the deadly spawn

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the deadly spawn
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THE DEADLY SPAWN
Titre original : RETURN OF THE ALIENS : THE DEADLY SPAWN
Autre titre : CHOSE, LA
Année : 1983
Nationalité : Etats-Unis
Acteurs : Charles Hildebrandt, Tom De France, Richard Lee Porter, James Brewster, John Schmerling, Elissa
Neil, Ethel Michelson & Judith Mayes
Réalisateur : Douglas McKeown
Scénario : Ted A. Bohus, Douglas McKeown, Tim Sullivan {9} & John Dods
Musique : Paul Cornell, Michael Perilstein & Kenneth Walker
Une météorite s´écrase sur Terre, lâchant dans la nature une
créature extra-terrestre affamée. Après s´être fait les dents sur
deux campeurs, cette dernière va investir la cave d´une maison
dans une banlieue résidentielle pour y dévorer tous ceux qui
passeront y faire un tour. Mais quelle gourmande celle-là !
Daté de 1983, THE DEADLY SPAWN nous ramène à une
époque où n´importe quel petit entrepreneur se lançait têtebêche dans le cinéma d´horreur afin de faire fructifier ses
maigres dollars d´investissement. Ici, l´homme en question
s´appelle Ted A. Bohus. Véritable passionné du genre, il s´était
déjà associé à un certain Don Dohler sur deux petits films
d´horreurs campys. Pour l´anecdote, leur second film,
NIGHTBEAST, crédite dans son pôle de compositeurs
musiques un certain J.J. Abrams, futur créateur de la série
ALIAS et réalisateur de MISSION IMPOSSIBLE 3. Bohus se
lance dans la production en solo avec THE DEADLY
SPAWN, qu´il prend soin de nommer RETURN OF THE
ALIENS : THE DEADLY SPAWN afin de faire croire à une
fausse suite du film de Ridley Scott. Le métrage est réalisé par
Douglas McKeown, un obscur metteur en scène dont c´est le
seul et unique essai (il s´est depuis reconverti en comédien de
théâtre). Tourné le week-end avec une équipe entièrement
bénévole, le budget du film s´élèverait à 25 000 dollars. Une
vraie misère.
Ce qui choque en premier lieu lorsque l´on regarde THE
DEADLY SPAWN aujourd´hui, ce n´est pas tant le maigre
budget de l´entreprise, mais son côté foncièrement amateur.
Que ce soit au niveau de l´écriture (une enfilade de situations
prétextes habillant une poignée de scènes « intéressantes » - on
dirait un porno), au niveau de l´interprétation (personne n´est
professionnel), ou encore au niveau de la mise en scène (les
séquences de dialogues sont effroyablement peu inspirées).
Raconté comme ça, THE DEADLY SPAWN n´est qu´une
série B-Z de plus qui ne saura trouver grâce qu´aux yeux des
amoureux de l´image granuleuse laissant débiter des dialogues
de couloir à des acteurs improvisés (un peu comme chez
Rohmer quoi). Mais heureusement, THE DEADLY SPAWN
ne s´arrête pas à ça. Le film a dans sa botte un argument
magique qui a séduit nombre de spectateurs à travers les
années, jusqu´à lui conférer un statut de film culte alternatif.
Cet argument, c´est bien évidemment sa créature.
Alors que le monstre de ALIEN était un organisme d´une
complexité hors norme, alimentant à lui seul les
rebondissements de la moitié du film, la créature de THE
DEADLY SPAWN est au contraire d´une simplicité effarante.
Son corps est composé d´un long tube digestif au bout duquel
se trouve une gigantesque bouche émaillée d´une rangée de
dents parmi les plus denses de l´histoire du cinéma. Après tout,
quoi de plus logique pour une bestiole qui n´a qu´un but dans
la vie : manger. Pour ajouter un peu de piquant à ce schéma
simpliste, le film met en scène une créature «mère» (celle qui
provient de la météorite ouvrant le métrage) qui prolifère à
accouchant d´une multitude de petits «spawn» qui se glisseront
un peu partout dans la maison.
Si l´on ne pensait pas se laisser impressionner par le design
minimaliste de la créature, il faut bien avouer que les
séquences la mettant en scène sont presque fascinantes. Est-ce
la nostalgie du gros latex ? L´animation simple mais très
efficace de la bête ? Ou encore son apparence de gros pénis
suintant en permanence de son extrémité un liquide aux reflets
blanchâtres ? Toujours est-il que l´alien de THE DEADLY
SPAWN, dans toute sa grossièreté (et peut-être grâce justement
à cette grossièreté), est un personnage absolument marquant du
genre. Son créateur, John Dods (qui travaillera plus tard sur
GHOSTBUSTERS
2,
X-FILES
ou
ALIEN
LA
RESURRECTION) est par ailleurs co-producteur et réalisateur
de certains plans d´effets spéciaux.
