Intervention de Cédric MOREL, Région Haute-Normandie
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Intervention de Cédric MOREL, Région Haute-Normandie
« ATOUMOD » la mutualisation au service des usagers en HauteNormandie Cédric MOREL, Chef de projet, Région Haute-Normandie Les objectifs de service du projet Le dispositif qui est en service depuis plus d’un an regroupe 15 autorités organisatrices de transport ou AOT (la Région Haute-Normandie, les deux Départements, 6 agglomérations et 6 communes). Elles sont toutes en charge d’organiser les transports sur leurs périmètres respectifs et elles ont décidé de se fédérer pour mettre en place à la fois une billettique commune qui se matérialise par la carte « ATOUMOD », un système d’information voyageur multimodale matérialisé par le portail atoumod.fr, une tarification multimodale qui est en service sur une partie du territoire avant un déploiement plus général, et une communication commune. Pour chacun de ces volets, un chef de file a été nommé. Le projet de service Le référentiel fonctionnel commun haut normand prévoit la mise en place d’un support unique, la carte Atoumod, qui permet de se déplacer sur tous les réseaux de transport de Haute-Normandie. Pour voyager sur tous ces réseaux de transport on doit acheter des titres de transport. Il existe environ 300 produits tarifaires pour tous les réseaux (environ 20 produits par réseau) ; ils ont tous été « billettisés ». En outre, les AOT ont tiré parti de ce support unique pour mettre en place des tarifs multimodaux, pour simplifier l’accès au transport, créer un effet prix pour l’usager et surtout lui permettre de ne faire qu’un seul acte d’achat. Ceci est relativement classique. Ce qui est plus ambitieux en Haute-Normandie qu’ailleurs, c’est la mise en place d’un service après-vente commun à tous les réseaux et à tous les transporteurs (une vingtaine de sociétés). La spécificité, c’est qu’un client qui a perdu sa carte peut se la faire reconstituer n’importe où sur le territoire ; non seulement la carte mais également tous les titres de transport qu’il a achetés, quel que soit l’endroit où il les a achetés. Illustration J’habite à Dieppe, je vais travailler à Rouen ; la gare routière de Dieppe, exploitée par Stradibus, me fournit une carte Atoumod et me vend un titre du réseau urbain de Dieppe, un titre TER pour aller jusqu’à Rouen et un titre du réseau de Rouen : en un seul point de vente je peux acheter tous mes titres de transport. Au cours de mon voyage je perds ma carte Atoumod à Rouen ; je peux me rendre soit à la gare routière de Rouen soit à la gare SNCF de Rouen, soit dans une agence du réseau urbain de Rouen qui sont exploités par trois sociétés de transport différentes pour reconstituer ma carte et tous mes titres. Si je suis en transit à Evreux je peux aller dans l’agence urbaine d’Evreux, où j’entre pourtant pour la première fois, qui me reconstitue ma carte et mes titres, alors même que je ne peux pas acheter ces titres de transport parce qu’il n’y a pas d’accord de vente croisée entre Dieppe et Evreux. L’idée est donc de mettre en place un réseau de distribution qui décloisonne complètement les frontières administratives, ce qu’on peut appeler la transparence pour les usagers. La mutualisation des moyens L’objectif n’était pas uniquement de mettre en place un service de haut niveau pour les usagers, mais aussi de réduire les dépenses publiques Concrètement, sur 15 réseaux de transport, 13 utilisent des équipements achetés dans le cadre d’un même groupement de commandes. En considérant que chaque réseau de transport se serait à plus ou moins court terme équipé d’un système billettique, on estime à environ 3.5 M€ l’économie réalisée en mutualisant. Il existe 3 groupements de commandes coordonnés par la Région : Un premier groupement de commandes pour l’achat du système billettique appelé SEC (structure d’exploitation commune) ; il correspond à tout ce qui est en bleu sur le schéma cidessus. En orange ce sont les systèmes externes : le système national SNCF, et les systèmes des agglomérations du Havre et de Rouen qui tiennent encore à communiquer sur leurs marques. Néanmoins ces réseaux utilisent des équipements Atoumod, y compris la SNCF à qui la Région a fourni des équipements de vente Atoumod qu’elle a achetés dans le cadre du groupement de commandes. La Région Haute-Normandie va donc au-delà de sa mission classique d’AOT puisqu’elle va jusqu’à équiper des transporteurs d’équipements de vente, de contrôle, de valideurs. Au milieu, la centrale Atoumod (SEC). C’est une base de données commune avec laquelle tous les systèmes externes communiquent. Pour que tous ces équipements communiquent (ce sont les flèches et les liens matérialisés en rouge) ils font l’objet d’un second groupement de commandes de « réseautique ». Enfin, le système est exploité par un gestionnaire commun aux 15 réseaux, qui fait l’objet d’un troisième groupement de commandes. Il assure des prestations d’administration et d’exploitation billettique, de tests d’interopérabilité, de service clientèle, de hotline et de formation auprès des exploitants, de statistiques, d’enquêtes ou de comptages et de gestion des recettes. L’interopérabilité technique L’interopérabilité technique consiste à distribuer un support de titres communément reconnu, la carte Atoumod, et traiter de manière homogène tous les réseaux de transport. Cela relève d’un travail à deux niveaux : sur le support : il s’appuie sur une norme éprouvée, nommée « Intercode » ; sur les systèmes constitutifs de l’écosystème Atoumod. Pour être en capacité d’acheter n’importe quel titre de transport sur n’importe quel type de système, il faut faire en sorte que les systèmes échangent des données de validation, des données de vente et des données d'annulation (listes noires). Cela repose sur une norme nouvelle, « Interbob », qui définit la façon dont on s’échange les données billettiques. Ces échanges de données entre les différents systèmes ne sont pas encore effectifs. Ils commenceront à être mis en place début 2015, les dernières campagnes de test étant concluantes. La gouvernance entre donneurs d’ordre Le dispositif Atoumod s’est construit sur la base d’une gouvernance relativement éclatée. Un protocole de gouvernance, qui a été signé en 2010, visait une recherche du consensus, mais sans fixer de règles de décision, l’idée étant que ceux qui veulent avancer puissent le faire sans que ceux qui ne le souhaitent pas bloquent l’avancée du projet. Cette gouvernance a tout de même permis la mise en place d’Atoumod, mais a montré ses limites en mode de gestion (il est difficile de prendre les décisions à 15). En janvier 2014, les élus ont donc décidé la création d’un syndicat mixte qui devrait voir le jour en avril 2015 (les statuts et le budget sont validés). Conclusion Atoumod prouve que la mutualisation, non seulement est possible, mais qu’elle est souhaitable. Elle va dans le sens de l’histoire et a d’ores et déjà démontré ses effets bénéfiques, notamment sur le plan économique et financier. De plus, le fait de disposer d’une base de données commune, constitue un outil d’analyse des déplacements à l’échelle régionale ; cela permet aussi d’harmoniser les procédures, d’harmoniser les fonctions, d’harmoniser les pratiques entre transporteurs qui voient également un intérêt à exploiter un outil fiable et moderne.