De la recherche aux traitements des maladies rares
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De la recherche aux traitements des maladies rares
De la recherche aux traitements des maladies rares : risques et bénéfices Avec la participation de : SOMMAIRE Maladies rares : Où en est la recherche ? …………………………………. p. 2 Nouveaux outils face aux maladies neurologiques rares …………………….. p. 4 Nouveaux traitements des maladies rares du sang………………………………. p. 5 Témoignages………………………………………………… Les réponses à vos questions …………………………… Pour en savoir plus ………………………………………... Glossaire…………………………………………………….. p. 8 p. 9 p.15 p.15 > Pr Ségolène Aymé, Directeur de recherche Inserm SC 11, Paris, responsable du serveur Orphanet. > Dr Alexandra Durr, Neurologue et généticienne, Inserm U 289, Physiopathologie des maladies du système nerveux. > Pr Eliane Gluckman, Service hématologie - greffe de moelle osseuse de l’Hôpital Saint Louis (AP-HP), Paris. > Ces propos ont été recueillis à l’occasion d’un débat organisé par la Fondation Recherche Médicale 1 dans le cadre de ses Journées , le 23 septembre 2003, à la Sorbonne, Paris. Ce débat était animé par Laurent Romejko, journaliste de France 2. > Ce dossier est également disponible sur le site web de la Fondation Recherche Médicale www.frm.org > Les termes avec astérisque (*) sont définis ou explicités dans le glossaire ou dans la rubrique Pour en savoir plus en page 15. > Dossier publié le 15 novembre 2003. 1 Du 9 au 23 septembre 2003, la Fondation Recherche Médicale organisait 7 débats grand public dans 6 villes de France (Paris, Rennes, Bordeaux, ClermontFerrand, Nice, Grenoble). Le public a pu y rencontrer médecins et chercheurs, leur poser des questions et dialoguer avec eux. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 1 Maladies rares : où en est la recherche ? Par le Dr Ségolène Aymé, Directeur de recherche Inserm SC 11, Paris, responsable du serveur Orphanet. La recherche sur les maladies rares est très spécifique. Il y en a des milliers et 3600 d'entre elles sont recensées sur www.orpha.net , notre serveur d'information, mais ce chiffre est un peu artificiel, car cela dépend de la façon dont on les définit*. On pourrait aussi bien dire qu'il y en a 10 ou 12 000 ou simplement 2 ou 3 000. On découvre entre 2 et 5 maladies rares par semaine (description de nouveaux syndromes dans la littérature médicale). En fait, ces maladies ne sont pas nouvelles, mais on s'y intéresse enfin ! Un intérêt se porte donc maintenant vers les malades dont on ne comprenait pas autrefois les symptômes, qu'on laissait à l'écart, à qui l’on ne donnait aucune réponse et qui pouvaient passer leur vie entière sans savoir ce qu'ils avaient. Ce n'est plus complètement le cas, heureusement. Ces maladies rares sont en grande majorité - à 80 % - d'origine génétique. Les autres maladies rares ont souvent un gène ou plusieurs gènes de susceptibilité*, mais ne sont pas entièrement déterminées par la génétique. Deux tiers sont des maladies pédiatriques - touchant les jeunes enfants - et durent toute la vie. La recherche sur les maladies qui ne surviennent qu'à l'âge adulte, après 40, 50 ou 60 ans est très spécifique et s'est organisée récemment. Pendant 15 ans, j'étais, avec quelques collègues dans le monde, une des rares à s'intéresser à ces maladies. Les gens disaient : "Ce sont les chercheurs qui s'intéressent aux timbres-poste", c’est-à-dire aux raretés dont une petite caractéristique en fait la valeur. En fait, nous étions confrontés aux problèmes gravissimes de certains malades et ne supportions pas de ne pas avoir de diagnostics, de tests de laboratoire, de méthodes d'exploration ou de réponses thérapeutiques. La mobilisation a été progressive, tout en restant confidentielle pendant longtemps. Des bases de données partagées ont été constituées, car c'était la seule façon de recenser toutes les maladies rares. Ce savoir partagé permettait d'échanger entre personnes qui étaient au Japon, aux États-Unis, au Canada, en Angleterre. En faisant des rapprochements, on a pu identifier certaines de ces maladies. Cette organisation de la recherche a duré jusqu'aux années 1990, date à laquelle tout a changé d’échelle. Le programme génome a véritablement « révélé » les maladies rares. En effet, quand les chercheurs ont commencé à décrypter le génome, il leur fallait identifier les gènes et pour cela étudier des familles dans lesquelles un gène se transmettait entre générations. Tout le monde y a trouvé son compte : les chercheurs qui étudiaient des maladies génétiques très rares se transmettant dans les familles et les malades à qui l'on s'intéressait enfin et dont on allait peut-être trouver le gène à l'origine de la maladie. Les maladies rares sont donc arrivées sur le devant de la scène dans les années 1990. Grâce à l'étude des maladies rares, on a déjà pu identifier 1 200 gènes de maladies. Ces découvertes peuvent aller très vite : il suffit d'avoir une famille avec le gène qui se transmet et l’on peut trouver le gène correspondant en quelques semaines ou en quelques jours. Les maladies rares constituent donc des outils fantastiques pour la recherche en génétique. Ces 1 200 maladies génétiques dont on a trouvé le gène n'ont pas forcément de test diagnostic pour autant. Seules 300 maladies disposent d’un test en biologie moléculaire qui permet de faire un diagnostic, de savoir si les apparentés sont transmetteurs, etc. Quand on a identifié le gène et qu'on peut proposer un test diagnostic, on peut également proposer un diagnostic prénatal. Si la maladie revêt un caractère sévère et/ou handicapant et que les gens le souhaitent, on peut procéder au dépistage de personnes à risque dans les familles. Mais cela ne suffit pas : l'étape suivante est la prise en charge, l'amélioration des conditions de vie et de la qualité de vie et, si possible, le traitement. Cette étape est en cours, car, en cherchant à mieux comprendre la cause de ces maladies, on accumule les connaissances sur les gènes responsables non seulement des maladies rares mais aussi d’autres maladies plus « communes ». En effet, les maladies rares ont toujours un processus, un gène ou une protéine codée par ce gène qui ne fonctionne pas. Ce sont, à ce titre, des “ modèles ” de maladies. Les maladies complexes, les maladies communes ont souvent de multiples causes, de multiples facteurs de risque. Il est donc très difficile de « disséquer » l'effet de chaque événement, mais on peut comprendre ce mécanisme avec une maladie où un seul élément ne fonctionne pas. Les chercheurs ont donc pris conscience de cet aspect « maladie modèle », et de l’impact De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 2 d’applications déclinables sur un grand nombre de maladies. Et les industriels ont compris qu'il n'était pas inutile de s'intéresser au traitement de ces maladies, car ils allaient généralement pouvoir développer des médicaments qui auraient d'autres applications. L'intérêt des industriels est venu des efforts des chercheurs fondamentaux et des médecins qui travaillaient sur ces maladies, mais aussi de la médiatisation des maladies rares avec le programme génome et, en France, par le Téléthon qui a formidablement contribué à les populariser. La prise de conscience de l'importance de ces maladies a eu des effets politiques. En effet, la politique de soutien à la recherche a changé ces dernières années, ainsi que la politique de prise en compte des personnes atteintes de maladies rares. Plusieurs événements clefs ont aussi changé le paysage de notre travail : l'adoption par la commission européenne d'un règlement donnant des avantages aux industriels s'ils développent des médicaments pour les maladies rares. Ces incitations sont telles qu'en presque 3 ans, 200 molécules sont en passe d'arriver sur le marché, ce qui est fantastique lorsqu'on connaît