Titre original : PULSE Année : 2006 Nationalité : Etats

Transcription

Titre original : PULSE Année : 2006 Nationalité : Etats
http://www.devildead.com
PULSE
Titre original : PULSE
Année : 2006
Nationalité : Etats-Unis
Acteurs : Kristen Bell, Ian Somerhalder, Christina Milian, Rick Gonzalez, Jonathan Tucker, Samm Levine,
Octavia Spencer, Jeremy Guskin, Ron Rifkin, Joseph Gatt, Kel O'Neill, Zach Grenier & Brad Dourif
Réalisateur : Jim Sonzero
Scénario : Ray Wright & Kiyoshi Kurosawa
Musique : Elia Cmiral
Dans la rafale de versions américanisées de succès
cinématographiques asiatiques, le KAIRO de Kyoshi
Kurosawa a trouvé preneur chez Distant Horizon et Dimension
Films. Cela se nomme désormais PULSE. Une sortie en salles
tronquée aux USA, un tantinet sacrifiée en France par un
distributeur qui ne semblait pas y croire. Des résultats
médiocres, des bruits de charcutage du film par les producteurs
et un produit fini aux fortes odeurs d´inachevé. Voici
maintenant que débarque l´édition DVD Française, un bon
moment afin de faire le point une fois la tourmente passée. En
préambule, petite précision : nous évacuerons tout de suite la
comparaison malheureuse que PULSE pourrait avoir avec son
original. Ce n´est pas le sujet de cette chronique.
A la faveur du suicide de son petit ami (Jonathan Tucker),
Mattie (Kristen Bell) décide de pousser ses investigations. Ses
amis semblent tous être victime d´un même syndrome
suicidaire après s´être connecté sur internet. La vague de
suicides s´étendant petit à petit, il semble que des spectres
venant du cyberspace aspire toute velléité de vie chez certains
internautes.
Dégagé ainsi de toute velléité de mettre en parallèle la peur
viscérale et culturelle japonaise d´une certaine éviscération de
l´inconscient collectif, que reste-t-il de PULSE ? Tout d´abord
une genèse douloureuse. Cela semble d´ailleurs être une
marque de fabrique lorsqu´on considère les projets soutenus
par Dimension films et impulsés par les frères Weinstein. A
voir les destins contrariés de VENOM, CURSED ou
dernièrement le remake de BLACK CHRISTMAS et les
innombrables tripatouillages, coupes, retournages de scènes
dont ils ont été victimes, on se dit que PULSE a du subir
quelques coups de boutoir. Tout d´abord initié par Wes Craven
(ici crédité en qualité de co-scénariste), le film a été mis en
stand-by puis relancé pour échoir à un réalisateur publicitaire
du nom de Jim Sonzero. Une fois tourné, le film a bénéficié
d´une polémique sur le fait d´avoir été coupé afin d´avoir un
classement seulement interdit aux mois de 13 ans aux USA
(«PG-13»). Et donc de s´adresser plus au public de la série
surnaturelle VERONICA MARS dont est issue l´héroïne,
Kristen Bell. Mauvais calcul. Le film s'est pris une veste à peu
près partout à travers le monde afin de ressurgir dans une
version dite «Unrated» en Zone 1. Il manquait visiblement
deux scènes : un suicide du haut d´une tour et un avion en
flammes s´écrasant sur la ville.
Une première partie assez adroite focalise les relations entre
les protagonistes sur ce qu´elles ont de déshumanisées. On se
parle par SMS, par chat, on télécharge sur Internet des films…
tout passe par la technologie. La valeur humaine est
définitivement en baisse sur le marché relationnel. Comme si
un fantôme électronique s´était emparé de la conscience de
chacun. C´est petit à petit l´argument que va mettre en avant le
scénario, via la phrase qui initie le cycle de fin de vie «voulezvous rencontrer des fantômes ?» qui apparaît sur les
ordinateurs. Virus ? Conscience de la machine ? Tunnel d´entrée
sur le monde des vivants de la part de fantômes ? Ou passage de
sortie pour les derniers «êtres humains» happés par la
technologie ?
Pour aller de concert dans cette direction, l´ancien
réalisateur de pub Jim Sonzero donne une tonalité très froide à
son film (du gris, du bleu...). Le peu de couleurs chaudes
apparaissant se trouve être le fameux ruban adhésif rouge qui
protège des fantômes (pourquoi, on ne le saura pas) ou encore
le peu de sang que le réalisateur nous donne à voir. On assiste
ainsi à une certaine cohérence et un soin particulier a été
apporté au visuel de PULSE.
