TOGO : 4ème RECENSEMENT GENERAL DE LA POPULATION
Transcription
TOGO : 4ème RECENSEMENT GENERAL DE LA POPULATION
TOGO : 4ème RECENSEMENT GENERAL DE LA POPULATION ET DE L’HABITAT 2010 Des enjeux et des défis ! 4ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) réalisé 29 ans après les précédents successivement en 1960, 1970, 1981 et beaucoup plus tard en 2010, le Togo a initié et réalisé grâce à l’appui financier et technique de l’UNFPA, Chef de file et d’autres partenaires notamment, le PNUD, l’UNICEF et l’Ambassade de Chine, cette opération d’envergure a été riche en enjeux et pleins de défis. Prévu pour démarrer en 1991, le 4ème RGPH reporté à plusieurs reprises, n’a pu commencer qu’en novembre 2008 à cause du climat politique national marqué par des troubles sociaux et la suspension de la coopération internationale par les principaux bailleurs de fonds et les institutions de Breton Wood (FMI, BM, Union Européenne). Le processus du 4ème RGPH-Togo a commencé par les activités préparatoires en 2006 avec l’élaboration du document de projet suite à une réunion stratégique d’information induite par l’UNFPA et convoquée en Avril 2006 par le Gouvernement togolais à l’intention des partenaires au développement. Un agent recenseur administrant le questionnaire du 4ème RGPH au Chef de Ménage dans un village Visite de suivi/supervision du dénombrement par le Chef/BRC, le CTP et le Point Focal de l’UNFPA L’engagement du Gouvernement Après les reports successifs et les coûts supplémentaires engendrés, le Gouvernement s’est décidé à conduire effectivement son 4 ème RGPH. Aussi s’est–il engagé à supporter ce gap évalué à 1 milliard FCFA sur ses ressources propres, en l’échelonnant sur trois ans. Comme preuve de cet engagement au plus haut niveau de l’Etat, une ligne « Recensement Général de la Population et de l’Habitat » a été créée dans le budget général depuis l’année 2008 jusqu’en 2012. Ainsi, c’est l’Etat togolais qui a finalement assumé le plus grand financement de son 4ème RGPH (42,4%), suivi de l’Union Européenne (33,7%), l’UNFPA (18,0%), le PNUD (3,9), l’Ambassade de Chine (1,3%) correspondant à 1000 vélos fournis, et l’UNICEF (0,6%). Pour la première fois dans l’histoire du pays, le Ministère de la Planification du Développement et de l’Aménagement du Territoire, qui est en charge du recensement, est directement rattaché à la Présidence de la République. Ceci a facilité un suivi rapproché de l’opération par le cabinet présidentiel et la résolution rapide des difficultés rencontrées au cours du processus. A titre d’exemple, lorsque la période de deux semaines arrêtée pour le dénombrement s’est avérée insuffisante pour boucler le terrain, une réunion d’urgence du Comité de Pilotage a suffi pour obtenir une décision du Gouvernement autorisant une prorogation de la durée du dénombrement de deux jours supplémentaires dont les coûts induits ont été supportés sur les fonds mis à disposition par l’Etat togolais. Pendant la phase du dénombrement, le Gouvernement a lancé un appel solennel aux différents partenaires de financement à effectuer des visites de terrain pour constater le bon déroulement de la collecte des données. Ainsi, l’Ambassadeur de l’Union Européenne au Togo, M. Patrick Spirilet et le Représentant Assistant de l’UNFPA ont effectué chacun une visite sur le terrain, accompagnés à chaque fois de la Ministre auprès du Président de la République chargée de la Planification du Développement et de l’Aménagement du Territoire. Ces sorties médiatisées des hauts responsables politiques et des partenaires de financement de l’opération ont contribué à sensibiliser et à rassurer les populations et permis leur pleine adhésion à l’opération, d’une part, et à encourager les agents de terrain d’autre part. Vue partielle des autorités politiques togolaises et des partenaires au développement lors du séminaire national de présentation officielle des résultats du 4ème RGPH-Togo La conduite du processus et le positionnement stratégique de l’UNFPA/Togo Le rôle joué par l’UNFPA dans l’organisation et la conduite du 4 ème RGPH du Togo a été déterminant. Cette importante opération de collecte et d’analyse de données n’est devenue réalité que grâce au « Policy Dialog » initié par le Bureau pays et qui vise à convaincre les décideurs politiques nationaux de l’importance des données pour la planification, la mise en œuvre et le suivi/évaluation des politiques et programmes de développement du pays. L’UNFPA/Togo a été au devant du plaidoyer pour la mobilisation des ressources auprès des autres partenaires au développement en vue du financement de l’opération. Ce leadership de l’UNFPA/Togo a été unanimement reconnu par toutes les parties prenantes, notamment, le PNUD, l’UNICEF, l’Ambassade de Chine et l’Union Européenne. La signature du document de projet par le Gouvernement togolais et l’UNFPA le 23 Février 2007 et le Décret pris le 21 Juillet 2008 par le Gouvernement, portant organisation du 4ème RGPH et des enquêtes intercensitaires ont mis en confiance les partenaires au développement qui ont senti dès lors la détermination des autorités nationales à conduire cette opération, d’une part et le rôle primordial de l’UNFPA dans ce processus d’autre part. Ainsi, l’UE a confié la gestion de sa contribution