Hôtel des Invalides, Paris 7e 129 rue de Grenelle Accès PMR : 6

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Hôtel des Invalides, Paris 7e 129 rue de Grenelle Accès PMR : 6
Hôtel des Invalides, Paris 7e
129 rue de Grenelle
Accès PMR :
6 boulevard des Invalides
Ouverture tous les jours
de 10h à 17h
Sauf les 25 décembre
et 1er janvier
SECTION 1
CULTURES VISUELLES
DE LA GUERRE EN 1914
Les populations européennes ne découvrent pas la guerre en 1914. Depuis
près de trente ans, elles vivent dans l’évocation des conflits passés et
contemporains. La peinture, la gravure et la presse illustrée contribuent
largement à faire entrer dans la culture visuelle les guerres de 1870-71, des
Boers, la révolte des Boxers, les conflits balkaniques et les expéditions
militaires en Afrique et en Asie. Chaque année, la présence au Salon
d’œuvres représentant la guerre, reprises parfois en gravure, anime les
débats. L’usage croissant de la photographie dans la presse, l’essor du
cinéma et les tentatives de captation du son renouvellent le regard des
contemporains en posant entre autres la question de la représentation de
la réalité. Les nouveaux médias jouent un rôle décisif dans la couverture de
plus en plus massive et immédiate de l’information, notamment en 19041905 lors de la guerre russo-japonaise et dans les Balkans en 1912-1913.
Ces deux conflits, qui tranchent par leur modernité, inspirent les courants
picturaux comme le futurisme et modifient la représentation de la guerre,
en ne cachant notamment rien de la mort de masse.
Aristarkh Lentoulov (1882-1943) et Vladimir Maïakovski (1893-1930),
[L’Autrichien a rendu Lvov aux Russes], 1914, Lithographie en couleurs. PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE.
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Représenter la guerre
Des traditions aux avant-gardes
À la fin du XIXe siècle, le genre de la peinture
militaire s’essouffle tout en continuant à rencontrer
un certain succès public. L’éloignement des
guerres en Asie et en Afrique et, peut-être,
la difficulté de vendre à des particuliers de tels
sujets peuvent expliquer cette désaffection par
les artistes français. Dans le même temps, la
photographie – amateur ou professionnelle –
devient symbole de modernité et d’authenticité
et bouleverse les codes de la diffusion des images
de la guerre auprès du public. Les belligérants
eux-mêmes s’en emparent pour établir une vérité
officielle. Pour autant, la peinture d’histoire
ne disparaît pas et continue à apporter un souffle
épique ou tragique. Dans la presse, peinture et
photographie cohabitent et montrent de concert
une guerre moderne. Canons, tranchées, cadavres
et exactions contre les populations civiles y sont
montrés sans fard.
L’armée demeure omniprésente dans les sociétés
européennes d’avant 1914. En France, quelques
peintres, souvent anciens combattants de la
guerre franco-prussienne tels qu’Édouard Detaille
et Alphonse de Neuville, font leur spécialité
de sa représentation dans une veine le plus
souvent patriotique. Les uniformes chatoyants
et l’évocation des épisodes glorieux du passé
constituent l’essentiel de cette production.
Dans les premières années du XXe siècle, de jeunes
artistes d’avant-garde tels que Jacques Villon
ou Roger de La Fresnaye s’emparent de ce sujet.
Intéressés par l’analyse des couleurs, des formes
et du mouvement, ils travaillent sur le motif
tout en s’inspirant du souffle épique d’œuvres
romantiques.
Ferdinand Ier (roi de Bulgarie) sur les ruines de la forteresse de Kavala en Grèce, décembre 1912,
Tirage contemporain d’après un négatif gélatino-argentique sur nitrate de cellulose, PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE.
