Interview of Henri LOURDELLE, Conseiller CES 1

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Interview of Henri LOURDELLE, Conseiller CES 1
Written interview for Special Briefing March 2012 on the first thematic seminar coorganised by AGE and Committee of the Regions: How to ensure age-friendly labour markets
and social protection
Interview of Henri LOURDELLE, Conseiller CES
1- At AGE and CoR thematic seminar on age-friendly labour markets and social
protection systems, you referred to the quality employment as the prerequisite for
adequate social protection systems. To your opinion, how can we ensure age and
gender-friendly labour markets in view of guaranteeing everybody equal access to
adequate social protection in old age?
Les liens qui existent entre, d’une part, l’emploi, la qualité des salaires et du travail
(c’est-à-dire un travail non « précarisé ») et, d’autre part, la qualité de la protection
sociale, et des pensions en particulier, sont fondamentaux, car ce sont des revenus du
travail que dépend encore trop aujourd’hui le financement de la protection sociale. Les
« travailleurs/euses pauvres » – c’est-à-dire celles et ceux qui aujourd’hui ne peuvent
pas vivre des revenus de leur travail, seront à coup sûr...des « retraité(e)s pauvres ». Et
une attention particulière doit être apportée aux femmes – et c’est ce à quoi
s’emploie la Confédération Européenne des Syndicats (CES) – qui sont, de fait,
doublement « victimes » dans cette affaire. Déjà, elles ont, dans leur vie de travail, des
salaires de 15 à 20% inférieurs à ceux des hommes, mais ce sont elles, aussi, qui
connaissent le plus les emplois précaires (contrats à durée déterminée, temps partiels
non choisis, intérim...) et qui constituent l’essentiel des familles monoparentales...
Autrement dit, ce sont autant de facteurs qui affectent leurs revenus aujourd’hui et,
demain, le montant de leur pension !
2- Could you summarize ETUC’s main position/recommendations to ensure the longterm sustainability of social protection systems?
Sans être exhaustif, mais face à ces constats et situations, pour la CES, il faut tout
d’abord et absolument au niveau de l’Union et des Etats membres changer de
stratégie. Aux motifs de « rassurer les marchés financiers » et de diminuer les déficits
publics se sont développées partout en Europe des politiques d’austérité qui se
traduisent très concrètement pas plus de précarité d’emploi - et donc des licenciements
-, par des coupes dans le montant des pensions et des prestations sociales, par moins
de moyens également pour les services publics et les services sociaux. L’austérité
engendre l’austérité et tue la croissance !
Pour la CES la priorité est à l’emploi, y compris et surtout des jeunes ! Ceci
signifie qu’il faut, au contraire de ce qui se fait actuellement, investir dans la
formation, dans la création d’emplois, y compris dans des emplois aidés par les
pouvoirs publics, dans les structures d’accueil pour les enfants et les personnes
dépendantes ou plus âgées, dans la reconnaissance au regard du droit à la pension des
périodes consacrées à l’éducation ou aux soins familiaux... Ce sont autant
« d’investissements productifs » à terme qui permettront, d’une part, de passer le cap
de « la crise » mais aussi de contribuer à la correction des inégalités salariales entre
hommes et femmes, car ils permettront, notamment, aux femmes -car ce sont elles,
quoiqu’on en dise qui sont encore les plus concernées – de concilier la vie privée et la
vie professionnelle et donc de pouvoir accéder à l’emploi. Et je voudrais souligner ici
l’engagement pris par les partenaires sociaux européens le 25 mars 2010 lorsqu’ils ont
signé, dans le cadre du dialogue social, leur accord pour permettre à celles et ceux qui
sont aujourd’hui hors du marché du travail d’y entrer. Cet accord, qui prévoit un
certain nombre de mesures concrètes dans ce sens, est en train d’être décliné/mis en
œuvre au niveau national et/ou régional...
Il convient également d’assurer les financements de la Sécurité Sociale en mettant à
contribution tous les revenus – et non seulement ceux du travail- et mettre fin à
l’évasion fiscale et/ou à toutes les mesures injustifiées d’exonération, qui ne profitent
trop souvent qu’aux plus riches.
Enfin, une priorité qui pour la CES n’est pas d’actualité : celui du report de l’âge
légal de la retraite. En effet, que signifie ce report quand plus 50% des salarié(e)s entre
55 et 65 ans ne sont plus dans l’emploi ! Et surtout quand il n’y a pas d’emplois
disponibles...
Aussi pour la CES, tout en tenant compte de la pénibilité des métiers et des emplois,
convient-il tout d’abord de
-
permettre aux femmes et aux hommes d’atteindre l’âge légal aujourd’hui de la
pension ;
-
traiter, cette question prioritaire de la création d’emploi et de l’accès à l’emploi des
jeunes...
Telles sont quelques unes des orientations et priorités de la CES et de ses
organisations – qui seront approfondies, avec ses partenaires associatifs, lors d’une
Conférence qu’elle tiendra sous présidence chypriote à l’automne prochain - pour
faire que cette année 2012 soit véritablement celle du « vieillissement actif et de la
solidarité entre les générations !