Untitled - Bard College

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Untitled - Bard College
LA CRUE DES DROITS
Organisé par Thomas Keenan, Suhail Malik et Tirdad Zolghadr
Fondation LUMA / Center for Curatorial Studies, Bard College / Bard College
Human Rights Project
Symposium 2013
Arles, France
19-21 septembre 2013
Chapelle du Méjan,*
Place Nina Berberova, 13200 Arles, France
*Avec nos vifs et amicaux remerciements à Actes Sud pour leur accueil
THE FLOOD OF RIGHTS
Organized by Thomas Keenan, Suhail Malik, and Tirdad Zolghadr
LUMA Foundation / Center for Curatorial Studies, Bard College / Bard College
Human Rights Project
2013 Conference
Arles, France
September 19 – 21, 2013
Actes Sud at the Chapelle du Méjan,* Place Nina Berberova, 13200 Arles, France
*With particular thanks to Actes Sud for their hospitality
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La Crue de Droits : Programme
Jeudi 19 septembre 2013
15:30 – 16:00
Accueil
Maja Hoffmann, Présidente, Fondation LUMA
Tom Eccles, Directeur exécutif, Center for Curatorial Studies, Bard College
Introduction
Thomas Keenan, professeur de theorie litteraire et de droits de l’homme a Bard Collge.
Directeur, Bard College Human Rights Project
16:00 – 18:00
Bernard Stiegler, directeur du Département du Développement Culturel du Centre
Pompidou, professeur à l’Université de Londres (Goldsmiths College), professeur associé à
l’Université de Technologie de Compiègne, professeur invité à l’université de Cambridge et
à l’École Polytechnique de Zurich
Eric Kluitenberg, théoricien indépendant, écrivain et curateur en culture, média et
technologie
18:00 – 18:30
Pause
18:30 – 19:30
Jackson Pollock Bar, Collectif de performance fondé en 1993 et basé à Fribourg en
Allemagne
Vendredi 20 septembre 2013
10:00 – 12:00
Rony Brauman, Président, Médecins Sans Frontières (France), 1982 – 94, professeur
associé à L’Institute d’Etudes Politiques (Paris), et directeur du recherche a la Fondation MSF
David Campbell, professeur invité au Northern Centre of Photography de Sunderland
University et professeur honoraire à la School of Political Science and International Studies
de l’Université de Queensland, en Australie
13:30 – 15:30
Amanda Beech, artiste et auteur. Directrice du département des Études critiques à
CalArts, USA
David Levine, artiste basé à New York et Berlin, dont le travail englobe le théâtre, la
performance, la vidéo et la photographie
15:30 – 16:30
Pause
16:30 – 17:30
Sharon Sliwinski, maître de conférences à la Faculty of Information and Media Studies et
au Centre for the Study of Theory and Criticism de la Western University au Canada
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Schedule
Thursday, September 19, 2013
3:30 – 4:00 PM
Welcome
Maja Hoffmann, President, LUMA Foundation
Tom Eccles, Executive Director, Center for Curatorial Studies, Bard College
Introduction
Thomas Keenan, Professor of literary theory and human rights at Bard College. Director of
Bard College Human Rights Project
4:00 – 6:00 PM
Bernard Stiegler, Director of the Department of Cultural Development of the Centre
Georges Pompidou, Paris; Professor at the University of London (Goldsmiths College),
associate professor at the University of Technology of Compiègne, visiting professor at
Cambridge University and at ETH Zürich
Eric Kluitenberg, Independent theorist, writer, and curator on culture, media, and
technology
6:00 – 6:30 PM
Break
6:30 – 7:30 PM
Jackson Pollock Bar, Performance collective founded in 1993, and based in Freiburg,
Germany
Friday, September 20, 2013
10:00 AM – 12:00 PM
Rony Brauman, President, Médecins Sans Frontières (France) 1982 - 94, Associate
Professor at L’Institute d’Etudes Politiques (Paris), and Director of Research at the MSF
Foundation
David Campbell, Visiting Professor in the Northern Centre of Photography at Sunderland
University and Honorary Professor in the School of Political Science and International
Studies at the University of Queensland, Australia
1:30 – 3:30 PM
Amanda Beech, Artist and writer, Dean of Critical Studies at CalArts, USA
David Levine, Artist based in New York and Berlin whose work encompasses theater,
performance, video, and photography
3:30 – 4:30 PM
Break
4:30 – 5:30
Sharon Sliwinski, Associate Professor in the Faculty of Information and Media Studies
and the Centre for the Study of Theory and Criticism at Western University in Canada
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Samedi 21 septembre 2013
13:30 – 15:30
Rosalyn Deutsche, historienne de l’art, enseigne l’art moderne et contemporain à Barnard
College/Columbia University à New York
Olivia Custer, auteur de L’exemple de Kant (Bibliothèque Philosophique de Louvain,
Peeters, 2012) et de nombreux articles sur Kant, Foucault et Derrida
15:30 – 16:30
Pause
16:30 – 18:30 PM
Hito Steyerl, réalisatrice de documentaires et auteur
Sohrab Mohebbi, écrivain et curateur actuellement basé à Los Angeles
18:30 – 18:45
Discours de cloture
Suhail Malik, auteur, co-directeur du Master Arts Plastiques et maître de conférences au
départment Études critiques, Goldsmiths, Londres, et professeur invité CCS Bard 2012-14
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Saturday, September 21, 2013
1:30 – 3:30 PM
Rosalyn Deutsche, Art historian, teaching modern and contemporary art at Barnard
College/Columbia University in New York City
Olivia Custer, Author of L’exemple de Kant, and a number of articles on Kant, Foucault,
Derrida, and contemporary ethical and political issues
3:30 – 4:30 PM
Break
4:30 PM – 6:30 PM
Hito Steyerl, Documentary filmmaker and author
Sohrab Mohebbi, Writer and curator currently based in Los Angeles
6:30 – 6:45 PM
Closing Remarks
Suhail Malik, Writer, Co-Director MFA Fine Art and Reader in Critical Studies, Goldsmiths,
London, and CCS Bard Visiting Faculty 2012-14
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La Crue des Droits
Aujourd’hui, la revendication des droits passe presque systématiquement par des canaux
de communication au contenu généré par les utilisateurs tels que Facebook, Twitter et
Flickr. En images, en mots et en sons, ces revendications sont présentées et exprimées –
démontrées, pour ainsi dire – par les détenteurs autoproclamés de ces droits, qui
s’adressent tantôt très directement à un destinataire, tantôt à un public indéterminé. Ces
images et leurs conséquences constituent une praxis des droits de l’homme qui échappe
à ses sites traditionnels, appareil juridique, gouvernements, ONGs et journalisme officiel.
Elles représentent une expansion et une consolidation radicales de la pratique et des
institutions des droits de l’homme, non moins qu’une nouvelle forme de l’universalisme qui
sous-tend ces praxis et qui est transformé par elles, voire l’élaboration d’une philosophie
pratique de la communication qui reste encore à comprendre.
En réaction aux changements radicaux dans la façon dont les transformations politiques
au nom de la justice ont été organisées et se sont déroulées depuis le premier symposium
« The Human Snapshot » à Arles en 2011, le deuxième symposium de la Fondation
LUMA en 2013, « La Crue des Droits», s’interrogera sur la façon dont les technologies
de capture d’image et leurs canaux de communication ont, au cours de ces dernières
années, transformé les termes mêmes des droits de l’homme. Autrement dit, alors que
« The Human Snapshot » explorait les potentiels et les limites des intersections entre les
droits de l’homme, la photographie et l’universalisme, notre attention se portera cette fois
sur les plateformes et les médias où se produisent ces intersections, et sur la façon dont la
morale, la loi, l’engagement citoyen et les institutions se transforment sous la pression et la
diffusion de cette nouvelle forme d’universalisme.
Nous nous interrogerons sur les questions suivantes :
Quels sont les technologies, les langages, les institutions et les intérêts qui structurent la
diffusion mondiale des concepts et des pratiques des droits de l’homme ? Quelles traces
laissent-ils sur les valeurs complexes d’humanisme et d’universalisme qui fondent ces
derniers ou qui en sont les répercussions ?
Quels récits, connaissances et imageries se sont avérés plus faciles à exporter et à
importer, et qui sont les parties prenantes des intérêts mis en jeu dans les configurations
actuelles?
Thèmes abordés :
La capture omniprésente de la revendication des droits
Comme l’ont démontré les récents événements au Maghreb et dans le Golfe ainsi que
les manifestations dans les pays du Nord, la diffusion rapide des images par internet a
modifié notre rapport à la façon dont la politique a lieu, ainsi qu’à la crédibilité potentielle
de différents types d’images et aux idées portées par une culture visuelle mondialisée.
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The Flood of Rights
People now, almost routinely, make claims for their rights through user-generated
communication channels, such as Facebook, Twitter, and Flickr. In images, as well as
words and sounds, these claims are proffered and conveyed – we could say, demonstrated –
by the self-proclaimed rights bearers themselves, addressed sometimes very directly,
sometimes to an undetermined public. These images and their consequences constitute
a human rights praxis outside of its conventional sites such as law, government, NGO
activity, and formal journalism. They present a radical expansion and consolidation
of human rights practices and institutions, and no less a new kind of universalism
that underpins and is transformed by these praxes, perhaps constructing a practical
communicative ethos that is yet to be understood.
