Spectacles Petite Enfance : phénomène de mode ou projet de société

Transcription

Spectacles Petite Enfance : phénomène de mode ou projet de société
SPECTACLES PETITE ENFANCE :
PHENOMENE DE MODE OU PROJET DE SOCIETE ?
Mémoire présenté pour l’obtention du :
DESS Management du Spectacle Vivant
Promotion 2003-2004
Directeur de mémoire : René LAFITE
Dominique FONCK - LE DEAULT
Brest, octobre 2004
(extrait)
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Sommaire :
SPECTACLES PETITE ENFANCE :
PHENOMENE DE MODE OU PROJET DE SOCIETE ?
Introduction
I.
DU SPECTACLE VIVANT POUR LES TOUT PETITS
1.
Un autre regard sur l’enfance
1.1
Le bébé : de l’objet au sujet
1.2
Les crèches : de la garderie-parking à l’éveil des bébés
2.
Les premières expériences de spectacle vivant pour les tout petits
2.1
Evolution historique
En France
Les défricheurs
Le festivals Ricochets
En Belgique
Des défricheurs…
…à la création de festivals
2.2
Une évolution contestée
3.
Le tout petit enfant peut-il être spectateur ?
II.
UN ART SPECIFIQUE POUR UN PUBLIC SPECIFIQUE ?
1.
Les caractéristiques des formes artistiques proposées aux tout petits sont- elles
induites par leur perception?
1.1
La durée du spectacle : des formes courtes
1.2
Un rythme organique
1.3
Un espace scénique intimiste
1.4
Sortir d’une structure narrative pour arriver à une structure poétique
1.5
Le jeu : pour un théâtre de l’épure
2
2.
1.1
2.2
3.
Une esthétique spécifique pour créer du sens
Texte ou absence de texte
Les modes d’expression utilisés dans le processus artistique : la
transversalité des langage
Une fascination pour les origines de la vie
3.1
‘’Un regard premier’
3.2
Un espace de création qui ré-interroge le théâtre
4.
Un théâtre expérimental ?
III.
LES ENJEUX
A.
DES ENJEUX ARTISTIQUES ET CULTURELS
1.
Risques de dérives : une responsabilité partagée
1.1
La responsabilité des programmateurs
1.2
Elargir l’espace où l’enfant peut s’ébattre mentalement : de la responsabilité des
artistes
1.3
La responsabilité des adultes-accompagnateurs
2.
Le spectacle vivant « petite enfance » : un phénomène de mode ?
2.1
Le petit enfant objet de toutes les attentions
2.2
Ne pas confondre éveil artistique et activisme
2.3
Un temps d’éveil où l’enfant va penser le ‘’vide’’
2.4
Les spectacles ‘’petite enfance’’ : un éveil émotionnel
3.
La relation triangulaire : une relation partagée
4.
Spectacle et transmission
3
B.
SPECTACLE PETITE ENFANCE, UN PROJET DE SOCIETE
1.
Un projet de démocratisation culturelle
1.1
L’art transforme le monde : la médiation par les artistes
2.
Et si le spectacle vivant « petite enfance » était nécessaire ?
3.
Un projet de société
Conclusion
Descriptif des spectacles proposés
Bibliographie et Annexes
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« Créer pour la petite enfance, c’est prendre un petit chemin sauvage en friche, caché
derrière de grandes herbes folles »
Chantal LEMPEREUR, metteur en scène
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Spectacles « petite enfance » : phénomène
de mode ou projet de société ?*
(*)Ce titre est emprunté à une problématique posée à l’occasion de la dernière
édition du festival Ricochets,[1] festival des arts destinés au jeune public, en 2002, auquel
la revue Regards[2] a consacré un numéro spécial, la même année, à l’occasion du festival
Méli’mômes[3] à Reims.
Introduction
Quelle est la place de l’enfant au sein de notre société ? Si l’on considère le tout
petit enfant comme personne à part en entière, cela laisse supposer qu’il a le droit,
comme un adulte, d’accéder à la culture. Et en effet, de multiples propositions culturelles
destinées aux enfants existent. Mais la télévision, l’imaginaire parfois « simpliste » des
productions telles que « Walt Disney » (entre-autres) ont tendance à symboliser, voire à
survaloriser, notre société de consommation. Elles font partie de la vie quotidienne des
enfants et cela, dès leur plus jeune âge et représentent l’essentiel de leur univers
« spectaculaire ».
Comment dès lors, avoir la possibilité de leur offrir d’autres
perspectives que celles proposées par la société marchande ?
Le spectacle vivant en direction de la petite enfance est un phénomène récent dans
l’histoire du théâtre. Aujourd’hui, la place des spectacles pour les tout petits tend à se
développer au sein des programmations et des structures culturelles. Pourtant, bien que
le spectacle en direction du jeune public s’impose depuis près d’une trentaine d’années,
longtemps, la question de la programmation pour la petite enfance a été éludée. Or, elle
nous semble fondamentale et, à travers l’interrogation liminaire de ce travail – spectacles
« petite enfance » : phénomène de mode ou projet de société ? – ce sont les dynamiques
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qui sous-tendent l’intérêt croissant envers cette tranche d’âge que nous chercherons à
explorer.