Un autre point fort qui est pour beaucoup dans la réputation
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de THE DEADLY SPAWN, c´est sa propension à jouer la
surenchère dans le détail gore et sordide. Et ne vous laissez pas
décevoir par les deux premiers meurtres, timidement filmés en
ombres chinoises. Pour l´époque, le film va très loin, et nous
livre son lot de séquences saignantes et crapoteuses. On retient
particulièrement cette séquence de visage dévoré en gros plan,
tout ce qu´il y a de dérangeant et de dégeulasse ! Outre son
audace graphique, THE DEADLY SPAWN étonne également
en dézinguant gratuitement ses personnages. C´est ainsi qu´un
caractère de premier plan est envoyé à la boucherie à la stupeur
générale lors d´une séquence à suspense que l´on pensait
pourtant couru d´avance pour la survie de nos héros.
Pas la peine de chercher midi à
quatorze heure, THE DEADLY
SPAWN est une petite bobine bricolo
et amateur qui ne tient pas à s´inscrire
durablement dans le genre mais à en
donner pour son argent au spectateur
grâce à ses effets spéciaux spongieux
et dans l´ensemble généreux. Qu´ils
soient parfaitement réussis (voir les
petites larves se déplacer dans la cave)
ou totalement ratés (lorsque la mère
des bestioles course les héros dans la
maison), les effets tiennent le haut du
pavé d´un film qui ne mériterait
sûrement pas que l´on s´en souvienne
si ces derniers n´étaient pas là. La
rumeur veut que la tête de la mère
spawn soit maintenant la propriété de
Gene Simmons, le chanteur de Kiss et
accessoirement fan du film. Quant à
Bohus, il tournera une suite au film en
90, DEADLY SPAWN 2 : THE
METAMORPHOSIS,
avant
de
curieusement
le
re-titrer
METAMORPHOSIS : THE ALIEN
FACTOR pour supprimer le lien entre
les deux films.
Edité chez nous sous le titre LA
CHOSE à l´époque, THE DEADLY
SPAWN était déjà disponible en Zone
1 chez l´éditeur Synapse. En France,
c´est un vaillant nouvel éditeur, Le
Chat qui Fume, qui s´occupe de
l´édition du film. Techniquement,
l´image est optimum compte tenu du
fait qu´il s´agit d´un tout petit film
tourné il y a plus de vingt ans.
L´image a été très efficacement réétalonnée
et
nettoyée,
hormis
quelques petites poussières ça et là,
tout en gardant l´aspect un peu granuleux et vintage du titre. Le
son est une piste mono au choix en anglais ou en français, un
peu étouffée par le temps tout en restant de bonne qualité.
Initiative intéressante et originale de l´éditeur : vous pourrez
choisir la taille et la couleur de vos sous-titres sur le film.
ironiser sur l´inexpérience totale de l´équipe sur ce film (à
commencer par la sienne), et nous fait l´inventaire des bourdes
que le tournage a dû essuyer. Comme cette anecdote où John
Dods s´est trouvé comme un idiot à quelques heures du
premier coup de manivelle : ayant construit la grosse créature
dans sa propre cave, il n´avait pas pensé que sa taille
l´empêcherait de passer les portes afin de quitter son atelier.
Si le disque US proposait une dizaine de minutes de Making
Of en Super 8 muet (principalement des images des coulisses
des effets spéciaux), l´éditeur à l´excellente idée de faire
commenter ces bobines par deux spécialistes des effets
spéciaux : le journaliste Julien Dupuy et le maquilleur JacquesOlivier Molon. Leurs propos passionnés associés à certains
trésors de trouvailles des effets de THE DEADLY SPAWN en
font un supplément à visionner
d´urgence pour qui s´intéresse aux
monstres et maquillages prosthétiques.
Passons rapidement sur une vidéo
d´audition des comédiens (de quoi
s´apercevoir que leurs jeux et leurs
textes n´étaient pas meilleurs en préproduction) pour nous arrêter sur une
visite exclusive de l´antre de Ted A.
Bohus, où ce dernier nous présente sa
collection de bibelots SF (dont
beaucoup de merchandising autour de
THE DEADLY SPAWN). Preuve en
est que le bonhomme est un vrai
amoureux du genre. La section
s´achève par une copieuse archive
photographique, dont certains clichés
sont commentés à nouveau par Bohus,
une courte et amusante présentation
du film au journal télévisé américain
de l´époque, puis par une collection de
bandes-annonces du film.
La qualité des bonus est bien
évidemment une valeur ajoutée
certaine à ce métrage oublié qui n´en
demandait certainement pas tant. Si
l´on précise que cette édition sera
vendue une quinzaine d´euros, la
redécouverte de ce petit film à la fois
maladroit et fun dans ses excès est
tout à fait recommandable.
Eric Dinkian
Niveau bonus, l´éditeur reprend une majorité de la grosse
section proposée par le Zone 1, tout en l´agrémentant à sa
façon. Si le commentaire audio réunissant entre autres le
réalisateur Douglas McKeown et John Dods a disparu, celui du
producteur Ted A. Bohus est présent et intégralement soustitré. Une gageure, tant l´homme est un moulin à paroles.
Résultat, ce commentaire est extrêmement sympathique et se
suit avec humour et intérêt. L´homme ne se fait pas prier pour
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