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La démission de Matteo Renzi va
peser sur les perspectives à long
terme de l’Italie
La défaite de Matteo Renzi sur le référendum ne lui laissait pas
d’autre choix que la démission. La pression se trouve accrue
sur la BCE pour maintenir son action
Le Premier ministre italien Matteo Renzi va démissionner après avoir perdu son
référendum sur les réformes constitutionnelles et électorales. Ayant misé sa
carrière politique sur le vote, la défaite (plus importante que prévue avec 59% de
« non ») ne lui laissait pas d'autre choix.
Azad Zangana
Stratégiste & Economiste
Une réforme électorale reste nécessaire
Matteo Renzi était le meilleur espoir de l'Italie pour mettre en œuvre les réformes économiques et structurelles
nécessaires, et son départ est donc un coup majeur pour les perspectives à moyen et long termes du pays. La question
posée lors du référendum était liée à des réformes électorales, qui auraient donné au parti au pouvoir plus de latitude pour
adopter des changements législatifs. Le système italien qui donne un pouvoir égal à la Chambre des députés et au Sénat
a créé un blocage et constitue un obstacle majeur à de plus grandes réformes économiques.
Le gouvernement de Matteo Renzi a déjà changé le système de vote de la Chambre des députés pour donner des sièges
supplémentaires au parti qui gagne le plus grand nombre de sièges, afin de réduire le recours à des gouvernements de
coalition. Un vote « oui » au référendum aurait achevé le processus de réforme en harmonisant le système au Sénat, et en
le ramenant à un rôle consultatif de contrepoids.
Avec le résultat du référendum, l'Italie a désormais un système électoral incomplet et incompatible. Cela devra être résolu
avant les prochaines élections de 2018, ce qui signifie que le prochain dirigeant italien aura à se charger de cette lourde
tâche au lieu de travailler à stimuler la croissance.
Des élections anticipées peu probables
Le président italien, Sergio Mattarella, va s’attacher à trouver un dirigeant intérimaire dès que possible, afin de minimiser
l'incertitude politique. Les favoris sont le ministre de l’Economie Pier Carlo Padoan, le président du Sénat Pietro Grasso et
le ministre du Développement économique, Carlo Calenda. Tous trois seraient de bons candidats, bien qu'il y ait une
chance que le président soit obligé de privilégier un technocrate non politique (comme Mario Monti en 2011-2013) en
l’absence d’accord sur le choix du candidat.
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Dans tous les cas, le risque d'une élection anticipée demeure faible. Elle pourrait permettre aux partis anti-establishment
comme le Mouvement Cinq étoiles ou la Ligue du Nord d'augmenter leur part de sièges. Tous deux ont gagné en
popularité ces dernières années tout en préconisant une politique anti-austérité ainsi qu’une sortie de l’UE et de l’euro.
Des perspectives économiques plus inquiétantes étant donné le retard des réformes
Le changement de leadership en Italie entraînera un retard dans l'introduction des réformes économiques et structurelles.
Sans ces réformes, l'Italie devrait rester bloquée dans une spirale déflationniste à faible croissance. Le vieillissement de la
population est un obstacle majeur, alors que les lourdes règles commerciales et les lois du travail complexes en font une
place peu attrayante pour les multinationales. Pire encore, un manque de croissance met en péril la viabilité des finances
publiques italiennes. Sa dette brute est la plus élevée d'Europe à 133 % du PIB et le service de la dette atteint 4 % du PIB
par an. Si les taux d'intérêt venaient à augmenter, le gouvernement aurait peu d'autre choix que de mettre en œuvre plus
d'austérité et nuire davantage à la croissance.
Réaction modérée du marché
Jusqu'à présent, les marchés ont été relativement calmes. Cela est dû au fait que les sondages d'opinion avaient anticipé
une défaite de Matteo Renzi depuis un certain temps, et les investisseurs ont donc réduit leurs positions en conséquence.