Responding to the drastic changes in how political transformations in the name of justice
have been organized and taken place since the first “The Human Snapshot” conference in
Arles in 2011, the second LUMA Foundation Conference in 2013, “The Flood of Rights,”
will ask how technologies of image-capture and the channels of communication have
in recent years transformed the very terms of human rights. That is, while “The Human
Snapshot” explored the possibilities and limitations of the intersections between human
rights, photography, and universalism, our focus now turns to the platforms and media
of these intersections, and to how the newly produced and disseminated universalizing
pressures on morality, law, civic engagement, and their institutions are themselves
transfigured in the process.
Our key questions are then:
What are the technologies, languages, institutions, and interests that structure the global
distribution of concepts and practices of human rights, with their complex underpinnings
or after-effects of humanism and universalism, and how do they leave their mark on these
ideas themselves?
Which narratives, knowledges, and imageries have proven easier to export and import, and
whose interests are at stake in the configurations at hand?
Themes include:
The Ubiquitous Capture of Rights Claims
As demonstrated in recent developments from the Maghreb to the Gulf, and in protests
in the Global North, the rapid dissemination of images in today’s online culture has
altered our relationship to how politics takes place, to the potential credibility of different
kinds of images, and to ideas of a globalized visual culture itself. Uploading to globally
interconnected distribution sites direct from phone-cameras obviates any number of
editorial processes premised on selection processes of image quality, newsworthiness,
topicality, and so on. Yet despite being beleaguered by the democratization of camera
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Le fait de pouvoir télécharger des images directement de son téléphone vers des sites
internet accessibles dans le monde entier a permis de contourner des processus de
sélection éditoriaux fondés sur des critères de qualité de l’image, d’intérêt journalistique,
d’actualité, et ainsi de suite. Pourtant, bien qu’il soit miné à la fois par la démocratisation
de la photo numérique et par des accusations de voyeurisme, le photojournalisme exerce
toujours une influence cruciale dans ce contexte. Comment cette évolution affecte-t-elle
les critères de qualité, de professionnalisme et de pérennité des archives ? Quelle autorité
sera désormais accordée au photojournalisme officiel ? Dans ce nouvel ordre, le fait
que les sites de contenus générés par les utilisateurs soient détenus par des entreprises
protège-t-il l’espace citoyen ou en réduit-il le périmètre ? En quoi consiste la citoyenneté
dans ces nouvelles conditions d’enregistrement, de diffusion, de fourniture de plateforme,
de participation ?
L’urgence de montrer
Images brutes de dévastation et de détresse, mouvements chaotiques, actions et
réactions désorganisées, souvent transmis en visuels à basse définition au son déformé :
l’immédiateté et l’urgence des images de YouTube sont-elles désormais essentielles
lorsqu’il s’agit de réclamer une aide humanitaire et de capter l’attention mondiale ? Quelles
sont les dimensions affectives, formelles et matérielles de ces appels urgents ? Y a-t-il un
« réel humain » qui pousse certaines revendications au premier plan alors que d’autres,
tout aussi dignes d’attention, sont escamotées ? Les normes standard des médias (clarté,
représentation, explication, visibilité) sont-elles dépassées par l’avènement de cette
nouvelle insistance, située affectivement et politiquement ?
L’universalisme de qui ?
La bourgeoisie européenne a notoirement développé une tradition vigoureuse, et toujours
bien vivante, consistant à présenter ses intérêts comme étant identiques à ceux de
l’humanité en général. Par ailleurs, dans les luttes des dissidents en Chine et autres
états autocratiques, les protestations contre l’incarcération sans procès de suspects de
terrorisme, les zones de conflits engendrés par le contrôle d’un territoire et l’exploitation
de ses ressources, les discours de l’universalisme et des droits de l’homme ont servi à
articuler les combats des défavorisés, et ont offert une visibilité cruciale à des voix qui,
autrement, auraient été marginalisées.
Élargis aux formes contemporaines de légitimité mondiale, comment les nouveaux circuits
transnationaux de l’art, la culture, le commerce, la finance, la philanthropie et les ONGs
reproduisent-ils ces précédents fondateurs historiques – ou comment les transformentils ? Ces transformations bénéficient-elles à l’immense majorité de ceux qui ne participent
pas, et ne peuvent participer aux circuits d’influence établis ? Comment les revendications
d’universalisme se retournent-elles parfois contre les intérêts particuliers de ceux qui en
sont à l’origine, si c’est le cas ?
Dans quelle langue ?
La prétention de la photographie à devenir une langue universelle a été contestée
pratiquement dès qu’elle a été énoncée, mais s’il est une langue universelle aujourd’hui,
c’est sans doute l’anglais. De longue date, les artistes ont dû se confronter à l’assertion
qu’« un artiste qui ne peut pas parler anglais n’est pas un artiste » (Mladen Stilinovic),
ce qui laisse supposer que l’anglais n’est pas seulement une lingua franca pragmatique,
mais aussi un repoussoir à la fois puissant et insaisissable, lui-même porteur d’une série
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technology on the one hand and accusations of exploitative voyeurism on the other,
photojournalism still has a vital influence in this context. How does this development
affect the categories of high photography, professionalism, and archival longevity? What
authority will continue to be granted to official photojournalism? Equally, do the corporate
platforms of user-generated content protect or diminish a newly-ordered civil space? What
counts as citizenship in these new conditions of recording, exhibition, platform-provision,
participation?
Demonstrative Urgency
Raw footage of devastation, emotional stress, chaotic movements, disorganized actions
and reactions, often in low-resolution visuals with distorted sound: is the immediacy
and urgency of the YouTube image now critical to initiating a demand for humanitarian
assistance and capturing global attention? What are the affective, formal, and material
dimensions of this urgent appeal? Is there a “human real” that brings certain claims to
the fore as it obscures others, equally worthy of attention? Are standard media-based
demands (for clarity, representation, explication, visibility) overtaken by a new formation of
affectively and politically located insistence?
Whose Universalism?
The European Bourgeoisie famously developed a forceful and still vibrant tradition of
framing its interests as being identical to those of humanity in general. For dissident
struggles in China and other autocratic states, in protests against state incarceration
without trial of terror suspects, in zones of conflict generated by power over territory and
resource-extraction, the discourses of universalism and human rights have on the other
hand been instrumental in the articulation of struggles of the underprivileged, lending
crucial visibility to otherwise marginalized voices. Extended into contemporary forms of
global legitimacy, how do the new transnational circuits of art, culture, commerce, finance,
philanthropy, and NGOs reproduce these historical, foundational precedents – or how
do they transform them? Do these transformations benefit the vast majority who do not
and cannot participate in established circuits of influence? How do universalizing claims
occasionally turn against the special interests of their originators, if they do?
In What Language?
Photography’s claim to be a universal language has been challenged for almost as long
as it’s been made, but if there is a universal language today, it’s probably English. Artists
have long grappled with the contention that “an artist who cannot speak English is no
artist” (Mladen Stilinovic), suggesting that English is not only a pragmatic lingua franca,
but also a powerful yet elusive foil with its own array of political, aesthetic, and epistemic
biases. What are the stakes of English as the primary language of globalization today?
Which historical conditions have marked the ascent of English as a vessel for universalism
and other traditions, and what factors are at play in what is widely seen as its impending
decline? What role do the elite universities and research centers take as transmission
channels between local talent in its multiple dialectics and those transnational circuits of
influence? How do the knowledges traditionally housed in and generated by institutions
change in these conditions?
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d’a prioris politiques, esthétiques et épistémiques. Quels sont aujourd’hui les enjeux de
l’anglais en tant que langue principale de la mondialisation ? Quelles sont les conditions
historiques qui ont marqué l’ascension de l’anglais comme vecteur de l’universalisme
et d’autres traditions, et quels sont les facteurs en jeu dans ce qui est largement perçu
comme son déclin imminent ? Quel rôle jouent les universités et les centres de recherche
d’élite en tant que relais entre les talents locaux avec leurs dialectiques multiples, et ces
circuits d’influence transnationaux ? En quoi, dans ces conditions, les connaissances
traditionnellement hébergées et produites par ces institutions sont-elles transformées ?
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Extraits et biographies des intervenants
Amanda Beech
L’image technologique manifeste notre réalité vécue. Elle est irréelle, construite et
inorganique – et pourtant, elle a le pouvoir de définir notre présent expérientiel, notre
histoire et notre imagination. L’image est dans notre tête et elle est notre tête.
Cette présentation explorera les problèmes soulevés par divers réalismes émancipateurs
proposés par l’art et la théorie critique, qui abordent cette situation en tant que problème
de liberté et de contrainte. Un tel discours critique tend à produire une hiérarchie de
l’image opposant des langages médiatisés, scientifiques et administratifs (envisagés
comme dispositifs conservateurs-mécaniques de l’image) à des langages non-médiatisés
plus critiques qui dévoileraient la vérité du pouvoir, cette « divulgation de la vérité » étant
censée ouvrir la voie à des libertés inédites.
Dans cette présentation, il s’agit de repérer et de rejeter la dimension limitée et tragique de
ce type de critique en faveur d’une conception non-tragique de l’image. Remettre en cause
les dualités supposées liberté/contrainte, vérité/mensonge et langages organisationnels/
non-réglementés, identifier la façon dont la loi est ainsi détruite et configurée sans
référence, nous permet de nous demander ce qu’il advient de la revendication d’un
droit quel qu’il soit, y compris la liberté, si aucune donnée naturelle ne peut étayer cette
revendication ? Nous affrontons ici la crainte de l’anarchie épistémologique.