leur temps de développement. On a beaucoup d'espoir que cette montée en puissance des médicaments dits “ orphelins ” continue dans les années qui viennent. L'industrie a donc compris son intérêt grâce à ces incitations. Le partenariat entre recherche publique et recherche industrielle s'installe progressivement. Il est souvent difficile pour le public de comprendre comment cela fonctionne et si les intérêts ne sont pas divergents. Mais ce n'est pas le cas : la recherche publique est faite pour comprendre les bases fondamentales, l'origine des maladies, les grands mécanismes pour qu'ensuite les industriels puissent intervenir. Ce n'est pas cynique : les industriels ont besoin de cette recherche fondamentale et produisent de la richesse en développant de nouveaux procédés de diagnostic, de nouvelles machines, de nouveaux médicaments etc. Mais une partie incontournable ne sera jamais faite par le secteur marchand, car il y a un investissement de fonds qu’il faut que tout le monde fasse. Quatre gouvernements successifs ont déjà entrepris cet effort en France pour aider et coordonner la recherche dans le domaine des maladies rares. Le grand enjeu de la recherche sur les maladies rares est de convaincre les chercheurs de collaborer alors qu’ils sont, pour certains, plutôt « individualistes » et souhaitent avoir des succès personnels, puisque c'est sur ces succès qu'on les juge. Pourtant, si seuls 50 malades ont une maladie et sont dans 4 pays européens, tous les médecins qui ont connaissance de ces malades doivent collecter l'information et la partager. Tous les laboratoires doivent aussi partager les données, qu'ils sachent faire de l'imagerie de la cellule, de la biologie moléculaire, de l'imagerie cérébrale ou de l'épidémiologie*. Les pouvoirs publics ont compris qu'il fallait des incitations et ont lancé des appels d'offres permettant d'avoir des crédits de recherche à condition de travailler avec les autres, de faire des réseaux et de partager les données. Cela a été fait en France et au niveau européen, en Espagne, en Allemagne. Il y a donc, en ce moment, une dynamique de partage des connaissances, de collaboration, et une course pour trouver des solutions pour les malades. C'est un procédé très différent de la philosophie habituelle de la recherche. En effet, les chercheurs ne sont pas très bien payés, même s'ils trouvent. Nous travaillons dans des conditions difficiles et nous travaillons beaucoup. Ce qui nous motive, c'est de trouver, d'être reconnu, d'être remercié par la société, même si c'est rare. On cherche donc à avoir cette reconnaissance individuelle de notre contribution. C'est pourtant une mauvaise approche : la recherche doit se faire par collaboration. Les physiciens l’ont compris, il y a très longtemps : il y a d'énormes laboratoires et réseaux de collaboration et chacun contribue un peu au succès de l'ensemble. En biologie et en médecine, on est encore beaucoup trop individualiste. Ce sont seulement les prémices de la construction d'un effort collectif. Il y a donc une communauté d'intérêts entre les chercheurs, les industriels et, surtout, les associations de malades : le programme génome s'est entièrement appuyé sur l'effort des associations. Elles ont convaincu les familles de donner du sang pour la cartographie du génome. Il faut relever l'exemplarité de l’AFM*, qui a compris extrêmement tôt que les familles devaient se mobiliser pour aider les chercheurs et contribuer massivement à l'effort de recherche. Les associations sont des partenaires. Évidemment, il peut être stressant d'avoir un partenariat étroit avec les associations de malades, car les échelles de temps de la recherche et de l'espérance des gens ne sont pas superposables. Il y a parfois trop d'attente de la part des associations par rapport à ce que peuvent faire les chercheurs. Mais, ce partenariat est formidable et, si nous n'avons pas beaucoup de reconnaissance en général, nous avons au moins celles des associations dont De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 3 nous sommes proches et c'est une grande part de notre plaisir à travailler. Nouveaux outils face aux maladies neurologiques rares, Dr Alexandra Durr, Neurologue et généticienne, Inserm U 289, Physiopathologie des maladies du système nerveux. Les maladies neurologiques sont extrêmement diverses et comptent parmi elles certaines maladies rares. Les maladies génétiques touchent le système nerveux pour la moitié d'entre elles. Par conséquent, les maladies rares sont très souvent neurologiques. Parmi des formes très fréquentes de maladies neurologiques, comme les maladies de Parkinson et d'Alzheimer, on a découvert des formes rares, cliniquement identiques mais déterminées par un seul gène. Par exemple, 10 % des maladies de Parkinson sont héréditaires et dues à une anomalie portée par un gène. On pensait auparavant que la maladie de Parkinson était une seule maladie, mais due à des causes très diverses. Ce n'est pas tout à fait vrai : on devrait dire que c'est un « syndrome parkinsonien », englobant la maladie de Parkinson dont on ne connaît pas bien les causes et un sous-groupe de maladies avec une maladie due à tel gène, une maladie due à tel autre… La découverte de ces formes a été extrêmement importante pour comprendre le mécanisme même de la maladie. Étudier ces maladies est donc important mais difficile : ce sont des maladies rares, il faut connaître les familles, travailler en réseaux, etc. > Les particularités des maladies neurologiques Ces maladies se révèlent souvent à l'âge adulte et il est donc difficile d’en faire une étude génétique correcte : quand la maladie se révèle à l'âge de 60 ans, les parents du patient ne sont souvent plus là et les enfants ne sont pas forcément atteints, car ces maladies ne se transmettent pas toujours d'une génération à l'autre. Il faut donc avoir d'autres techniques et d'autres approches génétiques pour les étudier. Il faut souvent prélever des échantillons biologiques, contacter et caractériser cliniquement beaucoup de patients.. un travail de longue haleine. Ce sont souvent des maladies neurodégénératives, qui touchent très sélectivement une certaine population de cellules nerveuses, et s'aggravent progressivement. Difficulté supplémentaire, pour une même maladie, les symptômes varient au fil du temps. Le problème est différent de celui des maladies avec des phénotypes*, donc des présentations cliniques très particulières, où il faut rencontrer des gens très éloignés, trouver des familles différentes. Dans la maladie de Parkinson, par exemple, il y a de signes cliniques bien identifiés, pourtant, il y a énormément de gènes en cause et de nombreuses formes différentes. Les patients acceptent bien la maladie de Parkinson, car ils la connaissent à peu près. Mais les représentants des associations concernant des maladies peu connues, comme les ataraxies cérébelleuses, acceptent mal qu'on ne puisse pas leur dire exactement quel gène pose problème. En fait, nous avons juste un « nom de groupe » : il y a plusieurs maladies différentes dans la maladie de Parkinson, qui sont toutes appelées de ce nom. Autre particularité des maladies neurologiques : il n'y a pas tellement de traitements curatifs, ce qui justifie d’accélérer la recherche. Les chercheurs imaginent que des « circuits » sont interrompus dans le cerveau et cherchent à les reconstituer. Penser qu’il suffit d'une simple greffe de cellules en mettant des cellules nerveuses là où elles manquent est trop simpliste et théorique. Il faut considérer ce fonctionnement en réseau dans le cerveau. Même si de nombreux progrès ont été faits, par des stimulations intra-cérébrales pour la maladie de Parkinson, beaucoup de choses restent à imaginer et à faire en matière de traitement. J'ai un jour appelé une personne qui avait une paraparésie spastique*. Je lui ai dit : "Monsieur, j’avais fait un prélèvement sur vous, il y a dix ans et je sais maintenant quel est le gène de votre maladie". Il m’a répondu : "C'est formidable, et alors ?". Ça ne changeait rien, en effet, le traitement était le même. Pourtant, identifier des gènes responsables constituent la première étape vers un traitement. C'est ce qu'on fait après le diagnostic qui importe. Pour les maladies neurologiques particulièrement, on est en 2003 dans cette situation charnière où l’on peut faire un diagnostic génétique, mais rien ne suit car il n'y a pas de traitement. Ce n'est pas qu'on ne veuille pas suivre, mais c'est encore trop tôt : on est un De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 4 peu en avance du point de vue du diagnostic, mais très en retard par rapport à la thérapie. Le domaine de la neurologie a essayé d'encadrer les tests génétiques, car on ne peut pas faire une prise de sang à quelqu'un et lui dire simplement qu'il développera une maladie grave dix ans plus tard. Avec la maladie de Huntington*, l'encadrement a été fait rapidement dès 1989 et est devenu crucial en 1993 avec la création du premier centre en France, à Paris, pour la prise en charge de ces diagnostics. Il faut savoir ce qu'on doit faire des résultats des examens. > Les avancées La plus importante des avancées récente est certainement la découverte que nos neurones peuvent se régénérer seuls, même à l'âge adulte. Cette découverte, faite il y a quelques années casse une idée reçue qui était de dire que les cellules du cerveau ne se régénèrent pas du tout. D’où l’idée de se servir de ces cellules pour les thérapies cellulaires. Cela a déjà été fait, tout comme pour les cellules sanguines. La deuxième avancée est le transfert technologique du diagnostic vers la clinique. C'est maintenant fait pour certaines maladies neurologiques, comme la maladie de CreutzfeldtJakob, mais c'est souvent encore un peu délicat : il y a encore beaucoup de travail à faire auprès des médecins pour qu'ils connaissent toutes les maladies correctement et puissent donner aux patients des informations correctes lorsqu’un diagnostic est posé. On a également découvert des mécanismes communs à certaines maladies. Même si les maladies sont plus ou moins rares, si tout le monde travaille sur le même mécanisme même sur des maladies différentes, lorsqu'on trouve quelque chose pour une maladie, s'il s'agit de la même cause technique moléculaire, ce sera bon pour toutes les autres maladies qui sont dues à ce même mécanisme. Ainsi, on a découvert qu'il y avait, dans un gène, un motif qui se répétait inutilement - induisant un état pathologique - et que 13 maladies neurologiques étaient dues à cette répétition. C'est très étrange : quelque chose se fait dans des gènes différents, sur des chromosomes différents et pour des maladies très différentes et cela ne concerne que des maladies neurologiques. De nombreuses équipes de chercheurs se sont mises ensemble sur ces thèmes-là. > Les défis de l'avenir Un très bon exemple est celui de la vaccination dans le cas la maladie d'Alzheimer. Même si celle-ci n’est pas une maladie rare, c’est un très bon exemple de discussion. L’idée est à la base tout simplement géniale ! Dans la maladie d'Alzheimer, des plaques d'une substance complètement amorphe, l'amyloïde, se posent dans le cerveau et, quand il y en a trop, on devient malade. Le fait d'imaginer de vacciner contre cette substance, avant qu'elle ne se dépose dans le cerveau, était une excellente idée. Malheureusement, les essais ont été trop rapides et ont provoqué le décès prématuré de quelques personnes. Ces essais ont bien évidemment été arrêtés. Mais on peut espérer que ce concept sera un jour mis en application efficacement et sans risque. Autre perspective prometteuse : la thérapie génique. C'est une technique un peu compliquée à appliquer au le cerveau, système clos et très protégé par rapport à la circulation sanguine. Mais, des recherches visent à concevoir des vecteurs qui ne vont que dans le cerveau. Dès que cette première étape aura été franchie, alors la thérapie génique aura fait un grand pas. Enfin, il y a des actions quotidiennes à faire pour les malades qui ont des maladies neurologiques, comme installer des consultations spécialisées pour chaque type de maladie, effectuer un suivi, proposer des solutions pour la vie de tous les jours, et enfin, informer et sensibiliser. Nouveaux traitements des maladies rares du sang Professeur Eliane Gluckman, Service hématologie greffe de moelle osseuse de l’Hôpital Saint Louis (AP-HP), Paris. La maladie de Fanconi* est un très bon exemple pour aborder les maladies rares du sang. Le professeur Fanconi était un pédiatre suisse qui travaillait à Zurich et il a été le premier à décrire cette maladie dans les années 1920. C'est une maladie héréditaire, transmise par les deux parents. Elle est donc autosomale récessive*. Les deux parents ne savent pas qu'ils ont la mutation, puisque lorsqu'un seul gène est atteint, cette maladie est totalement asymptomatique. C'est donc le hasard malheureux qui fait que les enfants sont malades, lorsque deux parents ont cette mutation et lorsqu'ils héritent du gène anormal des parents. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 5 La maladie de Fanconi est une maladie qui associe plusieurs malformations que l'on peut voir parfois dès la naissance : anomalies au niveau des mains, retard de croissance, taches sur la peau… D’autres manifestations plus handicapantes surviennent à l’âge de 4 ou 5 ans. On s'aperçoit alors que l'enfant devient pâle, il a des bleus. Sa moelle osseuse s’arrête progressivement de fonctionner et ne produit plus de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes. Comme dans toutes les maladies rares, il faut connaître le diagnostic pour pouvoir le faire immédiatement. Toutefois, compte tenu de la petite taille de l’enfant et de ses malformations – et quand on en a l’habitude -, il est assez aisé de diagnostiquer cette maladie dès l'entrée de l'enfant en consultation. Toutefois, ce sont des examens plus spécialisés qui vont montrer que la marque de cette maladie est une fragilité de certains chromosomes. Ce sont des chromosomes qui cassent facilement et font que la cellule se divise mal. Petit à petit il y a un arrêt et une destruction prématurée des cellules à division rapide, c'est-à-dire essentiellement celles de la moelle osseuse. Cette maladie, quand elle n’est pas prise en charge, aboutit au décès de l'enfant. En moyenne, le diagnostic se fait vers l'âge de 5 ans, et le décès intervient vers l'âge de 14 ou 15 ans. Si ces patients ne meurent pas de l'épuisement de leur moelle osseuse, c'est une maladie qui entraîne une fréquence accrue de leucémies ou de cancers, en raison de la fragilité des chromosomes. C'est donc une maladie grave, relativement rare et il n'y a aucun moyen aujourd'hui de dépister facilement les porteurs de la mutation. Donc, c'est en général à partir d'un premier enfant atteint que l'on va suspecter le diagnostic chez les enfants suivants et essayer de prévenir la maladie. > Les recherches Lorsque l'on s'intéresse à une maladie rare, on est souvent bien seul. Nous avons a été seuls pendant très longtemps, car nous étions un petit groupe de chercheurs qui nous intéressions particulièrement à cette maladie. Ce n'est qu'au moment de la carte du génome* que les découvertes ont commencé à arriver et qu'un certain nombre de gènes ont été identifiés dans cette maladie. Actuellement, plus de 8 gènes sont connus et clonés. La semaine dernière, il y a eu un article traitant de l'identification d'un 9e gène. Les recherches se sont orientées, entre autre, vers l'étude des mutations : il était important de savoir ce que faisaient ces gènes mutés. On ne savait pas et l’on ne sait toujours pas très bien quelle est le mécanisme qui est atteint