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UMR GRED - Gouvernance, Risque,
Environnement, Développement
LE PROBLEME DE L’EAU DANS LES GOUVERNORATS DE
SOUSSE ET MONASTIR (TUNISIE)
Fadia GAFSI, UMR GRED (Université Montpellier III / IRD, Montpellier)
Directeur de thèse : M. le Prof. Jean Marie MIOSSEC
E-mail : [email protected]
1. Introduction
Comme les autres pays méditerranéens, la Tunisie est exposée aux caprices du climat et aux
activités anthropiques, mais elle est la plus soumise à la réduction des disponibilités en eau, ressource
par ailleurs inégalement répartie dans le temps et dans l’espace. Face au risque de pénurie, la Tunisie a
entrepris de grandes réformes dans le secteur de l’eau et des aménagements hydrauliques de stockage
et de transfert des eaux du Nord et du Centre vers le littoral. Cet article s’inscrit dans ce contexte de
pression anthropique sur la ressource en eau. Il traite en particulier le problème de l'eau agricole et
potable dans les gouvernorats de Sousse et Monastir.
2. Zone d’étude : enjeux et défis
Situés dans la région du Centre Est de la Tunisie, la région du Sahel tunisien (en particulier le deux
gouvernorats de Sousse et Monastir) représente un bon témoin de rareté de l'eau et de réduction de
production agricole. Cette rareté de la ressource dépondra à la fois de l'évolution des prélèvements
(agricole, domestique, industriel, etc.), de la variabilité climatique et du risque de l'intrusion d'eau
marine suite à la surexploitation des nappes phréatiques côtières. Comme d'autres villes côtières
tunisiennes, notre zone d'étude est caractérisée par un climat contrasté (sécheresse, variabilité des
pluies, etc.), ainsi qu'à la pression des activités anthropiques (intensification de l’urbanisation,
développement des activités socio-économiques, etc.). Dans ce même contexte, elle présente un
potentiel en eau très limité. En effet, les besoins en eau (en particulier domestiques et agricoles)
aggravent les tensions sur cette ressource, d'où le recours à des ressources externes depuis longtemps
pour satisfaire ces besoins et faire disparaître le déficit.
3. Des ressources en eau limitées
Avec un climat semi-aride et contrasté, le Sahel tunisien (gouvernorat de Sousse et Monastir)
souffre d'un potentiel d'eau très limité. En effet, les ressources mobilisables dans le gouvernorat de
Sousse sont constituées par : 1) Les eaux de ruissellement (35 Mm3) qui sont localisées
principalement dans la partie Nord et Nord-Ouest du gouvernorat (apports des oueds R’mel et El
Khairat); 2) Les nappes phréatiques (14,5 Mm3), dont la plus part sont de qualités moyenne (comme la
nappe d'oued Laya) ou bien médiocre (c'est le cas de la nappe de Kondar) ; 3) Les nappes profondes
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assurant un potentiel en eau de 17,7 Mm3. La plupart de ces nappes ont une qualité acceptable et une
salinité qui varie entre 1 et 4 g/l. ; 4) Les eaux non conventionnelles (37,21 Mm3) provenant des eaux
usées traitées. Il en est de même dans le gouvernorat de Monastir, les ressources en eau disponibles
sont constituées par : 1) Les eaux de ruissellement (350 Mm3) dont 6 Mm3 sont piégées dans des
infrastructures hydrauliques (barrage, lac collinaire, points de stockage et de recharge des nappes)
(DGAT, 2008) ; 2) Les nappes phréatiques (8,7 Mm3/ an) qui constituent la principale ressource :
parmi ces nappes on cite la nappe de Monastir, de Teboulba, Moknine et Saheline -Ouerdanine ; 3)
Les nappes profondes sont exploitées principalement par l'agriculture (soit 82,6%) et pour l’eau
potable (soit 17,4 %) en 2008 ; 4) Les eaux usées traitées provenant des stations d’épurations.
a. Exploitation des nappes phréatiques
Les deux histogrammes suivants illustrent le taux d'exploitation des nappes dans les gouvernorats
de Sousse et Monastir. En effet, la qualité de l'eau des nappes les plus surexploitées dans les deux
gouvernorats est affectée par l'intrusion d'eau marine favorisé par la baisse du niveau piézométrique
suite à la surexploitation des nappes phréatiques côtières. C’est le cas par exemple de la nappe de
Chott Mariem exploitée à 124%%, dans le gouvernorat de Sousse comme le montre la figure 1 (à
gauche). Il en est de même, dans le gouvernorat de Monastir, de la nappe de Bekalta exploitée à 150%
et celle de Teboulba exploitée 143% comme l'illustre la figure 1 (à droite).