Amanda Beech est artiste et auteur. Son travail aborde la dynamique de l’imageforce en entrelaçant les récits du pouvoir de la philosophie politique, de la littérature et
d’événements politiques réels. Inspiré par ces discours du pouvoir, son travail propose
une nouvelle politique réaliste de l’œuvre d’art et de ses potentialités dans le contexte de
la contingence. Beech a exposé ses œuvres au niveau international. Parmi ses expositions
récentes : Final Machine 2013, Lanchester Gallery Projects, Coventry, GB et Ha Gamle
Prestagard, Norvège ; Asymmetrical Cinema, Beaconsfield Gallery, Londres ; et (Past
Present) Future Tense, Center for Living Arts, Alabama, USA 2013. Parmi ses publications
récentes : Final Machine (2013); Sanity Assassin (2010) et « Concept Without Difference:
The Promise of the Generic » dans Realism Materialism Art (CCS Bard, à paraître, 2013).
Beech dirige le département des Études critiques à CalArts, USA.
Rony Brauman
En 2008, un cyclone particulièrement violent frappait les côtes de Birmanie, tuant des
dizaines de milliers de personnes. La junte au pouvoir ne réagit pas et ne laisse passer
les secours internationaux qu’au compte-goutte. Images à l’appui, on entend et on lit
que les cadavres sont partout et l’aide nulle part, bien que les reportages montrent des
distributions de nourriture et très peu de cadavres. Une flottille militaire occidentale est
envoyée pour faire pression sur la junte.
La séquence d’entrée en guerre en Libye a été inaugurée le 21 février par une scène
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Contributor Abstracts and Biographies
Amanda Beech
The technological image manifests our lived reality. It is irreal, constructed, and
inorganic–and yet it has the power to define our experiential present, our history, and our
imagination. The image is in our head and is our head.
This paper explores the problems with various emancipatory realisms proposed by art
and critical theory that seek to confront this condition as a problem of freedom and
limitation. This critique has tended to produce a hierarchy of the image that sets mediated,
scientific, and administrative languages (understood as the conservative-mechanical
apparatus of the image) against more critical unmediated languages that expose the truth
of power, where such a “truth exposure” is supposed to open the door to as yet unthought
freedoms.
Identifying and dispensing with the limited and tragic dimension of such a critique, this
paper turns instead to the non-tragic image. Questioning the assumed dualisms of
freedom/limitation, truth/falsity, and organizational/unregulated languages, and identifying
how law is thereby destroyed and configured without reference, we can ask what happens
to any claim of rights, including freedom, if no natural given can guarantee this claim?
Here, we face the fear of epistemological anarchy.
Amanda Beech is an artist and writer. Beech’s work takes up the dynamic of image-force
by entangling narratives of power from philosophical theory, literature, and real political
events. Inspired by these discourses on power, her work proposes a new realist politics
of the artwork and its possibilities in the context of contingency. Beech has exhibited
her art work internationally; recent exhibitions include: Final Machine (2013), Lanchester
Gallery Projects, Coventry, UK and Ha Gamle Prestagard, Norway; Asymmetrical Cinema,
Beaconsfield Gallery, London; and (Past Present) Future Tense, Center for Living Arts,
Alabama, USA 2013. Recent publications include: Final Machine (2013); Sanity Assassin
(2010), and “Concept Without Difference: The Promise of the Generic” in Realism
Materialism Art (CCS Bard, Upcoming 2013). Beech is Dean of Critical Studies at CalArts,
USA.
Rony Brauman
In 2008, a particularly violent cyclone hit the coasts of Burma, killing tens of thousands.
The junta in power did not react and let through a mere trickle of international aid. Backed
up by photos, we heard and read that corpses were everywhere and help nowhere to be
found, though reports showed food distributions and very few corpses. A Western military
flotilla was sent out to put pressure on the junta.
The sequence of the outbreak of war in Libya opened on February 21st with an air strike
on protestors in Tripoli, “images the whole world saw”, which caused Washington, Paris
and London to declare that Gadhafi “no longer had any legitimate authority in Libya”.
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d’attaque aérienne contre une manifestation d’opposants à Tripoli, « images que le monde
entier a vues » et à la suite desquelles Washington, Paris et Londres déclarèrent que
Khadafi n’était plus « légitime pour gouverner la Libye ». Elle se termina le 19 mars suivant
par l’attaque préventive de la « colonne de chars » qui menaçait Benghazi. En dépit de
l’omniprésence des caméras, ces événements n’ont pas été filmés, car ils ne se sont pas
produits.
Dans ces deux cas, ce qui l’emporte sont les images mentales, formées par les mots et
idées dominantes au sujet de ces deux situations, et non sur des faits dont elles seraient
l’enregistrement. Dans les deux cas, tout le monde a cru voir ce que personne n’a vu.
Rony Braumann est médecin, spécialisé en épidémiologie et en médecine tropicale.
Après avoir travaillé plusieurs années comme médecin sur le terrain (hôpital de brousse,
camps de réfugiés, famines, conflits armés), il est devenu président de MSF en 1982 et
a occupé ce poste jusqu’en 1994. Son travail porte sur les enjeux politiques de l’action
humanitaire et plus spécifiquement sur les pratiques et discours humanitaires en situation
de conflits et catastrophes naturelles. Derniers livres: Pourquoi je suis devenu médecin
humanitaire (2009); La médecine humanitaire (2009); Humanitaire, diplomatie et droits de
l’homme, préface de Tzvetan Todorov (2009).
David Campbell
La façon dont nous produisons, publions, diffusons et consommons l’information
subit actuellement une transformation rapide et radicale. Les structures et les sites de
l’économie mondiale de l’image ont été bouleversés par un ensemble de pratiques
culturelles, économiques et technologiques. Toutes les frontières entre le professionnel
et l’amateur, l’éditeur et le public, le témoin et la victime, ont été problématisées et
transgressées. Cette présentation s’intéresse à la façon dont, dans ce contexte, le
photojournalisme a été mis en cause, et à la manière dont il peut réagir. Elle s’interroge
sur ce que les images sont censées faire, ainsi que sur la légitimité et l’autorité du
photojournalisme professionnel par rapport à la fonction des images dans la nouvelle
économie des médias.
David Campbell est écrivain, chercheur, enseignant, vidéaste et producteur multimédia
se consacrant à l’analyse et à la production de récits visuels, en s’appuyant sur une
expérience à la fois universitaire et pratique. La recherche de Campbell aborde le
fonctionnement du photojournalisme, les potentiels du multimédia et les défis présentés
par les révolutions de la nouvelle économie des médias. Dans sa pratique créatrice,
Campbell collabore à des récits multimédia, tourne des vidéos documentaires et
est curateur de projets de recherche visuelle. Auteur de six livres et de quelque 50
articles, ainsi que d’un rapport en 2013 sur le multimédia pour World Press Photo,
Campbell travaille en freelance mais reste lié à plusieurs établissements universitaires :
il est professeur invité au Northern Centre of Photography de Sunderland University
et professeur honoraire à la School of Political Science and International Studies de
l’Université de Queensland, en Australie. Il est aussi conférencier au département de
journalisme multimédia international de la Beijing Foreign Studies University et contribue
au diplôme de journalisme multimédia du Konrad Adenauer Center for Asian Journalism de
l’Ateneo University de Manille, aux Philippines. (http://www.david-campbell.org)
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It ended on March 19th with the preemptive strike on the “tank column” threatening
Benghazi. Despite the fact that cameras were ubiquitous, these events were not filmed
because they never happened.
In both cases, what prevailed were mental images shaped by dominant words and ideas
about the two situations, rather than the facts those images allegedly recorded. In both
cases, everybody thought they saw what nobody saw.
Rony Brauman is a medical doctor specialized in epidemiology and tropical diseases.
After working for many years as a field physician (bush hospitals, refugee camps, famines,
armed conflicts), he became the president of Médecins sans Frontières in 1982, a position
he held until 1994. His work focuses on the political stakes of humanitarian action and
more specifically on humanitarian practices and discourses during conflicts and natural
disasters. His latest books: Pourquoi je suis devenu médecin humanitaire (2009); La
médecine humanitaire (2009); Humanitaire, diplomatie et droits de l’homme, foreword by
Tzvetan Todorov (2009).
David Campbell
How we produce, publish, circulate, and consume information is undergoing rapid and
radical transformation. The structures and sites of the global image economy have been
disrupted by a combination of cultural, economic, and technological practices. The
boundaries between professional and amateur, publisher and audience, witness and
victim, have all been problematized and transgressed. This paper looks at how, in this
context, photojournalism has been challenged and how it can respond. It considers what
images are intended to do, and what legitimacy and authority professional photojournalism
might have in addressing the function of images in the new media economy.