dans cette maladie et pourquoi une mutation d'un gène entraîne des conséquences aussi graves pour les enfants. On commence à avancer un peu et c'est une voie tout à fait nouvelle qui est en train d’être explorée. C’est ainsi qu’on a pu voir que certains gènes étaient déficients dans l’anémie de Fanconi, qu’ils avaient quelque chose à voir avec la stabilité de la cellule et qu'il y avait des relations avec certaines mutations observées au cours des cancers du sein ou de certains cancers de l'ovaire. Donc, ces gènes, dans cette maladie rare, permettent de mieux connaître les mécanismes d’apparition d’une leucémie et de cancers. C'est pourquoi il faut faire de la recherche sur ces maladies. De ce fait, beaucoup de chercheurs commencent à s'intéresser à cette maladie, car c'est une clef pour comprendre d’autres maladies. On a maintenant des méthodes de diagnostic assez précises, ce qui a débouché sur la possibilité du diagnostic prénatal. Aujourd'hui, avec l'étude des mutations, on peut espérer faire un diagnostic extrêmement précoce, dès le début de la grossesse, et éviter ainsi aux femmes le traumatisme d'un avortement tardif. On a beaucoup parlé d’un cas dans la presse : les parents d'un enfant atteint d'une maladie de Fanconi ont demandé à ce qu'il y ait une sélection d'embryons, non seulement sur la possibilité d'éliminer la mutation, mais aussi sur des caractéristiques génétiques qui en feraient un donneur de moelle ou de sang de cordon possible pour un traitement ultérieur. Un cas qui amène à une réflexion éthique. Une autre voie de recherche est celle des donneurs pour faire des greffes de moelle. Les enfants atteints de la maladie de Fanconi ont des moelles qui ne fonctionnent pas correctement et il est donc tout à fait légitime de penser qu'on peut leur faire des greffes. C'est un traitement qui marche très bien lorsque ces patients ont des frères ou des sœurs identiques du point de vue des systèmes de compatibilité cellulaire. Dans ce cas, comme il y a une grande proximité génétique entre le donneur et le receveur, les résultats des greffes sont vraiment excellents. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 6 Malheureusement, il n'y a pas toujours un frère ou une sœur identique « à disposition », et les recherches se sont orientées dans deux directions : la première, c'est la constitution de registres de donneurs de moelle non apparentés. Il y a actuellement 8 millions de donneurs dans le monde, parmi lesquels on recherche le donneur identique, c'est-à-dire celui qui serait équivalent au frère ou à la sœur. Mais chacun a des « typages » et des groupes différents, nous sommes tous différents et la probabilité de trouver un donneur n'est pas de 100 %, elle est de l'ordre de 30 %. La deuxième voie de recherche a été de chercher d'autres cellules que les cellules de moelle, et a abouti à la constitution de banques de sang de cordon ombilical. Le sang de cordon ombilical est plus intéressant que les cellules de moelle adultes parce que les cellules d'un nouveau-né à la naissance n'ont pas la même fonction immunologique que des cellules adultes. Elles sont naïves et, donc les réactions immunologiques entre donneurs et receveurs sont très atténuées, lorsqu'on utilise ce type de donneurs. Ceci permet de faire des greffes qui ne seraient pas identiques pour le système de compatibilité tissulaire. D'ailleurs, la première greffe de sang de cordon au monde a été faite chez un patient atteint de la maladie de Fanconi dont on savait que la sœur n'était pas atteinte par la maladie grâce aux tests faits pendant la grossesse. On savait qu'elle était identique, ce qui a permis de prélever le sang de cordon, de le congeler puis de l’injecter. Cette greffe a été faite, il y a maintenant plus de 12 ans, avec un enfant qui est totalement guéri de cette maladie. C'est donc une approche très prometteuse et qui permet d'avancer. Bien sûr, on ne s'arrête pas là et c'est une maladie candidate à la thérapie génique. La thérapie génique est une option possible, bien que les progrès soient très lents et comportent pour le moment des risques associés. Néanmoins, la recherche continue et l'on travaille actuellement sur des vecteurs* différents pour faire entrer les gènes dans les cellules ; vecteurs qui permettraient d’éviter ce type de complications. Les différents essais de thérapie génique ont beaucoup fait progresser la science, car ils ont permis de mettre en évidence des effets secondaires qui n'étaient pas attendus, même après les expériences chez l'animal. Parfois, ce n’est qu’une fois le passage à l’homme effectué qu’on se rend compte d’un effet d'une nouvelle thérapeutique. Ces recherches et ces observations permettent d’améliorer constamment les techniques de thérapie génique. Des recherches sont actuellement en cours, non pas directement sur la maladie de Fanconi, mais sur d'autres maladies héréditaires de la moelle osseuse. Dans la maladie de Fanconi, la difficulté réside dans le fait que les cellules sont tellement malades qu’elles sont très rares. Il est donc très difficile d'introduire un gène dans des cellules déjà très fragiles et en quantité insuffisante. Pour arriver à soigner cette maladie par thérapie génique, il faudra encore attendre un peu et faire des progrès dans la façon d'administrer le gène. Mais cela reste probablement possible dans les années à venir. Nous avons donc pu faire plusieurs choses dans cette maladie rare. On a fait avancer le domaine de la génétique et l’on a commencé à comprendre le mécanisme des cancers et des leucémies, ce qui est quand même important. On a un traitement, qui existait même avant que l'on ait découvert les gènes, puisque les greffes dans cette maladie se font déjà depuis une trentaine d'années. On a pu diversifier les sources de cellules qui seraient utilisables. On a pu maîtriser les lois de la compatibilité en prouvant que l'on peut faire des greffes qui ne sont pas strictement identiques. On a un peu compris le mécanisme qui fait que ces cellules sont fragiles, et l’on a une possibilité de le corriger. Il est important, pour le professionnel de santé comme pour le chercheur d'avoir un contact avec un grand nombre de patients et d'être spécialisé pour une maladie. Il faut avoir beaucoup de malades pour connaître, décrire et expliquer une maladie : il faut suivre les patients, même si l'on ne sait pas quoi faire ; c'est important que le contact avec les médecins ne soit jamais rompu. Ce n'est pas parce que l'on ne sait pas un jour, qu'on ne saura pas le lendemain. La médecine va parfois très vite et la recherche permet de faire avancer les choses. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 7 Témoignages Sandrine Gelly - « Je suis atteinte du syndrome de Marfan* : c'est une maladie qui touche le cœur, le squelette et les yeux. La recherche est difficile car cette maladie touche plusieurs choses. Pour l'instant, elle n'est pas encore assez avancée en France alors qu’elle est importante pour nos enfants, car c'est une maladie qui se transmet. Il faut un diagnostic précoce pour prévenir la maladie. J'en ai bénéficié, mon fils aussi, mais aujourd'hui, en France et dans le monde, de nombreux malades meurent du syndrome de Marfan. Notre association essaie surtout de mobiliser les médecins, les services d'urgence et de réanimation pour qu'ils fassent les gestes qu'il faut. Le quotidien est difficile, car c'est une maladie qui ne se voit pas : comment faire comprendre aux gens qui ne sont pas malades qu'on a une vie différente ? On est impatient que les chercheurs trouvent. Nous savons qu’ils travaillent beaucoup et qu’il y a parfois beaucoup de gènes à trouver. Il y en a 2 ou 3 en cause dans le syndrome de Marfan et, de plus, il y a des mutations différentes d'une personne à l'autre. Donc, je sais que c'est très difficile pour notre maladie et aussi pour