beastly boyz

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BEASTLY BOYZ
Titre original : BEASTLY BOYZ
Autre titre : BEASTLY BOYS
Année : 2006
Nationalité : Canada
Acteurs : Sebastian Gacki, Emery Wright, Kyle Schwitek, Charlie Marsh, Andrew Butler, Tyler Burrows,
Neil William Hrabowy, Dean Hrycan & Valerie Murphy
Réalisateur : David DeCoteau
Scénario : David Grove & David DeCoteau
Musique : Joe Silva
l´autre. Et sur cet argument basique, ses aspirations (et celles
de ses fans) prennent le fan sur l´exercice filmique qui consiste
à suivre les corps de ses acteurs.
Dans la vraie vie, j´aime faire du VTT. Traverser des
paysages verdoyants, par monts (par mon quoi ?) et par vaux,
foncer dans la campagne. En rentrant, parce que l´effort fait
suer comme une bête, prendre une bonne douche, c´est ce qu´il
existe de mieux. Troy, lui, n´est pas dans la vraie vie. Il joue le
rôle d´un cycliste dans BEASTLY BOYZ. Et quand il rentre de
randonnée en VTT, il se met en caleçon et s´allonge sur son lit,
sans se laver, le sale. Troy ne se lave pas. Troy ne sue pas.
Troy est parfait. C´est beau, un film.
Tourné en Super 16mm pendant sept jours, BEASTLY
BOYZ témoigne de la prise d´une nouvelle direction artistique
prise par David DeCoteau. Tournage en décor naturels,
matériel léger réduit au minima, comme pour le budget, les
dialogues –il n´y en a pratiquement aucun-, les fringues des
acteurs et le scénario. Souhaitant expérimenter et adapter les
demandes des nombreux fans qui visitent le site Internet de sa
société (Rapid Heart Pictures), DeCoteau a ainsi changé son
fusil d´épaule. A savoir, mettre l´emphase sur plus de nudité,
plus de violence et aller au cœur du sujet sans détour. Que les
spectateurs espérant qu´il revienne à ses bimbos dénudées du
début de sa carrière remontent leur pantalon, il n´y a que des
«himbos» à espérer sur BEASTLY BOYZ. En fait… il n´y a
que ça.
L´approche est expérimentale pour sûre, comme il l´indique
dans son commentaire audio. Le scénario est réduit à sa plus
simple expression : un vague synopsis en crise d´anémie qui
relève de l´excuse cinématographique. Un jeune homme venge
la mort de sa sœur. Elle lui communique lors de séances de
spiritisme le nom de ses agresseurs qu´il tuera l´un après
On assiste un peu médusé à un entraînement gymnique qui
dure huit minutes(les gymnopédies d´Erik Satie ne sont pas
loin), un semblant de tai chi… en fait, on s´en contrecarre
totalement, le but ultime étant de faire profiter au spectateur la
plastique impeccable de ses acteurs. Le héros, Sebastian Gacki,
est également le héros de BROTHEROOD IV : THE
COMPLEX, largement plus réussi que cette bande à
destination quasi exclusive du public gay ou gay-friendly.
Gacki est un gars qui fait tout ce qu´il peut mais qui n´y peut
rien : ses roulements d´yeux, ses déshabillages successifs et
son obsession de laisser courir la lame de son couteau sur le
corps des assaillants de sa sœur ne changent en rien la donne.
On s´ennuie ferme.
Les Boyz en question ne sombrent pas vraiment dans la
bestialité non plus. Le «plus de nudité» s´avère une gageure, à
savoir que lorsqu´on parle de nudité, il faudrait qu´on parle le
même langage. Oui, les jeunes hommes en boxer moulant sont
largement plus à l´écran que dans ses autres films. Mais non,
ils ne sont pas nus. En fait, DeCoteau indique clairement là
aussi dans son commentaire qu´il trouve beaucoup plus sexy de
ne rien dévoiler de facto à la caméra. Le film tomberait alors
dans le créneau du film érotique softcore, ce que BEASTLY
BOYZ ne souhaite pas être. Il est ainsi aisé de voir que
DeCoteau ne filme que ses propres fantasmes, au détriment de
son audience. Quoique, finalement, vu que le DVD a été tiré
uniquement à 5.000 exemplaires… tous signés de la main du
maître et avec une ribambelle de sous-titres tous effectués par
les amis de DeCoteau à travers le monde… on se dit que
l´opération, certes délicate d´être rentable, ne sera peut être pas
si difficile que cela ?
Plus de violence ? Ce qu´on peut être bête, parfois. Elle n´est
présente que dans la titillation ou à la rigueur dans la première
scène où le sang gicle partout. Pas de plaie, pas de gorge
tranchée, juste un geyser de sang dans une douche. Bien
maigre, comme bestialité. Le tout se veut provocant, mais rien
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de viscéral ne se déclenche. L´attente du meurtre ne devient en
aucun cas synonyme de peur ou d´effroi. Et la sensation
d´isolement que DeCoteau souhaite donner à ses personnages
dans cet univers boisé loin de tout ne fonctionne que de
manière épisodique.
Au-delà de cet exercice, au-delà de la notion de cinéma se
trouve la question : pour qui DeCoteau filme-t-il tout cela ? Il
précise s´être autofinancé, faute de n´avoir pu trouver de fonds
nécessaires pour filmer ce BEATSLY BOYZ, les financiers
éventuels étaient effrayés par la nature trop explicite du projet.