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SECTION 2
LA CONFRONTATION
AVEC LA RÉALITÉ DE LA GUERRE
À une guerre attendue se substitue progressivement le conflit réel, tel
que le perçoivent les millions d’hommes mobilisés. Leur regard est alors
conditionné par la découverte du combat, l’expérience du front, la violence
inouïe du champ de bataille, l’apparition des tranchées… Des carnets de
dessins ou des appareils photographiques sont parfois emportés sur le
front par les combattants®; certains utilisent aussi les matériaux disponibles
dans les tranchées. La guerre commence donc à être documentée par
les témoignages de ceux qui la font, qu’ils soient artistes professionnels,
dessinateurs ou photographes amateurs. Parallèlement, les différents
États belligérants mettent en place des missions de peintres et des
services photographiques chargés de couvrir le conflit, aussi bien pour le
documenter que pour fournir au public des images contrôlées. Vont alors
circuler les représentations d’une guerre différente de celle que pouvaient
imaginer jusque-là les artistes, les journaux, les illustrés et le cinéma : elles
montrent la mort de masse, les paysages ravagés des champs de bataille
et l’environnement clos des tranchées.
Eastman Kodak Co. Appareil photographique, Vest Pocket Automatic Kodak
Métal, verre et plastique. PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE.
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Premières images de la guerre
Premiers témoins
Aux premiers jours du conflit, faute de documents
issus de témoins directs, les éditeurs puisent dans
les images préexistantes. Sans relation directe avec
les combats en cours, celles-ci circulent alors
accompagnées d’une légende adaptée à l’actualité.
Les artistes, notamment les illustrateurs de presse,
font aussi appel à leur imagination, reprenant
des motifs classiques de la peinture de batailles
ou réaménageant des travaux précédents. Faute
d’images, l’exaltation des figures héroïques répond
à la fois à l’exigence de cohésion de la société
avec les combattants, derrière ses chefs, et à
l’édification par l’exemple, en mettant en avant les
héros sortis du rang que l’on décore ou les soldats
tombés au champ d’honneur dont le sacrifice est
glorifié dans la presse.
Conscients de vivre un événement exceptionnel,
des combattants photographient et dessinent
dès août et septembre 1914, poursuivant souvent
une pratique antérieure à la guerre. Une fois
leurs aptitudes repérées, ils sont parfois mis
à contribution pour effectuer relevés et croquis
utiles à la conduite de la guerre. Également
conduits à se rendre sur le front, les gendarmes
ou les photographes du service de l’identité
judiciaire y représentent ruines et cadavres
laissés par la première bataille de la Marne.
Les journalistes qui peuvent accéder au front,
mais de manière souvent limitée, tentent de rendre
compte de la guerre au plus près, suivis par les
photographes de presse, dont le nombre croît
avec les agences spécifiquement dédiées à la
fourniture de photographies aux journaux.
Louis Danton (1889-1960), Tir de nuit, bataille de la Marne, Tracy-le-Mont, 6 septembre 1914, 1914,
Tirage moderne d’après un négatif gélatino-argentique sur nitrate de cellulose. PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE.
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La « guerre du droit »
Circulation des images
Lorsqu’il n’est pas tourné en ridicule, l’ennemi est
souvent représenté dans sa sauvagerie : les thèmes
de la « guerre du droit » et des violations du droit
de la guerre n’ont cessé d’alimenter la propagande.
La représentation des atrocités, comme les
exécutions d’enfants ou les mains coupées, vise
avant tout à frapper les opinions publiques afin
de façonner et conforter un sentiment d’union
patriotique et, même au-delà, la solidarité entre
alliés en lutte. Dans une guerre considérée comme
juste et ayant pour but le triomphe du droit,
de la culture ou de la civilisation, l’incendie de
la cathédrale de Reims, suite à des tirs d’artillerie
allemands, le 19 septembre 1914, devient un
symbole de cette lutte et un thème durable
dans la propagande anti-allemande.
Produites en masse, les images sont abondamment
diffusées. À travers les représentations de l’ennemi,
des motifs communs circulent d’un pays à l’autre
et symbolisent la victoire anticipée : colonnes
ou regroupements de prisonniers, trophées
exposés dans les capitales, cadavres laissés sur le
champ de bataille. Parfois, la même image peut
être reprise dans la presse illustrée des différents
belligérants, voire circuler entre pays ennemis.
Seule change alors la légende. Si la censure et
l’autocensure existent bien, elles ne parviennent
pas à limiter la circulation des représentations,
même de thèmes sensibles, comme le camouflage
- puisque les tenues françaises, censurées en
France, sont publiées en Allemagne - ou comme
les fraternisations qui sont à la une de la presse
en Grande-Bretagne mais absentes des illustrés
en France.