d’un montant de 1.975.000 EURO à l’UNFPA. Cette confiance acquise s’est traduite par la signature d’une convention UE/UNFPA le 28 Novembre 2008 et qui a permis ainsi le déblocage des fonds et le démarrage effectif des activités opérationnelles. La cartographie censitaire et le recensement pilote Les activités opérationnelles du 4ème RGPH du Togo ont effectivement démarré en Février 2009 avec la cartographie censitaire et le recensement pilote. La cartographie censitaire a commencé prioritairement dans les zones retenues pour le recensement pilote. Ainsi, pendant que la cartographie se poursuivait dans les autres zones de dénombrement, le recensement pilote a pu être réalisé parallèlement en Mai 2009. Les travaux cartographiques sur le terrain ont nécessité beaucoup plus de temps à cause de l’accessibilité difficile de certaines zones due à la pluviométrie abondante. Ceci a occasionné une prolongation de la cartographie censitaire de 2 mois supplémentaires (8 mois au lieu de 6 mois prévus au départ). Afin de tenir dans les délais, les équipes de terrain des zones difficiles d’accès ont été renforcées. Le dénombrement Le retard accusé dans le démarrage de l’opération et la prolongation de la période de la cartographie censitaire ont fait repousser le dénombrement à un an plus tard. Cette phase s’est alors déroulée du 6 au 21 Novembre 2010 sur toute l’étendue du territoire national découpé en 10.000 zones de dénombrement. Il faut noter que les difficultés de terrain liées à l’inondation persistante de certaines en cette période de l’année ont nécessité une prolongation de la durée du dénombrement de deux jours. Pour ce faire, sur recommandation du Comité de Pilotage qui s’est réuni en urgence, le Gouvernement a pris un arrêté prolongeant de deux jours la période de dénombrement. Parallèlement à cette prolongation, les équipes d’agents de dénombrement ont été renforcées dans les zones en retard en vue du bouclage systématique dans le délai de rigueur de 16 jours d’enregistrement exhaustif de la population. Pari tenu par le Togo dans la publication des résultats Conformément aux directives de la série 2010 de recensements, les résultats préliminaires devront être disponibles 6 mois après le dénombrement et les résultats définitifs globaux présentant la répartition des effectifs de la population par sexe, par groupe d’âges et suivant les principales subdivisions administratives au plus tard un an après le dénombrement. Ce pari, le Togo l’a tenu ! Ainsi, les résultats préliminaires ont été produits et livrés en Avril 2011 soit 5 mois après le dénombrement et les résultats définitifs globaux en Décembre 2011, soit un an après le dénombrement. Les acquis du 4èmeRGPH Cette opération d’envergure a permis de disposer des résultats édifiants : i) le nombre d’habitants résidents en 2010 (6.191.155) contre 2.719.567 habitants en 1981, soit un taux de croissance annuel moyen de 2,8% sur la période ; la population togolaise a plus que doublé en 29 ans ; ii) la structure par sexe est restée quasiment inchangée depuis 1981 soit 51,4% de femmes et 48,6% d’hommes (51,3% et 48,7% respectivement en 1981) ; iii) la structure par âge révèle une extrême jeunesse de la population togolaise avec 60% de moins de 25 ans et 42% de moins de 15 ans ; la population active potentielle (15-64 ans) représente 54% de l’ensemble et les 65 ans et plus représentent 4% ; en ce qui concerne la frange des Personnes Âgées (60 ans et plus) elle représente 5,5% de la population totale résidente ; cette structure par âge indique les grands défis liés à la prise en charge des principaux groupes sociaux vulnérables notamment les jeunes de moins de 15 ans et les personnes âgées de 60 ans et plus qui représentent 47,5% de l’ensemble ; iiii) entre 1981 et 2010, on constate une modification significative de la structure par âge de la population togolaise, comme en témoigne le rétrécissement significatif de la base de la pyramide des âges. En effet, en 1981, les moins de 25 ans représentaient 67% de l’ensemble contre 60% en 2010 ; les moins de 15 ans représentaient 50% en 1981 contre 42% en 2010 ; cette évolution structurelle corrobore la baisse de la fécondité observée depuis quelques années au Togo. Plus que des données statistiques, des enjeux politiques pour le Togo Bien qu’étant une opération purement technique ayant pour objectif principal la disponibilité de données fiables et désagrégées aux fins de planification et de suivi/évaluation des programmes de développement, le RGPH a aussi des enjeux politiques. La politisation des recensements est exacerbée par l’influence qu’ils peuvent avoir sur les découpages administratifs et électoraux, notamment en ce qui concerne le nombre de sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale, la détermination des circonscriptions électorales, etc. Ainsi, les résultats définitifs de ce 4 ème RPGH publiés en décembre 2011 ont induit un projet de loi portant redécoupage des circonscriptions électorales pour les prochaines élections législatives et locales prévues pour fin 2012 et un réaménagement du nombre de sièges attribués pour chaque préfecture du pays. Difficultés majeures rencontrées et solutions apportées L’opération du 4ème RGPH du Togo ne s’est pas déroulée sans écueil. Mais il