les autres maladies. » Christian Ballouard - « Ségolène Aymé exprime bien la difficulté de faire se rejoindre des échelles de temps complètement opposées avec d’une part les attentes des patients (et famille de patients) et les délais pour voir des recherches se concrétiser. Il y a toujours urgence pour les familles de savoir de quoi il s'agit, parce qu'il y a derrière une attente et une incertitude difficiles à vivre. Je suis le papa de Pierre qui a huit ans et demi aujourd'hui. Dès les premiers mois, nous avons été alertés par son comportement. Il semblait ne pas bien voir, nous avons consulté un ophtalmologiste qui a constaté un petit trouble de la vue et lui a prescrit des lunettes. Il n'y avait toujours pas d'amélioration au bout d'un mois. Nous sommes alors allés voir un neuro-pédiatre. Pierre avait 4 ou 5 mois à cette époque et nous avons vu, au fur et à mesure de son développement qu'il avait un retard psychomoteur important, qu'il n'arrivait pas à faire beaucoup de gestes, à acquérir la parole. La prise en charge était adaptée, mais nous restions sans diagnostic. En dehors de cette impatience vis-à-vis de la recherche, nous avons bénéficié du grand boum associatif qui a permis de mettre en place des programmes et de découvrir une maladie encore inconnue, il n'y a pas si longtemps. Nous avons le diagnostic depuis un an et demi, mais on ne pouvait guère le faire plus tôt car la maladie n'était pas connue. Avec ce diagnostic de déficit en adénylosuccinase, j'ai pu monter une association, "Vaincre l'adénylosuccinase par l'information- VASI*", de façon à rassembler les familles et offrir un lieu-ressource pour les renseigner après rassemblement de l'information. Nous espérons aussi réduire ce temps d' “errance diagnostique” au minimum, faire connaître cette maladie peu connue des praticiens, pour laquelle il faut orienter vers des spécialistes ». De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 8 Les réponses à vos questions « Comment avoir des renseignements et des contacts avec les chercheurs lorsqu'on est atteint d'une maladie orpheline ? » > Dr Ségolène Aymé - C’est aujourd’hui possible grâce à orphanet*, un serveur d'information qui a sept ans d'existence sur Internet (www.orpha.net). Il été fondé par le Ministère de la santé et par l'Inserm*. Il répertorie environ 3 600 maladies rares. En interrogeant ce serveur par le nom de la maladie, on en a une description, les adresses de consultations spécialisées et de laboratoires de diagnostic, ainsi que les intitulés des programmes de recherches en cours sur la maladie en France et en Europe. Actuellement, en France, il y a 1250 projets de recherches en cours, qui couvrent 750 maladies. Il y a donc des recherches sur un grand nombre de ces maladies. C'est évidemment désolant pour les maladies qui ne sont pas prises en compte actuellement, mais des recherches peuvent être en cours dans d'autres pays du monde. Il faut, bien sûr, nous signaler les noms des maladies qui seraient manquantes sur ce site, pour que l'on puisse rechercher les informations et aussi les répertorier. « Je suis atteinte d'une pathologie répertoriée sur Orphanet l'année dernière, alors qu'elle est connue depuis beaucoup plus longtemps. Elle n'est probablement pas si rare que ça, mais elle est ignorée des médecins : hormis un cercle très restreint de spécialistes, le dialogue avec le corps médical est quasiment impossible ; c'est une maladie quasiment inexistante. Le médecin que je suis allée voir la première fois m'a dit que ce que j'avais n'arrivait pas aux femmes. Je ne suis pourtant pas transsexuelle ! Lorsque j'ai lu la notice du médicament, le laboratoire avait marqué au chapitre grossesse et allaitement : "sans objet puisque ce médicament n'est pas utilisable par les femmes". Je signale tout de même que ce médicament est efficace et me soulage… C'est donc une maladie qui n'existe ni pour les médecins ni pour les laboratoires. Que fait-on lorsqu'il n'y a pas de descriptif de la maladie ou de projet en cours sur Orphanet ? Comment vous solliciter pour avoir un peu plus d'informations sur ce site, car c'est la seule porte ouverte, actuellement, pour les malades ? » > Dr Ségolène Aymé - Nous avons une procédure pour ajouter et renseigner une maladie. Il faut nous soumettre le cas en nous envoyant un message. On le met ensuite sur la liste des maladies à créer, et l’on cherche le meilleur expert en Europe pour écrire un texte sur la maladie concernée. Je signale que, lorsqu'il n'a pas d'informations sur Orphanet qui donne une information générale, vous pouvez téléphoner à « maladies rares info services » (n°azur – prix d’un appel local) pour avoir une réponse aux questions individuelles : 08 10 63 19 20. Nous sommes une équipe de 12 personnes et il y a des milliers de maladies : il est donc très difficile de tout mener de front et il y a forcément des manques. « Je souffre de fibromyalgie depuis deux ans. C'est extrêmement douloureux et rien ne calme les crises. Je voudrais savoir si c'est une maladie rare. » > Dr Ségolène Aymé - Depuis quelques années, j'ai beaucoup lu sur cette maladie et beaucoup de personnes sont venues témoigner à Orphanet de leur parcours douloureux. Il me semble que c'est médicalement bien défini, même s'il y a peut-être plusieurs maladies. Malheureusement, toutes les maladies qui s'expriment par la douleur et des gênes fonctionnelles peuvent faire l'objet d'un déni quand un médecin n'est pas très attentif à son malade. Énormément de gens sont donc catalogués comme psychopathes, dépressifs, etc., alors qu'ils étaient réellement en pleine santé et sont tombés malades. Je suis persuadée que c'est une vraie maladie. J'ai pensé qu'il fallait mettre de l'information sur Orphanet pour aider les médecins à la prendre en compte, mais j'ai les plus grandes difficultés à trouver des experts qui acceptent de signer un article de synthèse sur cette maladie, parce qu'ils ont peur de se ridiculiser auprès de leurs confrères. C'est incroyable, mais la perception de cette maladie dans le milieu médical est fausse, comme c’est le cas chaque fois qu'une De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 9 maladie n'a pas une définition biologique. Tant qu'on n'aura pas compris quel est le défaut biologique derrière cette maladie, il y aura des gens pour en nier la réalité. Vous souffrez donc du manque de recherche et de reconnaissance sur cette maladie. Pourtant, je suis d'accord avec vous, c'est une vraie maladie. Elle n'est certainement pas rare au sens d'une personne atteinte sur 2 000 au maximum, mais je la considère comme une maladie orpheline, au sens où personne ne s'en occupe. Nous essayons à Orphanet de mettre en forme toute l'information disponible pour que les gens isolés comme vous puissent trouver des centres ressources, des médecins compétents. J'en connais 4 ou 5 en France, mais ils n'ont pas encore accepté que je mette des informations sur leur consultation en ligne sur www.orpha.net, surtout par peur d'être débordés par la demande. « Au sujet de l'information dont disposent les médecins, j'ai été atteint par la maladie de Horton, qui déclenche une artérite* sévère temporale et peut aboutir à une cécité à peu près totale. Pour détecter cette maladie, j'ai passé deux mois en examens et en tests (bronchoscopie, laryngoscopie, scanner, IRM, prises de sang multiples). Cette maladie de Horton semble rare, mais j'ai découvert après coup que beaucoup de médecins la connaissaient. J'en ai été stupéfait et déçu, car en plus, j'ai subi pendant ces différentes semaines d'examens et d'investigations, différents traitements qui n'étaient pas du tout indiqués. Je voudrais connaître votre point de vue, car il semble y a un problème de procédure par rapport aux patients, non ? » Vous n'avez pas eu de chance, car c'est une maladie enseignée en médecine et très connue : l'examen à faire est relativement simple, une biopsie de l'artère temporale, qui permet de faire le diagnostic. Je pense que les médecins qui ne la connaissaient pas étaient un peu ignorants ou avaient besoin de recyclage. > Dr Alexandra Durr - L'errance diagnostique n'est pas propre aux maladies rares, elle est juste multipliée. Les connaissances évoluent jour après jour et, si l'on veut être tenu au courant de toutes les nouveautés en médecine, il faudrait deux médecins, un qui étudie et un qui voit les malades. C'est très difficile d'être tenu au courant de tout. > Christian Ballouard - L’errance diagnostique, c'est l'errance d'un diagnostic à un autre, en attendant quelque chose qui soit fiable et ne soit pas contredit par des examens plus approfondis. C'est une méconnaissance au sens où l’on est dans l'incertitude, mais aussi une errance, parce qu'on passe d'un diagnostic à un autre. > Dr Ségolène Aymé - Pour les maladies les plus rares, il n'est pas scandaleux qu'on passe 1, 2 ou 3 ans avant de trouver. J'ai des souvenirs d'avoir posé un diagnostic au bout de 10 ou 15 ans en revoyant la famille tous les ans. Un jour, le savoir s'est constitué, on a fait des rapprochements, et j'ai pu dire : "Cette fois-ci je pense que je sais ce que vous avez." Ça paraît scandaleux aux yeux de certains, mais quelquefois, les malades ont un tableau clinique tellement unique qu'il est extrêmement difficile d'en trouver l'origine. « Mon épouse souffre de lombalgie paralysante depuis douze mois. Elle a également depuis quelques mois des problèmes de miction. Au scanner et à l'IRM*, on lui a trouvé des kystes de Tarlov. J'aurais voulu savoir si c'est une maladie rare et si elle est génétique. En France, à qui faut-il s'adresser pour éventuellement trouver des soulagem ents, car c'est une réelle douleur permanente ? » Je ne sais pas si les kystes de Tarlov (ou kystes arachnoïdiens) expliquent les douleurs qu'elle a : cela peut être une association fortuite de quelque chose qui est vu à l'IRM mais n'explique rien. Il faudrait voir s'il y a un lien de cause à effet avec le neurologue ou le neurochirurgien qui la suit. Mais vous pointez du doigt quelque chose d'important : on fait des examens, vous avez les comptes-rendus, on ne vous explique pas ce qu'il y a dessus et l’on ne sait pas si c'est en rapport ou non. Je crois qu'il y a un devoir d'information après l'examen, pour expliquer si cela a un rapport ou pas. Je ne peux pas vous le dire, mais il faut voir cela avec le tableau clinique, l'histoire du patient, l'IRM, etc. Il faut prendre son temps pour expliquer, ce qui explique aussi que les consultations à l'hôpital et les délais sont plus longs. Il faut que les patients et le public comprennent qu'on ne peut pas aller voir un spécialiste comme on va voir son médecin traitant, que beaucoup de choses ne De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 10 sont pas expliquées car il n'y a pas assez de temps, même s'il faudrait le prendre. Je vous encourage à retourner voir le médecin pour demander des explications. « Qu'en est -il des maladies auto-immunes et en particulier du lupus ? » Les maladies auto-immunes représentent un groupe important de maladies rares. Elles sont très sévères et souvent mal diagnostiquées pendant longtemps, parce que les symptômes sont moins caractéristiques qu’un déficit qui s'exprime dès la naissance, où il y a un vrai retard psychomoteur et où l'on est sûr qu'il y a quelque chose. Il y a donc beaucoup d'errance diagnostique dans les maladies auto-immunes, beaucoup de gens mal pris en charge et beaucoup de souffrance attachée à cela. Ce sont des maladies généralement moins rares que certaines maladies génétiques et elles font quand même l’objet d’un mouvement de recherche significatif en médecine interne, avec beaucoup d’équipes impliquées. L'immunologie est une spécialité très compliquée de la médecine et aussi de la recherche. > Pr Eliane Gluckman - Le lupus fait partie du grand groupe des maladies auto-immunes. Ce n'est pas une maladie rare et il y a beaucoup de personnes atteintes. C'est une perturbation du système immunitaire qui fait que les cellules du patient sont détruites. Il y a quelques cas héréditaires, assez rares, mais le plus souvent ce sont des maladies acquises. Il y a beaucoup de recherches et des traitements connus. « Je suis atteint de sclérose en plaques (SEP)* et du syndrome SAPHO* et cela pose problème pour mon traitement » Vous n'avez pas de chance d'avoir à la fois deux maladies. La sclérose en plaques n'est pas une maladie rare : une personne sur 1 000 en est atteinte. Le syndrome SAPHO, en revanche, est un syndrome très rare et il se peut effectivement qu'il y ait des difficultés à traiter, notamment par les corticoïdes. Mais il faudrait poser la question à des spécialistes de la sclérose en plaques. « Je suis atteint de la maladie de MelkerssonRosenthal* depuis 1996 et je voudrais savoir où en est la recherche ou quels sont les traitements ? Cette maladie me touche moralement : les gens se moquent de moi. » > Dr Ségolène Aymé - Il faut appeler le numéro « maladies rares – info services »* où l'on pourra dialoguer un peu plus longuement et discuter avec vous, il est fait pour cela : ce n'est pas seulement un numéro où s'informer, c'est aussi un numéro d'écoute pour que vous puissiez parler de vos problèmes et qu'on puisse vous aider à affronter la difficulté liée à votre maladie. Ce que vous vivez se produit avec toutes les maladies apparentes, qui choquent les gens non avertis. Les choses vont un peu mieux au fil des années, il y a un peu plus d'acceptation de la différence, mais c'est encore insuffisant, et il y a encore beaucoup de gens assez bêtes pour rire du malheur physique des autres. « J'ai une amie frappée de sclérodermie. J'aimerais savoir quelle est l'évolution de cette maladie et où en est la recherche concernant cette maladie rare ? » La sclérodermie est une maladie dont on connaît mal l'origine, qui n'est pas héréditaire et qui aboutit progressivement au rétrécissement de la peau qui devient comme du carton. Les patients sont enfermés dans une sorte de « gangue » qui atteint également le cœur et le tube digestif. C'est une maladie à évolution lente mais souvent inéluctable. Il y a beaucoup de recherche actuellement car on pense à une origine autoimmune, notamment des essais de traitements immunosuppresseurs*, pour moduler le système immunitaire, et même des essais de greffes de moelle autologue*, qui permettent de remettre le système immunitaire à zéro et d'avoir de bonnes améliorations de cette maladie. C'est une maladie très sérieuse, mais pour laquelle on peut obtenir au moins des améliorations prolongées. « Quelles sont les causes et les traitements de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ? » C'est une maladie terrifiante qui paralyse tout, sauf le cerveau, c'est-à-dire qu'on peut toujours penser et ressentir, mais les muscles ne suivent plus et l'on est complètement paralysé. Ce qui a fait que la recherche démarre véritablement dans cette maladie, c'est qu'on a découvert que, pour 10 % des personnes atteintes, il s'agissait de formes familiales qui présentaient en plus une mutation dans une enzyme particulière. Les recherches sont donc parties de là. Il y a eu des essais de traitement qui n'ont pas répondu aux De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 11 espoirs de guérir la maladie, mais qui, peut-être, ont prolongé un peu la vie. « Qu'est-ce que la drépanocytose ? » Ce n'est pas une maladie rare, mais j’y faisais allusion à propos des essais de thérapie génique qui vont bientôt commencer. Cette maladie est liée à une anomalie de l'hémoglobine qui fait que les globules, au lieu d'avoir une belle forme ronde, prennent une forme en faucille. Ces globules se détruisent et bouchent les vaisseaux. C'est une