David Campbell is a writer, researcher, teacher, videographer, and multimedia producer
engaged in the analysis and production of visual storytelling, drawing on both academic
and practice-based experience. Campbell’s research examines how photojournalism
works, the opportunities multimedia bring, and the challenges presented by the revolutions
in the new media economy. In his creative practice Campbell collaborates on multimedia
stories, shoots documentary video, and curates visual research projects. Author of six
books and some 50 articles, as well as a major 2013 report on multimedia for World
Press Photo, Campbell works freelance but retains a number of academic affiliations: he
is Visiting Professor in the Northern Centre of Photography at Sunderland University and
Honorary Professor in the School of Political Science and International Studies at the
University of Queensland, Australia. He also lectures on the MA International Multimedia
Journalism at Beijing Foreign Studies University and contributes to the Diploma in
Multimedia Journalism at the Konrad Adenaeur Center for Asian Journalism at the Ateneo
University de Manila in the Philippines. (www.david-campbell.org)
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Olivia Custer
« It is not a Coup » . Des lettres vertes projetées sur la façade d’un immeuble épèlent ces
mots ; autrement, cette image de la foule sur la place Tahrir est assez semblable à toutes
celles qui ont été diffusées récemment. Mais ces mots la font ressortir, interpellent, figent
le défilement des actualités du jour. Nouvelle technologie pour les bannières ? Montage
ou second degré ? Description d’un lieu et d’un moment en particulier ? Installation d’art
contemporain qui écrase, voire qui renverse, le laps de temps écoulé entre la production
de l’image iconique d’un moment historique, et son détournement ? Acte de foi qu’un peu
de lumière peut faire apparaître ou déplacer, décision quant à la légitimité et aux dollars ?
Revendication d’un langage juste pour rendre palpable la revendication de droits ? Coup
de force perpétré par un groupuscule, dans un rapport ambigu aux gens qu’on voit dans la
photo ?
J’aimerais explorer un langage qui permette de regarder cette image, un langage dérivé
des réflexions de Derrida autour de ce qu’il appelait la « mondialatinisation ». Sous ce
mot, inventé dans les années 1990 pour traduire le terme anglais de globalization, Derrida
regroupe une série d’hypothèses connexes, portant entre autres sur un type d’itération
du langage des droits de l’homme qu’il voyait alors déferler sur le monde. Je m’appuierai
sur la description de cette itération par Derrida, et plus généralement sur ses théories du
caractère itératif du langage et sur les caractéristiques de l’itération dans le langage, pour
tenter de décrire l’un des courants, mouvant et récurrent, de la revendication des droits de
l’homme.
Olivia Custer est l’auteure de L’exemple de Kant (Bibliothèque Philosophique de Louvain,
Peeters, 2012) et de nombreux articles sur Kant, Foucault, Derrida, et sur des problèmes
éthiques et politiques contemporains (la peine de mort, le consentement, etc.). Custer
a obtenu sa licence à Harvard et son doctorat à l’École des Hautes Études en Sciences
Sociales. Elle vit à Paris et elle a enseigné au Collège International de Philosophie, à
l’International Exchange (Johannesburg), et à Bard College.
Rosalyn Deutsche
Le projet d’abolition de la guerre est souvent considéré comme un idéalisme utopique,
divorcé du monde de la politique réelle. Et pourtant, Krzysztof Wodiczko défend
courageusement l’idée de « paix perpétuelle » dans son œuvre et un projet architectural
intitulé Arc de Triomphe : Institut mondial pour l’abolition de la guerre. Loin d’être
un fantasme naïf, l’œuvre de Wodiczko illustre ce qu’on a pu appeler, en référence
à Sigmund Freud, « une politique courageusement désillusionnée ». En fondant son
« Institut mondial » sur le postulat que l’abolition de la guerre relève de la responsabilité
individuelle puisque, comme nous l’enseigne la psychanalyse, la guerre se cache dans
notre inconscient, Wodiczko s’inscrit dans une lignée moderne de pacificateurs pour qui,
précisément parce que nous sommes conquérants, un monde moins violent requiert la
fondation d’institutions internationales. L’Arc de Triomphe : Institut mondial pour l’abolition
de la guerre est la forme politiquement et esthétiquement créative d’un nouveau type de
cosmopolitisme qui prolonge et adapte à notre époque la tradition cosmopolite.
18
Olivia Custer
“It is not a Coup.” Green letters projected on the façade of a building spell out the words;
otherwise it is not unlike many of the other images of crowds in Tahrir Square which have
circulated recently. The words however made it stand out, arrested attention, stopped the
scrolling through the day’s news. A new technology for banners? A montage or a double
joke? A description of a particular time and place? A contemporary art installation which
effectively collapses, or perhaps reverses, the time lag between iconic images being made
(of) moments in history and their reassignation? An act of faith that a little light could settle,
or displace, a decision about legitimacy and dollars? A claim about the right language to
make palpable a claim of rights? A coup by some small group in an ambiguous relation to
the people one sees in the picture?
I would like to explore one language in which to look at that image, a language derived
from Derrida’s contentions about what he called “mondialatinisation.” Coined in the 90s as
a translation of the English term “globalization,” the word served as shorthand for a series
of related hypotheses about (among other things) a particular iteration of the language of
rights he saw as flooding the world at the time. Working with both Derrida’s description
of the particular iteration he discerned, and with his general theories about the iterative
character of language or the characteristics of iteration in language, I will aim to describe
one current of the recurring, and changing, affirmations of rights.
Olivia Custer is author of L’exemple de Kant (Bibliotheque Philosophique de Louvain,
Peeters, 2012), and a number of articles on Kant, Foucault, Derrida, and contemporary
ethical and political issues (the death penalty, consent, etc.). Custer received her
B.A. from Harvard College, and her doctorate from the École des Hautes Études en
Sciences Sociales, Paris. She lives in Paris and has taught at the College International
de Philosophie, the International Human Rights Exchange (Johannesburg), and at Bard
College.
Rosalyn Deutsche
The project of abolishing war is often dismissed as utopian idealism, removed from the
world of real politics. Yet Krzysztof Wodiczko fearlessly pursues “perpetual peace” in his
recent art and architectural proposal titled The Arc de Triomphe: World Institute for the
Abolition of War. Far from a naïve fantasy, Wodiczko’s work exemplifies what has been
called, in reference to Sigmund Freud, “a courageously disillusioned politics.” Basing
“World Institute” on the premise that abolishing war is an individual responsibility because,
as psychoanalysis teaches us, war is hidden in our unconscious minds, Wodiczko belongs
within a lineage of modern peacemakers for whom, precisely because we are warlike,
a less violent world requires the establishment of international institutions. The Arc de
Triomphe: World Institute for the Abolition of War is a politically and aesthetically creative
form of a new kind of cosmopolitanism that extends and adjusts the cosmopolitan tradition
for our time.
Rosalyn Deutsche is an art historian, teaching modern and contemporary art at Barnard
College/Columbia University in New York City. Deutsche earned her Ph.D. from the
19
Rosalyn Deutsche, historienne de l’art, enseigne l’art moderne et contemporain à Barnard
College/Columbia University à New York. Elle détient un doctorat du City University of
New York Graduate Center. Elle a écrit de nombreux textes et donné des conférences
autour du monde sur des sujets interdisciplinaires comme l’art et l’urbanisme, l’art et la
sphère publique, l’art et la déclaration des droits de l’homme, l’art et la guerre, ainsi que
sur les théories feministes de la subjectivité dans la représentation visuelle. Ses essais ont
été publiés dans de nombreux catalogues d’exposition et anthologies, et dans plusieurs
revues, notamment Grey Room, October, Artforum, Art in America, Texte zur Kunst,
Society and Space, Annals of the Association of American Geographers, et Assemblage, et
ont été fréquemment traduits. Deutsche enseigne au Whitney Museum Independent Study
Program. En mai 2009, elle a assuré les Wellek Library Lectures au Critical Theory Institute,
University of California, Irvine. Deutsche est l’auteure d’Evictions: Art and Spatial Politics
(MIT Press, 1996) et de Hiroshima After Iraq: Three Studies in Art and War (Columbia
University Press, 2010).
Jackson Pollock Bar
The Human Snapshot
Table ronde organisée par Jackson Pollock Bar
Cette table ronde porte sur The Human Snapshot, symposium de 2011 qui a précédé
La Crue des Droits. Organisé par Tom Keenan et Tirdad Zolghadr, The Human Snapshot
abordait l’exposition The Family of Man présentée en 1955 au MoMA ; l’intervenant
principal était Ariella Azoulay. Azoulay et Keenan interviendront à nouveau dans la présente
table ronde, animée par Roxana Marcoci, curateur au MoMA.
Le Jackson Pollock Bar est un collectif de performance fondé en 1993. Ils se spécialisent
dans ce qu’ils appellent des « Theorie installations », qui consistent à réitérer des
événements publics abordant l’art contemporain. Le JPB collabore régulièrement avec le
collectif Art and Language depuis 1995. Depuis leur passage à la Documenta 10, ils ont
présenté des performances dans de nombreux espaces d’art à travers le monde. Le JPB
est basé à Fribourg, en Allemagne. Dirigé par Christian Matthiessen. Toujours en vedette :
Martin Horn.
Thomas Keenan
Thomas Keenan enseigne la théorie littéraire et les droits de l’homme à Bard College,
où il dirige le Human Rights Project et a collaboré à la création du premier programme
de licence en droits de l’homme aux États-Unis. Il est l’auteur de Fables of Responsibility
(Stanford UP, 1997) et, avec Eyal Weizman, de Mengele’s Skull (Sternberg, 2012). Il est le
co-éditeur, avec Wendy Chun, de New Media, Old Media (Routledge, 2006), et avec Tirdad
Zoghadr de The Human Snapshot (Luma/Sternberg/CCS, 2013). Il a été le commissaire
d’exposition avec Carles Guerra de Antiphotojournalism (Barcelone et Amsterdam,
2010–11), et de Aider et Encourager (Québec, 2011). Il a fait partie du conseil de plusieurs
organisations de protection des droits de l’homme, notamment WITNESS, Scholars at
Risk, le Crimes of War Project, ainsi que des revues Journal of Human Rights et Humanity.