L'indice italien des actions FTSE MIB se traite à un niveau un peu plus bas aujourd'hui, mais depuis le début de l'année,
l'indice accuse une baisse d’un peu plus de 9 %. Cela représente une sous-performance importante par rapport au DAX
30 allemand (+ 13,6 %) ou au CAC 40 français (+ 13 %) sur la même période.
Parallèlement, le taux de l’emprunt d'État italien à 10 ans a augmenté de 0,139 point de pourcentage à 2,035 %. Comme
pour le marché boursier, les obligations italiennes ont vu leurs rendements augmenter ces derniers mois en prévision du
résultat. Tandis que les taux d'intérêt plus élevés augmenteront le coût des emprunts pour le gouvernement à la marge, le
taux d'intérêt moyen payé par le gouvernement est toujours supérieur à 3 % (en raison de la dette émise lorsque les
rendements étaient encore plus élevés). Par conséquent, l'augmentation du taux à ce jour n'aura pas d’impact majeur sur
les finances publiques.
Les banques italiennes sous haute surveillance
Les inquiétudes sur plusieurs banques italiennes vont persister. Un ratio élevé de prêts non-performants sur capitaux
propres est une préoccupation, et le sauvetage de ces banques pourrait maintenant être menacé. Cela pourrait entraîner
un «cautionnement» des investisseurs avant que le gouvernement ne puisse intervenir pour recapitaliser les banques. Le
problème est que beaucoup de ces investisseurs sont en fait des particuliers, avec peu de capacité à absorber les pertes.
Rien de tout cela ne sera facile à gérer, surtout si le manque de leadership persiste trop longtemps.
Augmentation de la pression sur la BCE
L'une des principales raisons de la faible réaction des marchés est l'effet modérateur du programme d'assouplissement
quantitatif de la Banque centrale européenne (BCE). L'achat en cours par la BCE d'obligations (y compris les obligations
italiennes) entraine une faible préoccupation par les investisseurs quant à un arrêt brutal de la demande. Toutefois, le
conseil de gouvernance de la BCE se réunira dans la semaine pour faire une mise à jour de ses perspectives et décider si
elle laisse ou non le programme d'assouplissement quantitatif s’étendre jusqu’en mars 2017 comme prévu initialement.
Étant donnés les événements en Italie, le programme d'assouplissement quantitatif de la BCE devient plus important que
jamais. Bien que n'étant pas destiné à renflouer les gouvernements, si la BCE annonçait une diminution des achats ou
une fin du programme, les investisseurs pourraient paniquer et vendre massivement leurs obligations gouvernementales
italiennes. Cela pourrait déclencher une crise plus large sur les marchés financiers, remettant en question la solvabilité du
gouvernement italien et le fragile système bancaire. Président de la BCE mais également compatriote italien, Mario Draghi
est sous pression pour maintenir le QE pour le moment.
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Conclusion
Les événements en Italie marquent une occasion manquée pour la nation de suivre l'exemple de l'Espagne dans la mise
en œuvre des réformes soutenant la croissance. L'incertitude politique qui suivra sera de courte durée, mais les nouveaux
dirigeants souffriront d'une paralysie politique jusqu'à ce que le système électoral soit en place et qu'une nouvelle élection
ait lieu.
Même si les partis anti-establishment sont éloignés de l'élection prévue pour 2018, il est peu probable que les vraies
réformes économiques aient un impact avant 2020 ou au-delà. Dans l'intervalle, l'Italie sera très vulnérable aux chocs
mondiaux et pourrait perdre l’intérêt des investisseurs, en particulier une fois que le soutien de la BCE sera retiré comme
cela sera inévitablement le cas à un moment donné. Plus largement, c'est le troisième grand bouleversement politique en
six mois. Après le Brexit, l’élection de Donald Trump et la démission de Matteo Renzi, l'attention va désormais se tourner
vers les élections néerlandaises, françaises et allemandes l'année prochaine, qui présentent plus de risques pour les
investisseurs.
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