[Échoppage de la photographie par la censure], Excelsior, no 1813, 2 novembre 1915,
Presse, broché. NANTERRE, BIBLIOTHÈQUE DE DOCUMENTATION INTERNATIONALE CONTEMPORAINE.
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Qui représente la guerre ?
Fronts et points de vue
Les auteurs des représentations de la guerre sont
aussi divers que nombreux. À partir des années
1890, la pratique en amateur de la photographie
s’est répandue et de nombreux combattants
possèdent un appareil photographique, souvent
de petit format et peu encombrant, qu’ils ont pu
emporter au front. Les peintres et les dessinateurs,
professionnels comme amateurs, partent quant
à eux avec leurs carnets et leur boîte à couleurs.
Parallèlement, une production officielle se
développe, qu’il s’agisse de documents techniques
sur lesquels s’appuie le réglage des tirs d’artillerie,
notamment grâce à la photographie aérienne,
ou de reportages thématiques produits par les
photographes et opérateurs de cinéma recrutés
par les différents belligérants. Des peintres
non-combattants sont aussi mis à contribution,
missionnés pour quelques jours sur le front ou
encore associés durablement à une unité.
Les différents fronts de la guerre se déploient dans
des paysages très divers dont les caractéristiques
déterminent les formes du combat mais aussi
les modalités de représentation du conflit.
Le front occidental se caractérise par l’univers
visuel rétréci de la tranchée, dont on ne sort
qu’au péril de sa vie. Face à l’impossibilité
d’appréhender en plein jour le paysage à hauteur
d’homme, l’observateur le regarde à travers les
créneaux ou recourt au périscope. Simultanément,
l’observation et la photographie aériennes se
développent. Montagneux, les fronts austro-italien
et d’Orient (notamment en Macédoine, Albanie
et Serbie) offrent des vues plongeantes et des
panoramas. Les fronts germano-russes et du
Proche-Orient (Mésopotamie, Palestine) avec leurs
vastes étendues sont le théâtre d’une guerre de
mouvement, et donnent aussi à voir des paysages
presque vierges de toute présence humaine.
Félix Vallotton (1865-1925), Le Cimetière militaire de Châlons, 1917,
Huile sur toile. NANTERRE, BIBLIOTHÈQUE DE DOCUMENTATION INTERNATIONALE CONTEMPORAINE.
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SECTION 3
FACE À LA GUERRE
LONGUE
Sur le front occidental, la stabilisation du front transforme la guerre en un
siège interminable. L’intensité des affrontements ne rompt que rarement
un quotidien marqué par la promiscuité, le dénuement, la souffrance et
la mort. De façon paradoxale, le combat et l’assaut, vécus ou imaginés,
demeurent des motifs pour ceux qui représentent le conflit.
Très appréciées à l’arrière, les œuvres figurant l’offensive et le mouvement
répondent aussi à l’idée que les civils se font de la guerre. Difficile à
représenter sur le vif et dans toute son étendue, le combat est souvent
évoqué indirectement par les armes nouvelles dont les formes et les effets
fascinent, par les dispositifs de camouflage, par les destructions enfin.
Autant de témoignages de la guerre et de ses évolutions inattendues.
Les images produites dans ce contexte sont un vecteur d’échanges entre
les combattants et l’arrière mais aussi entre les combattants eux-mêmes,
soucieux de transmettre leur expérience du front, pour la partager et la
surmonter.
Georges Scott (1873-1943) Effet d’un obus dans la nuit ou La Brèche, avril 1915, 1915,
Encre et pastel avec rehauts de gouache sur papier. PARIS, MUSÉE DE L’ARMÉE.
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Représenter le combat
Le renouvellement des technologies influe sur
la notion même de front et sur la vision qu’en ont
les combattants. Y contribuent le développement
de l’artillerie à longue portée, de moyens de
communication sophistiqués qui permettent
l’action conjointe et coordonnée des différentes
armes, de l’aviation enfin. Autant de facteurs qui
renforcent la capacité à se projeter au-dessus
du territoire de l’ennemi et à atteindre des
objectifs civils. Ces formes nouvelles de combat
rendent les batailles invisibles et ont pour effet
de dissoudre le front. Des visions de plus en
plus abstraites et déshumanisées en résultent. Des
formes primitives et apparemment anachroniques
de l’affrontement subsistent, comme le corps
à corps, souvent nocturne. L’expérience concrète
de la guerre, multiple et contrastée, contraint
les artistes à explorer de nouvelles voies figuratives
ou à tendre vers l’abstraction.