Quelques effets spéciaux «fantomatiques» de spectres
hurlants, s´abattant sur des voitures, s'extirpant des écrans,
surgissent ça et là. Il faut avouer qu´ils demeurent à peine dans
la moyenne de ce qui se fait aujourd´hui. Le spectateur est gréé
à PULSE de ne pas sombrer dans le nième film de fantômes
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 1 sur 3
avec idiotes à cheveux longs qu´Hollywood nous a gratifié
depuis quelques temps (THE GRUDGE et THE GRUDGE 2,
au hasard, remakes de films asiatiques aussi par ailleurs…).
L´irruption d´Internet et de ses possibilités dans le mode de
communication bat d´ailleurs son plein. CRY_WOLF en est
par exemple un des derniers avatars. Mais la qualité des effets
spéciaux laisse quand même parfois à désirer. Comme, par
exemple, lors de la scène où Mattie remarque un spectre dans
sa baignoire, à la surface de l´eau. Dans un produit vidéo Nu
Image, on est au niveau de l´acceptable mais, ici, cela devient
risible. Et la plupart des effets sont au diapason malgré les
efforts fournis.
Une scène retient cependant l´attention, celle de l´agression
d´Octavia Spencer dans la laverie. La créature sortant du
séchoir est impressionnante. Il s´agit bien du seul plan
surprenant de PULSE. Un autre plan se voulant «choc» tombe
quelque peu à plat du fait d´un sentiment de déjà-vu. Celle où
Kristen Bell et Ian Somerhalder fuyant en voiture sont percutés
par un autre véhicule. La caméra est dans la voiture, montrant
le visage de Mattie à la place passager avant et, en même
temps montrant l´autre voiture, se télescopant latéralement. Ce
plan similaire a déjà été utilisé à
plusieurs reprises par le passé : dans
MEMOIRE EFFACEE de Joseph
Ruben ou encore KOMA de ChiLeung Law. A force, le spectateur
devient conditionné et attend à ce que
l'événement se produise.
Ainsi voit-on le problème majeur
du film. Tenter de faire original avec
un sujet déjà traité, des personnages
aussi transparents que les fantômes
dont il parle et avec un visuel certes
cohérent mais n´imitant que ce qui a
déjà été fait auparavant. On assiste à
un produit professionnellement et
consciencieusement réalisé mais qui
ne touche rien de neuf et n´apporte
rien de novateur. Le pire, aussi, c´est
de traiter d´un certain vide des
rapports humains à travers des
personnages qui sont à peine effleurés.
On croit la véritable nature de l´amitié
qui lie Mattie au reste du groupe au
début du film. Mais l´étude de
caractères est quasi nulle : on ne peut s´attacher en rien à qui
que ce soit au delà de ce constat. Les acteurs n´ont quasiment
rien à faire. Ian Somerhalder et Kristen Bell en tête, même s´ils
en sortent de manière honorable de leur travail. Les seconds
rôles remplissent leur contrat. Brad Dourif vient pousser son
grognement (le ridicule n'étant pas loin). On sent la mécanique
huilée mais l'âme cinématographique est en panne.
Et pour le reste, les intentions restent au stade de
l´incomplétude. Le film ne fait ni jamais peur, ni véritablement
appel au malaise. Ou alors peut être pour un public adolescent
peu exigeant. Et encore. Il semble parfois sans vie, un peu
comme chacun des protagonistes qui se voit privé de sa force
vitale et finit par se suicider. On ne peut nier un ton
volontairement pessimiste. Notre mode de vie est en danger : la
technologie moderne, c´est la mort, voir la fin du monde. Parti
de ce postulat, le film déroule le tapis rouge du pire qui puisse
arriver. Un rejet des technologies de communication telles que
nous les connaissons.
Dans Sonzero, il y a son. Celui de cette édition DVD est
particulièrement faiblard au niveau qualitatif. 5.1 ou DTS, tout
est assez plat, sans relief sonore. Très attristant. On sent une
certaine richesse sonore dans les effets, mais rien de
véritablement enveloppant. Il faut vraiment pousser son ampli
afin d´obtenir un semblant d´univers sonore. Nous passerons
sur la piste stéréo (française ou anglaise) qui là aussi n´apporte
strictement rien. La plus grosse déception vient de la piste
DTS. Certaines éditions sorties chez TF1 Video, qui proposent
toujours les pistes Dolby Digital 5.1 et DTS, avaient pour
qualité de posséder des pistes DTS de qualité (le médiocre
SOUS LE SILENCE de Tom McLaughlin ou encore UNE
AFFAIRE PRIVEE de Guillaume Nicloux). Ici, c´est loin
d´être le cas. Peut être du fait de la présence d´une palette
complète sonore (Dolby 2.0, Dolby 5.1 et DTS que ce soit pour
le doublage ou la version originale), on assiste à une sorte de
rognage sur le qualitatif. Qui plus est, les sous-titres ne sont
pas amovibles, probablement bloqué par contrat.