20
Graduate Center of the City University of New York. She has written extensively and
lectured internationally on such interdisciplinary topics as art and urbanism, art and
the public sphere, art and the declaration of rights, art and war, and feminist theories
of subjectivity in visual representation. Her essays have appeared in many exhibition
catalogues and anthologies, in Grey Room, October, Artforum, Art in America, Texte
zur Kunst, Society and Space, Annals of the Association of American Geographers, and
Assemblage, among other journals, and in numerous translations. Deutsche is on the
faculty of the Whitney Museum Independent Study Program. In May 2009, she delivered
the Wellek Library Lectures at the Critical Theory Institute, University of California,
Irvine. Deutsche is the author of Evictions: Art and Spatial Politics (MIT Press, 1996) and
Hiroshima After Iraq: Three Studies in Art and War (Columbia University Press, 2010).
Jackson Pollock Bar
The Human Snapshot
A panel discussion organized by the Jackson Pollock Bar
This panel discussion addresses “The Human Snapshot,” the 2011 conference which
preceded The Flood of Rights. Organized by Tom Keenan and Tirdad Zolghadr, “The
Human Snapshot” addressed the 1955 MoMA exhibition The Family of Man,
and featured keynote speaker Ariella Azoulay. Our present panel features both Azoulay and
Keenan and is moderated by curator Roxana Marcoci of MoMA. The Jackson Pollock Bar is a performance collective founded in 1993. It specializes in
what they term “Theorieinstallationen,” which are principally playback reiterations of public
events addressing contemporary art. The JPB has been collaborating regularly with the
Art and Language collective since 1995. Since their appearance at Documenta 10, they’ve
performed in a wide range of international art venues. The JPB is based in Freiburg,
Germany. Directed by Christian Matthiessen. Always starring: Martin Horn.
Thomas Keenan
Thomas Keenan teaches literary theory and human rights at Bard College, where he
directs the Human Rights Project and helped create the first undergraduate degree
program in human rights in the United States. He is the author of Fables of Responsibility
(Stanford UP, 1997), and with Eyal Weizman, Mengele’s Skull (Sternberg, 2012). He is
co-editor, with Wendy Chun, of New Media, Old Media (Routledge, 2006), and with
Tirdad Zoghadr, of The Human Snapshot (Luma/Sternberg/CCS, 2013). He curated
Antiphotojournalism, with Carles Guerra (Barcelona and Amsterdam, 2010–11), and Aid
and Abet (Quebec, 2011). He has served on the boards of a number of human rights
organizations and journals, including WITNESS, Scholars at Risk, the Crimes of War
Project, the Journal of Human Rights, and Humanity.
21
Eric Kluitenberg
Un nouveau mode de déstabilisation politique a émergé au cours des trois dernières
années : des droits fondamentaux sont revendiqués (auto-détermination, liberté
d’expression, droit à une vie décente) lors de manifestations qui hybrident technologies
de médias en réseau et espaces publics physiques, en particulier les places urbaines.
L’un des déterminants les plus essentiels de ces « mouvements des places » est leur
hétérogènéité inhérente et leur absence quasi-totale de structuration politique stratégique,
ainsi que l’absence, souvent déplorée, de demandes claires et partagées. Et pourtant,
c’est aussi pour cette raison que le « mouvement des places » permet à un large éventail
de revendications de s’exprimer, et à des voix très hétérogènes de se faire entendre.
Cependant, les droits des non-humains (animaux et plantes en particulier) sont presque
entièrement absents de ces multiples discours. Une telle limitation risque de minimiser,
une fois de plus, la crise écologique à laquelle nous sommes confrontés, et contre laquelle
Félix Guattari nous avait mis en garde avec tant de véhémence dans Les trois écologies
(1989). Pour Guattari, seule une articulation « éthico-politique » entre l’environnement, les
rapports sociaux et la subjectivité humaine serait en mesure de répondre à cette crise de
grande envergure. Il faut donc un mode de pensée transversal débordant le cadre des
droits « humains » pour inclure les droits des non-humains. Certaines pratiques artistiques
techno-écologiques aujourd’hui visent à formuler ce qui est réellement en jeu et à nous en
faire prendre conscience.
Eric Kluitenberg est théoricien indépendant, écrivain et curateur en culture, média
et technologie. Actuellement (2013), il est chercheur à l’Institute of Network Cultures,
Amsterdam University of Applied Sciences, et maître de conférences en art et théorie des
médias à l’ArtScience Interfaculty, Royal Academy of Visual Arts, à La Haye. Kluitenberg
est rédacteur en chef de Tactical Media Files, un site de documentation sur les pratiques
tactiques des médias à travers le monde - www.tacticalmediafiles.net. Parmi ses
publications récentes: Network Notebook Legacies of Tactical Media (2011), Acoustic
Space Vol. 11 (ed.), Techno-Ecologies (2012), Delusive Spaces (essais – 2008), The Book
of Imaginary Media (2006) et les numerous thématiques Hybrid Space (2008) et Im/Mobility
(2011) de l’OPEN Journal for Art and the Public Domain.
David Levine
The Sight of Blood Does Not Make Me Sick or Afraid
David Levine est un artiste basé à New York et Berlin dont le travail englobe le théâtre,
la performance, la vidéo et la photographie. Ses projets ont été présentés au MoMA, à
MASS MoCA, PS122, ainsi qu’à la Documenta 12, la Tanya Leighton Gallery et Blum and
Poe. L’œuvre de Levine a été présentée dans Frieze, Artforum, le New York Times, Triple
Canopy, et Cabinet. Il est enseignant-chercheur pour 2013 au Radcliffe Institute for
Advanced Study de l’Université Harvard et dirige le programme Studio and Performing Arts
de l’ECLA/Bard College à Berlin.
22
Eric Kluitenberg
A new pattern of political destabilization has emerged in the last three years that stakes
claims to fundamental rights (self-determination, freedom of expression, rights to a
decent existence) in protests hybridizing networked media technologies with physical
urban public spaces, especially urban squares. One of the most essential determinants
of this “movements of the squares” has been their inherent heterogeneity and the almost
complete absence of strategic political structuring, and the often lamented absence
of clear and shared demands. Yet this is also why the movement of the squares is a
productive opportunity for a wide variety of rights claims to be made, and for a principal
heterogeneity of voices to make themselves heard. Even so, the rights of non-humans
(animals and plants in particular) are almost entirely absent from the multiplicity of these
discourses. Such a limitation risks reducing once again the wider ecological crisis we are
facing, which Félix Guattari so vehemently warned against in his Three Ecologies (1989).
For Guattari only an “ethico-political” articulation “between” the environment, social
relations, and human subjectivity can address this wider crisis. The transversal mode of
thinking required here needs to exceed the framework of “human” rights to include the
rights of non-humans. It is here that techno-ecological art practices begin to articulate and
heighten our sensibility for what is actually at stake.
Eric Kluitenberg is an independent theorist, writer, and curator on culture, media, and
technology. As of 2013 he is a Research Fellow at the Institute of Network Cultures,
Amsterdam University of Applied Sciences, and lecturer on art and media theory at the
ArtScience Interfaculty, Royal Academy of Visual Arts, The Hague. Kluitenberg is the
editor in chief of the Tactical Media Files, an online documentation resource on Tactical
Media practices worldwide – www.tacticalmediafiles.net. Recent publications include the
Network Notebook Legacies of Tactical Media (2011), Acoustic Space Vol. 11 (ed.) TechnoEcologies (2012), Delusive Spaces (essays, 2008), The Book of Imaginary Media (2006) and
the theme issues Hybrid Space (2008) and Im/Mobility (2011) of OPEN Journal for Art and
the Public Domain.
David Levine
The Sight of Blood Does Not Make Me Sick or Afraid
David Levine is an artist based in New York and Berlin whose work encompasses theater,
performance, video, and photography. His projects have been presented at MoMA, MASS
MoCA, PS122, Documenta 12, Tanya Leighton Gallery, and Blum and Poe. Levine’s work
has been featured in Frieze, Artforum, the New York Times, Triple Canopy, and Cabinet.
He is a 2013 fellow at the Radcliffe Institute for Advanced Study at Harvard University and
directs the Studio and Performing Arts program at ECLA of Bard College, Berlin.
23
Suhail Malik
Suhail Malik est auteur, co-directeur du Master Beau Arts et maître de conférences au
département d’Études critiques à Goldsmiths, Londres, et professeur invité de CCS
Bard 2012-14. Parmi ses publications récentes : contributeur et co-éditeur de Realism
Materialism Art (2013); « On the Necessity of Art’s Exit from Contemporary Art », série de
conferences à Artists Space, NY (2013); « Ape Says No » dans Red Hook Journal (2013);
« The Ruling Elite Have Feelings Too » dans The New Reader (2013); « The Politics of
Neutrality: Constructing a Global Civility » dans The Human Snapshot (2013); « Tainted
Love: Art’s Ethos and Capitalization » (avec Andrea Phillips) dans Art and Its Commercial
Markets (2012); « Image – Nonimage – War » dans Ekfrase (2012); « Why Art? The Primacy
of Audience » Global Art Forum, Dubai (2011); « Screw (Down) The Debt: Neoliberalism and
the Politics of Austerity » dans Mute (2010).