S’agirait-il d’une opportunité à saisir pour des artistes en quête de public ? L’attrait
observé pour ce genre de propositions ne serait-il qu’un phénomène de mode passager,
une conséquence d’un certain « jeunisme » contemporain ou bien l’expression d’une
quête
de
l’innocence,
fantasmée
par
les
adultes (qu’ils
soient
artistes
ou
accompagnateurs) ?
Si l’on suppose cependant que nos enfants se construisent pour demain une
conscience citoyenne et politique et que l’art en général, et le spectacle vivant en
particulier, participent à la construction de l’individu et lui permettent de s’ouvrir au
monde, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les tout petits ? S’imposent alors à
nous de nouvelles perspectives.
Pourquoi proposer des spectacles à des enfants qui, trop petits, ne peuvent saisir
les codes du théâtre et entrer dans l’univers artistique qui leur est proposé ? A Marne-LaVallée, à l’occasion de la biennale 92 du festival Ricochets, Anne-Françoise Cabanis[4] et
Joëlle Rouland[5] se sont emparées de ce questionnement initiant un véritable
mouvement auprès des créateurs, des artistes, mais pas seulement…
Considérant le bébé comme spectateur à part entière et jugeant qu’à ce titre, il a
droit à un spectacle de qualité, pensé et réalisé par des professionnels du spectacle,
Anne-Françoise Cabanis tente peut-être là un pari un peu fou de théâtre…
Mais dans le même temps, l’intérêt porté à ce type de proposition artistique est allé
de pair avec celui dont témoignaient les professionnels de la petite enfance. L’émergence
des pratiques culturelles et artistiques à l’intention de très jeunes enfants a été favorisée
par l’évolution de la société et par une connaissance (d’un point de vue scientifique,
psychanalytique et pédagogique) plus approfondie du bébé.
La première partie de ce mémoire va s’efforcer de rendre compte de cette évolution
qui conduit à l’émergence du concept de « bébé spectateur ».
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Mon expérience en qualité de médiatrice culturelle à Très Tôt Théâtre chargée de
l’accueil du public, notamment sur les spectacles « petite enfance », m’a amenée à
m’interroger sur ces formes artistiques et sur la démarche qui avait motivé les artistes à
s’engager sur le chemin de la petite enfance. Parce qu’elles questionnent le théâtre et
qu’elles s’adressent à un public, il me semble important de nous interroger quant à leurs
objectifs, leur impact, voire leur spécificité. Doit-on parler d’un art spécifique adapté à ce
tout jeune public ? Ces créations obéissent-elles à des règles précises ?
Fondant ma réflexion à partir de créations au cours desquelles j’ai été amenée à
rencontrer des artistes et des enfants, j’ai tenté d’apporter les prémices d’une explication
qu’il serait ambitieux de qualifier de réponse définitive. Dans la deuxième partie de ce
mémoire, mon analyse s’appuie, essentiellement, sur des spectacles auxquels j’ai assisté,
sur des propos rapportés par les artistes que j’ai pu rencontrer.
Aujourd’hui, l’éveil culturel et artistique du jeune enfant est une idée qui a fait son
chemin. En France comme en Belgique mais aussi en Italie, en Grande- Bretagne, au
niveau européen même, l’offre des spectacles pour bébés devient importante. Un
véritable marché s’est ouvert. Mais comme le souligne Anne-Françoise Cabanis, si l’on
peut se réjouir du développement du telles propositions, il semble essentiel de maintenir
un niveau d’exigence artistique pour que cette action demeure habitée de sens et ne
réponde pas simplement à un phénomène de mode.
La troisième partie s’attachera donc à poser les enjeux de ce type de propositions.
Quels en sont les enjeux artistiques mais aussi quel enjeu politique ? Si le spectacle vivant
en direction de la petite enfance nécessite la présence et l’accompagnement de l’adulte, si
l’art est le bien de tous et doit, par conséquent, être rendu accessible à tous, comment les
artistes vont-ils œuvrer pour rendre leur art accessible à ce public particulier ? Le choix
des propositions artistiques et la manière dont elles sont reçues nous offrent un terrain
d’observation privilégié sur la façon dont on considère l’enfant au sein de la société.
L’ambition de poser l’acte artistique au centre de la vie d’un tout petit, revendiquée par les
artistes et les créateurs, ne répond-t-elle pas au besoin d’envisager la culture d’une
manière différente que celle – standardisée- qui nous est imposée via les médias ? Une
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réflexion à laquelle, j’espère, vous convier à la lecture de ce mémoire.
Merci de contacter Dominique LE DEAULT à Très Tôt Théâtre (Quimper)
Tél : 02 98 64 20 35 / E-mail : [email protected]
[1] RICOCHETS, Première Biennale des Arts de Marne-La-Vallée pour enfants de 0 à 7 ans initiée par la
Scène nationale la Ferme du Buisson en 1992.
[2] REGARDS, revue éditée par l’association Nova Villa à l’occasion du festival jeune public Méli’mômes ,
Reims, novembre 2002.
[3] MELI’MOMES, festival jeune public créé en 1989 à Reims par l’association Nova Villa dont la direction
artistique est assurée par Joël SIMON.
[4] Anne-Françoise CABANIS, à l’époque, déléguée générale de la biennale et responsable du secteur jeune
public de la Ferme du Buisson. Aujourd’hui, coordinatrice du projet européen « Culture 2000 » pour la
création petite enfance.
[5] Joëlle ROULAND, auteur et metteur en scène jeune public.
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