Visuellement parlant, le film souffre tout d´abord du côté
blême voulu par le réalisateur. Les scènes sombres passent
relativement mal sur un écran TV, même si l´on dénote une
certaine qualité dans les contrastes et le transfert des couleurs à
majorité froides de l´ensemble. De ce
fait,
certains
effets
spéciaux
numériques passent relativement mal
(comme celui du suicide du haut
d´une tour, très visible). Malgré cela,
l´agrément du transfert 16/9 apporte
un ensemble de belle qualité, sans
aucun grain ni griffure et doté d´une
compression honorable.
Les bonus (tous en version anglaise
et sous-titrés en français) reprennent
peu ou prou ceux existants sur
l´édition américaine. Sont manquants
à l´appel le film annonce et les
commentaires audio de Gary J.
Tunnicliffe (pour les maquillages) et
Jim Sonzero, puis celui des
producteurs Mike Leahy et Joël
Soisson, le superviseur des effets
spéciaux Kevin O'Neill, le monteur
Kirk Morri, et l´acteur Samm Levine.
Douze chapitres, une durée de film
de 79 mn et au final générique de fin
compris, 84mn34 (Zone 1 : 88 mn, la différence venant de la
vitesse due au système NTSC vs PAL). Quelques aspects
nébuleux du film se verront-ils expliqués par les scènes
coupées ? Jim Sonzero se plaint que certaines séquences furent
coupées au montage. La section «Scènes inédites» offre sept
scènes dont une fin alternative qui heureusement est restée sur
le carreau. Parmi l'une d'entre elle, on notera aussi un titrage
sensé indiquer le nombre de jours, une information absente
dans le film terminé. Le reste demeure sans intérêt pour la
narration, laborieuses tentatives avortées de faire évoluer le
caractère des protagonistes («Dexter achète un ordinateur»
représente le sommet du gouffre vide de ces scènes).
La Making Of très formaté donne quelques courtes
interviews des acteurs et actrices (dont on apprend avec une
joie immodérée que Jim Sonzero leur a permis de rester sexy
sur le tournage. Quelle nouvelle !), des effets spéciaux tournés
en live, et un aperçu de la méthode Sonzero. Jim Sonzero a de
beaux tatouages sur les bras. Passons... Les effets spéciaux du
film, rythmés par l´intervention de Kevin O'Neill, montre
l´écart qui sépare les bonnes intentions de ce qu´on voit à
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 2 sur 3
l´écran. On reste dans le domaine de l´honnête travail (le pire
étant les scènes où Mattie déambule dans l´autre monde). Mais
heureusement, le décrochage de mâchoire arrive avec le
documentaire PULSE et le paranormal, où on assite à des
interventions de chasseurs de fantômes travaillant sur le SciFi
Channel et intervenant en public, de responsable universitaire
investiguant les effets paranormaux (et on pense tout de suite à
LA VOIX DES MORTS)… afin de raccrocher PULSE au
wagon de manifestations qui peuvent être réelles. Et on se
demande quand même où veulent en venir les producteurs des
DVD ?
Un sentiment partagé domine la plupart du temps. On ne nie
pas la volonté de créer un univers noir, sans issue, pointant le
dénuement d´une génération incapable de communiquer et
d´aller au bout de son discours. Bien. Mais la manière de le
montrer inspire plus l´ennui que la peur, la frayeur ou l´effroi.
On reste au final sur des spectres qui errent dans des caves ou
des couloirs. Donc PULSE se rattache à la cohorte de films de
couloirs. Les sursauts sont téléphonés, les personnages n´ont
pas grand-chose à faire si ce n´est regarder la caméra, sourire,
avoir peur, courir. Aucune ambiguïté, aucune humanité avérée
pour qui que ce soit. Et ce n´est pas une tentative de fin
dramatique qui rattrapera la vacuité de l´ensemble. PULSE
devient, de guerre lasse, un produit opportuniste de
consommation courante, noyé dans une masse de produits sans
âme, jetant son dévolu sur la forme pour tenter de se distinguer
du reste. Qui PULSE le plus, pulse le moins. C´est le moins qui
l´emporte, sans équivoque.
Francis Barbier
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 3 sur 3

Documents pareils