est heureux de constater que de solutions idoines ont été trouvées au fur et à mesure que ces difficultés surgissaient grâce à l’engagement du Gouvernement et à la mobilisation accrue des partenaires, surtout au sein du Comité de Pilotage du 4ème RGPH. i) La période de la cartographie censitaire ayant coïncidé avec la saison pluvieuse, l’accès à certaines zones du pays était devenu un défi majeur. Pour y remédier, l’UNFPA sur demande du Gouvernement a dû procéder à l’achat de moto « Tout Terrain » supplémentaires pendant que le Bureau Central du Recensement a renforcé les équipes de cartographes sur le terrain, ce qui a permis de boucler la cartographie censitaire. ii) Pendant que le dénombrement était en cours, l’insuffisance de questionnaires vierges a été signalée par les superviseurs dans plusieurs zones à cause des erreurs commises dans le dispaching des lots de questionnaires suivant les zones. Pour éviter que des ruptures de stock ne freinent le dénombrement, le Gouvernement, sur recommandation de l’UNFPA a dû commander en urgence l’édition d’une quantité suffisante de questionnaires supplémentaires qui ont été convoyé vers les zones déficitaires. iii) La période de dénombrement décrétée du 6 au 19 Novembre (quelle année) s’étant avérée insuffisante pour boucler la collecte, notamment dans les zones inondées, le Comité de Pilotage réuni en urgence, a recommandé au Gouvernement la prorogation du dénombrement de deux jours, le renforcement des équipes des zones concernée en personnels supplémentaires et équipements adéquats. Cette stratégie a permis de boucler le dénombrement dans l’intervalle de deux jours supplémentaires accordés par arrêté ministériel. Les bonnes pratiques et les leçons apprises de la conduite du 4ème RGPH du Togo - L’engagement politique et financier du Gouvernement s’avère indispensable pour la réussite de l’opération du Recensement général de la Population et de l’Habitat ; L’engagement financier du Gouvernement s’est matérialisé par le déblocage de ses fonds virés au compte bancaire de la Direction Générale de la Statistique avant même le démarrage de l’opération ; cette disponibilité effective des ressources propres du Gouvernement a permis d’éviter des blocages dans la gestion financière du processus face à des imprévus à gérer en urgence et pour lesquels il n’était pas possible de se conformer aux procédures des autres partenaires de financement (UNFPA, l’EU, PNUD l’UNICEF) ; - - - - - Le contexte socio-politique national est très déterminant pour la réalisation effective du Recensement Général de la Population et de l’Habitat ; L’opération de recensement général de la population et de l’habitat a toujours des ramifications avec les enjeux politiques du pays ; la politisation du recensement demeure une préoccupation majeure dont il faut tenir compte ; L’opération du 4ème RGPH a été une l’opportunité de renforcement des capacités techniques et logistiques de la structure gouvernementale de mise en œuvre, notamment, la Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale ; pour un pays qui n’a pas organisé de recensement depuis 29 ans, ce fut l’opportunité aux cadres nationaux d’acquérir une expérience pratique dans ce domaine ; La mise à disposition d’un CTP et d’un Operations Manager par l’UNFPA tout au long de l’opération a permis une gestion saine et efficace des ressources mobilisées auprès des partenaires ; les audits annuels réalisés successivement ont tous été positifs, témoignant ainsi de l’efficacité de la gestion financière du projet ; La stratégie de communication mise en œuvre en appui au recensement a été d’une importance capitale pour la réussite de l’opération ; les activités d’information et de sensibilisation menées tous azimuts, mettant à contribution les médias, les organisations de la société civile, les leaders communautaires, et même les opérateurs de téléphonie mobile, ont facilité une adhésion massive de la population à la base ; Une bonne estimation des coûts en amont, le respect rigoureux du chronogramme initial des activités, ainsi que le ferme engagement du Gouvernement s’avèrent très déterminants pour la réussite d’une opération de recensement général de la population et de l’habitat. Perspectives Les activités restantes demeurent autant primordiales que les précédentes pour permettre au Togo de tirer meilleur parti de cette importante opération du 4 ème RGPH. Ces activités restantes sont : i) la production, l’édition et la diffusion des volumes des résultats définitifs ; ii) la réalisation des chapitres d’analyses des résultats définitifs en vue de la production des indicateurs devant orienter la prise de décisions ; iii) la mise en place de la base de données IMIS/REDATAM du 4è RGPH-Togo ; iv) la constitution de l’échantillon-maître devant servir de base de sondage pour la réalisation des enquêtes intercensitaires à venir ; v) l’organisation effective des enquête intercensitaires programmées notamment l’Enquête Démographique et de Santé (EDS), l’Enquête par Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB), et les études thématiques. L’engagement du Gouvernement et la mobilisation des partenaires techniques financiers observés jusqu’ici autour du 4ème RGPH devront se poursuivre durant ces phases futures du processus.