Sohrab Mohebbi
Ghaith Abdul-Ahad rapporte ces propos d’un rebelle syrien au sujet de l’homme qui
finance son nouvel escadron : « Il veut apaiser Dieu, et il veut qu’on lui donne des vidéos
de toutes nos opérations. C’est tout – rien que des vidéos sur YouTube. » Selon un article
sur la guerre en Syrie paru dans le Guardian, un civil ayant fourni aux rebelles 450 000
munitions et des centaines de roquettes n’a demandé en échange que des vidéos « pour
montrer aux Américains que les unités rejoignent le conseil ». Encore récemment, dans un
reportage de la NPR (National Public Radio), on expliquait que les bataillons de l’armée
syrienne libre doivent filmer leurs combats pour prouver que leurs ressources ne sont
pas tombées entre les mauvaises mains. Les vidéos de formation de bataillons syriens
et de déserteurs de l’armée constituent une part importante des archives visuelles de
la guerre. Ces bataillons n’existent pas sans leur présence sur internet ; c’est le clip sur
YouTube qui prouve qu’un groupe s’est constitué, à la fois comme entité online et comme
entité physique ; la déclaration de la formation du groupe est indissociable du mème
qu’elle alimente. Toutes ces vidéos obéissent aux mêmes conventions et ont la même
forme. Elles constituent un corpus, et leur production est financée par des fonds privés ou
gouvernementaux – un peu comme dans le monde de l’art.
Ces vidéos montrent les zones de combat, elles archivent la machine de guerre et la
façon dont celle-ci affecte les corps humains, l’habitat et l’environnement naturel, mais
elles représentent aussi une forme de devise, qui peut être troquée contre des armes ou
de l’argent. Cette présentation portera sur l’économie de la documentation vidéo dans
la guerre en Syrie, examinera les tropes visuels et l’esthétique de la vidéographie des
participants et développera des idées abordées dans le blog presencedocuments.com.
Sohrab Mohebbi est écrivain et curateur, actuellement basé à Los Angeles. Parmi ses
projets curatoriaux : Hassan Khan: The Hidden Location (Queens Museum of Art, 2011),
Rope-a-Dope (avec le co-curateur Gabi Ngcobo) (Cabinet, 2010), For All the Wrong
Reasons (exposition des diplômés du Center for Curatorial Studies, 2010), et Strike a Pose
(avec le co-curateur Özge Ersoy) pour Bidoun Projects 2010. Il a bénéficié en 2010 d’une
bourse de recherche de Montehermoso pour le projet Visual Parrhesia. Ses textes ont
été publiés dans Bidoun, où il est rédacteur, ainsi que dans Artforum, Art Agenda, e-flux
journal et Modern Painters, entre autres. Mohebbi a été enseignant curateur au Queens
Museum of Art en 2010. Il enseigne actuellement à l’Otis College of Art and Design.
24
Suhail Malik
Suhail Malik is a writer, Co-Director MFA Fine Art and Reader in Critical Studies,
Goldsmiths, London, and CCS Bard Visiting Faculty 2012–14. Recent publications
include: contributor to and co-editor of Realism Materialism Art (2013); “On the Necessity
of Art’s Exit from Contemporary Art,” talk series at Artists Space, NY (2013); “Ape
Says No” in Red Hook Journal (2013); “The Ruling Elite Have Feelings Too” in The New
Reader (2013); “The Politics of Neutrality: Constructing a Global Civility” in The Human
Snapshot (2013); “Tainted Love: Art’s Ethos and Capitalization” (with Andrea Phillips) in Art
and Its Commercial Markets (2012); “Image – Nonimage – War” in Ekfrase (2012); “Why
Art? The Primacy of Audience” Global Art Forum, Dubai (2011); “Screw (Down) The Debt:
Neoliberalism and the Politics of Austerity” in Mute (2010).
Sohrab Mohebbi
Ghaith Abdul-Ahad reports how a rebel fighter in Syria describes the man who bankrolls
his new squadron: “He wants to appease God, and he wants us to give him videos of all
our operations. That’s all – just YouTube videos.” A Guardian report on the war mentions
how a civilian who provided the rebels with 450,000 rounds of ammunition and hundreds
of rocket-propelled grenades asked for videos in return to “to show the Americans that
units are joining the council.” Even more recently, an NPR report explained how the FSA
battalions are asked to document whole battles to prove that the resources did not end
up in the wrong hands. The videos of Syrian battalion formation and army defectors
provide for a significant portion of the visual repository of the war. The battalions do
not exist without their internet presence; the YouTube clip establishes that the group is
constituted as an online entity as well as a physical one—and possibly even in spite of
it; the declaration of the formation of the group is inseparable from the meme that it’s
contributing to. The videos all follow certain conventions and have a unified form. They
each point to a canon and their production is supported by private or governmental
funding—not unlike the artworld.
While video exposes the warzone and archives the machinery of war and how it
affects human bodies, the habitat, and the natural environment, it also functions as a
form of currency: it is exchanged for arms and cash. The presentation will look at the
economy of video documentation in the Syrian war, elaborating on the visual tropes and
aesthetics of participant videography and expanding on ideas discussed in the blog
presencedocuments.com.
Sohrab Mohebbi is a writer and curator currently based in Los Angeles. His curatorial
projects include Hassan Khan: The Hidden Location (Queens Museum of Art, 2011), Ropea-Dope (co-curated with Gabi Ngcobo) (Cabinet, 2010), For All the Wrong Reasons (Center
for Curatorial Studies graduate thesis exhibition, 2010), and Strike a Pose (co-curated with
Özge Ersoy) for Bidoun Projects 2010. Mohebbi is the recipient of a 2010 Montehermoso
research grant for the project Visual Parrhesia. His writings have been published in Bidoun,
where he is a contributing editor, as well as in Artforum, Art Agenda, e-flux journal, and
Modern Painters, among others. Mohebbi was the 2010 curatorial fellow at Queens
Museum of Art. He currently teaches at Otis College of Art and Design.
25
Sharon Sliwinski
L’une des transformations les plus profondes de la culture mondiale des droits de l’homme
a sans doute eu lieu le 22 février 2001 lorsque, pour la première fois de l’histoire, le viol
en temps de guerre a été officiellement déclaré crime contre l’humanité. Les procureurs
du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) ont enregistré une quantité
stupéfiante de preuves de détention et de viol systématiques de femmes, d’hommes et
d’enfants au cours des diverses guerres qui ont conduit à la dissolution du pays dans les
années 1990. La décision du TPIY relative à l’agression sexuelle a ensuite été adoptée par
le Tribunal Pénal International et a depuis été intégrée aux lois humanitaires internationales,
ce qui soulève une série de questions de fond auxquelles il n’existe aucune réponse
facile : En quoi cette décision exige-t-elle de repenser le concept désormais centenaire de
« crimes contre l’humanité » ? En quoi le procès a-t-il resitué la sexualité au centre de la
notion même de droits de l’homme, voire comme l’un des concepts-clé de l’analytique du
pouvoir déployé dans la polis ? Encore plus révélateur : Si le viol a longtemps été inhérent
à la guerre tout en restant obstinément ignoré, qu’est-ce qui a enfin rendu cette forme
particulière de violence lisible, dicible et effectivement passible de poursuites ? Cette
présentation soutient que la décision de 2001 fournit un bon exemple de la façon dont des
voix de plus en plus nombreuses présentent les droits de l’homme comme une question
d’optique – non sans difficultés d’ailleurs.
Sharon Sliwinski est maître de conférences à la Faculty of Information and Media Studies
et au Centre for the Study of Theory and Criticism de la Western University au Canada. Sa
recherche porte sur plusieurs sujets, de l’intersection de la politique et de l’esthétique à la
généalogie des concepts-clés du discours sur les droits de l’homme, ou à des recherches
plus théoriques sur la psychanalyse et le champ de l’imaginaire. La photographie est
un fil conducteur – photographes individuels, sujets et images, mais aussi le médium
en soi comme moyen par lequel l’humanité peut former une communauté de témoins
d’événements mondiaux. Le livre de Sliwinski Human Rights In Camera (Chicago 2011)
envisage l’histoire des droits de l’homme comme une série de scènes esthétiques. Elle a
publié des articles dans diverses revues, notamment Journal of Visual Culture; Humanity;
Culture, Theory, and Critique; et American Imago. Elle travaille actuellement à un livre
intitulé Dream Matters, une étude du sens social et politique du rêve.
Hito Steyerl
Est-ce qu’internet est mort ? Ce n’est pas une question métaphorique. Elle ne suggère
pas qu’internet soit dysfonctionnel, inutile ou démodé. Au contraire, la question est très
littéralement de savoir s’il est mort, comment il est mort et si quelqu’un l’a tué. Peut-on
inculper quiconque de ce meurtre et sous quelle juridiction ?