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SECTION 4
LA MÉMOIRE DU FRONT
Les œuvres produites sur le front transposent en images et en récits
l’expérience immédiate de la violence et du chaos de la guerre. Dès les
premiers combats, des films où sont mêlés réalité et reconstitution, des
recueils de gravures, des albums intimes ou destinés à l’édition, des
expositions, l’apparition de collections publiques ou privées relatives à la
guerre, sont autant de témoignages de la nécessité, pour les combattants
comme pour les civils, de replacer les événements dans une histoire
individuelle et collective. La multiplicité des points de vue sur la guerre
se traduit autant grâce aux techniques héritées de la tradition - dessin,
gravure, peinture - que par les moyens modernes de représentation que
sont la photographie et le film. D’autre part, les innombrables cartes,
documents techniques et images supposées objectives que génère la
guerre influencent aussi les poètes et les artistes, peintres, photographes,
cinéastes et renouvellent leur vision du conflit, sans leur offrir un moyen
d’expression qui restituerait sons, odeurs, goût et toucher, et permettrait
de partager leur expérience dans sa complexité. À l’approche de la fin de la
guerre, de nouveaux sujets font leur apparition : le retour des tranchées, la
victoire, la crainte de l’oubli, le refus de la défaite. Puis, des années, parfois
des décennies après le conflit, l’expérience du front continue à hanter
les combattants qui publient des récits et des œuvres restés inédits ou
reprennent de façon différée des motifs longtemps refoulés.
Jean Galtier-Boissière (1891-1966), Fêtes de la Victoire : le défilé des mutilés, 1919,
Huile sur carton. NANTERRE, BIBLIOTHÈQUE DE DOCUMENTATION INTERNATIONALE CONTEMPORAINE.
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L’exposition se tient sur deux niveaux. Elle débute
au rez-de-chaussée, accessible depuis la cour
d’Honneur, et se poursuit au troisième étage.
La signalétique ci-dessous vous guidera tout
au long de votre parcours.
BONNE VISITE !
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AUTOUR DE L’EXPOSITION
INFORMATION ET PROGRAMMATION DETAILLÉE
musee-armee.fr/ExpoVudufront
Tél. 0 810 11 33 99
VISITES GUIDÉES
Jeune public : [email protected]
Scolaires et étudiants : [email protected]
Adultes : [email protected]
CINEMA
Du 8 au 22 novembre 2014
Cycle cinéma gratuit à l’auditorium Austerlitz
du musée de l’Armée
Du 7 au 27 novembre 2014
Dans le cadre du mois du film documentaire
la BDIC organise un cycle de projections
sur le thème Lettres d’un temps de guerre
COMMISSAIRES
Musée de l’Armée
Sylvie Le Ray-Burimi,
responsable du département des peintures,
dessins, estampes et photographies
Anthony Petiteau,
responsable des collections de photographies
Vincent Giraudier,
Historial Charles de Gaulle
Bibliothèque de documentation
internationale contemporaine
Caroline Fieschi,
responsable du département du musée
Aldo Battaglia,
responsable des collections de peintures,
dessins et estampes
Benjamin Gilles,
responsable du département des collections
imprimées et électroniques
CONCERTS
Du 16 octobre 2014
au 23 janvier 2015
COLLOQUE ET CONFÉRENCES
Du 4 novembre
au 6 décembre 2014
CATALOGUE
39 €
Somogy éditions d’Art
LIBRAIRIE – BOUTIQUE
Vente du catalogue, de l’affiche, ainsi que d’une
sélection d’ouvrages et de produits spécifiques
à l’exposition.
CONCEPTION ET MISE EN ŒUVRE
DE L’EXPOSITION
Scénographie
MAW / Philippe Maffre et Maeva Abdelhafid
Graphisme
CL DESIGN / Domitille Pouy