Pour cause de vide intersidéral de l´ensemble ? La scène de
séduction dans BROTHEROOD IV : THE COMPLEX étant
autrement plus troublante que ces interminables séquences de
couteau qui se ballade sur des abdos certes irréprochables. Et
jamais l´analogie "couteau = pénis" ne se sera faite aussi
évidente que pendant l´attente du meurtre. La lame parcours
l´échine dorsale des victimes potentielles, jusqu´à la base du
postérieur, descend un chouia plus bas pour remonter jusqu´à
la base du cou… pas moins de sept
fois, le tout en plan séquence sous les
yeux hallucinés de Sebastian Gacki et
du spectateur qui se demande quant
est-ce que tout cela va s´achever. Et
rebelote sur un autre assaillant ligoté
–une tentative de bondage ratée- à une
poutre en hauteur, idem pour un autre
sous la douche… le côté répétitif de
l´entreprise prend le pas sur le reste.
Et aucun dispositif filmique n´arrange
cette déraison scénaristique.
A propos de douche, David a tout
de même compris que prendre une
douche en sous-vêtement comme dans
BROTHERHOOD 3, c´est totalement
ridicule. La scène se fait donc ici à
poil, mais avec la caméra s´arrêtant
juste quant il faut. Ce qui résume ce
BEATLY BOYZ, à savoir une
combinaison d´énervement et de
frustration. Enervement car la mise en
image naturelle, sans fioriture, peut
sembler une nouveauté pour qui
connaît les effets de lumières, orages,
éclats et autres filtres élégants que le
père DeCoteau utilise comme de
fabrique. Mais la vacuité de ce qui est
filmé laisse perplexe. Et la frustration
de voir qu´il ne s´agit qu´un étalage de
mise à mort qui ne laisse transpirer
qu´un érotisme certes sûr, mais dépassé, et d´où ne s´échappe
aucune violence…
Le DVD est ici présenté dans sa version Director´s Cut et en
format original 1.85. Le télécinéma a été effectué directement
en haute Définition depuis le négatif original, aucune copie
n´ayant été tirée. On peut remarquer une sensation de voile
légèrement grisé et quelques griffures le long du film. Une
compression pas toujours optimale et quelques légers
tremblements se font également sentir (pour être tout à fait
juste, on pourra aussi mettre ces tremblements sur le compte
d´une caméra parfois instable, ce que semble confirmer David
DeCoteau dans son commentaire.) Le transfert est en 4/3 et
David DeCoteau justifie l´absence de 16/9 du fait du nombre
d´emails négatifs reçu des précédentes éditions de ses films
proposé dans ce format (à savoir, en Zone 1, LEECHES et
SPEED DEMON). Faut-il écouter ce que le public veut de
manière unilatérale ? Il y a des jours où il vaudrait mieux
trébucher sur une tronçonneuse tournée vers le haut plutôt que
de répondre oui.
Toujours sous la supervision du réalisateur/coscénariste/producteur, le DVD ne contient qu´un seul chapitre.
Trouvant le choix des chapitres inutile, le spectateur se trouve
réduit à une option : voir le film d´une seule traite, ce qui
demeure rude (dans le choix comme dans la vision). Il aurait
aussi pu superviser la jaquette du DVD : une splendide faute
d´orthographe en plein milieu : la traduction littérale française
aurait du être "Garçons Bestiaux" et non pas "Garçons Bestial"
!
Dans le commentaire audio (parfois difficilement audible, il
faut bien tendre l´oreille !) DeCoteau crache son venin sur
l´ensemble de sociétés d´éditions de DVD qui font mal leur
travail. A savoir lancer sur le marché des éditions «merdiques»
(ce sont ses termes !), en plein cadre et sans aucun bonus,
comme certaines éditions de ses films.
Selon lui, ce que veulent les fans, ce
sont des films en version originale, au
format respecté et des bonus qui en
valent la peine. Et cette édition
canadienne de BEATSLY BOYZ vaut
largement le détour. En effet, en
dehors du très riche commentaire
audio, on y trouve un Making of de 69
minutes (un hasard ?) sur les
conditions extrêmes de tournage du
film. Réalisé par Graham Kosakoski,
(un des acteurs sur BROTHEROOD
IV et directeur de production sur
BEASTLY BOYZ), on y trouve
interviews des acteurs, du directeur
photo… le documentaire effectue un
tour très complet (et non formaté) de
tous les protagonistes & intervenants
durant la production du film. Y
compris sur l´enregistrement des voix
off et la direction d´acteurs !
Des sous-titres en rafale complètent
le tout, pas de zonage. Tout est fait
pour la vente du produit (pourtant hors
des circuits habituels) à un plus large
public fan des films du Seigneur des
Boxers. Là où il a du fumer un peu
trop le coton des sous-vêtements de
ses acteurs, c´est quand il annonce que
BEATSLY BOYZ est une sorte de
mélange entre KILL BILL, UN JUSTICIER DANS LA
VILLE, HOSTEL et du… Jean Rollin ?!?!!!???
Car le film se termine (heureusement) au bout de 74 minutes
et on se dit que, peut être, on est passé à côté de quelque chose.
Et si ce cinéma favorisait uniquement le sensoriel et le sensuel
? BEASTLY BOYZ est une déclaration d´amour à des corps
humains. O.K. Mais aussi sensuel que cela soit, fallait-il que
ce soit aussi ennuyeux ? Désolé, David, je t´aime bien, mais
BEASTLY BOYZ se résume à un grand cri muet dans un jour
silencieux.
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Francis Barbier
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