Figure1. L'exploitation des nappes phréatiques dans le gouvernorat de Sousse (à gauche) et le gouvernorat de
Monastir (à droite) (Source : Elaborée à partir des données de DGRE 2007)
b. Exploitation des nappes profondes
Durant l’année 2010, l’exploitation des nappes profondes dans le gouvernorat de Sousse est
évaluée à 11.59 Mm3, contre 9.5 en 2009, soit une augmentation de l’ordre de 11.3 % et de 22 %
respectivement entre les deux périodes 2008-2009 et 2009-2010 (Figure 2). Il en est de même dans le
gouvernorat de Monastir, l’exploitation des nappes profondes entre 2003 et 2010, a subi une
augmentation d'environ 7 % et 23% respectivement entre 2003-204 et 2009-2010. L'analyse des
données collectées par nos soins auprès du CRDA de Sousse montre bien que la nappe de l’oued El
Khairat, connait l’exploitation la plus grande (soit un peu plus de la moitié de l’exploitation totale des
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nappes profondes). Pour préserver l'équilibre de cette nappe et satisfaire les besoins des différents
usages, elle a bénéficié d’un important projet de recharge artificielle depuis 1999, par les lâchers du
barrage d’Oued el Khairat (figure 3). En 2011, cette recharge a été arrêtée après les crues
exceptionnelle de 30 octobre 2011 qui ont provoqué des dégâts particulièrement pour les bassins de
Exploitation (Mm3/an)
recharge située en aval.
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
22 %
~7%
23 %
Monastir
Sousse
Figure 2. L’exploitation des nappes profondes dans les gouvernorat de Sousse et Monastir (Source : Elaborée à
partir des données du CRDA Sousse et de DGRE)
Figure 3. Barrage d’oued El Khairat (exécuté en 1999)
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4. L' approvisionnement en eau potable
Comme d'autres régions littorales tunisiennes, le Sahel tunisien s’approvisionne à partir des eaux
du Nord acheminées via le canal Mejerda-Cap Bon (affectées à l'usage domestique), des eaux de la
nappe profonde de Kairouan (affectées à l'usage agricole) et aussi à partir des ressources locales
limitées (DGAT, 2009). Toutefois, l’utilisation de ces ressources externes pour satisfaire la demande
(domestique, agricole, etc.) n'a pas fait disparaître le déficit et posent beaucoup de problèmes. Parmi
ces problèmes, on peut citer la réduction des ressources en eau de Nebhana depuis les années 80 (Atlas
cartographique, 2011). Ceci est dû, à la croissance de la population qui a augmenté de près d'un quart
entre 2004-2014 [INS, 2015], ainsi qu'au développement économique et à l'intensification de
l'urbanisation qui aggravent la pression sur cette ressource .
Pour conclure, les aménagements hydrauliques ainsi que la stratégie politique de mobilisation et de
transferts des ressources en eau sont désormais insuffisants dans la région du Sahel, surtout que cette
zone connait une variabilité de plus en plus marquante du climat. La préservation donc des ressources
en eau (en quantité et qualité), à travers l'amélioration et le développement des techniques d'adaptation
aux effets des changements climatiques et à la demande accrue devient un impératif pour mieux
protéger et gérer la ressource dans les gouvernorats de Sousse et Monastir.
Bibliographie
CRDA (2014) - Les fiches techniques d'exploitation des nappes dans le gouvernorat de Sousse 2000-2010
CRDA (2014) - Les fiches techniques d'exploitation des nappes dans le gouvernorat de Monastir 2000-2010
CRDA, (2012) - Les annuaires "Situation de l’exploitation des nappes phréatiques. 2000-2010"
DGAT (2009) - Schémas Directeur d’Aménagement du Territoire de grand Sousse.
DGAT, (2011)- Atlas cartographique "Schémas Directeur d’Aménagement de la région économique de CentreEst.
INS, (2015).- http://www.ins.nat.tn/