maladie héréditaire que l'on voit essentiellement chez des sujets d'origine africaine et qui est liée à une mutation du gène de l'hémoglobine. Ce n'est pas une maladie mortelle, mais elle est extrêmement débilitante, puisqu'elle entraîne chez l'enfant des douleurs importantes au moment où les vaisseaux sont bouchés et peuvent donner des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d'autres anomalies. On traite très bien ces maladies avec la greffe de moelle et avec la greffe de sang de cordon qui donnent de très bons résultats. « Où en sont les recherches sur la dégénérescence maculaire (DMLA), sur le plan scientifique et sur le plan industriel ? S'agit-il d'une maladie héréditaire ? Comment peut-on la prévenir ? » > Dr Ségolène Aymé – La DMLA une maladie ophtalmologique relativement fréquente, qui survient à partir de 40, 50 ans quelquefois, heureusement, plus souvent vers 70 ans. La plupart des cas sont sporadiques et donc non héréditaires, mais, récemment, il vient d'être trouvé un gène pour les formes familiales. Pour toutes ces maladies, il y a quelques formes héréditaires qui vont permettre de trouver les mécanismes et les causes. C'est une découverte qui date de quelques semaines, et je pense que cela fera re-décoller la recherche sur cette maladie, mais, pour l'instant, il n'y a pas ou peu de traitements. Malheureusement, on est encore dans une phase très préliminaire de la recherche. « On m’a diagnostiqué en 2000, une maladie de Hodgkin*. J’ai été traité en chimiothérapie et radiothérapie. A mi-parcours du traitement, j’ai même fait une hémiplégie. La maladie a l'air stabilisée, mais, depuis deux ans maintenant, je fais une sclérodermie*, que je soulage comme je peux avec de la cortisone. Le cuir qui était sur la poitrine s'est assoupli, la bouche par contre, avec des bains de cortisone de quatre ou cinq jours, je retrouve un peu le goût mais… Si vous avez besoin de « cobayes », je suis à votre disposition. » Nous n’avons pas besoin de cobayes. Nous avons effectivement un protocole pour traiter les sclérodermies, mais vous n'avez pas eu de chance. Je ne connais pas de relation entre la maladie de Hodgkin et la sclérodermie. La première maladie est une maladie qu'on soigne maintenant très bien. Quant à la sclérodermie, les traitements immunosuppresseurs ou les greffes sont actuellement réservés à des patients qui sont en phase très avancée de la maladie, et je n'ai pas l'impression que ce soit votre cas. On a des malades comme vous qui évoluent extrêmement lentement ou même pas du tout et qui peuvent, pendant des années, avoir une vie tout à fait supportable. « J'ai perdu une petite fille à huit ans, d'une maladie génétique rare, l'amyotrophie spinale infantile I. Je voudrais savoir où vous en êtes avec cette maladie. Peut-on enfin déceler la maladie sur les femmes enceintes, sur le fœtus ? On n'a rien décelé chez moi, cette petite fille est née en bonne santé, et puis à 4 mois et demi on m'annonce le diagnostic, je n'ai rien compris et je ne comprends toujours rien. » Les choses se sont améliorées, mais on ne peut toujours pas faire cette recherche chez une femme enceinte qui n'a pas déjà eu un enfant atteint de cette maladie. Le test existe, mais c'est une maladie trop rare. Si personne ne l'a dans votre famille, personne ne suspecte que votre enfant sera atteint, donc on ne fait pas le test. Par contre, pour un deuxième enfant, on pourrait maintenant faire un test génétique. > Dr Ségolène Aymé - Selon la définition officielle, une maladie rare touche moins d'une personne sur 2000 dans la population, c'est-àdire moins de 30.000 personnes en France. Ce seuil a été défini pour les médicaments orphelins, c’est le seuil à partir duquel un marché n'est pas rentable pour un industriel, et aussi à partir duquel une maladie n'est pas enseignée à la faculté de médecine. Ce sont donc des maladies dont les médecins n'ont jamais entendu parler et on ne peut pas leur reprocher de ne pas savoir. Nous travaillons à ce qu'ils aient, présente à l'esprit, l'idée qu'il y a des maladies rares et pensent à adresser les malades vers De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 12 des lieux plus spécialisés, lorsqu'ils ne trouvent pas. « Les unions consanguines ont-elles une responsabilité directe ou indirecte sur les maladies rares ? » psychologique, le maniement d'un toxique ou un événement indépendant est très difficile. Nous sommes tous entourés de la même pollution, mais pas tous malades. Il y a donc une certaine inégalité qui fait qu'on ne peut pas mesurer et qu’on ne peut pas aller bien loin dans ces mécanismes-là. Les unions consanguines favorisent la survenue des maladies génétiques récessives. Il n’y a pas plus de mutations défavorables dans les familles consanguines, mais il y a plus de chance que le conjoint ait la même mutation que soi. Nous sommes tous porteurs de trois à cinq mutations très défavorables. Il ne faut pas rencontrer une personne porteuse d'une mutation identique, or les unions consanguines augmentent la probabilité de rencontrer quelqu'un qui aurait la même mutation et donc d'avoir des enfants qui ont des problèmes. > Dr Alexandra Durr - On sait aujourd'hui que des maladies qui ne sont dues qu'à une seule anomalie génétique, ne se déclenchent pas de la même manière. Une maladie très classique commencera à 2 ans ou à 70 ans avec la même anomalie génétique. Pourquoi ? On ne le sait pas. « Vous avez parlé de rémission dans le cas de certaines pathologies, que vous appelez un hasard. Avez-vous essayé de voir s'il n'y avait pas eu un changement dans le mode de vie au quotidien de ces personnes, dans l'alimentation, les activités ? Préconisez-vous des thérapies ou des méthodes particulières pour stimuler le système immunitaire des personnes atteintes de pathologie ? A propos de la maladie d'Alzheimer, avez-vous pensé à faire une recherche d'antécédents d'événements dramatiques dans la vie des patients présentant cette pathologie ? » Cela dépend de l'état de la science, on peut aller très vite quand on a une bonne piste. Mais, en règle générale, il faut quand même compter 10 ans. Une maladie héréditaire est un événement très rare, qui met en cause non seulement la maladie elle-même, mais aussi le patrimoine génétique : pourquoi moi, pourquoi pas les autres… ? Très souvent, les gens pensent qu'un élément qui aurait pu perturber la vie familiale, ou un accident, pourrait être responsable. On cherche un coupable. Qu'il y ait des facteurs exogènes, c'est-à-dire extérieurs, qui vont déclencher une maladie, je crois que c'est vrai. On peut avoir une anomalie génétique et la maladie peut se développer plus tard, à l'occasion d'un traumatisme. C'est possible. Il peut aussi y avoir des problèmes d'alimentation ou de toxiques qui font que la maladie se développe. On connaît bien cela pour le cancer : on pense qu'on a une sensibilité génétique, mais qu'il faut un deuxième ou un troisième facteur pour déclencher la maladie. Le problème, c'est que c'est très difficile à mesurer et il faut pouvoir le faire pour faire une relation de cause à effet. Mesurer une perturbation On ne peut faire le diagnostic certain de la maladie de corps de Lewy qu'après le décès. Il est donc très important que le don du cerveau soit fait pour pouvoir renseigner la famille. Aujourd'hui, on ne pense pas que ce soit une maladie héréditaire car il n'y a pas de formes familiales. Le problème est que la présentation clinique donne un certain diagnostic clinique qui n'est pas renforcé par un élément plus concret, comme une anomalie qu'on peut détecter dans le sang ou par une analyse génétique. Je ne suis pas sûre que cela soit une maladie complètement individualisable. Peut-être la génétique montrera-t-elle plus tard qu'elle fait partie, dans un spectre différent, d'une certaine maladie de Parkinson due à une certaine mutation, mais que ce n'est pas une maladie complètement à part. Car les corps de Lewy* se retrouvent aussi dans la maladie de Parkinson dans le cerveau. Quand il y en a vraiment beaucoup, on passe au diagnostic de « Quel est le délai moyen entre l a recherche fondamentale, les premiers essais cliniques et l’arrivée sur le marché d'un médicament ? » « Est-ce que la démence à corps de Lewy*, apparentée à Alzheimer et avec un syndrome parkinsonien est d'origine génétique ? Se transmet-elle ? Quelles sont les démarches à faire au décès du patient pour aider la recherche ? » De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 13 maladie à corps de Lewy. Nous ne savons pas s'il y a une différence ou si c'est une forme de passage très particulière, avec une susceptibilité génique particulière. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on ne connaît pas de grande famille atteinte de cette maladie, à l'exception d'une ou deux décrites. Il faut donc être prudent. ne peut se faire qu'au travers d'essais cliniques. Il faut donc un protocole. L'encadrement de la recherche sur les essais cliniques est très contraignant : on doit développer un recrutement de personnes à qui l'on donne le médicament. Il faut que l’on compare cela à un traitement standard différent et que l'on prouve qu'il y a une efficacité. « Je suis vice-président de l'Association française du syndrome de Marfan et membre d’Alliance maladies rares*. Je voudrais savoir comment une association peut être initiatrice, s'il y a lieu de l'être, d'essais cliniques. Par exemple, l’amantadine est un anti-Parkinson, un anti-viral de type 1, que l’on donne à certaines personnes atteintes de sclérose en plaques car cela a un effet au niveau de la fatigue, et que l'on donne également dans le syndrome de la fatigue chronique. Or, beaucoup de personnes atteintes du syndrome de Marfan sont fatiguées. Peut-on envisager un essai clinique avec l’amantadine, est -ce qu'il y a lieu de le faire et comment peut-on le faire ? » C'est donc une approche coûteuse et qui ne peut être entreprise que par des gens qui ont la capacité de prendre des assurances, au cas où des problèmes surviendraient. Cela ne peut donc être fait que par des industriels du médicament, des entreprises pharmaceutiques, ou par des organismes d'Etat comme les hôpitaux de Paris ou l'Inserm. Vous décrivez là ce que nous appelons les indications orphelines : normalement, les médicaments sont mis sur le marché pour traiter des maladies bien identifiées, pour lesquelles on a prouvé leur efficacité et vérifié leur sécurité. Ces médicaments sont quelquefois utilisés par les médecins pour traiter des maladies rares, parce qu'ils ont pensé que cela pouvait avoir une certaine efficacité, et vous avez cité des exemples de médicaments utilisés dans plusieurs maladies rares. Il faudrait déjà vérifier que ces indications orphelines sont véritablement efficaces et cela Nous souhaitons encourager ces essais cliniques pour des indications orphelines, car c'est la seule façon pour les malades d'être sûrs que ce qu'on leur donne comme médicaments a bien les effets souhaités. Nous avons en ce moment un partenariat avec l'industrie pharmaceutique pour faire un recensement complet de ces indications orphelines, pour ensuite essayer de persuader les industriels d’investir dans des essais cliniques sur ces maladies. Mais je ne peux pas encore vous dire quel succès nous aurons, car ceci a commencé, il y a seulement un an. Plus de 250 médicaments sont utilisés dans des maladies rares pour lesquelles ils ne sont normalement pas faits. C'est une piste de recherche intéressante pour l'avenir. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 14 Pour en savoir plus : > Alliance maladies rares Collectifs d’associations de lutte contre les maladies rares Adresse : Plateforme Maladies Rares 102 rue Didot 75014 Paris Tél : 01 56 53 53 40 http://www.alliance-maladies-rares.org > Orphanet, site web d’information et d’orientation sur les maladies rares http://www.orpha.net > Maladies rares info service Serveur téléphonique d’information et d’orientation 0810 63 19 20 (n° azur, prix d’un appel local). > Fondation Groupama Fondation soutenant la lutte contre les maladies rares http://www.fondation-groupama.com > Information sur les recherches sur les maladies rares (site web de la Fondation Recherche Médicale) http://www.frm.org/informez/info_ressources_maladies_accueil.php > VASI Association vaincre l’adenylosuccinase par l’information http://www.orpha.net/nestasso/VASI Glossaire : > AFM : association française contre le myopathies ; association à l’origine du Téléthon. > Anémie de Fa nconi : maladie rares du sang (voir orpha.net ou 0810 63 19 20). > Artérite : inflammation d’une artère. > Autologue : se dit d’une greffe de cellules, d’un tissu ou d’un organe prélevés sur un individu et destinés à être greffés sur ce même individu. L’intérêt de cette technique réside dans le fait qu’elle ne pose évidemment aucun problème de compatibilité (donneur = receveur). > Autosomale récessive (maladie - ) : se dit d’un maladie d’origine génétique. Elle est caractérisée par une mutation sur un gène non sexuel (i.e. ne déterminant pas le sexe de l’individu – X ou Y) et transmise de façon récessive : présent en deux exemplaires, ce gène induira la maladie et ses effets ; présent en un seul exemplaire, la maladie ne sera pas exprimée. > Epidémiologie : discipline qui étudie la dynamique des phénomènes de santé dans les populations, dans le but de mettre en évidence les facteurs qui les déterminent, ainsi que le rôle de ces facteurs, et de mettre en oeuvre les mesures de corrections appropriées. > Génome : ensemble des informations génétiques présentes dans un organisme > Glycémie : taux de glucose dans le sang. > Hodgkin (maladie de -) : maladie rare du sang (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > Huntington (maladie de -) : maladie rare neurodégénérative (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 15 > Immunosuppresseur : se dit d’un traitement qui a pour objectif de diminuer le niveau de défense immunologique naturel du corps. Ce type de traitement est par exemple utilisé dans le cas d’une greffe afin de limiter les risques de rejet de celle-ci. > Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale. > IRM : imagerie par résonance magnétique ; examen utilisant cette technique. > Lewy (maladie à corps de -) : maladie rare neurodégénérative (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > Maladie rare : maladie dont la prévalence* est inférieure à un pour 2 000 personnes. > Marfan (syndrome de -) : maladie rare (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > Melkersson Rosenthal (syndrome de - ) : voir orpha.net ou 0810 63 19 20 > Paraparésie spastique : maladie rare (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > Phénotype : ensemble des caractéristiques physiques d’un organisme (anatomiques, physiologiques…). > Prévalence : nombre de cas de maladies ou de personnes malades, ou de tout autre événement tel qu'accident existant ou survenant dans une population déterminée, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens. > SAPHO : Synovite-Acné-Pustulose-Hyperostose-Ostéite (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > Sclérodermie : maladie rare auto-immune affectant les petits vaisseaux (voir orpha.net ou 0810 63 19 20) > SEP : sclérose en plaques. > Susceptibilité (gènes de - ) : se dit de gènes qui sont susceptibles de déclencher spécifiquement une maladie. > Vecteur : dans le cadre de la thérapie génique, un vecteur constitue le moyen utilisé pour faire entrer un gène correcteur dans la cellule défectueuse. Des virus inactivés sont ainsi utilisés comme « vecteur » pour faire pénétrer un gène dans une cellule. De la recherche aux traitements des maladies rares • www.frm.org 16