Hito Steyerl est réalisatrice de documentaires et auteur, basée à Berlin. Elle a étudié le
cinéma et le documentaire à la Tokyo Academy of Visual Arts et à la Munich Academy
of Television and Film. Elle a obtenu un doctorat de philosophie à la Vienna Academy of
Fine Arts en 2003. Steyerl a publié des essais filmiques et écrits autour des questions de
la mondialisation, de l’urbanisme, des problèmes d’égalité des sexes et de société, du
racisme et du nationalisme. En plus d’expositions individuelles, elle a pris part à plusieurs
26
Sharon Sliwinski
One of the most profound transformations in global human rights culture could be said
to have taken place on February 22, 2001, when, for the first time in human history, war
rape was officially deemed a crime against humanity. Prosecutors for the International
Criminal Tribunal on the former Yugoslavia (ICTY) logged a staggering amount of evidence
about the systematic detention and rape of women, men, and children during the various
wars that lead to the dissolution of the country in the 1990s. The ICTY ruling on sexual
assault was subsequently adopted by the International Criminal Court and has since been
effectively incorporated into international humanitarian law, opening a profound set of
questions for which there are no easy answers: How does this particular ruling demand a
re-thinking of the one hundred-year-old concept of “crimes against humanity”? How did
the trial reposition sexuality as central to the very notion of human rights, indeed, as one
of the key analytics of power deployed in the polis? More tellingly yet: If rape has long
inhered in war and yet managed to remain stubbornly unacknowledged, what finally made
this particular form of violence legible, utterable, and indeed, indictable? This presentation
argues that the ruling in 2001 provides a good example for the growing chorus that treats
human rights as a matter of optics — but not without trouble.
Sharon Sliwinski is Associate Professor in the Faculty of Information and Media Studies
and the Centre for the Study of Theory and Criticism at Western University in Canada.
Sliwinski’s research interests range across a number of topics, from the intersection of
politics and aesthetics, to the genealogy of key concepts in human rights discourse,
to more theoretical investigations in psychoanalysis and the terrain of the imaginary. A
common thread has been photography — with individual photographers, subjects, and
images, but also with the medium itself as a means through which humanity can become
a community of witnesses to world events. Sliwinski’s book Human Rights In Camera
(Chicago 2011) considers the history of human rights as a series of aesthetic scenes.
She has published articles in a variety of journals, including: the Journal of Visual Culture;
Humanity; Culture, Theory, and Critique; and American Imago. Her current book project is
called Dream Matters, which is a study of the social and political significance of dream-life.
Hito Steyerl
Is the internet dead? This is not a metaphorical question. It does not suggest that the
internet is dysfunctional, useless, or out of fashion. Instead, the question is very literally
whether it is dead, how it died, and whether anyone killed it. Can anyone be indicted in
court for this killing and under which jurisdiction?
Hito Steyerl is a documentary filmmaker and author living in Berlin. Steyerl studied
cinematography and documentary filmmaking at Academy of Visual Arts, Tokyo and
Munich Academy of Television and Film. She was awarded her PhD in philosophy at the
Academy of Fine Arts in Vienna in 2003. Steyerl has published filmic and written essays
centered around questions of globalization, urbanism, gender and social issues, racism,
and nationalism. In addition to solo exhibitions she took part in numerous international art
shows and festivals, namely in Documenta 12 (2007), Shanghai Biennale (2008), and the
55th Venice Biennale 2013. Steyerl currently serves as a professor for media arts at the
University of Arts Berlin (UdK Berlin).
27
expositions et festivals internationaux, notamment Documenta 12 (2007), Shanghai
Biennale (2008), et la 55ème Biennale de Venise 2013. Hito Steyerl est actuellement
professeur d’arts médiatiques à l’University of Arts Berlin (UdK Berlin).
Bernard Stiegler
Les réseaux numériques constituent un nouvel espace public de dimension planétaire : ils
modifient de ce fait radicalement la question de la chose publique (res publica).
C’est sur la base de la grammatisation alphabétique et du rapport catégoriel à la langue
qui s’y forma que la question des catégories fut dégagée par Aristote – et les catégories,
formant la base à la fois de la logique formelle et de l’ontologie, constituèrent dès lors les
fondements du savoir rationnel.
À l’époque de la grammatisation numérique, la question de la catégorisation se rejoue
dans des termes radicalement nouveaux qui appellent une nouvelle théorie des catégories,
basée sur de nouvelles pratiques de catégorisation, et sur de nouveaux instruments
intellectuels fondés sur des technologies contributives d’indexations, d’annotations et
d’éditorialisations herméneutiques.
Bernard Stiegler est philosophe, docteur de l’École des Hautes Etudes en Sciences
Sociales, président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de Recherche
et d’Innovation, professeur à l’Université de Londres (Goldsmiths College), professeur
associé à l’Université de Technologie de Compiègne, professeur invité à l’université de
Cambridge et à l’École Polytechnique de Zurich. Stiegler a été directeur de programme
au Collège international de philosophie, directeur de l’unité de recherche Connaissances,
Organisations et Systèmes Techniques de l’Université de Compiègne, qu’il y a fondée en
1993, directeur général adjoint de l’Institut National de l’Audiovisuel en 1996, directeur
de l’IRCAM en 2001 et directeur du département du développement culturel du Centre
Georges Pompidou en 2006. Il est l’auteur de 25 ouvrages.
Tirdad Zolghadr
Tirdad Zolghadr est écrivain et curateur. Il écrit des romans et des essais sur l’art
contemporain, et son travail de curator comprend des biennales et de nombreux projets à
long terme. Zolghadr était professeur (2008 – 2010) et Senior Academic Adviser et LUMA
fellow (2010 – 2013) à Bard College, Center for Curatorial Studies.
28
Bernard Stiegler
Digital networks make up a new planet-wide public space, thus radically modifying the
issue of the “public thing” (res publica).
It is on the basis of alphabetical grammatization that Aristotle identified the question of
categories and derived the categorial relation to language—and that categories, as the
basis for both formal logic and ontology, consequently became the foundations of rational
knowledge.
In the era of digital grammatisation, the question of categorization is once more at play
in radically new terms that call for a new theory of categories, based on new practices of
categorization, and on new intellectual instruments founded on contributive technologies
for indexing, annotation, and hermeneutic editing.
Bernard Stiegler is a philosopher, PhD from the Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales, president of the Ars Industrialis association, director of the Institut de Recherche
et d’Innovation, professor at the University of London (Goldsmiths College), associate
professor at the University of Technology of Compiègne, visiting professor at Cambridge
University and at ETH Zürich. Stiegler was the program director of the Collège international
de philosophie, director of the COSTECH research unit at the University of Compiègne,
which he founded in 1993, deputy director general of the Institut National de l’Audiovisuel
in 1996, director of IRCAM in 2001 and director of the department of cultural development
of the Centre Georges Pompidou in 2006. He is the author of 25 books.
Tirdad Zolghadr
Tirdad Zolghadr is a writer and curator. His writing includes novels and essays on
contemporary art, curatorial work includes biennials and a number of long-term projects.
Zolghadr was a faculty member (2008–2010), and Senior Academic Adviser/LUMA Fellow
(2010–2013), at Bard College’s Center for Curatorial Studies.
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À propos de la Fondation LUMA
La Fondation LUMA a été créée en 2004 pour soutenir les activités d’artistes indépendants
et pionniers, ainsi que d’institutions œuvrant dans les domaines des arts et de la
photographie, de l’édition, du documentaire et du multimédias. La fondation privilégie les
projets artistiques exigeants, en particulier ceux qui portent sur l’environnement, les droits
de l’homme, l’éducation et la culture au sens le plus large.
La Fondation LUMA se consacre actuellement au développement d’un centre culturel
réellement expérimental dans le Parc des Ateliers d’Arles, avec l’architecte Frank
Gehry. Ce projet ambitieux, conçu comme un centre multidisciplinaire destiné à la
production d’expositions, mais également comme un lieu de recherche, d’éducation et de
conservation d’archives, est soutenu par un nombre croissant de partenaires publics et
privés.
À propos du Center for Curatorial Studies
Le Center for Curatorial Studies de Bard College (CCS Bard) est un centre d’exposition,
de formation et de recherche dédié à l’étude de l’art et des pratiques curatoriales des
années 1960 à nos jours. En plus des CCS Bard Galleries et du Hessel Museum of Art,
le Centre héberge la Collection Marieluise Hessel ainsi qu’une bibliothèque très riche et
des archives d’expositions ouvertes au public. Le Centre offre un programme de master
d’études curatoriales de deux ans, spécialement conçu pour permettre aux étudiants
d’approfondir leur compréhension des tâches intellectuelles et pratiques des curateurs
d’art contemporain. Les expositions présentées toute l’année aux CCS Bard Galleries et
au Hessel Museum of Art permettent aux étudiants de travailler avec des artistes et des
curateurs de renommée mondiale. Le programme d’expositions et la Collection Hessel
servent également de base à une large gamme de programmes et d’activités destinés au
grand public, autour de l’art et de son rôle dans la société contemporaine.
À propos du Human Rights Project Le programme « Droits de l’homme » de Bard College est une spécialisation
transdisciplinaire croisant les arts, les sciences sociales et la littérature. Il propose des
cours qui abordent des questions théoriques fondamentales, des problèmes historiques
et empiriques au sein de ces disciplines ainsi que les stratégies pratiques et juridiques
de la défense des droits de l’homme. Les étudiants sont invités à considérer les droits de
l’homme comme une question intellectuelle, à remettre en cause les orthodoxies des droits
de l’homme et à penser le discours des droits de l’homme de façon critique, plutôt que de
simplement se former à exercer professionnellement dans ce domaine.
