs familles, ils forment un
« clan ». « Quand ils construisaient leur maison, tout le monde venait donner un coup de main. C'est d'ailleurs au
sein de ce « clan » qu'est créé en 1947 le premier bagad de Bretagne par Polig Montjarret.
Ce clan ne renie cependant pas ses origines. Le plus souvent issus de familles paysannes, les cheminots
conservent avec elles des liens très forts. Nombre d'entre eux aident dans les fermes lors des moissons, les
agriculteurs font réparer leur matériel aux ateliers de Carhaix…
Le démantèlement des lignes marque la fin de leur monde.
Informations touristiques
-
La visite de la gare de Carhaix permet d’évoquer l’histoire du Réseau et de prendre la mesure de
l’importance qu’il a eue dans la vie économique et sociale de la région.
-
En voiture ! De Carhaix à Paimpol…
Balade en train, au départ de Carhaix, sur la seule ligne du Réseau breton encore en circulation :
micheline de Carhaix à Paimpol, train vapeur de Paimpol à Pontrieux, retour en micheline.
Tous les samedis du mois d’août
-
Une locomotive à Carhaix : la ville de Carhaix a conservé une locomotive vapeur du Réseau breton, visible
près de la gare. Depuis plusieurs années, la CFTA cherche à en acquérir une en état de marche afin de
proposer des balades en « vapeur » au départ de Carhaix. Selon Jean Jaffrenou, directeur de la CFTA, ce
projet serait sur le point d’aboutir.
-
Les voies vertes : les anciennes lignes du Réseau breton sont aujourd’hui des « voies vertes », sentiers de
randonnées pédestres, cyclistes, équestre… Carhaix étant à l’origine le cœur du Réseau breton, la ville se
retrouve aussi au cœur de ce réseau de voies vertes, qui draine dans la ville, et dans le Poher, un nombre
croissant de visiteurs.
Pour aller plus loin
- « Canal, rail, routes : voies de développement », Kreiz Breizh, n° 9, 1er trimestre 2004.
- Jean-Charles Huitorel, Cheminots. Gestes et paroles, Editions Le Télégramme, 2003.
- Connaissance du rail, n° 268-269, mars 2004. Numéro spécial consacré au réseau breton
- 100 ans de chemin de fer en Centre-Bretagne. Inventaire historique et culturel du Réseau breton. Projet
d'action éducatif des élèves de 4e et de 3e du collège de Carhaix, 1986-1988.