Le Human Rights Project allie une réflexion théorique et une approche critique des
pratiques des droits de l’homme à une activité de recherche en prise directe avec des
problèmes contemporains. Parmi les initiatives en cours, des projets sur l’application de
l’expertise médico-légale aux droits de l’homme (avec le Centre for Research Architecture
à Goldsmiths College, University of London), la musique et la torture, et les croisements
entre les arts visuels et les droits de l’homme (avec le Center for Curatorial Studies, Bard
College).
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About the LUMA Foundation
The LUMA Foundation was established in 2004 to support the activities of independent
artists and pioneers, as well as institutions working in the fields of art and photography,
publishing, documentary, and multimedia. The foundation specializes in challenging artistic
projects combing a particular interest in enviroinmental issues, human rights, education,
and culture in the broadest sense.
The LUMA Foundation’s current focus is to develop truly experimental cultural center in
the Parc des Ateliers in the city of Arles, France, working with the architect Frank Gehry.
This ambitious project envisions an interdisciplinary center dedicated to the production of
exhibitions, research, education, and archives and is supported by a growing number of
public and private partnerships.
About the Center for Curatorial Studies
The Center for Curatorial Studies at Bard College (CCS Bard) is an exhibition, education,
and research center dedicated to the study of art and curatorial practices from the 1960s
to the present day.
In addition to the CCS Bard Galleries and Hessel Museum of Art, the Center houses the
Marieluise Hessel Collection, as well as an extensive library and curatorial archives that
are accessible to the public. The Center’s two-year M.A. program in curatorial studies is
specifically designed to deepen students’ understanding of the intellectual and practical
tasks of curating contemporary art. Exhibitions are presented year-round in the CCS Bard
Galleries and Hessel Museum of Art, providing students with the opportunity to work with
world-renowned artists and curators. The exhibition program and the Hessel Collection
also serve as the basis for a wide range of public programs and activities exploring art and
its role in contemporary society.
About the Human Rights Project The Human Rights Program at Bard College is a transdisciplinary major across the arts,
social sciences, and literature. It offers courses that explore fundamental theoretical
questions, historical and empirical issues within the disciplines, and practical and legal
strategies of human-rights advocacy. Students are encouraged to treat human rights
as an intellectual question, challenge human-rights orthodoxies, and think critically
about human rights as a discourse rather than merely training for it as a profession. The
Human Rights Project links theoretical inquiry and critical explorations of human-rights
practice with active research and involvement in contemporary issues. Ongoing initiatives
include projects on human-rights forensics (with the Centre for Research Architecture
at Goldsmiths College, University of London), music and torture, and the intersections
between the visual arts and human rights (with the Center for Curatorial Studies, Bard
College).
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Programme LUMA 2013
Pour mieux matérialiser le dialogue continu que la fondation LUMA entretient avec un
réseau international d’artistes et de commissaires, la Fondation a initié une série de projets
en 2013 énumérés ci-dessous. Ce symposium participe de ce programme, qui a été conçu
par Maja Hoffmann et le LUMA Core Group : Tom Eccles, Liam Gillick, Hans Ulrich Obrist,
Philippe Parreno et Beatrix Ruf.
Maison du Projet, Parc des Ateliers
Le Parc des Ateliers est un centre d’art et de recherche destiné à produire des expositions,
des œuvres et des idées. Il a été conçu et créé par la Fondation LUMA, fondée et présidée
par Maja Hoffmann et le LUMA Core Group, en collaboration avec Frank Gehry ; Annabelle
Selldorf pour la rénovation des édifices existants ; et Bas Smets pour l’aménagement
paysager.
La Maison du Projet présente les plans et les maquettes du Parc des Ateliers.
Vous pouvez également y visionner une sélection de films liés à l’activité de LUMA, au
travail de l’architecte Frank Gehry et de l’architecte paysager Bas Smets, mais aussi y
consulter des publications qui s’y rapportent.
Lieu : Entrée du Parc des Atelier, 33 avenue Victor Hugo – 13200 Arles.
Ouvert tous les jours jusqu’au 22 septembre de 10:00 à 19:30 (entrée libre).
Wolfgang Tillmans : Neue Welt
Une exposition de la Kunsthalle de Zürich proposée par Beatrix Ruf, commissaire
d’exposition, co-produite par la Fondation LUMA et les Rencontres d’Arles pour l’édition
2013 du Festival international de la photographie. Initialement présentée à la Kunsthalle de
Zürich, l’exposition intègre de nouvelles œuvres pour Arles.
Lieu : Atelier de Chaudronnerie (Grande Halle),
Parc des Ateliers, 33 avenue Victor Hugo – 13200 Arles.
Ouvert tous les jours jusqu’au 22 septembre de 10:00 à 19:30 (entrée : 8 €)
Exposition d’archive : Vers la lune en passant par la plage
Au coeur du projet de la fondation LUMA pour le Parc des Atelier, les archives continuent
d’être une source d’inspiration. La Fondation préserve non seulement les archives
d’artistes et de photographes, mais également les archives d’expositions entières,
conservant ainsi de précieuses références pour l’analyse de l’histoire des expositions. En
juillet dernier, la Fondation LUMA produisait une exposition de quatre jours, Vers la lune
en passant par la plage, qui a eu lieu dans les arènes d’Arles. Conçue par les artistes Liam
Gillick et Philippe Parreno avec les commissaires d’exposition Tom Eccles, Hans Ulrich
Obrist et Beatrix Ruf, elle a permis à vingt artistes de produire de nouvelles œuvres dans
ce cadre extraordinaire. Le Core Group a invité Matthieu Humery à présenter une série de
films qui reviennent sur cette exposition éphémère.
Lieu : Le Garage, Hôtel du Cloître, 18 rue du Cloître, 13200 Arles.
Ouvert tous les jours durant le colloque, de 10:00 à 19:30 (entrée libre).
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LUMA program 2013
Building upon its ongoing commitment to working with international artists and curators in
Arles, the LUMA Foundation presents a series of projects throughout 2013. This program
is conceived by Maja Hoffmann and the LUMA Core Group: Tom Eccles, Liam Gillick, Hans
Ulrich Obrist, Philippe Parreno, and Beatrix Ruf.
Maison du Projet, Parc des Ateliers
The Parc des Ateliers is an arts and research center for the production of exhibitions, art
and ideas. It is conceived and commissioned by the LUMA Foundation, founded and
chaired by Maja Hoffmann and the LUMA Core Group, in collaboration with Frank Gehry;
Annabelle Selldorf for the renovation of the existing buildings; and Bas Smets for the
landscape design.
The Maison du Projet presents the plans and architectural models for the Parc des Ateliers.
Here you can also watch a selection of films related to LUMA’s activity and to the work of
architect Frank Gehry and landscape designer Bas Smets, in addition to consulting related
publications.
Venue: Entrance of the Parc des Ateliers, 33 avenue Victor Hugo – 13200 Arles.
Open daily until September 22, 10 am - 7:30 pm (free entry).
Wolfgang Tillmans: Neue Welt
An exhibition of Kunsthalle Zürich, curated by Beatrix Ruf, and coproduced by the
LUMA Foundation and the Rencontres d’Arles for the current edition of the international
photography festival. First shown at Kunsthalle Zürich, the exhibition includes new work for
Arles.
Venue: Atelier de Chaudronnerie (Grande Halle),
Parc des Ateliers, 33 avenue Victor Hugo – 13200 Arles.
Open daily until September 22, 10 am - 7:30 pm (Entry 8 €)
Archive exhibition: To the Moon via the Beach
As a source of inspiration, the archive continues to be a central part of the LUMA
Foundation’s conception for the Parc des Ateliers. The Foundation has been preserving not
only archives of individual artists and photographers, but also collecting archives of entire
exhibitions, conserving a valuable source for the analysis of exhibition history. Last July,
the LUMA Foundation produced the four-day exhibition To the Moon via the Beach, which
took place in the Roman amphitheater of Arles. Conceived by Liam Gillick and Philippe
Parreno, and curated together with Tom Eccles, Hans Ulrich Obrist, and Beatrix Ruf, it
saw twenty artists creating new work for this extraordinary setting. At the Core Group’s
invitation, Matthieu Humery presents a sequence of films looking back on this ephemeral
exhibition.
Venue: Le Garage, Hôtel du Cloître, 18 rue du Cloître, 13200 Arles.
Open daily during the symposium, 10 am - 7:30 pm (free entry).
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INFORMATIONS PRATIQUES
Pour recevoir plus d’indications ou de détails au sujet de « La Crue des Droits » et des
autres événements de LUMA en 2013, ou pour vous inscrire au symposium, rendez vous
au bureau de LUMA à l’Hôtel du Cloître,
18 rue du Cloître, 13200 Arles.
+33(0)4.88.09.10.20
(Le bureau sera ouvert du 15 au 22 septembre).
Pour en savoir plus : www.bard.edu/ccs
Contact presse : Brunswick Arts
Mustapha Bouhayati, [email protected]
Image de couverture conçu par Liam Gillick
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PRACTICAL INFORMATION
For directions, details about “The Flood of Rights” and other LUMA 2013 events, and
reservations for the symposium, please visit the LUMA Office at Hotel du Cloître,
13200 Arles.
+33(0)4.88.09.10.20
(The office will be open from September 15 to 22).
More information is also available at www.bard.edu/ccs
For press inquiries, please contact Brunswick Arts:
Mustapha Bouhayati, [email protected]
Cover image by Liam Gillick
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